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1 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En co nséquence avant son exploitation vous

devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit direc tement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exempl e pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jo uer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et le urs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les a utorisations ont été obtenues, même a

posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif

d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règl es entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure d e représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligat ion, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours

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UNE COMEDIE EN DEUX ACTES D’

ALAIN RAVOLET

DUREE : 1 H 30

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Le synopsis :

Brice est un homme très ambitieux. Pour devenir le n°1 auprès du grand Patron, il est prêt à tout pour arriver à ses fins et même à sacrifier la vie de sa fille. Il n’a pas beaucoup de chance d’atteindre une telle fonction mais, une opportunité va se présenter. Le Grand Patron Mr de ST PHALE se lamente d’avoir un fils de quarante ans encore célibataire. Brice qui a une fille de vingt cinq ans belle et généreuse propose à ce dernier de les marier en échange de cette place tant convoitée. Cet échange de bon procédé aurait pu être banal si le fils du Grand Directeur n’avait été handicapé mental. Comment faire accepter un tel mariage dans ces conditions. Après bien des péripéties, Suzon la fille qui est enceinte d’un homme marié trouve là un bon moyen d’avoir un papa pour cet enfant à venir. Finalement, la situation se retournera contre Brice, sa femme, le Grand Patron et le père biologique au bénéfice des futurs mariés. Qui est pris qui croyait prendre.

PERSONNAGES

CHANTAL : la femme de Brice. Pas très intelligente mais rusée, elle aime tout ce qui brille. Elle a un fort tempérament et aime commander avec autorité. En fait, elle n’est pas si mauvaise.

BRICE : Employé au service de Mr de ST PHAL ; Intelligent, paresseux mais rusé et très ambitieux. Près à tout pour réussir. Il est plutôt mou et faible devant sa femme. C’est tout de même un homme charmant.

SUZON : la fille. Un être absolument adorable qui se plait à défendre les plus faibles. Elle est rusée également ; elle se sert des manigances de ses parents pour faire adopter un enfant qu’elle a conçu avec un employé Vincent.

VINCENT : employé de la famille et aimé de Suzon. Il profite des charmes de Suzon mais, il ment. En réalité il est déjà marié. Il fait croire à Suzon qu’elle est la femme de sa vie. La situation se retournera contre lui.

HENRI de ST PHAL : Le Grand Patron. Un homme pressé qui n’a pas pris le temps de s’occuper de son fils handicapé. Il reconnaît sa faute à la fin et tentera de rattraper ses erreurs passées.

GEORGES HENRI de ST PHAL : le fils du PDG. Handicapé mental qui rend la vie difficile à tout son entourage. La relation avec Suzon va changer sa vie. Il l’épousera et aura une fille avec elle.

DECOR

Le décor d’un grand Bureau.

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Acte 1

Scène 1

(BRICE – CHANTAL)

Au début de la scène, Brice dort la tête appuyée sur son bureau et pousse des ronflements disgracieux.

CHANTAL : (elle ouvre la porte sans frapper) mais, ce n’est pas possible….tu dormais….tu as vu l’heure ?

BRICE : (se relevant d’un coup) : Non ma chère épouse, je ne dormais pas, je travaillais.

CHANTAL : toi !!! « travailler », ce serait bien la première fois ; d’ailleurs je n’y crois pas, tu dormais un point c’est tout.

BRICE : pense ce que tu veux, je n’ai de compte à rendre qu’à mon Grand Patron.

CHANTAL : Voilà certainement longtemps que ton « Grand…Patron » ne se fait plus d’illusion. Quant à ton personnel, tu sais comment il te surnomme ton…. personnel comme tu dis.

BRICE : j’avoue ne pas en avoir la moindre idée et toi.

CHANTAL : et moi quoi ?

BRICE : puisque tu parles ainsi, c’est certainement que tu es dans la confidence de quelques uns.

CHANTAL : tu n’y penses pas et, tu te doutes bien que je ne suis certainement pas intime avec eux, mais, j’ai parfois dans ton entreprise, les oreilles qui traversent les murs.

BRICE : je me demande bien à quelle occasion.

CHANTAL : elles ne manquent pas, toutes sont prétextes à sabrer le champagne.

BRICE : et bien, si tes oreilles ont entendu quelque chose alors, qu’elles parlent……. Je suis un vieux briscard, je peux tout ouïr.

CHANTAL : tu y tiens vraiment ?

BRICE : puisque tu meures d’envie de me blesser vas-y !!!

CHANTAL : « la touffe » !!!

BRICE : Quoi « La touffe » ?

CHANTAL : ben la touffe, il te surnomme ainsi.

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BRICE : sapristi, « la touffe » mais, je ne vois pas ce qu’ils entendent par là (Brice regarde ébahi dans le vide puis, machinalement dirige son regard vers le bas de sa personne… Brigitte s’en aperçoit et lui dit :

CHANTAL : non pas là….. là (lui montrant le creux de sa main laissant supposer en sortir une touffe de poils.

BRICE : C’est donc à ce point ; je veux bien admettre que je ne suis peut-être pas le plus courageux des hommes mais de la à me juger aussi sévèrement. Toi qui ris, as-tu déjà accompli quelque chose d’extraordinaire, de particulièrement valeureux ?

CHANTAL : mais moi, ce n’est pas pareil, je suis la femme d’un directeur (dit-elle en se redressant fièrement) et une femme de Directeur, ça ne travaille pas Monsieur.

BRICE : ça ne travaille pas mais…… ça commande.

CHANTAL : oui mon cher, ça commande et heureusement car, si je devais adopter ton comportement, nous serions rapidement amenés à obéir à la bonne et au jardinier.

BRICE : pourquoi dis-tu cela, nous avons une bonne et un jardinier très efficaces.

CHANTAL : ils le sont, parce que je suis là…. Vous avez vu depuis que j’ai remis de l’ordre si ça file dans les couloirs.

BRICE : ça file tellement que quand je leur adresse la parole ils se sauvent en courant ; c’est comme si j’avais la peste ou le choléra. Pourtant je m’adresse à eux d’une façon courtoise, tranquille…

CHANTAL : molle…….. vous êtes mou mon cher mais mou, jusque dans le creux de votre pantalon.

BRICE : si tu le dis, tu es tout de même la mieux placée pour le savoir.

CHANTAL : je ne suis pas la seule mais….oui, pas de problème, je sais. Ce qui m’amuse, c’est que tu me parlais au début de travail. Je suis bien curieuse de savoir ce que tu vas m’inventer.

BRICE : ce n’est pour l’instant qu’une simple réflexion.

CHANTAL : ho là là, je crains le pire, allez, soyons folle, tu vas ramener avec tes petits bras musclés tous les pauvres ch’tis nouvriers que vous avez honteusement expédiés chez les yeux bridés.

BRICE : qui t’as dit ça ?

CHANTAL : personne !!!! je disais ça au hasard.

BRICE : (il rit) et bien ma chère, tu es encore tombée dans le panneau. Tu imagines le Boss relocaliser…. (il rit à nouveau) Ce type a un sens particulièrement aigu de l’économie soit en persuadée…. Pas comme certaines.

CHANTAL : oui et alors, ça veut dire quoi ? je ne comprends pas !!!

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BRICE : t’inquiète pas, tu as toujours été très belle alors, n’en demande pas trop à Dame Nature.

CHANTAL : et alors (ne comprenant pas plus ce que son mari voulait lui dire).

BRICE : Je vous sens dubitative….. à votre tour, vous savez comment vous surnomme notre petit personnel ?

CHANTAL : c’est certainement moins désopilant que « La touffe » ….. La touffe …(Chantal rit aux éclats) !!! Dites toujours.

BRICE : il vous surnomme (p’tit pois), ça vous convient.

CHANTAL : Petit poids !!! (Chantal est d’abord étonnée puis, regarde sa taille dans le miroir, en affichant un large sourire). Tu vois mon cher, c’est plutôt flatteur.

BRICE : Continue à le penser mon amie ; le sursis t’es profitable.

CHANTAL : assez de paroles futiles, parle-moi plutôt de ton projet ; te connaissant, ce ne doit pas être très original mais, dit-le, ça peut m’amuser.

BRICE : ma chère épouse, tu n’ignores pas ma haine pour les conflits.

CHANTAL : en effet, je ne l’ignore pas et je remercie dieu chaque jour d’avoir des voisins vigilants. Si par abandon soudain de notre seigneur, je devais les voir s’éloigner et par là, ne compter que sur toi, je crois que je circulerais armée jusqu’aux dents.

BRICE : comme d’habitude, ta sévérité m’afflige, écoute plutôt mon idée. J’ai pensé que pour la sécurité de mon PDG lors des visites à notre agence…..

CHANTAL : qu’est-ce qu’on y peut à sa sécurité !!!

BRICE : j’ai pensé qu’il pourrait rester dormir incognito à la maison plutôt que de louer une chambre d’hôtel…. C’est sympa non !!!!!!

CHANTAL : en effet ce serait valorisant pour nous (Chantal réfléchit longuement l’esprit embrouillé).

BRICE : alors, vous en pensez quoi.

CHANTAL : (Chantal finit par exprimer son inquiétude). C’est peut-être stupide ce que je vais dire mais……

BRICE : venant de toi, le mot stupide est inconvenant et sans doute inapproprié, essaie plutôt candide.

CHANTAL : ça veux dire quoi candide ?

BRICE : c’est pas grave….continue.

CHANTAL : puisque tu y tiens. Je suis peut-être candide mais, penses-tu que notre chambre d’ami sera suffisamment confortable et attrayante ?

BRICE : pourquoi ne le serait-elle pas ?

CHANTAL : j’ai un doute………..

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BRICE : et bien ma chère, tu t’es encore fait avoir. Tu m’imagines taper à la porte du grand patron…… toc toc, bonjour Monsieur de ST PHAL, j’ai une idée géniale à vous proposer : venez dormir à la maison. (Brice se met à pouffer de rire). Réfléchis un peu…..Ces mecs là ne fréquentent que les Palaces….

CHANTAL : moques-toi, bien sûr que j’avais trouvé cela saugrenu mais, j’ai fait semblant de prendre la question au sérieux. Je t’ai bien eu n’est-ce-pas !!!

BRICE : en effet, j’en ris encore. Non ma chère, les nuits de mon patron….. je m’en fous. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est le poste de numéro un.

CHANTAL : tu veux prendre sa place ?

BRICE : mais…….. numéro un ne veut pas dire prendre sa place mais, travailler à ses côtés….être son bras droit. Je te rappelle que je suis seulement numéro 4.

CHANTAL : tu sais bien que tout cela me passe au dessus de la tête.

BRICE : tu veux dire au dessus du « P’tit »…… heu…… non pas maintenant, excuse-moi, je pensais à autre chose (Brice se met à rire ironiquement)

CHANTAL : Mais, vu la considération que te porte ton patron, comment peux-tu espérer une telle promotion. Chaque fois qu’il te voit il n’arrête pas de te brocarder.

BRICE : il est tellement taquin….. non croit-moi, il m’apprécie mais, à sa façon.

CHANTAL : tu es sans doute le seul à le croire mais, peu importe, continue je t’en prie ça m’intéresse.

BRICE : je m’en doutais….. dès qu’une hypothétique augmentation est envisagée, ça t’intéresse.

CHANTAL : Pourquoi dis-tu ça, tu sais bien que l’argent n’est pas une obsession pour moi.

BRICE : mais….depuis quand ?

CHANTAL : maintenant……… d’être appelée Madame la Numéro un, quelle classe. Je serais prête à coucher pour un tel prestige. Mais, je rêve, je m’égare, tu es bien incapable d’obtenir un tel poste.

BRICE : Surtout si je te proposais……..

CHANTAL : mais à quoi grand dieu ?

BRICE : ben…à coucher comme tu dis ….aucune chance, tu penses, ils ne fréquentent que des mannequins ces gens là.

CHANTAL : moi aussi j’ai été mannequin !!!

BRICE : oui mais toi, c’était chez « Cochonnoux ».

CHANTAL : Lamentable……alors, comment veux-tu réussir. Quelle est donc cette idée qui t’es venue en dormant.

BRICE : ma tendre et fidèle épouse….

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CHANTAL : bon….. tendre peut-être mais fidèle, faut pas exagérer non plus, on ne peut pas tout avoir.

BRICE : si tu m’interromps toujours, je ne suis pas prêt à te livrer cette réflexion.

CHANTAL : t’es pas un peu pénible Monsieur l’numéro quatre.

BRICE : Figures-toi que je me suis entretenu avec le Boss lors de ma dernière visite au Siège Social.

CHANTAL : et il t’a proposé un poste !!!

BRICE : pas si vite….. tu imagines que les choses se passent aussi facilement ? Pas du tout, un poste comme celui-ci, il faut le gagner, il faut aller l’arracher parmi tous les vautours ; c’est un parcours du combattant, une prise de la Bastille.

CHANTAL : s’il faut se battre alors…… laissons tomber, adieu rêverie, adieu folle idée, ce n’est pas pour nous, je te connais trop.

BRICE : certes, je ne suis pas un homme de duel mais, j’ai parfois de bonnes idées au bon moment.

CHANTAL : comme tu es drôle, je passe vraiment du bon temps, je peux savoir laquelle ?

BRICE : nous parlions avec le Boss de choses très ennuyeuses.

CHANTAL : oh là là, vous parliez travail j’en suis certaine.

BRICE : Bingo mais, j’ai rapidement fait évoluer la conversation sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur.

CHANTAL : la crise, on ne parle plus que de ça. Tu allumes la télé et hop « la crise » et patati et patata. Mais, j’ai beau chercher je ne me suis rendu compte de rien.

BRICE : si tu faisais les comptes ma tendre infidèle, tu verrais mais, il ne s’agit pas de cela. Le Grand Patron, la crise, il s’en tape…. Elle vient d’Amérique alors, La France, ça nous dépasse, on attend les ordres.

CHANTAL : mais alors, qu’est-ce que c’est ?

BRICE : si tu me laissais parler, je pourrais enfin t’expliquer. Sa secrétaire lui a passé une communication en ma présence. Dès qu’il a raccroché, Il m’a paru très affecté.

CHANTAL : il t’a dit quelque chose ?

BRICE : il a fini par m’avouer qu’il avait de gros soucis avec son fils. Il aimerait qu’il se marie, qu’il fonde une famille car, toutes les tentatives ont jusqu’ici échoué.

CHANTAL : il a quel âge ce garçon ?

BRICE : quarante ans cette année !!!

CHANTAL : alors là oui, faudra qu’il y pense. Je n’ai pas de conseil à lui donner mais s’il attend encore, son fils va l’appeler Pépé.

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BRICE : tu es assommante, il n’est pas question d’avoir un fils puisqu’il n’a pas de femme. Si j’ai bonne mémoire, il faut la conjonction des deux pour espérer un résultat.

CHANTAL : bien sûr, nous avons une fille, j’en sais quelque chose.

BRICE : oui, nous avons… une fille, tu commences à comprendre ? (Brice fait tourner son doigt autour de sa tempe).

CHANTAL : que veux-tu que je comprenne mon pauvre mari, je suis triste pour le Boss mais, je ne vais tout de même pas verser des larmes de crocodile.

BRICE : t’es un peu longue à la détente…. Nous avons une fille…..vingt cinq ans célibataire et le PDG à un garçon….quarante ans célibataire….. (Brice laisse un temps de réflexion à sa femme).

CHANTAL : ça y est mon ami….j’ai compris.

BRICE : tu es en constant progrès …. Félicitation, tu vas finir par m’étonner.

CHANTAL : tu as laissé entendre au Grand Patron que notre fille pourrait succomber au charme de son fils. Mais, faut-il qu’il en soit pourvu. Je connais ma Suzon, s’il est bâti comme Stallon avec le sourire de James Dean, elle va craquer.

BRICE : heu….. pas d’emballement, ce n’est pas tout à fait cela….. D’ailleurs, je n’ai fait que l’apercevoir. Dans son appartement le Boss a ouvert une porte et il m’a dit « c’est lui » et il l’a refermée aussitôt.

Chantal se met à rêvasser longuement.

CHANTAL : c’est bizarre tout de même comme attitude, il ne t’a pas présenté ?

BRICE : non…. C’était beaucoup trop court, tu sais, ces gens là sont toujours pressés et l’autre commençait à charger.

CHANTAL : « l’autre commençait à charger »…comme s’il s’agissait d’une bête sauvage….ah ce que tu peux être hilarant quand tu veux !!! (Chantal éclate de rire).

BRICE : Malgré cela, et c’est ça l’essentiel, il a fini par me murmurer, « si votre fille accepte de l’épouser, j’aurais de quoi vous remercier prochainement ». (Brice se met à parler doucement).

CHANTAL : tu veux dire qu’il a pensé à toi pour un poste ? mais lequel ?

BRICE : il va y avoir un remaniement dans les mois à venir, à savoir de quel poste, je veux le meilleur, je te l’ai dit : number one.

CHANTAL : N’en dit pas plus, je vois tout-à-fait. Mais alors, s’il en est ainsi, je peux encore espérer devenir la femme du numéro un ? Parfois Brice, je regrette nos petites disputes. Il m’arrive de m’en vouloir.

BRICE : Oh, elles sont si rares…….Parfois quelques mots cinglants tout au plus. Peux-tu me dire à quand remonterait la dernière. (Brice attend un peu tapotant sa cuise, l’air ironique puis, ne laisse pas le temps à Chantal de répondre) tu vois tu en es bien incapable. (Brice prolonge son air moqueur).

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CHANTAL : Mais, quarante ans, ce n’est pas un peu vieux pour Suzon ?

BRICE : certainement mais, ce n’est pas croit-moi, le problème majeur.

CHANTAL : c’est vrai, si elle veut un homme riche, instruit, cultivé, expérimenté ce n’est qu’un homme d’âge qui peut lui apporter cela. Te souviens-tu de notre première rencontre ?

BRICE : (Brice regarde Chantal affichant de nouveau un air moqueur) Comment pourrais-je l’oublier ma chère femme.

CHANTAL : Nous aussi, nous avions une grande différence d’âge.

BRICE : nous l’avons toujours ma chère !!!

CHANTAL : C’est vrai, d’ailleurs, quand je te regarde, j’ai l’impression que celle-ci s’est prolongée. En tout les cas, cela n’a pas empêché de faire de nous, un couple exemplaire.

BRICE : Heu…..(songeur) tu l’as dit, exemplaire…..

CHANTAL : La première fois que je t’ai vu, c’est drôle, je n’ai pas eu le coup de foudre.

BRICE : Oui, je m’en doute…….. il a fallu que tu apprennes par hasard que j’étais le fils du préfet de région. C’est fou comme je suis devenu subitement séduisant.

CHANTAL : ah que veux-tu, le prestige de l’uniforme. Mais, revenons plutôt à notre conversation. Bon, passons sur la différence d’âge ; quel est donc l’autre problème.

BRICE : Bon…… heu……il est……..(Brice se gratte la tête il ne sait pas comment annoncer à sa femme qu’il est débile).

CHANTAL : c’est si difficile que cela !!! Je vais vous aider, il est encore puceau.

BRICE : oui certainement mais…………….

CHANTAL : ce n’est pas possible, je disais cela en plaisantant. Mais, quelle chance pour ma fille. …bravo.

BRICE : Oui, j’en conviens mais, ce n’est pas encore ça le problème. (Brice devient de plus en plus ombrageux).

CHANTAL : il n’a pas le physique de Brad Pitt ?

BRICE : ah ça bien sûr….. ou alors, ce ne serait qu’une vague ressemblance.

CHANTAL : il n’est pas trop moche tout de même.

BRICE : pas du tout, il est d’ailleurs largement beau par rapport à ce qu’il est intelligent.

CHANTAL : tu m’fais encore marcher…. il est atteint d’une maladie rare…….

BRICE : mais pas du tout, il est en pleine forme ; il mange comme quatre et boit comme……….. heu non…. Il ne boit pas.

CHANTAL : alors là, tu m’as fait peur. Plutôt avoir un gendre ouvrier.

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BRICE : il est………. (Brice se regratte la tête).

CHANTAL : il est quoi ? vas-tu à la fin me dire ce problème. De toute façon à chaque difficulté, il y toujours une solution. Et puis, ce ne doit pas être si grave que ça. Allez, je suis prête.

BRICE : il est débile (Brice regarde sa femme avec insistance redoutant la réaction).

CHANTAL : il est……

BRICE : débile.

CHANTAL : oui, j’entends bien………… et ça se voit ?

BRICE : Oui pas mal…. Enfin ça dépend d’où l’on se place…. Je n’ai fait que l’apercevoir à une dizaine de mètres, à cette distance, on voit qu’il n’est pas comme tout le monde mais, rassures-toi il y a pire.

CHANTAL : j’aime mieux ça. (Chantal reste un moment silencieuse puis la colère finit par la gagner). Voilà bien le minable mari que j’ai épousé, prêt à sacrifier le bonheur de sa fille pour un malheureux poste de numéro un dont personne ne veut. Tu n’es qu’un goujat, un mufle, un père indigne………… un ………. Tu imagines ma pauvre Suzon dire Oui à cet énergumène consanguin jusqu’aux deux oreilles. Mais, tu as un p’tit pois dans la tête mon pauvre mari pour accepter un tel marché de dupe, ce n’est pas possible autrement (Chantal se met à réfléchir sur sa dernière phrase et comprend subitement le sens de son surnom).

BRICE : je suis désolé mais, c’est toi qui l’a prononcé ; je ne voulais pas te faire de peine.

CHANTAL : en effet, ta délicatesse me touche.

BRICE : n’empêche que j’étais heureux à l’avance de te rendre la vie encore plus facile. J’aurais aimé que tes amies t’envient. Rends-toi compte des prestigieuses connaissances que tu aurais pu faire dans ce fastueux Château de MONRICHARD appartenant à Monsieur de ST Phal. Dans sa magnifique maison de campagne à Marrakech et bien d’autres endroits encore. Car numéro un, ça veut dire vivre avec eux sous le même toit….tu te rends compte.

CHANTAL : tu penses que je pourrais devenir amie avec son épouse, la comtesse. Je la trouve tellement ravissante et si intelligente…. Quelle fierté d’être filmée près d’une figure aussi médiatique.

BRICE : je ne te le fais pas dire et même, pourrais-tu devenir médiatique toi-même à force de fréquentation.

CHANTAL : tu me charries encore !!!

BRICE : mais non…….. Jette un coup d’œil sur Paris-Match, Voici, Gala elle y figure en permanence.

CHANTAL : mais tout de même…….. débile ça me dérange un peu….. il aurait été moche encore…..passons.

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BRICE : l’un n’empêche pas l’autre mais, pas de panique, à part moi et quelques proches du grand patron, personne ne sait.

CHANTAL : comment peux-tu dire cela ?

BRICE : tu crois que le Boss se vante d’avoir mis au monde un « petit monstre ».

CHANTAL : oh là là, le terme me fait tressaillir…..

BRICE : ce n’est qu’un mot …. il faut voir à nouveau…. J’ai peut-être eu un voile dans les yeux, ça m’arrive parfois.

CHANTAL : oui mais, la dernière fois c’était dans le désert.

BRICE : (Brice se frotte les yeux). Bien sûr qu’il ne s’en vante pas, j’ai été mis au courant par hasard. Je ne t’ai pas tout dit. Quand il a raccroché, j’ai bien vu que ça n’allait pas. C’est là qu’il s’est mis à parler. En fait, il a fini par me raconter que son rejeton avait voulu sauter par la fenêtre mais que sa nounou était arrivée à temps. Ensuite, en aparté, il m’a confié que peut-être un mariage pourrait arranger cette lamentable situation.

CHANTAL : parce que son fils à encore une nounou. (Chantal en est estomaquée).

BRICE : oui mais celle-ci mesure 1 m 90 pèse 100 kgs et s’appelle Victor d’après ce que j’ai cru comprendre. Tu sais, de saint Phal n’a pas intérêt à le voir s’échapper. Les journaux c’est bien….. mais, seulement quand ça vous emmène au firmament sinon, c’est la descende aux enfers tu t’en doutes bien.

CHANTAL : en fait, nous pourrions dire pompeusement, « notre fille a épousé le fils du Grand Patron » mais surtout, sans jamais le montrer. Les gens ne trouveront-ils pas cela bizarre ?

BRICE : Nous dirons que c’est pour préserver sa vie privée … voilà tout.

CHANTAL : et ils le croiront ?

BRICE : mais bien sûr, dans ma boite, c’est mon travail quotidien de faire avaler des couleuvres…..

CHANTAL : comme tu es malin mon cher mari !!! N’empêche que Suzon ne voudra pas épouser un …débile. Du moins je ne la crois pas folle à ce point.

BRICE : c’est évident qu’elle ne voudra pas se marier avec un tel individu mais, j’ai mon idée.

CHANTAL : ça y est, il y a encore une entourloupe la dessous. Avec toi, c’est toujours comme ça.

BRICE : s’il en était autrement pourquoi aurais-je choisi de faire carrière. Tu crois que l’on devient numéro quatre, puis un par une simple candidature !!! Ma chère, Il faut savoir cirer les pompes avant qu’elles ne ternissent et croit moi bien, j’y veille depuis le début.

CHANTAL : mais alors, comment comptes-tu t’y prendre ?

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BRICE : nous organiserons un faux mariage c’est aussi simple que cela. Je connais une vieille fripouille à la Mairie qui me doit pas mal d’argent. Il ne peut pas me refuser un service. Je lui demanderai de rendre nul ce mariage quand mon poste me sera attribué de façon officielle.

CHANTAL : mais pourquoi pas un vrai mariage suivi d’un vrai divorce ? Dès que tu es nommé Suzon demande la séparation et le tour est joué.

BRICE : Je crois ma chère que tu as une fois de plus parlé trop vite sans réfléchir. Si nous procédions de cette façon, je serais à peine en poste que déjà le scandale éclaterait. J’imagine la tête du Grand Patron ainsi que la vôtre lisant un de ces journaux à scandale avec une belle photo en première page de Suzon le visage tuméfié, boursoufflé, laminé au pied de son ex.

CHANTAL : tu as mille fois raisons, il faut éviter cela.

BRICE : il faut d’abord préparer Suzon à ce mariage sans lui dire qu’il n’est qu’un leurre. Je te charge de cette mission, tu es sa confidente sans doute y parviendras-tu !!! Quand à moi, j’ai encore fort à faire. (Brice reprend sa position initiale, la tête appuyée sur son bureau).

RIDEAU

SCENE 2

(CHANTAL – SUZON)

CHANTAL feuillette quelques revues quand SUZON la rejoint.

SUZON : ha bonjour maman…….. tu lis maintenant ?

CHANTAL : oui, je lisais un article sur le mariage. C’est fou ce que les gens se marient en ce moment. C’est comme une épidémie, je dirais même plus, une pandémie. On croirait qu’être célibataire à l’heure actuelle est un péché. Heureusement, ma fille n’a pas sombré dans cette folie.(Chantal regarde la réaction de sa fille avec intensité. Elle sonde sa réaction par la ruse).

SUZON : tu dis cela ma chère maman égoïstement, tu crains de me voir quitter le cocon familial avoue-le ?

CHANTAL : mais, absolument pas …….. si tu avais des intentions, je serais la plus heureuse des femmes.

SUZON : c’est vrai maman, tu aurais cette réaction !!!

CHANTAL commence à craindre le pire.

CHANTAL : mais laquelle grand dieu !!!

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SUZON : tu accepterais de me voir partir vivre ma vie loin de vous.

CHANTAL : oui, sans doute….. enfin cela dépendrait de la personne que tu nous présenterai.

SUZON : Maman, puis-je te dire un secret ?

CHANTAL : mais, je t’en prie, je suis là pour ça.

SUZON : Figures-toi Maman que depuis quelques temps, je me suis aperçue qu’un garçon……… enfin tu vois ce que je veux dire.

CHANTAL : à ce stade de la conversation, je ne vois pas grand-chose mais, je manque certainement d’imagination. (Chantal commence à s’énerver).

SUZON : et bien, ce garçon m’a regardée !!!

CHANTAL : en effet, c’est rare…….. et tu l’as pris en photo ?

SUZON : Maman soit sérieuse, c’est important….. c’est la première fois qu’un garçon me regarde avec des yeux pareils ; j’ai été touchée.

CHANTAL : et, je le connais ?

SUZON : bien sûr puisqu’il est à notre service !!!

CHANTAL :à notre service… alors là, c’est un conseiller de ton Père ?

SUZON : non pas du tout…. Il travaille dans l’écologie de surface.

CHANTAL : (Chantal s’énerve de plus en plus) Ce n’est tout de même pas le responsable des espaces verts là, où travaille ton Père ?

SUZON : non…. Il est vieux en plus.

CHANTAL : alors là, je ne vois pas…

SUZON : Il s’appelle Vincent, il entretient notre propriété. Je l’ai invité quelquefois à prendre le petit déjeuner avec moi.

CHANTAL : (Chantal est complètement suffoquée) Voilà toute l’ambition de ma fille, épouser un « ramasse gazon ». Je vais demander à ton Père combien ça gagne un métier pareil ? Enfin, je ne sais même si on peut appeler ça un métier….. une occupation tout au plus.

SUZON : il lui donne sans doute le Smic, il est smicard.

CHANTAL : c’est quoi ce truc là Smicard ? ça se conduit… (Chantal mime le pilote) enfin je veux dire, on peut vivre avec ça ?

SUZON : Mais Maman, des milliers de gens passent leur vie en se contentant de cela et parfois beaucoup moins.

CHANTAL : mais, comment font-ils pour entretenir leur villa au bord de la Mer ?

SUZON : Baf, ils se débrouillent….. quand les temps sont durs, ils renvoient les domestiques (Suzon se met à rire).

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CHANTAL : (Chantal catastrophée) Et, c’est cette vie là que tu veux mener ma pauvre enfant !!!

SUZON : Cette vie en vaut bien une autre. L’essentiel c’est d’aimer.

CHANTAL : Rassure-moi, tu n’aimes pas encore ?

SUZON : tu sais bien que j’ai plus à cœur de finir mes études avant de penser à un quelconque mariage.

CHANTAL : mais Suzon, cela fait trois ans que tu redoubles la 3ère année d’école d’infirmière ; je sais que tu es persévérante mais, tout de même…. Je suis au regret de te dire que si tu veux absolument décrocher ce diplôme, tu finiras vieille fille.

(Suzon se met à pleurer)

SUZON : tu me décourages, moi qui voulais tellement être utile. Tous ces pauvres gens souffrants, ces corps meurtris, ces handicapés, ces malades mentaux, j’aurais voulu faire quelque-chose pour eux. Je m’en sentais la volonté.

CHANTAL : Heu……même les malades mentaux ? (Chantal répète la phrase doucement et commence à s’intéresser aux goûts de sa fille)

SUZON : Mais, surtout eux !!! ils sont souvent laissés à l’abandon et pourtant je suis certaine que l’on pourrait les rendre heureux.

CHANTAL : (Chantal jubile en entendant parler sa fille ainsi) Et oui, c’est évident, il leur faut de l’amour…. Peut-être encore plus que les autres. Arrête de pleurer ma pauvre Suzon je vais y réfléchir.

Chantal pense qu’il est temps de rentrer dans le vif du sujet.

SUZON : à quoi Maman ?

CHANTAL : je trouve qu’il est dommage d’avoir une telle passion et de ne pas l’assouvir. J’ai bien une petite idée pour arranger cela mais, ça ne va pas te plaire.

SUZON : dit toujours Maman !!!

CHANTAL : Oh non….. tu n’es pas prête pour ça. (Chantal avance pas à pas).

SUZON : tu en a trop dit, je suis toute émoustillée. Parle, je t’en supplie.

CHANTAL : ah non….. je vais essuyer un refus c’est pas la peine, je te connais.

SUZON : pour réaliser mon rêve, je serais prête à accepter n’importe quoi.

CHANTAL : tu dis……. n’importe quoi ?

SUZON : oui tout à fait, n’importe quoi ?

CHANTAL : bon…..assez tergiversé, épouse l’homme que je pense être le meilleur pour toi et je te donne ma parole de femme que tu pourras accomplir ton rêve le restant de tes jours. (Chantal scrute la réaction de sa fille). Alors là, ça t’ en bouche un coin ; ce n’est pas n’importe quoi ça ?

Suzon reste pensive très longuement. Elle semble vouloir se lancer dans des explications mais, les mots ne sortent pas.

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SUZON : heu…. Beu….. mais…… heu……(elle finit par dire résignée) pourquoi pas, après tout, je ne risque pas grand-chose, si ce dernier ne me convient pas, je pourrai toujours divorcer.

CHANTAL : c’est sûr, tu ne risques pas grand-chose enfin…..si peu ; je dirais même plus, cela te fera une première expérience.

SUZON : ou alors ce sera pour la vie !!!

CHANTAL : ce n’est plus trop courant de nos jours mais sait-on jamais, les miracles ça existent encore. (Chantal ne semble pas trop convaincue de ce qu’elle dit).

SUZON : Il est beau au moins ?

CHANTAL : ah !!! voilà bien la première qualité à rechercher chez un homme ; Il doit être beau. Ma chère enfant, sache une chose, tous les hommes riches sont beaux, il suffit de fermer les yeux la première nuit, ensuite, la routine s’installe.

SUZON : et c’est ce que tu as fait Maman ?

CHANTAL : ce n’est pas très gentil pour ton Père de dire cela mais oui, comme toutes les autres.

SUZON : la première nuit, tu t’es déshabillée, mise au lit et tu as attendu !!!

CHANTAL : oui, une semaine ……. Ah ben oui, ton papa n’est pas une référence dans ce domaine ; il lui fallait une période d’adaptation.

SUZON : je parle comme si je devais trouver mon futur mari laid ; il est possible qu’il me plaise après tout.

Chantal se gratte la tête.

CHANTAL : Heu… oui….oui….enfin, il faut tout de même se préparer à toutes les éventualités.

SUZON : parce que tu ne le connais pas Maman ?

CHANTAL : (d’une voix pointue) pas encore……. Figures-toi que Monsieur de St Phal, tu vois qui c’est.

SUZON : oui…. Evidemment, qui ne connais pas Mr de St Phal.

CHANTAL ; il a un fils qui désire se marier. Il en a parlé à ton Papa et ils ont imaginé ensemble pour le bonheur de l’un, qu’un mariage serait peut-être une bonne chose pour lui.

SUZON : tu dis, pour le bonheur de l’un !!!

CHANTAL : j’ai dit ça ……… parfois je veux parler si vite que je n’en finis pas mes phrases. Mais bien sûr pour le tien assurément puisque nous avons notre petit accord entre-nous.

SUZON : Ah oui, je suis tellement heureuse de pouvoir rendre service….. j’accepte Maman, oh oui, j’accepte…..Vois-tu je te fais confiance, je dis oui ………. Tient…….. les yeux fermés… ça m’habituera.

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CHANTAL : alors là…… crois-en ta vieille Maman, concernant les services, tu vas pouvoir te donner à fond, c’est garanti. Mais j’ai aussi une bonne nouvelle, si le mariage devait se réaliser, le Grand patron propose à ton Papa de devenir son bras droit lors du prochain remaniement.

SUZON : C’est vrai……… papa va devenir le number one ?

CHANTAL : pas d’emballement, il va falloir avant tout te cogner le sale boulot.

SUZON : mais lequel Maman ?

CHANTAL : ben, heu oui, tiens, pourquoi j’ai dit cela….ah oui, tous les préparatifs d’un mariage tu n’espères pas que je vais être la seule à y penser …..(Chantal indique du doigt que son papa va arriver) Ecoute, je crois que tu vas pouvoir féliciter ton Père car j’entends d’ici sa démarche de pachyderme

SCENE 3

(SUZON – CHANTAL – BRICE)

SUZON : quel vilain cachotier tu fais Papa !!!

BRICE : mais en quoi ….ma chère fille ?

CHANTAL : je viens d’annoncer à Suzon que peut-être, je dis bien peut-être tu pourrais devenir le bras droit de Monsieur de St Phal.

SUZON : je te félicite Papa, quelle promotion. J’étais déjà fière de toi en étant la fille du numéro quatre mais maintenant……..quelle promo…. bravo (Suzon lève le pouce en signe de félicitations).

BRICE : j’en conclus ma fille, que tu as accepté d’épouser ce garçon. Je ne voudrais pas que cette promesse de nomination t’ais influencée dans ta décision.

CHANTAL : bon…. On ne va tout de même pas remettre le couvert. Elle a dit Oui, elle a dit Oui. Suzon est majeure elle sait ce qu’elle fait ; elle a d’ailleurs longuement réfléchi.

SUZON : oui longuement Papa, au moins trente minutes.

BRICE : donc, je peux téléphoner à Monsieur de ST PHAL pour lui annoncer la bonne nouvelle, tu ne reviendras pas sur ta parole.

SUZON : toi non plus Maman.

CHANTAL : promis juré…..

SUZON : téléphone lui Papa…. je dois réviser mes cours….. je me sauve, à tout à l’heure (Suzon quitte la pièce laissant ses parents affiner leur plan).

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BRICE : je n’en reviens pas….. mais comment as-tu fait pour la décider ?

CHANTAL : rassures-toi, la négociation a été moins laborieuse que de te convaincre à acheter ma nouvelle robe.

BRICE : que veux-tu ma chère femme, quand les zéros se multiplient autour du premier chiffre, je n’y peux rien, c’est ma nature, j’ai besoin de souffler un peu.

CHANTAL : et bien, vu le temps que ça met, j’ai l’impression que tu viens de terminer un marathon.

BRICE : tu es incorrigible, laisse-moi plutôt appeler Monsieur de St Phal. (Brice compose le n° de téléphone ; peu de temps après, il est en conversation avec lui). Bonjour Monsieur de St Phal, je ne vous dérange pas j’espère……. Ah, vous attendiez mon coup de fil….. je vais bien, oui, ma fille aussi……. Et votre fils……. Tant mieux….vous dites qu’il a embrassé la photo de Suzon toute la journée…..c’est plutôt bon signe….et si je peux en envoyer une autre…….il l’a ….mangée ….. ce n’est pas étonnant, le papier était si fin…… je vais vous en adresser d’autres…. Mais…. Heu….attention à l’indigestion…..non non, je plaisante (Chantal parle à l’oreille de son mari) mon épouse me glisse à l’oreille que nous avons une belle image de Suzon encadrée…… ah vous ne voulez pas….. oui bien sûr….. il vaut mieux éviter le verre….bon je vais vous annoncer la bonne nouvelle, Suzon accepte le mariage…… vous êtes content….. oui, je comprends, encore seul à cet âge…… oui, je m’en doute, elle devra être patiente…..elle l’est, ne vous inquiétez pas….. nous rencontrer mais, avec grand plaisir, les tourtereaux feront connaissance à cette occasion….. je vais dire cela à ma fille, elle va être…ravie…..non pas du tout, elle n’est pas encore anxieuse mais, ça va venir….c’est normal.…… mercredi, elle n’a pas cours…. Vers seize heures, c’est parfait….au revoir Monsieur de St Phal….. ne vous inquiétez pas, tout se passera bien.

CHANTAL : je ne suis pas aussi optimiste que toi Monsieur l’numéro quatre !!! et encore, moi, je ne l’ai pas vu…….

BRICE : bon c’est évident, elle va être surprise mais, le moment d’étonnement passé, elle va s’habituer du moins je l’espère.

CHANTAL : à la place d’étonnement….. dit plutôt « stupeur » le terme me semble plus coller à la réalité. Peut-être eut-il fallu la prévenir un peu.

BRICE : tu n’y penses pas, elle ferait tout capoter. Tu crois que toutes les filles épousent des princes charmants ?

CHANTAL : tu as raison, j’en sais quelque-chose et puis, je connais ma fille devant nous tous réunis, elle n’osera pas nous décevoir, elle est tellement gentille.

(Brice se frotte les mains)

BRICE : je vais être bientôt « le bras droit » ma chère….. le Numéro un ; il en rêvait, il l’est devenu. Et toi ma douce dans cette belle robe époustouflante près de la comtesse de St Phal tu vas rayonner….une étoile.

(Chantal finit par embrasser son mari)

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SCENE 4

(SUZON – VINCENT)

Suzon attend son amoureux dans le bureau de son papa. Elle est nerveuse car elle doit annoncer un problème à Vincent. Elle soulève des objets pour les remettre un peu plus loin, elle réajuste des tableaux au mur, en un mot, elle essaie de calmer ses nerfs. Vincent arrive enfin.

VINCENT : je suis désolé d’être en retard mais, P’tit….ta Mère m’a interpellé.

SUZON : (Suzon s’énerve) que voulait-elle donc ?

VINCENT : comme d’habitude, quand je l’ai vu, j’ai accéléré le pas. Il faut bien reconnaître que ta Mère est…..comment dire.

SUZON : « chiante » dis-le, elle est « chiante ».

VINCENT : je ne voudrais pas t’offenser mais, c’est largement pire. Mon sang n’a fait qu’un tour, je me suis dit Suzon lui a parlé.

SUZON : et cela aurait été dramatique n’est-ce-pas !!!

VINCENT : Ben oui, un peu….je ne te trouve pas comme d’habitude ; pourquoi es-tu si nerveuse ? Tu ne m’as même pas encore embrassé.

SUZON : et toi tu ne m’as toujours pas raconté ce que Maman avait à te dire !!!

VINCENT : je n’ai rien compris. Je m’attendais comme d’habitude à recevoir une engueulade et, au contraire, elle m’a demandé de la suivre dans le couloir puis dans le vestibule.

SUZON : allez, abrège……… on ne va pas passer toutes les pièces en revue ni la journée la dessus, moi aussi, j’ai quelque-chose à te dire.

VINCENT : elle m’a demandé si j’étais ambitieux, si j’étais capable d’être responsable d’une équipe. J’avoue que la question venant d’elle….m’a étonné.

SUZON : tu as dit oui ?

VINCENT : je n’allais pas dire non…..Comment peut-on refuser un grade supérieur quand on est au bas de l’échelle.

SUZON : et elle t’a proposé quelque chose ?

VINCENT : oui mais….Petit problème, c’est pour une embauche à la Mairie de (suivant la troupe) comme responsable des espaces verts avec quatre personnes sous mes ordres…tu te rends compte.

SUZON : si je comprends….. je ne suis pas étonnée, le Maire de ….. est un ami des parents.

VINCENT : belle promotion n’est-ce-pas.

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SUZON : alors, tu appelles cela un « petit problème » on ne pourra plus se voir en cachette comme nous le faisons depuis trois mois !!!

VINCENT : je sais…….

SUZON : et c’est tout ce que cela t’inspire…. Je sais…. Tu aurais pu m’en parler avant…. Tu pouvais tout de même demander à réfléchir avant de prendre une décision.

VINCENT : ta Maman m’impressionne voilà tout. Et puis, j’ai eu peur qu’elle ait découvert notre secret.

SUZON : puisque nous sommes dans les secrets, je vais t’en dire un autre : je suis enceinte et paf…….

VINCENT : ah non pas ça……….(il est effondré).

SUZON : Mais si…. Et pas qu’un peu !!!

VINCENT : Tu te rends compte dans quelle panade tu me mets. Si ta Mère l’apprend, je suis lourdé avant d’avoir commencé….c’est sûr. Comme si j’avais besoin d’un môme en ce moment. Mais…. Nous n’avons fait l’amour qu’une seule fois.

SUZON : C’était la bonne…….. sans préservatif, ça arrive parfois ; c’est moi qui suis enceinte et c’est toi qui es dans la panade. Tu n’es qu’un mufle, un égoïste.

VINCENT : je pensais que tu prenais au moins la pilule !!! et puis…… qui me prouve que c’est bien moi !!!

SUZON : Pauvre type….. dire que j’avais des projets de mariage avec toi……pour qui me prends-tu……. Si j’ai fait l’amour avec toi c’est parce que j’avais des sentiments, j’étais amoureuse figure-toi. J’étais tellement heureuse de t’annoncer que nous pouvions former une famille.

VINCENT : impossible Suzon……… je suis déjà marié. (Cette révélation bouleverse Suzon qui se met à pleurer) je suis désolé.

SUZON : je suis désolé…. Je suis désolé, tu ne sais dire que ça connard.

VINCENT : j’espère que tu ne diras pas à ta Maman que c’est moi qui….

SUZON : non, j’lui dirai qu’mon gros ventre est venu tout seul…. C’est déjà arrivé une fois à la Sainte Vierge alors pourquoi pas à moi….Elle me croira « p’tit pois ».

VINCENT : il faut que j’y aille…….. j’ai un rendez-vous avec le Maire de….

SUZON : oui, tu as raison, c’est bien plus important. Adieu Vincent pars l’esprit tranquille ce secret ne sera connu que de nous deux.

RIDEAU

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ACTE 2

SCENE 1

(BRICE – CHANTAL – SUZON – GEORGES-HENRI)

Brice est dans son bureau, il doit recevoir le futur mari de Suzon et cette situation le rend un peu nerveux. Il se réjouit néanmoins de bientôt devenir dans son Entreprise, le numéro un . Il passe et repasse devant un grand miroir.

BRICE : (parlant tout seul) Bonjour Monsieur le Numéro1……… comment allez-vous Monsieur le Numéro1…….. la journée sera chargée Monsieur le Numéro1…… (chantal arrive sur ces entrefaites).

CHANTAL : et bien mon Cher, tu parles tout seul maintenant. Tu pensais voir « la Castafiore » dans ce miroir.

BRICE : j’étais en train de me dire que j’avais pris un peu de ventre ces temps-ci !!! Regarde !

CHANTAL : non….. Penses-tu, pas plus que d’habitude !!! D’ailleurs je trouve que cela te vas plutôt bien.

BRICE : tu es sérieuse ?

CHANTAL : on ne peut plus sérieuse………… le gros ventre est d’autant plus attrayant quand il surplombe deux fins roseaux. Je dois dire que sur ce point tu cumules harmonieusement le tout mon cher. Ce n’est peut être pas encore l’élégance du héron mais, cela s’en rapproche.

BRICE : oui, c’est bien ce que je pensais, tu te moques de moi !!!

CHANTAL : tu me fais tout au plus sourire mais là n’est pas le problème.

BRICE : tu peux te moquer, toi aussi tu as pris un peu de rondeur. (Brice mime les rondeurs avec sa main).

CHANTAL : (le visage de Chantal s’empourpre) tu plaisantes….. je suis encore à mon âge, plate comme une limande ; peu de femme peuvent en dire autant.

BRICE : je tiens à te préciser mon Amie que la limande a deux faces dont l’une est plus arrondie que l’autre.

CHANTAL : et alors !!!

BRICE : Alors, je te verrais plutôt …..

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CHANTAL : arrêtes-toi le numéro1 d’mes deux, tu deviens pitoyable. Au lieu de t’enorgueillir d’avoir épousé une aussi belle femme….. Monsieur nous fait un cours de poissonnier.

BRICE : c’est bien toi qui as commencé mais, comme toujours pour stopper une querelle stérile, c’est moi qui changerais de conversation.

CHANTAL : c’est mieux ainsi, je te rappelle que nous allons recevoir d’ici peu, notre futur gendre.

BRICE : je n’ai pas oublié. Je dois dire que je commence à culpabiliser d’entraîner Suzon dans une telle aventure.

CHANTAL : j’espère que tu as pris toutes les dispositions pour que ce mariage n’ait aucune valeur.

BRICE : de ce côté-là, tout est arrangé ; j’en ai eu la confirmation encore ce matin. Certains documents ne seront pas conformes ce qui permettra une annulation pure et simple. Il faudra à nouveau publier les bans et à ce moment là, Suzon pourra se désister.

CHANTAL : je préfère cela…..comme tu me le précisais l’autre jour, j’imagine le scandale, le déshonneur de la famille si un divorce devait être prononcé. Je crois que je resterais cloîtrée à la maison jusqu’à la fin de mes jours.

BRICE : J’ai confiance, mon homme de main n’a pas trop le choix. Je crains davantage la réaction de Suzon !!! Mets-toi à sa place la pauvre petite.

CHANTAL : ne t’inquiètes pas trop, comme son Père, elle aime les honneurs. Tu l’as entendu la dernière fois quand elle disait « j’étais déjà fière d’être la fille du numéro4 mais maintenant, fille de Numéro1, la classe ». Non, à mes yeux ce qui serait bien plus redoutable encore, c’est qu’elle enfante. Tu imagines être le grand-père de ce curieux mélange.

Cette dernière phrase déclenche un fou-rire incontrôlé des deux quand Suzon arrive.

SUZON : c’est mon mariage qui vous rend si joyeux ?

BRICE : nous imaginions la tête que ferait le Grand Patron si on lui annonçait que tu renonçais à ce mariage.

CHANTAL : et moi, c’était celle de ton Père dans un pareil cas qui me faisait rire.

SUZON : mais pourquoi voulez-vous que je dise non. D’être la belle fille d’un homme célèbre me ravit au contraire. Ou alors….. Faudrait-il qu’il soit repoussant à un degré insupportable !!!

CHANTAL : mais qu’entends-tu par là ?

SUZON : ben, imaginez qu’il ressemble à « Eléphant Man », j’aurais tout-de-même quelques bonnes raisons pour refuser. Mais tel n’est pas le cas, d’ailleurs quels parents accepteraient de marier leur fille à une pareille anomalie de la nature !!!

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Les deux se regardent coupables avec une mine confuse.

BRICE et CHANTAL ensemble : aucun.

SUZON : voyez, vous le dites vous-même, aucun parent ne vendrait leur fille pour quelque profit que ce soit. Ce serait contraire à la morale alors…. Pourquoi refuserais-je ? Certes, j’aurais aimé le fréquenter d’abord, le juger sur sa personne mais, peut-être l’aurais-je trouvé fade, puis, le renvoyer et ensuite épouser un « ramasse-gazon » comme dit Maman et mener une vie minable.

BRICE et CHANTAL : fade ça non, il ne l’est pas……. C’est un caractériel.

SUZON : cela ne me déplait pas en effet.

Le téléphone retentit, MR de ST PHAL annonce à Brice que son fils est presqu’arrivé à destination. Suzon s’éloigne pour satisfaire un besoin naturel.

BRICE : bonjour Monsieur de ST PHAL….. ah, vous n’êtes pas encore parti….. il a dérobé le pistolet au chef de la sécurité……mais qui ça…..oui bien sûr votre fils heu…mon futur gendre, j’aurais du m’en douter…. oui……non…..oui…..c’était préférable d’attendre un peu….. vous l’avez récupérée….. non, je parle de l’arme……. Ah !!! pas encore….. vous avez préféré ne pas l’accompagner…..oui, c’était plus prudent, on ne sait jamais……oui comme vous dites, un PDG ça ne se remplace pas aussi facilement…..(rire crispé de Brice) mais alors…… non…… mais non, nous sommes confiants … j’y pense, que fait sa nounou en ce moment ….. elle conduit….oui je comprends, elle a préféré obéir….. c’est un jeu en quelque sorte….. oui bien sûr un jeu pour lui……(rire crispé de Brice) votre fils et son chauffeur ne devraient pas tarder à arriver….(Suzon réapparait) Bon nous les attendons……il n’est guère plus de seize heure…au revoir Monsieur de ST PHAL, mes respects Monsieur de ST PHAL.

CHANTAL : arrêtez un peu mon ami avec vos « Monsieur de ST PHAL» à tous bouts de champ. Vous cirez un peu fort, attention à la surbrillance.

SUZON : mon futur mari arrive avec son chauffeur…. Ce n’est pas permis à tout le monde d’avoir un fiancé comme ça.

BRICE et CHANTAL : Tu l’as dit, quelle chance.

Chantal fait des gestes en évitant le regard de Suzon comme si elle tenait un révolver. Elle s’inquiète… Brice lui fait comprendre qu’il se sent impuissant. Suzon commence à observer ses parents en train de gesticuler dans son dos.

SUZON : que se passe t-il, vous répétez une scène de « Il était une fois dans l’Ouest » ; faut-il que je me déguise en Indienne ? A l’arrivée de mon futur, ça ne manquerait pas de piquant.

BRICE : ou de perçant !!!

SUZON : oui comme tu le penses justement Papa, cela dépend de l’arme.

CHANTAL : mon dieu l’arme…… écoutez moi bien tous les deux, je ne me laisserai pas étriper sans réagir…. Fils de PDG ou pas !!!

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SUZON : que t’arrive-t-il Maman, tu perds la raison, pourquoi veux-tu qu’il nous veuille du mal, attendez au moins qu’il soit jaloux.

CHANTAL : mais ma pauvre enfant, il l’est peut-être déjà.

Suzon ne comprend rien à la situation et regarde ses parents étonnée. Le téléphone sonne à nouveau.Vincent prévient qu’un type se balade dans la propriété.

BRICE : Allo…..(mettant le combiné sur sa poitrine, il annonce à Chantal et Suzon qu’il a Vincent au bout du fil) oui……..oui…….oui…….vous dites, un type bizarre perdu dans les allées….. c’est normal, c’est tellement vaste……dirigez-le vers mon bureau…..oui….oui….pourquoi voulez-vous qu’il soit dangereux…… oui…. Oui…mais non ce n’est pas un terroriste tout de même….. tout au plus un ……il est seul……. Et la nounou…..heu, je veux dire….. le chauffeur…..bon….. il doit sans doute veiller à l’extérieur…..je vous attends…… mais oui laissez-le entrer….

CHANTAL : pourvu qu’il n’est pas dégommé la nounou ?

SUZON : mais, quelle langue parlez-vous ? Je ne comprends rien ; qui c’est cette « nounou ».

Quelqu’un frappe à la porte.

BRICE : allez-y entr……….

Brice n’a pas le temps de finir sa phrase que le fils du Premier Ministre se dirige en trombe sur Suzon. Suzon prend peur et se sauve ; le futur mari est aux trousses de sa fiancé en criant :

GEORGES-HENRI : a ti fi….. a ti fi….. toucher ti fi…..

Brice et Chantal assiste à la scène comme pétrifiés par ce qui vient de se passer.

CHANTAL : tu vois où nous mènent tes idées mon pauvre mari. Dans quel état allons-nous récupérer notre fille. Mais, tu ne vas tout de même pas rester planter là, fait quelque-chose !!!

BRICE : mais, tu sais bien que je ne suis pas doué pour ça……………

Brice n’a pas le temps de finir sa phrase que Suzon réapparait dans le sens inverse toujours poursuivi par son amoureux. Brice commence à déguerpir également mais Chantal attrape son futur gendre par le bras et l’oblige à s’asseoir.

CHANTAL (à très haute voix) assis…….(Georges-Henri se protège le visage comme s’il s’attendait à être frappé ) assis ASSIS. Et toi le number one au bureau.

BRICE : mais, je ne fuyais pas, je cherchais à le stopper en fermant la porte. Tu as été plus rapide que moi.

CHANTAL : je sais, ce n’est pas la première fois. Reprend plutôt ta place nous avons à parler tous ensemble.

Chantal pour que son mari retrouve sa place fait un signe de la main. Georges-Henri se protège encore le visage. Puis, il tente à nouveau de partir.

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CHANTAL : j’ai dit assis non d’un chien. Ici c’est la belle-maman qui commande faudra vous y faire.

GEORGES-HENRI : a ti fi…….. touché a ti fi………

CHANTAL : la ti fi c’est ma fifille…… alors si toi touché à ma fifille….panpan cucu…..c’est compris !!!

GEORGES-HENRI a ti fi ..a ti fi…..

BRICE : fait attention, il a peut-être encore le révolver sur lui.

Quand le fils de ST PHAL entend le mot révolver, il en sort un de sa poche.

GEORGES-HENRI : révolver…..heu……révolver………..révolver……pan pan révolver……

Il dirige l’arme tantôt sur Brice, tantôt sur Chantal visiblement très satisfait de son geste. Puis, il se dirige l’arme sur la tempe avec un grand sourire. Il appuie sur la gâchette mais, heureusement sans effet. Brice se jette sur l’arme et essaie de l’arracher, il traîne sur le sol Georges-Henri qui ne veut pas céder. C’est Chantal en donnant des grands coups de pied dans la main de Georges-Henri qui arrive à le faire lâcher prise. Brice vérifie le chargeur et s’aperçoit que celui-ci est presque plein.

BRICE : décidément, ce ne sera pas un mariage comme les autres. (il s’essuie le front) heureusement qu’il n’y avait pas de balle d’engagée.

CHANTAL : je ne sais pas, pour le bonheur de notre fille il eut peut-être mieux valu…..

BRICE : ne commence pas à culpabiliser…. Il est trop tard et ne t’inquiètes pas, je t’ai dit cent fois que ce mariage est bidon.

Georges Henri qui s’était un peu calmé sur sa chaise commence à remuer d’une façon inquiétante.

CHANTAL : qu’est-ce qu’il nous fait encore….

BRICE : je ne sais pas, il semble souffrir !!!

GEORGES-HENRI : pipi………heu pipi………pipi……

CHANTAL : fait vite quelque chose mon ami ne reste pas les bras croisés, un sinistre s’annonce.

BRICE : que veux-tu que je fasse, je ne vais tout de même pas ….

CHANTAL : et bien si….. assume jusqu’au bout ta si merveilleuse idée Madame Pipi.

Finalement, Chantal décide d’aider son mari en traînant Georges-Henri dans les toilettes.

SCENE 2

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(SUZON - BRICE – CHANTAL – GEORGES-HENRI)

SUZON réapparait lorsque ses parents sont enfermés dans les toilettes. Elle est désolée.

SUZON : Où sont-ils passés ? Il y a quelqu’un ? je n’entends plus rien, je ne vois rien. Quelle rencontre tout de même…….. je me souviendrai longtemps de cette première fois. Pas facile d’avoir le coup de foudre à une vitesse pareille. Je commence à comprendre ce que m’a promis ma Maman, ils ont bien manigancé leur coup ces deux là. Après tout, je m’en fiche, il me fallait un nom pour mon enfant, j’en aurai au moins un célèbre. Et puis, il est peut-être très gentil, j’ai paniqué, j’aurais dû lui faire un sourire, lui dire un mot. Au lieu de cela, j’ai fui comme s’il avait la peste. Je m’en veux, j’ai été en dessous de tout. Il faut absolument que je les retrouve et que je répare ma faute.

Les trois sortent des toilettes. Georges-Henri semble un peu calmé.

CHANTAL : et bien dit donc……. Je suis estomaquée….. ce garçon n’a vraiment rien à envier à Rocco Siffredi. Si d’aventure, tu avais eu le quart de ce que possède ce jeune homme, ma vie n’aurait sans doute pas été la même.

BRICE : et oui ma chère femme que veux-tu, la nature compense….. moi, je suis intelligent !!!

CHANTAL : et de plus, tu as de très bonnes idées quand tu réfléchis en dormant. J’en ai maintenant la preuve matérielle.

BRICE : elle s’est un peu calmée la preuve matérielle.

GEORGES-HENRI : touché a ti fi………..

BRICE : il y avait longtemps…..

CHANTAL : Il faut tout de même que nous lui posions quelques questions. Je ne sais même pas son prénom et toi…..

BRICE : pas plus. Je connais son nom, c’est déjà pas si mal.

CHANTAL : tu es certain que c’est le bon « gugusse » à marier au moins. Car, si ce n’est pas le cas, on le change, moi, ça ne me dérange pas d’en essayer un autre !!!

BRICE : Il y avait peu de chance que j’oublie son visage. Non et non, c’est le bon…. Il faudra faire avec.

CHANTAL : et surtout Suzon !!!

BRICE : tu lui as dit que la première nuit tu avais fermé les yeux en attendant que j’arrive au lit.

CHANTAL : évidemment, c’est le premier conseil qu’une maman doit donner à son enfant : fermer les yeux et avoir beaucoup d’imagination.

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BRICE : bon, ce sont des conseils utiles, elle est déjà bien préparée ; je me demande où elle a bien pu passer ? Crois-tu qu’elle va accepter ce mariage ? C’est quand même inquiétant qu’elle ne soit pas réapparue.

CHANTAL : sans doute qu’elle réfléchit ; mais, sensible comme elle est, elle a pu être troublée. Assis…. Heu assis (s’adressant à son futur gendre d’un ton autoritaire).

BRICE : (s’adressant à Georges-Henri) quel est votre prénom jeune homme.

GEORGES-HENRI : a ti fi …. A ti fi….

BRICE : ce qu’il peut m’énerver avec ses « a ti fi ».

CHANTAL : ton prénom fils de ………….. (Chantal se gratte la tête, ses nerfs commencent à lâcher).

GEORGES-HENRI : m’appelle Georges HI Han…… a ti fi.

BRICE : bon ce n’est pas grave, il a fait une ânerie en inversant Hi Han, il faut comprendre Han Hi.

CHANTAL : Ce qui donnerait Georges Han hi ; c’est pas mal les prénoms composés.

BRICE : à cette vitesse d’interrogatoire, on n’en ait pas à ce qu’il aime dans la vie.

CHANTAL : ni à connaître son opéra préféré, je te l’accorde. Allez hop, le voilà reparti. (Georges-Henri quitte sa chaise)

BRICE : laisse-le faire un peu, nous verrons bien. Il n’est plus armé, c’est déjà ça.

Georges-Henri se bloque contre un mur semblant vouloir éviter le regard de ses futurs beaux-parents. Puis, il enfouit profondément sa main dans sa poche en sautillant légèrement. Les deux l’observent un peu dubitatifs. Après quelques minutes, il revient s’asseoir. Brice et Chantal semblent soulagés ; ils s’attendaient à pire.

BRICE : ce sont des cailloux……. (Brice saisit celui que son futur gendre lui tend) Oh, celui-ci est magnifique…… et celui-là…. Quelle merveille…... Faut avoir des poches bien cousues pour supporter une collection pareille.

GEORGES-HENRI : sont beaux…. Bleu…. Garde (Georges-Henri tend un caillou à Chantal qui le saisit. Malheureusement, ce n’était pas du goût de son gendre qui se jette sur ses pieds essayant de la mordre. Chantal lui flanque des claques sur la tête. Brice arrive à son secours et donne de grands coups de pied pour le faire lâcher prise. Sur ces entrefaites, Suzon arrive. Brice et sa Maman se sentent gênés.

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SCENE 3

(BRICE – CHANTAL - SUZON – GEORGES-HENRI)

SUZON : mais, que faites-vous là misérables. Vous lui faites mal !!! (Suzon s’accroupit et tente de relever Georges-Henri).

BRICE : figures-toi ma chère fille qu’une vilaine crampe m’a engourdi la jambe.

SUZON : et je suppose que maman c’était le bras ? Vous vous moquez de moi.

CHANTAL : c’est vrai l’numéro1, tu te moques.

SUZON : aidez-moi plutôt à le relever. (Quand le visage de son futur mari se trouve à hauteur du sien, ce dernier affiche un regard d’une tendresse impressionnante qui fait fondre Suzon).

GEORGES-HENRI : ho………. Ti..fi……….ti…fi.

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