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================================================ Bulletin RESISTANCE No. 41 Septembre 2003 RESEAU DE RESISTANCE AUX ACTIVITÉS PETROLIERES DANS LES TROPIQUES - OILWATCH ================================================ Chers amis: Ce Bulletin “Résistance” a pour thème central les raffineries de pétrole. Le pays qui a la plus grande capacité de raffinage dans le monde est Les États-Unis (16.510 milliers de barils par jour en 1999), suivi du Japon (5.110 milliers de barils par jour en 1999), puis vient la Chine (5.020 milliers de barils par jour en 1999) et ensuite l’Allemagne (2240 milliers de barils par jour en 1999). Mais d’autres pays, spécialement des îles, possèdent une grande capacité de raffinage, si l’on compare celle-ci à leur étendue de territoire et leurs besoins énergétiques. Parmi ces pays se trouve Singapour. Dans le passé, les plus grandes raffineries du monde se trouvaient à Aruba et Curaçao, toutes deux des colonies hollandaises. Aujourd’hui, leur capacité de raffinage est relativement faible en relation à la capacité mondiale, mais cette activité continue à être importante tant pour l’économie interne que pour les impacts environnementaux et sociaux qu’elle génère. La première raffinerie d’Aruba fut construite par Shell en 1928 (Eagle Oil Refinery). En 1932, Standar Oil of New Yersey (l’actuelle Exxon) a construit la raffinerie Lago. Shell est parti d’Aruba en 1953, mais cette raffinerie continue d’être la 7e plus grande au monde, 16% de la population de l’île y est employée. La raffinerie a été fermée en 1985 et fut rouverte en 1990 par l’entreprise texane Coastal Corporation. Actuellement, elle est gérée par El Paso Energy. Il s’est avéré que, fréquemment, la localisation des raffineries est associée à un « racisme environnemental », et c’est pour cette raison que la plupart des groupes qui travaillent dans le domaine de la justice environnementale se consacrent au thème des raffineries. Secrétariat International OILWATCH ===================================================== ÍNDEX: 1.IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES RAFFINERIES DE PÉTROLE 2.VENEZUELA: DEUX MORTS LORS D’UN ACCIDENT DANS UNE RAFFINERIE 3. NIGERIA: REPRÉSENTANT EXIGE UN PROCÈS JUDICIAIRE POUR LES ENTREPRENEURS DE LA RAFFINERIE TAM

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================================================ Bulletin RESISTANCE No. 41 Septembre 2003 RESEAU DE RESISTANCE AUX ACTIVITÉS PETROLIERES DANS LES TROPIQUES - OILWATCH ================================================ Chers amis: Ce Bulletin “Résistance” a pour thème central les raffineries de pétrole. Le pays qui a la plus grande capacité de raffinage dans le monde est Les États-Unis (16.510 milliers de barils par jour en 1999), suivi du Japon (5.110 milliers de barils par jour en 1999), puis vient la Chine (5.020 milliers de barils par jour en 1999) et ensuite l’Allemagne (2240 milliers de barils par jour en 1999). Mais d’autres pays, spécialement des îles, possèdent une grande capacité de raffinage, si l’on compare celle-ci à leur étendue de territoire et leurs besoins énergétiques. Parmi ces pays se trouve Singapour. Dans le passé, les plus grandes raffineries du monde se trouvaient à Aruba et Curaçao, toutes deux des colonies hollandaises. Aujourd’hui, leur capacité de raffinage est relativement faible en relation à la capacité mondiale, mais cette activité continue à être importante tant pour l’économie interne que pour les impacts environnementaux et sociaux qu’elle génère. La première raffinerie d’Aruba fut construite par Shell en 1928 (Eagle Oil Refinery). En 1932, Standar Oil of New Yersey (l’actuelle Exxon) a construit la raffinerie Lago. Shell est parti d’Aruba en 1953, mais cette raffinerie continue d’être la 7e plus grande au monde, 16% de la population de l’île y est employée. La raffinerie a été fermée en 1985 et fut rouverte en 1990 par l’entreprise texane Coastal Corporation. Actuellement, elle est gérée par El Paso Energy. Il s’est avéré que, fréquemment, la localisation des raffineries est associée à un « racisme environnemental », et c’est pour cette raison que la plupart des groupes qui travaillent dans le domaine de la justice environnementale se consacrent au thème des raffineries. Secrétariat International OILWATCH ===================================================== ÍNDEX: 1.IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES RAFFINERIES DE PÉTROLE 2.VENEZUELA: DEUX MORTS LORS D’UN ACCIDENT DANS UNE RAFFINERIE 3. NIGERIA: REPRÉSENTANT EXIGE UN PROCÈS JUDICIAIRE POUR LES ENTREPRENEURS DE LA RAFFINERIE TAM

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4. DONNÉES UTILES 5. PÉTROLE DANS LES TROPIQUES 5.1. VENEZUELA 5.2. GUINÉE ÉQUATORIALE 5.3. SINGAPOUR 6. EN DEHORS DES TROPIQUES 6.1. AFRIQUE DU SUD: LA RAFFINERIE DE SHELL/BP 7. HISTOIRES DE CEUX QUI RESISTENT 7.1. NIGERIA 8. SUR INTERNET 8.1. INDONESIE 8.2. EQUATEUR 9. POESIE ========================================================== 1. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES RAFFINERIES DE PETROLE Contamination des eaux superficielles. Une raffinerie produit des déchets d’origines diverses: Déchets provenant des processus de fabrication, de l’asphalte, des cuves de stockage, du système de traitement des eaux résiduelles et des piscines de résidus huileux. D’autres sources de contamination connues: celles qui proviennent du pipeline et des lignes de flux. La contamination des eaux superficielles peut encore être aggravée par un mauvais système de drainage et lorsque le système de récollection des eaux de pluie est utilisé pour recueillir des déchets issus de différents processus, comme les substances huileuses provenant du séparateur, les décharges du laboratoire, l’eau de refroidissement, le condensé de vapeurs. Le système de traitement consiste en l’aération des piscines, lesquelles contiennent de hauts niveaux de contaminants, dont des chromates, des phénols, du benzène et autres. Ces piscines peuvent déborder et contaminer le milieu environnant. L’opération des raffineries produit des déchets solides et liquides, routiniers et accidentels, qui s’infiltrent au niveau souterrain. Les piscines de récollection des déchets sont un lieu d’infiltration permanente. Elles peuvent être de simples excavations dans le sol équipées de canaux d’évacuation des déchets qui provoqueront la contamination des cours d’eau avoisinants. Les raffineries émettent des particules et des hydrocarbures volatiles. La combustion de combustibles à base de pétrole génère des particules de dioxyde de soufre, d’oxyde nitreux, de dioxyde de carbone et de monoxyde de carbone. Ces émissions proviennent des différentes phases d’opération, comme l’unité catalytique, le processus d’hydrodésulfuration, le chauffage et la combustion de gaz, le stockage, la manipulation du pétrole brut et des produits raffinés.

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Le S02 de la raffinerie se transforme en H2S04 au moment d’entrer en contact avec les nuages, produisant ainsi, des pluies acides. L’odeur de soufre se sent à plusieurs kilomètres de la raffinerie. Plusieurs des affluents de l’air, volatiles et toxiques – comme les PAH - peuvent pénétrer dans le corps par inhalation ou par la peau, ou peuvent provoquer des irritations aux yeux. Parmi d’autres contaminants connus, nous avons également l’ammonium, le méthanol, l’hexane, le toluène, l’additif gazeux MTBE et beaucoup d’autres associés au cancer. Quelques composants organiques contiennent du plomb et peuvent être très toxiques, voire cancérigènes et peuvent affecter les processus reproductifs. Les opérations liées aux raffineries produisent une forte contamination sonore. Les principales sources de contamination sont les compresseurs à haute vitesse, les valves de contrôle, le système des oléoducs, les turbines de vapeur et les cheminées où l’on brûle le gaz. Les niveaux de bruit typiques sont de l’ordre de 60 à 110 dBA pour une distance d’un mètre par rapport à la source sonore. Il a été prouvé que lorsqu’une personne est exposée à des niveaux de bruit qui excèdent 90 dBA pendant 8 heures d’affilée, il se produit du stress et une dégradation physique de l’ouïe. La majeure partie de la matière première et des additifs liquides des produits intermédiaires du processus de raffinage du pétrole brut sont volatiles et incandescents. Dans la raffinerie, les mesures de sécurité sont trop faibles pour pouvoir contrôler les températures de substances extrêmement inflammables, explosives, corrosives et contenant des composants pouvant être très toxiques s’ils entrent dans le corps humain par voie orale, par inhalation, ou par contact cutané. Au cours des opérations de transport, de stockage et de manipulation du pétrole et de ses dérivés, il existe toujours le risque de déclencher des incendies dus à des explosions, ce qui constitue un danger constant tant pour la centrale, que pour la population et les écosystèmes. Les fuites ainsi que les incendies font que la raffinerie soit perçue comme une bombe à retardement qui peut exploser à n’importe quel moment, ce qui provoque stress, peur et autres troubles psychologiques, qui se traduisent par la perte de cheveux, des troubles du sommeil, un manque d’attention chez les enfants, de l’anxiété et d’autres déséquilibres psychologiques. L’essence, l’un des dérivés produit par les raffineries, possède une grande quantité d’additifs, y compris du plomb, engendrant une intoxication sévère et aiguë associée au cancer. Parmi les groupes humains faisant partie des populations à risque, on trouve les employés des raffineries, ceux qui travaillent dans la distribution, les personnes qui se trouvent sur les lieux de stockage et les lieux de vente, les habitants qui vivent près des raffineries, les employés de stations-service, et aussi tous ceux qui boivent de l’eau contaminée. 2. DEUX MORTS LORS D’UN ACCIDENT DANS UNE RAFFINERIE AU VENEZUELA (AFP) – Deux travailleurs sont morts et deux autres ont été blessés lors d’un accident dans la raffinerie « El Palito », dans l’état du Carabobo, à 100 Km à l’ouest de Caracas, a informé la compagnie étatique « Pétroles du Venezuela » (PDVSA) présente dans la zone. Selon un communiqué de la gérance de cette raffinerie “Guillermo Pérez (38 ans) et Rafael Alvarez (29 ans), tous deux travailleurs de la zone d’entretien de la raffinerie « El Palito », sont morts par asphyxie tandis qu’ils effectuaient une activité de routine dans la centrale de Louage du complexe de raffinage”. Les deux travailleurs blessés ont été transportés dans un hôpital proche et “se trouvent dans des conditions stables”, ajoute le communiqué.

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Le gérant de la raffinerie, Asdrubal Chávez, déclara lors d’une conférence de presse qu’un comité technique établira la cause des décès. “Nous n’avons pas eu d’explosion, ni d’incendie, ni de fuite, la centrale est en état opérationnel”, a signalé le gérant aux journalistes, et il a ajouté qu’il n’écarte pas la possibilité d’un sabotage comme cause de l’accident. Source: http://www.rpp.com.pe/internacional/detalle.asp?Codigo=93438 Plus d’informations: RESEAU DE SECURITE ET DE SANTE dans le TRAVAIL- RSST =========================================================== 3. NIGERIA: REPRESENTANT EXIGE UN PROCES JUDICIAIRE CONTRE LES ENTREPRENEURS DE LA RAFFINERIE TAM Emmanuel Aziken Vanguard (Lagos) 5 juillet 2003 Abuja .- Le représentant Leo Ogor (Isoko, état du Delta) a intenté un procès judiciaire contre tous les impliqués dans les projets manqués d’entretien des raffineries du pays TAM (Turn Around Maintenance), pour s’être appropriés 700 millions de dollars. Dans un communiqué de presse émis à Abuja, Monsieur Ogor a regretté que la crise d’approvisionnement en combustibles ait montré l’incompétence du pays, en prétendant augmenter le prix actuel de 40 nairas par litre d’essence pour ne pas avoir su faire face aux points importants du secteur. Tout en regrettant que les 700 millions aient été gaspillés dans des projets d’entretien des raffineries, le parlementaire a fait remarqué avec dédain que les entrepreneurs et les agents des compagnies ayant exécuté le projet de réhabilitation circulent librement parmi nous. “Pourquoi y a-t-il autant de désordre? Les gens qui devraient être en train de faire leur travail ne font rien et circulent librement dans les couloirs du pouvoir, en espérant recevoir encore plus de travail de la part du système”. Monsieur Ogor a affirmé que le gouvernement a traité le sujet par l’augmentation des prix des dérivés du pétrole pour éviter la contrebande, mais la mesure s’est retournée contre notre économie à travers une mesure inflationniste qui tôt ou tard se retournera contre les plans du gouvernement. “Ceci nous amènera une inflation qui causera une dévaluation du Naira et qui générera à son tour davantage de contrebande et de nouvelles pressions afin de pousser les prix des combustibles vers le haut”.

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“Je peux vous assurer que dans les deux prochaines années nous serons en face d’une nouvelle hausse des combustibles du fait que nous n’aurons pas su faire face au problème principal ”. “L’idée de se concentrer sur les importations doit cesser, nous devons nous concentrer sur la politique intérieure auquel cas, nous n’irons nulle part”. “Observez les pays qui produisent du pétrole, aucun d’eux n’importe des combustibles”. Selon monsieur Ogor, la principale faute du secteur pétrolier se situe au niveau du syndrome d’orientation vers les importations faisant que la communauté pense que les importations sont un mode de vie. “La première raffinerie est arrivée dans les années soixante, et ce fut également le moment où l’Indonésie et la Malaisie construisirent leurs raffineries. Quarante années plus tard, faites un tour en Indonésie et vous serez émerveillés de voir que leurs raffineries fonctionnent efficacement et qu’ils ont été capables de construire leurs propres raffineries. Mais chez nous, aujourd’hui, au lieu de faire face au problème principal, nous sommes en train de parler d’importer des combustibles”. Source: OilResistance-Africa ===================================================== 4. DONNEES UTILES CAPACITE INSTALLEE DE RAFFINAGE LES 25 PLUS GRANDES par habitant PAYS QUANTITE de barils par jour pour 1000 habitants. 1. Koweït 421,11 2. Bahreïn 379,19 3. Singapour 291,96 4. Emirats Arabes Unis 210,45 5. Arabie Saoudite 74,43 6. Qatar 72,48 7. Norvège 68,51 8. Libye 63,96 9. Azerbaïdjan 56,68 10. Taiwan 54,11 11. Corée du Sud 53,8 12. Russie 45,52 13. Australie 43,29 14. Italie 39,85 15. Grèce 38,19 16. Japon 37,8 17. Israël 36,49 18. Espagne 32,44 19. France 31,79 20. Oman 31,33 21. Portugal 30,16 22. Kazakhstan 25,51 23. Brunei 24,51 24. Ukraine 23,76 25. Malaisie 22,7 CAPACITE DE RAFFINAGE LES 25 PLUS GRANDS Pays Quantité en millions bbl/j

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1. Russie 6,6 (1/1/02E) 2. Japon 4,8 (1/1/02E) 3. Chine 4,5 (1/1/02E) 4. Corée du Sud 2,6 (1/1/02) 5. Italie 2,30 (12/1/02E) 6. Inde 2,1 (1/1/03E) 7. France 1,9 (1/1/03E) 8. Brésil 1,8 (1/1/02) 9. Arabie Saoudite 1,75 (1/1/02) 10. Mexique 1,7 (1/1/03E) 11. Singapour 1,3 (1/1/02E) 12. Espagne 1,3 (1/1/03E) 13. Taiwan 1,2 (1/1/02E) 14. Ukraine 1.15 (1/1/02E) 15. Indonésie 0,99 (1/1/02E) 16. Kowait 0,89 (1/1/03E) 17. Australie 0,85 (1/1/02E) 18. Egypte 0,73 (1/1/03E) 19. Turquie 0,72 (1/1/03E) 20. Thaïlande 0,68 (1/1/02E) 21. Emirats Arabes Unis 0,51 (1/1/02E) 22. Malaisie 0,51 (1/1/02E) 23. Afrique du Sud 0,47 (1/1/02E) 24. Azerbaïdjan 0,44 (1/1/01E) 25. Nigeria 0,44 (1/1/03E) Sources: Energy Information Administration, US Department of Energy. www.nationmaster.com Note: ces données excluent les Etats-Unis. Selon BP (juin 2203), la capacité de raffinage de ce pays est de 16.761.000 barils par jour. ENTREPRISES DE RAFFINAGE PETROLIER Les cinq entreprises de raffinage pétrolier qui ont réalisé les plus gros bénéfices en 2002 : Cosmo Oil Company Ltd (Japon) Nippon Oil Corp (Japon) Showa Shell Sekiku KK (Japon) Toen General Sekiku KK (Japon) Valero Energy Corp. (EE UU) ========================================================== 5. PETROLE DANS LES TROPIQUES 5.1. VENEZUELA LE GAZ NATUREL CONQUIERT PARIA ET LA PLATEFORME DELTANE Les deux projets rendront possible la construction du complexe industriel Maréchal de Ayacucho, des installations similaires à celles de José dans l’Etat Anzoátegui où l’on utilisera le gaz naturel provenant des exploitations en mer ouverte comme source d’alimentation pour une série de centrales productrices de fertilisants et de produits pétrochimiques. La promesse énergétique d’il y a au moins trois ans paraît se concrétiser enfin, après un long processus de révisions, de négociations, d’avancées et de reculs. Le développement des réserves de gaz naturel, un hydrocarbure qui dans le passé a été considéré comme un obstacle pour les pétroliers de l’industrie nationale, a pu se concrétiser sous forme de deux grands projets qui se matérialiseront dans la partie orientale du pays et qui, en tenant compte des emplois directs et indirects durant la phase de construction, fourniront approximativement 250.000 emplois. Le plus avancé des deux projets est celui appelé « Maréchal Sucre », substitut du projet manqué « Christophe Colomb » de la décennie des années 80. Il a comme objectif d’exploiter les réserves de gaz naturel existantes au nord de la péninsule

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de Paria et dont le noyau est représenté par une centrale de liquéfaction de gaz dont la production est réservée principalement pour la côte Est des Etats-Unis. L’autre projet, qui sera exécuté au nord du Delta de l’Orénoque, en plein Océan Atlantique, est non seulement plus ambitieux mais aussi plus complexe, parce qu’il s’exprimera par la réalisation d’activités d’exploration et d’exploitation de gaz naturel par un plus grand nombre d’entreprises et dans une zone territoriale plus ample. Le Ministère de l’Energie et Mines, qui dicte la politique pétrolière nationale et la compagnie Pétroles du Venezuela, qui exécute celle-ci, devront diriger des efforts importants en matière de supervision et coordination entre les différents partenaires qui participeront à cette nouvelle affaire conjointement avec la corporation étatique. DEPASSER LE 7e RANG Jusqu’à maintenant le Venezuela occupait la septième place parmi les pays du monde ayant les plus grandes réserves de gaz naturel, après la Russie, l´Iran le Qatar, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Dans le cas vénézuélien, les ressources de cet hydrocarbure –qui collaborent ou non à la production pétrolière— atteignent environ 227 milliards de mètres cubes. De cette quantité, 146 milliards de mètres cubes sont des réserves prouvées, et 91% d’entre elles sont sujettes aux fluctuations de la production pétrolière. Ceux qui ont défendu l’expansion de l’industrie du gaz naturel dans le pays prennent en considération cette réalité, c’est-à-dire, la grande dépendance que présente actuellement la production de cette ressource face à l’activité pétrolière. Ceci, et sans compter le déficit existant sur le marché national -spécialement en occident—, explique la grande nécessité d’aller à la recherche de gisements avec l’intention d’augmenter les réserves prouvées, d’attaquer les marchés croissants de l’extérieur et de promouvoir la consommation de ce combustible, plus propre et économique, sur le territoire national. Il est important de dire que Marechal Sucre, tout comme les travaux sur la Plateforme Deltane, représentent à peine une petite partie de l’univers représenté pas les nécessités financières globales de ce secteur, besoins évalués à plus ou moins 100 milliards de dollars, nécessaires pour faire avancer un ensemble de projets de gaz naturel via l’exploitation des réserves que possède la nation face à ses côtes. Mais cela pourrait aller encore plus loin, comme le signale le directeur de Projets et Plans de la Direction des Hydrocarbures du Ministère de l’Energie et des Mines, Luis Vierma, lequel a calculé que cette quantité, qui sera exécutée en une quarantaine d’années, reste encore “conservatrice”. PARIA AVANT TOUT Le début des opérations du Maréchal Sucre, à Paria, se manifestera par l’obtention d’environ 700 millions de dollars par an durant 25 années. Approximativement 1,5 milliard de dollars seront destinés à acheter des biens et des services nationaux. Ce projet de liquéfaction de gaz est un projet dans lequel le Fisc national, Pétroles du Venezuela, Shell, Mitsubishi et le partenaire stratégique de l’Exécutif, espèrent obtenir un peu plus de 14,52 milliards de dollars durant le quart de siècle que le contrat est censé durer. Selon les calculs de la source susmentionnée, une fois les opérations démarrées – ce qui est prévu pour 2007 selon le chronogramme- le pays obtiendra approximativement 700 millions de dollars par an, grâce à l’exportation de 4,7 millions de tonnes métriques vers les marchés de la côte Est des Etats-Unis et à la commercialisation d’environ 300 millions de pieds cubiques à l’intérieur du pays. De ces 14,52 milliards de dollars, le Venezuela obtiendrait 11,03 milliards de dollars, répartis comme il s’en suit: 5,24 milliards pour PDVSA, 4,44 milliards de dollars pour les impôts et 1,35 milliard de dollars pour le payement de redevances.

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Le vice-ministre des Hydrocarbures, Bernardo Alvarez, a expliqué que dans le processus de sélection des entreprises qui accompagneront le PDVSA dans cette initiative, ont été considérées les conditions suivantes avec pour objectif, la création de privilèges pour l’Etat: • Intégration verticale du commerce. • Garantie d’accès et mise en valeur de marchés attractifs. • Participation sur les terminaux de regazéification déjà existants. • Ravitaillement sécurisé du marché interne. • Un plus vaste contenu local en matière de signature de contrat de biens et de

services. • Application de programmes de formation de capital humain et de diffusion

technologique. • Développement d’un complexe industriel de gaz sous le concept d’un ensemble

industriel, c’est-à-dire qui s’apparente à celui qui existe déjà à José, état d’Anzoàtegui.

• L’acceptation du cadre légal et fiscal de la République Bolivarienne du Venezuela.

Le projet Maréchal Sucre naîtra grâce à la construction d’un train de liquéfaction de gaz naturel, alimenté par les réserves (environ 10,3 trillions de pieds cubiques de gaz) localisées au nord de la Péninsule de Paria, Etat de Sucre. Dans cette zone, il est prévu de perforer environ 34 puits distribués entre 4 gisements: Río Caribe, Patao, Mejillones et Dragón. Durant l’exécution des travaux, approximativement 1,5 milliard de dollars seront destinés à l’achat de biens et de services nationaux. A la fin du premier semestre de cette année, celui qui était à l’époque ministre d’Energie et des Mines, Álvaro Silva Calderón; le président des Pétroles du Venezuela, Alí Rodríguez Araque; la présidente exécutive de Shell Gas and Power, Linda Cook, et le directeur de Mitsubishi Corpotarion, James Brumm, se sont compromis, au Salon Ayacucho du Palais de Miraflores, à commencer les études nécessaires pour établir la portée économique de l’exploitation des champs de gaz naturel non associés à la production de pétrole brut localisée au nord de la Péninsule de Paria. Ce processus, qui devrait être fini avant la fin juin 2003, doit se concrétiser avec la signature du contrat définitif auquel les parties seront soumises. Il restera alors encore du temps pour éclaircir quelques inconnues liées au futur de Maréchal Sucre. Le projet au nord de Paria représente un investissement estimé à un montant allant de 2,5 millions de dollars à 3 milliards de dollars. Dans la répartition de ce projet, l’Etat s’est réservé 60%, participation qui sera réduite si l’Exécutif décide d’inclure un nouveau partenaire, en relation avec les gestions que le Ministère de l’Energie et des Mines est en train de faire depuis quelques mois. Cette décision serait à l’origine d’une série de conséquences importantes en ce qui concerne le déroulement de l’initiative mentionnée. En premier lieu, celle-ci ne pourrait pas se considérer comme le fruit d’une entreprise appartenant purement à l’Etat si le nouveau partenaire le devient avec au moins 11% de cette part, ce qui amènerait la participation de l’Etat vénézuélien à 49%, la limite appropriée pour, par exemple, accéder avec plus de facilités au marché des capitaux. Parce qu’il a été constaté que dans ce type de développements, il serait peut-être nécessaire d’avoir jusqu’à 70% d’argent frais provenant de la banque internationale dans le cadre de prêts directs ou de la collocation de bons. DELTA: PREMIER SUR CINQ A la différence de Paria, sur la Plateforme Deltane, les acteurs sont plus nombreux. Mais la zone d’exploitation est plus vaste aussi, car les cinq zones déterminées au commencement font au total un peu plus de 6000 kilomètres carrés, face à un total de 23.000 kilomètres carrés.

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L’accord-cadre pour le développement des ressources existantes dans cette région a déjà été souscrit par les représentants des entreprises et consortiums sélectionnés par l’Exécutif pour trois des cinq blocs. British Gas (BG) va de concert avec Chevron-Texaco dans le bloc 2 (Loran). Quant aux blocs 3 et 4 (Lau Lau y Cocuina), le résultat d’un processus de concours opposant le consortium intégré par l’entreprise d’État norvégienne Statoil-Norks Hydro et l’entreprise franco-belge TotalFinaElf n’a toujours pas été révélé. Dans les blocs 1 et 5, il a été décidé d’employer des stratégies différentes. En ce qui concerne le premier, le Ministère de l’Energie et des Mines a décidé d’établir des négociations directes avec la multinationale British Petroleum, qui de manière similaire à la situation avec BG, maintient des opérations d’exploitation de gaz naturel dans des gisements qui vont au-delà des frontières du Venezuela et de Trinidad. Et en ce qui concerne l’autre bloc (bloc 5), l’ex vice-ministre des Hydrocarbures, Bernardo Alvarez, a expliqué que “à cause de sa complexité, qui implique des perforations à grande profondeur, la modalité de développement sera annoncée lors du premier trimestre de l’année 2003”. Le directeur gérant de l’entreprise franco-belge TotalFinaElf, Jean Michel Gires, affirme d’après ses calculs que pour le développement d’une affaire verticalement intégrée –qui irait depuis les activités d’exploration jusqu’à la commercialisation du gaz liquéfié-, il serait nécessaire d’investir approximativement 4 milliards de dollars. L’entreprise TotalFinaElf maintient des intérêts dans le pays à travers trois projets du secteur des hydrocarbures. Dans l’association stratégique Sincrudos de Oriente (Sincor), dans la quelle ont été injectés 4,2 milliards de dollars et qui a comme but de produire 180.000 barils par jour de pétrole synthétique, elle conserve 47% des actions. Elle procède de la même manière que Pétroles du Venezuela et l’entreprise étatique norvégienne Statoil-Norks Hydro. Dans les gisements Jusepín et Cotoperí –qui produisent actuellement entre 38.000 et 40.000 barils par jour de pétrole brut léger et dont ils pensent augmenter la capacité à 45.000 barils par jour en 2003-, ils ont investi 80 millions de dollars. Et le gisement de gaz naturel en terre ferme Yucal Placer, où ils envisagent d’atteindre une production initiale de 100 millions de pieds cubiques carrés pour 2003, possède 69,7% du capital de l’association intégrée de l’entreprise espagnole Repsol et des entreprises vénézuéliennes Otepi et Inepetrol. De son côté, Statoil a offert d’investir jusqu’à 3 milliards dans la Plateforme Deltane, de réaliser un apport de 10 millions de dollars à un fond de développement pétrolier destiné à financer des projets à moyen et long terme pour l’entreprise nationale et de coopérer avec Pétroles du Venezuela pour que cette compagnie devienne “un des principaux opérateurs off-shore”, par l’intermédiaire de la diffusion technologique et de la formation de ressources humaines. Le président de Statoil Venezuela, Marcel Kramer et le gérant de développement des nouveaux projets au Vénézuela, Gilberto Cárdenas, assurent d’être prêts à commencer dès qu’ils recevront l’accord de l’Exécutif. Peter Dramfield, représentant de BG, s’est montré optimiste en ce qui concerne la haute possibilité de prospection de gaz et les richesses de l’endroit. Par ailleurs, Alirio Moshire, de Chevron-Texaco, a commenté que cette transnationale aspire à ce que le gaz se trouvant dans la zone soit commercialisé aux Etat Unis. Envoyé par: Société des Amis en défense de la Grande-Savane-AMIGRANSA [email protected] Source: PVDSA ===================== 5.2. GUINEE EQUATORIALE ===================== Marathon Oil est une entreprise qui est entrée très clairement en processus d’expansion (en 1997 elle occupait la 36e place de la classification mondiale des entreprises pétrolières et en 2001, elle apparaît à la 10e place). Son siège se situe à Houston (USA) et ses intérêts en Guinée-Équatoriale ont grandi sensiblement

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au cours des dernières années. Fin 2001 (officiellement le 3 janvier 2002), elle a acquis pour 993 millions de dollars d’actifs guinéens de la compagnie CMS Energy et le 20 juin 2002, avec 155 millions, ceux d’une autre petite entreprise (Globex), centrées, toutes les deux dans l’emblématique gisement Alba, visible depuis Malabo, la capitale du pays. En septembre 2002, le gouvernement guinéen a approuvé l’élargissement des capacités (Phase 2A) de ce gisement, dont les travaux seront terminés dans les derniers mois de cette année. Une deuxième phase, la 2B, sera disponible à la fin 2004. Tout ceci a fait de Marathon Oil l’une des entreprises les plus importantes de l’“off-shore” guinéen. En ce moment elle dispose de 63,3% du bloc A (Alba), de 47% du bloc D (contigu au A), de 52,4% d’une usine de condensés, de 45% d’une usine de méthanol (Atlantic Methanol Production) et de 52,2 % d’une usine de GPL (gaz de pétrole liquéfié qui provient du raffinage du pétrole brut; qui est formé de 80% de propane et de 20% de butane; c’est un combustible considéré “propre”, dont l’emploi, par exemple dans les transports en commun des grandes villes, diminuerait sensiblement leurs niveaux de contamination). La seconde phase de l’exploration et exploitation pétrolières en Guinée (la première s’étant déroulée entre la période coloniale et les essais qu’Elf, Hispanoil et GEPSA réalisèrent au début des années 80) commence en 1990 avec les travaux de Walter International. Dans les années suivantes, l’United Meridian Corporation obtient des concessions, sans trop de succès. Il s’agit dans les deux cas de petites entreprises nord-américaines mais en 1995, UMC s’est associée avec Mobil Oil. Jusqu’à ce moment-là, l’exploitation était centrée dans le gisement Alba. Mais en 1995, le gisement Zafiro fut découvert (à l’ouest de l’île de Boiko) et Mobil Oil obtint à cet endroit, dès 1997, 40.000 barils par jour. Après Mobil Oil, d’autres grandes et moyennes entreprises du secteur ont investi en Guinée. Actuellement les entreprises suivantes ont des intérêts dans le pays: Marathon Oil, Amerada Hess, Exxon Mobil, Chevron Texaco, Vanco Energy, Ocean Energy, Energy Africa et Petronas. Les six premières sont nord-américaines, Energy Africa a son siège central à Johannesbourg et Petronas (la dernière arrivée) est malaisienne. Le bilan de ces treize dernières années pourrait se faire depuis plusieurs points de vue, mais il ne nous paraît pas inexact d’affirmer que l’indubitable développement du secteur pétrolier a eu peu de répercussions sur le reste de l’économie guinéenne. Le secteur pétrolier reste toujours une “enclave” isolée dans un milieu qui se caractérise par la misère, la nonchalance et le contrôle exercé par les gouvernants. L’édition 2003 du Bilan du Monde, édité à Paris par le groupe Le Monde dit au sujet de la Guinée: “A côté de l’or noir, aucun autre secteur économique n’a d’intérêt pour les autorités guinéennes. La mortalité infantile reste supérieure à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (sur 1000 enfants nés, 107,7 sont morts la première année). Une étude faite en 1995 a démontré qu’environ 5% de la population (quelque 20.000 personnes) contrôlaient 80% de la rente nationale. De son côté, le PNUD a estimé qu’en 1996, 60% de la population (quelque 240.000 personnes) vivaient dans une pauvreté absolue, ce qui impliquait qu’elles avaient un niveau de revenus inférieur à 365 dollars par an, c’est-à-dire moins de 500 F CFA par jour (environ 125 pesetas). Les entreprises pétrolières ont agi toutes ces années comme des alliées, des complices de la dictature guinéenne. Voyons de quelle façon: Le rapprochement des relations entre Mobil Oil et le gouvernement guinéen s’est produit tout au long de l’année 1995. Pastor Micha, l’actuel Ministre des Affaires Etrangères guinéen et qui venait d’être nommé à ce moment-là ambassadeur à Washington et aux Nations Unies, a joué un rôle important. Le 18 mai de cette année-là, Micha a reçu publiquement des instructions du président Obiang dans le but de sensibiliser les opérateurs économiques nord-américains pour qu’ils interviennent en Guinée et pour qu’ils “augmentent et consolident les relations d’amitié et de coopérations déjà existantes entre Washington et Malabo”. Ces relations ont reçu une nouvelle formulation pendant le voyage réalisé entre le 25 avril et les premiers jours de mai par une importante délégation guinéenne dans laquelle figuraient Manuel Nguema, oncle du dictateur et connu pour être un tortionnaire et Juan Oló, Ministre des Mines et Hydrocarbures et frère de la

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"première dame" guinéenne, Constancia Mangue. La délégation a visité Houston y Washington. Quelques mois plus tard, l’été s’étant écoulé, une campagne publicitaire aux Etats-Unis a commencé à se développer, destinée à améliorer l’image du régime guinéen. Son point le plus important a été la publication d’une page complète dans le New York Times. La préparation de cette campagne était l’œuvre de la firme de lobby Black, Maneforth, Stone & Kelly qui avait par ailleurs édité aussi des dépliants destinés aux possibles investisseurs nord-américains où l’on essayait de donner une image idyllique de la Guinée Equatoriale: un petit paradis, libre d’affrontements tribaux et avec un régime politique stable. Néanmoins, entre février et août 1995, le dirigeant de la formation démocrate-chrétienne Parti du Progrès (PP), Severo Moto, demeurait incarcéré. Durant cette même période, il fut jugé deux fois, l’une d’entre elles par un tribunal militaire constitué d’un groupe de civils et de membres des forces armées appartenant, disait-on, à son parti politique. Les faiblesses de l’accusation et le manque de garanties des deux procès étaient évidentes. Mais ce n’est que grâce à la pression internationale que furent évitées des condamnations à mort. En février 1996, des élections présidentielles furent célébrées dans le pays après une convocation et une campagne criblées d’irrégularités. Les résultats officiels attribuèrent à Obiang 97,85% des votes. A côté de cette intervention politique précoce, qui s’est modifiée et qui est devenue plus discrète dans les années suivantes, l’exploitation pétrolière présentait depuis le début trois caractéristiques qu’elle n’a pas perdues, jusqu’à maintenant : - Les bénéfices ne dépassent pas les cercles les plus proches du dictateur - Tout se réalise sous secret absolu. - Ses conditions sont spécialement favorables aux compagnies pétrolières. On a hypothéqué les rentes du pétrole, d’abord à court terme et ensuite à long terme, les contrats ont été renégociés avec les compagnies étrangères pour obtenir des avances et la gestion des rentrées provenant des hydrocarbures reste toujours obscure et sans qu’aucune évaluation préliminaire ne soit effectuée. Pour les guinéens, tout ce qui est lié au pétrole a été, et continue d’être, un vrai mystère. Fernando Abaga le raconte de la façon suivante: “la première chose qui attire l’attention quand on veut étudier les exploitations de pétrole est la clandestinité qui caractérise cette activité. Le gouvernement ne diffuse aucune information, comme par exemple les données globales de la production ou les bénéfices qu’elle génère”. Les négociations entre le gouvernement et les entreprises pétrolières sont menées de façon clandestine. En effet, les contrats que le gouvernement a souscrits avec elles, et qui devraient être des documents publics, ne le sont pas, et ne sont pas à la portée de la population, qui reste ainsi dans l’obscurité: elle sait seulement que son pays est déjà un exportateur de pétrole, mais rien de plus. En ce qui concerne les contrats, trois conditions sont défavorables à la Guinée-équatoriale. La première fait référence à l’entrée en vigueur tardive du système de participation dans la production, qui est prévue pour l’année 2003, et après l’amortissement total des investissements effectués par les compagnies pétrolières. On attend que ce système de participation substitue le système actuel de redevances, qui ne touche que 10% des exportations. En second lieu, les contrats permettent une augmentation de la valeur résiduelle des investissements pétroliers en équipe d’environ 30% à la fin de chaque année, ainsi que l’ajournement des pertes enregistrées par les compagnies pendant leurs opérations d’exploration. Ceci inclut même les dépenses réalisées comme conséquence des perforations infructueuses, qui se récupèrent de cette façon grâce aux puits productifs. En troisième lieu, il y a les exonérations arbitraires faites aux entreprises pétrolières en faveur de leurs importations. En avril 1998, le gouvernement a renégocié une partie des contrats. “On estime que les conditions obtenues sont plus favorables, car les nouvelles conditions

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permettent à l’Etat d’obtenir, par la voie d’un “système graduel de redevances”, des rentrées qui atteignent 12-16% de la valeur des exportations, 5% de la participation au capital, ainsi que l’introduction d’un mécanisme échelonné de participation à la production, au lieu de taux de rendement. On appliquera aussi un impôt sur les utilités de 25%”. “Il est évident que ces mesures améliorent en partie les conditions pour l’Etat Guinéo équatorien, qui augmentera ses rentrées spécialement à travers l’impôt sur les utilités et par la participation dans la production. Néanmoins, elles continuent à être défavorables si on les compare avec les autres pays de la région pour lesquels l’impôt sur les utilités se situe entre 48,7 et 50%. La production du secteur est passée de 17.000 barils par jour à la fin de l’année 1996 à 83.000 en 1998 et à 120.000 en 1999. Durant la période 1999-2000, les compagnies Triton, Energy Africa, CMS et Vanco Energy ont obtenu des concessions ou ont entablé l’exploitation de nouveaux gisements. Au début de l’année 2000, les autorités guinéennes ont considéré comme terminée leur relation avec l’entreprise de lobby Black, Maneforth, Stone & Kelly (qui s’appelait déjà Black, Kelly, Scruggs & Healey) et ont signé un nouveau contrat avec Africa Global Partners. Dans leurs relations avec l’Administration nord-américaine, ils devraient considérer la publication annuelle, par le Département d’Etat, de rapports très critiques sur la situation des droits humains en Guinée-équatoriale. En mars 2001, le dictateur guinéen a effectué une “visite privée” aux Etats-Unis, destinée sans doute à améliorer l’image de son régime dans ce pays. En juin 2001, on a publié un rapport intitulé “Equatorial Guinea: A Country Profile for US Bussinesses” , dans lequel on définissait la Guinée comme “la destination la plus importante pour les investissements américains en Afrique sub-saharienne après le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud”. Le rapport a été financé par Chevron Texaco, Exxon-Mobil, Triton Energy, Vanco, Ocean Energy, Oceaneering International y Africa Global Partners... Le projet de la fabrique de méthanol construite dans l’île de Bioko par Atlantic Methanol Production (actuellement propriété de Marathon Oil) a reçu tous genres de support de différentes instances nord-américaines: 173 millions de dollars de la Overseas Private Investiment Corporation (OPIC), "l’un des prêts les plus élevés jamais donnés par cette entité de support aux investissements nord-américains à l’étranger”; quelques autres 200 millions comme garantie de “risque politique” et, finalement, elle a reçu l’appellation d’“installation écologique” octroyée par la EPA (Environmental Protection Agency) des Etats-Unis aux entreprises qui réduisent la contamination environnementale. Les 8 et 9 juillet 2001, l’agence de presse Reuters et le journal Financial Times se faisaient écho de certaines déclarations réalisées quelques jours auparavant par Obiang à Bata qui signalait que les contrats des entreprises pétrolières “ne sont pas satisfaisants”, qu’ils “ne sont pas positifs pour le pays et doivent être modifiés”. Le dictateur a annoncé la création d’une entreprise nationale de pétrole (jadis appelée Petroguinée, et actuellement Gepetrol) qui serait chargée d’“augmenter le pourcentage sur les royalties, le pourcentage de participation dans le pétrole brut, et… le pourcentage de participation sur les actions”. Malgré le fait qu’il n’ait pas expliqué comment allaient être menées ces négociations, il a ajouté que son intention était d’augmenter la participation de l’Etat Guinéen jusqu’à 50 ou 51% des actions, c’est-à-dire que l’Etat Guinéen deviendrait propriétaire des entreprises. Jusqu’à présent, il semblerait que les contrats des entreprises pétrolières nord-américaines ne se soient pas modifiés [la participation de l’Etat Guinéen dans la production des gisements exploités est très faible: 3% dans le gisement Alba (Marathon Oil); 5% dans le gisement Zafiro (Exxon-Mobil) et 5 % dans le Ceiba (Amerada Hess)], néanmoins le contrat avec l’entreprise malaisienne Petronas, signé en 2002, reconnaît à Gepetrol 15% de redevances. GEpetrol a été légalement constituée en février 2001, mais n’a commencé réellement à opérer qu’à partir de l’année 2002. Source: REBELIÓN, ESPAGNE 110603 - Asodegue

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============ 5.3. SINGAPOUR ============ Singapour est le troisième centre de raffinage le plus grand au monde. Sa capacité totale de raffinage est de 1.2 millions de barils par jour. Le développement de l’industrie pétrochimique à Singapour est progressif à cause de la grande base de raffinage de pétrole qu’il réalise, en approvisionnant l’industrie pétrochimique en matières premières comme la nafta. Le pétrole et la pétrochimie sont à la base de l’industrie et de l’économie du Singapour. A la fin des années 80, Singapour était le troisième centre de commerce et le troisième centre de raffinage du pétrole au monde. Il fut aussi le deuxième constructeur de tours de forage, de cuves et de plateformes de pétrole au monde et ses aptitudes à les réparer et à les entretenir étaient les plus compétitives de l’Est de l’Asie. Quand les prix du pétrole brut commencèrent à diminuer en 1981 et à s’écrouler à la fin 1985, Singapour enregistra des répercussions positives et négatives. La chute du prix du pétrole a assené un dur coup à l’exploration pétrolière. L’impact s’est senti amplement et de manière immédiate, il y eut des réductions d’ordres de construction d’installations pétrolières mais aussi des réductions de locations d’appartements luxueux pour les travailleurs pétroliers, qui ont dû rentrer chez eux. Singapour a souffert des pertes dans le commerce des biens et services, de la même façon que deux de ses voisins immédiats, l’Indonésie et la Malaisie, extrêmement dépendantes des rentrées provenant de l’exportation du gaz et du pétrole. Le Singapour en bénéficia néanmoins en raison de la disponibilité d’énergie à bon marché qui, en 1986, représenta une épargne de près de 1200 millions de dollars. De plus, les raffineries de Singapour investirent en l’équipement et en technologie afin de leur permettre de raffiner une grande variété de pétroles bruts et d’obtenir une plus large proportion de produits possèdant une haute valeur ajoutée grâce au processus de raffinage. De par lui seul, le raffinage de pétrole aboutit à la création de 28% des usines de Singapour en 1985, même si en 1988 cette relation retomba en partie à cause de la baisse de la production de pétrole et de la croissance d’autres industries. Singapour a aussi tiré profit indirectement des grands importateurs de pétrole comme le Japon et les Etats-Unis, qui ont obtenu de plus grandes rentrées réelles à cause des prix plus bas, ce qui a permis d’augmenter leurs importations depuis Singapour et depuis d’autres pays. Les industries pétrolières, pétrochimiques et chimiques ont expérimenté une rapide croissance en Asie. Le Singapour espère créer une ambiance compétitive dans l’île de Jurong qui abritera ces industries. Le projet de regroupement de l’île de Jurong est l’une des initiatives clés du programme M2000 de développement d’une enclave de l’industrie chimique de classe mondiale. Le projet de l’île de Jurong sera mis en œuvre en se basant sur approximation industrielle totale. Le projet de l’île de Jurong regroupera en une seule île un groupe de sept petites îles situées au sud-ouest des côtes de Singapour. L’île abritera les industries pétrolières et pétrochimiques dans un complexe qui possédera des canaux entre les îles et qui s’étendra sur la zone maritime. Les sept îles sont Pulau Merlimau, Pulau Ayer Chawan, Pulau Ayer Merbau, Pulau Seraya, Pulau Sakra, Pulau Pesek et Pulau Pesek Kecil. Le but serait de créer une aire additionnelle de 1790 hectares qui s’ajouterait à la superficie initiale d’un peu moins de 1000 hectares, ce qui formerait un total de 2790 hectares qui seraient suffisants pour accueillir toutes les industries.

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Dans les années 60, ce groupe de 7 îles avait été identifié comme l’endroit idéal pour l’industrie lourde. L’endroit est devenu le foyer de plusieurs des grandes raffineries de pétrole comme celles de Esso, Mobil et la Singapore Refining Company (une union entre Caltex, BP et la Singapore Petroleum Company), localisées dans les îles de Pulau Ayer Chawan, Pulau Pesek et Pulau Merlimau respectivement. En 1984, le premier complexe pétrochimique de Singapour fut installé à Pulau Ayer Merbau. Dans ce complexe, le cracking est opéré par la Petrochemical Corporation of Singapore (une union entre Shell et un consortium japonais dirigé par Sumitomo Chemical). Les acteurs dans le downstream incluent Polyolefin Company, Phillips Petroleum, Ethylene Glycols Singapore, Denka et Kureha Chemicals. Avec ces pionniers sur le site, il était logique que les îles aux alentours, une fois regroupées, se convertissent en un axe de développement pétrolier et pétrochimique. L’enclave physique des industries chimiques liées fournit des grandes opportunités pour l’intégration industrielle et d’autres bénéfices résultants pour l’économie. En 1991, le gouvernement a approuvé le plan de regroupement avec un coût de développement direct total de 7 milliards de dollars pour le Singapour. Cela fut une réponse claire à l’identification de l’industrie chimique en tant que secteur-clé de la croissance, qui a contribué significativement à l’économie du Singapour. L’idée était de gagner des terres par étapes, en élevant le rythme et en atteignant la demande projetée par l’industrie. La date initialement prévue pour l’étape finale de la transformation des zones maritimes en terrestres était de 2030. Néanmoins, comme la demande de ces industries a augmenté au cours de ces deux dernières années, le gain de terre sur la mer a progressé de manière importante et on espère que le complexe de l’île de Jurong sera prêt en 2003. Le Singapour est bien placé pour jouer un rôle clé dans la croissance de l’industrie pétrochimique d’Asie-Pacifique avec l’axe intégré de l’île de Jurong. Plusieurs compagnies multinationales sont actuellement en train d’observer la rentrée des bénéfices dans l’île de Jurong. Des compagnies comme le consortium dirigé par Sumitomo (complexe acrylique), Eastman Chemical (alcools), Chevron (lubrifiants et additifs), Asahi (résines polyacéthiliques), Poval Asia (alcool et polyvinyles), Denka (acétylène y polystyrènes) et Lonza (acide isoftalique purifié) ont récemment annoncé l’intention de se loger à Jurong. ===================================================== 6. EN DEHORS DES TROPIQUES ==================== 6.1. AFRIQUE DU SUD ==================== LA RAFFINERIE DE SHELL/BP La raffinerie SAPREF, localisée au sud de Durban sur la côte de l’Afrique du Sud, a débuté ses opérations dans les années 60. Actuellement, elle est la plus grande raffinerie de pétrole d’Afrique du Sud, elle peut recevoir plus de 185.000 barils par jour et employer près de 1500 travailleurs. De plus, en dehors du raffinage, sept oléoducs sortent de la raffinerie en prenant des directions différentes. La cuve terminale d’Island View, située au nord de la raffinerie dans le port de Durban, est directement connectée à la raffinerie via pipelines, et inclut plusieurs cuves de stockage superficielles ainsi que son propre réseau interne d’oléoducs. Island View est aussi un terminal de services pour les bateaux marchands qui utilisent le combustible de SAPREF. La raffinerie de SAPREF et ses installations associées ont opéré de façon autosuffisante, sans le soin rigoureux du gouvernement. Les lois de l’époque de l’apartheid ont donné carte blanche à beaucoup d’entreprises d’Afrique du Sud, avec

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très peu de restrictions concernant l’environnement. Depuis les années 60, il y a eu sans aucun doute des fuites de combustible et des accidents dans ces installations mais très peu ont été annoncés publiquement. Dans les années 90, néanmoins, beaucoup d’accidents ont eu lieu dans les raffineries et ont été relatés. En mai 98, une explosion et un incendie subséquent se produisirent dans la raffinerie, causés par un défaut d’une des unités. L’explosion fut entendue à plusieurs kilomètres à la ronde, et le feu brûla pendant plus de six heures. Il n’y eut pas de blessés, mais une quantité estimée à 5 tonnes d’hydrogène fluorhydrique (HF), une substance très dangereuse, fut libérée. Le HF est utilisé comme catalyseur dans le processus de production de combustibles de haut degré d’octane, mais il s’agit d’une substance hautement réactive ou dangereuse en tant qu’acide fluorhydrique. Des expositions prolongées et son inhalation peuvent causer des irritations extrêmes du système respiratoire qui peuvent être fatales. Son ingestion peut causer un dommage irréparable du tissu de l’œsophage et de l’estomac et provoquer brûlures, nausées, vomissements, diarrhées, dysfonctionnement du système circulatoire et mort. Au contact de la peau, le liquide ou les vapeurs causent des brûlures sévères et le contact avec les yeux peut causer de graves dommages suivis de cécité. En mai 98, le HF de la raffinerie de SAPREF fut libéré sous forme de gaz. La manière de gérer la raffinerie fut également un agent de contamination chronique. En effet, en février 2000, le service d’entretien de SAPREF a admis que des émissions de dioxyde de sulfure n’avait pas été rapportées au gouvernement local durant les 5 dernières années pour environ un peu plus de 12 tonnes par jour – ou 4380 ou 10 millions de livres. En septembre 2000, la raffinerie a déclaré avoir baissé la contamination de SO2 d’environ 30%, à 37 tonnes par jour. Les brûleurs sont eux aussi une cause fréquente d’accident dans la raffinerie, car il n´y a pas de centrale d’énergie d’appoint, donc les brûleurs sont utilisés en tant que valve d’échappement en cas de panne de courant ou de faille du système d’énergie. SAPREF a reconnu que ses émissions peuvent affecter la santé des personnes. “Sous un climat particulier et certaines conditions d’opération, et si l’on combine d’autres sources de contamination de la vallée, en incluant la contamination véhiculaire, nous acceptons le fait que nos émissions de SO2 puissent contribuer à l’addition d’impacts pour les personnes souffrant de troubles respiratoires”. SAPREF a reconnu également que ses émissions de SO2 ont dépassé les normes de l’OMS. “L’évidence suggère que nous contribuions avec ces excédents”, ont dit des fonctionnaires de SAPREF en septembre 2000, “mais nous nous sommes compromis à réduire ces excédents jusqu’à ce que l’on puisse en finir avec tous”. Mais pendant l’année 2000, ceci ne fut évidemment pas le cas. Au début du mois de janvier 2001, un incendie s’est produit dans l’unité des bitumes de la raffinerie. Le même jour, 6000 litres d’un dissolvant chimique se sont répandus à partir d’un défaut d’une valve d’un camion-citerne de SAPREF. Plus tard, en janvier 2001, un autre incendie a eu lieu dans l’unité de distillation de pétrole brut Nº 2. La même journée, près de 1000 litres de bunker se sont répandus dans la Baie de Durban. FUITE DE PLOMB En mars 2001, dans le terminal d’Island View du port de Durban, une cuve de stockage de SAPREF a laissé s’échapper 25 tonnes de tétra éthyle de plomb (TEL), une substance hautement toxique et connue pour être cancérigène. La rupture eut lieu dans une cuve tandis que le plomb était pompé depuis un bateau vers une cuve de SAPREF située dans le terminal. SAPREF achetait du plomb de Associated Octel. La fuite, néanmoins, n’a pas été découverte par SAPREF ou Octel, mais bien par des travailleurs de ENGEN et ce, seulement huit heures après que la fuite ait commencé. Dès que la fuite fut découverte, le plomb fut pompé à nouveau vers le bateau. Après cet incident, plusieurs travailleurs de l’endroit ont été évacués et leur sang a été analysé afin de détecter d’éventuelles traces de plomb.

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Malgré le fait que l’un des travailleurs du bateau ait été diagnostiqué comme ayant de hauts niveaux de plomb dans le sang, aucun des résidents ne fut évacué ou soumis à des analyses. Le plomb stocké après cet incident a été maintenu dans une cale pendant trois jours. Entre le 21 et le 24 mars, deux routes locales proches du terminal ont été fermées et les résidents n’en n’ont jamais connu la raison. SAPREF et d’autres entités de l’entrepôt doivent suivre les normes nationales de gestion environnementale car une superficie d’environ 300 mètres située autour de la cuve endommagée se trouve dans la zone résidentielle de Flynnlands, du Sud de Durban, connue sous le nom de « Supercherie » (Bluff en anglais). Rory O’Connor de l’Alliance Environnementale de la Communauté du Sud de Durban, a dit que “l’analyse du sang doit être faite sur les résidents proches, car plusieurs cuves de stockage du terminal ont de plus de 10 ans et ont besoin d’inspections indépendantes régulières”… “Les entreprises devraient au moins nous dire ce que ces cuves contiennent et nous dire quoi faire en cas d’urgence”, a dit Willem van Loggerenberg, résident local. Le plomb a été stocké dans le terminal depuis 1968. Le plomb est une substance très toxique et ne se trouve naturellement pas dans le corps humain. Chez les enfants, le plomb se comporte de manière particulièrement sournoise, il empoisonne le cerveau, même en petites quantités. Avec des expositions modérées pendant une longue période, il n´y a pas de symptômes immédiats, mais bien une perte de la mémoire à court terme, des temps de réaction plus longs, des manques de concentration et des déficiences intellectuelles. Chez les adultes, l’exposition au plomb peut endommager le système nerveux périphérique, en affectant la mémoire, la vision et la coordination motrice et peut aussi causer une faiblesse des poignets et des chevilles. Des hauts niveaux d’absorption peuvent endommager le foie, en provoquant une anémie et des avortements, et augmenter la stérilité tant chez les hommes que chez les femmes. Des expositions chroniques au plomb peuvent être associées à l’hypertension, des problèmes de pression sanguine et des maladies cardiaques. Aux États-Unis, les normes de sécurité liées au travail requièrent que les travailleurs ayant un niveau de plomb dans le sang de l’ordre de 50 microgrammes par décilitre soient écartés pour ne pas aggraver leur situation. Dans les sols, le plomb est présent naturellement à des niveaux qui varient entre 25 et 60 ppm. Aux États-Unis, l’Agence de Protection Environnementale (EPA) fixe le niveau maximal acceptable dans le sol à 400ppm ; au-delà de ce niveau, on doit prendre des mesures pour éliminer la contamination. Dans le terminal d’Island View, un certain nombre de cuves utilisées pour stocker du plomb a plus de 20 ans d’ancienneté. Un groupe de consultants indépendants, Project Development Africa, y a mené une enquête sur les cuves de SAPREF et a indiqué que leurs problèmes étaient dus à l’oxydation des joints et soudures. SAPREF proteste et affirme que les cuves ont été testées il y a seulement deux ans et “qu’elles n’ont pas montré d’oxydation apparente”. Néanmoins, on remarque que la technique de mesure de SAPREF n’est pas des plus exactes, car trois autres cuves ont été enlevées en 1998 et elles avaient déjà montré une évolution de l’oxydation interne importante. Ceci est arrivé quand SAPREF a cherché l’assistance de Shell Global Solutions aux Pays-Bas, qui a indiqué que la technique utilisée par SAPREF était inadéquate pour mesurer la corrosion localisée. Une technique utilisée dans les installations nucléaires pour détecter la corrosion –connue comme TOFD- et utilisée au Royaume-Uni depuis les années 70- aurait dû être utilisée par SAPREF, mais elle ne l’a pas été malgré les recommandations de Shell Global Solutions. La vieille méthode est meilleur marché. L’enquête a conclu que SAPREF et la compagnie d’opération des cuves Associated Octel, “paraissent s’être trompées elles-mêmes” par la vieille méthode utilisée. Mais il y a aussi évidence, selon le consultant, que d’autres mesures anticorrosion

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et anticontamination “peuvent ne pas avoir été pleinement efficaces et adéquatement gérées par SAPREF” dans le terminal d’Island View. FUITE DANS LE PIPELINE Au début de l’année 2001, peu de mois après la fuite de plomb, une autre fuite de SAPREF fut découverte. Cette fois-ci, un oléoduc souterrain qui transportait un combustible de pétrole connu sous le nom de Mogas s’était répandu, libérant pensa-t-on au début, 175.000 litres de combustible. La fuite -ce n’est qu’après que l’on sut que la quantité de combustible déversée dépassait le million de litres- se passa silencieusement, sans signes avant-coureurs, en s’écoulant par un trou de 4mm. Le liquide a détrempé le sol et a atteint les eaux souterraines situées en-dessous des zones résidentielles du sud de Durban, Wentworth et Bluff. Plusieurs jours après, -la fuite fut détectée en premier lieu par les résidents locaux et non-pas par SAPREF-, les vapeurs d’hydrocarbures ont commencé à s’échapper. Les familles qui vivaient prés de l’embranchement des rues Tara et Angelier ont été les premières à porter plainte. SAPREF a alors fermé la ligne de transmission pour réduire les risques d’explosions. Trois jours après l’incident, des échantillons d’air ont été recueillis par Ecoserv, qui ont montré un niveau élevé d’hydrocarbures, avec des mesures proches de 3700 ppm. Plus d’un mois après, les niveaux de benzène dans l’air étaient de 0,2 ppm dans certaines maisons, un niveau qui représente plusieurs fois le niveau le plus élevé permis par l’OMS dans les espaces ouverts. Certaines familles ont été évacuées et d’autres intentèrent des actions légales. Peu de temps après cet incident, d’autres oléoducs de SAPREF ont été testés et il s’est trouvé qu’ils étaient eux aussi rongés par la rouille et laissaient passer du combustible. Au moins sept oléoducs de SAPREF relient la raffinerie au terminal d’Island View, et beaucoup d’entre eux n’ont pas de capteurs, sont adjacents aux aires résidentielles et passent tout près d’endroits habités. Shell et BP disent qu’ils les ont testés récemment et ont réparé leur faible structure en 1998 et ce, en dépit du fait qu’il y ait eu plusieurs fuites pendant ces dernières années. Certains résidents et activistes, dont Bobby Peek, ont proposé à Shell et à BP de remplacer les vieilles tuyauteries par de nouvelles. “Nous savons que les oléoducs ont au moins 30 ans d’âge et qu’ils doivent être remplacés”, a dit Peek. “Les oléoducs se situent dans des aires jadis inondées, au Sud de Durban, ce qui signifie que la corrosion sera toujours un problème”. Les compagnies quant à elles affirment que le remplacement n’est pas nécessaire. Au contraire, Shell et BP recommandent que plus d’analyses et de tests soient effectués, et que certains des résidents soient relogés. Mais au moins un des fonctionnaires du gouvernement, le ministre des affaires environnementales, Dr. Moosa, a manifesté afin que les personnes ne soient pas relogées. La fuite de juillet 2001, qui a touché la nappe aquifère souterraine, a été suffisamment importante pour que Shell ait besoin d’utiliser une série de 368 puits d’extraction pour y loger le combustible répandu. SAPREF a estimé qu’elle a récupéré près de 25% du combustible jusqu´à octobre de cette année. Mais jusqu’à aujourd’hui, SAPREF planifiait d’établir un plan de ramassage du combustible dans 220 autres puits d’extraction. Dans les aires résidentielles, ils pensaient d’ailleurs terminer les travaux en octobre 2001. … 24 heures d’examens de l’air dans ces foyers, effectués par une compagnie indépendante, ont montré, à certains moments, de hauts niveaux de benzène (connu pour être cancérigène). Malgré que ces pics soient plus hauts que les standards

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établis par l’Union Européenne et l’Organisation Mondiale de la Santé, ils ne constituent pas un risque pour la santé à court terme. SAPREF a aussi présenté les résultats de deux experts médicaux, l’un local et l’autre étranger. Leur conseil est de reloger temporairement les résidents locaux en tant que mesure préventive afin d’éviter tout risque sur la santé à long terme. Dû au fait que SAPREF aie reconnu qu’il ne puisse pas nettoyer totalement les dégâts causés par la fuite, une partie du matériel restera dans les sols et les vapeurs dans l’air. Dans la communauté, plusieurs résidents ont souffert des effets néfastes sur la santé provoqués immédiatement par les gaz de plomb, comme de la toux, les yeux irrités, des maux de tête, des vertiges ou des nausées, et ils se demandent si d’autres effets se produiront à long terme. Mais que peut-on dire au sujet d’autres fuites survenues durant les dernières années, ainsi que des émissions continuelles de la raffinerie? Plusieurs maladies immunologiques sont apparues dans les communautés vivant aux alentours de la raffinerie, de même qu’un très grand nombre de cas d’asthme. Une fille de 15 ans, en 1997, est morte de lupus érythémateux, une très rare maladie immunologique, et une autre fille de 13 ans a aussi cette maladie. Un garçon de trois ans, appartenant à cette communauté, est aussi mort du cancer du rein en 1994. Entre temps, en reprenant le thème de la raffinerie, il y a eu d’autres incidents. En juin 2001, un défaut dans un brûleur de la raffinerie a causé la libération de gaz non brûlé, chargé des grandes quantités de sulfure d’hydrogène. Mi-août 2001, la centrale des asphaltes de la raffinerie a aussi eu une faille. Le 3 septembre 2001, une fuite de combustibles a eu lieu en mer. Approximativement 10 jours après, il y a eu une autre faille. Le 14 octobre 2001, une quantité estimée à 2000 litres de bunker s’est épanchée dans le port de Durban, durant le déchargement d’un bateau de SAPREF dans le terminal de Island View. Une nuit d’octobre 2001, des résidents locaux se sont réunis à l’école primaire de Dirkie Uys pour discuter de leurs demandes et évaluer les impacts sur la santé à moyen et long terme. Scharlotte van Staden, qui avait été avertie par SAPREF d’abandonner son logement temporairement à cause de la fuite, a demandé de l’aide au gouvernement “pour se protéger immédiatement de la contamination causée par les industries”. Elle a dit que les pauvres mesures environnementales prises par les raffineries de SAPREF ne seraient pas tolérées dans d’autres endroits du monde. “Mais le Tiers Monde, c’est différent”, a dit Desmond D’Sa, un leader communautaire du Sud de Durban. “Nos vies ne valent pas cher”. D’Sa a en effet visité les opérations de Shell en Europe. “Je me suis rendu à une raffinerie de Shell au Danemark et il n’y a même pas d’odeurs. Nous avons vu les données disant qu’il y a 85% de contamination en moins au Danemark par rapport à ici”. Peu de dirigeants des gouvernements locaux ont reçu le message et ont commencé a bouger autour du thème de SAPREF. En octobre, le ministre provincial de l’Environnement, Narend Singh, a envoyé un communiqué à SAPREF stipulant que la compagnie n’a pas rempli son obligation de préserver l’environnement. Singh a dressé une liste des fuites des oléoducs et des cuves ainsi que de la contamination par sulfure d’hydrogène. Il a demandé un plan détaillé de nettoyage de la raffinerie, ou menaça de présenter, dans la négative, une action légale répondant à la Loi nationale de Gestion Environnementale.

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Le gérant de SAPREF, Richard Parkes, a immédiatement eu une réunion avec le bureau de Singh, et s’est mis d’accord pour accélérer les actions en cours à la raffinerie afin d’éviter toute demande légale. Néanmoins, plusieurs dirigeants politiques, y compris le conseiller George Mari, en écoutant les demandes des résidents des communautés du sud de Bluff et Wentworth, ont demandé une recherche des effets sur la santé dans la zone touchée, mais aussi une évaluation des effets dus aux fuites et de la contamination sur les propriétés de la communauté. D’autres, comme le conseiller Duncan du Bois, lors de la réunion du Conseil Unicity en octobre 2001, se sont exprimés d’un ton agacé: “Nous traitons avec la compagnie la plus grande au monde, qui cause des désastres écologiques et humains qui doivent être condamnés de manière la plus ferme !”. En effet, même Lloyd de Londres, sur sa liste de décembre 2001 Lloyd's List International, fait mention des “raffineries sud-africaines décadentes” et fait tout particulièrement allusion à la raffinerie SAPREF en raison de sa “troisième fuite en cinq mois – cette fois-ci, provoquée par un oléoduc marin de 38 ans d’âge”. SAPREF a déjà démontré que des problèmes continuels existaient dans ses systèmes. Le 30 décembre 2001, près de 15.000 litres de pétrole brut ont été déversés depuis une ligne de transmission de SAPREF dans le port de Durban, lors du chargement d’un bateau de combustible. En mars 2002, une rupture d’un oléoduc souterrain du terminal de Island View a causé une autre fuite de 3000 litres de pétrole. En avril 2002, des tests effectués sur la pression des pipelines de SAPREF ont révélé que certains étaient rongés. Durant le mois d’août 2002, il y a eu des fuites de SO2 et SO3 dans la raffinerie, certaines dut au brûlage excessif des brûleurs et d’autres à des failles mécaniques. Aux alentours de la mi-septembre, sur Bluff, de l’année 2002, SAPREF a dû pomper autour de 1,03 million de litres qui avaient fuit d’un oléoduc qui n’avait qu’une seule année de fonctionnement. Actuellement, il reste encire du pétrole brut dans le sol et dans les eaux souterraines Le gérant de la raffinerie Richard Parkes a promis de faire plus. “Aujourd’hui, nous ne pouvons pas remonter le temps ou annuler la plus grande fuite qui s’est produite”, a-t-il dit, “mais nous nous sommes mis d’accord pour réparer ce qui s’est passé il y a un an et nous nous engageons à faire travailler une raffinerie plus sûre. Nous regrettons profondément ce qui s’est passé et nous nous sommes engagés à nettoyer la fuite”. Pris de: En chevauchant le dragon (Riding the Dragon) Chapitre un: Deux mondes différents Bobby Peek vit à Durban, Afrique du Sud; Phill Watts vit à Londres, Royaume Uni ===================================================== =================================== 7. HISTOIRES DE CEUX QUI RESISTENT =================================== 7.1. NIGERIA EXPLOSION D’UN OLEODUC: NNPC ACCUSE DE NEGLIGENCE Dépêche provenant du village de Amaokwe du Gouvernement local de Isuikwuato de l’Etat de Abia. Par: Patrick B. Naagbanton et Murphy Akiri DATE: 25 juin 2003

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TITULAIRES: - plus de 200 personnes brûlées et méconnaissables - la quantité de morts augmente - d’autres d’oléoducs de NNPC fuient encore dans la région - peur de nouveaux incendies. PREMIERE DE COUVERTURE: Le jeudi 19 juin 2003, vers les 8 heures et demie du soir, une tragique explosion d’un oléoduc causa un incendie qui brûla aux alentours de 200 habitants. Elle survint dans la communauté de Amaokwe, qui se trouve dans la zone du gouvernement local d’Isuikwuato, de l’Etat d’Abia, au kilomètre 126 de l’oléoduc de NNPC No. PE-IG-109. Les oléoducs qui passent le long de la communauté sont utilisés par NNPC pour transporter des dérivés du pétrole depuis la raffinerie de Port Harcourt, via Enugu, vers certains dépôts du nord du Nigeria. Les oléoducs de NNPC/PPMC ont été construits en 1976 par Wilbros Nigeria Limited et d’autres par Spibar en 1992. LA COMMUNAUTE INFORMA LES AUTORITES, DRP, NNPC ET LA POLICE AVANT LE DESASTRE Une enquête de terrain de ERA a révélé que très tôt dans la matinée du mercredi 4 juin 2003, une fuite eut lieu depuis l’oléoduc de NNPC No. PE-IG-109 et que des produits tels que du kérosène, de l’essence et du diesel se répandirent peu à peu dans les fermes avoisinantes, les rivières et les bois proches. Monsieur Innocent Ugoagha, de la famille Ugoagha appartenant à la communauté de Amaokwe, a informé ERA dès que l’incident s’est produit. Il a écrit une lettre dont l’entête disait “Fuite de pétrole de l’oléoduc de NNPC à Oghuighe”, adressée au chef de sécurité du conseil du gouvernement local de Isuikwuato de l’Etat d’Abia. La lettre, qui était datée du 4 juin 2003, a été copiée pour le Gouverneur exécutif de l’Etat d’Abia, Docteur Uzor Kalu, et reçue le 15 juin. Le 9 juin, le même dirigeant, Innocent, frustré de voir qu’il ne se passait rien suite à ses plaintes, a écrit une autre lettre au Contrôle des Opérations du département de Ressources Pétrolières (DPR) et à NNPC de Port Harcourt. La lettre avait pour titre “la dégradation de ma grande famille due à la fuite de l’oléoduc de NNPC à Oghuighe”, elle fut aussi adressée aux autorités du gouvernement, qui auraient dû répondre avec rapidité et réparer les dommages de l’oléoduc. Un fonctionnaire du gouvernement de l’Etat d’Abia et un membre du bureau de Contrôle de DPR à Port Harcourt, lors d’entretiens séparés, ont confirmé à ERA qu’ils ont reçu les lettres des plaignants au début de la catastrophe. ERA est en possession des lettres écrites par les personnes de la communauté et l’accusé de réception possède les sceaux officiels des autorités mentionnées. Dans le bureau zonal de NNPC, à Port Harcourt, les fonctionnaires avec lesquels a parlé ERA ont aussi confirmé avoir reçu les lettres et regrettent de ne pas avoir agi à temps. COMMENT EST ARRIVE LE REGRETTABLE INCIDENT? Pendant plusieurs jours, des habitants et des visiteurs sont venus en nombre sur l’endroit où la fuite avait eu lieu pour ramasser le combustible qui coulait gratuitement.

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L’histoire a été différente le jeudi 19 juin, quand les habitants des communautés voisines sont arrivés avec des conteneurs en plastique de différentes tailles. Les personnes locales ont dit à ERA que l’explosion eut lieu quand un motocycliste a commencé à remplir sa motocyclette garée près de l’oléoduc endommagé. Il est clair que la motocyclette est à l’origine d’un feu immense qui s’est étendu par la suite à toute la zone et sur les habitants qui étaient en train de recueillir du combustible. Quand les moniteurs d’ERA ont visité la zone de l’incident, les cadavres avaient déjà été enterrés dans des tombes peu profondes. L’enterrement massif a été réalisé par l’officier du gouvernement local et la Croix Rouge du Nigeria. NNPC ET LE GOUVERNEMENT SONT RESPONSABLES DE LA TRAGEDIE Le samedi 21 juin 2003, le service chargé des incendies de NNPC a visité la communauté, alors qu’une forte pluie avait déjà éteint l’enfer. Le même jour, le Docteur Chima Nwafor, Député gouverneur de l’Etat d’Abia, a aussi visité la communauté. Pour sa part, c’est le 24 juin que le Docteur Uzor Kalu, gouverneur exécutif de l’Etat d’Abia, a visité la scène de l’incident. Le moniteur d’ERA était là quand est arrivé le gouverneur et a déclaré: “ceci n’est pas un désastre. Il s’agit de personnes en train d’essayer de tromper le gouvernement. Il est lamentable que des vies humaines aient été concernées. Le Président (Obasango) est très préoccupé. C’est regrettable que la pauvreté ait fait que nos gens soient comme cela. J’ai prévenu les chefs traditionnels de la zone de faire attention à cela. Mais on ne peut pas accuser les personnes affamées. Que les âmes des morts reposent en paix”. Même si le fait de ramasser le pétrole provenant des oléoducs endommagés est condamnable, sur une terre où les sources vitales ont été détruites et où la pauvreté a augmenté, résister à la tentation de ramasser du combustible peut être difficile. La situation fut aggravée par l’erreur de NNPC d’arranger la brèche de l’oléoduc trop tard, 10 jours après avoir reçu les lettres d’avertissement. L’inculpation de personnes, en évoquant de soi-disant sabotages durant les dernières années, reste une excuse opportune afin éviter d’assumer les responsabilités. UN AUTRE ENFER A LA VUE A la fin de ce rapport, les moniteurs d’ERA ont trouvé deux fuites isolées dans les communautés de Ine et Ogboko à Amachara, dans la zone du Gouvernement local de Isuikwuato de l’Etat d’Abia. Il faut faire quelque chose à ce sujet pour éviter une catastrophe telle que celle d’ Amaokwe. Très clairement NNPC/DPR a manqué à sa responsabilité de contrôler ses oléoducs. Source: ERA FIELD REPORT #119 ===================================================== =============== 8. SUR INTERNET =============== 8.1. INDONESIE Fuite de gaz naturel contenu dans le terminal de Kalimantan de l’Est.

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Balikpapan, 6 mai 2003 - Unocal Indonesia Company a annoncé aujourd’hui qu’ils sont arrivés a normaliser les opérations après une fuite temporelle de gaz qui a eu lieu au terminal de Lawe-lawe, prés de Balikpapan, au Kalimantan de l’Est, à 8 heures du soir le 5 mai. L’incident a été rapidement contrôlé. La compagnie a formé une équipe de recherche pour déterminer la cause de la fuite et pour prendre des mesures afin de remédier et de faire face aux impacts de l’incident. L’événement a été reporté à l’Agence pour les Activités Upstream de Gaz et de Pétrole (BPMIGAS), à l’Agence Régionale pour la Gestion Environnementale (Bapedalda) et aux fonctionnaires de sécurité locale impliqués dans le démêlé de la situation. Immédiatement après la fuite de gaz, plusieurs personnes du village de Girimukti, dans la région de Penajam Paser Utara, située près du terminal de gaz et de pétrole de Lawe-lawe de la zone d’opérations de l’Unocal Indonesia Company, se sont plaintes de problèmes de santé, incluant des vertiges, des nausées et un manque de souffle causé par l’inhalation de vapeurs de gaz. L’équipe médicale d’Unocal a prodigué des soins médicaux immédiats pour les résidents locaux qui ont eu ces problèmes de santé. Un total de 28 personnes ont été traitées et toutes sauf une ont pu rentrer chez elles. Une personne est restée en observation à l’hôpital de Balikpapa comme mesure de précaution. Les conditions locales sont redevenues normales vers 11 heures du soir le 5 mai, sans traces évidentes de gaz ni de dommages environnementaux. Unocal Indonesia Company a présenté ses excuses au public et tout particulièrement à la communauté locale de Girimukti pour ce pénible accident et travaille de pair avec les dirigeants de la communauté pour atténuer les impacts de cet incident inattendu. Sources: JATAM (Jaringan Advokasi Tambang). Mining Advocacy Network. E-mail: [email protected]. http://www.jatam.org ============ 8.2. ECUADOR ============ JUSTICE ENVIRONNEMENTALE? LE CAS DE LA RAFFINERIE D’ESMERALDAS Dans la plupart des pays et surtout dans les pays les plus développés, il a été constaté que les raffineries ou industries à haut risque sont logées stratégiquement dans les secteurs où vivent des immigrants, les personnes les plus pauvres. Dans le cas des États-Unis, ce sont surtout des latino-américains ou des noirs. L’argument invoqué est que ce sont les pauvres qui choisissent ces endroits. Nous ne connaissons pas les mécanismes structuraux en vigueur pour envahir la terre des occupants traditionnels et favoriser la colonisation des personnes pauvres aux alentours des nouvelles installations. Face à la question des dédommagements, s’applique aussi une double morale, il y a des compensations pour pauvres et des compensations pour riches. Esmeraldas est une zone d’activité pétrolière importante. Sur ce site se trouvent la raffinerie d’Esmeraldas, le terminal de produits élaborés, le terminal de gaz, le terminal de l’oléoduc trans-équatorien, le terminal pétrolier de Balao et la tête du pipeline Esmeraldas-Quito-Ambato. La population traditionnelle descend majoritairement des afro-américains, et vit principalement de l’agriculture ou de la cueillette.

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Les cantons ayant la densité de population la plus élevée sont ceux par lesquels passe l’oléoduc et la ville d’Esmeraldas. La construction du terminal de Balao a supposé le délogement des pécheurs qui vivaient à côté de la plage. Ils ont été délogés par les habitants qui vivaient à côté de la rivière. Ce terminal a causé un impact sévère de contamination maritime. Le 26 février 1998 il s’est produit un incendie dans la raffinerie d’Esmeraldas. Petroecuador, l’entreprise d’État qui dirige la raffinerie, a procédé au paiement des indemnités qui variaient selon les plaignants. Une entreprise bananière, par exemple, a reçu la même quantité d’argent qu’ont reçu 10 personnes dont les parents sont morts. Dans ce cas, la propriété privée avait plus de valeur que la vie humaine. JUGEMENT. LA PROPICIA VS PETROECUADOR Suite à l’incendie, le Comité « Pour l’amélioration» du quartier Delfina Torres Viuda de Concha (La Propicia 1) où se trouve installée la raffinerie, a intenté un procès pour les dommages permanents et accidentels provoqués historiquement par la raffinerie d’Esmeraldas. Le jugement aboutit sur une demande de réparation des dommages occasionnés par la présence de la raffinerie, sur des compensations pour ces dommages et sur la fermeture des sources de contamination. Le comité émet comme arguments le fait de s’être trouvés dans la zone d’influence de la raffinerie et d’avoir été affectés par les fuites et accidents antérieurs et postérieurs au 26 février 1998. Il représente les 250 familles qui vivent à La Propicia et toute la population d’Esmeraldas qui a souffert et souffre encore des impacts de la raffinerie. Ils souffrent de la contamination permanente de la raffinerie qui décharge ses déchets dans les rivières Taone et Esmeraldas. Ils souffrent en outre de la contamination due aux émissions routinières et accidentelles de gaz. La demande pour dommages et intérêts, qui inclut les dommages moraux, s’élève à 35 millions de dollars. Ces fonds seront utilisés pour faire des travaux tels que la construction d’un système d’égouts, le traitement des eaux, l’empierrement et la contention des rivières ainsi que pour couvrir certains aspects de la santé et des améliorations du quartier. Ils demandent aussi que l’on fasse le nécessaire pour fermer les sources de contamination. Les plaignants ont démontré les impacts environnementaux, sociaux et ceux dérivés de l’incendie, en prenant appui sur l’expertise de plusieurs professionnels, aidés de documents publiés et de témoignages –écrits et graphiques- de la presse. Petroecuador a pris toutes les mesures possibles pour réduire l’impact de l’incendie. Fin 2002, les habitants de “La Propicia” ont gagné le procès contre Petroecuador. Source: Alerta Verde. ===================================================

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9. POESIE Poèmes de la prison. L’EPOPEE DU CHEIK BEDDDIN Nazin Hikmet I’l faisait chaud Chaud Une chaleur irritante, de bagarre Comme de l’acier De manche ensanglantée et de lame brûlante Il faisait chaud. Et, d’un moment à l’autre, Les nuages serrés Pouvaient éclater. Lui, sur les hauts rochers, Immobile, il regardait. Tels deux aigles, ses yeux Fouillaient la plaine. Plus bas, la plus tendre et la plus rude, La plus avare et la plus splendide, La plus aimante, La meilleure et la plus belle de toutes les femmes La Terre. Il faisait chaud. Chaud. Depuis une crête Des montagnes de Karaburin, Il regarda l’horizon, limite de sa terre, Et fronça les sourcils. Coupant les têtes des enfants Tels des coquelicots rouges, Laissant derrière des cris déchirants, Un incendie infernal envahissait l’horizon: C’était Le prince Murad, Qui apportait l’ordre impérial De descendre jusqu’à Aidin et, dans ses plaines, Tomber sur Mustafa, lieutenant de Beddredin. Il faisait chaud. Chaud. Mustafa, lieutenant de Beddredin Le campagnard Mustafa, a regardé sans peur, Sans colère, serein: La plus tendre et la plus rude, La plus avare et la plus splendide, La plus aimante, La meilleure et la plus belle de toutes les femmes, La Terre. Il allait s’endormir d’un moment à l’autre. Lui et les siens, Les braves de Beddredin, Ils regardèrent du haut des rochers: L’horizon de leur propre terre Venait sur eux Au battement des ailes impériales d’un oiseau funeste. Parce que ces hommes qui regardaient depuis le haut des rochers Ces hommes, fraternellement, Partageaient cette terre, Sa vigne, sa figue et sa grenade,

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Ses moutons de peau la plus dorée Et lait plus épais que le miel, Ses chevaux de fine estampe et crinière de lion. Ces hommes partageaient cette terre, Accueillante et abondante, comme une table de frères. Il faisait chaud. Chaud. Les braves de Beddredin regardaient vers l’horizon: Sans colère, sereins. Il a regardé le champs, de face: La plus tendre et la plus rude, La plus avare et plus splendide, La plus aimante, La meilleure et la plus belle de toutes les femmes, La Terre. Il faisait chaud. Chaud. Le chargement des nuages augmentait. La première goutte, comme un mot tendre, Allait bientôt tomber sur la terre, De la même façon que Soudainement En sautant des rochers, Comme s’il pleuvait du ciel Comme si c’était leurs derniers fruits, Les braves de Beddredin, Sans chemises, Les cheveux à l’air, Pieds et aciers nus, Sont tombés en avalanche sur leurs ennemis. Note: Nazim Hikmet. Poète turc Bedreddin: mystique révolutionnaire et martyre turc du XIV siècle. Son disciple Mustafa a été crucifié après avoir perdu une bataille contre le prince Murad. .../.