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    2/15travail & scurit n 742 septembre 2013

    RISQUES PSYCHOSOCIAUXET DOCUMENT UNIQUE DVALUATION DES RISQUES

    Changer de regardsur le travail

    DOSSIER

    Michel Galvin pour lINRS

    13

    14Des enjeuxde performance globale

    17Le ministre en appui des PME

    18 Un coup de jeune sur le documentunique

    20Petits et grands chassentles risques psychosociaux

    22Le dialogue au cur de la dmarche

    25Un rseau contre les risquespsychosociaux

    nDOSSIER RALISpar Cline Ravallec,avec Antoine Bondelle,Grgory Brasseur,Leslie Courbonet Cdric Duval.

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    Les risques psychosociaux(RPS) sont des risquesprofessionnels partentire. ce titre, ilsdoivent figurer dans le

    document unique dvaluationdes risques (DUER) de chaqueentreprise. Pourtant, la prisede conscience de la questiondes RPS en entreprise est rela-tivement rcente en France. la fin des annes 2000, avec lamdiatisation des suicides dansde grandes entreprises, acteursde prvention et entreprises se

    sont retrouvs face la difficultde savoir comment agir face auxRPS : comment sy prendre ? Parquel bout les aborder ? Commentorganiser une dmarche de pr-vention de ces risques immat-riels ?Aujourdhui, les chosesavancent. Des outils ont vu lejour. labors notamment parla Direction gnrale du travail,lINRS et lAnact 1, ils rpondentaux questions des entreprises grandes, moyennes ou petites,souvent dmunies sur la faon

    daborder le sujet , ou proposentdes mthodologies pour agir.Les problmatiques restent com-plexes mais ne sont pas inso-lubles et ces outils contribuent les traiter. Ces derniers mois,des mthodes pour intgrer lesRPS dans le document uniqueont aussi t publies (lire len-cadr Pour en savoir plus p. 16). En France, on a la chancedavoir une grande richesse,de proposer des mthodes quise rpondent, qui ne sont pasconcurrentes, il y a une relledynamique, constate Marie-

    Benote Sanglerat, charge demission au dpartement Santet travail de lAnact et pilotedu projet DU-RPS au sein delagence. Mme si elles peuventparatre chronophages, au final,elles font gagner du temps auxentreprises.

    Engager le dialogueCes mthodes privilgient lap-proche collective, et non indi-viduelle. Lide est de coller lesprit de lvaluation collec-tive des risques, en donnantune mthodologie et des pistesdaction, prsente Valrie Lan-gevin, chef du projet Applica-tion RPS lINRS. Comme le

    1415

    Des enjeuxde performanceglobale

    INSCRIRE LES RISQUES psychosociaux dans le document uniquerpond une obligation rglementaire. Afin daider les entrepriseset pour les accompagner dans leurs dmarches dvaluation

    des risques, plusieurs mthodologies sont aujourdhui disponibles.

    M

    ichelGalvinpo

    urlINRS

    LE RAPPORT GOLLACEn avril 2011, un collge dexperts prsid par

    le sociologue Michel Gollac a remis un rapport

    proposant des pistes pour la mise en place

    dun suivi statistique des risques psychosociaux.

    Six catgories de facteurs de risques ont t

    dfinies : intensit et temps de travail, exigencesmotionnelles, autonomie, qualit des rapports

    sociaux au travail, conflits de valeur (conflit

    thique, inutilit au travail), inscurit de la

    situation de travail.

    LINRS ET LES RPSParmi les thmatiques prioritaires des prochaines annes, le conseil

    daministration de lINRS a inscrit la prvention des RPS. Un groupe de travail

    pluridisciplinaire, pilot par Dominique Chouanire, chef du dpartement

    Homme au travail, mne des travaux afin de mettre disposition

    des entreprises et des prventeurs de nouvelles mthodes de prvention

    des RPS, de documenter les effets des nouveaux facteurs organisationnelset nouvelles contraintes sur la sant physique et mentale, et de leurs

    mcanismes de rgulation, de mettre en place une approche sur

    les facteurs du travail favorables la construction de la sant

    et dlaborer des outils et mthodes dobjectivation des facteurs de RPS.

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    dfinissent loutil RPS-DU delINRS et le kit de mthodologiede lAnact, la dmarche pourinscrire les RPS dans le DUERconsiste dfinir les risques,puis les valuer, les hirar-chiser et, enfin, tablir un plandaction. Aborder les RPS par ledocument unique ddramatisele sujet et permet de le traiter froid, considre Marie-BenoteSanglerat. Les dirigeantscraignent souvent une remiseen cause de leur managementet deux-mmes. Il faut les ras-surer, leur montrer quil y a desmarges de manuvre. Le mes-sage ainsi pass est vous tesdans votre rle demployeur,

    vous cherchez offrir de bonnesconditions de travail vos sala-ris. Une tape essentielle carune telle dmarche ne peut sefaire sans un engagement totalde la direction. Lexprience nous montre que,quelles que soient la taille et lac-tivit de lentreprise, on retrouvesouvent les mmes facteurs derisques psychosociaux : pointsde dysfonctionnement dans lor-ganisation du travail, manquede repres, rupture dans lacommunication, observe-t-elleencore.Il faut regarder le travailrel, dans sa dynamique et saglobalit, au-del des proces-sus et des postes, et prendre en

    compte lenvironnement de tra-vail. Pour mener une dmarchede prvention, les moyens dis-ponibles sont diffrents entre lesTPE et les plus grandes entre-prises, do des outils spci-fiques destins aux entreprisesde moins de 50 salaris, parmilesquels loutil Faire le point ,propos par lINRS. Ces outils mettent les acteursautour de la table, font remon-ter des dysfonctionnementstrs concrets sur lesquels il estpossible dagir. La controversepermet dargumenter, dillustrerles propos par des situationsde travail concrtes , expliqueBenot Grandjacques, charg de

    LES CINQ TAPESdune dmarche dvaluation et de prventiondes risques psychosociauxntape 1 : Prparer la dmarche de prvention

    (positionner et mobiliser les acteurs,sensibiliser et former les acteurs).

    ntape 2 : Reprer et valuer les facteursde RPS.

    ntape 3 : Dfinir un plan dactions.

    ntape 4 : Mettre en uvre les actions.

    ntape 5 : Rvaluer les facteurs de RPS.

    DFINITIONLes RPS correspondent des situations de travail o sont prsents :

    ndu stress : dsquilibre entre la perception quune personne a des contraintesde son environnement de travail et celle quelle a de ses propres ressourcespour y faire face ;

    ndes violences externes : insultes, menaces, agressions exerces dansle cadre du travail par des personnes extrieures lentreprise ;

    ndes violences internes : harclement moral ou sexuel, conflits exacerbs lintrieur de lentreprise.

    Ces risques peuvent tre induits par lactivit elle-mme ou gnrspar lorganisation et les relations de travail.

    M

    ichelGalvinpourlINRS

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    mission au dpartement Santet travail de lAnact. Dans lana-lyse, le management interm-diaire est souvent considrcomme une charnire dans laprvention des RPS. Cest unecatgorie qui, de par sa position,peut facilement tre stigmati-se. Lanalyse remet laccentsur le travail, sur les fonctionne-ments, vite de montrer du doigtdes personnes ou une catgo-rie de salaris , poursuit-il.Lexistence dun dialogue socialdans lentreprise peut faciliterle droulement dune dmarchede prvention des RPS. Mais

    les questions sur les rapportssociaux, les relations de travailet avec la hirarchie, restentles plus dlicates aborder ,estime Valrie Langevin.

    De la TPEau grand groupeSi les diffrents outils dispo-sition apportent une aide auxentreprises, cest toutefois ellesde sapproprier laction. Il nestpas forcment vident de faire cegenre de travail si lon nest pasiniti et familiaris. Dailleurs, siles mthodes institutionnelles sedveloppent, les cabinets privs

    ont aussi tendance proposerdes prestations sur le sujet. Pourrpondre la demande, un mar-ch sest cr, pas toujours defaon trs heureuse Commesaccordent dire tous les prota-gonistes qui se sont dj enga-gs, mener une dmarche deprvention des RPS fait chan-ger son rapport au travail et leregard de chacun sur le travail.Cest une posture qui va bienau-del de la porte du bureau.Cela demande une forte volontet un solide engagement, cest

    une implication la fois profes-sionnelle et personnelle. Pourdes rsultats qui ne sont pasimmdiats. Toutes les entre-prises ne sont pas encore mrespour sengager. Cela ncessiteune phase de sensibilisation,de formation et dinformation.Mais il est clair que, lavenir,la performance conomiquedes entreprises dpendra de laqualit de vie au travail quellesproposeront. Les enjeux lis auxrisques psychosociaux sont desenjeux de performance globaledes entreprises. n

    1. Anact : Agence nationale pourlamlioration des conditions de travail.

    C. R.

    1617

    TROIS QUESTIONS

    Jean-Christophe Julien,contrleur linspection du travail de lEssonne

    Travail & Scurit. Les TPE inscrivent-elles les RPS dansleur document unique dvaluation des risques ?Dans les TPE, le document unique nest pas toujours connu, encore

    aujourdhui. Malgr lobligation rglementaire depuis 2001, certaines

    nen ont toujours pas. En matire de risques, lvolution des mtiers

    ces dernires dcennies a fait que certains risques ont disparu pour

    en laisser apparatre de nouveaux, notamment les RPS.

    Comment les TPE se positionnent-ellessur la prvention des RPS ?Quand jaborde la question des RPS, jai parfois limpression dtre

    un commercial qui est l pour vendre le sujet, pour faire prendre

    conscience aux grants quils ont tout intrt simpliquer sur cette

    question. I ls ont souvent besoin dtre pauls. Cest pourquoi l outil

    Faire le point rpond un rel besoin des TPE. Il apporte une tramedans la rflexion, une vision globale de la dmarche et de sa finalit.

    Mais il faut russir dgager du temps pour se pencher sur ces

    questions, et associer les salaris, ce qui nest pas toujours facile.

    Quels acteurs peuvent les aider ?Les branches professionnelles peuvent jouer un rle important,

    du fait des facteurs de risques inhrents un domaine dactivit.

    Les mdecins du travail sont aussi des acteurs impliqus, tout comme

    les organismes tels que lAnact.

    partir du moment o lon sintresse aux salaris en tant qutres

    humains, on a les cartes en main pour russir une dmarche efficace,

    mme si le contexte actuel de crise conomique est loin de favoriser

    cette prise de recul.

    POUR EN SAVOIR PLUSnOutil Faire le point pour les entreprises de moins

    de 50 salaris, tlchargeable sur www.inrs.fr ouwww.travailler-mieux.gouv.fr. Il sagit dun tableau excel de41 questions gnralistes sur le travail pour identifier lesfacteurs de risques dans lentreprise. Une version existespcifiquement pour le secteur sanitaire et social.

    nKit mthodologique Prendre en compte les RPS dans ledocument unique en tlchargement sur www.anact.fr.

    Brochuresnvaluer les facteurs de risques psychosociaux : loutil RPS-DU

    (destin aux entreprises de plus de 50 salaris).ED 6140, INRS.

    nRisques psychosociaux et document unique : vos questions,nos rponses(guide complmentaire du prcdent).

    ED 6139, INRS.nStress au travail, les tapes dune dmarche de prvention.

    ED 6011, INRS.

    nDpister les risques psychosociaux, des indicateurs pour vousguider.ED 6012, INRS.

    consulter et tlcharger sur www.inrs.fr.

    M

    ichelGalvinpourlINRS

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    Travail & Scurit. De quanddate la dcision prise par lespouvoirs publics daider lespetites et moyennes entre-prises lutter contre lesrisques psychosociaux (RPS) ?Marianne Richard-Molard, res-ponsable de la cellule RPS ladirection gnrale du travail(DGT). Linitiative de coordon-ner un travail sur la construc-tion doutils destins aiderles entreprises de moins de 50salaris valuer les risquespsychosociaux a t prise parla DGT en 2010. Elle a abouti la mise en ligne, dbut octobre2012, dune dmarche dcritetape par tape et prsente surle site www.travailler-mieux.

    gouv.fr. Ce rsultat est le fruit destravaux dun groupe composde reprsentants de lINRS, delAnact, des Carsat, de la MSA, delOPPBTP et du Cisme.

    Comment est construite cettedmarche ?Boris Vieillard. La rubrique enligne se dcompose en trois par-ties : Pourquoi suis-je concern ?Comment faire ? Qui peut mai-der ? La premire partie rpondaux questions les plus couram-ment poses (le stress, pourquoise proccuper des RPS, quelleest lobligation lgale... ?). Laseconde propose une dmarcheen sappuyant sur deux outils

    adapts aux entreprises de moinsde 50 salaris : dune part, loutil Faire le point , dvelopp parlINRS (voir encadr p. 16) fournitdes cls de comprhension et despistes dactions pour les prve-nir. Dautre part, loutil Analysedes situations-problmes , issudune mthodologie Anact, pro-pose une dmarche danalyse partir de situations relles pouridentifier les causes, les cons-quences des problmes et ainsitrouver dans lorganisation delentreprise les cls damliora-tion. La troisime partie, Quipeut maider ? , donne la liste desprincipaux organismes pouvantinformer, conseiller ou accompa-gner les petites entreprises. Tout

    en sinspirant des outils propossaux entreprises de plus de 50salaris, la dmarche est ici sim-plifie pour sadapter aux pluspetites entreprises.

    Une campagne europennea t lance en 2012 sur laprise en compte de la prven-tion auprs des salaris expo-ss aux RPS. Quels en sont lesrsultats ?B. V. Les rsultats complets delenqute mene auprs du sec-teur mdico-social priv et decelui du commerce de dtailalimentaire sont accessibles surle site www.travailler-mieux.gouv.fr. 1 658 contrles ont t

    conduits, dont 48 % dans lesecteur mdico-social. Dans lesdeux secteurs, les facteurs derisques qui ont prioritairementfait lobjet dune valuation etpar la suite dactions de pr-vention sont, par ordre dimpor-tance : les exigences motion-nelles ; lintensit et le temps detravail ; les rapports sociaux autravail. Le nombre dtablisse-ments contrls qui ont la foisengag une valuation des RPSet conduit un plan dactions restefaible. On constate galementune diffrence significative entreles deux secteurs : dans le sec-teur sanitaire et social, 65 % ontvalu au moins un facteur derisque et 33 % ont mis en place

    un plan dactions. Dans le sec-teur du commerce de dtail, lesproportions sont respectivementde 41 % et 15 %. Dernier point :le CHSCT, quand il existe, a unrle moteur en matire de pr-vention des RPS. Quil sagissede son existence mme, du bonfonctionnement du dialoguesocial au sein de cette instanceou de la formation des membres,ces facteurs concourent lenga-gement dactions dvaluation etde prvention des RPS. De mme,limplication du service de santau travail est galement dter-minante dans la mise en mouve-ment de lentreprise.

    Propos recueillis par A. B.

    LA DIRECTION GNRALE DU TRAVAIL (DGT), une cellule RPS a vu le jour,afin de coordonner les actions de prvention au niveau national, notammentvers les PME. Marianne Richard-Molard et Boris Vieillard, membres de cette cellule,rpondent aux questions de Travail & Scurit.

    Le ministre en appui des PME

    UNE EXPRIMENTATION DANS LA VIENNELAssociation du service de sant au travail de la Vienne

    (ASSTV), base Poitiers, a men une exprimentation de

    loutil Faire le point auprs de 21 entreprises du

    dpartement. Il sagissait dentreprises de 2 60 salaris

    dans les secteurs de la formation, de la petite enfance, de

    linsertion professionnelle, des services la personne, ducommerce, des industries mcaniques Enseignements

    tirs : cest un outil que les reprsentants du personnel

    peuvent sapproprier, il facilite la transcription des RPS dans

    le document unique et il permet lemployeur dassumer sa

    responsabilit de prvention de la sant physique et mentale,

    commente Michelle Roche, psychologue du travail lASSTV.

    Points ngatifs observs : la prsence dun tiers peut tre

    ncessaire pour engager et rguler le dialogue, il existe un

    risque que la parole ne soit pas libre en prsence de

    lemployeur ; le questionnaire est parfois ressenti comme tropgnraliste et ncessite dtre reformul en fonction des

    secteurs ou des mtiers ; do galement une difficult faire

    consensus quand plusieurs mtiers sont reprsents dans

    une quipe.

    REPRESnUNE DCLINAISONde loutil Faire le

    point pour les

    petites entreprises

    du secteur sanitaire

    et social vient

    dtre mise en lignesur www.inrs.fr/

    accueil/produits/

    mediatheque.html.

    (rfrence outil42).

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    Que nai-je pas vu ?Y a-t-il de la souf-france dans lentre-prise ? Quels fac-teurs ont conduit

    une telle situation ? Aux pre-miers jours de lanne 2012,les interrogations se succdentdans lesprit de Vincent Mauzac.Cogrant de lentreprise Mare-doc, spcialise dans llevagedhutres et le conditionnementde coquillages sur les sites deLoupian et Frontignan, dans

    lHrault, il ne sait comment ra-gir face un cas de plainte pourharclement. Pour lensembledes salaris de cette unit auxdimensions familiales, o toutle monde se connat , cestlincomprhension. lpoque,les risques psychosociaux (RPS)nont pas t rpertoris dansle document unique dvalua-tion des risques. Et sils restentnbuleux aux yeux de la direc-tion, celle-ci nen est pas moinsdtermine sengager sur lesujet. Nous avions un problme faceauquel il tait impensable derester sourd, soutient VincentMauzac. videmment, on a peur.

    videmment, lentreprise estsur ses gardes. Mais javais laconviction quil fallait mettre enroute quelque chose qui apporte chacun un sentiment de recon-naissance. Sur les conseils delinspection du travail, il se rap-proche de la Carsat Languedoc-Roussillon, o une cellule RPSa t cre deux ans plus tt.Ds le mois de mars, JacquelineLavictoire, contrleur de scuritappartenant cette cellule, pro-cde une analyse de la situa-

    tion. Un outil Faire le point ,destin aider les entreprisesde moins de 50 salaris va-luer les RPS pour les intgrer audocument unique, est alors encours de finalisation.

    Respecter la neutralitdes changesSappuyant sur un ensemblede questions, il sagit damenerlentreprise sinterroger sur laprsence ou non de ces risques,de fournir des cls de compr-hension et des pistes dactionspour les prvenir. La Carsatle prsente aux grants quiacceptent de le tester. Il exis-tait dans lentreprise le climat de

    confiance minimale indispen-sable la mise en uvre dunetelle dmarche , estime Jacque-line Lavictoire. Premire tapedu travail : informer et provoquerune discussion btons rompus.Un comit de pilotage est mis enplace. Nous devions tre prsentspour accompagner et soutenirlentreprise, mais il tait impor-tant quelle garde la main ,poursuit le contrleur de scu-rit. Lensemble des salaris a

    t runi et les gens se sont sen-tis considrs , atteste MaryseOstalrich, dlgue du personnelet comptable. Pour rpondre auxquestions, deux groupes sontconstitus, reprsentant cha-cun un site et ses spcificits. Nous avions insist sur le faitque la direction serait absentelors du remplissage du question-naire. Les groupes ont travaillde faon totalement indpen-dante , indique Cyrielle Brault,responsable qualit. Jolle Pac-chiarini, ingnieur-conseil laCarsat Languedoc-Roussillon etresponsable de la cellule RPS,anime lintervention. La pr-sence de quelquun de neutre,

    1819

    CONFRONTS UN RISQUE DENLISEMENTdune situation conflictuelle,les ostriculteurs de Maredoc, implants autour de ltang de Thau, ont investila prvention des risques psychosociaux. Un outil daide lvaluation, propospar la Carsat Languedoc-Roussillon, leur a permis de mieux apprhenderces questions et de complter le document unique dvaluation des risques.

    Un coup de jeune

    sur le documentunique

    PLUSIEURS GNRATIONS DOSTRICULTEURSLhutre de Bouzigues est au cur du mtier de Maredoc,

    entreprise ne en 1989 de la runion de trois associs,

    Vincent Mauzac, Norbert Defend et Daniel Vidal, fils et

    petits-fils dostriculteurs. Lentreprise, qui emploie

    19 salaris temps plein ainsi quun volant de 10

    15 personnes en intrim, commercialise 3 000 tonnes decoquillages par an pour une clientle rpartie entre grandes

    surfaces, grossistes et quelques dtaillants. Sur le site de

    Frontignan, o est concentr lessentiel de lactivit, les

    oprateurs trient et conditionnent des moules dimportation.

    Sur une surface de 1 000 m2, lentreprise dispose de

    16 colonnes et de deux bassins de purification, de deux lignes

    de dbyssussage (retrait du byssus, qui permet au coquillage

    de se fixer un support) et de deux lignes de

    conditionnement de barquettes sous vide. Loupian,

    Maredoc assure la production, le tri et le conditionnementdhutres et de petits coquillages, en provenance de ses

    propres tables dlevage dans ltang de Thau.

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    capable de catalyser lexpres-sion du groupe, qui doit restercentre sur le travail, permet

    de recueillir des ractions aussiobjectives que spontanes ,explique-t-elle.

    Contraintesadministrativeset gestion des congsLors de lanalyse des rsultats,ce sont particulirement sixtypes de facteurs de risques psy-chosociaux au travail, qui sontobservs : intensit et temps detravail, exigences motionnelles,autonomie, rapports sociaux autravail, sens du travail, inscu-rit de la situation de travail 1. Leregard se porte galement surlimpact des RPS sur lentrepriseet les salaris et le contexte de

    prvention dans lentreprise. Sur lensemble des thmes,nous navons observ que des

    risques faibles ou modrs, cer-tifie Jolle Pacchiarini.Des contraintes administratives,ainsi que des difficults lies la production, sont toutefois res-sorties. Le comit de pilotage alabor un plan daction qui at prsent aux salaris. Nousavions par exemple relev desdifficults concilier vie pro-fessionnelle et vie prive parrapport une problmatiquede prise de congs, expliqueCyrielle Brault. La direction etle responsable de production enont parl et ont propos la miseen place dun calendrier o lessalaris seraient invits noterleurs souhaits de congs. En tou-

    chant une question de mana-gement, nous sommes parvenus un meilleur consensus et avonsdj rduit un certain nombre de

    conflits. la suite de lexpression dunmanque concernant les retoursclients, quil sagisse des pointsde satisfaction ou des problmesde non-conformit, une newslet-ter est mise en place. Elle fait lepoint sur les avances rcentesde lactivit ainsi que sur les casde rclamations. Avec la mmeide de donner du sens au tra-vail, la cration dun baromtrede satisfaction est ltude.Aujourdhui, la sant au travailsest invite dans le dbat. Pourmoi, ce qui a t exprim vienten complment de ce qui se ditlors de lentretien individuel ,affirme Vincent Mauzac.Les facteurs de risques psycho-sociaux ont par ailleurs t int-grs dans le document uniquedvaluation des risques, o sontrpertories les actions prven-tives ralises et les perspec-tives. On peut parler de coupde jeune port sur le document

    unique, qui est aujourdhui unvritable outil de prvention.Les salaris sont les premierstmoins de limpact sur le quoti-dien au travail, affirme CyrielleBrault. Pour Jacqueline Lavic-toire, il est important de prciserque ce travail sur les RPS a tmen sans jamais perdre devue les objectifs de prventionglobale . Lentreprise a affinson valuation des risques et,ainsi, progress, y compris surla prvention des risques plus classiques , tels que les risquesphysiques. n

    1. Lire lencadr p. 14.

    G. B.

    AIDE FINANCIRE SIMPLIFIELa Carsat Languedoc-Roussillon a mis en place une aide financire

    simplifie pour lvaluation des RPS avec lintervention

    dun consultant extrieur rfrenc pour les entreprises qui en font

    la demande. Un projet de formation de consultants la mise en place

    de loutil dvaluation des RPS et lanimation des groupes est ltude. Loutil, conu pour des entreprises de moins de 50 salaris,

    a vocation les inciter intgrer les RPS dans le document unique.

    Les plus grosses structures peuvent se lapproprier en fonctionnant

    par units de travail, explique Jolle Pacchiarini, ingnieur-conseil

    la Carsat.

    IL EXTERNE-COMPTENCE INTERNELe contrleur de la Carsat ou le consultant rfrenc

    est le garant du bon droulement de laction et de la

    validation de chaque tape dune dmarche qui requiert

    la participation des salaris, invits sexprimer sur le

    contenu de leur activit, leur mtier et le terrain. Pourprenniser laction, un rfrent RPS interne peut tre

    form. Il suivra notamment la prise en compte des

    facteurs de risques psychosociaux dans le document

    unique dvaluation des risques.

    M

    ichelGalvinpourlINRS

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    Lentreprise Constructionsmtalliques Schmitt,situe Guebwiller dansle Haut-Rhin, fabriquedes biens dquipements

    pour lindustrie et sest spcia-lise dans les prototypes et lesprsries. Dans cette entreprisede 25 salaris o proximit etdialogue avec le patron sont lapolitique, les risques psychoso-ciaux (RPS) taient a prioripeuprsents. En avril 2012, lademande de la Carsat Alsace-

    Moselle, lentreprise a testloutil Faire le point , qui per-met aux entreprises de moinsde 50 salaris didentifier lesfacteurs de risques psychoso-ciaux (lire larticle pages 18-19)Objectif : voir si les questions deloutil taient comprhensibleset quels taient les facteurs derisques dans cette entreprise.Si elle avait mentionn les RPSdans son document unique, ellene les avait pas identifis commeun risque majeur. Le mdecin du travail avaitfait une tude valuation dubien-tre au travail, qui estimele bien-tre au travail sur unechelle de 1 10. Les rsultats

    taient bons, mais loutil Faire lepoint nous a permis de rflchiraux facteurs de risques. Celui-ciet ltude du mdecin du travailsont complmentaires, expliqueJean-Luc Schmitt, le directeur.Deux groupes de travail ontt forms. Le premier, chargdvaluer les facteurs de risquesen production, tait constitu dudirecteur, des deux dlgus dupersonnel, du mdecin du tra-vail, de Laurence Weibel, char-ge de la prvention des RPS la

    Carsat Alsace-Moselle, ainsi quedu contrleur de scurit, DanielJurgensen. Le deuxime groupecomprenait les deux dlgus dupersonnel et la secrtaire, pourvaluer les facteurs de risquesdu secteur administratif.Une premire runion a per-mis de prendre connaissancedes questions pour vrifier quechacun les comprenait bien. Certaines questions taienthors sujet par rapport notreactivit, se souvient ric Vives,technicien datelier et dlgudu personnel. Par exemple, laquestion Dans leur travail, lessalaris doivent-ils faire bonnefigure en toutes circonstances

    les a surpris dans un premiertemps, avant quils ne com-prennent quelle sadressait des mtiers en contact avec dupublic. Les dlgus du person-nel ont ensuite discut avec lessalaris des questions qui fai-saient dbat et, un mois plus tard,le groupe sest runi pour rem-plir la gri lle. Une heure et demiea t ncessaire. Le consensusna pas t compliqu trouver,facilit par la prsence du mde-cin du travail et du contrleur

    de scurit qui apportaient leurvision extrieure lentreprise,tout en connaissant ses activitset ses contraintes.

    Dialogue facilitet ouvertDeux facteurs de stress ont tdtects. Le premier concernela production : Nous travaillonsen flux tendu,explique BertrandBuck, technicien mthode ettudes. Il faut toujours sadap-ter au client, dont les exigencesaugmentent continuellementet qui ne nous donne pas tou-jours toutes les informationsau moment o nous en avonsbesoin, malgr des dlais sys-

    2021

    LES DMARCHES pouridentifier les facteurs de risques psychosociauxdune petite et dune grande entreprise peuvent sembler proches,mais leur mise en uvre diffre. Illustration de ces approches dans

    une TPE et dans une Carsat.

    Petits et grands chassentles risquespsychosociaux

    MIEUX VAUT TARD QUE JAMAISLentreprise Schmitt emploie des personnes ayant une formation

    dlectricien ou de peintre, ou issues du milieu automobile. Elle les forme

    ensuite au mtier de tlier ou la dcoupe laser. Les principaux risques

    sont ceux lis au bruit et la chute de pices pouvant peser plusieurs

    centaines de kilos. Lorsquelle a cr son document unique, en 2000, chaquesalari a t sollicit pour recenser les risques auxquels il tait confront

    au cours de sa journe de travail. cette poque, o on parlait peu de stress,

    ce risque nest pas ressorti. Ce nest que plus tard quil a t intgr

    au document unique.

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    travail & scurit n 742 septembre 2013

    tmatiquement trs courts quenous devons respecter. Cette

    situation gnre du stress. Ledeuxime concerne le poste desecrtaire, quoccupe YvetteZeyer : Je suis constammentinterrompue dans mes tchespour rpondre au tlphone ouaux mails. Des problmatiquesdont lentreprise tait conscienteet quelle a pu intgrer sondocument unique. Loutil nous a permis de mettreles choses sur le papier et de voirque les dlgus du personnelet moi avions la mme analyse.Cela a aussi permis de verba-liser certaines choses et dvi-ter les malentendus , expliqueJean-Luc Schmitt. Cet outil estsurtout utilisable quand le cli-

    mat social de lentreprise le per-met, pas quand il y a conflit. Ilfaut une bonne entente entre ladirection et les reprsentants du

    personnel afin que le dialoguesoit facilit et le dbat ouvert ,constate Laurence Weibel. Ilprsente lavantage dinterrogerlorganisation du travail, mais ilne donne pas dindications surce qui apporte du bien-tre ,regrette Catherine Lvy, lamdecin du travail qui suit len-treprise Schmitt.Quant aux actions correctives,chacun saccorde dire que lessolutions sont difficiles trouver.Face la demande des clients,mme si les moyens sont misen place avec des heures sup-plmentaires ou des ngocia-tions avec le client sur la date delivraison, le stress li au manquede temps demeure. Et si, poursoulager la secrtaire, des lignesdirectes ont t cres afinquelle soit moins drange parles appels, les clients les utilisentencore peu.

    Des actions court,

    moyen et long termeAutre lieu, autre chelle, autreoutil. Strasbourg, la CarsatAlsace-Moselle elle-mme sestengage dans une dmarche,appele Bien-tre au travail .Elle sappuie sur loutil RPS-DUde lINRS, constitu dune grilledvaluation dune vingtainede questions rparties en septgrandes familles de risques, etadapt aux entreprises de plusde 50 salaris. Pour tablir lesfacteurs de risques auxquels les1 055 salaris de la Carsat sontconfronts, deux instances ontt cres : un groupe de pilo-tage, constitu de la direction,des ressources humaines, de

    lanimatrice scurit, de la per-sonne ressource RPS du serviceprvention, des mdecins dutravail, des reprsentants du

    CE et du CHSCT ; et un groupeoprationnel qui va la ren-contre des salaris pour les fairerpondre aux questions et faireremonter linformation au comitde pilotage. Il est constitu dunmembre du CHSCT et de lani-matrice scurit. 52 units detravail ont t dfinies, corres-pondant aux diffrents services.Le comit oprationnel rencontredes membres de chaque unit detravail pour un change autourdes questions de loutil RPS-DU.Aprs synthse et retranscriptiondes facteurs de risques et despistes damlioration, le groupeoprationnel rapporte au comitde pilotage. Ensuite, cest lenca-drement qui se saisit des plansdactions afin de mettre en placedans son secteur des actions court terme pour les plus aiseset moyen et long termes pourles points les plus dlicats. Desacteurs dtermins dfinissentet mettent en uvre des actions.

    Si des thmatiques communesse dgagent aprs la rencontrede plusieurs units de service, larflexion sera engage lchellede lentreprise, explique CarineHamza, lanimatrice scurit.Les diffrents points soulevsviendront enrichir le documentunique dans lequel, actuelle-ment, les principaux facteursde risques identifis sont lisau contact avec le public. Unedmarche qui sinscrit sur le longterme et qui se construit petit petit, dans une logique damlio-ration continue. n

    1. Lire lencadr p. 14.

    L. C.

    INTERVIEWREN MARBACH, directeur de la Carsat Alsace-Moselle

    Pour enclencher le dispositif, nous nous sommes appuys

    sur la fusion de la Caisse rgionale dassurance maladieet de la Caisse rgionale dassurance vieillesse en avril 2012,

    que nous avons vue comme une opportunit. La fusionamenait en effet des risques supplmentaires, du fait des

    changements de lieux, doutils de travail, de management

    Lobjectif de cette dmarche est didentifier les facteursde risques psychosociaux. Lquipe pilote est trs motive.

    Mais il est ncessaire que chacun sengage, y compris les

    managers qui doivent accepter, le cas chant, de changercertaines choses. La dmarche a fait lobjet de

    communications en interne et nous souhaitons que, lorsqueplusieurs units auront t rencontres, leur exemple

    convainque les salaris et les managers des autres units.

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    Voil prs de quatre ansque lusine Monier,base Roumazires-Loubert, en Charente,sest lance dans une

    dmarche danalyse et dvalua-tion des risques psychosociaux(RPS). Cette fabrique de tuilestraditionnelles et dornementspour toitures ntait pas parti-culirement concerne par lesRPS. La dcision a t prise la fin de lanne 2009 par ledirecteur oprationnel des res-sources humaines du groupede la nommer comme site pilote

    pour dployer une dmarchedinscription des RPS dans ledocument unique dvaluationdes risques (DUER). Avec plusde 200 salaris lpoque, lesite de Roumazires tait lundes plus grands du groupe,offrant un panel vari de situa-tions de travail. Monier a tla premire entreprise nousfaire une demande daide linscription des risques psy-chosociaux dans son documentunique, relate Audrey Dassens,charge de mission lAractPoitou-Charentes (voir lenca-dr page suivante). Ils taientalors prcurseurs et avaient unerelle volont de se lancer dans

    la dmarche. Le site tait djtrs impliqu dans les questionsde sant et scurit.Une premire phase test a tmene de juin octobre 2010.Trois postes ont fait lobjetdtudes : oprateur lectropost, commercial itinrant,technicien de maintenance pr-ventive. Huit journes talessur neuf mois, de novembre2010 juillet 2011, ont alorst ncessaires pour tendre ladmarche aux autres services.Cinq jours de formation ont per-mis de mettre en uvre le pro-

    jet, en mobilisant les acteursinternes (deux porteurs du pro-

    jet, groupe de travail, comitde pilotage). Lanimation et lesoutien ont t raliss dansun premier temps par lAnactet lAract Poitou-Charentes. Ilfallait combattre limage encorefloue lie aux risques psycho-sociaux , explique FlorenceLeconte-Bayle, charge des res-sources humaines sur le site. Legroupe de travail comptait lesdeux porteurs du projet (lani-mateur prvention et la chargeRH), deux chefs dquipe, unepersonne de la maintenance,une personne du parc logis-

    tique et deux oprateurs deproduction. La constitution dugroupe est importante pour laprennit de laction, tmoigneJean-Paul Thomas, animateurprvention scurit sur le site.Aucun membre ntait sensi-bilis aux RPS la base, maistout le monde sest investi. Laformation a permis lensembledes membres du groupe de tra-vail de sapproprier la dmarcheet les techniques dentretiens.

    Redfinir les rglesChaque membre a ensuite mendes entretiens auprs de 42 per-sonnes au total, reprsentativesdes diffrents services. Des

    2223

    Le dialogue au cur

    de la dmarcheLUSINE DE FABRICATION de tuiles Monier, en Charente, a men en 2010-2011une dmarche danalyse et dvaluation des risques psychosociaux pourles intgrer dans son document unique. Loccasion pour les participantsde changer leur regard sur le travail.

    MONIER FACE L'HISTOIREPrsente depuis la fin du XIXesicle avec ses tuileries de

    Roumazires et Marseille, lentreprise a connu depuis

    plusieurs regroupements ou changements dactionnaires

    aboutissant la constitution de Monier France en juillet

    2008. Le groupe compte aujourdhui huit usines : quatrede production de terre cuite, quatre de production

    minrale, ainsi que quatre sites logistiques et six

    directions rgionales commerciales.

    PROCESS DE FABRICATION DUNE TUILE Extraction des matriaux.

    Mlange des terres (70 % dargile + 30 % de sable) qui sont broyes,

    lamines, malaxes pour obtenir la granulomtrie souhaite.

    Moulage.

    Pressage selon le modle fabriquer et la forme donner aux tuiles. Schage durant 20 30 heures.

    Cuisson en four durant une vingtaine dheures, des tempratures

    pouvant atteindre 1 000 C.

    Dpilage.

    Tri et conditionnement.

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    situations-problmes ou desdifficults rencontres dans letravail ont ainsi pu tre remon-tes. Au total, 93 situations-

    problmes ont t recenses etregroupes en 18 catgories.Le groupe de travail les a va-lues puis a slectionn les septcatgories les plus pertinentes analyser. Dans chaque cat-gorie, le groupe a tudi unesituation-problme retenir.Il a ensuite analys les quatresituations les plus pertinentes :diffrends au sein dune quipe,confusion des rles et mis-sions, diffrends entre services,manque dentraide. Ont ensuitet identifis les facteurs deRPS inscrire dans le DUER. Ilsagissait notamment de ten-sions, de dysfonctionnementsdans le circuit dinformation etde trop grandes individualitsau dtriment du collectif. Dslors, le groupe a rflchi auxactions relatives chaque fac-teur de risques psychosociaux mener. Laction la plus significativea port sur lamlioration de la

    communication entre les res-ponsables dquipes (respon-sables dunit, de maintenance,du process qualit),relate Jean-Paul Thomas.Il y avait rgulire-ment des points irritants qui serpercutaient sur les quipes, leschanges taient devenus trstendus entre les responsables.Nous avons instaur une runionhebdomadaire o ils discutentde tous les problmes rencontrsdans la semaine. a a eu un effetbnfique tonnant. Les gensse sont mis se reparler, celaa permis de dsamorcer beau-coup de petites choses, de mieuxcomprendre les contraintes descollgues, de mieux sorgani-

    ser. Quand il y a dsaccord, ily a dbat, mais ce nest plusconflictuel. Avant, chacun tiraitla couverture soi. Avec ces

    runions hebdomadaires, toutle monde a envie daller dansle mme sens. La gestion desastreintes a t galementrevue. Les quipes travaillent en5 x 8. La nuit et les week-ends,il ny a pas de responsable surle site. Il y avait beaucoup deflou sur les personnes appe-ler, et partir de quel momentles appeler. Cela engendrait desrats : certains taient appelsplusieurs fois, dautres pas dutout, il fallait redfinir des rgles,qui fait quoi, explique FlorenceLeconte-Bayle. Plus largement,ds quune question est poseen comit d'entreprise, en ru-nion de dlgus du personnelou en CHSCT, on instaure un rap-pel systmatique sur le sujet, parvoie daffichage le plus souvent.

    Un manque de fluiditdans la communicationLe dploiement de la mthodolo-gie en 2011 a montr des points

    positifs et dautres amliorer. Cela a permis de partager unvocabulaire commun autour desRPS, rsume Jean-Paul Tho-mas. Il y a aussi eu une fami-liarisation la mthodologieintgrant les RPS dans le docu-ment unique, et a a contribu un croisement des regardsdes diffrents acteurs sur lescontraintes de travail des autresservices. Enfin, cela a permisdlaborer des critres dvalua-tion des risques. Parmi les points amliorer, on a constat quilfallait allger la formation, am-liorer les techniques dentretien,et diffrencier la formation desporteurs du projet de celle des

    rfrents du groupe. Avant,pour moi, les RPS se limitaientaux conflits entre personnes,explique Victor da Silva, respon-sable dquipe sur une unit deproduction et membre du groupede travail sur les RPS.Participerau groupe de travail ma faitprendre conscience que le sujetest beaucoup plus large. Danslanalyse, on cherche identifiertous les facteurs irritants.Globalement, les problmesidentifis rsultaient dunmanque de fluidit dans la com-munication. On ne manque

    LES RISQUES PROFESSIONNELS ONT LA COTEPour coter les risques professionnels, trois critres ont t

    dfinis par lentreprise : probabilit doccurrence (P), frquence

    dexposition (F) et gravit (G) sur le travail, la sant des

    personnes, le collectif. Le niveau de risque est valu suivant

    la formule P x F x G. Si le rsultat est suprieur 300,

    lentreprise traite le risque en priorit. Une fois la cartographiedes risques ralise, ils ont t traits au fur et mesure en

    fonction des priorits. Un cueil viter est de ne pas coter

    les risques psychosociaux dans le document unique comme les

    autres risques professionnels, estime Jean-Paul Thomas.

    LE RLE DES ARACT limage de lAract Poitou-Charentes, le rseau Anact-Aract

    accompagne les entreprises pour inscrire les RPS dans leur

    document unique. Une formation de deux jours aide les

    reprsentants des entreprises sapproprier la mthodologie

    danalyse des situations de travail : reprage des facteurs

    de risque, modalits danimation des groupes de travail, grillesde questionnement et de recueil, outils danalyse et

    dvaluation Cette formation peut tre complte

    par un accompagnement individuel ou collectif auprs

    des entreprises.

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    pas de communication, maiselle est parfois mal adapte, maloriente , constate Jean-PaulThomas. Les actions menes nesont donc pas forcment spec-taculaires, mais on constateque les gens sont moins dans lejugement de lautre, plus dansla comprhension, commenteFlorence Leconte-Bayle. Unetelle dmarche est un travail delongue haleine, mais a aide distinguer plus facilement cequi est de lordre de lindividuelde ce qui est plus collectif. Endialoguant, les responsables

    peuvent se rendre compte quilssont confronts aux mmes pro-blmes. Les porteurs du projet eninterne sont trs dynamiques,ils se sont bien appropri lesujet, souligne Audrey Dassens.Et aujourdhui, ils continuent porter le projet. Le groupe detravail est en effet maintenantprennis sur le site. Sur les huitmembres du dpart, sept sonttoujours prsents. Une runiontrimestrielle se tient dsormais,en parallle de la runion duCHSCT. La question des RPS fait

    aujourdhui partie du quotidiende lentreprise, au mme titre queles autres risques profession-nels. Cest dailleurs parce quenous avions atteint un niveautel de prvention et de scuritsur les autres risques quinclurela dmarche RPS dans le DUERtait apparu comme ltape sui-vante logique , estime Jean-Paul Thomas. Cette dmarcheest devenue un lment partentire de notre politique desant au travail , conclut Flo-rence Leconte-Bayle. n

    C. R.

    2425

    COMMUNICATION AUTOUR DE LA DMARCHEUn travail rgulier de communication en interne a t ralis durant le dploiement de la

    dmarche. Avant la constitution du comit de pilotage de lancement, auprs du CHSCT et des

    salaris. Idem aprs le comit de pilotage de lancement, auprs de lencadrement pour

    linformer de la dmarche et des diffrents acteurs impliqus dans le projet, et auprs des

    salaris viades points mensuels pour les informer de la dmarche, notamment sur la phasede recueil terrain. Au terme du comit de pilotage de clture, le CHSCT a t inform

    des rsultats obtenus, et lencadrement et les salaris des actions damlioration retenues.

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    Travail & Scurit. Rseau detransport dlectricit (RTE) alanc en 2010 un plan nationalde prvention des RPS. Quellesen sont les grandes lignes ?Didier Landerer. Plusieurs fac-teurs sont aujourdhui suscep-tibles de gnrer des situationsstressantes pour les salaris :des dlais courts dintervention,des volutions technologiqueset des volutions dorganisationtenant compte des attentes denos clients. Face ce constat,

    lun des objectifs du plan deprvention national consistait

    parler des RPS dans lentreprisepour contribuer une meilleureprise de conscience. Il sagissaitgalement dancrer les actionsde prvention dans la dure,dviter lisolement des salarismais aussi de lutter contre lesviolences au travail et les addic-tions. La prise en charge dessituations de crise dans le col-lectif de travail tait considrecomme une autre priorit. Enfin,nous devions favoriser laccom-pagnement au changement.

    Concrtement, comment ceplan national sest-il traduitdans la rgion Est ?Anne Leduc.Chaque rgion dis-pose dun correspondant Qualitde vie au travail (QVT), chargde coordonner les actions deprvention des RPS. Ce rseauest une vritable force, car il per-met le partage dexpriences. Denotre ct, lune des ralisationssest inscrite dans le cadre dundmnagement. De nombreuxsalaris apprhendaient en effetce changement de locaux. Afinde les aider se projeter dans lenouveau btiment, nous avonsconsacr un journal interne au

    dmnagement. Une fte dedpart a ensuite t organise.Un mois aprs, chaque ser-vice tait invit prsenter sesquipes de manire libre. Cela adonn des choses trs crativeset a marqu le collectif de travailde manire positive. Sur place,nous avons galement sollicitun architecte dintrieur pouramnager des espaces de convi-vialit qui invitent se croiseret discuter. Parmi les autresactions que lon peut mention-

    ner, il y a celles en matire deprvention des addictions et laprparation dquipes au retourde cong longue maladie dunepersonne.

    quelles difficults tes-vousconfronts dans la prventiondes RPS ?A. L.Les troubles causs par lesRPS sont parfois subtils et leurdtection nest pas aise. Lemdecin du travail est donc unacteur majeur dans ce systme.Un autre problme est de savoirsil faut intervenir, et commentet quand il faut le faire. Maisla plus grande difficult restede savoir comment communi-

    EN 2010, RSEAU DE TRANSPORT DLECTRICIT (RTE)sest dot dun plandactions dentreprise sur la prvention des risques psychosociaux (RPS).Didier Landerer, responsable du groupe scurit au sein du dpartementSant, scurit, qualit de vie au travail, et Anne Leduc, correspondante QVT(qualit de vie au travail) en rgion Est, nous livrent les dtails de ce dispositif.

    Un rseau contre les risques

    psychosociaux

    LE PLUS GRAND RSEAU DEUROPERTE, socit anonyme filiale du groupe EDF, est le gestionnaire

    du rseau de transport dlectricit franais. Entreprise

    de service public, elle a pour mission lexploitation,

    la maintenance et le dveloppement du rseau haute et trs

    haute tension. Concrtement, RTE achemine llectricit entre

    les fournisseurs dlectricit et les consommateurs, quilssoient distributeurs dlectricit ou industriels directement

    raccords au rseau de transport. Lentreprise emploie en

    France 8 500 salaris rpartis dans sept rgions (Est,

    Nord-Est, Normandie, Ouest, Rhne-Alpes Auvergne, Sud-Est,

    Sud-Ouest). Avec 100 000 km de lignes et 46 lignes

    transfrontalires, le rseau gr par RTE est le plus important

    dEurope. Il doit nanmoins faire face un nouvel enjeu :

    lintgration des nergies renouvelables et intermittentes

    (solaire et olienne). Cela ncessite de dvelopper et

    dexploiter un rseau dlectricit plus flexible et plusintelligent.

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    quer autour de nos ralisationsconcrtes. En effet, il y a dansla plupart des cas un principede confidentialit respec-

    ter. En outre, les rsultats dansce domaine sont souvent fra-giles dans la dure et cela nousdemande beaucoup dhumilit.

    Comment ces actions sont-elles intgres dans le docu-ment unique ?D. L. ce jour, RTE dispose dunseul document unique (DU) pourtoute lentreprise. Une hirarchi-sation des risques existe nan-moins, en fonction des domainesprofessionnels. Concernant plusspcifiquement les RPS, notreenqute interne a permis dint-grer un tableau de classificationdes RPS dans notre DU. Une listede solutions de prvention estassocie. Elle est mise jourrgulirement pour tenir comptede lvolution de la rglementa-tion en nous appuyant sur notrerseau de correspondants QVT.Objectif : prvenir la source etagir avant que le problme ne setraduise par une pathologie.

    La rorganisation en cours ausein de RTE a-t-elle des cons-quences sur le DU ?D. L.Sans doute. Nous rflchis-sons la possibilit de rdigerun document unique par typedactivit, savoir la mainte-nance, le dveloppement etlingnierie, lexploitation et lesfonctions centrales. Cela nouspermettrait dtre plus finsdans notre hirarchisation desrisques et dans les mesures deprvention associes.

    Quelle est la place des mana-gers dans la prvention desRPS ?

    A. L. Leur rle est fondamen-tal. Ils sont les premiers mail-lons de la chane. Ils sont toutnaturellement les mieux placs

    pour identifier les personnestouches et mettre en placeles actions concrtes. Attentiontoutefois ne pas leur faire por-ter lentire responsabilit dela prvention. Il est essentielquils ne se sentent pas seuls. Ilsdoivent tre forms et soutenuspar la direction. Dans ce but,une animation sest drouleentre le mois de juin et le moisde septembre 2013, auprs desmanagers. cette occasion, lesujet de la prvention primairedes RPS a t abord. Cetteaction faisait suite la mise enligne dun module de e-lear-ningsur les RPS, destin tousles salaris.

    Quel a t limpact de ce plannational sur le stress desemploys ?D. L. Une chose est sre, notre

    enqute interne ralise en2010 a montr que les salarisconsidrent que lentrepriseuvre davantage pour amlio-rer la qualit de vie au travail.De plus, le retour dexpriencesdont nous disposons alimenteles rflexions actuelles que nousmenons pour concevoir un nou-veau plan daction pour 2014. Ildevrait se focaliser sur la qua-lit de vie au travail , termequi engloble la question desRPS. Ce changement de vocabledmontre lenvie d'aborder cetteproblmatique sur un angle plusconstructif et plus large, dansl'esprit de la rglementation. n

    Propos recueillis par C. D.

    2627

    M

    ichelGalvinpourlINRS

    UN OUTIL POUR LES GRANDES ENTREPRISESLa brochurevaluer les facteurs de risques psychosociaux :

    loutil RPS-DUdite par lINRS 1sert aux entreprises de plus

    de 50 salaris reprer et identifier les facteurs de risques

    psychosociaux auxquels peuvent tre soumis les salaris dans

    chaque unit de travail dune entreprise. Elle aide valuerles conditions et les circonstances dexposition. Loutil se

    prsente sous la forme dune grille dvaluation et dun tableau

    de synthse contenant les diffrentes familles de facteurs de

    RPS : intensit et complexit du travail, horaires de travail,

    exigences motionnelles, autonomie au travail, rapports sociaux

    au travail, conflits de valeurs, inscurit de lemploi et du travail.

    Un tableau de bord apporte des exemples daction possibles.

    Cette grille doit tre utilise dans le cadre de la dmarche

    gnrale dvaluation des risques pilote par le chef

    dentreprise ou une personne dlgue en interne. Sonutilisation vise ainsi rpondre diffrents points : objectifs de

    lvaluation des RPS, rle des acteurs dans lentreprise, planning

    prvisionnel

    1. ED 6140. tlcharger sur www.inrs.fr ou commander auprs desCaisses rgional es (Carsat, Cramif, CGSS).