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"Chercher àpersuader Dieu" (Ga i 10 a): Le début de l'Épître aux Galates et la scène matthéenne de Césarée de Philippe Author(s): A. Feuillet Source: Novum Testamentum, Vol. 12, Fasc. 4 (Oct., 1970), pp. 350-360 Published by: BRILL Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1559932 . Accessed: 15/06/2014 15:44 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . BRILL is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Novum Testamentum. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.230 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:24 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

"Chercher à persuader Dieu" (Ga i 10 a): Le début de l'Épître aux Galates et la scène matthéenne de Césarée de Philippe

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"Chercher àpersuader Dieu" (Ga i 10 a): Le début de l'Épître aux Galates et la scène matthéennede Césarée de PhilippeAuthor(s): A. FeuilletSource: Novum Testamentum, Vol. 12, Fasc. 4 (Oct., 1970), pp. 350-360Published by: BRILLStable URL: http://www.jstor.org/stable/1559932 .

Accessed: 15/06/2014 15:44

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU" (GA I oa).

Le debut de l'Epi'tre aux Galates et la scene mattheenne de Cesaree de Philippe

PAR

A. FEUILLET Paris

Deux tendances se sont toujours affrontees dans la traduction des textes anciens. I1 y a d'une part les partisans du mot a mot; la Septante nous fournit souvent des exemples d'un litteralisme pousse jusqu'a la servilite. I1 y a d'autre part ceux qui, a l'exemple de saint Jerome dans la Vulgate, ont le souci d'aboutir a un texte sinon elegant, du moins aisement intelligible.

C'est sans aucun doute a se faire comprendre que le traducteur doit toujours viser; il se souviendra que la correspondance entre les diffdrentes langues n'est qu'imparfaite et que les versions les plus litterales ne sont pas forcement les plus fideles.1) Mais il lui faut egalement eviter le risque de trahir la vraie pensee de l'auteur en recourant a la paraphrase ou a l'explication. II doit donc d'abord et avant tout essayer de serrer de pres le texte qu'il a sous les yeux, si etrange que celui-ci lui paraisse. Le respect scrupuleux du texte fait parfois aboutir a des resultats tout a fait inattendus.

Les quelques pages qui suivent illustreront ce que nous venons de dire. Dans une premiere partie, nous ferons quelques observa- tions d'ordre presque exclusivement philologique, mais dont la

portee pourrait etre grande si elles sont exactes. En effet, ainsi

que nous le soulignerons dans une seconde partie, on est ainsi amene a regarder sous un jour partiellement nouveau les rapports de l'lpitre aux Galates avec la scene mattheenne de Cesaree de

Philippe (xvi I3-23).

Au debut de l'Epitre aux Galates l'Apotre affirme avoir requ directement de Dieu, non seulement sa fonction apostolique, mais encore l'evangile qu'il preche. En consequence il profere

1) Cf. J. CARMIGNAC, Recherches sur le Notre Pere, Paris, I969. Premiere Partie, Chapitre I: Comment traduire ? p. I1-17.

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

l'anatheme contre quiconque oserait annoncer un evangile diffdrent de celui-la. Cette intransigeance, il la justifie aussitot par ces

questions que nous traduisons tres litteralement: ,,Car en ce moment m6me est-ce que ce sont des hommes que je cherche a persuader, ou bien est-ce Dieu? Ou bien est-ce que je cherche a plaire a des hommes ? Si je cherchais encore a plaire a des hommes, je ne serais

pas serviteur du Christ" (i io). Le present de peithein en IOa est de toute evidence un present

de tentative. Mais quel peut bien etre le sens de cette premiere interrogation? Le Dictionnaire de W. BAUER (4e edit. col II64). propose le choix entre deux acceptions possibles du verbe peithein en cet endroit: ou bien l'acception ordinaire de persuader des hommes comme en 2 Co. v ii et Ac. xiii 43, ou bien celle de gagner a soi, se rendre favorable comme en Ac. xii 20 et xiv 19. Ce dernier sens est lui aussi fort bien atteste dans le grec classique, qu'il s'agisse de gagner les bonnes graces de quelqu'un par des moyens honnetes ou bien de le circonvenir, de l'enjoler, de le seduire.

P. BONNARD ne veut absolument pas qu'on prenne peithein de Ga. i IO au sens pejoratif de gagner quelqu'un par des paroles flatteuses, au detriment de la verite. I1 lui donne une portee gene- rale: par ma predication suis-je en train de faire le travail des hommes ou celui de Dieu? Suis-je par ma parole au service des hommes, comme on vous le dit a tort, ou bien suis-je au service de Dieu? 1) Mais cette traduction est une explication malaisement

justifiable. En outre il est difficile de voir comment on aurait

pu reprocher a Paul d'etre au service des hommes, si ce service n'avait consiste qu'a les convaincre de sa predication sans user de moyens malhonnetes.

En fait la plupart des commentateurs comprennent ainsi le texte, a l'exemple de la Bible de Jerusalem: ,,Est-ce que je cherche a gagner la faveur des hommes, ou bien celle de Dieu?" Cette question disjonctive, ainsi interpretee, appelle evidemment comme reponse: je cherche a gagner la faveur de Dieu, et nullement celle des hommes. Ainsi donc ,,persuader des hommes" aurait exactement le meme sens pejoratif que ,,plaire a des hommes" de l'interrogation qui suit.

A l'encontre de cette exegese courante, R. BULTMANN 2) a fait valoir de fortes objections qui meritent d'etre prises en considera-

1) L'tEpitre aux Galates, Neuchatel-Paris, I953, p. 25-26. 2) T W N T, VI, art. 7rrLO0 p. 2-3.

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A. FEUILLET

tion. L'expression ,,persuader des hommes" suppose qu'on les amene a changer d'avis et peut difficilement vouloir dire la mme chose que ,,plaire a des hommes", attitude qui implique au con- traire qu'on se met a leur remorque. Dans plusieurs passages des Actes des Apotres (xviii 4, xix 8, xxviii 23), et egalement en 2 Co. v II, la formule ,,persuader des hommes" (des Juifs, des Grecs) se rapporte a l'activite des predicateurs de l'Evangile; elle a dans ce cas presque la valeur d'une expression technique et designe l'exercice r6gulier de l'activite missionnaire 1). I1 est normal de la part des apotres et de tous les predicateurs de chercher a convertir les hommes, a les convaincre de la verite de l'1ivangile. Ce qui par contre apparait singulier, et meme choquant, c'est qu'un homme eleve la pr6tention d'amener Dieu a changer de sentiment et a se ranger a son propre avis.

Nombreux sont les interpretes qui ont souligne ce qu'il y a d'etrange dans l'emploi de peithein en Ga i Io avec Dieu comme complement direct. Fort justement G. RICCIOTTI 2) ecrit: peithein exprime l'effort fait par un orateur pour convaincre son auditoire; il ne peut normalement se rapporter qu'a des hommes; il n'y a absolument pas lieu de chercher a persuader Dieu a qui rien n'e- chappe. Avec le meme verbe peithein, saint Paul lui-meme n'oppose- t-il pas les hommes et Dieu en 2 Co. v II ? ,,Nous cherchons a persuader les hommes, mais devant Dieu nous sommes a decouvert".

Malgre ces excellentes observations, RICCIOTTI n'en croit pas moins devoir maintenir l'explication usuelle de Ga. i Io. Il songe a une sorte de zeugma, la figure de rhetorique qui consiste a rattacher au meme adjectif ou au meme verbe deux ou plusieurs substantifs, alors que logiquement ceux-ci ne se rapportent qu'a l'un d'entre eux. L'exegese de Lagrange revient pratiquement a cela: ,,Au lieu de dire plus clairement: est-ce que je cherche a persuader les hommes ou a meriter l'approbation de Dieu ? Paul garde hardiment le mot qu'on lui reproche: je cherche a persuader, dites-vous? Mais Dieu, et non les hommes".3) Un phenomene analogue se

1) En 2 Co V II, certains auteurs ont voulu voir dans l'affirmation ,,nous cherchons a persuader les hommes" la reprise d'un reproche ironique adresse a Paul (cf. par ex. BACHMANN): l'Apotre irait au devant de ce grief: sans doute nous cherchons a convaincre les hommes de la justesse de notre cause, mais c'est Dieu qui voit le fond de nos cceurs. ALLO et DIBELIUS se prononcent contre cette exegese; Paul veut dire qu'il cherche a gagner des hommes a l'Rvangile, mais en s'en remettant a Dieu.

2) Le lettere di San Paolo tradotte e commentate, Roma, I949, p. 215. 3) Epitre aux Galates, Paris, I926, p. 8.

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

rencontre en i Tm. iv 3: ils interdisent ,,de se marier et de s'abstenir d'aliments que Dieu a crees": il est evident que l'interdiction ne

portait que sur le mariage; les doctrines erronees n'interdisaient

pas, mais au contraire prescrivaient des abstinences alimentaires.

Cependant, il faut le souligner, Ga. i IO nous met en presence d'un phenomene plus complexe qu'un simple zeugma, du genre de celui de I Tm. iv 3. Dans l'l,pitre aux Galates on n'est pas seulement amene a appliquer a deux noms une signification de peithein qui ne convient qu'au premier; en realite, meme avec le

premier nom, le verbe est detourne de son acception la plus normale; compte tenu surtout du contexte immediatement antecedent, son sens devrait etre: convaincre les hommes de la verite de l'1vangile: or on l'entend au sens de se concilier la faveur des hommes d'une faaon malhonnete.

Pour l'emploi inattendu de peithein en Ga i o1 avec Dieu comme

complement, BULTMANN a suggere une explication meilleure

que celle du zeugma. Nous la reproduisons en la modifiant un

peu et en lui ajoutant quelques precisions. L'Apotre des Gentils

prechait un evangile de liberte totale a l'endroit de la Loi mosaique qui avait ete donnee par Dieu. Ses adversaires devaient ou en tout cas pouvaient lui faire un double reproche: en premier lieu celui de pretendre amener Dieu a adopter le point de vue meme de Paul et a abandonner en consequence la Loi qu'il avait autrefois 6dict6e; en second lieu celui de precher aux hommes une doctrine de facilitd en les soustrayant aux observances mosaiques.

C'est a ce double reproche que correspondent les deux interroga- tions de Ga i Io, qui ne sont pas du tout equivalentes, comme on le pense d'ordinaire. L'Apotre demande d'abord: en parlant ainsi en ce moment meme, c'est-'a-dire en proferant l'anatheme contre les ennemis de mon evangile (le &prt du v. Io est un rappel de

pTI x 7AL Xywco du v. 9), sont-ce des hommes que je cherche a persuader de la v6rit6 de mon evangile, comme cela est normal

pour un predicateur, ou bien ne serait-ce pas plutot Dieu que je chercherais a plier a mon sentiment? Rppondant au second grief qu'on lui adresse, celui de precher une doctrine de facilitY, l'Apotre demande ensuite: ou bien est-ce que je cherche a plaire a des hommes? Cette seconde question est introduite par ,,ou bien"; n'est-ce pas la un indice clair qu'elle n'est pas une simple repetition synonymique de celle qui precede, mais une nouvelle question tout a fait distincte et ayant un sens different ? La Bible de Jerusalem

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Novum Testamenturn XII 23

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A. FEUILLET

a ndglige de reproduire cet ,,ou bien"; nous pensons au contraire qu'il faut le garder. Avec cette explication, ,,chercher a persuader Dieu" est a prendre en mauvaise part de la meme maniere que ,,chercher a plaire aux hommes".

A plusieurs reprises, dans ses lettres, saint Paul se d6fend d'user de flatterie ou de fourberie a l'egard des hommes et de falsifier, pour leur plaire, la parole de Dieu: I Th ii 5-6; 2 Co iii I, iv 2, v II,

x I, 10. Mais ce n'est que dans l'Etitre aux Galates qu'il re'cuse le

grief d'avoir voulu enjoler Dieu lui-meme. Ainsi que l'a bien compris H. SCHLIER ), la malediction qu'il venait d'appeler sur les adver- saires de son dvangile pouvait donner un semblant de veritd a un tel reproche. Les premiers mots du verset (&prT yoip),, et surtout le yap, qui a embarrasse les interpretes 2), peuvent ainsi 6tre justifids plus aisement: car en ce moment meme, tandis que je profere cet anatheme, est-ce que je pourrais pousser l'absurdite jusqu'a chercher a faire pression sur Dieu et a le mettre de mon c6te? ltvidemment non.

II se pourrait que la comparaison avec la scene mattheenne de Cesar6e de Philippe (xvi 13-23) apporte un confirmatur precieux a cette exegese. II nous faut rappeler ici les points de contact manifestes, souvent mentionnes par les exegetes, entre cet episode evang6lique et le debut de l'Ipitre aux Galates.

Dans les deux cas on trouve le terme relativement rare d',,apc,a- lypse" ou revelation (Mt xvi 17 et Ga i I6; cf. i I2). Dans les deux cas c'est Dieu le Pere qui fait cette revelation.3) Dans les deux cas celle-ci a pour objet, non pas une verite abstraite, mais la personnalite de Jesus, et, plus precisdment encore, sa qualitd de Fils de Dieu (Mt xvi I6 et Ga i I6).

1) Der Brief an Die Galater, Gottingen, 1949, P. i6: Man k6nnte sagen er beschwatze Gott, wenn er eben den Fluch iiber die Verfallscher des Evangeliums auspricht.

2) La particule yoap, qui dans les interrogations repond souvent a notre ,,donc", apporte le plus ordinairement la raison d'etre de ce qui precede, et moins souvent 1' explication de ce qui suit. Selon BURTON, ici le sens le plus probable de y&p est que Paul entend justifier le langage severe qu'il vient de tenir: The Epistle to the Galatians', Edinburgh, 1950, p. 31-32.

3) On lit en Ga. i i6: ,,Celui qui, des le sein maternel, m'a mis a part et appele par sa grace daigna reveler en moi son Fils". En Ga i 12, dans la formule ,,une revelation de Jesus-Christ", le genitif ,,de Jesus-Christ" doit etre objectif, conformement a ce qui est dit au v. i6. Le sens pourrait etre cependant tout a la fois subjectif et objectif: revelation dont Jesus-Christ fut a la fois l'auteur et l'objet; cf. S. LYONNET, Les Epitres aux Galates et aux Romains (Bible de Jerusalem), Paris, 1959, p. 23, note b.

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

Sur le plan litteraire on observe les correspondances suivantes: d'une part Jesus demande aux Douze ce que les hommes pensent de lui, et ensuite il declare a Pierre que c'est le Pere qui lui a rev6ld qui il est (Mt xvi 13, I7); d'autre part Paul ddclare avoir renu son evangile, non pas d'un homme, mais d'une revelation de Dieu portant sur la personne de Jesus-Christ (v. II). D'une part Jesus oppose a la chair et au sang le Pere qui revele (Mt xvi 17); d'autre part Paul affirme avoir suivi la revelation divine donnde par Dieu et n'avoir pas consulte la chair et le sang. Cette expression la chair et le sang n'apparait que dans le judaisme tardif et est rare dans l'ensemble de la Bible; en plus de Ga i I6 et de Mt xvi 17, cf. encore Si xiv I8; I Co xv 50; Ep vi I2; He ii 141). Un detail significatif, sur lequel DOM CHAPMAN a attire l'attention,2) vient encore ren- forcer ces ressemblances: partout ailleurs, en tout huit fois, Paul donne au chef des apotres le nom de Cephas (I Co I I2, iii 22, ix 5, xv 5; Ga i I8, ii 9, II, 14). I1 ne l'appelle de son nom grec de Petros qu'en Ga ii 7-8, quand il evoque comment Pierre fut fait apotre par le Christ, comme si, a ce moment 1a, il voulait se conformer aux recits evangeliques ou le meme nom grec apparait, et notam- ment a la scene de Cesaree 3).

II est difficile de supposer que tant de coincidences sont l'effet du hasard. Mais est-ce bien Paul qui depend de Matthieu? Ne serait-ce pas plutot Matthieu qui dependrait de Paul? A la suite de quelques critiques4), A. M. DENIS 5) estime que l'utilisation

1) Cf. T W N T, I, art. oclaoc (BEHM), p. 171-172. 2) Saint Paul and the Revelation to St Peter, Mt I6, 17, dans Revue Bene-

dictine, 29 (1912), p. 134 sq. 3) On s'est demande si les ,,colonnes" de Ga ii 9 n'ont pas quelque rapport

avec le roc de Mt xvi 8. S'il en etait ainsi, il y aurait la une nouvelle evocation de la scene de Cesaree. Cette relation est affirmee par K. HOLL, Gesammelte Aufsdtze, II, Tubingen, I928, p. 45, et J. JEREMIAS, Golgotha, dans Angelos 2/3, 1926, p. 69, note 4. Certes les images du roc et des colonnes sont diffe- rentes, mais elles se rattachent, l'une et l'autre, a la metaphore de la con- struction appliquee a la fondation de l'fglise. Et comme il y a dans l']pitre aux Galates d'autres references plus nettes a Mt xvi 17-18, il n'est pas deraisonnable de voir dans l'image des colonnes, qui est rare, une re- miniscence faisant corps avec les autres, meme s'il est vrai que cette image n'est pas totalement inconnue dans l'antiquite: cf. EURIPIDE, Iphigenie en Tauride, 57: ,,Les colonnes d'un palais, ce sont les enfants males".

4) Cf. notamment D. VOLTER, Das Bekenntnis des Petrus und die Verkklrung Jesu auf den Berg, Strasbourg, 191 , p. 9- o, i8, 25; le passage de Mt xvi 18-19 aurait ete insere dans notre evangile actuel a Rome en 'an 119.

5) L'investiture de la fonction apostolique par ,,apocalypse". Etude thg- matique de Ga i, i6, R B 64 (1957), p. 503 sq., cf. F. REFOULI, Primautd de Pierre dans les Evangiles, Revue des Sciences Religieuses 38 (1964), p. I-41.

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A. FEUILLET

par Mt xvi 17-18 de Ga i I6 releve a tout le moins du domaine des possibilitds. Avec raison la plupart des exegetes qui se sont

penchds sur ce probleme (FEINE, JEREMIAS, CULLMANN, HORST, (EPKE, CHAPMAN, DUPONT..) 1) se prononcent en sens contraire; ils songent a un emprunt fait par saint Paul a la tradition evang6- lique consignee dans notre evangile actuel de Matthieu; plusieurs d'entre eux voient la un indice complementaire de l'authenticite du recit 6vangdlique 2). Il est aise d'expliquer en effet pourquoi saint Paul, voulant se presenter comme apotre a l'egal des Douze, a tenu a evoquer l'investiture de Pierre pour lui comparer la sienne

propre, ce qu'il fait d'ailleurs tres expressdment en Ga ii 8: ,,Celui

qui avait agi en Pierre pour faire de lui un apotre des circoncis avait pareillement agi en moi en faveur des paiens." Au contraire on voit beaucoup moins bien pourquoi l'evangeliste aurait tenu a rapprocher l'investiture apostolique de Pierre de celle de Paul.

Rappelons qu'il y a plusieurs autres cas ou l'Ap6tre des Gentils semble s'inspirer de la tradition mattheenne: par exemple dans ses enseignements sur la Parousie des fpitres aux Thessaloniciens, dans l'allusion probable a la Transfiguration de 2 Co iv 6 3).

Nous devons maintenant revenir sur Ga i Io. I1 nous semble

1) Voici ces references: P. FEINE, Jesus Christus und Paulus, Leipzig, 1902, p. 62, note 2; J. JEREMIAS, Golgotha und die heilige Felsen, dans Angelos, 1916 (cf. supra, p. 355, note 3); 0. CULLMANN, Saint Pierre Disciple-Ap6tre- Martyr, Neuchatel-Paris, 1962, p. i68, n. 7; J. HORST, Die Kirchengedanke bei Matthdus I6, I8, dans Zeitschr. System.-Theol. XX; I913, p. 127 et 138; A. (EPKE, Der Herrnspruch iber die Kirche Mt I6, I7-19 in der neuesten Forschung, Studia Theologica II, 2, 1948, p. I56, n. 3; J. CHAPMAN (cf. supra, p. 355, n. 2) J. DUPONT, La rdvelation du Fils de Dieu en faveur de Pierre (Mt i6, I7) et de Paul (Ga I, I6), dans Recherches de Science Religieuse 52 (1964), p. 4II-420.

2) Si l'on avait par ailleurs des motifs de douter de l'authenticite de la promesse faite a Pierre en Mt xvi 17-I8, alors on pourrait penser que cette promesse a ete forgee a partir des donnees pauliniennes. Mais on a les meilleu- res raisons d'admettre l'authenticite de Mt xvi 17-18, comme le reconnaissent (EPKE, JEREMIAS, CULLMANN etc., pour ne nommer que des protestants.

3) Cf. a ce sujet DB S, art. Parousie, col. 1362-1364; Le Christ Sagesse de Dieu d'apres les Epitres Pauliniennes, Paris, I966, p. I53. A. M. DENIS (art. laud, R B I957, P. 505) note que la metaphore de la construction comme expression eschatologique et messianique existe deja dans l'Ancien Testament (cf. par ex. Am ix II), mais qu'elle est commune a Mt et aux lpitres pauli- niennes; selon lui, c'est le premier evangeliste qui l'aurait empruntee a l'Ap6tre des Gentils. En sens contraire CULLMANN pense que plusieurs passages neotestamentaires ou se trouve cette metaphore, notamment Ep ii 20 et Ap xxi 14 qui ont en commun d'unir l'image de la construction a la fonction d'ap6tre, dependent de Mt xvi 17 sq.: Saint Pierre, p. I95.

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

que ce passage, lui aussi, est en rapport avec la scene mattheenne de Cdsaree, et voici comment. Quand Jesus annonce sa future Passion, Pierre, se portant en quelque sorte, de fa9on presomptueuse, au secours de son Maitre 1), essaie de le persuader de se detourner de la voie de la Croix (Mt xvi 22); en Ga i IO, Paul se defend de ,,chercher a persuader Dieu", de faire en quelque sorte pression sur lui pour l'amener a endosser une doctrine liberant de la Loi mosaique. Jesus reproche a Pierre de n'avoir pas les sentiments de Dieu, mais ceux des hommes (Mt. xvi 23); Paul proteste qu'il ne veut plaire qu'a Dieu, et non aux hommes. On peut encore ajouter: Jesus declare satanique l'opposition au plan divin de la redemption par la Croix du Christ; Paul profere l'anatheme contre toute opposition a son evangile, d'oh qu'elle vienne, fut-ce d'un ange du ciel. l~videmment nous ne pretendons pas que ces allusions soient certaines; nous nous contentons de les proposer comme une hypothese plausible. On nous accordera sans peine qu'elles expliquent de maniere satisfaisante la construction tout a fait inattendue de peithein avec Dieu comme complement. Si ce que nous venons de dire est exact, il faudrait conclure que Paul a deja eu connaissance d'une narration evangelique constitude des memes elements que notre recit actuel de Mt. xvi I6-23, assez souvent tenu aujourd'hui pour composite 2). Assurment la re- daction du Matthieu grec actuel doit etre posterieure a l'tlpitre aux Galates, mais Paul a pu s'inspirer, soit d'une tradition orale,3) soit d'une source reprise dans cet evangile de Matthieu.4)

Ici une question vient naturellement a l'esprit: comment inter- preter les references de l'lpitre aux Galates a la scene de Cesaree,

1) Le verbe TrpoXatp0cve?aOLx, a la voix moyenne, signifie souvent assister venir en aide (cf. Rm xiv 13, xv 7; Phm I7). Le P. LAGRANGE propose de conserver cette acception en Mt xvi 22 et Mc viii 32; cf. aussi TAYLOR, St Mark, London, 1952, p. 379; C. E. B. CRANFIELD, St Mark, Cambridge, 1959, p. 279. Nombre de traducteurs proposent pour Mt xvi 22 par. le sens de ,,prendre a part". Mais, pour cette idee d'a part, Matthieu emploie regu- lierement xwo' [8iav: xiv 13, xvii I, I9, xx 17; pareillement Marc: iv 34, vi 31-32, vii 33, ix 2, 28, xiii 3; xv 20. Et pour l'idee de ,,prendre avec soi", Matthieu et Marc utilisent partout ailleurs paralambanein.

2) C'est la notamment l'avis de 0. CULLMANN, Saint Pierre, p. i6I sq.; A. V6GTLE, Messiasbekenntnis und Petrusverheissung. Zur Komposition Mt I6, I3-23 par. dans Biblische Zeitschrift, I957, P. 252-278; I958, p. 85-103.

3) Cf. en ce sens J. JEREMIAS, J. HORST, A. CEPKE, 0. CULLMANN, B. GERHARDSSON, Memory and Manuscript, Oral Tradition and Early Christiani- ty, p. 269-270.

4) Cf. J. CHAPMAN dans l'article precite.

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A. FEUILLET

et notamment l'antithese implicite avec la conduite de Pierre que nous avons cru decouvrir en Ga. i o ? Ce serait un contre-sens de voir dans ces traits la marque d'une hostilite personnelle de Paul a l'endroit de Pierre, et la preuve qu'il aurait cherche a ebranler son autorite de chef des apotres. Car, s'il l'avait ainsi combattu, pourquoi aurait-il tant tenu a obtenir son approbation pour la fondation des RIglises ,,de peur de courir ou d'avoir couru pour rien" (ii 2) 1)?

L'incident d'Antioche relate en Ga. ii II-I4 n'est pas une objection valable; il est plut6t une reconnaissance indirecte du role exception- nel de Pierre. Tout autant que les Actes des Ap6tres, l'Ipitre aux Galates atteste que Paul et Pierre s'etaient mis d'accord sur le principe: la liberte des Gentils convertis a l'endroit de la Loi mosaique. Mais, a Antioche, Pierre se montre inconsequent avec lui-meme, et Paul attache la plus grande importance aux inconse- quences de la conduite de Pierre.

Au reste, pour juger sainement de cet evenement, une chose ne doit jamais etre perdue de vue: c'est la place tout a fait speciale des apotres dans l'histoire du salut. Sur un pied d'egalite ils sont les douze fondements de la Jerusalem nouvelle (Ap. xxi I4). De leur propre chef ils ecrivent des ]Ipitres qui font autorite et fondent des eglises locales. Saint Thomas d'Aquin lui-meme reconnait au sujet de l'incident d'Antioche: ,,Paul n'aurait jamais repris Pierre de cette maniere s'il n'avait ete sous un aspect son egal quant a la defense de la foi: sic Paulus Petrum non reprohendisset nisi aliquo modo par esset quantum ad fidei defensionem" (Sum. Theol. 2a 2ae, qu. 33, art. 4, ad 2).2)

Certains auteurs, il est vrai, ont cru deceler en I Co. iii II une protestation contre le parti de Cephas. Pour lutter contre lui, l'Apotre des Gentils rappellerait qu'on ne peut pas poser d'autre fondement que celui qui a ete pose, a savoir Jesus-Christ 3). Mais, ainsi que le reconnait MUNCK,4) aucune preuve ne peut etre apportee de l'existence d'un parti de Cephas qui se serait reclame a tort

1) Ce n'est pas en vue de manifester la verite de son ltvangile que Paul cherche l'approbation de Pierre, mais pour la fondation des Eglises, afin que soient maintenus les liens avec l'lglise mere. Cf. S. LYONNET, Les Epitres aux Galates et aux Romains, p. 25, note d.

2) Cf. C. JOURNET, L'tglise du Verbe Incarne, tome I, Paris, 1941, p. I57- 158; 463-470.

3) Cf. par ex. en ce sens 0. CULLMANN, Saint Pierve, p. 40; J. HORST, Kirchengedanke, p. I38-I39.

4) Paulus und die Heilsgeschichte, Copenhague, 1954, P. I34.

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,,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

d'une parole de Jesus etablissant Pierre fondement de l'Eglise; le texte de i Co. iii ii s'adresse a l'ensemble de la communaute de Corinthe et n'en veut qu'a sa division en partis. Pour etablir qu'en i Co. In l'Ap6tre des Gentils songe a Mt. xvi 17-18, ,,il faudrait au moins un contact litteraire" 1); or toute allusion claire a ce passage evangelique y fait defaut; il faut dire la meme chose de i Co. x 4 (,,le rocher du desert, c'etait le Christ"), texte qui a ete egalement invoque.

En revanche il est tout a fait permis de penser que Mt. xvi I7-18 et I Co. iii 10-I7 sont tous les deux des exploitations paralleles et independantes du meme oracle veterotestamentaire, celui d'Is. xxviii 16-17 sur la construction messianique, oracle qui joue un grand role dans l'ensemble du Nouveau Testament. L'ex- pression de i Co. iii ii ,,poser le fondement" rappelle celle d'Isaie xxviii i6. Par ailleurs F. DREYFUS a demontre les nombreux

points de contact entre la scene mattheenne de Cesaree et Is. xxviii I4-I8 2).

Conclusion Le commentaire de J. BLIGH sur l'Epitre aux Galates 3) propose

une structure symetrique, sous forme de chiasme, de l'ensemble de la lettre. Dans une premiere section allant de i I a iii 4 il pense que le developpement de i 20-iii 4 reprend en ordre inverse les themes proposes au chapitre i (I-I9). Il suggere ainsi les corres- pondances suivantes, dont certaines sont assez frappantes, et d'autres beaucoup moins: A (i 1-3): Paul rappelle aux Galates la resurrection du Christ et demande pour eux les dons spirituels de grace et de paix; A' (iii 1-4): Paul rappelle aux Galates le Calvaire et le don qui leur a ete fait de l'Esprit;- B (i 4-5): pourquoi le Christ est mort; B' (ii 20-2I): le Christ n'est pas mort pour rien; -

1) A. M. DENIS, art. laud. p. 508, n. 2. 2) La primautd de Pierre a la lumiere de la theologie biblique du Reste

d'Israel, dans Istina, I955, n 3, p. 338-346. 3) Galatians, A Discussion of St Paul's Epistle, London I969. Pour les

emprunts que nous faisons a cette etude, on se reportera specialement a la page 44; cf. aussi p. 37, 45, 87. L'auteur souligne, lui aussi, les ressemblances entre le debut de l'fpitre aux Galates et la scene mattheenne de Cesaree, et il tient pour invraisemblable la dependance de Matthieu par rapport a l'flpitre aux Galates; seule la dependance en sens inverse est intelligible: cf. p. 132-133. Au reste BLIGH conjecture que, dans le meme passage, Paul se souvient encore de trois autres pericopes matth6ennes: la Transfiguration (Mt xvii I-8), l'hymne de jubilation (Mt xi 25-30), l'ordre d'evangelisation des Gentils (Mt xxviii 18-20).

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FEUILLET, ,CHERCHER A PERSUADER DIEU"

C (i 6-IO): anatheme contre toute autre predication, d'oil qu'elle vienne; Paul ne veut pas plaire aux hommes; C' (ii II-I9): a Antioche Paul reprend publiquement Pierre qui cherchait a plaire aux hommes; -D (i 11-I7): Paul evite d'aller a Jerusalem apres avoir re9u son evangile par revelation; D' (ii I-Io): Paul va a Jerusalem pour obeir a une revelation et parle a Pierre en presence de tous; -E (i 18-I9): le voyage a Jerusalem pour rendre visite a Pierre; la fuite de toute publicite; E' (i 20-24): apres son retour de Jerusalem Paul demeure inconnu des ilglises de Judee; il fuit toute publicite.

II est difficilement concevable que tant d'artifice ait ete employe dans la composition d'un ecrit aussi vivant et passionne que l'tppitre aux Galates. Mais tout n'est sans doute pas faux dans ces corres- pondances. Une fois admis le parallelisme entre i 6-Io et ii II-I9, on est conduit a cette conclusion: quand Paul declare ne pas chercher a plaire aux hommes, il s'oppose implicitement a Pierre, qui, a Antioche, etait alle dans sa conduite a l'encontre de ses propres convictions, afin de ne pas deplaire aux judeo-chretiens. D'une autre maniere, dans les pages qui precedent, nous parvenons a la meme conclusion que BLIGH. Mais, alors que l'explication de Bligh ne concerne que la seconde question posee en Ga. i Io: ,,est-ce que je cherche a plaire aux hommes?" la reference a la scene mattheenne de Cesaree rend compte egalement de la premiere interrogation: est-ce que je cherche a persuader Dieu?". Au reste ces deux references a la scene de Cesaree et a l'incident d'Antioche ne s'excluent nullement.

Quelle que soit la valeur de l'exegese que nous avons proposee de Ga. i 0oa, nous avons avant tout voulu, a la suite de Bultmann, souligner que la traduction courante de ce passage ne va pas du tout de soi. Quoi de plus normal, de la part d'un predicateur, que de s'efforcer de convaincre les hommes de la verite de l'l,vangile ? Mais quoi de plus anormal, de sa part, que de ,,chercher a persuader Dieu" et a lui faire changer d'avis? Contrairement a ce qu'on suppose d'ordinaire, c'est le second acte qui est blamable, et non pas le premier.

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