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Cafés et maisons bourgeoises décorés en Isère et en Drome Lionel Ferriere, Georges Souffre 1 La décoration, comme objet d’étude en histoire locale et patrimoniale est un thème peu abordé. Il n’est pas facile à traiter car les bâtimentsétant privés, nous disposons d’une base de données restreinte 2 . Cet article n’a pas d’autre objectif que de donner envie d’aller les voir « in situ » lorsque cela est possible ces œuvres d’art, surtout que cela nous conduira inévitablement vers cinq restaurants.Il n’était pas possible de mettre ici toutes les photographies et c’est pourquoi, les lecteurs peuvent se rapporter au site http://hgec2638.fr /apht pour les consulter. Les commentaires sont brefs car souvent les peintres ne sont connus que par « ouïe dire ». Nous ne traiterons pas des décorations dans les bâtiments publics ni religieux. Mais il serait intéressant d’avoir des articles sur les rideaux de scènes 3 comme celui de la salle des fêtes des anciennes cartonneries Navarre à Champs sur Drac de 1912 ; sur les décorations murales des bâtiments publics comme la Préfecture de l’Isère à Grenoble 4 , les salles de casino (Uriage ?), la salle du cercle des officiers à Romans/Isère. Sur les 7 maisons bourgeoises 5 et 13 cafés peints identifiés, seulement deux œuvres ont été étudiées. A la difficulté de la collecte d’information, s’ajoute l’absence de réponse des musées contactés ; cela aurait permis d’étoffer certaines biographies ou écarter des informations erronées. Ainsi le peintre Merle , plusieurs fois cité, qui était -il ? il ya plusieurs homonymes contemporains.Par ailleurs, cette recherche a permis d’informer la CPI en temps utile pour faire une couverture professionnelle des fresques du château Von Bramsch à Saint-Egrève lorsqu’il a été transformé en résidence « le château ». La maison bourgeoise Douillet à Grenoble a été étudiée par Dominique Chancel 6 avant sa démolition. Les peintures ressemblent à celles de Saint Didier de la Tour et à celles de Saint-Egrève. Mais il est difficile de savoir si l’artiste est le même puisque nous n’avons ni nom ni date. Les demeures bourgeoises sont animées, surement pour des aspects de luminosité, par des paysages « alpestres » où les verts et les bleus dominants valorisent la pièce ; les surfaces peintes permettent aussi de mettre des détails, notamment sur les personnages (vêtements). A Izeron, le personnage en habit tyrolien rappelle qu’une partie de la famille Robert est autrichienne. Dans le château Bramsch, les 4 peintures représentent les quatre points cardinaux, visibles depuis la pièce. Nous avons donc une vue détaillée, sur Sassenage par exemple, avec des bâtiments existants. Ces œuvres sont donc en quelques sortes des « cartes postales ». Les végétaux sont aussi très souvent choisis. A Tullins, il y a une succession de fleurs locales, comme à Izeron. Les motifs retenus, dans les cafés, sont très révélateurs du choix de paysages en lien avec le village. Ainsi à Champier , Saint-Egrèveet Saint Etienne de Saint-Geoirs, les rues ont été peintes. A Demptezieu, le château voisin est en arrière-plan. Le Café Santos-Cottin à Saint Quentin/Isère se distingue par des décors exotiques, luxuriants. A Saint Quentin (café) et Izeron (maison), la tradition orale locale veut que ce soit le même artiste, itinérant, vivant de son travail. Il y a eu la même histoire à Chabeuil, que Georges Souffre a entendu maintes fois il y a plus de 70 ans. 1 Georges Souffre est aujourd’hui décédé- C’était l’l’historien de Chabeuil. Nous avions ce texte en projet. 2 Il est possible de lire sur le Web : Restauration et dérestauration en peinture murale : un problème entre histoire et actualités. Maitrise soutenue le 20/6/2007 UFR sciences humaines Grenoble 2, par M. Ruard , sous la direction de Mme Costa , 197 p 3 Il existe à Rives/Fure, un rideau de scène peint par l’abbé Callés,lorsqu’il était curé ici, en début de carrière-ce serait une scène de mythologie. Il serait à étudier et peut-être à restaurer. 4 Sur un document publié par la Préfecture de l’Isère, en 2005, on découvre des papiers peints paysagers de la fin du 19 e « Promenade-découverte dans la préfecture de l’Isère 5 Deux sites de plus sont cités dans des publications; mais il n’a pas été possible d’aller les voir : Pont de Beauvoisin (façade extérieure peinte) , page 84, Vals du Dauphiné, patrimoine en Isère, 239 p, 2013 Les Moirouds,Sérézin-de-La-Tour, page 29 ; Patrimoine en Isère, brochure web 48p, Inventaire du patrimoine des cantons de Bourgoin-Jallieu nord et sud, L’Isle-d’Abeau et La Verpillière 6 Dominique Chancel, une villa de la belle époque, à Grenoble, à l’ombre de la clinique des bains , patrimoine et développement du Grand Grenoble, 61p, 2012

Cafés et maisons bourgeoises décorés en Isère et en Drome...Cafés et maisons bourgeoises décorés en Isère et en Drome Lionel Ferriere, Georges Souffre 1 La décoration, comme

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Cafés et maisons bourgeoises décorés en Isère et en Drome Lionel Ferriere, Georges Souffre

1

La décoration, comme objet d’étude en histoire locale et patrimoniale est un thème peu abordé. Il n’est pas facile à

traiter car les bâtimentsétant privés, nous disposons d’une base de données restreinte2. Cet article n’a pas d’autre

objectif que de donner envie d’aller les voir « in situ » lorsque cela est possible ces œuvres d’art, surtout que cela

nous conduira inévitablement vers cinq restaurants.Il n’était pas possible de mettre ici toutes les photographies et

c’est pourquoi, les lecteurs peuvent se rapporter au site http://hgec2638.fr /apht pour les consulter. Les

commentaires sont brefs car souvent les peintres ne sont connus que par « ouïe dire ».

Nous ne traiterons pas des décorations dans les bâtiments publics ni religieux. Mais il serait intéressant d’avoir des

articles sur les rideaux de scènes3 comme celui de la salle des fêtes des anciennes cartonneries Navarre à Champs sur

Drac de 1912 ; sur les décorations murales des bâtiments publics comme la Préfecture de l’Isère à Grenoble4, les

salles de casino (Uriage ?), la salle du cercle des officiers à Romans/Isère.

Sur les 7 maisons bourgeoises5et 13 cafés peints identifiés, seulement deux œuvres ont été étudiées. A la difficulté

de la collecte d’information, s’ajoute l’absence de réponse des musées contactés ; cela aurait permis d’étoffer

certaines biographies ou écarter des informations erronées. Ainsi le peintre Merle , plusieurs fois cité, qui était -il ? il

ya plusieurs homonymes contemporains.Par ailleurs, cette recherche a permis d’informer la CPI en temps utile pour

faire une couverture professionnelle des fresques du château Von Bramsch à Saint-Egrève lorsqu’il a été transformé

en résidence « le château ».

La maison bourgeoise Douillet à Grenoble a été étudiée par Dominique Chancel6 avant sa démolition. Les peintures

ressemblent à celles de Saint Didier de la Tour et à celles de Saint-Egrève. Mais il est difficile de savoir si l’artiste est

le même puisque nous n’avons ni nom ni date. Les demeures bourgeoises sont animées, surement pour des aspects

de luminosité, par des paysages « alpestres » où les verts et les bleus dominants valorisent la pièce ; les surfaces

peintes permettent aussi de mettre des détails, notamment sur les personnages (vêtements). A Izeron, le

personnage en habit tyrolien rappelle qu’une partie de la famille Robert est autrichienne.

Dans le château Bramsch, les 4 peintures représentent les quatre points cardinaux, visibles depuis la pièce. Nous

avons donc une vue détaillée, sur Sassenage par exemple, avec des bâtiments existants. Ces œuvres sont donc en

quelques sortes des « cartes postales ».

Les végétaux sont aussi très souvent choisis. A Tullins, il y a une succession de fleurs locales, comme à Izeron.

Les motifs retenus, dans les cafés, sont très révélateurs du choix de paysages en lien avec le village. Ainsi à

Champier , Saint-Egrèveet Saint Etienne de Saint-Geoirs, les rues ont été peintes. A Demptezieu, le château voisin

est en arrière-plan. Le Café Santos-Cottin à Saint Quentin/Isère se distingue par des décors exotiques, luxuriants.

A Saint Quentin (café) et Izeron (maison), la tradition orale locale veut que ce soit le même artiste, itinérant, vivant

de son travail. Il y a eu la même histoire à Chabeuil, que Georges Souffre a entendu maintes fois il y a plus de 70 ans.

1 Georges Souffre est aujourd’hui décédé- C’était l’l’historien de Chabeuil. Nous avions ce texte en projet.

2Il est possible de lire sur le Web : Restauration et dérestauration en peinture murale : un problème entre histoire et actualités.

Maitrise soutenue le 20/6/2007 UFR sciences humaines Grenoble 2, par M. Ruard , sous la direction de Mme Costa , 197 p

3Il existe à Rives/Fure, un rideau de scène peint par l’abbé Callés,lorsqu’il était curé ici, en début de carrière-ce serait une scène

de mythologie. Il serait à étudier et peut-être à restaurer. 4 Sur un document publié par la Préfecture de l’Isère, en 2005, on découvre des papiers peints paysagers de la fin du 19

e

« Promenade-découverte dans la préfecture de l’Isère 5Deux sites de plus sont cités dans des publications; mais il n’a pas été possible d’aller les voir : Pont de Beauvoisin (façade

extérieure peinte) , page 84, Vals du Dauphiné, patrimoine en Isère, 239 p, 2013

Les Moirouds,Sérézin-de-La-Tour, page 29 ; Patrimoine en Isère, brochure web 48p, Inventaire du patrimoine des cantons de

Bourgoin-Jallieu nord et sud, L’Isle-d’Abeau et La Verpillière

6Dominique Chancel, une villa de la belle époque, à Grenoble, à l’ombre de la clinique des bains , patrimoine et développement

du Grand Grenoble, 61p, 2012

Un peintre ambulant italien paie son logement et sa nourriture en faisant les 3 faces du café. Comme le rythme du

travail diminuait, le père Allier se serait fâché. Le peintre a représenté ce qu’il avait sous les yeux , à savoir un

pêcheur sur les quais de la Véore, la porte d’entrée du village, les pompiers intervenant sur un incendie et les visages

des filles du propriétaire.

Sur 19 sites, seulement 10 ont un artiste présumé. En recoupant les témoignages des propriétaires actuels, il

apparaît qu’un peintre nommé Michel Merle aurait peint les cafés à Voiron, à Champier et saint Etienne de Saint-

Geoirs. Les dates semblent rendre cela possible. Il faudrait une analyse des techniques de peinture pour le confirmer.

On aurait ici un exemple d’artiste spécialisé, qui aurait travaillé sur le Nord Isère. Cela permet de penser que d’autres

œuvres existent dans lesecteur. On peut présumer qu’il peignait aussi les enseignes extérieures des commerces et

les intérieurs des maisons particulières pour compléter ses revenus.

Pour Mens et Optevoz, les peintres sont connus et les circonstances de leur « chantier » aussi. Ils ont peint durant

leur villégiature.

Pour finir nous avons le cas de l’œuvre de Louis Guigon. Sa biographie a été rédigée par Mme Yvette Rouveyre et

publiée dans les cahiers du Peuil.7 Natif de Villard de Lans où sa famille vit encore, Louis Guigon (Ales 1863- 1932) a

décoré plusieurs cafés et auberges du plateau. L’Hôtel des Baraques (détruit en 1944), le café Istre à Saint Martin,

l’hôtel du parc à Villard de Lans, et le café Brochier à Saint Julien Il a également fait quelques tableaux comme « Le

pont de l’amour ». Il est probable qu’il a peint les façades extérieures de la maison appelée « La Paz » à Saint-Jean en

Royans car en plus de la proximité géographique, dans les teintes et certains motifs, des similitudes apparaissent.

En vert les bâtiments rasés

7 Y. Rouveyre, un peintre oublié : Louis Guigon, les cahiers du Peuil n°6, 2006, pp134-137- Echanges de correspondance en 2011.

Communes Commentaire : Auteur, période, sources

26- Bourg de péage Café de France Bâtiment détruit

Le peintre s’appelait Armingaud. Il était péageois. On voit la peinture en arrière-plan d’une photographie publiée dans B. Missud, « Bourg de Péage, au fil du temps » p45. Il peignait aussi les enseignes commerciales.

26- Chabeuil Café Allier , Aujourd’hui il y a une pharmacie

Bâtiment construit en 1905 quartier de l’Hôpital Scènes qui représentent des vues animées de l’entrée de Chabeuil. Les fresques seraient derrière les présentoirs

38- Champier Café « le Bally » Domicile privé aujourd’hui

2 œuvres détruites Huile sur toile Cette œuvre aurait été d’après la propriétaire , peinte par Michel Merle, dans des années 1910-1920 qui aurait fait aussi les archers à Voiron Œuvre identifiée par la CPI http://www.isere-patrimoine.fr/T (Champier) Des fleurs, mais avant tout une fresque d’environ 1 m de haut et 3 mètres de long qui représentait la rue principale. Il y avait aussi une vue du café.

38-Mens Café des arts Café en activité

Peinture murale Murs de 1896 et plafond de 1856 Gustave Riquet, peintre et enseignant aux Beaux-Arts à Amiens venait en vacances dans le Triève. Il a réalisé plus de 13 peintures décoratives, plutôt de sensibilité religieuse, dans la Somme Plafond : fleurs Murs : paysages de montagnes (Obiou) avec des bâtiments (place des Halle à Mens) https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Riquet_(peintre)

38-Optevoz Café de la mère Candy

Philippe Tassié 1873-1947 Fin 19e - Non vues

38-Saint Didier de la Tour restaurant à coté du lac

10 Peintures murales 9 paysages avec les noms de lieux (Cervin, patineurs sur le lac Saint-Felix, skieurs au col du Fau, Hautecombe, le bout du monde à Allevard,…) 1 peinture murale de 1997 qui représente une scène de restaurant avec le lac en arrière plan

38-Saint-Egrève Café du pont en activité

Le café en arrière-plan et l’Isère au 1er plan

St julien en Vercors Café Brochier Restaurant en activité

Le peintre, Guigon, a aussi décoré un café aux Baraques (détruit) Fresques de 1912 Louis Guigon

38- Saint Etienne de Saint-Geoirs café « le mandrin « Rue principale Aujourd’hui, Boulangerie

Huile sur toile Le peintre serait Merle, vers 1910-1920 Les propriétaires ont fait restaurer les peintures en 2011. 2 toiles sur les 6 ont été déplacées et sont exposées themes :la place du village, la maison de la mère de Mandrin, des gorges du Vercors

38-St Quentin Café du martinet Domicile privé

Le peintre serait un client qui aurait payé son logis et son couvert avec ce travail. Il aurait aussi peint la maison bourgeoise à Izeron Des paysages exotiques avec une végétation luxuriante. Peinture murale

38 - Saint Savin Demptezieu Café Restaurant en activité

D’après le propriétaire, le peintre serait un dénommé Stephan(i) de la ville Heyrieux, un homme qui aurait payé son gite et son couvert, vers 1936 Selon une autre source orale ce serait un Stephan Heyrié 4 Peintures murales- Fleurs, végétaux, oiseaux paysages ruraux avec le château voisin -La Rochelle - La Bretagne et X

38- Voiron Brasserie -Café « les archers En activité

Immeuble construit 1905. D’après une source orale, ce serait Michel Merle l’auteur 3 toiles représentent des soldats à trois époques différentes : 1150/1481/1350 Toile peinte

Sources : échanges par email ou à leur domicile avec mesdames Dechappe, Gaignon-CarrazMessieurs Badois, Jaume, Santos-

Cottin- Nous remercions les restaurateurs qui nous ont reçu.

commentaire

26-Romans Aujourd’hui

c’est un centre

d’accueil

Maison Bourgeoise appelée « château Henry », bâtie fin Non datées, les peintures semblent avoir

une trentaine d’années.

26-Saint-Jean en

Royans appelée « La

Paz »

Désormais c’est un parc

municipal

Peintures murales qui sont à l’extérieur- On suppose que le peintre était Louis Guigon. Le

propriétaire était Auguste Mussel. Il s’est enrichi en Argentine. Il a fait construire cette demeure en

1890

38- Grenoble

Maison Douillet

détruite

10 vues peintes, par Edouard Brun, avec des thèmes alpestres (le grand Som) et aussi leur maison

secondaire à Burcin (38)

La villa Douillet doit son nom à une famille industrielle grenobloise. Elle a été connue sous le nom

de « clinique des bains »

38-Izeron

Aujourd’hui c’est la

mairie

Maison construite fin 19e par la famille Robert La monographie familiale en lien avec les peintures

a été publiée dans les Chroniques.

38- Saint

Egrèvechâteau

Bramsch

Aujourd’hui résidence

« le château »

Château construit par la famille Terray (gantiers, à Grenoble) puis vendue partiellement en 1910 à

la famille Vattaire . En 1948, le nouveau propriétaire est Von Bramsch

La décoration des plafonds peints est due à Alphonse Terray,( 1847-1912) avant qu’il ne fasse

construire châteaude Beauvoir à Sassenage

La CPI a fait une couverture photographique.

38- Saint Quentin Datée et signée : 30 mars 1945 Emile Rasset

38-Tullins

actuellement la mairie

Ancienne demeure bourgeoise devenue une école avant de devenir l’hôtel de ville.

Saint-Egrève

Deux Merle (Champier et Voiron)

Louis Guigon à Saint Julien et mur exterieur

mur exterieur de La Paz à Saint-Jean en Royans

Des paysages proches du bâtiment décoré (Demptezieu et Saint Didier de la Tour)

Izeron (paysage autrichien) et Saint Quentin : le même artiste comme le rapporte une tradition orale?

Le réalisme à Chabeuil (carte postale et peinture murale)