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J J 1 JOURNALISTE D’UN JOUR Supplément spécial, réalisé par des lycéens. Ne peut être vendu. Mardi 9 octobre 2018 Handicap : l’art pour lutter contre les discriminations Page 22 Photo L’Alsace/Thierry Gachon Les lycéens veulent leur Marianne Page 37

cdn-s- · 2018. 10. 10. · Sarah (*), 15 ans, ne va plus à l’école. Victime de harcèlement dans l ... Selma KARA et Camille LITHARD L’avenir se lit dans les pierres En mai

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J J1JOURNALISTE D’UN JOUR

Supplément spécial, réalisé par des lycéens. Ne peut être vendu. Mardi 9 octobre 2018

Handicap : l’art pour luttercontre les discriminationsP

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Photo L’Alsace/Thierry Gachon

Les lycéens veulent leur Marianne

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Vie associativeJOURNALISTE D'UN JOUR2

Les élèves de TES du lycée interna-tional des Pontonniers et de TES2du lycée Le Gymnase Jean-Sturmde Strasbourg ont planché hier, àla Maison de la Région, sur lethème de la vie associative.Les élèves de TES du lycée interna-tional des Pontonniers : Léo Du-rante, Mathias Fragoso, Hugo Go-mez Smaïli, Isaac Görgen, FatimaHajji, Grace Igiebor, Tanzila Koche-gulgova, Maria-Edouardovna Kos-kin, Yvahn Laguna Garcia, SarahMalaisé, Alina Musesyan, CamilleRondé, Hamza Sair, Aude Santel-mo, Julien Walter, Léa Weinbrecht,Samuel Williams, Faezeh Yazdan.Professeurs accompagnateurs :Thierry Kielmann (sciences écono-miques et sociales) et Arnaud Ga-leotti (professeur documentaliste).Les élèves de TES2 du lycée LeGymnase Jean-Sturm : ThéoAlexandre, Maxime Cazet, CandiceCherrier, Clarisse Catois, ManonBurstin, Nabil Dali, Félix Dobler,Sergi Company Pelisse, Lisa Cohen,Dimitri Droit, Jade Ezanno, NicolasFerrari, Sophie Henninger, Selma

Karam, Louis Kempenich, NellyKouambou Njiosseu, Félicie Kraeu-ter, Jules Leroyer, Camille Lithard,Cécile Marchal, Éloïse Meier, Car-mine Orbelé, Hugo Payer, VivienReiss, Arnaud Richert-Hartmann,

Élise Roy, Étienne Soler-Couteaux,Villa Marius, Valentin Woessner,Miriam Wolf.Professeurs accompagnateurs :Pascal Andreolli (professeur docu-mentaliste) et Hubert Mayer (SES).

Responsable de site : Audrey Petit.Techniciens du lycée Charles-Poin-tet : Camil Bouacida, Reda Azizi etFirat Oztürk.Journalistes : Sonia de Araujo, Oli-vier Arnal et Luc Sorgius.

L’équipe J1J de Strasbourg

Les élèves du lycée international des Pontonniers et de l’établissement Jean-Sturm deStrasbourg ont participé, hier, à l’opération J1J à la Maison de la Région. Photo L’Alsace/Luc Sorgius

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Vie associative JOURNALISTE D'UN JOUR 3

In Frankreich ist im Oktober der« Rosa » Monat. Während dieser31 Tage werden viele Forschungsi-nitiativen organisiert, um gegenden Krebs zu kämpfen. AntoineMousson, ein junger Forscher desCNRS, erforscht im Rahmen seinerThese Hautkrebs an dem Inva-sionsmechanismus des Mela-noms. Wir haben den Forschungs-leiter Philippe Rondé getroffen,dessen Projekt von dem Verein« L’Alsace contre le cancer » fi-nanziert wird. Dieser Verein hatnämlich zum Ziel, die Forscher zufinanzieren, um ihre Arbeitsbedin-gungen zu verbessern, sodass sieschneller ein Heilmittel gegenden Krebs finden können. Ihre Zie-le sind aber auch die Gesellschaftzu sensibilisieren, deswegen or-ganisieren sie Konferenzen undDebatten für die breite Öffentlich-keit und sie versuchen auch denKranken zu helfen.

Können Sie ihre Arbeit vorstel-len ?

« Ich bin Forschungsleiter desCNRS, ich arbeite an der Pharma-zeutischen Fakultät von Illkirch indem Bio-Imaging- und Pathologie-labor mit einem Team von Wis-senschaftlern zusammen. Wir ar-b e i t e n a n d e m M e l a n o mbeziehungsweise an der Umwan-dlung des Menalozyt in Mela-nom. »

Seit einiger Zeit werden Sie von dem Verein « L’Alsace contre le Cancer » finanziert, inwiefern hat es Ihnen geholfen ?

« Ja, ich werde von dem Verein« L’Alsace contre le cancer » fi-nanziert, bei dem ich mich noch-mals bedanke. Ich habe nämlich15 000 Euro bekommen. Dank die-ser Finanzierung konnten wir einspezifisches Forschungprogrammeinleiten. Das Ziel dieses Pro-gramms ist zu verstehen, wie einMelanozyt oder ein Muttermalsich in ein aggressives Melanomumwandeln kann. »

Warum ist diese Finanzierung so wichtig ?« Es hat uns ermöglicht, einenStudenten, Antoine Mousson, derseine These zu diesem Themaschreibt, für zwei Jahren zu finan-zieren. Es ist notwendig, da derCNRS und die Universität ein fi-nanzielles Limit haben. Die Finan-zierung durch Vereine wie « L’Al-

sace contre le Cancer » sind alsogrundlegend.

Camille RONDÉ et Grace IGIEBOR

INTERNET Sie können die Webseitebesuchen, um sich über Aktuelleszu informieren oder auch mit einerSpende beizutragen : https ://www.alsacecontrecancer.com.

Philippe Rondé, Forschungsleiter des CNRS. DR

« Die Finanzierung durch Vereine ist grundlegend »

Sarah (*), 15 ans, ne va plus à l’école.Victime de harcèlement dans l’éta-blissement où elle était scolarisée, elle n’a plus la force d’y retourner. En2017, après des mois de souffrance, lajeune fille s’est tournée vers l’associa-tion Parenthèse qui aide les élèves souffrant de phobie scolaire à se réin-tégrer dans le système. L’association strasbourgeoise lui a permis de s’épa-nouir en lui proposant au sein de la structure des cours adaptés.

La souffrance des jeunes,mais aussi des parents

« Parenthèse m’a apporté un cadre devie plus stable et permis de retrouver une vie sociale. Je suis reconnaissanceenvers l’équipe éducative de m’avoir aidé à raccrocher avec les cours », témoigne-t-elle. Auparavant, il lui coûtait physiquement et moralementde se rendre en cours. Elle souffrait souvent de maux de ventre, nausées ou encore de difficultés respiratoires.Grâce aux enseignants, ainsi qu’à Vé-ronique Damoiseau, conseillère et coach scolaire, elle a retrouvé con-

fiance en ses capacités. Pour la récon-cilier avec l’école, les enseignants sont bienveillants et attentifs à ses besoins. « Lorsqu’un enfant est at-teint de phobie scolaire, c’est toute une famille qui est en souffrance », souligne la conseillère.Elle insiste notamment sur les réper-cussions morales chez les parents en raison de la détresse de leur enfant :

« Certains arrêtent leur activité pro-fessionnelle ou tombent en dépres-sion. Parfois, ils finissent par s’isoler parce qu’ils ne sont pas compris par leur entourage. » Pour répondre à leurs questions, elle et une psycholo-gue proposent un groupe de parole pour les soutenir. Chaque jeune avan-ce à son rythme grâce à une approcheplus ludique et dynamique. Les 16

adolescents, suivis par l’association, s’entraident et développent un esprit de solidarité. Pour Sarah, « rares sontles établissements spécialisés pour lesenfants ayant rencontré des difficul-tés scolaires ou personnelles ». Paren-thèse lui a permis de recréer des liensavec des jeunes comme elle, incom-pris et mis de côté dans le système scolaire. Ils peuvent avoir subi des agressions ou être des adolescents à haut potentiel.La phobie scolaire est encore mécon-nue et toucherait près de 5 % des élèves en France quel que soit leur niveau. L’ambition de la structure : « Devenir une école hors contrat, sur demande de l’Inspection académi-que », note Véronique Damoiseau, qui indique que « le dossier est en attente de validation de la part du Rectorat ». Une étape qui permettraitde mettre encore plus en lumière ce mal qui ronge le système scolaire.

Félicie KRAEUTERet Sophie HENNINGER

(*) Le prénom a été volontairement changé.

Phobie scolaire :les cours de la dernière chance

La conseillère et coach scolaire Véronique Damoiseau, ici dansles locaux de l’association Parenthèse. DR

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Vie associativeJOURNALISTE D'UN JOUR4

« Les tailleurs de pierre sont com-me les pâtissiers de la boulange-rie », explique Norbert Stoffel. Ceque le président de l’associationEASMS (Européenne de tailleurs depierre et sculpteurs) veut dire,avec cette image, c’est que lestailleurs de pierre exploitent avecsoin la matière première récupé-rée par d’autres, en l’occurrenceles carriers. Ingénieur de forma-tion, Norbert Stoffel s’est passion-né pour ce matériau lors de sesrencontres avec des gens du mé-tier.

« Une matière naturelle pleine de vertu »

Il a créé l’association il y a dix ans,dans le but de promouvoir les mé-tiers de la pierre en Europe auprèsdu grand public et des architectesen particulier.L’objectif premier de l’associationest de rénover mais aussi de cons-truire de nouveaux bâtiments enpierre, « une matière naturellepleine de vertu », détaille NorbertStoffel. « Elle est recyclable, facile

à déconstruire, adaptée à l’archi-tecture bioclimatique et nécessitepeu de transformations. Tout àl’opposé du béton qui épuise lestock de sable et dont l’érosionaffecte les nappes phréatiques. Il ya assez de pierres dans toutes lesrégions de France pour l’extraire etconstruire avec peu de moyens. »Avec des logiciels informatiquesmodernes, il va être possible d’in-dustrialiser la production de pierreet de créer des maisons agréablesà vivre, prédit ce passionné. L’as-

sociation est en partie financéegrâce au Festival européen de lapierre qui a lieu chaque annéedans une ville différente. Avec5 000 « adhérents » sur Facebooket le soutien « des politiques lo-caux et de nombreux amis », l’as-sociation espère « créer un vivierde l’écoconstruction en pierredans le Grand Est ». À l’internatio-nal, elle a malheureusement stop-pé son développement à cause desconflits sur les côtes méditerra-néennes. Elle collabore étroite-

ment avec l’Académie des arts tra-ditionnels de Casablanca, auMaroc, où des apprentis se perfec-tionnent dans les métiers de lapierre. Norbert Stoffel considèreStrasbourg comme « une capitalede l’esprit Rhénan, réserve des sa-voirs et des métiers du Moyen-Âge ». Il lance donc un appel àtous les corps de métiers, de lacarrière jusqu’au poseur, suscepti-bles de vouloir y participer.

Selma KARAet Camille LITHARD

L’avenir se lit dans les pierres

En mai dernier, le Festival européen de la pierre, qui s’est tenu à Saverne, a réuni 150 tailleursde pierre du monde entier. DR

Quand on voit les petites têtes deschiens et des chats dans les enclosde la SPA de Strasbourg, on a envie immédiatement de les aider à trouver une nouvelle famille. Notamment lors des portes ouver-tes organisées récemment. Cha-que jour, des bénévoles viennent s’occuper de tous les pensionnai-res. La SPA s’occupe d’environ 50 chiens, 40 chats, et de nombreux rongeurs. Sans les bénévoles, l’as-sociation strasbourgeoise aurait du mal à fonctionner au quotidien.Leur nombre, une centaine envi-ron, varie en fonction du temps et des saisons, surtout l’été lorsque les abandons s’accélèrent. « Tous les membres de l’association, et même la présidente, sont des bé-névoles. Tout le monde est capa-ble de faire toutes les tâches », explique Marc Wurtz, responsabledu personnel et ancien bénévole.Les missions des bénévoles sont vastes et nombreuses. Elles vont des tâches administratives, à la promenade des animaux. Mais aussi les nourrir, suivre leurs adop-

tions, et tout simplement passer du temps avec eux !Devenir bénévole, c’est très sim-ple et à la portée de tous. Au départ, le plus important est d’être motivé. Pour postuler et rejoindre l’équipe des bénévoles de Strasbourg, il faut ensuite en-voyer un mail à la SPA, remplir unefiche de renseignements, puis sur-tout faire une formation auprès dela structure, pour s’occuper des animaux.

Léa WEINBRECHT et Maria KOSKI

CONTACTER [email protected]

Ne pas abandonner la SPA

La SPA accueille actuelle-ment une quarantaine dechats. Photo J1J/Léa Weinbrecht

Une association remise en selle.L’École d’équitation du Waldhof aété créée en 2012 à la suite dudépôt de bilan de l’associationprécédente, par des cavaliers pro-priétaires et passionnés. Son pré-sident, Yves Tazelmati, est lauréatde l’Oscar du sport du dirigeantde l’année, qui récompense sonaction à la tête du troisième club

d’Alsace en termes de licenciés.Comment gère-t-il une associa-tion de cette envergure ? Le diri-geant souligne le travail de l’om-bre « des bénévoles qui aident surles différentes manifestations ». Ilinsiste également sur l’importan-ce des aides financières octroyéespar les mécènes et les institu-tions, dont la Ville de Strasbourg.

Un président qui gère son école au galop

Yves Tazelmati est le président de l’école d’équitation duWaldhof. Il a reçu l’Oscar du sport du dirigeant de l’année. DR

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Vie associative JOURNALISTE D'UN JOUR 5

Mettre en danger sa vie pour ensauver une autre : Nazih Kussaibin’a pas hésité. En 2014, il s’estintroduit en Syrie, pays en guerre,au péril de sa vie. « Pour pouvoirrentrer sur le territoire clandestine-ment, on a dû se cacher dans unemarmite comme des clandestins quitraversent chaque jour la mer Médi-terranée », raconte le Strasbour-geois d’origine syrienne, présidentde l’association Alsace-Syrie.

Favoriser l’intégrationdes réfugiés

Le but de cette opération risquée ?Toucher du doigt « la situation ca-tastrophique que rencontre ce payset assurer aux donateurs que leursdons sont bien arrivés en Syrie. »Car l’association Alsace-Syrie, crééeen 2012, en réaction aux horreurscausées par la guerre civile qui afrappé le pays en 2011, récolte desdons qui permettront ensuite d’ap-porter une aide financière et maté-rielle aux victimes.La structure caritative, qui compteune trentaine de membres, se situe

à Strasbourg au quartier de la Mon-tagne-Verte. L’association stras-bourgeoise est financée par les donset par le soutien de la mairie deStrasbourg. Le voyage qui a été ef-fectué en 2014 a coûté 45 000 euros.Entre juin 2012 et août 2017, 25

grands containers contenant desfournitures scolaires, du matérielmédical et de la nourriture, ont puêtre envoyés grâce aux dons desbienfaiteurs.Afin de favoriser l’intégration desréfugiés en France, l’association a

mis en place des cours d’apprentis-sage de la langue française. Ellepropose une aide à l’installation desfamilles, participe à l’achat de meu-bles pour leur appartement, achètedes vêtements pour les nouveauxarrivants. Alsace-Syrie participe par-fois à la recherche des logementsprovisoires chez les habitants le temps que la famille obtienne unlogement des autorités compéten-tes. Nazih Kussaibi insiste sur l’im-portance des dons : « Si chaque ha-bitant de Strasbourg donnait un e u r o , o n p o u r r a i t r é c o l t e r279 740 euros actuellement. » Uneaide non négligeable pour financerles cours de langue, ainsi que lelogement et l’alimentation.

Alina MUSESYAN,Faezeh YAZDAN, Fatima HAJJI

et Julien WALTER

CONTACTER L’association Alsace-Sy-rie et son président Nazih Kussaibi au06.12.11.11.22. Le local est situé au217, route de Schirmeck. L’associa-tion recrute des bénévoles.SURFER www.alsace-syrie.fr

Aider les Syriens coûte que coûte

Julien Walter (à g.), un élève du lycée international desPontonniers aide Nazih Kussaibi, le président d’Alsace-Syrie, àtrier les dons dans le dépôt de l’association. Photo J1J/Fatima Hajji

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Jacques Flurer garde un bon souvenirde son passage au Gymnase Jean-Sturm de Strasbourg. Il est donc logi-quement devenu président de l’asso-ciation des anciens élèves de l’établissement, animé par la volon-té de la faire grandir. Son lycée ne luia pas seulement appris à « réciter duVirgile en latin mais aussi à vivre en société et à s’ouvrir au monde », déclare-t-il. Selon lui, contrairement aux associations d’anciens élèves tra-ditionnelles, celle-ci souhaite « déve-lopper un réseau d’informations et de contacts mis à disposition pour lesélèves et transmettre à la commu-nauté éducative leurs savoirs ».Outre les repas entre anciennes pro-motions, les réunions du comité des 17 membres, ou des visites organi-sées comme au Sénat ou à l’Hôtel deVille de Paris, l’association propose également des conférences d’an-ciens élèves au sein même de l’éta-blissement qui s’adressent à tous et surtout aux élèves actuels. De plus, l’association créée en 1865 anime

des forums de métiers mais égale-ment des entretiens de motivation afin d’aider les élèves à trouver leur voie.Sergi, un élève de terminale du Gym-nase, s’est rendu à l’un de ces entre-tiens de motivations. Au contact des anciens élèves, il a pu faire le point sur son futur et « se rendre compte de ses atouts et de ses faiblesses » grâce à l’expérience de ces aînés.

L’association dispose également d’un network sur lequel on peut re-trouver les parcours singuliers d’« ex-sturmiens ». Certains sont devenus médecins, d’autres avocats ou enco-re banquiers.Dans cette association, c’est en re-gardant vers le passé qu’on arrive à construire l’avenir.

Jules LEROYER, Théo ALEXANDRE, Vivien REISS et Louis KEMPENICH

Au Gymnase, faire du neufavec les « anciens »

Visites, moments de rencontres et d’échanges, forums desmétiers, le comité de l’association des anciens élèves duGymnase Jean-Sturm met sur pied de nombreux projets. DR

Le Centre social protestant (CSP),fondé en 1953, est une associa-tion d’aide accueillant toutes lespersonnes en difficultés, sansdistinction aucune, peu importeleur religion. Parmi ses actions,on compte notamment des col-lectes et reventes de vêtementspar l’Armoire Solidaire, une ini-tiative lancée par le CSP, maisaussi des distributions de colisalimentaires et vestimentaires,ou encore une activité bricolagebois à destination des personnesisolées dans le but de créer desliens sociaux.Les é lèves et professeursmouillent le maillot aux Olym-piades de la solidaritéC’est pour cette association quese sont investis les 1 500 élèveset professeurs du Gymnase Jean-Sturm et Lucie Berger le 28 sep-tembre dernier, lors des Olym-piades de la solidarité. Commechaque année, les participants sesont surpassés pendant unecourse sur plus de 10 km au stadede la Rotonde à Strasbourg pourrécolter les dons de sponsors. Lasomme sera ensuite transmiseau CSP, puis réinvestie par l’asso-ciation pour ses différentes ac-tions sociales.L’association bénéficie égale-ment de dons de particuliers etdes églises. Elle reçoit des finan-cements de la part de la Semis etse finance également via l’Armoi-re Solidaire.

Trois salariés, 100 bénévoles

Le CSP emploie aujourd’hui troissalariés et une centaine de béné-voles interviennent régulière-ment, notamment lors de la col-lecte et le tri des vêtements.L’association entretient de nom-breux liens avec les autres struc-tures caritatives à Strasbourg, deCaritas au Secours Catholique enpassant par la Croix-Rouge.« On a des liens très proches avectoutes les autres associations ca-ritatives. Nous entretenons éga-lement de très bonnes relationsavec l’adjointe au maire chargéede la solidarité, Marie-Domini-que Dreyssé », explique PascaleLe Gall, assistante sociale au CSP.

Hugo PAYER,Valentin WOESSNER

et Arnaud RICHERT-HARTMANN

La solidarité au pas de course

Au Gymnase Jean-Sturm,toute une équipe d’anima-tion s’occupe du développe-ment personnel des élèves etde l’ambiance globale del’établissement. Les anima-teurs de l’association LaCroisée des Chemins met-tent en place des activitéssportives, artistiques ou en-core pédagogiques. Ces acti-vités s’illustrent par des ate-liers qui rassemblent lesjeunes par leur centre d’inté-rêt ou encore des événe-ments comme le festivalOblique ou les portes ouver-tes qui mettent en avantl’aspect créatif et la solidari-té des élèves.Emma, une étudiante en ter-minale, adhérente à l’atelierstretching, qui a vu le jourcette année et supervisé parune salariée de la Croiséedes Chemins, témoigne :« Cela m’a permis de faire denouvelles connaissances etd’en apprendre plus surl’animatrice qui vient de

Russie, même si on ne parlepas la même langue, ça faitdu bien de faire du sport. »En dehors du lycée, l’asso-ciation apporte égalementune aide aux personnes endifficulté sociale en leur per-

mettant de devenir anima-teur et se lancer dans unevie active. C’est notammentune opportunité pour lesétudiants qui touchent unpetit revenu par le biais decette activité et acquièrentde l’expérience. À ce jour,l’association compte 1 738familles adhérentes et 53 sa-lariés.Christèle Laforêt, présidentede l’association, précise que« le métier d’animateur esttrès fréquemment sous-esti-mé et souffre de l’idée com-mune que les animateursn’ont pas suivi de forma-tion ».L’association propose desévénements thématiqueschaque année. L’an dernier,il s’agissait du handicap.Aujourd’hui, elle souhaiteorganiser encore plus d’ac-tions pour les adolescents.

Miriam WOLF, ClarisseCATOIS et Carmine OBERLÉ

CONTACTER lacroisee-apar.fr

Quand on les croise, y a de l’ambiance

Christèle Laforêt est présiden-te de La Croisée des Chemins.

Photo J1J/Hubert Mayer

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Vie associative JOURNALISTE D'UN JOUR 7

Nous sommes le samedi 29 sep-tembre, en fin de journée, le nou-veau bar de la Fédération, quiregroupe les supporters du Ra-cing, vient d’ouvrir ses portes nonloin du stade de la Meinau. Enarrivant au 1906, on remarqueque les murs sont encore vides.Pas encore d’écharpe ou de tagaux couleurs du groupe de sup-porters, celui de la Fédération, oudu Racing Club de Strasbourg.Pour ce premier jour, le bar estencore loin d’être plein et il yrègne une ambiance loin de cellede la Meinau les soirs de match.Mais nul doute que cela ne va pasdurer. « J’invite tous les suppor-ters du Racing à venir au bar »,dit Frédéric alias Pepito, un desresponsables de la Fédération etmembre de la vieille garde desUB90. L’association a été crééeen 2011 lors de la liquidationjudiciaire du club. « Le but étaitde fédérer les différents groupes

de supporters pour préserverl’institution du club », précise Fred. Aujourd’hui, ce but a étéatteint.Pour pouvoir faire vivre ce bar, laFédération fait payer des cartesde membres et vend du matériel(écharpes, T-shirts, casquettes,bonnets, sweat, etc.) ainsi quedes boissons. De plus, elle faitappel à la solidarité des suppor-ters du Racing à travers une cam-

pagne de financement participa-tif. Grâce à celle-ci, déjà plus de3000 euros ont été récoltés, 51personnes y ont participé.Frédéric ajoute ensuite que « l’as-sociation a dépassé la barre des300 membres », et que « ce chif-fre est en augmentation constan-te depuis sa création ». Avant depréciser : « La Fédération estouverte à tout le monde, il n’y apas de limite d’âge même si la

majorité des membres n’ont pas20 ans. » La moyenne d’âge esten effet plus élevée que dans legroupe ultra des UB90 qui regrou-pe aujourd’hui les plus jeunes etles plus bruyants supporters. Ilsouhaite que l’association « con-tinue de grandir » et devienne unvrai partenaire du club, mais aus-si un passage obligé pour tous lessupporters strasbourgeois.« On veut créer un lieu de viecommun à tous les supporters duRacing avant et après lesmatchs », souligne Pepito à cesujet. Le bar a pour objectif d’êtreun lieu convivial pour continuerl’expérience Racing en dehors desmatchs. Pour le faire vivre et fairevenir le maximum de monde, laFédération prévoit d’organiserdes rencontres avec des joueursmais également des visionnagesdes matchs historiques du club.

Nicolas FERRARIet Sergi COMPANY

Au bar, les supporters du Racingsans pression

Les supporters du Racing font du bruit à la Meinau. Photo J1J/Sergi Compañy

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SportJOURNALISTE D'UN JOUR8

Les élèves de terminale ES 2du lycée Docteur-Koeberlé deSélestat ont planché hier sur

la thématique du sport. Voiciles participants : Justine Ar-naud, Mattéo Berger, Hélène

Blaise, Gauthier Broxer, LoïcChevance, Jason Chinappen,Antoine Claudot, Julie De-

gout, Nisa-Nur Diler, LeaneFussler, Bryan Gaudissard,Gabrielle Giusto, Gizem Gonc,Fiona Haegele, AmandineHoffmann, Chloé Jung, Ca-mille Kroetz, Estelle Lauf-fenburger, Amandine Lebaut,Antoine Lind, Victor Loos, Cé-lia Ludaescher, Daria Mann-hart, Maïden Meltz, JustineMeyer, Marion Meyer, Léo Ot-termann, Corentin Patès, Cas-sie Payen, Julien Pierre, BrettRidge, Alexis Risser, NicolasVerhaeghe, Hanna Zizin. Ilsétaient accompagnés par Ma-rion Heuzé (professeure docu-mentaliste) et Renaud Engel(professeur de sciences éco-nomiques et sociales).Équipe technique : JonathanBringel et Jordan Herolt (ly-c é e C h a r l e s - P o i n t e t d eThann).Les journalistes : CatherineChenciner, Christelle Didier-jean et Aurélie Feix.Responsable de site : CélineMey.

L’équipe J1J de Sélestat

Les lycéens ont démarré hier l’opération J1J à la médiathèque intercommunale de Sélestat. Photo L’Alsace/Aurélie Feix

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Sport JOURNALISTE D'UN JOUR 9

Inaugurée en 2009, la piscine de Séles-tat est devenue un lieu incontourna-ble. Située à côté des remparts Vau-ban, elle fait face au lac de canotage. Elle est équipée de différents bassins : un avec six couloirs de 25 m, un bassin ludique et une pataugeoire. Il y a aussi un toboggan, un espace de détente et une surface en plein air.On ne fait pas qu’y nager, on peut aussis’y détendre, se tonifier… Diverses ac-tivités sont proposées à des prix acces-sibles : aquagym, aquabiking, cours de natation, structure gonflable lors des vacances, etc.Le 5 octobre, un événement insolite y aeu lieu. Le film Le Grand bain y a été projeté en avant-première, à l’occa-sion du Festival du film sportif et ci-toyen (voir ci-dessus).

Selon des usagers rencontrés jeudi, l’ambiance à la piscine est « paisible »,les températures sont « agréables », et les locaux neufs semblent les ravir. Beaucoup apprécient la vue sur l’exté-rieur. Quant au bassin à courant, il est très prisé !Plusieurs personnes jugent les horai-res d’ouverture « inadaptés ». Par exemple, la piscine est fermée le mer-credi entre 12 h 30 et 17 h 30. Or, cela pourrait être un jour idéal pour s’y ren-dre en famille.Certains nageurs estiment qu’il man-que une petite cafétéria. Le bâtiment dispose d’un espace vide à l’étage, mais la Ville peine à trouver des inves-tisseurs prêts à se lancer dans ce pro-jet.

Cassie PAYEN et Marion MEYER

« Le grand bain » à la piscine

La piscine a été bâtie à proximité du lac de canotage. Photo J1J/Marion Meyer

La ville de Sélestat a toujours étéférue de sport. Elle a décroché leprix de la ville la plus sportivedeux fois, en 1959 et en 2010. Ladeuxième fois, « cela a été unesurprise, estime Évelyne Hess,présidente de l’Office municipaldes sports (OMS), mais nousavons beaucoup travaillé dans cebut, nous avons préparé cela pen-dant des mois en montant undossier et une vidéo. » Effective-ment, le dossier de candidatureest conséquent, il compte 44 pa-ges et doit présenter de nom-breux critères tels que le nombrede licenciés, les résultats des as-sociations sportives aux compéti-tions, les installations sportives…Ce prix de la ville la plus sportivea-t-il généré des changementspour la ville ? « Le prix a simple-ment motivé les associations à enfaire plus et permis à Sélestatd’avoir plus de notoriété », ré-pond Évelyne Hess. Le titre n’apas permis à la commune d’obte-nir de subventions supplémentai-res, néanmoins elle subvention-

ne les 43 associations qui sontaffiliées à l’OMS, essentiellementle club de handball, le SAHB.Sélestat a obtenu deux fois cetitre, ce n’est donc plus un objec-tif dans l’immédiat, surtout au vudu travail conséquent que de-mande la constitution du dossier.

Amandine HOFFMANN,Léane FUSSLER et Maïden MELTZ

Sélestat, ville la plus sportiveen 2010, et maintenant ?

En matière de sport, Sélestatest-elle toujours à la hau-teur ? Photo J1J/Maïden Meltz

« Le Festival du film sportif etcitoyen est né de notre désir decréer un lien social et notammentde mélanger deux publics quin’ont pas l’habitude de se cô-toyer. On s’était dit que Sélestat,élue ville la plus sportive de Fran-ce en 2010 et de surcroît villeculturelle, pouvait se lancer ledéfi de rassembler cinéphiles etsportifs afin de partager une mê-me émotion », se souvient Caroli-ne Reys, organisatrice du festivalet secrétaire de l’association Mic-Cités.La troisième édition de la mani-festation, organisée par l’associa-tion MicCités en partenariat avecle cinéma d’art et d’essai de Sé-lestat, Le Select, s’est dérouléedu 29 septembre au 2 octobre.« Le but de ce festival est deprésenter une dizaine de films surle thème du sport afin de réunirles sportifs comme les passionnésde cinéma durant le week-end oùse déroulent les courses de Séles-tat », précise Caroline Reys.Le thème du sport est porteur

parce qu’« on a tous un événe-ment ou un exploit sportif quinous a marqués » souligne Caroli-ne Reys. Que ce soit des fictions,des comédies, des documentai-res, les films ont été sélectionnés

avec attention. Au-delà du thèmedu sport, la sélection porte aussisur des problèmes de société. Ony aborde ainsi les inégalités socia-les et le harcèlement commedans Moi, Tonya, qui raconte

l’histoire d’une patineuse quin’est pas issue d’un milieu fami-lial stable et aisé, mais qui, grâceà son talent, affrontera les discri-minations.

Objectif pédagogiqueC’est pour cela que les films sontaussi destinés à être montrésdans des établissements scolairesà des fins pédagogiques.Pour la première fois, le festival aproposé aux spectateurs uneséance de cinéma originale enprojetant en avant-première na-tionale le film Le grand bain à lapiscine des Remparts, vendredisoir, avec la présentation d’unshow de natation synchroniséepar le club de Marckolsheim etd’Erstein.Ce festival permet donc à tous lespublics de se réunir, qu’on soitsportif, cinéphile ou qu’on veuillejuste passer un bon moment de-vant des films conviviaux et forten émotions.

Fiona HAEGELEet Célia LUDAESCHER

Un festival où sport et cinéma font équipe

Caroline Reys, secrétaire de l’association MicCités devant lecinéma Le Select. Photo J1J/Fiona Haegele et Célia Ludaescher

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SportJOURNALISTE D'UN JOUR10

Vous êtes de Sélestat et à la recherched’un sport de combat original ? Le Nippon Kempo est peut-être fait pour vous. Peu connaissent cet art martial fondé au Japon par le maître Sawaya-ma Masaru Muneumi en 1932. Ce sport, qui fait partie de la Fédération française de karaté, est arrivé dans l’Est de la France dans les années 90. Ilest composé de multiples arts mar-tiaux, le judo, le ju-jitsu, le karaté et laboxe. Jean-Michel Dielmann est un Kempoka, c’est-à-dire un professeur de Nippon Kempo. Il a découvert ce sport à Sélestat et a été élève de Maître Armando Santambrogio, 7e Dan de Nippon Kempo. Aujourd’hui cela fait 25 ans qu’il pratique. Il est maintenant président du club. Cette discipline est un loisir, précise-t-il. Il est bénévole, dans la vie de tous les jours, banquier !Pour arriver à ce niveau, Jean-Michel Dielmann n’a suivi aucune formation professionnelle. Il a d’abord appris la pratique du judo et du karaté avant dedevenir 4e Dan de Nippon Kempo. Comme dans la plupart des arts mar-tiaux, il faut passer des grades : cein-

ture blanche, jaune… pour finir rouge.Le Nippon Kempo est un art martial complet qui comprend cinq unités de valeurs, des techniques de bases à la pratique de self-défense, la dernière consistant à combattre vêtu d’une cuirasse, ce qui différencie le Nippon Kempo des autres arts martiaux.

Gabrielle GIUSTO et Justine ARNAUD

Y ALLER Vendredi de 18 h 50 à 20 hpour les enfants ; de 19 h 45 à 21 h 30pour les adultes, au Griffon Club deSélestat ; mardi au CSI de 20 h à21 h 30.CONTACTER L ’assoc iat ion au06.89.33.29.96 ou sur la page Face-book de l’AFNKK.

Le Nippon kempoà la croisée des arts martiaux

Combat de Nippon Kempo vê-tu d’un casque, d’un kimonoet d’une cuirasse. DR

La 27e édition des courses deSélestat s’est déroulée di-manche 30 septembre. Elle alivré un beau spectacle avec1325 participants. Un chiffrenéanmoins en diminution,puisqu’ils étaient 1 613 en2017. Une telle baisse d’in-térêt pourrait être corrélée àla hausse des droits d’ins-cription.« Cette augmentation estdue à une adaptation desprix aux autres courses de larégion », se défend ÉvelyneHess, présidente de l’Officemunicipal des sports de Sé-lestat (OMS) qui organise lamanifestation depuis 1992.Pour elle, « la diminution dunombre de participants s’ex-plique par une multiplica-tion des courses, car il y a 20ans, il n’existait que lescourses de Sélestat en octo-bre ».L’inscription à l’épreuve du10 km est passée de 10 € en2017 à 15 € en 2018, uneaugmentation de 50 %, alorsque le 5 km a connu une

augmentation de 25 % con-tre 11,1 % pour le semi-ma-rathon.« Je trouve que c’est un peuexcessif », souligne le Marc-kolsheimois Laurent Marcot-te, un habitué des mara-thons, notamment ceux deParis et de Berlin, et quiparticipe aux courses de Sé-lestat depuis une quinzained’années. « De plus, j’aitrouvé les horaires de départde cette année assez tardifs(N.D.L.R. : 11 h) car il faisaitdéjà chaud », ajoute-t-il. Ce-pendant, Laurent Marcotteapprécie « l’ambiance festi-ve du centre-ville où les sup-porters encouragent les cou-reurs à donner le meilleurd’eux-mêmes. »En comparaison, Les Fouléesdes 4 portes de Rosheim, lasemaine précédente, ontrassemblé, avec un départ à10 h 30, 1 879 participantsdont 931 inscrits aux 10 km,pour un tarif de 12 €.

Antoine LINDet Bryan GAUDISSARD

Chères courses à pied

Dans une autre vie, Damien Kappétait banquier. Mais il a souhaitéévoluer dans sa passion : le sport.Il a décidé de quitter le monde dela finance pour devenir indépen-dant professionnellement.Le 21 mars dernier, la nouvellesalle de sport Keep Cool a ouvertses portes route de Strasbourg, àSélestat. Ainsi, à 36 ans, DamienKapp gère sa première salle sousfranchise. Son passé de sportif, 20ans de handball, et des études deStaps (faculté de sport) l’ont con-forté dans sa démarche de coachsportif.Le réseau national de salles desport Keep Cool s’adresse, d’aprèslui, « à beaucoup plus de mondeque les salles de sport tradition-nelles ». Ouvert sept jours sursept, de 6 h à 23 h, le site ac-cueille entre 100 et 160 adhérentschaque jour. Les plus fortes af-fluences se situent entre 17 h 30et 20 h, majoritairement en débutde semaine.Ici, le sport est « décontracté,sans prise de tête ». Le conceptétant « le sport sans la frime », les

salles Keep Cool ont une identitéparticulière. Là, pas d’haltères nide miroirs qui inciteraient la gentmasculine à se mettre en valeur.Cela attire donc plus les femmes,qui se sentent plus à l’aise durantleur séance de sport. Elles repré-sentent 65 % des adhérents.Les salles Keep Cool se démar-quent aussi en mettant à disposi-tion un sauna, un parking ainsi

qu’un espace cardio plus impor-tant que dans d’autres structures.« Les douches, les vestiaires indivi-duels et la climatisation sont éga-lement un point fort », souligneDamien Kapp. La modernité deséquipements est aussi appréciée.La salle dispose de 63 machinesneuves, dans un espace de400 m². L’équipe compte quatreemployés, dont trois coachs. Leur

activité consiste à s’occuper desprogrammes sportifs et à « ac-compagner et corriger les postu-res des usagers sur les machi-nes », ainsi que le ménage. Pourle gérant, la « relation et la com-munication » sont « très impor-tantes ».Les coachs organisent des challen-ges, dans le but d’« animer et dedynamiser la salle ». Pour la pre-mière séance, un coaching per-sonnalisé est assuré. Suite à cela,un programme sportif adapté estproposé. La salle de sport propose400 cours vidéo pour tous les ni-veaux.« 90 % des adhérents sont abon-nés à l’année », précise DamienKapp. Ils ont accès à tous les servi-ces de la salle : eau, musique ettélévision. Keep Cool est en trèsforte expansion, avec 30 à 40 sal-les supplémentaires chaque an-née en France. Si l’affluence de sasalle continue d’être aussi bonne,Damien Kapp projette l’ouvertured’un autre site.

Estelle LAUFFENBURGERet Amandine LEBAUT

Le sport, c’est Keep Cool !

Damien Kapp a le sourire : sa salle de sport connaît un grandsuccès depuis son ouverture au printemps.

Photo J1J/Amandine Lebaut

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Sport JOURNALISTE D'UN JOUR 11

Le stade de la Meinau à Strasbourg, connu pour son ambiance explosive, repart pour une seconde année con-sécutive en Ligue 1. Le club pourra compter sur son « 12e homme », le public, prêt à lutter aux côtés des joueurs pour le maintien de son équi-pe. Pierre Roure, chargé de communi-cation au Racing Club de Strasbourg, gère notamment l’actualité du club sur les réseaux sociaux.

Connu par les amoureux de football pour offrir l’une des meilleures ambiances de France, en quoi le public du Racing Club de Strasbourg Alsace est-il si unique ?Tout d’abord, je pense que les joueurs sont les mieux placés pour répondre. Mais il est clair que le pu-blic a une ferveur exceptionnelle. C’est grâce à lui que le club a pu remonter quand il était au plus bas, ila toujours été présent. On entretient une relation très particulière et im-portante avec le public. C’est notre force.

Malgré des finances modérées, le Racing arrive à jouer des tours aux plus grands. En quoi l’ambiance de

la Meinau permet-elle de transcen-der les joueurs à domicile ?Elle hausse leur niveau, c’est certain,comme l’an passé avec les exploits contre le PSG (NDLR : victoire 2-1, le 2 décembre 2017) et Lyon. Plus ré-cemment, les supporters ont réussi à changer le cours du match contre Amiens en faisant passer l’équiped’une probable défaite, 0-1, à une

nette victoire, 3-1. En moyenne, près de 24 000 supporters se pressent dans les tribunes chaque soir de match, remplissant le stade à 83 % desa capacité. Seul le stade Malherbe de Caen et le Paris-Saint-Germain fontmieux sur l’exercice 2017/2018.

Quels sont les objectifs visés par le club avec la rénovation et l’agran-

dissement du stade prévus pour 2022 ?En premier lieu, il s’agit de passer un cap en termes de revenus. L’ajout de places et de loges permettra d’aug-menter le budget du club de 10 à 15 millions d’euros. Et dans un se-cond temps d’attirer d’avantage de spectateurs, sachant que les matchs se font aujourd’hui principalement à guichets fermés. Le club est un peu bridé par son budget, ce qui le con-traint à viser le maintien, mais l’agrandissement du stade permet-trait de viser le milieu de tableau.

Concernant la récente coupe du monde, pensez-vous que les joueursfrançais du Racing ont été influen-cés par la victoire des Bleus ?Non pas plus que ça, ils sont concen-trés sur leurs objectifs. Néanmoins ilsétaient tous très attentifs, les footbal-leurs étaient au stade pendant la Coupe du monde, ils en parlaient beaucoup dans les vestiaires évidem-ment…

Propos recueillispar Nicolas VERHAEGHE

et Julien PIERRE

La Meinau, l’arène des Strasbourgeois

À la Meinau, le 2 décembre 2017. Photo J1J/Julien Pierre

Depuis fin août, l’équipe 1 fé-minine du Sélestat basket clubs’est préparée pour la reprisedu championnat, le 22 sep-tembre. L’équipe a un effectifde onze filles âgées de 17 à 40ans. Après une belle saisonl’an dernier, lors de laquellel’équipe a fini deuxième auchampionnat départemental,les basketteuses ont remportéleur ticket pour la prérégiona-le, le niveau supérieur.Cette année, l’équipe a recru-té trois nouvelles joueusespour leur évolution, dont Ma-rion Sutter et Céline Don-tenwill, qui ont été sélection-nées pour leurs performancessportives et leur motivation.Une autre recrue, la plus jeunedu groupe, souligne une diffé-rence entre l’équipe 1 masculi-ne et l’équipe 1 féminine : lesbasketteurs disposent de da-vantage de moyens pour leurpréparation, tandis que celledes filles est plus artisanale.« Par exemple, explique-t-elle,

les garçons sont partis ensem-ble en week-end dans les Vos-ges, alors que nous nous som-mes d ’abord entra înéeschacune de notre côté, en sui-vant les consignes de l’entraî-neur, avant que les entraîne-ments collectifs reprennent ensalle. »

« Le plus loin possible »

Les joueuses de l’équipe 1 seretrouvent plusieurs fois parsemaine dans la salle sportivede Châtenois et au gymnaseDorlan à Sélestat. ChristopheReiber, le coach de l’équipeféminine depuis déjà trois an-nées, « veut faire progresser »et emmener ses filles « le plusloin possible ». « Je veux mon-trer ce qu’elles savent faire »,explique-t-il. Bien qu’ellesaient moins de supporters quel’équipe masculine, le coachvise le milieu ou le haut duclassement pour assurer « lemaintien » au même niveau.

Pour cette saison, 22 matchsles attendent. Les joueusesont commencé par une victoi-re contre Weitbruch et enchaî-né sur une défaite contre Fur-denheim, avant de revenir à lavictoire face à Schweighouse.On les retrouvera le 13 octobreà Obernai, face à des adversai-res qu’elles connaissent bien,

pour un match qui devrait être« intensif ».Le Sélestat Basket Club comp-te une deuxième équipe qui aégalement remporté son tic-ket pour le niveau supérieur,elles évolueront en Départe-mentale 3.

Brett RIDGE,Julie DEGOUT et Hélène BLAISE

Lors du match contre Weitbruch à la salle Dorlan de Sélestat. DR

La belle saison des filles du Sélestat basket club

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SportJOURNALISTE D'UN JOUR12

C’est à l’âge de 13 ans que lejeune Sélestadien Alen Muhic dé-bute dans le sport. « Le foot étaitune grande passion pour moi. J’aicommencé à jouer en U15 (NDLR :l’équipe des joueurs de 13 à 15ans) dans l’équipe 3 au Footballclub de Sélestat. » De jour enjour, Alen Muhic évolue et seretrouve deux ans plus tard enéquipe 1, toujours en U15. Aucours du troisième match de lasaison, il se blesse gravementpendant une accélération sur leterrain. Un arrachement osseuxet une déchirure aux ischio-jam-biers qui mettent fin à la carrièresportive sur laquelle il misait.Deux ans plus tard, il tente ànouveau de reprendre le footballen U18 dans l’équipe 2. « J’y te-nais. Malheureusement, les sé-quelles de mes blessures m’en ontempêché. Actuellement, je souf-fre encore de ces douleurs. » Fina-lement, il est contraint de passerà autre chose. Ayant toujours bai-gné dans la musique depuis son

enfance, il profite de cet arrêtforcé pour se concentrer sur lachanson, et plus précisément lerap.En effet, Alen Muhic a pratiqué lepiano depuis des années, il jouaitsouvent dans les concerts organi-sés par son collège, Jean-Mentel àSélestat. Dès le début, il commen-

ce à écrire ses propres parolesaccompagnées par le son mélo-dieux du clavier. Très vite, il sedirige vers le rap et crée unechaîne Youtube d’après son alias,ALM, et l’aventure est partie…d’une simple liste de titres. « Mesamis m’avaient donné plusieurstitres sur lesquels je devais écrire

un texte : c’est le cas pour FauxFrères et Mes Rêves. Et me voilàcinq mois après à enregistrer dans un studio à Kogenheim, gérépar Renaud Schmitt que je remer-cie fortement car il m’a accompa-gné depuis mes débuts », racon-te-t-il.La chaîne Youtube d’Alen quiavait atteint les 1 700 abonnés -grâce notamment au clip FauxFrères visionné plus de 20 000 fois- a été supprimée afin d’être rem-placée par une chaîne certifiée àla demande de son nouveau pro-ducteur. « J’ai été contacté par unstudio à Paris, le studio de pro-duction Sony Music, avec le labelDeepwater géré par une person-nalité connue sur Instagram, In-soLeVeritable, qui est ami avec lerappeur français Maître Gims. »Aujourd’hui, l’objectif d’ALM etde son producteur est d’obtenirplus de visibilité. « Je vais reveniravec du lourd ! », promet le rap-peur.

Gizem GONC et Hanna ZIZINE

Alen et son premier producteur, Renaud Schmitt. Photo J1J/Alen Muhic

ALM, du ballon au micro

Deniz Ataç, footballeur professionneldans le club de Menemen Belediyes-por à Izmir, en Turquie, a réalisé sonrêve. Cet ancien élève du lycée Koe-berlé de Sélestat est suivi aujour-d’hui par plus de 27 000 abonnés surson compte Instagram, auxquels il raconte son parcours semé d’embû-ches. Avec un but : les encourager à ne jamais renoncer.Deniz Ataç est né à Sélestat il y a 23ans. À 11 ans, il est accepté en sport-études football au collège Pfeffel de Colmar. Deux ans plus tard, après plusieurs écarts de comportement, ilest renvoyé. Il perd son club de foot-ball et son école en même temps.Il reprend alors le football dans le club de ses débuts : l’AS Portugais à Sélestat. À 16 ans, un agent le repèreet lui propose d’aller en Turquie, sonpays d’origine, pour faire des essais dans un club professionnel.Mais le soir du 31 juillet 2013 à Sélestat, le jeune homme se fait poignarder. Il est transporté à l’hôpi-tal, avec une blessure de plus de 10 cm de profondeur. « À 2 cm près,

le couteau aurait perforé le rein », précise Deniz Ataç. Il ne peut repren-dre l’entraînement que deux mois plus tard.L’agent reporte alors les essais en Turquie. Mais une semaine avant, alors qu’il joue son dernier match avec l’AS Portugais, le sportif se bles-se : épaule déboîtée, 4 mois d’arrêt.Par la suite, il n’a plus de contact avec l’agent. Son rêve de devenir footballeur professionnel s’écroule. Mais il n’abandonne pas. Deniz Ataç continue de s’entraîner, persuadé qu’il peut y parvenir, malgré tout.Plus tard, grâce à son oncle, il a la chance de faire des essais avec la réserve de Bursaspor, un club de première division turque. Deuxjoueurs sur 80 sont sélectionnéspour faire partie de l’équipe. Deniz Ataç est l’un d’eux.Mais il se blesse encore et est forcé de rentrer en France. Il consulte plu-sieurs médecins, dont l’un, au Ra-cing Club de Strasbourg, qui réussit àle soigner et lui conseille de porter des semelles orthopédiques.

En 2015, âgé de 20 ans, Deniz Ataç est sans club. En raison de son CV « très moyen » et d’un physique fra-gile, sa carrière ne semble plus être qu’une illusion.Un an plus tard, il repart en Turquie pour y retenter sa chance. Après des essais au sein du club Kemerspor 2003, un contrat professionnel de

trois ans lui est proposé. Il l’accepte sans hésitation.Aujourd’hui, Deniz Ataç évolue en troisième division. « Il ne faut jamaisabandonner, personne ne peut soup-çonner la force qu’on possède, esti-me-t-il. Il faut faire des sacrifices, le chemin est toujours difficile. »

Nisa DILER et Daria MANNHART

Deniz Ataç,la persévérance au bout des crampons

Malgré les difficultés rencontrées au cours de sa jeune carriè-re, Deniz Ataç (au centre, en blanc) est devenu footballeurprofessionnel. Il évolue aujourd’hui dans le club de MenemenBelediyespor, en Turquie. DR

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Économie JOURNALISTE D'UN JOUR 13

Élèves de la classe de terminaleES2 du lycée Bartholdi de Colmar :Clara Aouad, Juliette Balande,Margot Bass-Vivier, Hortense Blot,Yaël Burgy, Gwendoline Chevalier,Yoan Ferrez, Maxime Galati, Gau-

thier Ganter, Emma Gouju, MailisHurard, Maéva Kessler, Sinem Ki-zilyar, Roxanne Kuentz, Eva Ma-gno, Lénaïc Marteau, Léa Matard--Mathieu, Laurine Messio, LouisMeyer Spiesser, Chloé O’Keef, Eli-

sa Perinel, Gabrielle Roffet, Gau-tier Rosse, Antonin Sala, Loïc Stro-hl, Honoré Suhner, AngelineSwierczynski, Charlotte Vidal, ElisaWaldvogel, Julie Weigel--Beaure-gard.

Professeur : Xavier Rambaud.Équipe technique : Axel Fischer,Dylan Ficarelli.Journalistes : Mathieu Lerch, Ma-rie-Lise Perrin, Jean-Paul Frey, Ali-ce Herry.

L’équipe J1J de Colmar

Les élèves de terminale ES2 du lycée Bartholdi ont lancé l’opération J1J, hier à Colmar. Photo L’Alsace/Mathieu Lerch

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ÉconomieJOURNALISTE D'UN JOUR14

Selon le cursus choisi, les étu-des supérieures peuvent coûtertrès cher, même en France. Lesécarts sont énormes entre unétudiant à La Sorbonne et uneélève d’école de commerce.Les différences s‘estompent ce-pendant au niveau de la viequotidienne. De Nice à Delé-mont ou à Paris, le coût de lavie, réductions comprises, seressemble.En général, les parents paientle loyer de l’appartement deleur enfant et leur donnentaussi de l’argent de poche pourl’alimentation, les transports,

les loisirs… Certains étudiantsfont le choix d’une collocationpour vivre dans un apparte-ment plus grand sans augmen-ter leur budget.Pour arrondir leurs fins demois, les étudiants peuventtravailler en plus de leurs étu-des, et faire ce que l’on appelleun « job étudiant ». Ils tra-vaillent beaucoup dans desbars ou des restaurants, oubien gardent des enfants, maisil existe énormément d’autrespossibilités pour se faire un peud’argent en étant étudiant. Lecoût des études varie énormé-

ment selon les établissements.Certains ne paient qu’une cen-taine d’euros annuels quand ilssont en faculté tandis qued’autres ont besoin de faire desprêts, car une seule annéed’étude peut coûter plus de10 000 €, en France comme àl’étranger.Pour les aider, certains bénéfi-cient d’aides financières tellesque les APL (aides personnali-sées au logement), ou encored’une bourse d’étude, prise encharge par le Crous (Centre ré-gional des œuvres universitai-res et scolaires) qui accueille,

loge et restaure également lesétudiants bénéficiaires.Habituellement, les étudiantsne paient pas de cotisationssociales pour la sécurité socialepar exemple, car ils dépendentencore du foyer fiscal de leursparents et bénéficient des soinsde santé qui leur sont nécessai-res grâce à eux. Pour les étu-diants à l’étranger, ils revien-nent en France pour accéderaux soins et être remboursés.Textes : Clara AOUAD, Roxanne

KUENTZ, Elisa PERINEL,Gabrielle ROFFET

et Elisa WALDVOGEL

Coûts durs pour les étudiants

Maëlle Richart, 18 ans, Edhec Nice.Coût de l’école : 10 000 € par an.Coût du logement (en colloca-tion) : 625 € par mois pour 70 m²,pas meublé et charges comprises.Aide financière : 130 € par mois(APL). Argent de poche : 350 € par moisen plus du loyer.Budget nourriture : 200 € par mois.Budget transport : 220 € pour unabonnement annuel tram et bus.Travail à côté : baby-sitting, entre40 € et 80 € par mois.Paiement Sécurité sociale : non.Paiement complémentaire santé :50 € par mois..Bourse : 109 € mois (échelon 0bisbourse minimum).Carte étudiante : utilisation pourdiverses réductions.Autres frais : Achat d’un ordina-teur.Prêt réalisé pour financer les étu-des.

Le budget d’une Niçoise

Difficile de joindre les deuxbouts pour Maëlle…

Photo J1J/Elisa PerinelGrégory Bornancin, 17 ans, La Sorbon-ne Paris.Coût de l’école : 170 € par an.Coût du logement : 650 € par mois pour 15 m², meublé et charges com-prises.Aide financière : 206 € par mois (APL).Argent de poche : 450 € par mois en plus du loyer.Budget nourriture : 150 € par mois.Budget transport : 38 € par mois (pass navigo pour le métro).N’exerce pas de travail étudiant.Paiement Sécurité sociale : non car en-core sous le foyer fiscal de son père.Paiement de la complémentaire san-té : non. Non boursier.Autres frais : achat d’ordinateur et paiement d’une restauration universi-taire à hauteur de 3,25 € par repas. Laverie : environ 10 € par mois. Contri-bution de vie étudiante et campus), collecté par le Crous : 90 € par an.Carte étudiante : utilisation pour di-verses réductions.Aucun prêt réalisé pour financer les études. Les voyages scolaires sont a payés en plus des autres dépenses.

Le budget d’un Parisien

Grégory Bornancin, étudiant àLa Sorbonne. Photo J1J/Elisa Perinel

Olivia Dessaigne, 18 ans,Haute école pédagogiqueDelémont/Berne.Coût de l’école : 1678 € paran.Coût du logement : 700 €par mois, meublé et chargescomprises.Aucune aide financière.Argent de poche : 110 € parmois.Budget nourriture : 80 € parmois.Budget transport : 90 € parmois.Travail étudiant : baby-sit-ting et donne des cours defrançais à des enfants.Paiement de Sécurité socia-le : non car encore sous lefoyer fiscal de son père.Paiement de la complémen-taire santé : non car encoresous le foyer fiscal de sonpère.Non boursière.Carte étudiante : utilisationpour diverses réductions.Autres frais : les prix sonttellement élevés qu’OliviaDessaigne préfère revenir enFrance pour faire des sortiesculturelles comme aller aucinéma : une place coûte16 francs suisses en moyen-ne.Prêt de 40 000 € réalisé.Forfait téléphonique inter-national : 20 € par mois.Le coût des études à l’étran-ger n’était pas la sourced’attract iv i té pr incipale

pour Olivia Dessaigne. Eneffet, elle nous avoue que« tout coûte cher » et qu’el-le souhaitait aller à la Hauteécole pédagogique BEJUNE(Berne, Jura, Neuchâtel), carle cursus présenté était celuiqui lui correspondait le plus.De plus, il est intéressant devoir qu’elle ne paie pas lemême prix que les Suissespour son école, car elle estétrangère et ne paie pasd’impôts en Suisse.

À Delémont/Berne,« tout coûte cher »

Olivia Dessaigne, qui étudie à De-lémont/Berne. Photo J1J/Elisa Perinel

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Économie JOURNALISTE D'UN JOUR 15

Les revenus de la presse souffrentde l’avènement d’internet et deses nouveaux géants, qui trustentle marché de la publicité. Com-ment font les journaux régionauxpour sortir de cette crise de leursrevenus ? Exemple de L’Alsace, àColmar, en pleine mutation digi-tale, avec le témoignage du res-ponsable d’agence Clément Ton-not : « La presse fait face à la crisedepuis une vingtaine d’années.Dans notre région, « L’Alsace » ti-re aujourd’hui 80 000 exemplairespar jour contre 120 000 journauxdix ans auparavant. On expliqueces pertes par la crise de 2009 : lesprix des publicités ont chuté etn’ont toujours pas retrouvé leurniveau d’avant la crise. »

Mutualisation des infos

Pour faire face, les journaux ontdans leur ensemble d’abord tentéde limiter les frais. « Les rempla-cements de journalistes se sontd’abord faits plus rares à chaque

départ à la retraite. Puis est venule temps du regroupement et deséconomies d’échelle. » Le CréditMutuel, actionnaire de L’Alsacedepuis 1972, s’est constitué dansles années 2000 un groupe depresse incluant les DNA, le concur-rent historique de L’Alsace. Ce quipermet des économies d’échelle.L’imprimerie de L’Alsace, basée aMulhouse, a fermé en juin 2018avec en prévisions 6 millionsd’euros d’économie. L’Alsace etles DNA sont désormais impriméssur la même rotative à Stras-bourg, ce qui leur permet de fairedes économies sur les frais fixes etde faire baisser le coût unitaire deproduction de chaque journal.Depuis 2016, L’Alsace et les DNAadoptent aussi une logique d’éco-nomie en mettant en place « unemutualisation des infos et du tra-vail en partageant leurs recher-ches et mettant en commun cer-taines pages de leurs journauxmais restent tout de même deuxjournaux distincts ». L’Alsace in-

vestit dans un nouveau projet nu-mérique nommé « Digital First ».Son but est de toucher un nou-veau public comme la générationdes moins de 20 ans, en propo-sant de l’information gratuite etpayante. Le journal est aussi pré-sent sur les réseaux sociaux com-me Snapchat et Instagram pour

rendre l’information plus intuitiveet pratique. La solution serait-elleà l’avenir de ne diffuser l’informa-tion qu’au format numérique ?« Il y aura toujours des gens quiaimeront avoir du papier entre lesmains », nous confie ClémentTonnot.

Julie WEIGEL-BEAUREGARD

De 1944 à 2018, le journal « L’Alsace » a bien évolué. Photo J1J/Julie Weigel-Beauregard

La presse surfe sur la crise

Comment les prêtres gèrent-ils lesdeniers du culte en Alsace ? Pouren savoir davantage sur le budgetdes hommes d’Église, le Père Chris-tophe Schwalbach nous a ouvertson livre de comptes, avec réser-ves.Le Père Christophe Schwalbach, cu-ré de la communauté de paroissesSaint Georges au pied du Vieil Ar-mand, officie dans quatre villages :Berrwiller, Hartmannwiller, Soultzet Wuenheim.Comme tous ses collègues alsa-ciens, il perçoit une rémunérationde l’État français.

Soumis à l’impôt« La fourchette, selon l’ancienneté,va de 1 200 euros à 2 200 eurosnets par mois », précise-t-il. Un sa-laire financé par le ministère desCultes, qui fait partie du ministèrede l’Intérieur. Et sur lequel le prêtrepaie un impôt, comme tous lesautres salariés. De ce fait, il neperçoit « pas d’aide particulière duDiocèse » contrairement au restedes Hommes d’Église en France oùle Concordat a été « abrogé par laloi de 1905 de séparation de l’Église

et de l’État ». Les prêtres alsaciensfont preuve de solidarité et versentplutôt un pourcentage, de l’ordrede 30 %, de leur salaire aux prêtreshors Concordat.Quant aux deniers du culte, produitdes quêtes dominicales et desdons, le Père Schwalbach n’en voitpas la couleur, car c’est du « res-

sort de l’archevêque de Stras-bourg ». En clair, les deniers duculte sont « répartis entre le Con-seil de Fabrique de la paroisse, quigère et administre tout le côté pra-tique et culturel, la Mense curiale,qui assure le financement pastoral,et l’évêché. » De l’autre côté desVosges, les deniers du culte repré-

sentent un revenu vital pour lesprêtres, qui n’ont pour certains« pas d’autres emplois », témoignele Père Schwalbach. Les prêtreshors Concordat dépendant alorsplus facilement « de la générositédes fidèles ». Ils touchent des « quêtes, intentions, et dons, rever-sés à une association diocésainequi opère une péréquation pourassurer une rémunération équita-ble à tous les agents pastoraux. Lesparoisses peuvent compléter cetteindemnité. »Le judaïsme, le protestantisme et lecatholicisme « étaient à l’époque(du Concordat) les trois cultes re-connus et organisés en France. Ain-si les imams ne sont pas rémunéréspar l’État contrairement aux prê-tres, pasteurs et rabbins. » Le PèreSchwalbach ajoute également que,pour lui, « la question des imams sepose différemment car il n’y a, pourle moment, pas d’organisation na-tionale du culte musulman, et pasde formation clairement identifiéepour les cadres de ce culte. »

Gwendoline CHEVALIER,Eva MAGNO, Lénaïc MARTEAU

et Honoré SUHNER

Confessions sur le budget du Clergé

Les deniers de l’Église à la loupe. Photo J1J/Honoré Suhner

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ÉconomieJOURNALISTE D'UN JOUR16

Le début des vacances colmarien-nes a été marqué par l’installationdu « Chinese restaurant », restau-rant éphémère ouvert, en juin, à laplace de l’actuel Bistrot des Lavan-dières. Ces lieux ont servi de tourna-ge à un feuilleton de téléréalitéchinois. Selon Claudine Ganter,deuxième adjointe au maire de laville de Colmar, ce fut un honneurpour la ville d’être retenue pour ceprojet ayant une portée médiatiquetrès importante.La Ville de Colmar, qui n’était pasdemandeuse, n’a donc pas calculé àl’avance les impacts de cette série,mais elle en a très vite pris la mesu-re de la portée médiatique : lors dela saison un, c’était environ200 millions de vues par épisode etenviron 2,3 milliards de vues surinternet. Claudine Ganter confie :« C’est une grande chance d’avoiraccueilli cette émission car cela apermis une campagne de pub énor-me en Chine que la ville n’auraitjamais pu se payer. » Colmar espèredonc l’arrivée d’une nouvelle clien-

tèle qui ne vient plus en voyageorganisé passant de ville en ville,mais reste pour des séjours pluslongs à Colmar. Pour accueillir cettenouvelle clientèle et pour s’adapterun petit peu à son mode de vie,l’office de tourisme propose auxrestaurateurs et aux hôteliers des

formations pour leur expliquer com-ment recevoir un touriste chinois. Ilfaudra un peu de patience car il y aun délai entre la diffusion de cettesérie et les retombés attendues, letemps pour les futurs touristesd’obtenir leurs visas et d’effectuerd’autres démarches administrati-

ves. Les retombés sur l’économieColmarienne sont déjà palpables.Lors du tournage, 120 personnesont été logées sur place et desmilliers de chinois, fans de l’émis-sion, sont venus assister au tourna-ge de la série. Les commerces col-mariens ont indiscutablementbénéficié d’une augmentation de lafréquentation de leurs boutiques.Les premiers concernés sont les pro-priétaires du Bistrot des Lavandiè-res, dont les serveurs nous confientque depuis le tournage « l’originedes clients a un peu changé ». Pourles autres commerçants se trouvantautour du restaurant, dont le res-taurant Noï, la patronne déclare « Ily a eu un peu plus de clients, unelégère augmentation de l’affluence.Cela a créé de l’animation dans lequartier, j’ai bien aimé, il y avaitbeaucoup de jeunes qui admiraientles stars ». C’était donc une opéra-tion « gagnant-gagnant » sur deuxcontinents…

Yoan FERREZ, Gauthier GANTERet Antonin SALA

Des milliers de Chinoisamoureux de Colmar

Les stars chinoises et les élus locaux posant devant le « ChineseRestaurant ». Photo J1J/Yoan Ferrez

Au cours de l’année, le CoraHoussen, situé dans l’agglomé-ration de Colmar, a connu destravaux. En effet la compagnieprivée Galimmo SCA, société im-mobilière chargée de la gestiondes galeries de Cora, s’est lancéedans un nouveau projet d’inves-tissement : l’extension de la sur-face de la galerie marchande deCora Houssen.C’est une aubaine pour la villede Houssen et ses habitants, card’après le maire Christian Klin-ger, « ce projet permettra lacréation de plus de 150 em-plois » sans que les collectivitéslocales n’aient à dépenser unsou.Ces travaux qui ont débuté enjuin 2017 prendront fin vers finnovembre, d’après le maire.L’allée marchande accueilleraplus de 20 nouvelles boutiques,dont l’enseigne H & M qui vaouvrir un magasin de prêt-à-por-

ter mixte. La surface de la gale-rie marchande passera de5660 m2 à 10 760 m2, ce quicorrespond au double de sa su-perficie actuelle.Bien que de bon augure pour laville de Houssen, cette exten-sion de la galerie pourrait avoirun impact négatif sur l’écono-mie du centre-ville de Colmar.Pour Vincent Houllé, commer-çant et président des Vitrines deColmar (association des com-merçants de Colmar qui regrou-pe 200 commerçants), ce projetn’était pas nécessaire, ajoutantque « ce n’est plus ce que lesgens attendent ». Selon lui, ceque recherchent les consomma-teurs, actuellement, sont des boutiques de proximité et nonde grandes enseignes dans l’ag-glomération de la ville. Cepen-dant le succès de cette galeriecommerciale semble contredireson point de vue. Il souligne

aussi l’aspect écologique : « lesgens prennent leurs voitures »pour s’y rendre.Selon un employé de Casino, àColmar, « l’agrandissement deCora ne nous concerne pas », le

chiffre d’affaires de son magasinse faisant sur sa position géogra-phique et grâce au tourisme lo-cal.

Hortense BLOTet Gauthier GANTER

Les travaux d’agrandissement de Cora Houssen sont en cours. Photo J1J/Hortense Blot

Les impacts économiques colmariensde l’agrandissement de la galerie de Cora Houssen

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Économie JOURNALISTE D'UN JOUR 17

En France, l’éducation est gratuite, ce-pendant un lycéen coûte en moyenne 10 000 euros pour une année : le bud-get de l’éducation nationale est le pre-mier budget de l’État avec 51 milliards d’euros.Chaque bachelier coûte 80 euros (5 euros par copie corrigée, 9,60 euros de l’heure pour un examen oral, frais d’organisation…), les dépenses pour le bac 2018 ont été d’environ 60 mil-lions d’euros (750 000 candidats). Mais il y a un « coût caché » du bac, dûà une perte du nombre d’heures réali-sées pendant les deux semaines d’exa-men, estimé à un milliard d’euros.La réforme du baccalauréat général concerne les nouveaux élèves de se-conde qui ont fait leur rentrée en 2018.Cette réforme supprime les différentesfilières ES, S et L pour les remplacer parun tronc commun comprenant les ma-tières de base. Ce tronc sera évalué tout au long de l’année grâce à un con-trôle continu (les bulletins des élèves compteront pour 10 % de la note), puisun grand oral est organisé avec trois spécialités choisies en première puis deux en terminale à choisir entre les

mathématiques, la physique-chimie, les sciences économiques et sociales…Moins d’épreuves signifient moins de copies et le prix par élève du bac va ainsi diminuer. Le bac se déroulant ini-tialement sur deux semaines faisait perdre de nombreuses heures de tra-

vail notamment chez les élèves de se-conde. Grâce au contrôle continu, il y aura moins d’examens en juin, en con-séquence les élèves de secondes ver-ront leur nombre d’heures augmenter pour un même coût, améliorant la ren-tabilité de cette dépense.

Des douteschez les enseignants

Un proviseur adjoint de Colmar « se pose des questions sur ce budget, car ilvariera selon le nombre d’heures ac-cordées par le rectorat. » Une profes-seure estime que « depuis Emmanuel Macron au pouvoir, il y a moins de places au concours des professeurs et donc forcément moins de profes-seurs ». En effet, le ministre de l’Éduca-tion a annoncé la suppression de 1800 postes dans le secondaire ce qui entraî-nerait, pour les professeurs restant, une augmentation des heures de tra-vail et une augmentation possible des salaires.Un professeur d’histoire-géographie expose ses doutes par rapport au grand oral. « C’est une épreuve qui peut être intimidante pour certaines personnes ».Les programmes non encore publiés, àseulement trois mois du début des vœux des secondes, posent problème pour les professeurs et pour guider les élèves dans leur choix de spécialité en première.

Yaël BURGY et Maïlis HURARD

Réduire le coût du bac

Les élèves devant leurs résultats du bac. DR

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CultureJOURNALISTE D'UN JOUR18

Les pages « Culture » de cette édi-tion ont été réalisées par des élèvesde deux classes de seconde bac pro-fessionnel du lycée des métiers Char-les-Stoessel de Mulhouse, sur le siteJ1J mulhousien, installé à la biblio-thèque Grand-rue. D’autres élèvesdes deux classes ont assuré la pro-motion de l’opération à Mulhouse.Les élèves de la seconde MEI (main-tenance des équipements indus-triels) : Abdelkader Adamo, MikailAlimli, Ronald Djoice Bidzouta Saka-la, Yunus Emre Bulut, KheireddineChaabna, Antonio Contreras, HakimDahou, Moussa Dia, Madiba Diaby,Hocine Douakha, Mokhtar Drouiche,Selim Eren, Ismaila Goundiam, Ah-mad Hassani, Mikail Karaboya, Tizia-no Lazzaro, Rayane Lhiyat, KosaiObaid, David Sao, Samuel Schwan-der, Ensar Seven, Furkan Seven, Aa-ron Tabet et Billal Touta. Les élèves de la seconde SN (systè-mes numériques) : Azaël JosephAuguste, Mohsen Linam, AdrienLongo, Romain Merli, Soufian Mou-diab, Emmanuel Muller, Sofian Mul-

ler, Griseld Shpata, Mickaël Walter, Mohamed Boulesnane, Adam Bou-nouara, Mattéo Casili, Noa Fichter,Nicolas Stackler, Estaban Surgand,Joshua Hadji, Egzon Qehaja, Yanis Toutaoui, Xavier Grunenberger,Youcef Benghelab, Soufian Moudiabet Youssef Bouffaghar.

Les enseignants : Justine Schertzin-ger (lettres et histoire-géographie), Arnaud Schickler (lettres et histoire-géographie), Sylvie Gabriel (profes-seur documentaliste), Jean-Clair Ma-rimoutou (électronique), JoëlBideaux (électronique) et Lauren Be-quet (arts appliqués).

Encadrement technique : Lucas Hal-ler et David Lechevalier, élèves determinale SN (systèmes numéri-ques) au lycée Charles-Pointet deThann.Encadrement rédactionnel : Cathe-rine Ludwig, Christelle Himmelber-ger et François Fuchs.

L’équipe J1J de Mulhouse

L’équipe ayant participé à J1J ce lundi, des élèves de seconde du lycée Stoessel à Mulhouse etleurs enseignants. Photo L’Alsace/François Fuchs

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Culture JOURNALISTE D'UN JOUR 19

Depuis trois ans, la compagnieKalisto organise un festival demicro-théâtre à Mulhouse, laNuit des compagnies. Il proposeaux spectateurs un format etdes lieux très originaux : 15 mi-nutes dans 15 m² pour 15 spec-tateurs, à 3 € la pièce, avec unthème commun. Le cru 2018 esttout proche : ce sera du 19 au21 octobre, au Noumatrouff, surle thème « Johnny ».

Pour tous les goûts

Le festival se veut un espace dedécouverte, tant pour les spec-tateurs que pour les compa-gnies. « C’est très simple, esti-me Hermance Vasodila, artistepluridisciplinaire et collaboratri-ce de Kalisto. Tu vas voir ce quetu veux, tu dépenses ce que tuveux… Si ça ne te plaît pas, pasgrave, ce n’est pas très long ettu passes au suivant. »Chaque compagnie est libre dechoisir sa propre vision du thè-me, pas forcément de façonthéâtrale. « Cette année, il y

aura de la danse, de la marion-nette, de la vidéo… Des compa-gnies qui vont axer l’interpréta-tion sur le corps, d’autres sur lechant ou tout à fait autre chose.C’est ce qui rend le festival origi-nal et pour tous les goûts. »Après trois ans à Motoco, l’équi-pe qui concocte le festival avaitenvie de changer de lieu. « Noussommes ravis et honorés d’êtreaccueillis par le Noumatrouff.Ça nous permet de faire unepremière collaboration avec sonéquipe et cela permettra auxspectateurs de découvrir ce lieumulhousien emblématique demanière différente. » Le festivaln’investira pas la scène : les piè-ces se joueront dans les loges,dans le bus, sur la terrasse VIP, àla billetterie…

Un homme à Johnny

Dans le thème de cette année, ily a une volonté affichée de ren-dre un hommage, plus ou moinsrespectueux, à l’icône d’une gé-nération. Mais « chaque compa-

gnie interprétera librement lesujet : elles pourront parler deJohnny Depp comme de « Fais-moi mal Johnny » de BorisVian… Il n’y aura pas forcémentde représentation de JohnnyHallyday dans toutes les piè-ces ! », précise Hermance Vaso-dila. Huit compagnies profes-sionnelles vont se prêter àl’exercice.Hermance est aussi en chargedes afters. Car ce festival estaussi une fête. « Je suis sûre quetu aimes bien au moins un John-ny, non ? Et on n’écoutera pasque du Hallyday ! Samedi soir,par exemple, nous avons invitéla Jet Lag kiffe le Lycra Fluo, unduo de DJ strasbourgeois qui ajoué lors de l’une des Pétanqueélectro cette année. » Les plusaudacieux sont même invités àse déguiser pour la soirée HyperJohnny, avec stand relooking etconcours de sosies.

Youssef BOUFFAGHAR

SURFER Programme complet surwww.compagniekalisto.org

Micro-théâtre : une édition rock’n’roll

Hermance Vasodila, de lacompagnie Kalisto, avec lemasque de Johnny, thème decette édition 2018 de la Nuitdes compagnies.

Photo J1J/Youssef Bouffaghar

Ancien footballeur puis éducateur sportif, rien ne destinait Mohamed Saïd à s’orienter dans le domaine de la culture jusqu’à ce jour où il a ac-compagné un ami à un casting pour une pièce de théâtre. Ce Mulhousien,issu du quartier des Coteaux, avait des a priori sur le théâtre. Il se disait :« Ce n’est pas pour nous ! ». Le cas-ting auquel il assiste lui apparaît au contraire comme une révélation.Titulaire du Bafa, du BPJEPS (diplôme pour la jeunesse) et éducateur spécia-lisé, Mohamed Saïd souhaite donner la parole aux gens, notamment ceux qui ont du mal à s’exprimer. De là, il organise des podiums dans les rues deMulhouse pour faire parler les gens pendant dix minutes, il rencontre desslameurs, des rappeurs, des clowns… Souvent, les gens qu’il croise ont l’en-vie de se produire mais ne savent pas comment faire. L’idée de créer une association germe alors dans son es-prit pour proposer des ateliers aux gens pour les aider à s’exprimer via lascène : en 2014, Oz’art citoyens naît.« Dans l’association, pas de salarié, mais nous partons régulièrement à

Paris pour des stages avec des artistesconfirmés, comme le rappeur Passy, afin d’acquérir de nouvelles compé-tences dans le domaine de la comé-die, du théâtre, du stand-up… », con-fie Mohamed.L’association qu’il préside, basée à Mulhouse, a déjà produit cinq specta-cles en Alsace. Elle intervient auprès

de publics particuliers : en prison, dans les quartiers, des Esat (Établisse-ment et service d’aide par le travail)…Elle monte des ateliers théâtre avec l’Association des paralysés de France et des ateliers de théâtre forum dans des établissements scolaires, les col-lèges mulhousiens Jean-Macé et Jean-XXIII par exemple.

Le financement des projets est assurépar la recette des spectacles, les donset partenariats.

« Valoriser la magie du spectacle vivant »

L’association a pris le parti de ne pas fonctionner grâce à des financementsinstitutionnels, afin de garder sa liber-té et d’impliquer plus fortement ceuxavec qui elle travaille. « L’important n’est pas de produire de futurs ta-lents, même si un des artistes a réussià apparaître dans le Jamel Comedy Club, mais de valoriser la magie du spectacle vivant, la prise sur le direct,la vie, l’instant et, comme le disait, Jacques Brel, poursuit Mohamed Said, le talent n’existe pas, c’est l’en-vie ! »À noter, l’organisation les 20 et 21 oc-tobre d’un stage de théâtre d’impro-visation à Ungersheim ouvert aux adolescents et aux adultes pour se tester et monter sur scène une fois dans sa vie.

Antonio CONTRERASet Khereddine CHAABNA

Dessin J1J/Morgiane Chemai

Oz’art citoyens, un tremplin pour les talents

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CultureJOURNALISTE D'UN JOUR20

Depuis 2016, Mulhouse Alsace agglo-mération (M2A) et la Ville de Mulhou-se ont décidé de mettre en œuvre unepolitique volontariste pour dévelop-per les tournages. Une mission ciné-ma, interface entre l’administration, les collectivités, les professionnels du cinéma et les habitants, a été mise enplace pour participer à la promotion du territoire par l’image.Il y a eu récemment plusieurs tourna-ges à Mulhouse, téléfilm ou long mé-trage, et c’est une nouveauté. « Avant 2016, il n’y avait pas de tour-nage à Mulhouse car il n’y avait pas de personne référente identifiée par tous les interlocuteurs », explique Christophe Devillers, chargé de l’at-tractivité économique et de l’emploi àMulhouse Alsace agglomération. M2A a créé un poste et un fonds de soutien aux productions (50 000 € pour l’année 2018), en complément de celui de la région Grand Est, afin depouvoir convaincre les producteurs. « Il y a une vraie concurrence entre lesrégions, confie Christophe Devillers. Ilfaut proposer des décors originaux, mettre à disposition des lieux, aider à trouver des figurants. » Les équipes

de production cherchent les proposi-tions les plus avantageuses, un ac-cueil, des décors, des financements qu’elles n’auraient pas ailleurs. « Un tournage utilise les possibilités d’un territoire, mais l’action du film peut se

passer n’importe où dans le monde, ànous de donner envie », ajoute-t-il.Le bureau d’accueil des tournages estchargé de flécher les projets de tour-nage. M2A veut faciliter les démar-ches et a répertorié de nombreux

lieux. « Quand on est contacté, trou-ver un décor prend plus ou moins de temps selon la demande. Pour l’épiso-de de Capitaine Marleau qui a été tourné à Mulhouse, il a fallu un mois de recherche et le décor final n’a été trouvé que deux jours avant le début du tournage. » Le défi pour le specta-teur averti reste de reconnaître, dans l’épisode, le tout récent lieu de cultu-re mulhousien – le conservatoire –, transfiguré en poste de police.Lorsqu’une ville devient un lieu de tournage, elle s’en trouve transfor-mée et son image est valorisée. Une dynamique positive s’instaure. « Un gros tournage, comme pour Capitai-ne Marleau, c’est 60 personnes qui logent et consomment à Mulhouse, des nuitées dans les hôtels, des loca-tions de véhicules », souligne Christo-phe Devillers.Le cinéma est donc une façon de ren-dre la ville et l’agglomération plus attractives et de faire vivre et consom-mer des personnes. La culture a un impact évident sur l’économie d’une cité, comme celle de Mulhouse.

Youcef BENGHELLABet Soufian MOUDIAB

Quand le 7e art change Mulhouse

DMC et Motoco, à Mulhouse, peuvent servir de lieux detournages pour le cinéma. Photo J1J/Denilson Dikila

Tout le monde connaît le groupe Claudio Capéo mais qui sait que ce nom est composé de deux entités : Claudio, le chanteur, et Capéo, les musiciens ? Focus sur l’un d’eux,Gilles Dorn, Gill’us pour la scène, un Cernéen de retour d’un enregistre-ment pour l’émission musicale de Nagui Taratata, sur France 2.Né dans une famille de musiciens, Gilles Dorn commence la musique dès l’âge de 5 ans et ne l’a jamais quittée. Membre d’un groupe de reg-gae créé avec des amis d’enfance, le Red Eyes Band, il découvre la sensa-tion enivrante de jouer en public sur différentes scènes de la région et en Suisse, tout en apprenant de façon autodidacte à jouer de divers instru-ments (la guitare, le piano, la flûte traversière, le mélodica…). « J’étais un élève moyen à l’école, du coup je devais beaucoup travailler, ce qui m’a donné le goût de l’effort. Ça m’apermis de persévérer dans la musi-que. » Après des études d’histoire à l’Université de Haute-Alsace qui ne sesont pas révélées concluantes, Gilles

Dorn a travaillé à l’usine tout en continuant son parcours musical en solo. À partir de 23 ans, il commenceà prendre des cours de musique avant de devenir, deux ans plus tard,professeur de musique et de vivre de son art en tant qu’artiste profession-nel.

« Une sensation incroyable »

En 2014, il intègre, suite au désiste-ment de l’un des musiciens, le grou-pe Claudio Capéo, dont il connaît le chanteur, Claudio Ruccolo, avec qui ilavait déjà partagé la scène. En 2016, avec la participation à l’émission TheVoice, le groupe est repéré et c’est ledébut de la grande aventure. Depuis,il a multiplié les concerts devant des milliers de fans, avec notamment une tournée des Zénith en France, et il n’en revient toujours pas.Son meilleur souvenir est le concert donné sur la grande scène du Paléo àNyon (Suisse). « C’est une sensation incroyable de jouer devant un si

grand nombre de spectateurs. » La vie d’un artiste professionnel, confie Gilles Dorn, reste néanmoins contrai-gnante et difficile à associer avec unevie de famille. « Étant constamment sur la route pour les tournées, il étaittrès difficile de voir femmes et en-fants. Actuellement, c’est un peu plus

calme et nous pouvons consacrer da-vantage de temps à nos proches. » Depuis qu’il travaille énormément pour le groupe, Gilles Dorn a mis de côté ses projets musicaux personnelset espère que l’aventure Claudio Ca-péo va encore durer très longtemps.

Tiziano LAZZARO et Mikail ALIMLI

Gilles Dorn fait notamment partie du groupe Claudio Capéo. Photo J1J/Denilson Dikila

Gill’us : un homme debout

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Culture JOURNALISTE D'UN JOUR 21

CanalBD Tribulles, rue des Tan-neurs à Mulhouse, est une librai-rie spécialisée étonnante et dyna-mique. Étonnante car elle abriteaussi une pâtisserie et dynami-que parce qu’elle propose denombreuses animations et desrencontres avec des dessina-teurs. Son prochain événement,une conférence avec Philippe Col-lin et Sébastien Goethals, estd’ampleur nationale.

Exclusivité alsacienne

Le voyage de Marcel Grob de Phi-lippe Collin, journaliste à FranceInter, et Sébastien Goethals, des-sinateur, est une bande dessinéequi raconte l’histoire d’un jeunealsacien incorporé de force dansl’armée allemande en 1939-1945.Son lancement national aura lieuà Strasbourg le 11 octobre, puis àMulhouse le lendemain. « Nousavons rencontré Philippe Collinau Festival de la BD d’Angoulêmeet nous avons été particulière-ment touchés par sa parole, con-fie David Bress, gérant de Ca-

nalBD Tribulles. Et puis noussommes alsaciens… ». Il a suffid’une rencontre, six mois plustard, avec l’éditeur, « qui a aimél’esprit de la libraire », ajoute Da-vid Bress, pour que le lancement

national alsacien soit validé. Labande dessinée se base sur unehistoire vraie et tragique, celle deMarcel Grob, le grand-oncle dePhilippe Collin, qui a été incorpo-ré de force dans la Waffen-SS.

Philippe Collin pensait que c’étaitson choix et il l’a détesté toute savie, refusant d’aller à son enterre-ment. Quand il a découvert queson grand-oncle avait été con-traint de combattre, il a ressentiune grande culpabilité. « Il a déci-dé de faire un travail d’écriture etde scénario pour restaurer la mé-moire de son grand-oncle et ausside tous les Malgré-nous », expli-que David Bress.Le voyage que fait Marcel Grobdans l’armée nazie est traduit ena q u a r e l l e s p a r S é b a s t i e nGoethals et symbolise le destintragique de tous ces jeunes incor-porés de force. Il dénonce lesatrocités de la guerre. « C’est unefierté et un bel enjeu d’accompa-gner une BD qui rappelle pour-quoi on a la paix en Europe »,conclut David Bress.

Madiba DIABY et Furkan SEVEN

Y ALLER Conférence avec PhilippeCollin et Sébastien Goethals, ven-dredi 12 octobre à 18 h à la cha-pelle Saint-Jean, 19, Grand-rue àMulhouse.

Réparer le passé

David Bress se prépare à accueillir, ce vendredi, les auteurs dela BD « Le voyage de Marcel Grob ». Photo J1J/Denilson Dikila

Ne prenez pas vos maillots debain et vos palmes pour venirau Lac du lycée Stoessel de Mul-house mais apprêtez-vous plu-tôt à vous plonger dans l’art etla culture. Sylvie Gabriel, pro-fesseur documentaliste et réfé-rente culture de l’établisse-ment, nous présente ce Lac : unLieu d’art et de culture, qui aété baptisé La 13.

Un ancien atelier de micro-technique

Le projet du Lac est né il y a cinqans, quand le lycée a commen-cé à travailler avec un nombrede classes de plus en plus im-portant. En 2014, l’établisse-ment a démarré les parcoursd’éducation artistique et cultu-rel (PEAC) pour tous les entrantsen seconde bac pro et en pre-mière CAP. Dans ces parcours,les élèves rencontrent des artis-tes et réalisent de belles pro-ductions. Le Lac s’est imposécomme un outil indispensable.

Le Lac du lycée Stoessel a pris lenom de salle où il s’est installé,un ancien atelier de micro-tech-nique numéroté 13. Il s’agit degarder une trace de l’histoire etaussi de faire un jeu de motsentre « treize » et « très » (parexemple : le Lac c’est 13 inven-tif !). Le Lac est un espaceouvert aux publics extérieurs

au lycée, sur rendez-vous. Ilpeut accueillir d’autres lycées,collèges, écoles primaires, desassociations ou toute personnesouhaitant découvrir l’exposi-tion.La 13 est aussi un espace ouvertà tous les artistes et à toutes lescultures ; les élèves peuventmontrer leurs productions mais

aussi imaginer une expositionsur un thème de leur choix, quece soit les instruments tradi-tionnels ou les cerfs-volants.L’intérêt est de pouvoir con-fronter, dans un même lieu,amateurs et artistes. Chaqueexposition dure de trois à sixsemaines.« On a la chance d’avoir déve-loppé de nombreux partena-riats et on peut donc comptersur une offre variée dans la pro-grammation du Lac », préciseSylvie Gabriel. L’idée essentiel-le est de recevoir d’abord desartistes mulhousiens et de fairerésonner leur travail avec lesprogrammes ou l’actualité.« Le Lac est un merveilleux outilpour construire la compréhen-sion du monde et le goût desbelles choses », résume SylvieGabriel. Il y a actuellement 34Lac en Alsace, en grande partieen collège, seulement trois enlycée et un seul en lycée profes-sionnel, celui du Stoessel.

Moussa DIA et Hakim DAHOU

Le Lac est aussi ouvert à des visiteurs extérieurs, sur rendez-vous. Photo J1J/Denilson Dikila

Un Lac au Stoessel ?

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CultureJOURNALISTE D'UN JOUR22

L’Association des paralysés deFrance (APF), située 10, rue deChemnitz au Parc de la Mer Rou-ge à Mulhouse, est une importan-te organisation de défense et dereprésentation des personnes ensituation de handicap ainsi quede leurs proches. Elle porte desvaleurs humanistes, militantes etsociales ainsi que le projet d’unesociété solidaire. L’art est un desmoyens d’atteindre ces objectifset s’adresse aussi à ce public.Alice Hebmann, directrice adjoin-te du SAVS (Service d’accompa-gnement à la vie sociale), insistesur la volonté de l’APF de déve-lopper les compétences et les ca-pacités des résidents afin de lesaider à être autonomes. Certainsd’entre eux sont très lourdementhandicapés. « Je suis convaincueque l’art est un moyen des’ouvrir, de rencontrer d’autresgens, de s’enrichir, confie-t-elle.Les personnes en situation dehandicap ont le droit de dévelop-per leur créativité. »Il n’y a pas de défi artistique quela directrice adjointe n’ose pro-

poser à ses résidents : peinture,poterie, sculpture, danse, théâ-tre, musique viennent bousculerles corps et les habitudes en dou-ceur. Le plus difficile, parfois, estde trouver des artistes qui souhai-tent s’engager dans la démarche.

De nombreux partenaires

Des partenariats existent pour-tant bel et bien et permettent desactions régulières. Ainsi, avec laradio mulhousienne MNE, les ré-sidents animent, une fois par

mois dans l’établissement, uneémission, intitulée « Radio quiroule », destinée à faire entendreleur parole et à ouvrir des espa-ces d’échanges.Avec la Hear (Haute école des artsdu Rhin), les résidents ont élabo-ré une fresque murale qui illumi-ne leur lieu de vie. Cette démar-che de créativité permanente seveut stimulante.« À moi d’ouvrir les portes qu’ilsne peuvent pas ouvrir tout seul etd’améliorer leur vie artistique »,souligne Alice Hebmann. En par-tageant des ateliers artistiques,les résidents, qui restent souventbeaucoup entre eux, découvrentd’autres personnes, d’autres uni-vers et sortent de leur statut depersonne handicapée. L’art estun formidable outil contre les dis-criminations. « L’intérêt de tou-tes ces interventions est de faireen sorte que cela leur apporteune ouverture artistique et aide àleur développement », expliqueAlice Hebmann, dont le projetpréféré est « celui de demain ! ».

Yanis TOUTAOUI

Pour bouger les lignes

Alice Hebmann discute avec l’un des résidents devant lafresque réalisée avec la Haute école des arts du Rhin.

Photo J1J/Yanis Toutaoui

Rue de l’Arsenal à Mulhouse,une vitrine emplie d’objets co-lorés invite les passants à en-trer. Nous voici dans la bouti-que de produits de créateurs LaVitrine volante.Ce nom est né du projet lui-mê-me. « La Vitrine existait depuishuit ans, avant de déménager,explique Laura, la gérante. Etlà, le nouveau projet s’est envo-lé grâce aux dons des clients surune plateforme de crowfun-ding ! » L’idée de demander lesoutien financier des gens inté-ressés a fonctionné au-delà detoutes les espérances.

De nouveaux projets

« Pour remercier les donateurs,il y a eu des contreparties »,ajoute Laura. La plus étonnanteest un « wall of fame » – por-tant les noms de tous les dona-teurs - dans la boutique, qu’onne peut pas louper. « Grâce àeux, on a pu ouvrir en mai »,achève Laura.

Le principe n’a pas changé, Lau-ra fait le lien avec les clients.« La boutique fonctionne en dé-pôt-vente, c’est-à-dire que l’ontravaille en relation avec lesartistes, vingt-cinq pour êtreplus précis. Ils déposent leursœuvres et nous, on les vend. »La responsable est aussi char-gée de développer les actionsde l’association Créations d’Iciet de mains, qui chapeaute LaVitrine volante : convaincre denouveaux artistes ou de nou-veaux bénévoles à les rejoin-dre, rencontrer des galeries sus-cept ib les d’accuei l l i r lesartistes adhérents, développerde nouveaux projets. Laura in-siste sur les animations qui fontbouger la boutique : « On créebeaucoup d’événements pourtout le monde, pour tous lesâges, pour les curieux… Et onparticipe au Jeudi oui (une opé-ration des commerçants mul-housiens, ndlr), avec une ouver-ture plus tardive ces jours-là ».Il y a une volonté de s’engager

dans la ville mais aussi pour debelles causes : « On va sortir uncalendrier et tous les fonds se-ront reversés à la Ligue contrele cancer pour soutenir la luttecontre le cancer du sein. Le lan-cement se fera en musique », seréjouit Laura.Et de poursuivre, avec le mêmeenthousiasme : « Justement, le

tout nouveau projet de la Vitri-ne est musical. Il s’agira d’unlieu, dans la cave du local, con-sacré aux vinyles, un projet luiaussi financé par les dons. Cesera un endroit nostalgiquepour tous ceux qui veulent réé-couter et même acheter d’an-ciens vinyles. »

Joshua HADJI et Egzon QEHAJA

À la Vitrine volante, les donateurs qui ont soutenu le projets’affichent sur un « wall of fame ». Photo J1J/Denilson Dikila

La Vitrine a pris son envol

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Culture JOURNALISTE D'UN JOUR 23

En décembre 2008, Mulhouse estla première ville alsacienne à obte-nir le label « Ville d’art et d’histoi-re ». « Un label d’excellence, dé-cerné par le ministère de laCulture, pour un patrimoine d’ex-ception », souligne Jean-PierreWalter, conseiller municipal délé-gué à l’animation touristique de laville.Le charme de Mulhouse se dévoileau fil de ses quartiers, à travers unpatrimoine bâti riche et diversifié,souvent méconnu. La Cité du Bol-lwerk peut s’enorgueillir de 17 bâ-timents inscrits ou classés au titredes monuments historiques, dontle musée des Beaux-Arts et le Mu-sée historique. Parmi ces bâti-ments, l’ancien hôtel de ville, pla-ce de la Réunion, peint en 1698 parJean Gabriel, est l’un des plusétonnants.La tradition des murs peints estvivace à Mulhouse. Ces trésors,qu’il faut savoir débusquer, nouscontent l’histoire de la cité : son

prestigieux statut de ville-empireconservé jusqu’en 1798, son passéde Manchester française, ville in-dustrielle du XIXe siècle, les heurtsdes guerres successives ou le goûtaffiché pour la culture et l’art.Pour les découvrir, la Maison Boe-glin, qui abrite le centre d’inter-

prétation de l’architecture et dupatrimoine (Ciap), édite des guidesfaciles d’accès et bien illustrés, etpropose aussi des visites guidéeset un parcours qui fait le tour desœuvres majeures en 1 h 45.Les visites se présentent sous for-me de circuit que l’on peut prolon-

ger en poussant l’investigationjusqu’au quai des Pêcheurs pourdécouvrir des graffs, réalisés sou-vent par des étudiants de la Hear(Haute école des arts du Rhin), oudans le quartier des Coteaux pouradmirer l’imposante œuvre deDourone, artiste espagnol, peintesur la façade d’un immeuble. « Denombreux artistes du monde en-tier viennent marquer de leurs em-preintes les murs mulhousiens »,insiste Jean-Pierre Walter.Grâce à la politique volontariste dela mairie de Mulhouse, à travers laconservation des fresques muralespatrimoniales et des commandespubliques à des street artistes, lacité mulhousienne est devenueune ville référence en matièred’art urbain.Si vous ne l’avez pas encore fait,offrez-vous un voyage à travers letemps en suivant les murs de Mul-house !

Ismaila GOUNDIAMet Samuel SCHWANDER

Un label à lire sur les murs

Jean-Pierre Walter, devant l’un des nombreux murs peints deMulhouse, celui de la rue des Franciscains. Photo J1J/Denilson Dikila

Le Patrimoine mondial de l’humani-té, c’est un bien grand label qui ne signifie pas forcément grand-chose pour le commun des mortels. De quoisommes-nous les héritiers ? Qu’est-ce qui mérite d’être protégé ? C’est àl’Unesco qu’incombe la responsabili-té de la protection du patrimoine matériel et immatériel.L’Unesco supervise un ensemble de biens culturels afin de préserver des lieux, des coutumes ou des monu-ments. Elle répertorie 1092 biens ou lieux dans cinq zones géographi-ques : Asie et Pacifique, Europe et Amérique du Nord, Amérique latine et Caraïbes, Afrique, états arabes.

Quatre sites en Alsace

Un lieu s’inscrit dans la liste en étantsoumis à au moins six critères spécifi-ques : représenter un chef -d’œuvre du génie créateur humain, témoigner un échange d’influences, apporter un témoignage unique ou exceptionnel sur une tradition cultu-relle, offrir un exemple remarquable

d’un type de construction, être direc-tement associé à des événements oudes traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artisti-ques et littéraires ayant une significa-tion universelle, ou contenir les habi-

tats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conser-vation de la diversité biologique.L’Unesco lutte pour conserver ces témoignages afin de contribuer à la paix. Il y a en tout 44 lieux ou biens

inscrits en France et l’Alsace peut être fière d’en compter quatre : la Grande Île, la Neustadt et la cathé-drale Notre-Dame à Strasbourg, et laplace forte de Neuf-Brisach, qui fait partie des douze fortifications majeu-res de Vauban classées.Il y a aussi des monuments en atten-te d’inscription dans notre région : dix des 139 sites funéraires et mémo-riels de la Grande Guerre ou la Routedes vins.Pour ne pas que notre mémoire s’ef-face, il est essentiel de poursuivre et d’accompagner cet engagement pour la conservation du patrimoine. Certains établissements scolaires, comme le lycée Charles-Stoessel de Mulhouse, font partie du RéSEAU (Réseau des écoles associées à l’Unesco) et mènent de nombreuses actions pour éveiller la conscience des jeunes. Ils œuvrent ainsi pour une citoyenneté mondiale et un dé-veloppement durable et responsa-ble, garant d’un monde apaisé et solidaire.

Xavier GRUNENBERGER

Dessin Oussama Miloudi

Protéger notre héritage

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EnvironnementJOURNALISTE D'UN JOUR24

La classe de première L dulycée Jean-Mermoz de Saint-Louis a planché, hier, sur lethème de l’environnement àla médiathèque de Saint-Louis.Les élèves de la première L :Salomé Boigeol, Vanessa Ca-puti, Iratex Chirino, LeilaCokovic, Céline De Bisschop-

Villaudy, Anita Figueiredo,Samira Frette-Pose, Alexan-dre Fuke-Prigent, Marie Gim-batti, Lauren Hemmings,François-Arthur Hermann,Eva Isemann, Léa Jakubows-ki, Léonie Lieuthold, AlineLitzler, Marianne Martin,Andrès Meilan-Boucherikha,Élise Mekoulou, Mélusine

Mendes, Maéva Milstein, Li-berto Paez Wicky, Julie Pal-lez, Alina Riethmuller, Tija-na Sendi, Virginie Sexto,Justine Soulie, Alyn Stefaniz-zi, Anna Steib, Clara Stimp-fling, Zélian Waeckerle. Professeur accompagna-teur : Michaël Jamann.

Responsable du site : Pame-la Bouktab. Techniciens du lycée Char-les-Pointet de Thann : Antoi-ne De Oliveira, Michaël Bon-net.Les journalistes : PierreGusz, Florian Zobenbiehler,Francis Micodi.

L’équipe J1J de Saint-Louis

Les élèves du lycée Jean-Mermoz ayant participé, hier, à l’opération J1J sur le site de Saint-Louis. Photo L’Alsace/Francis Micodi

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Environnement JOURNALISTE D'UN JOUR 25

Quand on a envie de nager, onpense à aller à la piscine ou aubord d’un lac, mais rarement àplonger dans le Rhin, ce qui estpourtant devenu très populaire enSuisse, surtout chez nos voisinsbâlois. En nous basant sur notreexpérience et des témoignages,présentation de cette activité ori-ginale en quatre points.● Pourquoi nager dans le Rhin ?Quand on est bâlois, on peut na-ger tout près de chez soi et à touteheure. Pour des questions de tem-pérature de l’eau, on nage sou-vent dans le Rhin entre débutjuillet et début septembre, maiscertaines personnes le font mêmeen hiver. Dans le Rhin, on peutdonc pratiquement nager toutel’année. Nous avons nous-mêmesessayé : une expérience excep-tionnelle et paisible avec une vuemagnifique et inédite.● Est-ce dangereux de nager dansle Rhin ?Non, si on se tient aux règles desécurité, c’est pratiquement sansdanger. Sur le site internet duRheinschwimmen, toutes les rè-gles de sécurité sont visibles et

faciles à suivre. On peut aussitrouver la carte des zones où l’onpeut nager. Ne vous inquiétez pas,à Bale, vous trouverez aussi toutle long du Rhin des panneaux avectoutes les informations nécessai-res. Ils ont été mis en place avecl’association SLRG (Schweizeris-che Lebensrettungs-Gesellschaft)et la police cantonale de Bâle.● Y a-t-il des risques médicaux ?La qualité de l’eau est vérifiée

pour la sécurité des nageurs. Sivous êtes en pleine forme, vous nerisquez rien. Bien sûr, il est forte-ment déconseillé de boire l’eau,mais celle-ci n’aura pas d’impactsur votre peau. À noter qu’il y ades douches mises en place pourse rincer tout le long des zones« nageables ».● Découvrir la baignade dans leRhin à l’occasion du Rheins-chwimmen.

Le SLRG organise le Rheinschwim-men, qui rassemble des milliers depersonnes chaque année depuistrente-huit ans. La prochaine édi-tion de l’événement aura lieu le13 août prochain. Le dispositif desécurité déployé pour cette occa-sion devrait également encoura-ger les gens à nager dans le Rhin.

Samira FRETTE, Lauren HEMMINGSet Tijana SENDI

Comme un poisson dans le Rhin

Nager dans le Rhin, une expérience exceptionnelle et paisible avec une vue magnifique etinédite. Photo J1J/Samira Frette

Depuis quelques années, le mo-de de vie éthique est de plus enplus pratiqué, mais en réalité, enquoi cela consiste-t-il ? SelonChristelle Rey, esthéticienne bio-vegan à Hagenthal-Le-Bas, « unmode de vie éthique et sain con-siste à se nourrir sainement etprêter attention à tout ce quiconcerne l’environnement ».Pour Alix Senault, qui transformedes tissus ethniques et éthiquesen coussins dans son atelier mul-housien, « le mode de vie éthi-que ne va pas permettre de sau-ver la planète mais de lapréserver au maximum ».

Le déclic

Christelle a eu une prise de cons-cience lorsque son troisième en-fant est né en 2012. Ses habitu-des ont radicalement changé àl’occasion de cette grossesse, du-rant laquelle elle ne supportaitplus la viande. Et ces change-ments ont touché tant sa vie

personnelle que professionnel-le : utiliser des produits cosméti-ques bio-vegan « cruelty-free »(qui n’ont pas été testés sur des

animaux), comme les gammesOxalia ou Zao ; se nourrir plussainement (vegan et bio) ; utili-ser le vélo pour de courts tra-

jets ; faire attention au gaspilla-ge ; ut i l i ser des produi tsménagers bons pour l’environne-ment… « Je suis devenue veganassez facilement », confie-t-elle.Alix, quant à elle, a entamé unmode de vie éthique lors de sondéménagement à Mulhouse il y aquatre ans, après avoir participéà un challenge sur l’éthique quilui a beaucoup appris sur ce mo-de de vie. « On apprenait à créerdes produits cosmétiques et mé-nagers », explique la jeune fem-me.Christelle et Alix ont toutes deuxune vision similaire du mode devie éthique : produits artisa-naux, déplacements automobi-les réduits, produits cosmétiquesbio, achats de produit locaux…Elles ont eu un déclic éthiquedifférent, mais les deux Haut-Rhinoises ont fait évoluer leurshabitudes quotidiennes pour unevie meilleure.

Marianne MARTINet Aline LITZLER

Alix Senault a commencé à adopter un mode de vie éthique à l’occasion de son déménagement à Mulhouse, il y a quatre ans.

Archives L’Alsace/Darek Szuster

Vie éthique, vie meilleure

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EnvironnementJOURNALISTE D'UN JOUR26

Cercle vertueux entre les ani-maux, les plantes et la préserva-tion des sols, l’agriculture biody-n a m i q u e s u i t u nfonctionnement local et autono-me mis en opposition avecl’agriculture conventionnelle.Pour Étienne Fernex, agriculteuret fondateur du Domaine deGeissberg, à Biederthal, depuis1990, « l’objectif est de recher-cher l’équilibre » de son exploi-tation.L’activité première de la fermeest l’élevage de chèvres laitiè-res, nourries dans les prés envi-ronnants et traites à la main surplace, dans le but de produire dufromage, vendu directement,notamment dans l’épicerie duvillage. Les revenus sont modes-tes, mais l’agriculture biodyna-mique permet au Domaine duGeissberg d’être indépendantdes grands marchés, souligneÉtienne Fernex. « Nous dépen-dons beaucoup de nous-même etde nos clients locaux. » Cela metla ferme à l’abri des fluctuationsde prix qui peuvent affecter les

exploitations qui dépendent deslaiteries. « Si une laiterie décidede baisser d’un centime, uneexploitation par village fait failli-te », estime-t-il.L’exploitation d’Étienne Fernexvend 60 % de ses produits enFrance et 40 % en Suisse, parlivraison ou vente directe.Aujourd’hui, avec la vente de

pain et d’autres produits biologi-ques et locaux dans l’épicerie, laferme attire petit à petit desclients soucieux d’une alimenta-tion saine.Le concept de cette agriculture,c’est que tout ce que peut pro-duire le sol doit nourrir les ani-maux du domaine et permettrede faire vivre les hommes par la

vente. Pour achever le cycle, lefumier des animaux revient à laterre afin de la fertiliser. En ef-fet, pour Étienne, une des exi-gences de cette biodynamie estque « rien ne vienne de l’exté-rieur, c’est un cercle vertueuxqui fonctionne par lui-même ».

Liberto PAEZ-WICKYet Zélian WAECKERLÉ

La biodynamie, l’agriculture du futur

Une partie de la production est vendue à l’épicerie du village. Photo J1J/Liberto Paez-Wicky

Être apiculteur, ce n’est pas que ré-colter du miel, c’est aussi une res-ponsabilité. Témoignage de Franck Lieby, apiculteur d’Uffheim qui est propriétaire de 300 ruches avec plus de 50 000 abeilles et qui trans-forme une partie de son miel en produits comme le pain d’épices.

Comment augmente-t-on sa quantité d’abeilles ?Il y a le principe de la multiplication qui consiste à diviser une ruche en deux. Cela veut dire qu’il y aura uneruche sans reine et qu’elles devrontdonc en choisir une nouvelle, créant une toute nouvelle colonie. Par ce moyen, avec 100 ruches, on peut en créer 100 de plus.

À quel point le métier d’apiculteur et les abeilles en général sont-ils en danger ?Le nombre d’abeilles baisse de 10 %chaque année, de plus en plus à cause de la pollution, des insectici-des, pesticides et herbicides. Le

changement de climat influence aussi le niveau de mortalité des abeilles.

Qu’est ce qu’un apiculteur peut faire pour protéger les abeilles ?Il doit faire en sorte qu’elles aient à manger, s’en occuper, les garder en pleine forme.

Que pouvons-nous faire pour favoriser la sûreté des abeilles ?Simplement, pour aider les apicul-teurs, qui sont indispensables à la santé des abeilles, il faut consom-mer du miel pour développer l’api-culture ; planter des fleurs qui atti-rent les abeilles dans vos jardins et, surtout, ne plus utiliser de pestici-des et d’herbicides. Les mauvaises herbes que vous passez tellement de temps à enlever font en fait des fleurs, qui vont sécréter du nectar. Nous avons grandement besoin des abeilles pour la pollinisation, protégeons-les !

Céline VILLAUDY et Julie PALLEZ

« Nous avons grandement besoin des abeilles »

André Flieg, apiculteur et membre de l’association Apis Haut-Sundgau, livre ses conseils pour devenir apicul-teur et perdurer dans le métier.

Est-il difficile de devenir apicul-teur ?Tout le monde peut devenir apicul-teur, mais c’est un investissement important. L’apiculture, c’est avant tout un respect de l’insecte. Il faut également donner de son temps et ilfaut une connaissance des cycles évolutifs des abeilles. Ces connais-sances peuvent être acquises grâce àdes formations, proposées à l’asso-ciation Apis Haut-Sundgau, ou avec des livres pour apprendre en autodi-dacte.

Peut-on en vivre ?Si tout le monde peut devenir apicul-teur, tout le monde ne peut pas en vivre. Il faut environ 500 ruches pouren faire son métier, pour être apicul-teur professionnel. Les petits apicul-teurs, eux, ont une clientèle plus restreinte qui se compose principale-ment de personnes mangeant « lo-

cal », donc leur chiffre d’affaires est stable mais pas assez important pouren faire leur seule rentrée d’argent.

Le miel industriel est-il une mena-ce ?Non, il faut juste que les petits api-culteurs s’organisent pour se faire dela pub, commercialiser et vendre. Pour avoir le droit de commerciali-ser, les apiculteurs doivent acheter un numéro Siret, qui coûte 50 € et qui permettra de vendre leur miel. Ily a toujours de la place pour le miel artisanal.

Propos recueillis parÉlise MEKOULOU

et Salomé BOIGEOL

« L’apiculture, c’est avant tout un respect de l’insecte »

André Flieg livre ses conseilspour devenir apiculteur.

Photo J1J/Élise Mekoulou

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Environnement JOURNALISTE D'UN JOUR 27

La Petite Camargue alsaciennemilite pour la sensibilisation auxcauses environnementales. Ils’appuie sur un réseau de cinqcommunes (Saint-Louis Neuweg,Village-Neuf, Rosenau, Barten-heim et Kembs), de salariés et debénévoles œuvrant pour la causede la protection environnemen-tale. Cela passe par l’entretiendes milieux naturels, mais aussipar des actions auprès de la jeu-nesse.

Une pisciculturedès 1852

Le Cine (Centre d’initiation à lanature et à l’environnement) pro-pose des activités fréquentéesnotamment par les écoles : visi-tes guidées, interventions au seindes établissements scolaires…La Petite Camargue alsacienneest également connue pour sontitre de première infrastructured’Europe à avoir mis en place la

pisciculture : c’était en 1852,bien longtemps avant la créationdu Cine ! La pollution avait un

impact sur les saumons qui, ja-dis, étaient en voie de dispari-tion. La pisciculture de la Petite

Camargue s’attache à sensibiliserle public en proposant un parrai-nage de poissons, efficace pour lapréservation de cette espèce.

200 espèces d’oiseaux

En plus de la pisciculture, la Peti-te Camargue abrite une riche fau-ne et flore, dont 17 variétés d’or-chidées, 15 espèces de batracienset 200 espèces d’oiseaux que l’onpeut observer depuis des obser-vatoires. « En fonction des mi-lieux humides, on y trouve unemultitude d’espèces dont leséchassiers, hérons, martins-pê-cheurs, libellules, papillons, cas-tors et chats sauvages », expli-que Philippe Knibiely, le directeurde la Petite Camargue alsacien-ne.La vocation du site est de préser-ver un cadre environnementalpour les générations futures.

Eva ISEMANNet Alina RIETHMULLER

La Petite Camargue alsacienne, un pilier de la biodiversité

Philippe Knibiely, directeur de la Petite Camargue alsacienne.DR

Jérôme Banholzer, garde cham-pêtre de la Brigade verte à Ha-genthal-le-Bas, explique son mé-tier et ses activités au quotidien.

Qu’est-ce que la Brigade ver-te ?La brigade verte est une structu-re qui n’existe que dans le Haut-Rhin. On dépend du maire. Onest fonctionnaire territorial, eton nous appelle aussi gardechampêtre. C’est à peu près lemême métier que la police muni-cipale mais à la campagne, avecune particularité rurale.

Quelles sont vos activités au quotidien ?On patrouille dans les commu-nes adhérentes, on regarde sitout se passe bien, s’il n’y pas dedépôts d’ordures, s’il n’y a pasde chiens qui se promènent. Cer-tains territoires posent plus deproblèmes que d’autres. On in-tervient surtout sur demande dumaire. Ça peut être, par exem-ple, des gens qui circulent à mau-

vais escient sur la piste cyclable,des jeunes en été qui font dubruit le soir ou qui allument dufeu à l’extérieur, ce qui est inter-dit… Il y a aussi des dégradationssur le parcours santé ou sur leparcours découverte dans la fo-rêt. Enfin, on surveille des fêtesde village si le maire le demande.

Avez-vous un problème particu-lier en ce moment ?Essentiellement les dépôts d’or-dures. Le groupement de com-munes Saint-Louis aggloméra-tion est en train de passer à unsystème où on paie en fonctiondu poids des poubelles. Normale-ment, ce système incite les gensà trier, mais il y a des personnesqui ne veulent ni trier, ni payer,donc ils vont mettre leurs pou-belles dans la nature ou dans lespoubelles de leurs voisins. On estdonc là pour vérifier qu’ilspayent bien la taxe relative auxpoubelles déclarées.

Propos recueillis par Iratxe CHI-RINO et Léa JAKUBOWSKI

La brigadequi rend la vie plus verte

Où vont les déchets que nous met-tons à la benne ? Prenons l’exem-ple de la déchetterie intercommu-nale de Village-Neuf. « Ce qui estdéposé dans la benne gravats estbroyé avant d’être réutilisé pour lesroutes, explique un convoyeur dedéchetterie. Les déchets verts sontbroyés et vont au compost. Quantau papier carton, il est recyclé pourredevenir du papier carton. »

Près de trente tonnespar semaine

Il indique par ailleurs que près detrente tonnes de déchets sont ré-coltées chaque semaine à la dé-chetterie intercommunale de Villa-ge-Neuf. Celle-ci est fermée aupublic le matin, de 8 h à 9 h, afinque les employés puissent parexemple vider et préparer les ca-gettes de petits appareils en mé-lange : hi-fi, radio, imprimantes,aspirateurs… Lorsque les cagettessont pleines, ils les déposent dansle local afin que quelqu’un de l’ex-térieur vienne les récupérer. Ensui-

te, ils passent les bennes en revue,égalisent les gravats pour qu’ilsprennent moins de volume et ba-laient. Le chef de la déchetterie faitle point pour prévoir un enlève-ment si les bennes sont pleines. Ilenvoie dans ce cas un courrier élec-tronique aux sociétés pour qu’ellesviennent les vider. Enfin, au coursde la journée, l’équipe de la dé-chetterie a aussi un rôle de sur-veillance, pour s’assurer que lesusagers trient correctement.

Justine SOULIE et Virginie SEXTO

À Village-Neuf, les déchetsont une seconde vie

Un employé de la déchetterieintercommunale de Village-Neuf en train de vider desbennes à Saint-Louis.

Photo J1J/Justine Soulie

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EnvironnementJOURNALISTE D'UN JOUR28

Audrey Vernel, 31 ans, est chargéede mission pour la transition éner-gétique à Saint-Louis. Elle évoquel’essor des panneaux solaires enville.

Comment fonctionnent les pan-neaux solaires ?Les panneaux solaires sont des dis-positifs énergétiques à base de cap-teurs solaires, thermiques ou pho-tovoltaïques, capables de convertirl’énergie solaire en énergie thermi-que ou électrique.

À qui sont-ils destinés ?Ils sont destinés généralement auxbâtiments administratifs, commeles piscines ou les écoles. Ce sontles endroits les plus rentables parcequ’on peut y créer un champ depanneaux solaires. Mais cela peutaussi concerner des particuliers,bien que cela soit économiquementmoins intéressant et plus complexeà aménager. Le particulier doit êtrepropriétaire de l’habitation. S’il

s’agit d’un immeuble, la décisiondevra être prise collectivement.

À quoi servent les panneaux solaires ?

Ils servent à réduire l’utilisation del’énergie nucléaire et des énergieschimiques comme le fuel, en lesremplaçant par des énergies renou-velables. Il est aussi possible d’ins-

taller des chauffe-eau compatiblesavec les panneaux solaires.

Depuis quand les panneaux solai-res sont mis en place dans la ville ?Ces aménagements en pleine ex-pansion ont été initiés assez récem-ment, vers 2016. C’est un vrai enga-gement pour la Ville de Saint-Louis.

Et pour l’avenir ?Une loi a été votée récemmentpour aider financièrement les en-treprises et les particuliers quiadoptent ces aménagements. LaVille a par exemple équipé l’écoleGalilée de panneaux solaires il y aun an. Nous allons développer lesinstallations, mais c’est un grosinvestissement. C’est un projet op-timiste qui aidera beaucoup la com-mune. Le pic du développement estprévu pour 2019.

Propos recueillispar Leila COKOVIC

et Marie GIMBATTI

Les panneaux solaires à Saint-Louis, un pari pour l’avenir

Audrey Vernel, chargée de mission pour la transition énergéti-que à Saint-Louis. Photo J1J/Marie Gimbatti

L’écologie est au centre de nom-breux sujets et La Poste de Hésinguene fait pas l’impasse sur la question.En effet, depuis 2012, cet établisse-ment courrier remplace peu à peu ses véhicules thermiques par desmodes de transport plus doux et qui fonctionnent à l’électrique.

De nombreux véhiculesélectriques

Conduire avec des véhicules électri-ques nécessite tout d’abord une for-mation à l’éco-conduite. Après quoi les facteurs peuvent se servir de ces véhicules pendant leur tournée. À Hésingue, La Poste dispose de huit voitures électriques, d’un quadeo ouquad électrique, de douze staby ou scooters à trois roues, et de onze vélos à assistance électrique.D’après Arnaud George, responsabledu service facteurs à Hésingue, ses collègues en sont ravis. Grâce à ces modes de transport doux, ils préser-vent la nature. « Certains véhicules comme les vélos électriques sontégalement là pour alléger le tra-

vail », ajoute Arnaud George. L’assis-tance électrique de ces vélos, et lefait qu’ils soient silencieux, semble être un véritable plus au quotidien pour les facteurs. « Le seul petit pro-blème que nous pouvons reprocher àces moyens de transport est l’auto-nomie. Si le véhicule tombe en pan-ne, il n’y a aucun moyen de pouvoir le bouger », regrette Arnaud George.Si, à Hésingue, La Poste semble avoirrelevé son défi de développer une logistique urbaine responsable, plus généralement, l’entreprise publiquea mis en place quatre engagements forts dans le domaine du développe-ment durable. Utiliser des énergies 100 % renouvelables permet de pré-server les ressources, le climat et contribuer ainsi à la transition éner-gétique.

Recylage et lettre verte

Recycler le papier et le carton au travers de l’offre Recygo permet de proposer aux clients des solutions responsables. Chaque utilisateur peut y contribuer, en utilisant par

exemple la « lettre verte », un systè-me plus économique et respectueuxde l’environnement, qui ne prend pas l’avion. Enfin, afin de réussir la transformation de l’entreprise, La Poste s’attache aussi à développer lebien-être de ses collaborateurs et degarantir leur santé.

Toutes ces mesures sont inscrites aucœur du projet « La Poste 2020, con-quérir l’avenir ». Ce qui devrait enco-re impliquer d’autres changements dans les années à venir pour ArnaudGeorge et ses collègues.

Vanessa CAPUTIet Anita FIGUEIREDO

Le quad électrique de l’entreprise, à Hésingue, ici en train d’être rechargé. Photo J1J/Vanessa Caputi

L’engagement écologique des facteurs

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Environnement JOURNALISTE D'UN JOUR 29

La sensibilisation à la question del’environnement doit être mise enplace dès le plus jeune âge. C’estpourquoi des moyens de préventionet d’action ont été déployés dansles écoles primaires françaises com-me dans les écoles suisses.En France, la sensibilisation des élè-ves est surtout axée sur la préven-tion et l’information, alors que ducôté suisse, elle est plus centréeautour d’actions concrètes.Mais des établissements françaisont aussi adopté des mesures con-crètes. L’école primaire de Hésin-

gue, par exemple, met en place despoubelles destinées au tri des dé-chets et elle encourage fortementélèves et enseignants à diminuer laconsommation d’énergie. Le WorldCleanUp Day, une action mondialequi consiste à un ramassage collec-tif des déchets, est décliné à Hésin-gue pour les élèves, autour del’école primaire et maternelle.Des moyens de prévention sont aus-si mis en place par la communautéde communes, qui intervient dansles classes pour informer les élèvessur les actions possibles pour pré-

server l’environnement. En Suisse,l’école primaire de Hofstetten sen-sibilise ses élèves à travers des sé-quences portant sur le recyclage etle tri des déchets, la pollution del’eau, les dégâts causés sur l’envi-ronnement ou encore commentpréserver la nature. Mais la sensibi-lisation des élèves suisses, on l’adit, est aussi et surtout centrée surdes actions quotidiennes concrè-tes : poubelles prévues pour le recy-clage et le tri des déchets, ramassa-ge des déchets dans les différentescours systématique après les ré-

créations, aménagement par l’éco-le d’un compost, actions de net-toyage dans la forêt, arbres plantéspar les élèves autour de l’écolepour ramener de la verdure dansl’environnement scolaire…S’il y a des différences de métho-des, la sensibilisation à la questionde l’environnement en France et enSuisse partage ce trait commun :un attrait pour l’apprentissage d’unmode de vie respectueux envers laplanète.

Mélusine MENDESet Léonie LEUTHOLD

En France et en Suisse, sensibiliser dès le plus jeune âge

Eco-école est un programme inter-national implanté dans 47 pays, etlancé en France en 2005. Il vise àdévelopper un projet environne-mental concret avec les élèves etles enseignants. L’école élémentai-re de Hégenheim, ses élèves et sadirectrice nous expliquent pour-quoi ce concept les intéresse.

Paroles d’élèves

Les élèves de CE1/CE2 que nousavons rencontrés se disent concer-nés par la protection de la natu-re ou encore par le fait de ne paspolluer. Ils ont évoqué des pistesd’actions à mener afin de protégerl’environnement. Pour eux, il nefaudrait plus extraire d’huile depalme, ne pas jeter de déchetsdans la mer pour protéger ses ha-bitants ou encore, comme nous l’adit Raphaël, « installer des pan-neaux solaires ». Pour Lilou, « uneéco-école doit d’abord protéger la

nature et la forêt à l’école. » Enfin,Louison nous a expliqué qu’il fau-drait devenir éco-école pour proté-ger la Terre, « qui pourrait exploser

dans plusieurs siècles », craint-il.Séverine Klein, la directrice de l’école, aimerait mettre en place leprogramme Éco-école pour appren-

dre les gestes écologiques aux en-fants et les rendre responsablesainsi que leur faire prendre cons-cience de l’importance de l’écolo-gie. Elle voudrait sensibiliser lesélèves et les enseignants au res-pect de l’environnement.

Un pédibus

Ce programme prendra au moinsdeux ans à être mis en place etentrera dans le projet d’école2018-2022, dont l’un des objectifsest le développement durable. Ceprojet aura pour but de développerle respect de soi-même, de l’autre,ainsi que du développement dura-ble. L’école a déjà mis en place unpédibus, depuis deux ans. Il n’amalheureusement pas eu le succèsescompté et étant donné qu’il n’ya que peu d’inscrits, il n’a pasencore été lancé cette année.

Propos recueillispar Maéva MILSTEIN et Anna STEIB

Pourquoi devenir une éco-école ?

L’école de Hégenheim, ici lors de la rentrée le mois dernier, estdevenue une éco-école. Archives DNA/Ghislaine Mougel

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Grand EstJOURNALISTE D'UN JOUR32

Retour sur les traces de l’annexion allemande à Thionville, un passé douloureux dont il est utile de se rappeler, afin d’entretenir notre de-voir de mémoire.Comme toute la Moselle et l’Alsace, Thionville est passée aux mains des Nazis en 1940. La ville a été soumise à d’importants changements. Ella a d’abord retrouvé le nom que les Alle-mands lui avaient attribué en-tre 1870 et 1918, lors de la première annexion : Diedenhofen. Le premier acte d’une intense propagande vi-sant les habitants de l’époque.

Propagande omniprésente

La germanisation de la ville a d’abord imposé un changement inté-gral du nom de ses rues. Par exemplel’avenue Poincaré, aujourd’hui ave-nue de la Libération, s’est vue rebap-tisée Adolf Hitler Strasse, et certai-nes rues cédèrent simplement leur nom à leur traduction allemande, comme la route de Metz, qui devint Metzerstrasse. En 1941, la réglemen-tation communale est à son tour devenue allemande, complétée par l’introduction du titre « Oberbürger-

meister » pour le maire de Thionvil-le. La propagande était omniprésen-te dans l’espace public. De multiplesdrapeaux ornés de la croix gammée pavoisaient la commune. On allait jusqu’à trouver dans chaque com-merce et administration le portrait du Führer, qui y était obligatoire. LesAllemands ont également effectué

des aménagements urbains. Avec une urgence : la reconstruction du pont des Alliés, essentiel pour la tra-versée de la Moselle. Détruit entre le10 et le 15 juin 1940 par le Génie, lesAllemands entreprirent alors de le réparer en installant une passerelle en bois pour combler le vide en 1941.Que reste-t-il aujourd’hui de ces an-

nées noires ? Thionville en garde dessouvenirs, comme le monument au cimetière militaire rue Saint-Fiacre, en hommage aux Malgré-Nous, in-corporés de force dans l’armée alle-mande. 142 Thionvillois morts ou disparus, victimes de l’Histoire.

Léa BAGNETTI, Camille WINCKEL, Louise FONTANEL et Hugo DAP

De Thionville à Diedenhofen

DR

En France, la mémoire a ses sym-boles. Des dates, des monuments,des traditions. Mais comment ledevoir de mémoire est-il pratiqué àl’étranger ? Au lycée Charlemagnede Thionville, nous avons la chan-ce d’avoir dans notre classe, quel-ques correspondantes du mondeentier. Celles-ci viennent de la Suè-de, du Canada, de la Thaïlande etmême de la Russie. Elles nous ontdonc raconté la façon dont le sou-venir s’entretient dans leurs pays.

En SuèdeLa Suède n’a pas participé à laPremière Guerre mondiale et a éténeutre pour la Seconde. Certes,elle a partiellement collaboré avecl’Allemagne. Mais elle a aussi étéune terre d’asile pour de nom-breux Juifs. Le pays n’a pas demémorial ni de monument rappe-lant la guerre. Notre suédoise, pré-nommée Sofia, nous a confié :« Mon arrière grand-mère a étéexfiltrée de l’Allemagne à la Suèdedurant la seconde guerre mondiale

car elle était juive. Ce fut très durpour elle. En Suède, la guerre estun sujet très important et en parlebeaucoup à l’école. »

En ThaïlandeLa Thaïlande, n’a pas participé à la

Première Guerre mondiale mais aaidé le Japon durant la SecondeGuerre mondiale. Dans le calen-drier, il n’y aucune fêtes commé-morative. Le pays compte tout demême un monument, le VictoryMonument qui se situe à Bangkok.Nine, qui est notre correspondantenous a confié qu’une grande partiede son entourage a participé à laSeconde Guerre mondiale.

Au CanadaLe Canada a participé aux deuxguerres mondiales, dans le campdes alliés. Les Canadiens fêtent,tout comme nous, le 11 Novem-bre. Ils possèdent un parc mémo-rial à Vimy. Campbell, notre troi-sième correspondante, nousraconte : « Mon arrière grand-pèrea participé à la Première Guerremondiale et y a malheureusementperdu la vie, j’imagine que cela aété très dur pour ma famille. Cesévénements ont marqué les histoi-res familiales chez nous. »

La RussieL’arrière-grand-père de notre cor-respondante russe, Aigul, est luiaussi mort tragiquement lors de laPremière Guerre mondiale. Ellenous raconte : « L’histoire desguerres est apprise très rapide-ment dans les écoles russes. Nouspossédons plusieurs monumentsreprésentant la guerre comme :The Cross of Sorrow (la croix duchagrin) ou même The ImmortalityHeight (la hauteur immortelle) ».Le 9 mai, qui est le jour de commé-moration de la signature à Berlinde l’acte de capitulation de l’Alle-magne nazie face aux troupes al-liées, une célébration est organi-sée à Moscou. Une grande paraderend hommage aux disparus de laguerre et aux victoires de la Russie.

Yanna ARCES, Bruno BORODINE,Charlotte FLEURY, Madison VIGNE-RON et Nicolas WEBER-MARTINEZ

Avec l’aide de leurs correspondan-tes : Sofia HALLSTROM, Nine

NUAMKET PANTIRA, CampbellPITKETLY et Aigul KALIMULLINA

Sofia : « Mon arrière grand-mère a été exfiltrée de l’Alle-magne à la Suède durant laSeconde Guerre Mondiale carelle était juive. Ce fut très durpour elle ». Photo J1J

Le devoir de mémoire à travers le monde

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Grand Est JOURNALISTE D'UN JOUR 31

Marie Marthe Weis est née le11 novembre 1926. Quatre élè-ves, dont son arrière-petit-filsAdrien, lui ont proposé de racon-ter sa vie durant la SecondeGuerre mondiale. Une histoirequ’elle n’avait jusqu’alors ja-mais partagée avec Adrien.

Qu’avez-vous fait quand les Allemands sont arrivés ?En 1939, quand les Allemandssont arrivés à proximité de Soe-trich, mon village, les soldatsfrançais nous ont dit de quitter laville.

Quitter la ville mais pour aller où ?Ils nous ont dit d’aller à Vienne,dans l’Isère. Mais nous avonsfinalement trouvé refuge à Ligny-en-Barrois, près de Bar-le-Duc.

Avec qui étiez-vous durant cette période ?Je me trouvais avec ma mère, unde mes frères et ma sœur. Monpère nous a rejoints et on a vécudans un petit appartement là-bas. Jusqu’à l’arrivée des Alle-mands.

Vous êtes ensuite revenue à Soetrich. Pourquoi ?Une fois que les Allemands

étaient partout, on ne voyait pasl’intérêt de rester dans un villagequi ne nous était pas familier.Alors on a décidé de rentrer àSoetrich, dans notre maison,pour y continuer notre vie mal-gré la présence allemande.

Une fois rentrés, la vie était-el-le normale ?Pendant une guerre, la vie nepeut pas être normale. Mais à

Soetrich les Allemands n’étaientpas réellement présents, on étaitassez tranquilles. En revanche,ils ont incorporé un de mes frèreset l’ont envoyé au front, en tantque Malgré-Nous. Nous l’avonsperdu.

Est-ce que votre village et votre maison avaient changé ?On a eu de la chance. Certainesmaisons avaient été pillées, mais

pas la nôtre. À part cela, globale-ment le village n’avait pas chan-gé. Sauf les gens qui y habitaient : ily ava i t p lus d ’A l lemandsqu’avant la guerre.

Vous, personnellement, com-ment avez-vous vécu ce retour dans votre village ?Bien. Le fait de ce sentir chez soiaide beaucoup. J’ai rapidementpu trouver du travail dans unesociété allemande que faisait dutissu à Thionville. J’ai travaillélà-bas avec ma sœur jusqu’à unbeau matin où, en arrivant autravail, la boutique était fermée.Les Allemands qui tenaient lemagasin avaient fui, car les Fran-çais reprenaient le territoire.

Une fois les Allemands partis, la vie est-elle de suite revenue à la normal ?Non, bien sûr que non… Les nazisavaient tellement mis le désor-dre dans les villes, dans les villa-ges, qu’il a fallu du temps pourreprendre nos habitudes. Mal-heureusement, après une guer-re, la vie peut difficilement reve-nir à la normale.

Adrien JOACHIMOWICZ,Aurélien HENRY, Léo MARSON

et Anthony GREULICH

Marie Marthe Weis, avec son arrière-petit-fils Adrien. Photo J1J/DR

« Les Allemands avaient mis tellement de désordre… »

A Thionville les élèves de 1re ES2au lycée Charlemagne ont parti-cipé à J1J. Ils ont centré leursarticles sur le devoir de mémoi-re.

Premier cadre : Marie Arnould,Lea Baguetti, Hugo Dap, AlexiaWerner, Camille Winckel.Deuxième cadre : Marine Allou-chery, Mary Heim, Maxence No-len, Chloé Schroeder, JustineZampieri.Troisième cadre : Anthony Greu-lich, Aurélien Henry, Adrien Joa-chimowicz, Léo Marson.Quatrième cadre : Guillaume DiPasquale, Thomas Hombourger,Léa Pontès-Meyzie, ClémentineSaunier, Mathilde Terrier.

Cinquième cadre : Corentin Lau-rent, Louise Fontanel, LaurineZilliox.Sixième cadre : Sofia Hallstrom(Suède), Aigul Kalimullina (Rus-sie), Pantira dite Nine Nuamket(Thaïlande), Campbell Pitketly(Canada).Septième cadre : Maksym Khol-chev, Yanis Kouici, Mouad RamiHuitième cadre: Yanna Arces,Bruno Borodine, Madison Vi-gneron, Nicolas Weber-Marti-nez.Les professeurs : Stéphanie Steiner ( S.E.S etE.M.C. ), Pascal Fleurieau-Lintz (professeur histoire-géographie )et Brigitte Ruellan ( professeurdocumentaliste ). Photo J1J/DR

L’équipe J1J du lycée Charlemagne de Thionville

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Grand Est JOURNALISTE D'UN JOUR 33

Au lycée Georges-Brière de Reims,il y a une classe qui a une particu-larité : la seconde MEI (mainte-nance des équipements indus-triels) : tous ses élèves sont eneffet conventionnés avec l’arméede Terre dans le but de devenirmaintenanciers (*).

Pour comprendre pourquoi desjeunes qui, comme nous, déci-dent de se mettre au service de laNation, il faut d’abord savoir cequ’est un conventionnement. Ils’agit d’un contrat entre un élè-ve, un lycée et la Défense, quipermet, au bout de trois ans,d’avoir son bac et d’être embau-ché par l’armée, explique le capi-taine Eric Queuvin, chef de bu-r e a u T e r r e , a u C e n t r ed’information et de recrutementdes forces armées (CIRFA) deReims.Cela fait 30 ans que le capitainetravaille au sein de l’armée. Il estle responsable du recrutementdans la Marne. Les stages suivispar les lycéens sont programméssur la base militaire de Mourme-lon. Ils permettent de découvrirl’armée dans toutes les spéciali-tés de la maintenance des équipe-ments industriels.

Dès la secondeÀ titre informatif, le nombre deconventionnés au lycée George-Brière est de 23 en seconde, 25 enpremière et une vingtaine en ter-minale.Pour quelles raisons s’engagersur cette voie ?

Bastien Blairet, en terminale MEI,a choisi le conventionnement car,dit-il, il se sent fier de défendreson pays et d’avoir un statut diffé-rent celui de civil. Il a grandi dansle milieu de l’armée, car il vientd’une famille de militaires.Il a aussi signalé qu’il fallait uncomportement respectueux au ly-cée et au régiment pour être bienvu par les supérieurs. Bastien

Blairet a également précisé que,dans le régiment, il y avait plu-sieurs véhicules sur lesquels lesstagiaires pouvaient exercer lamaintenance.Il y a plus rarement des fillesconventionnées. En seconde aulycée Georges-Brière, l’une d’el-les a motivé sa démarche pourdeux raisons principalement : de-puis toute petite, rentrer à l’ar-

mée était sa passion. Mais, avanttout, c’est l’esprit que l’on a entant que militaire qui lui plaît,a-t-elle ajouté.

Thomas GUERVILLE, Léo LALIN,Elliot LEBLANC, Jules RICHEL

et Juan TORRES

(*) Maintenancier : mécanicienchargé de l’entretien et de la répa-ration du matériel militaire.

Le capitaine Eric Queuvin, du Cirfa de Reims, entouré de quelques lycéens ayant, dès la seconde,signé un conventionnement avec l’armée. Photo J1J

Ces lycéens qui choisissent la Défense

Le lycée polyvalent Georges-Brière de Reims en est à satroisième participation à J1J.

Cette fois, ce sont des élèvesde seconde MEI (maintenan-ce des équipements indus-triels) qui se sont mobilisés.

Les élèves : Thomas Guer-ville, Samy Hallal, MatthieuHortance, Mathis Hulin, LéoLalin, Elliot Leblanc, NoahLelong, Alexandre Loiselle,

Valentin Marchand, BruceMillier, Fiona Nortier, Geof-frey Paroissien, Jules Richel,Sofian Saoussa, Juan-AdrianTorres Meseguer.

Les enseignants : NicolasPellerin (lettres-histoire),Philippe Touret (documenta-liste).

Journaliste : Catherine Dau-denhan.

Le groupe d’élèves qui a assuré les reportages pour le lycée rémois Georges-Brière. Photo J1J/Catherine Daudenhan

L’équipe J1J du lycée Georges-Brière de Reims

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Grand EstJOURNALISTE D'UN JOUR34

Son arrière-grand-père a participépendant quatre ans à la plupartdes grandes batailles de la Pre-mière Guerre mondiale. Aujourd’hui, Richard Mathiot estle guide qui nous a accueillis aufort de la Pompelle situé à 8 kmde Reims. Lorsqu’il raconte toute l’histoirede ce lieu, il le fait avec une trèsgrande passion. Il aime faire revi-vre la mémoire des personnesdisparues et mortes pour la dé-fense de Reims.Le fort de la Pompelle a été cons-truit par le général Séré-De-Riviè-res après la guerre de 1870 per-due contre la Prusse (Allemagne).Avec six autres ouvrages fortifiés,ils forment une ceinture autourde Reims pour la protéger desattaques ennemies. En 14-18, lefort a survécu à quatre années debombardements. Le 4 septembre1914, les Allemands se sont intro-duits dans tous les forts aux alen-tours de Reims empêchant lesFrançais de sortir de la ville. Le24 septembre 1914, après la ba-taille de la Marne, il fut reconquis

par le 138ème régiment de l’in-fanterie. « Le fort fut alors la cléde voûte de la défense de Reims ».Les Allemands ont tenté de re-prendre le fort à maintes reprisesmais en vain. Les troupes françai-ses ont été aidées par les brigadesspéciales russes envoyées par leTsar en 1916, mais aussi par laMarine nationale qui a envoyédes canonnières fluviales sur lecanal.

Une des plus grandescollections du monde

En 1956, les ruines abandonnéesdu fort sont rachetées par la Fédé-ration nationale André Maginot.Il a ensuite été cédé à la ville deReims en 1968 et intégré au patri-moine de la cité.Le fort de la Pompelle est, aujour-d’hui, un musée de mémoire pourhonorer les personnes qui ontparticipé à la défense de Reims.On peut y voir 560 coiffes (cas-ques à pointes de l’armée impé-riale allemande), l’une des plusgrandes collections du monde,les célèbres canons de 75 français

ainsi que les souvenirs du corpsexpéditionnaire russe en Cham-pagne. L’aviation française n’est pasoubliée avec l’hommage au célè-bre René Dorme qui a plus de 23victoires homologuées et a trou-vé la mort le 25 mai 1917 au-des-

sus du fort de la Pompelle. Enmoyenne, 23 000 visiteurs par anse rendent sur le site. Au 1er sep-tembre 2018, on comptait déjà18 000 visiteurs.

Noah LELONG, AlexandreLOISELLE, Bruce MILLIER,

Fiona NORTIER et Juan TORRES

La forte histoire du fort de la Pompelle

Richard Mathiot, guide au fort de la Pompelle où se trouventnotamment des souvenirs du corps expéditionnaire russe.

Photo J1J/Fiona Nortier

Marc Christophe, ancienne-ment professeur de sciences, ar-pente les cimetières commu-naux depuis près de quaranteans.Ainsi, il retrouve des tombes desoldats de la Grande Guerre lais-sées à l’abandon.Mais d’où lui vient cette pas-sion ? « Dans ma famille, nousavons perdu deux de mes sœurset nous nous rendions à Sedanrégulièrement pour fleurir leurstombes. Mon père nous disait,on va en profiter pour s’occuperaussi de celles des Poilus, puis-qu’elles sont à côté », explique-t-il.

Des découvertes parfois surprenantes

Tout commence par un patienttravail de recherche, pour re-constituer les histoires de cescombattants tombés dansl’oubli. Il épluche les archives,essaye de retrouver les descen-dants. Il lui faut en effet « prou-ver trois fois la mort d’un sol-

dat, pour obtenir une croixlatine ». Parfois, il fait des dé-couvertes surprenantes : unevictime et deux tombes, un sol-dat mort au combat qui pour-tant s’est marié après la fin de laguerre…Lorsqu’il est parvenu à identifierle mort, à reconstituer sa vie etles circonstances de son décès,

il alerte les maires. Malgré ledevoir de mémoire, il n’est pastoujours facile de trouver uneoreille attentive : « On me ditnon et puis, quelques jours, se-maines plus tard… on me rap-pelle », raconte-t-il.Quand il obtient gain de cause,les travaux peuvent débuter,mais parfois, c’est tout juste !

« Si je n’avais pas été là, ilsauraient tout rasé, malgré l’ac-cord de la municipalité, car lazone n’avait pas été délimi-tée… » Suivant les cas, il fautrefaire les fondations, consoli-der ou rénover la sépulture, lecrucifix, une croix en fonted’art, nettoyer la stèle.Depuis une vingtaine d’années,Marc Christophe fait appel à dejeunes lycéens, comme nous,pour l’aider et, une fois la res-tauration achevée, une cérémo-nie est organisée.Elle permet de rendre hommagemais aussi de transmettre lesinformations collectées aux ha-bitants pour qu’ils puissent en-tretenir le souvenir. Marc Christophe espère ainsi at-teindre son unique objectif :« Ne pas laisser la mémoire deces soldats, morts pour la Fran-ce, sombrer dans l’oubli. »

Samy HALLAL, Mathis HULIN,Matthieu HORTANCE,Valentin MARCHAND

et Sofian SAOUSSA

Ancien professeur, Marc Christophe retrouve des tombes desoldats morts en 14-18. Il fait aussi appel à des lycéens pourl’aider. Photo J1J

Il ramène les tombes à la vie

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Grand Est JOURNALISTE D'UN JOUR 35

Pour sa deuxième participa-tion consécutive à J1J, le ly-cée professionnel privé Léo-nie-Aviat à Troyes affichedésormais une certaine expé-rience.Cette année, ce sont les élè-ves de la classe de terminalegestion-administration quiont mené les enquêtes.Les élèves : Sonia Alouti, Pré-fina Antonio Pinto, EliseCharlot, Stacy Chellin Fisval,Léona Colin, Johanna Dan-

ger, Lina Diabaoui, Elsa Fer-reira, Valentin Ferry, ShaunaKakahio, Nisrine Kamari, Elvi-re Kosso-Kondele, ClémenceLeroy, Maëlle Mizelle, Aman-d ine Ndopola , MadalenSeyer.Les professeurs : DominiqueCarougeat (gestion-maths),Alexandra Katz (administra-tion) et Claire Brugère (docu-mentation).Journaliste : Catherine Dau-denhan.

Au lycée Léonie-Aviat de Troyes, le CDI a pris des allures desalle de rédaction. Photo J1J/Catherine Daudenhan

L’équipe J1J du lycée Léonie-Aviat de Troyes

Troyes est connu en France et enEurope pour ses magasins d’usi-ne. Mais, depuis plusieurs an-nées, la capitale de l’Aube faitaussi beaucoup de chose pourque les touristes viennent décou-vrir son magnifique centre histo-rique. De nombreuses opérationsde mise en valeur et de sauvegar-de de son patrimoine ont étéréalisées. Nous vous proposonsun petit voyage dans le passégrâce à plusieurs lieux insolites.Il y a quatre jardins médiévaux àTroyes dont le Jardin des Inno-cents qui est un ancien cimetiè-re. On y cultive le thème de laspiritualité grâce à des plantesvertes et blanches, couleurs de lapureté en référence aux enfantsqui y avaient été inhumés.

Des chats et un cœurEn continuant la visite au centre-ville, on trouve la ruelle desChats. Elle porte ce nom parcequ’on racontait que les chatspassaient d’un côté à l’autre dela rue grâce à ses toits qui sem-blent se toucher. Si vous obser-vez bien, vous pouvez apercevoirun chat taillé dans une poutre.C’est la rue la plus pittoresque deTroyes.Cette ville a un important patri-moine religieux dont neuf églisesdisposant de nombreux vitrauxtrès anciens et une cathédraleparticulière. En effet, il lui man-que l’une de ses tours qui n’a puêtre construite par absence d’ar-

gent. Les édifices se distinguentbien les uns des autres par leursarchitectures intérieures.Ne pas oublier, le « Cœur » de laville qui fait la jonction entre cequ’on appelle la tête et le corpsdu bouchon (une allusion au faitque le vieux Troyes a la formed’un bouchon de champagne).Ce « Cœur » est illuminé en rou-ge la nuit, ses battements sui-vent le rythme de ceux qui levisitent.Enfin, on ne peut pas passer àcôté des maisons mitoyennes ap-pelées « maisons en pans debois ». Elles ont été construitesen bois, car de nombreuses fo-rêts entouraient la ville deTroyes. Lors de l’incendie de l’an-née 1524, une grande partie deces maisons ont été détruites,mais elles ont été reconstruitesau cours de ce même XVIe siècle.Une caractéristique des demeu-res troyennes que l’on peut ob-server sur de nombreuses faça-des est le damier champenois :alternance de brique et de craie.

Et maintenant, par où allez-vouscommencer votre visite aprèstous ces magnifiques lieux pré-sentés ?

Sonia Alouti, Élise Charlot,Amandine Ndopola

et Madalen Seyer

PRATIQUE Office du tourismede Troyes :www.tourisme-troyes.com

Parmi les lieux insolites, hérités de l’histoire de Troyes, laruelle des Chats. Photo J1J/DR

À la découverte du « bouchon de champagne » de Troyes

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Grand EstJOURNALISTE D'UN JOUR36

L’un des plus grands chocola-tiers de France est Troyen : ils’agit de Pascal Caffet. Son sa-voir-faire est aussi reconnu dansle monde entier, et notammentau Japon, grâce à ses démons-trations et à ses boutiques« Maison Caffet ».

L’histoire de ce succès est avanttout celle d’une transmission.L’univers du chocolat Caffet esten effet né en 1979 dans lecentre-ville de Troyes.

Lydie et Bernard Caffet, les pa-rents de Pascal, ont ouvert uneboutique chocolatée dans la-quelle ils commercialisent leurscréations de pralinés et gana-ches. À l’âge de 16 ans, PascalCaffet découvre sa vocation dechocolatier-pâtissier. À 17 ans,

il devient le Meilleur ouvrier deFrance (MOF), un titre très diffi-cile à obtenir, et, en 1995,champion du monde des mé-tiers du dessert. Enfin, à 22 ans,il reprend la pâtisserie de sesparents.

Son père, Bernard Caffet, avaitdéjà été un précurseur et auto-didacte passionné, curieux etattentif aux évolutions. Il a con-çu lui-même ses premières ma-chines parce que celles qui exis-ta ient sur le marché nesatisfaisaient pas son goût de laprécision et de la perfection.

Pascal Caffet crée un trophée réputé

En 1997, l’Association de pro-motion arts qualités pâtisseriefrançaise, que préside Pascal

Caffet, a créé un trophée desti-né à promouvoir le métier dechocolatier et à valoriser les ta-lents de demain. Ils doivent réa-

liser, devant le public, une pièceartistique et trois sortes de bon-bons entièrement en chocolat.Il s’agit d’un concours très répu-té qui se tient au salon de lagastronomie de Troyes.

Cette année, il aura lieu au parcdes expositions lors du salonqui se tient du 9 au 12 novem-bre.

Et pour tous ceux qui ne peu-vent pas venir à sa boutique dela rue de la Monnaie à Troyes,on peut découvrir la « MaisonCaffet » dans beaucoup de villesdu Grand Est : Strasbourg,Reims, Châlons-en-Champagne,Nancy…

Préfina Antonio Pinto,Stacy Fisval, Shauna Kakahio

Dakoua et Elvire Kosso

À Troyes, dans la ville d’origine duchocolatier Pascal Caffet, cham-pion du monde des métiers du dessert. Photo J1J/DR

Fils de chocolatier et champion du monde

Durant la guerre 1914-1918,il y avait de nombreux hôpi-taux à Troyes, car cette villede l’Aube se trouvait près dufront. Les blessés y étaientdonc évacués. Parmi les très nombreux sol-dats mobilisés pendant laPremière Guerre mondiale,se trouvaient des Tahitiens.

Le 5 août 1917, des Tahitiensde la 3e et 4e compagnie,stationnant sous le comman-dement du chef de bataillonTrouilh, sont venus dansl’Aube à Luyères. Ces soldatsfaisaient partie du BMP (ba-taillon mixte du Pacifique).

Plus tard, le 7 novembre, leBMP fera mouvement versArcis-sur-Aube d’où ces sol-dats des antipodes pren-dront le train pour le Sud,direction Marseille.

Papooioo, soldat tahitien

Trois Tahitiens sont décédésdurant leur stationnement àTroyes dont A Pea Tehaotua,dit Papooioo, qui s’est éteintle 17 octobre 1917 à l’hôpi-tal complémentaire, au n°3

de la rue des Tauxelles. Cethomme est certainement dé-cédé d’une tuberculose.

En e f fe t , l ’hôp i ta l desTauxelles possédait un lieuuniquement réservé pour lespersonnes atteintes de cettemaladie. Ce lieu était appeléle pavillon des tuberculeux.

Château des pucesAvant d’être réquisitionnépendant la guerre de 14-18,l’hôpital complémentairen°3 était , à la f in duXIXe siècle, le « Château despuces » où ont été ac-c u e i l l i e s l e s p r e m i è r e souvrières de l’usine Penaud.

Elle fermera en 1934 et de-viendra, en 1954, une écoletechnique. Quelque tempsaprès, une construction per-met l’ouverture d’une mai-son de famille.

Au début du XXe siècle avaiteu lieu la séparation entrel’État et l’Église. C’est pourcela que l’œuvre des Tauxavait été rachetée par deslaïcs pour la congrégationdes Oblates de Saint-Fran-

çois de Sales, fondée parLéonie Aviat, née en 1844 àSézanne dans la Marne etcanonisée par le pape Jean-Paul II en 2001.

En 1980, l’école techniqueest devenue le Lepp Françoi-se de Sales, avec une forma-tion à dominante tertiaire.En 1985, l’établissement

ouvre des baccalauréats pro-fessionnels secrétariat etcomptabilité.

Depuis 2002, le lycée s’ap-pelle LPP Léonie Aviat. Voilàla longue histoire de notrelycée.Léona COLIN, Lina DIABAOUI,

Nisrine KAMARI et Maëlle MIZELLE

Hôpital en 14-18, lycée aujourd’hui

Une photo d’archives représentant des infirmières de l’hôpitaldes Tauxelles où ont été soignés des soldats de 14-18 dont ceuxdu bataillon mixte du Pacifique. Photo J1J/DR

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Grand Est JOURNALISTE D'UN JOUR 37

À Épernay, ville célèbre pour son ave-nue de Champagne, l’opération J1J a été portée par le lycée Stéphane-Hes-sel, grâce aux élèves de la classe de 2debac pro gestion des administrations.

Avant les reportages, ils ont découvert les deux expositions du Centre mon-dial de la Paix à Verdun.

Les élèves : Crystal Jolivet, Klaudia Ba-rany, Kensley Fils-Aimé, Samantha Boschet, Chloé Terrao, Laurie Denis, Eva Medjkoune, Erica Brito, Kévin Ha-chet, Elouan Baradon, Clément Marce-lino.

Les accompagnateurs : Véronique Martin-Meurant (professeure de ges-tion administrative), Christel Tonne-lier (professeure de lettres-histoire), Anne Chardenoux (professeure docu-mentaliste) et Dominique Cotton (as-sistante de vie scolaire).

Journaliste : Catherine DaudenhanÉlèves et enseignantes pour une photo qui est aussi un clin d’œil au champagne qui fait laréputation d’Épernay. Photo J1J

L’équipe J1J du lycée Stéphane-Hessel d’Épernay

De nombreuses personnalités ontprêté leur visage pour incarnerles traits de Marianne. La chan-teuse populaire Mireille Mathieuen 1978, des stars du cinémafrançais comme, entre autres,Brigitte Bardot en 1968, Catheri-ne Deneuve en 1985 et LaetitiaCasta en 2000, une mannequinInès de la Fressange en 1989.La dernière personnalité à avoirété choisie pour prêter son visageà Marianne est l’actrice SophieMarceau. C’était en 2012. Ne se-rait-il pas temps d’en changeraujourd’hui ? Et pourquoi ne paschoisir une lycéenne anonyme dela capitale du champagne, Éper-nay ?Ce serait une idée à soumettre àl’Association des maires de Fran-ce qui désigne la nouvelle élue etqui est présidée par un élu de larégion Grand Est, l’ancien minis-tre François Baroin, maire deTroyes. Car l’histoire montre queles choix peuvent évoluer.

La tête haute, le regard déterminé

Avant la Révolution de 1789, lesfigures emblématiques de laFrance étaient les visages du roi

et de la reine. De nouveaux sym-boles étaient nécessaires aprèsl’installation de la première Ré-

publique, à la fin du XVIIIe siècle.C’est un visage de femme qui aété choisi pour cela, car la femme

représente la « mère nourriciè-re » de la France. À cette époque-là, les prénoms féminins les plusrépandus en France étaient Anneet Marie, d’où ce choix de Ma-rianne qui contractait les deuxprénoms les plus représentatifsde la Nation.Ce symbole fort qui trône danstoutes les mairies, bien que ce nesoit pas une obligation légale, estprésent partout puisqu’on la re-trouve sur les timbres-poste etsur les documents administratifsofficiels.Elle est, depuis, toujours repré-sentée sous les traits d’une fem-me jeune, comme l’était la Répu-blique à sa proclamation. La têtehaute, les cheveux longs, symbo-le de féminité, et le regard déter-miné et tourné vers l’avenir,« notre » Marianne présente tou-tes ces caractéristiques pour por-ter haut les valeurs de la Républi-que.À nous, Journalistes d’un jourd’oser proposer cette nouvellefigure et de savoir être convain-cants auprès des élus de notrerégion du Grand Est.

Elouan BARADON, SamanthaBOSCHET et Laurie DENIS

L’exposition de Verdun a inspiré les Journalistes d’un jour d’Épernay quiinvitent les élus du Grand Est à militer pour le choix d’une Marianne issue de la région. Photo J1J/Samantha Boschet

Et pourquoi pas une lycéenne comme future Marianne ?

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Grand EstJOURNALISTE D'UN JOUR38

En 2019, on célébrera les 130 ans du foudre - un tonneau de très grande ca-pacité - présenté à l’Exposition univer-selle de Paris en 1889. On le doit à Eugène Mercier, qui a fondé sa maisonde champagne à Épernay en 1858. Pré-curseur de génie dans le domaine pu-blicitaire, il fourmille d’idées insolites pour valoriser ce célèbre vin comme, par exemple, faire monter les visiteurs en montgolfière dans un ballon captif pour une dégustation à 300 mètres d’altitude. Plus d’un siècle plus tard cette idée avant-gardiste vient d’ailleurs d’être reprise par la munici-palité d’Epernay.

L’équivalent de200 000 bouteilles

Eugène Mercier fait construire pen-dant onze années le plus grand ton-neau du monde, d’une capacité de 160 000 litres, ce qui représente l’équi-valent de 200 000 bouteilles de cham-pagne. Faire voyager le « monstre », tiré par 24 bœufs, de la ville d’Épernay jusqu’à Paris a duré huit jours et néces-sité le rachat de parcelles dans la ban-lieue proche de Paris sur lesquelles des

immeubles entiers ont dû être rasés pour permettre son passage. Ces ef-forts ont été récompensés : le foudre aremporté le deuxième prix de l’Exposi-tion universelle, juste derrière un des monuments les plus connus au mondeaujourd’hui : la tour Eiffel !

Il fait exploserles ventes de champagne

Après l’idée du ballon captif, celle de cefoudre est un nouveau coup de génie publicitaire puisque les ventes de champagne vont exploser. Eugène Mercier a donc réussi son pari : faire dece nectar mis au point par le moine Dom Pérignon et réservé jusqu’ici uni-quement à une élite une boisson con-nue dans le monde entier et plus acces-sible à tous.Pour tous ceux qui souhaitent venir à Épernay et découvrir les richesses pa-trimoniales de la capitale du champa-gne, vous pourrez admirer ce tonneau imposant, véritable œuvre d’art riche-ment sculptée et décorée, dans le hall de la maison du fondateur Eugène Mercier qui se trouve avenue de Cham-pagne à Épernay. Une avenue qui est

inscrite, depuis 2015, sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. At-tention : le promeneur qui déambule-ra dans cette belle ville du Grand Est risque de s’exposer à de nombreux

coups de foudre : gustatifs, visuels, ar-chitecturaux, et plus si affinité…

Klaudia BARANY, KensleyFILS-AIMÉ, Crystal JOLIVET

et Eva MEDJKOUNE

Coup de foudre à Épernay

L’énorme tonneau de champagne qu’Eugène Mercier avait faitconstruire a obtenu le 2e prix à l’Exposition universelle de1889, juste derrière la tour Eiffel. Photo J1J/Klaudia Barany

Le Sparnacien Michel Horvilleur apublié en juin un livre, Les Joursobscurs, dans lequel il relate destémoignages de survivants de laShoah de la communauté juived’Épernay qu’il préside. Cet ouvrage est dédié à la mémoirede Mireille Knoll, cette retraitéeparisienne qui avait échappé depeu à la rafle du Vel’d’Hiv’et qui, àl’âge de 85 ans, a été « lâchementpoignardée par des barbares, parceque juive, le 23 mars 2018 ».

Est-ce l’assassinat de Mireille Knoll qui vous a poussé à écrire ce livre ?C’est une des raisons, mais ce n’estpas la seule. Les témoins rescapéssont en train de disparaître et il nefaut pas que l’on oublie cette pagede l’histoire. Certains se sont per-mis de dire que ce n’était qu’un« détail de l’histoire », c’est révol-tant.

Comment avez-vous choisi ces témoignages ?

J’ai eu peu de choix car la commu-nauté juive d’Épernay était peunombreuse. J’ai choisi les témoi-gnages les plus intéressants dupoint de vue historique ou humainet ceux qui pourraient pousser lesgens à réfléchir.

Depuis combien de temps vous intéressez-vous à l’histoire de la Shoah ?Mes parents ont été déportés, maisils ne me parlaient pas vraiment dela Shoah, ils évoquaient seulementla déportation. Les années qui sui-virent la libération des camps, lestémoins n’arrivaient pas à parler,le sujet était trop douloureux poureux et les gens n’arrivaient pas àles croire car ce qu’ils avaient vécusemblait inhumain et invraisembla-ble. Je n’ai eu conscience de laShoah qu’à partir de mes 15 ans.

Craignez-vous le retour des « jours obscurs » ?Oui, je crains le retour des « joursobscurs ». À chaque période de cri-

se, il y a une recrudescence del’antisémitisme et on désigne lesjuifs comme responsables. Il faut sesouvenir que c’est un peuple civili-sé, le peuple allemand, qui a indus-trialisé la destruction des juifs.

Pouvez-vous nous expliquer le choix de la citation d’Elie Wiesel : « Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois » ?L’objectif des nazis était de réduireà néant le peuple juif. A l’arrivéedans les camps, ils n’avaient plusde nom, mais un matricule. Ensui-te, quand ils les assassinaient, onbrûlait leurs corps pour qu’il nereste plus rien d’eux. Ces person-nes n’ont eu ni tombe ni funé-railles, il ne nous reste que leurmémoire qu’il faut transmettrepour ne pas oublier.

Clément MARCELINO, Erica BRITOMIRANDA et Chloé TERRAO

PRATIQUE Le livre Les Jours obscursde Michel Horvilleur est disponibleen librairie au prix de 10 €.

Le président de la communau-té juive d’Épernay, MichelHorvilleur, vient de publier unlivre de témoignages de survi-vants sparnaciens de laShoah. Photo J1J/Erica Brito

« Je crains le retour des jours obscurs »

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Grand Est JOURNALISTE D'UN JOUR 39

Claire Audhuy, vous êtes une auteure et metteuse en scène bas-rhinoise. Sur quels livres avez-vous passé le plus de temps ?Les Théâtres de l’extrême, paruen 2013, a duré plusieurs an-nées. C’est un carnet de voyagedans lequel j’explique mes re-cherches, le rôle des archivesdans lesquelles j’ai pu trouver ladocumentation nécessaire…Pour 120 jours à Hénin-Beau-mont, j’y ai passé en tout quatremois.

Pouvez-vous décrire l’histoire de la pièce de théâtre « Le cœur est un feu », que des élèves du lycée Mermoz de Saint-Louis auront bientôt l’occasion de voir ?Cette pièce parle d’un adoles-cent, déporté à l’âge de 13 ansdans le camp de concentrationde Terezin, en République Tchè-que. Un lieu de propagande : lesnazis ont créé là-bas un fauxcamp où sont déportés les juifs.Dans ce camp, les nazis docu-

mentent la vie des juifs, obli-geant les citoyens tchèques àrévéler où ils se cachent. Cetadolescent décide alors de pu-blier, avec des amis, un journal,qui a pour objectif de dénoncerles mensonges des nazis et derévéler ce qui se passe vraimentdans le camp.

À l’université de Strasbourg, vous avez choisi un sujet peu étudié : la création théâtrale clandestine et résistante dans les camps pendant la Seconde Guerre mondiale… Pourquoi ce sujet si délicat ?Mon arrière-grand-père Joseph aparticipé à la Première Guerre

mondiale. Il était au front, com-me des millions d’autres, maisn’a pas pu ramener grand-chosede la guerre. Quelques docu-ments, un petit carnet et desprogrammes de théâtre qui évo-quaient le théâtre de l’armée,organisé par des généraux etleurs états-majors, et proposéaux soldats avant de les envoyerau front. Mais la plupart despièces, lors des soirées de cama-raderies, étaient écrites par lessoldats qui essayaient d’oublierle fait d’être en guerre. Ils racon-taient des histoires sur leurs fa-milles ou sur ce qu’ils s’imagi-naient en pensant à un mot, parexemple. Après avoir obtenumon baccalauréat, j’ai retrouvéces documents. Ça m’a fasciné.J’ai donc décidé d’étudier de plusprès ce sujet et d’en faire unethèse. J’ai trouvé ça fascinant devoir comment les personnes sesont révoltées contre la guerre,le régime, non pas avec des ar-mes mais grâce à l’écriture.

Propos recueillis parAlyn STEFANIZZI

et François-Arthur HERMANN

Claire Audhuy : la résistance par les mots

L’auteure et metteuse en scène Claire Audhuy. Photo J1J/Claire Gandanger

L’association Oaz’art, qui a étécréée en 2007, n’est pas une asso-ciation comme les autres. Toutsimplement parce qu’elle a étéfondée pour combler un vrai man-que. En effet, très peu d’associa-tions à Strasbourg ne mettaienten avant le slam. Les choses ontchangé lorsque la fondatrice del’association Lucie Rivaillé, aliasU-Bic, est arrivée de Bordeaux,constatant avec « effroi », selonsa propre expression, que cet artn’était pas représenté comme ilse doit dans la capitale de l’Alsa-ce.

Des scènes pour tousLa pratique du slam consiste àécrire de la poésie pour ensuite lalire comme son auteur le souhaitesur un fond musical et devant unpublic. Les amateurs peuvent, de-puis 2007, se prêter à l’exercicedevant un public grâce à Oaz’art.L’objectif premier d’Oaz’art estdonc de « promouvoir le slam enFrance et dans le cas de notre

association, le faire connaîtreplus précisément à Strasbourg »,précise Lucie Rivaillé. Elle ajoute :« Nous le promouvons par diffé-rents moyens afin d’atteindre unpublic plus large ». Ces moyenssont effectivement très différentspuisque l’association Oaz’artpeut intervenir en milieu scolairecomme en milieu hospitalier ouencore en milieu carcéral. Enfin, ily a les scènes slam, qui sont lecœur de l’association. En accordavec le Kitsch’n bar situé 8, quaiCharles-Altorffer, au cœur deStrasbourg, et à deux pas de l’ar-rêt de tramway « Faubourg Natio-nal », l’association organise desscènes où n’importe qui est invitéa se produire sur une instrumen-tation improvisée par un musiciendevant un public. Les prochainesscènes programmées auront lieules mardi 23 octobre, 20 novem-bre puis enfin 18 décembre. Cesscènes ont en principe un thème :pour la scène du 18 décembrecelui de Noël. La scène portera

justement le titre « Tournoi deNoël » car seulement un slameursortira vainqueur de cette soirée àl’issue d’un vote du public. Lascène sera ouverte à partir de21 h et l’entrée sera gratuite. Lesmeilleurs slameurs auront aussil’occasion de participer à une aventure exceptionnelle dans destournois nationaux de slam.

En dehors du slam, l’associationpropose aussi des concerts entout genre afin de laisser les artis-tes de Strasbourg s’exprimer de-vant un public plus vaste. Petits etgrands peuvent donc saisir cettechance qui leur est offerte parOaz’art de devenir un grand sla-meur. À vos crayons !

Félix DOBLER

Lucie Rivaillé, alias U-Bic, est la fondatrice de l’associationOaz’art. DR

Oaz’art : le slam à l’honneur

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