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Analyse rapide de l’impact du COVID-19 et des mesures de restrictions sur les marchés et sécurité alimentaire des ménages BURKINA FASO Pour plus d’information, vous pouvez contacter : Outman Badaoui: Responsable du Suivi Évaluation – [email protected] Enrico Piano : Responsable des Rapports– [email protected] http://www.wfp.org/countries/burkina-faso Version du 1 Avril 2020

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Analyse rapide de l’impact du COVID-19 et des mesures de

restrictions sur les marchés et sécurité alimentaire des

ménages

BURKINA FASO

Pour plus d’information, vous pouvez contacter :

Outman Badaoui: Responsable du Suivi Évaluation – [email protected]

Enrico Piano : Responsable des Rapports– [email protected]

http://www.wfp.org/countries/burkina-faso

Version du 1 Avril 2020

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Table des matières I. Contexte et justification ............................................................................................................................3

II. Approche méthodologique de l’évaluation ............................................................................................4

III. Analyse de l’impact COVID-19 et des mesures de restrictions sur l’économie nationale ............4

IV. Analyse de l’impact sur les marchés des zones touchées par l’insécurité (Nord, Centre-Nord,

Est et Sahel) .........................................................................................................................................................6

V. Impacts COVID-19 et restrictions sur la sécurité alimentaire des ménages ......................................9

VI. Les zones géographiques et les groupes de population les plus touchés .................................. 10

VII. Conclusions et recommandations opérationnelles ........................................................................ 11

Annexe I ............................................................................................................................................................ 13

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I. Contexte et justification

A l’instar de plusieurs pays dans le monde, le Burkina Faso est confronté à la pandémie du COVID-19. En effet,

les premiers cas ont été signalés le 9 mars 2020 et à la date du 29 mars 2020, 187 cas de personnes infectés ont

été enregistrés dans 5 foyers au niveau national. Pour permettre de circonscrire la maladie et d’éviter des

contaminations des masse, un ensemble de mesures ont été prises par le gouvernement.

Si ces mesures ont pour but principal de réduire la propagation de la maladie, elles ont et auront probablement

des répercussions plus ou moins importantes pour les conditions des vies des ménages en général et des

ménages confrontés à l’insécurité alimentaire en particulier. Les gens sont non seulement menacés par la

maladie mais aussi par les conséquences économiques qui, pour certains, seront plus dévastatrices que la

maladie elle-même.

L'analyse des risques1 pour les opérations du PAM effectué par le siège et le bureau régional a identifié l'Afrique

de l’ouest et centrale comme extrêmement vulnérable à l'épidémie de COVID-19, en particulier compte tenu de

la forte dépendance / dépendance à l'égard des importations de produits alimentaires et du financement

relativement faible.

«En raison de ces changements, tant en termes de lutte contre la maladie que de retombées économiques plus

larges, la disponibilité des aliments sera affectée à court et à long terme; l'accès compromis, en particulier pour

ceux qui travaillent dans des secteurs susceptibles de subir des pertes d'emplois en raison de la récession, ainsi que

pour les pauvres qui risquent d'être aggravés; la nutrition sera probablement affectée à mesure que les gens

changeront de régime alimentaire vers des aliments plus stables à la conservation et préemballés (qui peuvent être

moins nutritifs) et que les fruits et légumes frais deviendront moins disponibles en raison des achats de panique et

des perturbations des systèmes alimentaires; la stabilité risque d’être compromise car les marchés eux-mêmes sont

instables, ce qui entraîne une grande incertitude ».2

Plusieurs questions se posent par rapport aux conséquences de la maladie elle-même mais aussi aux

conséquences des mesures gouvernementales :

1. Le Burkina dispose-t-il de réserves alimentaires suffisantes pour couvrir les besoins de populations

actuellement ?

2. Quel sont les niveaux de stocks et de réserve des denrées alimentaires et particulièrement de certains

produits (riz, sucre, huiles alimentaires) de grandes consommations dont le pays dépend grandement de

l’extérieur ?

3. Comment les mesures prises peuvent-elles affecter l’approvisionnement des marchés notamment dans les

zones de consommations de ces produits et des zones principalement affectées par (grandes villes, les

régions du Sahel, Nord, Centre-Nord et Est) ?

4. Comment le COVID-19 a-t-il affecté la capacité des personnes à satisfaire leurs besoins alimentaires et

autres besoins essentiels ?

5. Quels sont les groupes de population les plus vulnérables et les plus touchés ?

6. Faut-il procéder à des ajustements immédiats du ciblage en fonction des informations disponibles ?

7. La crise a-t-elle affecté les besoins des personnes déjà ciblées ou d'autres groupes vulnérables non

précédemment ciblés ?

1 WFP VAM, 25 March 2020. Economic and food security implications of the COVID-19 outbreak (update) 2 WFP VAM, March 2020. Economic and food security implications of the COVID-19 outbreak: The cost of the attempt to contain a highly contagious disease

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II. Approche méthodologique de l’évaluation

Afin de produire des informations, conseiller la direction et orienter le programme sur l’impact du COVID-19 et

ses implications pour les actions du PAM au Burkina, l’unité VAM/ S&E a :

a) Collecté des informations au niveau macro-économique sur les marchés et l’approvisionnement du pays

auprès des institutions nationales, ministère du commerce, ministère de l’agriculture et des unions des

producteurs ;

b) Effectué une revue secondaire des documents disponibles et des documents stratégiques qui ont été

majoritairement partagés par le bureau régional et le siège du PAM;

c) Réalisé une enquête de marché à distance (par téléphone) auprès des commerçants dans les régions du

Centre-Nord, Nord, Est et Sahel du 25 au 28 mars (voir Annexe 1)

d) Intégré des questions spécifiques sur le COVID-19 et ses impacts dans l’exercice d’évaluation des

indicateurs de sécurité alimentaire qui s’est déroulé du 19 au 28 mars dans les régions du Centre-Nord,

Nord, Est et Sahel auprès de 2000 ménages.

III. Analyse de l’impact COVID-19 et des mesures de restrictions sur l’économie nationale

Les résultats de production définitive de la campagne 2019-2020 montrent que le Burkina Faso dispose de

stocks importants en matière de céréales traditionnelles (mil, maïs, sorgho) en légumineuses (niébé, sésames)

et en tubercules (ignames, patates et manioc).

Ce niveau de stocks est perceptible chez les commerçants, auprès des unions et groupements de producteurs

et aussi au niveau institutionnel. Le ministère en charge du commerce a fourni des données sur les stocks et les

besoins de consommation au niveau national pour certains produits comme le riz, le sucre et les huiles

alimentaires. Ce sont des produits de grande consommation dont le Burkina est fortement tributaire des

importations.

Si actuellement les stocks disponibles dans le pays et en transit peuvent permettre de couvrir trois mois pour le

riz, quatre mois pour les huiles alimentaires et 10 mois pour le sucre, il n’en demeure pas moins qu’au regard

des habitudes alimentaires, les ménages urbains serait plus affectés cas de fermetures prolongées rendant

difficiles l’approvisionnement en riz, sucre et huiles alimentaires.

Source : Ministère du commerce

Les commerçants disposent de grandes quantités de céréales dans leurs magasins, et sont à la recherche de

potentiels acheteurs. Quant aux unions membres du CIC-B, elles disposent également d’importants stocks de

céréales. Pour ce mois de mars, l’offre dépasse largement la demande.

Les stocks de céréales disponibles au niveau des commerçants et les unions membres du CIC-B qui font la

commercialisation groupée sont les suivants :

-

50,000

100,000

150,000

200,000

250,000

Riz Huile alimentaire Sucre

186,167

39,096

97,097

210,000

27,000 28,500

Stocks actuels (y cmpris en transit) Besoins national par trimestre

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Les quantités (en tonne) disponibles sont les suivantes :

DESIGNATION MIL SORGHO MAÏS NIEBE

UNIONS 1 000 1 020 10 000 500

COMMERCANTS 2 000 15 800 40 500 1 000

Total 3 000 16 820 50 500 1 500

Source : CIC/B

Les commerçants et les unions suivis par l’interprofessionnel des céréaliers disposent actuellement de près de

70 500 tonnes de céréales traditionnelles (maïs, sorgho et mil) et de 1 500 tonnes de niébé.

Le marché des céréales au niveau national est marqué en ce mois de mars par une bonne disponibilité de l’offre.

En dépit de cette bonne disponibilité de l’offre, on a enregistré de légères hausses sur de nombreux marchés

notamment les marchés de consommation.

➢ Une baisse à prévoir de l’offre globale des denrées alimentaires et une pression inflationniste sur

les prix. Le contexte agro climatique (faiblesse de la production alimentaire et dépendance des

importations) et l’enclavement rend le pays plus vulnérable face au risque de perturbations des

échanges internationaux. Le Burkina Faso reste tributaire des importations pour certains produits de

grande consommation comme le riz, le sucre et les huiles alimentaires. Si actuellement les stocks

disponibles dans le pays et en transit peuvent permettre de couvrir trois mois pour le riz, quatre mois

pour les huiles alimentaires et 10 mois pour le sucre, il n’en demeure pas moins qu’au regard des

habitudes alimentaires, les ménages urbains serait plus affectés cas de fermeture prolongées rendant

difficiles l’approvisionnement en riz, sucre et huiles alimentaires. Pour les commerçants, les mesures ont

un impact négatif sur le bon fonctionnement de leurs activités car cela ralenti énormément leur mobilité

ainsi que le ralentissement des flux internes et externes. Cette situation entraine du coup la réduction

de la demande. Selon les commerçants qui avaient l’habitude de s’approvisionner sur les marchés des

provinces voisines n’arrivent plus à s’y rendre, car le transport interurbain étant interdit cela joue

négativement sur leurs activités car, ces derniers utilisaient comme principal moyen de placement les

transports en commun. Toutes ses interdictions ont un impact négatif sur le bon fonctionnement des

marchés d’approvisionnements.

➢ Augmentation du chômage et baisse du revenu monétaire des ménages. Avec la fermeture de

plusieurs micros entreprises du secteur informel, cela entrainera une baisse du revenu des ménages

dépendant du secteur informel et une augmentation significative du chômage dans le pays. En effet,

cette situation touchera de manière significative les ménages ruraux les plus pauvres, et les ménages

urbains qui ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la nourriture, et qui n’ont

généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. Les conséquences d’une flambée des prix des denrées

alimentaires dans le pays même si elles sont de courte durée, peuvent être dévastatrices et avoir des

répercussions à long terme. Les preuves de la crise des prix alimentaires de 2008 montrent que les

ménages les plus pauvres, (souvent dirigés par une femme et avec un taux de dépendance élevé ainsi

que les travailleurs occasionnels et les petits commerçants), et les ménages urbains ont souffert de

manière disproportionnée. Ils ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la

nourriture, mais n’ont généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. La hausse des prix des denrées

alimentaires a donc souvent entraîné une augmentation du niveau de pauvreté plutôt que de pousser

davantage de personnes dans la pauvreté. Les implications pour la sécurité alimentaire étaient

désastreuses.

Les ménages urbains sont généralement plus durement touchés que ceux des zones rurales en raison

d'une plus forte dépendance à l'égard des marchés pour acheter de la nourriture ; et un lien plus direct

entre les commerçants des zones urbaines et les importateurs entraînant une augmentation des prix

plus élevée.

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Version du 1 Avril 2020 | pg. 6

➢ Augmentation des dépenses des sociales de base (sante, hygiène et assainissement). Bien que

l’assurance maladie universelle est en pratique au Burkina Faso, la maladie de coronavirus a entrainé

une augmentation de la part des dépenses des ménages affectées à la santé mais également aux

services d’hygiène et d’assainissement. Cette dépense additionnelle se fera au détriment des dépenses

de l’alimentation et la sécurité alimentaire.

IV. Analyse de l’impact sur les marchés des zones touchées par l’insécurité (Nord, Centre-Nord, Est et

Sahel)

➢ Bon niveau d’information des commerçants sur coronavirus mais une faiblesse des connaissances

des manifestations cliniques de la maladie. Alors presque la totalité des commerçants interrogés

(98%) ont affirmés être au courant de la présence de la maladie du Coronavirus au Burkina Faso,

seulement 53% d’entre eux sont à mesure de donner au moins un symptôme exact de la maladie.

L’analyse spatiale indique une meilleure connaissance des manifestations cliniques de la maladie par les

commerçants des régions du Centre-Nord et du Nord en comparaison à leurs homologues du Sahel et

de l’Est.

➢ Le COVID-19 et les restrictions ont entrainé une baisse du niveau d’approvisionnement ; de la

demande et de la disponibilité des transporteurs. A l’exception commerçants des provinces du Seno,

du Soum du Yagha et du Yatenga, tous les commerçants ont estimé que l’information sur maladie du

coronavirus, ont entrainé des perturbations importantes sur les marchés en termes ¨(i) d’accroissements

des difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires notamment au niveau des gros centres

urbains ; (ii) la baisse de la fréquentation des marchés par les clients de peur d’être contaminé par la

maladie et (iii) une raréfaction des transporteurs qui acceptent les contrats de transport des

marchandises suite aux restrictions décidées par le gouvernement. Toutefois il y a une bonne

connaissance des commerçants que les restrictions ne concernent pas les transports de marchandises.

➢ Une augmentation sensible du prix de transport des marchandises par les transporteurs (camions

et tricycles). En relation aux perturbations liées aux transport des marchandises, 42% des commerçants

ont indiqué avoir observé une augmentation des couts de transports des marchandises. Cette

augmentation est observée avec acuité au niveau des marchés des provinces de l’Est et du Centre Nord.

Ces augmentations sont imputables à la fois aux restrictions au niveau des frontières Béninoises et

Togolaises qu’au niveau des transports entres les différents marchés des régionaux.

Chemin d'impact de la maladie du coronavirus et des restrictions sur les indicateurs marcroeconomiques

Coronavirus et

mesures de restriction

Une baisse de l’offre globale des denrées

alimentaires et pression inflationniste sur les

Augmentation du chômage et baisse du revenu

monétaire des ménages

Augmentation des dépenses des sociaux des

bases (sante, hygiène et assainissement).

Une baisse de la production nationale et

capacite d'assistance etatique reduite

Accentuation de la

vulnerabilite et de l'insecurite

alimentaire et nutritionnelle

dans le pays

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Version du 1 Avril 2020 | pg. 7

➢ Stabilité des prix pour la plupart des denrées alimentaires suivies. Malgré les restrictions, les prix

des denrées alimentaires n’ont pas connu des hausses significatives. Les variations enregistrées

s’inscrivent dans une logique que l’on peut qualifier de « normale » car celle-ci est en phase avec les

fluctuations habituelles constatées sur les marchés agricoles au cours de cette période de l’année. La

crainte des commerçants est plutôt d’assister à une baisse de la demande et donc à une diminution des

prix. Les hausses les plus importantes concernent le niébé (+12%) sur les marchés du Sahel en

comparaison à leurs niveaux avant les restrictions.

➢ Baisse des transactions financières virtuelles internes et externes dans le cadre du remboursement

des dettes par les clients et des parents en exode. Il ressort de l’analyse d’impact de la crise sanitaire

et des restrictions, que 52% des commerçants enquêtés ont constaté une diminution des transferts des

revenus en provenance de l’extérieur et cela tant en ternes de paiements des dettes de la part des clients

vivant en dehors du pays ou vivant dans les autres régions Burkina Faso ; qu’en termes d’envoi des

parents. En effet, beaucoup de personnes en exode achètent des denrées pour leurs familles et font les

paiements après et à cause de la crise les paiements se font de plus en plus rares.

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Version du 1 Avril 2020 | pg. 8

➢ Climat de méfiance entre les personnes et faiblesse des relations interpersonnelles. 84% des

commerçants interrogés ont affirmé que les mesures prises par les autorités dans le sens de réduire la

prolifération de la maladie ont également eu des effets perceptibles au niveau sociales notamment au

niveau des baptêmes et mariages ; fréquentation des voisins et l’arrêt des regroupements au niveau des

lieux de culte. En outre la présence de cette maladie a créé un climat de méfiance entre les individus

rendant les conditions de vie difficiles tant les changements des habitudes étaient perceptibles.

➢ Analyse de la capacité d’adaptation des marchés face à la situation. L’analyse de l’indice de

résilience des marchés basée sur (i) la durée du stock des commerçants et (ii) le délai

d’approvisionnement est très proche de 1 (0,71) et témoigne d’une flexibilité et résistance du marché

face aux aléas du contexte. En effet, plus de la moitié des commerçants ont un stock pouvant dépasser

une semaine et les délais d’approvisionnement n’excède pas 5 jours.

➢ Les termes d’échanges favorables aux éleveurs et caractéristiques d’un état d’approvisionnement

satisfaisant. L’évolution des termes d’échanges Mouton/sorgho ou Bouc/sorgho indique une situation

des échanges satisfaisante pour les populations pastorales ou agropastorales au niveau de la plupart

des marchés suivis. Cette situation est caractéristique de la bonne santé des échanges commerciaux

sur les différents marchés ainsi qu’une situation pastorale globalement bonne. Alors que le bouc

s’échange contre 150 kg en moyenne, le mouton quant à lui permet de s’acheter trois sacs de 300 kg

chacun.

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

No

mb

re d

e kg

po

ur

un

an

imal

ven

du

Pri

x d

es p

etit

s ru

min

ants

Prix des petits ruminants et évolution Termes d'Echanges (TE)

Prix du bouc en (en F CFA) Prix du mouton (en F CFA)

TE bouc /sorgho TE mouton /sorgho

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Version du 1 Avril 2020 | pg. 9

V. Impacts COVID-19 et restrictions sur la sécurité alimentaire des ménages

➢ Bon niveau d’information des ménages sur coronavirus et une connaissance moyenne des

manifestations cliniques de la maladie. Alors que presque la totalité des ménages interrogés ont

affirmés être au courant de la présence de la maladie du Coronavirus au Burkina Faso (92% des ménages

interrogés), seulement 70% ont cités le rhume comme une manifestation de la maladie ; 57% ont cité

les maux de tête violents et 64% la fièvre. Cela démontre qu’il est important de poursuivre les actions

de prévention notamment les sensibilisations pour une meilleure connaissance des manifestations de

la maladie au niveau des communautés.

➢ Une perte de revenu importante pour les ménages. Les restrictions ont impacté deux sources de

revenu importantes pour les ménages à savoir (1) la diminution des gains monétaires issus du travail

occasionnel et (2) la vente des produits agricoles surtout de rente. En effet, les restrictions ont entrainé

une baisse de la demande des produits de rente comme le niébé et l’arachide qui habituellement sont

exportés vers le Mali, le Togo et le Bénin. Cette baisse de la demande a, à court termes entrainé une

légère diminution du prix et donc une diminution du revenu des ménages. En effet, en raison de la

situation sécuritaire les autorités ont donné des recommandations aux communautés de ne pas cultiver

des cultures hautes (mil et sorgho) ce qui les avaient orientés vers les cultures de rente basées sur les

légumineuses (arachide et niébé). Au niveau des revenus de transfert l’impact semble plus mitigé car

seulement 16% des ménages ont affirmé que les restrictions et la maladie du coronavirus ont entrainé

une diminution des transferts reçus des parents.

➢ Une augmentation sensible des dépenses sociaux des ménages (Savon, bouilloire, Eau,

médicaments etc.). L’analyse comparative des montants des dépenses essentiels (savon, eau) rentrant

dans le cadre de la promotion de l’hygiène a connu une augmentation des ménages de 40% en

comparaison à la moyenne de ces mêmes dépenses durant l’évaluation de décembre 2019. En effet, au

mois de décembre 2019 la même évaluation conduite auprès des ménages indique une moyenne de

5200 FCFA par mois alors qu’elle est de 8500 FCFA actuellement. Aussi, les dépenses dans le cadre de

la santé et de communication ont également subi une hausse de 26% cela pourrait être lié notamment

à la ruée des ménages vers les produits pharmaceutiques en prévision de la crise sanitaire.

➢ Une augmentation du spectre de l’insécurité alimentaire des ménages dans sa dimension

accessibilité économique. Le rétrécissement des sources de revenu et augmentation des dépenses

non alimentaires aura à termes pour conséquence une détérioration de la sécurité alimentaire. Les

enfants et les femmes enceintes seront également touchés de manière plus forte en termes de

prévalence de la malnutrition. Aussi, la méfiance entre les ménages en relation à la prévalence de la

maladie participera à l’érosion de l’accessibilité sociale à la nourriture.

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VI. Les zones géographiques et les groupes de population les plus touchés

Les zones géographiques directement touchées par la maladie. De manière directe, la prévalence du COVID-

19 a touché fondamentalement des zones géographiques comme la ville de Ouagadougou, celle de Boromo,

de Dédougou de Bobo-Dioulasso du Manga, Zorgho, Ziniaré et de Kongoussi. Ces zones ne sont pas des régions

structurellement en insécurité alimentaire, mais compte tenu de la prévalence de la maladie beaucoup des

ménages seront en difficulté alimentaire en raison du confinement. Dans ces zones particulières une assistance

d’urgence est nécessaire pour accompagner les familles à faire face au spectre d’insécurité alimentaire lié à leur

situation.

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Les groupes de populations les plus touchés par la combinaison de la maladie et des restrictions

imposées. L’étude a permis de mettre en évidence les populations les plus touchés sur la base (i) des principales

variables économiques impactées et (ii) sur la base facteurs de vulnérabilité direct à la maladie.

Sur le plan plus économique, ce sont les populations à faible revenu, les migrants saisonniers et les personnes

vivant des activités informelles dans les villes et ceux vivant des activités occasionnelles dans les campagnes

seront les plus vulnérables aux effets de pandémie de COVID-19 et des mesures de restrictions. Sur le plan

strictement sanitaire ce sont les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants atteints de malnutrition

qui disposent d’immunité fragile qui seront particulières éprouvées.

VII. Conclusions et recommandations opérationnelles

Les principales conclusions :

• Les régions les plus fortement touchées par la maladie ne sont pour l’instant pas des zones

régulièrement touchés par l’insécurité alimentaire ainsi que par la situation sécuritaire précaire

marquée par d’important déplacement des populations à l’exception de Kongoussi. Toutefois ces

régions avec des fortes prévalence d’insécurité alimentaire sont fortement touchées par les restrictions

exacerbant ainsi une situation alimentaire déjà précaire. Le scenarios catastrophe serait une

propagation de la maladie dans ces zones fragiles et avec de nombreux camps de déplacement des

populations.

• Sur la base des informations ressortant de l’évaluation des marchés (perturbations des

approvisionnements ; baisse de la fréquentation des marchés) et de la situation au niveau des

ménages (baisse du revenu des ménages en lien avec la baisse des transferts reçus ; une

augmentation des dépenses des ménages) de nombreux ménages vulnérables ne pourront pas

répondre à leurs besoins alimentaires et autres besoins essentiels. Les ménages urbains sont

généralement plus durement touchés que ceux des zones rurales en raison d'une plus forte dépendance

à l'égard des marchés pour acheter de la nourriture ; et un lien plus direct entre les commerçants des

zones urbaines et les importateurs entraînant une augmentation des prix plus élevée.

• La plupart des ruraux qui ont migrés dans les zones urbaines sont impliqués dans le secteur informel.

Ils envoient de l'argent à leurs familles vivant dans les zones rurales. La perturbation de la chaîne

d'approvisionnement affectera dans une certaine mesure tous ces groupes dans leurs moyens de

subsistance. En outre, des mesures d'atténuation de plus en plus strictes visant à réduire les

mouvements et les interactions auront une incidence négative directe et substantielle sur les moyens

de subsistance basés dans le secteur informel.

• Plus de 85% de la population rurale dépendent de l'agriculture de subsistance au Burkina. Les récoltes

hors saison 2020 devraient atteindre les marchés et fournir des revenus substantiels aux agriculteurs.

Cependant, la fermeture, la restriction des mouvements internes et transfrontaliers limitent l'accès aux

marchés. La période de plantation commence en mai / juin pour la principale campagne agricole tandis

que l'épidémie de COVID-19 oblige les gouvernements à réduire les dépenses agricoles et à prioriser

les dépenses liées à la santé. Si les restrictions susmentionnées continuent, les agriculteurs n'auront pas

accès au marché pour acheter des semences et des engrais de bonne qualité.

• Au niveau des ménages et de la communauté, certaines mesures peuvent parfois être difficiles à mettre

en œuvre. Dans les zones touchées par les conflits, les centres de santé ne fonctionnent pas. Lorsqu'ils

fonctionnent, les centres de santé n'ont pas toujours l'équipement approprié. Le lavage fréquent des

mains avec du savon et de l'eau propre est l'un des meilleurs moyens de se protéger du coronavirus.

• Il est nécessaire de poursuivre la surveillance des marchés car les conséquences d’une flambée des prix

des denrées alimentaires dans le pays même si elles sont de courte durée, peuvent être dévastatrices et

avoir des répercussions à long terme. Les preuves de la crise des prix alimentaires de 2008 montrent

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que les ménages les plus pauvres, (souvent dirigés par une femme et avec un taux de dépendance élevé

ainsi que les travailleurs occasionnels et les petits commerçants), et les ménages urbains ont souffert de

manière disproportionnée. Ils ont tendance à consacrer la plus grande partie de leurs revenus à la

nourriture, mais n’ont généralement pas d’épargne ni d’accès au crédit. La hausse des prix des denrées

alimentaires a donc souvent entraîné une augmentation du niveau de pauvreté plutôt que de pousser

davantage de personnes dans la pauvreté. Les implications pour la sécurité alimentaire étaient

désastreuses. Le Burkina Faso a été particulièrement touchée, confirmant que l'économie nationale est

sensible aux chocs externes.

Les principales recommandations :

➢ Intensification des systèmes de surveillance et des évaluations à distance et sans contact

(téléphoniques)

Les informations sur les populations les plus touchées et les personnes à risque seront essentielles pour

la prise de décision concernant le ciblage et la priorisation tout au long de l'urgence COVID-19. Deux

actions clés sont recommandées : (i) intensifier des évaluations à distance et des capacités de

surveillance : sans accès à la population touchée, les évaluations en face-à-face ne seront plus

réalisables, car elles peuvent exposer les enquêteurs et répondants aux risques inutiles pour la santé.

Néanmoins, il sera essentiel d'évaluer et de surveiller les impacts potentiels de COVID-19 - à la fois en

termes d'impacts socio-économiques directs et secondaires. (ii) éclairer le ciblage et la hiérarchisation,

en collectant également des données démographiques pertinentes, y compris la présence de personnes

âgées ainsi que de personnes vivant avec des problèmes de santé sous-jacents.

➢ Comme la plupart des crises, les femmes enceintes et allaitantes, les enfants malnutris, les personnes

âgées de plus de 60 ans et les personnes atteintes des pathologies comme la tuberculose, le HIV,

problèmes cardiaques doivent avoir une attention particulière dans le cadre de la mise en œuvre de

l’assistance.

➢ Étant donné que le virus se transmet le plus facilement dans les zones à forte densité de population, les

villes sont susceptibles de faire face au plus grand nombre d'épidémies dans le monde. Le Burkina

connait une urbanisation rapide, introduisant une autre vulnérabilité majeure au mélange. Il sera de plus

en plus important de surveiller la sécurité alimentaire et l'état nutritionnel des populations urbaines, en

particulier à mesure que cette crise se déroule.

➢ Les programmes de crise existants se concentrent sur les zones les plus exposées à l'insécurité

alimentaire. La recommandation est de maintenir une assistance d’urgence vitale car ils sont déjà axés

sur la satisfaction des besoins des groupes les plus vulnérables. Les méthodes et critères de ciblage au

niveau individuel et des ménages des programmes existants restent les mêmes.

➢ Si les écoles ferment en raison de mesures de confinement, il pourrait être envisagé de réorienter les

ressources des programmes de repas scolaires aux rations à emporter / transferts en espèces aidant les

mêmes familles pour atteindre deux objectifs en même temps : faciliter le confinement dans les zones

à haut risque et également soutenir les familles dont les sources de revenus peuvent avoir été affectées

par les mesures prises.

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Version du 1 Avril 2020 | pg. 13

Annexe I

Liste des Marchés Situation géographique

Ouahigouya Ouahigouya

Seguenega Secteur 4

Djibo Djibo

Yako Secteur 6 de Yako

Titao Secteur 4 de Titao

Dori Dori

Gourcy Secteur

Fada Secteur

Fada Secteur 10

Solhan Solhan

Pobe Mengao Pobe Mengao

Mansila Mansila

Gorgadji Gorgadji

Pissila Pissila centre

Boussouma Secteur 1

Haaba Haaba

Bogande Marché de Bogande

Bilanga Marché de Bilanga

Partiaga Marché de Partiaga

Bogande Marché

Yalgo Yalgo centre

Kaya ville Marché de Kaya

Kaya ville Secteur 4

Kongoussi Marché de Kongoussi

Gayeri Marché de Gayeri