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Goncourt des Lycéens 2015 Critiques littéraires- Ecrites par les élèves de 1L1, Lycée Le Likès, QUIMPER 1

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Goncourt des Lycéens 2015Critiques littéraires-

Ecrites par les élèves de 1L1,

Lycée Le Likès, QUIMPER

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Lecteurs et contributeurs de ce recueil :

Maëllan CARRER, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Olivier Bleys……..p.45Hugo CUSSONNEAU, Soudain, seuls d’Isabelle Autissier………………………………………….p.15François-Régis FRIANT, Au pays du P’tit de Nicolas Fargue……………………………………..p.42Cécile GOURIO, Il était une ville de Thomas Reverdy……………………………………………… p.36Mervé KOYUNCU, Eva de Simon Liberati………………………………………………………………..p.23Florian LE BARS, Un amour impossible de Christine Angot………………………………………p.10Benjamin LECHAT, D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan………………………..p.7Tanya LE GALL, Ce pays qui te ressemble de Tobie Nathan………………………………………p.29Maëlys LE GOANVIC, Titus n’aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulay…………………….p.28Enora LE GOFF, Un amour impossible de Christine Angot………………………………………..p.11Lou-Anna LE GUEN, Un papa de sang de Jean Hatzfeld……………………………………………p.32Jeanne LE GOUIC, Il était une ville de Thomas Reverdy……………………………………………p.37Caroline MAGNE, D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan………………………….p.6Sylvain MARZA-CANET, Les Prépondérants d’Hedi Kaddour…………………………………….p.50Cassandre NADALINI, Un amour impossible de Christine Angot……………………………….p.9Sophie NAULLEAU, 2084, la fin du monde de Boualem Sansal………………………………….p.18Théo PERON, 2084, la fin du monde de Boualem Sansal…………………………………………..p.19Julie REMONDIN, Soudain, seuls, d’Isabelle Autissier………………………………………………..p.14Marine SEBBAN, Un papa de sang de Jean Hartzfeld………………………………………………..p.33Malou SERVIER, 2084, La fin du monde de Boualem Sansal……………………………………..p.21Esther THEBAUD, Les Prépondérants d’Hédi Kaddour…………………………………………..…p.51Kevin TRESSARTD, Titus n’aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulay………………………..p.26Katerina WHITE, Retiens ma nuit de Denis Tillinac…………………………………………………..p.39

Mise en page : F. LACOUTURE

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Sélection des livres pour le Prix Goncourt des Lycéens 2015

Angot, Un amour impossible, FlammarionIsabelle Autissier, Soudain, seuls, StockNathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice, P.O.L.Olivier Bleys, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Albin MichelNicolas Fargues, Au pays du p’tit, P.O.LJean Hartzfeld, Un papa de sang, GallimardHédi Kaddour, Les Prépondérants, GallimardSimon Liberati, Eva, StockAlain Mabanckou, Petit piment, SeuilTobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, Stock Christine Thomas B Reverdy, Il était une ville, FlammarionBoualem Sansal, 2084 – La fin du monde, GallimardDenis Tillinac, Retiens ma nuit, PlonDelphine de Vigan, D’après une histoire vraie, J.C. Lattès

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1-Un récit intriguant et qui fait réfléchir

https://www.youtube.com/watch?v=LsU3iPMMIrQ

(Delphine de Vigan présente son roman)

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Si seulement j'avais su

Une écrivaine prénommée Delphine vit un passage à vide après le succès de son dernier roman dont le personnage principal était sa mère bipolaire. Cette écrivaine a pour compagnon un critique littéraire prénommé François, qui part très souvent aux Etats-Unis pour y tourner des documentaires sur les auteurs qui le fascinent. L’auteur est Delphine de Vigan. Est-ce que l’écrivain qui dit « je » dans le roman est également elle ? Peut-être. Peut-être pas. Le titre, D’après une histoire vraie, suggère une assise sur le réel, et permet l’intervention de la fiction. C’est d’ailleurs tout l’enjeu du roman.

L'héroïne du roman rencontre alors "L." qui ne sera désignée que par cette initiale. C'est un coup de foudre amical. Cette femme la comprend mieux que personne et devient d'autant plus indispensable du fait que les deux enfants de la narratrice partent faire leurs études ailleurs. Ses amis vivent en province, et son compagnon, François, avec lequel elle ne vit pas, est très, voir trop absorbé par ses émissions littéraires.

"L" prend soin d'elle jusqu'à la décharger de ses mails et y répondre à sa place pour lui rendre service, bien sûr. Pour son bien encore, "L" la pousse à bout pour faire jaillir d'elle la seule littérature qui vaille : celle de la réalité crue. Peu à peu Delphine tombe dans une dépression à laquelle s'ajoutent des lettres anonymes menaçantes, l'accusant d'avoir bâti sa célébrité sur la mort de sa mère : La blessure de trop. La narratrice n'arrive plus à écrire. Après quelques semaines « L » emménage chez Delphine. Est-elle venue combler un vide ou faire le vide ? Lui redonner du souffle ou lui voler sa vie ?

C'est le deuxième livre de Delphine de Vigan que je lis et j'ai beaucoup aimé celui-ci, l'auteure, offre un livre sur la manipulation mentale. Elle nous fait vivre sa rencontre avec L., qui progressivement tisse sa toile autour d'elle jusqu'à se rendre indispensable, alors que l'auteure vit une réelle descente aux enfers avec l'impossibilité d'écrire et la hantise de s'assoir devant un ordinateur. La progression est bien vue avec parfois des répétitions qui alourdissent la lecture, des détails qui parfois ennuient un peu le lecteur mais servent incontestablement à comprendre le texte. L'ensemble se tient et le final donne tout le relief à ce récit autobiographique.

En partie vécu, totalement inventé ? C'est au lecteur de juger. Delphine de Vigan a su écrire un livre qui interpelle le lecteur et lui fait se poser des questions en refermant le livre où se mêlent réalité et fiction.

Caroline Magne

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Une histoire vraie ou une fiction autobiographique ?

"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser". Après cette phrase, au début du livre D'après une histoire vraie, le suspens s'installe, mêlant stress et anxiété dans le récit. Après le succès de Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan croule sous le succès, ne sachant que dire à de nouveaux fans qui lui demandaient sans cesse si l'histoire était réelle ou non, ou encore qu'est-ce qu'elle pouvait bien écrire maintenant. Elle ne le savait même pas elle-même, sa plume s'était fissurée, son papier restait blanc. L'inspiration avait disparu.

Dans son nouveau livre, De Vigan nous raconte cette soif d'inspiration, jamais satisfaite. Elle arrêta d'écrire pendant plusieurs mois, ces mois-ci furent d'une extrême importance... Elle y rencontra L. Cette femme blonde, représente aux yeux de l'écrivaine la perfection faite femme. En plus d'être belle, élégante, raffinée, L. n'a aucun problème pour se mouvoir en société et nouer des contacts avec autrui, toutes ces qualités dont Delphine se sent dépourvue.Dès lors, L. s'immisce dans la vie de Delphine pour ne plus la lâcher... Toutes les attentions a priori protectrices et salvatrices sont-elles bienveillantes ? Mais qui est cette L. qui exhorte sans cesse la romancière à écrire un témoignage plutôt qu'une fiction ?

Le roman, structuré en trois parties (Séduction, Dépression, Trahison) transporte le lecteur au fin fond d'une histoire autobiographique qui ne peut vous laisser indemne. L'auteure calcule si bien ses mots, construit ses phrases avec tant de justesse que ce livre vous plongera dans une histoire angoissante dont le dénouement reste bien caché jusqu'à sa dernière phrase. Plus les chapitres défilent, plus l'étau se resserre sur la cage thoracique du lecteur. L'angoisse de Delphine devient nôtre. Le suspense est à son comble. Rien à y faire: impossible de faire une pause dans cette lecture. La fiction du livre ou bien la réalité de ce roman : qui mène l'histoire ?

Peut-être les deux, cette question, l'auteur nous la pose tout au long des 500 pages, mais quelle importance ? Dans ce livre, ce qui semble avant tout juste, c'est la volonté de dépeindre des sentiments forts et contradictoires, c'est la capacité à survivre alors que tout vous mène vers le fond. L'intrigue psychologique de ce roman nous plonge dans une réflexion passionnante sur le travail d'écriture, l'inspiration, tout en touchant à des sujets plus sensibles, plus intimistes, tels que la folie ou les relations nocives et destructrices.

Benjamin Lechat

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Ainsi soit « je »

1Miroir, mon beau miroir

En apparence, ce roman commence sur une histoire qu’on a l’impression d’avoir déjà lue : la confession d’un auteur aux prises avec l’angoisse de la page blanche ; angoisse d’autant plus forte que l’auteur en question a connu un immense succès public avec son précédent ouvrage. L’auteure – qui est aussi la narratrice -, c’est Delphine de Vigan qui se transforme, pour l’occasion, en personnage de roman. Delphine ne parvient plus à écrire, donc. Même pas un mot. Pire : les mots la dégoutent tout à fait et elle cherche désespérément une inspiration qui ne vient pas. L’imagination est une imposture, décidemment (et elle a lu tous les livres). Que reste-t-il donc à écrire ? Que reste-t-il donc à inventer dans ce monde hyper connecté et surmédiatisé ? Peut-être justement cette impossibilité d’inventer que l’auteure-narratrice décortique avec soin comme on pèle une orange récalcitrante. Le roman devient un miroir où Delphine, nouvelle Narcisse, manque de se noyer.

C’est alors qu’elle fait la rencontre de L., seul personnage non-identifiable du roman. D’abord perçue comme une bouée de sauvetage providentielle, cette nouvelle amie devient vite envahissante au point de lui voler sa vie et son identité. L’autofiction vire alors à un récit aux allures de thriller. La frontière entre la réalité « vraie » et l’imaginaire se brouillent…

2C’est le règne de la téléréalité ? Voici venir celui (peut-être) du roman-réalité.

Ecrit dans un style fluide et limpide, à la fois élégant et alerte, le récit se constitue autour des petits riens du quotidien de Delphine de Vigan. Derrière l’histoire de cette rencontre toxique avec L., angoissante et intrigante à souhait, le vrai projet de l’auteure est de développer une réflexion sur l’écriture : qu’est-ce qu’être écrivain, en fin de compte ? D’où vient l’inspiration ? A ces questions, elle apporte une réponse sans ambages : « il n’y a d’écriture que l’écriture de soi. Le reste ne compte pas ». Du reste, il n’y a qu’à voir le goût immodéré du public pour la téléréalité. Il ne reste plus qu’à inventer le roman-réalité, stade ultime de l’autofiction qui – on l’entend souvent dire – est une maladie bien française. Et Delphine de Vigan met son précepte en application, transformant ses enfants, ses amis écrivains et son compagnon, célèbre critique littéraire, en personnages, embarqués et débarqués tout à la fois de son « histoire ».

3Et François dans tout ça ?

L’auteure signe-là un texte à la fois intéressant et agaçant. Intéressant parce qu’il a le mérite de nous inciter à réfléchir sur ce qu’est la posture de l’écrivain aujourd’hui, mais aussi sur celle du lecteur, vite enclin à tomber dans le voyeurisme et la « peopolisation » de tout et n’importe qui. Agaçant parce qu’il en ressort, malgré tout, la complaisance sans fin et un tantinet hypocrite, redondante à la fin, des romans d’autofiction, comme si le monde ne se réduisait plus qu’aux égos tourmentés d’une poignée d’écrivains. Mais au bout du compte, l’équation à laquelle tous ces remue-méninges aboutissent est toujours la même : Ecrire, c’est rencontrer (le déclic) – déprimer (souffrir) – trahir (ses modèles, ses amis, sa famille), et ce roman n’échappe pas à cette règle. Très français, en somme.

Il y a tout de même une question qui nous taraude, en bon lecteur happé par les processus que l’auteure met en lumière en jetant en pâture son intimité : voilà « François » dans une position délicate : pourra-t-il, décemment, parler, dans son émission, du roman de « Delphine » dont il est le personnage ? Sur ce coup-là, c’est sûr, elle a mal joué. Le roman-réalité a ses limites !

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F.L

2-Un livre qui fait l’unanimité

https://www.youtube.com/watch?v=YiYKQMyXPBE

(Christine angot parle de son livre dans On est pas couché)

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Tiraillés entre amour et haine

C’est l’histoire d’un amour entre Rachel et Pierre, un amour passionnel que la discrimination mènera peu à peu à la haine.

C’est l’histoire de Christine, le fruit de cet amour. Cette petite fille qui témoigne d’un amour admiratif envers Pierre, son père, cet homme qui lui est inconnu, ce monstre qui transformera cet amour en dégoût, puis en haine.

C’est l’histoire d’un amour fusionnel entre Christine et sa mère, Rachel. Un soutien mutuel face aux tristes aléas de la vie, un amour joyeux face à la misère. Puis des disputes, des reproches, une saturation. Et tout cela mènera à la vérité, peut-être insoupçonnée.

Un amour impossible, une autobiographie qui plonge le lecteur dans un doux passé et un présent compliqué . Un récit rythmé par de courtes phrases et une richesse lexicale, emmenant le lecteur au plus profond des pensées humaines et des sentiments extrêmes : l’amour et la haine.

Cassandre Nadalini

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Un roman au titre révélateur

Le titre paraît vraisemblablement très révélateur de l'histoire à laquelle on s'attend. Il s'agit d'un groupe nominal relativement simple, dont on imagine tout le sens coulant de source à première vue. Mais, réellement, tout au long de l'avancée de notre lecture du livre et, finalement, même une fois qu'on l'a terminé, on se rend compte que ce livre mérite beaucoup plus d'attention que celle qu'on aurait pu prévoir et engage également une profonde réflexion, une analyse qu'on ne pouvait pas imaginer forcément. Une analyse de la vie, des relations entre une mère et sa fille, entre un couple fragile. Une « vie sociale » face à une autre...

Je considère l'histoire racontée comme un bijou de réflexion sentimentale. Effectivement, happant, le livre nous retient rapidement, nous interpelle de façon saisissante, directement. La relation, ou plutôt, les relations entre la mère Rachel et sa fille Christine, celles entre Pierre, l'amant de la mère et elle-même sont autant de types d'attachement tout aussi différents que fusionnels. Autrement dit, l'histoire se construit sur un récit qui tourne autour de petites histoires qui prennent une dimension grandement remarquable autour du sentiment. Un discours parfois même philosophique qui pose des questions sur la vie, l'amour et l'attachement, principalement... Dans le temps, dans la durée, on retrouve également ces notions de « vie » et « d'amour » : la description d'une mère qui vieillit dans le temps et la narration d'une fille, auteure, qui suit la ligne de sa vie et construit le fruit de son amour maternel.

Ces passages pourraient, à première vue, nous faire penser à une affabulation mais il n'en est rien. En effet il ne s'agit jamais d'anecdotes fictives n'ayant que peu de sens ou pas du tout. Il s'agit purement de la chronique de la vie individuelle de l'auteure, certes, mais cette version peut rapidement devenir collective et c'est pour cela que le livre peut devenir intriguant pour tous et donc intéressant, voire fascinant ! La fascination d'un lecteur attentionné est due à la réponse qu'il apporte ou non à cette question qu'il se posera généralement : comment se fait-il que je sois attrapé par ces mots ? Comment se fait-il que j'y vois un sens ? Personnellement parfois, rapidement souvent pour les lecteurs. Alors, ces dits rappelleront sans doute à une bonne partie des lecteurs, liseurs ou non car c'est très concret, de proches ou plus lointains souvenirs heureux ou malheureux de leur vécu. Étant adultes, enfant et pourquoi pas en période d'adolescence, chacun y trouvera une histoire semblable à celle qu'il a connue ou qu'il connaîtra sans doute dans sa vie. Qu'elles soient mère, fille ou père, énormément de personnes se retrouveront dans le livre car l'amour qui paraît impossible c'est l'histoire de beaucoup de gens, universellement.

C'est pour tous ces divers points et les différents questionnements que je me suis établis, que je n'ai pas pu faire autrement que de rédiger autre chose qu'une critique largement positive. Christine Angot, à travers son livre, bien qu'elle n'ait forcément pas pu sensibiliser tout le monde, pour une grande majorité des lecteurs les aura sans doute touchés par le sujet de l'amour et leur aura permis de se poser des « pourquoi ? » et des « comment ? », et c'est l'une des raisons qui explique, simplement, que ce livre est extraordinaire.

En conclusion je conseillerais donc forcément ce livre. Je dirais à tous, que vous appréciiez ou non l'auteure, lisez-donc ce livre car il vous permettra de vous évader dans vos pensées, librement.

Florian Le Bars

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L'amour malgré tout

Dans ce récit très personnel, Christine Angot raconte l'amour impossible dû à des différences sociales entre sa mère, Rachel Schwartz et son père, Pierre Angot.

Pierre et Rachel se rencontrent dans une cantine à Châteauroux. Elle travaille à la Sécurité Sociale, elle est issue d'une modeste voire pauvre famille. Lui est traducteur à la base américaine de la Martinerie, il est fils de bourgeois. Peu de temps après leur rencontre, ils commencent à se fréquenter. Dès le début de leur relation Pierre à prévenu Rachel que le mariage ne serait pas possible entre eux. Il tient à son indépendance et à sa liberté. Mais en vérité il ne veut pas se marier, à cause des différences sociales présentes entre eux. Ils vivent de beaux et bons moments ensemble. Pierre ne veut pas que Rachel devienne sa femme mais il veut bien lui faire un enfant. Après cette nouvelle de Pierre, il perd son emploi à Châteauroux. De ce fait, il quitte la région où il vit une liaison avec Rachel. Elle prévient Pierre qu'elle est enceinte, mais ce dernier ne se précipite pas pour la rejoindre. Il n'est pas question qu'ils vivent ensemble et qu'il élève l'enfant. Elle aura l'occasion de le voir quand il sera de passage dans la ville. Rachel apprend que Pierre s'est marié avec une autre femme. De ce fait ils restent plus ou moins en contact du fait qu'ils ont une fille, Christine. Quand elle atteint l'âge de treize ans, Pierre reconnaît officiellement qu'il est le père de Christine. Depuis sa naissance, elle s’appelait Christine Schwartz. Désormais elle s'appellera Christine Angot. A partir de ce moment, Pierre devient trop présent dans la vie de sa fille et utilise l'inceste comme arme sociale. Christine commence à rejeter sa mère, mais Rachel ne comprend pas la raison de ce changement d'attitude envers elle. Sa mère vit très mal cet éloignement avec sa fille. Bien plus tard, Rachel apprend que Pierre viole sa fille Christine. Cette nouvelle est terrible. Rachel tombe alors gravement malade. Elles ont alors une discussion et une explication sur les agissements de son père. Cette discussion va faire renaître cette liaison mère-fille fusionnelle.

J'ai apprécié ce roman. Cette histoire se veut réaliste, personnelle et émouvante. Christine Angot, arrive à rendre vivante la relation mère-fille avec le portrait qu'elle dresse de sa mère. Elle la décrit comme étant une belle femme ayant un esprit dynamique et fort à la fois. Elle recompose l'histoire de ses parents. Ce roman est chronologique, il débute par une véritable histoire d'amour entre Rachel et Pierre. Ils essaient de faire abstraction des différences sociales, mais cela n'est pas aussi simple car Rachel souffre d'un sentiment d'infériorité face à Pierre. Christine Angot cherche des explications sur son enfance et elle en trouve. Ce roman sonne comme une dénonciation à propos des inégalités hommes-femmes. Les dialogues présents dans le roman représentent au plus près la réalité. Ce roman signe une réconciliation.

Je suis ravie d'avoir découvert cet auteur, dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, et de partager cette enfance douloureuse, celle de l'auteur, le temps de 216 pages. Ce roman permet aux lecteurs d'en apprendre davantage sur l'enfance de Christine Angot, et peut être même de s'y retrouver. J'ai été bouleversée par sa manière apaisée et naturelle d'écrire mais qui transmet une si grande force à la fois. Elle fait ressentir ses émotions aux lecteurs grâce à la fluidité et à la description qu'elle apporte, ce qui rend cette histoire particulièrement sensible, touchante et émouvante. J'ai particulièrement apprécié les lettres que s'envoient Pierre et Rachel tout au long de l'histoire.

Ce roman ne laissera personne indifférent.

Enora le Goff

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Au nom du Père

Sa mère est belle et elle l’aime très fort.

Christine vit une enfance paisible à Châteauroux auprès de sa mère adorée, Rachel Schwartz. Elle partage son temps entre sa grand-mère, l’école et ses amies. Pierre Angot, le père, lui, est un grand absent. C’est un absent très présent : il pèse dans les silences de sa mère, il envoie quelques cartes. Il fait même quelques apparitions. La petite Christine s’en forge l’image d’un homme supérieur et important, vit ses rares visites comme des cadeaux.

Quand Christine grandit, le père pense à la reconnaître. Il s’intéresse de plus en plus à elle, on dirait. Ils se voient plus souvent. Christine, elle, interroge sa mère du regard et se tait. Elle attend. Elle attend le réveil de la mère, le moment de parler. Elle attend la parole qui la délivrera de son secret.

L’inceste est au cœur de ce roman, mais le tour de force de Christine Angot est de parvenir à ne (presque) jamais le citer. Par sa forme, le roman s’apparente à un récit d’enfance qui témoigne de l’amour d’une fille pour sa mère. L’auteure y restitue à merveille la naïveté de l’enfance qui évolue en lucidité grave au fil des pages. Rien de sordide, ici, puisque l’inceste en lui-même, inconcevable, est déplacé dans ses contours : la faillite des parents, le silence de la mère…L’auteure, en quête d’elle-même, explore tous les recoins de son enfance meurtrie, tente de reconstituer la genèse du mal, de cet innommable, et montre le caractère proprement inouï d’un tel acte qui, longtemps après, alors qu’il est accepté, la laisse encore pantoise et incrédule.

Pas d’esprit de revanche ni de vengeance dans ce livre. Au contraire, c’est d’abord une déclaration d’amour, le chemin qu’une fille prend pour retrouver sa mère et lui pardonner le mal qu’elle lui a fait. Sans sortir du thème obsessionnel qui parcourt ses précédents romans, Christine Angot étonne, par la fluidité et la délicatesse de ses mots, les instants de bonheur qu’elle restitue. Car c’est d’abord un beau portrait de femmes : trois générations de femmes, marquées par une quête d’amour souvent éperdue, par un amour impossible :

Amour impossible de Rachel pour Pierre,Amour impossible du père pour ChristineAmour impossible de Christine pour le père et pour la mère.

Pourtant, à rebours du titre qu’elle a choisi, Christine Angot montre au contraire que l’amour ne meurt jamais tout à fait. Il survit, même au pire. C’est comme si, ici, par le miracle de la parole et de l’écriture, Cendrillon, souillée de cendres, était sortie de l’âtre et de son deuil.

F.L

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3-Une lecture plaisante, mais….

https://www.youtube.com/watch?v=B_RzwyoYCF8

(Entretien avec Isabelle Autissier et la librairie Dialogues)

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Robinson à la parisienne

Suite au naufrage de leur bateau un couple parisien d'une trentaine d'année se retrouve confronté à la nécessité de survivre sur une Île déserte entre la Patagonie et le Cap Horn. Ils trouvent, dès leur arrivée, un gite qui sera destiné à devenir leur lieu de repère. Pour survivre, ils chassent et s'adaptent à cette terre hostile, loin du cadre « bobo parisien ». Leur vie sur l'île est loin d'être simple. Après avoir chassé durant une journée entière pour un repas frugale, il reste la fatigue et l'espoir qui s'affaiblit de jour en jour. Dans la deuxième partie du roman, le lecteur sera plongé dans « l'après ». Après avoir été sauvée en laissant une partie de son âme sur l'île, Louise sera confrontée à l'engouement médiatique, à l'immersion dans la vie active, renaître après ces mois de souffrance, retrouver la société de consommation, ne plus avoir le besoin de survivre.

Isabelle Autissier, auteur de ce roman, est navigatrice. Lors d'une escale sur une terre hostile, elle s'est posé la question : « Et si le bateau coulait, que ferais-je de mon équipage, comment manger, comment survivre? » Suite à ses débats imaginaires, elle écrit ce roman basé sur « la faim » qu'elle dit « thème prédominant » de ce roman, et souligne la perte des codes sauvages lors d'une interview. Son envie était également de transposer le lecteur de « l'autre côté » pour amener le lecteur à la place des personnages : que ferions-nous à leur place ? Je pense qu'Isabelle Autissier a également voulu mettre en avant le tapage médiatique que subissait les victimes d'actualité de fais divers, le besoin d'en faire plus comme par exemple dans ce roman, au retour de Louise, quand la presse exige presque d'occulter tous les détails de son périple, sans trop de préoccuper de savoir si c'est approprié ou non. Toujours plus pour le buzz !

Ce roman est écrit d'une manière très agréable, juste assez de détail sans aller dans le réalisme, assez de passion dans ce couple sans aller jusqu’au romantisme, assez de retenue sans tomber dans la transcendance d'animaux égorgés. Ce roman est un bon dosage narratif qui devient vite captivant. Le livre est un très bon moyen de faire marcher son imaginaire, chacune des pages est une occasion de se demander ce que l'on ferait dans leurs cas, comment subvenir à la faim, abandonner pour survivre, mentir, subir la médiatisation, comment vivre après ? Par exemple lorsque Ludovic frappe Louise pour la laisser chercher du secours, ou bien même lorsque Louise abandonne Ludovic par instinct de survie ou encore quand Louise ment à la presse en omettant de mentionner l'abandon de Ludovic… Notre esprit apporte un jugement contradictoire ou similaire au roman, nous imaginons nos réactions dans des situations semblables et le résultat pour moi est sans appel : les réactions de Louise auraient été les miennes. Louise est donc une sorte de reflet sur nous- mêmes. Cet écrit m'a également ravie du fait qu'il y ait une histoire que je qualifierai de « complète ». Nous suivons ce couple et son histoire avant, pendant et après l'île. Ce roman poussera le lecteur dans des questionnements personnels, propres à chacun.

Pour conclure je suis ravie d'avoir découvert ce roman, d'ouvrir mon imaginaire à une histoire probable, de faire face à des choix de survie comme l'abandon d'un être aimé. A la remise en cause d'une société surfaite, même si ce thème n'englobe qu'une petite partie du roman.

Julie Rémondin14

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Soudain, Seuls, un roman cruel

Louise et Ludovic, un couple de trentenaires parisiens, décide de s’offrir une année sabbatique et un tour du monde à la voile. Recherchant la vraie nature, ils abordent l’île de Stromness, ancienne base baleinière abandonnée dans les années 50 et devenue réserve naturelle, et donc strictement interdite. Suite à une tempête, qui a fait couler leur bateau pendant qu’ils étaient à terre, ils restent prisonniers.

Ce roman est plus qu’une énième robinsonnade : avec la cruauté d’un scientifique curieux, Isabelle Autissier dissèque l’âme humaine et ses instincts. Car c’est l’analyse qui prévaut ici, presque l’expérimentation qui consiste, sur le modèle d’un Koh-Lanta devenu réel, à lâcher deux êtres que rien ne prédispose à devenir des héros dans une nature hostile, sauvage, et voir comment ils s’en sortent. Ils voulaient de l’aventure, vivre intensément, se dépasser : symboles d’une génération en quête de sens, ils transgressent les règles pour affirmer leur liberté, et le payeront cher. Là où Robinson était seul et tentait de réorganiser une civilisation, ils sont deux, condamnés l’un à l’autre dans un huis-clos dont on ne sait trop ce qui va sortir, comment leur couple va survivre ou se fissurer. Survivre seul, ou mourir à deux ? Le roman interroge cette capacité de l’homme à redevenir sauvage. La civilisation, fragile vernis, s’efface peu à peu, laissant place au pur instinct de survie. Et puis, deuxième phase de l’expérimentation : le retour à la civilisation pour celui des deux qui a survécu. Le choc post-traumatique, l’emballement des médias, la culpabilité, le deuil. Reconstruire sa vie.

Un roman cruel, et que l’on à peine à lâcher, surtout la première partie car j’ai trouvé que la deuxième, par la mise en abyme, se signalait un peu trop comme un commentaire de la première dont elle mettait en évidence les thèmes : je n’ai pas besoin que l’on me prenne par la main comme ça. Mais j’ai beaucoup aimé, l’ensemble est très anxiogène, évidemment, et n’a pas été sans me rappeler Désolation de David Yann.

Hugo Cussonneau

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Heureux qui comme Ulysse….

« Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage/Ou comme celui-ci qui conquit la toison/Et puis est retourné plein d’usage et raison/Vivre entre ses parents le reste de son âge. » Peut-être sont-ce ces célèbres vers qui ont poussé Louise Flambart et Ludovic Delatreille, jeunes trentenaires bien sous tous rapports, à éprouver leur vie réglée et leur amour tout neuf en choisissant l’aventure…Pleins de rêves d’espaces vierges, ils prennent la direction du pôle Sud et échouent sur l’île de Stromness, désertée et menacée par les glaces. Très vite, le rêve tourne au cauchemar : les lois de la normalité laissent place aux instincts de survie, avec tout ce que cela contient d’horreur et d’hébétude. S’opère alors, dans cette parenthèse désenchantée, tout un jeu de déconstruction/reconstruction des personnages au centre du récit.

Même s’il a le mérite de questionner discrètement le voyeurisme, le goût du trash et du sensationnel de notre époque, on pourrait reprocher, de prime abord, à ce roman qui se lit très facilement, son manque d’imagination. Les personnages frôlent la caricature et les situations reprennent les thèmes éculés de la littérature : un peu de Robinson au féminin par ci, un peu de Crusoé par là ; un peu de critique des médias par ci, un peu de culpabilité par là…Isabelle Autissier semble écrire avec le souci constant en tête de s’assurer qu’elle sera comprise de son lecteur. Au final, cela donne des descriptions parfois poussives qui encombrent le récit plus qu’elles ne l’éclairent. Le style s’efface derrière les mots qui expliquent, les phrases se déroulent, aussi plates qu’une route de Belgique.

Pourtant – toute proportion gardée et entre les lignes – ce récit fait surgir de réels questionnements qui nous renvoient au récit vrai de l’Histoire. A la tragédie un peu plate des personnages de la romancière se superpose l’image de ces déportés qui ont traversé l’enfer des camps et ont dû affronter la difficulté de revenir à la normalité, hantés par leurs souvenirs atroces. Il ne s’agit pas là, certes, d’expériences que le commun des lecteurs peut être amené à vivre. Mais cela pose une question que l’on peut tous se poser : « Et moi, que ferais-je ? Comment me comporterais-je si je me retrouvais dans cette situation ? A quoi serais-je prêt pour survivre ? »

On se prend même à penser à ces images de Syriens, Irakiens, Soudanais, Erythréens s’embarquant sur des radeaux de fortune, au péril de leur vie, à l’image de cet enfant, que la presse a érigé en héros tragique, que le rêve d’un avenir meilleur a extrait de son pays natal pour le précipiter dans la mort.

Isabelle Autissier transpose, dans l’univers maritime qui lui est familier, une expérience qui trouve bien des échos, tant dans l’imaginaire collectif que dans l’Histoire et l’actualité. Une bonne raison de lire ce roman !

F.L

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4-1984, mais en moins bien…

https://www.youtube.com/watch?v=LB1ZSOemCV8

(Boualem Sansal parle de son roman dans La Grande librairie)

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Un roman, une fin décevante

Ati vit dans un monde contrôlé par la religion. Chaque personne vit sans pouvoir penser à sa façon. Si une seule personne se permet de s’exprimer, elle est tuée. Ce régime totalitaire s’est imposé sur cette Terre après un certain nombre de guerres de religion. Le personnage principal, Ati, a des doutes sur toute cette « réalité » imposée, et se lance dans une enquête.

Boualem Sansal, dans ce livre, reprend l’idée de 1984 de Georges Orwell, en y ajoutant la religion. Nous pouvons facilement nous rendre compte de certains points communs avec la situation actuelle de notre monde, où des extrémistes créent des Etats, par exemple.

Je n’ai pas réussi pour autant à me plonger dans ce roman, ressentant dans une livre une idée de secte et de religion beaucoup trop présente. Il y a également beaucoup de vocabulaire de créé, et on se perd rapidement, malgré leur prononciation facile. Effectivement, le récit peut être plausible : tout est décrit et expliqué. On est au même niveau que le personnage, naïf et stressé par cette Autorité. C’est un monde complètement parallèle. Boualem Sansal, lui-même, le dit dans les premières pages.

J’ai également remarqué un manque de logique évident et une fin beaucoup trop prévisible. Premièrement, le manque de logique : on peut se croire dans le passé, par rapport aux descriptions, mais les faits font penser à un futur. Il faut donc être bien accroché et concentré pour le lire. C’est quelque peu…déséquilibrant. Ensuite, je trouve que la fin est terriblement prévisible. Au milieu du livre, j’avais pensé à cette fin, et c’est ce qu’il s’est passé.

En conclusion, 2084, la fin du monde, n’est pas, selon moi, un livre à lire, encore moins pour des lycéens. Il est compliqué à comprendre ; tout y perd sens.

Sophie Naulleau

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2084, la fin de la logique

Ati vit dans un monde contrôlé. Un régime théocratique totalitaire s’est imposé sur le monde, suite à de nombreuses guerres. Les libertés ont disparu. Quiconque pense contre le régime est trouvé et tué. Malgré tout, Ati commence à avoir des doutes et va se lancer dans une enquête remettant en cause les fondements mêmes du régime.

Dans 2084, la fin du monde, Boualem Sansal reprend le thème du livre 1984, en y ajoutant une dimension religieuse. Le sujet est très lié au contexte de notre époque, où les extrémismes religieux se développent et commencent à établir des « Etats ». Ainsi, l’idée est plutôt bonne, car elle peut nous faire comprendre le calvaire que vivent de nombreuses populations, de nos jours.

Face à ce scénario, je me suis très vite plongé dans le livre qui interpelle. Les descriptions, le contexte et ce que l’on sait de l’histoire, rendent le récit réaliste et plausible. Nous sommes au même niveau que le personnage, naïf et faible. Il y a un stress qui se crée face à cette dystopie où tout est surveillé, même la pensée. Ainsi, on prend plaisir à découvrir ce monde totalement différent, qui peut fasciner malgré tout.

Malheureusement, ce monde est compliqué : un vocabulaire est créé pour absolument tout. Ainsi, on se perd vite dans des mots pourtant monosyllabiques. De plus, le recul nous fait comprendre le gros problème du livre : un manque cruel de logique. En lisant l’histoire, on pourrait se croire dans le passé .Or, tous les événements tendent à fixer l’époque dans le futur. Enfin, ce livre est prévisible. On sait rapidement comment il se terminera. On se retrouve avec 150 pages de remplissage pour une fin médiocre, en dessous des attentes. On ne lit pas pour connaître la fin, mais pour arriver à la dernière page.

Pour conclure, 2084, la fin du monde est un bon livre à lire, qui nous plonge réellement dans un autre monde, mais une fois fini, il perd de son sens, de sa logique et de sa crédibilité.

Théo Péron

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Le retour de Big Brother

Le chaos a ceci de particulier, c’est que du désordre surgit toujours un nouvel ordre, la nature ayant horreur du vide. Le monde abistanais que décrit Boualem Sansal dans son roman est un monde imaginaire qui prend donc la forme d’un monde post-apocalyptique, érigé sur la destruction d’un ordre ancien jeté aux oubliettes, dont les moindres traces ont été effacées de la mémoire de ses habitants. Guidés par leur prophète bien-aimé Abi, ils s’en remettent aux lois sévères de Yôlah, Dieu omniscient et omnipotent mais qui garantit la stabilité du pays et des mœurs. Ici, la terreur se rapproche du bonheur. Du moins, les Abistanais le croient. Sauf Ati qui, revenant au pays après une longue maladie qui l’en a éloigné, le regarde avec un regard neuf et se met à douter. Endossant les habits de Candide, il part explorer les contours de ce monde qu’il croyait connaître et découvre que la vérité n’est pas forcément celle qui vient « d’en-haut ».

La structure du récit, en livres numérotés, épouse habilement celle des grands textes sacrés, stratégie qui, ici, consiste à imiter ce qui est dénoncé. Ainsi, la dénonciation du fanatisme religieux prend-elle la forme étonnante d’un texte sacré. Le combat pour la liberté d’esprit devient lui-même, par ce biais, une loi immuable et sacrée. Ces livres rappellent les dogmes qui gouvernent l’Abistan, dressent un culte à son prophète fondateur et retracent la révélation d’Ati, sorte de nouveau prophète qui s’ignore, condamné par avance, qui fait ressurgir un monde perdu qui ne demande qu’à ressusciter, agrégeant autour de lui, au fils de ses pérégrinations et de ses rencontres, de nouveaux adeptes.

Avec ce roman, Boualem Sansal signe une contre-utopie qui s’inscrit dans le droit fil du chef-d’œuvre de George Orwell, 1984, comme le rappelle du reste son titre. Les références au système totalitaire que dénonçait Orwell en son temps y sont constantes : même manipulation mentale, même volonté d’annihiler la culture et d’appauvrir le langage. L’ombre de Big Brother plane sur toutes les pages. Chacun des personnages est épié, puis traqué, puis finalement neutralisé. Ati, tel le héros d’Orwell, est le grain de sable dont la liberté de penser menace un instant l’organisation bien huilée de l’Abistan, ouvrant un possible autre, mais qui est finalement balayé d’un revers de main par l’Etat, véritable machine à broyer des libertés individuelles.

2084, la fin du monde est un roman très critique, qui cherche à nous alerter sur le danger du fanatisme religieux, à un moment où le terrorisme déploie ses tentacules assassines sur des territoires de plus en plus vastes. Et le narrateur a beau avertir son lecteur qu’il ne s’agit là que d’une fiction, cela fait froid dans le dos. Est-ce bien sûr que cela ne pourrait pas arriver ?

Il y a sans doute matière à polémiquer à propos de ce roman qui manie une matière éminemment dangereuse. Mais ce que l’on en retient surtout, au final, c’est que la liberté de penser est un bien précieux que l’on devrait n’avoir de cesse de défendre ; que l’Histoire est notre mémoire et qu’il est important de connaître son passé pour mieux comprendre le présent et construire l’avenir ; que la culture et la variété des langues sont un trésor qu’il faut cultiver, parce qu’il nous aide à appréhender la complexité de notre environnement, parce qu’il nous préserve du « prêt-à-penser ».

Derrière l’exercice littéraire de Boualem Sansal, plutôt bien mené, c’est bien à une prise de conscience que nous sommes invités. Il est encore temps d’agir pour que notre monde ne ressemble jamais à celui de 2084.

F.L

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Un roman qui manque d’air

Le livre de Boualem Sansal traite d'un sujet très sensible, l'avenir, de quoi sera-t-il fait ? Il y a bien sûr plusieurs visions, et beaucoup d'idées, mais celle ci est particulièrement déroutante.

En effet, dans ce livre, Boualem Sansal nous fait voyager dans un monde complètement imaginaire, où la religion a pris la place de la démocratie. Tout au long de son livre, nous suivons les aventure du dénommé Ati, jeune homme de 35 ans, rescapé de la tuberculose, qui commence à se poser des questions sur cette « dictature religieuse ». Nous sommes entraînés dans sa recherche d'un peuple de personnes vivant outre cette soumission religieuse, « les renégats ».

Mais malgré cette passionnante histoire, j'ai remarqué que l'écriture de ce livre est trop compliquée, trop lourde, elle ne respire pas assez. L'écrivain utilise des fois des mots trop compliqués pour les descriptions, ou alors des fois, les textes manquent justement de descriptions. On voudrait en savoir davantage.

Pour conclure, j'ai beaucoup apprécié l'histoire, elle m'a intéressée. Le seul point négatif est que l'écriture est trop tassée et manque un peu d'air.

Malou Servier

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5-Une ode à l’amour (version trash) qui divise…

histoir

https://www.youtube.com/watch?v=CSQHpaI0aus

(Simon Liberati présente son roman)

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Une histoire d’amour peu commune

C’est la vie d’une jeune fille, âgée de 13 ans, qui pose nue sur les photos que prend sa mère alors qu’elle joue encore à la Barbie. Sa mère la prête à d’autres photographes. Elle connaît le monde de la drogue, de l’alcool et de la prostitution. Le narrateur, quant à lui, est âgé de 19 ans quand il la rencontre, et puis il l’oublie. En 2013, ils se recroisent et c’est le début d’une histoire d’amour

Eva est le titre du roman autobiographique de Simon Liberati. Ce livre, mi- aveu mi- description, fait le portrait d’une société aux mœurs dissolues des années 1970 à 2013 : il est aussi un manifeste amoureux qui réserve de très belles pages. L’auteur navigue entre le passé et le présent, entre l’Eva d’aujourd’hui et l’Eva des années 70. Il mélange ses souvenirs d’une rencontre fugace à 19 ans et les documents archivés par Eva pour dépeindre l’horreur vécue par une adolescente dans un monde d’adultes pervers, débauchés. Quelques passages redonnent un peu d’espoir dans l’être humain et sa capacité à se sortir des situations les plus noires grâce à l’amour.

J'ai trouvé la lecture parfois difficile : des phrases tortueuses, sophistiquées, voire mystiques. Je suis restée complètement hermétique à certains passages. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire (nombreux allers retours entre le temps présent 2013 et le passé 1979), à comprendre ce que pense le narrateur à travers ses descriptions et les sentiments exprimés. Il y a aussi des personnages cités mais sans leurs noms comme par exemple « H ». Le lecteur ne peut deviner s’ils ont existé ou pas, s’ils sont vivants ou inventés. Le monde de la nuit, de la drogue, de l’alcool, de la prostitution est sombre et violent. Cependant une histoire d’amour peut naître et offrir une relation plus paisible entre deux êtres abimés par un passé tumultueux, sans repères, marginaux. Cette histoire d’amour est-elle durable ? Ne vont-ils pas se détruire l’un et l’autre avec leurs cœurs tourmentés ?

Je connaissais Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée. Il y a donc des jeunes de l’âge d’Eva qui mènent la même vie qu’elle. Ces destins extraordinaires dans un monde aussi éloigné du mien m’ont surprise dégoûtée, émue. Je conseille la lecture de ces romans pour que personne n’ignore ces faits tragiques et que des dispositifs de prévention soient proposés aux adolescents.

Mervé Koyuncu

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Un relent de Chute

- Prologue -

Eva Ionesco n’est pas, comme on pourrait le croire, connue parce qu’elle serait la descendante du grand homme de théâtre qui porte le même nom. Non, cette Ionesco-là s’est fait remarquer en assignant sa mère, photographe de renom, en justice pour avoir fait d’elle, dès son plus jeune âge, un objet sexuel et pour l’avoir livrée ainsi à la prostitution. Quelques vérifications sur la toile suffisent du reste à mesurer l’ampleur de l’injure.

- ACTE I -

En 2013, Eva a déchiré la « sordide et mondaine existence parisienne » de Simon Liberati, le narrateur, écrivain poussif, toujours entre deux cocktails et deux ou trois rails de coke : c’est la reconnaissance de celle qu’il attendait depuis toujours, depuis cette première fois où la vit, alors qu’elle n’avait que treize ans et déjà une longue carrière de modèle derrière elle. Elle est blonde, elle est encore belle. Le parfum de luxure qui l’accompagne partout où elle passe le fascine. Il l’épouse.

- ACTE II -

Simon Liberati, par ce livre, entend rendre hommage à sa femme, petite muse déglinguée, pour la libérer de son passé douloureux. Mais son ambition n’est pas d’écrire sa biographie. Ce serait trop simple et elle, est trop complexe. Convoquant à l’envi ses souvenirs littéraires, l’auteur songe plutôt à ces Vies illustres des Anciens, qui sont autant de vies exemplaires qu’il appartient au lecteur de méditer.

- ACTE III_

Pour ce faire, il transforme Eva en objet littéraire, en « figure romanesque », comme il est dit. Sous sa plume, la petite fille paumée se métamorphose en fée mutine, dont les silences et les absences deviennent des signes d’intelligence supérieure. Mais, fait troublant, en procédant ainsi, il l’érige aussi en objet fétiche, de sorte qu’elle semble être passée d’une soumission à une autre. Car elle reste « cette chose », bel objet sulfureux et excitant, excitant car sulfureux, qui flatte les sens et l’orgueil de Liberati qui l’expose, l’examine, le sonde, le promène à la campagne, l’exhibe en ville. Eva, un bichon houellebequien.

- Dénouement -

Voilà donc un beau couple, nouvel Adam et nouvelle Eve après la Chute, pourris d’alcool et de drogue, qui viennent gratter aux portes du Paradis Perdu. Mais n’est pas Baudelaire ou Nerval qui veut. Il ne suffit pas de multiplier les provocations, de mélanger les références littéraires pointues et les phrases choc ni de faire dans le trash pour faire un bon roman, quand bien même beaucoup des articles parus sur Eva pourraient le laisser à penser. A la fin, l’impression qui demeure est celle de deux existences pathétiques qui cherchent quelqu’un pour se raconter et, surtout, qui « se la racontent ».

Et c’est bien triste.

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F.L

6-Où l’on (re)découvre Racine

https://www.youtube.com/watch?v=9mmtg-fj6GY

(Nathalie Azoulay présente son roman)

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Dans l’ombre de Racine

Ce livre est une tragédie qui rappelle les tragédies de Racine comme Phèdre et Andromaque sur le thème de l'amour.

Quoi de plus actuel qu'une Bérénice quittée par Titus parce qu'il ne veut pas se séparer de Roma, sa femme - qu'il n'aime plus, assure-t-il à Bérénice- mais qui est la mère de ses enfants ? Situation banale, vues plusieurs fois. Qui laisse pourtant notre Bérénice contemporaine totalement détruite. Jusqu'à ce qu'un simple vers s'insinue dans son esprit, la titille et la pousse à relire les tragédies de Racine. "Elle trouve toujours un vers qui épouse le contour de ses humeurs, la colère, la déréliction, la catatonie...Racine, c'est le supermarché du chagrin d'amour, lance-t-elle pour contrebalancer le sérieux que ses citations provoquent quand elle les jette dans la conversation." Pour comprendre son chagrin et se donner une chance de le dompter, elle part sur les traces de Racine, tente de comprendre comment cet homme en est arrivé à si bien disséquer et traduire la passion amoureuse. Pour si bien le dire, faut-il l'avoir vécu ?

Même s'il s'agit de revisiter la vie et le cheminement de Racine, nous ne sommes pas dans une quelconque biographie mais bien dans un roman dont le dramaturge est le héros. Ce que cherche à savoir Bérénice c'est ce que l'homme a pu éprouver : quelles émotions l'ont assailli, quels drames l'ont forgé, quelles frustrations l'ont poussé, des émotions dont il est interdit de faire état dans l'enceinte de l'établissement. Seule la tragédie l'inspire, et l'amour de la langue, sa volonté de simplifier pour la rendre plus limpide : «Il n'a qu'une ambition, celle de composer des vers qui plaisent et qui restent. A l'idée de naissance ou de providence, il doit résolument substituer celle de carrière, le verbe plaire entre dans son vocabulaire".

Pour Bérénice, revenir aux sources c'est aussi retomber sur terre. Faire le tri entre fantasmes et réalité. Entre le théâtre et la vie. Comprendre que si Titus l'a quittée, c'est qu'il ne l'aimait pas. Tout simplement.

Ce roman est un texte très bien écrit, servi par une connaissance et des propos compréhensibles. Il propose une réflexion salutaire sur les illusions de la passion et ses effets secondaires, incitant pourtant à s'y laisser prendre plutôt qu'à s'en méfier car il faut sûrement vivre l'amour sous tous ses angles quitte à relire Racine pour s'en guérir. C’est un roman qui séduit autant par sa langue, belle, riche, mélodieuse que par son originalité et qui donne envie de se replonger dans les œuvres de Racine.

Kevin Tressard

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Les histoires d’amour finissent mal en général

Les histoires d’amour finissent mal en général…Bérénice aime Titus. Titus aime Bérénice. Titus choisit Roma. Noyée dans un chagrin d’amour, Bérénice se plonge dans l’univers de Racine, grand dramaturge classique, pour lequel elle découvre une passion dévorante. Elle en fait sa thérapie : une thérapie de mots, une thérapie de vers, une thérapie de théâtre.

Femme d’aujourd’hui, Bérénice s’identifie à l’héroïne de Racine, et plus : à Racine lui-même. Peut-elle finalement comprendre, qu’à son époque, la réponse la plus simple est sous son nez ? Titus ne l’aime plus. Comment Jean Racine, coincé entre le rigorisme janséniste et le faste de louis XIV, a-t-il pu écrire avec autant de puissance les sentiments d’une femme face à une rupture amoureuse ?

C’est ce que l’auteur tente d’expliquer à travers l’histoire d’un des plus grands auteurs de tragédies de la période classique en France. Mais ce procédé, selon moi, « gâche » la lecture de ce roman. En effet, le titre, plutôt accrocheur, relie directement le roman à la fameuse tragédie Titus et Bérénice. Je trouve qu’il est donc normal de s’attendre à une histoire actuelle reprenant les bases fondamentales de l’écriture racinienne, avec évidemment la « touche personnelle » de l’auteur.

Vingt pages. Voilà la belle et tragique histoire de ces fameux personnages….Trop court. Cela ressemble à un simple exemple peu approfondi, laissant croire à un travail bâclé. Malgré ce point fâcheux, j’ai adoré le style d’écriture de Nathalie Azoulay, qui m’a fait redécouvrir Racine. Facile à lire, ce livre est compréhensible par tous, ce qui, je trouve, est un très bon avantage. Ce roman développant le tourment amoureux (comment les histoires d’amour finissent mal en général) reste cependant très accessible, en dépit de la complexité du sujet. C’est un point de plus. Ce livre ne plaira peut-être pas à tous, mais en charmera certainement plus d’un.

Maëlys Le Goanvic

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7-La découverte d’un Ailleurs étonnant

https://www.youtube.com/watch?v=FY-DYARHi9U

(Entretien avec Tobie Nathan sur son roman)

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Ce pays qui lui ressemblait

C'est dans le ghetto juif du Caire que vient au monde Zohar l'insoumis, fils d'une mère réputée sorcière et d'un père

un endroit beau et intrigant, et qui m'a fait ressentir différents sentiments, que cela soit de la joie au du dégout. aveugle. C'est contre toute attente que Zohar tombe follement amoureux de Masreya, sa sœur de lait, fille de Jinane, une célèbre chanteuse du Caire. L'histoire se déroule principalement au cours de la seconde guerre mondiale et se base sur la guerre de religions ou plutôt la révolution Égyptienne entre les Juifs et les Musulmans.

Tobie Nathan, dans son livre, s'est inspiré des moments de sa vie. On peut voir qu’il se présente à travers son livre ou, plus précisément par Zohar, le personnage principal d'une certaine manière, car lui aussi est né de parents juifs et a grandi au Caire jusqu'à la révolution Égyptienne et l'expulsion des Juifs vers les années 1952. Pour ma part, j’ai eu cette impression que l’auteur se présentait à travers son personnage principal aux moments ou Zohar lui-même était celui qui racontait l’histoire et surtout à la dernière page du livre, parce que c’est à ces moments qu’on comprend directement que Tobie Nathan se retrouve dans Zohar. Tobie Nathan revisite ainsi sa vie à travers Zohar.

Tout d'abord, ce que j'ai trouvé d’intéressant, ce sont les conflits entre les deux religions. Je n'avais jamais entendu parler de ce qui s'était passé en Égypte au cours du XX ème siècle, et à chaque fin de page, je voulais toujours en savoir plus. Y compris les traditions et légendes. Ce livre m'a permis de découvrir un endroit sur lequel je ne connaissais pratiquement rien. De plus, les relations entre les personnages sont intéressantes. L'amitié entre Zohar et ses deux fidèles amis, Nino et Joe, est attachante. Ce que j'ai bien aimé, avec les personnages, c'est qu’il y a des rôles variés, des sorcières/voyantes, des danseuses, des filous, des orgueilleux, des pauvres, des riches... En somme il y a de tout. L'histoire en elle- même est bien construite et c'est lu facilement, à partir de la 60ème page.

Ce que je pourrais critiquer dans ce livre, je pense, c'est, premièrement la forme : à chaque chapitre, le narrateur change de point de vue et la période/le temps n'est jamais le même. Il passe d’un point de vue omniscient à un point de vue interne et vice-versa puis, de l'âge d’enfant de Zohar à l'âge adulte, puis revient à son âge d’enfant.

Deuxièmement, la description des personnages qui, pour moi, est beaucoup trop longue et lente. Ce qui m'a coupé dans ma lecture, parce qu’il fallait attendre à peu près 8 pages pour en revenir à l'histoire.

Et troisièmement, le style d'écriture qui m'a assez dérangée par rapport au vocabulaire arabe qui occupe une place imposante dans l'histoire, parce que la plupart des personnages sont d'origine arabe. Je n'ai pas trouvé son écriture si simple que ça. Mais, néanmoins, ce que l'auteur a, je trouve, bien construit, c’est l'histoire. Il m'a plongée dans une lecture qui m’a emmenée dans

Donc, pour ce qui est du Pays qui te ressemble, si vous aimez les histoires de religions, la langue arabe, les histoires égyptiennes, les personnages attachants et originaux, ce livre ne sera pas de refus. Et si vous faites partie, comme moi, de ceux qui n'avaient encore jamais lu de livres basés principalement sur les religions juive et musulmane, je vous conseille de lire ce livre. Il vous emmènera au Caire, en passant par les ghettos juifs, les bars, les villes, le désert et les grand palais.

Tanya Le Gall

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Parfums d’Orient

Zohar, héros de ce roman, naît en 1918 dans le ghetto juif du Caire, au moment où l’Empire ottoman s’effondre et que les Turcs sont chassés de Palestine. C’est une naissance miraculeuse pour Ether, sa mère, personnage haut en couleurs qui a la réputation d’être habitée par les démons, et pour Motty, son père auquel la cécité a conféré des dons de voyance.

Zohar découvre la vie dans les rues tortueuses et chamarrées du vieux Caire, vole de conquêtes en succès et de succès en échecs, tandis que tout autour, l’Histoire gronde, de conflits diplomatiques en guerres de territoires, changeant peu à peu le visage d’une Egypte millénaire que Zohar, son enfant Juif, reconnaît de moins en moins. Les Italiens chassent les Anglais. L’Egypte reprend sa liberté en la figure du roi Farouk, fantôme d’une époque que l’on pressent déjà révolue. Le pétrole coule à flot. Pendant ce temps, les Frères Musulmans étendent leurs bras puissants sur le pays et chassent tout le monde. Nino, l’ami d’enfance, celui des 400 coups pendables, est devenu un islamiste converti au djihad. Le vieux ghetto aux ruelles sinueuses n’est plus et Zohar quitte ce pays qui lui ressemblai tant et qui ne lui ressemble plus.

Le soleil baigne chaque ligne de ce conte des mille et une nuits moderne aux accents méditerranéens. Le récit sans temps morts nous fait circuler de rue en rue, dédale où se multiplient les rencontres cocasses, les coups de cœur et les coups du sort. Les dialogues, vifs, sont ponctués d’exclamations qui disent la gaité, l’enthousiasme inébranlable des personnages auxquels on s’attache vite. Tout est mouvement, virevoltes, envolées, grand écart et éclats : un joyeux foutraque où la saveur des mots et le goût pour les langues arabe et française ont la part belle.

Cela part dans tous les sens, au point, parfois, d’en devenir bavard à en donner le tournis. Mais derrière ce récit fantaisiste, c’est en fin de compte la voix d’un pays disparu que l’on croit entendre, une Egypte bigarrée et riante où se mêlaient traditions et religions dans un joyeux brouhaha. Ce monde-là s’est éteint, qui rappelle que toutes les civilisations, décidément, sont mortelles. Ne restent plus à Zohar, devenu un vieil homme, que les souvenirs flamboyants d’une enfance au doux parfum d’Orient ; et au lecteur occidental, un étonnement teinté d’incrédulité et de nostalgie.

F.L

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8-Une lecture forte, mais difficile

https://www.youtube.com/watch?v=OBigb7C7z38

(Entretien avec Jean Hatzfeld sur son récit . France Info)

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Point de vue d’enfant sur un événement bouleversant

Jean-Pierre, Idelphonse, Nadine, Fabiola, Ange, Fabrice, Sandra, Jean-Damascène et Immaculée, bien qu'opposés ethniques, se rejoignent néanmoins dans le drame ayant touché le Rwanda, il y a 20 ans. Du point de vue d'un rescapé Tutsi ou d'un détenu Hutu, et à travers mensonges ou vérités, tous se sont forgés une vision dépourvue de naïveté. Ici, Jean Hatzfeld nous propose des témoignages poignants d'adolescents entrant dans l'âge adulte se remémorant une enfance chamboulée par des actes traumatisants et une violence qu'ils n'avaient pas voulue.

La première chose frappante dans cette œuvre est la façon dont Jean Hatzfeld dresse ingénieusement un tableau tournant autour de trois perspectives du même sujet : le souvenir (l'enfance des adolescents), le témoignage de leurs parents et le devenir (leur futur proche). Bien que paraissant indépendants, chaque chapitre apporte sa subtilité pour former un tout cohérent, illustrant toutes les nuances du contexte rwandais de l'époque. Le style renforce l'impact des propos, tout en permettant un réel questionnement tout au long des pages. Tout ceci permet de se focaliser sur des fragments de vie qui dévoilent des existences brisées en reconstruction.

Durant Un Papa de Sang, j'ai été très réceptive au choix d'écriture et aux métaphores de l'auteur pour nous parler des sentiments des adolescents tutsis/hutus. En 250 pages, l'auteur nous rappelle la triste réalité du génocide rwandais afin que cette période historique ne sombre pas dans l'oubli. J'ai beaucoup aimé que HATZFELD ne se focalise pas sur un(e) adolescent(e) mais sur plusieurs, ce qui nous permet de mieux appréhender l'impact de cette partie de l'histoire. Entre moments de violence et d'émotions, cet ouvrage m'a ouvert les yeux sur un sujet que je ne connaissais pas plus que ça. Sans aucun doute, ce livre fait certainement partie des lectures m'ayant le plus marquée.

Lou-Anna Le Guen

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Le souvenir des machettes

Jean Hatzfeld retourne au Rwanda vingt ans après le génocide. Dans ce livre il donne la parole aux enfants de « tués » ainsi qu'aux enfants de « tueurs ». Certains grandissent avec le manque d'un père, d'une mère, d'un oncle, d'une tante... D'autres avec l'exclusion, la détestation, la honte. A travers ces récits bouleversants Jean Hatzfeld rajoute – entre les témoignages - une touche de gaieté en racontant la vie Rwandaise de tous les jours.

Ce roman qui parle du génocide Rwandais permet de ne pas tomber dans l'oubli de cet évènement si tragique. La réalité des témoignages nous permet de nous plonger dans le livre sans ennuie. Cette œuvre nous montre à quel point la population Rwandaise a pu (et souffre encore) « des coups de machettes ». Là-bas on ne parle pas trop de génocide en famille, les enfants en parlent parfois entre eux, les parents n'en parlent aux enfants, cela reste un souvenir, une pensée... Entre chaque témoignage, l'auteur raconte ce qu'il fait sur le sol Rwandais, les petites anecdotes de tous les jours, mais le surplus de détails casse parfois le rythme.

La découverte de ce livre m'a permis d'en savoir beaucoup plus sur le génocide Rwandais qui m'était tout de même un peu inconnu. Les témoignages m'ont permis de rentrer dans le livre et de m'imaginer - un cours instant – le traumatisme qui a pu être vécu par la population. Quelques petites choses m'ont tout de même un peu freinée dans ma lecture. Je trouve qu'il y aurait dû y avoir un seul témoignage d'enfants de « tueurs » un seul d'enfants de « tués ». A la longue les témoignages se ressemblent et deviennent un peu ennuyants. L'intervention de l'auteur entre chaque témoignage me paraît également un peu répétitive, parfois trop de détails sont donnés. Mais c'est tout de même un livre plaisant qui nous permet de réfléchir sur la vie, ainsi que de nous rendre compte que nous avons de la chance d'avoir nos proches auprès de nous.

Marine Sebban

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Le génocide en héritage

Il y a des fois où l’on ne sait pas quoi dire, comme ces fois où une personne nous annonce en pleurant qu’un de ses proches est mort, emporté brutalement par un cancer qui ne lui a laissé aucune chance, ou parce que le temps a finalement fait son œuvre. On pense : « C’est la vie ». On pense : « La vie continue. Il reste toujours les bons souvenirs ». On se console ainsi. Voilà, souvent, à quoi se résume l’expérience de la mort quand on a dix-sept ans.

Il en est tout autrement des adolescents qui témoignent dans Un papa de sang. Eux, Tutsis ou Hutus, dans un pays qui tente toujours, vingt ans après, de panser ses plaies, sont les héritiers malgré eux d’un génocide monstrueux, perpétré ou subi par leurs parents. Certains de ces papas sont morts, massacrés à coups de machette ; d’autres les ont massacrés sans pitié. Les enfants, eux, devenus de jeunes adultes, doivent composer avec leurs souvenirs. Mais comment concevoir un avenir quand on est le fruit d’un passé aussi lourd ? Comment fait-on pour hériter d’un génocide ?

Vingt ans après le génocide rwandais, Jean Hatzfeld – dont l’essai saisissant, Une saison de machette, fut récompensé par le Prix Femina en 2003 – revient sur un sujet qu’il n’a, depuis, jamais cessé d’exploiter : un déversement de violence et de haine, brutal et soudain, qui a ébranlé, le temps d’un cauchemar, les fondements d’un pays aux paysages magnifiques, baignés d’un soleil éblouissant. Il revient sur les lieux du crime, retrouve les témoins convoqués dans ses précédents essais et s’intéresse, cette fois, à la parole de leurs enfants. Son récit alterne leurs points de vue, sobres et poignants, selon qu’ils sont Tutsi ou Hutus. D’un côté, la méfiance et la haine qui ne passe pas ; de l’autre, une quête éperdue de l’oubli et du pardon. Au centre, une foi puissante en Dieu, rempart d’espérance et seul partage où se retrouvent ces jeunes en déshérence.

Ici, pas de fiction ni d’invention. Un papa de sang nous plonge directement et sans filtre dans l’Histoire. Pourtant, ce « récit vrai », vu d’ici, dépasse l’entendement. Il y a quelque chose de très dérangeant, voire d’intolérable : comment Hatzfeld peut-il sympathiser à ce point avec les assassins ? Comment se fait-il qu’ils ne soient, en fin de compte, que des hommes comme tous les autres hommes ? Pourquoi sont-ils libres ? Comment peuvent-ils continuer de vivre et de rire ? Comment se fait-il que les paysages rwandais soient si beaux ?

L’espace d’un instant, on revoit les plaines de Verdun qui gardent toujours la trace des obus et des tranchées de la Grande Guerre. On pense au travail de mémoire, courageux et douloureux, mené par les Allemands face au génocide des Juifs. Puis on pense aux Arméniens, aux Bosniaques, à tous les peuples qui sont peut-être menacés, quelque part dans le monde, et dont nous ignorons jusqu’à l’existence. La parole a-t-elle vraiment le pouvoir de juguler la folie des Hommes ?

L’auteur veut y croire, qui restitue la langue spontanée et fleurie, maladroite, parfois enfantine de ses jeunes témoins, accentuant l’effet de réel, mais aussi la distance –infranchissable – qui nous sépare d’eux. Alors le malaise nous saisit : tout cela est donc vrai ? Pourtant, tout cela paraît si loin et si exotique !

F.L

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9-Une déception…ou un enchantement ?

https://www.youtube.com/watch?v=gWOy2VnChS8

(Thomas Reverdy présente son roman)

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L'éternelle attente d'une péripétie.

En 2008, Eugène, jeune ingénieur français dans l'automobile, est muté à Detroit dans une ville assez improbable. C'est en se basant sur l'histoire de trois personnages principaux que l'auteur raconte l'histoire de cette ville. Il y a donc Eugène, Charlie un enfant âgé de onze ans qui fuit la ville avec deux de ses amis, et l'inspecteur Brown chargé de disparitions étranges dans la ville.

En dépit de cette histoire qui s'annonçait bien, en réalité, le livre ne se résume qu'à des longues descriptions sans intérêt, et aucune action traitant du sujet principal, « la ville mystérieuse ». En effet, Reverdy ne fait qu'utiliser les termes d’ingénierie pour raconter l'histoire d'Eugène, ce qui devient très vite inintéressant voire incompréhensible.

Enfin, je trouve désolant de rentrer dans le vif du sujet qu'à la moitié du roman. Malgré cela, je trouve la fin intéressante et inattendue, et j'ai beaucoup aimé le personnage de Charlie qui est attrayant et attachant, même si pour moi, les personnages de Brown et Eugène restent ennuyeux.

Cécile Gourio

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Détroit

Détroit, capitale florissante de l'industrie automobile, subit de plein fouet la crise des Subprimes durant l'année 2008. Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, vient d'être parachuté par son entreprise afin de superviser un projet automobile. C'est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie qui rêvent d'une vie meilleure en refaisant le monde au milieu des terrains vagues, et qui vient, comme des centaines d'enfants, de disparaître. Mais pour aller où ?, se demande l'inspecteur Brown chargé de l'enquête. C'est là, aussi, qu'Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d'amour pour le retrouver.

La ville s'est pour ainsi dire vidée de sa substance, faillite des banques, licenciements, maisons abandonnées. Malgré cela, certains tentent de résister et de survivre dans ce milieu hostile, la ville de Détroit est « le personnage central » de ce roman attachant.L'écriture juste et sensible de Thomas Reverdy nous donne à voir la lente agonie d'une ville américaine, parabole glaçante de notre civilisation au bord du gouffre.

Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville mythique des États-Unis devenue fantôme, et met en scène des vies d'aujourd'hui, dans un monde que la crise a vouées à l'abandon. Avec une poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu'est l'amour au temps des catastrophes.

Un portrait magnifié de la capitale du Michigan tombée en ruine. Reverdy s'attarde avec délicatesse et doigté sur les plaies d'un Occident aux prises avec la mondialisation. Un roman éblouissant d'émotions, portées par une prose charnelle, infiniment pudique et sensible.

Jeanne Le Gouic

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10-Une ode à l’amour (version lyrique) qui divise aussi…

https://www.youtube.com/watch?v=h2T2ST7eSkI

(Denis Tillinac présente son roman)

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L’amour n’a pas d’âge

Une histoire, racontée par deux plumes, deux points de vue ; une histoire de deux sexagénaires fous amoureux l’un de l’autre.

François, médecin de campagne, fils de bonne famille, se lasse de la vie, de ses habitudes, de ses rites ; il prétend ne “pas exister”. Marié à Claire avec deux fils, ils forment un couple phare au sein de leur communauté, bourgeois sans exhiber leur richesse de manière ostentatoire, bref, sans défaut. Sans défaut jusqu’à ce que François rencontre Hélène, malheureuse dans son mariage et pleine de solitude, en train de dépérir dans sa galerie d’art à Blois. Ils commencent donc une aventure amoureuse. Entre baisers fougueux dans un cimetière et étreintes sur le capot de la voiture de François, cette relation se tisse, soulève et soulage la grisaille du quotidien.

Ce récit imbibé de nostalgie et de notions romantiques est séparé en deux parties. La première étant le journal intime de François, qui écrit pour exorciser sa peur, sa culpabilité et surtout pour ignorer l’absence d’Hélène, partie dans sa région natale pendant un mois. Tillinac choisit de faire écrire François d’une manière très poétique et métaphorique avec de longues phrases pleines d’emphase et de passion. Sa manière d’écrire est très stylisée, mais tout aussi fluide que la Loire qui coule au rythme paisible de la vie aisée à Blois. La deuxième partie - la lettre d’Hélène à François - est comme un bol d’air frais pour le lecteur ; “elle” écrit d’une plume beaucoup plus simple, plus véritable, moins prétentieuse et stylisée que celle de François. Comme dans le journal de ce dernier, Hélène nous raconte son passé, évoquant son enfance, celui de sa fille et son mariage. Contrairement à François, son amour est plus naturel, moins dramatique - François semble chercher un amour d’un conte chevaleresque – cependant, Hélène se contente du réel, d’un amour plus humain.

En tant que lectrice, j’ai beaucoup aimé la fluidité, la variété et la richesse du vocabulaire, et du style très romantique. Néanmoins, j’ai trouvé que ce livre glorifiait l’adultère, une chose que je condamne, peu importe la situation, peut-être parce que je ne suis pas d’un âge assez avancé pour comprendre une telle chose, mais cela m’a beaucoup refroidie face à ce livre. J’ai aussi trouvé que le caractère et la manière d’écrire de François qui, au début, est charmante, devient presque insupportable ; le personnage que l’on trouve romantique au premier abord, devient ridicule. En poursuivant la lecture, je le trouvais de plus en plus de mauvaise foi, toujours en déni, hypocrite et jaloux. La deuxième partie par contre - celle qu’Hélène écrit - a permis à ce livre de ne pas sombrer dans l’ennui et le ridicule. Sa plume apporte de la légèreté au texte, une chose dont le lecteur avait beaucoup besoin.

Bref, finalement, même si je n’ai pas pu sympathiser avec les personnages (même Claire, la femme de François me paraissait insipide et inintéressante) c’est un roman très imagé qui inspire beaucoup le lecteur. Je ne pardonne ni à François, ni à Hélène, mais si ce roman m’a appris une chose c’est que le véritable amour n’a pas d’âge.

Katerina White

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Chant d’automne

Il y a d’abord un décor, aux accents balzaciens : celui du Val de Loire, des méandres bucoliques de son fleuve, ses beaux châteaux Renaissance. Et Blois, une belle endormie sur un passé prestigieux, évanoui depuis longtemps, mais que cultivent encore quelques vieilles familles discrètes de notables qui y sont solidement implantés.

Puis il y a ces voix qui racontent : François, Claire, Hélène. Des noms ordinaires pour des vies ordinaires. Parvenues à l’automne de leur vie, déjà bien entamé, elles font le bilan doux-amer de leur existence : une petite vie rondement menée, sans anicroches, sans passion et sans mensonges ; une vie de compromis tout à fait honorable, de ces vies qu’on enterre sans regret et qui n’intéressent personne, pas même eux.

Et soudain, il y a l’amour, comme une déflagration, qui ne change rien et qui change tout :Le cœur qui bat,Les angoisses de débutante,Les émois de jeune homme,L’attente,Les rencontres furtives où se mêlent l’excitation des retrouvailles et la culpabilité de la trahison,Le chagrin de la séparation,Le cœur qui bat,L’attente,Le cœur qui bat plus fort,L’attente,Le cœur qui bat toujours plus fort,La coquetterie retrouvée,L’angoisse de la ride et de la bouée autour du ventre,L’évidence qui n’en finit plus d’être évidente.

C’est l’histoire d’un homme qui, à l’orée de ses vieux jours, âge de la sagesse et des renoncements, tombe fou d’amour pour une femme dont il raconte la rencontre miraculeuse. C’est l’histoire d’une femme, qui n’a plus vingt-ans depuis longtemps, qui écrit une longue lettre d’amour à l’homme qui lui a redonné vie.

Il n’y a presque rien à dire sur ce petit livre qui, précisément, raconte le « presque rien » de deux vies banales qui entrent le crépuscule de leur vie et qui découvrent, étonnés et émus, qu’il peut être une aurore. Une aube évanescente se lève qui les éblouit. Dans cette apocalypse, tout se purifie miraculeusement, sous la plume de Denis Tillinac qui, en véritable alchimiste, parvient à « transformer la boue en or » par la grâce d’une écriture tout en délicatesse et en poésie.

C’est beau comme un poème de Nerval, doux comme le rêve bercé du paradis perdu de l’enfance. C’est une escapade aux couleurs automnales, verte d’espérance et de vitalité.

C’est tout simplement un enchantement.

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F.L

11-Un pamphlet qui divise !

https://www.youtube.com/watch?v=ubGWOYlvRLIhttps://www.youtube.com/watch?v=ubGWOYlvRLI

(Nicolas Fargue parle de son roman dans La grande librairie)

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Le p’tit, c’est lui !

Le roman de Nicolas Fargue, Au pays du p’tit, raconte l’histoire d’un pauvre type, lâche et cynique, au bord de la misère sexuelle, qui traverse la fameuse « crise de la quarantaine ». Sociologue, vaguement réac’, il vient de publier un essai violemment anti-français. Il y dépeint une France en dépression et taille en pièces ce pays d’assistés, d’incultes, d’indisciplinés, de laxistes….un ouvrage qui jusqu’à être qualifié de « pamphlet poujadiste », mais qui va permettre à son auteur de gagner une certaine notoriété. Cela lui vaut d’ailleurs d’être invité à l’Etranger pour exposer ses thèses, et lui donne l’occasion de mener à peu près une carrière de Don Juan. Car il est arrivé à cet âge, à ce moment où certains, comme lui, se foutent de tout. Sauf, peut-être, des femmes et des voyages. Encore que, s’agissant des femmes, est-ce les aimer que de jouer avec leurs sentiments à des fins exclusivement prédatrices ? Quant aux voyages, si c’est par haine de son propre pays qu’il s’y livre…

J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteur, Nicolas Fargues. Pour le reste, le portrait de ce type - qui regarde avec dégoût sa femme de 40 ans et s’envoie en l’air avec des jeunes femmes de 20 ans, en étant spectateur de lui-même vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y compris au lit, et qui dresse de la France un portrait quasi-apocalyptique – pour moi qui suis un amoureux de la France, de sa culture et de son Histoire, m’a profondément tapé sur les nerfs. Pourvu que l’auteur ne soit pas aussi aigri dans la vie et qu’il ne s’agisse que de fiction, sinon il risque de trouver le reste de son chemin particulièrement désespérant et long.

Pour conclure, la question qu’on pourrait se poser c’est : qui est le p’tit ? La France, qui, pour moi, a encore beaucoup de choses à dire au reste du monde ? Ou bien notre héros ? Et si, finalement, ce n’était pas lui le « pt’it » ?

François-Régis Friant

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Dépression française

Mais quelle mouche mal embouchée a pu piquer Romain Rhyssen, quarante-quatre ans, sociologue de son état, à publier Au pays du p’tit, ce petit essai si stigmatisant sur les Français ? Comme si on avait besoin de cela, en ce moment où tout est si difficile ! Ou n’est-ce qu’une stratégie, de la part de cet universitaire sans grande envergure, pour attirer l’attention de ses pairs ? Car c’est d’abord, pour lui, l’occasion de se promener de colloques en conférences où il multiplie les rencontres cocasses avec ce qu’il y a de plus pensant en France, et même dans le monde. Une espèce de consécration, en somme. Le narrateur en profite pour commenter abondamment les passages les plus polémiques de son essai. Car c’est bien connu : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. En ressort le portrait-type du Français « moyen » en nain frileux et grincheux, qui cultive sa dépression quand d’autres s’activent à faire prospérer leur jardin.

Usant de façon très habile du procédé de la mise en abyme, Nicolas Fargue réussit parfaitement, dans cet opus, à combiner l’art du roman et celui du pamphlet, créant un effet de miroir réfléchissant qui piège vite le lecteur, malgré lui. Avec une verve tout en retenue qui retient à peine une ironie mordante, il se livre à cet exercice désormais très en vogue du french bashing, critiquant tout à tour le gaspillage de l’argent public, l’arrogance congénitale des Français, l’imposture de « l’exception culturelle française », dont il ne manque pas, par ailleurs, de profiter largement, en bon Français « moyen » qu’il est…

Sur le principe du « Qui aime bien châtie bien », Nicolas Fargue signe-là un roman vachard et acide. Mais c’est aussi une lecture réjouissante et très drôle. Mention spéciale à la description du petit milieu sclérosé et satisfait des chercheurs universitaires qui s’enorgueillissent de peu, et à la scène de séduction hilarante entre le narrateur, qui abuse de sa pseudo-notoriété, pour mettre dans son lit une étudiante slovaque qui-pourrait-être-sa-fille, extasiée par le fait d’avoir réussi à séduire un grand homme, tandis qu’il multiplie les textos affectueux à sa compagne qui l’attend patiemment à Paris. Illustration concrète, peut-être, de ce fameux « esprit français », héros bien malmené de ce roman mais qui n’est pas sans avenir !

Qui a dit que « C’est possible » n’est pas français ?

F.L

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12-Un sentiment mitigé…

https://www.youtube.com/watch?v=faiKLhqfgJI

(Entretien avec Olivier Bleys sur son roman)

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Un récit contemplatif

Le parcours d'une famille chinoise pauvre vivant dans la banlieue de Shenyang, ancienne ville industrielle, famille dirigée par Wei Zhang; le père, il tentera tant bien que mal d'honorer le serment de ses parents, enterrés sous l'arbre évoqué dans le titre : Devenir propriétaire de la maison dans laquelle ils habitent. Cependant, un projet minier menace le quotidien de la famille et l'hiver approche... Le récit se déroule aux alentours de 2006, début de la construction du barrage des Trois-Gorges auquel il est plusieurs fois fait référence.

La forme du récit me laisse perplexe. On a le droit à un récit longuet durant les trois quarts du livre pour que tout s'accélère durant les cinquante/soixante dernières pages du livre qui débouchent sur une fin vite expédiée et décevante; qui oublie de répondre à certains éléments de l'intrigue et qui laisse sur sa fin. Le reste du récit manque d'enjeu, à mon goût et avance lentement. Cependant, je trouve la plupart des personnages cohérents et bien écrits, à part celui du PDG de l'entreprise immobilière à laquelle la maison de Wei et sa famille appartient, mais j'y reviendrai plus tard. Le cadre de l'histoire est facilement imaginable grâce à la description réaliste et presque constante qui en est faite. Cela a pour effet qu'il en devient presque poétique à certains moments au travers de paysages décrits.

L'écriture de Bleys dans ce roman ne sera pas du goût de tous : elle est très descriptive. Cette description est un point fort mais également un point faible de ce roman : d'une part, elle permet une meilleure représentation du cadre spatio-temporel comme précédemment dit, et de plus, Olivier Bleys choisit toujours les bons mots pour ne pas la rendre poussive et confuse. Les figures de style sont bien choisies. Malgré cela, ce style d'écriture ajoute des lourdeurs et ralentit le récit. Durant ma lecture, j'ai eu l'impression que certaines actions prenaient des heures à se clôturer !

Le thème abordé est, je trouve, assez intéressant, vu que peu très abordé en France. Olivier Bleys nous parle ici du cas des maisons clous chinoises. Les maisons clous appartiennent à des propriétaires ne voulant pas céder leur maison en faveur d'un projet immobilier entraînant la destruction de leur maison. Le livre dénonce les déboires du Capitalisme de l'après ouverture économique de la Chine au travers du personnage de Fan, leader très riche d'une agence immobilière, mais qui ne reste qu'un cliché ambulant du grand leader capitaliste comme on en a déjà vu auparavant. Il montre aussi les perdants de cette ouverture économique : Wei et sa famille sont entourés d'usines à l'abandon total. Lui-même travaillait dans une de ces usines. Il dénonce aussi l'impact écologique et sanitaire de l'industrialisation. Cependant j'ai trouvé que le fond du roman n'est pas assez développé et n'est pas abordé de façon constante à travers le roman, le gros étant évoqué encore une fois vers la fin du récit.

En conclusion, je suis mitigé par ce roman : la narration est lente et prépare à quelque chose de mémorable pour se finir sur un pétard mouillé. La description permet de s'immerger dans le roman et l'écriture est très belle; mais créent des lourdeurs, les personnages sont biens écrits, mais certains soit sous exploités soit caricaturaux, l'histoire manque cruellement d'enjeu, et n'intéressera pas tout le monde. Ainsi comme il m'a été dit :

Tout ça pour ça ?

Maëllan Carrer

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Conte un peu cruel de la Chine qui s’est vendue au grand Capital

La fable du pot de terre et du pot de fer

« Mes gens s’en vont à trois pieds.Clopin-clopant comme ils peuvent,L’un contre l’autre jetés,Au moindre hoquet qu’ils trouvent.Le pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pasQue par son compagnon, il fut mis en éclats,Sans qu’il y eût lieu de se plaindre »

Jean de La Fontaine, Fables, « Le pot de terre et le pot de fer »

Il était une fois Wei Zhang, qui vit pauvrement avec sa famille qu’il aime tendrement, dans une maison délabrée. Perdue dans les tréfonds d’une de ces grandes banlieues industrielles que la Chine millénaire a vues pousser comme des champignons vénéneux, elle contient un trésor : un arbre à laque sous lequel sont enterrés les aïeux de Wei. Aussi y vient-il souvent pour y palabrer. Un jour, Wei reçoit une somme d’argent providentielle et achète la maison. Mais à peine a-t-il le temps de jouir de son nouvel état de propriétaire qu’un conglomérat d’entreprises, pas tellement communiste, menace de l’en exproprier et de la détruire. S’engage alors un combat contre les Puissants. C’est le retour du pot de terre contre le pot de fer.

Pangloss au pays de Mao

Conte philosophique ou conte cruel, invitation à entrer dans l’imaginaire asiatique, Discours sur la fragilité des hommes s’impose d’abord par sa langue très poétique et la beauté de ses titres. Le récit se présente comme une parodie burlesque d’un de ces récits d’apprentissage où les tribulations du héros l’amènent à découvrir quelques vérités essentielles sur la nature humaine. Wei Zhang et sa famille découvrent ainsi les méandres peu reluisants de la bureaucratie chinoise convertie à la croissance à deux chiffres. Le comique burlesque du personnage et le réalisme sordide de la vie en banlieue s’entremêlent avec aisance et légèreté, et chacun des épisodes de ce voyage intérieur est conçu comme une fable dont il appartient au lecteur de tirer la leçon. Mais dans cette odyssée du pot de terre contre le pot de fer, Wei Zhang fait vite plutôt figure de nouveau Pangloss que de nouveau Candide, tant il parle, il parle, il parle…Un vrai moulin à paroles ! Tant et si bien que son bavardage incessant finit par noyer son message. On voudrait qu’il se taise un peu. On cherche le discours de l’arbre qui reste bien sage et bien coi au fond de son jardin.

Où la moralité laisse un peu sur sa faim

« Au fond, je suis un homme comme les autres ! Les hommes bâtissent des maisons, labourent des champs ; ils tracent des routes et amassent des trésors. Et un jour, ils découvrent que tout cela n’est pas grand-chose, que la vraie valeur de la vie, ce sont des êtres humains, une femme et leurs enfants à leurs côtés… » Telle est la méditation conclusive de Wei Zhang, à l’ombre du vieux sumac, tandis que sa maison est sauve et qu’elle menace toujours de s’effondrer.

Euh….Bon. Il faut cultiver son jardin. Soit.

Mais tout ça pour ça ? Comme quoi, même le discours des arbres millénaires peut être fragile…

F.L

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13-Une vision mi-figue mi-raisin de l’Afrique

https://www.youtube.com/watch?v=T9eQu4shbH8

(Alain Mabanckou présente son roman))

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Une enfance au Congo

Petit Piment est le surnom gagné de haute lutte par un orphelin auquel on a donné, à sa naissance, un nom imprononçable. Il grandit dans un orphelinat, au début sous la protection d’un maître généreux et d’une assistante qui l’aime comme s’il était son fils. Mais soudain arrive l’autoritaire Dieudonné Ngoulmoumako qui rebat toutes les cartes, semant le doute et la peur parmi les enfants.

En arrière-plan de cette révolution à l’orphelinat, la révolution socialiste s’abat sur le pays. Les discours changent brusquement. Ce qui était valable jusqu’à maintenant ne l’est plus. Le pays tout entier en perd le nord, et Petit Piment aussi.

Las de cette vie de misère, il parvient à s’échapper avec quelques orphelins et en avant l’aventure ! Une vie errante commence, faite de larcins et de combines hasardeuses. Mais cela n’empêche pas d’être heureux ni de faire des rencontres fabuleuses, comme celle de Mama Fiat 500 qui tient une maison close où les femmes sont belles et gentilles. Bref Petit Piment, l’orphelin, a enfin trouvé une famille. Pourtant, le passé le rattrape. On n’oublie jamais d’où on vient et le malheur, lui, ne vous oublie jamais non plus…

Petit Piment est un récit d’enfance pittoresque ; une enfance congolaise inspirée de l’expérience de l’auteur originaire de ce pays. Sa réussite est qu’il est écrit du point de vue de l’enfant et qu’il parvient à restituer admirablement la fraicheur et la naïveté, faite d’inquiétude et de confiance, d’obéissance et de contestation qui lui sont propres. Rempli d’humour, malgré sa gravité, le récit est endiablé et plein de verve. Dans ce décor exotique, les personnages sont hauts en couleur et font apparaître une Afrique à la fois extravagante, débrouillarde et solidaire, mais aussi particulièrement brutale et instable, où les humiliations sont constantes. Les rues du Congo sont une école de la débrouille où les enfants, souvent abandonnés à eux-mêmes, doivent apprendre à se battre, au sens littéral du terme.

Une raison de lire ce roman ? : Le regard que porte l’auteur sur son pays est à la fois tendre et critique. Pour nous, c’est une fenêtre entrouverte sur un pays et sur une histoire qui nous sont méconnus.

F.L

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14-Une découverte stimulante et entrainante !

https://www.youtube.com/watch?v=FWRqA9Mi0I4&list=PLPCmUfDxYxEjYDHSTMJLPG0OAdZA44uRr&index=2

(Hedi Kaddour parle de son roman dans la Grande librairie)

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Silence on tourne !

Logez dans un même bled, des Américains, des Français, et des Arabes.Mettez en décor les années 20, le début du cinéma hollywoodien, et le déplacement d'un barnum venu chercher l'exotisme pour pellicule, sur les sables de l'Afrique du Nord. Entre les joyeux, libres et bruyants Yankees et les Musulmans, c'est la curiosité, la suspicion des extrêmes, sous l'œil de la communauté française, des coloniaux ou propriétaires terriens, "prépondérants" imbus de leur autorité supérieure et du poids moral de leur civilisation. Leur liberté de mœurs et de parole va semer le trouble dans cette petite société bien réglée. En effet, les actrices américaines se déplacent librement, sans leur mari, et elles sont vêtues de façon bien trop courte et choquante, à la fois pour les Musulmans, mais aussi pour les Français, qui sont encore très conservateurs au niveau des mœurs. Par des petits actes quotidiens, et sans même sans rendre compte, les Américains remettent en cause "la prépondérance" des Français sur leur petit monde. ..

Dans un roman au parfum d'exotisme, Hédé Kaddour orchestre le choc des cultures, la confrontation d'individus aux valeurs différentes, notables Français, élites arabes, modernisme outre -Atlantique. Dans ces temps où le nationalisme devient un sentiment puissant, où les prémices d'une décolonisation interrogent chacun en enthousiasme, inquiétude ou fatalisme, voici un roman d'aventures qui entraîne le lecteur des paysages de sable et de palmiers à Paris agité de fêtes, puis à Berlin, dans une Allemagne exsangue . L'un des personnages explique le mot "prépondérant" : "c'est très simple, nous sommes beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes, nous pensons beaucoup plus, donc nous avons le devoir de les diriger, pour très longtemps, car ils sont très lents, et nous nous groupons pour le faire le mieux possible, nous sommes l'association, l'organisation la plus puissante du pays !" Histoires d'amour croisées sans sentimentalisme, conversations brillantes, propos ironiques, ragots et potins, racisme ordinaire, subtilité des arabes... L'auteur ressuscite la liberté des années Folles avec virtuosité, pour nous parler de colonialisme, de condition de la femme, de désir en dépit des préceptes de classe, de religion ou civilisation. Dans chaque chapitre, il entrelace les voix de quatre ou cinq personnages de façon magistrale. Il y a Raouf, jeune arabe avec des sympathies communistes et nationalistes. Il est allé au Lycée Français et il est partagé entre son attrait pour l'Occident et son rejet du colonialisme. Il y a Rania, jeune veuve qui administre seule son domaine contre l'hostilité de son frère, qui voudrait la remarier. Son mari étant mort pour la France dans les tranchées, les autorités françaises sont assez bienveillantes avec elle. Il y a Gabrielle Conti, la jeune et belle journaliste parisienne, qui mène une vie libre car elle est protégée par son carnet d'adresse et son réseau d'influence. Il y a Gauthier, archétype du colon réactionnaire mais qui a bon cœur. Il est amoureux de Gabrielle Conti, mais il ne sait pas comment s'y prendre avec une femme qui lui tient tête. Enfin il y a Catherine Bishop, starlette hollywoodienne libérée qui aspire à connaître le pays. En nous montrant bien leurs points de vue et leurs façons de penser, Hédi Kaddour donne au livre une densité remarquable. Ses personnages sont bien construits, femmes libres sous chapeau cloche ou voile imposé, hommes élégants des communautés coloniales, caïd retors ou "indigènes" incultes.

L'écriture de l'auteur et son style sont, à eux seuls, suffisamment intéressants pour justifier la lecture de ce roman. Il arrive à rendre admirablement cette époque où la France était sortie vainqueur de la deuxième guerre mondiale. Certaines scènes sont palpitantes de vérité, portées par un souffle épique et cinématographique. L'écriture foisonnante et alerte, flirte avec une pointe d'humour mordant et un talent certain pour la parabole. Un livre subtil avec lequel j'ai passé un très bon moment ! Mais difficile à suivre, parfois, par son entrelacement de personnages.

Sylvain Marza-Canet

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Ça tourne !

L'histoire se déroule dans les années 1920, à Nahbès, une ville imaginaire du Maghreb. Un groupe d'américains débarque pour un tournage de film. Les américains choquent les villageois de par leurs habits et leurs manières. Cinq personnages principaux : Raouf (jeune arabe), Rania (cousine de Raouf, veuve), Gabrielle Conti (journaliste, française), Ganthier (amoureux de Gabrielle), et Catherine Bishop (star hollywoodienne). Ils vivent des situations complexes : vies amoureuses, engagements politiques, amour de la patrie, recherche de l'indépendance...

« Les Prépondérants » est le nom d'un club, où tous les européens (ni arabes, ni juifs) de Nahbès se réunissent. Ils sont racistes et pensent être supérieurs aux arabes.

L'auteur de ce livre a un style d'écriture particulier, j'ai eu du mal à le finir ; peut être ce livre n'est il pas adapté à notre âge.

En revanche, il apporte énormément d'éléments sur l'Histoire, j'ai appris beaucoup de choses sur cette époque que je ne connaissais pas et à laquelle je ne m'étais pas intéressée grâce à ce livre.

Esther Thebaud

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