CHEGGATELLA DENTICULA N. GEN., N. sp, ALGUE ROUGE CALCAIRE

DU CARBONIFERE SUPI~RIEUR DU BASSIN DE B]~CHAR (SAHARA ALGERIEN)

par

JACQUES PONCET*

R,6_.SUMI~ ABSTRACT

Une nouvelle algue rouge calcaire : Cheggatella denticula est ddcrite it partir d'un affleurement carbonat6, d'ilge bashld- den supdrieur, localis6 dans le bassin de Bdchar. Cette algue prdsente des affinitds avec les genres Komia, Ungdarella, Pseu- dokomia et Petschoria qui appartiennent dgalement/t la famille des Ungdarellaceae. C. denticula n. gen., n. sp. poss/~de des ca- ract/~res communs avecKomia. Une modification de la disposi- tion des cellules du cortex chez Komia pourrait avoir conduit it la spdciatlon de C. denticzda. Deux ligndes, l'une avec un grand ddveloppement de la zone m6dullaire, l'autre, au contraire, ca- ractdrisde par un grand ddveloppement du cortex, semblent avoir regroup6 au Carbonif~re les algues rouges appartenant it la famille des Ungdarellaceae.

A new red calcareous alga : Cheggatella denticula, Late Bashkirian in age, is described from the B6char basin (Algerian Sahara). This new species shows affinities with the four genera : Komia, Ungdarella, Pseudokomia and Petschoria which be- long also to family Ungdarellaceae. The relationship between Cheggatella and Komia is close. Komia may be a precursor of Cheggatella which evolved in the Late Bashkirian. Two main li- neages, the first one with a great development of the medulla, the second one characterized by a great development of the cor- tex, seem to represent during Carboniferous times most of the calcareous red algae belonging to family Ungdarellaceae.

MOTS-CLI~S : ALGUE ROUGE CALCAIRE, TAXINOMIE, I~VOLUTION, CARBONIFERE SUPI~R1EIJR, SAHARA. KEY-WORDS : RED CALCAREOUS ALGA, TAXlNOMY, EVOLUTION, LATE CARBONIFEROUS, SAHARA.

INTRODUCTION

Un niveau carbonat6 appartenant ~. la formation Oued el Ha- mar (Bashkirien supdrieur) localis6 dans la coupe de l'Oued Cheggat (fig. 3) a livr6 de nombreux sp6cimens bien conserv6s d'une algue calcaire.

Ces spdcimens, qui font l'objet de cette dtude, proviennent d'un calcaire de type packestone. En plus des fragments de Pal- gue calcalre, qui repr~sentent environ 50 ~ des corps figur6s, le microfaci~s appara~t compos6 de nombreux p6loides, d'encrofi- tements micritiques d'origine algaire, de crino'fdes, de foraminl- f/~res (fusulines) et de d6bris d'algues calcaires scalariformes. Des plages de calcite syntaxique se sont ddveloppdes sur les fragments de crino'fdes.

Fig. 1 - Position de la coupe de l'Oued Cheggat dans le Djebel B6char (bassin de B6char, Sahara alg6rien). Location of Oued Cheggat section in the Djebel B6char (B6char basin, Mgerian Sahara).

2' W 32 °

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* CNRS, URA 1364, D6partement de G6ologie, Universit6 de Caen, 14032 Caen Cedex, France

Geobios, n ° 22, fasc. 5, Note br/~ve p. 677-682, 3 fig., 1 pl. Lyon, octobre 1989

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TAXINOMIE

RHODOPHYCOPHYTA Papenfuss, 1946 Famille UNGDAREMMACEAE Maslov, 1956

Genre Cheggatella n. gen.

ESPECE-TYPE Cheggatella denticula n. sp.

Halley 1985, fig. 7B, p. 250). En section transversale orthogo- nale, les files de cellules montrent use disposition radiaire typi- que (fig. 2). Elles peuvent ~tre suivies sur presque toute lear longueur ii cause de leur orientation qui devient rapidement perpendiculalre it la paroi du thalle.

ORIGINE DIJ NOM De I'Oued Cheggat, dont le ravin recoupe le niveau carbonat~

qui a livr6 les spdcimens de cette algue.

DIAGNOSE DU GENRE Le thalle est sub-cylindrlque, non articul~, allong~ et ramifi~.

II se compose d'une zone m~dullaire et d'une zone corticale (cortex). Les cellules de la zone m~du!laire, de forme quadrati- que, sont dispos~es en files longitudinales. La zone corticale est fortune de files de cellules qui s'insi~rent obliquement sur la zone m~dullaire, puis se redressent pour prendre une direction perpendiculaire {~ la surface du thalle. Ces files de ceUules peu- vent ~tre pseudodichotomes et leur paro| prGsente un aspect denticul6 typique. Le diam~tre de la zone m~dullaire est le tiers de celui du thalle.

Cheggatella denticulata n. sp. pl. 1, fig. 1-8

1

T a

b J

0©0 2

Fig. 2 - 1 : schGma d'une coupe longitudinale axiale, partielle, dans le thalle de Cheggatella dentfcula n. gen., n. sp. 2 : schGma d'une coupe transver- sale, partielle, dans le thalle, a = cortex ; b = zone mGdullaire. I : part of an axial longitudinal section through the thallus of CheggateL la denticula n. gem, n. sp. 2 : part of a transverse section through the thallus, a = cortex ; b = medulla.

ORIGINE DU NOM DU latin dentic~dus, pour rappeler l'aspect denticul~ carac-

tdristique des parois des files de cellules du cortex.

DESCRIPTION Cette algue devait se pr6senter avec un thalle sub-cylindri-

que, dressG, ramifi~, non encrofitant et non articulG. Le thalle comprend une zone mGdullaire de petit dlam~tre et un cortex.

La zone mCdullaire est composde de cellules d'aspect qua- dratique avec des parois dont l'Gpaisseur est de l'ordre de 0,014 ram. La largeur interne de ces cellules se situe autour de 0,028 mm, et dquivaut ainsi au double de l'dpaisseur de la paroi. Ces cellules, comblGes par de la calcite claire, s'ordonnent en files longitudinales axiales. Le nombre exact des files de cellules est difficile it prdciser par suite de la recristallisation du thalle.

Le cortex est form6 de tr~s nombreuses files de cellules fix6es sur la zone m6dullaire. Chaque slle est d'abord insdrde obliquement, puis, tr~s rite, elle se redresse pour s'orienter per- pendiculairement it la zone mddullaire et it la surface du thalle. Ces files de cellules, parfois pseudodichotomes, sont tassCes les unes contre les autres. Leur paroi longitudinale offre un aspect denticul~. Un tel aspect r6sulte de la fossilisation incomplete des parois transversales dont seules les portions au contact des parois longitudinales sont encore visibles. On retrouve cette morphologie chez les genres actuels Ethelia et Polystrata (Squamariaeeae) (Wray, 1977, fig. 37, p. 52; Buchbinder&

MENStI~TIONS (en mm) Diam~tre du thalle : 0,571-0,657 Cellules de la zone m6dullalre

Epaisseur de la paroi : 0,014 Largeur interne : 0,028

Files de cellules de la zone corticale (cortex) Epalsseur de la paroi : 0,007 Largeur interne : 0,028-0,056.

RAPPORTS ET DIFFERENCES Le nouveau genre Cheggatella prGsente des affinitds avec les

quatre genres Komia, Ungdarella, Pseudokomia et Petschoria, d'Sge carbonif~re, qui appartiennent 6galement ~t la famille des Ongdarellaceae.

1. Avec Komia - Le genre Komia KOROE, 1951 poss~de comme Cheggatella use zone mddullaire relativement peu de- veloppde constituGe par un faisceau de filaments longitudinaux. Le thalle est 6galement cylindrique et ramifiG. Les files de cel- lules du cortex rencontrent la surface du thalle sous un angle voisin de l'angle droit, ce qul est un caract~re Cr~s proche de ce- lui des files de cellules de Cheggatella.

La diffGrence fondamentale entre ces deux genres rGside dans la disposition en rangGes rdguli~res, parall~les et concen- triques des cellules formant le cortex chez le genre Komia.

2. Avec Ungdarella - Le genre Cheggatella et le genre Ung- darella MASLOV, 1950 ont en commun une mf~me morphologie externe du thalle (sub-cylindrique et ramifi~).

La ressemblance s'arr~te 1~. car chez Ungdarella la zone md- dullaire est rdduite ~t une file unique de cellules. Par ailleurs, le cortex chez ce dernler genre est form6 de files de cellules dont l'orientation est oblique par rapport ~. la surface du thalle.

3. Avec Pseudokomia - La ressemblance du genre Chegga- tella avec le genre Pseudokomia RACZ, 1964 se situe au niveau des files de cellules du cortex. En effet, chez Pseudokomia, ces dernl~res relativement Epaisses peuvent 6galement ~tre pseudo- dichotomes. Elles sont aussi perpendiculaires ou sub.perpendi- culaires ~. la surface du thalle.

La difference apparaTt avec la morphologie du thalle qui n'est pas ramifi6 chez Pseudokomia. De plus, la zone mddul- laire de Pseudokomia est beaucoup plus ddvelopp6e que celle de Cheggatella.

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4. Avec Petschorta - Les morphologies externes des thalles de Cheggatella et dePetsahorta KOROE, 1951 sont tr~s voisines.

Par contre, des dlffdrences surgissent au niveau de la zone mEdullaire qui, chez Petaahoria, est trSs dEveloppde aux ddpens du cortex. Si, chez Petschoria, les files de cellules du cortex sont perpendiculalres ~t la zone mddullaire et ~. la surface du thalle, elles ne prEsentent pas de pseudodichotomie (Korde, 1951), et mEnagent entre elles un intervalle plus grand que la largeur des files de cellules (Roux, 1985). Les files de cellules du cortex de Petschoria apparaTssent ainsi tr~s diffErentes de celles de Gheggatella qui ont des patois minces et sont tassdes les unes contre les autres.

De cette comparaison (fig. 3) avec les genres Komia, Ung- darella, Pseudokomia et Petsehoria il ressort que le nouveau genre Cheggatella s'individualise nettement et, de ce faR, sa creation est justifiEe.

1 2 3 4 5

Fig. 3 - Tableau comparatlf de la morphologle des genres Komta (1), Cheggatelta (2) ,Pseudokmnta (3),Petscborta (4) et Ungdarella (5). a = morphologie exteme ; b = section longitidinale axiale du thalle ; c = section transversale montrant le d6veloppement du cortex (lignes obliques) et de [a zone m6dullaire (poin- tiU6). Comparative morphology of genera Komta (l),Cbeggatella (2), Pseudokomta (3), Petschorl~ (4) and lIngdarella (5). a = external morphology; b = longitudinal axial section of thallus ; c = transverse section showing the development of cortex (zone with oblique lines) and medulla (stippled zone).

HOLOTYPE P1. 1, fig. 1 : section longitudinale oblique. Lame mince numErot~e YL 1264 (3, d~posEe au DEpartement

de gdologie de l'Universitd de Caen.

LOCALISATION Coupe de l'Oued Cheggat dand le Djebel BEchar, bassin de

Bdehar (Sahara algErien).

POSITION STRATIGRAPHIQIJE

Formation de Oued el Hamar, Bashkirien sup6rieur.

~VOLUTION AU SEIN DE LA FAMILLE DES UNGDARELLACEAE

Ainsi qu'il appara~t plus haut, c'est avec le genre Komia que le nouveau genre Cbeggatella offre le plus d'affinitE, ce qui conduit ~ envisager une relation possible entre ces deux genres.

En l'~tat actuel des connalssances l'apparition du genre Ko- mia se situe au visEen supErieur et sa disparition au Permien

PLANCHE 1

Fig. 1-8- Cheggatella dentlculu n. gen., n. sp., Bashkirien sup6rleur, coupe de l'Oued Cheggat, Djebel B6char, bassin de Bdchar (Sahara algdrien), x 35 Late Bashkirian, Oued Cheggat Section, Djebel Bdchar (Algerian Sahara). x 35

Fig. 1 - Holotype. Section longimdlnale oblique. Holotype. Longitudinal oblique section.

Fig. 2 - Section longitudinale oblique montrant une double ramification. Longitudinal oblique section showing a double ramification.

Fig. 3-5 - Sections longitudinales obliques. Oblique longitudinal sections.

Fig. 6 - Section longitudinale oblique et section transversale. Longitudinal oblique section and transverse section.

Fig. 7 - Deux sections transversales recoupant le thalle 16gSrement au dessus d'une ramification. Two transverse sections near the branching of the thallus.

Fig. 8 - Sections transverses obliques. Oblique transverse sections.

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PI. l J. Poncet

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inf6rieur. A titre d'hypothi~se, c'est au Bashldrien supdrieur que le genre Cheggatella peut avoir d6riv6 du genre Komia par perte de la disposition en rangfies parall~les et concentriques des cellules dn cortex. Les cellules du cortex s'ordonnent alors en files de cellules perpendiculalres ~. la surface du thalle pour produlre la morphologie anatomique de Cheggatella (fig. 4).

Au CarbonifOre, la Famille des Ungdarellaceae pr6sente deux lign6es.

Une premiere lign~e, reconnue par Roux (1985) et Mamet et al. (1987), est caract6ris~e par une rdduction du cortex com- pensde par un plus grand d6veloppement de la zone m6dullaire. Cette lignde se traduit par un passage depuis Epistaeheoides neophroformis jusqu'~ Petsvhoria elegans par l'interm6diaire de Epistacheoides chantoni et Pseudokomia cansecoensis.

Une seconde lign6e qui comprend les genres Komia et Gheg- gatella n. gen. dont les cortex, au contraire, sont bien ddvelop- p6s.

I1 semble que le genre Ungdarella, apparu 6galement au Vi- s6en sup~rieur, ait perdur6 iusqu'au Permien inf6rieur sans ~voluer.

Fig. 4 - Evolution et r6partition steatlgraphlque des repr6sentants de la famllle des Ungdarellaceae caraet6ris~s par le faible d6veloppe- ment de la zone m6dullaire, l = K o m i a ; 2 = Cheggatefla n. gen. ; 3 = UngdareUa. Evolution and stratigraphl¢ distribution of taxa belonging to the family Ungdarellaeeae characterized by a small development of medulla, l = K o m i a ; 2 = CheggaleUa n. gen. ; 3, Ungdarella.

Remerciements

Ce travail a 6t6 effectud clans le cadre du programme de I'U- RA 1364 du GNRS : Pal6ozoYque marin gondwanien. L'auteur re-

mercie les deux rapporteurs, J. Gabioch et A.F. Poignant pour leurs suggestions et critiques constructives.

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