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chapitre 4
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Impact et traitement des COV
FHC 2010 Page 26
CHAPITRE IV : Impact et traitement des COV
Introduction :
L'air que nous respirons n'est jamais totalement pur. Si l'azote et l'oxygène représentent
environ 99 % de la composition totale de l'air, on trouve dans le 1 % restant une grande
variété de composés plus ou moins agressifs pour l'homme et son environnement. Depuis le
début du siècle dernier, l'accroissement démographique et le développement industriel sont à
l'origine d'importantes émissions de gaz et de particules en suspension dans l'air. Les
modifications de la constitution de l'atmosphère qui en découlent, peuvent avoir des
répercussions aussi bien à l'échelle locale (conséquences sur la santé humaine, les végétaux ou
les matériaux) qu'à l'échelle planétaire (modification du climat : effet de serre, diminution de
la couche d'ozone stratosphérique).
Les polluants sont libérés dans l'air ambiant par des sources naturelles (volcans, océans,
végétation...) ou anthropiques (industrie, transport, chauffage...). Les principales émissions
anthropiques concernent :
• Le dioxyde de soufre (SO2),
• Les particules en suspension (PS),
• Les oxydes d'azote (NOx),
• Le monoxyde de carbone (CO),
• Les Composés Organiques Volatils (COV).
La pollution due aux émissions de COV peut être approchée de manière globale suivant
ses effets directs ou indirects (photo-oxydation) sur l’homme et sur le milieu environnant
récepteur. [14]
1. L’impact des COV
1.1 Les effets directs
Les émissions de COV ont un impact direct et important sur l’homme. Quelques données
sont relevées dans le tableau 1. L’un des premiers faits reconnus a été une relation entre
l’exposition à des vapeurs de benzène et la leucémie. De même, les effets cancérigènes du
1,3-Butadiène ont été révélés. Il en a été de même avec des produits utilisés dans la
fabrication de polymères comme l’acrylonitrile ou le chlorure de vinyle. En réponse au risque
potentiel que représentent les COV sur la santé, des normes de qualité d’air et des valeurs
guides ont donc été définies pour un certain nombre de produits volatils. Cependant, une
mauvaise connaissance de la chimie de ces molécules liée aux maladies contractées implique
une difficulté à définir des valeurs limites, des seuils maximaux et des teneurs cumulées
d’exposition. Des chiffres ont été cependant avancés de 5 ppb de concentration moyenne
annuelle pour le benzène ou de 1 à 2 ppb pour le 1,3-butadiène.
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Tableau 1 : Caractéristiques toxicologiques de quelques solvants. [8]
Composé
Acétate d’éthyle
Volatilité
Pénétration
cutanée
Pouvoir
irritant
Pouvoir
d’ébriété-
narcotique
Toxicité
spécifique
VME(1
VLE(2)
(ppm)
+++
+
++
+
-
400
-
Acétone +++ + + ++ 750
-
Benzène +++ ++ + ++ Moelle
osseuse
cancérogène
5
25
Dichloro-
méthane
+++ + +++ ++ Intoxication par
le CO
50
100
Éthers de glycol
à chaîne courte
+ ++ + + moelle osseuse
testicule
tératogène
5
5
Éthylène glycol + 0 ++ + rein (en aigu) -
50
n Hexane ++ ++ + ++ nerf
périphérique
50
-
Isopropanol ++ 0 + ++ - -
400
Méthanol ++ ++ + + nerf optique (en
aigu)
200
1000
Méthyl butyl
cétone (MBK)
+ + + ++ nerfs
périphériques
5
8
Méthyl éthyl
cétone (MEK)
+++ + + ++ 200
-
Méthyl isobutyl
cétone (MIBK)
+ + + ++ 50
-
Perchloro-
éthylène
++ + ++ + cancérogène ? 50
-
Styrène +++ ++ ++ ++ moelle osseuse
Foie
cancérogène ?
Tétrahydro-
furane
+++ ++ +++ + foie, nerfs 200
-
Toluène ++ + + ++ tératogène ? 100
150
Trichloro-
éthylène
++ ++ ++ ++ cœur
cancérogène
75
200
Xylène + ++ + ++ 100
150
(1) VME : Valeur moyenne d’exposition.
(2) VLE : Valeur limite d’exposition.
Les VME et VLE sont des valeurs données pour l’hygiène de travail (exposition 8 h/j et pour 40 h/semaine. Par
ailleurs, des valeurs d’exposition sont aussi publiées par l’OMS pour l’air ambiant.
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Le développement et l’amélioration récents des méthodes utilisées en épidémiologie ont
permis de faire des progrès importants dans la compréhension des relations entre la pollution
de l’air et la santé humaine. Bates (1995) présente de manière importante l’impact de
différents polluants de l’air sur la santé de l’homme. Ainsi, on peut citer : les particules et
poussières, les brouillards photochimiques et les aérosols acides, les NOx, les SOx, le CO, les
métaux et les composés organiques volatils. Toute la difficulté des études épidémiologiques
réside en fait dans la complexité de la composition de l’atmosphère. En effet, dans la mesure
où tous ces polluants sont simultanément présents dans l’atmosphère, il est difficile
d’identifier les effets propres à tel ou tel composé.
Une étude été menée dans la région de kanawha Valley en Caroline de Sud, USA, région
ayant une très forte concentration d’usines de produits chimiques. Ce travail fournit la preuve,
à partir de données collectées quotidiennement, que l’exposition aux COV était associée à une
augmentation des symptômes des maladies des voies respiratoires supérieures et inférieures,
des maux de tête, une irritation sensorielle et des éruptions cutanées. Ainsi, si l’on cite Bates
(1995), les COV provenant des activités liées au pétrole ( Benzène, Toluène, Xylène, n-
Pentanal) sont en relation avec des symptômes d’affectations des voies respiratoires et les
COV émis par d’autres industries comme le chloroforme, le chlorure de méthyl et de
méthylène, sont associés à des irritations nasales et oculaires.
Il convient de noter, cependant, qu’il existe un manque de recul dans ces études et que
peu d’informations sont disponibles pour les effets à long terme. [15] [16] [17]
1.2 Les effets indirects
Les COV participent à des réactions chimiques complexes se déroulant dans
l’atmosphère. Si l’on simplifie à outrance, on peut dire que les COV favorisent
l’augmentation de l’ozone dans la basse atmosphère (Troposphère). Un suivi de la
concentration d’ozone dans la troposphère dans différents lieux géographiques en Europe
montre des valeurs de 10 ppb (v) (21 µg/m3) en 1870 et de 50 ppb (v) (105 µg/m3) en 1990.
L’augmentation s’est accéléré avec en moyenne sur les 20 dernières années + 2,4 % par an.
Cette production d’ozone a bien sûr un impact sur l’homme et sur le milieu naturel.
Le transfert de COV présents dans l’air vers les milieux aquatiques pose quelques
problèmes. En effet, la production d’eau potable peut être altérée par la présence des solvants
dans les eaux souterraines ou de surface. Les COV peuvent être adsorbés sur différents solides
(argiles, limons …) et réapparaître par désorption lente de manière chronique dans le milieu
naturel. [5] [18]
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1.2.1 La photo-oxydation
L’ozone est naturellement présent dans l’air et sous forme par combinaisons du
dioxygène et d’un atome d’oxygène provenant de la dissociation du dioxyde d’azote sous
l’effet d’un rayonnement (h ) de longueur d’onde inférieur à 400 nm. Le cycle est bouclé par
la réaction de monoxyde d’azote sur l’ozone précédemment produit (figure 1). La production
d’un fort taux d’ozone résulte d’une modification du cycle par la présence des COV. En effet,
il existe une chaine complexe de réactions photochimiques et radicalaires qui permet la
production de N02, à partir de NO. Cette dernière réaction est possible si des réactifs
radicalaires, oxydants puissants provenant de la dégradation de COV, sont présents. On
obtient alors un déséquilibre entre les concentrations d’ozone et d’oxygène présentes dans
l’air comme le montre la modification du cycle de Chapman présenté sur la figure 2. Ces
réactions photochimiques ont des cinétiques relativement lentes, de quelques heures à
quelques jours, des réactions radicalaires étant quant à elles rapides (instabilité et réactivité
forte des radicaux). Elles dépendent des conditions météorologiques locales. Le taux moyen
d’ozone est actuellement évalué à 30 ppb. On estime que la concentration moyenne d’ozone
dans l’air a doublé durant les cent dernières années. Des modèles mathématiques
tridimensionnels de quantification de la réactivité et de dispersion des COV dans
l’atmosphère sont proposés.
Dans le cas spécifique de composés halogénés émis, des réactions de dissociation sous
l’influence du rayonnement ultraviolet et visible peuvent avoir lieu. On obtient alors un
relargage de dichlore ou de dibrome dans l’atmosphère. [5] [19]
Figure 1 : Cycle de Chapman : formation-destruction
de l’ozone au sein de l’atmosphère. [20]
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Figure 2 : Modification du cycle de Chapman en présence de COV. [20]
1.2.2 Les effets sur la santé
L’ozone est connu depuis longtemps pour ses effets indésirables à haute concentration
sur les voies respiratoires et en particulier chez les sujets ayant des problèmes d’asthme.
L’EPA (Environmental Propection Agency, États–Unis) a récemment recommandé une
concentration standard d’ozone dans l’air inférieure à 50 ppb (30,5 μg/m3) en ozone durant 8
heures. L’OMS (Europe, Organisation Mondiale de la Santé) donne une concentration guide
de 76 à 100 ppb (46 à 61 μg/m3). [5]
1.2.3 Les effets sur l’environnement
Les dommages créés par l’ozone sur les feuillages ont été établis. Par contre, les effets
sur les mécanismes d’attaque des fonctions vitales des plantes et des arbres ne sont pas encore
bien compris. Le tableau 2 regroupe quelques données qualitatives sur l’effet de l’ozone, donc
indirectement des COV sur des espèces végétales. [18]
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Tableau 2 : Sensibilité d’espèces végétales à l’ozone.
Type
Sensibilité
Avoine
Blé
Betterave
Haricot
Pommes de terre
Carotte
Chou
Tomate
Radis
Pois
Abricotier
Fraisier
Tabac
Chêne des marais
Erable negundo
Pin
Chêne pédonculé
Erable à sucre
Hêtre
Sapin douglas
+++
+++
+
+++
+++
++
++
+++
+++
++
+
+
+++
++
++
++
+
+
+
+
On note aussi des effets importants sur les surfaces peintes, laquées ou vernies, sur les
plastiques et les caoutchoucs qui vieillissent plus rapidement.
1.2.4 Les effets sur le climat
L’ozone est aussi un gaz à effet de serre et va donc induire une augmentation de la
température globale de la terre. En effet, l’ozone absorbe dans l’Infrarouge avec un coefficient
2000 plus fois important, vis-à-vis du rayonnement par les sols, qu’une molécule de gaz
carbonique. La part relative de l’ozone dans l’effet de serre, sur l’ensemble de la planète, est
estimée à 18 %. [8]
2. Traitements des COV
Le problème des COV ayant été mis en évidence et une première approche d’inventaire,
bien qu’imparfaite, ayant été proposée, il convenait donc, pour satisfaire les divers
engagements internationaux, de mètre en œuvre des techniques et des moyens de réduction
des émissions polluantes. Il est bien évident qu’une action préventive sur le système polluant
ou sur le procédé rejetant des COV est certainement la démarche première s’inscrivant dans
l’approche générale des technologies propres. Cependant, il est parfois nécessaire d’avoir une
action curative sur les émissions gazeuses chargées en COV. Cette démarche, bien que moins
élégante, est très souvent requise du fait d’installations industrielles dé jà en activité (on ne
construit pas un atelier de fabrication tous les jours) et/ou du fait d’un verrou technologique.
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OKEKE (1995) propose un classement des techniques selon que les COV sont détruits ou
conservés. La figure 3 regroupe ces différentes techniques. De manière arbitraire, il est aussi
possible de classer d’une autre façon les procédés de purification de l’air chargé en COV
suivant trois groupes : les traitements-thermiques (incinération et condensation) aux quels il
faudrait ajouter les techniques à plasma, les procédés de transfert avec ou sans réactions
chimiques (adsorption, absorption, membranes) et enfin les systèmes biologiques (biofiltres
et biolaveurs). [5] [21]
Figure 3 : Organigramme simplifié de différents procédés
de traitement et de contrôle des COV
présents dans des émissions gazeuses.
2.1 Les traitements thermiques
L’incinération thermique a lieu entre 600 et 850 °C selon les types de COV et les
procédés mis en œuvre. Si leur concentration est insuffisante, le système ne peut être auto-
thermique. Il est nécessaire alors d’avoir un appoint en combustible. Il existe des procédés
avec préchauffage de gaz et/ou avec récupération de chaleur par échangeurs. Une efficacité
énergétique de 95 % est obtenue avec des systèmes de multi-étages. Ces épurateurs sont dits
récupératifs ou régénératifs selon le mode de valorisation d’énergie.
Régénérative Récupérative Biofiltre Transfert physique Lit fixe
Lit mobile Transfert avec réaction Percolant Régénérative Récupérative
Fludisée Biolaveur Lit fluidisé
COV
Récupération Destruction
Thermique Catalytique Biofiltration
Condensation Membrane
Absorption Adsorption
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L’incinération catalytique met en jeu des catalyseurs d’oxydation et des températures de
destruction plus faibles (370 < T < 480 °C). Une destruction optimale de 95 % est obtenue
pour des débits de 2 000 à 160 000 m3h-1 et des concentrations dans l’air comprises entre 100
et 2 000 ppm. Le système peut être équipé d’échangeurs permettant une récupération de
chaleur impliquant une valorisation du traitement et donc un coût global de fonctionnement
moindre. [21]
2.2 La condensation
En jouant sur la variation de la pression de vapeur saturante avec la température, il est
possible de condenser les COV présents dans l’air. Le système est utilisable pour les faibles
débits, et pour de fortes concentrations (> 5 000 ppm) d’un COV ayant une température
d’ébullition supérieure à 40 °C au moins. Les systèmes mis en œuvre comprennent des
échangeurs permettant de récupérer les condensats et donc de recycler les solvants. [5]
2.3 Les procédés avec transfert
L’absorption consiste à transférer les COV de l’air dans une phase liquide. Des efficacités
supérieures à 98 % sont obtenues avec des débits gazeux jusqu’à 160 000 m3h-1. Le lavage de
gaz s’effectue dans des colonnes garnies ou des tours d’aspersion. Les solutions de lavage
peuvent être de l’eau, des solutions oxydantes ou des huiles lourdes. En outre, les liquides
réactifs sont utilisables et permettent d’accélérer les transferts par réaction d’oxydation de
l’absorbât.
L’adsorption est le processus de transfert de la phase gazeuse sur un solide poreux. On
donne des domaines d’abattement optimaux pour des débits de 150 à 20 000 m3h-1 et des
concentrations en COV de 20 à 5 000 ppm. Il est classique de travailler en lit fixe et de faire
fonctionner alternativement deux lits d’adsorbants avec un système en régénération. Cette
régénération est généralement thermique par un fluide caloporteur (vapeur d’eau, gaz ou air
chaud) ou par chauffage intrinsèque du matériau (effet joule direct ou chauffage par induction
électromagnétique).Le charbon actif est le matériau le plus communément utilisé sous la
forme de grains, mais des supports à base de fibres de carbone activé, tissus ou feutre,
commencent à être mis en œuvre. Des polymères ou des zéolites peuvent également être
utilisés. Les zéolites sont le plus souvent mises en œuvre dans des roues concentratrices
(systèmes rotatifs d’adsorption et de désorption en continu par un faible débit de gaz chaud)
appliquées par exemple pour le traitement des émissions de cabines de peinture. [5]
2.4 Les techniques membranaires
L’utilisation de membranes semi-perméables fait partie des technologies émergentes.
L’efficacité de l’opération est fonction de la pression appliquée et de la sélectivité de la
membrane. Des systèmes de modules peuvent être mis en série. Les membranes sont les plus
souvent couplées avec d’autres techniques comme l’adsorption ou la condensation. [5]
Impact et traitement des COV
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2.5 Les systèmes biologiques
Plus récemment, sont apparus sur le marché des procédés de traitements utilisant la
capacité des micro-organismes (bactérie, levures …) à dégrader des composés organiques
servant de substrat énergétique ou métabolique. Les cinétiques de dégradation sont
généralement lentes et demandent donc de grandes surfaces filtrantes. Cependant, des débits
importants à faibles concentration et à température ordinaire peuvent être traités par cette
technique faisant appel soit à des biofiltres soit à des biolaveurs soit à des filtres percolateurs.
Une gestion précise des installations est nécessaire en termes d’ensemencement des
garnissages, de préfiltration des gaz, d’humidification de l’air à traiter … [5]