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Chapitre 4 : la révolution nationale démocratique 4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles 4.2. les tâches de la révolution nationale démocratique 4.3. l’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique 4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles 1. Pour parler de « stratégie révolutionnaire », il faut d’abord savoir quel est le problème crucial, dominant qu’il faut à tout prix résoudre pour changer fondamentalement la situation marquée par la domination des puissances impérialistes dans la vie politique et économique du Congo. 2. Au Congo, la tâche révolutionnaire déterminante consiste à réaliser principalement l’élimination de la domination économique, politique, militaire et culturelle des puissances impérialistes et principalement des États-Unis, puis de la France. 3. Au Congo, cette domination s’exerce essentiellement par l’intermédiaire de la bourgeoisie compradore congolaise et les bourgeois compradors, agents de l’impérialisme dans la région. Ces bourgeoisies compradores sont des forces antipopulaires qui tiennent leur richesse et leur pouvoir grâce à leur alliance avec une ou plusieurs puissances impérialistes. 4. La même tâche déterminante s’était posée devant le peuple chinois vers les années 1840- 1920, lorsque la Chine était devenue une semi-colonie. La tâche de l’élimination de domination économique et politique par les puissances impérialistes a été accomplie par la victoire de la longue guerre de Libération, qui commença en 1924 et s’est terminée victorieusement le 1er octobre 1949. 5. Dans la constitution du Parti communiste chinois, il est expliqué que pour évoluer vers une société sans exploitation de l’homme par l’homme, c’est-à-dire une société communiste, il faut développer les forces productives en Chine. Le PCC estime que pour évoluer d’un pays économiquement arriéré vers un pays avec une économie modernisée comparable aux groupes de pays modérément développés, cela durera 100 ans. C’est-à-dire que cela prendrait jusqu’à 2050 pour sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouvait en 1949 et pour jeter les bases pour le développement d’une société communiste en Chine. 6. Mais l’histoire de la Chine est sous plusieurs aspects différente de celle du Congo. 7. Jusqu’au début des années 1800, la Chine avait été un des États les plus puissants de la terre, un État doté d’un pouvoir central fort. L’Empereur de Chine estimait diriger l’État le plus puissant du monde... 8. À l’opposé, le Congo n’a jamais connu un État central puissant, prenant appui sur une classe nationale dominante et puissante. Au Congo, la domination économique, politique, militaire et culturelle par les puissances impérialistes est le problème déterminant, vieux de cinq siècles! 9. Il y a eu d’abord la période de la traite d’esclaves entre 1500 et 1800. Dans cette période

Chapitre 4 : la révolution nationale démocratique

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Pour parler de « stratégie révolutionnaire », il faut d’abord savoir quel est le problème crucial, dominant qu’il faut à tout prix résoudre pour changer fondamentalement la situation marquée par la domination des puissances impérialistes dans la vie politique et économique du Congo.

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Page 1: Chapitre 4 : la révolution nationale démocratique

Chapitre 4 : la révolution nationale démocratique4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles

4.2. les tâches de la révolution nationale démocratique

4.3. l’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique

4.1. la domination impérialiste au Congo depuis 5 siècles

1. Pour parler de « stratégie révolutionnaire », il faut d’abord savoir quel est le problème crucial, dominant qu’il faut à tout prix résoudre pour changer fondamentalement la situation marquée par la domination des puissances impérialistes dans la vie politique et économique du Congo.

2. Au Congo, la tâche révolutionnaire déterminante consiste à réaliser principalement l’élimination de la domination économique, politique, militaire et culturelle des puissances impérialistes et principalement des États-Unis, puis de la France.

3. Au Congo, cette domination s’exerce essentiellement par l’intermédiaire de la bourgeoisie compradore congolaise et les bourgeois compradors, agents de l’impérialisme dans la région. Ces bourgeoisies compradores sont des forces antipopulaires qui tiennent leur richesse et leur pouvoir grâce à leur alliance avec une ou plusieurs puissances impérialistes.

4. La même tâche déterminante s’était posée devant le peuple chinois vers les années 1840-1920, lorsque la Chine était devenue une semi-colonie. La tâche de l’élimination de domination économique et politique par les puissances impérialistes a été accomplie par la victoire de la longue guerre de Libération, qui commença en 1924 et s’est terminée victorieusement le 1er octobre 1949.

5. Dans la constitution du Parti communiste chinois, il est expliqué que pour évoluer vers une société sans exploitation de l’homme par l’homme, c’est-à-dire une société communiste, il faut développer les forces productives en Chine. Le PCC estime que pour évoluer d’un pays économiquement arriéré vers un pays avec une économie modernisée comparable aux groupes de pays modérément développés, cela durera 100 ans. C’est-à-dire que cela prendrait jusqu’à 2050 pour sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouvait en 1949 et pour jeter les bases pour le développement d’une société communiste en Chine.

6. Mais l’histoire de la Chine est sous plusieurs aspects différente de celle du Congo.

7. Jusqu’au début des années 1800, la Chine avait été un des États les plus puissants de la terre, un État doté d’un pouvoir central fort. L’Empereur de Chine estimait diriger l’État le plus puissant du monde...

8. À l’opposé, le Congo n’a jamais connu un État central puissant, prenant appui sur une classe nationale dominante et puissante. Au Congo, la domination économique, politique, militaire et culturelle par les puissances impérialistes est le problème déterminant, vieux de cinq siècles!

9. Il y a eu d’abord la période de la traite d’esclaves entre 1500 et 1800. Dans cette période

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le mode de production capitaliste a décollé en Europe et cette période a aussi provoqué un « crash » terrible dans le développement de l’Afrique. Le produit intérieur brut (les richesses produites) de l’Afrique a été amputé de 30 % par an. L’Europe, par contre, a gagné dans cette période un « surplus » de son PIB de 30 % par an, grâce à la vente d’esclaves, le développement de la construction navale et du commerce international, amenant le sucre, le coton, le café, produits du travail des esclaves en Amérique vers l’Europe.

10. Le continent a connu dans cette période une perte énorme de population. Les estimations sont que 20 millions de jeunes hommes et femmes africains ont été transportés comme esclaves vers l’Amérique. Si l’on compte la perte en vies humaines à cause de la destruction des activités économiques et des infrastructures existantes et le manque de naissances d’enfants à cause de cette perte, on arrive à des chiffres allant jusqu’à 600 millions de personnes perdus pour l’Afrique, dans cette période. Proportionnellement cela durera encore jusqu’en 2050 avant que la population africaine forme 20 % de la population mondiale comme c’était le cas au milieu du 16e siècle.

11. La période de la domination coloniale a été un long calvaire pour le peuple congolais.

12. Le colonialisme de Léopold II a construit un grand État fortement centralisé au centre de l’Afrique. Or cet État était imposé à partir de l’extérieur et c’était une prison pour la population congolaise. Il n’y avait pas de droits politiques ni syndicaux. Un enseignement unilatéralement orienté vers l’école primaire sans possibilité de faire des études supérieures. Pour se former, un jeune congolais devait entrer dans le système paternaliste qui prévoyait la « possibilité » d’obtenir le statut d’évolué, c’est-à-dire quelqu’un qui « par ses comportements, manifestait un véritable désir d’atteindre un degré de civilisation supérieur ».

13. Si ce colonialisme a effectivement développé les forces productives, créé des entreprises, tracé des routes, organisé l’enseignement de base, c’était essentiellement pour apporter d’énormes profi ts aux capitalistes belges. Le taux de bénéfi ce moyen de l’ensemble des entreprises coloniales est estimé à 30 % pour la période allant de 1950 à 1955, et celui des sociétés minières même à 50 à 60 %. En 1928, la valeur des actions congolaises s’élevait à 26 % de la valeur totale des sociétés cotées en bourse. En 1955, celle-ci a atteint les 44 %.

14. La classe ouvrière congolaise a été formée dans un bref délai par la force. Le nombre de Congolais salariés a évolué de 47.000 en 1917 à 543.957 en 1939. La guerre constituait un excellent prétexte pour pousser le système du travail forcé à l’extrême : en 1944, le Congo comptait 691.067 salariés, ce qui correspond à une augmentation de 150.000 unités dans une période de 5 ans.

15. Les Congolais étaient expulsés des meilleures terres, confi squées et données aux grandes sociétés coloniales. Les impôts introduits par l’État colonial étaient aussi une manière d’obliger les Congolais à chercher du travail dans les compagnies coloniales. En 1940, un ouvrier devait travailler trois à six mois par an pour payer l’impôt direct et acquérir un certain pouvoir d’achat supplémentaire.

16. Le système de cultures obligatoires introduit depuis 1917 était encore une autre façon de forcer les Congolais à devenir des ouvriers. En 1937, on estimait le nombre de chefs de famille concernés par ce système à 700 000.

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17. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les cultures obligatoires ont été multipliées à l’extrême. La surface obligatoire destinée au coton est passée de 70 000 hectares en 1933 à 375 000 hectares en 1944. Entre 1939 et 1944, la surface où il fallait obligatoirement cultiver des palmiers s’est agrandie de 18 000 à 35 000 hectares. Pour le riz, elle est passée de 50 000 à 132 000 et pour le manioc de 157 000 à 340 000 hectares.

18. En 1924, un ouvrier de l’Union minière coûtait 8 000 à 9 000 francs par an, tandis qu’il rapportait 50 000 francs. En 1956, les 25 000 Blancs employés dans la colonie gagnaient presque autant que la totalité des 1 200 000 ouvriers noirs. Le revenu de ces 25 000 Blancs était également comparable au revenu de l’ensemble de la population rurale, c’est-à-dire d’à peu près 10 millions de personnes. Selon des chiffres exacts, 22 % du revenu national étaient destinés aux 25 000 Européens, 24 % aux 1 200 000 salariés congolais et 28 % étaient répartis sur l’ensemble de la population rurale. Un ouvrier noir gagnait à peu près 9 000 francs par an, tandis qu’un salarié blanc percevait en moyenne 400 000 francs.

19. En 1960-1965, l’indépendance fut confi squée et les défenseurs de l’indépendance, des lumumbistes assassinés en 1961 jusqu’aux rebelles mulélistes et simba en 1965, furent réprimés dans le sang. Des estimations comptent dans cette période un nombre de victimes allant de 300.000 à 1.000.000. Le système colonial était remplacé par le système néocolonial. Or la dictature néocoloniale était encore plus féroce que l’ancien colonialisme. Au lieu d’investir pour augmenter la production, l’impérialisme a diminué ses investissements et a commencé à soumettre le Congo à une exploitation de pillage, où l’on ne fait que prendre, sans investissements réels.

20. Quatre mécanismes ont détruit les infrastructures laissées par le colonialisme : 1) L’État néocolonial était laissé en dette depuis 1960. L’argent investi dans les années 60 et 70 dans des projets appelés « éléphants blancs », c’est-à-dire des projets énormes, mais pas rentables comme le barrage de Inga ou l’aciérie de Maluku, l’a été en majorité sous forme de crédit. Depuis 1983 le Zaïre était devenu un exportateur net de capital : les remboursements du principal et les paiements des intérêts, dépassaient le déboursement des prêts accordés. Entre 1983 et 1987 le Zaïre remboursait ainsi 830 millions de dollars en plus de ce qu’il recevait via le crédit extérieur.

2) L’évolution des prix des matières premières et des produits fi nis, en d’autres mots des produits d’exportation et d’importation du Zaïre, a évolué dans la période entre 60-97 d’une façon très négative pour l’économie du Zaïre dans le temps. Vers le bas pour l’exportation et vers le haut pour l’importation. En 1986, par exemple, le Zaïre a ainsi enregistré une moins-value de ses recettes d’exportations estimée à 400 millions de dollars, une somme égale à la moitié des recettes de l’État, à cause de ces évolutions des prix de produits d’exportation et d’importations, fi xés sur les bourses à Londres, Paris, Bruxelles et New York.

3) La dette a été employée par le Fonds Monétaire International pour imposer une politique libérale en fonction des intérêts des grandes multinationales. Sous prétexte d’améliorer le climat d’affaires, les multinationales doivent pouvoir se comporter comme en territoire conquis. L’État doit tout faire pour servir ces multinationales et garantir des bénéfi ces maximaux. Nous voyons toujours cette politique à l’œuvre, anno 2010 avec le chantage de First Quanstum et FreeportMcMoran, deux grandes multinationales occidentales qui refusent la révision de leurs contrat léonins qu’ils avaient su imposer dans une période que le Congo se trouvait avec le dos contre le mur, victime d’une guerre d’agression et ensuite d’une tutelle internationale.

4) En quatrième lieu, l’économie congolaise a été détruite par le maintien au pouvoir d’une classe de bourgeois très corrompus sous la direction de Mobutu. En 1985 la Banque Mondiale notait : que 21 % de toutes les importations dédouanées l’étaient en franchise. « L’allocation des devises se fait de façon arbitraire et partisane et sert en partie à des opérations spéculatives. Les recettes de l’État sont systématiquement

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surestimées, les dépenses sous-estimées, la majeure partie des revenus provenant du commerce en gros (...) et des revenus locatifs échappent à l’impôt », etc. En 1982, Blumenthal, un banquier allemand envoyé par le Fonds Monétaire Internationale pour améliorer la gestion de la Banque centrale, écrivait dans son rapport défi nitif que, vu la gabegie et la corruption massives par la classe mobutiste, il n’y avait « aucune chance que les créanciers pourraient un jour voir leur argent ». En dépit de cela, entre 1982 et 1989, le FMI a accordé au Zaïre le triple de ce qu’il lui avait accordé entre 1967 et 1982, la période sur laquelle Blumenthal avait enquêté. Ce fait démontre la complicité totale de la classe mobutiste compradore et l’impérialisme.

4.2. Les tâches de la révolution nationale démocratique au Congo

21. Le peuple congolais a depuis le début de la domination impérialiste résisté. Cette résistance a eu plusieurs formes et elle a eu plusieurs dirigeants. Quand, au terme de la première vague de la guerre d’agression américano-rwando-ougandaise, Laurent Kabila a prononcé deux discours majeurs sur les Comités du Pouvoir Populaire, en janvier et avril 1999, beaucoup pensaient qu’il était juste en train d’improviser. Laurent Kabila avait pourtant à juste titre ramené une idée maîtresse du Conseil National de Libération qui a mené une guerre révolutionnaire de résistance en 1964-1965.

22. Dans le programme du 5 avril 1964, le CNL avait formulé ses objectifs comme suit : « Restaurer la souveraineté populaire ; reconquérir l’indépendance nationale, rétablir la liberté et la démocratie nationale, restituer le patrimoine et la richesse nationale au peuple souverain et aux travailleurs, établir un gouvernement révolutionnaire, national et populaire. » L’idée du pouvoir national et populaire existait déjà dans le maquis de Pierre Mulele, en 1964-1968, où les villages libérés, étaient dirigés par un... Comité du Pouvoir Populaire !

23. Pour atteindre ses objectifs, le CNL a défi ni sa ligne politique dans des termes que l’on retrouve de manière récurrente chez le camarade Laurent Kabila, depuis son discours du 17 mai 1997 jusqu’à son assassinat : « Dans la politique intérieure : briser l’emprise du joug impérialiste des États-Unis afi n de permettre une vie nationale libre et démocratique et de garantir l’unité territoriale et administrative du Congo. » « Sur le plan économique et social : garantir et augmenter le niveau de vie des masses, développer l’économie nationale basée sur des expériences scientifi ques en cours dans le monde (c’est-à-dire, les pays socialistes), une production nationale planifi ée et contrôlée, ouvrir les portes de la connaissance et de la culture à tous les enfants du peuple sans distinction de sexe. »

24. Dans son discours sur le CPP, Laurent Kabila a insisté sur deux choix fondamentaux.Premièrement : garder le vieil État répressif au service des intérêts étrangers ou créer un État indépendant au service du peuple congolais ?Deuxièmement : maintenir une économie orientée vers l’exportation, dominée par les multinationales, ou construire une économie nationale puissante et décolonisée ?

25. À la première question, Kabila répond : « L’État libre du Congo de Léopold II existait pour récolter du caoutchouc. Le fouet était quotidien. Ils ont saccagé et pillé. Ils sont partis et nous

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avons été traités dans un autre État, avec à sa tête des Congolais, mais c’étaient des agents des puissances étrangères. La mission de cet État était de punir toujours, partout. Sous Mobutu, le pays avait un État anti-citoyens, un État dont la mission était de protéger les intérêts étrangers. Le résultat a été l’extrême pauvreté partout, une économie saccagée et extravertie. (...) Cet État compradore n’a que trop duré. Il a créé une culture, des habitudes dans le domaine de la production, de la pensée, dans le comportement des citoyens. »

26. Créer un appareil d’État, fondamentalement différent de ce que le Congo a subi entre 1885 et 1997, est une tâche ardue qui prend beaucoup de temps. Le concept clé est une rupture radicale avec le passé. Dans son discours, Kabila a parlé très clairement sur ce point : « Le 17 mai 1997, le pouvoir était détenu militairement par ceux qui ont été applaudis par les masses, qui ont traqué les derniers bastions du pouvoir déchu de Mobutu ».

27. Kabila a déclaré : « Il est nécessaire de créer un État populaire, un État du peuple, un État qui pense d’abord et avant tout aux intérêts du Congo. Maintenant, nous devons organiser les gens pour qu’ils prennent leur destin en main. Organiser le peuple signifi e le mobiliser et le mettre au pouvoir. Les CPP, c’est le peuple organisé dans les organes du pouvoir de l’État populaire, il exerce la gestion directe des affaires publiques à tous les niveaux du gouvernement, poursuivant un seul but : être le maître incontesté de son destin. Vous n’avez pas d’autre maître. Le peuple est le seul maître. »

28. Deuxièmement : l’État populaire, radicalement opposé à l’État néo-colonial, a pour principal objectif la décolonisation économique du Congo, la construction d’une économie nationale forte, la création d’une société juste et sans exploitation. « Nous devons créer une nouvelle économie pour notre pays. C’est l’objectif de l’État du peuple. Le moment est venu de bâtir une économie nationale fl orissante. Nous devons produire des véhicules nous-mêmes. Où est notre industrie lourde ? C’est la mission de l’État de la population, la mission du peuple organisé en Comités du Pouvoir Populaire de créer une économie forte pour nous faire respecter. Donc, notre mission est de créer une industrie nationale. Lorsque nous sommes arrivés, il fallait le faire. Les CPP doivent être compris comme un gigantesque mouvement patriotique national. La coalition congolaise autour d’un idéal très noble. Nous allons créer une société nouvelle, juste et prospère, grâce à une stratégie : la mobilisation de tout le peuple autour de la reconstruction nationale. »

29. Laurent-Désiré Kabila est resté toute sa vie dans la ligne de la lutte du peuple pour l’indépendance, le socialisme et la paix. Ce credo révolutionnaire, il le chante dans son Hymne des Opprimés : « Le CPP est la lumière des ouvriers et des paysans, et de tous les autres peuples opprimés. Il n’y a aucun doute sur la destruction de l’exploitation et sur la création d’une société juste. » Kabila est donc la voix des exploités et des ouvriers et paysans opprimés, dont le but est de « supprimer l’exploitation » de l’homme par l’homme, qui dans la littérature marxiste, est appelé « la création d’une société juste socialiste ».

30. Grâce à la mobilisation du peuple congolais à travers les CPP et à travers un front panafricain où les gouvernements de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe ont joué un rôle important, Laurent Kabila a réussi à stopper l’agression rwando-ougando-américaine et, en décembre 2000, est même parvenu à obliger les gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda à conclure

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des accords bilatéraux pour le retrait de leurs troupes. Mais le 16 janvier 2001, Mzee Kabila a été assassiné. Les nationalistes congolais ont été obligés de passer à une stratégie défensive et les CPP ont été abolis deux ans plus tard.

31. A ajouter : démasquer le gauchise stérile anti-Kabila. « les CPP étaient une affaire mobutiste, c’était ne belle nettoyage quand c’est disapru »

4.3. L’importance du parti communiste dans la révolution nationale démocratique

32. Pourquoi cette forme de démocratie populaire n’a-t-elle pas pu survivre ?Dans le monde de la « mondialisation » impérialiste d’aujourd’hui, une entreprise « privée » comme General Electrics a des actions d’une valeur de 782 milliards de dollars. Or en 2009, la RD Congo avait un produit intérieur brut d’environ 11 milliards de dollars, soit 1,4 % des actions d’un multinational américain. Dans ce monde, décider d’une démocratie effi cace pour les masses signifi e faire un choix de classe contre l’impérialisme. Veut-on maintenir une démocratie où le pouvoir de l’argent, le pouvoir de l’ancien État néo-colonial et les interventions étrangères directes et indirectes décident du résultat des élections ? Ou bien décide-t-on d’organiser une nouvelle démocratie, qui donne aux masses, aux pauvres, les moyens effectifs d’imposer le choix de la majorité écrasante ? Il est impossible de faire ce dernier choix et de donner une orientation résolue à cette lutte sans un parti marxiste d’avant-garde.

33. Le PRP de Laurent Kabila était un tel parti marxiste. Mais depuis les années quatre-vingt, en raison de la répression sanglante contre le maquis de Fizi Baraka, ce parti a été décapité. La majorité des cadres avec lesquels Laurent Kabila avait dirigé ce parti communiste, ont été assassinés. Lorsque la guerre de libération a commencé en octobre 1996, les événements se sont succédé si rapidement pour Laurent Kabila, avec d’importantes tâches immédiates comme la gestion de la guerre et de l’État qu’il était impossible pour lui de reconstruire son parti. Mais la démocratie populaire des CPP ne pouvait être atteinte de manière durable sans un parti qui aurait interprété la ligne développée par Laurent Kabila à travers la critique des anciennes croyances et attitudes héritées de 37 ans de néo-colonialisme.

34. Un travail éducatif à long terme aurait été nécessaire pour permettre aux idées de Kabila de pénétrer à tous les niveaux des CPP. Laurent Kabila en personne a joué le rôle d’état-major de la lutte de classe et du front au Congo, un rôle habituellement occupé par un parti tout entier. Cela a été très clair quand, après la mort de Mzee Kabila, il ne s’est trouvé aucune force œuvrant activement pour la poursuite et l’approfondissement de la démocratie populaire. Le fait qu’aujourd’hui il y a un parti communiste qui s’est fondé est donc d’une signifi cation très importante. Cela rendra possible que la démocratie populaire des CPP, défendue par Mzee Kabila, pourra devenir au courant des années à venir de nouveau une réalité, mais cette fois-ci une réalité durable.

35. Dans le temps des CPP, il y avait des gens qui pensaient que les CPP, c’était le parti de Mzee Kabila. D’autres pensaient que les CPP allaient remplacer les partis politiques. Ce sont deux interprétations que Mzee lui-même a tenu à contredire : « Le CPP, ce n’est pas un parti politique. J’ai dit que c’est le peuple organisé et structuré, c’est un grand rassemblement de

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tous les Congolais patriotes conscients, poursuivant un seul but : être les maîtres indiscutables de leur destin. Vous n’avez pas de maître. Le peuple est seul maître. (…)Nous ne sommes pas contre les partis politiques. Ils ont la liberté d’expression et de parole. Mais le jugement, c’est le vôtre. »

36. Il faut donc éviter l’amalgame entre parti révolutionnaire et organisation des masses et en même temps il faut ne pas opposer le parti révolutionnaire aux organisations des masses. Le Parti ne peut pas remplir ses tâches sans le travail dans les masses et sans organiser les masses dans des organisations de masse. Mais cela ne veut pas dire que le Parti devrait être dissous dans l’organisation de masse.

37. Lénine se battait contre cette confusion : « Il n’est pas permis de confondre le Parti, avant-garde de la classe ouvrière, avec toute la classe. (…) en vertu de quelle logique a-t-on pu, du fait que nous sommes un Parti de classe, conclure qu’il ne fallait pas faire de différence entre ceux qui appartiennent au Parti et ceux qui s’y rattachent ? C’est le contraire qui est vrai : étant donné les différents degrés de conscience et d’activité, il importe d’établir une différence dans le degré de rapprochement vis-à-vis du Parti. Nous sommes le Parti de la classe, et c’est pourquoi presque toute la classe doit agir sous la direction de notre Parti, doit serrer les rangs le plus possible autour de lui. Mais ce serait du « suivisme » que de penser que sous capitalisme presque toute la classe ou la classe tout entière sera un jour en état de s’élever au point d’acquérir le degré de conscience et d’activité de son détachement, d’avant-garde, de son Parti. Sous le capitalisme, même l’organisation syndicale (plus primitive, plus accessible aux couches non développées) n’est pas en mesure d’englober presque toute, ou toute la classe ouvrière. Ce ne serait que se leurrer soi-même, fermer les yeux sur l’immensité de nos tâches, restreindre ces tâches, que d’oublier la différence entre le détachement d’avant-garde et les masses qui gravitent autour de lui, d’oublier l’obligation constante pour le détachement d’avant-garde d’élever des couches de plus en plus vastes à ce niveau avancé. Et c’est justement agir ainsi que d’effacer la différence entre les sympathisants et les adhérents, entre les éléments conscients et actifs, et ceux qui nous aident. » (Un pas en avant, deux pas en arrières)

38. Devient membre d’un parti communiste, celui qui veut se former et s’engager en tant que communiste, c’est-à-dire en tant que membre d’un parti qui veut changer toute la société selon le programme politique et de l’idéologie de la classe ouvrière. Il a une conscience et un sens de discipline élevés.

39. Devient membre d’une organisation de masse, tout qui veut participer à une lutte partielle qui fait parti de la révolution nationale démocratique. Des luttes partielles sont, par exemple, la lutte pour l’émancipation de la femme (organisation des femmes), les jeunes, les villageois ou les habitants d’un quartier qui se battent pour résoudre les problèmes qu’ils vivent au quotidien, la lutte syndicale des ouvriers, etc.

40. La maturation politique se fait différemment dans le parti que dans les organisations de masses. Dans le parti cela se fait à travers la combinaison entre la pratique dans la lutte de classes et la formation théorique dans le marxisme. Dans l’organisation de masse, cela se fait surtout à travers la pratique de la lutte.

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41. Les décisions se prennent aussi différemment. Dans les organisations de masse, la démocratie de base est plus importante. Dans le parti communiste, les décisions sont prises selon les principes du centralisme démocratique, qui conviennent plus aux tâches complexes de politique et de tactique du parti.

42. Les communistes doivent savoir travailler dans les deux types d’organisations sans faire la confusion et en respectant les caractéristiques spécifi ques de ces deux types d’organisation : le parti et les organisations de masse. Tout en sachant que l’outil principal pour diriger la révolution nationale démocratique c’est le Parti.