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1 L’Atelier Bleu Émilie Bouju Ion Cepleanu Jacques Dupuis Stérenn Jaffrelot Éric Jourdan Philippe La Cour Frédéric Poydenot Guillaume Tixier

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  • 1LAtelier Bleu

    milie BoujuIon Cepleanu

    Jacques DupuisStrenn Jaffrelot

    ric JourdanPhilippe La Cour

    Frdric PoydenotGuillaume Tixier

  • Auteurs milie BOUJU, Surfrider FoundationIon CEPLEANU, Mer NatureJacques DUPUIS, Piste SudStrenn JAFFRELOT, CPIE Cte Provenaleric JOURDAN, CPIE Cte ProvenalePhilippe LA COUR, ducation NationaleFrdric POYDENOT, CPIE Iles de Lrins et Pays dAzurGuillaume TIXIER, IFMAN Mditerrane

    Remerciements Les auteurs remercient, pour leur contribution la ralisation de louvrage :

    Valrie RAIMONDINO de la Rgion Provence-Alpes-Cte-dAzurLaurence ERRECADE de lAgence de lEau Rhne-Mditerrane et Corse Franois BRIANCHON de Volia EnvironnementJean-Louis TOURVIEILLE, les matres ressources et les enseignants de lInspection acad-mique des Bouches-du-RhneLes membres du Rseau MerCharly GARANX, Emmanuel PERRIN-HOUDON et Nicolas ROUSSON de NOFWAPCarole DANFOSSY et Mlanie MICHEL dECOREMFranoise JUS, Christophe RINGWALD et Jean-Louis BAUDE du CPIE Cte Provenale

  • 2IntroductIon 6

    PDAGOGIE 8

    A. Travail partenarial enseignant / ducateur environnement 9B. Principes pdagogiques des structures dducation lenvironnement 10C. Autres lments pris en compte dans le dispositif lcole de la mer 11D. Connaissance des caractristiques des enfants 12E. Ancrages de lducation au Dveloppement Durable dans les programmes scolaires 14F. Objectifs du dispositif lcole de la mer 16G. Dmarche pdagogique 17H. Diffrents types dactivits 19

    Regard sur... La Mditerrane 22

    LA MdItErrAnE dHIEr AuJourdHuI 23A. Histoire gologique, formation de la Mditerrane 23B. Caractristiques actuelles de la Mditerrane 24C. Climat mditerranen 26D. Occupation humaine et cultures autour de la Mditerrane 26

    LA MdItErrAnE AuJourdHuI Et dEMAIn 28A. Dmographie, tourisme 28B. La rgion mditerranenne, un laboratoire pour le monde 28C. Dmarches politiques 29D. Dmarches environnementales internationales 29

    D1. La Convention de Barcelone 29D2. La Convention de Berne 29D3. Laccord RAMOGE 29D4. Natura 2000 30D5. La Convention sur la Biodiversit 30D6. Les Aires Marines Protges 30

    LA MdItErrAnE FrAnAISE 31A. Lgislation 32

    A1. La Directive cadre Eau 32A2. La Directive cadre Stratgie Milieu Marin 32A3. La loi Littoral 32A4. La loi de Solidarit et Renouvellement Urbains 33A5. Le Grenelle de lenvironnement 33A6. Le Grenelle de la mer 33

    B. La Gestion Intgre des Zones Ctires : une approche globale et cohrente 34

    SOMMAIRE

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    Regard sur... Lhomme et la mer 36

    dE LIndIVIdu LcoSYStME 37A. tre(s) vivant(s) 37B. Comportements lmentaires 38

    B1. Lalimentation 38B2. La protection 38B3. La reproduction 39

    C. Milieu de vie 39D. Liens entre milieu et espces 40E. quilibres ou changements 40

    SPcIFIcItS MdItErrAnEnnES 41A. Facteurs de vie 41

    A1. La lumire 41A2. La temprature 41A3. La salinit 42A4. Les vents et les courants 42A5. Loxygne 42A6. Les sels nutritifs 42

    B. Quelques cosystmes 43B1. Les herbiers de posidonie 43B2. Le coralligne 43B3. Les petits fonds rocheux 43B4. Le sable 44B5. La pleine eau 44

    C. Regard sur les ressources marines 44C1. Un monde encore dcouvrir 44C2. Localisation de la biodiversit en Mditerrane 45C3. Un dfi relever 45

    LES PoLLutIonS En MdItErrAnE 46A. Les pollutions telluriques 46

    A1. Les rejets urbains ctiers 46A2. Les pollutions dorigine agricole 47A3. Les pollutions industrielles 47

    B. Les pollutions atmosphriques 47C. Les pollutions plagiques 48

    C1. Les pollutions par les hydrocarbures 48C2. Les pollutions par les macrodchets 48

    D. Les autres pollutions et nuisances 50D1. Les introductions accidentelles despces 50D2. Les dgradations lies aux diffrents usages en mer 51D3. La pollution thermique 51D4. La pollution nuclaire 51Exemple de cheminement : Pourquoi y a-t-il des mduses qui mempchent de me baigner ? 52

    Exemples dactivits : Espces protges / Lt, la plage... les mduses 54

    SOMMAIRE

  • 4Regard sur... Le littoral et son urbanisation 56

    un ESPAcE o LHIStoIrE SAccLrE 57A. Du littoral la littoralisation 57B. Tous sur la cte ! 58C. Lartificialisation du littoral 59

    C1. Amnagements lis aux activits humaines 59C2. Consquences sur les cosystmes marins 59C3. Amnagements lis la restauration du milieu 60

    D. Les transports 61D1. Le transport routier 61D2. Le fret maritime 62D3. Quid du ferroutage et du merroutage ? 62

    E. Les dchets 63

    un ESPAcE LIMIt o LES rISQuES SAMPLIFIEnt 64A. Du risque aux risques 64B. Les risques en Provence-Alpes-Cte dAzur 64

    B1. Les risques naturels 64B2. Les risques technologiques 65B3. Les autres risques 65

    C. Le changement climatique 65Exemple de cheminement : Pourquoi ne peut-on pas se baigner aprs un orage ? 67

    Exemple dactivit : Construction dun pluviomtre 69

    Regard sur... Le patrimoine et lhistoire des ports 70

    LE Port, un ESPAcE dE dcouVErtE 71A. Un peu de vocabulaire 71B. Un lieu ouvert qui se referme peu peu 71C. Un lieu de rencontres 72

    C1. Entre terre et mer 72C2. Entre des usages 72

    LE Port, unE HIStoIrE QuI ScrIt dEPuIS dES MILLnAIrES 73A. La navigation pour faciliter le dplacement 73B. Une effervescence qui nourrit 73C. La navigation comme outil de conqute 74D. Les ports dhier aujourdhui 75

    dIFFrEntS tYPES dE PortS 76A. Les ports de pche 76

    A1. Ct outils et tradition 76A2. Ct bateaux et tradition 76A3. Ct organisation traditionnelle de lactivit 77

    B. Les ports de commerce 77B1. Les embarcations spcialises 77B2. Les nouveaux gants des mers 78B3. Le transport de passagers 78B4. Les mtiers lis aux ports de commerce 78

    C. Les ports de plaisance 79C1. Origines de la plaisance 79C2. Les fonctions du port de plaisance 80C3. chacun sa plaisance 81

    D. Les ports militaires 81

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    dES SPcIFIcItS PortuAIrES 82A. Quelques risques portuaires 82B. Des quipements spcifiques 82C. Attache et pavillons 83D. Activits dexploration 83E. Principaux impacts environnementaux lis aux ports 84

    rEGArd cuLturEL : LE PAtrIMoInE PortuAIrE 85A. O commence le patrimoine ? 85B. Le port pour les artistes 85C. Anecdotes de port 85

    C1. Histoire de Sardine 85C2. Histoire danimaux 86

    D. Du plat de pauvre une table de gourmets 86E. Croyance de mer et secrets enfouis 86

    Exemple de cheminement : Si on continue de pcher, un jour il ny aura plus de poissons ? 87

    Exemple dactivit : Lvolution des matriaux dans la petite pche ctire en provence 89

    Regard sur... Les usages en mer et leur organisation 92

    un tErrItoIrE 93

    dES uSAGErS 94A. La mer comme outil de travail 94

    A1. La pche professionnelle 94A2. Laquaculture 97A3. Le transport maritime 98A4. Les structures de loisirs 98

    B. La mer comme loisir 98B1. Sous leau 99B2. Sur le littoral 100B3. En mer 102

    C. Des activits au service de la mer 104C1. Surveillance et scurit en mer 104C2. La protection de lenvironnement 105

    dES uSAGErS Au cur du tErrItoIrE 107A. Quelques repres 107

    A1. Patrimoine 107A2. Dveloppement du tourisme 107

    B. Enjeux 108B1. Pressions dusages sur le patrimoine naturel 108B2. Pressions sur les usages 108

    C. Des outils pour la gestion du milieu 109C1. Le plan de balisage 109C2. La dmarche Ports Propres 110C3. Des chartes et des labels 110C4. Les campagnes de sensibilisation du Rseau Mer 111C5. Les contrats de milieux et les plans de gestion 111Exemple de cheminement : Pourquoi les plages sont-elles sales ? 112

    Exemple dactivit : Dcouverte sensorielle de la plage 114

    concLuSIon 116

    SOMMAIRE

  • 6Mettre en uvre un projet Mditerrane et dveloppement durable pour des lves ncessite de nombreux savoirs et savoir-faire. Quelle est la dmarche suivre ? Quelles sont les caractristiques des enfants selon lge ? Quels sont les liens avec les programmes scolaires ? Quels sont les composants et les enjeux du milieu marin et littoral ? Quels sont les partenaires possibles ? Autant de questions que doit se poser lintervenant ou lensei-gnant pour prparer un projet sur la mer et le littoral.Lobjet du cahier lcole de la mer est dapporter des rponses ces questions. Il incite galement dpasser lapproche environnementale et la connaissance de la biodiversit marine pour imaginer des animations qui abordent dautres problmatiques maritimes.Il sappuie pour cela sur lexprience du dispositif lcole de la mer .

    Le dispositif lcole de la mer a t initi par la Rgion Provence-Alpes-Cte dAzur en parte-nariat avec lducation Nationale, lAgence de lEau Rhne-Mditerrane et Corse et les structures associatives du Rseau Mer. Il sadresse aux classes des coles primaires, de la maternelle au CM2.

    Il sagit dun vritable outil dinnovation pdagogique en raison de la large place accorde la concep-tion dun projet, la collaboration entre enseignant et intervenant, et la diversit des approches pdagogiques et thmatiques traites.

    Linnovation et loriginalit de ce cahier portent sur deux points principaux :

    Cet ouvrage est le fruit dun travail collaboratif entre quatre catgories dacteurs :

    - les techniciens de la Rgion Provence-Alpes-Cte dAzur et de lAgence de lEau Rhne-Mditerrane et Corse,

    - les matres ressources Sciences, Technologie et ducation au Dveloppement Durable de lducation Nationale,- les intervenants des associations du Rseau Mer ducation lenvironnement - des experts de la pdagogie et de lenvironnement marin et littoral.

    Tous ont accept et soutenu le principe de partage de leurs acquis.

    Le Rseau Mer, afin de contribuer efficacement une ducation au dveloppement durable de la mer et du littoral sur le territoire rgional, regroupe lensemble des acteurs agissant dans ce domaine : associations dducation lenvironnement, institutionnels, scientifiques et professionnels du sport et du tourisme. Le fonctionnement en rseau permet dchanger, de mutualiser, et de rflchir en-semble la cohrence des dmarches et des actions mises en uvre. Depuis sa cration en 2002, ce rseau a permis la cration doutils pdagogiques, la mise en uvre de campagnes de sensibilisation de diffrents publics et la rdaction collaborative de documents de rfrence comme ce cahier lcole de la mer .

    INTRODUCTION

    Ecorem (Espace COllaboratif de Ressources dans lducation au Dveloppement Durable sur la M-diterrane) a t cr en 2010. Il a pour objectifs de :

    - favoriser le dveloppement de projets dinformation, de sensibilisation, dducation et de formation relatifs la modification de comportements en milieu marin et littoral mditerranen,

    - contribuer aux changes entre les diffrents acteurs de lducation au Dveloppement Durable sur tout le pourtour mditerranen,

    - favoriser laccs aux ressources scientifiques, techniques et pdagogiques,- mettre disposition une plateforme collaborative tout en assurant une assistance permanente

    distance.

    Cet ouvrage a pour complment un espace projet sur Internet hberg par Ecorem

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    INTRODUCTION

    CommEnt utIlIsEr CEt ouvragE ?

    Le cahier lcole de la mer est organis en plusieurs parties :

    une partie Pdagogie qui prsente des lments de mthodologie : partenariat entre ensei-gnant et intervenant, dveloppement de lenfant, programme scolaire, dmarche pdagogique, etc.

    Cinq chapitres thmatiques sur lenvironnement marin et littoral mditerranen.Ces cinq regards tentent de faire un tour dhorizon du paysage littoral, permettant au lec-teur dlargir sa vision dun projet mer , sans aller ncessairement au fond des choses. Selon les questions que vous vous posez, vous pouvez prendre les chapitres dans un ordre qui vous est spcifique, ou piocher des informations ici et l.- Regard sur La Mditerrane - Regard sur Lhomme et la mer- Regard sur Le littoral et son urbanisation- Regard sur Le patrimoine et lhistoire des ports- Regard sur Les usages en mer et leur organisation

    Des pistes dactionsPrsente la fin de chaque chapitre thmatique, une question dlve se transforme en exemple de cheminement . Suivant la dmarche pdagogique propose, chaque tape est prsente et parfois illustre par une fiche activit .

    Le pendant de ce cahier est lespace projet sur Ecorem, o dautres exemples de chemine-ment et fiches activit sont disponibles ladresse www.ecorem.fr/ecoledelamer. Grce vos tmoignages et retours dexprience, selon un esprit dchange et de collaboration, de mutualisation et de capitalisation, ce site sera encore plus riche et pertinent au fur et mesure des projets mis en uvre.

    Vous pouvez reproduire, distribuer, communiquer et modifier cet ouvrage ( lexclusion des photographies) condition de citer sa paternit, de ne pas lutiliser des fins commerciales et de distribuer la cration qui en rsulte sous une licence identique celle-ci.

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    A. Travail partenarial enseignant / ducateur environnement

    La dmarche dducation au dveloppement durable sera enrichie si une vritable coopration entre lenseignant et lducateur environnement sopre. Il sagit donc de construire un parte-nariat vritablement efficace. Quelques conseils cet effet :

    ConnaIssanCE DEs ComPtEnCEs DE ChaCunBien que la mission de lenseignant et de lducateur renvoient la pdagogie, la pratique et donc les mthodes ne se situent pas au mme niveau. Cette diffrence nourrit cependant le partenariat entre les deux acteurs, sils considrent tous deux quils ont apprendre de lautre.Il est donc primordial dans un premier temps de faire linventaire des comptences de chacun, afin den reprer les complmentarits :

    Comptences de lenseignant :

    - connaissance du public,- connaissance des missions et des spcificits du systme ducatif,- comptences spcifiques lducation Nationale.

    Comptences de lintervenant :

    - connaissances (techniques, scientifiques, pdagogiques spcifiques lduction au Dvelop-pement Durable (EDD), etc.),- comptences spcifiques lduction au Dveloppement Durable, - familiarit avec le site qui permet de mieux lexploiter.

    Chacun peut ainsi enrichir la rflexion globale du projet grce lapport de ses propres comptences ; participer notamment sur le long terme la cration dactions en EDD et la production de documents et doutils.

    DfInItIon CommunE DEs objECtIfsOn peut entrer en partenariat quand on se retrouve sur les mmes valeurs ou convictions (solidarit, plaisir, responsabilit), et/ou que lon partage une vision commune (sur lavenir de notre plante et de lHumanit, sur notre mission pdagogique).Cest partir dun change sur ces ides et envies que doivent tre dfinis ensemble les objec-tifs spcifiques du projet.

    DfInItIon DE la PlaCE Et Du rlE DE ChaCunIl est important de prciser quelle est la relation recherche, partir de :

    - ce que chacun demande et refuse,- ce que chacun peut donner et souhaite recevoir,- des envies et des peurs que chacun exprime.

    Les rponses ces diffrents points peuvent tre formalises par une charte ou un contrat moral, qui dfinit ensuite lengagement et les missions des partenaires. partir du faisable ou non, des limites et des intrts de chacun, on btit ensemble une projection de ce que pourra tre la relation.

    Ces 3 tapes doivent se raliser en amont du projet.

    faIrE vIvrE lE PartEnarIatUn projet partenarial de qualit ncessite de lcoute, de la souplesse et de ladaptation ; il implique le respect de lautre et de son engagement.Il faut aussi y consacrer du temps, trouver un rythme adapt aux rencontres et aux changes, et maintenir le contact.

    valuatIon Du fonCtIonnEmEnt Du PartEnarIatLe projet sera valu, cependant il faut galement prvoir dvaluer la relation mise en place.

    Source : BRUXELLE Yannick, FELTZ Pierre, LAPOSTOLLE Vro-nique. Regards Croiss sur le partenariat. ditions Rseau cole et Nature. 2007.

    BRUXELLE Yannick. Avoir des partenaires ou tre partenaires. Sminaire national Dveloppe-ment durable, croisons nos d-marches, La Rochelle, novembre 2004. (Disponible sur : www.pole-education-environnement/formation/sem2004.php)

    Direction gnrale de lEnseigne-ment scolaire. Le partenariat : pourquoi, avec qui, comment ? (Disponible sur : http://eduscol.education.fr/D0110/partenariat.htm)

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  • 10

    B. Principes pdagogiques des structures dducation lenvironnement

    lautoformatIon (par soi-mme), lhtroformation (par les autres) et lcofor-mation (par le monde vivant), constituent les trois ples de la formation globale dun indi-vidu. Lcoformation est la formation que lon reoit de lhabitat qui nous entoure.Dans le cadre qui nous intresse il sagit de mettre llve en situation de tisser des liens entre lui et lenvironnement littoral et marin. Il est donc primordial de privilgier le terrain.Le rapport formatif que chacun a avec le monde sentretient selon deux modes : lun est objectif, rationnel : nous pouvons effectuer des mesures, observer le littoral, dcrire ses carac-tristiques physiques, expliquer son volution. Pour cela une base de savoirs spcifiques est ncessaire ainsi quun langage commun. Lautre mode est subjectif, symbolique, affectif et personnel. Ici, lmotion et limaginaire sont en jeu. La rencontre avec la mer et le cortge dimages, de sensations quelle donne peut facilement sinscrire dans ce mode formatif.Ces deux formes relationnelles sont indispensables et complmentaires ; le mode rationnel structure le savoir et lmotionnel lui donne sens, motivation et mmorisation.

    lCoformatIon met en vidence lintrt de lalternance des approches pdago-giques objectives (naturalistes ou exprimentales par exemple) avec les approches plus sub-jectives (sensorielles ou artistiques). Cf. Diffrents types dactivits p.19 Pour rpondre cet intrt, il semble important dorganiser des activits de construction des savoirs, dutiliser lapproche scientifique et dalterner dans la mme sance avec des activits favorisant le jeu, la crativit, limaginaire. Il est vident quen fonction de lge des lves et des objectifs fixs, le temps consacr chaque activit ne sera pas le mme.Mnager un quilibre entre les deux modes dapprentissage donne du rythme, de la respi-ration, de la vie et lon peut, dans le mme esprit, alterner les modes de gestion de la classe (grand groupe, petits groupes, activits individuelles).

    laltErnanCE permet aussi de favoriser les interactions constructives entre chaque type dactivits : de la mme faon que les effets de lisire, tudis en cologie, favorisent la biodiversit, les multiples contacts entre activits diffrentes favorisent la construction cogni-tive et la crativit. Lalternance prsente aussi lavantage dadapter plus facilement les activi-ts la diversits des lves, de leurs besoins, leurs capacits et leurs limites.NB : une dmarche pdagogique organisant toutes ces activits permettra de trouver une cohrence et ainsi dviter tout zapping et dispersion.

    En continuant notre cheminement travers les principes de lducation lenvironnement marin nous arrivons la dmarche pdagogique propose dans le cahier lcole de la mer .Elle implique laction, la participation de chacun, et place lautonomie comme objectif mais aussi comme point dappui. Cette pdagogie permet lcoformation et laisse place lalter-nance.

    Source : Alterner pour apprendre, Entre pdagogie de projet et pdagogie de lcoformation - Coordina-tion COTTEREAU Dominique - Les cahiers dcole et Nature, 1997.

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  • PDAGOGIE

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    C. Autres lments pris en compte dans le dispositif lcole de la mer

    Afin que les enseignants et les ducateurs ressources puissent travailler de concert au sein du dispositif lcole de la mer , plusieurs lments dans la dmarche pdagogique appa-raissent particulirement indispensables :

    lIntErDIsCIPlInarIt. En effet, si le thme de la mer peut concerner de manire plus ou moins proche lensemble des disciplines enseignes au niveau scolaire, il parat surtout important de relier les diffrents domaines abords notamment travers le support dun pro-jet. Par exemple, un projet de classe de mer centr sur la pratique de la voile pourra aborder lhistorique de la navigation la voile et mettre en vidence la prsence dlments historiques dans la pratique actuelle (histoire/technique), ou bien comparer limpact environnemental des diffrents instruments et techniques utiliss (technique/cologie), ou encore la vitesse relative des diffrents types de bateaux et les units de mesure employes (technique/physique/math-matique).

    la multI-rfrEntIalIt. Dautre part, les pratiques lies aux usages du milieu marin (comme pour les autres milieux) peuvent souvent faire apparatre des antagonismes ou des conflits. Afin de favoriser une comprhension la plus objective possible des difficults ren-contres dans la gestion du milieu, il semble souhaitable dans un projet ducatif de solliciter les tmoignages de personnes ressources diversifies : pcheurs, plaisanciers, naturalistes... La diversit des apports permettra dapprhender la complexit des situations. Elle pourra aussi conduire cerner les notions dobjectivit, de subjectivit et invitera chacun se construire sa propre opinion.

    lE PartEnarIat. Pour les mmes raisons, il parat intressant dassocier dans un mme projet plusieurs partenaires ayant des approches diffrentes. La complmentarit entre ducateur lenvironnement et enseignant peut tre enrichie par le travail avec un artiste (plasticien ou comdien par exemple) ou bien encore un chercheur ou un technicien ayant une expertise concernant les thmatiques abordes dans le projet ducatif. Cependant, la diversit suppose aussi un travail de coordination pour la mise en cohrence des interventions de chacun. Cest pourquoi le partenariat ncessite une concertation la plus troite possible en amont dun projet.

    Liste non exhaustive de partenaires potentiels spcifiques au milieu marin :

    - Partenaires usagers : prudhomie de pche et pcheurs, Socit Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM), associations sportives, fermes dalevinage et/ou daquaculture.

    - Partenaires techniques : capitaineries de port, stations nautiques, Fdration des Industries Nautiques (FIN), Institut Franais de Recherche et dExploration de la Mer (IFREMER), Institut Franais de lEnvironnement (IFEN), Centre dOcanologie de Marseille (COM), station zoologique de Villefranche-sur-Mer, Agence des aires marines protges, Rseau des espaces naturels, muses de la mer, aquariums.

    - Partenaires institutionnels : services mer et environnement des collectivits territoriales, gestionnaires de ports, port autonome, Conservatoire du littoral, Rivages de France, Direction Interrgio-

    nale de la Mer (DIRM), Direction Rgionale de lEnvironnement, de lAmnagement et du Logement (DREAL), Agence de lEau, Marine nationale.

    Au niveau des personnes ressources ou partenaires techniques , on oublie souvent les ascendants (parents ou grands-parents qui ont pu tre pcheurs ou embarqus dans la marine marchande, etc.). On peut aussi imaginer une grande surface et son rayon produits de la mer ou une poissonnerie (afin de voir et connatre les filires dappro-visionnement, les produits, lorigine, le conditionnement, etc.).

    En rsum, favoriser lancrage territorial et affectif constituera une dmarche plus aise que de solliciter une institution maritime.

    Lenseignant qui porte le projet doit en outre sassurer que la dmarche pdagogique sancre dans les programmes de lducation Nationale et sappuie sur le socle de comptences com-munes que les lves doivent acqurir la fin de chaque cycle. Le contenu de ces comptences communes est dtaill dans la partie E. de ce chapitre. La dcouverte et lappropriation de la notion de territoire littoral dans ses composantes ter-restres et marines apparaissent donc dans le projet comme lespace sur lequel lenseignant et les intervenants vont dvelopper chez les lves ce socle de comptences communes.

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  • 12

    D. Connaissance des caractristiques des enfants CyClE 1

    Dveloppement psychomoteur :La spontanit, lnergie et linfatigabilit caractrisent lenfant de 3 5 ans. Il semblerait que lacquisition de la marche soit un formidable moyen dinvestigation et mme daction.Lenfant a par exemple lenvie et la capacit dimiter les gestes et dplacements des animaux.Il a besoin de changer frquemment de type dactivits, sa capacit de concentration tant courte. partir de 5 ans, il possde toutes les coordinations motrices.

    Dveloppement intellectuel :Pour cette tranche dge, la capacit dabstraction nest pas acquise, comme la facult de faire la distinction entre vivant et non vivant. Les objets sont personnifis.Lenfant commence par contre comprendre quun objet na pas disparu quand il ne le voit plus.Il sintresse essentiellement au prsent et son environnement trs proche.

    Dveloppement social :Lenfant est centr sur lui-mme, il agit et joue seul au milieu des autres.Des activits de groupe sont possibles, mais des fins individuelles.

    Dveloppement symbolique : Le jeu, caractre essentiellement rptitif, prend une grande place dans le rapport au monde.Limagination dun enfant de cet ge est importante : il aime les histoires, les livres dimages.

    Conseils pratiques :

    Du fait de ces caractristiques il est intressant de mettre en place des squences trs courtes et dalterner la forme de ces squences (activit physique, dessin, conte).Il est intressant de favoriser la manipulation (puzzles par exemple) et la dcouverte par les sens.Le conte, les comptines ou le mime sont des supports adapts.Les activits dites sensibles paraissent prioritaires. En effet, le dveloppement des percep-tions sensorielles nourrit llaboration de la rationalit et prpare donc la pratique ultrieure dautres activits plus intellectuelles ; les motions du jeune ge sont particulirement intenses et peuvent tre rgules ou panouies travers de telles pratiques.

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    Dveloppement psychomoteur :La capacit de concentration est un peu plus longue. Il est possible pour lenfant de reproduire une scne, vcue ou lue, sous forme de dessin.

    Dveloppement intellectuel :La pense est davantage lie au rel et au concret.Lenfant peut utiliser et mmoriser des lments rationnels : nombres, poids, volumesIl est capable dordonner des objets.

    Dveloppement social :Les jeux collectifs sont possibles, les rgles sont plus facilement comprises et respectes.

    En savoiR pLus :Les cycles 1, 2 et 3 recouvrent plusieurs niveaux de classes pour davantage prendre en considration les dcalages dapprentissage entre les lves ds aux diffrences de maturit.

    Cycle 1 : de la petite section jusquau premier trimestre de la grande section

    Cycle 2 : du second trimestre de la grande section jusquau CE1

    Cycle 3 : du CE2 au CM2

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  • PDAGOGIE

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    Dveloppement symbolique :Les temps de travail et ceux de jeu sont bien diffrencis.Pour lenfant de cet ge, le rapport lenvironnement se construit surtout partir de ses propres jeux.

    Conseils pratiques :

    Les squences doivent tre encore courtes.Ne pas hsiter utiliser le dessin, notamment pour le recueil des reprsentations ou les resti-tutions. Cf. Dmarche pdagogique p.17Il est possible de classer diffrents objets, comme des rcoltes, ou images, selon diffrents critres (vivant ou non vivant par exemple).Les rythmes naturels peuvent tre abords.Favoriser lobservation, la recherche dobjets et dimages. Il est pertinent de travailler sur la diversit des paysages.Les jeux libres (sur une plage par exemple) sont intressants pour la dcouverte personnelle de lenvironnement. Favoriser les sorties, les balades, les activits de pleine nature sur terre et en mer.En lien avec les activits sensibles, la dimension imaginaire est ici particulirement intres-sante. Ainsi, il est possible dintroduire une activit, ou de relier une succession dactivits par un conte ; ou alors de favoriser lintgration des dcouvertes ralises travers linvention de contes par les lves.

    CyClE 3

    Dveloppement psychomoteur : La coordination des mouvements et leur prcision sont augmentes, la force et lendurance galement.

    Dveloppement intellectuel :Cet ge est caractris par lapparition du raisonnement logique et de la capacit de concep-tualisation.

    Dveloppement social : Lenfant sintresse aux autres, lentraide et aux problmes environnementaux. Il sappro-prie les valeurs des adultes. Il est trs sensible linjustice et la souffrance.

    Conseil pratiques :

    Les activits de terrain et de pleine nature sont pratiques plus facilement.Des temps dchanges, de dbats (notamment sur la citoyennet) deviennent pertinents.Les enfants de cet ge sont sensibles la cohrence entre le dire et le faire, surtout de la part dun adulte, dun ducateur.Les approches scientifique et exprimentale sont les bienvenues puisque le raisonnement lo-gique est acquis.Lapproche systmique est galement adapte cette tranche dge. Le rle et la place des tres vivants, les notions de chane alimentaire et de rseau trophique, par exemple, peuvent tre dcouverts par des jeux de groupes puis explors, tudis, approfondis. La plupart des types dactivits savrant possibles, il semble intressant den utiliser toute la diversit et de les associer au sein de projets ou squences. Ceci afin de bnficier dinterac-tions constructives entre les diffrents modes de fonctionnement cognitif.

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    E. Ancrages de lducation au Dveloppement Durable dans les programmes scolaires

    Lobjectif de lapprentissage primaire est daboutir en fin de cycle 3 une approche du concept de dveloppement durable, en sappuyant sur les enseignements disciplinaires (histoire, gogra-phie, sciences exprimentales et technologie) et sur le domaine transversal de lducation.

    CyClE 1Dcouverte du monde, du vivant : les enfants sont sensibiliss aux problmes de lenvironne-ment et apprennent respecter la vie.

    thme : le monde du vivant

    Comptences : diffrencier les tres vivants des lments non vivants. Identifier les diffrences conduisant une premire approche de la notion despce.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : sorties pdagogiques dans lenvironne-ment littoral et marin, rcolte de laisses de mer, utilisation dune cl de dtermination simple.

    thme : dcouvrir lenvironnement proche

    Comptences : explorer, reconnatre et dcrire quelques aspects de lenvironnement proche. Comparer les lments prlevs dans le milieu environnant et les trier. Observer les transforma-tions du paysage.Identifier les marques de lactivit humaine dans le paysage. Identifier les nuisances du cadre de vie. Grer lenvironnement.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : observation du paysage littoral et ses spcificits voluant selon les saisons et selon laction humaine (urbanisation, amnagements de ports et de zones daccueil). Vigilance sur les ngligences humaines pouvant tre nfastes cet environnement (pitinements abmant la vgtation, dtritus laisss ngligemment).

    thme : prendre conscience de la richesse de son cadre de vie et des dangers possibles

    Comptences : identifier les ressources et les nuisances du cadre de vie.Sensibiliser aux dangers de la vie quotidienne. Respecter et appliquer des rgles de vie simple. Prendre et partager des responsabilits au sein du groupe.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : apprendre les gestes quotidiens destins protger le littoral, veiller lattention sur les dangers possibles, rendre sensible la qualit de lenvironnement : rcolte oriente, observation damnagements, nettoyage dune plage.

    CyClE 2Dcouverte du monde, de lespace et du temps : les lves comparent des milieux familiers (classe, cole, quartier) avec des milieux et des espaces plus lointains ; ils prennent conscience de lvolution des modes de vie. Dcouverte du monde, du vivant, de la matire et des objets : les enfants comprennent les inte-ractions entre tres vivants et environnement et apprennent respecter lenvironnement.

    thme : les tres vivants dans leur milieu

    Comptences : identifier les composantes et les relations au sein dune chane ou dun rseau alimentaire. Comprendre la nature des relations qui unissent un milieu de vie et les tres qui le peuplent. Respecter la fragilit des quilibres observs dans un milieu de vie. Comprendre que, pour vivre, lHomme prlve des ressources dans lenvironnement.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : le dveloppement des tres vivants, comparer et classer les tres vivants, les rgimes alimentaires, les sources de lalimentation hu-maine, les consquences de la pollution sur lenvironnement, la protection des espces menaces dextinction.

    thme : classes de dcouverte

    Comptences : tudier lenvironnement proche de lcole pour en dcouvrir les composantes. Rflchir aux consquences positives et ngatives des interventions de lhomme sur son envi-ronnement.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : les lves ont acquis des comptences afin dobserver, dcrire et interprter leur environnement proche. Ils les appliquent dans un

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    nouvel espace. Ils recherchent les diffrences et les similitudes. Ils apprennent identifier dans ce nouveau paysage des constantes et des nouveauts dutilisation de lespace par rapport leur environnement de rfrence. Ils construisent une approche comparative partir de constats raisonns. Lvolution du paysage dans le temps peut faire lobjet dune enqute (comparaison de cartes postales, rcits de diffrentes poques, tmoignages, ).

    thme : rflchir ensemble sur les consquences de lintervention de lhomme sur son envi-ronnement

    Comptences : apprhender le concept de vie. Dvelopper une attitude responsable travers des situations vcues. Prendre conscience de son appartenance un groupe et adhrer des rgles de vie. Prendre conscience de lartificialisation croissante des environnements et de la ncessit, pour les socits, de se protger des risques naturels.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : visiter un aquarium, pcher, etc. Ltude du milieu local offre lopportunit de dcouvrir, dtudier, de sinterroger sur les faons de grer le milieu marin ou les moyens dviter les nuisances et les dangers. Faire dcouvrir aux lves la complexit de la gestion de lenvironnement en approchant concrtement les problmes (rduc-tion des ressources marines, traitement des eaux uses). Faire dcouvrir aux lves les ralits des risques naturels (raz de mare, cyclones, temptes, scheresses...) et les faons de sen protger.

    CyClE 3Comprhension et description du monde rel, naturel et faonn par la main de lhomme. Com-ment agir sur lui, quels changements sont induits par lactivit humaine, comment les matriser ?

    thme : lcosystme et la place de lhomme dans la nature

    Comptences : prendre conscience des consquences de lintervention humaine sur ses envi-ronnements. Prendre conscience de la complexit et de la fragilit de lenvironnement travers lanalyse sommaire du fonctionnement dun cosystme

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : nature et sant, chanes et rseaux ali-mentaires, adaptation des tres vivants aux conditions du milieu, tude simplifie dun co-systme, effets de lactivit humaine sur lenvironnement, notions despces et de biodiversit (synthse de tous les acquis antrieurs).

    thme : tudes portant sur lamnagement du territoire

    Comptences : identifier le rle de lhomme dans la transformation du paysage. Prendre conscience des consquences de lintervention humaine sur les transformations et/ou la construc-tion des environnements.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : lamnagement de lespace littoral (construction dun port, amnagement dune zone daccueil, etc.) est loccasion dapprendre comprendre les enjeux territoriaux et donc lvolution du paysage. Dj sensibiliss la lecture des paysages (observer - dcrire interprter - comparer), les lves engagent une approche plus analytique : quel est le type damnagement, pourquoi et pour qui le raliser, comment ? Quelles modifications sont et seront apportes au paysage et aux utilisateurs (hommes, faune et flore) de cet espace ? Les rles des diffrents acteurs (lus, associations, services publics, entrepreneurs, etc.) sont identifis, des divergences peuvent tre releves. Mise en perspective de lespace local avec les espaces plus larges : rgion, pays, Europe, monde.

    thme : tre citoyen responsable dans sa commune et souvrir au monde

    Comptences : respecter les lieux de vie, les sites frquents et sen sentir responsable collec-tivement. Comprendre leur amnagement. Prserver les ressources et construire des cadres de vie agrables pour les gnrations futures. Faire prendre conscience du caractre mondial de nombreux problmes et duquer la solidarit.

    Pistes pdagogiques et activits en liaison avec lEDD : les lves seront invits sinterroger sur lenvironnement marin : pollution visuelle, pollution chimique, risques majeurs. Ils pourront participer llaboration de chartes de vie collective sur linitiative de lcole, de la commune. Ltude des zones urbaines et littorales conduira galement sinterroger sur la ncessaire prise en compte de lenvironnement et des autres contraintes (amnagements pour les loisirs et le tourisme, rpartition des lieux dhabitation). Ils pourront manipuler un instrument de mesure pour diagnostiquer une situation. laborer des projets technologiques consacrs aux sources dnergie de la mer. Consacrer des tudes aux grandes ingalits entre les rgions dans le globe (sources dnergie et ressources halieutiques par exemple).

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    F. Objectifs du dispositif lcole de la mer Lducation au Dveloppement Durable ncessitant par nature une prise en compte globale des relations entre les humains et leur lieu de vie, la dtermination dobjectifs clairs et acces-sibles est particulirement complexe. En effet, les objectifs trs gnraux peuvent paratre trop abstraits, trop larges et loin des ralits quotidiennes. Quant aux objectifs plus prcis ou oprationnels, ils risquent dentraner une vision rductrice et conduire des apprentissages superficiels. Mais cest prcisment dans larticulation entre les diffrents niveaux dobjectifs et travers la cohrence entre ceux-ci que les activits ducatives montreront toute leur per-tinence.

    On peut ainsi distinguer deux niveaux dobjectifs :

    - les objectifs gnraux de lEDD concernent la plante et lhumanit de manire globale ; elle vise ltablissement de relations quilibres entre les hommes et leur environnement : prservation de la biodiversit, respect de la vie et panouissement humain. ce niveau de gnralits, les objectifs sont communs tous les domaines de lEDD, mais peuvent prsenter aussi des spcificits qui leur sont propres. Ainsi, la richesse et la fragilit du milieu littoral ou la dimension internationale du milieu marin peuvent conduire privilgier certains domaines. Par ailleurs, de tels objectifs permettent difficilement une valuation cible et court terme. Cest seulement de manire indirecte et trs globale que lon pourra avoir une ide de limpact des actions ducatives. Ce sont donc seulement des indicateurs de direction, de la mme faon que ltoile polaire ou la boussole, qui nous permettent de nous orienter, ne nous indiquent pas prcisment le chemin.- les objectifs oprationnels permettent de raliser des actions concrtes qui facilitent les ap-prentissages des comptences de fin de cycle. Ils ont une porte plus limite dans le temps et dans les effets obtenus, mais constituent souvent un appui qui permet la fois de stimuler la motivation et dapprhender lenvironnement de manire directe. Les comptences vises concernent davantage les individus et permettront de progresser vers les objectifs dfinis ci-dessus.

    RfLExion suR LEs objEctifs :

    La connaissance oprationnelle du milieu marin (savoirs et savoir-faire) ne suffit pas pour acqurir une attitude de respect et de res-ponsabilit vis--vis de ce milieu (savoir-tre). Inversement, tre convaincu par des valeurs de respect de lenvironnement ne suffit pas en viter la dgradation car de nombreuses perturbations des milieux ont souvent lieu par ignorance ou en croyant bien faire. Les connaissances concernant lenvironnement tant innombrables, le choix des plus pertinentes mrite gnralement une rflexion ap-profondie.On peut notamment sassurer de la cohrence entre les diffrents niveaux dobjectifs. Pour cela, il parat utile dinterroger les liens entre chaque niveau :

    - En quoi la connaissance du nom dun tre vivant ou de sa biologie (objectif oprationnel) est-elle utile pour comprendre la fragilit dun cosystme (objectif gnral) ?

    - En quoi la notion dcosystme permet-elle une responsabilisation de lindividu par rapport son environnement (objectifs gnraux de lEDD) ?

    Dans certains cas, les liens mis en vidence sont trs indirects ou peu pertinents. Un tel questionnement permet donc daller lessen-

    tiel et de ne pas se perdre dans des lments oprationnels mar-ginaux. Ainsi, mme si la connaissance de certains vgtaux comme la posidonie peut jouer un rle essentiel dans la comprhension dun cosystme littoral, le fait de retenir les noms des vgtaux ou animaux marins (savoir oprationnel) parat moins essentiel que la capacit se servir dun guide didentification (savoir-faire gnral) permettant de retrouver un nom lorsquon en a besoin.

    De la mme faon on peut interroger la cohrence entre les m-thodes utilises et les objectifs viss. Le fait dutiliser pour la dcou-verte du milieu un matriel polluant est-il compatible avec un objectif de sensibilisation aux risques lis la pollution ? Le fait de prlever un vgtal rare pour lobserver est-il un exemple pertinent pour abor-der les questions de biodiversit ? Dans quelles conditions la capture temporaire dun animal marin est-elle propice au dveloppement dune attitude de respect des tres vivants ?Les rponses de telles questions ne sont pas toujours simples. Ce-pendant, elles peuvent non seulement tre dbattues ds lamont du projet ducatif par les adultes concerns, mais tre aussi abordes avec les lves au cours des activits, de faon mener une rflexion thique sur la relation entre les humains et leur milieu de vie.

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    G. Dmarche pdagogiqueLes activits dducation au dveloppement durable prendront du sens si elles sont inscrites dans un projet. Pour cela, diffrents niveaux de projet peuvent tre envisags, gnralement embots les uns dans les autres : projet dcole, projet de classe, projet de sjour de dcou-verte, etc. Le projet lcole de la mer devra donc tre ancr dans les disciplines et en lien avec le projet dcole.

    La dmarche propose dans le cahier lcole de la mer permet : - dassocier diffrents types dactivits de manire complmentaire (enqutes, observations,

    dterminations, recensements) et de les relier aux diffrents champs disciplinaires scolaires,- de favoriser lautonomie des lves qui participent activement leurs apprentissages,- de comprendre son environnement et se construire comme futur citoyen pour participer la

    gestion du territoire. Cf. coformation p.10 Cette dmarche est en adquation avec les instructions officielles du ministre de lducation Nationale. Elle permet une adaptation chaque niveau de classe, au territoire et aux diff-rents thmes proposs.

    Voici les tapes proposes :

    taPE 1 : sItuatIon DE DPartOn peut aussi lappeler situation dclenchante ou immersion. Elle a pour vocation dveiller la curiosit des lves pour le territoire littoral et marin. Les lves sont en premier lieu invits exprimer leurs reprsentations ou conceptions ini-tiales, avec lobjectif dvaluer ltat de leurs connaissances sur le territoire tudi. Ce recueil des reprsentations peut se faire sous forme de dessin, de texte ou dobjets apports par les lves. Il sagit dune trace mmoire , individuelle, qui permettra terme une auto valua-tion de llve, mais galement une valuation par lenseignant. Plus tard dans lavance de la dmarche, de nouvelles traces crites intermdiaires, qui seront reformules et collectives, permettront dvaluer lvolution des perceptions et de les rguler. Au terme du travail, lvo-lution des reprsentations individuelles et collectives permettra darriver une trace crite institutionnelle qui sera plus juste et aura une validit scientifique. Llve, acteur de ses apprentissages, peut ainsi se structurer. Une exploitation de ces reprsentations associe une phase dimmersion permet lensei-gnant de faire merger une ou plusieurs questions productives. Limmersion peut seffectuer par une sortie, la projection dun film, lintervention dune personne ressource, un album, un conte, ltude dun article, etc.

    taPE 2 : laboratIon Dun quEstIonnEmEnt lissue de ltape prcdente, un inventaire des questions est ralis. La prise de note au cours de lactivit dimmersion peut aussi enrichir ce recueil car des questions ou ides peuvent venir pendant laction et risquent dtre oublies ensuite. Un travail dlaboration collective permet de prciser les questions et de les formuler de faon ce quelles permettent des rponses de la part des lves.

    taPE 3 : mIssIon DEs hyPothsEsLes lves formulent des rponses qui sappuient sur leurs reprsentations :

    - Formulation orale ou crite, encourage et valorise par le matre (attention, il faut rester dans une dimension de faisabilit : matriel, moyens disposition, dontologie, comptences des lves, dure), des propositions et des prvisions des lves.

    - vocation verbale ou gestuelle dune action mettre en uvre pour les maternelles (ou pour les plus grands, dune succession dactions).

    - Formulation orale ou crite par les lves de leurs prvisions : Que va-t-il se passer selon moi ? (Et pour les plus grands : pour quelles raisons ? ).Cette tape prend en compte des lments de rponse recherchs et labors en individuel, en petits groupes ou collectivement : ce sont des solutions provisoires vrifier (hypothses).Il sagit bien l de rsoudre une situation problme et non de rpondre une difficult (qui naurait mobilis que des comptences dj acquises).

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    taPE 4 : aCtIvIts DInvEstIgatIonLes activits dinvestigation peuvent seffectuer de plusieurs faons : on observe, on exprimente, on se documente, on enqute, on modlise.

    Le travail partenarial prpar en amont est prpondrant ce moment-l pour que lducateur lenvironnement propose ses comptences et les activits permettant cette investigation.

    Parmi les critres pouvant orienter la suite des activits, on peut citer :

    - La prise en compte des rponses individuelles ou par groupe. Prvoir de mener plusieurs actions ou recherche en parallle de faon tenir compte des motivations de lensemble des participants.

    - la cohrence avec les objectifs et programmes ducatifs, de la progressivit des apprentissages,

    - ladquation avec le projet dcole et/ou de cycles dans les-quelles elles sinscrivent,

    - la faisabilit (ressources locales, accs, par exemple).

    La prsentation de linvestigation, sous diverses formes, per-met une confrontation au savoir. Le niveau dexpertise sera propos partir de documents crits et/ou du savoir des adultes prsents cette tape de la squence.Si la ou les rponses sont en adquation avec le savoir tabli on fait le point sur le parcours suivi.Si la ou les rponses ne sont pas valides par le savoir tabli :

    - on fait le point sur le parcours suivi,- on recherche les causes dun ventuel dsaccord : analyse

    critique des expriences faites et proposition dinvestiga-tions complmentaires.

    taPE 5 : sItuatIon fInalE

    valorisation Ces rsultats peuvent tre partags avec lentourage travers une activit de restitution. Choi-sir un ou des moyens de communication (si possible interactif : jeu, exprience dmonstrative, spectacle), raliser les supports matriels correspondants et proposer un temps de partage aux autres lves de la classe (dans le cas de travaux en sous-groupes), aux autres classes, aux parents, ou aux habitants du quartier... Autour des ralisations (dune maquette, dune exposition, dun aquarium, etc.), la communi-cation pourra tre davantage dveloppe. Cette tape prsente diffrents intrts :

    - favoriser lintgration des comptences acquises,- dvelopper la dimension co-citoyenne du projet, - stimuler les capacits dexpression et la crativit, la coopration et le travail en quipe.

    valuationLvaluation du projet portera non seulement sur les apprentissages raliss et sur les rsultats de laction ou de la recherche, mais aussi sur le vcu des participants pendant le projet et sur les comptences dveloppes dans sa mise en uvre. Pour cela, elle sera rflchie par les adultes ds le dbut du projet lors de llaboration des objectifs et partir des conceptions initiales des lves.Il est ncessaire de prvoir au moins un temps dvaluation dans la prparation et un autre temps au terme du projet pour en analyser lefficacit et lefficience.

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    H. Diffrents types dactivitsLes activits ducatives peuvent tre catgorises en diffrents types, mme si cette dmarche prsente un caractre forcment rducteur. En effet, dune part il existe de nombreux recoupements entre les catgories : par exemple, une activit physique de pleine nature peut tre ludique, une activit scientifique peut faire appel aux sens, notamment travers lobservation ; quant la dimension motionnelle (lie la dcouverte), si elle est particulirement prsente dans les activits sensibles, elle peut aussi concerner tout type dactivit dapprentissage. Dautre part, il est intressant, au cours dun mme projet, dassocier ces diffrentes activits de manire complmentaire. Cependant, le fait de nommer les activits en identifiant leurs spcificits permet de raliser des choix en fonction des objectifs viss et donc dalterner les diffrents types au cours du projet. On peut par exemple dmarrer la phase dveil avec des activits ludiques et/ou sensibles pour stimuler la motivation et la curiosit des lves, puis effectuer un travail de recherche avec une activit scientifique et conclure avec la ralisation dune cration collective, travers une activit littraire ou artistique, pour favoriser le rin-vestissement et lintgration des connaissances acquises.

    lEs aCtIvIts DobsErvatIon Et DE DCouvErtEIl sagit davoir un contact direct et concret avec le bord de mer, la flore des dunes, les algues... Observer finement, couter avec attention, toucher les lments naturels doit permettre de les identifier, de les reconnatre, de les classer, de les rpertorier. Lapproche naturaliste rapproche lenfant de la nature, lui donne loccasion de mieux la connatre, mieux la comprendre.Elles peuvent se situer diffrents niveaux de la dmarche :

    - En dbut de programme : cre un vcu collectif, une dynamique de groupe, une situation dclenchante.

    - En milieu : rythme le projet, redynamise les lves, rpare ou prcise le questionnement. - En presque fin exprimente les hypothses, valide certaines reprsentations.- En fin : participe lvaluation des acquis, rexploite une comptence acquise dans un

    autre contexte ou une situation nouvelle.

    lEs aCtIvIts sCIEntIfIquEs (plutt cycle 3)Les activits scientifiques permettent de complter certaines activits naturalistes. Il sagit dobserver des phnomnes et de tenter de les comprendre, de les expliquer. Pour cela, des hypothses sont mises. Une recherche est entreprise par les lves. Les rsultats de cette recherche confirment ou infirment ces hypothses. Une conclusion simpose sur lexplication du phnomne tudi. Lorsque la recherche dbouche sur une exprience mise en place par les enfants, on parle dapproche exprimentale.Par ce type dactivits, llve se trouve dans une situation o il construit son savoir plutt quon le lui transmette. Cette approche utilise une dmarche qui dveloppe le sens du raison-nement et de la critique.

    lEs aCtIvIts sEnsIblEsLes sens et plus gnralement la sensibilit interviennent dans la plupart des actions de notre vie, et donc dans la plupart des activits pdagogiques. Cependant, il est possible et souhai-table de mettre en uvre des activits spcifiquement consacres cette dimension de lindi-vidu, de faon favoriser un apprentissage et un dveloppement conscient des facults.En effet, nos sens sont gnralement utiliss de manire spontane et inconsciente. Les images, les sons, les odeurs, les sensations nous parviennent et nous influencent sans que nous ne nous en rendions toujours compte. Or, concentrer notre attention sur ces lments permet :

    - dapprofondir lacuit et la prcision de ces perceptions,- de slectionner les informations qui nous sont les plus utiles (selon des critres et objectifs

    choisis),- denrichir les capacits sensorielles correspondantes,- de raliser comment nos perceptions influencent notre comportement, et donc de rajuster

    ventuellement notre faon dagir.

    Lveil des sens constitue un des champs dapprentissage primordiaux pour les lves les plus jeunes (cycles 1 et 2). Cependant, le dveloppement de nos facults sensorielles continue tout

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    au long de la vie et peut donc tre poursuivi ultrieurement. Ainsi, le fait davoir particip des activits sensorielles peut constituer une prparation toute autre activit ncessitant lusage de ses sens :

    - activits scientifiques (dveloppement des capacits dobservation),- activits artistiques (apport dlments utiliss dans la cration),- activits sportives (dveloppement des capacits dadaptation motrice son environnement),- ...

    Par ailleurs, les impressions apportes par les sens vont alimenter nos ressentis intrieurs. Inversement, nos sens, de mme que tout notre fonctionnement mental, sont influencs par nos motions et sentiments. Cest pourquoi il parat essentiel de prendre en compte la dimen-sion motionnelle lors des activits dapprentissage.En effet, lmerveillement produit par la dcouverte du milieu marin peut stimuler la motiva-tion pour en connatre les lments et en comprendre le mode de vie ou de fonctionnement. Au contraire, la peur dun animal peru comme dangereux ou dun milieu semblant hostile peut gnrer une attitude de fermeture et un rejet des sujets abords par lducation lenvi-ronnement. De plus, comme le souligne Franois Terrasson (dans son ouvrage La peur de la Nature Ed. Sang de la terre), il semble que nos peurs inconscientes des lments de la nature soient lorigine de nombreux comportements destructeurs de la nature. Le fait dexprimer ses peurs, afin de pouvoir les apprivoiser, peut donc contribuer non seulement faciliter lmergence dune envie dapprendre, mais aussi amorcer un changement de comporte-ment vis--vis de son environnement. Le milieu marin littoral, caractris par une biodiversit importante et une certaine violence des lments, laisse rarement indiffrent. Les activits sensibles, en favorisant lexpression des ressentis, pourront donc permettre la stimulation et la ddramatisation du rapport lenvironnement et faciliter le bon droulement des autres types dactivits ducatives.

    lEs aCtIvIts artIstIquEsLa sensibilit constitue aussi la source de la crativit et de limaginaire. En effet, la cration artistique est base sur lexpression et le partage dmotions, travers un support technique li lutilisation de nos diffrents sens : la musique pour loue, la peinture ou le dessin pour la vue, la sculpture pour le toucher, etc. On pourrait donc inclure les activits artistiques dans les activits sensibles et les utiliser non seulement au dbut du projet en phase dveil, mais aussi en fin de projet, associes une restitution des travaux de recherche raliss. Parmi les diffrents supports dexpression artistique, les activits littraires, compte tenu de limportance de lcrit dans le parcours scolaire, tiennent une place de choix.Elles peuvent se situer diffrents niveaux dans la dmarche pdagogique :

    - comme situation dclenchante par la lecture dun album ou dun roman afin dveiller la curiosit des lves et leur permettre ultrieurement de confronter le rcit au savoir tabli.

    - comme support dinvestigation par lutilisation de livre documentaire (lappropriation de comptences de recherche et de lecture documentaire, telle que lutilisation de la premire de couverture, de la quatrime de couverture, du sommaire, de lindex, de la table des matires sont indispensables pour viter le copier/coller)

    - comme support de confrontation au savoir tabli.

    lEs aCtIvIts PhysIquEs DE PlEInE naturELes randonnes pdestres au bord de mer, la pratique de la voile, du kayak de mer, de la planche voile, de la randonne palme sont autant de supports dducation au dvelop-pement durable.Ces activits servent de supports de nombreuses acquisitions comme le dveloppement de la motricit et des rflexes, le respect des rgles de scurit, le respect des autres ou la respon-sabilit face au risque. En ducation lenvironnement, en plus des intrts cits, ces activits peuvent rvler dautres facettes. En effet, elles permettent une immersion totale dans le milieu, une rencontre complte et vraie avec la nature. Elles sont loccasion de dcouvrir les lments naturels, leur beaut, leur fragilit, les sensations quils donnent, leur ventuel danger. Les motions provo-

    Sites ressources :

    http://cddp85.crdp-nantes.fr/ftp/journee_dep_edd/accueil-DevDur.htm http://www.ricochet-jeunes.org/arcparuthem.asp?id=291

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    ques peuvent mme pousser lenfant approfondir sa connaissance du milieu. Elles rpondent au principe dcoformation.Ces activits auxquelles les lves adhrent sont souvent la trame, le prtexte dautres ap-proches ludiques, naturalistes, sensorielles, sensibles Elles permettent une bonne alternance, un rythme, une respiration.Au-del de cela, ces activits, menes dans le cadre de lducation lenvironnement, per-mettent de favoriser une prise de conscience concernant la ncessit de protger les sites de pratique. Elles peuvent induire en tout cas une rflexion dans ce sens et dboucher, par exemple, dans le cadre de lcocitoyennet, sur lcriture commune dune charte pour une pratique de tel sport avec le moindre impact sur lenvironnement .

    lEs aCtIvIts luDIquEs DuCatIvEsEn premier lieu on peut dire que les activits ludiques sont pratiques pour donner envie dapprendre. Dautre part le jeu est une initiation. En jouant, les enfants imitent et simulent, transposent la ralit. Au-del de limitation, ils ont besoin dimaginer. Cette alternance per-met une certaine cration, notamment dhistoires.Cette approche permet aussi dapprendre couter, de comprendre et de respecter des consignes. Les activits ludiques, notamment les jeux collectifs ou coopratifs, favorisent un travail sur le groupe en termes de participation, responsabilisation, intgration

    les jeux dimitation (plutt cycles 1 et 2)Parce quil doit se construire, le jeune enfant est en recherche permanente de modles. De limitation lappropriation, lenfant peut acqurir de nouveaux savoir-faire et aller vers une plus grande autonomie.

    les jeux de rglesLa plupart des jeux comprennent une ou plusieurs rgles plus ou moins fixes. Lenfant peut ainsi en jouant tester sa capacit accepter, se conformer des rgles sociales. Le jeu apprend respecter lautre quand il est considr comme adversaire et rechercher la complicit et la solidarit envers ses quipiers. Les jeux participent la socialisation.

    les jeux de rle (plutt cycle 3)La simulation permet dadopter un point de vue diffrent et de sexercer au changement dattitude voire de comportement. Par ce type de jeu lenfant dveloppe des comptences transversales, la capacit dcoute, dexpression orale, de recherchesCes activits permettent une vision globale et linterdisciplinarit. Elles confrontent lenfant une situation complexe.

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  • Regard sur

    LA MDITERRANECette introduction a pour but de poser les connaissances transversales de base indispensables la comprhension des thmes dvelopps par la suite. Elle tente de faire le lien entre les

    diffrentes chelles de temps et despace sur lesquelles les contenus thmatiques sappuieront.

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    1 100 millions dannes - cRtac - Thtys se referme progressivement, les plaques continentales africaine et eurasienne se rapprochent. Des les sont dplaces, fragmentes et compresses. Des volcans se crent.

    2 30 millions dannes - oLiGocnE - tirement et fragmentation dune des les formes plus tt, la Tyrrhnide. Formation des actuelles Pyrnes orientales, du massif des Maures et de lensemble Corse-Sarde

    3 6 millions dannes - fin du MiocnE - Le dtroit de Gibraltar se referme. La Mditerrane devient un ensemble de lacs sals qui sasschent progressivement. Cest la crise de salinit messinienne. Des dpts salins saccumulent.

    4 5 millions dannes - Dbut du pLiocnE - La diffrence de niveau entre lAtlantique et la Mditerrane cause une rupture de la digue naturelle de roche qui bloquait le dtroit. Une norme cascade remplit alors en quarante ans le volume deau qui avait pris des centaines dannes pour svaporer.

    5 aujourdhui - Le mouvement des plaques africaine et eurasienne, bien quimperceptible une chelle temporelle humaine, continue de les rapprocher denviron un centimtre par an. Lactivit volcanique de lEtna, du Vsuve, du Stromboli, ainsi que lactivit sismique en Italie, Grce et Turquie tmoignent de cet tat de mouvement permanent de la crote terrestre dans cette partie du globe.

    LA MdItErrAnE dHIEr AuJourdHuIA. Histoire gologique, formation de la MditerraneLa formation de la Mditerrane rsulte de plusieurs tapes gologiques impliquant les plaques africaine et eurasienne. Elle est en partie le vestige dun ancien domaine ocanique plus vaste que la mer Mditerrane actuelle, appel thtys.

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    B. Caractristiques actuelles de la MditerraneLa Mditerrane doit son nom au fait quelle est littralement une mer au milieu des terres , en grec Mesogeia (dans Hrodote et Strabon), en latin Mare medi-terrana (dans Isidore de Sville au VIIme sicle). Les Romains de lpoque impriale, qui en avaient conquis presque tout le pourtour, lappelaient Mare nostrum, littralement notre mer . Chaque bassin pos-sdait un nom propre : Ligure, Tyrrhnien, Adriatique, Ionique ou gen, par exemple. Tradi-tionnellement, au Moyen-ge, on parlait des mers du Ponant ( louest de la Sicile) et des mers du Levant ( lest de la Sicile). Des dnominations que les marins utilisent toujours.La Mditerrane est une mer presque entirement ferme, situe entre trois continents : lEu-rope, lAfrique et lAsie. Elle est spare :- de locan Atlantique par le dtroit de Gibraltar, une troiture de 14 kilomtres de large seulement, - de la mer Noire par les dtroits du Bosphore et des Dardanelles, - de la mer Rouge, puis locan Indien par le canal de Suez. La Mditerrane peut tre assimile un assemblage de bassins spars par des seuils. Les deux bassins principaux (occidental et oriental) sont dlimits par des hauts-fonds situs entre la Sicile et la Tunisie. Le bassin occidental recouvre environ 1,65 million de km et comprend la mer dAlboran, le bassin algro-provenal (ou algro-balare), la mer Ligure et la mer Tyrrhnienne. Le bassin oriental recouvre une superficie denviron 0,85 million de km et comprend la mer Adriatique, la mer Ionienne, la mer ge et la mer du Levant. Du point de vue de lhistoire tectonique sy ajoute le bassin pontique (mer Noire, le Pont Euxin de lAntiquit). La limite des plaques africaine et eurasienne, elle, correspond des fosses de subduction (enfoncement dune plaque sous lautre) situes au sud de la mer Ionienne, de la Crte (Grce), et de Chypre.

    Carte gologique de la Mditerrane prsentant la limite des plaques africaine et eurasienne avec la complexit des affleurements reprsents par des couleurs diffrentes.

    La Mditerrane stend dest en ouest sur prs de 3 860 kilomtres et du sud au nord sur 1 600 kilomtres, pour une superficie denviron 2,5 millions de km2 soit un peu moins de 1 % de locan mondial. Elle est parseme de nombreuses les de tailles trs diffrentes dont certaines sont des tats. La complexit de lhistoire gologique de la Mditerrane se traduit dans la gographie actuelle par un trac ctier trs dcoup et de nombreuses les.

    Un autre hritage gologique est la varit des terrains, des roches et des sols, notamment sur la rive nord. Elle a permis une grande diversit de milieux naturels, de formations vgtales, des faunes, des paysages, pour le plus grand intrt des scientifiques, des artistes et des touristes.La Mditerrane est une mer intrieure dont le volume deau est denviron 3,7 millions de km3, la profondeur moyenne denviron 1 500 mtres et la profondeur maximale de 5 121 mtres en mer Ionienne dans la fosse de Matapan au large du Ploponnse.

    En savoiR pLus :

    Le dcomptage des longueurs de ctes et du nombre dles est de nature fractale : cela signifie quen changeant dchelle, la longueur des ctes et le nombre des les augmentent. lchelle du kilomtre, nous avons environ 46 000 kilomtres de littoral et 5 000 les, mais lchelle du mtre, on atteint 200 000 kilomtres de ctes et, avec les lots et rochers inhabits, plus de 30 000.

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    En Mditerrane, lamplitude des mares lunaires est trs faible, de lordre de 2 40 centi-mtres. Elle peut atteindre localement prs d1 mtre dans des rgions particulires du Nord Adriatique et du golfe de Gabs o londe est amplifie par ltendue du plateau continental. Ces mares lunaires, bien que faibles, peuvent engendrer des courants importants, notamment au niveau du seuil avec lAdriatique, entre la Sicile et la Libye, dans le dtroit de Messine. Le bassin mditerranen est de dimension rduite lchelle de la Terre et entre en rsonnance comme une bassine pleine deau que lon bouge. Cette rsonnance engendre des mares et des courants appels seiches. Dans certains dtroits, la rencontre de deux de ces seiches de bassin peut produire de violents courants, voire des tourbillons dangereux pour la naviga-tion : cest le cas des dtroits de Messine ou de Bonifacio.

    La trs forte vaporation sur lensemble du bassin mditerranen nest pas compense par le ruissellement, les apports des fleuves et les prcipitations. Ce bilan hydrique ngatif occa-sionne un dficit deau douce annuel de prs de 80 centimtres pour prs de 3,7 millions de km3 sur lensemble de la Mditerrane. Ce dficit est combl par des apports deau sale venant de lAtlantique. La Mditerrane est en effet un bassin daccumulation en sel o lon observe un gradient de salinit croissant douest en est et en moyenne 38 g de sel par litre deau. Les eaux atlantiques, moins sales (36,25 g/l) pntrent en surface et longent les ctes dAfrique du Nord avant de se diviser en plusieurs branches. Lune remonte vers le nord le long des ctes de Sardaigne et de Corse, lautre passe le long des ctes Nord de la Sicile et remonte le long de la pninsule italienne. Une troisime branche sengage en Mditerrane orientale entre la Sicile et la Tunisie. Les masses deau retournent vers Gibraltar le long des ctes franco-italiennes puis espagnoles par les courants de Ligure et de Catalogne. On estime que le renouvellement de leau en Mditerrane avoisine les 90 ans.

    En mer Noire, les apports importants deau douce du Danube, du Dniepr, du Don et de quelques autres fleuves plus petits (de la taille de la Loire ou du Rhne), compensent lar-gement lvaporation. Par le dtroit des Dardanelles et du Bosphore, la mer Noire dverse en Mditerrane des eaux peu sales (16 g de sel par litre) et prend la Mditerrane des eaux sales 38 grammes de sel par litre, qui se glissent par les dtroits sous le courant deau saumtre superficiel. La mer Noire a donc un effet de dsalinisation important pour la Mditerrane.

    Un phnomne analogue se produit dans les changes avec lAtlantique Gibraltar, avec une moindre diffrence de salinit. Ainsi les masses deau qui entrent par Gibraltar sont plus lgres et moins sales (t C = 15 C ; S=36.25 g/l) et vont scouler en surface. Sous leffet des variations climatiques et mtorologiques, leur salinit et leur densit vont crotre au cours de leur progression dans le bassin. Les eaux qui sortent de Mditerrane sont plus denses avec une salinit plus leve (t C=12.69 C ; S=38.40 g/l). Elles scoulent au niveau du seuil de Gibraltar sous les eaux atlantiques.

    Circulation de surface en Mditerrane

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    C. Climat mditerranenOn considre souvent que la prsence de lolivier concide avec la zone dextension de ce climat. Autour de la Mditerrane, proximit immdiate du bord de mer ou dans larrire-pays, la diversit des paysages de plaine ou de montagne nuance de faon importante les donnes brutes de temprature et de prcipitation pour ce type de climat. Nanmoins le climat mditerranen a des caractristiques trs marques.

    Ayant quatre saisons, le climat mditerranen est de type tempr, avec des ts chauds et secs, des hivers doux et humides, et des intersaisons printemps et automne o des pisodes violents peuvent se produire. Si les prcipitations moyennes annuelles oscillent entre 30 cm/m2 et 1m/m2 selon les endroits, la rpartition de ces prcipitations nest pas rgulire. Locale-ment, des vnements pluvieux ponctuels (quivalents plusieurs mois de prcipitations sous dautres latitudes) peuvent se produire avec une rare intensit. Ce phnomne est accentu en montagne par des tempratures leves qui favorisent le dveloppement dorages lorsque les masses dair deviennent instables. Les maxima de prcipitations sont enregistrs en hiver pour le sud du bassin mditerranen et en intersaison pour le nord du bassin.La scheresse estivale est lie une remonte de lanticyclone des Aores vers le nord. Pendant 3 mois au nord du bassin et environ 6 au sud, les prcipitations sont rares, parfois inexistantes.

    La dynamique spcifique des eaux en Mditerrane, labsence de mares importantes, la di-minution de la frquence des vents en t et les effets du rayonnement solaire sont lori-gine dune stratification importante des masses deau et dune lvation de temprature de la couche de surface (entre 10 et 40 m) pouvant atteindre des tempratures suprieures 25 C en priode estivale, do des brumes dt parfois trs paisses. Cette nergie emmagasine en t sous forme de chaleur est restitue progressivement pendant larrire-saison. La Mdi-terrane ntant relie locan mondial que sur la tranche deau superficielle au niveau de Gibraltar et ntant pas relie la circulation profonde provenant des ples, il en rsulte des tempratures hivernales descendant rarement en dessous de 13 C. partir de 200 m, cette temprature de 13 C est pratiquement constante pour toutes les profondeurs de la Mditer-rane.

    Les tempratures moyennes annuelles sont plus chaudes que dans les autres zones tempres. La douceur des hivers rend la neige rare sur le littoral, mais larrire-pays montagneux, soumis un climat refroidi par laltitude, peut connatre des chutes de neige quelquefois abondantes en hiver. Les moyennes minimales pour le mois le plus froid sont situes autour de 5 C dans le nord-ouest du bassin o linfluence ocanique est plus importante et sont en gnral suprieures 9 C dans lest du bassin. En t, les tempratures peuvent dpasser largement les 30 C et atteindre plus de 40 C dans lest du bassin mditerranen.

    D. Occupation humaine et cultures autour de la MditerraneAvec son climat agrable, jadis plus humide quaujourdhui, facilitant le pturage caprin et ovin, et permettant le dvelop-pement dune agriculture varie, lHomme a trs vite trouv dans ces rgions la possibilit de se sdentariser et de rpondre ses besoins alimentaires sans trop lutter contre le froid. Puis, avec la dcroissance des prcipitations et la rarfaction des sources, la priorit des populations a t la matrise de leau pour la vie quotidienne et lirrigation des cultures. Ds lAntiquit, le bassin mditerranen est un foyer dmergence,

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    En savoiR pLus :

    Le terme de mditerranen sexplique par la prsence caractristique de ce climat autour de la Mditerrane. On retrouve cependant ces caractristiques dans dautres rgions du monde : en Australie, Chili, Californie ou dans la rgion du Cap en Afrique du Sud entre les trentime et quarantime degrs de latitude.

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    de dveloppement et de transformation de grandes civilisations telles que les gyptiens, les Phniciens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Arabes dont les civilisations ont profond-ment marqu la culture universelle et notre civilisation mondialise actuelle. Leur prosprit sappuie sur le transport maritime qui permet les changes commerciaux dhuile dolive, de vin, de cramique, de crales ainsi que des changes culturels et techniques.De grands empires prennent successivement le contrle des ctes de la Mditerrane : les uns surtout commerciaux (phnicien, grec, carthaginois), les autres davantage militaires (gyptien, perse, romain, arabe, turc). Tous dveloppent le commerce maritime, larchitecture, lart, les sciences et les technologies navales. Dans ce berceau de religions polythistes apparaissent trois religions monothistes, aujourdhui dominantes. Elles cohabitent dailleurs toujours en Mditerrane : le judasme, le christianisme et lislam. Le bassin mditerranen est riche dune histoire complexe et ancienne, importante dans lorigine et le dveloppement de la civilisation actuelle. Celle-ci est btie sur lagriculture intensive et lirrigation (gypte, Msopotamie), le commerce et la colonisation (Phnicie, Grce, Carthage), la cit, la route et la conqute ter-ritoriale (Rome, les Arabes), la comptabilit, les mathmatiques, les sciences (Grce, Rome, les Arabes) et une couche ultrieure plus tardive et non-mditerranenne, lindustrialisation (Germaniques et Anglo-Saxons).

    La diversit se manifeste aussi sur le plan linguistique et politique. Sur les trois continents qui bordent la Mditerrane (Europe, Afrique, Asie), une vingtaine de langues dorigines dif-frentes sont parles : langues latines, slaves, albanais, grec, turc, hbreu, langues arabes Aujourdhui, 20 tats souverains se partagent le littoral mditerranen, 25 en comptant la mer Noire. En outre, le Royaume-Uni est prsent travers trois bases militaires (une Gibral-tar, deux Chypre). Un tat non souverain, lautorit palestinienne, est galement riverain de la Mditerrane.

    La Mditerrane constitue ainsi la fois une rgion trs diversifie par ses paysages, par ses espaces (des plus urbaniss aux plus sauvages), par ses reliefs (des plus plats aux plus abrupts), ses langues nationales ou rgionales, son patrimoine architectural, naval, artistique. Cela donne la culture mditerranenne des tons trs htrognes, mais cette rgion est galement surprenante par sa capacit de mtissage, qui au cours de lhistoire a faonn une civilisation commune. Sil est difficile den dfinir le contour, on trouve certaines constantes : le rapport la mer, lomniprsence des proccupations concernant leau douce, la saisonnalit, les liens commerciaux, une socit patriarcale, la trilogie agricole olivier/vigne/bl et les symboles qui vont avec, laspiration des religions nes sur ses rives luniversalit et au pouvoir politique

    Carte de la rpartition linguistique et des populations cites.

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    LA MdItErrAnE AuJourdHuI Et dEMAIn

    A. Dmographie, tourismeLe pourtour mditerranen reprsente un bassin de population de 150 millions de personnes r-parties entre lEurope et le continent africain. Cette zone est la premire destination touristique au monde. la population sdentaire sajoute une population saisonnire de 200 millions de visiteurs annuels, soit prs dun tiers du tourisme mondial. Au tournant du XIXme sicle, cest dailleurs sur le bord de la grande bleue que le tourisme est apparu, entre la Riviera italienne et la Cte dAzur. En 1960, on dnombrait 20 millions de touristes dans le monde et ils seront plus d1 milliard dici 2020. Avec la monte en puissance du tourisme dans certaines rgions mditerranennes telles que lgypte ou la Turquie, leur nombre devrait dcoller de 300 600 millions sur cette mme priode. Le secteur du tourisme au sens large (restauration, voyagiste, hbergement, activits de loisirs) est la premire conomie mondiale en chiffre daffaires et en emplois, devant lindustrie. Lexplosion annonce de ce secteur dactivit trouve sa source dans lvolution des moyens de transport (distance, capacit, rapidit), lvolution du niveau de vie et laccs aux congs pour certaines populations. La prise en compte rcente et grandissante dune conscience environnementale laisse penser, la faveur de dplacements courts, que le pourtour mditerranen restera la destination favorite des populations du continent europen. Concernant la France, qui reste le premier pays visit au monde, la Rgion Provence-Alpes-Cte dAzur elle seule accueille 35 millions de visiteurs annuels pour une dure moyenne de sjour de 5 jours. Cette fluctuation saisonnire de frquentation nest pas sans consquence sur les enjeux de gestion de lespace littoral. La consommation croissante deau, despace, laugmentation des flux routiers, le dimensionnement des ouvrages de traitement de dchets ou deaux uses, des ouvrages pour favoriser les flux de vhicules et de marchandises, la pression foncire, les conflits dusages sont autant denjeux auxquels nous devons apprendre faire face et pour lesquels des solutions devront tre trouves.

    B. La rgion mditerranenne, un laboratoire pour le monde

    La mer Mditerrane, sur de nombreux aspects, fonctionne comme un mini ocan avec des conditions dobservations facilites (faible amplitude de ses mares, dimension limite) et un temps de raction aux phnomnes de changements mondiaux beaucoup plus court que dans les ocans. Sur quelques dcennies, il est ainsi possible de mesurer et de mettre en vidence des phnomnes qui ne pourraient tre observs dans les ocans que sur des chelles de temps beaucoup plus longues. Cest par exemple lors de la campagne en mer DIFAMED du CNRS, au large de Nice, qu la fin des annes 80, les scientifiques ont pu mettre en vidence et quantifier pour la premire fois le rchauffement climatique en cours en analysant des variations de tempratures en eau profonde.La rgion mditerranenne est galement une zone de confluence o sont prsents sur un espace restreint lessentiel des enjeux mondiaux quil faudra parvenir relever dans les dcen-nies venir:

    - Les quilibres nord/sud avec une rive nord fortement industrialise et une rive sud en plein dveloppement.

    - Laccs la ressource en eau potable et sa rpartition entre les besoins lmentaires pour les populations locales (consommation domestique, agriculture vivrire) et le dveloppe-ment dactivits trs gourmandes en eau au bnfice dune minorit (tourisme, agriculture dexportation).

    - La sauvegarde du milieu marin avec un juste quilibre entre le prlvement de ses ressources, le dveloppement des usages, du transport maritime et le maintien des quilibres cologiques.

    - Le dfi climatique, nergtique, mais galement dautres enjeux fondamentaux de socit qui en dcoulent, et notamment la faon dont des populations de cultures, de religions et de sensibilits diffrentes pourront construire une paix durable et travailler ensemble vers des objectifs communs.

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    C. Dmarches politiquesDes dmarches de coopration bilatrale ou de coopration entre les pays dune mme rive ont t engages depuis longtemps. Plus rcemment, une dmarche plus ambitieuse a vu le jour : lunion Pour la mditerrane (UPM). Celle-ci a t entame par les chefs dtats et de gouver-nements euro-mditerranens de 43 pays au cours du sommet de Paris pour la Mditerrane, le 13 juillet 2008. Dans leur dclaration commune, les chefs dtats affirment leur volont politique de relancer les efforts afin de transformer la Mditerrane en un espace de paix, de dmocratie, de coopration et de prosprit. LUPM reprsente 775 millions dhabitants et sappuie sur les liens historiques, gographiques et culturels qui unissent lEurope et les pays mditerranens. Elle sinspire des efforts faits depuis 1995 dans le cadre du processus euro-mditerranen de Barcelone qui englobait 39 gouvernements.

    LUPM veut favoriser la mise en uvre de projets rgionaux, raliss plusieurs, concrets et utiles aux citoyens. Les premiers projets portent sur la dpollution de la Mditerrane, la cration dautoroutes maritimes, la protection civile, les nergies de substitution et la cration dun plan solaire mditerranen. Lducation, la culture et le dveloppement des entreprises pourront donner lieu dautres projets. Cette Union appuie la Convention de Barcelone, la Directive cadre sur lEau (DCE), la Stratgie pour le Milieu Marin et en France, le Grenelle de lenvironnement. Elle souligne limportance accorde la protection de la Mditerrane et sa dpollution. Si la Lybie ne reste quun observateur dans le processus, on notera que la prsence au sein de la mme enceinte des chefs dtats ou de gouvernements dIsral, de Syrie, du Liban et de lautorit palestinienne marque une volont de dialogue indispensable pour rsoudre les conflits au Proche-Orient.

    D. Dmarches environnementales internationalesD1. La Convention de BarceloneEn 1976, sous lgide de lONU, 21 tats riverains et la Communaut conomique Euro-penne (CEE) ont sign les engagements de la Convention de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de Mditerrane. Cette convention constitue linstrument juri-dique du PAM (Plan dActions pour la Mditerrane), sous lgide du PNUE (Programme de Nations Unies pour lEnvironnement, initi en 1972) qui vise rduire les pollutions en Mditerrane et protger le littoral. Elle est amende en 1995, avec la cration de sept pro-tocoles dont quatre sont ratifis par la France et deux sont en cours de ratification. Parmi ces protocoles, celui relatif la prvention et la lutte contre les pollutions, notamment celles causes par les hydrocarbures a t ratifi en 2000 par ltat franais. Sont galement ratifis les protocoles sur les Aires Spcialement Protges (ASP) et la biodiversit et le protocole GIZC adopt par le Snat en juillet 2009.

    D2. La Convention de BerneAdopte le 19 septembre 1979, la convention de Berne est relative la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. Les pays signataires sengagent mettre en uvre des politiques nationales de conservation de la biodiversit et des habitats naturels. Elle contient dans ses annexes la liste des espces protges (faune et flore), ainsi quune numration de moyens et mthodes de prlvement et dexploitation interdits.

    D3. Laccord RAMOGESign en 1976 par la France, lItalie et la Principaut de Monaco, laccord RaMoGe (pour St Ra-phal, Monaco, Gnes) a pour objectif la prvention et la lutte contre les diffrentes pollutions du milieu marin, ainsi que sa protection travers linformation et la sensibilisation. Des tudes sont menes par des groupes de travail et une commission, assiste par un comit technique, se charge dinciter et dinformer les gouvernements, collectivits ainsi que le grand public. www.ramoge.org

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    D4. Natura 2000Avec la constitution du Rseau Natura 2000, lEurope sest lance, sur la base de la concer-tation, dans la ralisation dun ambitieux rseau de sites cologiques dont les deux objectifs principaux sont de prserver la diversit biologique et de valoriser le patrimoine naturel de nos territoires. Pour ce faire, lEurope sappuie sur deux textes : la directive Oiseaux de 1979 do sont issues les ZPS (Zone de Protection Spciale) et la directive Habitat faune

    flore du 21 mai 1992 do sont issues les ZSC (Zone Spciale de Conservation). Les tats ont lobligation de mettre en place des ZNIEFF (Zones Naturelles dIntrt colo-gique Faunistique et Floristique) qui sont des inventaires des secteurs prsentant de fortes capacits biologiques et un bon tat de conservation. Les sites dsigns au titre des deux

    directives, Oiseaux et Habitat faune flore forment le rseau Natura 2000.Il existe galement un rseau Natura 2000 en mer, qui comprend environ une dizaine de zones en rgion Provence-Alpes-Cte dAzur.

    D5. La Convention sur la BiodiversitPlus de 30 ans aprs les premiers engagements politiques en faveur de la protection de len-vironnement, force est de constater que les rsultats restent limits. Le contexte juridique complexe, le manque de coordination des expriences, la pression de certains acteurs cono-miques, labsence dharmonisation des rglementations, linadquation entre les engagements des tats et les moyens mis en uvre sont autant de freins qui nont pas permis aux projets de se concrtiser en actions ambitieuses pour restaurer et maintenir ltat de sant global de la Mditerrane. Si trs localement la mise en place dactions ou dquipements ont permis de constater une amlioration de la situation, plus largement, lensemble des actions menes sont trop timides pour inverser la tendance au vu des nouvelles dgradations constates. Face ces constats, la Convention sur la Biodiversit (CBD) prconise lchelle mondiale, dici 2012, que 10 % des surfaces marines bnficient dun statut et dune gestion spcifique pour leur prservation, alors qu ce jour, ces espaces reprsenteraient moins de 1 % des ocans. Environ 4 % de la surface de la Mditerrane est classe en aire marine protge, en comptant le sanctuaire Pelagos. En excluant le sanctuaire Pelagos, ce chiffre tombe seule-ment 0,4 % de la surface de la Mditerrane, dont 0,01 % en zone intgrale.

    D6. Les Aires Marines ProtgesLes Aires Marines Protges (AMP) de Mditerrane sont des espaces dlimits en mer sur lesquels sont fixs des objectifs de protection de la nature long terme. Ces objectifs sont rare-ment exclusifs et sassocient souvent des objectifs locaux de dveloppement socio-cono-mique ou/et sarticulent avec une gestion durable des ressources. Une AMP se caractrise par un certain nombre de mesures de gestion mises en uvre au profit de lobjectif de protection (suivi scientifique, programme dactions, chartes de bonne conduite, protection du domaine public maritime, rglementation, surveillance, information du public). Ces AMP peuvent ainsi prsenter des intrts varis au niveau touristique, halieutique et cologique (connaissance scientifique, prservation despces, dhabitats et de biodiversit).Au-del de lintrt local vident, lenjeu du dveloppement des Aires Marines Protges sur la faade mditerranenne est de trouver une cohrence au niveau rgional, national et inter-national afin de raliser un large maillage du territoire marin et maintenir ainsi lensemble des richesses patrimoniales de la Mditerrane. Cette recherche de cohrence oblige avoir des stratgies de crations dAMP concertes chacune des chelles concernes. LAgence des Aires Marines Protges cre par la loi 2006-436 du 14 avril 2006 joue ce rle en France. Lorganisation dchanges au sein du rseau des gestionnaires dAMP de Mditerrane contri-bue une cohrence plus globale. Le programme international sur les AMP a t adopt par la France. Aujourdhui, prs dun tiers des pays mditerranens europens ont des AMP et lEu-rope encourage la protection du milieu marin par lextension du rseau Natura 2000 en mer.

    www.aires-marines.fr

    www.medpan.org

    En savoiR pLus :Le sanctuaire PELAGOS est un espace maritime de 87 500 km faisant lobjet dun accord entre lItalie, Monaco et la France pour la protection des mammifres marins qui le frquentent.

    www.sanctuaire-pelagos.org

    www.natura2000.fr

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    LA MdItErrAnE FrAnAISESi les pratiques de commerce, tourisme et information dpassent depuis longtemps le cadre des frontires, les enjeux environnementaux sont quant eux rests cantonns lchelle dun pays. Or, dans notre monde dsormais globalis, les questions dnergie, de climat, de trans-port, de sant publique ou de prservation des ressources trouveront des rponses adaptes une chelle macro gographique : celle dune mer, dun continent, voire de l