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Chapitre X Tsunami d’origine séismique 225 Chapitr e X X.1 Origine du phénomène tsunami Etymologiquement, le terme japonais tsunami désigne une ˝vague de port ou portuaire ˝  parce que mieux distinguée à l’approche d’une rade de port.  Les origines d’un tsunami peuvent être diverses (volcanisme, glissement de terrain, éboulement). Le tsunami d’origine tectonique est induit par les failles actives entraînant un mouvement des plaques mobiles de la lithosphère sur l’asthénosphère. L’énergie due aux contraintes est libérée au cours d’une rupture séismique.  L’océan est supposé comme former  par une mince couche d’eau en mouvement sur toute son épaisseur et à laquelle est transmise la déformation instantanée du substratum. En des temps relativement courts, un déplacement de masse d’eau se matérialisant en vagues tsunamiques dotées d’une grande vitesse de déplacement (jusqu’à 800 km/h au voisinage de la zone épicentrale) est provoqué par suite d’une restauration des forces de gravité. La hauteur de la vague atteint à peine un mètre à l’opposé de sa longueur d’onde. A l’approche des côtes, un comportement inverse est observé. X.2 Structure d’une vague La caractérisation d’une vague de tsunami est effectuée par rapport à certains  paramètres descriptifs d’une vague (figX.1) Fig X.1 Paramètres descriptifs d’une vague  Tsunami d’origine séismique 

Chapitre X

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

225 

Chapitr e X 

X.1 Origine du phénomène tsunami

Etymologiquement, le terme japonais tsunami désigne une ˝vague de port ou portuaire˝

 parce que mieux distinguée à l’approche d’une rade de port. 

Les origines d’un tsunami peuvent être diverses (volcanisme, glissement de terrain,

éboulement). Le tsunami d’origine tectonique est induit par les failles actives entraînant un

mouvement des plaques mobiles de la lithosphère sur l’asthénosphère. L’énergie due aux

contraintes est libérée au cours d’une rupture séismique.  

L’océan est supposé comme former  par une mince couche d’eau en mouvement sur 

toute son épaisseur et à laquelle est transmise la déformation instantanée du substratum. En

des temps relativement courts, un déplacement de masse d’eau se matérialisant en vagues

tsunamiques dotées d’une grande vitesse de déplacement (jusqu’à 800 km/h au voisinage de

la zone épicentrale) est provoqué par suite d’une restauration des forces de gravité. La hauteur 

de la vague atteint à peine un mètre à l’opposé de sa longueur d’onde. A l’approche des côtes,

un comportement inverse est observé.

X.2 Structure d’une vague 

La caractérisation d’une vague de tsunami est effectuée par rapport à certains

 paramètres descriptifs d’une vague (figX.1)

Fig X.1 Paramètres descriptifs d’une vague 

Tsunami d’origine séismique 

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X.3 Hauteur et longueur d’onde d’un tsunami 

La vague tsunami d’origine séismique est une onde gravitaire accompagnant un

mouvement brusque et une déformation résultante du plancher sous marin. Ce processus

dynamique provoque un soulèvement de masses d’eau dans le sens ascendant.

Par sa dynamique ondulatoire, le tsunami appartient à la classe des ondes dites à grande

longueur d’onde (de l’ordre de 400 à 500 km) au large des côtes mais virant brusquement

vers les hautes fréquences, c'est-à-dire vers les courtes périodes (durées de cycle d’une vague)

 pouvant aller d’une heure (en haute mer donc par les grandes profondeurs) à quelque

minutes proche des rives vers les faibles profondeurs avec l’émergence de fortes amplitudes.

Ce qui caractérise un tsunami, ce n’est pas tant la hauteur des vagues mais plutôt la longueur

d’onde. Près des côtes, il se produit alors un effet de compilation des énergies accumulées (on

 parle de conservation d’énergie) à l’approche du rivage. Les vitesses au large à l’approche du

littoral sont incommensurables : en effet, dans le premier cas, la vitesse de propagation

avoisine 800 km/h alors que prés des côtes elle n’atteint que 35 à 40 km/h. Cependant la

quantité d’énergie accompagnant les très grandes vitesses se trouve atténuée par la longueur 

d’onde élevée et près du littoral les masses d’eau subissent un effet d’épanchement.

X.4 Vitesse de déferlement d’un tsunami 

Il existe pratiquement une relation de proportionnalité entre la profondeur et la hauteur 

des vagues (fig.X.2). Cette dernière est proportionnelle à d  , d désignant la profondeur. Ce

qui caractérise un tsunami, ce n’est pas tant la hauteur des vagues comme on pourrait le

 penser, mais la vitesse de déferlement Vd des vagues près des côtes qui suit la loi croissante

suivante :

 gd V b (X.1)

 g  étant l’accélération de la pesanteur. 

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227 

Fig X.2 Variation de la vitesse de déferlement en fonction

de la profondeur (prés du littoral).

Au large des côtes, la vitesse d V  obéit à une autre loi tant les conditions locales de

 période, de profondeur et de longueur d’onde différ entes comparées à celles du littoral et qui

n’apparaissent pas dans l’expression (X.1). 

X.5 Vitesse de déferlement d’une vague tsunami vers les grandes profondeurs  

22

 gL d C th

 L 

 

(X.2)

avec

C : la célérité (vitesse) de la vague tsunami

 g  : la constante gravitationnelle

 L  : la longueur d’onde 

d  : la profondeur 

th : tangente hyperbolique

On remarque que la vitesse augmente avec la profondeur jusqu’à md  2500 , puis elle

maintient son rythme constant de l’ordre de 120 m/s (fig.x.3). 

L’application de la relation (X.2) est toutefois soumise à la condition suivante sur la

 profondeur  .2/25/: Ld  Ld  A titre d’exemple, pour  l  g /35   et km L 10 (noter la

grande longueur d’onde de la vague tsunami vers le large d’où le caractère discret de la vague

loin des côtes), on obtient hkmC  /450 ,

   V   i   t  e  s  s  e

   V   d   (  m   /  s   )

d m

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

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c'est-à-dire une vitesse étonnamment élevée.

Fig X.3 Variation de la vitesse de déferlement en fonction

de la profondeur (au large)

Le tableau (X.1) exprime quelques valeurs particulières de variation des paramètres

d’une vague 

Tab. X.1 

Profondeur 

(m) 

Vitesse 

(km/h) 

 Longueur d’onde 

(km) 

10 36.5 10.5

50 79.0 23.0

200 150.0 47.7

2000 604.20 151.0

4000 712.12 213.0

7000 942.20 280

   C   é   l   é  r   i   t   é   C

  m   /  s

Profondeur d (m)

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

229 

Fig X.4 Variation de la vitesse en fonction de la profondeur

Remarquons la croissance rapide de vitesse de la vague vers les grandes profondeurs

(fig.X.4), cependant, la longueur d’onde maintient une certaine stabilité dans sa croissance en

fonction de la profondeur (figX.5).

Fig X.5 Variation de la longueur d’onde en fonction 

de la profondeur de la couche d’eau 

X.6 Energie d’un tsunami 

Les facteurs influants sur l’énergie d’un tsunami sont fort nombreuses : la célérité,

l’amplitude de la vague, la longueur d’onde et la profondeur. Cette énergie découle de ce que

l’on appelle le principe de proportionnalité inverse. En effet, à l’approche des côtes, un effet

de frottement ralentit la vitesse de déferlement des vagues. Or le principe physique de

   V   i   t  e  s  s  e   d  e   l  a  v  a  g  u

  e   (   k  m   /   h   )

Profondeur de la couche d’eau (m) 

   L  o  n  g  u  e  u  r   d   ’  o  n   d  e

   (   k  m   )

Profondeur de la couche d’eau (m) 

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

230 

conservation de l’énergie conduit à rechercher un facteur de compensation à cette diminution

de vitesse. Dans ce cas, il s’agit d’une augmentation de l’amplitude de la vague car énergie et

amplitude sont directement proportionnelles. Ceci justifie l’apparition des " hautes " vagues

meurtrières observées prés de côtes.

X.7 Expressions de l’énergie d’un tsunami 

Les relations les plus fiables exprimant l’énergie d’un tsunami sont celles qui intègrent

le maximum de paramètres. Certains découlent de procédés de modélisation mathématique

d’un tsunami. 

Une expression simple est celle reliant l’énergie  E   d’une vague et la hauteur   H  de cette

dernière :

2. H  g  E    (X.3)

l  g /35     pour l’eau salée (océan) 

 H  hauteur de la vague

L’expression (X.3) est peu fiable puisqu’elle ne fait intervenir ni profondeur, ni vitesse,

ni longueur d’onde. Une relation relativement plus explicite est de la forme :

 H  gHd  E 

33

8 2   (X.4)

On peut alors introduire la vitesse de déferlement de la vague C en écrivant :

 H  gd  H  E 

3)(

3

8   (X.5)

Comme gd C  2 , alors :

 H d  HC  E 

33

8 2   (X.6)

Or :  g 

2

 , l’expression (X.6) devient :

3

33

8 HC 

 g 

 g  E 

  (X.7)

En posant

 K ( const ) 3

8  

 g 3

il vient que :

3. HC  K  E  (X.8)

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

231 

Il apparaît donc que lors d’une diminution de la célérité C, l’augmentation de la hauteur de la

vague  H  peut composer cette diminution.

Si nous désirons impliquer la longueur d’onde  L   de la vague dans l’expression de

l’énergie E , il suffit de considérer la célérité C  qui introduit justement cette longueur d’onde. 

X.8 Echelles d’intensité d’un tsunami 

Comme dans le cas de la quantification d’un séisme par le biais d’échelles appropriées

(échelles d’intensité) des propositions de classification des tsunamis sont faites, mais à notre

sens, elles présentent plutôt un caractère subjective puisqu’elles sont liées à des aspects

descriptifs ou d’estimation. 

X.9 Echelle d’intensité de Sieberg

De " très légère " à très forte, l’échelle d’intensité de Sieberg repose sur des

 perceptions visuelles et sur l’estimation des dommages occasionnés par la vague sur 

l’environnement et les vies humaines. 

  Vague " très légère " : détectée uniquement que par les marégraphes (instrument de

détection de marées)

  Vague " légère " : légèrement perturbatrice du plan d’eau prés du rivage    Vague  "  relativement forte : inondation du rivage, chavirement des embarcations

  Vague " forte" : inondations accentuées du rivage accompagnées de destructions des

constructions limitrophes

  Vague "très fortes " : inondation (run-up) sur une grande distance à l’intérieur des

terres et pertes humaines.

X.10 Echelles de magnitude d’un tsunami 

A l’instar des séismes, des versions d’échelles de magnitudes de tsunamis sont

 proposées avec cependant des différences dans leur expression et dans la nature des

 paramètres introduits. La magnitude d’un tsunami qualifie l’importance de ce dernier et pour 

lequel la hauteur  m H  de la vague représente un critère fondamental.

X.10.1 Echelle de magnitude d’Imaoura et Liba 

Cette échelle empirique introduit la notion de magnitude m  d’un tsunami relativement à

une hauteur maximale m H  de la vague : 

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

232 

 

  

 

2ln m H 

m (X.9)

Cas de classification retenus :

  1m : tsunami mineur 

  0m : vague de hauteur relativement faible (10cm à 1m) ; les dégâts occasionnés

sont minimes

  1m : si au large de la vague atteint à peine une vingtaine de centimètres, sa

hauteur croit vite à l’approche des côtes et accompagnée de préjudices aux

constructions et aux navires stationnés en rade

  2m : la hauteur de la vague peut atteindre 6 mètres, pertes humaines et

destructions d’embarcations 

  3m : la vague tsunami commence à prendre forme avec une hauteur de 10 à 20

mètres. Une forte invasion du littoral est observée

  4m : au large, la vague atteint une hauteur de 2 mètres alors que prés des côtes,

elle est de 30 mètres. Un effet tsunami majeur prend alors la forme

X.10.2 Echelle de magnitude m de Lida-Cox et Pararas Carayannais

m H m 2log (X.10) 

m H   désigne l’amplitude maximale de la vague d’invasion ou run-up observée sur un rivage

 proche de la source tsunamigène

X.10.3 Echelle de magnitude d’Abe 

 B H m m log (X.11)

 B désigne une constante

X.10.4 Echelle de magnitude d’Abe modifiée 

b Da H m m log.log (X.12)

avec a et b des constantes et  D  la distance suivant une ligne séparant l’épicentre du séisme

de la station de veille marégraphique.

X.11 Paramètres adimensionnels de modélisation d’un tsunami 

Sur le plan de la modélisation, le tsunami est intégré dans les écoulements à grandelongueur d’onde ; aussi, les paramètres caractéristiques d’amplitude  H  , de profondeur  d et

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233 

de longueur d’onde  L sont ils réunis sous la forme de paramètres adimensionnels   , etU  ,

ce dernier désignant le nombre d’Ursel et tels que :

 H   ;

2

2

 L

d   (X.13)

3

2

 HLU 

 

 (X.14)

Le nombre d’Ursel est caractéristique de l’onde tsunamique ; ainsi :

  Si 1U  , la théorie des ondes longues est applicable et la vitesse de déferlement est

supposée uniforme sur une verticale

  Si 1U   , l’équation d’écoulement de l’onde admet une solution sous la forme d’un

 potentiel harmonique

  Si 1U  , la théorie des ondes longues et d’amplitude finie est applicable; l’onde se

déforme au cours de sa propagation

X.12 Classification des tsunamis

Les tsunamis majeurs et destructeurs obéissent à une classification issue de la distance

séparant la zone inondée de l’épicentre pour ce qui est des séismes tsunamigènes

  Tsunamis locaux : leur influence est limitée aux côtes situées à quelques

kilomètres (100 à 1000km) de la source sismogène. Citons à ce propos les

tsunamis locaux des séismes de Djidjel et de Boumerdés (2003).

  Tsunami régionaux : leurs effets dévastateurs peuvent s’étendre sur un rayon de

 plus d’un millier de kilomètres. Ainsi le tsunami issu du séisme de Sumatra (2004)

a gagné non seulement en Asie, le Bangladesh et la Malaisie, mais a atteint aussi

les îles Seychelles et les côtes africaines du Kenya et de la Somalie avec des pertes

en vies humaines et des destructions.

X.13 Impacts du tsunami

Si sur le plan des pertes humaines, le tsunami qui a suivi le séisme majeur de l’Ouest de

Sumatra restera l’une des plus grandes catastrophes naturelles des deux derniers siècles (prés

de 280 000 victimes dont les deux- tiers en Indonésie), il n’en demeure pas moins que ses

impacts à la fois géomorphologiques et sur l’écosystème sont aussi dramatiques. 

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Chapitre X Tsunami d’origine séismique

234 

X.13.1 Impact géomorphologique

On notera d’abord un impact immédiat sur le relief par suite d’un phénomène d’érosion

quasi-instantané se traduisant par un retrait de la ligne des côtes de l’ordre d’une dizaine de

mètres et la formation de micro-falaises et de ravins débouchant sur la disparition de certaines

 plages.

Prés des côtes et à de fiables profondeurs, il se développe un phénomène de

sédimentation aussi soudain que continu mais ralentissant vers le large.

A de très grandes profondeurs, comme pour compléter les effets du séisme majeur cause

 principale de la rupture et de la fracturation du plancher océanique, le tsunami agit comme un

catalyseur sur les formations locales provoquant par endroits un effet de liquéfaction.

X.13.2 Impacts sur l’éco-système

Les répercussions du tsunami sur l’environnement et le biotope sont aussi néfastes et

appelées à durer dans le temps.

Il s’agit d’un bouleversement des conditions d’épanouissement de la flore et de la faune

locales qui ont mis des millénaires à assurer l’équilibre de l’écosystème. Des tonnes de

matières organiques, de limons et de sables concourent à une raréfaction des conditions de vie

optimales des espèces sous-marines. La biosphère servant de lieu de gestation et dedéveloppement aux espèces de la flore est soit anéantie donc difficilement reconstructible à

court terme soit polluée par un apport de corps étrangers ou nocifs conduisant à une asphyxie

des certaines espèces.

Un autre impact concerne l’anéantissement des récifs coralliens très nombreux dans la

région; cet anéantissement peut être dû à deux facteurs : un facteur d’effondrement des récifs

 par un effet de tassement et un effet de desséchement par suite d’une exposition prolongée à

la lumière solaire lors du retrait des eaux précédant le développement du tsunami.