Charlie Hebdo_Dossier AZF_21 septembre 2001_Toulouse_Attentat

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  • 8/3/2019 Charlie Hebdo_Dossier AZF_21 septembre 2001_Toulouse_Attentat

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    AZF en 20 dates21 septembre 2001,10h17:explosion lusine AZF.

    22 septembre 2001:examen du corps deHassan J., lhomme aux quatresous-vtements .

    24 septembre 2001:le procureur de laRpublique deToulouse, MichelBrard, affirme qu i l ya 99 % de chances pourque ce soit un

    accident .

    25 septembre 2001:amorce du scnario dela soupe chimique .

    28 septembre 2001:les experts judiciairessoutiennent quunattentat serait tropcompliqu raliser.Le mme jour, leSRPJ de Toulouseperquisitionne audomicile de Hassan J.

    1er octobre 2001:Le Figaro fait le lienentre la tenuevestimentaire deHassan J. et les rituelsdes kamikazesislamistes.

    2 octobre 2001:Gilles Faur,manutentionnaire AZF, est interrog parle SRPJ.

    3 octobre 2001:un rapport des RGsoutient lhypothsedun attentat. Le mmejour, la commissiondenqute interne dAZFdcouvre un sac deproduits chlors.

    24 octobre 2001:le procureur Brard faittat dune dcouvertetrs importante ,confirmant laccident.

    27 novembre 2les policiers du Sdcouvrent leule sac de produitschlors.

    Les certitudesdu procureur Brard

    Quand, dix jours aprs le 11 septembre2001, Toulouse est secoue par uneexplosion en provenance du ple chi-mique de la ville, chacun pense imm-diatement un att entat. Aussitt, ltatsempresse de dmentir les rumeurs.

    12 h 25 (soit deux heures aprslvnement), alors que le nuage depoussire est encore en suspens, lapolice informe lAFP que lexplosion est probablement dorigine accidentelle .Dans laprs-midi, un expert judiciaireaccorde une interview La Dpche duMidi: la catastrophe est due une auto-inflammation des stocks dam-monitrates dans les hangars de lusineAZF. Ds le 24 septembre, le procureurde la Rpublique, Michel Brard, clt la piste terroriste : Lattentat, certaine-ment pas, je suis formel. Et il avance unchiffre, dsormais historique: Il y a99 % de chances pour que ce soit un acci-dent. Cette certitude, il lassnera tout

    au long de linstruction. Pour lheure,Michel Brard a une thorie: Le stockde nitrate aurait t le sige dun processusphysique engag depuis quatre-vingts ans,un processus long, complexe, qui a d sac-clrer dans les jours qui ont prcd lex-plosion.

    Du jamais vu dans lhistoire desaccidents rpertoris au cours des centdernires annes et un scoop scienti-fique qui laisse les spcialistes enammonitrates passablement pantois :ils ignoraient, jusqu ce que la justicefranaise les en informe, que des sacsdengrais agricole pouvaient exploserspontanment. Chacun attend doncavec beaucoup dintrt les preuvesscientifiques de cette grande premire:lauto-allumage de 300 tonnes denitrates, temprature ambiante

    Le scnario poubelle

    Au cur de lnigme AZF: le hangar221, picentre de lexplosion.

    Le 25 septembre, La Dpche du

    Midi apporte une premire rponsetechnique laccident industriel, avecun titre en manchette qui a le mritedtre clair: Ctait bien une poubelle.

    Le scnario de la soupe chimique (autrement rpertori sous lappellation effet macration ou effet compost )commence Et semballe un peu.

    Le stock dammonitrates seraitdevenu explosif aprs avoir t fortui-tement contamin par du fioul, delhuile, des matires plastique, desmorceaux de bois, des poussires, de larouille, des vgtaux, de la terre, desremontes de la nappe phratique

    Des mlanges qui se rvleront, effec-tivement, hautement dtonants dans lamesure o ils feront pter les cerveauxde certains: des sources policires iront jusqu envisager que les 300tonnes dengrais agricole aient puexploser cause du mthane produitpar le cadavre dun rat.

    Les fermiers seront effondrs parla nouvelle. Et les spcialistes du nitrate,sous le choc. Surtout quand ils appren-dront que la capacit de feu dun ratmort est bien suprieure celle dun ter-roriste. En effet, le 28 septembre, dans

    une note de douze pages, les exjudiciaires vacueront la piste detentat avec cette foudroyante antrop compliqu raliser. Le tas rait pu exploser que sil avait t amtrs correctement en plusieurs endroicur, avec un procd de mise feu v gnrer lexplosion immdiatemeBref, si lon suit ce raisonnemenattentats au nitrate du World Tradeter (1993) et dOklahoma City (1nont pas pu avoir lieu

    La thorie du chlore

    Brusquement, le 24 octobre 200faire AZF prend un tour nouveaprocureur Brard annonce la prstion imminente dune explicscientifique incontestable . La comnaut des chimistes retient

    souffle, et, quelques jours avaSaint-Sylvestre, la soupe chimiqucorse dun ingrdient nouveaudrivs chlors pour piscine.

    Un sac de 500 kg de dichlorcyanurate de sodium (DCCNa) at dvers par erreur dans le sahangar 221

    Aux experts, dsormais, de pger dans le dtail et dexpliquer quelle mcanique des causes , reprendre une formule du procu

    Thoriquement, une enqutescientifique se mne selon lamthode suivante: on a des

    indices et on essaie dendduire un enchanement desfaits pour en tirer desconclusions.Dans laffaire AZF, lesexperts ont adopt lamthode inverse: ils sontpartis des conclusions conclusions tablies par lajustice deux heures seule-ment aprs lexplosion etse sont efforcs de faire ensorte que les indices collentau rsultat dsir.

    DOSSI

    ER

    AZF

    5ansaprs

    CHARLIE HEBDO Mercredi 20 septembre 20068

    Ce 21 septembre, Toulouse commmore le cinquime anniversaire de lexplosion de lusquelques incohrences . Ds les premires heures, la version officielle est formelle: toute force la thse de laccident chimique, malgr les rvlations de certains journalilaisse sur notre faim. Aujourdhui, Charlie met le dossier sur la table et fait le bilan d

    Lenqute scientifique:du chlore dans les yeux

    Dans toute cette affaire entache dezones dombres, une premire nigmereste entire: comment un sac de

    DCCNa (lallumette chimique de lexplosion)sest-il retrouv dans le hangar Demi-Grand , un endroit strictement interdit ce genre de produits?

    Retour sur lapparition du sac cach

    Le 27 novembre 2001, les policiersdcouvrent le sac de produits chlors dans

    le hangar Demi-Grand . Ils reprochentaux enquteurs de lusine de leur avoir dis-simul son existence pendant prs dedeux mois.

    Cest effectivement le 3 octobre quedeux membres de la commission denquteinterne dAZF ont dcouvert par hasard,pos bien en vidence, un sac de DCCNaquils navaient jamais vu au cours de leursdeux prcdentes visites (dont une,effectue en prsence des observateursextrieurs de lInspection du travail). Silsavaient voulu faire disparatre le sac,laffaire du chlore se serait arrte l. Maisils ne touchent rien et ils sortent.

    Le 4 octobre, le chimiste Franois Barat(qui nest encore mandat par personnepuisquil na pas encore t nomm expert)dbarque sur le site, fonce directement surle sac de chlore et effectue des

    prlvements. Le scientifique agit endehors de toute enqute pnale, il na doncaucune raison de le faire. Qui la envoy ?

    Le 12 octobre, Barat est nomm expertadjoint, puis, le 9 novembre, expert uniquecharg danalyser les scells et lesprlvements.

    Pourquoi, ds sa nomination, Barat na-t-il pas prvenu la justice de sadcouverte? Et comment se fait-il que lapolice nait dcouvert le sac cach que le27 novembre?

    Sur la piste du sac cach

    TOUT A EXPL

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    Dcembre 2001:e scnario dumlange explosif dehlore et de nitrateevient officiel.

    15 janvier 2002:le procureur Brard, lors de laudiencesolennelle de rentre du tribunal de grandeinstance de Toulouse, dclare: Jemaintiens, persiste et signe: la thse delattentat, de la malveillance, qui na tcorrobore par aucun lment objectif de

    lenqute judiciaire, nest plus dactualit,elle ne rsiste pas la logique, pas plusquau travail des experts.

    5 juin 2002:les expertsremettent unrapport dtape de81 pages, ainsi quele film reconstituantune explosion

    accidentelle enlaboratoire.

    Du 11 au 14 juin2002:19 salaris et sous-traitants dAZF sontplacs en garde vue.

    9 octobre 2002:chec de lapremirereconstitution de lamanipulation quiaurait provoqulexplosion.

    11 octobre 2002:chec de la secondetentative dereconstitution.

    16 janvier 2003:LExpress et LeFigaro relancentsrieusement lathse de lattentat.

    11 mai 2006:les expertsremettent leurrapport final,accrditant lescnario delaccident.

    31 mai 2006:AZF est mise enexamen.

    13 juillet 2006:une expertisechimique dedernire heureremet en cause lesconclusions desexperts.

    Brard, 500kg de drivs chlors ont pucroiser 300 tonnes de nitrate dammo-nium dans un hangar o, jamais, ilsntaient censs se rencontrer. Et, sur-tout, quelles ont t les conditionsexceptionnelles qui ont fait dtoner letout. Car, pour quun driv chlor pourpiscine fasse exploser des engrais agri-coles, il faut encore y ajouter une bonnedose dhydrocarbures, intimementmlanger et humidifier la mixture (10 20 % deau) et faire mariner le tout dansun endroit hautement confin.

    Un dtail pour les experts judi-ciaires, qui nous expliquent dans unmme document (note du 28 sep-tembre 2001) que le hangar 221 tait a fois un btiment ouvert au vent

    dAutan (voil une partie de la questionde lhumidit rgle) et confin .Reste maintenant trouver le maladroit

    qui a dvers le chlore dans le nitrate

    Faur, le coupable idal

    Trs rapidement, les diffrents enqu-teurs sintressent au dernier manu-tentionnaire avoir transvas unebenne dans le sas du hangar 221. Lecauchemar de Gilles Faur commence.Cet ouvrier travaille depuis huit anssur le site AZF et connat parfaitementes produits quil manipule. Mais,

    dtail qui a son importance, il appar-tient une socit de sous-traitance.Pour Total, a tombe plutt bien. Leresponsable ne fait pas partie de lamaison.

    Deux jours aprs lexplosion,Faur est interrog par la commissiondenqute interne de lusine. Il sort dela runion en larmes: il vient de com-prendre quon est en train de lui mettrelaffaire du chlore sur le dos

    Le 27 novembre 2001, les enqu-teurs du SRPJ lamnent dans le bti-

    ment do serait partie la dernirebenne suspecte, le hangar Demi-Grand . Surprise: les policiers dcou-vrent, pos bien en vidence sur le des-sus dun tas de sacs de nitrates, unemballage qui na rien faire l et queFaur voit lui-mme pour la premirefois: un sac de 500 kg de DCCNa, vide.(Voir encadr Sac cach .) La recons-titution est vite faite: Faur auraitdvers le contenu de ce sac dans le sasdu 221, un quart dheure avant lexplo-sion. Tout roule, sauf quun imprvuvient tout compliquer

    En avril 2002, laffaire du sac deDCCNa seffondre: son itinraire a treconstitu par Le Figaro. Le sac ayantt perfor lors dune opration dechargement, son contenu a t trans-vas et expdi son destinataire enjuillet 2001. Ce sac ntait donc plusquune enveloppe vide depuis aumoins deux mois quand il a t dcou-vert par le SRPJ

    Qu cela ne tienne, la piste duchlore suit son cours, et, le 5 juin2002, les experts judiciaires (avec unenthousiasme que lon pourra jugerultrieurement quelque peu excessif)rendent leur premier rapport dtapeaux fantaisies ravageuses.

    Le rapport dtape

    des expertsLopration de communication qui pr-cde la sortie du document est soigne.Ds le mois de mai 2002, les expertsallchent leur public en promettantdes expriences spectaculaires et eninsistant particulirement sur lunedentre elles, ayant conduit uneexplosion au bout de 26 secondes. Lex-ploit a t ralis par lun des chimistesdu collge judiciaire, le scientifique Franois Barat, directeur du labora-

    toire de chimie-prvention des risques, la Caisse rgionale dassurance mala-die. Notre expert de Miami nous, enquelque sorte. Et le matre incontestde la thorie de lexplosion chlore.

    Selon ses expriences, il suffit dedposer 500 kg de chlore sur un tas de300 tonnes de nitrates pour faire pterle tout. Le mcanisme de lexplosion,reconstitu dans un tube essais her-mtiquement ferm, est prsent aux

    parties civiles dans une vido sid-rante , selon le porte-parole dune desassociations de victimes. (Voir encadr Vido-gag .)

    Faur na donc qu bien se tenir,les rsultats de ce rapport risquentdtre foudroyants

    Effectivement, entre le 11 et le14 juin 2002, dix-neuf salaris et

    sous-traitants dAZF sont placs engarde vue, puis treize dentre euxsont mis en examen. Parmi eux,

    Faur, bien sr, et Georges Paillas, chdatelier au service Expditions et reponsable du hangar 221. Paillas (trenthuit ans danciennet, un franc-parler des convictions) a toujours dfendcontre vents et mares, la comptenet le srieux de Faur. Il sera empordans la tourmente. Une premivague, assure le procureur sur les plteaux tl.

    Les reconstitutions

    doctobreSauf que Ces retentissantes expriences nexpliquant toujours pas comment un sac de DCCNa (dont on prouv, en outre, quil tait vide) a biepu se retrouver sur la trajectoire dutas de nitrates, les avocats de Totdemandent que litinraire du sac baldeur soit reconstitu sur le site AZF.

    Le 9 octobre 2002, en prsendes experts, de la police et des avocat

    Mercredi 20 septembre 2006 CHARLIE HEBDO

    de la catastrophe: 30 morts, 5000 blesss, 27000 logements endommags. Et une enqute, dont on peut dire, aujourdhui, quelle comportent. Le procureur de la Rpublique de Toulouse en est sr 99 % . Toute autre explication est carte. Lenqute qui suivra accrditera ut, malgr certains indices qui peuvent laisser songeur. En mai dernier, le rapport final des experts confirme laccident industriel et nousui, si elle ntait pas si dramatique, pourrait tre qualifie de fantaisiste. Cet article est ddi Anne-Marie Casteret (voir encadr page 11)

    Pour accrditer la thsede lexplosion provo-que par un mlange

    de chlore et de nitrate,Franois Barat, expert judi-ciaire, a ralis une recons-titution en laboratoire qui adonn lieu un enregistre-ment vido. Ce film, qualifide spectaculaire par sonauteur lui-mme, prsente,effectivement, des lments sidrants que les

    conseillers scientifiques dugroupe Total ne mettent paslongtemps reprer.

    Lexprience filmemontre lexplosion en26 secondes dun mlangecompos de nitrate dammo-nium, cens avoir t pr-lev sur le sol du hangar Demi-Grand , et de pro-duits chlors. En tudiant lerapport technique quiaccompagne la vido, le chi-miste charg de la contre-expertise pour le comptedAZF, Grard Hecquet, com-prend tout de suite quequelque chose ne colle pas.En confrontant les donneset les rsultats du documentcrit, Grard Hecquet selivre ses propres calculs,essaie de reconstituer lecontenu de lprouvette eten dduit que le mlange

    qui a servi gnrer lexplo-sion en laboratoire nedevait pas contenir plusde 0,74 % de nitratedammonium. Ce qui estembtant. On nest dj passr davoir du DCCNa, si enplus on na plus denitrates

    Le chimiste de Totaldemande donc une confron-tation avec lexpert Barat.La rencontre est surraliste.Lexpert Barat, ne compre-nant pas que le chiffre pro-blmatique (0,74 %) avancpar son contradicteur nap-parat nulle part dans sespropres crits (puisquilrsulte uniquement des cal-culs et des hypothses de lacontre-expertise), faitpromptement amende hono-rable en prtextant une erreur de transcription : ilne fallait pas lire 0,74 %

    de nitrates dammonium,mais 74 % Lennui,cest que, pour lire quelquechose, encore faut-il que cesoit crit. Or, encore unefois, aucun chiffre, avec ousans virgule, napparat dansle compte rendu crit deBarat.

    Pourtant, le 28 janvier2003, lexpert judiciaire VanSchendel viendra au secoursde son coquipier en certi-fiant par crit que la men-tion fantme de 0,74 % estbien une faute de frappe.

    Quant la nature relle dlchantillon, Le Figaro rv-lera, en fvrier 2004, que lescalculs de la contre-exper-tise taient encore au-des-sous de la ralit: dans letube essais, il ny avait pas0,74 % de nitrate dammo-nium, mais 100 % dure.

    Malgr les multiples

    demandes des avocats deTotal, le film problmatiquene sera vers au dossierdinstruction quenfvrier 2006, soit prs dequatre ans aprs sa prsentation aux parties civiles. Etpeu de temps avant laconclusion de laffaire AZF.

    Vido-gag

    S SAUF LA VRIT

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    Si, du ct des expertsscientifiques, on faitpreuve dune frnsieinvestigatrice, du ctdes policiers du SRPJ deToulouse, en revanche,cest le calme plat.

    Les RG au placard

    Ds le 21 septembre, les RG (que lathorie de lexplosion spontane neconvainc pas outre mesure) se lancentsur la piste terroriste. Dans le viseur:certains milieux fondamentalistes de largion, en lien avec des ouvriers intri-maires comptant parmi les victimes. Le3 octobre, les RG mettent lhypothsedun attentat dans une premirenote blanche dtaille (voir document)Le rapport sera aussitt mis de ct.Trs ct: la mi-octobre, lenqutedes RG est arrte net. Et oublie Ledocument ne sera vers au dossier dins-truction quen juin 2002, quand LEx-press et Le Figaro en auront largementsignal lexistence.

    Lhomme auxquatre sous-vtementsCette enqute des RG, mise au rebut,amorce pourtant des pistes qui ne sem-blent pas forcment plus dlirantes quecelles qui sont proposes par les expertsscientifiques (qui en sont la thorie dela soupe chimique et du rat explosif).

    Le rapport des RG revient, notam-ment, sur un premier fait troublant,dcouvert par le mdecin lgiste de lh-pital Purpan, lors de lexamen de corpsdun ouvrier intrimaire de lusine.Lhomme (mdiatis par la suite sous lenom de Hassan J.) porte quatre pais-seurs de sous-vtements sous son bleude travail: un short, deux caleons et unslip. Aussitt, la rumeur fuse dans lescouloirs de lhpital: cest la tenue querevtent les kamikazes pour leur pas-sage dans lau-del. Une hypothse quesemble accrditer, le 2 octobre suivant,la publication, dans Le Monde, dunesorte de petit manuel du kamikazeislamiste retrouv par le FBI dans lesaffaires de trois des terroristes du 11sep-

    tembre: Ajuste tes vte-ments (on sassure que lesvtements couvrent toutmoment les parties intimes

    du corps). [] Sache que les jardins du paradis tat-

    tendent dans toute leurbeaut, et que lesfemmes du paradis tat-

    tendent, et quellesappellent viens par

    ici, ami de Dieu. Elles sont pares dplus beaux atours.

    Laffaire des sous-vtementpromptement rgle. Une enqules rites des kamikazes islamistmene auprs de lambassade dILa rponse crite est claire: dans umier paragraphe, quelque peunique, le colonel de police de lamsade isralienne commence sexcuser: Comme vous pouvez ner, le sujet nest pas facile vrifierdonn quil ne reste pas grand-chosekamikazes aprs lexplosion de poursuivre: Nous avons eu lanne dernire o le kamikaze nt tu par lexplosion, et il fut retroutant plusieurs sous-vtements. Les ru ce sujet racontent quil sagirait detger le sexe de lindividu pour quilentier, puisque la rtribution pour soest soixante-douze vierges quil auparadis, mais nous ne pouvons pas cmer que cela est vraiment la raison.

    Ce qui, dans le rapport du SR4 juin 2002, sera curieusement recrit: Lambassade dIsral en Franrapportait quil navait jamais t coquun terroriste kamikaze avait porsieurs sous-vtements avant dsacrifier. Il ny a donc aucune rais

    sexciter

    Une semainedaltercationsPourtant, lhomme, si bizarreaccoutr, est au cur dune rumeur, circulant, cette fois, parsalaris dAZF.

    Chacun se souvient que, pela semaine qui a prcd lexplosionsan J. et deux autres intrimairfichu la pagaille sur le site. Leshommes travaillaient comme chardans la zone de stockage, situe juface du hangar qui a explos. Leutude est trange: tout moment, ildent les chargements, bloquent lemcanique, disparaissent et agreverbalement les chauffeurs de

    CHARLIE HEBDO Mercredi 20 septembre 200610

    Gilles Faur est pri de transvaser00 kg de DCCNa dans une benne.

    Ds les deux premires pelletes, lesobservateurs reculent de plusieurs

    mtres. Crachats, larmes, toux Lareconstitution savre impossible.Faur rpte ce que lui-mme et Paillasont toujours dit : pour manipuler duDCCNa, il faut un masque avec car-ouches ventiles, des gants, une com-

    binaison et un aspirateur sac Maises experts tiennent bon: le DCCNa

    qui a provoqu lexplosion devait trevent. Une seconde reconstitution estdonc programme pour le surlende-main qui dbouche sur un rsultatdentique. En fin de sance (srieuse-

    ment courte), les fonctionnaires de

    police refuseront catgoriquement demanipuler le sac sans protection

    Pour autant, sans lombre dunproblme, lhypothse des 500 kg deDCCNa est maintenue par les expertsudiciaires. Ils sont srs deux: le chi-

    miste Barat dtient les preuves for-melles que le mlange a dton. Lavido prsente aux parties civiles,malgr ses incohrences, est l pour enmoigner.

    Mai 2006: le rapport finaldes expertsEn mai 2006, les experts remettentenfin leur rapport final. Laccident chi-mique est, selon eux, dfinitivementconfirm. Largumentaire scientifiquereprend la plupart des thories avan-ces depuis le dbut de lenqute. undtail prs: le sac de 500 kg de DCCNasest subitement dgonfl. Gilles Faurnaurait pas pellet, par inadvertance,une demi-tonne de produits chlors,mais seulement quelques balayures.Plus de quatre ans de communicationacharne autour dun sac de 500 kgpour en arriver l

    Pour le reste, rien ne change. Lestyle gnral du rapport scientifiqueest empreint dun impressionnismelittraire des plus remarquables, quioscille du conditionnel lindicatif,avec des audaces lexicales inventives

    Comme il est difficile de parler de confinement dans un lieu ouvert tous vents, on avance le terme de semi-confinement . Les balayures de chlore ont t prises en sandwichentre deux couches de nitrate dammo-nium, la premire, dpose 8 heuresdu matin, et la seconde 10 heures.Entre-temps, la couche du dessous a eule temps de shumidifier (10 20 %

    deau). On peut donc en dduire quellea pomp 1000 litres en un peu plus dedeux heures. Ce qui est rigoureuse-ment impossible.

    Enfin, comme au tout dbut delenqute, les experts ont formellementcertifi que ce qui a explos en pre-mier, ce nest pas le petit tas du sas,mais le gros tas du hangar ( au cur etau ras du sol ), une nouvelle questionse pose: le sas et le hangar tant spa-rs par un muret de 1,50 mtre, si lepetit tas du sas na fait quinitier lexplo-sion du gros tas en clair, a servi sim-plement d allumette chimique ,comment la propagation de la ractionchimique sest-elle produite? Rponse:par sympathie . Du coup, sur les

    nouveaux schmas des experts,le stock de plusieurs cen-taines de tonnes de nitratesse retrouve coll au muret dusas, allant jusqu dborderpar louverture de la porte.Contredisant ainsi les tmoi-gnages et surtout les pre-miers plans fournis justeaprs lexplosion (voir docu-ments)

    Lexpertisede dernire heure

    Le 13 juillet 2006, une expertise chi-mique de dernire heure, ordonne parle juge dinstruction en dcembre 2005,fait son apparition. Elle remet en causele scnario des experts judiciaires enconcluant labsence de trace deDCCNa sur le sol du hangar Demi-Grand .

    Le tribunal de Toulouse rejetterales demandes de non-lieu, au prtexteque les chantillons prlevs pourlanalyse chimique lont t deux mois

    aprs lexplosion, ce qui en rduit la por-te . On suppose donc que le hangar,plac sous scells, aurait tout de mmepu tre nettoy. Avec, qui plus est, unbalai trieur, capable de dissocier lesparticules de DCCNa des poussiresauxquelles elles taient mles

    Le mme jour, Gilles Faur, qui,pendant prs de cinq ans, aura porttrente morts, cinq mille blesss et ladestruction du quart de la ville de Tou-louse, bnficiera finalement dunnon-lieu. Le voil donc aujourdhui responsable mais pas coupable . Cequi ne le satisfait toujours pas. Pourlui, il ny a jamais eu de chlore dans lehangar 221.

    Lenqute policire: servi

    Le terrorisme contournera lesbarrires dAZF, comme lenuage de Tchernobyl sestarrt aux frontires de laFrance. Telle semble avoir t ladevise des autorits locales,avant lexplosion

    Fin aot 2001, les autorits tou-lousaines sont informes parle FBI dun risque dattentat.

    Ds le 1er septembre, la gen-darmerie nationale avertit laSNPE (Socit nationale despoudres et explosifs), qui meten action un plan de scuritinterne. Le site est hautementdtonant, puisquon y fabriquedu phosgne (gaz de combatutilis pendant la SecondeGuerre mondiale) et les carbu-rants pour la fuse Ariane.

    Juste en face, sur lautre rive

    dun bras de la Garonne, AZF,pourtant classe risqueSeveso 2 , ne bouge pas

    Le 12 septembre, les chosessacclrent. Les entreprisessensibles de la rgion sontplaces sous protection. SaufAZF.

    Le 17 septembre,mme topo:une runion scurit est orga-nise la prfecture de Tou-louse Y participent la Direc-tion gnrale de lindustrie, dela recherche et de lenvironne-ment (DRIRE) et les dirigeantsde Motorola, dAirbus et de laSNPE. AZF nest pas invite

    Cest seulement le 18 sep-tembre (soit sept jours aprslattentat de New York) que ledirecteur dAZF dcouvrira, parhasard, lors dune runion

    Auch, que la SNPE est sous

    plan Vigipirate ren-forc.

    Le 19 septembre, lai-guillage dune voieferre qui dessertlusine AZF de Mazin-garbe (dans le Pas-de-Calais) est sabot

    juste avant le pas-sage dun traincharg dammo-niaque. Laccident estvit in extremis.

    Le 20 septembre, ledirecteur dAZFconvoque quatre-vingts employs du personneldencadrement et fait afficherune note avec les consignesde la DRIRE.

    Le 21 septembre, lusineexplose.

    Question:ni le plan Vigipirate simple,la comptence de Total, ni lplan Vigipirate renforc, de comptence de ltat, na tappliqu. En cas dattentat,

    aurait pay?

    DOSSIE

    R

    AZF5ans

    aprs

    Le syndrome du professeur PellerinParmi toutes les hypothses que Total achafaudes pour externaliser lesorigines de lexplosion, la plus po-

    tique est celle de larc lectrique .Dtudes sismiques en mesures magnto-

    mtriques, Total envisage quun arc lec-trique serait parti dun transformateur de laSocit nationale des poudres et explosifs(SNPE), situe en face dAZF, de lautre ctde la Garonne.

    tant donn la disposition des lieux, ilest tout de suite apparu assez fantaisistedenvisager que ce courant lectrique ait puatteindre le hangar dAZF par les airs: larcaurait t oblig de sauter par-dessus lebras de la Garonne (sans y plonger, commetout arc lectrique normalement constitu),rebondir sur un pylne, repartir sur un toitet faire un angle 45 pour fondre sur lehangar 221 Total, soutenu par le journalValeurs actuelles, privilgiera donc la ver-sion de larc lectrique souterrain, jolimentbaptis courant vagabond . Une hypo-thse qui nest pas vraiment plus crdible,

    mais qui sera soutenue pendant deux ans,

    avant dtre finalement abandonne par ladfense en octobre 2003.

    Aprs de multiples essais et mesures,lavocat dAZF, Me Soulez-Larivire, admettradans un communiqu: Les rsultats obte-nus semblent indiquer que cette hypothsede propagation envisage est peu

    probable.

    La thorie de larc lectrique

  • 8/3/2019 Charlie Hebdo_Dossier AZF_21 septembre 2001_Toulouse_Attentat

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    ourds avec lesquels ils travaillent. Has-san J. est le plus virulent. Il sen prend,notamment, un amateur de musiquecountry qui a un drapeau amricain enberne dans la cabine de son camion Lematin du 21 septembre, Hassan J. arrivesur le site 4 heures du matin. Mais ilne se met au travail qu 5 h 30. Qua-t-l fait entre-temps? Personne ne le sait.

    Ce jour-l, il lance la cantonade: Je

    uis un combattant turc, moi, les Franais,e les encule![] Cest une bonne journe,u ten rappelleras. Les chauffeurs finis-

    sent par alerter le responsable du han-gar, qui fait lui-mme remonter linfor-mation jusquau directeur adjoint. 10 h7, lusine saute

    Aujourdhui, lun des chauffeurs,Ali, se souvient: dans les heures qui sui-vent lexplosion, convaincu que legroupe de chargeurs est dans le coup, ilfonce auprs des services de gendarme-rie et de police faire une premire dpo-sition, puis une deuxime, et encore uneroisime. Il veut tre sr que son tmoi-

    gnage sera bien pris en compte. Il a rai-son de vouloir sen assurer.

    Le SRPJ de Toulouseest sereinCar, au moment o lhistoire dehomme aux quatre sous-vtements

    commence tre mdiatise, le procu-reur Brard prend une nouvelle fois leschoses en main et, le 2 octobre, dclare

    au Figaro: Ces doutes sont distills par despersonnes que nous avons repres et dontnous connaissons les intrts qui les inspi-rent. Exit, donc, les RG mal inspirs.Place au SRPJ de Toulouse, beaucoupmoins parano

    Alors quen France, aprs le 11 sep-embre, le moindre beur qui tousse deravers a de fortes chances de se re trou-

    ver menott au sol avec la Brigade anti-

    terroriste sur le dos, Toulouse, lam-biance policire est autrement plussereine. Les enquteurs du SRPJ ne seprcipitent pas inutilement pour selivrer des investigations dsagrables.

    Ils attendent, ainsi, une semaineavant daller faire une perquisition dansle logement que Hassan J. partage avecsa compagne et quatre jours de pluspour se rendre chez ses parents. Le4 octobre,Le Parisien livre le tmoignageanonyme de lun des officiers de policejudiciaire ayant particip lexpdition: Dans lappartement, tout tait clean.Mme plus dhabits, mme plus de photos,

    plus rien Il ny aura pas que a,dailleurs, tre nettoy

    Un cadavre trs propre

    Quand le corps de Hassan J., aprs sonpassage la morgue de lhpital Purpan,se retrouve sur une paillasse du servicede mdecine lgale de lhpital Ran-gueil, le mdecin qui doit procder sonautopsie dcouvre, non sans surprise,quil a dj subi une prparation thana-tologique. Avant autopsie, donc. Unefois retires les coques de protection quilui ferment les yeux, ceux-ci napparais-

    sent pas noirs (comme il la t not

    dans le procs-verbal de la leve decorps), mais dun bleu lectrique (signeventuel de brlure). Par ailleurs, lecorps est parchemin de brlures auniveau des bras, du thorax et de labdo-men, sans que ce soit signal dans le PVdu premier examen mdical. Plus intri-gant encore: si le cadavre est carbonissur de larges zones, pour autant, aucunetrace de brlure napparat sur son tee-

    shirt, ni sur son pantalonCes bizarreries seront rvles,dbut 2003, par la journaliste de LEx-press Anne-Marie Casteret, qui, au vu detoutes ces contradictions, sinterrogera :lhomme a-t-il t rhabill sur le site,avant son transport lhpital Purpan?Et, si tel est le cas, quy avait-il de com-promettant sur les vtements quon luia enlevs? Des questions quon est effec-tivement en droit de se poser. Sur lesdocuments que nous avons pu consul-ter, Hassan J. porte un pantalon de tra-vail qui ne correspond pas ceux quisont fournis par lusine. Un pantalon detaille 44, dans lequel il flotte, alors que,selon un tmoin, le matin du 21 sep-tembre, il tait moul dans des vte-ments trs serrs

    Pourtant, personne ne semble pr-ter attention ces dcouvertes. Dautantque le rapport du mdecin lgiste estintrouvable dans le dossier dinstruc-tion. Seul y figure le PV de lofficier depolice qui a assist lexamen de corpsLe rapport manquant sera finalementvers au dossier en janvier 2003, aumoment o LExpress et Le Figaro com-menceront sy intresser.

    Les pistes liminer

    Le 19 octobre 2001 (cest la priode oun sac de DCCNa tombe du ciel dans lehangar Demi-Grand ), des sourcesproches de lenqute dclarent lAFP: La thse de laccident se confirme de jouren jour. [] Mais on continue vrifiertoutes les pistes, attentat, malveillance, et les liminer. Ce dernier terme est desplus appropris

    Les pistes qui auront ainsi t li-mines sont relativement nom-breuses. LExpress et Le Figaro mettrontplus dun an les retrouver

    En janvier 2003, Anne-Marie Cas-teret et Marc Mennessier rvlent ce quelon na jamais voulu voquer officielle-ment: trois revendications dattentatsont parvenues la police, la gendar-merie et des organes de presse locauxdans la semaine qui a suivi lexplosion.Dont une, depuis le fax dun centre depompiers de Haute-Garonne, pirat partir de lAngleterre. Il faudra attendreplus de quatre ans (dcembre 2005)pour que quelques recherches rapidessoient effectues.

    De mme, la veille de lexplosion,un appel anonyme a signal larrive Toulouse dun islamiste algrien, sp-cialiste en explosifs. Pas grave. Le rap-port rdig par le policier ayant reu lap-pel sera oubli dans un coin de t iroir. Ilapparatra brusquement dans le dossierdinstruction trois ans plus tard, au

    moment o Marc Mennessier sapprtera publier linformation dansFigaro.

    Mme chose pour les recherchdexplosifs: si, ds le lendemain matde lexplosion, les bulldozers sactivesur les bords du cratre, on ne procde des recherches dexplosifs lintriedu trou que le dimanche suivant, unfois que la pluie et la nappe phratiqulauront rempli deau Quant aux tracventuelles dexplosifs sur le corps Hassan J, on ira les chercher, sans natrellement les trouver, sur ses vtem ende rechange. Vtements rangs dans usac de voyage, lui-mme dpos danscoffre arrire de sa voiture, elle-mmgare lextrieur de lusine. Mais aucuprlvement ne sera effectu, ni sur smains, ni sur ses brlures, ni dans scheveux. SYLVIE CO

    Mercredi 20 septembre 2006 CHARLIE HEBDO

    minimum

    Il est aujourdhui prouv par uneexpertise de la Direction gnrale delaviation civile (DGAC) quun hlico-

    ptre survolait la zone de lexplosion aumoment o elle sest produite. Son signasonore a t enregistr par une quipetl, en reportage dans un lyce voisin.Aprs analyse de la bande-son, la DGAC apu dterminer le type de lappareil. Ilsagit dun cureuil A350. AZF se situedans laxe des pistes de laroport de Toulouse, mais, lheure o nous mettonssous presse, ni larme de lair ni lavia-tion civile na encore t en mesuredidentifier laronef et ses occupants.

    Avis de recherche

    La police et les pompiers ne sont pasdaccord sur la localisation de cer-tains corps. Notamment sur lendroit

    exact o a t retrouv celui de lhommeaux quatre sous-vtements. Selon cer-tains constats, il est lintrieur dunbtiment, bonne distance du lieu delexplosion. Mais, sur dautres documentsil est localis sur le bord du cratre.

    O sont les corps?

    Tasprin

    cipal.

    Petittas

    .

    Extrait du

    rapport

    dtape de la

    commission

    denqute du

    Comit

    hygine, de

    scurit

    et des conditio

    ns de travail

    (CHSCT), du

    28 juin 2002.

    Aprs la catastrophe, sila presse, dans sa trsgrande majorit, suit

    les scnarios qui accrditentla thse officielle de lacci-dent, la journaliste de LEx-

    press Anne-Marie Casteret nemet pas longtemps faire lamauvaise tte. Linvestiga-trice a un dfaut: ellenaime pas tre mene enbateau.

    Rapidement, Anne-MarieCasteret prospecte les coinssombres du dossier. Elledcortique les incalculablesaberrations qui constellentlenqute et explore lespistes dlaisses. Au coursde ses recherches, ellerejoint le journaliste du

    Figaro Marc Mennessier.

    Scientifique de formation,lui aussi a du mal avaler lathorie de lexplosion spon-tane

    maintes reprises, tousdeux boostent srieuse-ment le dossier dinstructionet, de fait, relancent lapiste de lattentat. Ce quileur vaudra dtre conspusdans des articles vengeurssur Internet. Anne-MarieCasteret, connue pour sesconvictions de gauche, seraainsi suspecte dtre payepar Total et accuse de sou-tenir les thses de lextrmedroite. Peu lui importe. Lin-vestigatrice a lhabitude.Quand, entre autres scoops,elle avait rvl laffaire du

    sang contamin, cela lui

    avait valu, lpoque, lemme type de lynchage.

    Anne-Marie Casteret estdcde dun cancer gnralis, le 20 mai dernier, avandavoir pu terminer sonenqute. Elle naura pas eule temps dapprendre le nonlieu dont a finalement bnfici le manutentionnaireGilles Faur, ni de lire lesconclusions de lexpertiseindpendante qui remettenten question la thse offi-cielle de lexplosion due auchlore.

    Daprs lenqute quenous avons mene, il semblbien que les pistes quelleavait explores ntaient pades culs-de-sac. Nous lui

    ddions cet article.

    Anne-Marie Casteret: une journaliste sceptique

    NOTEDESRGDU3

    OCTOBRE2001.

    PLANDUHANGAR2

    21

    PLANDUHANGAR2

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    Extrait du rapport dexpertise finale,

    du 11 mai 2006.