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Septembre 2003 • Cahier Thématique 1CIO
“L’informatique est une science humaine,
c’est-à-dire inexacte et avec des humains.“
Cette citation de l’un des DSI (1) que nous avons
rencontrés illustre le ton des débats et des échanges
qui ont alimenté le présent Cahier Thématique.
Durant trois mois, nous avons confronté des idées
et des expériences, des anecdotes et des convictions,
et nous avons parfois vu l’éditeur et le consultant
se faire rappeler la réalité opérationnelle des sys-
tèmes d’information.
En créant l’Observatoire de la Communauté
des Directeurs des Systèmes d’Information, nous
avons constamment mesuré l’importance de l’hu-
main dans un monde de matériels sophistiqués, de
méthodes et d’ensembles complexes, de principes
coordonnés mis au service de processus qu’ils
■ Le système d’information au carrefour des stratégies 6
■ Le système d’information à la recherche d’un équilibre 15
■ “Make IT happen” 22
■ Choix des technologies 29
■ Le DSI, entre funambule et régulateur 36
■ Conclusion 40
Les SI, la DSI, le DSI : nouvelle réalité, nouveaux défis1ER OBSERVATOIRE DE LA COMMUNAUTÉ DES DIRECTEURS DES SYSTÈMES D’INFORMATION
S O M M A I R E
(1) Directeur des Systèmesd’Information.
Toute reproduction, même partielle, des résultats présentés, ne peut être faite qu’avec l’autorisation expresse de SAP France et de Kearney Interactive.
CAHIER THÉMATIQUE
SEPTEMBRE
2003
2 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
“projet informatique” à celui de “projet de système
d’information”, puis à celui de “projet d’entreprise”.
De fait, l’entreprise, souvent constituée autour
des trois piliers que sont : le capital, le couple
marché-produit, et les ressources humaines, s’ad-
joint un quatrième pilier, celui de l’information,
en relation permanente avec les trois autres.
Ce Cahier Thématique explore, au travers des
réponses collectées lors de la première édition de
l’Observatoire de la Communauté des Directeurs
des Systèmes d’Information et des débats suscités,
la position des systèmes d’information dans l’en-
treprise, les conditions de leur transformation
permanente – parfois brownienne –, et de leur
exigence en matière d’efficacité opérationnelle,
pour mieux mettre en lumière le rôle critique du
Directeur des Systèmes d’Information.
Ainsi que le disait l’un des DSI : “Nos 5000
clients, nous les connaissons tous par leur pré-
nom”. Quel symbole plus éloquent d’une DSI effi-
ciente, qui met en retrait le langage de son métier
au profit de celui de son entreprise, et s’en appro-
prie totalement les objectifs ?
automatisent et fluidifient. C’est bien une véri-
table aventure humaine qui se déroule au sein
même de la DSI et de ses équipes, avec les diri-
geants, les utilisateurs, les clients, qu’il faut savoir
écouter, convaincre, servir, accompagner, et sou-
vent influencer.
Lentement mais sûrement, la compréhension
du rôle des systèmes d’information, de la valeur
ajoutée intrinsèque qui se niche dans une infor-
mation fiable, pertinente et disponible, progresse
dans l’entreprise, à telle enseigne que les pro-
grammes d’enseignement supérieur intègrent
aujourd’hui la présentation des meilleures pra-
tiques en la matière. Et il n’est plus rare aujour-
d’hui de rencontrer des directeurs généraux ou
des présidents qui comprennent, supportent et
encouragent les responsables de ces systèmes.
De leur côté, ces derniers se sont considérablement
ouverts aux mondes fonctionnels, qu’ils soient
financiers, de production ou commerciaux : certains
ont même évolué d’un monde à l’autre, ou pris la
responsabilité d’un périmètre plus large que celle
de la DSI. En définitive, le niveau de compréhen-
sion de l’autre n’a cessé d’augmenter, pour aujour-
d’hui trouver son apogée lors des projets de trans-
formation, petits ou grands, dont les plus efficaces
sont ceux qui composent des équipes où tous les
acteurs, venus d’horizons fonctionnels, techniques
ou de management, forment une équipe indissociable
et solidaire. C’est alors que l’on passe du statut de
EMMANUEL DELERM
Directeur généralKearney Interactive
JEAN-MICHEL FRANCO
Directeur du marketing SolutionsSAP FRANCE
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 3CIO
■ Sommaire■ INTRODUCTION................................................................................................................................ 1
■ MÉTHODOLOGIE.............................................................................................................................. 4
■ LE SYSTÈME D’INFORMATION AU CARREFOUR DES STRATÉGIES.................................. 6
Le DSI de plus en plus influent........................................................................................................... 6
Les systèmes d’information alignés à la stratégie de l’entreprise....................................................... 7
Les DSI, acteurs des décisions stratégiques ....................................................................................... 8
À la recherche des bonnes pratiques d’organisation....................................................................... 10
Maîtrise des coûts et des investissements : vers une approche industrielle .................................. 12
■ LE SYSTÈME D’INFORMATION À LA RECHERCHE D’UN ÉQUILIBRE............................ 15
Technologies poussées et technologies tirées .................................................................................. 15
Accompagner la croissance et innover............................................................................................. 17
Un comportement d’adoption des nouvelles technologies proche de l’idéal.................................. 18
Faire plus avec moins........................................................................................................................ 20
■ “MAKE IT HAPPEN”...................................................................................................................... 22
La valeur ajoutée au service des clients........................................................................................... 22
Le ROI des projets : mythe ou réalité ?............................................................................................ 23
Responsabilité sur les projets : les conditions de la réussite .......................................................... 25
Organisation de la DSI ...................................................................................................................... 26
Des compétences opérationnelles .................................................................................................... 27
■ CHOIX DES TECHNOLOGIES...................................................................................................... 29
De la stratégie à l’action ................................................................................................................... 29
Quel soutien, quelles influences, quelle légitimité ?....................................................................... 30
ERP et CRM, technologies critiques pour la compétitivité de l’entreprise.................................... 32
Quels acteurs pour mettre en œuvre les technologies ?.................................................................. 35
■ LE DSI, ENTRE FUNAMBULE ET RÉGULATEUR................................................................... 36
Acteur dans un monde d’innovation................................................................................................. 36
Responsable dans un monde de projets........................................................................................... 37
Comptable dans un monde de budgets ............................................................................................ 37
Vigilant dans un monde opérationnel............................................................................................... 38
Impliqué dans un monde de valeur ajoutée..................................................................................... 39
■ CONCLUSION.................................................................................................................................. 40
4 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Conventions utilisées
Les guillemets et phrases en italique signa-
lent les citations des DSI qui ont participé à
l’étude, que ce soit en entretien, lors des
tables rondes ou via le questionnaire.
Certains termes pouvant avoir des
acceptions diverses, ils feront l’objet d’une
note de bas de page précisant la défini-
tion retenue.
Conditions de l’étude
Les questions posées ont été analysées
une par une, puis croisées entre elles. Les axes
les plus pertinents ont été explorés, et font
l’objet d’une présentation ad hoc.
Certains de ces résultats ont été comparés
avec les résultats d’une étude menée par AT
Kearney et Harris Interactive aux Etats-Unis,
afin d’analyser et de mettre en lumière certaines
différences entre DSI français et américains.
L’objectif du panel était de cibler tant les
PME que les grands groupes, dans les prin-
cipaux secteurs d’activité. Le panel est repré-
sentatif de l’économie française. On notera
peut-être une sous-représentativité du secteur
des biens de grande consommation (PGC).
Le secteur communication/média paraît peu
représenté, mais concerne également moins
d’entreprises dans le paysage français. De
ce fait, les analyses sectorielles brutes n’ont
été utilisées que lorsqu’elles étaient confir-
mées par des analyses plus qualitatives.
■ Méthodologie
Méthodologie et typologie des entreprises interviewées
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE RÉPARTITION DES ENTREPRISES PAR SECTEUR ET TAILLE DE CA GROUPE
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 5CIO
Il est à noter, par ailleurs, que les panélistes
ont été recrutés avec l’aide d’un ensemble
de fichiers mis à disposition par EDS - Kearney
Interactive, SAP et par le groupe IDG. Ainsi,
nous avons la garantie que les clients ou
prospects d’un des acteurs impliqués dans
l’étude ne sont pas sur représentés et donc sus-
ceptibles d’introduire un biais dans le panel.
Un comité scientifique a été constitué pour
valider la pertinence du questionnaire initial,
enrichir qualitativement les résultats de l’étude
et donner des éclairages en terme de bonnes
pratiques ou de spécificités sectorielles.
Sont ici présentés les membres de ce comité,
complétés des noms des DSI qui, sans faire
formellement partie du comité scientifique,
ont particulièrement contribué dans le cadre
de l’Observatoire de la Communauté des
DSI. Leur rôle a été décisif pour obtenir les
résultats synthétisés dans ce document.
Le “recrutement” du comité scientifique
a été effectué en prenant soin d’obtenir une
représentation la plus exhaustive possible des
différents segments d’entreprise, en terme de
taille, de croissance et de position concur-
rentielle, de secteur d’activité, etc.
Ce Cahier Thématique n’aurait pu voir le
jour sans leurs avis éclairés par l’expérience,
leurs points de vue originaux et souvent
pragmatiques, et par le recul nécessaire sans
lequel la qualité et l’objectivité d’une étude
ne sont pas assurées. Qu’ils soient ici vive-
ment remerciés !
Nos remerciements vont aussi à Philippe
Grange, journaliste indépendant, François
Jeanne, rédacteur en chef du Monde
Informatique et Philippe Rosé, rédacteur
en chef de CIO, qui ont également lar-
gement contribué à la conception de ce
document.
Le comité scientifique et les contributions particulières
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
6 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Le DSI de plus en plus influent
Plusieurs études (2) ont relevé ces der-
nières années la place importante prise par
le DSI et par les systèmes d’information
dans l’entreprise. Cette tendance forte se
dessine depuis plusieurs années, et a été ini-
tiée notamment par les entreprises nord-
américaines, dans lesquelles le CIO reporte
le plus souvent au CEO (3).
L’étude coordonnée par Acadys souligne
par exemple que le CIO fait de plus en plus
partie du comité de direction de l’entre-
prise, et reporte de plus en plus fréquemment
à un directeur général ou équivalent, plutôt
qu’à un directeur métier. De son côté, l’étude
conduite par le Cigref et par McKinsey &
Company, publiée en novembre 2002, illustre
la position de plus en plus charnière des SI
au sein de l’entreprise.
L’étude SAP – Kearney Interactive éclaire
plus encore cette montée en puissance des
DSI, en montrant notamment l’influence
croissante de celui-ci, dont l’influence a aug-
menté considérablement dans une entreprise
sur deux, en l’espace de quatre à cinq ans !
Partant de ce constat, l’étude s’est foca-
lisée sur la relation entre la stratégie métier
de l’entreprise (4) et celle de son système
d’information, sous l’angle de l’alignement
des visions et des stratégies.
Car, comme le disait l’un des partici-
pants : “Je n’ai pas de stratégie des sys-
tèmes d’information. Il y a la stratégie du
business et nous sommes là pour travailler
avec le business.”
A la question “Les investissements IT
contribuent et supportent-ils la stratégie de
l’entreprise ?”, 82 % des DSI répondent :
“oui, beaucoup”ou “oui, fortement”. Il
s’agit d’une moyenne, puisque, selon les
secteurs, les réponses positives obtiennent
un score moyen de 95 à 67 %. Parmi les sec-
■ Le système d’information au carrefourdes stratégies
(2) Etude CIGREF – McKinsey & Company,Etudes Acadys / LMI 2001-2003.
(3) CEO : Chief Executive Officer ; CIO :Chief Information Officer.
L’influence de la DSI est en croissance
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
PAR RAPPORT À LA FIN DES ANNÉES 90, L’INFLUENCE DU DSI SUR LES ORIENTATIONS TECHNOLOGIQUES DE VOTRE ENTREPRISE ?
teurs estimant leurs SI les mieux alignés à
la stratégie de l’entreprise, la distribution
arrive en tête : le SI et son fonctionnement
(et le cas échéant son dysfonctionnement)
y sont très visibles, y compris par les clients.
Plus généralement, une segmentation
B2C/B2B se dessine, certes un peu sché-
matique : les secteurs B2C sont au-dessus
de la moyenne, tandis que le B2B se situe
en dessous.
La surprise vient de la position des secteurs
“industriels”, qui apparaissent en queue de
peloton. Deux explications peuvent être
avancées :
– la “culture industrielle”, qui donne une
part stratégique plus large au produit et à
l’outil de production, le SI (5) étant perçu
comme plus secondaire
– le reliquat d’une vague d’investissements
plus ancienne, les industriels ayant intégré
très tôt l’utilisation de l’informatique (et
notamment les précurseurs notables de
l’usage des ERP et des logiciels de Supply
Chain). Néanmoins, tel est aussi le cas du
secteur de la banque et de l’assurance, qui
arrive pourtant deuxième au classement.
Le secteur communication / média procède
quant à lui à de nombreux investissements
technologiques (refonte des systèmes liée à
l’arrivée de l’UMTS, numérisation des conte-
nus et des techniques de diffusion, etc.) qui
expliquent sans doute le bon score obtenu.
En définitive, les investissements IT (6)
ne procèdent plus d’une simple logique
d’automatisation de tâches ou de proces-
sus, ou d’une “fatalité nécessaire”. Ils ont
pris place à côté de la stratégie générale
dans la création de valeur par l’entreprise.
Les systèmes d’information alignésà la stratégie de l’entreprise
Il était logique de creuser l’articulation
entre SI et stratégie, notamment pour le
processus d’élaboration des plans straté-
giques respectifs.
Le résultat brut n’est pas surprenant :
– 41 % des entreprises “planifient” leur
SI après avoir décrit leur plan stratégique,
celui-ci bénéficiant d’une prime d’impor-
tance bien logique.
– 27 % le font en même temps, en pleine
synergie.
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 7CIO
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
L’informatique épouse manifestement la stratégie de l’entreprise
CONSIDÉREZ-VOUS QUE LES INVESTISSEMENTS IT CONTRIBUENT ET SUPPORTENT LA STRATÉGIE DE VOTRE ENTREPRISE ?
– Pourcentage d’entreprises ayant répondu beaucoup ou fortement –
(4) La stratégie d'entreprise est définiepar Kenneth J. Andrews, qui l’a décritedès 1971, comme l'ensemble des mis-sions et des objectifs principaux, ou desbuts, politiques et plans essentiels à l'ac-complissement de ceux-ci, présenté demanière à définir le genre d'activités aux-quelles l'entreprise se consacre ou va seconsacrer, et le type d'entreprise qu'elleconstitue ou va constituer. La stratégierecouvre deux aspects successifs : la formulation stratégique et la mise en œuvre de la stratégie formulée. La formulation stratégique a elle-même quatre composantes principales :
- les opportunités de marché ;
- les compétences et les ressources del'entreprise ;
- les valeurs personnelles et les aspira-tions des dirigeants ;
- la responsabilité sociale de l'entreprise.
Ces quatre composantes doivent non seulement être identifiées mais elles doivent aussi converger vers un choix final cohérent.
(5) Système d’Information.
(6) Information Technology.
– Seules 15 % estiment ne pas aligner
leur plan SI et leur stratégie.
Dans 68 % des cas, l’alignement est réa-
lisé, même a posteriori, ce qui constitue un
bon score et l’indication du positionnement
réel des SI dans l’entreprise. Cependant, il
subsiste un écart entre les 82 % du tableau
précédent et les 68 % mesurés : sans doute
s’agit-il ici des alignements partiels et occa-
sionnels, signe d’un léger décalage entre les
intentions et la réalité, ou a contrario d’une
fraction de ceux qui n’ont même plus besoin
de s’aligner tant ils le sont par nature.
“Paradoxalement, le DSI est l’un des
managers avec une vision à long terme :
celle de la durée de vie de ses systèmes.”
Interrogés à ce sujet, les DSI évoquent
une durée moyenne de leurs investissements
de l’ordre de dix à quinze ans. Certains
secteurs s’inscrivent même sur des durées
plus longues, tels la banque, l’assurance, ou
encore le service public, notamment pour
les applicatifs “cœur de métier” de leur
entreprise.
Les DSI, acteurs des décisions stratégiques
Il était tentant, au vu des questions pré-
cédentes, de vérifier la participation des
représentants du SI au processus d’élabo-
ration du budget, conséquence pratique des
plans stratégiques.
Les deux tiers des DSI participent activement
aux décisions concernant les projets métiers.
Ils ne sont que 6 % à n’avoir qu’un rôle
consultatif. Ce résultat corrobore les réponses
précédentes et assoit encore un peu :
– Le SI comme rouage incontournable
dans l’entreprise.
– Le DSI ou les représentants “IT” comme
interlocuteurs incontournables dans les choix
de stratégie, y compris “métier”, et dans les
choix budgétaires qui en découlent.
“Toute décision stratégique, sans prise
en compte de la dimension informatique,
peut s’avérer un échec.”
“Aujourd’hui, sans SI, l’entreprise s’arrête ;
prenez un call-center, avec 3 000 appels par
jour : sans SI, vous faites comment et à quel
coût ?”
8 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Une stratégie alignée, parfois même conjointe
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS LA CORRÉLATION ENTRE LE PROCESSUS D’ÉLABORATION DU PLAN STRATÉGIQUE ET CELUI DU PLAN IT ?
Plusieurs DSI de secteurs variés, allant
des produits de grande consommation à la
banque, ont réagi à cette influence notable
sur les projets métiers, en insistant en par-
ticulier sur le caractère “cellulaire”, voire
“multicellulaire” de l’entreprise, qui ne peut
être réduite à une seule et même entité.
“Nous parlons de l’entreprise, mais celle-ci se
compose de plusieurs cellules. (...) Il existe une
difficulté : arriver à formaliser une stratégie qui
soit en même temps globale et multilocale (...).
C’est là qu’il faut faire preuve d’énormément
de flexibilité, et non pas de dogmatisme.”
“Etre décentralisateur favorise le service
au client.”
Comprendre l’entreprise, ses métiers et son
organisation, être un moteur de croissance ou
de gestion du changement, ou en tout état de
cause ne pas les handicaper, voire en devancer
les conséquences, semble constituer une moti-
vation pour s’intéresser à ces projets métiers.
“Il n’y a pas d’évolution informatique
sans revue plus ou moins explicite des pro-
cessus ; la dimension Organisation est un fac-
teur clé du succès, et la maîtriser est un pré-
requis ; l’implication du DSI dans ce
domaine, en amont, mais aussi tout au long
du cycle du projet pour accompagner le
changement, est indispensable…”
Les DSI ont définitivement gagné leurs
galons de dirigeants dans les entreprises : ce
résultat est vérifié par le sondage réalisé
auprès d’eux, lors de la Soirée des DSI du
25 juin 2003, leur premier rendez-vous dans
le cadre de cet Observatoire.
Ce chiffre est à rapprocher de celui que l’en-
quête Acadys/LMI (7) avait rapporté début
2001 : 48 % des DSI interrogés faisaient
partie du comité de direction. Les chiffres sont
aujourd’hui similaires, et ne semblent plus
guère évoluer depuis deux ans.
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 9CIO
Le DSI, un rôle clé dans l’entreprise
Une implication de plus en plus fréquente dans les décisions métiers
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
DANS LE CADRE DU PROCESSUS DE BUDGÉTISATION GLOBAL DE L’ENTREPRISE, LES REPRÉSENTANTS IT ?
DANS VOTRE ENTREPRISE, VOUS (OU LE DSI GROUPE LE CAS ÉCHÉANT) FAITES PARTIE :
(7) Enquête Acadys /Le MondeInformatique, in LMI n°880 du 26 janvier 2001.
Là encore, les situations peuvent varier
selon les secteurs. Plusieurs DSI mettent
en avant l’apport considérable des systèmes
d’information à la dimension qualité, par
leur capacité à permettre de généraliser les
bonnes pratiques, à garantir la traçabilité,
etc. ; d’autres encore soulignent le rôle de
plus en plus fédérateur de la DSI, qui se
matérialise par le retour en force de l’inté-
gration et de la nécessaire homogénéisa-
tion des informations, à travers les réfé-
rentiels et les applicatifs.
“Dans la banque, les choix technolo-
giques peuvent être structurants du fait de
la meilleure intégration des données. Et
cela, la maîtrise d’ouvrage ne peut en tenir
réellement compte, ni des aspects volu-
métriques.”
D’où l’importance de la participation
du DSI au comité de direction, pour parer
la prise de risque. L’idéal, de l’aveu des
participants, c’est aussi d’avoir un peu
de fibre informatique, ou de compré-
hension des enjeux et contraintes propres
au SI, chez son directeur général et/ou
son président.
“Il n’y a plus une seule décision qui se
prenne, dans le business, sans que la com-
posante système d’information soit prise
en compte. Je pense que nombreux sont
aujourd’hui les DSI qui font partie du comité
de direction de leur entreprise ; et cela est
également un signe. (...) Je pense que c’est
le meilleur alignement possible.”
A la recherche des bonnes pratiques d’organisation
Il y a donc, on l’a vu, alignement straté-
gique, reconnaissance du “levier informa-
tique” et de l’importance du rôle du DSI.
Mais la question des axes de progrès et de
leurs priorités respectives éclaire aussi la
position des SI dans l’entreprise. A cette
question, il est donc naturel de voir des DSI
davantage préoccupés de bonnes pratiques
d’organisation.
Si la mise en place de celles-ci constitue la
première priorité, ce qui ne surprendra plus
dans un pays traditionnellement moins sen-
sible à l’externalisation et aux services par-
tagés notamment, la rationalisation du SI (à
travers les projets et son urbanisation) est
également une thématique forte.
L’urbanisation suit de près. Organiser, ratio-
10 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
S’il vous fallait choisir un axe de progrès prioritaire pour votre DSI, lequel choisiriez-vous ?
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 11CIO
naliser, harmoniser et consolider : tel semble
être le programme d’une fonction à la matu-
rité croissante !
Ainsi que le soulignait l’un des partici-
pants : “On lutte contre l’entropie (8).”
Entropie des matériels, des systèmes d’ex-
ploitation, des applicatifs, des langages, des
méthodes, des fournisseurs. Des nombreux
DSI ont poursuivi sur ce thème :
– “Le débouché logique de la DSI, c’est
la dimension organisationnelle.”
– “Nous surveillons de très près la démo-
graphie applicative (9).”
C’est d’ailleurs cette “lutte” contre l’en-
tropie qui semble dégager les plus intéres-
santes opportunités de réduction des coûts,
puisque 30% des sondés citaient la ratio-
nalisation du portefeuille des projets, c’est-
à-dire l’analyse critique des projets eu égard
à leur degré d’avancement, à leur impact
économique et à l’investissement représenté,
comme la plus forte opportunité d’optimi-
sation des coûts.
Deux DSI proposaient ainsi, sans
s’être concertés, une métaphore “bûche-
ronne” :
– “Nous avons mis en place un comité
de la hache.”
– “Lorsque nous aurons fini de travailler
à la hache, nous passerons au scalpel.”
Un troisième admettait avec humilité ce
constat d’entropie : “On fait de la sur-
chauffe, il y a trop de projets et une perte
au feu considérable”, et expliquait avoir
mis en œuvre une stricte gouvernance des
projets, “un processus de filtration beau-
coup plus important”.
Un second axe de réflexion émerge : il
concerne la maîtrise des coûts d’exploitation
et de maintenance, illustrant pleinement le
caractère opérationnel des systèmes d’in-
formation et l’importance de la maîtrise de
“l’usine”. Ainsi que le mentionnait un DSI :
“Lexcellence opérationnelle est un dû,
comme l’électricité.” Et cette excellence
consomme tout autant d’énergie et de bud-
get que les projets, même si elle est moins
exposée aux feux de la rampe.
“Nous demandons à notre directeur
d’usine de réduire son coût à la tonne et
d’améliorer son service client. L’informatique
a les mêmes contraintes.”
Dernier commentaire, enfin, quant à la
dernière place occupée par la remise en
cause des pratiques d’achat. Même si “on
fait systématiquement appel aux acheteurs…
Parmi ces axes, lequel vous paraît représenter la plus forteopportunité d’optimisation des coûts :
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
(8) Entropie : principe thermodynamique,l'entropie caractérise le degré de désordre d'un système isolé, et par extension, ici, sa propension au foisonnement.
(9) C’est à dire notamment la pyramidedes âges des applicatifs.
que voulez-vous, les hommes sont lâches !”
Force est de constater que les DSI n’ont pas
attendu pour rationaliser leur politique
d’achats. Certains mentionnent, certes, “la
fin du gré à gré”, mais tous reconnaissent
que “honnêtement, il n’y a pas vraiment
d’évolutions”. Sans doute parce que celles-
ci avaient déjà eu lieu.
Maîtrise des coûts et des investissements : vers une approche industrielle
Nous avons noté la plus grande atten-
tion accordée aux projets et aux ajouts de
nouvelles fonctionnalités, plus souvent pré-
sentés aux autres dirigeants, voire à l’exté-
rieur de l’entreprise.
Néanmoins, et le schéma ci-dessous per-
met de donner des ordres de grandeur bud-
gétaire, de nombreux DSI ont rappelé consa-
crer “le même nombre de jours-hommes à
l’informatique de production qu’à l’infor-
matique de projet”.
Mais, du côté de la production et de la
maintenance, comme nous l’avons vu pré-
cédemment, des opportunités de réduction
des coûts sont identifiées. A tel point que,
dans une période de stabilité budgétaire,
ces opportunités pourraient bien constituer
l’essence de l’innovation, permettant de
dégager des budgets nouveaux pour l’ajout
de fonctionnalités.
“Ajouter de nouvelles fonctionnalités
impose de dégager des ressources en main-
tenance d’exploitation. On peut difficile-
12 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
La réduction du budget alloué à la maintenance permet un recentrage sur l’ajout de nouvelles fonctionnalités
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
RÉPARTITION GLOBALE DES INVESTISSEMENTS IT
POSITION ET ÉVOLUTION DE LA PART “AJOUTS DE NOUVELLES FONCTIONNALITÉS” PAR SECTEUR
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 13CIO
ment augmenter le budget des études infor-
matiques sans réduire les coûts ailleurs.”
L’intégration des applications entre elles
reste stable, consommant tout de même un
cinquième des budgets en moyenne.
Il ne reste en fin de compte que 35 % du
budget, voire le quart dans certains sec-
teurs, pour dégager davantage de bénéfices
et accentuer l’alignement du SI à la straté-
gie de l’entreprise. A moins de s’intéresser
de plus près à ces 21 %. Ceux-ci abrite-
raient-ils des opportunités de réduction de
coût d’intégration inter-applications, jugées
intéressantes pour 23 % des DSI interrogés ?
Ne faudrait-il pas dans le même temps consi-
dérer, comme certains DSI l’ont souligné, l’in-
tégration comme une source de valeur pour
l’entreprise du fait du rôle central du système
d’information ?
La partie droite du graphique à la page 12
décline les tendances sectorielles : hori-
zontalement, figure l’ajout moyen de nou-
velles fonctionnalités (qui varie de 20 à
45 %) : les industries de biens de grande
consommation et de process consacrent
ainsi une part faible de leur budget aux
nouvelles fonctionnalités. A l’opposé,
banque et communication-médias en consa-
crent plus. Plusieurs lectures sont possibles :
on peut considérer les uns plus innovants,
mais on peut aussi observer que les pre-
miers ont standardisé leurs systèmes d’in-
formation, alors que les seconds s’inscrivent
plutôt dans une tradition de développe-
ment sur mesure.
Verticalement apparaît l’évolution de la
part de l’ajout de nouvelles fonctionnali-
tés : les secteurs situés en deçà de 0 stabi-
lisent leurs systèmes d’information, ceux
au-dessus accélèrent le rythme d’ajout de
nouvelles fonctionnalités. L’industrie manu-
facturière, la distribution, les services et
la banque semblent “les bons élèves”, ou
les bons “créneaux”, avec une part consa-
crée aux nouvelles fonctionnalités au-des-
sus de la médiane, et une croissance de
cette part envisagée sur l’année prochaine
supérieure à 0.
L’industrie de process apparaît à l’inverse
comme ayant effectué ses investissements,
et comme étant clairement entrée dans une
phase de consolidation plutôt que de trans-
formation. Cette analyse peut être mise en
perspective des tendances économiques dans
ce secteur, qui a connu de très nombreuses
opérations de fusions acquisitions ces der-
nières années.
De l’avis de beaucoup de DSI, il y a encore
un peu de marge sur la réduction des coûts
de maintenance : “On laisse ronronner les
anciens systèmes et on investit sur le front
office.”
Mais la mise en œuvre d’une véritable
approche industrielle des coûts et des inves-
tissements dans les systèmes d’information
est patente dans le discours des DSI :
– “On n’est plus comme autrefois dans les
effets tunnel”.
– “Les opérations qui s’éternisent sont
vouées à l’échec”.
Cette approche se caractérise aujourd’hui
par des pratiques généralisées lors des pro-
jets : travail en commun, prédilection pour
des solutions simples et mises en œuvre
raisonnables au rythme et au service des
“fonctionnels”.
Côté coûts d’exploitation, de plus en plus
nombreux sont les DSI qui connaissent les
principaux indicateurs de coûts et d’effica-
cité non seulement de leur informatique
propre, mais aussi ceux de leurs concur-
rents qui constituent des points de référence
clefs pour piloter leurs coûts et leur niveau
de service.
“Nous avons divisé l’activité de la DSI
en trois segments que nous mesurons grâce
à des critères différents.
Le premier segment est l’usine informa-
tique. Nous fournissons l’énergie infor-
matique de l’entreprise : sortir des fiches
de paie, prendre des commandes, allouer
du stock et ainsi de suite. Là, notre mesure,
c’est la qualité et le coût. L’usine doit
réduire son coût, constamment, comme
toute usine.
Nous avons une deuxième activité qui
consiste à répondre aux besoins du busi-
ness : des réorganisations, des restructura-
tions, des fusions, des acquisitions ; et, là,
le maître mot reste la rapidité, aujourd’hui.
Donc, nous mesurons notre service en fonc-
tion de la rapidité de l’exécution de nos
projets.
Le troisième segment, c’est l’innovation :
c’est la nouvelle idée technologique que
nous allons introduire dans l’entreprise.
C’est, d’une certaine manière, notre recherche
et développement ; et, là, c’est réellement le
nombre d’innovations, et non pas la vitesse
qui compte ; c’est le nombre d’idées inno-
vantes que nous allons pouvoir transfor-
mer en avantage business.”
Ainsi se dessine une approche très prag-
matique des systèmes d’information, que
ce soit du point de vue des coûts ou de l’in-
vestissement sur des projets techniques ou
fonctionnels :
– “La responsabilité est collégiale.”
– “On en fait plus au même prix.”
– “Les promesses technologiques non
tenues constituent un vrai risque.”
– (Il faut) “Jouer simple, jouer collectif,
jouer organisé.”
Cette approche, loin d’une idée de “fata-
lité technologique” ou d’investissement à
tout prix, relève d’une logique à laquelle
l’ensemble des DSI souhaite souscrire :
recourant à une sémantique toute indus-
trielle, nombreux sont ceux qui ont spon-
tanément décrit leur informatique comme
de “production”, comparé certaines parties
de leur organisation à une ‘usine’, voire mis
en avant des coûts de production. Et ce
même si, notamment dans le domaine des
projets, “contrairement à l’industriel, il faut
rester volontariste dans la phase d’exploi-
tation pour mesurer un business case ; une
usine, lorsqu’elle démarre, on sait vite si
elle sera à la hauteur de l’investissement
consenti”.
14 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
“Toute décision est prise dans un tri-
angle, dont les pointes sont les élé-
ments rationnels, les éléments émo-
tionnels et les éléments politiques, et je
crois qu’il faut que nous arrêtions de
nous mentir, en disant que toutes nos
décisions sont fondées purement sur
un raisonnement rationnel.“
Le SI est donc, on l’a vu, à la fois aligné
à la stratégie générale de l’entreprise, tan-
dis que sa gestion paraît s’industrialiser.
Mais il reste paradoxalement une zone de
changements aussi bien que de cohérence à
moyen et long termes :
– Les technologies autour des systèmes
d’information font l’objet de soubresauts
réguliers, de ruptures, de nouvelles ten-
dances ou de modes, les acteurs étant nom-
breux et leur marché souvent poussé par
l’innovation, réelle ou ressentie.
– Du fait de l’intégration poussée des sys-
tèmes d’information dans les processus de
l’entreprise, le moindre changement de celle-
ci propage des modifications et adaptations
dans les SI (à l’occasion par exemple d’une
fusion, acquisition, ou d’une modification
de périmètre d’activité).
– Les systèmes d’information étant de
plus en plus dépositaires de normes, de
règles de gestion et de référentiels non-infor-
matiques (au départ), ils deviennent tribu-
taires de l’évolution de ceux-ci.
– Par ailleurs, la durée de vie moyenne
d’investissement dans les technologies res-
tant élevée, le besoin de vision à moyen ou
long terme, et de respect d’une architecture
d’ensemble, n’en devient que plus critique.
Technologies poussées et technologies tirées
Le système d’information est donc soumis
à un flux de demandes poussées par les uti-
lisateurs et les clients, de la même façon
qu’il soumet ceux-ci à un flux de change-
ments non forcément sollicités.
On peut prendre comme exemple de tech-
nologies poussées vers les utilisateurs :
– La messagerie, dont personne il y a vingt
ans ne pensait qu’elle supplanterait courrier, fax
et telex. “La messagerie, c’est un acte de foi.”–
L’intranet, poussé alors que les contenus
n’étaient souvent pas encore numérisés.
Depuis, l’Internet a permis aussi de pousser
des applications self service vers les utili-
sateurs, comme les self service employés et
managers, les systèmes d’achats et de vente
en ligne…
– L’ERP, et plus généralement le concept
d’intégration fonctionnelle et de transver-
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 15CIO
■ Le système d’information à la recherche d’un équilibre
salité des processus, qui aujourd’hui dépas-
sent le cadre de l’entreprise pour englober des
fournisseurs, des partenaires et des clients.
– Les technologies liées à la sécurité.
On trouve du côté des technologies tirées
par les utilisateurs :
– Les systèmes décisionnels et d’aide à la
décision.
– Les tableaux de bord et autres indica-
teurs de performance.
– Les applicatifs de “front de vente” /
front-office.
– Les possibilités liées à l’automatisation
et aux interfaces, permettant de diminuer les
doubles saisies.
– Les logiciels et bases de données liés
aux soucis de traçabilité, rendue nécessaire
par les normes, par les clients, ou par la
valeur ajoutée apportée.
– Tout un ensemble d’applications métiers,
qu’elles soient destinées à une fonction
(achats, vente, gestion des opérations, des
services) ou à un secteur d’activité (gestion
des promotions, gestion des risques, prévi-
sion de la demande...).
Le SI est donc constamment à la recherche
d’un équilibre, et d’autant plus que les tech-
nologies sont de plus en plus sophistiquées,
et qu’il est aujourd’hui difficile de maîtriser
l’ensemble des standards et des innovations
de l’informatique actuelle.
L’approche industrielle, ou au moins éco-
nomique, et cette recherche constante d’équi-
libre obligent le DSI à “doser” son budget et
ses ressources de manière optimale, afin d’at-
teindre ses objectifs propres tout en sup-
portant les enjeux de l’entreprise.
Il n’est donc pas surprenant de voir les DSI
répondre à 59 % que le programme d’in-
vestissement doit composer entre enjeux et
optimisation IT. C’est une conséquence logique
de cette recherche majoritaire d’équilibre.
“Nous devons gérer toutes les demandes
émanant des métiers qui viennent au fil de
l’eau, de façon plus ou moins structurée,
justifiée, cohérente. Mais nous devons en
même temps construire une architecture
cohérente, sur un plan global qui, à terme,
soit un peu comme l’image de Paris, avec ce
que le baron Haussmann en a fait : une
chose bien dessinée, avec des avenues, un
Code de l’urbanisme.”
16 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
En quoi a consisté le programme d’investissement IT de votreentreprise au cours des dernières années ?
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Accompagner la croissance et innover
Si l’on regarde non plus le programme
d’investissement, mais la part des diffé-
rentes natures de dépenses dans le budget
SI de l’entreprise, et son évolution entre
2002 et 2003, on retrouve les prémices
d’une recherche d’équilibre empreinte de
rationalité.
Les investissements “autres” sont en effet
en sensible diminution. Ceci dénote selon
toute vraisemblance une meilleure gestion
des portefeuilles projets, chaque initiative
étant de plus en plus clairement associée à
un enjeu business.
La part d’investissement consacrée à la
réduction des coûts semble évoluer à la
baisse, la priorité allant sur les investissements
générateurs de croissance profitable.
La part “innovation stratégique” est en très
légère augmentation.
Il semble donc bien que l’équilibre soit
trouvé entre différents objectifs.
Un objectif d’accompagnement de crois-
sance et de rentabilité, le SI étant comme
toute direction responsable de ses moyens
et de ses ressources, tout en accompagnant
le développement de l’entreprise.
Un objectif ponctuel de diminution des
coûts de la fonction, sensiblement aligné
aux efforts demandés à tous dans l’entreprise
pour améliorer la compétitivité en ces
périodes de croissance faible.
Un objectif d’innovation et de veille tech-
nologique, dont la légère augmentation se
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 17CIO
Quelle est la part de votre budget IT allouée à chacun des objectifs pourles périodes suivantes :
© 2003, SAP et EDS Solutions Consulting. Tous droits réservés.
fait au détriment des postes “autres” et
“réduction des coûts”.
Il était tentant de croiser la performance
intrinsèque de l’entreprise en terme de crois-
sance et cet équilibre rapidement ébauché.
S’il faut noter un pourcentage du budget
dédié à l’innovation relativement peu sen-
sible au facteur de croissance de l’entreprise,
il est intéressant d’analyser l’inversion de ten-
dance entre “accompagnement de la croissance
et de la rentabilité” et “réduction des coûts”,
selon que l’on passe sur les cinq dernières
années d’une croissance faible à forte.
Ceci se retrouve dans le graphique de
droite, qui montre une nette tendance à la
diminution de l’objectif “réduction des
coûts” lorsqu’on le corrèle à la croissance
cumulée de l’entreprise sur les cinq der-
nières années.
Un comportement d’adoption des nouvelles technologies prochede l’idéal
La tendance, souvent décriée, des technologies
de l’information à produire de façon brow-
nienne des innovations régulières, rend l’exer-
cice de la recherche d’équilibre périlleux. Il
faut en effet pour le DSI rester maître de ses
coûts d’exploitation, et des ressources néces-
saires pour “faire tourner l’usine”, mais aussi
veiller à ne pas laisser passer une innovation
qui pourrait contribuer à les faire baisser, ou
au moins à faire mieux pour le même prix.
Le comportement d’adoption des nou-
velles technologies est très illustratif de cette
recherche d’équilibre.
Premier enseignement : la situation vécue
du comportement d’adoption des techno-
18 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Quelle est la part de votre budget IT allouée à chacun des objectifs pour les périodes suivantes ?
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COMPOSITION MOYENNE DU BUDGET IT EN FONCTION DU TAUX DE CROISSANCE
PART DU BUDGET ALLOUÉE À LA RÉDUCTION DES COÛTS, EN FONCTION DU TAUX DE CROISSANCE
logies de l’information est proche de l’idéal.
Le léger décalage de la courbe ‘idéale’ se
fait vers la gauche, suggérant que s’ils le
pouvaient, les DSI investiraient plus tôt,
mais avec retenue : ils seraient un peu plus
innovateurs, mais surtout moins tardifs. Une
fois les produits et/ou les technologies sor-
ties des labos, et au vu des premiers retours
d’expérience, ils seraient ainsi prêts à en
tirer plus tôt la valeur ajoutée espérée.
Le comparatif France/USA (voir gra-
phique page 20) sur les tendances réelles
d’adoption des technologies de l’informa-
tion montre une franche différence de com-
portement. Les DSI américains sont certes
plus innovateurs et plus nombreux à implan-
ter tôt des nouvelles technologies, mais les
DSI français réagissent en les implantant
plus vite lorsque celles-ci ont montré les
premiers signes de maturité.
Le plus haut niveau d’adoption est d’ailleurs
plus tôt chez les DSI français (Early Maturity
Adopter), que chez les Américains (Mature
Adopter). Mais le retard est constaté in fine
puisque les DSI français sont plus “late adop-
ter” que les DSI américains, et que la
moyenne d’adoption, indiquée par le tri-
angle en bas du graphique en page 20, est
un peu plus tardive en France, du fait du
retard pris durant la phase “innovator”.
Les explications avancées à ce décalage
France / USA sont hétérogènes.
Pour certains, il s’agit d’une différence
comportementale : les DSI américains seraient
plus enclins à arrêter un projet qui ne marche
pas, multipliant ainsi les innovations, et plus
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 19CIO
Pour atteindre au mieux ses objectifs stratégiques, quelle serait la phasela plus appropriée pour investir dans l’IT ?
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prêts à s’accommoder de problèmes d’inté-
gration d’un SI “patchwork”.
D’autres y voient un signe de sagesse des
DSI français.
Plus prosaïquement, d’autres encore y
voient un signe de proximité géographique
plus importante outre-Atlantique avec la
majorité américaine des acteurs des tech-
nologies de l’information, couplé à une
question de langue, l’anglais et l’américain
étant bien souvent la première langue sup-
portée par les technologies innovantes.
Faire plus avec moins
Confrontés à cette recherche d’équilibre,
y compris économique, les DSI face à une
situation de croissance (ou non) et à une
taille d’entreprise donnée, adoptent des ten-
dances d’organisations adaptées, dans le
but de faire plus avec moins ou de réussir
à suivre la croissance sans faire plus que
progresser les coûts.
Le recours aux progiciels - c’est-à-dire
d’une certaine manière à l’externalisation des
développements - est généralisé : dans 56 %
des entreprises consultées, on développe
moins d’applications sur mesure, et l’on
n’hésite plus à faire appel à des progiciels.
La deuxième tendance forte porte sur
l’externalisation. Son recours est plutôt lié
à la croissance, lorsqu’il s’agit d’externali-
sation des processus ou des services métiers,
ou à la rentabilité dans un contexte de réces-
sion, avec une externalisation de moyens
(informatiques ou humains).
La réduction des coûts est une motiva-
tion importante, car “c’est de là que nous
pouvons tirer le carburant nécessaire pour
alimenter le haut, que sont : les nouveaux pro-
jets, la maîtrise du portefeuille de projets”.
Mais c’est aussi et surtout la souplesse et la
flexibilité qui guident les choix : “Nous
cherchons à introduire de la flexibilité dans
nos coûts, à la fois dans la construction du
système et dans l’allocation des moyens, que
nous serons capables d’attribuer à telle ou
telle partie du système d’information, en
fonction des objectifs du business.”
L’autre résultat frappant est la méfiance,
voire le désintérêt à l’égard de l’offshore (10)
et de ses dérivés (rightshore, nearshore, ...).
20 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
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A quel moment investissez-vous en IT ?
Moyennes
(10) Offshore : principe visant à délocaliser toute ou partie des développements informatiques.
Les rares DSI à l’avoir cité sont, en général,
dans des grandes entreprises, à la recherche
de la meilleure équation économique sur
des développements “banalisés”.
Faire plus avec moins, pour le DSI, c’est
aussi tirer le meilleur parti des compétences
de ses équipes dans les différentes spéciali-
tés lui permettant de maîtriser cet équilibre.
“Nous ne faisons dorénavant plus de déve-
loppements spécifiques en interne, et nous en
sous-traitons la totalité ; nous employons
donc plutôt chez nous des architectes et des
gestionnaires de projets, alors que cinq ou six
ans auparavant, nous disposions d’impor-
tantes équipes de développement.”
De manière prévisible, la compétence tech-
nique apparaît en tête. Plus étonnant est le
fait que les compétences fonctionnelles devan-
cent celles liées à la gestion de projet.
Ce fait est à corréler avec une ancienne de
l’Observatoire : les DSI rencontrent beau-
coup de difficultés à trouver une maîtrise
d’ouvrage, tout en constatant que c’est dans
le partage équitable entre responsabilités
et synergie avec les métiers que se situe le
point critique d’équilibre :
– “La seule chose qui fonctionne, c’est
l’organisation par projet, avec un respon-
sable, un budget et un “accountability”,
une responsabilité claire ; et surtout une
personne qui dise que c’est son projet : cela
s’appelle le sponsor, ou si vous voulez, le
maître d’ouvrage, et cela fonctionne”.
– “Tout mon travail consiste à monter
des partenariats MOE (11)/MOA (12)”.
– “Si la MOA ne veut pas être partenaire, et
surtout simplifier, je ne crois pas au projet”.
– “Les centres de compétences commen-
cent à poser problème, car ils sont meilleurs
que les MOA.”
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 21CIO
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La croissance stimule l’outsourcing de processus
Les compétences des équipes de la DSI
PARMI CES TYPES D’ORGANISATION, LESQUELS SONT UTILISÉS AU SEIN DE VOTRE ENTREPRISE ?
AUJOURD’HUI, POURRIEZ-VOUS QUALIFIER LES COMPÉTENCES DE VOS ÉQUIPES DANS CES DIFFÉRENTS DOMAINES ?
(11) MOE : Maîtrise d’œuvre, organisation (souvent émanation de la DSI) qui réalise le projet
(12) MOA : Maîtrise d’ouvrage, organisation pour laquelle le projet est réalisé, et qui le paye in fine.
Il ne suffit pas de planifier, de budgéter,
de choisir et d’adopter des nouvelles tech-
nologies pour produire de la valeur ajoutée
dans l’entreprise. Il faut aussi réussir à les
mettre en œuvre, à les implanter, à les faire
“arriver” ou “apparaître”, pour traduire
mot à mot le “make it happen” cher aux
américains. C’est à cette seule condition
que le système d’information apporte sa
pierre à l’édifice de la valeur ajoutée.
La valeur ajoutée au service des clients
Cette valeur ajoutée, personne ne la
conteste : “La valeur ajoutée des SI est colos-
sale”, même si un DSI lucide avertissait que
“ce qui ne coûtait rien se met à coûter”.
La question posée aux DSI n’était alors plus
de savoir si les SI produisaient cette valeur
ajoutée, mais bien de connaître les domaines
fonctionnels qui en produiraient le plus, et de
pouvoir comparer ces résultats avec ceux qui
étaient enregistrés aux Etats-Unis.
Les DSI français, comme les américains,
soignent au premier chef le service rendu aux
clients : “Nous ne sommes pas contraints par
les coûts, mais par le service client”. Mais
les DSI français se montrent immédiate-
ment après, soucieux de logistique et de
production (dont les scores sont d’autant plus
honorables en considérant qu’ils touchent
principalement les activités industrielles et
la distribution) ; les DSI américains pointent
de leur côté la vente et la finance.
“On a tissé patiemment la toile d’arai-
gnée logistique, à l’aide du SI.”
On note la moindre valeur ajoutée appor-
tée aux processus impliquant des tiers non-
clients en France : achats (fournisseurs), mar-
keting (partenaires, distributeurs, clients
finaux), partenaires externes et recherche &
développement sont en queue de peloton.
La fonction ressources humaines, pour les
DSI français, arrive également en retrait
(13 % des réponses) ; les DSI américains
n’ont pas été interrogés sur ce sujet, ce qui
ne permet donc pas de comparer les résultats.
22 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
■ “Make IT happen”
La valeur ajoutée de l’IT est plus homogène aux US sur l’ensemble des processus
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DANS QUELS DOMAINES JUGEZ-VOUS QUE L’ IT APPORTE UNE FORTE VALEUR MÉTIER ?
Une autre interprétation de ces résultats miti-
gés pour le marketing, la R&D, ou les RH
serait d’observer qu’en France plus qu’aux
Etats-Unis, les systèmes d’information sont au
service des opérations : ils sont en conséquence
au service des processus. Or, au marketing,
dans les DRH, à la R&D, les systèmes d’in-
formation sont davantage au service des hommes
que des processus (exemples : segmentation de
clientèle au marketing, portail salarié et mana-
ger aux RH, plate-forme d’ingénierie collabo-
rative à la R&D). Nous reviendrons sur ce
thème plus en détail plus loin.
Enfin, il faut noter l’impression d’équilibre qui
se dégage des réponses américaines. Les réponses
françaises donnent plus une impression de
“vase clos” : plus la fonction doit s’ouvrir à
l’extérieur (marketing, partenaires, R&D),
moins elle est concernée par la valeur ajoutée.
Le ROI des projets : mythe ou réalité ?
“On fait un pot, voire un bilan.” Tel était
le constat teinté d’ironie d’un DSI interrogé
sur le calcul des impacts économiques après
la mise en production des projets de SI.
Même si tous ne vivent pas avec la même
intensité la contrainte économique, comme
celui qui nous déclarait que “l’argent n’est
pas un frein en tant que tel”, il est patent
que dans un univers de challenges écono-
miques, plus aucun projet ou investisse-
ment, de quelque nature que ce soit, n’est
fait sans analyse a priori de sa rentabilité.
“Les bonnes pratiques voudraient que,
pour tout investissement on calcule le ROI,
avant et après. Après, dans le cas des sys-
tèmes d’information, c’est une fois que le sys-
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 23CIO
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La valeur ajoutée de l’IT d’un projet est difficile à cerner. Le Business Casene serait-il qu’une figure imposée ?
MESUREZ-VOUS SYSTÉMATIQUEMENT LA VALEUR STRATÉGIQUE
D’UN INVESTISSEMENT IT À SA TERMINAISON
SI OUI, QUAND MESUREZ-VOUS CETTE VALEUR STRATÉGIQUE ?
tème est stabilisé et que l’on en a tiré toute
la valeur. Cela, c’est la théorie.”
Pourtant, 60 % des clients répondent plu-
tôt “non” à la question d’une mesure sys-
tématique de valeur des projets. 28 % jugent
l’exercice difficile.
Et lorsqu’ils mesurent cette valeur, ils
auraient une nette tendance à le faire avant
ou pendant, mais rarement après.
Le ROI serait-il utilisé pour “vendre” les
projets plutôt que pour en mesurer constam-
ment la valeur ? Un DSI nous avouait sans
fard que dans son entreprise, “le ROI est aca-
démique, et fait a priori”.
Cependant, fidèles à leur engagement
d’alignement à l’entreprise, les DSI recon-
naissent la nécessité de trouver de meilleures
pratiques pour mesurer la valeur de leur
système d’information : “Les DSI ont un
véritable effort à accomplir pour partir à la
chasse des indicateurs, de toutes les corré-
lations qu’il y a entre les actions dans le
domaine des systèmes d’information et le
compte d’exploitation.” Dans le même
temps cependant, ils refusent la dictature
du ROI, soulignant qu’il faut aussi tenir
compte du “cost of doing business” (les
coûts incontournables). Mais, surtout, ils
indiquent que si l’alignement de la DSI à
la stratégie d’entreprise est totalement abouti,
alors la responsabilité du retour sur inves-
tissement des projets passe du côté de ses
bénéficiaires plutôt que de ceux qui réalisent.
“Dans la majorité des cas, nous sommes
responsables de la partie coûts dans les sys-
tèmes d’information ; mais, à part pour
quelques projets d’infrastructure, la partie
gain se trouve généralement chez le client.”
24 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
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Le ROI est une méthode universelle, mais rarement un facteur décisif
MÉTHODES EMPLOYÉES POUR ESTIMER LA VALEUR STRATÉGIQUE D’UN INVESTISSEMENT
FACTEURS PRINCIPAUX MOTIVANT LES DÉCISIONS D’INVESTISSEMENTS
C’est ainsi que, face à la grande difficulté
d’identifier les retours sur investissement
d’un projet, les voies de progrès semblent
principalement à rechercher dans la dicho-
tomie Maîtrise d’Œuvre/Maîtrise d’Ouvrage,
afin de mieux identifier, mais surtout de
mesurer régulièrement en aval du projet,
les gains “métiers”.
Pour beaucoup, la comparaison avec l’in-
dustriel est de mise. Les DSI reviennent sur le
fait que l’informatique est une science humaine :
dans leur domaine “l’obtention de ces béné-
fices, contrairement à un investissement indus-
triel, ne s’obtient pas lorsqu’on appuie sur le
bouton et que l’on démarre le projet”.
En terme de méthode, le ROI est la pre-
mière citée comme étant employée pour esti-
mer la valeur d’un projet. Mais, si le ROI est
bien l’outil de référence, il n’apparaît qu’au
troisième rang des facteurs principaux d’in-
vestissement en projets IT. La difficulté de
l’exercice visant à la calculer en constitue
même une des trois principales contraintes
pour le lancement des projets.
Nombreuses ont été les réactions au sujet
des méthodologies employées :
– “La meilleure méthode de valorisation
reste le doigt mouillé.”
– “ Le ROI, je suis obligé d’y passer, mais
c’est souvent du flair.”
– “On ne découvre le business case que
petit à petit, il faut le travailler constam-
ment.”
– “On savait qu’on allait y gagner, mais
pas comment, ni combien.”
Le calcul du TCO (Total Cost of Ownership,
ou coût de possession) cherche encore sa
place, et reste faiblement cité, peut-être du
fait de sa difficile standardisation et de sa
comparabilité limitée. Autre lecture pos-
sible du faible résultat du TCO : celui-ci
s’inscrit dans une approche de calcul de
coûts, plutôt que dans une approche de
mesure de la valeur. Le REJ (13) n’est cité
que de manière anecdotique.
En ce qui concerne les facteurs motivant
les décisions d’investissements, l’alignement
à la stratégie de l’entreprise est très large-
ment en tête. L’aspect réduction des coûts
n’apparaît qu’en quatrième position.
Les projets purement technologiques ne
sont clairement plus de mise, puisque seuls
15 % des DSI estiment qu’une tendance
technologique ou un standard constituent
des moteurs aux investissements.
Responsabilité sur les projets : les conditions de la réussite
Gérer des projets souvent complexes,
comprendre les métiers et les stratégies de
l’entreprise, “faire tourner l’usine”, accom-
pagner le changement, maîtriser les tech-
nologies, dégager des bénéfices concrets :
la DSI, jadis experte, est aujourd’hui multi-
compétente. Le chapitre précédent nous
avait permis d’en effleurer la probléma-
tique, montrant la triple compétence “tech-
nologie, fonctionnelle et projet” qui fait
partie du quotidien des DSI. Pour affiner
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 25CIO
(13) REJ : Rapid Economic Justification :méthode permettant de prendre encompte le temps dans le calcul du ROI,afin de privilégier les investissements à retour rapide, peu consommateurs en terme de trésorerie.
l’analyse, une question fut posée aux deux
cents DSI présents à la soirée du 25 juin
2003, afin de déterminer les domaines de
progrès récents dans la gestion de projet, du
côté de la direction des SI.
La gestion de projet, sur laquelle nous
reviendrons par la suite, est celle qui a le plus
progressé. Un DSI nous déclarait d’ailleurs
avoir mis au point une méthodologie de
gestion de projet interne, reprise depuis
lors par d’autres directions fonctionnelles,
à sa plus grande surprise autant qu’à sa
grande fierté.
Le relationnel, et partant l’ensemble des
qualités qui créent les conditions du chan-
gement dans les systèmes et les processus,
soit la capacité d’écoute, la pédagogie, arrive
à une réjouissante deuxième position. Sans
doute l’accélération technologique constante
a aiguillonné le développement récent de ces
capacités. Sans doute aussi, comme un DSI
nous le faisait remarquer, non seulement “il
est impossible aujourd’hui à un informaticien
de tout maîtriser”, mais encore “il y a un
manque de culture informatique, voire un
refus technologique évident” du côté des
directions fonctionnelles face à un univers
laissant ressentir une instabilité chronique.
Constat renforcé par la nécessité avouée de
faire progresser sa maîtrise technologique, citée
en troisième position.
Dernière mention, enfin, pour l’expertise
fonctionnelle. Entre nécessité de comprendre
des processus et règles de gestion sophisti-
qués, et carence des entreprises à fournir
des maîtrises d’ouvrage aussi compétentes
que disponibles, le paradoxe de l’utilisa-
teur (14) n’est visiblement résolu que grâce
aux développement de compétences ad hoc
côté SI.
“Il y a une curiosité manifeste de l’infor-
maticien pour les métiers.”
Organisation de la DSI
Valeur ajoutée, ROI nécessaire, et condi-
tions complexes de réussite des projets.
Comment les DSI s’organisent-elles, et à
quels types d’organisation ou de technolo-
gies font elles confiance ?
La réponse, déjà évoquée précédemment,
mais ici croisée par secteur, est assez spec-
taculaire : on retrouve la progicialisation (15)
en tête des pratiques et des types d’organi-
sation mises en œuvre dans 56 % des cas ;
elle concerne uniformément tous les sec-
26 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Dans quels domaines votre équipe a-t-elle le plus progressé ces trois dernières années ?
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(14) Un excellent utilisateur n’est jamaisdisponible longtemps. Et s’il le devient, il n’est plus excellent, puisque loin de son métier.
(15) C’est-à-dire le recours systématiqueà un logiciel “tout prêt” plutôt qu’à un développement spécifique.
teurs, ce qui montre une généralisation de
ce phénomène (ce qui est une tendance rela-
tivement nouvelle, certains secteurs ayant
adopté plus tardivement cette approche que
d’autres).
L’externalisation remporte un égal suc-
cès lorsqu’on additionne l’infogérance de
moyens (centre de calculs, réseaux, matériels
et/ou ressources informatiques d’exploita-
tion et de maintenance) à celui de proces-
sus (externalisation des moyens informa-
tiques, ainsi que des ressources fonctionnelles,
pour conduire à un processus complet géré
à l’extérieur de l’entreprise, comme par
exemple la paye ou la facturation).
L’externalisation est aujourd’hui présente
partout, ce qui renforce le discours des
augures promettant à cette voie une crois-
sance enfin solide en France, où elle connaît
un retard historique important comparé
aux pratiques américaines ou anglaises. Le
constat est de moindre mesure dans cer-
tains secteurs comme ceux de l’industrie
manufacturière ou des services, ou de la
communication-média.
La question se résume à la remarque faite
par un DSI : “Ce n’est pas mon métier de
décrire, de programmer et de maintenir un
applicatif et un réglementaire de paye. Et la
question se pose de savoir si j’ai une valeur
ajoutée à faire fonctionner pour ma seule
entreprise ce type d’application.”
Des compétences opérationnelles
Une fois l’organisation décrite, il faut
savoir doser les compétences internes de la
DSI, notamment fonctionnelles.
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 27CIO
L’industrie et les services favorisent la “progicialisation” et combinentdifférents types d’organisation
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PARMI CES TYPES D’ORGANISATION, LESQUELS SONT UTILISÉS AU SEIN DE VOTRE ENTREPRISE ?
Pour chaque secteur d’activité, la matrice indique les types d’organisation très utilisés (+) ou peu utilisés (-)
Chaque entreprise utilise en moyenne quasiment 2 types d’organisation
“Notre organisation doit changer dans
le temps, parce que la vie d’une entreprise
n’est pas toujours un long fleuve tranquille,
et l’on ne réussit pas la même chose avec une
organisation donnée en période de crise ou
en développement.”
Les résultats bruts montrent “l’opéra-
tionnalité”, à tout niveau, des compétences,
et se croisent parfaitement avec le souci
manifesté par les DSI à accompagner les
processus de service aux clients, de logistique,
de production et de vente.
La finance est, elle aussi, très présente,
dans sa dimension non comptable, et donc
plutôt liée aux problématiques de trésore-
rie, de consolidation, de reporting, de
contrôle de gestion.
Dans l’ensemble, il faut reconnaître une
forte compétence fonctionnelle aux équipes
de la DSI, qui accompagnent sans doute le
succès de la “progicialisation”. Il faut noter
à ce sujet le caractère jugé important, quoique
peu critique, des fonctions de comptabilité
et de finance. Question de nuance, mais là
encore dans le prolongement du souci de
valeur ajoutée, et d’alignement sur le métier
de l’entreprise.
Les systèmes d’information liés aux res-
sources humaines sont vus par nombre de
DSI comme des systèmes à part, en marge
des systèmes d’information.
“Si l’on reproche aujourd’hui à des per-
sonnes de ne pas avoir suffisamment acquis
de compétences dans les domaines fonc-
tionnels, c’est bien parce que souvent, on les
a privées de participation à des tâches situées
plus en amont dans les projets.”
“On cherche à développer de plus en plus
la polyvalence, en particulier managériale,
chez les personnes, car il leur faut apprendre
à diriger d’autres personnes, à gérer des
projets, à communiquer, etc.”
“Il y a deux compétences-clés pour nos
recrutements :
– Les architectes, qui ne sont pas seule-
ment des techniciens, mais également des
personnes capables de sentir le système, de
prévoir s’il va fonctionner, s’il est facile à
exploiter.
– Les chefs de projets, qui doivent en
même temps avoir une compétence métier,
mais surtout une compétence d’écoute.”
28 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Dans quels domaines fonctionnels jugez-vous l’expertise métier de la DSI ?
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De la stratégie à l’action
Les tous premiers enseignements de l’étude
donnaient le ton. Le graphique ci-dessous
montre qu’en terme d’alignement, les DSI
sont passés de la stratégie à l’action : à 73 %,
la stratégie de l’entreprise est considérée comme
l’un des trois facteurs déterminants pour choi-
sir les technologies. Malgré son utilisation et
sa généralisation difficiles, le ROI est un fac-
teur de décision prépondérant en France autant
qu’aux Etats-Unis. Ce résultat est à rapprocher
d’une autre question de l’étude qui portait
non pas sur les leviers, mais sur les freins pour
les nouveaux projets. Dans les deux cas, le
ROI apparaît en troisième position, avec le
même score de 37 % des répondants. Un phé-
nomène d’attraction/répulsion qui illustre par-
faitement le challenge difficile, mais assumé par
les DSI, pour transformer leurs réalisations
en valeur mesurable pour l’entreprise.
A noter, enfin, que les DSI considèrent maî-
triser totalement l’outil informatique : la dis-
ponibilité des technologies ou des standards
ne déclenchent, ni ne freinent les initiatives.
Le temps, ainsi que le caractère plus ou
moins structurant de chaque initiative, appa-
raissent également comme des critères déter-
minants. Ici encore, le mot clé est équilibre,
entre autonomie et fédération, réactivité et
pérennité… Trouver le centre de gravité est
comme nous l’avons vu précédemment un
exercice délicat, mais qui s’avère détermi-
nant pour aboutir au choix technologique.
“Nous avons une stratégie que nous appe-
lons Kleenex. Nous répondons alors à un
besoin bien précis, au travers d’une nou-
velle brique. Plutôt que de l’intégrer au
standard applicatif, nous allons au contraire
l’isoler pour répondre momentanément aux
besoins sans perturber le reste.”
“Nous bâtissons l’Europe des systèmes
d’information, avec un véritable projet d’en-
treprise, après avoir remis à plat la totalité
de nos processus dans tous les domaines.”
Cette recherche d’équilibre se traduit
concrètement dans les prises de décision
relatives aux éternels débats technologiques :
progiciel ou spécifique, internalisation ou
externalisation de l’exploitation ? L’étude
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 29CIO
■ Choix des technologies
Quels sont les trois facteurs les plus importants qui motiventvos décisions d’investissement IT et d’adoption d’une technologie
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PRINCIPAUX FACTEURS MOTIVANT LES DÉCISIONS IT
30 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
montre qu’il n’y a plus d’exception culturelle
ou sectorielle : c’est, ici encore, le contexte
et la stratégie de l’entreprise qui orientent la
décision. Intégré ou best of breed (16) ?
Comme les citations précédentes l’indiquent,
la réponse dépend du contexte. Et la déci-
sion est prise avec une vue à moyen et long
termes sur ses conséquences, en en assu-
mant pleinement les éventuelles contraintes.
“Le problème concernant les choix tech-
nologiques, c’est qu’ils sont de plus en plus
souvent importés derrière des applications
qu’il faut assumer une fois qu’elles sont opé-
rationnelles. L’une des réalités de l’infor-
matique d’aujourd’hui, c’est que vous êtes
un assembleur de solutions disparates.”
Cette vue à long terme, probablement
couplée au contexte actuel qui appelle à se
consacrer prioritairement à la démultipli-
cation de la valeur de l’existant, plutôt qu’au
renouvellement des systèmes d’information,
amènent par ailleurs les DSI à passer d’une
gestion par projet à une démarche plus large
de gestion du cycle de vie des applications.
Les choix technologiques en sont naturel-
lement impactés.
“Les titres que nous choisissons nous font
du tort : il y a des chefs de projet dans nos
organisations. Dès la mise en production
d’un projet, ils sont déjà en train de cher-
cher le suivant ; or, l’utilisateur ne suit pas.
Notre effort consiste aussi à accroître l’uti-
lisation, l’usage de ce que nous avons déjà
dans la maison, avant de commencer à ajou-
ter de nouvelles fonctionnalités.”
Quel soutien, quelles influences,quelle légitimité ?
“Nous sommes légitimes lorsque nous
avons une relation de confiance avec les
branches métiers qui sont nos clients.”
Les DSI impliqués dans les décisions métiers ont vu leur influenceaugmenter quant aux choix technologiques
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L’INFLUENCE DES DSI SUR LES ORIENTATIONS TECHNOLOGIQUES
PARTICIPATION DU DSI AUX DÉCISIONS MÉTIERS ET/OU IT
(16) Best of breed : Littéralement, le meilleur de sa catégorie. Stratégie de choix d’applicatifs privilégiant lesfonctions avancées sur chaque domaine.Cette notion s'oppose à celle de "toutintégré", privilégiant la polyvalence de la couverture fonctionnelle et l’intégrationdes fonctions entre-elles.
“La légitimité d’un DSI provient de sa
connaissance de l’entreprise, des produits de
l’entreprise, de ses concurrents, de ses pro-
cessus ; c’est ce qui est fondamental.”
Aux yeux des DSI, leur influence sur les
orientations technologiques et IT a claire-
ment augmenté. Ceci est d’autant plus
notable qu’avec l’arrivée des progiciels ou de
l’e-business, les technologies se présentent
de moins en moins souvent comme des outils
informatiques mais plutôt comme des appli-
cations métiers pour des fonctionnels.
Mais, c’est précisément parce qu’il a su
comprendre les enjeux métiers de ses inter-
locuteurs que la DSI a gagné en légitimité.
Elle met en avant sa triple compétence :
fonctionnelle, pour comprendre un besoin,
technologique et opérationnelle, pour y
apporter une solution, ainsi que fédératrice,
pour appréhender son adéquation à la pro-
blématique globale de l’entreprise.
“L’état d’esprit des directions fonctionnelles
a dans notre PME évolué significativement.
Ces directions acceptent bien volontiers, et
c’est un vrai changement culturel, que nous
soyons à leur côté, voire que nous soyons
aussi des moteurs d’innovation dans leur
propre business.”
A la question de la place de la DSI dans
l’échelle de pouvoir de l’entreprise, les DSI
haussent les épaules. Ils semblent se jouer
des luttes de pouvoir. Il est surtout ques-
tion d’alliances et de synergies :
“Par exemple, dans une entreprise organisée
par lignes de business, lorsque toutes veulent
lancer un projet, il faut trancher. La direction
financière peut devenir alors l’allié.”
Les principaux alliés du DSI dans les choix
technologiques sont ceux qui partagent avec
lui cette vision transverse de l’entreprise :
directions générales, présidents directeurs
généraux, mais aussi directions financières.
Ce tableau très optimiste doit cependant
être pondéré au vu des réactions des entre-
tiens avec les DSI que nous avons rencon-
trés : dans bien des cas, l’informatique reste
pour les dirigeants de l’entreprise “une
source d’embarras”. Ils observent que “l’in-
formatique, c’est comme la nourriture : si
c’est bon, les gens ne disent rien. Si c’est
mauvais, ils se manifestent”. Certains regret-
tent d’être insuffisamment impliqués dans
les tâches en amont des projets. Un parti-
cipant nous narrait les atermoiements d’un
projet mené sans le concours de la DSI :
“Il y a une pédagogie nécessaire de l’échec.
Après deux ans de difficultés, on est revenu
nous voir. Et cela a finalement marché”.
Bref, même si c’est dans la relation avec
le reste de l’entreprise que la DSI semble
avoir le plus progressé ces dernières années,
elle se préserve de toute autosatisfaction et
se concentre sur le chemin qui reste à par-
courir. Un parcours tortueux et difficile
mais qui pourrait bien être la clé du succès.
D’autant que les DSI ont bien conscience
que la difficulté qu’ils rencontrent dans le
déploiement de leurs outils n’est pas, ou n’est
plus, une affaire de technologie. Car “on sait
faire vite quand il n’y a pas d’impact sur les
processus métiers”. On constate la prépon-
dérance de la mécanique de partage des res-
ponsabilités et d’obtention d’un engagement
mutuel. Et, si son succès passe par sa mise en
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 31CIO
place efficace en phase de projet, c’est surtout
une fois le système opérationnel, lorsqu’il
devient l’outil de travail de ses bénéficiaires,
que les rouages restent à huiler.
“Lorsque l’on a un projet difficile à
conduire, il me paraît extrêmement impor-
tant de se rapprocher de la direction de la
communication et de former un binôme.
Pour notre projet d’entreprise, avec la com-
munication interne, nous avons travaillé en
permanence pendant trois ans. La réussite
de projet passe aussi beaucoup par cela.”
ERP et CRM, technologies critiquespour la compétitivité de l’entreprise
Le levier ou la technologie le plus sou-
vent citée, comme ayant un fort impact sur
la compétitivité de l’entreprise, c’est l’ERP,
juste devant le CRM.
Il s’agit de technologies – c’est particu-
lièrement notable en ce qui concerne l’ERP
– qui sont matures.
Le CRM est bien placé, surtout si on l’on
tient compte en plus des bons résultats de la
“Business Intelligence” (17), sachant qu’un
nombre important de projets décisionnels
se développent autour du CRM analytique
ou de l’analyse des ventes.
La part des e-technologies, souvent
décriées, constitue une surprise dans la
mesure où les technologies comme le e-
commerce et le e-procurement sont appré-
ciées comme “ayant de l’impact”. Il sem-
blerait, donc, qu’en marge des coups d’éclats
médiatiques et économiques de la nouvelle
économie, les e-technologies se soient ins-
tallées de manière pérenne à la condition,
ici encore, de n’être pas une fin en soi mais
de se mettre au service de la stratégie de
l’entreprise.
La Business Intelligence reste une valeur
sûre, puisque très proche du CRM, et des
e-technologies en terme de réponse. Même
si elle fait partie des technologies tirées, les
DSI soulignent sa nécessaire appropriation
par les utilisateurs comme condition de suc-
cès : “Les utilisateurs n’accrochent pas au déci-
sionnel tant qu’ils ne voient pas d’informa-
tions dédiées à leur métier et à leurs chiffres.”
Les résultats du SCM et surtout du Product
Lifecycle Management sont, de leur côté, très
décevants. Certes, leur impact ne concerne pas
tous les secteurs d’activité, mais cela n’explique
pas tout. Une autre explication peut être un
certain recouvrement entre ce que propo-
sent ces technologies et celles d’un ERP.
32 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
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Quelles sont les technologies qui s’avèrent avoir le plus fortimpact sur la compétitivité de l’entreprise ?
(17) On englobe sous le terme “tableaude bord”, entrepôt de données, indicateursde performance et applications analytiques.
“Le SCM, le CRM, c’est encore devant
nous pour des questions de mentalité. Par
contre, ce sera porteur de compétitivité.”
Une autre piste d’analyse à creuser provient
du croisement avec une autre question déjà
évoquée dans l’étude montrant qu’aux yeux
des DSI français, la valeur ajoutée de l’in-
formatique se situe plutôt du côté de la ges-
tion des opérations (service client, logis-
tique, production, vente) que du marketing,
de la R&D ou des ressources humaines.
C’est donc un système d’information au ser-
vice des processus et de l’industrialisation qui
prend le pas sur une informatique au service
de l’utilisateur et de la gestion de l’innova-
tion. Le score honorable de la Business
Intelligence et des portails peut laisser pen-
ser toutefois que cette tendance n’est que
conjoncturelle, et que c’est peut-être là que
s’orienteront les investissements à l’occa-
sion d’une éventuelle reprise économique.
Le cas des ressources humaines est inté-
ressant à creuser. Pour la majorité des DSI, ces
systèmes d’information restent en marge et
exclusivement à destination des membres de
la DRH. Pour l’illustrer, certains DSI nous
ont indiqué qu’il existait une “DSIRH” dans
leur entreprise, mais qu’elle ne dépendait pas
de la DSI. L’alignement des SIRH à la stra-
tégie de l’entreprise serait-elle inutile, hor-
mis quand les ressources humaines sont l’ou-
til de production refacturé au client ou quand
la gestion des temps est critique ? Ne faut-il
pas voir dans cette analyse une explication
au lent démarrage des projets d’Employee
Relationship Management et de portails d’en-
treprise, qui partent souvent des ressources
humaines pour irriguer l’entreprise ? Bref, il
nous semble que d’intéressantes synergies
entre le DSI et le DRH restent à découvrir et
certains nous l’ont confirmé. “Le directeur des
ressources humaines est devenu vraiment
pour moi un allié, depuis qu’il dispose d’un
système d’information qui fonctionne bien.”
L’analyse mérite aussi d’être poursuivie
de manière sectorielle.
L’ERP suscite l’intérêt dans l’industrie,
mais aussi, ce qui est plus surprenant, dans
la banque/assurance et le secteur public.
Mais en creusant un peu avec les membres
du comité scientifique, c’est un ERP très
polymorphe dont il s’agit. Pour certains, il
est un outil fédérateur qui intègre et unifie
tant les pratiques de gestion que les systèmes
d’information : “l’Europe des systèmes d’in-
formation” en définitive. Pour d’autres, il
constitue un moyen d’optimisation des fonc-
tions de support, comme les achats, les res-
sources humaines, la finance, voire la gestion
commerciale, dans ce cas, “le PGI, c’est un
utilitaire”, un socle nécessaire qui n’est pas
forcément utilisé au cœur des processus
métiers de l’entreprise, mais qu’on met en
place puisque “il y a encore beaucoup de
progrès à faire et beaucoup à gagner sur les
processus de back office”. D’autres encore,
dans l’industrie par exemple, le situent au
cœur de la gestion des opérations de leur
entreprise. L’ERP est alors la tour de contrôle
pour la gestion des opérations.
L’apport du CRM dans le secteur des ser-
vices ne surprendra personne pas plus que
dans la distribution, secteur notamment
sensible aux enjeux liés à la fidélisation et
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 33CIO
à la compréhension des attentes des clients.
La Business Intelligence intéresse pour les
mêmes raisons les distributeurs. L’intérêt
de ce secteur pour le SCM semble montrer
que le second enjeu, c’est la logistique.
“Le CRM est un point important, puisque
nous sommes une entreprise de services, et
je dirais que tous les systèmes sont orientés
vers le client : nous essayons de mettre en
place un système d’information qui puisse
nous donner la traçabilité du client dans
l’entreprise.”
Les portails et intranet divisent : certains
secteurs semblent dubitatifs, tandis qu’ils
motivent tout particulièrement les secteurs
des services, de la communication et des
médias. L’étude qualitative a de son côté
permis de souligner l’importance de ces
technologies pour l’administration.
Déception en revanche sur la sécurité, le
PLM, y compris dans les secteurs industriels,
et, quoique dans une moindre mesure pour le
SCM, qui n’émerge que dans la distribution.
Les standards d’infrastructure (EAI, Web
Services) réalisent un score d’autant plus
décevant qu’ils sont destinés répondre à
l’enjeu d’intégration inter applicative,
domaine dont une question précédente avait
montré qu’il représentait 21 % d’un bud-
get informatique. L’urbanisation des sys-
tèmes, la nécessaire consolidation d’un exis-
tant jugé morcelé, le fait que nous soyons
en train de quitter une ère de renouvellement
des systèmes pour entrer dans une ère de
réutilisation de l’existant, sont pourtant des
thèmes d’intérêt majeur chez ceux que nous
avons rencontrés. La réponse technologique
à cet enjeu reste à trouver ou à généraliser.
34 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
Les e-technologies rejoignent l’ERP et le CRM sur le podium des leviers decompétitivité
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QUELLES SONT LES TECHNOLOGIES QUI S’AVÈRENT AVOIR LE PLUS FORT IMPACT SUR LA COMPÉTITIVITÉ DE L’ENTREPRISE ?
Pour chaque secteur, la matrice indique les technologies les plus utilisées (+) et les oins utilisés (-)
Quels acteurs pour mettre en œuvreles technologies ?
“Les ERP constituent un levier fonda-
mental de productivité, mais cela ne tombe
absolument pas du ciel, et nécessite une déter-
mination, un acte de courage continu pendant
toute la phase de conception, de déploiement
et même après avoir démarré le système ;
nous avons l’efficacité et la productivité, mais
au bout d’un voyage difficile.”
Cette phrase, qui fait référence à la mise en
place d’un progiciel de gestion intégrée, pour-
rait concerner plus généralement tout grand pro-
jet d’entreprise. Car, pour reprendre une phrase
célèbre, chaque grande initiative menée par la
DSI est “un voyage, pas une destination”.
La DSI n’hésite pas à aller chercher la
compétence fonctionnelle là où elle est, dans
les directions fonctionnelles. Des équipes
mixtes sont alors constituées soit pendant les
projets, soit tout au long du cycle de vie des
applications dans le cadre de centres de com-
pétences. D’autres, un peu moins nombreux,
préfèrent développer en interne cette double
compétence SI et métier. Obtenir les bons pro-
fils n’est pas toujours simple : “Dans une
PME, on ne dispose pas nécessairement de
l’expert métier, ou tout au moins de celui
qui va imaginer le futur du projet. Les inter-
venants analysent trop souvent un passé, et
la difficulté à laquelle nous sommes confron-
tés, c’est de trouver des sponsors et des per-
sonnes qui vont faire changer le business.”
Puisque aujourd’hui “tout se sous-traite,
tout s’achète, et qu’il est possible de trou-
ver la ressource, à condition d’aller la cher-
cher”, deux fonctions sont jugées prépon-
dérantes : l’architecte qui, dans une logique
d’assemblage, doit choisir sur le marché les
briques de base, les adapter au contexte de
l’entreprise et les intégrer entre elles. Les
chefs de projet ensuite, chefs d’orchestre de
la maîtrise d’œuvre des projets, et parfois de
leur accompagnement lors du déploiement.
La connaissance technique reste le pré-
requis incontournable puisque “notre fonc-
tion première consiste à faire tourner l’usine
à moindre coût avec une disponibilité extrê-
mement forte, ce qui nécessite de très bons
techniciens” ; mais ils doivent aussi être à
l’écoute, comprendre leurs interlocuteurs
métiers et être bons communicants. “On
cherche à développer de plus en plus la
polyvalence, en particulier managériale,
leur apprendre à diriger d’autres personnes,
à gérer des projets, à communiquer…”
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 35CIO
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Comment obtenez-vous la double compétence métier et IT dans les projets ?
Dans une entreprise où le système d’in-
formation est de plus en plus aligné à la stra-
tégie, et donc lui aussi sous la pression quo-
tidienne de l’exigence opérationnelle et de
la réussite des changements et transformations,
où les frontières des compétences fonction-
nelles s’effacent quelque peu, le DSI fait figure
de funambule : un homme de progression
dans un univers instable par nature.
Il est aussi un régulateur, au sens où il
participe à l’équilibrage de son système d’in-
formation, entre exigences attendues et les
opportunités offertes, voire suscitées.
“Le défi qui se présente au DSI, c’est à la
fois, de recevoir et de gérer toutes les demandes
émanant des métiers qui viennent au fil de
l’eau, de façon plus ou moins structurée, jus-
tifiée, cohérente, et la nécessité de construire
une architecture, sur un plan global, qui à
terme, soit un peu à l’image de Paris, avec ce
que le baron Haussmann en a fait : une chose
bien dessinée, avec des avenues, un code de l’ur-
banisme. Et tout le défi, finalement, consiste
à la fois à satisfaire les besoins immédiats,
qui correspondent à de la valeur, de la crois-
sance, mais sans obérer le futur, ni se priver
dans l’avenir d’un outil qui permette à l’en-
treprise de répondre à un défi global et aussi
de gérer son TCO et le coût complet d’ex-
ploitation de son système d’information.”
Acteur dans un monde d’innovation
Alors qu’il a vu son rôle s’élever dans l’en-
treprise, et que le “I” de son titre est passé
d’Informatique à Information, on pourrait
penser que le DSI a pris ses distances avec la
technologie. Certes, comme déjà évoqué, il est
passé de l’expertise à la multicompétence,
mais il considère fondamental de préserver la
maîtrise de la technologie qui l’a toujours
caractérisé. Certains DSI prennent même leur
distance avec le modèle américain visant à
séparer les rôles de CIO et CTO (18) :
“En Europe, on a la fâcheuse tendance
d’adopter les modes qui sont déjà passées
aux États-Unis. Cette façon de faire ne fonc-
tionne pas. Je suis pour ma part partisan des
DSI qui comprennent la technologie.”
Le DSI est donc acteur, et parfois seul
acteur dans les choix qui lui incombent.
– “Quelqu’un qui a une casquette sur le
quai de la gare, on est sûr qu’il connaît les
horaires de train.”
– “Le DSI est capable d’intégrer des inno-
vations et de les transformer en impact business.”
– “Mon Président me soutient, mais veut voir
des applications concrètes sur le terrain.”
Mais le DSI est aussi homme de consen-
sus et de synergies. Il s’engage, mais consacre
énormément d’énergie pour impliquer dans
ses choix tous ceux qui en seront les béné-
ficiaires. A noter que ses alliés principaux ne
sont pas les bénéficiaires directs des sys-
tèmes qu’il met en œuvre : alors que le DSI
estime apporter une très forte valeur aux
opérations, ses principaux alliés se trouvent
à la direction générale et aussi à la direc-
tion financière. Cette dernière, au-delà de
ses exigences propres, lui apporte les moyens
36 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
■ Le DSI, entre funambule et régulateur
(18) Beaucoup d’entreprises américainesont séparé les rôles de CIO, Directeurdes Systèmes d’Information, garant de l’alignement du SI à la stratégie de l’entreprise, et de CTO, DirecteurTechnique, garant des choix technologiques et des infrastructures.
de contrôle et d’audit qu’elle se doit d’exer-
cer. Mais, du fait de la tutelle économique
et budgétaire qu’elle impose à la DSI, peut
jouer un rôle d’arbitre intéressant dans la ges-
tion du portefeuille projets.
“Non seulement il comprend la techno-
logie, mais il sait aussi l’expliquer ; s’il ne
sait pas la traduire à son comité de direc-
tion, il n’en fera bientôt plus partie...”
Responsable dans un monde de projets
“Nous sommes avant tout là pour four-
nir quelque chose, ce qui n’empêche pas
d’être écouté, d’être intelligent, d’être ges-
tionnaire, stratège, etc., mais il faut fournir
quelque chose.”
Ainsi que le mentionnait un DSI, “la
course à la technologie, ce n’est pas cela
qui est critique”, c’est plutôt “être capable
d’intégrer des innovations et de les trans-
former en impact business”.
Il faut lancer des projets, qui s’ils ne consti-
tuent pas plus d’un tiers à la moitié des dépenses
budgétaires, sont porteurs de la prise de risque
du DSI, et donc au centre souvent de ses pré-
occupations. Nulle surprise de voir que celui-
ci est toujours tenu comme premier respon-
sable de l’atteinte ou non des résultats.
Mais la responsabilité des succès comme
des échecs de projets apparaît beaucoup
plus répartie entre acteurs des projets aux
Etats-Unis, comparativement à la France.
Les résultats hexagonaux dénotent une
prépondérance du DSI dans l’échelle de res-
ponsabilité. Le DSI serait-il le bouc émissaire,
ou le lauréat ?
Seconde grille de lecture : on dit toujours
qu’aux États-Unis il n’existe pas de différence
entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ou-
vrage. N’est-ce pas un paradoxe que de
constater que finalement, aux États-Unis, la
répartition des responsabilités est finale-
ment beaucoup plus homogène et beau-
coup plus équilibrée qu’en France ?
Comme le faisait remarquer, un peu désabusé,
un DSI : “Un projet moyen accepté par l’uti-
lisateur est une réussite, alors qu’un excellent
projet IT rejeté par l’utilisateur est un échec.”
Comptable dans un monde de budgets
“La légitimité première, c’est d’abord la
connaissance de l’entreprise ; la deuxième
est de prouver que cela marche, que l’usine
fonctionne correctement aux moindres
coûts ; la troisième, c’est d’être capable de
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 37CIO
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Le DSI français est le bouc émissaire des projets IT. La responsabilitédes projets est mieux répartie entre MOE et MOA aux US
QUI EST TENU RESPONSABLE DE L’ATTEINTE OU NON DES RÉSULTATS POUR LES PROJETS ENGAGÉS ?
conduire des projets dans les temps et coûts
donnés.”
Les projets ne se lancent pas au hasard,
ni sans préparation. Ils font souvent l’objet
d’une étude économique, surtout préalable.
Le DSI est donc presque toujours comp-
table de la partie coûts, et parfois aussi des
gains économiques qu’en tireront les direc-
tions fonctionnelles.
Ceci se reflète dans la hiérarchisation des
contraintes les plus fortes auxquelles les
projets font face avant d’être lancés.
Le budget et les ressources humaines, en
qualité comme en quantité, sont les deux
freins principaux. Sans eux, pas de projet,
ce qui paraît bien normal.
A l’autre extrême, la technologie, les com-
pétences, les risques, voire la durée de mise
en œuvre, ne semblent plus constituer des
freins significatifs au lancement des projets.
Entre ces deux extrêmes, on retrouve la
thématique d’équilibre :
– économique, avec l’identification du
retour sur investissement ;
– fonctionnel, lorsqu’il s’agit de formali-
ser le besoin utilisateur ;
– stratégique, avec tant le souci de l’ali-
gnement à la stratégie qu’avec les délais de
mise en œuvre.
Vigilant dans un monde opérationnel
“L’entreprise nous demande de réussir
des projets qui conduisent souvent à enga-
ger de très forts investissements, et je crois
que notre influence sera vraiment meilleure
si nous réussissons ces projets dans les coûts
et les temps donnés.”
Responsable des technologies choisies,
des projets lancés, et comptable de leurs
résultats, le DSI doit gérer de multiples
cordes à son arc. Et ce constat sort renforcé
du vote de la salle sur l’évolution présumée
de la fonction :
“Je voudrais être sûr que le rôle de
conseiller de confiance n’est pas un peu un
fantasme. (...) Ce type de mission s’avère
extrêmement frustrant, puisqu’on voit les
choses passer, que l’on est au courant de
tout, mais qu’on ne fait rien.”
Conseiller, certes, puisqu’il équilibre et
régule des choix économiques et technolo-
giques. Mais également, et l’ensemble des
DSI l’ont mentionné, performant sur l’opé-
38 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
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Quels sont les contraintes les plus fortes constatées pour engager de nouveaux projets IT ?
rationnel avant d’être stratège, communicant
ou veilleur de tendances. C’est la rançon de
la gloire : la place occupée par les SI aujour-
d’hui mérite qu’ils tournent sans anicroche.
Et comme le disait un DSI, “Les utilisateurs
ne demandent qu’à s’occuper d’informa-
tique, mais ils sont très contents si cela marche
sans eux.” A charge pour le DSI de le garan-
tir, mais il doit aussi “révéler l’apport des SI
dans l’efficacité opérationnelle”.
Impliqué dans un monde de valeur ajoutée
“A la DSI, nous avons une vision glo-
bale de l’entreprise : nous connaissons tous
les métiers, nous avons cette chance unique
de pouvoir approfondir l’ensemble des
métiers de l’entreprise et je pense que cela
nous aide justement beaucoup à gagner
cette légitimité.”
A la recherche de l’équilibre, et de plus en
plus impliqué par la stratégie de l’entre-
prise et l’économie générale de celle-ci, le DSI
est très au fait de la valeur ajoutée de l’en-
treprise, qu’il connaît parfois aussi bien,
voire mieux, que les directions fonction-
nelles, puisqu’il dispose d’une vision trans-
versale de l’entreprise, un peu comme le
contrôleur de gestion.
Comme le remarquait un DSI : “Il faut
être, en amont, capable d’injecter de la tech-
nologie pour être plus efficace.”
Un autre nous déclarait, filant une méta-
phore industrielle là encore, qui témoignait
de sa quête de valeur ajoutée : “Le SI, c’est
la machine automatique du tertiaire.”
Il apparaît enfin que le DSI est homme (ou
femme) de :
• Conviction
– sur le métier de l’entreprise,
– sur la place des SI dans l’entreprise
et leur apport aux métiers,
– sur les technologies et la vision/l’ar-
chitecture.
• Consensus
– donne des conseils et en reçoit,
– de plus en plus lié à la direction géné-
rale,
– sait monter, animer et gérer des équipes
ad hoc.
• Équilibre
– de part l’exigence de performance
économique,
– de part sa relative solitude,
– de part sa responsabilité sur les
mises en œuvre et sur l’efficience opé-
rationnelle.
SAP et Kearney Interactive Septembre 2003 • Cahier Thématique 39CIO
Petit florilège
des meilleures pratiques
ou des regrets quant
à la place des projets
dans l’entreprise :
● “Les opérations qui
s’éternisent sont vouées
à l’échec”.
● “Le débat n’est pas
d’organigramme, mais de
disponibilité de véritables pilotes
de projets. Ceux qui ont fait
de l’informatique ou
du bâtiment le savent”.
● “Il y a dix ans, on trouvait
encore des grands commis
de l’entreprise, prêts à faire des
projets. On n’en trouve plus”.
● “Il est trop rare qu’on arrête
un projet”.
● “Les projets chers sont ceux
qui ne démarrent pas“.
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L’évolution de la fonction
LE DSI DE DEMAIN SERA AVANT TOUT ?
L’Observatoire de la Communauté des
DSI nous a donné, en trois mois, l’oppor-
tunité de rencontrer et de partager l’expé-
rience de managers très différents et pas-
sionnés, qui se définissaient tour à tour
comme des :
– “gardiens”,
– “caméléons”,
– “communicants”,
– “conseillers”,
– “paysans”,
– “technologues/technophiles”,
– “cinquième roue du carrosse”.
Certaines sociétés rencontrées vivent sans
DSI et le revendiquent. Mais nous avons tou-
jours rencontré des gens passionnés par les
technologies, lucides sur les projets qu’ils
mènent, et totalement comptables de la
performance des systèmes d’information, et
des conséquences de leurs choix.
Nous avons aussi croisé des DSI “mutants”,
capables de passer par des responsabilités
fonctionnelles, qui illustrent sans doute le
“passage obligé” que pourrait être une res-
ponsabilité des systèmes d’information dans
les carrières de demain.
Pour en revenir à l’entropie, nous cite-
rons Blaise Pascal : “Toutes choses étant
causées et causantes, aidées et aidantes,
médiates et immédiates, et toutes s’entre-
tenant par un lien naturel et insensible qui
lie les plus éloignées et les plus différentes,
je tiens impossible de connaître les parties
sans connaître le tout, non plus que de
connaître le tout sans connaître particu-
lièrement les parties.”
Et si finalement, l’entropie était celle de
l’entreprise, et non celle du système d’in-
formation ?
40 Cahier Thématique • Septembre 2003 SAP et Kearney InteractiveCIO
■ Conclusion
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