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EHESS Catholicisme français contemporain: Variété et limites de ses dénombrements Author(s): Jacques Maitre Source: Archives de sociologie des religions, 1ère Année, No. 2 (Jul. - Dec., 1956), pp. 27-38 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30119809 . Accessed: 14/06/2014 12:25 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.49 on Sat, 14 Jun 2014 12:25:23 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Catholicisme français contemporain: Variété et limites de ses dénombrements

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Catholicisme français contemporain: Variété et limites de ses dénombrementsAuthor(s): Jacques MaitreSource: Archives de sociologie des religions, 1ère Année, No. 2 (Jul. - Dec., 1956), pp. 27-38Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30119809 .

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II

CATHOLICISME FRANCAIS CONTEMPORAIN VARIETE ET LIMITES DE SES DENOMBREMENTS*

ETTE ETTE communication n'entend pas brosser un tableau de l'ensemble

des recherches de langue frangaise dans le domaine gdndral de la sociologie des religions ni mime dans le domaine plus spdcifique de la sociologie du ou des christianismes (1).

Se rdfkrant au domaine spdcifiquement et triplement dilimit 1) du catholicisme; 2) frangais ; 3) contemporain, elle ne pritend mame pas inumbrer ou dicrire toutes les recherches relevant directement ou indi- rectement de ce domaine (2). On voudrait ici simplement relever, analyser, et si possible synthitiser les rdponses susceptibles d'8tre fournies par ]a vague de dinombrement des 25 dernieres annies, paroissiens, cantonaux ou diocdsains, $ la question d'une iventuelle mesure globale de la popu- lation frangaise contemporaine.

Encore faut-il priciser de quel type de mesure il s'agit ici. Gandrale- ment et approximativement en effet 4 types de mesures sont actuellement susceptibles de se presenter:

1) Les rubriques privues & cet effet dans les recensements nationaux. Cette opiration, rdalisde au XIXe sidcle en France (3) et au XXe si~cle dans d'assez nombreux pays, n'a plus cours dans notre pays.

2) Les recensements denominationnels entrepris A un ichelon national sur une base statistique systimatique et pour leur propre compte par des

* Communication prbsentbe t la r&union consacrre A la sociologie des religions dans le cadre du Congrbs International de Sociologie (Amsterdam, aofit 1956).

(1) Ces recherches, dans la mesure of elles ont donn6 lieu t publication, ont d'ailleurs genbralement 6t6 fichdes in: (( Sociologie des religions n, numbro sp6cial de La Sociologie contem- poraine, 1956, no 1, UNESCO.

(2) Cf. sur ce sujet les diffirentes annexes de G. LEi BRAS in: Etudes de Sociologie Reli- gieuse.

(3) Cf. E. POULAT, supr., p. 000.

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ensembles dinominationnels divers (dglises, confessions, dinominations, (( sectes >). La sdrie du Kirchliches Handbuch pour le catholicisme et celle du Year Book of American Churches pour un protestantisme interdino- minationnel en fournissent de bons ichantillons. La France n'offre igale- ment lk aucune tentative comparable.

3) Les ivaluations par sondage, procidure rapide, permettant l'uti- lisation d'un questionnaire souvent complexe et ditaillh sur un ichan- tillonnage que des precautions mathimatiques et psychologiques s'effor- cent de rendre reprisentatif. Ce type de mesure a dtd reprisenti en France principalement par l'enqubte que mena en 1952 l'Institut frangais de l'opinion publique (4).

4) Le quatribme type de mesure est celui dont il s'agit ici. Il consiste en un inventaire semi-standardisi, semi-dispersa portant sur des relevis A la fois de comportement et de situations, pour tendre, de proche en proche, sur une ichelle paroissiale, cantonale, diocdsaine, voire inter- diocdsaine, A mettre en correlation des ilhments de stratification sociale

(gindralement Ages, sexes et statuts socio-professionnels) et des blhments de diffdrenciation proprement religieuse (empruntis selon la classifica- tion de G. Le Bras au rythme de la pratique extirieure (ou de la non- pratique): ditachis, saisonniers, riguliers, fervents).

En fait ce genre de dinombrement a connu en France un essor certainement incomparable. On n'entend pas ici en dresser la ,nomencla- ture (5). Mais dans le cadre de cette confrontation internationale, il semble indiqud d'en esquisser un bilan en quelque sorte comptable, permettant d'dvaluer le volume et la signification des recherches effectudes. Ce sera en mime temps souligner l'originalitd de cette initiative frangaise et en pressen- tir les limites ou les difficultis. La conclusion proposde sera que ces difficultis sont doubles: d'une part les mithodes employdes pour les enqubtes prd- sentent des dispersions et des faiblesses qui deviennent trbs nettes dbs que I'on se place ? un point de vue ritrospectif; d'autre part, l'accumu- lation des chiffres et des renseignements de toute sorte nous permet de

(4) Menbe du 30 sofit au 6 septembre 1952, cette enquite a fait I'objet de plusieurs articles et brochures. Georges Rotvand en prbsenta les rbsultats sous le titre (( La vdrite sur la pratique et les sentiments religieux des Frangais a dans Realites, novembre 1952, pp. 36-44. Les bliments de la poldmique qui s'ensuivit et les rdsultats ddtaillis de l'enquate furent rdunis ultdrieurement en brochure: La France est-elle encore catholique ? sur-titr6 : (( Les Frangais ont la parole , avertissement de Jean STOETZEL, Paris, Les Presses d'aujourd'hui, s.d., collection Rdalitbs. Fernand BOULARD formula des critiques basbes sur les enquites diocdsaines rbalishes avec le concours des cures, voir: F. BOULARD: ( L'enquate sur la pratique religieuse de (( Rdalites (, Cahiers du Clergd rural, janvier 1953, pp. 41-44, et (( La France est-elle un pays de mission ? n, Cahiers du clergd rural, mars 1953, pp. 97-98 (article qui complete le pricident).

Il y a eu antirieurement en France d'autres enqubtes par sondage sur des problimes ana- logues. Voir, par exemple, ( L'assiduith religieuse , Sondages, 16 avril 1946, p. 106; ((Une enquite internationale, la religion dans le monde n, Sondages, 1er fdvrier 1948, pp. 31-33; (( Les f~tes n, Sondages, ler fivrier 1949, pp. 1-12.

(5) Voir: Gabriel LE BRAS, Etudes de Sociologie Religieuse, t. ii, Paris, P.U.F., 1956. Annexe III: (( Nomenclature des enquates sur la pratique urbaine en France n, pp. 482 sq., et annexe IV: < Ddveloppements rdcents de la sociologie du catholicisme en France et dans le monde n, pp. 745 sq.

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LE CATHOLICISME FRANCAIS CONTEMPORAIN

mieux repdrer les secteurs sur lesquels l'avancie de la dicouverte a Ctd la moins rapide, le principal de ces secteurs 4tant celui de la recherche des causes (6).

En outre ne sont pas indiquies dans ce bilan les enquetes qui ont cherchi soit $ formuler un (( contact global )) avec une r~gion, soit A ana- lyser profondiment les facteurs sociologiques en jeu dans une localitd on un secteur. Seuls sont retenus les travaux cherchant ? dinombrer les personnes rdpondant A divers crit~res d'appartenance, ? travers les degris de la pratique. Ils sont envisagds selon le dyptique qui preside A leur distribution: la France rurale, la France urbaine.

La France rurale

De la collaboration 6troite 6tablie entre Gabriel Le Bras et Fernand Boulard est sortie notamment une (( Carte religieuse de la France rurale s,

iditie en 1947 et mise A jour depuis lors (7). Cette carte, tres connue,

(6) On se bornera volontairement ici ? 6voquer les difficultis me'thodologiques sans entrer dans le champ des difficultbs proprement dpistemologiques (Vg. la fameuse question de la mesure quantitative de la qualitb ou de la vitalit4 religieuse) ni naturellement des difficultbs - i notre avis beaucoup plus importantes - soulev~es par les trois premiers types de proc~dure.

(7) Gabriel LE BRAS lan9a l'idbe d'enquites sur la pratique et de cartes donnant une vue d'ensemble des rdsultats ((( Pour un examen ddtaillk et pour une explication historique de l'4tat du catholicisme dans les diverses rbgions de France n, Revue d'Histoire de l'Eglise de France, 1931, no xvII, pp. 425-449). Une campagne de recherches se d6veloppa progressivement, jalonnie notamment par les travaux d'Economie et Humanisme et par la publication, en 1945, des deux volumes de Fernand BOULARD : Probldmes missionnaires de la France rurale, Paris, Editions du Cerf. La ( Carte religieuse de la France rurale a fut publike pour la premiire fois par les Cahiers du Clergi rural de novembre 1947. Une deuxiime edition mise i jour a 4t6 faite en janvier 1952 (Paris, Les Cahiers du Clerg4 rural, 13, rue du Docteur-Roux, 15e arr.) dans le format 43 x 44 cm. Elle est reproduite en dipliant dans Gabriel LE BRAS, Etudes de Sociologie religieuse, t. I, Paris, P.U.F., 1955, en face de I'annexe II, p. 325, et mise i jour pour avril-mai 1954 dans Fernand BOULARD, Premiers itindraires en sociologie religieuse, Paris, Les Editions Ouvriires, 1954, i la fin du volume. Dans sa forme initiale ou dans sa forme mise A jour, elle a 4t6 6gale- ment reproduite par des ouvrages varies, par exemple : Frangois GOGUEL, Geographie des dlec- tions frangaises de 1870 & 1951, Paris, A. Colin, 1951, et par des pbriodiques comme Population (qui a fait des rapprochements avec la carte des taux de ficonditd), La Vie Catholique Illustrede, Les Cahiers Internationaux, Le Monde, etc., certains de ces pbriodiques ayant d'ailleurs n6glig6 de demander l'autorisation des auteurs de la carte.

Sur les mdthodes employees pour le ddpouillement des enquates rurales et pour I'6ta- blissement de la carte, on trouve de nombreux 6l1ments dans les ouvrages pricit(s.

Des indi- cations pricieuses ont it4 prdsenties en outre dans une sbrie d'articles de Fernand BOULARD, publids par les Cahiers du Clergy rural sous la rubrique: ((La pratique religieuse n; ce sont, par ordre chronologique: ((Les enseignements d'une statistique par Age (novembre 1947, pp. 423-425), ((< Ce que peut rivbler une statistique par groupe de professions n (mai 1948, pp. 229-233), (( ~ne statistique par Age n (octobre 1948, pp. 363-364), (( Une m6thode de repr&- sentation graphique n (fdvrier 1950, pp. 69-76); I'auteur a Agalement donn6 des notes synth6- tiques dans la mime revue: << ((La carte religieuse de la France rurale n (juin-juillet 1952, pp. 248-250) et (( Ohil en est la sociologie religieuse en France ? > (aoxit-septembre 1953, pp. 323- 332).

Sur les questionnaires utilisis, voir ci-dessous, note 10. Pour des commentaires sur l'allure g6nerale de la carte, on peut se reporter notamment i

Gabriel LE BRAs, ( Description de la France catholique ,, Nouvelle Revue Theologique, sept.-

oct. 1948, pp. 835-845.

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constitue une sorte de synthbse des matiriaux statistiques accumulhs depuis 25 ans sur la pratique religieuse dans les campagnes frangaises. Des riflexions mithodologiques sur cette carte sont done de nature a nous fournir le point de dipart d'un bilan.

La population atteinte

Quelles est la fraction de la population frangaise dont l'itude a servi de base a l'itablissement de la carte ? F. Boulard la difinit ainsi: <( Cette carte est (...) une carte rurale. Le premier soin a done 4td d'en iliminer les villes. En prenant le critbre de 200 habitants au kilomhtre carrd, on a pu faire apparaitre en taches noires les villes et leurs banlieues, ainsi Paris, Lyon ou Marseille, dgalement les bassins miniers et les zones industrielles, comme les rigions de Bithune, Lille ou Le Creusot. Les autres villes sont teinties conventionnellement comme la campagne qui les environne )) (8).

Il ressort de ces indications que deux critbres ont prdsidd & la ddfini- tion des zones urbaines situdes en principe hors du champ de l'investi- gation.

- Un critbre de densitd: zones urbaines comprenant plus de 200 habitants au km2. Ces zones sur la carte ont itd teinties en noir. Le commentaire ne pr6cise pas lui-m~me le nombre d'habitants qui s'y trouvent implantds. L'I.N.S.E.E. a simplement 6tabli la liste des cantons entrant dans cette catdgorie (tableau inddit), mais n'en a pas calculd la population.

- Un critbre de taille: < Les autres villes ;, ajoute le commentaire de la carte, <( sont teinties conventionnellement comme la campagne qui les environne

). Quelles sont ces ( autres villes )

ainsi ((teintees conven- tionnellement n ? L'auteur, consulti oralement sur ce point, nous a pricis6 qu'on pouvait retenir comme critbre une taille de population ddpassant 8.000 habitants agglomirds. On verra plus loin que cet 4tiage correspond aux possibilitis d'application des mithodes d'enqu~te qui out servi $ l'dtablissement des statistiques dont la carte entend 4tablir la synthhse. Mais iL est utile de noter que la population visde - celle des communes de moins de 3.000 habitants - n'atteindrait pas 19 millions et reprd- senterait done une minorit6 de la population frangaise. Toutefois, nous verrons ci-dessous que la < reprisentativiti de cette carte ddborde en fait largement cette limite. Ajoutons 6galement que, par des procidures complexes et impossibles a gindraliser, on est parvenu & obtenir des rdponses completes aux questionnaires du type << ((rural )) (c'est-?-dire par des calculs faits directement par le clerg6 sur toute la population et non par une consultation auprds des messalisants) dans des paroisses allant jusqu'& 8.000 habitants.

(8) F. BOULAD, Premiers itindraires, op. cit., p. 20.

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Ces considerations statistiques visent pour l'instant 8 iliminer deux difficultis: a) les procedures cartographiques un peu floues utilisdes risqueraient peut-8tre d'induire A tort certains utilisateurs t voir dans le document que nous itudions une ((carte complete de la pratique reli- gieuse) (9) ; b) les enqu~tes sur les villes ont 4td conduites par des mithodes hit~rogenes B celle des campagnes, et devront 8tre traities L part.

On notera en particulier que les questionnaires mis au point par Fernand Boulard, ((fiche A ) et ((fiche B ) (10) ont itd souvent utilisis par des cures de paroisses de petites villes. Mais on a procid6 alors par des comptages (de chaises, d'unitis monitaires B la quote, d'images distributes, d'actes enregistris, etc...) et on n'a pas rdpondu aux ques- tions concernant l'Age ou les catigories socio-professionnelles. De cette faFon, la mithode rencontre d'elle-m~me une limite naturelle d'application qui n'est pas difinie a priori: on tire de la mithode tout ce qu'elle peut donner et c'est aprbs coup qu'une ( enquate sur les enqu~tes donnera des rbgles d'utilisation des risultats.

La varidte des procidures

Quelles sont les mithodes d'enquetes qui ont servi dans les campagnes? En partant des notes publides par Fernand Boulard et des indications plus rdcentes qu'il a donnies oralement, on peut, en premiere approxi- mation (11), ventiler les populations 6tudides par les principales m~thodes.

(9) F. BovULARD, dans ses Premiers itineraires, ouvr. cite, d~clarait lui-m~me: < C'6tait la premiere fois qu'une nation au monde publiait sa carte complkte de la pratique religieuse n (p. 14). Mais cette ~pithate (soulign~e par nous) 4tait 6videmment Q interpreter dans les limites du titre de la carte elle-mime (( Carte religieuse de la France rurale (soulign4 par nous). C'est-8- dire que la carte est < complkte en ce sens que tous les cantons sont repr6sentes, (mais non toute la population).

(10) En 1946, F. BOULARD et G. LE Bmus firent proposer ? tous les diochses, par le Secr&- tariat de I'episcopat, un questionnaire minimum qui est connu sous le nom de ((fiche An ; la (( fiche B , en est une version plus complete et ses auteurs continuent A l'amdliorer en la rendant plus precise ; dans les deux cas, il s'agit d'une grille que le curt de chaque paroisse remplit en dbnombrant les habitants et les diverses categories de non-catholiques, puis, en distinguant les sexes, en comptant les catholiques, les pascalisants et les messalisants par tranches d'&ge et par professions, enfin en relevant les nombres d'enfants baptisis, catichis~s ou faisant la commu- nion solennelle. L'emploi de ces fiches s'est giniralish, parfois dans le cadre d'enqu~tes compre- nant 6galement d'autres questionnaires permettant de rep(rer les facteurs sociaux et bconomiques locaux. De plus, la (( fiche B

, a complktement remplac6 la (( fiche A n, ce qui correspond au fait

que le clerg4 sait aujourd'hui utiliser des instruments plus complexes et donner des r~ponses qualitativement bien meilleures qu'il y a dix ans. Ce ph~nomne de formation sociologique du clerg6 - formation 416mentaire mais massive - constitue en lui-m~me un effet fort int6ressant des enquites, qui r~agissent sur les enquiteurs et accroissent par Id dans des proportions consi- d6rable le nombre de ceux qui prennent conscience des facteurs sociaux de la vie religieuse.

(11) Comme nous I'avons soulign4 tout g l'heure, les 4l1ments qui servent de point de dbpart & notre calcul sont trop vagues pour que I'on puisse aboutir g des rsultats plus precis qu'un ordre de grandeur. De plus, nous avons class6 les enquites en cours comme si elles 6taient termindes.

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Les principales variables sont de date (avant 1940, aprbs 1940) et de procidure:

a) questionnaire adressi au curd de la paroisse; b) classement typologique du doyenn6 par un observateur dioc6sain

qualifid ou par les doyens; c) consultation directe d'une population messalisante.

On peut regrouper ces enqu~tes en 4 types: 1) les enqubtes postirieures h 1940 et reposant sur un questionnaire

adressi au curd de chaque paroisse (pratique religieuse par classes d'Ages et par catigories socio-professionnelles) auraient touchi plus de 60% des populations rurales;

2) c'est pour moins de 10% des populations rurales que l'on doit se contenter d'enqu6tes analogues plus anciennes (antirieures h 1940);

3) A difaut d'une enqu~te aupres des curds, on a c]assi les doyennds selon les catigories A, B, C (45% au moins de pascalisants adultes; conformisme saisonnier gdndral; au moins 20% d'enfants non baptisis ou non catichisis); ce classement a 4td 4tabli dans chaque diocese par des < observateurs qualifids n appartenant a la hidrarchie. Cette mithode un peu rudimentaire aurait it4 utilisde pour au moins 80% de la popu- lation rurale;

4) enfin, une consultation directe auprbs de tous ceux qui ont assistd & la messe un dimanche ordinaire ditermind a dtd effectude dans l'en- semble du diochse pour Paris, Versailles, Marseille, Nice et Chalons. Nous en parlerons tout A l'heure, car il s'agit surtout de zones fortement urba- nisdes; mais il convient de priciser que, pour le diocese de Versailles par exemple, on a pros de 400.000 personnes domicilides dans des communes de moins de 3.000 habitants.

Quant a la procidure de reprisentation cartographique, c'est 1a une question qui ddpasse de beaucoup le probl!me de cette carte elle-meme. En effet, sur ce point, les hitdroginditis et les imperfections traduisent dans une large mesure l'itat de la recherche elle-meme. La carte ne pouvait pas 6tre plus precise que ses matiriaux statistiques ilabords a partir d'observations en ordre dispersa. Et ses auteurs sont les premiers a encourager les requites que peut soulever un aussi monumental document. C'est dans cet esprit qu'on se permet d'inumbrer ici quelques difficultis de la reprisentation cartographique.

1) Rappelons pour mimoire la solution mixte et trop peu parlante employde pour les villes. I1 faut en trouver probablement la raison dans deux faits: d'une part, les zones g forte densiti teinties en noir entre- raient presque entibrement, selon la classification tripartite (A, B, C), dans la catigorie C des <( pays de mission ) (12); d'autre part, la grande

(12) C'est ce que d6clare F. BoULARD lui-mame: ((Les cantons class6s en catbgorie C, a pays de mission ,, sont au nombre de 110 sur un total de plus de 3.000. Mais il faudrait ajouter d cette catigorie presque toutes les grandes villes ~. Op. cit., p. 24 (souligna par nous).

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LE CATHOLICISME FRANCAIS CONTEMPORAIN

masse de la population a dtd 6tudide A travers la connaissance que le curd a de sa paroisse. La premiere remarque rdsoud le problhme de la reprisentation des grandes villes g l'dchelle de la carte; la seconde impli- que que la pricision des rdsultats dicroit a mesure que l'on considbre des paroisses plus peuplies. Ainsi, l'alignement conventionnel des teintes des villes moyennes correspond aux limites des possibilitis de l'instrument d'investigation qui a seul permis de difricher massivement le domaine de la pratique religieuse dans les campagnes frangaises. Certains estiment d'ailleurs que les petites villes (jusqu'h 30.000 ou m6me 50.000 habitants) prdsentent d'ordinaire des pourcentages de pratique analogues ~ ceux des campagnes environnantes. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles on a pu ddvelopper massivement la sociographie religieuse rurale sans s'4tre attache & difinir trbs exactement les limites du monde (( rural )).

2) Pour les religions autres que le catholicisme, le caractbre rural des populations itudides a fait dcarter la reprdsentation des israilites et des musulmans. Seul a 4td retenu le protestantisme; mais le mode de reprisentation ne signale que les cantons comprenant plus de 500 pro- testants ruraux; il s'agit en quelque sorte d'une densitd administrative que l'on ne peut pas comparer directement aux proportions de catholiques pratiquants par rapport ? l'ensemble de la population. De plus, il semble que le critere utilisd pour le dinombrement des protestants soit simplement la rdponse des pr6tres catholiques g la question: (( Nombre de protestants (dans la paroisse) ? >. Or, on sait que la nature m6me des diverses dino- minations du protestantisme frangais rend assez prudent devant un tel dinombrement (13).

3) Le choix du canton comme blhment territorial de base pour la carte constitue un compromis entre la ndcessitd de descendre A un ache- lon infirieur au dipartement (dtant donna que les taux de pratique different souvent beaucoup ? l'intirieur d'un meme ddpartement) et de disposer cependant d'une carte lisible. De toute fagon, dans les nombreux cas ofi l'on ne dispose pas de rdsultats prdcis pour l'ensemble d'un diocese, paroisse par paroisse, il n'est pas possible actuellement de faire des evaluations sdrieuses \ une ichelle plus fine que celle du canton. On notera toutefois qu'il existe une carte de la pratique religieuse belge par paroisses (dditde en 1952 par les Editions du Dimanche, A Mons) et, pour la France m~me, des cartes par paroisse pour certains dioceses (par exemple, Versailles, Siez, etc...) ou pour certaines zones.

4) Le choix des cadres typologiques (zones A, B et C) rdpond au souci de mettre en relief les zones o0i l'dvangdlisation se trouve en des positions diffdrentes et qui rdclament done des mdthodes pastorales diff//direntes (14). On pourrait envisager d'autres critbres. F. Boulard lui-m~me poursuit

(13) Cf. les remarques prdsenthes sur ce sujet par E.G. L1ONARD dans sa propre communi- cation, infr., p. 39.

(14) F. BOULAnD, (( La carte religieuse de la France rurale n, Cahiers du Clerg6 rural, juin- juil. 1952, p. 250.

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<<l'dtablissement d'une carte par cantons, qui comporte 11 niveaux diffdrents de pratique religieuse (de 0 ? 100%). Cette carte ne pourra 6tre publide - si elle I'est jamais - que lorsque tous les dioceses auront fait une enqu~te gdndrale (15). On retrouve encore I les limites imposdes par I'dtat actuel des enqu~tes rdalisdes. Mais I'intdr~t de cette carte en prdparation vient de ce qu'elle serait une vdritable carte de la pratique, alors que la (( Carte religieuse de la France rurale a reflkte essentiellement des ((positions diffdrentes en face de I'dvangdlisation. Cet exemple montre comment il faut tenir compte des prdoccupations des enqu~teurs, pour pouvoir situer leurs travaux sociographiques dans la perspective de la sociologie des religions.

Les villes

Comme il a dtd indiqud tout a l'heure, les paroisses A grosse popu- lation ne peuvent pas 6tre dtudides avec pricision a partir des seuls ren- seignements fournis par les curds. C'est pourquoi on a mis au point la mdthode des consultations, utilisant un questionnaire distribud g tous ceux qui assistent ? la messe un dimanche ordinaire sur le territoire de la paroisse. Inaugurde en 1950 par Jacques Petit (16), cette mithode a pris depuis cette date une grande extension.

Il est trbs difficile d'dtablir une liste complhte des consultations dominicales rdalisdes en France depuis 6 ans. Nous avons recueilli des indications auprbs de divers organismes compdtents; mais ces organismes, qui ont mis si volontiers leur documentation & notre disposition, ne cen- tralisent eux-memes que des renseignements parfois fragmentaires et souvent limitds par les exigences strictement pastorales qui prdsident A leur collection. Il serait nicessaire, pour amdliorer la collaboration entre ceux que leurs responsabilitis orientent vers la pastorale et ceux qui font profession de recherche scientifique que c<le Groupe de Sociologie des Religions )) soit aliment6 en documentation et en remarques critiques par tous ceux qui en ont la possibilitd. De cette fagon, la discussion s'dl1ve- rait bien au-dessus du niveau de ce bilan provisoire et apporterait une lumiere nouvelle dans les travaux des uns et des autres.

Dans I'itat actuel de nos informations, on peut dire que: 1) Les communes de plus de 3.000 et de moins de 30.000 habitants

comprennent au total 11.098.710 h.; celles qui ont fait I'objet d'une consultation dominicale comprendraient trbs approximativement pros de 3.000.000 d'habitants; toutefois, il ne s'agit pas seulement de la France ( rurale ) au sens de la carte de Fernand Boulard, car ces communes sont situdes, pour leur presque totalitd, dans la rdgion parisienne, zone a forte densitd de population qui a dtd entibrement couverte par une consultation

(15) Ibid., pp. 250-251. (16) Cf. Jacques PETIT, ((Structure sociale et vie religieuse d'une paroisse parisienne n

(avant-propos et notes par Frangois ISAMBERT), Archives de Sociologie des Religions, n0 1, 1956, pp. 71-127.

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LB CATHOLICISME FRANCAIS CONTEMPORAIN

dominicale simultan~e dans la Seine et la Seine-et-Oise. Toutefois, nous savons que beaucoup d'enqu~tes de ce type nous ont dchappd; maintes consultations dominicales dans des petites villes sont resties inapergues des organismes sociologiques nationaux; d'autres consultations ont pris place dans une enquite g~ndrale dioecsaine; ce dernier cas est de plus en plus frequent pour les enquites r~eentes (comme dans le diocese de Coutances) ou en cours (par exemple dans le diocese de Poitiers); il y a l1 une nette evolution vers une articulation mithodique des enquites de type rural et des consultations dominicales urbaines dans le cadre d'une etude systimatique a l'~chelle du diocese. Notons par ailleurs que les consultations isolhes que nous avons repires portent souvent sur des petites villes tres industrialisdes.

2) Les villes ayant entre 30.000 et 100.000 habitants comprennent au total presque 5 millions d'habitants; les consultations dominicales auraient portd sur des paroisses dont la population totale s'dleverait B pros de 3 millions d'habitants, soit plus de la moiti6 de l'ensemble de toutes les populations comprises dans cette tranche. Cependant, il faut noter ici encore I'appoint massif de la rigion parisienne, alors que la Seine et la Seine-et-Oise ne comprennent que le tiers des villes frangaises ayant entre 30.000 et 100.000 habitants.

3) Pour les villes (17) ayant entre 100.000 et 200.000 habitants, soit au total environ 2 millions de personnes, nous avons connaissance de 8 villes ayant fait l'objet d'une consultation dominicale; il faut ajouter 3 paroisses de Rouen et le bassin minier de Lens. Au total, les consultations correspondent a une population de plus de 1.250.000 personnes, soit la majeure partie des populations comprises dans cette tranche.

4) Les 8 villes de plus de 200.000 habitants (18), totalisant 5.127.881 personnes, ont toutes it4 touchies, ce qui reprisente un effort consi- derable.

Ajoutons qu'il se dessine une tendance A faire des consultations dominicales gindrales dans tout un diocese, y compris dans les paroisses rurales. L'homogindit6 de la mithode comporte certainement des avan- tages, mais on peut penser que, g la campagne, une enquite sdrieuse auprbs des curds donne plus de renseignements; il est vrai que les deux procedures ne s'excluent pas. Pour la Seine et la Seine-et-Oise, of la consultation s'est faite le m~me jour, on a eu l'avantage de pouvoir (( photographier ) les diplacements des personnes qui assistent t la messe hors de leur paroisse. Marseille est un diocese presque uniquement urbain. Nice est igalement un chef-lieu hypertrophiC, mais avec des zones rurales. Enfin, Chtlons est en grande partie un diocese rural. On voit que, pour ces cinq dioceses oh on a fait une consultation gindrale, la proportion des zones urbaines et des zones rurales varie dans une large mesure.

(17) Ce sont, par ordre de taille dacroissante : Lille, St-Etienne, Toulon, Le Havre, Nancy, Rennes, Reims, Rouen, Grenoble, Clermnont-Ferrand, Dijon, Le Mans, Brest, Roubaix, Limoges, Angers (les noms de celles qui ont 4tl consultbes sont souligans); pour Rouen, il ne s'agit que de 3 paroisses seulement.

(18) Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg.

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

On peut synth6tiser ces risultats dans le tableau suivant:

Population totale Population atteinte Communes classdes (au recensement par une consultation

(( urbaines ,, de 1954) dominicale*

de 3.000 ? 30.000 habitants 11.098.710 3.000.000 environ de 30.000 A 100.000 - 4.964.176 3.000.000 -

de 100.000 A 200.000 - 2.077.855 1.250.000 - ** (16 villes)

de plus de 200.000 - 5.127.831 5.127.881 - (8 villes)

Total 23.268.072 12.400.000 environ

* Ces chiffres, faut-il le priciser, s'entendent, non de la population consultde lors de la consultation dominicale, mais de la population totale gbographiquement implantee sur le territoire des paroisses ayant proc6d6 i une telle consultation.

** Y compris le bassin minier de Lens (29 paroisses).

On arrive done ? un total approximatif qui ddpasse 12 millions de personnes habitant les paroisses dans lesquelles on a procdd & une consul- tation dominicale; rip6tons-le : il s'agit seulement d'un ordre de grandeur ; mais il est clair que c'est 1h un nombre assez dlevd, qui indique & quelle vitesse la contagion a gagnd une grande partie de la France.

Toutefois, 1k aussi, il est ndcessaire de souligner la grande dispersion des mdthodes, non seulement dans la forme matirielle des questionnaires, mais aussi dans I'itablissement des questions. Les difinitions de base sont m~me loin d'8tre univoques, notamment pour les catigories socio- professionnelles. Dans ces conditions, il serait impossible, par exemple, d'dtablir avec certitude une carte de la pratique ouvribre pour l'ensemble de la France, bien que cette question ait souvent itd au premier rang des prdoccupations des enqu~teurs & l'dchelon local. De m~me, les limites des groupes d'Age n'ont pas 4td standardisds.

On remarquera 6galement que les risultats des consultations parois- siales donnent des renseignements sur les personnes venues B la messe un dimanche ddtermind, sans tenir compte des < excusds Idgitimes , ni meme de ceux qui ont assistd \ la messe ailleurs que dans l'aire de la consultation, alors que les enqubtes rurales concernent ceux qui y vien- nent habituellement ou piriodiquement (pour les fetes, par exemple), ou m6me elles font intervenir de prdfirence la proportion des baptisis, des catdchisds, des div6ts, des pascalisants surtout, etc...

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LE CATHOLICISME FRANCAIS CONTEMPORAIN

Des mithodes applicables aussi bien ? la ville qu'\ la campagne - comme le dinombrement des nouveaux-nds et des baptisis ? partir des statistiques officielles et des registres - sont connues et ont 4td expiri- menties, mais elles n'ont pas encore re~u l'application extensive des

procedures dont nous venons de faire le bilan. Le niveau de la recherche dans ce domaine est trbs bien illustri par la discussion qui s'est ilevie autour de la proportion des Frangais non baptisis dans la religion catho- lique; sur la foi de 1'Annuario Pontifico, 1'< Institut frangais d'opinion publique

, avait avanc6 en 1952 le chiffre de 9 millions, soit 20% de la

population totale. Par contre, sur la base d'extrapolations ? partir des dinombrements effectivement rdalisis, Fernand Boulard aboutit B un maximum de 2.750.000, y compris 1.300.000 Fran~ais d'ascendance non-catholique, soit 6% de la population. La difference est considdrable, si l'on tient compte du fait que le bapt~me est un acte enregistrd, dont l'existence dans chaque cas peut ~tre tranchie sans dquivoque par oui ou non, bien que des difficultis de dinombrement dicoulent de l'Age au

bapt~me et de la non-identiti de plus en plus friquente entre la localitd de naissance et la paroisse du bapt~me.

D'une fagon gindrale, on voit surgir progressivement des questions mithodologiques de plus en plus nombreuses. Ainsi, selon les indications qui nous ont itd fournies par Fernand Boulard, des pointages effectuds avec soin dans trois villes du diocese de Coutances (19) ont montri que le nombre des personnes allant (< habituellement d la messe du dimanche est largement supirieur (dans la proportion de 1,50 ou m~me 1,80 A 1) au nombre des assistants recensis par consultation dominicale. Cet 4cart traduit Q la fois une difference de vocabulaire (on consid~re d'ordinaire que ceux qui vont a la messe deux ou trois fois par mois y vont << habi- tuellement n) et un dicalage dfi aux moyens d'observation. I1 semble d'ailleurs que, dans cette premikre 6valuation, on ait sous-estimk le nombre de ceux qui itaient i la messe le jour de la consultation. On voit ce qui reste A faire pour rendre comparables les risultats des diff~rentes mithodes d'enquates.

C'est pourquoi, mgme dans les secteurs oi l'on applique des mithodes reposant sur des comptages pricis en matibre de pratique, bien des diffi- cultis subsistent. La standardisation souhaitable ne progresse qu'd grand peine, notamment g cause de la diversitd des prioccupations qui animent les promoteurs des enqubtes. Dans le circuit m~me des allhgeances eccl&- siastique , on rencontre, pour les paroisses rurales, B c6td des fiches de Fernand Boulard, les questionnaires trbs complexes d'<< Economie et Humanisme o qui visent surtout ? 6tablir une typologie des paroisses et qui ne sont pas destinds directement aux curds de campagne (lesquels sont parfois assez itonnis de se voir promus, sans prdparation technique, au mitier de sociologue), alors que d'autres organismes, comme le (< Centre pastoral des missions ~ l'intirieur ,, se prioccupent surtout d'amener les

(19) Coutances, Valognes et quelques paroisses de Cherbourg.

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

groupes locaux de militants laics A prendre une conscience plus exacte des rdalitis religieuses de leur paroisse. Dans le domaine urbain, on assiste A un foisonnement de formules encore plus dispersdes.

Dans l'itat actuel des choses, il devient peut-6tre ndcessaire de conce- voir et de rdaliser une enqutte sur les enquites, et le present bilan n'est au fond qu'une 4tude priliminaire destinde A priciser ce que celle-ci pourrait Stre. Un tel traitement sociologique des enqubtes rdalisdes A ce jour faciliterait le passage de la sociographie de la pratique du catho- licisme A la sociologie des religions des Frangais (20).

Jacques MAITRE.

Centre d'Etudes Sociologiques (C.N.R.S.).

(20) Un tableau des enqubtes rurales et urbaines sur l'appartenance au catholicisme a bt6 dress4 par J. Maitre, dioc~se par diocese (avec r6fdrences aux publications ayant bventuel- lement prbsentbes les rbsultats), pour &tre annex6 au prbsent article. Le manque de place nous oblige ? rbserver ce tableau pour la prochaine livraison des Archives (N.D.L.R.).

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