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PM40036219 le réseau canadien pour la santé des femmes printemps/été 2008 volume 10 numéro 2 Un dossier chaud La santé des femmes et les changements climatiques Prudence oblige L’emploi des statines chez les femmes Le rôle positif de l’aide aux immigrantes et aux réfugiées vivant avec le VIH/sida Des étiquettes, des lois et de l’accès aux soins de santé L’histoire continue à nuire à l’accès aux soins de santé, pour les femmes des Premières nations et de la nation métisse Le vaccin contre le VPH, un an après

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PM40036219

le réseaucanadien pour la santé des femmes

printemps/été 2008 volume 10 numéro 2

Un dossier chaudLa santé des femmes et les changements climatiques

Prudence obligeL’emploi des statines chez les femmes

Le rôle positif de l’aide auximmigrantes et aux réfugiéesvivant avec le VIH/sida

Des étiquettes, des lois et de l’accès aux soins de santéL’histoire continue à nuire à l’accès auxsoins de santé, pour les femmes desPremières nations et de la nation métisse

Le vaccin contre le VPH, un an après

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DA

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RO 4 Un dossier chaud : la santé des femmes et les

changements climatiques

9 Prudence oblige : l’emploi des statines chez les femmes

12 Le vaccin contre le VPH, un an après

15 La publicité des médicaments d’ordonnance : une contestation mal orientée

17 Des étiquettes, des lois et de l’accès aux soins de santé : l’histoire continue à nuire à l’accès aux soins de santé, pour les femmes des Premières nations et de la nation métisse

20 Barbara Seaman (1935-2008) : pionnière du mouvement pour la santé des femmes

22 Cherchez la femme …dans les communautés francophones en milieu minoritaire

24 Le rôle positif de l’aide aux immigrantes et aux réfugiées vivant avec le VIH/sida

30 Des soins axés sur les besoins des femmes dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver

32 Des hauts et des bas : perspectives canadiennes concernant les femmes et la toxicomanie

38 Ce que nous lisons

Ce document présente les idées et les opinions de ses auteurs et ne reflète pas nécessairement la politique officielle ou les opinionsde Santé Canada. Les articles ont pour but de vous offrir de l’information utile et ne visent pas à remplacer l’avis de votre médecin.

Le Réseau canadien pour la santé des femmes remercie le Bureau pour la santé des femmes et l'analyse comparative entreles sexes de Santé Canada pour son soutien financier fourni dans le cadre du Programme de contribution pour la santé desfemmes. Le RCSF remercie également les individus et les groupes pour leur appui, leurs dons et leur travail qui contribuent àrenforcer les assises du Réseau.

Impression effectuée par des travailleuses syndiquées sur papier 50 % recyclé avec 25 % de fibres recyclées postconsommationpar Winnipeg Sun Commercial Print Division.

le réseau/networkvolume 10 no 2 printemps/été 2008

I S S N : 1 4 8 0 - 0 0 3 9

Rédactrice : Ellen ReynoldsCoordonnatrice à la production : Susan WhiteConception et mise en page : Folio DesignTraduction : IntersigneCorrection : Lou Lamontagne et Dominique DesrochersAbonnements : Léonie LafontaineComité consultatif : Abby Lippman,Anne Rochon Ford, Martha Muzychka, Susan White et Madeline Boscoe

Le Réseau/Network est publié en anglais et en françaisdeux fois par an par le Réseau canadien pour la santé desfemmes (RCSF). Une partie des articles qui paraissent dansLe Réseau/Network sont également disponibles par le biaisdu site Web du RCSF : www.rcsf.ca

Abonnez-vous à la revue Le Réseau en composant le1 888 818-9172 ou écrivez à l’adresse [email protected] plus d’information et de détails concernant les modesde paiement. Nous vous expédierons deux numéros de larevue pour 15 $, quatre numéros pour la modique somme de25 $. Si vous êtes un organisme, nous vous enverrons deuxnuméros pour 35 $. Les numéros antérieurs sont aussidisponibles au coût de 5 $ chacun. Nous vous invitons ànous faire part de vos idées et de vos suggestions d’articles.Pour toute demande de renseignements ou pour obtenir del’information sur les ressources, de même que pour toutecorrespondance liée aux abonnements ou au courrier nondistribuable, veuillez nous joindre à l’adresse suivante.

CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40036219RETOURNEZ TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÉTRELIVRÉE AU CANADA AU :

Le Réseau/NetworkRéseau canadien pour la santé des femmes419, avenue Graham, bureau 203Winnipeg (Manitoba) Canada R3C 0M3Tél. : (204) 942-5500Téléc. : (204) 989-2355ATS sans frais : 1 866 694-6367Numéro sans frais : 1 888 818-9172Courriel : [email protected]

Effectifs du RCSFDirectrice exécutive : Madeline BoscoeDirectrice exécutive adjointe : Susan WhiteDirectrice des communications : Ellen ReynoldsAdjointe aux communications : Marie-Claire MacPheeCoordonnatrice de site Web : Ghislaine AlleyneSoutien technique : Polina RozanovCoordonnatrice des services administratifs :Léonie LafontaineCoordonnatrice du centre d’information :Carolyn ShimminCoordonnatrice des liaisons : Mona Dupré-OlinikPréposée aux ressources : Tanya SmithAgente des finances : Janice NagazineComptable : Hazel George-SaitoStagiaires : Kristin Folster, Khadidiatou Kebe

Curel® soutient le RCSFLe RCSF désire exprimer sa gratitudeenvers Curel® pour sa généreusecontribution financière destinée à soutenir sa base de données sur lasanté des femmes. De plus, Curel® informe actuellement le public desservices qu’offre le RCSF par le biais de ses activités de marketing. Pour plus d’information, visitez le www.curelwomen.ca/cwhn/en/.

Les donateurs font la différenceLes programmes WomanCare, de la société Coast to Coast Dealer Services,est un autre partenaire du monde des affaires qui appuie le RCSF.www.coasttocoast.ca/WomenCare_Charities.asp.

Le RCSF remercie tous ses donateurs, qui, grâce à leur contribution,apportent un important soutien à son travail. Si vous désirez offrir undon, veuillez communiquer avec le RCSF, en composant le 1 888 818-9172(sans frais) ou visitez le www.rcsf.ca/infoform.html.

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omme c’est le printemps, ce numéro du Réseauprépare le terrain à notre prochain numérospécial sur la santé des femmes etl’environnement avec un article préliminaire sur

le changement climatique et son impact sur la santé desfemmes. Nous y donnons également de l’information sur lemouvement croissant qui vise à faire participer davantage lesfemmes dans les prises de décision autour de l’atténuation deschangements climatiques et des stratégies d’adaptation.

La santé des femmes et l’environnement est l’une des deuxprincipales priorités du Réseau canadien pour la santé desfemmes cette année. Quant à l’autre priorité, la santé mentale,nous continuons d’y travailler grâce au groupe de travail ad hocsur les femmes, la santé mentale, l’utilisation de substances et latoxicomanie mis sur pied par le RCSF en 2006. Ce groupetravaille à assurer l’intégration de l’analyse comparative entre lessexes (ACS) dans le rapport sénatorial, intitulé De l’ombre à lalumière, au moment où la Commission de la santé mentale quivient d’être formée par le gouvernement fédéral commence àmettre en œuvre les recommandations du rapport. Comme lasanté mentale a fait l’objet de plusieurs articles récemment dansLe Réseau, ce dernier numéro ne traite pas de ce sujet maisreflète plutôt la diversité d’autres articles sur la santé des femmesqui ont attiré notre attention dernièrement, que ce soit par lestravaux des Centres d’excellence pour la santé des femmes ouceux d’autres partenaires du RCSF.

Ce numéro comprend également un résumé des recherchesmenées sur l’utilisation des statines, une catégorie demédicaments hypocholestérolémiants sous ordonnance chez lesfemmes. Ce document est publié par le groupe Action pour laprotection de la santé des femmes (APSF). APSF nous proposeégalement un article de suivi sur la contestation fondée sur laCharte au sujet de la publicité directe aux consommateurs, quise retrouvera devant la Cour supérieure de justice de l’Ontarioau mois de juin prochain.

Le RCSF commente les derniers développements sur levaccin contre le virus du papillome humain (VPH) un anaprès l’annonce par le gouvernement fédéral qu’il allaitmobiliser 300 millions de dollars pour un programme devaccination massive au Canada. Un article publié par laFédération du Québec pour le planning des naissances examine levaccin contre le VPH au Québec en particulier, ainsi quel’appel qui a été lancé par plusieurs pour un moratoire sur lacampagne de vaccination dans cette province.

Pour des chercheurs du Centre d’excellence pour la santédes femmes des Prairies, l’ombre de l’histoire plane toujours etcontinue d’avoir des effets sur l’accès des femmes autochtoneset métisses aux soins de santé dans les Prairies. Et un résumésur l’atelier Cherchez la femme par l’une des conférencièresexamine la questions des difficultés auxquelles sont confrontées

les femmes dans les communautés francophones minoritairesen tant que consommatrices de soins de santé, travailleuses etbénévoles de la santé.

En hommage à l’activiste américaine de la santé BarbaraSeaman, décédée fin février, trois militantes qui œuvrent dans ledomaine de la santé des femmes canadiennes décrivent certainsdes travaux les plus révolutionnaires et édifiants de Mme Seaman,qui, sans nul doute, ont sauvé la vie de milliers de femmes. Ellesparlent aussi du patrimoine qu’elle a laissé au mouvement pour lasanté des femmes partout en Amérique du Nord.

Nous examinons les problèmes auxquels font face lesfemmes immigrantes et réfugiées infectées par le VIH/sida auCanada, en dressant le portrait de trois projetscommunautaires à Vancouver, Montréal et Ottawa. Et FernCharlie, qui mène des entrevues avec des pairs pour un groupede femmes qui utilisent des drogues dans la région deVancouver – le groupe Vancouver Area Drug Users – partage sesexpériences dans le cadre du projet Women CARE qui sedéroule dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver.

Enfin, avant de présenter notre section habituelle « Ce quenous lisons », nous publions un extrait du livre Highs andLows: Canadian Perspectives on Women and Substance Use(disponible en anglais seulement) ainsi qu’un entretien avecl’une des rédactrices, Nancy Poole, du Centre d’excellencepour la santé des femmes – région de la Colombie-Britannique.

Puisque c’était mon premier numéro en tant que rédactrice duRéseau (en remplacement de Kathleen O’Grady qui est en congéde maternité), je me suis énormément reposée sur les membresdu personnel du RCSF et sur le Comité consultatif qui m’ont faitpart de leurs observations sur les articles durant le processus derédaction et de révision. Je les remercie tous. Je tiens à remerciertout particulièrement Susan White, directrice exécutive adjointe,dont l’analyse et le sens du détail ont été précieux.

Vos commentaires sont toujours les bienvenus. Participezaux activités du Réseau canadien pour la santé des femmes ennous soumettant des idées d’articles, en faisant partie d’uncomité ou en nous communiquant vos ressources sur la santédes femmes pour qu’elles soient publiées sur la base dedonnées en ligne du RCSF. Pour connaître les activités les plusrécentes du RCSF ainsi que les sujets touchant la santé desfemmes, marquez notre site Web d’un signet (www.RCSF.ca),visitez nos pages dans MySpace et Facebook, abonnez-vous ànotre liste de diffusion et à notre bulletin électronique mensuelLe bloc-notes de Brigit. En attendant, savourez les bellesjournées de printemps et même la canicule estivale. L’hiver serade retour bien assez tôt.

Bien cordialement,Ellen ReynoldsDirectrice des communications

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 3

n o t e d e l a r é d a c t r i c e :

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4 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

endant les vingt premières années où laquestion des changements climatiques a attirél’attention de la communauté internationale, lesenjeux entourant les différences entre les sexesétaient complètement absents de l’ordre du jour,

même si les femmes et les filles représentent la moitié de lapopulation mondiale et sont susceptibles d’éprouver desproblèmes de santé très différents de ceux des hommes etdes garçons. En effet, les femmes sont généralement pluspauvres que les hommes et dépendent plus que ces derniersdes ressources de base qui sont menacées par leschangements climatiques.

Au chapitre des prises de décisions en matière dechangements climatiques, les femmes sont demeurées presqueinvisibles dans la plupart des régions du monde, jusque toutrécemment. Lors de la huitième Conférence des parties à laConvention-cadre des Nations Unies sur les changementsclimatiques, en 2002, les participants ont finalement reconnuque les femmes sont vulnérables aux changements climatiques,et qu’elles pourraient même porter un poids disproportionnédu fardeau en matière d’adaptation. Plus récemment, enfévrier 2008, la Commission de la condition de la femme desNations Unies s’est penchée sur divers « points de vue sur leschangements climatiques tenant compte des différences entreles sexes » lors de sa 52e session, à New York. Et lors de laConférence de l’ONU sur les changements climatiques, àBali, Indonésie, en décembre 2007, le réseau Gender CC –Women for Climate Justice, qui regroupent des militantes etdes chercheuses du monde entier, a été créé et a publié unedéclaration exigeant une plus grande participation des femmesaux prises de décisions concernant les changementsclimatiques (voir encadré).

L’avenir du climat et de la santé dans le mondeL’humanité effectue présentement une expérience scientifiqueà l’échelle mondiale en rejetant d’énormes quantités de gaz àeffet de serre (GES), comme le dioxyde de carbone et leméthane, dans l’atmosphère terrestre. Le Groupe d’expertsintergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoitqu’en 2100, les concentrations de dioxyde de carbone (CO2)auront doublé ou même triplé par rapport aux quantitéspréindustrielles. Le Canada est l’un des plus importantsproducteurs et consommateurs de combustibles fossiles, et l’undes plus importants émetteurs de GES par habitant au monde.

Selon les prédictions, la température moyenne mondialepourrait augmenter de 1˚ à plus de 6˚ C au cours du siècleprochain par rapport aux températures des années 1990. Leréchauffement prévu est le plus élevé de tous ceux quel’humanité a connus au cours des 10 000 dernières années.Aux pôles, le réchauffement sera beaucoup plus élevé quepour la planète dans son ensemble; on s’attend à ce que, dansle nord du Canada, la température moyenne des hivers s’élèvede 8˚ à 10˚ C au cours de cette même période. Lescommunautés inuites connaissent déjà des changementsclimatiques importants, car les augmentations de températureont entraîné une diminution de la glace marine, ce qui nuitaux activités traditionnelles de chasse et de pêche dont ilstirent leur alimentation. De plus, la fonte des glaces risqued’ouvrir le passage du Nord-Ouest à la navigationcommerciale internationale; cette intensification de lacirculation dans la région pourrait entraîner un accroissementde la pollution, perturber les pêches dans l’Arctique et affecterla santé globale de la population et de la faune.

La Dre Margaret Chan, directrice générale del’Organisation mondiale de la santé, compare les changements

UN DOSSIER CHAUD

P A R K I R S T Y D U N C A N

LA SANTÉ DES FEMMES ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

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LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 5

climatiques au « cinquième cavalier ».Au moment de déclarer que leschangements climatiques seraient lethème de la Journée mondiale de lasanté cette année, elle a affirmé que lephénomène constituait « l’enjeu le plusimportant du siècle en matière de santépublique ». Il est impératif de s’attaqueraux répercussions des changementsclimatiques sur la santé et de s’investirafin d’accroître la résilience humaine.Une analyse tenant compte desdifférences entre les sexes, quipermettrait de déterminer en quoi leschangements climatiques touchentdifféremment les femmes et leshommes, doit également faire partie duprocessus, tout comme l’examen du rôlede la pauvreté comme déterminantimportant de la santé.

Les données les plus récentes deStatistique Canada (2003) indiquentque près de 1,5 million de femmesadultes vivent dans la pauvreté auCanada. Trente-six pour cent desfemmes autochtones sont pauvres,comparativement à 17 % des non-autochtones. Le taux de pauvreté chezles familles monoparentales dirigées parune femme (51 %) est également trèspréoccupant; il s’élève à 29 % chez lesfemmes de couleur, 26 % chez lesfemmes handicapées et à 41 % chez lesfemmes âgées. Un examen de certainsdes impacts directs et indirects deschangements climatiques sur la santéindique que les femmes qui présententles taux de pauvreté les plus élevés au

Canada – les femmes âgées, les femmesautochtones et les femmesmonoparentales – font partie dessecteurs de la population les plusvulnérables aux effets des changementsclimatiques.

Les impacts directs sur la santéLes températures extrêmesDans un monde plus chaud, les vaguesde chaleur deviennent habituellementplus fréquentes et plus graves. Lesenfants en bas âge, les personnes âgées etles personnes vivant dans la pauvreté, enparticulier celles qui habitent en milieuurbain dans des appartements à l’étagesupérieur qui ne sont pas munis desystème de climatisation, sontparticulièrement vulnérables.

En 1936, les Canadiens etCanadiennes ont connu destempératures de 38 à 41 degrés Celsius àHamilton, Niagara Falls et Toronto.Certains résidents réglaient la circulationd’air de leur aspirateur en sens inversepour se rafraîchir, tandis que d’autres seréfugiaient sur les plages, où les hommesse baignaient le torse nu, au mépris deslois sur la bienséance. La nuit, desmilliers de personnes abandonnaientleur foyer pour aller dormir dans lafraîcheur des parcs ou des cimetières, surune couverture ou un matelas, ou dansdes voitures garées le long des quais. Àl’époque, le Daily Star de Toronto avaitrapporté que le site de l’Expositionnationale canadienne ressemblait à un« vestiaire à ciel ouvert ».

Près de 1 200 Canadiens etCanadiennes ont péri lors de cette crise(comparativement à 42 personnesl’année précédente), dont 225 àToronto. La chaleur a contribué àexacerber de nombreux problèmes desanté, comme les maladiescardiovasculaires et respiratoires, qui ontentraîné des décès subséquents. Plusrécemment, les vagues de chaleur quiont frappé l’Europe ont tué 35 000personnes en 2003; en France, lamortalité féminine était de 15 à 20 %plus élevée que celle des hommes, tousgroupes d’âge confondus.

Les hommes et les femmes neréagissent pas de la même façon à lachaleur extrême. Les femmes transpirentmoins, ont un taux métabolique plusélevé et des tissus adipeux sous-cutanésplus importants qui les empêchent de serafraîchir aussi rapidement que leshommes. Elles sont donc moins tolérantesà un stress thermique imposé. En 1984,lors d’une vague de chaleur qui s’estabattue sur New York, les températuresquotidiennes moyennes sont passées de21 à presque 29 degrés Celsius. Ce sontles femmes âgées qui présentaient le risquele plus élevé de décès attribuables à lachaleur : parmi les personnes âgées de 75à 84 ans, les taux de décès ont grimpé de39 % chez les hommes et de 66 % chezles femmes; parmi les personnes âgées deplus de 85 ans, ces augmentationss’élevaient à 13 % chez les hommes et à55 % chez les femmes.

Les impacts sur la santé liés à la u

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chaleur peuvent être atténués grâce à desmesures individuelles, telles quel’absorption d’une plus grande quantitéde liquides et le recours à laclimatisation, à condition d’y avoiraccès. Or l’accès des femmes âgéespauvres à ces ressources est limité, ce quicontribue à accroître le risque de décèslié à la chaleur. Sur le plan structurel ousociétal, les mesures d’adaptationpourraient englober l’élaboration deplans d’urgence pour les communautésen cas de vague de chaleur et la mise enplace de systèmes d’avertissement dechaleur intense plus efficaces. Toutefois,tout comme dans le cas des individus,on ne peut tenir pour acquis que lesressources nécessaires soient disponibles.

Les phénomènes extrêmesEn raison de l’accroissement destempératures, les phénomènes

climatiques extrêmes comme lesinondations, les tempêtes de grêle ou deverglas et les tornades risquent aussid’augmenter en fréquence. Le sexeauquel appartient un individu aura desconséquences importantes sur sa viequotidienne aussi bien avant, pendant etaprès un phénomène extrême. Dans laplupart des sociétés, les hommes onttendance à jouir d’un meilleur accès auxstratégies de base de survie et derétablissement, tandis que les femmessont plus vulnérables aux catastrophesnaturelles. Par exemple, on estime quecinq fois plus de femmes que d’hommesont perdu la vie lors du tsunamiasiatique de 2004. Les personnessusceptibles de souffrir le plus desconséquences d’une catastrophenaturelle sont les femmes vivant dans lapauvreté, les femmes victimes deviolence conjugale et celles dont l’accès

aux ressources est limité.Les femmes subissent généralement

un stress mental plus élevé que leshommes pendant et après unphénomène météorologique extrême,car elles sont souvent les principalesdispensatrices de soins. Ces moments-làse caractérisent également par unaccroissement de la violence envers lesfemmes. À la suite de l’éruptionvolcanique du mont St. Helen’s, en1980, les rapports de police ayant trait àla violence conjugale ont augmenté de46 %. En 1998, un chef de police de laville de Montréal a rapporté que 25 %des appels reçus lors de la tempête deverglas de 1997 provenaient de femmesqui subissaient de la violence. Au coursdes journées et des semaines chaotiquesqui ont suivi le passage de l’ouraganKatrina, en 2005, le National SexualViolence Resource Center a enregistré

6 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

« Quand leurs droits ne sont pas protégés, les femmesmeurent plus que les hommes pendant les catastrophesnaturelles. La question des changements climatiques esttrop importante pour ne pas tenir compte des voix de lamoitié de la population mondiale. » ~ Lorena Aguilar, conseillère spéciale de l’Union mondiale pour

la nature, lors de la session de la Commission de la condition

de la femme de l´ONU (New York, février 2008).

Lors de la 52e session de la Commission de la condition de lafemme de l´ONU, qui a eu lieu à New York en février 2008,un débat d’experts traitant des perspectives sexospécifiques enmatière de changements climatiques a réuni des spécialistes dumonde entier, appelant à ce que les femmes participent à tousles aspects du débat sur les changements climatiques, etnotamment la manière de les atténuer et de nous y adapter. Cegroupe, animé par le vice-président de la commission, AraMargarian, comprenait également Anastasia Pinto, conseillère

auprès du Centre for Organization, Research and Education, demême que Woro B. Harijono, directrice générale de l’agencemétéorologique et de géophysique indonésienne. Citant denombreuses études, les spécialistes ont montré qu’il fautenvisager les changements climatiques selon une perspectivesexospécifique, car, lorsque des catastrophes naturelles frappentou des phénomènes météorologiques graves se produisent, lesrépercussions sur les femmes et sur les hommes sont différentes.

Notant la sous-représentation féminine dans le processus deprise de décision en matière de changements climatiques, lesparticipants ont enjoint les gouvernements – et les membres dela commission – à habiliter les femmes à intervenir dans laplanification et la prise de décision, en particulier en ce quiconcerne l’élaboration et la mise en œuvre de politiques etprogrammes tenant compte des rapports sociaux entre lessexes. Ils ont appelé à soutenir amplement l’élaboration d’unestratégie ou d’un plan d’action d’égalité des sexes, dans le cadrede la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements

Les femmes introduisent la question du sexe social àl’ordre du jour en matière de changements climatiques

UN DOSSIER CHAUD

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47 agressions sexuelles, chiffre qui, selonle centre, ne représente qu’un « petitpourcentage des rapports et des comptesrendus officieux et anecdotiques ».

Il faut tenir compte des femmes dansl’élaboration des stratégies de préventiondes catastrophes, d’atténuation desdégâts et de rétablissement. Plusprécisément, les femmes doiventparticiper aux démarches suivantes :préparation des familles, des ménages etdes milieux de travail aux phénomènesclimatiques extrêmes; établissement demesures d’intervention et derécupération; organisation du lieu dusinistre; soins physiques etpsychologiques aux enfants; organisationde réseaux de parents et d’amis.

Les impacts indirects sur la santéLes risques indirects découlant deschangements climatiques englobent uneaugmentation de la pollutionatmosphérique et une diminution de la

production alimentaire, de la qualité del’eau et des réserves aquifères, ainsiqu’un accroissement des maladies àtransmission vectorielle (maladieshabituellement transmises aux humainspar un insecte) comme le paludisme etla maladie de Lyme.

Au Canada, la transmission dupaludisme dépend des interactions entrele moustique vecteur, l’organismehumain hôte, le parasite du paludismeet les conditions environnementales – enparticulier le climat. Les Canadiens etles Canadiennes qui voyagent dans despays où la maladie est présente, maisnon réputée endémique, peuvent aussicontracter la maladie.

La possibilité d’une réintroduction dupaludisme au Canada et aux États-Unis aété mise en évidence lors des éclosions dela maladie qui se sont produites dans lesannées 1990 dans certaines régionsdensément peuplées des États du NewJersey et de New York. Or l’application

soutenue et accrue de mesures deprévention – comme la gestion de l’eau, lasurveillance de la maladie et le traitementrapide des personnes atteintes –permettrait probablement de contrer toutaccroissement de l’incidence de la maladie.

Au Canada, le réchauffementclimatique et le prolongement dessaisons exemptes de gel pourraientfavoriser la propagation de la maladie deLyme, causée par une bactérie transmiseaux humains par les tiques. En tempsnormal, la maladie de Lyme peut êtretraitée efficacement au moyend’antibiotiques, mais, en l’absence detraitement, elle peut causer de l’arthriteou des troubles neurologiques. AuCanada, la maladie se manifeste surtoutdans le sud et l’est de l’Ontario, dans lesud-est du Manitoba, en Nouvelle-Écosse et dans le sud de la Colombie-Britannique. Toutefois, en raison del’augmentation des températures, lesscientifiques craignent que les tiques

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 7

climatiques (CCNUCC). De même, ils ont demandé que soitétabli un système d’indicateurs et de critères sexospécifiques,que les gouvernements utiliseront pour produire leurs rapportsau Secrétariat de la Convention.

Au moment où, partout dans le monde, les États s’apprêtentà établir d’ici fin 2009 la stratégie d’après-Kyoto, il est de la plusgrande urgence de garantir que les femmes auront voix auchapitre dans ce processus, selon Minu Hemmati du réseaumondial Gender CC–Women for Climate Justice. « Ce processusnécessitera une importante sensibilisation », a dit MmeHemmati, citant le fait que ni la Convention-cadre ni leProtocole de Kyoto ne font mention des femmes ou desproblématiques sexospécifiques. « Même si on a eu l’impressionque les mentalités changeaient et si l’égalité entre les sexes est àprésent considérée par certains comme une composanteimportante de l’atténuation des changements climatiques et del’adaptation à leurs répercussions, la participation des femmesaux négociations pertinentes doit être stable et continue. »

Dans une lettre adressée à la séance plénière de la CCNUCCà Bali (Indonésie), en décembre 2007, Gender CC a déclaré :« Nous aimerions exprimer notre profonde préoccupationquant à la marginalisation des opinions, des voix et des droitsdes femmes dans la présente conférence et dans le futur régime

de changements climatiques. Nous sommes ici pour aider lesgouvernements à reconnaître l’urgence vitale de l’égalité entreles sexes dans leurs politiques et programmes, alors ques’accentue la crise climatique […] Nous vous demandons devous assurer que les stratégies d’adaptation et d’atténuationsoutiennent la sécurité humaine fondamentale et le droit audéveloppement durable, de même que de ne pas exacerberl’injustice, les inégalités et les iniquités entre les femmes et leshommes. Les femmes détiennent un solide ensemble deconnaissances traditionnelles pouvant servir à atténuer leschangements climatiques, à prévenir les catastrophes et à nousadapter à ces phénomènes. Il conviendrait d’apporter lareconnaissance, la protection et l’appui financier adéquats àl’entretien de ces connaissances […] Nous sommes impatientesde voir exister un régime de changements climatiques sensible àla question des rapports sociaux entre les sexes, et respectueuxde la nature et des droits de la personne. » Î

Pour plus d’information, visitez les sites suivants :Commission de la condition de la femme de l´ONU,www.un.org/womenwatch/daw/csw/52sess.htm

Gender CC–Women for Climate Justice, www.gendercc.net/

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se déplacent vers le nord en transportantla maladie avec elles.

Les changements climatiques sontsusceptibles de provoquer uneaugmentation des précipitations acides(les « pluies acides »), des particules ensuspension et du smog. Le dioxyde desoufre présent dans les précipitationsacides provient surtout de lacombustion de combustibles contenantdu soufre comme le charbon et lepétrole; les principales sources deprécipitations acides sont les centralesélectriques, les usines de papier et depulpe, les raffineries et les fonderies. Ledioxyde d’azote, autre composante desprécipitations acides, provient des gazd’échappement des véhiculesautomobiles, de la production d’énergieélectrique et des chaudières industrielles;il joue un rôle important dans lesréactions chimiques qui produisent lesmog. L’histoire d’amour entre leCanada et l’automobile contribuecertainement au problème. Au cours des20 dernières années, la population duCanada a augmenté de 16 % et lenombre de voitures qui circulent sur nosroutes de plus de 60 %.

Les effets de l’accroissement de lapollution atmosphérique sur la santépourraient aller des troubles bénins(irritation des yeux, du nez et de lagorge) aux maladies graves et même à la

mort. Les recherches indiquent que lenombre de séjours à l’hôpital pourmaladies respiratoires augmente lors desépisodes de pollution atmosphériqueintense; on estime que la pollution del’air est responsable, chaque année, de1 700 décès prématurés et de 6 000hospitalisations à Toronto. Seloncertaines études, le dépôt de particulesinhalées est plus important chez lesfemmes que les hommes, ce qui laissecroire qu’elles pourraient être plusaffectées par la pollution atmosphérique.De plus, le taux de globules rouges estmoins élevé chez les femmes que leshommes, elles pourraient être plussensibles aux effets toxiques despolluants atmosphériques.

La voix des femmes est essentielleMême si les émissions de gaz à effet deserre cessaient immédiatement, les effetsde l’activité humaine continueraient de sefaire sentir sur le climat mondial pendant

de nombreuses années encore. Les gensqui disposent de peu de ressources ontune capacité moindre à s’adapter auxchangements climatiques et sont plusvulnérables à leurs effets. Pour contrerefficacement les impacts des changementsclimatiques sur la santé chez les femmeset les hommes, il est nécessaire d’effectuerune analyse qui tient compte desdifférences entre les sexes; les femmesdoivent aussi participer à l’élaboration destratégies d’adaptation et d’atténuation.Pour reprendre les mots d’Amartya Sen,lauréate du prix Nobel, « la voix desfemmes est d’une importance vitale pourl’avenir du monde, et non pas seulementpour l’avenir des femmes ». Î

Kirsty Duncan est professeure agrégée audépartement d’études sur la santé del’Université de Toronto (Scarborough); elle faitpartie de l’équipe des Canadiens qui a siégéau Groupe d’experts intergouvernemental surl’évolution du climat, lauréat du prix Nobel.

8 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Ici au RCSF, nous tenons à coeur notre bulletin électronique Le bloc-notes de Brigit qui foisonne de nouvelles ensanté des femmes. Donc, c’est dans cet esprit que nous avons changé de fournisseur pour en assurer la livraisondu Bloc-notes de Brigit. Ce nouveau service nous donne la capacité de vous offrir l’option de recevoir le bulletinen HTML ou en texte seulement, tout en assurant une plus grande sécurité. Ainsi, nous continurons à vousgarder au courant des nouveautés du site Web du RCSF, incluant les nouvelles initiatives en matière depolitiques, la recherche, les appels de soumissions, les évènements et congrès, les nouvelles ressources, et lamise à jour des débats et le militantisme dans le domaine de la santé des femmes.

Si vous n’êtes pas déjà inscrit(e), abonnez-vous dès maintenant à www.cwhn.ca/brigit/index.fr.html

POUR EN SAVOIR PLUS :Gender and Climate Change www.gencc.interconnection.org/index.html

Organisation mondiale de la santé (OMS) – Journée mondiale de la santé 2008 :protéger la santé face aux changements climatiqueswww.who.int/world-health-day/fr/index.html

Women and Environments International Magazine, no. 74/75, printemps/été 2008www.weimag.com

Nouveauté chez Le bloc-notes de Brigit

UN DOSSIER CHAUD

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Harriet Rosenberg et Danielle Allard, chercheuses à Action pour la protection de lasanté des femmes (APSF), ont récemment étudié l’efficacité et la sécurité des statinespour les femmes du Canada. Cherchant sur quelles données s’appuie l’emploi de cetteclasse de médicaments fréquemment prescrits, elles ont trouvé que la prudence s’impose.

En 2006, 23,6 millions de prescriptions de statines, s’élevant à un montant de2 milliards de dollars, ont été délivrées au Canada. Pour 2007, on prévoyait uneaugmentation des ventes de statines s’accompagnant de gains mondiaux allant de30 à 33 milliards de dollars (USD). Enfin, le Lipitor est le produit pharmaceutique leplus vendu au Canada; ses ventes mondiales ont atteint 12,9 milliards de dollars(USD) en 2005.

Dans leur rapport, Prudence oblige : l’emploi des statines chez les femmes, Rosenberget Allard examinent attentivement les preuves existantes sur lesquelles se fondel’utilisation des statines et discutent des données de recherche qui remettent enquestion l’hypothèse du cholestérol (voir encadré), en particulier chez les femmes.

Les cardiopathies se manifestent de manières très différentes chez les hommes et lesfemmes. Ces dernières présentant des symptômes différents, moins susceptibles d’êtrereconnus, il est par conséquent possible qu’elles ne reçoivent pas de soins d’urgenceen temps opportun; le risque de mortalité, après un infarctus, est donc en généralplus élevé parmi elles. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes femmes. Lescardiopathies sont souvent décrites comme la principale cause de mortalité chez lesfemmes, mais cela n’est vrai que pour celles de plus de 80 ans : les femmes âgées de30 à 79 ans mourront fort probablement d’un cancer. Les hommes, en revanche,sont bien plus susceptibles d’être victimes, plus jeunes, de cardiopathies et d’unaccident cérébral vasculaire. Chez les femmes, le taux de mortalité attribuable auxcardiopathies ne représente actuellement que la moitié de celui des hommes.

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 9

Les statines sont une classede médicaments sur ordonnanceconçus pour faire baisser le taux decholestérol. Les principales statinessont le Lipitor (nom générique del’atorvastatine), le Crestor (rosuvastatine),le Mevacor (lovastatine), le Pravacol(pravastatine), le Zocor (simvastatine)et le Lescol (fluvastatine).

La prescription de cesmédicaments est justifiée parl’hypothèse du cholestérol, selonlaquelle les médicaments capablesde faire baisser le taux decholestérol total (TC) ou celui decholestérol LDL (souvent appelé« mauvais » cholestérol) ou bien defaire monter le taux de cholestérolLHD (« bon » cholestérol)préviendront les cardiopathies. Lamesure de la baisse de cholestérolest ce qu’on appelle un « substitutde paramètre », ce qui est différentde la mesure des paramètresmesurables objectifs de ladiminution des cardiopathies oudes décès en raison de ces maladies.Souvent, le fait d’avoir ducholestérol est quasiment perçucomme un problème de santé.Toutefois, celui-ci assure denombreuses fonctions vitales dansle corps : il maintient la structurede la paroi cellulaire, est essentiel àla synthèse des hormones et de lavitamine D, à la production du selbiliaire et à la digestion, auxfonctions cérébrales et neuronales.Vital au développement du fœtus,c’est également un composantessentiel du lait maternel.

PRUDENCEOBLIGEL’emploi des statines chez les femmes

H A R R I E T G . R O S E N B E R G E T D A N I E L L E A L L A R D

D’Action pour la protection de la santé des femmes

u cours des 20 dernières années, une classe de médicamentscapables de faire baisser le taux de cholestérol, lesstatines, sont devenus les produits pharmaceutiques lesplus largement prescrits au monde. Au Canada, les femmes

représentent la moitié des trois millions de personnes prenant desstatines chaque jour.

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Dans un passé récent, ces différencesétaient expliquées par des théories sur lesvariations hormonales entre les hommeset les femmes – théories qui ont conduità la prescription répandue del’hormonothérapie aux femmes enménopause, afin de les protéger descardiopathies. Toutefois, en 2002,l’innovante Women’s Health Initiative[Initiative pour la santé des femmes] atesté cette hypothèse et constaté que lecontraire était vrai; plus récemmentencore, des preuves supplémentaires ontassocié l’hormonothérapie à un risqueaccru de cancer du sein.

Les facteurs de risque associés auxcardiopathies sont nombreux,notamment le tabagisme, le régimealimentaire, la pauvreté et l’expositionaux polluants de l’environnement; ilssont modifiables. Toutefois, le cholestérolest devenu le risque le plus important etle plus redouté, peut-être parce que c’estle seul pouvant être commodément traitéen prenant un comprimé.

La première statine a été le Mevacor,fabriqué par Merck et officiellementapprouvé en 1987, parce qu’il réduisaitle taux de cholestérol chez les personnesatteintes d’une affection rare,l’hypercholestérolémie familiale. Depuislors, son utilisation s’est largementétendue à de plus grandes populations, àmesure que baissaient les niveaux decholestérol cibles. Six autres statines ontété approuvées pour la vente, au Canada;l’une d’elles, le Baycol, a étévolontairement retirée du marché en2001, après avoir été associée à 50 décès,au moins, survenus dans le monde entieret provoqués par un désordre musculairegrave et potentiellement fatal.

L’une des revues les plus approfondiesportant sur les femmes et les essaiscliniques de statines a été entreprise en2004, par Walsh et Pignone. Ces

derniers ont évalué les données de tousles essais cliniques significatifs demédicaments hypocholestérolémiants(tant les préparations à base de statineque celles sans) sur les femmes. La revuede plus de 1500 articles les a amenés àconclure que, chez les femmes nesouffrant pas de cardiopathie, laréduction de la cholestérolémie ne faitpas baisser le taux de mortalité ou demortalité totale. Ils ont égalementremarqué qu’il n’existe pas suffisammentde preuves pour savoir si elle réduit lenombre de crises cardiaques oud’attaques non mortelles.

L’analyse effectuée à l’Université de laColombie-Britannique par deschercheurs de la Therapeutics Initiative,dans laquelle 10 990 femmes en toutont été examinées, n’a pas permisd’établir la preuve que la thérapie auxstatines réduisait l’incidence desproblèmes coronariens chez les femmesne souffrant pas de cardiopathie.

De plus, un aperçu récemment publiédans la revue médicale The Lancet en2007 (et cité dans Our Bodies Ourselves:Menopause) a également mis l’accent surle fait qu’aucun essai clinique n’a montréle bienfait de la thérapie aux statines,pour les femmes ne souffrant pas déjà decardiopathie ou de diabète. Leschercheurs remettent en question ce quijustifie les directives d’utilisation desstatines chez cette importante populationde femmes (75 % des utilisatrices),directives fondées sur une recherche quemême leurs auteurs qualifient de « déficiente en général » en ce quiconcerne les femmes, et extrapolée desdonnées relatives aux hommes.

D’après l’enquête de Walsh etPignone, il a été prouvé que l’utilisationdes statines réduisait l’incidence desproblèmes et décès coronariens, mais pasle taux de mortalité global, chez les

femmes souffrant de problèmescardiaques préexistants. Cela estinquiétant puisqu’un déclin de décèscoronariens semble avoir été inversé parun nombre égal ou même par uneaugmentation des décès dus à d’autrescauses. Les chercheurs n’ont pas été enmesure d’étudier l’ensemble de cettequestion car, pour beaucoup des essais,seules les données relatives aux décès dusà une cardiopathie sont publiées, et nonles décès d’autres origines, ce qui rendimpossible une analyse plus détaillée.

Une revue différente, examinant troisessais dans lesquels les femmes souffrantde problèmes cardiaques préexistantssont représentées, a montré uneréduction des problèmes cardiaques deseulement 0,8 % par an sur une périodede cinq ans, chez les femmes, et aucundéclin des taux de mortalité globale.

Au cours des deux dernières décennies,aux États-Unis et au Canada, les lignesdirectrices ont recommandé la thérapie auxstatines, pour des populations toujours plusimportantes; mais les chercheurs ont remisen question les données scientifiques sous-tendant l’hypothèse selon laquelle « moins,c’est mieux ». Les critiques ont fait ressortirque les directives d’utilisation de préparationsà base de statines, chez les femmes, sont peuconsistantes. Ils expriment, en outre, leurinquiétude quant à un possible conflitd’intérêt, susceptible de biaiser lesrecommandations des rédacteurs des lignesdirectrices – dont la majorité ont des liensfinanciers avec les fabricants de statines.

Des préoccupations concernantl’innocuitéLes statines ont été décrites comme étant« tellement sans danger qu’il en faudraitdans l’eau potable ». Il est pourtant onne peut plus difficile d’évaluerl’innocuité de la thérapie aux statinespour les femmes, faute d’analyse tenant

10 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

PRUDENCE OBLIGE

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compte des différences entre les sexes enrecherche. De plus, toutes les donnéesrelatives aux réactions indésirables gravesobservées n’ont été publiées que pourdeux des 14 principaux essais depréparations à base de statines, en dépitdes demandes répétées des chercheurs. Ilest urgent d’accéder à ces données nonpubliées, afin d’évaluer totalement lesrisques, de même que les bienfaits, de cetype de médicament.

Il existe de nombreux groupes enligne d’ex-utilisatrices de statines et deleurs partenaires, décrivant desexpériences de déficience cognitive etmémorielle, notamment l’amnésie, desépisodes dépressifs, des problèmesd’humeur, une irritabilitéparticulièrement exacerbée, des cas deneuropathie périphérique, des douleursmusculaires et une intolérance àl’exercice, de la faiblesse et de la fatigue,des problèmes de glycémie, ainsi que lamise en évidence de conditionsgénétiques sous-jacentes (p. ex. lamaladie de Parkinson, la sclérose latéraleamyotrophique) qui sont invalidantesou marquent à vie.

Depuis 2004, Beatrice Golomb,Ph.D. et ses collègues de l’Université deCalifornie (San Diego) réunissent del’information sur les problèmes enrelation avec les statines, notammentl’amnésie, l’humeur et le comportementviolent ou agressif. Leur travail a permitd’établir des associations entre lecomportement agressif et l’utilisation destatines, qui n’avaient pas été vues lorsdes essais cliniques. Leur recherche les aamenés à la conclusion que certainesutilisatrices de statines ayant desproblèmes d’humeur et de mémoiresouffraient également de problèmes etde faiblesse musculaires, ce qui affectaitleur aptitude à entreprendre desprogrammes d’exercices à efficacité

éprouvée dans la prévention desmaladies de cœur. Ils ont estimé que,alors que les essais cliniques peuventfaire état de 1 % à 7 % de patientesayant des réactions indésirables à cesmédicaments, le nombre des réactionsindésirables à l’utilisation des statinespouvaient s’approcher de 15 %.

La recherche indique que l’expositiondes jeunes femmes aux statines est associéeà des risques plus élevés de fausses coucheset d’anomalies congénitales rares etprofondes. Par ailleurs, il n’existe pas derecherche significative quant auximplications de la prise de statines enmême temps que de contraceptifs, sur lasanté des femmes concernées.

Il existe une autre préoccupation pourles femmes – l’insuffisance de recherchessur l’inquiétante association entrel’exposition aux statines et le cancer dusein. En plus d’antécédents d’associationentre les hypocholestérolémiants et lecancer, deux essais sur les statines ontmontré une augmentationstatistiquement significative du cancer dusein. En outre, un aperçu de cinq essais,dans lesquels était examiné le risque decancer du sein, ont montré un excédentnon statistiquement significatif de 33 %de cancers du sein chez les femmesexposées aux statines, par rapport à cellesprenant des placebos. Des recherchescomplémentaires sont nécessaires, afind’évaluer l’effet à long terme del’utilisation des statines et sa relation avecle cancer du sein et d’autres cancers. Larecherche orientée sur la doubleexposition aux statines et àl’hormonothérapie des femmes enménopause est particulièrementpréoccupante. Le peu de recherchesexistant actuellement sur la combinaisondes statines avec l’hormonothérapie ontmontré un risque élevé de cancer du sein.

Dans Prudence oblige : l’emploi des

statines chez les femmes, Rosenberg etAllard ont évalué l’impact de l’utilisationdes statines chez les femmes, en partantde l’hypothèse que, si on prescrit unmédicament à une femme pour prévenirles maladies de cœur, les raisons de lefaire doivent s’appuyer sur des donnéesde la plus haute qualité et des pluscrédibles possible. Il faut disposer de lapreuve solide du bienfait par rapport audanger et de l’analyse minutieuse detout effet indésirable grave pouvantsurvenir dans l’immédiat, après desannées ou des décennies d’utilisation oubien lorsque le médicament est pris encombinaison avec d’autres,communément prescrits aux femmes.

En d’autres termes, une Canadiennedevrait pouvoir prendre un comprimé,en ayant la certitude que ses bienfaits etson innocuité ont été testés sur unefemme comme elle et qu’elle est trèssusceptible d’en tirer un bienfait évidentpour sa santé et sa longévité.

Ces auteures déclarent que, en ce quiconcerne l’utilisation des statines, cesattentes n’ont pas été satisfaites. Ellesont plutôt découvert un modèle desurestimation du bienfait et de sous-estimation de la nocivité – en bref, laprudence s’impose. Î

Harriet G. Rosenberg, Ph.D., est professeureagrégée au programme santé et société del’Université York, où elle mène des recherchessur les femmes et la santé. Danielle Allardest doctorante à la faculté des études surl’information de l’Université de Toronto.Elle est adjointe à la recherche à Action pourla protection de la santé des femmes.

Le rapport complet, Prudence oblige :l’emploi des statines chez les femmes, setrouve sur le site Web d’Action pour laprotection de la santé des femmes :www.whp-apsf.ca

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 11

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n juin 2007, le Réseau canadien pour la santé desfemmes publiait VPH, vaccins et genre :Considérations de principe, un article destiné à fairevaloir les interrogations et les inquiétudes soulevées

par les projets de programmes de vaccination systématiquecontre les infections liées à certains types de virus dupapillome humain, chez les jeunes filles scolarisées au Canada.Cet article se concluait sur cette phrase : « Aujourd’hui, il y aplus de questions que de réponses. »

Un an plus tard, les questions sont peut-être encore plusnombreuses que les réponses. Néanmoins, les provinces etterritoires ont démarré les programmes de vaccination enmilieu scolaire ou bien prévoient de le faire à l’automne 2008.Ainsi, partout au pays, les parents seront-ils confrontés à ladifficile décision d’accepter ou non que leurs filles soientvaccinées. Par ailleurs, l’inquiétude demeure quant au faitqu’elles manqueront trop souvent de toute l’informationnécessaire pour donner un véritable consentement éclairé.

Nous continuons de demander où est l’urgence, alors queles taux de cancer du col de l’utérus sont bas et ont déjà baisséde manière significative, grâce à la mise en place desprogrammes de dépistage par test de Pap. Pourquoi lacampagne de vaccination a-t-elle été lancée par le ministre desFinances, lors d’un exposé budgétaire, avant même lapublication des recommandations du groupe mis sur pied afind’harmoniser les politiques d’immunisation au Canada –recommandations que nous attendons encore? Pourquoidépenser 300 millions de dollars pour un vaccin, lorsque cesfonds pourraient être affectés à des programmes efficaces etintégrés de santé sexuelle et génésique? En fait, nous nous

inquiétons de la réelle possibilité que des ressources destinées àl’amélioration du test de Pap soient détournées, afin que toutesles provinces puissent organiser un programme de vaccination.

Les recherches ont montré que la plupart des personnessexuellement actives contracteront une infection au VPH, maisque, dans 80 % à 90 % des cas, elle se résorbera spontanémenten deux ans. Le vaccin ne couvre que quatre types de virus –dont deux sont associés à l’apparition du cancer de l’utérus – etnous ne savons toujours pas combien de temps dure laprotection. Par conséquent, même les personnes vaccinéescontinueront d’avoir besoin des tests de Pap en vieillissant.

Les critiques véhémentes à l’égard des personnes ayant soulevédes questions à propos du programme de vaccination, y compriscelles parlant au nom du RCSF, ont été très surprenantes. Celaest vrai en particulier pour les auteures du commentaire intituléHuman papillomavirus, vaccines and women’s health: questionsand cautions, publié dans le Journal de l’Association médicalecanadienne, en août 2007. Nous ne sommes sûrement pas seulesà poser des questions. En fait, les 56 experts des vaccins et de lasanté sexuelle réunis par Santé Canada en 2005, en vue deréviser le processus d’approbation du vaccin, voulaient, eux aussi,des réponses à ces questions, avant de recommanderl’approbation d’un programme de vaccination.Malheureusement, ils sont assez silencieux depuis lors.

Pour avoir fait entendre les inquiétudes qui sont les nôtresau RCSF, nous avons été traitées d’irresponsables. Certains ontmême fait un amalgame avec les groupes fondamentalistesopposés au vaccin pour des raisons morales (inquiets que levaccin favorise la promiscuité sexuelle) et d’autres qui sontcontre les vaccins en général. Pour mémoire, nous, au RCSF,

12 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Du Réseau canadien pour la santé des femmes

E

Le vaccin contre le VPH, un an après

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ne sommes pas opposées au vaccincontre le VPH en lui-même. Noussommes plutôt opposées à unprogramme de vaccination systématiqueactuellement, en l’absence de preuvessuffisantes de son efficacité à long termeet en l’absence de débat public etd’information complète et impartiale.

Les médias ont été une importantesource d’information, à propos du vaccincontre le VPH. Toutefois, à de raresexceptions, la couverture médiatique n’apas fourni toute l’information et, dansbien des cas, a plutôt mal informé lepublic. Le Gardasil n’est pas un « vaccincontre le cancer » et nous ne savons pas s’il« préviendra 70 % des cancers de l’utérus »,comme l’ont écrit les médias nationaux.Pourtant cette mésinformation, qui estdavantage fondée sur l’habile marketing

du fabricant, Merck Frosst, que sur unjournalisme de qualité, continue deparaître. Les exceptions, par exemple auGlobe and Mail et à la SRC, sont desenquêtes-reportages sur le lobbying queMerck Frosst a fait avant l’annonce des300 millions de dollars du gouvernementfédéral. Citons aussi des articles analysantdans le détail les preuves scientifiquesexistantes, de même que des articlescritiques à l’égard du processusd’approbation du vaccin du gouvernementet de l’échec de ce dernier à fournirl’information adéquate au public.

À l’Île-du-Prince-Édouard, enNouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, la participation auxprogrammes de vaccination débutés enseptembre dernier a été élevée (environ80 %); mais, en Ontario, seulement 50 %

des jeunes filles susceptibles d’êtrevaccinées l’ont été, en fait, jusqu’ici. Lesprogrammes de vaccination en milieuscolaire connaissant habituellement destaux de participation très élevés, le faibletaux enregistré en Ontario, où ont étépubliées la plupart des enquêtes-reportages, est peut-être dû au fait queles parents ont décidé d’attendre d’avoirconnaissance de nouvelles preuves.

Au Québec et au Manitoba, lesgouvernements ont annoncé récemmentque les programmes de vaccinationauraient lieu à l’automne 2008. Sansl’habituelle stratégie nationaled’immunisation pour guider les provincesdans la mise en œuvre d’un programmede vaccination (on n’y a pas eu recoursdans ce cas), les autorités du Québec ontdécidé de ne fournir que deux doses

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 13

En septembre 2007, le gouvernement du Québec annonçaitsa décision de lancer, dès la rentrée scolaire 2008, unecampagne de vaccination contre le virus du papillome humain(VPH) auprès des jeunes filles, emboîtant ainsi le pas à quatreprovinces canadiennes. Le gouvernement du Québec a préciséen avril les modalités de la campagne et évaluait à 70 millionsde dollars le coût de cette initiative, répartis en trois ans. Levaccin sera donc administré aux écolières de neuf ans enquatrième année du primaire, et aux adolescentes de 14 ans entroisième année du secondaire.

Aussitôt annoncée, la campagne a été décriée, notammentpar le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes(RQASF), qui a réclamé un moratoire. Le Regroupement desmaisons de jeunes du Québec, Action pour la protection de lasanté des femmes et le Réseau canadien pour la santé desfemmes ont publiquement appuyé cette position endemandant que les millions destinés à la campagne soientdirigés vers la prévention et l’amélioration de l’accès aux soinsde santé pour les femmes, particulièrement les adolescentes.

En novembre, la demande de moratoire a été réitérée parplus d’une trentaine de groupes et de personnes issus de divers

milieux, réunis à l’occasion de la Journée d’étude sur le vaccincontre le VPH organisée par la Fédération du Québec pour leplanning des naissances (FQPN). Les participantes à cettejournée n’ont pas été convaincues, malgré les échanges avec lesprincipaux responsables de la santé publique présents à cetterencontre, de la nécessité de mettre en place une campagne decette envergure aussi rapidement. Elles jugent en effet encoreinsuffisantes les données essentielles qui pourraient justifierune telle décision, en ce qui concerne notamment la durée del’immunité conférée par le vaccin, la nécessité d’administrerdes doses de rappel, ses effets à long terme, etc. Elles ontégalement mis en doute l’approche privilégiée par lesresponsables de la santé publique, fondée sur des technologiesnouvelles et coûteuses plutôt que sur la sensibilisation, laprévention et l’éducation sexuelle.

Déçue des échanges avec les responsables de la santépublique, la FQPN a interpellé directement le ministre de laSanté et des Services sociaux afin de réitérer sa demande demoratoire. La Fédération a réclamé des actions concrètes visantà contrecarrer l’influence du promoteur du GardasilMC, levaccin proposé, notamment par des mesures accrues de

Campagne de vaccination contre le VPHLes groupes du Québec réclament un moratoireP A R N A T H A L I E P A R E N T De la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)

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du vaccin aux jeunes filles de 4e année duprimaire, puis un vaccin de rappellorsqu’elles entreront en 3e secondaire. Levaccin étant approuvé pourl’administration de trois doses sur unepériode de six mois, le plan du Québecserait donc une utilisation « nonconforme au mode d’emploi » (nonapprouvée) du vaccin. Un essai cliniqueest en cours afin d’évaluer cette méthode,qui pourra ou non s’avérer efficace à longterme; mais il n’est pas encore terminé.

Le test de dépistage du VPH est unautre sujet d’étude. La BC CancerAgency mène actuellement une étude, « HPV FOCAL », en vue de déterminersi un test de dépistage du VPH chez les

femmes peut remplacer l’habituel test dePap, permettant ainsi aux femmes depasser des tests moins fréquents. Onprévoit qu’elle étude durera deux àquatre ans. D’autres études examinent siles garçons devraient être vaccinés ounon. Peut-être sera-t-il montré que lavaccination des garçons n’est pas uneméthode efficace de prévention duVPH, mais la preuve n’est pas encorefaite. Pendant ce temps, on vaccine lesfemmes et les jeunes filles, quisupportent un fardeau sans doutedisproportionné dans la prévention del’infection au VPH.

Certains groupes, par des appels àmoratoire, encouragent les

gouvernements à mettre les programmesde vaccination en attente; ainsi, auQuébec, où les plans sont en place pourcommencer les vaccinations cet automne(voir l’encadré). Au-delà de nosfrontières, une campagne similaire envue d’un moratoire sur le vaccin contrele VPH est en cours en Espagne. Parailleurs, aux États-Unis, legouvernement du Minnesota a mis sonprogramme de vaccin VPH en attente,afin de prendre le temps d’en préparersuffisamment la mise en œuvre,notamment éduquer correctement lepublic et déterminer la durabilité dufinancement à long terme. Pendant cetemps, le gouvernement du Minnesota a

14 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

sensibilisation et d’éducation du public. Sa lettre faitégalement état des préoccupations suivantes :

n

le fait que la mise en place du programme de vaccination nes’inscrit pas dans une vision globale de la santé, ni dans uneapproche de prévention primordiale;n

le besoin d’adopter des mesures concrètes pour accroîtrel’accès et améliorer le suivi en matière de dépistage par testde Pap. Rappelons que le taux de participation desQuébécoises à ce test est parmi les plus faibles au Canada;n

l’importance de mettre en place un programme d’éducationsexuelle cohérent et structuré;n

le choix d’investir dans un vaccin nouveau et très coûteuxsans s’attarder sur d’autres problèmes en matière de santésexuelle, notamment en ce qui concerne la prévention desprincipales infections transmissibles sexuellement, comme lachlamydia, qui touche plus de 12 500 jeunes filles parannée au Québec;n

le manque de volonté, chez les responsables de la santépublique d’entreprendre une campagne d’informationindépendante et complète sur les réalités entourant le cancerdu col, le VPH, le vaccin et les tests de dépistage;n

l’inaction du gouvernement face aux stratégies de marketinget à la publicité agressives du fabricant du Gardasil.

Dans sa réponse fort décevante, le ministre, via sondirecteur national de la santé publique, a réitéré son intention

d’aller de l’avant avec la campagne et son appui inconditionnelaux recommandations du Comité sur l’immunisation duQuébec. Ce dernier, dans son rapport publié en décembre,recommandait la vaccination de toutes les jeunes filles de laquatrième année du primaire. Celle-ci s’effectuerait en mêmetemps que l’administration du vaccin contre l’hépatite B, selonun calendrier de deux doses (un nouveau calendrier estprésentement à l’étude). Dans les détails du programme livrésen avril, le gouvernement a précisé que la troisième dose seraadministrée en troisième année du secondaire et que lesécolières de moins de 18 ans recevront gratuitement le vaccinsur demande. Enfin, le ministre a évité toute référence auxquestions concernant l’influence du fabricant; de plus, il estdemeuré entièrement silencieux face au besoin desensibilisation et d’information indépendante.

Maintenant qu’un recul de la part du gouvernement nesemble plus envisageable, la FQPN continuera de sensibiliser lapopulation aux nombreuses préoccupations que soulève lacampagne de vaccination au Québec, par l’entremise, entreautres, d’outils éducatifs qui sont disponibles sur son site Internetà : www.fqpn.qc.ca/contenu/autresdossiers/vph.php. Ces outilspeuvent être utilisés par toute personne intéressée à intervenir surla question. L’invitation est donc lancée à toutes et à tous. Î

Nathalie Parent est la coordinatrice à la Fédération du Québecpour le planning des naissances (FQPN).

LE VACCIN CONTRE LE VPH

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’an passé, nous rapportions dans Le Réseau qu’une coalition

de groupes de défense de l’intérêt public, dont Action pour la

protection de la santé des femmes (APSF), obtenait la qualité

d’intervenant dans la contestation basée sur la Charte, au

sujet de la publicité directe des médicaments d’ordonnance (PDMO) auprès

des consommateurs du Canada. Les contre-interrogatoires se déroulant

depuis le début de l’année et la cause devant être présentée devant la Cour

supérieure de l’Ontario en juin 2008, il est temps de faire le point.

Une cause juridique ayant reçu peu d’attention dans les médias du payspourrait avoir d’énormes répercussions sur le système de soins de santé duCanada. En décembre 2005, CanWest MediaWorks a déposé unecontestation judiciaire à l’égard de l’interdiction, en vigueur au Canada, depublicité directe des médicaments d’ordonnance auprès desconsommateurs. Il s’agit d’une contestation basée sur la Charte; en effet, lacompagnie prétend que la loi porte atteinte à sa liberté d’expression. Lacause est entendue par la Cour supérieure de l’Ontario.

Une coalition de syndicats et de groupes de citoyens a obtenu, début2007, la qualité d’intervenant dans cette cause, afin d’aborder deuxquestions qui sinon n’auraient pas été portées au dossier : les effets sur lestravailleuses et travailleurs et les femmes en général. La publicité quis’adresse directement aux consommateurs générant des coûts importants,on s’attend à ce qu’elle ait un effet négatif sur les régimes de soins de santédes employés et, plus généralement, qu’elle affecte la durabilité des servicesde santé subventionnés par l’État. Vu la publicité faite pour lesmédicaments d’ordonnance jusqu’ici, l’alarme est donnée quant aupréjudice envers les femmes, en raison de la manière dont ces dernières ontété ciblées dans les campagnes de publicité pour des médicamentsprésentant des risques graves et en raison du rôle de la publicité dansl’incitation à une médicalisation non nécessaire de la vie quotidienne.

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 15

déclaré qu’il continuerait de compter surl’efficacité de son programme de test de Pappour prévenir le cancer de l’utérus.

Au Canada, il n’est pas trop tard pour que lesgouvernements revoient leur décision de mettre enplace des programmes de vaccination systématique– afin d’attendre de disposer des réponses àdavantage de questions ou tout au moins d’avoirfourni un programme complet d’éducation aupublic. Les gouvernements provinciaux etterritoriaux doivent également prévoir commentils soutiendront un programme aussi coûteux,dans deux ans, lorsque prendra fin la contributionde 300 millions de dollars du gouvernementfédéral. Dans un même temps, les gouvernementspourraient s’attacher à améliorer le test de Pap etl’éducation sexuelle – pour les filles comme pourles garçons. Plus tard, la recherchera montrerapeut-être que le vaccin contre le VPH prévienteffectivement le cancer de l’utérus; mais, pourl’instant, les données ne justifient pas unprogramme de vaccination systématique.

Comme nous le disons depuis le début decette affaire, le RCSF n’est pas contre les vaccins– pas même celui contre le VPH. Cependantnous sommes critiques quant à la manière dontce vaccin a été présenté et demeurerons trèsvigilantes sur ce sujet. Nous encourageons lesautres intervenants à continuer de poser desquestions également et à exiger que le publicreçoive, à propos du vaccin contre le VPH,l’information nécessaire aux parents et auxjeunes filles pour prendre des décisions éclairées,avant la prochaine série de vaccinations. Î

Pour de plus amples renseignements :Réseau canadien pour la santé des femmes.VPH, vaccins et genre : Considérations de principe,25 juin 2007www.cwhn.ca/resources/cwhn/hpv-brief.html(bientôt disponible en français)

Abby Lippman et coll. Human papillomavirus,vaccines and women’s health: questions andcautions, Journal de l’Association médicalecanadienne, 28 août 2007www.cmaj.ca/cgi/content/full/177/5/484

LA PUBLICITÉ DES MÉDICAMENTS D’ORDONNANCE

UNE CONTESTATION MAL ORIENTÉEDe l’Action pour la protection de la santé des femmes

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Le Dr John Abramson, professeurclinique de médecine familiale à l’écolede médecine de Harvard et auteurd’Overdosed America: The BrokenPromise of American Medicine, esttémoin expert de la coalition de défensede l’intérêt public.

« Cette contestation de la Chartemarque un carrefour particulièrementimportant pour le peuple canadien – laquestion est de savoir si on donnera lapriorité à la maximisation de la libertéde parole des entreprises ou àl’optimisation de la santé de lapopulation canadienne et àl’endiguement des coûts liés à ses soinsde santé, déclare le Dr Abramson.L’industrie pharmaceutique produit àprésent la majeure partie des donnéesscientifiques renseignant les décisionsdes médecins. Sa responsabilitéfondamentale n’est pas la santé dupublic, mais la richesse de sesactionnaires. »

En 2002, le Dr Abramson a quitté sapratique de médecin de famille, après avoirexercé pendant 20 ans aux États-Unis,pour consacrer son temps à mener desrecherches sur les répercussions del’influence de l’industrie pharmaceutiquesur les soins de santé. Lorsqu’il était enOntario pour le contre-interrogatoire, enmars 2008, l’APSF lui a organisé uneconférence à l’Université de Toronto. Danssa présentation du 4 mars 2008, le Dr

Abramson posait la question de savoir si,en matière de publicité pour lesmédicaments, la liberté de parole desentreprises était plus importante que lasanté du public. Il a fait un exposéfascinant des menaces potentielles que lapublicité pour les médicaments fait pesersur le système de soins de santé du Canada.

« Il y a des leçons à tirer des États-Unis,où le principal objectif de la PDMO estdéjà en train de se réaliser : augmenter les

revenus des ventes de médicaments,souvent avec un risque considérable pourla santé et le bien-être des consommateurs »,déclare le Dr Abramson.

Le site Web d’Action pour laprotection de la santé des femmes(www.whp.apsf.ca) fournit del’information sur la publicité directe desmédicaments d’ordonnance auprès desconsommateurs et sur la contestation dela Charte, notamment de l’informationgénérale sur ces questions, sur lesactivités d’APSF en lien avec la PDMO,ainsi que les affidavits des témoinsexperts dans le cadre de la contestationde la Charte [voir les détails en encadré].

L’issue de la contestation déposée parCanWest ne sera pas connue avantl’audience de la Cour, en juin; mais,étant donné l’étendue des implicationsde cette cause en matière de sécurité desmédicaments et de santé publique auCanada, il importe « d’ouvrir l’œil » –

ou, plus exactement, de guetter les misesà jour sur le site Web d’APSF. Î

Action pour la protection de la santé desfemmes (APSF) est une coalition degroupes communautaires, de chercheurs, dejournalistes et d’activistes soucieux del’innocuité des produits pharmaceutiques.

Les membres de la coalition de défensede l’intérêt public représentée par le Dr

Abramson sont : la Fédération canadiennedes syndicats d’infirmières/infirmiers, leSyndicat canadien de la fonctionpublique, la Coalition canadienne de lasanté, Action pour la protection de la santédes femmes, le Syndicat canadien descommunications, de l’énergie et du papier,la Society for Diabetic Rights, le MedicalReform Group et Terence Young. Lareprésentation juridique de la coalition estassurée par l’avocat Steven Shrybman, ducabinet Sack, Goldblatt, Mitchell.

16 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Vous cherchez de l’information sur la publicité directe desmédicaments d’ordonnance auprès des consommateurset sur la contestation basée sur la Charte?

Voici ce que vous trouverez sur le site Web d’Action pour la protectionde la santé des femmes (www.whp.apsf.ca) :

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Brochures sur la PDMO et la contestation basée sur la Charte

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Lettres de plainte aux organismes de réglementation à propos de publicités qui violent les lois du Canada

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Affidavit de John Abramson présentant la preuve des impacts de la PDMO sur les femmes (au nom de la coalition)

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Affidavit de Jean Belleville, consultant de Montréal, sur les

répercussions de la PDMO sur les prestations de maladie des travailleuses et travailleurs (au nom de la coalition)

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Affidavits et pièces à l’appui déposés par les témoins experts de Santé Canada et CanWest MediaWorks

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Liens vers les sites des partenaires de la coalition de défense de l’intérêt public

LA PUBLICITÉ DES MÉDICAMENTS D’ORDONNANCE

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Indiens, Métis et Inuits sont tous reconnus comme étantdes peuples autochtones, dans la Constitution du Canada.Toutefois, il existe, au sein de ces groupes et entre eux,différents statuts juridiques déterminant les services de santéque ceux-ci sont autorisés à recevoir. Le mot « autochtone »est souvent utilisé comme un terme global, alors que leschercheurs et les responsables des politiques devraient, enréalité, observer de plus près des groupes précis au sein de lapopulation.

Pour traiter ces questions, le Centre d’excellence pour lasanté des femmes – région des Prairies (CESFP) a mené desrecherches et rédigé un document, Entitlements and HealthServices for First Nations and Métis Women in Manitoba andSaskatchewan.

« Au départ, l’idée de réaliser ce rapport est venue d’unemembre de notre conseil d’administration, frustrée du fait quede nombreux responsables des politiques, chercheurs etfemmes avec qui elle travaille ne comprennent pas pourquoices termes sont si importants – et qu’ils importentimmensément en matière d’accès aux soins de santé », indiqueMargaret Haworth-Brockman, directrice générale du CESFP.

On trouve, dans la première partie de ce rapport, les

différents types d’admissibilité aux services de santé existant auCanada, examinés au regard de l’histoire, ainsi qu’un exposéde la situation actuelle. La deuxième partie est consacrée à del’information sur les services de santé offerts aux femmes desPremières nations et métisses. Dans la troisième partie, unprojet de recherche qualitative décrit en détail l’expérienced’intervenants de première ligne travaillant avec les femmesdes Premières nations et métisses et présente leurs suggestionsen vue de réduire les obstacles à une bonne santé. Enfin, laquatrième partie contient des suggestions destinées auxresponsables des politiques et aux chercheurs, fondées sur lesrésultats des parties précédentes.

Conformément au mandat du CESFP, ce rapport est axéen priorité sur le Manitoba et la Saskatchewan et, dans ce cas,sur les peuples des Premières nations et métis, qui constituentl’immense majorité des peuples autochtones de ces deuxprovinces.

L’ombre tenace de l’histoireLes critères d’admissibilité aux services de soins de santé sontcompliqués par plus de 400 ans de colonisation et de 150années de législation. Au Manitoba et en Saskatchewan, les

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 17

K A T H Y B E N T , J O A N N E H A V E L O C K E T M A R G A R E T H A W O R T H - B R O C K M A N

Du Centre d’excellence pour la santé des femmes – région des Prairies

Des étiquettes, des lois et de l’accès aux soins de santé

L’histoire continue à nuire à l’accès aux soins de santé, pour les femmes des Premières nations et de la nation métisse

’accès aux services de santé n’est pas le même pour tous les peuples autochtones.Il est essentiel de comprendre les fondements historiques de ces différences, demême que leurs implications actuelles pour les femmes, afin d’améliorer lesservices de santé auxquels ont recours les femmes autochtones.L

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premiers traités fonciers ont défini lesprincipes de la responsabilité fédéraleconcernant de nombreux services,notamment les soins de santé. Pour lesEuropéens, les membres des Premièresnations étaient des « Indiens ». Au termede la Loi sur les Indiens, les personnesappartenant aux Premières nationsmembres de bandes indiennes ayantsigné des traités (ou d’autres ententes)ont été définies comme ayant le statutd’Indien. Les personnes ayant ce statutsont habilitées à accéder au Programmedes services de santé non assurés dugouvernement fédéral et à d’autresservices. Toutefois, certains peuplesindiens n’ont jamais eu ce statut, oul’ont perdu en raison de dispositions dela Loi sur les Indiens, et sont classéscomme non inscrits. Ils n’ont, parconséquent, pas droit aux services dufédéral. Le projet de loi C-31 a étédéposé en 1985 pour plusieurs raisons,notamment la démarche en vue derendre leur statut aux femmes quil’avaient perdu en se mariant avec unhomme sans statut. Alors qu’il visait àrégler certains problèmes, ce projet deloi a ajouté une autre couche decomplexité dans les communautés et ausein des familles.

Pour compliquées que soient lesdispositions relatives à la santé desPremières nations, il n’existe aucunedisposition fédérale concernant lesrésidants métis du Manitoba et de laSaskatchewan. Les Métis n’ont pas étéinclus dans les traités et certains n’ontmême pas reçu le certificat des Métis(émis par le gouvernement et leurdonnant droit à une terre ou de l’argent,en compensation de la perte du titreancestral). Les résidants métis nereçoivent que les services de soins desantés provinciaux, offerts à tous lesrésidants.

Conséquences sur l’accès aux soinsLes fournisseurs de services interrogésaux fins de l’étude du CESFP ontrapporté que de nombreux facteursnuisent à l’accès des femmes aux servicesde santé, mais que les différents critèresd’admissibilité aux soins de santé ontdes impacts significatifs sur la viequotidienne des femmes. Les règlesdéterminant les services précisémentinclus dans les programmes sontcomplexes et difficiles à comprendre; deplus, les changements intervenant dansles politiques engendrent un surcroîtd’incertitude. La confusion, quant àsavoir quels services sont offerts et à qui,est aggravée lorsque les membres d’unemême famille ont des statuts différents.Il existe de nombreuses communautésau Manitoba et en Saskatchewan (cellesde Cross Lake et le Pas, par exemple),où les terres de réserve sont adjacentes àcelles appartenant à la réserve situées àl’extérieur et où les résidantsappartiennent aux deux communautés,mais ne peuvent pas nécessairementessayer d’obtenir ou recevoir les mêmesservices de soins de santé. Une personnepeut ainsi être envoyée par avion à unrendez-vous chez le médecin àWinnipeg, tandis que sa voisine ou soncousin, qui habite de l’autre côté de larue, doit faire 12 heures d’autobus.

« On a quasiment l’impression quela population en général necomprend pas qu’il existe desprestations précises pour chacun denous. En effet, si on appartient auxPremières nations, on peut y accédertant qu’on a ce numéro à 10chiffres. En revanche, les femmes desPremières nations qui ne sont pasIndiennes inscrites visées par untraité, les métisses et les autresfemmes sont nettement différentes :

si elles n’ont pas le fameux numéro,elles n’ont pas accès aux mêmes typesde services et de programmes. »~ selon un fournisseur de services.

Recherche et politiques en matièrede santéLes nouvelles recherches en matière depolitique et d’élaboration de politiquesont leur importance pour l’améliorationdes services et de l’état de santé. Cetravail peut être effectué par deschercheurs du Canada ou de l’étranger,qui ne connaissent peut-être pasl’histoire et l’élaboration des lois auCanada.

Le document du CESFP sur lescritères d’admissibilité aux soins de santéinsiste sur le fait que les chercheurs et lesanalystes des politiques doivent êtreprécis, quant à propos de qui et avec quiils mènent leurs études. Toute étudeexaminant les déterminants de la santé,d’un mode de vie sain, de l’accès auxsoins de santé, des délais ou de lafourniture d’un service doit être précise,quant aux populations concernées et àleur admissibilité aux services de soinsde santé. Les chercheurs doivent garderà l’esprit que, comme nous l’avonsmentionné, même les membres d’unemême famille peuvent avoir des droitsd’accès différents aux soins de santé.L’analyse de l’accès aux soins de santénécessite donc de tenir compte del’histoire et de ces droits pour définir lecontexte d’ensemble, puisque cela auraune incidence sur les résultats et lesrecommandations qui s’ensuivront.

La collecte d’information à des finsd’élaboration de politiques devraitinclure les communiqués, les rapports etles consultations tenant compte ets’inspirant des opinions de personnesqui ont des droits d’accès aux soins desanté différents. Naturellement, il faut

18 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

DES ÉTIQUETTES, DES LOIS ET DE L’ACCÈS AUX SOINS DE SANTÉ

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aussi qu’ils reconnaissent les différencesentre les hommes et les femmes en cequi concerne les déterminants de lasanté, l’état de santé et l’accès auxservices de santé.

Par ailleurs, il est essentiel de faireparticiper, aux processus de décision, deshommes et des femmes ayant des droitsd’accès aux soins de santé et aux servicesdifférents. Cela inclut la prise en comptedu statut, de même que du lieugéographique, en particulier. Lesprotocoles de prise de décision et lesméthodes de consultation appropriéesvarieront en fonction de la communauté.Il faut, en outre, que la communicationà propos des consultations et desrecommandations prenne en compte lesapproches qui fonctionneront avecsuccès à l’échelle locale, auprès deshommes et des femmes autochtones.

Les organisations autochtones jouentà présent un plus grand rôle dansl’orientation de nouvelles recherches,appropriées sur le plan culturel. Desprotocoles et des normes éthiques ontété élaborés, afin que des recherchessoient menées avec, pour et par desfemmes autochtones.

Origines et limites des donnéesLe fait de disposer d’un registre desmembres des Premières nations ayant lestatut d’Indiens signifie que les donnéesadministratives fédérales et provinciales,telles que les statistiques de l’état civil etcelles d’utilisation des services de santé,sont plus facilement accessibles. Parexemple, il est possible de récupérer lesdonnées sur la santé de personnes quidéclarent volontairement leur statut auministère de la Santé du Manitoba oude la Saskatchewan – y compris desdonnées distinctes pour les femmes etles hommes. Toutefois, le système a desimperfections. Dans le registre des décès

des statistiques de l’état civil duManitoba, par exemple, appartiennentaux « Premières nations » toutes lespersonnes, et seulement elles, qui étaientrésidantes d’une réserve des Premièresnations lorsqu’elles sont mortes.

Pour les personnes non inscrites oules Métis, ce type de données n’est pasdisponible, parce que ceux-ci n’ont pasété identifiés distinctement dans lesdossiers de soins de santé.

Les répondants aux enquêtes et aurecensement de Statistique Canadas’identifient en tant que descendantsd’Indiens de l’Amérique du Nord, deMétis ou d’Inuits, comme membresd’une bande indienne ou d’unePremière nation ou bien comme Indiensinscrits ou Indiens visés par un traité.Cependant, certaines réserves desPremières nations ont refusé departiciper aux enquêtes nationales(Recensement du Canada, par exemple).Par ailleurs, dans d’autres cas, laconception de l’enquête (enquêtes sur lasanté dans les collectivités canadiennes,

par exemple) n’incluait pas lesTerritoires-du-Nord-Ouest, où laplupart des habitants sont autochtonesou résidants de réserves. Il existe desdonnées distinctes pour les hommes etles femmes, mais elles ne figurent pastoujours dans les rapports publics.

Pour en revenir aux femmesL’étude menée au Manitoba et enSaskatchewan prouve que les femmes serendent compte des incohérencesexistant dans le traitement des membresdes Premières nations ayant le statutd’Indiens inscrits, des non-inscrits et desMétis. Les prestateurs de soins de santédestinés aux femmes qui ont étéinterrogés pour cette étude, de mêmeque les femmes avec qui ils travaillent,admettent les différents déterminants dela santé qui nuisent à l’accès des femmesaux services de santé et insistent pourque ces facteurs soient pris en compte etqu’on y remédie. Ils mettent égalementl’accent sur le travail à accomplir, pourgarantir une prestation des services desanté plus sensée et équitable, à tous lesAutochtones – qu’ils soient membres desPremières nations, Métis ou Inuits. Î

Kathy Bent est chercheuse indépendante etassociée de recherche au Centre d’excellencepour la santé des femmes – région desPrairies (CESFP), dont le siège social estau Manitoba. Joanne Havelock estanalyste de politiques, à ce même centre, etvit à Regina. Margaret Haworth-Brockmanen est la directrice exécutive et vit à Winnipeg.

Pour télécharger le rapport complet,Entitlements and Health Services forFirst Nations and Métis Women inManitoba and Saskatchewan, visitez lesite Web du Centre d’excellence pour lasanté des femmes – région des Prairies :www.pwhce.ca

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 19

Les critères

d’admissibilité

aux services de

soins de santé

sont compliqués

par plus de 400 ans

de colonisation

et de 150 années

de législation.

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Le mouvement pour la santé des femmes vient de perdre l’une de ses plus ardentesdéfenseuses. En effet, Barbara Seaman, auteure, journaliste et militante des droitsdes patients, est décédée le 27 février dernier dans sa résidence de Manhattan àNew York, des suites d’un cancer des poumons.

L’une des fondatrices du mouvement pour la santé des femmes en Amérique du Nord dans les années 1970,Barbara Seaman a contribué à faire avancer la cause des droits des patients. On la connaît surtout pour ses écrits surla sécurité des médicaments, et plus particulièrement pour la mise en garde qu’elle a très tôt lancée à propos de laquantité dangereusement élevée d’œstrogènes contenue dans les anovulants de première génération. Plus récemment,elle a aussi dénoncé la prescription abusive d’hormones de substitution aux femmes ménopausées.

Pour avoir sonné l’alarme quant à la sécurité de ces médicaments et d’autres produits pharmaceutiques, et pouravoir insisté afin qu’on appose des avertissements sur les contenants de médicaments, Mme Seaman a été rabrouée

20 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

P A R A B B Y L I P P M A N , A N N E R O C H O N F O R D E T K A T H L E E N O ’ G R A D Y

BARBARA SEAMAN (1935-2008) : pionnière du mouvement pour la santé des femmes

La militante et

journaliste scientifique

Barbara Seaman en

1980, tenant sur son

doigt une cape

cervicale, à l’occasion

d’une conférence de

presse sur la santé

des femmes.

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LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 21

publiquement, accusée d’être une trouble-fête et de nepas savoir de quoi elle parlait. Cependant, le temps a suprouver la véracité et la profonde sagesse de ses propos,tout comme une grande partie de ses travaux.

Son livre sur les contraceptifs hormonaux, TheDoctors’ Case Against the Pill, écrit en 1969, est àl’origine de la tenue des audiences du Congrèsaméricain sur la sécurité de la pilule anticonceptionnelleen 1970, catapultant ainsi les questions relatives à lasanté des femmes dans la sphère publique à l’échellenationale. En 1980, la quantité d’œstrogènes contenuedans les contraceptifs oraux avait de beaucoup diminué.

Ces audiences ont aussi abouti à la création dufeuillet explicatif destiné aux patients que l’on insèreaujourd’hui dans tous les emballages de produitspharmaceutiques américains. Barbara Seaman favorisaitégalement une plus grande participation du public dansces questions, insistance qui a mené la Food and DrugAdministration (FDA) des États-Unis à autoriser lacollaboration du public aux audiences futures et àinclure les commentaires des patients dans l’évaluationdes produits pharmaceutiques, chose qui ne se fait pasencore au Canada.

Pour les amies de Barbara Seaman, « ses critiquesaudacieuses, sa persévérance et son courage face auxnombreuses tentatives pour la faire taire et la discréditer,tout cela constitue un modèle pour beaucoup de gens etnous donnent à tous la force de continuer à lutter pourque la voix des femmes soit entendue et que nospréoccupations soient prises au sérieux. »

En 1975, Barbara Seaman et quatre autres femmesfondaient le National Women’s Health Network, ungroupe voué à la promotion de la santé des femmes baséà Washington, D.C. Ce groupe continue son travaild’éveil des consciences, tout en s’efforçant de fairechanger les politiques en matière de santé des femmesafin qu’elles reflètent les difficultés et les préoccupationsde celles-ci. Le groupe met aussi en évidence le besoinqu’ont les femmes de mieux connaître leur corps et leschoix de traitement qui s’offrent à elles.

Barbara Seaman a été l’une des premières à remettreen question la médicalisation des cycles naturelsféminins, entre autres la pratique courante consistant àprescrire des hormones de substitution pour « traiter »la ménopause. Elle manifestait ainsi, et des décennies

plus tôt, les préoccupations que présentent lesconclusions de l’importante étude de 2002 duWomen’s Health Initiative, selon lesquelles l’usageprolongé d’hormones de substitution augmentait demanière significative le risque de cancer du sein etd’accident cérébrovasculaire, en plus de provoquerd’autres effets nocifs.

Dans son livre intitulé The Greatest Experiment EverPerformed on Women (La plus grande expérience jamaismenée sur les femmes), daté de 2003, Barbara Seamandémontre de manière exhaustive comment la FDA etl’establishment médical ont négligé de soumettre lathérapie hormonale à des tests rigoureux avantd’autoriser sa prescription à grande échelle. Elle ycritique aussi l’industrie pharmaceutique, qu’elle accusede faire passer les profits avant la vie des femmes.

Pendant toute sa vie, jamais Barbara Seaman n’amanqué d’appuyer ses semblables; elle n’était jamaistrop occupée, ni trop épuisée par sa lutte incessante nitrop préoccupée ailleurs pour offrir son aide. Qu’on luidemande un conseil, de relire le travail d’un collègue,ou d’être présente à un événement quelconque, elle nerefusait jamais. Sa chaleur et sa générosité d’âme et detemps font figure de légende.

La croisade qu’a menée Barbara Seaman pour lacause de la santé des femmes et la sécurité desmédicaments a entraîné de profondes répercussions au-delà de la frontière américaine; nombreux sont ceux quipleurent sa disparition au Canada. Cette pionnière dumouvement pour la santé des femmes nous manquera.Nous lui devons toutes beaucoup. Î

Abby Lippman est professeur d’épidémiologie à l’universitéMcGill et membre du conseil du RCSF; Anne RochonFord est coordonnatrice de l’APSF; Kathleen O’Grady estdirectrice des communications au RCSF (actuellement encongé de maternité) et associée de recherche à l’InstitutSimone de Beauvoir de l’université Concordia. Les auteuresont eu l’occasion de côtoyer Barbara Seaman dans un cadreprofessionnel à diverse occasions.

« Barbara Seaman (1935-2008): pioneer in the women’shealth movement », paru dans le numéro d’avril 2008 duJAMC; 178(8), page 988, reproduit avec la permission del’éditeur. © 2008 Association médicale canadienne

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Depuis la création de Société Santé en français en 2002 etdu Consortium national de formation en santé en 2003, lesoccasions d’échanges, de réseautage et de formation en santé sesont multipliées pour la francophonie institutionnelle.Cependant, les groupes de femmes qui tentaient de fairereconnaître leur expertise et les projets entrepris par leursmembres dans les provinces et territoires se sentaient exclus.Lors d’une rencontre nationale des groupes de femmesfrancophones en situation minoritaire, en mars 2003, lesparticipantes avaient dressé un début d’inventaire de leursréalisations dans le dossier de la santé (dans le Compte rendude la rencontre nationale sur la santé des femmes francophones[mars 2003] Coopérative Convergence, Ottawa, 2003.) Bienque non exhaustive, la liste en disait long sur l’engagement desfemmes en ce domaine et sur la créativité dont elles fontpreuve pour contribuer au bien-être de leurs communautés.Par ailleurs, les participantes avaient remis en cause la placeprépondérante occupée par une approche biomédicale centréesur le curatif et la prestation de services directs peu ancrés dansune approche santé des populations, ou holistique.

Aujourd’hui, la situation évolue et des femmes issues desmilieux communautaires comme des milieux universitaires ontfait entendre leur point de vue lors du 2e Forum national derecherche sur la santé des communautés francophones en milieuminoritaire. Présentes, donc, mais encore peu visibles. L’atelierCherchez la femme visait donc à franchir une première étape versla compréhension des défis et des problématiques auxquels seheurtent les femmes francophones en tant que consommatrices,travailleuses et bénévoles au sein du système de santé.

Pour ouvrir la séance, Marie Dussault, courtière deconnaissances au Centre d’excellence pour la santé des femmes

– région de la Colombie-Britannique, a mis la table enabordant l’analyse comparative entre les sexes (ACS), sesavantages et son incidence dans le cadre de la recherche ensanté. Caroline Andrew, professeure à l’École d’étudespolitiques et directrice du Centre d’études en gouvernance del’Université d’Ottawa, a présenté un exposé sur la gouvernanceen matière de santé des femmes, selon la perspective de lafrancophonie minoritaire, et parlé des possibilités et défis qui seposent. Cécile Coderre, également de l’Université d’Ottawa,professeure à l’École de service social et doyenne associée auxétudes, avait intitulé sa présentation Femmes, pauvreté, santé etviolence : un mariage nocif. Partant du constat que les femmessont plus vulnérables à la pauvreté que les hommes, elle aanalysé la situation des femmes francophones en contexteminoritaire face aux enjeux de la pauvreté, de la santé et de laviolence faite aux femmes. La dernière présentatrice, MaggyRazafimbahiny, directrice générale de l’Alliance des femmes dela francophonie canadienne, a exposé les résultats de lapremière étude canadienne sur le rôle et les besoins desaidantes bénévoles et commenté les recommandations qui endécoulent. La présidente de l’AFFC, Agathe Gaulin, a clos laséance en proposant ses réflexions à la suite des présentations.

Les problématiques touchant la santé des femmes ne sontpas encore systématiquement au cœur des analyses, mais il està espérer que cette première participation ouvre la voie àd’autres collaborations et qu’un nombre accru de chercheuseset de chercheurs, tant des milieux communautairesqu’universitaires, porteront une attention particulière audéterminant biologique et social qu’est le sexe. Ignorer cesquestions peut compromettre la qualité de la recherche et laproduction de données probantes. En tenir compte permet

22 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Cherchez la femme…dans les communautés francophones en milieu minoritaire R A P P O R T P A R M A R I E D U S S A U L T

On n’aurait pu choisir meilleur titre pour cet atelier présenté dans le cadre du 2e Forumnational de recherche sur la santé des communautés francophones en milieu minoritaire.Organisé en collaboration avec l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC),l’atelier Cherchez la femme était une première et les présentatrices avaient vu grand.

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d’améliorer et de sauver des vies, de favoriser le bien-être desfamilles et des communautés, de réduire les coûts de la santédans certains cas et, en définitive, de tendre vers une plusgrande justice sociale. Î

Marie Dussault siège au conseil d’administration de l’Alliance desfemmes de la francophonie canadienne (AFFC) ainsi qu’auconseil d’administration du Réseau canadien pour la santé desfemmes (RCSF). Elle est également coordonnatrice du voletpartage des connaissances, au Centre d’excellence pour la santé desfemmes – région de la Colombie-Britannique (CESFCB).

Consultez également:

2e Forum national de recherche sur la santé des communautésfrancophones en situation minoritairewww.documentsetc.ca/CNFSFORUM/index.html

L’Alliance des femmes de la francophonie canadiennehttp://affc.ca/

Le Réseau canadien pour la santé des femmes www.cwhn.ca

Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiqueswww.icrml.ca/

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 23

Nous voulons tous et toutes des soins de santé

de qualité au moment et à l’endroit où nous en

avons besoin. Même si les temps d’attente pour

certains services de soins de santé sont demeurés

stables ces dernières années, la « crise » des

temps d’attente est devenue un enjeu politique

d’envergure. Attendre pour recevoir des soins

est, en effet, une préoccupation cruciale pour les

femmes, car ce sont elles qui fournissent la

plupart des soins (qu’elles soient rémunérées ou

non) et parce qu’elles sont plus souvent appelées

à utiliser le système de soins de santé, que ce soit

pour d’autres ou pour elles-mêmes.

En partant de l’exemple de la chirurgie de

remplacement de la hanche et du genou, cette

brochure de 16 pages publiée par Les femmes et

la réforme de la santé explore diverses

questions entourant les temps d’attente ainsi

que leurs répercussions sur la santé des femmes.

La brochure est rédigée et publiée par Les

femmes et la réforme de la santé, avec l’appui

financier du Programme de contribution pour la

santé des femmes, Bureau pour la santé de

femmes et l’analyse comparative entre les sexes,

Santé Canada.

POUR TÉLÉCHARGER LA BROCHURE :Site Web de Les femmes et la réforme de la santé :www.cewh-cesf.ca/reformesante/index.html

POUR COMMANDER DES EXEMPLAIRES :Réseau canadien pour la santé des femmesTéléphone : 1 888 818-9172ATS : 1 866 694-6367Courriel : [email protected]

LES FEMMES ET LA RÉFORME DE LA SANTÉ MAINTENANT DISPONIBLE

Les femmes et les temps d’attente : en quoi les temps d’attenteconcernent-ils les femmes, et quels sont les problèmes auxquels les femmes font face ?

MMaa mmèèrree aa ééttéé ooppéérrééeeiimmmmééddiiaatteemmeenntt,, eett ssaa

vviiee aa cchhaannggéé..

SALLE DE PRESSE

Dossier chaud aujourd’hui :LA CRISE DES TEMPS

D’ATTENTE!

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nnoouuvveellllee..

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On estime qu’en 2005, 39 millionsde personnes étaient porteuses du VIHdans le monde; 17,6 millions étaient desfemmes. Selon l’Agence de santépublique du Canada, sur les 15 876nouveaux cas d’infection au VIH et les2 989 nouveaux cas de sida relevés auCanada de 1998 à 2004, 467 cas et 340cas respectivement touchaient desimmigrants et des réfugiés originaires depays où le sida est endémique. Lesfemmes en provenance de ces paysreprésentaient plus de la moitié (51,6 %)des nouveaux cas d’infection au VIH etprès de 42 % des cas de sida.

Le système de citoyenneté etd’immigration du Canada est maloutillé pour fournir l’aide etl’information nécessaires aux nouveauxarrivants atteints du VIH/sida; ce sontles organismes de services anti-sida et lesprojets financés par le gouvernement quipermettent de combler les lacunes. Le

caractère honteux de la maladie restetoutefois un obstacle majeur, mêmequand il s’agit de chercher de l’aide. Unepersonne réfugiée, par exemple, pourraithésiter à divulguer son état par peur dela déportation ou de mettre en dangerles membres de sa famille restés au pays.Beaucoup de gens s’abstiennent dedemander l’aide dont ils ont besoin enraison de ces craintes.

L’Initiative fédérale de lutte contre lesida au Canada finance des projets deprévention du VIH/sida, d’aide, derecherche et de sensibilisation parl’intermédiaire de l’Agence de santépublique du Canada et des organismesde lutte contre le sida partout au pays.Voici quels sont ses objectifs : prévenirles infections et leur transmission;ralentir la progression de la maladie etaméliorer la qualité de vie; atténuer lesrépercussions sociales et économiquesdu VIH/sida; contribuer aux efforts

mondiaux en vue de réduire lapropagation du VIH et d’atténuer lesrépercussions de la maladie. Troisorientations stratégiques guidentl’action du fédéral dans le cadre duprogramme : 1) l’établissement departenariats à l’échelle locale, nationaleet internationale, avec des organismesdu secteur associatif tout spécialement;2) l’intégration de programmes visant àlever les obstacles et à améliorer l’accèsaux services de santé; et 3) laresponsabilisation, qui se traduit par uncompte rendu des activités intégré aurapport annuel publié à l’occasion de laJournée mondiale du sida (le 1er

décembre). De plus, le gouvernement aparticipé, avec des organismes, deschercheurs et d’autres intervenants, àl’élaboration d’un cadre de travailnational sur le VIH/sida pour lapériode 2005 à 2010. Ce plan d’actiona été présenté en octobre 2005 dans un

24 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

I N T R O D U C T I O N P A R E L L E N R E Y N O L D S

LE RÔLE POSITIF de l’aide aux immigrantes et auxréfugiées vivant avec le VIH/sida

Toute personne qui veut obtenir la résidence permanente au Canada doit se soumettre d’office à uneanalyse de sang. Or cet examen peut révéler que vous êtes porteuse du VIH; le risque est accru si vousvenez d’un pays où cette maladie est endémique. Brusquement, au stress de la vie de nouvelleimmigrante ou de réfugiée s’ajoute celui de souffrir d’une maladie au caractère honteux. Avoir às’installer dans un nouveau pays, sans nécessairement connaître le français ou l’anglais, ni savoir oùchercher de l’aide, peut provoquer une extrême solitude. Ajoutez à cela la maladie et l’obligation des’occuper de vos enfants, et vous vous sentirez rapidement dépassée par les événements.

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document intitulé Au premier plan : leCanada se mobilise contre le VIH/sida.

L’idée d’une stratégie fédérale decollaboration en matière de VIH/sida estcertes louable; toutefois, la faibleparticipation des femmes dans la recherche etla prise de décision demeure un problèmeimportant, qui se traduit par un nombrelimité de traitements et de services s’adressantdirectement aux femmes. En 2005, dans lebut de redresser cette situation, des femmesvivant avec le VIH, des organismes de lutte

anti-sida, des organismes de santé desfemmes et des groupes de défense des droitsont créé une coalition appelée Plan intégrald’action sur le VIH et les femmes. LeRéseau canadien pour la santé des femmesen est membre. La coalition a publié, àl’ouverture de la conférence internationalesur le sida à Toronto en 2006, un manifesteet un bilan sur la situation des femmes et duVIH au Canada.

Certains programmes et services fontnéanmoins exception à la règle. Nousprésentons ici des exemples réussis deprojets mis sur pied par le secteurassociatif pour venir en aide auximmigrantes et aux réfugiées vivant avec leVIH/sida au Canada. Ils vont d’unecuisine collective à Vancouver à un projetde théâtre populaire à Ottawa, en passantpar un projet pilote de formation etd’accompagnement à Montréal. Î

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 25

On peut se sentir bien seule à Vancouver quand on est une femmeafricaine porteuse du VIH. Je l’ai moi-même vécu après être arrivée du Rwandaen 2004 pour m’y installer. Loin de me surprendre, cette expérience m’a plutôtamenée à m’interroger sur ce qui pourrait être fait pour briser cette solitude.C’est en discutant avec le Dr Roland Barrios, qui soigne des patients souffrant demaladies infectieuses, que j’ai vraiment pris conscience de la gravité du problème.Il m’a raconté qu’à Vancouver, des Africains et des Africaines mourraient duVIH/sida non pas faute de traitement, mais à cause de l’isolement.

J’ai d’abord proposé d’organiser des visites aux patients hospitalisés, mais le Dr

Barrios savait que ça ne marcherait pas. D’après son expérience, la plupart desAfricains vivant avec le VIH/sida ne veulent pas être identifiés publiquement, parcrainte de la discrimination et de la stigmatisation associées à cette maladie. Nousavons convenu que ce qui pourrait fonctionner, c’est un programme quipermettrait aux Africaines vivant avec le VIH/sida de participer de leur propre gréet de rencontrer d’autres femmes du continent. C’est ainsi qu’est née l’idée d’unecuisine collective, que nous avons baptisée « Sahwanya ».

Au Rwanda et au Burundi, le mot «sahwanya » évoque les luttes qui rassemblentles gens. Il semblait convenir parfaitement ànotre collectif, puisque ses membress’épaulent les unes les autres sur le plansocial, médical et spirituel.

Créée et coordonnée par des femmesafricaines porteuses du VIH, la SahwanyaCommunity Kitchen réunit une fois par moisà la clinique Bridge, située dans le centre deVancouver, des femmes accompagnées de leursenfants, dans le but de préparer ensemble desplats qu’elles partageront ensuite. Le programme leur permet de se faire des amies,de confier leurs soucis et leurs besoins et d’acquérir des habiletés d’adaptation dansun espace ouvert aux différences culturelles, où elles peuvent communiquer dansleur propre langue. Elles peuvent ainsi parler des conséquences du VIH sur leur vieet leur entourage sans craindre d’être jugées. Les organisatrices décrivent cet espace

…la faible participation

des femmes dans la

recherche et la prise de

décision demeure un

problème important…

P A R J E A N N E N Z E Y I M A N A

La cuisine collectiveSahwanya Regrouper les femmes africaines porteuses du VIH à Vancouver

…à Vancouver, desAfricains et des

Africaines mourraientdu VIH/sida non pasfaute de traitement,

mais à cause del’isolement.

u

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comme un lieu où naissent des idées, setissent des liens solidaires et se relèventdes défis.

Les femmes qui se présentent àl’activité pour la première fois sont libresde participer comme elles l’entendent,mais elles doivent toutefois signer uneentente de confidentialité. Toutesn’éprouvent pas la même facilité àdivulguer qu’elles sont positives pour leVIH, étant donné qu’elles viennent depays différents. Elles craignent aussi queles membres de leur communauté, oùles nouvelles circulent vite parfois, nesoient mis au courant. Les organisatricesinsistent sur l’importance de cetteentente, en expliquant qu’elle sert àprotéger la vie privée de chacune.

Après avoir fait la cuisine ensemble etmangé ce qu’elles ont préparé, lesfemmes passent du temps à converser, àse parler de leurs difficultés quotidiennesou à écouter une conférencière, tandisque leurs enfants jouent dans une autrepièce sous la supervision de bénévoles

prêtés par l’organisme AIDS Vancouver.« On ne peut pas vivre en se cachant »,

affirme Julia, l’une des membres deSahwanya. « Nous encourageons lesparticipantes à raconter leurs difficultésfamiliales – c’est là le but de nosrencontres! Mais nous ne forçons jamaisquiconque à le faire contre son gré. »

Pendant que les enfants sont occupésailleurs, les femmes peuvent discuterlibrement sans craindre d’être entendues.Parmi les sujets de discussion souventabordés, il y a celui de la divulgation auxmembres de sa famille et de sonentourage. Vu l’âge des enfants (8 ans oumoins), la nécessité d’en parler à leursenfants ne s’est pas encore fait sentirdepuis le début de la cuisine collective enjuin 2007 – du moins pas encore. Lesorganisatrices sont toutefois conscientesque le problème se posera très bientôtpour un bon nombre des participantes,qui appréhendent la possibilité qu’un deleurs enfants ébruite la nouvelle, alorsqu’elles voudraient décider elles-mêmes

de la manière et du moment.Le Positive Women’s Network et la

clinique Oak Tree contribuent à lapromotion et au soutien de Sahwanya. Enplus d’assurer la garde des enfants, AIDSVancouver a aussi contribué aux premiersstades de la conception du projet.

Sahwanya est un moyen parmid’autres de rompre l’isolement queressentent les femmes africaines vivantavec le VIH/sida. « Entraidons-nouspour briser l’isolement et assurer notrebien commun », peut-on lire surl’affiche qui annonce le projet. Lesrendez-vous ont lieu un samedi par moisà la clinique Bridge de Vancouver. Î

Jeanne Nzeyimana est la fondatrice deSahwanya, un projet qui aspire à avoir desretombées positives sur la vie des Africainesvivant avec le VIH établies à Vancouver.

Autres renseignements :Sahwanya : (778) 998-2692 [email protected]

26 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

PAR LAURA M. BISAILLON

Ce qui mijote dans les cuisines de la Chaire de recherche ensanté des femmes (CRSF) à l’Institut de recherche sur la santédes populations de l’Université d’Ottawa est bien davantagequ’un autre projet de lutte contre le sida. Créé en réponse àl’augmentation des taux d’infection au VIH relevés à Ottawa ausein des communautés africaine et antillaise, le Global OttawaAIDS Link (GOAL) Project a beaucoup évolué depuis l’époqueoù certains désignaient l’organisme, un service indispensable,mais sans le sou, par le qualificatif de « non-projet ».

De 2001 à 2003, la population immigrante et réfugiéeoriginaire de pays où le VIH/sida est endémique comptait 19 %

des nouveaux cas d’infection survenus à Ottawa chez leshommes et 70 % des nouveaux cas chez les femmes. Devantl’ampleur du phénomène, le CRSF et des intervenants locauxont décidé de se réunir pour chercher des solutions auxproblèmes d’accès aux services sociaux et de santé, de racisme,de stigmatisation et de discrimination qui se posent pour lespersonnes vivant avec le VIH au sein des communautésafricaine et antillaise à Ottawa.

La ville d’Ottawa compte les plus importantescommunautés africaine et antillaise après Toronto. Selon leOntario HIV Epidemiological Monitoring Unit, les deuxgroupes représentaient plus de 16 % des nouveaux diagnosticsde VIH en Ontario pour l’année 2007. Or les services

LE RÔLE POSITIF

Le projet GOAL, creuset d’une action concertéeentre les milieux universitaire et communautaire

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s’adressant à leurs membres sont encore aux premiers stades deconception. Comme l’explique une collaboratrice de GOAL,« il faut créer des lieux de rencontre pour discuter des moyensà prendre pour surmonter les barrières entre les cultures et lesgénérations. Il nous faut convaincre les intervenants que le faitde dispenser des services de santé sensibles aux différencesculturelles amènera de vrais changements à long terme. »

« La transmission sud-nord et nord-sud desconnaissances sur la santé humaine et sur larecherche communautaire constitue un desgrands objectifs de GOAL », explique CarolAmaratunga, titulaire de la CRSF etcofondatrice du projet. En 2004 et 2006, desmembres de GOAL ont assisté aux conférencesinternationales sur le sida qui se sont tenues àBangkok et à Toronto. On a établi descollaborations avec des universités en Thaïlandeet au Rwanda, ainsi que des liens étroits avecson partenaire de jumelage, la Ligueuniversitaire de lutte contre le sida del’université nationale du Rwanda à Butare.

GOAL s’occupe de questions touchant leVIH/sida, mais sa mission ne s’arrête pas là.Les instigatrices du projet se sont penchées surune multitude de projets de recherchecommunautaire de St. John’s à Victoria,certains couronnés de succès et d’autresmoins, pour en tirer des enseignements.

Au milieu de 2006, GOAL a tenu six groupes de discussionà Ottawa, auxquels ont pris part des membres descommunautés africaine et antillaise ainsi que des prestataires deservices. Parmi les idées qui ont émergé des rencontres, on aretenu celle d’un atelier sur le rôle de l’art comme outil deprévention du VIH/sida et de promotion de la santé. Environsoixante personnes, dont des chercheurs et chercheuses, desprestataires de soins, des étudiants et étudiantes, des jeunes etdes spécialistes du théâtre ont assisté à un atelier de deux joursorganisé sous le thème des meilleures pratiques desensibilisation par l’art en matière de prévention du VIH/sida.La manifestation présentait des conférenciers de l’étranger, duCanada et de la région, ainsi que des prestations par des poèteset des acteurs. Une variété de formes d’art étaient auprogramme, chacune illustrant un moyen efficace decommuniquer des messages délicats sur la santé sexuelle :feuilletons radio et télé, théâtre forum du Rwanda,photographie et même, une présentation par des coiffeuses et

des coiffeurs recrutés comme éducateurs de santé dans le cadredu projet Opération Spray-Net, à Ottawa.

GOAL est piloté par des leaders dynamiques descommunautés africaine et antillaise comme Félicité Murangira,coordonnatrice du projet, ainsi que cofondatrice etcoprésidente du African and Caribbean Health Networkd’Ottawa. En 2006, Mme Murangira a reçu le prix Femmes de

mérite décerné par le YMCA-YWCA et leprix Bénévole de l’année de Planet Africa. Lesdirigeantes communautaires impliquées dansGOAL donnent une impulsion et uneorientation au projet, qui reçoit depuis 2005une subvention des Instituts de recherche ensanté du Canada (IRSC), de l’Agence dedéveloppement canadien et de Santé Canada.Elles travaillent au CRSF et sont appuyéesdans leurs efforts de recherche par une bonnedizaine de scientifiques de l’Institut derecherche sur la santé des populations.L’équipe à l’origine du projet GOALcomprend Jack McCarthy du Centre de santécommunautaire de Somerset-Ouest, de Santépublique Ottawa; Melissa Rowe, du AfricanCaribbean Health Network of Ottawa(ACHNO); Heather Smith Fowler; la Dre

Lucie Kalinda; Félicité Murangira; et CarolAmaratunga.

Le projet GOAL vise à fournir un cadre théorique etpratique propice au développement communautaire sain. Ils’appuie sur l’expertise et les connaissances acquises au Canadaet à l’étranger et mise sur les expériences réussies en matière derecherche-action en vue de les appliquer aux services de santéaxés sur le VIH/sida. Ses instigatrices ont bon espoir qu’ilpuisse servir de modèle pouvant être adapté ou exploité pard’autres collectivités prêtes à investir des efforts de longuehaleine dans la prévention. Î

Autres renseignements :

Université d’Ottawa, Chaire de recherche en santé des femmeswww.whru.uottawa.ca/en-home.php

Conseil des Africains et Caraïbéens sur le VIH/sida en Ontariowww.accho.ca/index.aspx?page=hiv_facts

Opération Spray-Net, Santé publique Ottawahttp://ottawa.ca/residents/health/living/sexual/hairspray_en.html

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 27

LE RÔLE POSITIF

« La transmissionsud-nord et

nord-sud desconnaissances

sur la santéhumaine et sur

la recherchecommunautaireconstitue un desgrands objectifs

de GOAL »

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Pour la plupart des réfugiées atteintes du VIH/sida quis’installent à Montréal, le premier contact avec les servicessociaux ou de santé s’établit par l’entremise du corps médical.Ce sont les médecins, les infirmières et les travailleurs sociauxqui se chargent de les aiguiller vers les organismes de servicesanti-sida de la métropole. Si elles étaient à Toronto, cesfemmes auraient accès à une gamme plus étendue deressources et de groupes d’entraide bien organisés qui seconsacrent essentiellement à une clientèle féminine. Il existepeu de services de ce genre à Montréal, malheureusement.Parmi ceux-ci, on comptait un projet pilote de trois anss’adressant aux femmes originaires d’Afrique subsaharienne (leProjet réfugié +), qui a cessé ses activités en décembre 2007.

Financé par l’Agence de santé publique du Canada dans lecadre de l’Initiative fédérale de lutte contre le sida au Canada,le Projet réfugié + offrait un service d’accompagnement visantà faciliter l’accès des réfugiées vivant avec le VIH/sida àdifférents services de santé, d’aide juridique et de proximité,ainsi qu’une formation multilingue aux accompagnatrices. Sesorganisatrices, qui étaient basées au Centre de ressources etd’intervention en santé et sexualité (CRISS), avaient établi desgroupes d’entraide et contribué à promouvoir de meilleuresrelations avec les organismes de lutte contre le sida et d’autresprestataires de services. D’après les participantes, le soutienmutuel constituait une dimension importante du projet, car illeur a permis de créer un réseau dont l’existence se poursuitmalgré sa conclusion. « Nos situations se ressemblent : noussommes à la fois séparées de nos familles et très attachées àelles, nous avons des soucis financiers, nous sommes trèscroyantes; disposer d’un cadre réconfortant pour pouvoir seconfier, c’est précieux », dira l’une d’elles.

Le système de compagnonnage mis en place suit le modèleinventé par les groupes du programme montréalais « L’espoir,c’est la vie », qui s’adresse aux personnes atteintes de cancer.Malgré tout, cette formule n’a pas conquis d’emblée lesréfugiées vivant avec le VIH/sida. Toutes n’étaient pasforcément enthousiastes à l’idée d’accompagner unecompatriote, par crainte que les membres de leur entourage nesoient mis au courant de leur état de santé. Comme on le sait,la stigmatisation, la divulgation et la discrimination peuvententraver les efforts déployés en matière de prévention duVIH/sida, de sensibilisation et d’intervention.

Les participantes au projet ont elles-mêmes planifié desactivités et contribué à leur organisation. À titre d’exemple,elles ont organisé, en juillet 2007, un atelier intitulé « Surabondance d’information sur le VIH » dans le but dediscuter des moyens d’obtenir des renseignements accessiblessur les médicaments, les traitements et la nutrition. Même siles participantes avaient accès à Internet, le bouche-à-oreillerestait leur méthode de prédilection pour échanger del’information. « Pour toutes sortes de raisons, les femmes et leshommes ne vivent pas les choses de la même façon, en ce quiconcerne l’immigration et les questions liées au VIH/sidanotamment. Voilà pourquoi il est si profitable d’assister à desactivités réservées aux femmes, où nous pouvons parlerouvertement », de commenter une participante.

Comme il s’agissait d’un projet pilote, le mandat du Projetréfugié + était limité à trois ans. Pour en tirer un maximumd’enseignements, une évaluation exhaustive s’imposait donc.Quand on les a questionnées sur les forces et les faiblesses duprogramme, les participantes ont offert des commentairescandides qui pourront être utiles, espèrent les organisatrices, à

28 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

LE RÔLE POSITIF

Le Projet réfugié +P A R L A U R A M . B I S A I L L O N

« Être une réfugiée, une femme et une personne atteinte d’une maladie chronique comme le VIH/sida, çafait beaucoup à la fois! On ne vit pas éternellement. Je sais qu’on doit tous mourir de quelque chose un jourou l’autre; on ne peut y échapper. Il faut profiter de chaque jour qui passe et essayer de vivre sainement! »

~ Commentaire d’une participante au Projet réfugiés +

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d’autres groupes et prestataires de services. Quatre thèmes sedégageaient de leurs remarques :

1. Favoriser le leadership des femmes. Les organismespourraient améliorer le soutien offert aux intéressées enmatière de leadership et d’éducation. Il serait trèsavantageux d’intégrer leurs compétences et de miser surleurs connaissances et leurs réseaux au Canada et dans leurpays d’origine. Bon nombre de femmes associées au projetavaient un niveau de scolarité élevé; au moins uneparticipante, qui avait une expérience très poussée dumilitantisme et de l’éducation en matière de VIH/sida, s’estavouée déçue de ne pas avoir vraiment eu l’occasion de lamettre à profit. Les projets destinés aux réfugiées devraientavoir comme objectif de faire participer les intéressées à laconception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluationdes programmes.

2. Renseigner les femmes sur les occasions et les ressourcesdisponibles à l’échelle provinciale, nationale etinternationale. Les organismes peuvent collaboreractivement par-delà les frontières aux efforts mis enœuvre dans d’autres régions canadiennes et à l’étranger.On pourrait inciter les femmes à présenter leurcandidature lorsque se présentent des occasionss’adressant aux personnes vivant avec le VIH/sida (PVS).À titre d’exemple, la Société canadienne du sida proposedes bourses d’études et des prix s’adressant aux femmesoriginaires de pays où le VIH/sida est endémique. LaSCS tiendra, en juin 2008, un forum axé sur leperfectionnement des compétences qui offrira desoccasions d’établir des réseaux avec d’autres PVS.

3. Ouvrir de nouveaux horizons. Les organismes peuventaider les femmes à accéder à des organismes à l’extérieur dumilieu qualifié par certains de « ghetto du sida ». Onpourrait par exemple aiguiller les femmes vers desprogrammes de formation offerts par le biais du YWCA etd’autres organismes sans but lucratif locaux. Il incombe auxorganismes anti-sida qui dispensent des services auxfemmes de s’appliquer à cultiver des liens solidaires etprofessionnels au Canada et à l’extérieur.

4. Assurer la viabilité des projets. La survie des projets etprogrammes dépend de celle de l’organisme qui les héberge.Dans le cas présent, le projet comportait, dans saconception même, un certain nombre de forces et de

faiblesses; la viabilité et la crédibilité de l’organisme hôte enont limité l’efficacité (ce dernier a fermé des portes depuis).Pour que le projet conserve sa pertinence aux yeux desfemmes auxquelles il s’adresse, l’organisme hôte doit êtrecapable d’admettre que cette clientèle et ses besoins sontdiversifiés et qu’ils évoluent. Il doit savoir faire preuve deleadership et s’adapter aux changements et aux situationsinattendues, inévitablement porteuses de défis.

L’expérience du Projet réfugiés + confirme que lesdemandeuses d’asile et les réfugiées qui reçoivent undiagnostic de VIH/sida ont des besoins sociaux et de santéparticuliers quand elles arrivent au pays. Elle confirmeégalement que les dimensions sexosociales d’une telleexpérience restent largement inexplorées au Canada. L’idée dedresser un portrait plus complet de la situation de l’expériencede ces femmes dès leur arrivée constituerait un bon point dedépart. C’est pourquoi les organisatrices du Projet réfugiés +proposent de suivre le cheminement des intéressées tout aulong de leur parcours à travers les différents réseaux de soutienet de services. Cette information pourrait servirultérieurement à améliorer les services, à élaborer despolitiques, à faire prendre conscience de ces réalités et à lescomprendre. Î

Laura M. Bisaillon est étudiante au doctorat en santé despopulations à l’Institut de recherche sur la santé des populations.Elle occupe la fonction d’adjointe à la recherche assignée au ProjetGOAL, dans le cadre de la Chaire de recherche en santé desfemmes de l’Université d’Ottawa.

Ressources complémentaires :

Plan intégral d’action sur le VIH et les femmeshttp://womensblueprint.org/fr

Au premier plan : le Canada se mobilise contre le VIH/sida(2005-2010)www.premierplan.ca/index.html

Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida au Canada,Agence de santé publique du Canadawww.phac-aspc.gc.ca/aids-sida/fi-if/index_f.html

Vision positive : La vie déracinéewww.positiveside.ca/f/V8I1/Deracinee_f.htm

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 29

LE RÔLE POSITIF

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P A R F E R N C H A R L I E

C’était la première fois que jeparticipais à un projet derecherche, mais je le referais.Pour une femme, la seule manièred’être vraiment entendue ici c’estde passer aux aveux et de parler –parler des services sociaux, desenfants, de la consommation dedrogue. Toutes celles avec qui jeme suis entretenue étaientdifférentes, chacune avait sonhistoire; mais j’ai pu établir unlien avec la plupart, parce que cesont des choses que j’ai vécuesmoi-même – comme laconsommation de drogue et lamanière dont certaines femmes ontperdu leurs enfants à cause d’elle.

30 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Du Centre d’excellence pour la santé des femmes – région de la Colombie-Britannique

Des soins axés surles besoins desfemmesdans le

quartier DowntownEastside de Vancouver

Le projet VANDU Women CARE – un projet de recherche clinique active visantl’habilitation des femmes – est une collaboration de recherche unique entre le Centred’excellence pour la santé des femmes – région de la Colombie-Britannique, l’école dessciences infirmières de l’UBC et le Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU)Women’s Group. Ce dernier est un organisme communautaire dirigé par les paires, ausein duquel les femmes consommatrices de drogues du quartier Downtown Eastside deVancouver contribuent mutuellement au soutien et à l’éducation dont elles ont besoin,ainsi qu’à la défense de leurs intérêts. Selon une approche fondée sur les méthodes de larecherche active participative et l’éducation populaire, le but du projet VANDU WomenCARE est de produire des connaissances nouvelles sur l’expérience des soins de santéprimaires qu’ont les femmes consommatrices de drogues, tout en favorisant leur santé,leur bien-être et leur esprit d’initiative. À ce jour, ce projet a permis d’offrir de laformation, une rémunération et du soutien à 13 membres du VANDU Women’s Group,afin de concevoir et d’utiliser des outils de recherche en vue d’entretiens avec 50 femmes,à propos de leur expérience des soins de santé primaires dans les cliniquescommunautaires. Fern Charlie, qui a participé à l’étude en tant que paire etintervieweuse ainsi que membre du comité directeur, décrit l’expérience que ce projet areprésentée pour elle et la valeur de la recherche menée par, avec et pour les femmesconsommatrices de drogues.

Fern Charlie, chercheuse et

membre du comité directeur du

projet VANDU Women CARE.

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Les gens qui ne vivent pas ici, dans lequartier Downtown Eastside, ne saventpas à quoi cela ressemble; mais ilfaudrait qu’ils le sachent. Le grandnombre d’Autochtones porteurs duVIH, par exemple. Quelques-uns demes amis en sont porteurs, les femmesont été nombreuses à m’en parler. Ellesne vont pas raconter cela aux gens, maisj’aimerais qu’elles puissent en parler,s’ouvrir et ne pas avoir honte du VIHou du jour où ont leur a pris leursenfants et qu’elles se sont fait éjecter dela réserve – en prenant plus ou moinsleurs jambes à leur cou. Je veux un lieude parole pour les Autochtones.

Une chose qui faisait mal, c’était lesujet des enfants qui ont été enlevés àleurs mères. Une femme s’est tue et s’estretournée, cela la bouleversait vraiment.En général, elle s’ouvrait vraiment àmoi, mais là je peux dire qu’elle étaitblessée; elle pleurait. Je veux voir lesfemmes recevoir du soutien, untraitement, des conseils, tout ce dontelles ont besoin pour retrouver lesenfants qu’elles ont perdus. Comme lesfemmes étaient bouleversées, nous avonsposé cette question d’une autre manière.

Le projet porte sur lescliniques médicales ducentre-ville, et je ne mesoucie pas trop des cliniquesd’ici. Ce n’est pas facile d’êtreune patiente ambulatoire.Parfois, je peux y aller à 9 h 00du matin et peut-être ne pasêtre vue avant le milieu del’après-midi. Il y a beaucoupde gens qui attendent dans lescliniques. Si vous arrivez troptard ou que vous n’entendezpas votre nom, ils vousremettent en bas de la liste etalors vous êtes chanceuse sivous passez ce jour-là. Peu

importe que vous soyez malade ou non.Il n’y a guère de femmes-médecins ici

et, s’il s’agit d’un test de Pap, je nelaisserai pas un homme me le faire,parce que j’ai été abusée sexuellementquand j’étais enfant. Je ne vois pasbeaucoup de conseillères non plus et,quand j’en vois, au bout d’un moment,elles disparaissent.

Une autre chose dont les femmesnous ont parlé pendant cette étude, c’est

la difficulté qu’elles peuvent avoir àobtenir une ordonnance pour unantidouleur. Lorsque je vais dans uneclinique du centre, je ne peux pasobtenir de Tylénol 3 ou de somnifèresparce que je consomme de la drogue. Laseule fois où j’ai eu du Tylénol 3 ici,c’est quand je me suis fait agresser.Certaines des femmes étaient dans lemême cas que moi, agressées etmaltraitées par leur partenaire, avec desblessures. J’ai vu beaucoup de femmesavec des bleus sur tout le visage. Ellesont besoin de quelqu’un vers qui aller,pas seulement d’un médecin mais d’uneconseillère. Je suis passée par là et il n’yavait pas beaucoup de monde pourm’écouter. J’ai un médecin dans uneautre partie de la ville; il me fera uneordonnance. L’hiver, c’est le piremoment; parce que je dois me rendre àpied à une distance de 20 pâtés demaisons et marcher autant au retour.Nous avons besoin de soins de santédécents, dans le voisinage immédiat.

Je pense que ce projet aidera lesfemmes. J’y suis entrée pour aider lesjeunes filles et les jeunes femmes. Il y abeaucoup de choses dont j’ai peur de

parler, à propos desquellesm’ouvrir. Pourtant, s’il s’agitdes autres femmes, je parlerai– parce que j’ai perdubeaucoup. J’avais une maisonpleine d’enfants et de petits-enfants; et, un jour, hé bien, ilsse sont rendu compte que jeconsommais – et ce que j’avaisil y a 10 ans, je ne l’ai plusaujourd’hui. Î

Fern Charlie a participé auprojet VANDU Women CARE,en tant que paire et intervieweuseainsi que membre du comitédirecteur du projet.

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« Il y a beaucoup dechoses dont j’ai peur de parler, à proposdesquelles m’ouvrir.

Pourtant, s’il s’agit desautres femmes, je

parlerai – parce quej’ai perdu beaucoup. »

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Malgré cela, il a fallu attendre encore un quart de sièclepour que les premières collections canadiennes d’importancesur le sujet des femmes et de la toxicomanie soient publiéespar l’Addiction Research Foundation [Fondation de recherchesur la toxicomanie] (maintenant intégrée au Centre detoxicomanie et de santé mentale [CTSM]), dont deuxouvrages intitulés : « Les Canadiennes et l’usage d’alcool, de

tabac et d’autres drogues (1996) » et « La majorité oubliée :Guide sur les questions de toxicomanie à l’intention desconseillers qui travaillent auprès des femmes » (1996). Lepremier de ces livres établissait les fondements de l’histoire etde l’épidémiologie de la toxicomanie chez les femmes auCanada, et le deuxième proposait des pistes d’intervention.Depuis, le domaine a connu de nombreux changements et

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P A R L O R R A I N E G R E A V E S E T N A N C Y P O O L E

Du Centre d’excellence pour la santé des femmes – région de la Colombie-Britannique et le Centre de toxicomanie et de santé mentale

DES HAUTS ET DES BAS :PERSPECTIVES CANADIENNES CONCERNANT

LES FEMMES ET LA TOXICOMANIE

u Canada, on reconnaît maintenant clairement que la toxicomanie chez les filles et lesfemmes constitue un important problème sur le plan de la santé et une problématiqueéconomique et sociale. Par ailleurs, cette reconnaissance est récente. En 1970, lenombre d’études publiées sur le sujet (excluant le tabagisme) se chiffrait à moins de 40.Un peu plus tard au cours de cette même décennie et dans le cadre de la « deuxième

vague » du mouvement des femmes, des organisations et des pratiques ont graduellement été mises enplace. Elles avaient pour but de fournir une réponse féministe aux problématiques de la toxicomanieet de l’abus de substances chez les femmes. Au fil du temps, des livres et des articles portant surdivers aspects de la toxicomanie féminine ont été publiés, ainsi que des études sur la consommationde certaines substances chez les femmes, comme l’alcool, le tabac et les drogues illicites.

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nos connaissances ont été enrichies grâce à l’apport denombreuses disciplines et professions, des chercheurs etintervenants, et le plus important, des femmes elles-mêmes.

Quelles substances les femmes canadiennesconsomment-elles?L’alcool demeure la substance la plus consommée chez lesfemmes et les filles. Bien que les taux de consommation chezles femmes soient historiquement inférieurs à ceux deshommes, des études récentes menées auprès de populationsinternationales démontrent que les taux de consommationd’alcool chez les deux sexes se rapprochent de plus en plus. Parsurcroît, des études réalisées auprès d’enfants d’âges scolairesrévèlent que la consommation d’alcool chez les filles peutmême débuter en 6e année du primaire. Ces résultats sontparticulièrement inquiétants puisque le taux de maladiesprovoquées par l’abus de substance – notamment desdommages au foie et au cerveau et des troubles cardiaques –est plus élevé chez les filles et les femmes.

Le tabagisme chez les filles et les femmes constitue égalementun grave problème au Canada. Même si les taux de tabagismesont généralement à la baisse, le taux de tabagisme chez lesjeunes femmes de moins de 24 ans est supérieur à celui del’ensemble des femmes. Les taux de tabagismes chez les filles etles garçons de 15 à 17 ans sont approximativement les mêmes,mais les filles fument un plus grand nombre de cigarettes parjour que les garçons. De plus, les tendances relevées chezcertaines sous-populations – comme les femmes à faible revenu,les mères monoparentales et les jeunes femmes enceintes – en cequi a trait au tabagisme sont très inquiétantes. Chez lesadolescents autochtones, non seulement le taux de tabagismeest-il beaucoup plus élevé que les taux relevés chez l’ensembledes adolescents canadiens, le taux de filles autochtones quifument la cigarette (48,5 %) est supérieur à celui des garçonsautochtones (42,7 %). De plus, chez les enfants quicommencent à fumer à 11 ans, les filles autochtones sont plusnombreuses que les garçons autochtones.

Comme c’est le cas pour la consommation d’alcool, desdifférences ont été notées entre les sexes quant auxconséquences du tabagisme sur la santé. Les tendances chez lesfemmes sont différentes de celles relevées chez les hommespour ce qui est des maladies liées au tabagisme. Les femmessont aux prises avec des problèmes de santé causés par letabagisme qui sont associés à leur état sur le plan hormonal età la fonction reproductive. Un lien important a été établientre le tabagisme et le cancer du col utérin, ainsi qu’un liende plus en plus évident avec le cancer du sein.

Les médicaments psychotropes sont beaucoup plus prescrits

aux femmes qu’aux hommes. En fait, les femmes signalent destaux plus élevés pour ce qui est de la plupart des catégories demédicaments d’ordonnance, y compris les somnifères, lestranquillisants, les antidépresseurs, les antidouleurs et lesmédicaments amaigrisseurs.

Les femmes et les aînés sont les deux groupes à qui lesmédecins prescrivent le plus de benzodiazépines. Ce sont aussiles groupes qui sont les plus vulnérables à leurs effets secondaires.(Comparativement aux hommes, les femmes de tous les âgesdéveloppent une assuétude plus rapidement, tant auxmédicaments d’ordonnance qu’aux drogues illicites, et souffrentaussi davantage des effets physiques, psychologiques et sociaux.)

Les drogues illicites comportent des risques particuliers.Différentes tendances et trajectoires de consommation ont étérelevées. Historiquement, les hommes ont davantage fait usagede ces substances, comparativement aux femmes. Toutefois,comme c’est le cas pour les médicaments d’ordonnance, l’écartentre les sexes diminue et les femmes sont de plus en plus àrisque. Les effets de la consommation de ces drogues sur le plande la santé varient entre femmes, entre femmes et hommes, etselon les diverses drogues disponibles. Les rapports indiquentque l’utilisation du cannabis est à la hausse au Canada, tantchez les femmes que chez les hommes, et il semble que lesfemmes soient aussi nombreuses que les hommes à suivre untraitement pour se sevrer de la méthamphétamine. Une étuderéalisée à Vancouver auprès d’utilisateurs de drogues injectablesa révélé que le taux d’infection au VIH chez les femmes étaitd’environ 40 pour cent supérieur à celui des hommes.

Quels sont les facteurs sexospécifiques qui influent surla consommation de substances chez les femmes?

En plus des nombreux facteurs sexospécifiques qui influenttant sur la consommation de substances chez les femmes quesur leurs effets, il existe de nombreux facteurs relevant desrapports sociaux entre les sexes qui influent sur la prévention,la consommation, le traitement et la guérison. Notamment, leparcours qui mène les filles et les femmes à consommer dessubstances est souvent façonné par des expériences liées auxrapports entre les hommes et les femmes. Comparativementaux toxicomanes masculins, les filles et les femmestoxicomanes sont plus nombreuses à subir de la violencesexuelle et physique et les traumatismes subséquents, desexpériences fortement liées à des problèmes deconsommation. Les femmes sont aussi plus à risque de vivredes problèmes de toxicomanie en raison du plus grand impact(démontré par la recherche) qu’exercent les transitions de viesur les femmes. Les femmes ont plus tendance aussi à recourirà des substances pour composer avec des problèmes

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émotionnels et relationnels. De plus, lespratiques publicitaires sexospécifiquesqui sont adoptées par les industries del’alcool et du tabac, ainsi que le stigmasocial imposé aux femmes quiconsomment des substances – surtoutles femmes enceintes et les mères –,augmentent les risques deconsommation et entraînent d’énormesobstacles en matière de soins de santé.

Quels sont les défis?Malgré d’importants progrès réalisés auchapitre de la recherche, des politiques etdes pratiques au cours des 10 dernièresannées, de nombreux défis demeurent.

L’éventail de substancesLes substances sur lesquelles il faut sepencher sont diverses et nombreuses.Certaines sont nouvelles, comme le cristalméthamphétamine, d’autres sont connuesdepuis longtemps, comme l’alcool et lesbenzodiazépines. Chaque substance

entraîne des problèmes sanitaires etsociaux différents et requiert desinterventions sociales et médicales ainsique des actions de revendicationparticulières. Le gouvernement et lesautres interlocuteurs concernés doiventdonc étudier de nouvelles approches enmatière de contrôle, de promotion de lasanté ou de réglementation. Les drogueslicites, comme le tabac et l’alcool, sontutilisées à plus grande échelle et causentplus de dommages, bien que les droguesillicites, comme l’héroïne et la cocaïne,font souvent l’objet d’une plus grandeattention. Derrière les drogues licites sontdes entreprises qui profitent de ladépendance des gens envers leursproduits. Elles en font la promotion etdiffusent de la publicité de façonagressive. La distribution de droguesillicites relève d’une activité criminelle etentraîne des interventions policières etjudiciaires, ce qui ouvre la porte à d’autresproblématiques économiques et sociales

pour les individus et la société. Un autredéfi tout aussi complexe est celui decomposer avec la surconsommation demédicaments d’ordonnance et l’assuétudequ’elle entraîne, un dossier importantpour les femmes et pour les groupes quidéfendent les droits des femmes enmatière de santé.

Prévention et traitement. Nombre decollaboratrices et de collaborateursréclament vivement des ressources deprévention axées sur les femmes quiautonomisent cette clientèle etrenforcent sa capacité de gérer desproblématiques liées à la consommation.Même si la poursuite d’une telledémarche dans des systèmes complexes,traditionnels, axés sur la médecine etconçus pour les hommes n’est pastoujours facile, des approches axées surles femmes peuvent être intégrées nonseulement à l’échelle des soins mais aussià l’étape de la conception des

34 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Nancy Poole, coéditrice du livre Highs & Lows:Canadian Perspectives on Women and SubstanceUse [Des hauts et des bas : perspectives canadiennessur les femmes et l’utilisation de substances], discutede cette publication avec Ellen Reynolds

ER – D’où vient l’idée de ce livre?

NP – Le centre Aurora, qui offre un programme detraitement destiné aux femmes et dont les locaux sont situés àla BC Women’s Hospital [Hôpital pour femmes de la C.-B.],a parrainé une conférence sur les traitements pour femmes.L’événement a eu lieu à Vancouver, à l’automne 2003, et nousenvisagions d’abord de publier les résultats de ce congrès. Puis,nous avons pensé qu’il y a tant à dire sur tout ce qui a été faitsur la question des femmes et l’utilisation de substances auCanada, et que ces réalisations méritent d’être soulignées. Le

projet a donc pris de l’ampleur et est devenu un livre. Nousétions très intéressées à recenser plusieurs points de vue – lesopinions et le travail des chercheurs, des fournisseurs deservices et des décideurs, lorsque cela était possible. Nousvoulions aussi nous assurer d’inclure les voix des femmes quivivaient des problèmes liés à l’utilisation de substances.

ER – Dans l’introduction, vous souhaitez que Highs & Lowscontribue à « l’élaboration d’une réponse qui soit davantageaxée sur les besoins des femmes, tant au Canada qu’à l’étranger ».Quel public voulez-vous toucher pour atteindre cet objectif?

NP – Nous désirons vraiment influencer les gens quifréquentent les universités et les collèges et qui apprennent àtravailler auprès des femmes sur ces problématiques. À notreavis, il est important de les aider à comprendre ces questions, àl’étape où ils amorcent leur carrière dans le domaine. Nousespérons aussi influencer les chercheurs quant au choix de

DES HAUTS ET DES BAS

CONVERSATION AVEC LA RÉDACTRICE EN CHEF

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programmes, de la recherche et del’élaboration des politiques. Unediscussion riche et continue, en coursactuellement, tente de décrire ce à quoiressembleraient de telles ressources, touten explorant les moyens collectifs àprendre pour aller de l’avant et mettreen place des réponses positives,sécuritaires et productives dans ledomaine de la toxicomanie féminine.

La multiplicité des problématiquesLes femmes vivent souvent de multiplesproblématiques de façon juxtaposée :troubles de santé mentale, traumatismes,violence et consommation. Desproblèmes comme l’instabilité enmatière de logement, l’infection au VIHou la pauvreté font obstacles autraitement et à la guérison des femmeset menacent leur état de santé global. Laprestation d’interventions adéquatesauprès des femmes qui vivent plusieursde ces problématiques est complexe et

nécessite une approche novatrice, laprésence de compétences et une attitudecompréhensive. Une plus grandeintégration des services constitue unevoie prometteuse – des interventionsplus complètes et appropriées auprès desfemmes qui ont des problèmes detoxicomanie, dispensées par un plusgrand éventail de ressources et àdifférents points de services, comme desmaisons d’hébergement, des centresd’aide aux victimes d’agression sexuelle,des centres communautaires et desbureaux de médecins.

D’autres éléments probantsÉgalement présent dans tout le livre estle sous-argument selon lequel il fautmener d’autres recherches dans les plusbrefs délais pour approfondir notrecompréhension de ces problématiques etaméliorer nos interventions auprès desfemmes et des filles consommatrices desubstances. Au Canada, les bailleurs de

fonds demandent de plus en plus auxchercheurs de prendre en compte le sexebiologique et le sexe social dans leurstravaux, ce qui aidera certainement àaméliorer notre base d’élémentsprobants. En 2003, les Instituts derecherche en santé du Canada ontparrainé la création d’un programme derecherche sur la toxicomanie et laconsommation de substances auCanada, lequel comprend un volet derecherche sur les influences liées au sexebiologique et au sexe social, afin degénérer des éléments probants quicorrespondent davantage au vécu desfemmes. De plus, le Gouvernement duCanada exige l’application de l’analysecomparative entre les sexes (ACS) dansle processus d’élaboration de politiques.À cet effet, Santé Canada appliquel’ACS dans le cadre de ses recherches etsa programmation.

Les connaissances ne sont pasuniquement générées par des éléments

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 35

questions à poser dans l’avenir, ainsi que les organisations quiœuvrent à l’échelle des politiques et des services, comme leCentre de toxicomanie et de santé mentale ou autresorganismes de pointe qui travaillent en toxicomanie et en santé.

ER – Dans l’introduction, vous parlez de l’utilisation decertains termes et vous expliquez le choix d’une terminologieprécise. Vous avez recours à des termes comme « utilisationde substance » au lieu « d’abus de substance » ou « accoutumance », et les mots « patient » et « client » sontrarement sinon aucunement utilisés. Pourquoi ces choix determes vous semblaient-ils importants?

NP – Le langage que vous utilisez est très important dans cedomaine. Nous voulions souligner le fait que l’utilisation desubstances s’inscrit dans un continuum. Ce ne sont pas toutesles substances qui sont nocives et les problèmes d’utilisationde substances ne relèvent pas tous de la toxicomanie. Noussommes également très intéressées à démontrer la différenceentre l’abus et l’utilisation de substances. Nous utilisons le

terme « abus » uniquement lorsqu’il s’agit de violence enversles femmes, et nous associons « abus » aux gens et « utilisationproblématique » aux substances. Puisque la violence àl’endroit des femmes et l’utilisation problématique desubstances se produisent fréquemment dans un même temps,la distinction terminologique nous a grandement facilitél’écriture lorsque nous parlions de ces problèmes multiples quise recoupent. Nous voulions aussi éviter des mots comme « patient » et « client » et inviter les gens à parler des femmes,tout en encourageant les femmes à raconter leur vécu plutôtque de se définir en fonction d’un système.

ER – Pouvez-vous parler du rôle des témoignages dans le livre?

NP – Vous pouvez parler de la nécessité de prendre encompte la violence que les femmes ont subie et leursproblèmes d’utilisation de substance, mais quand vousentendez les témoignages, vous développez une autre vision dece que vous devez faire. Ces récits vous poussent vraiment àposer les gestes que vous devez poser. Selon nous, les

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probants issus de la recherche. Ellesproviennent aussi de nombreuses autressources. Les témoignages des chercheurs,des militants œuvrant à l’échelle despolitiques, des professionnels de la santé etdes pourvoyeurs de servicescommunautaires sont juxtaposés à ceux defemmes qui ont vécu personnellement desproblèmes de toxicomanie. Cetteprésentation met en évidence l’apportunique et valide de chaque interlocuteur,qui nous aide à approfondir nosconnaissances. Elle met aussi en lumière ledéfi que nous devons relever, celuid’amalgamer les « connaissances » que nouspossédons dans chaque discipline afin de

concevoir des solutions qui contribuerontdavantage au bien-être des femmes.

Le stigma. Les femmes et les filles quiconsomment des substances sontsouvent dépeintes comme des êtresméprisables, tant dans les médias quedans les conversations quotidiennes. Cestigma est imposé de façonparticulièrement vive aux femmesenceintes ou aux mères toxicomanes, ouaux femmes qui n’agissent pas selon lemodèle féminin imposé par la société,en raison de leur consommation. Celivre fait état des importants progrès quiont été accomplis au cours des dernières

décennies, en ce qui a trait à unemeilleure compréhension du vécu desfemmes et des filles et de laproblématique de la toxicomanie.Toutefois, nous ne pouvons prendrepour acquis que cette clientèle bénéficied’un soutien étendu ou qu’il existe unevolonté collective de répondrerespectueusement aux femmes qui ontdes problèmes de toxicomanie. En effet,l’opinion tant publique qu’individuellerévèle souvent une absence de sympathieet de patience envers les femmes auxprises avec la toxicomanie. Dans lasociété canadienne, celles-ci sont encoretrès souvent pointées du doigt et portent

36 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

témoignages offraient des éléments tout aussi importants queles résultats de recherches. Ils peuvent donc guider lesdécideurs et les praticiens dans leur travail.

ER – La dernière partie de Highs & Lows traite depossibilités et de défis continus – par exemple les défis liés àla mauvaise utilisation des benzodiazépines, un médicamentd’ordonnance, et aussi au tabagisme. À votre avis, ces défisseront-ils à l’ordre du jour dans un proche avenir?

NP – Graduellement, nous allons être témoins de nombreuxautres écarts au chapitre des connaissances et des gestes quenous posons ou ne posons pas. Je pense que cela entraînera unmouvement qui se penchera notamment sur des questionscomme l’utilisation de benzodiazépines. Lisez le chapitre « TheSilent Addiction » [L’accoutumance silencieuse], de JanetCurrie, sur le sujet des benzodiazépines. Mme Currie et legroupe Action pour la protection de la santé des femmes fontun excellent travail à l’échelle des politiques, en collaborationavec les gouvernements de tout le Canada, et je pense que nousen verrons bientôt les effets. Il y aura des progrès à ce sujet.

ER – À la fin du livre, vous soulignez le travail du CentreAmethyst pour femmes toxicomanes, à Ottawa, un organismequi offre des services de traitement exclusivement aux femmes,ainsi que l’œuvre de deux institutions provinciales qui offrentdes traitements en Alberta et en Ontario, dans le cadre d’unprogramme axé sur les femmes. Selon vous, de tels programmespourraient-ils devenir la norme dans un avenir proche?

NP – Plusieurs gouvernements territoriaux et provinciauxdu Canada ont demandé mon aide pour concevoir dessystèmes de services. Je pense que nous verrons la mise enplace d’un plus grand nombre de cadres de travail quis’inscrivent dans un système et qui recommandent la mise enplace des deux approches de travail auprès des femmes –celle axée sur les femmes et celle pour grand public. J’en suisconvaincue. En termes de nombre de services individuelsaxés sur les femmes, comme Amethyst, je ne suis pascertaine. J’espère que c’est ce que nous verrons, mais cesressources ne se sont pas multipliées comme nous l’aurionssouhaité au cours de la dernière décennie.

En général, les gouvernements ont adopté des cadres detravail. En Alberta, ils ont élaboré un volet supplémentairequi s’ajoute au traitement, appelé « Services améliorés àl’intention des femmes ». Il s’agit davantage d’un serviced’approche conçu pour favoriser la participation desfemmes aux soins et pour les aider à accéder auxtraitements et à d’autres ressources. Ce programme s’estavéré des plus efficaces. Donc, bien que ce ne soit pas uncentre de traitement autonome pour femmes, c’est uneapproche très intéressante et créative, qui a remportéplusieurs prix en Alberta. Si nous pouvons mettre en placed’autres mesures semblables, nous serons sur la bonne voieau cours de la prochaine décennie. Î

Ellen Reynolds est directrice des communications au RCSF. Cetarticle est un extrait d’une entrevue diffusée en février 2008 surles ondes de CFUV Radio, à Victoria, en C.-B.

DES HAUTS ET DES BAS

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le fardeau de la honte. De touteévidence, il faut encore défendre lesdroits de ces femmes et mener desactions politiques, bref, poursuivre unedémarche positive pour répondre auxbesoins des femmes qui vivent desproblèmes de consommation.

Ce sont là des défis de taille qu’ilfaudra relever dans les années à venir.Si l’on tient compte des succès, desinnovations et de la ténacité dont celivre témoigne, et si le mouvementpour la santé des femmes poursuit salancée et sa croissance, nous pouvonsenvisager l’avenir avec beaucoupd’optimisme. Î

Cet extrait est une adaptation del’introduction du livre Highs & Lows:Canadian Perspectives on Womenand Substance Use [Des hauts et desbas : perspectives canadiennesconcernant les femmes et latoxicomanie], publié par le Centred’excellence pour la santé des femmes –région de la Colombie-Britannique(CESFCB) et le Centre de toxicomanieet de santé mentale, sous la direction deLorraine Greaves et Nancy Poole.

Lorraine Greaves est présidente duInternational Network of WomenAgainst Tobacco [Réseau international

des femmes contre le tabac] et directricegénérale du CESFCB.

Nancy Poole est associée de recherche auCESFCB et agit en tant que conseillère derecherche provinciale pour la question desfemmes et de la toxicomanie auprès de laBC Women’s Hospital [Hôpital desfemmes de la C.-B.]

Highs & Lows: Canadian Perspectiveson Women and Substance Use estdisponible en anglais seulement. Pourcommander ce livre, communiquez avec leCentre de toxicomanie et de santé mentale :www.camh.net/.

LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 37

Le Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieu

ATELIER NATIONAL SUR LE MILIEU ET LA SANTÉ MATERNELLELes 4 et 5 mars 2008, les membres du Programme de contribution pour la santé des femmes de Santé Canada ontorganisé, à Toronto, un atelier national dans le but d’effectuer une réflexion sur diverses questions touchant la recherche etles politiques relatives aux risques pour la santé des femmes pendant les années de fécondité. L’Atelier national sur lemilieu et la santé maternelle a permis d’examiner, en tenant compte des rapports sociaux entre les sexes, les risques pourla santé maternelle associés au travail à domicile et salarié, à l’environnement physique, aux produits pharmaceutiquesemployés pendant la grossesse et à l’environnement de l’accouchement. Sandra Steingraber, auteure de LivingDownstream: An Ecologist Looks at Cancer and the Environment [Vivre en aval : Regard d’une écologiste sur le cancer etl’environnement], a livré la conférence principale, qui portait sur les recherches qu’elle a effectuées en la matière et dont les

résultats figurent dans le rapport intitulé The Falling Age ofPuberty in US Girls: What We Know, What We Need to Know [Ladiminution de l’âge de la puberté chez les filles états-uniennes :Ce que nous savons, ce que nous devons savoir].

POUR COMMANDER UN EXEMPLAIRE DU RAPPORT ET DU CD DE L’ATELIER :Jyoti Phartiyal, Coordinatrice des projets,Réseau pancanadien sur la santé des femmes et le milieuSite Web : www.nnewh.orgTéléphone : (416) 736-2100, poste 20715

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38 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

CE QUE NOUS LISONS r e s s o u r c e s r e c o m m a n d é e s p a r n o t r e b i b l i o t h é c a i r e

L’impact des programmes sociaux : des femmes à faiblerevenu racontentMarika Morris(Institut canadien de recherches sur les femmes, 2007)Ce feuillet d’information, divisé en trois volets, a été rédigé àpartir de la recherche intitulée Integrating the voices of low-income women into policy discussions on Canada SocialTransfer (CST): First Nations women in Vancouver, immigrantand refugee women in Calgary and women with disabilitiesin Winnipeg. Le premier volet trace un portrait général desmécanismes par lesquels le gouvernement fédéral finance lesprogrammes sociaux des provinces et des territoires, etdiscute des barrières auxquelles les femmes font face si ellesveulent accéder à ces programmes. Le deuxième volet donnela parole aux femmes à faible revenu et à leurs alliés. Enfin,le troisième volet reprend les constats et les principalesrecommandations de cette recherche.Disponible en ligne : www.criaw-icref.ca/

Le mouvement mondial des femmesPeggy Antrobus(Éditions Écosociété, 2007)Avant d’écrire ce livre, l’auteure s’est posée les questionssuivantes : Existe-t-il vraiment un mouvement mondial desfemmes? Si oui, comment peut-il contribuer, dans le cadre dela lutte mondiale pour la justice sociale, à la recherche devoies de rechange menant à la création d’un mondemeilleur? Pour répondre à ces questions, elle explore lesorigines d’un mouvement qui, lui, est issu de plusieursmouvements façonnés par des luttes locales et réunis par desoccasions et des défis mondiaux. Elle réfléchit également surla trajectoire du mouvement qui émerge à mesure que lesfemmes se découvrent des points communs et comprennentmieux le rôle de la discrimination fondée sur le sexe dans lescrises systémiques qui ont conduit à la pauvreté, l’exclusion etl’aliénation sociale, à la dégradation de l’environnement et àla prolifération de la violence qui menace le bien-être et lasécurité de la majorité de l’humanité et de la planète même.L’ouvrage affirme l’existence d’un mouvement mondial desfemmes, que nous, qui travaillons comme militantes,connaissons bien. Il décrit aussi les objectifs et les stratégiesainsi que la capacité d’apporter de nouveaux points de vuesur les luttes pour la paix et la justice sociale qui se livrentaujourd’hui, partout dans le monde.

AVIS DE PARUTION

Actes du colloque Le marché de la beauté…un enjeude santé publique

Le Réseau québécois d’action pour la

santé des femmes (RQASF) annonce la

parution des actes du colloque Le marché

de la beauté…un enjeu de santé publique

qui a eu lieu les 23 et 24 novembre 2006.

Dans ce document de 268 pages, vous aurez leloisir de lire un compte rendu complet desquatre panels, des discours, des ateliers et desplénières, enrichi de références et deressources propres à nourrir vos réflexions etvos actions. Le document inclus del’information sur les sujets suivants :

• Hypersexualisation des jeunes filles :conséquences et pistes d’action

• Industrie de l’amaigrissement : la nécessitéd’une réglementation

• Publicités sexistes : c’est le temps de réagir

• Chirurgies esthétiques : le droit d’êtreinformé(e)

• et beaucoup plus.

Toute personne ou organisme intéressé à seprocurer une copie papier des actes est invitéà contacter Le Réseau, à l’adresse suivante :Site Web : http://rqasf.qc.ca/imac_actesTéléphone : (514) 877-3189Courriel : [email protected]

Fait à noter, des frais de 20 $ par exemplairesont maintenant facturés (frais d’envoi et demanutention en sus : 10 $ pour un exemplaire).

Pa r Ba rbara Bour r i e r - Lac ro i x du Comi té consu l ta t i f de s exper t (e ) s du RCSF

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LE RÉSEAU PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 39

CE QUE NOUS LISONS r e s s o u r c e s r e c o m m a n d é e s p a r n o t r e b i b l i o t h é c a i r e

La peau et les os, après…Réalisation : Hélène Bélanger-Martin(Office national du film, 2006, 116 min., 18 sec.)L’anorexie se vit presque toujours dans la solitude, et conséquemment presque toujours dans le silence. Dans cefilm, Hélène Bélanger-Martin redonne de nouveau la parole à ces voix qui se sont longtemps tues. En 1988, ledocumentaire La peau et les os, de Johanne Prégent, a été tourné, et Mme Bélanger-Martin y figurait commeparticipante. Ce documentaire traitait d’une maladie alors méconnue : l’anorexie. On se retrouve maintenant17 ans plus tard. Mme Bélanger-Martin, devenue depuis réalisatrice et mère de famille, s’inspire de son proprecombat contre la maladie. Elle réunit dans une maison de campagne des amies qui ont traversé la même épreuve.Avec franchise, et souvent pour la première fois, Isabelle, Marlène et Annie, qu’Hélène a connues au moment dutournage du film de Mme Prégent, parlent de ce qu’elles ont vécu. Leur retour vers le passé est mis en perspectivepar le témoignage de Charlotte, 17 ans, qui raconte son enfer quotidien lié à l’anorexie.

Le voyage de NadiaRéalisation par Carmen Garcia et Nadia Zouaoui(Office national du film, 2006, 72 min.)À 19 ans, la Kabyle Nadia Zouaoui a été arrachée deforce à son village de Tazmalt et mariée à uncompatriote émigré au Québec, deux fois plus âgéqu’elle, qui l’avait choisie à partir d’une photo. Après18 ans d’absence, elle revient au pays de sa jeunessepour voir si les choses ont changé. Elle a égalementcomme but de briser le mur du silence afin decomprendre ce qui, dans cette région montagneusede l’Algérie, freine l’émancipation des femmes. Sonparcours est enrichi de témoignages de femmes etd’hommes de tous les âges, interrogés sur leuradhésion à des traditions séculaires extrêmementrépressives. Elle révèle l’étendue du malheur d’êtrefemme dans cette culture patriarcale renforcée parla tradition musulmane. Les femmes qu’elle nousprésente ont été littéralement exclues du monde,soustraites aux études, mariées à douze ou quinzeans, souvent battues, soumises de force aux dogmesd’une coutume obsédée par la virginité et quimaintient les femmes dans un état de servitude d’unautre âge.

Le voyage de Nadia laisse entrevoir que lechangement passe nécessairement par l’éducationet par l’impact des médias étrangers quiapportent aux femmes d’autres images de la vieen société. Bien que les traditions défient encorela modernité, des changements positifs émergent.De plus en plus de jeunes femmes kabyles osentrevendiquer un plus grand équilibre et plus dejustice entre les sexes.

Féminisation de la profession médicale ettransformation de la pratique au QuébecAndré-Pierre Contandriopoulos et Marc-André Fournier(Groupe de recherche interdisciplinaire en santé, 2007)Grâce à une étude réalisée par le Groupe de rechercheinterdisciplinaire en santé de l’Université de Montréal,commandée par l’Association médicale du Québec, nous savonsmaintenant que la féminisation de la médecine a entraîné denombreux impacts positifs pour l’ensemble de la professionmédicale. Cette recherche sur l’impact de la féminisation de laprofession médicale, sur les modes de pratique et sur le choix desspécialités permet de défaire certains mythes entourant laprésence des femmes médecins dans la profession. Selon lesrésultats de l’étude, signalons que les femmes omnipraticiennesvoient en cabinet environ 15 % moins de patients par heure queleurs confrères masculins, ce qui signifie qu’elles passent un peuplus de temps avec chaque patient. De façon générale, nousapprenons que les femmes communiquent mieux et établissentde meilleures relations avec leurs patients que les hommes, ce quise traduit par une plus grande satisfaction des patients et parune amélioration de l’efficacité des interventions préventives etcuratives. Aussi à noter, les femmes ont, en général, plusd’aptitudes pour assurer un leadership dans la mise en place et lefonctionnement d’équipes multidisciplinaires. La féminisationpourrait donc faciliter l’implantation de réseaux intégrés de soinsainsi que la réorganisation du système de santé, tout encontribuant à l’amélioration de l’accès aux services et de laqualité de ceux-ci. Elles ont, en outre, une approche plusholistique et orientée vers la prévention.Disponible en ligne :www.amq.ca/fra/PDF/feminisation_final.pdf

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40 PRINTEMPS/ÉTÉ 2008 LE RÉSEAU CANADIEN POUR LA SANTÉ DES FEMMES

CE QUE NOUS LISONS r e s s o u r c e s r e c o m m a n d é e s p a r n o t r e b i b l i o t h é c a i r e

Authentik – Le magazine des filles vraiesAuthentik est un magazine québécois féministe pour adolescentes,conçu par des jeunes filles de la maison des jeunes Bordeaux-Cartierville, à Montréal, dans le cadre d´un projet de sensibilisation àl’hypersexualisation. Cette revue propose un contenu varié et sérieux,touchant au passage des sujets comme le vrai sens de la beauté oudonnant même des trucs pour démasquer les manipulateurs.Disponible en ligne à www.magauthentik.com/

Le mystère Alzheimer :l’accompagnement, une voie de compassionMarie Gendron(Les Éditions de l’Homme, 2008)La maladie d’Alzheimer est untrouble évolutif du cerveau, quiporte gravement atteinte à lafaculté de penser et à la mémoire.Les femmes sont davantagetouchées par la maladie que leshommes. Notamment, ellesreprésentent plus du 2/3 despersonnes de 65 ans et plus atteintesde la maladie. Par ailleurs, la plupartdes aidants sont des femmes.

À long terme, cette maladiecomporte des conséquences surl’ensemble des aspects de la vie dela personne atteinte, c’est-à-diresur sa façon de penser et sur sesagissements. Un diagnosticd’Alzheimer suscite une multitudede questions, tant pour les patientsque pour leurs proches. Dans celivre, l’auteure répond à cesquestions, tout en offrant dessuggestions pour accompagner lapersonne atteinte, dans le respectde sa dignité.

Travail du sexe : 14 réponses à vos questionsMaria Nengeh Mensah(Stella et le Service aux collectivités de l’UQAM, 2007)Les travailleuses du sexe font l’objet de nombreux préjugés et stéréotypes, une situation qui influence fortementleurs conditions de vie, de travail et de santé. Cette brochure s’adresse aux professionnels des services sociaux etde santé, aux policiers, aux intervenants communautaires, judiciaires et gouvernementaux, et aux médias. Ellevise à faire la lumière sur un certain nombre d’idées préconçues concernant le travail du sexe, et proposequelques pistes afin d’améliorer les services et offrir à ces femmes des accompagnements respectueux etempathiques.Disponible en ligne à www.chezstella.org/stella/?q=14reponses

Mythe : la publicité s’adressant directement au consommateurpermet d’informer le patient(Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, 2007)Que ce soit en regardant la télévision ou en feuilletant une revue,nous sommes constamment sollicités par des publicités qui cherchent ànous vendre des produits pharmaceutiques. Les sociétéspharmaceutiques et leurs alliés font souvent valoir l’intérêt éducatifd’une telle publicité. Ils soutiennent qu’elle peut sensibiliser le public àl’efficacité des nouveaux traitements et améliorer la santé globale desCanadiens en les aidant à reconnaître les symptômes précoces et en lesinformant des options de traitement possibles.

À bas les mythes est une série qui résume les résultats de rechercheet présente des données qui vont à l’encontre de la croyance populaireen matière de services de santé au Canada. Cet article examine lavaleur éducative réelle de la publicité directe de médicamentsd’ordonnance. Les auteurs constatent que loin d’informer le public, cespubs servent surtout à mousser la vente des médicaments etaugmenter les profits qui en découlent.Disponible en ligne à www.chsrf.ca/mythbusters/pdf/myth27_f.pdf