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mensuel gratuit d’information Le Petit Journal des Expositions L’actualité des musées dans le SOMMAIRE // 2 - Impressions du front- Journaux de tranchées Oo Dix, George Grosz Musée du Temps de Besançon 3 - Auguste Baud-Bovy - Poète de la montagne Musée Courbet d’Ornans Jean-Christophe Norman - Biographie Frac Franche-Comté / Cité des Arts de Besançon 4 - Zhu Hong - D’un salon à l’autre Musée des beaux-arts de Dijon 5 - Au commencement était le bruit... Steina et Woody Vasulka Espace Mulmédia Gantner de Bourogne 6 - Daniel Buren - Comme un jeu d’enfant, travaux in situ Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg 7 - Histoires sans sorcière La Maison de La vache qui rit de Lons-le-Saunier Supplément n°11 grand est décembre 2014 - mars 2015 Cahier n°3 Exposition Daniel Buren - Comme un jeu d’enfants, travaux in situ au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg Photo-souvenir : Comme un jeu d’enfant, travaux in situ, MAMCS, juin 2014. Détail. © Daniel Buren, ADAGP 2014 / Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola

Cahier special musées diversions decembre2014

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mensuel gratuit d’informationLe Petit Journal des Expositions

L’actualité

des musées dans le

SOMMAIRE //

2 - Impressions du front- Journaux de tranchéesOtto Dix, George Grosz Musée du Temps de Besançon

3 - Auguste Baud-Bovy - Poète de la montagneMusée Courbet d’Ornans

Jean-Christophe Norman - BiographieFrac Franche-Comté / Cité des Arts de Besançon

4 - Zhu Hong - D’un salon à l’autreMusée des beaux-arts de Dijon 5 - Au commencement était le bruit...Steina et Woody Vasulka Espace Multimédia Gantner de Bourogne

6 - Daniel Buren - Comme un jeu d’enfant, travaux in situMusée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg

7 - Histoires sans sorcière La Maison de La vache qui rit de Lons-le-Saunier

Supplément n°11

grand estdécembre 2014 - mars 2015Cahier n°3

Exposition Daniel Buren - Comme un jeu d’enfants, travaux in situau Musée d’Art Moderne et Contemporain de StrasbourgPhoto-souvenir : Comme un jeu d’enfant, travaux in situ, MAMCS, juin 2014. Détail. © Daniel Buren, ADAGP 2014 / Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola

LE PETIT JOURNAL DES EXPOSITIONS n°11 - Décembre 2014 - Mars 2015Supplément du journal Diversions

Impressions du frontJournaux de tranchées - Otto Dix/George GroszMusée du Temps de Besançon6 décembre 2014 - 15 mars 2015

En cette période de célébration du centenaire de la Première guerre mondiale, le Musée du Temps nous invite tout d’abord dans l’intimité des tranchées, pour nous présenter la «presse du front», de nombreux journaux écrits par les Poilus eux-mêmes. Mais l’exposition s’intéresse également à l’autre camp, en présentant des œuvres de deux grands représentants de l’expressionnisme allemand : Otto Dix et George Grosz.

C’est en prenant appui sur une conséquente collection de journaux de tranchées, léguée à la Ville de Besançon par Charles Clerc, grand collectionneur sur la Grande Guerre, que les Musées du Centre ont monté cette nouvelle exposition à voir au Musée du Temps. Les journaux de tranchées demeurent des mines d’informations pour les historiens, qui peuvent ainsi obtenir des renseignements détaillés sur la vie quotidienne dans les tranchées. La collection de Charles Clerc comporte des journaux français et belges du front occidental, mais aussi des journaux de l’Armée d’Orient. Le Bochofage, L’Écho des tranchées, La Bombe, Le Cafard enchaîné et bien d’autres titres, ont surgi des tranchées - rédigés à même le théâtre des opérations - pour apporter des nouvelles du front mais aussi remonter le moral des troupes mis à mal.

Les journaux, imprimés par des professionnels à l’arrière ou sur place, de manière artisanale, sont rédigés par les poilus eux-mêmes, et très souvent illustrés. Le dessin satirique, les calembours sont courants, bienvenus exutoires pour les soldats engagés dans la guerre. Il y a bien longtemps que les fleurs ont fané sur les fusils, et il semblerait bien que cette guerre qui ne devait durer que quelques mois, mette plus de temps à s’achever... Ces journaux accueillaient chansons, dessins, poèmes, autant de moyens pour tenter de s’extraire, ne serait-ce que provisoirement, de l’enfer de la guerre.

Parmi les soldats, du côté allemand, deux artistes, Otto Dix et George Grosz, deux peintres faisant partie de cette génération sacrifiée et qui ont logiquement retranscrit dans leurs

travaux l’horreur des combats. Près d’une centaine d’oeuvres graphiques de George Grosz (1893-1959), aquarelles, dessins et portfolios, sont présentées sous le Grand-Comble du Musée du Temps. Grosz s’est inspiré des dessins de presse de son enfance, mais aussi de contes et de romans d’aventure, pour dénoncer la guerre. À la fois satirique et empreinte de réalisme social, l’œuvre de George Grosz est très ancrée dans son époque.

Quant à Otto Dix (1891-1969), il est représenté dans l’exposition Impressions du front à travers cinquante eaux-fortes tirées du portfolio Der Krieg (La Guerre). Otto Dix passera plus de trois ans dans les tranchées. Entre 1915 et 1918, cet engagé volontaire combattra sur les fronts d’Artois, de Somme, de Flandre, de Pologne et de Russie. L’enfer, il l’a vécu de l’intérieur avant de le retranscrire sur le papier, les paysages désolés, le chaos puis le vide, les cadavres côtoyant les survivants.

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Otto Dix, La Guerre (Der Krieg), Retour d’une troupe défaite © ADAGP Paris 2014 / Coll. Ronny et Jessy Van de Velde, Anvers

Les journaux de tranchées demeurent des mines d’informations pour les historiens, qui peuvent ainsi obtenir des renseignements détaillés sur la vie quotidienne dans les tranchées

Le Marsouin du 53e, n°1, 1er octobre 1916 © Collection du musée du Temps, Fonds Clerc

LE PETIT JOURNAL DES EXPOSITIONSn°11 - Décembre 2014 - Mars 2015 Supplément du journal Diversions

Auguste Baud-BovyPoète de la montagneMusée Courbet à Ornans13 décembre 2014 - 20 avril 2015

En écho aux deux grandes expositions de la fondation Beyeler de Bâle et du musée Rath - musées d’art et d’histoire de Genève qui célèbrent Gustave Courbet depuis cet automne, le musée Courbet d’Ornans propose de découvrir Auguste Baud-Bovy (1848-1899), peintre suisse, ami de Gustave Courbet.

Paysagiste et portraitiste, élève de Barthélémy Menn, Auguste Baud-Bovy consacre une grande partie de sa production à la représentation de la montagne. N’hésitant pas à poser son chevalet face aux paysages alpestres il restitue toute leur grandeur avec réalisme et rend hommage au quotidien des bergers.

Ayant débuté sa carrière au sein de la Colonie Bovy, vivant selon les préceptes de Fourier à Gruyères, Auguste Baud-Bovy développe dans son œuvre les questions sociales. Son intérêt pour les enjeux politiques et sociaux de l’époque en fait un soutien amical et précieux pour les réfugiés de la Commune, et pour le peintre d’Ornans en particulier.

À travers un parcours chronologique, l’exposition offre une vision d’ensemble de la vie et de l’œuvre de l’artiste. Elle est organisée avec le soutien du musée d’Orsay, des musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève et du Château de Gruyères.

Rappelons que Courbet a participé activement à la Commune, après la défaite française face à la Prusse en 1870. Il devient résistant, président de la Commission des arts et tente de préserver les musées parisiens, lorsque la République est proclamée en 1870. L’artiste demande également que la colonne Vendôme, symbole napoléonien, soit déboulonnée. Élu au Conseil de la Commune en 1871, il ne peut empêcher ses débordements sanguinaires. Arrêté, emprisonné durant six mois en France, Gustave Courbet passera les quatre dernières années de sa vie en Suisse. Là-bas, il peint, sculpte et demeure également actif politiquement. À La Tour-de-Peilz, Auguste Baud-Bovy peindra notamment à ses côtés.

Parallèlement à l’exposition de Susanna Fritscher qui se déroule en ce moment à la Cité des Arts, un deuxième artiste se voit consacrer une exposition monographique à l’invitation du Frac Franche-Comté. Le Bisontin Jean-Christophe Norman présente plusieurs pièces dans lesquelles les notions de performance et de temps sont centrales.

Performance, au sens de performer, anglicisme que l’on peut traduire dans notre langue par agir, être en train de faire quelque chose. Jean-Christophe Norman a écrit, beaucoup, longtemps. L’artiste remplit des feuilles blanches à l’encre noire, il écrit sur des murs, comble le vide... et avale les kilomètres. Comme dans Ulysses, a long way, qui retrace le parcours de Jean-Christophe Norman cheminant dans plusieurs villes, tout en écrivant sur le sol un extrait du roman de l’Irlandais James Joyce. Sa présence dans la collection du Frac Franche-Comté tient aussi à sa manière particulière de gérer la notion de temps dans ses œuvres, une dimension également très présente dans les pièces du Frac. Le temps, l’artiste le passe donc

à écrire. Il le capture aussi en le matérialisant à la craie par exemple, écrivant sur le sol les heures, minutes et secondes qui s’affichent sur sa montre. Le Frac nous explique que l’écrivain argentin Borges constitue l’une des sources d’inspiration de Jean-Christophe Norman, dans cet intérêt pour le voyage disions-nous, mais surtout pour la topographie, la cartographie, dimension importante dans l’œuvre de Borges qui n’a cessé de balader ses personnages dans des labyrinthes, physiques ou psychologiques.

Mais pour Jean-Christophe Norman, l’important semble le voyage,

davantage que la destination. Toutes les traces écrites, photographiées, sonores qu’il a laissées derrière lui en témoignent. Sous plusieurs formes - écriture, photographie, vidéo et même carte postale, symbolisant l’alliance de l’écriture et du voyage -, Jean-Christophe Norman nous met au contact d’histoires, « des fictions » comme il le dit lui-même, à l’image des romans qu’il recopie, et au contact de géographies, de lieux que l’artiste a visités.

Avec son installation Biographie, un ensemble de toiles réalisées ces deux dernières années, l’artiste se remémore

des lieux visités, des villes, souvenirs divers, dont certains surgissent même de son enfance, des traces, des souvenirs de marches, de l’acte même de marcher, plutôt que des images nettes d’architectures, de lieux définis avec précision. « Toutes ces peintures sont la matérialisation de marches que j’ai pu réaliser dans des villes », explique Jean-Christophe Norman.

« En réalité, ce qu’on fait quand on marche dans une ville, c’est penser », écrivait le romancier américain Paul Auster dans L’invention de la solitude, « et on pense de telle façon que nos réflexions composent un parcours, parcours qui n’est ni plus ni moins que les pas accomplis ». Le cheminement du corps rejoint celui de l’esprit, pour cet ancien alpiniste qui a naturellement intégré dans sa recherche artistique cette notion de performance physique - une fois encore ici au sens de cheminement -, comme dans Les circonstances du hasard, où une carte du monde accueille le tracé du propre cheminement de Jean-Christophe Norman. Ici il reproduit, en marchant, les contours d’une ville dans une autre.

Jean-Christophe NormANBiographieFrac Franche-Comté à Besançon (Cité des Arts)18 octobre 2014 - 25 janvier 2015

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LE PETIT JOURNAL DES EXPOSITIONS n°11 - Décembre 2014 - Mars 2015Supplément du journal Diversions

Le musée des beaux-arts de Dijon accueille depuis novembre un artiste contemporain, dont le travail se base sur une réinterprétation de l’espace et des œuvres des musées. Formée à l’École Nationale Supérieure d’Art de la capitale bourguignonne, Zhu Hong confronte sa culture chinoise avec celle de l’occident. Grande arpenteuse de musées, elle y trouve l’inspiration, dans les œuvres et les architectures, pour son propre travail.

Zhu Hong a ainsi recréé le décor du Salon Gaulin au rez-de-chaussée du musée des beaux-arts, dans l’espace dédié aux expositions temporaires. Il s’agit d’une transposition, en deux dimensions, d’un ancien décor privé de style Louis XVI, acquis en partie par le musée en 1999. La fin du XVIIIe siècle rencontre donc ici notre époque contemporaine. Décor classique passé par le regard d’une artiste d’aujourd’hui.

Papier peint recouvert de panneaux de bois peints, le décor est comme démultiplié, mis en abîme. « La mise à plat et le ‘’dépliage’’ en deux dimensions sont une réflexion sur l’image que l’on se fait d’un lieu sans y être », explique Zhu Hong, « sur la mémoire fragmentaire et sur le processus contemporain de la fragmentation ».

Zhu Hong a également associé à son installation plusieurs de ses œuvres, des séries peintes et dessinées plus anciennes. Ces dernières dialoguent avec l’installation, se nourrissent de ce même principe de fragmentation. Ainsi la série « Dans le musée » (2007), présente des détails d’œuvres provenant de plusieurs musées français et européens, recadrages partiels, nécessairement subjectifs, focus très personnels sur des œuvres. Une histoire de cadre qui questionne notre propre regard en tant que spectateur. Des cadres que l’on retrouve dans la série Room With Windows, mise en abîme là encore. Des fenêtres ouvrant sur d’autres fenêtres. Et c’est encore une histoire de regards, que nous conte la série d’œuvres inspirées d’Albrecht Dürer, le choix de l’artiste étant ici de cadrer serré sur des

détails de tableaux du peintre, proposant au spectateur sa propre vision d’une pièce. Une vision qui semble se perdre dans le brouillard de l’aquarelle et du dessin, à l’image de cette série « De la main à la main », Zhu Hong prenant ici pour base un portrait de Gabrielle d’Estrées et sa soeur la duchesse de Villars. Ici, comme dans toute la série, c’est le geste qui importe.

Les œuvres de la jeune artiste chinoise semblent empreintes de la fugacité d’un souvenir, les motifs paraissant s’estomper, comme s’effacent au fil du temps les souvenirs d’une visite de musée. Que retenons-nous d’une exposition ? Que nous souvenons-nous d’une œuvre ou de son contexte de présentation ? À travers ses peintures, ses dessins, Zhu Hong fixe des détails, guide notre regard en le faisant converger vers le sien propre.

Zhu HongD’un salon à l’autreMusée des beaux-arts de Dijon7 novembre 2014 - 26 janvier 2015

Série « Chef d’oeuvre » - Zhu HongD’après Albrecht Dürer, La Vierge et l’Enfant avec Sainte Anne © Zhu Hong

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Série : « De la main à la main » - Zhu Hong - D’après l’École de Fontainebleau, Portrait de Gabrielle d’Estrées et sa soeur la duchesse de Villars © Zhu Hong

Zhu Hong a ainsi recréé le décor du Salon Gaulin au rez-de-chaussée du musée des beaux-arts, dans l’espace dédié aux expositions temporaires. Décor classique passé par le regard d’un artiste d’aujourd’hui

LE PETIT JOURNAL DES EXPOSITIONSn°11 - Décembre 2014 - Mars 2015 Supplément du journal Diversions

C’est un couple d’artistes qu’a convié l’Espace Multimédia Gantner, deux pionniers en matière de création numérique. Steina et Woody Vasulka ont également développé de nombreux outils qu’utiliseront d’autres artistes comme Gary Hill, Dan Graham ou Bill Viola. Quand l’art rejoint la technologie.

Dans les années 70, la vidéo est un nouveau medium, qui n’est pas encore considéré comme un outil artistique. Les recherches et les œuvres du couple Vasulka vont contribuer à cela. C’est leur façon inédite de traiter le fameux bruit vidéo - que l’on essaie, d’ordinaire, d’éviter à tout prix -, qui fait de Woody et Steina Vasulka des pionniers. Le son n’est pas absent de l’exposition à Bourogne, le son là encore exploité à partir du bruit qu’il génère. La vidéo analogique est constituée à la fois d’image et de son, une matière travaillée depuis plus de quarante ans par les deux artistes. Une sélection de vidéos diverses est également proposée, des œuvres où se mêlent, interagissent les dimensions visuelles et sonores, et présentent quelques exemples de détournements du bruit, à partir d’images de caméra 16mm, d’une mire, de formes et de graphismes divers...

L’exposition débute avec trois écrans qui présentent la manière de travailler des deux artistes, des montages de photographies qui détaillent leur processus de travail et permettent de se rendre compte des nombreuses techniques employées. Lorsque le visiteur pénètre ensuite dans la grande salle, il se retrouve immergé dans une « fresque vidéo », constituée à partir d’images fixes. « La commande de Lucifer est conçue avec un dispositif qui permet une immersion en 3D », explique la directrice de l’Espace Multimédia Gantner, Valérie Perrin. « D’habitude, quand les archives sont montrées sur un écran, c’est très linéaire. Ici l’idée, c’est vraiment de pouvoir rentrer dans les images de Woody et Steina Vasulka». Cette œuvre est aussi le fruit d’une collaboration avec trois artistes Français du collectif SLIDERS, ces derniers ayant développé le logiciel permettant la présentation en trois dimensions. « On était vraiment très contents de montrer

pour la première fois cette nouvelle façon d’explorer des images d’archive».

On retrouve le collectif SLIDERS avec Digital Vocabulary, un retour aux origines rétro-futuriste, tiré des archives de Woody Vasulka. À partir de synthétiseurs vidéo et de modulateurs, l’artiste manipulait l’imagerie électronique. Digital Vocabulary est ainsi, en quelque sorte, l’hommage d’une génération d’artistes à une autre. Une présentation qui illustre la volonté des artistes, dès les années 70, de détourner, transformer les signaux vidéo pour en faire des œuvres à part entière.

L’exposition présente une autre collaboration, baptisée Vocalizations, avec Joan La Barbara cette fois, chanteuse contemporaine américaine. La voix de cette dernière est retranscrite visuellement. Ce spectre sonore est appliqué à des images de paysages du Nouveau Mexique, qui ont été manipulées en temps réel par Joan La Barbara, tandis que cette dernière chantait. De cette performance de 1987 à Santa Fe, est donc née cette œuvre à voir à Bourogne.

Photos : © Samuel Carnovali

Au commencement était le bruit...Steina et Woody VasulkaEspace Multimédia Gantner11 octobre 2014 - 24 janvier 2015

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LE PETIT JOURNAL DES EXPOSITIONS n°11 - Décembre 2014 - Mars 2015Supplément du journal Diversions

Daniel BurenComme un jeu d’enfant, travaux in situMusée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg 14 juin 2014 - 8 mars 2015

L’artiste Daniel Buren est accueilli au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, à l’occasion d’une exposition prolongée jusqu’au 8 mars 2015.

Deux œuvres ont été spécialement créées pour le MAMCS, pièces véritablement « in situ » se déployant sur les 1500 mètres de la fameuse façade vitrée du musée, ainsi que sur les 600 mètres de la salle d’exposition temporaire. Des œuvres monumentales qui s’inspirent bien sûr des lieux, mais qui offrent aussi l’opportunité de les redécouvrir sous un autre angle. Daniel Buren a étudié les mouvements de la lumière à l’intérieur du musée, et a imaginé un jeu de couleurs - des films colorés apposés sur les vitres -. Le MAMCS prendrait presque des allures de cathédrale, à voir ces éphémères vitraux habiller le lieu. Une exposition en effet ludique, comme l’exprime son titre, jeux de couleurs, jeux de formes, jeux de lumières, qui modifient les perspectives, les ambiances habituelles du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.

La salle d’exposition accueille en outre

une centaine d’éléments de bois peint, de formes géométriques très diverses. Blanches ou colorées, ces pièces côtoient les célèbres bandes alternées de 8,7 cm de Daniel Buren. Pour ce dernier, le MAMCS a véritablement été un lieu de recherche. « Le musée permet une expérimentation que l’artiste doit pousser le plus loin possible, avec beaucoup d’exigence et qui relève en quelque sorte du service public », a souligné Daniel Buren.

Pour en apprendre davantage sur le travail de Daniel Buren, sur ses rapports à la couleur, la lumière, à la notion de fragmentation ou encore ses bandes et rayures qu’il considère comme des « instruments », un catalogue de l’exposition a été édité, présentant une sélection de ses œuvres, de 1971 à nos jours, pour mieux comprendre la relation étroite, voire intime qui lie l’artiste à la notion d’architecture. Le catalogue contient notamment un entretien inédit de Daniel Buren avec Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des Musées de Strasbourg et Estelle Pietrzyk, directrice du MAMCS. Ces dernières ont également assuré le commissariat de l’exposition.

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Bernard Gantner, Belfort vue de la vieille ville, 1967-1968 - Gouache, encre et aquarelle sur papier - Musées de Belfort - acquis avec le soutien du FRAM (Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées dispensée à parité par la DRAC et la Région Franche-Comté)

Histoires sans sorcière

L’espace d’expositions temporaires de La Maison de La vache qui rit est envahi en ce moment par une plante géante... On peut y entendre des bribes de la bande originale de Blanche-Neige et les sept nains, et un balai de sorcière traîne dans un coin... Pourtant ce sont bien des artistes contemporains qu’a invités le Lab’Bel, le laboratoire artistique de La Maison de La vache qui rit.

Le Lab’Bel est le fonds de dotation d’art contemporain du Groupe Bel, permettant d’acquérir des œuvres et d’organiser des rendez-vous autour de l’art contemporain et notamment à La Maison de La vache qui rit. C’est aussi un laboratoire artistique qui passe des commandes à des créateurs contemporains, soutenant ainsi leur travail.

Les artistes contemporains, de France et d’ailleurs en Europe, se sont réapproprié ici les contes de notre enfance, passés par les filtres de la tradition orale ou Walt Disney. Les œuvres, parfois monumentales, impressionnent par leur taille, comme cette plante dont nous parlions plus haut et qui accueille le visiteur, comme ce gros rocher planté

au milieu d’un mur et qui cache un secret. Des pièces contemporaines qui nous interrogent également, comme ce balai posé négligemment sur le sol, à proximité d’une tache de sang. Non loin de là, une photographie précise le contexte, nous fournit un indice. Charge au visiteur de reconstituer - ou imaginer - le déroulement de l’histoire qui a mené à cette tache de sang. À observer de

plus près ce qui ressemble à une imposante motte de terre et de plantes - Untitled (Pillow) d’Anna Betbeze, en réalité un assemblage de textiles divers -, on distingue ici et là des brûlures, des déchirures et même des attaques à l’acide.

À l’instar des auteurs de contes, les artistes réinventent notre monde et ses

lois, comme Pierre Ardouvin qui avec L’Abri (le vent nous portera) renverse une cabane d’où s’échappent... nous vous laissons découvrir quoi en visitant Histoires sans sorcière ! Olivier Beer a quant à lui invité des enfants à dessiner et réinterpréter une séquence du dessin animé Blanche-Neige et les sept nains. Il en a fait un montage vidéo à découvrir durant l’exposition.

Si l’on se croit en terrain connu, grâce à une symbolique assez forte et immédiatement reconnaissable - le balai de la sorcière, le personnage de Blanche-Neige ou encore Jack et le haricot magique -, on se rend vite compte, en y regardant mieux, que nous ne sommes pas dans un conte de fée où tout est rose. Les histoires de notre enfance elles-mêmes, que les artistes ont réinterprétées à Lons-le-Saunier, recèlent peur et violence. La palette large de média - sculpture, installation, photographie, vidéo - et de matières surtout - nous passons du textile au verre, du métal au néon -, reflète la créativité des artistes conviés par Gilles Baume, Laurent Fiévet et Silvia Guerra, les trois commissaires de l’exposition.

La Maison de La vache qui rit, Lons-le-Saunier22 septembre 2014 - 8 mars 2015

Création vidéo

témoignages - collectivitésculture - films d’entrepriseassociations - événementiel...

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« Feijoeiro » (2004) - L’installation de João Pedro Vale faisant référence à l’histoire de Jack et le haricot magique

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