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CHAGALL. LE PASSEUR DE LUMIÈRE / DOSSIER DÉCOUVERTE CHAGALL LE PASSEUR DE LUMIÈRE (21.11.2020) > 15.03.2021

CHAGALL LE PASSEUR DE LUMIÈRE - Centre Pompidou-MetzCHAGALL. LE PASSEUR DE LUMIÈRE / DOSSIER DÉCOUVERTE 1.PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION (Du 21 novembre 2020) au 15 mars 2021 Galerie

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CHAGALL

LE PASSEUR DE LUMIÈRE

(21.11.2020) > 15.03.2021

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SOMMAIRE

1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION P.3

2. MARC CHAGALL P.4

3. PARCOURS DE L’EXPOSITION P.7

4. LE MUSÉE MARC CHAGALL DE NICE P.16

5. ATELIER JEUNE PUBLIC P.17

6. INFORMATIONS PRATIQUES P.18

En couverture : Marc Chagall, Cathédrale de Metz, déambulatoire : vitrail d’Abraham, Jacob, Moïse, Joseph et Noé© Vitrail de Marc Chagall réalisé en collaboration avec Charles Marq / ADAGP, Paris, 2020 © Didier Boy de la Tour, commande du Centre Pompidou-Metz et du musée national Marc Chagall Ce dossier a été réalisé pendant le confinement, les dates ne sont pas définitives.

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1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION

(Du 21 novembre 2020) au 15 mars 2021 Galerie 3 L’exposition, conçue en partenariat avec le musée national Marc Chagall de Nice, y sera présentée du 24 avril au 20 septembre 2021.

« Le vitrail est exaltant, il lui faut de la gravité, de la passion. Il doit vivre à travers la lumière perçue. » Marc Chagall (Du 21 novembre 2020) au 15 mars 2021, le Centre Pompidou-Metz consacre une exposition à Marc Chagall, explorant l’importance du vitrail dans l’oeuvre de l’artiste. Les maquettes des vitraux réalisés pour de nombreux édifices entre 1956 et 1984, dans la région Grand Est (Metz, Reims, Sarrebourg), l’Allemagne voisine (Mayence), le sud de la France (Nice, Voutezac) et à l’international (Israël, États- Unis, Angleterre, Suisse) sont rassemblées et mises en correspondance avec un ensemble de peintures, sculptures, céramiques et dessins issus des collections du Centre Pompidou, du musée national Marc Chagall, de musées internationaux et de collections particulières. Les vitraux de la chapelle du Saillant, en Corrèze, déposés dans le cadre d’une opération de sécurisation, sont exceptionnellement montrés dans l’exposition. Celle-ci éclaire l’histoire de chaque commande, dans le contexte de la reconstruction et d’un renouveau de l’art sacré après la Seconde Guerre mondiale. Insolites dans le parcours d’un artiste que les racines juives et l’expérience de l’avant-garde éloignent a priori de la tradition du vitrail, ces commandes permettent à Chagall de se confronter à l’échelle monumentale de l’architecture et de s'adresser à un large public. Elles lui offrent également un cadre privilégié pour déployer sa vision de la Bible, qu’il considère comme « la plus grande source de poésie de tous les temps », au-delà de tout dogme. Entrepris dans la dernière période de sa carrière, prolifique et marquée par l’exploration de multiples techniques, les vitraux de Chagall révèlent un langage personnel qui associe les diverses cultures visuelles qui façonnent son imaginaire : celle de Vitebsk, la ville natale, où résonnent le yiddish, les histoires de la Bible et, au loin, les chants orthodoxes entonnés dans le miroitement des icônes ; mais aussi celle des avant-gardes découvertes à Paris, la fragmentation des formes cubistes et le flamboiement des couleurs du fauvisme. Le peintre les interprète, les transforme, les combine librement au prisme de sa biographie et de l’histoire des édifices sacrés et profanes dans lesquels il intervient. Les nombreuses esquisses préparatoires réalisées par Chagall mettent en évidence le processus de création des vitraux, résultat de l’association du talent du peintre au savoir-faire de Charles Marq et Brigitte Simon, maîtres-verriers héritiers d’un atelier crée à Reims au XVIIe siècle. Cette exposition est également l’occasion d’observer l’influence réciproque du vitrail. Commissariat : Elia Biezunski, chargée de mission auprès de la directrice. Chargée de recherches : Bénédicte Duvernay Comité scientifique : Elia Biezunski, chargée de mission auprès de la directrice, Jean-Baptiste Delorme, conservateur du musée national Marc Chagall, Anne Dopffer, directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes, Bénédicte Duvernay, chargée de recherches, Ambre Gauthier, historienne de l’art en charge du catalogue raisonné Marc Chagall, Nathalie Hazan- Brunet, conservatrice honoraire du musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, Emma Lavigne, présidente du Palais de Tokyo.

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2. MARC CHAGALL (1887-1985)

Marc Chagall est né en 1887 à Vitebsk, cité marchande de taille moyenne située sur le territoire de la Biélorussie annexé à l’Empire russe, et foyer d’une des plus importantes communautés juives de la Russie tsariste. Il est issu d’une famille juive d’un quartier modeste ; son père est commis dans un dépôt de harengs. Il fréquente le heder (l’école primaire juive), avant de poursuivre ses études à l’école officielle de Vitebsk, où les cours sont donnés en russe. Chagall y fait preuve d’une certaine aptitude au dessin, et nourrit le souhait de devenir peintre. En 1906, à la fin de sa scolarité et malgré les réticences de son milieu qui considère l’activité artistique comme étrangère à ses mœurs, il entre toutefois à l’école du peintre Jehuda Pen, jeune Juif qui a réussi à étudier à l’Académie royale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Chagall reste très peu dans l’atelier de Pen, et part pendant l’hiver 1906-1907 à Saint-Pétersbourg, où il s’inscrit à l’école fondée par la Société impériale pour la protection des Beaux-Arts. Il travaille ensuite à l’école privée de Savel M. Saidenberg, peintre de scènes de genre empruntées à l’histoire russe et influencées par le style d’Ilia Répine, puis auprès de Léon Bakst, professeur dans une école de tradition libérale, ouverte aux expressions artistiques modernes et très attentive à l’utilisation de couleurs vives comme élément expressif. Saint-Pétersbourg est alors perméable à l’effervescence de l’avant-garde, et Chagall bénéficie de ce climat ; c’est à cette époque, par exemple, qu’il découvre l’œuvre de Gauguin, et s’imprègne d’une reviviscence primitiviste de l’art russe. Alors que Bakst quitte Saint-Pétersbourg pour aller travailler à Paris auprès de Diaghilev, le jeune Chagall pressent la nécessité de partir également ; au printemps 1911, il rejoint Paris via Berlin grâce à une bourse. Il y visite les galeries, les musées – le Louvre en particulier –, voit le travail des avant-gardes au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants, où il exposera lui-même. Il participe à des discussions sur les mouvements cubiste et futuriste, dont l’influence est visible dans les grandes compositions de cette époque. Son aptitude à donner, aux visions issues de son enfance à Vitebsk, une construction de l’espace et une plastique cubiste est frappante, et témoigne déjà de la liberté avec laquelle Chagall combine plusieurs cultures visuelles. L’utilisation de couleurs indépendamment des contours des figures, la coexistence dans un même espace pictural de scènes représentées à différentes échelles et non liées par un argument narratif sont parmi les éléments qui caractériseront plus tard son travail sur le vitrail. En 1914, Chagall retourne à Vitebsk, peu de temps avant le début de la guerre. Il y épouse sa fiancée, Bella Rosenfeld, représentée sur plusieurs toiles de cette époque. La révolution d’octobre lui permet de devenir citoyen russe à part entière, mais aussi de voir son projet d’une école des Beaux-Arts pour Vitebsk approuvé par le nouveau régime. Il dirige brièvement l’un des ateliers de peinture de cette nouvelle académie des Beaux-Arts. En 1920, Chagall s’établit à Moscou avec sa femme et sa fille ; il travaille à des décors et costumes de théâtre, ainsi qu’à la décoration murale du théâtre d’art juif, à son plafond et à son rideau de scène. Deux ans plus tard, il quitte Moscou pour Berlin, mais le souhait du marchand-éditeur Ambroise Vollard de lui confier des illustrations de livres lui donne très vite l’occasion de retourner à Paris. Il approfondit sa connaissance de la France et de ses paysages

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par de fréquents séjours à L’Isle-Adam, sur l’Oise, où Robert et Sonia Delaunay passaient leurs fins de semaine, mais aussi à Ault en Normandie, sur l’île de Bréhat en Bretagne et dans le petit village de Montchauvet dans l’Oise. Ces séjours sont la source d’inspiration de nombreuses peintures, empreintes d'une grande clarté. C’est ensuite la côte méditerranéenne que découvre la famille Chagall, et Nice, qui frappe l’artiste par sa lumière. En 1930, pendant l’un de ces séjours, il compose de nombreuses variations sur le thème de la fenêtre. Mais la commande majeure de cette époque est celle que lui confie Ambroise Vollard : l’illustration de la Bible. Pour y travailler, Chagall visite la Palestine. De retour à Paris, il réalise une série d’eaux-fortes pour la Bible, mais le projet ne sera repris et achevé que dans les années 1950, avec l’éditeur Tériade. À l’hiver 1941, invité, comme d’autres artistes, par le MoMA, Chagall peut se rendre à New York avec sa famille. Il y réalise des décors et des costumes pour l'American Ballet Theater. La période est marquée par de tragiques nouvelles, d’Europe d’une part, et notamment de son pays natal, qui inspirent les compositions où un crucifié représente le martyre des Juifs, et au sein de sa famille d’autre part, puisque Bella meurt quelques jours seulement avant le retour prévu en France. En 1945, après des temps difficiles, Chagall se remet au travail, pour le théâtre notamment. C’est aussi le temps de la consécration de son œuvre : au MoMA, puis au musée national d’Art moderne de Paris, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, à la Tate Gallery, au Kunsthaus de Zurich et à la Kunsthalle de Berne. De retour en France, Chagall s’installe à Vence en 1949. C’est là que naît l’idée d’un cycle de peintures bibliques destinées à être rassemblées en un même lieu. Il envisage de compléter l’ensemble par des tapisseries et des céramiques, et considère pour la première fois la possibilité de créer des vitraux. Dans un contexte de renouveau de l’art sacré, c’est toutefois un autre événement qui lui donne l’occasion de réaliser ses premiers vitraux : la construction de l’église Notre-Dame-de-Toute- Grâce, sur le plateau d’Assy en Haute-Savoie. Cette première incursion dans le champ du travail du verre n’est que le début d’une trajectoire parallèle à l’œuvre peint qui ne sera interrompu que par la mort de l’artiste : la commande de baies pour la cathédrale Saint-Étienne de Metz en 1958, réalisée pour la première fois avec l’atelier Simon-Marq à Reims, fait connaître Chagall, déjà internationalement célèbre en tant que peintre, comme artiste majeur de l’art du vitrail. Suivent les commandes pour la synagogue du centre médical Hadassah à Jérusalem, l’Union Church de Pocantico Hills, l’Organisation des Nations Unies, l’église All Saints’ Church dans le village de Tudeley (Kent, Royaume-Uni), le temple protestant du Fraumünster de Zürich, la cathédrale de Reims, la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg, l’Art Institute de Chicago, la cathédrale de Chichester, la chapelle du Saillant, en Corrèze, et enfin l’église Saint-Etienne de Mayence, où les derniers vitraux de Chagall sont inaugurés quelques mois après sa mort en 1985. Pour son propre musée, inauguré à Nice en 1973, alors dirigé par le maître-verrier Charles Marq et abritant le Message Biblique auquel songe l'artiste depuis le début des années 1950, il crée aussi trois vitraux sur le thème de La Création du monde. Ces trois décennies de création de vitraux se sont accompagnées d’une intense exploration par l’artiste de techniques autres que la peinture, et développées concomitamment à cette dernière : lithographie, céramique, mosaïque, sculpture en pierre, en bronze et en terre cuite, peinture murale et tapisserie. Plusieurs d’entre elles lui ont permis de donner forme au souhait, caressé depuis les premières expériences de décors en Russie, de créer pour et à l’échelle de l'architecture, et de réaliser, outre les vitraux, ses œuvres monumentales les plus significatives.

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MEMO 1887 / Naissance de Marc Chagall à Vitebsk en Biélorussie 1906 / Cours à l’école du peintre Jehuda Pen 1906-1907 / Intègre l’école fondée pour la société impériale pour la protection des Beaux-arts de Saint Pertesbourg 1911 / Arrivée à Paris 1914 / Retour à Vitebsk. Il épouse Bella Rosenfeld 1920 / Installation à Moscou avec Bella et sa fille Ida 1922 / Installation à Berlin 1923 / Installation à Paris 1930 / Commande d’une centaine d’eaux-fortes pour illustrer la Bible (Ambroise Vollard) 1938-1950 / Construction et aménagement de l’église Notre-Dame de-Toute-Grâce 1941 / Installation aux États-Unis 1944 / Décès de Bella 1946 / Fils avec Virginia Haggard 1946 / retour en France 1948 / Le père Couturier propose à Chagall la décoration du baptistère de l’église Notre-Dame de-Toute-Grâce 1948 / Premiers vitraux avec le peintre verrier Paul Bony 1949 / Installation à Vence 1949 / Chagall reprend l’illustration de la Bible commencée en 1931 1952 / Chagall épouse Valentina Brodsky 1956 / Robert Renard sollicite Charles Marq et Brigitte Simon pour exécuter les vitraux de Jacques Villon, de Roger Bissière puis de Marc Chagall de la cathédrale de Metz 1956-1959 / Vitraux de Roger Bissière sur les deux baies de la nef de la cathédrale de Metz 1956 / Sollicitation de Robert Renard pour des vitraux de Marc Chagall 1957 / Vitraux de Jaques Villon dans la chapelle latérale du Saint-Sacrement de la cathédrale de Metz 1958 / Début de la réalisation des vitraux de Chagall sur les deux baies du déambulatoire de la cathédrale de Metz 1958 / Sollicitation par Miriam Freund pour la réalisation des vitraux pour la future synagogue de l’hôpital Hadassah, à Jérusalem 1958 / Commande monumentale pour l’opéra de Francfort et pour les vitraux de Mayence. 1973 / Inauguration du Musée Marc Chagall de Nice 1973 / Commande faite à Chagall pour un vitrail dans le cadre d’une extension de l’Art Institute de Chicago 1985: Décès à Saint Paul de Vence

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3. PARCOURS DE L’EXPOSITION INTRODUCTION L’exposition propose un parcours permettant de découvrir l’intégralité des commandes de vitraux honorées par Chagall, avec, pour chacune d’elles, un ensemble de dessins préparatoires, appelés maquettes. Quelques vitraux, exceptionnellement rassemblés, sont présentés. Ils permettent d’observer les jeux de transparence et d’opacité des verres plaqués et gravés, les divisions du chemin de plomb et le travail de la grisaille. Une documentation photographique des vitraux tels qu’ils se trouvent dans les différents édifices favorise la comparaison avec les dessins préparatoires, et des documents et archives audiovisuelles mettent en évidence certaines des sources de l’artiste, ainsi que le travail en atelier. Enfin, l’œuvre sur verre de Chagall est mis en correspondance avec des peintures, sculptures et travaux graphiques de façon à faire apparaître la circulation et la transformation des motifs et des symboles d’une œuvre à une autre, d’un contexte à un autre.

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LA BIBLE DE CHAGALL En 1930, alors que Chagall termine ses dernières gravures des Fables de Jean de La Fontaine, Ambroise Vollard, célèbre marchand d’art et éditeur de livres d’avant-garde, lui commande une centaine d’eaux-fortes pour illustrer la Bible. C’est la première grande confrontation artistique du peintre avec ce texte. Familier des patriarches, des rois et des prophètes qui peuplaient les histoires et les rituels des fêtes juives de son enfance, Chagall voit dans la Bible « la plus grande source de poésie de tous les temps», propice au rêve et aux visions surnaturelles davantage qu’à l’expression de dogmes. Marc Chagall, Noé reçoit l'ordre de construire l'Arche, 1931. Gouache, étude préparatoire pour les gravures de la Bible, 58 x 42,5 cm, musée national Marc Chagall © Adagp, Paris 2020. Photographie ©RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean

Date à retenir 1930 Commande d’une centaine d’eaux-fortes pour illustrer la Bible

LE PROJET D’UN CYCLE MONUMENTAL : VENCE En 1949, Chagall s’installe à Vence, en Provence. Il y reprend l’illustration de la Bible, commencée en 1931 puis laissée en suspens. Aux gravures s’ajoute progressivement un ensemble de dessins, gouaches, pastels et tableaux tirés de l’Ancien Testament. Il mûrit pour la première fois l’idée d’un cycle à destination monumentale, où chaque peinture serait partie d’un message transmis par le tout. Pour son lieu de recueillement, il ressent le besoin d’éléments intermédiaires entre ses peintures et l’architecture. Il envisage d’abord des tapisseries, puis réalise des céramiques murales et des sculptures. Comme certaines fenêtres doivent être munies de verres, il considère pour la première fois la possibilité de créer des vitraux. Son projet ne sera jamais réalisé sous cette forme mais donnera lieu, vingt ans plus tard, au musée national Marc Chagall, imaginé par l’artiste pour accueillir son Message Biblique. Marc Chagall, Le Monde rouge et noir ou Soleil rouge, carton de tapisserie, 1951. Aquarelle, gouache, pastel gras sur papier fait machine sur papier contrecollé sur papier, marouflé sur toile, 244,5 x 189 cm. Collection particulière © Adagp, Paris 2020. Photographie © Ewald Graber

Dates à retenir 1949 Installation à Vence 1949 Chagall reprend l’illustration de la Bible commencée en 1931

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PRÉMICES D’UNE CONTRIBUTION AU RENOUVEAU DE L’ART SACRÉ : L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-TOUTE-GRÂCE En 1938, commence au Plateau d’Assy en Haute-Savoie la construction de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce, consacrée en 1950. Le projet est initié par le père dominicain Marie-Alain Couturier, grand défenseur du renouvellement de l’art sacré en France et co-directeur de la revue L’Art sacré, et le chanoine Jean Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz. Tous deux sont désireux de faire appel, pour la décoration intérieure et extérieure de l’église, à de grands artistes, indépendamment de leur appartenance politique ou confessionnelle. Le père Couturier, qui a rencontré Chagall pendant leur exil américain au moment de la Seconde Guerre mondiale, lui propose en 1948 la décoration du baptistère. Chagall y travaille jusqu’en 1957, et y réalise ses premiers vitraux avec le peintre verrier Paul Bony. Marc Chagall en collaboration avec Paul Bony, baptistère de l’église Notre-Dame-de- Toute-Grâce : vitrail de L’Ange au chandelier © Adagp, Paris 2020. Photographie © Didier Boy de la Tour, commande du Centre Pompidou-Metz et du musée national Marc Chagall

Dates à retenir 1938-1950 Construction et aménagement de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce 1948 Le père Couturier propose à Chagall la décoration du baptistère 1948-1957 Premiers vitraux avec le peintre verrier Paul Bony

ÉLARGIR LES POSSIBILITÉS DE L’ART DU VITRAIL : L’ATELIER SIMON-MARQ L’existence connue de l’atelier Simon-Marq de Reims remonte à 1640. Dès le XIXe siècle, il s’illustre dans l’étude et la restauration des vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Reims. À partir de 1949, Brigitte Simon, peintre-verrier formée dans l’atelier familial, et son époux, Charles Marq, ancien étudiant en philosophie, dirigent l’atelier. En 1956, leur souhait de travailler avec des artistes vivants se concrétise lorsque Robert Renard les sollicite pour exécuter les vitraux de Jacques Villon, de Roger Bissière puis de Marc Chagall à la cathédrale de Metz. Après cette première collaboration, l’atelier Simon- Marq réalisera tous les vitraux de Chagall. L’enjeu pour le maître-verrier est « d’inventer à chaque instant, de ne jamais se retrouver traduisant ». Chagall fait confiance à Charles Marq pour l’imagination, à partir de son esquisse préparatoire, du chemin de plomb qui déterminera la coupe des verres, ainsi que pour le choix des couleurs. Il se fait aussi aider par Brigitte Simon pour l’application de la grisaille, cette peinture composée d’oxydes métalliques et d’un fondant que le peintre applique sur le verre avant sa cuisson. Marc Chagall, Le Couple à l’âne, vers 1964. Verre plaqué rouge sur blanc, gravé et peint à la grisaille, 37,5 x 26,8 x 0,2 cm. Collection particulière © Adagp, Paris 2020. Photographie ©Fabrice Gousset

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Date à retenir 1956 Robert Renard sollicite Charles Marq et Brigitte Simon pour exécuter les vitraux de Jacques Villon, de Roger Bissière puis de Marc Chagall à la cathédrale de Metz Techniques Chemin de plomb : assemblage des pièces de verre et organisation d’un réseau Grisaille : peinture composée d’oxydes métalliques et d’un fondant que le peintre applique sur le verre avant sa cuisson.

PREMIER ENSEMBLE MONUMENTAL DE VITRAUX : LA CATHÉDRALE DE METZ Chargés de la restauration de la cathédrale de Metz après la Seconde Guerre mondiale, l’architecte en chef des Monuments historiques Robert Renard et son élève architecte Jean Dedieu sont convaincus de l’intérêt d’associer de grands artistes à cette tâche et sollicitent plusieurs peintres pour y réaliser des vitraux. Jacques Villon réalise ceux de la chapelle latérale du Saint-Sacrement entre 1954 et 1957, Roger Bissière ceux de deux baies de la nef entre 1956 et 1959 et Chagall est approché dès 1956 pour les deux baies du déambulatoire. Suivront la baie du transept nord puis deux longs vitraux dans le triforium. Cette première grande commande de vitraux permet à Chagall d’exercer ses talents de coloriste à l’échelle d’un bâtiment et de déployer une inventivité iconographique déjà visible dans le baptistère du Plateau d’Assy. Au contraire de l’art religieux le plus traditionnel, où les symboles sont liés à un texte ou à une tradition iconographique, les combinaisons symboliques très libres que l’artiste imagine pour les édifices religieux dans lesquels il travaille, sont à mettre en relation avec son œuvre peint. Marc Chagall en collaboration avec Charles Marq, La rose bleue, œuvre exécutée par l’atelier Simon-Marq, Reims, vitrail d’étude pour la rosace du déambulatoire de la cathédrale de Metz, daté et signé en 1964. Verre et plomb, D. 205 cm. Centre national des arts plastiques / Fonds national d’art contemporain. En dépôt au musée national Marc Chagall, Nice ©Adagp, Paris 2020. Photographie ©RMN-Grand Palais (musée national Marc Chagall) / Adrien Didierjean

Dates à retenir 1954-1957 Vitraux de Jaques Villon dans la chapelle latérale du Saint-Sacrement 1956-1959 Vitraux de Roger Bissière sur les deux baies de la nef 1956 Sollicitation de Robert Renard pour des vitraux de Marc Chagall 1958 Début de la réalisation des vitraux de Chagall sur les deux baies du déambulatoire

L’INTERDIT DE LA FIGURATION HUMAINE : LES VITRAUX DE LA SYNAGOGUE DU CENTRE MÉDICAL HADASSAH, À JÉRUSALEM Alors qu'en 1958, Chagall travaille à la première baie de la cathédrale de Metz, il est sollicité par Miriam Freund, présidente de l’association Hadassah, organisation de femmes sionistes américaines développant des équipements sanitaires en Palestine. Elle souhaite l’inviter à réaliser des vitraux pour la future synagogue de l’hôpital Hadassah, à Jérusalem. L’artiste accède à sa demande de privilégier les lettres

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hébraïques, les fleurs, les animaux et les symboles du judaïsme, afin d’éviter toute figure humaine, en vertu du deuxième commandement, interdisant la représentation du Créateur comme de la Création pour lutter contre l’idolâtrie. Chagall n’est pas sans savoir qu’il a été diversement interprété, et ce, dès l’Antiquité : « Pas de figure humaine quand il y a Doura Europos ! », ironise-t-il en évoquant les fresques du IIIe siècle de la synagogue découverte en 1932, dans l'actuelle Syrie. À travers ses nombreuses maquettes préparatoires, il fait fusionner des formes et des couleurs tendant à l’abstraction avec une libre utilisation d’éléments empruntés aux ornements traditionnels juifs et à sa propre mémoire visuelle. Marc Chagall, La Tribu de Nephtali, maquette définitive pour les vitraux de la synagogue de l’hôpital Hadassah, Jérusalem, 1959-1960 , série Les douze tribus d'Israël, synagogue du centre médical Hadassah, Ein Kerem, Jérusalem, 1959-1960. Gouache, aquarelle, pastel, encre de Chine, papiers collés et crayon sur papier, 40,7 x 30 cm. Collection particulière © Adagp, Paris 2020. Photographie © Ewald Graber

Date à retenir 1958 Sollicitation par Miriam Freund pour la réalisation des vitraux pour la future synagogue de l’hôpital Hadassah, à Jérusalem

COMMANDES POUR LA PAIX : LES VITRAUX POUR L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES À NEW YORK LA CHAPELLE DES CORDELIERS, SARREBOURG (MOSELLE) Le 18 septembre 1961, Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, meurt dans le crash de l’avion qui le menait au Congo pour entreprendre des négociations de paix. Il reçoit le prix Nobel de la paix à titre posthume et le comité du mémorial de l’ONU décide de solliciter Chagall, dont Hammarskjöld affectionnait tout particulièrement l’œuvre, pour qu’il réalise un vitrail lui rendant hommage. Lors de l’inauguration de l’œuvre, l’artiste insiste sur le caractère central de la vision d’Isaïe de la réconciliation de toutes les créatures, « cette légende prophétique de la Paix », à la fois « poétique et d’une importance mondiale », illustrée par Chagall dans ses dernières gravures pour la Bible. Elle sera également le sujet de la tapisserie La Prophétie d’Isaïe réalisée pour le parlement israélien, du vitrail de La Paix de la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg et de la tapisserie La Paix conçue pour cette même chapelle. Yvette Cauquil-Prince (maître d’œuvre), d’après Marc Chagall, La Paix, 1991-1994. Tapisserie de basse lisse, laine et coton, 472 x 696 cm. Sarrebourg, musée du pays de Sarrebourg © Adagp, Paris 2020. Photographie © Illés Sarkantyu

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DES VITRAUX INTERPRÉTÉS À LA FAVEUR DE L'ENTENTE FRANCO-ALLEMANDE : L’ÉGLISE SAINT-ÉTIENNE DE MAYENCE Le prêtre de l’église Saint-Étienne Klaus Mayer, soutenu par les plus hautes autorités ecclésiastiques et politiques et par Valentina Chagall, l’épouse du peintre, parvient à convaincre Chagall de réaliser des vitraux pour Mayence, considérablement détruite lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette initiative est investie d’une forte charge symbolique, dans une Allemagne en quête de réconciliation judéochrétienne et franco-allemande. Chagall a vécu à Berlin entre 1922 et 1923. Présent dans les grandes expositions d’avant-garde allemande au début du siècle, il est taxé de « bolchevisme » et ses œuvres sont détruites dans un autodafé organisé par les nazis en 1933, qui le relégueront au rang d’« artiste dégénéré ». Malgré son refus de se rendre en Allemagne après la Shoah, sa consécration y est portée par de nombreuses expositions et acquisitions d’œuvres. Elle est couronnée par la commande monumentale pour l’opéra de Francfort, en 1958, et par celle des vitraux de Mayence. Marc Chagall, L’église Saint-Étienne de Mayence : les femmes de la Bible, la généalogie d’Abraham, les hommes de la Bible, maquettes pour les vitraux du chœur, 1977-1978. Tempera, gouache, crayon noir et encre sur papier, 145 x 31 cm, 108 x 30,5 cm et 145 x 31 cm. Collection Matthew Freud, Londres © Adagp, Paris 2020. Photographie courtesy Sotheby's, Inc. © 2014 et Matthew Freud, London

Date à retenir 1958 Commande monumentale pour l’opéra de Francfort et pour les vitraux de Mayence. COMMANDES PRIVÉES Les premières commandes faites à Chagall suscitent aussi l’intérêt de familles qui, le découvrant créateur de vitraux, lui proposent de travailler dans des lieux auxquels elles sont attachées. La première commande de ce type émane de la famille Rockefeller, qui a contribué par son mécénat à l’édification et à l’ornement d’une chapelle à Pocantico Hills, près de New York. David Rockefeller commande à Chagall un premier vitrail à la mémoire de son père, en 1962, et huit autres suivent, déployant les figures des prophètes dans la nef. En Angleterre, c’est le couple sir Henry et lady d’Avigdor-Goldsmid qui sollicite Chagall pour réaliser, dans la petite église du village de Tudeley dans le Kent, des vitraux en mémoire de leur fille Sarah, morte en mer en 1963, et qui avait pu admirer deux ans auparavant dans une exposition à Paris, les baies créées par Chagall pour la synagogue de l’hôpital Hadassah. En France enfin, dans le village de Voutezac en Corrèze, Guy de Lasteyrie du Saillant, après avoir racheté le château qui avait appartenu à sa famille, rassemble des fonds publics et privés pour restaurer la chapelle communale du Saillant et demande à Chagall d’orner les fenêtres de vitraux.

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Marc Chagall en collaboration avec Charles Marq, La Chapelle du Saillant : bouquets, oculus du portail occidental ; œuvre exécutée par l'atelier Simon-Marq, Reims, 1982 Vitrail, D. 93 cm. Mairie de Voutezac, vitrail class. au titre des monuments historiques en 2008 © Adagp, Paris 2020 © Région Nouvelle-Aquitaine. Inventaire général du patrimoine culturel. P. Rivière. 2020

MEMO Chapelle de Pocantico Hills près de New York (commande de la famille Rockfeller) Eglise de Tudeley dans le Kent en Angleterre (commande de la famille Avigdor-Goldsmid) Château de Voutezac en Corrèze (commande de Guy de Lasteyrie du Saillant)

PEINTURE ET VITRAIL DANS LES ANNÉES 1970 L’évolution de la peinture de Chagall dans les années 1970 invite à des rapprochements avec son œuvre sur verre. La grisaille est appliquée en glacis plus ou moins épais sur les vitraux ; Chagall la pose aussi par petites touches pour animer la surface du verre. Dans un tableau comme Job, il procède de la même manière : la tête du personnage biblique n’est pas marquée par un contour tranché, mais suggérée par un halo de petites touches légères, brunes, puis bleues et violettes, qui fondent ce visage dans son environnement. Outre ces effets de transparence, on peut aussi remarquer dans l’œuvre peint de cette période plusieurs toiles très claires ponctuées par des accents colorés limités à des zones bien délimitées, comme sur les vitraux et leurs maquettes de la même époque. Marc Chagall, Job, 1975. Huile, tempera, encres de couleur, encre de Chine et sciure sur toile, 170 x 121 cm. Collection particulière © Adagp, Paris 2020. Photographie © Ewald Graber

LA CRÉATION DU MUSÉE DU MESSAGE BIBLIQUE, À NICE En 1973, le musée du Message Biblique, premier musée national consacré à un artiste vivant, ouvre ses portes à Nice. Il a été imaginé par Chagall – appuyé par André Malraux – et conçu par l’architecte André Hermant pour accueillir le Message Biblique, en projet depuis les années 1950. Chagall, mélomane, dote son musée d’un auditorium, fait alors suffisamment exceptionnel en France pour être souligné. Il conçoit pour cette salle un ensemble de trois grands vitraux, La Création du monde. Les images tendent vers l’abstraction et rappellent les décors réalisés quelques années plus tôt pour une représentation de La Flûte enchantée de Mozart à l’inauguration du Metropolitan Opera House du Lincoln Center, de New York. Marc Chagall, Message Biblique, la Création du monde : le septième jour, le cinquième et le sixième jour, les quatre premiers jours, deuxième étude pour les vitraux des trois fenêtres, 1971. Mine graphite, aquarelle, encre de Chine et collage de tissus sur papier, 38,4 x 56 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne. En dépôt au musée national Marc Chagall, Nice © Adagp, Paris 2020. Photo © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot

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LE PROGRAMME PROFANE DES AMERICA WINDOWS POUR L’ART INSTITUTE DE CHICAGO En 1973, dans le cadre de l’extension de l’Art Institute de Chicago, l’Auxiliary Board du musée souhaite financer une galerie entièrement dédiée à Chagall. Les commanditaires lui suggèrent d’imaginer un vitrail représentant les États- Unis qui coïnciderait avec la célébration de leur bicentenaire. Chagall imagine plutôt, pour cette commande destinée à un musée, un vitrail tripartite consacré aux arts. Il insère cependant dans la partie centrale quelques symboles des États- Unis : l’aigle, la statue de la Liberté, quelques hauts immeubles. Dans l’œuvre sur verre - essentiellement biblique du peintre - ce vitrail se distingue par son programme, mais on y retrouve un certain nombre de figures utilisées dans les vitraux à vocation sacrée, comme l’ange à la trompette ou le chandelier. Marc Chagall, L’Art Institute de Chicago : le théâtre et la danse, étude pour vitrail, 1976. Mine graphite, gouache et aquarelle sur papier Arches, 29,4 x 37,4 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne. En dépôt au musée national Marc Chagall, Nice © Adagp, Paris 2020. Photographie © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot

Date à retenir 1973 : commande faite à Chagall pour un vitrail dans le cadre d’une extension de l’Art Institute de Chicago

COLLAGE, PEINTURE, VITRAIL Dès ses premières commandes de vitraux, Chagall utilise dans son travail préparatoire le collage de papiers et de tissus découpés. Cette étape vers l’oeuvre finale comprend des indications essentielles pour le maître-verrier. Elle permet au peintre de suggérer des textures, des superpositions, des valeurs chromatiques. L’inclusion de fragments imprimés ou peints fait écho aux innovations du cubisme que Chagall avait découvertes à Paris entre 1911 et 1914, mais aussi aux formes découpées et contrastées des gravures de l’art populaire russe, ou de ses étoffes traditionnelles juxtaposant des couleurs vives, telle celle qui inspire Chagall pour la conception du fond coloré du vitrail de la cathédrale de Chichester. Le recours au collage ne se limite pas au vitrail ; dès la fin des années 1960, l’artiste l’utilise dans les esquisses de projets monumentaux, pour les décors de La Flûte enchantée de Mozart, par exemple, ou pour des peintures de grandes dimensions comme L’Arc-en-ciel (1967). Certaines toiles de cette période portent la trace de ces découpes et inclusions. Les jeux de superposition, de lumière sous-jacente, de transparence, expérimentés à travers le vitrail, ouvrent une voie nouvelle à la peinture.

Marc Chagall, L'Arc-en-ciel, 1967. Huile sur toile de lin, 160 x 170,5 cm, Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne. En dépôt au musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg © Adagp, Paris 2020. Photographie © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat

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ANN VERONICA JANSSENS Ann Veronica Janssens (née en 1956 à Folkestone, Royaume-Uni) a reçu sa formation de plasticienne à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, dans la ville de Bruxelles, où elle est aujourd’hui installée. Depuis les années 1980, elle utilise la lumière, sa modulation, sa coloration, son orientation, pour transformer l’expérience perceptuelle des lieux dans lesquels elle intervient. Le verre fait partie de ses matériaux de prédilection. Invitée à intervenir dans l’exposition Chagall. Le passeur de lumière, l’artiste a choisi l’extrémité de la galerie, offrant une alcôve ouverte sur l’extérieur et un point de vue sur la cathédrale pour y installer un triptyque de gaufrettes. Par un effet d’absorption et de diffusion des rayons lumineux, ces plaques de verre nervuré, qui renferment une superposition de différents filtres iridescents et colorés, produisent des variations chromatiques vibratoires. Disposées à même le sol, elles combinent espace pictural illusionniste immatériel et présence physique sculpturale, transparence et réflexion, lumière naturelle et artificielle. Ces « sculptures performantes », comme les nomme l’artiste, changent sans cesse de couleur en fonction du point de vue du spectateur et des variations de la lumière qui les traverse et s’y réfléchit.

Ann Veronica Janssens, CL2BK, Sunset B, CL2 Blue Shadow, Triptyque, 2020 Ttrois panneaux en verre recuit avec nervures verticales, fibres en PVC, trois éléments, 230x115 cm chacun. Collection de l’artiste

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4. LE MUSÉE MARC CHAGALL DE NICE

Le 7 juillet 1973, jour des 86 ans de l'artiste, est inauguré le musée national Marc Chagall à Nice. Sa création a été rendue possible grâce à la donation par les époux Chagall d'un ensemble important d’œuvres dont le cycle peint du Message Biblique. Le projet bénéficie également du soutien du Ministère de la Culture et de la Ville de Nice qui offre le terrain de l'Olivetto sur la colline de Cimiez. En étroite collaboration avec l’artiste, l’architecte André Hermant conçoit un bâtiment ouvert et lumineux associant la pierre de Turbie et la fonte d’aluminium, au sein d'un écrin de verdure méditerranéenne dessiné par le paysagiste Henri Fisch. Chagall prend soin d'intégrer des œuvres monumentales dans l'architecture du musée dont le vitrail de La Création du monde qui baigne de sa lumière bleue la salle de concert. Musée d’art le plus visité de la Côte d’Azur, le musée national Marc Chagall organise des expositions consacrées à l’œuvre de Chagall et invite des créateurs contemporains à dialoguer avec cet artiste majeur du XXe siècle. Le musée propose aussi une programmation riche en conférences, concerts et spectacles de danse, grâce à des partenariats établis avec des institutions du territoire, tels que les Ballets de Monte-Carlo, le Conservatoire régional et l’Opéra de Nice. Le musée national Marc Chagall dépend de la direction des musées nationaux du XXe siècle des Alpes- Maritimes qui regroupe deux autres musées monographiques du territoire de la Côte d’Azur : le musée national Fernand Léger, à Biot, et le musée Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, à Vallauris.

Musée national Marc Chagall, Nice. Photo Musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes ©Adagp, Paris, 2020

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5. ATELIERS JEUNE PUBLIC LA CAPSULE (21.11) > 10.03.21 DANS L’OMBRE DE CHAGALL Camille Scherrer MER. + SAM. + DIM. + JOURS FÉRIÉS De 14:00 à 18:00 PALIER DE LA GALERIE 1 En écho à l’exposition consacrée à Marc Chagall, la Capsule accueille un dispositif immersif imaginé par l’artiste suisse Camille Scherrer. Entrez dans le monde féérique peuplé de chimères inspiré du bestiaire de Chagall et découvrez quelle est votre nature cachée. Dans ce théâtre d'ombres revisité, vous pourrez observer les figures qui peuplent le répertoire du peintre et révéler à l'aide d'une lampe torche, celles qui se cachent dans l'obscurité...

©In The Woods, Camille Scherrer

ATELIER 5-12 ANS (21.11) > 10.03.21 SACRÉES FORMES Antonin Caniparoli Pour cet atelier qui s’inscrit en écho à l’exposition Chagall. Le passeur de lumière, Antonin Caniparoli vous invite à jouer avec les formes de l’art sacré. Détournant volontairement la forme du retable, pièce architecturale décorée qui se déploie à l’arrière des autels dans la plupart des églises, pour se rapprocher de celle du vitrail, il choisit de l’associer à des papiers découpés et des tampons aux formes inspirées de celles qui peuplent les tableaux de Chagall. Leur appropriation et leur utilisation permettra aux enfants de jouer et de comprendre la multitude de symboles que l’on retrouve dans les peintures et les vitraux du maître. Dans une atmosphère feutrée rappelant l’intérieur d’une cathédrale, l’atelier aboutira à la création d’un petit objet coloré. © Antonin Caniparoli

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POUR LE PUBLIC SCOLAIRE LUNDI+JEUDI+VENDREDI De la maternelle grande section à la cinquième De 10 :00 à 12 :00 De 13 :00 à 15 :00 2h / 100€ pour un groupe de 30 élèves maximum Pour réserver :

- par Internet www.centrepompidou-metz.fr / Billetterie en ligne - par mél en écrivant à [email protected] - par téléphone au 03 87 15 17 17 du lundi au vendredi et hors jours fériés

POUR LE PUBLIC INDIVIDUEL SAMEDI+DIMANCHE+JOUR FERIÉ (sauf le 1er mai) 5-7 ans : 11 :00 8-12 ans : 15 :00 1h30 / 5€ Inscriptions en ligne et sur place (sous réserve des places disponibles) Horaires supplémentaires pendant les vacances scolaires de la zone B : pour les 5-7 ans : MER. – 15:00 pour les 8-12 ans : LUN. + JEU. + VEN. - 15:00 Les ateliers enfants bénéficient du soutien du Groupe UEM et de sa filiale efluid

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6. INFORMATIONS PRATIQUES

OFFRES POUR LE PUBLIC SCOLAIRE Atelier-visite Les ateliers-visites sont spécifiquement adaptés aux 5-12 ans et se déroulent dans des espaces dédiés, ludiques et colorés et dans les lieux d’exposition (2h). Visite guidée La visite est animée par un médiateur Jeune Public qui crée une interaction ludique entre l’élève et l’œuvre : les thématiques des visites sont liées aux expositions en cours, ou à l'architecture du Centre Pompidou-Metz (1h30). Des visites autonomes sont possibles. Des outils de transmission sont mis à la disposition des professeurs pour préparer leur venue (dossiers découverte, livrets pour les élèves). ACCUEIL AU QUOTIDIEN Le Centre Pompidou-Metz accueille les groupes les lundi, mercredi, jeudi et vendredi. RÉSERVATIONS Période de réservation Il est possible de réserver des créneaux scolaires tout au long de l’année. Ouverture des réservations le 10 décembre 2020, pour la période de janvier à juillet 2021. Modes de réservation

- par Internet www.centrepompidou-metz.fr / Billetterie en ligne - par mél en écrivant à [email protected] - par téléphone au 03 87 15 17 17 du lundi au vendredi et hors jours fériés

Pour toute réservation à J-20, seul le mode de réservation par téléphone sera pris en compte. Pour les maternelles, les réservations se font uniquement par mél ou par téléphone. TARIFS

- Visite guidée d’une heure trente pour une classe de 35 élèves maximum, 70 € - Atelier/visite de deux heures pour une classe de 30 élèves maximum, 100 € - Visite en autonomie d’une heure pour une classe de 35 élèves maximum, gratuit

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HORAIRES (HORS PERIODE DE VACANCES SCOLAIRES DE LA ZONE B) Les lundi, jeudi et vendredi, les horaires sont les suivants : Matin : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 10h et 12h Après-midi : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 13h et 16h

En plus du public scolaire, le mercredi est réservé aux publics spécialisés, aux centres aérés. Pour toute information, nous sommes à votre disposition au 03 87 15 17 17. POUR ALLER PLUS LOIN LES WORKSHOPS Depuis son ouverture, le Centre Pompidou-Metz développe des actions d’éducation artistique et culturelle de la maternelle à la terminale. Pour tout renseignement, envoyer un mél à Anne Oster, chargée de médiation et des actions éducatives : [email protected] / 03 87 15 39 84 RESSOURCES PROFESSEURS RELAIS

Des formations personnalisées sont dispensées par les professeurs relais, sur rendez-vous les mercredis.

Pour tout renseignement s'adresser à [email protected]

OUTILS Le Centre Pompidou-Metz développe des outils de découverte, en étroite collaboration avec des professeurs missionnés par l'Education Nationale. Ces outils sont mis à disposition pour préparer ou approfondir la visite. Il est possible de les consulter sur le site : http://www.centrepompidou-metz.fr/dossiers ACCESSIBILITE OU « L’ART DE PARTAGER » Pour un partenariat enseignement spécialisé et champ social avec accueil adapté, merci de contacter Jules Coly [email protected] (visites et ateliers gratuits sur signature d’une convention).

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NOTES

Ce document a été réalisé par le pôle des Publics du Centre Pompidou-Metz. Il est réservé exclusivement à une utilisation dans un cadre pédagogique