C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Césaée

  • Upload
    josuevg

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    1/13

    3

    La critique textuelle du Nouveau Testament sest trouve lhonneur, loccasion des

    soixante-dix ans du prof. J. Neville Birdsall1, et la concidence entre la naissance de cet

    illustre collgue et lidentification du type de texte "csaren" a fourni le prtexte au choix

    de cette communication. Le type de texte "csaren" des Evangiles groupe des variantes de

    manuscrits grecs et de versions anciennes de premire importance. Ltude de rfrence est

    celle de R. P. Blake, K. Lake et S. New, parue dans la Harvard Theological Review en

    19282. Mais le type de texte "csaren" na pas le monopole du rapport avec Csare, pour

    les Evangiles: lun des grands onciaux, le Codex Sinaticus, copi au milieu du ive

    sicle,

    dcouvert au monastre du mont Sina avec un Nouveau Testament absolument complet,

    prsente divers liens pritextuels avec Csare. Ltude de rfrence est, cette fois, le livre

    de H. J. M. Milne et T. C. Skeat, qui parat Londres en 19383, aprs dautres tudes parmi

    lesquelles il convient de retenir lanalyse de M. J. Lagrange, dans son trait de critique

    textuelle, dit Paris en 19354. Or, le texte de ce manuscrit nest pas de type "csaren",

    mais alexandrin. Pourtant, le type de texte "csaren" existe bien avant le iv

    e

    sicle,puisquil est cit par Origne, Csare entre 230 et 250; il existe aussi aprs 400, puisque

    les versions armnienne et gorgienne qui lattestent sont entreprises dans le second quart

    du ve

    sicle. Comment expliquer cette alternance de deux types de texte lis Csare?

    4

    1. Le type de texte "csaren" des Evangiles

    Les tmoins grecs du type de texte le plus rcemment mis en vidence sont

    tardifs et contamins5: il sagit, rappelons-le, dun ttravangile oncial, le Codex de

    Koridethi (Q.038), copi une date incertaine entre le viie et le ixe sicles, enGorgie, si lon en croit la forme particulire des lettres; de trois minuscules grecs,

    copis aux ixe

    (min. 565) et xie

    sicles (min. 28, 700); et de deux familles deminuscules encore plus rcents (xi

    e-xv

    es.), identifies par Lake (f

    1) et par Ferrar (f

    13) et contenant en tout une quinzaine de manuscrits

    6. Aucun de ces tmoins

    natteste constamment le type "csaren", chacun a son lot important de variantesprovenant du type antiochien ou syro-byzantin, courant au Moyen Age, qui

    recouvre ainsi en partie un type plus ancien; il nest mme pas vident que ces

    tmoins aient tous le mme type de texte: en particulier, la famillef1

    parat souvent

    suivre une autre tradition que les autres; mais tous ces tmoins sont caractriss pardes variantes anciennes qui nappartiennent aucun autre type connu et dont

    quelques unes sont signales par Origne comme dj des variantes par rapport au

    texte quil suit ordinairement. Cest ce tmoignage dOrigne qui est responsable duqualificatif de "csaren": il ne dsigne donc pas une origine, mais une prsence

    ancienne, ds la priode o Origne dirige lcole quil a fonde Csare, vers

    230.Lorigine du type de texte "csaren" se situe donc avant 250, mais sans date ni

    localisation certaine. On peut cependant, au vu des premires citations patristiques,

    exclure dune part loccident (ni Rome, ni Carthage, ni Lyon), dautre part

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#1http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#1http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#2http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#2http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#2http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#3http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#3http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#3http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#4http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#4http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#4http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#5http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#5http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#5http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#6http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#6http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#6http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#6http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#5http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#4http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#3http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#2http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#1
  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    2/13

    Alexandrie (par comparaison avec Clment). Il reste donc, principalement, deux

    origines envisager: Csare et Antioche.

    Lhypothse dune origine csarenne

    Si le type de texte nat entre 230 et 250, il peut tre originaire de Csare. Larecherche du modle de la version armnienne, mene nouveaux frais par J. M.

    Alexenian et rappele par lui dans le rcent livre offert B. Metzger et dirig par B.Ehrman et M. Holmes (1995)

    7,

    5

    aboutit au rapprochement de cette version, pour les Evangiles, avec la famillef1,

    qui prsente de nombreux accords avec le type alexandrin, et pour le reste duNouveau Testament, avec lensemble du type de texte alexandrin. Le lien avecf

    1a

    t observ spcialement pourLuc; et nos observations propos de lEptre de

    Jacques corroborent les conclusions proposes pour le reste du Nouveau Testament.Or, quand Origne arrive Csare, il vient dAlexandrie: si un type de texte

    nouveau est n Csare, on doit sattendre ce quil prsente des accords

    significatifs avec le type alexandrin. En somme, la version armnienne du NouveauTestament, entreprise aprs linterdiction duDiatessaron (vers 435) et remplaant la

    premire version des Evangiles qui en dpendait8, suit un modle existant au dbut

    du vesicle, dont lorigine pourrait tre csarenne.

    Mais seule la famillef1prsente un tel accord avec le type alexandrin; si lon

    songe, pour cette raison, situer lorigine du type particulier def1

    Csare, il faut

    y renoncer pour le texte attest par les autres tmoins du type dit "csaren".

    Lhypothse dune origine antiochienne

    Si le type de texte est antrieur 230, il ne peut venir de Csare, o lcole

    fonde par Origne nexiste pas encore; mais il peut venir dAntioche, condition

    dtre corrobor par des tmoignages locaux. Or, les citations vangliques deThophile dAntioche et celles de lHippolyte dAntioche suppos par quelques

    travaux rcents9, ne suffisent pas dterminer quel type du texte tait lu Antioche

    la fin du iie

    sicle et au dbut du iiie; mais il y avait bien un texte vanglique

    Antioche, la fin du iiesicle. Dautre part, dans le livre de B. Ehrman et M.

    Holmes (n. 6), J. Neville Birdsall fait le point sur la version gorgienne du Nouveau

    Testament: la question de son origine et de son modle nest pas rgle, et faute de

    mieux, Birdsall en revient aux vues dsormais classiques de S. Lyonnet quienvisageait pour la version gorgienne un modle armnien. Pourtant, tout le

    moins pourLuc et pourJacques, les deux versions ne partent pas du mme modle.

    La version gorgienne des Evangiles, qui date du milieu du vesicle, sapparente

    davantage aux autres tmoins du type "csaren" quf1, avec moins de variantes

    de type alexandrin et davantage daccords avec le type antiochien. Ainsi, le modle

    de cette version, pour les Evangiles comme pour le reste du Nouveau Testament,

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#7http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#7http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#7http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#8http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#8http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#8http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#9http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#9http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#9http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#9http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#8http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#7
  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    3/13

    mle des variantes "csarennes", hrites dun texte probablement lu Antioche

    avant 230, et dautres de type antiochien qui est dit Antioche vers 380; une

    6

    partie des variantes de ce dernier type peuvent exister dj avant 230, mais dautresmarquent le rajeunissement du texte plus ancien.

    Autrement dit, les tmoins du type de texte "csaren" mlent en ralit deuxtypes distincts, un type ancien qui existe vers 200 avec des variantes caractristiques

    et dautres dj de type antiochien, et un type plus rcent qui a les autres variantes

    antiochiennes. De plus, lintrieur du type "csaren" proprement dit, il existedeux groupements significatifs avec, dune part,f

    1et la version armnienne, qui

    forment un ple li Csare et nexiste qu partir dOrigne, et, dautre part, les

    autres tmoins grecs et la version gorgienne, ple plutt li Antioche et existant

    une priode plus haute, vers 200, voire avant. Origne connat ce type de texte, il lecite, mais sans le prfrer au type alexandrin, tandis que le type def

    1se dveloppe

    aprs lui.

    2. Une dition csarenne vers 340

    Les versions armnienne et gorgienne des Evangiles sont dates du second

    quart du ve

    sicle. Or, au ive

    sicle, plusieurs traits rattachent le Codex Sinaticus

    ().01) Csare. En particulier, le systme de divisions du texte vanglique, not

    (en partie) de la main mme du copiste, utilise la double numrotation des sectionsammoniennes et des canons dEusbe

    10, et ce manuscrit en est mme le premier

    tmoin. De plus, au dbut du Nouveau Testament, il manque un cahier entier, et

    cette place correspond celle que pouvaient occuper la lettre Carpien et les tables

    des canons dEusbe, qui vont de pair avec la division. En bref, plusieurs dtailstablissent un lien privilgi entre le Codex Sinaticus et Csare, la copie se situant

    entre 330 et 360; et Lagrange envisage que le manuscrit ait t "crit par les soinsdEusbe, pour obir Constantin, vers 331" (op. cit., p. 92). Et, comme le texte

    vanglique du Sinaticusne suit pas le type "csaren", mais saccorde le plus

    souvent avec celui du Vaticanus et forme mme avec lui la base du type de textealexandrin, Lagrange conclut que le manuscrit viendrait bien de Csare, mais quil

    aurait eu un modle gyptien (ibid.). Une telle solution serait paradoxale: Eusbe est

    le disciple de Pamphile et dispose, par lui, dune rvision de la Bible faite Csare.

    Pourquoi chercher un modle diffrent? De plus, lunit de type de texte entre leSinaticus et le Vaticanusnest pas constante. En voici deux exemples qui montrent

    que lcart est parfois important entre les modles des deux grands onciaux.

    7

    La parabole des deux fils (Mt 21,28-32)11

    a) Forme B1. Le Codex Vaticanus (B) prsente ici une forme particulire de la

    parabole, qui met en premier le fils qui rpond " oui " son pre, et fait rpondre

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#10http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#10http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#10http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#11http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#11http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#11http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#11http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#10
  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    4/13

    aux interlocuteurs de Jsus que cest le dernier fils qui fait la volont du pre. Voici

    le texte des principales variantes, suivi dune traduction franaise qui sen tient

    littralement chaque mot:

    v. 29 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : e0gw&, xu/rie, xai\ou0x a)ph=lqen, "il rpondit: Moi, Seigneur, et il ne sen alla pas".

    v. 30 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : ou0 qe/lw, u3steronmetamelhqei\j a)ph=lqen, "il rpondit: Je ne veux pas, la fin, faisant

    volte face, il sen alla".

    v. 31 le/gousin : o( u3steroj, "ils disent: le final".On est assur du caractre gyptien de cette forme, partir du iv

    esicle, par la

    version boharique et une partie des tmoins sahidiques.

    Forme B2. Avec quelques variantes mineures, cette forme est aussi celle du

    type de texte "csaren", reprsent par le Codex de Koridethi (Q), la famillef13 etle min. 700, ainsi que les versions armnienne et gorgienne:

    v. 29 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : u9pa&gw, ku/rie,

    kai\ ou0k a)ph=lqen, "il rpondit:Jy vais,Seigneur, et il ne sen alla pas".v. 30 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : ou0 qe/lw, u3steron

    de\ metamelhqei\j a)ph=lqen, "il rpondit: Je ne veux pas, mais la fin,faisant volte face, il sen alla".

    v. 31 le/gousin : o( e1sxatoj, "ils disent: le dernier".On notera que les trois variantes mineures de la forme B

    2se retrouvent dans la

    forme C. Cette forme B2

    existe vers 200, voire un peu avant.On peut expliquer lordre des fils de la forme B, qui nest pas celui des autres

    formes, par un rapprochement avec la parabole de lenfant prodigue (Lc 15,11-32),

    o cest aussi le fils an qui reste auprs du pre, tandis que le plus jeune sen va,puis change dattitude et fait la joie de son pre. Dans cet ordre, cest donc le

    dernier qui a le beau rle. La forme B, atteste en Egypte (B, co) et par le type"csaren" (Q,f3, 700, arm, geo), saccorde ici avec leDiatessaron, attest par leCommentairedEphrem (16,18):

    "Que vous en semble? Un homme avait deux fils (...) "Entendu, Seigneur", dit

    lun (...) et il na pas accompli sa parole. "Lequel a fait la volont de son pre?" Ils

    jugrent avec droiture et dirent: "Le second" (Ephrem, Commentaire de lEvangileconcordant, SC 121, L. Leloir d., Paris, 1966, p. 292).

    8

    Ainsi, la forme B existe dabord dans leDiatessaron, vers 170, et elle simposedans les ditions des Evangiles qui prcdent Origne, probablement Alexandrie

    (au tmoignage du Vaticanus) et Antioche (au tmoignage du type "csaren").

    b) Forme A. La forme B nest pas celle que commente Origne, qui atteste

    lordre invers des fils, mais sans prciser la rponse des interlocuteurs: il dit

    seulement que la bonne rponse est que cest "le premier" fils qui fait la volont dupre. Le premier tmoin explicite de cette rponse place dans la bouche des

    interlocuteurs est Eusbe. Et le Sinaticus ()) est le premier manuscrit avoir cette

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    5/13

    rponse, qui va gagner toute la tradition grecque mdivale:

    v. 29 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : ou0 qe/lw, u3steronmetamelhqei\j a)ph=lqen, "il rpondit: Je ne veux pas, la fin, faisant

    volte face, il sen alla".

    v. 30 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : e0gw&, xu/rie, xai\

    ou0x a)ph=lqen, "il rpondit: Moi, Seigneur, et il ne sen alla pas".v. 31 le/gousin : o( prw~toj,"ils disent: le premier".La forme A nest donc pas assure avant le dbut du iv

    esicle, o elle nexiste

    encore qu Csare, et il convient de corriger les apparats critiques qui donnent

    Irne et Origne comme ses tmoins: elle est luvre probable de Pamphile, quisuit lexgse dOrigne et annonce le texte cit par Eusbe.

    c) Forme C. Origne dispose donc Csare dune autre forme encore, celledu texte "occidental", que cite Irne de Lyon, qui est atteste par le Codex de Bze

    (D) et la Vieille latine (it): dans cette forme, le fils qui dit "non" et change dattitude

    est encore le premier, mais la rponse des interlocuteurs nest pas la bonne: ils

    dsignent le dernier fils et non le premier. Le sens gnral sen trouve affect: il y a,chez lan, un dpart (ou0 qe/lw, "je ne veux pas" [refus quivalent une

    rupture, comme en Mt 22,3]), puis un retour (a)ph=lqen ei0j to_n

    a)mpelw~na, "il sen alla dans la vigne" [mouvement contraire au premier]),

    tandis que chez le second, il y a une servitude (ku/rie, "Seigneur" [pour appeler

    son pre]), puis un non-dpart (ou0k a)ph=lqen, il ne sen alla pas" [donc ilreste auprs de son pre, travaillant ainsi la vigne]):

    v. 29 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : ou0 qe/lw, u3steronde\ metamelhqei\j a)ph=lqen ei0j to_n a)mpelw~na, "ilrpondit: Je ne veux pas, mais la fin, faisant volte face, il sen alla dans la

    vigne".

    v. 30 o( de\ a)pokriqei\j ei]pen : e0gw&, xu/rie,u9pa&gw, xai\ ou0x a)ph=lqen, "il rpondit: Moi, Seigneur, jy vais, etil ne sen alla pas".

    v. 31 le/gousin : o( e1sxatoj, "ils disent: le dernier".La rponse des interlocuteurs ("le dernier") diffre de celle de Jsus ("les

    pagers et les prostitues", autrement dit "le premier"): deux logiques sopposent.Pour les interlocuteurs, cest luvre qui compte,

    9

    et cest le dernier fils qui laccomplit, il a de plus le rang dans la fratrie queprivilgie llection divine; la rponse ne fait donc pas de doute. Mais pour Jsus,cest la disposition du cur qui a toute limportance, la rponse attendue est donc le

    premier fils, malgr labsence duvre; Jsus lui-mme est un fils premier-n qui

    vient renverser llection des derniers ns.Cest bien la forme C est celle que connaissent Irne et Origne; mais le

    premier ne prcise pas la rponse des interlocuteurs, et le second donne seulement la

    rponse attendue, celle de Jsus, sans prciser que les interlocuteurs donnent lautre.

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    6/13

    Eusbe, dans la ligne de lexgse dOrigne, ignore la mauvaise rponse, et le

    Sinaticus suit cette voie: la rponse des interlocuteurs se conforme celle de Jsus.

    Dans cet exemple, le texte alexandrin (forme B1) existe avant 200, le texte dit

    "csaren" (forme B2) vraisemblablement vers 200; mais Csare, avant 250,

    Origne lui prfre le texte "occidental" (forme C), qui va devenir, sous linfluence

    de lexgse dOrigne, le texte courant (forme A), cit par Eusbe, avant 331, etattest par le Sinaticus. Puis au ve

    sicle, alors que la forme B sert encore de

    modle aux versions copte, armnienne et gorgienne, la forme A simpose

    notamment en grec et en syriaque12

    .

    Le Notre Pre (Lc 11,2-4)13

    a) Formes courtes. Le second exemple est le Notre Pre deLuc. La forme

    courante dite et traduite aujourdhui est une forme courte ( cinq demandes), cest

    celle du P. Bodmer XIV (P75

    ) et du Vaticanus (B), elle est atteste par Origne,traduite par la Vieille syriaque (sy

    s) et la Vulgate latine (vg), conserve encore par

    la famillefet la version armnienne (arm); elle est proche de la forme marcionite

    (ci-aprs, droite) que nous connaissons par Tertullien:

    pa&ter pa&ter

    1. a(giasqh/tw to_ o1noma&

    sou1. a(giasqh/tw to_pneu~ma&sou

    2. e0lqe/twh9 basilei/a sou 2. e0lqe/tw h9 basilei/a sou

    4. to_n a!rton h9mw~n to_n

    e0piou/sion4. to_n a!rton sou~ to_ne0piou/sion

    di/dou h9mi=n to_ kaq

    h9me/randi/dou h9mi=n to_ kaq

    h9me/ran

    5. kai\ a!fej h9mi=n ta_ja(marti/aj h9mw~n

    5. kai\ a!fej h9mi=n ta_ja(marti/aj h9mw~n

    kai\ ga_r au0toi\a)fi/omen panti\

    o(fei/lonti h9mi=n

    kai\ ga_r au0toi\a)fi/omen panti\ o0fei/lontih9mi=n

    6. kai\ mh\ ei0sene/gkh|jh9ma~j ei0j peirasmo&n

    6. kai\ mh\ a!fej h9ma~jei0senexqh=nai ei0jpeirasmo&n

    10

    Pre Pre1.sanctifi soit ton nom 1. sanctifi soit ton esprit2. vienne ton rgne 2. vienne ton rgne

    4. notre pain venir donne-nous chaque jour 4. ton pain venir donne-nous chaque jour5. et remets-nous nospchs 5. et remets-nous nos pchs

    car nous-mmes aussi remettons tout dbiteur car nous-mmes aussi remettons tout dbiteur

    6. et ne nous conduis pas dans lpreuve 6. etne nous laisse pas conduire dans lpreuve

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#12http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#12http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#12http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#13http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#13http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#13http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#13http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#12
  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    7/13

    Voil donc deux formes courtes du Notre Pre, lune assure en Egypte ds200, adopte plus tard en occident (fin iv

    es.), puis Csare et en Syrie et gagnant

    de l lArmnie (ves.); lautre, celle de la recension marcionite deLuc (Rome, vers

    140).

    b) Formes moyennes. Il existe, dautre part, des formes moyennes ( sixdemandes) dont deux sont conserves en grec, celle du min. 700 ( gauche), qui est

    caractrise par sa deuxime demande particulire, et celle du Sinaticus ()) qui lui

    est propre:

    pa&ter pa&ter

    1. a(giasqh/tw to_ o1noma&

    sou1. a(giasqh/tw to_o1noma sou

    2. e0lqe/tw e0f h9ma~j to_

    pneu~ma& sou to_ a3gion2. e0lqe/tw h9 basilei/a sou

    3. genhqh/tw to_ qe/lhma& sou3. genhqh/tw to_ qe/lhma& sou

    w(j e0n ou0ranw~| kai\e0pi\ gh=j

    w(j e0n ou0ranw~| kai\e0pi\ gh=j

    4. to_n a!rton h9mw~n to_n

    e0piou/sion4. to_n a!rton h9mw~n to_ne0piou/sion

    di/dou h9mi=n to_ kaq

    h9me/rando_j h9mi=n to_ kaq

    h9me/ran

    5. kai\ a!fej h9mi=n ta_j

    a(marti/aj h9mw~n5. kai\ a!fej h9mi=n ta_ja(marti/aj h9mw~n

    kai\ ga_r au0toi\a)fi/omen panti\ o0fei/lonti

    h9mi=n

    w(j kai\ au0toi\a)fi/omen panti\

    o0fei/lonti h9mi=n6. kai\ mh\ ei0sene/gkh|jh9ma~j ei0j peirasmo&n

    6. kai\ mh\ ei0sene/gkh|jh9ma~j ei0j peirasmo&n

    Pre Pre

    1.sanctifi soit ton nom 1. sanctifi soit ton nom

    2. vienne surnous ton esprit sain 2. vienne ton rgne3. advienne ta volont 3. advienne ta volont

    comme au ciel aussi sur terre comme au ciel aussi sur terre

    4. notre pain venir donne-nous chaqueour

    4. notre pain venir donne-nous chaqueour

    2. et remets-nous nospchs 5. et remets-nous nos pchs

    car nous-mmes aussi remettons toutdbiteur

    comme nous-mmes aussi remettons tout dbiteur

    6. et ne nous conduis pas dans lpreuve6. et ne nous conduis pas dans lpreuve

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    8/13

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    9/13

    a)fi/omen toi=j o0feile/taij

    h9mw~n

    a)fi/omen panti\ o0fei/lontih9mi=n

    6. kai\ mh\ ei0sene/gkh|j

    h9ma~j ei0j peirasmo&n6. kai\ mh\ ei0sene/gkh|jh9ma~j ei0j peirasmo&n

    7. a)lla_ r(u~sai h9ma~j

    a)po_ tou~ ponhrou~

    7. a)lla_ r(u~sai h9ma~j

    a)po_ tou~ ponhrou~otre Pre qui es aux cieux otre Pre qui es aux cieux

    1.sanctifi soit ton nom 1. sanctifi soit ton nom

    2. vienne ton rgne 2. vienne ton rgne

    3. advienne ta volont 3. advienne ta volontcomme au ciel aussi sur terre comme au ciel aussi sur terre

    4. notre pain venir donne-nous

    aujourdhui

    4. notre pain venir donne-nous chaque

    our

    5. et remets-nous nos dettes 5. et remets-nous nos pchscomme nous aussi remettons nos

    dbiteurs

    car nous-mmes aussi remettons tout

    dbiteur

    6. et ne nous conduis pas danslpreuve

    6. et ne nous conduis pas dans lpreuve

    7. mais dlivre-nous du mchant 7. mais dlivre-nous du mchant

    La forme longue du Codex de Bze ( gauche) a toutes les chances dtre celledu modle de Marcion: partir delle, la forme de Marcion sexplique comme une

    rvision qui limine une criture numrique, et toutes les autres formes sediversifient partir du travail de Marcion. En

    12

    particulier, limpratif aoriste de la demande sur le pain sexplique comme unesurvivance isole, dans le Sinaticus, qui vient du texte "occidental" (D) et que

    Marcion a remplac par un prsent. La forme courte alexandrine est une reprise de

    Marcion avec un minimum de changements; ailleurs, la reprise est plus critique,mais certaines variantes introduites par Marcion font lunanimit, lexception de la

    Vieille latine qui maintient le texte le plus ancien, peut-tre par influence de la

    liturgie.

    Ainsi, les nombreux accords entre le Vaticanus et le Sinaticus ne font pasdeux les reprsentants constants dune seule forme du texte vanglique, il y a lieu

    de considrer leurs variantes comme significatives de deux projets ditoriaux, tous

    deux vers 340, lun, plus synthtique et novateur, Csare, et lautre, plus

    respectueux de la tradition antrieure remontant la fin du iie

    sicle, Alexandrie.

    3. Repres pour le texte des Evangiles lu Csare

    Les deux exemples que nous venons dexaminer permettent de distinguerplusieurs priodes, concernant le texte de Csare.

    Une dition prto-antiochienne, vers 200

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    10/13

    Le type de texte "csaren" reprsente une dition des Evangiles existant avant

    Origne et connue de lui, mais venant plutt dAntioche que de Csare.

    Les ditions de vers 200. Ainsi, on conserve les traces de deux ditions desEvangiles vers 200 ou un peu avant, lune Alexandrie, et lautre probablement

    Antioche. Ldition dAlexandrie est reprsente par plusieurs papyrus anciens (P45

    ,

    P

    66

    , P

    75

    ) qui montrent que le texte est recopi librement (P

    45

    , P

    66

    ), queMarcnestpas encore de type alexandrin (P45

    compar B), et que lesActes faisaient partie de

    cette dition (P45

    ). Les tmoins de ldition dAntioche nont, au contraire, que les

    quatre Evangiles: tel serait donc le contenu originel de cette dition.

    Les coles romaines. Ces deux ditions poursuivent un travail commenc parles coles romaines qui reconstituent, aprs 135, les principaux courants du

    christianisme primitif: le courant paulinien, avec Marcion, qui dvie vers le

    doctisme, mais rviseLuc et dite les Eptres de Paul; le courant hellniste, avecValentin, puis Hraclon, qui dvie vers le gnosticisme, mais commenteJean; et le

    courant ptrinien, avec Justin, puis Tatien, qui dvie vers lencratisme, mais utilise

    Matthieu comme la base duDiatessaron.

    Le texte "occidental". Ces coles romaines disposent du mme texte des

    Evangiles, cest le texte "occidental" dont le Codex de Bze est le

    13

    principal tmoin, texte encore inconnu de Clment de Rome et dIgnace dAntioche

    et dont lorigine se situe Smyrne au temps du jeune Polycarpe, vers 120, dans une

    dition qui a un caractre didactique. Lobjectif des ditions de la fin du iie

    sicle est

    de rendre lisible ce texte devant lassemble des fidles: la destination devientliturgique, au moins pourMatthieu,Luc etJean.Marc, en revanche, au tmoignage

    dOrigne14

    , est encore dun accs rserv.

    Au temps dOrigne (iii

    e

    s.). Avec linstallation dOrigne Csare, venantdAlexandrie vers 230, cest le texte de ldition dAlexandrie qui prdomine;

    lautre, celle dAntioche, nest cite quoccasionnellement; quant au texte

    "occidental", il est attest maintes reprises, et parfois prfr. Ainsi, plusieursditions coexistent lpoque dOrigne, et cette diversit est encore accrue par la

    libert de copie qui apparat, notamment en Egypte. Tout cela gne le travail

    dexgse; Origne sen plaint, et il appelle ses successeurs entreprendre le travailde rvision quil a accompli pour la Septante, avec son dition des Hexaples.

    Csare devient ainsi le lieu destin lunification du texte vanglique qui existe

    sous trois types au moins ("occidental", "csaren", alexandrin) et connat de plus

    une certaine diversit de transmission dans le type dominant (et peut-tre aussi lesautres). Or, on trouve une telle ralisation la fois dans la famillef, qui prsente un

    mlange de variantes appartenant aux divers types existant et quelques unes

    nouvelles, et dans le Codex Sinaticus, plus nettement domin par le type gyptien,mais attestant quelques remarquables influences des autres types. Le vu dOrigne

    sest donc exauc; mais pour notre perplexit, cet exaucement a t ralis au moins

    deux reprises, et il nous incombe den prciser la chronologie.

    Ldition eusbienne de Csare (aprs 330)

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#14http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#14http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#14http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#14
  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    11/13

    On connat lexistence de la recension de Pamphile par plusieurs tmoignages,

    en particulier celui de Jrme. Cette recension est entreprise vers 300, Pamphile

    tant mort martyr vers 310. Or, le colophon du Codex Coislinianus des Eptres dePaul (H.014, vi

    es.) a un intrt tout spcial: il associe le nom de Pamphile comme

    ancien propritaire du modle copi, et celui de Csare un texte de type

    alexandrin, qui a la division euthalienne:

    14

    a)nteblh/qh de\ h9 bi/bloj pro_j to_ e0n Kaisarei/a|a)nti/grafon th=j biblioqhkh=j tou~ a(gi/ou Pamfi/lou

    xeiri\ gegramme/non, "le livre a t collationn sur un exemplaire deCsare, de la bibliothque de saint Pamphile, crit la main" (Paris, BnF, Coislin202, f. 14r-v).

    A dfaut dun tel tmoignage pour les Evangiles, on doit rapprocher la

    situation du Codex Sinaticus de ce dernier manuscrit: lui aussi prsente un texte de

    type alexandrin, divis par un systme n aprs le travail de Pamphile. Quant aumanuscrit, sa copie nest pas postrieure 360. Tout suggre donc que le Sinaticus

    soit, avec la recension de Pamphile (pour le Nouveau Testament tout le moins), unexemplaire dune dition entreprise lpoque dEusbe ou un peu aprs lui,

    Csare. Linfluence dominante est celle du type alexandrin, mais on sent aussi

    dautres influences, celle de lexgse dOrigne, celle de ldition prto-

    antiochienne, celle du texte "occidental"; enfin, la disposition en colonnes rappellecelle des Hexaples, prsentant jusqu six versions grecques ct du texte hbreu

    et de sa translittration grecque, soit au total huit colonnes disposes sur une double

    page.Avec un type de texte voisin et un autre systme de divisions, le Codex

    Vaticanus reprsente une autre dition que tout rattache Alexandrie: le type detexte, qui est trs proche pourLuc etJean du P. Bodmer XIV-XV (P75

    ) et qui pourPaul marque une volution par rapport au P. Chester Beatty II (P

    46); lge du

    manuscrit, copi comme le Sinaticusvers 350; le systme de divisions, qui nexiste

    que dans deux autres manuscrits, C.040 et 579, galement de type alexandrin. Ltatde conservation des grands onciaux () B) pourrait avoir comme explication une

    volont dlibre de mettre labri un exemplaire des deux premires ditions de la

    Bible grecque, entreprises aprs le Concile de Nice (325), au dbut de la

    christianisation de lEmpire romain. Puis, vers 360, Basile de Csare appellera deses vux un nouveau systme de divisions qui comprend une numrotation et des

    titres (ou sommaires): cest lanctre de la division en chapitre, et elle annonce celle

    qui sera mise au point Antioche, vers 380, et dont lAlexandrinus (v

    e

    s.) est le toutpremier tmoin.

    Une nouvelle dition Csare, aprs 400?

    Les ditions de la Bible grecque reprsentes par ces trois grands onciauxnont pas suffi fixer le texte du Nouveau Testament, et le travail ditorial continue,

    au ve

    sicle, tablir des formes nouvelles. Il est frappant de constater le relatif

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    12/13

    isolement du Sinaticus et du Vaticanus, par rapport la tradition ultrieure, ainsi

    que celle de lAlexandrinus, pour le Nouveau Testament, les Evangiles mis part.

    Les nouvelles ditions mlent volontiers leurs anes du ive

    sicle, il leur arriveaussi dintroduire des variantes nouvelles. Or, ce cadre convient fort bien au texte

    particulier de la famillef1, pour les Evangiles. La

    15

    parent avec la version armnienne impose comme date limite env. 430; et un

    colophon, aprsMarc16,8, dans cette famille, signale labsence de la Finale longue

    (16,9-20) dans certains manuscrits, comme lattestent effectivement le Sinaticus etle Vaticanus, et chez Eusbe, mais sa prsence dans beaucoup dautres exemplaires:

    e0n tisi\ me\n tw~n a)ntigra/fwn e#wj w[de plhrou~tai o(eu0aggelisth\j e#wj ou[ kai\ Eu0se/bioj o( Pamfi/lou

    e0kano&nisen, e0n polloi=j de\ kai\ tau~ta fe/retai, "Dans

    quelques exemplaires, lvangliste va jusquici, et cest jusqu ce point quEusbele disciple de Pamphile a not les canons; mais dans beaucoup dautres, on trouve

    encore [v. 9-20]".La famillef

    1reprsente ainsi, selon toute vraisemblance, une dition drive

    de ldition eusbienne. Cela ne suffit pas garantir quelle soit aussi ralise

    Csare, car la situation du ve

    sicle est plus confuse, et dautres pourraient yprtendre (comme le CodexEphraemirescriptus, C.04). Mais le modle de la

    famillef1

    subit manifestement une influence csarenne.

    Conclusion

    Le type de texte "csaren" ne se confond pas avec le texte lu Csare: telleest la consquence des appellations gographiques donnes aux types de texte grecs

    du Nouveau Testament. On repre ce type deux moments particuliers: avantOrigne, puisque celui-ci le cite, il sagit alors, probablement, dune dition prto-

    antiochienne, entreprise vers 200; et avant linterdiction duDiatessaron (vers 435),

    il sagit alors de diverses reprises de cette dition prto-antiochienne, toutes

    largement contamines par la nouvelle dition antiochienne qui intervient vers 380et contient de nombreuses innovations. En somme, lexception de la famillef

    1qui

    peut avoir une origine csarenne, le reste du type de texte est plutt antiochien.

    On peut ainsi suivre lhistoire du type de texte et larticuler avec le texte dit Csare un peu aprs 330, qui est attest par le Codex Sinaticus. Et il en va des

    autres types comme de celui-ci: chacun a une histoire en plusieurs tapes, depuis sesorigines jusque vers le milieu du ve

    sicle.Ces conclusions devraient faire avancer la caractrisation des versions

    armnienne et gorgienne du Nouveau Testament: leurs apparentements

    linguistiques ne signifient pas que lune ait servi de modle lautre; et quelle que

    soit la langue de chaque modle, au bout du compte, lune et lautre font bien partiede ce type de texte, plutt csaren pour larmnienne, et plutt prto-antiochien

    pour la gorgienne. De mme, pourlEptredeJacques, le modle de la version

  • 7/27/2019 C. B. Amphoux, Le texte evangelique de Csae...

    13/13

    gorgienne diffre de celui de larmnienne, et la rcente dition critique permet

    den juger plus prcisment15

    . Pour les Evangiles, nous avons

    16

    pris deux exemples: la Parabole des deux fils (Mt 21,28-32), qui prsente plusieurs formes,

    les deux versions attestant la mme forme B, reprsente parQ,f13

    et 700; et le Notre Pre(Lc 11,2-4), o la version armnienne a la forme courte qui est aussi celle def

    1, tandis que

    la gorgienne a une forme moyenne particulire, avec ladresse et sans la deuxime

    demande sur lesprit du min. 700. Le type de texte "csaren" est si divers que J. Duplacy a

    pu douter de son existence; mais il apparat avec nettet et simplicit, si lon distingue les

    principales priodes de lexistence dun texte ayant un rapport avec Csare.

    http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#15http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#15http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#15http://www.bsw.org/Filologia-Neotestamentaria/Vol-12-1999/Le-Texte-Evangelique-De-Cesaree-Et-Le-Type-De-Texte-Cesareen-Des-Evangiles/421/Art01n.html#15