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1
Le dploiement des infrastructures de charge
de vhicules lectriques et hybrides
rechargeables : une approche conomique
Projet de recherche pour le PREDIT, GO6, financ par lADEME
Rapport final
Dcembre 2011
Dure : 12 mois
Partenaire principal : Armines CERNA, MINES ParisTech
Equipe scientifique : Matthieu Glachant (responsable), Marie Laure Thibault, Laurent Faucheux
Mots cls : vhicules lectriques et hybrides rechargeables, infrastructure de charges, conomie,
rgulation publique
2
3
Table des matires
Rsum ............................................................................................................................. 5
1 Introduction .............................................................................................................. 9
2 La technologie ......................................................................................................... 11
2.1 Les vhicules lectriques rechargeables ........................................................................ 11
2.1 Les technologies dinfrastructures de recharge ............................................................. 13
2.2 Les batteries ................................................................................................................ 17
2.4 Les logiciels ................................................................................................................. 23
3 La politique franaise de dploiement de linfrastructure de recharge ....................... 25
3.1 Objectifs ...................................................................................................................... 25
3.2 Instruments pour inciter lachat de VEx ..................................................................... 25
3.3 Instruments pour dployer linfrastructure de recharge ................................................ 26
3 Le cot de la recharge .............................................................................................. 28
3.1 Le cot unitaire dinstallation des points de charge ...................................................... 28
3.2 Le calibrage de linfrastructure de recharge .................................................................. 31
3.3 Le cot de la recharge normale publique ...................................................................... 33
3.4 Quelles consquences pour le calibrage de linfrastructure de transport ? ..................... 35
3.5 Que retenir ? ............................................................................................................... 40
4. Les bornes publiques de recharge : investissement, gestion et tarification ................ 41
4.1 La recharge partage est un monopole naturel ............................................................. 41
4.2 La rgulation du monopole naturel de linfrastructure .................................................. 42
4.3 Que retenir ? ............................................................................................................... 44
5 La standardisation ................................................................................................... 46
5.1 Quest-ce quun standard ? .......................................................................................... 46
4
5.2 Lconomie des rseaux ............................................................................................... 47
5.3 Les besoins de compatibilit dans le domaine de llectromobilit ................................ 52
5.2 Deux guerres des standards aujourdhui en cours ......................................................... 53
5.3 Que retenir ? ............................................................................................................... 57
Conclusion ...................................................................................................................... 59
Bibliographie .................................................................................................................. 62
ANNEXE .......................................................................................................................... 64
Le secteur des fabricants de batterie ............................................................................... 64
5
Rsum Ce document est le rapport final dune recherche du CERNA, le laboratoire dconomie de MINES
ParisTech, sur lconomie du dploiement des infrastructures de recharge ralise dans le cadre du
PREDIT et finance par lADEME. Lobjectif de cette tude conomique est danalyser les politiques
publiques et prives (dans le domaine de la standardisation notamment) qui permettraient de
dployer rapidement les infrastructures de charge un cot minimal pour la socit. Notre analyse a
permis de produire des rsultats sur trois points que nous allons maintenant rsumer: le calibrage de
linfrastructure de recharge, lorganisation de la recharge publique et la standardisation.
Le calibrage de linfrastructure de recharge
Lexamen des donnes technico-conomiques sur le cot des diffrents types de recharge montre
quil nest pas conomiquement rationnel de dployer des bornes de recharge normale (lente) sur la
voie publique ou sur les parkings. Elles sont en effet dix fois plus chres que la recharge domicile
ou sur le lieu le travail. Cela conduira ceux ne disposant pas de stationnement priv ne pas acheter
de VEx. Mais daprs les simulations du Livre Vert sur une agglomration fictive de 500 000 habitants,
cette population ne reprsente que 20% des adopteurs potentiels.
La recharge publique doit donc tre semi-rapide ou rapide. Comme le cot des bornes de recharge
semi-rapide et rapide est lev (de 7 000 56 000 par borne), il convient de limiter leur densit
autant que faire se peut. Dans ce but, nous suggrons lutilisation dune analyse cot-bnfice
traditionnelle comparant le cot complet de la recharge avec lutilit quen retirent les usagers. Cette
utilit se mesure par leur consentement payer pour laccs aux bornes de recharge semi-rapide et
rapide. Ne doivent alors tre installes que les bornes dont le cot est infrieur cette utilit. Dans
son esprit, cette dmarche est trs diffrente de celle propose par le Livre Vert sur les
infrastructures de recharge.
A notre connaissance, il nexiste pas de donnes sur les consentements payer des usagers pour la
recharge semi-rapide et rapide et sur llasticit prix de la demande. Il est prioritaire de gnrer ces
donnes dans le cadre des exprimentations prvues. Celles-ci doivent donc faire varier la densit
des bornes et les niveaux de tarification. En leur absence, une dmarche rationnelle
conomiquement nest pas possible.
6
Lorganisation de la recharge publique
La recharge publique prsente les caractristiques dun monopole naturel : au moins dans un
premier temps, la diffusion de llectro-mobilit sera trop limite pour justifier une densit de points
de recharge semi-rapide et rapide mme de susciter de la concurrence (deux bornes ne sont en
concurrence que si elles ne sont pas trop loignes lune de lautre). En outre, la demande de
recharge est extrmement incertaine puisquelle dpendra de ce que sera le niveau effectif de la
diffusion. Ce niveau est particulirement difficile prvoir du fait deffets de rseau suscitant une
logique du tout ou rien et du fait que la demande est induite par des subventions publiques dont le
niveau est difficile anticiper au-del de quelques annes.
Ces deux caractristiques empchent dans un premier temps linstauration dun vritable march
de la recharge publique. Le dploiement de la recharge reposera dabord sur laction des collectivits
publiques (qui pourront sappuyer sur des oprateurs privs dans une logique de dlgation de
service public).
Mais, compte tenu des diffrences de cots trs importantes entre les diffrents types de recharge,
une tarification de la recharge au cot complet nous semble indispensable (soit environ 2 euros pour
une recharge lente, 24 euros pour une recharge semi-rapide et 36 euros pour une recharge rapide).
Cette tarification est la seule solution envoyant les signaux aux usagers leur permettant des choix de
recharge conformes lintrt gnral. Si lon craint que cette tarification ne diminue trop les
incitations ladoption de llectro mobilit, il est parfaitement possible dajuster la subvention
lachat pour la compenser.
La standardisation
Llectro-mobilit est un bien systme exigeant de la standardisation pour interfacer efficacement
ses diffrents composants (vhicule, connecteur, borne, logiciel de communication, etc.) et pour
exploiter des effets de rseau favorisant ladoption.
Lconomie des rseaux contraste deux processus de standardisation :
Une standardisation de jure qui intervient un stade prcoce du processus de diffusion.
Une standardisation de facto dans laquelle un standard simpose lissue dun processus
concurrentiel. Elle est donc prcde dune phase de concurrence entre standards
concurrents (une guerre des standards selon la terminologie de lconomie des rseaux).
Contrairement ce que pourrait suggrer lintuition, la standardisation prcoce de jure nest pas
toujours la meilleure option. Certes, elle permet dexploiter rapidement les effets de rseau ; elle
7
favorise une concurrence sur le march, la standardisation assurant la substituabilit des biens
produits par diffrentes entreprises. Mais elle requiert un consensus qui est lent merger. Elle
ncessite de slectionner la technologie un stade o elle est moins mature que le stade de la
standardisation de facto. Le standard choisi nest donc pas forcment le meilleur dautant que le
standard de facto est slectionn par le march. Mais surtout, elle peut limiter linnovation en
diminuant la diversit des technologies et en rduisant les incitations la R&D.
Au niveau europen, il existe aujourdhui une concurrence entre la prise de type 3 de lEV Plug
Alliance soutenue par Schneider Electric, Legrand et litalien SCAME et la prise de type 2
Mennekes soutenue initialement par Daimler et RWE, rejoint en septembre 2011 par lACEA,
lassociation reprsentant les constructeurs europens dautomobiles. Cette situation ne nous
semble pas poser de problme majeur pour la diffusion du VEx en France dans la mesure o la
standardisation semble dj acquise au niveau national (le Livre Vert recommande la prise de lEV
Plug Alliance). Or cest ce niveau que sexprime lessentiel des besoins de compatibilit dans la
mesure o les VEx passeront rarement les frontires. La standardisation europenne devient alors un
enjeu de second ordre.
Dans le domaine de la recharge semi-rapide, la concurrence entre les bornes en courant alternatif
promues par Renault et les bornes en courant continu promues par les autres constructeurs est
dune autre nature car les concepts techniques et les caractristiques conomiques sont trs
contrasts : par rapport au courant continu, la recharge en courant alternatif exige des bornes moins
chres mais des vhicules quips dun redresseur, et donc plus chers. Il sagit dun sujet qui nest
pas national (les vhicules ne peuvent tre spcifiquement quips dun redresseur pour un march
national) et dont lvaluation conomique est difficile au stade actuel de dveloppement
technologique. Dans ce contexte, lconomie des rseaux suggre de laisser la guerre de standards se
drouler pour que le march tranche la question.
8
9
1 Introduction
Ce document est le rapport final dune recherche sur lconomie du dploiement des infrastructures
de recharge ralise dans le cadre du PREDIT et finance par lADEME. Que la diffusion des vhicules
lectriques et hybrides rechargeables (VEx dans la suite du rapport) dpende du dploiement dune
infrastructure de recharge dense et pratique est une vidence. En outre, compte tenu des
paramtres conomiques actuels de la solution VEx, ce dploiement ne peut se faire que sous
limpulsion dautorits publiques volontaristes offrant des financements et dictant des normes et
des prescriptions.
Le plan gouvernemental pour le dveloppement des vhicules propres1 lanc en octobre 2009 a ainsi
un volet infrastructures de charges incluant le lancement de dmonstrateurs dinfrastructures de
charges financs par lADEME, la cration dune nouvelle filiale dERDF pour accompagner les
communes dans le dploiement des bornes, un droit la prise dans les coproprits, la
standardisation des prises, des prises obligatoires dans les nouveaux immeubles avec parking, etc.
En 2010, la loi dite du Grenelle 2 a explicitement confi aux communes la comptence du
dploiement des infrastructures de recharge ouvertes au public. Plus rcemment, le livre vert sur les
infrastructures de recharge ouvertes au public pour les vhicules dcarbons publi en avril 2011
constitue un vritable mode demploi destination des communes pour lexercice de cette
comptence.
Lobjectif de cette tude conomique est danalyser les politiques publiques et prives (dans le
domaine de la standardisation notamment) qui permettraient de dployer rapidement les
infrastructures de charge un cot minimal pour la socit et en suscitant de la concurrence. Plus
prcisment, nous traitons les questions suivantes :
Quel est le cot de linfrastructure de recharge ?
Comment dimensionner linfrastructure ?
Comment doit tre organise la recharge publique ?
Quel rle doit jouer la standardisation dans le dploiement de linfrastructure ?
Ces questions sont souvent proches de celles explores dans le Livre Vert mentionn plus haut. Le
traitement est toutefois diffrent car il repose essentiellement sur les concepts de lanalyse
1 Voir http://www.developpement-durable.gouv.fr/_article_print.php3?id_article=6001
10
conomique (analyse cot-bnfice, thorie du monopole naturel, conomie des rseaux) alors que
le Livre Vert donne une place importante, et justifie, des considrations trs oprationnelles
ngliges dans ce rapport. Cela nous conduit toutefois tre frquemment en interlocution avec ce
document.
Le rapport est organis en cinq parties. La premire dcrit les technologies de llectro-mobilit puis
nous rsumons rapidement la politique franaise dans une seconde partie. Nous rassemblons et
analysons les donnes technico-conomiques sur le cot de la recharge dans la partie suivante. Cela
nous permet de formuler des points de vue sur le calibrage de linfrastructure de recharge. La
quatrime partie discute les modes dorganisation de la recharge publique et sa tarification. Une
cinquime partie explore le rle de la standardisation. Enfin, la conclusion rassemble les rsultats.
Une annexe toffe prsente lindustrie de la batterie pour vhicule lectrique.
11
2 La technologie Cette partie est une synthse prsentant les technologies mis en uvre dans llectro mobilit, la
fois au niveau des vhicules, des infrastructures de charge, des batteries et des technologies
logicielles. Sa lecture nest pas indispensable aux lecteurs familiers avec llectro-mobilit.
2.1 Les vhicules lectriques rechargeables
Vhicule hybride rechargeable
Le vhicule hybride fait appel une source dnergie lectrique et un moteur combustion interne
pour permettre la gestion optimale de ces deux nergies. Le moteur combustion interne peut
fonctionner avec diffrents carburants : essence, diesel, biocarburant, gaz, etc. Lobjectif est
dassurer une gestion et un pilotage optimal des composants afin de minimiser les consommations
dnergie du vhicule tout en prservant ses performances. Tous les vhicules hybrides VEH ou VEHR
prsentent les composants de base ci-dessous (Figure 1) et diffrent par la capacit de la batterie, la
puissance du moteur lectrique et la cylindre2 du moteur thermique.
Figure 1: les composants de base du VEH ou VEHR (Gambardella, 2010)
On peut distinguer 5 fonctionnalits qui caractrisent un vhicule hybride. Lhybride rechargeable est
le seul possder les 5 fonctionnalits:
1. Systme stop-start : arrt du moteur thermique lorsque celui ne produit pas de force motrice
pour le vhicule (phase de ralentissement essentiellement). La machine lectrique a une
puissance suprieure celle dun dmarreur conventionnel (2 4kW).
2 Volume balay par le piston au cours dun cycle thermodynamique
12
2. Systme stop and start avec rcupration dnergie au freinage : ces systmes sont drivs du
prcdent mais utilisent une machine plus puissante et un stockage associant une batterie de
plus grande capacit
3. Assistance au moteur thermique : Une machine lectrique plus puissante (10 20 kW) va
permettre en plus des fonctions prcdentes dassister le moteur thermique dans les phases
motrices ce qui permet de conserver des bonnes performances dans les faibles rgimes tout en
utilisant un moteur associ une forte rduction cylindre.
4. Mode tout lectrique : Cette fonctionnalit correspond un usage possible du vhicule hybride
partir de sa motorisation lectrique seule, cest dire que le moteur thermique pourra tre isol
de la transmission et stopp durant ces phases. Une grande part des situations dfavorables
pourra tre ralise en mode tout lectrique ce qui permet dobtenir un gain en consommation
qui va jusqu' 40% en conduite urbaine mais se rduisent quelques % sur lautoroute.
5. Mode tout lectrique avec autonomie : ce mode est complmentaire du mode lectrique. Il sen
distingue par le fait que larrt du moteur thermique pourra tre dcid par le conducteur et
maintenu sur une distance significative (all electric range : 5 20km en Europe, jusqu' 60 km
envisags aux Etats Unis). Les performances dynamiques du vhicule seront donc lies la
puissance disponible sur la machine et la batterie (20 50kW) et lautonomie lnergie
contenue dans la batterie (5 20kWh au total)
Vhicule tout lectrique
Le vhicule lectrique ne prsente pas de rservoir carburant et de moteur thermique. Il est
uniquement quip dun moteur lectrique aliment par une batterie qui doit tre recharge.
Cette partie est une synthse prsentant les technologies mis en uvre dans llectro mobilit pour
recharger les vhicules. Sont dcrits successivement les technologies mobilises dans les
infrastructures de charge, les batteries et les technologies logicielles permettant de grer la recharge.
La Figure 2 croise les caractristiques des vhicules et leur appellation.
13
Figure 2 : Les diffrents types de vhicules lectriques
Ce vhicule est un.
Sil possde
Hybride
conventionnel Mild hyrid Full hybrid
Hybride
rechargeable
Systme stop-start
Systme stop-start avec
rcupration dnergie au
freinage
Assistance au moteur
thermique
Mode tout lectrique
Mode tout lectrique
avec autonomie
2.1 Les technologies dinfrastructures de recharge
Il nexiste pas encore de standards en matire dinfrastructure de charge pour vhicules lectriques.
Les spcifications des types de points de charges (voltage, forme des prises et connecteurs) varient
dun pays et dun constructeur lautre. Nous donnons ici une classification qui sappuie sur les
travaux du groupe de travail interministriel de Jean Louis Legrand (Groupe de Travail sur la mise en
place d'infrastructures pour vhicules lectriques ou hybrides rechargeables- sous groupe modle
conomique, 2009). Le Tableau 1 rsume les diffrents types de recharge possibles.
La charge normale
On lappelle ainsi car elle est ralise partir de la tension normalise du rseau basse tension en
France.
14
Puissance (kW) : 3
Temps de charge pour une batterie de 25kWh : 8 10h
Usages : ce type de charge est prvu pour toutes les recharges domicile et pour la trs grande
majorit des points de charge sur les lieux de travail et parkings privs. La charge lente peut aussi
tre utilise pour la charge sur voirie.
Courant : Monophas tension nominal de 230 V entre phase et neutre et courant de 16A. Courant
alternatif.
Avantage : Pas dincidence sur le dimensionnement du rseau dalimentation. De plus ce type de
charge fait appel un matriel de grande diffusion, est peu coteux et na pas dimpact ngatif sur la
dure de vie de la batterie lithium ion.
Inconvnient : Lenteur de la charge
Charge semi rapide et rapide
Puissance (kW) : de 20 50. On distingue la charge semi-rapide (24kW) de la charge rapide (42kW).
Temps de charge pour une batterie de 25kWh : A 42 kW on charge la batterie 80% en 25 min, en
environ une heure en charge semi-rapide.
Usages : A la diffrence de la charge normale, cette technologie nest utilisable quen parkings
collectifs, sur la voirie ou en stations ddies.
Courant : Le courant est triphas pour bnficier de la tension de 400V entre phases. Lintensit est
de 32 63A au niveau du rseau et 100A au niveau du cblage. Un chargeur redresseur est intgr
directement dans la borne pour fournir du courant continu au vhicule3.
Avantage : Rapidit de la charge
Inconvnient : EDF prcise que ce type de charge nest pas adapt aux VEHR. Les prises et les
connecteurs pour ce type de charge ne sont pas encore industrialiss grande chelle. En avril 2009,
la seule station de recharge rapide publique en activit tait le Dutch NRGspot (City of Westminster,
2009). Le cot dune borne de recharge rapide est videmment un inconvnient majeur.
3 Renault envisage un systme ou le redresseur est embarqu (c'est--dire un lment de la chaine de traction
du vhicule), ce qui permet une division des cots de la borne par deux. La borne dlivre alors du courant
alternatif.
15
Charge trs rapide
Cette technologie est en cours de dveloppement. Elle alimente le vhicule directement en courant
triphas alternatif grce au redresseur4 de la chane de traction du vhicule. Ce systme injecte une
puissance de 50 250 kW dans le vhicule et permet une charge de 50% de la batterie en 10 15
min. ce systme na jamais t dploy lors de projets pilotes. Il est actuellement dvelopp par
quelques constructeurs de station de recharge : eTec qui utilise un standard dvelopp par un
laboratoire japonais et Coulomb Technologies. Ce systme de charge est conu pour des stations
ddies.
Echange de batterie
Il sagit dun change automatis de batteries dans des stations-services ddies. Elles pourraient
tre localises sur autoroute, voirie ou parking. Le cot dune station dchange est estim 800 k.
Il faut y ajouter un stock de batterie changer. Ces stations sont conues pour des usages lors de
parcours de grandes distances. Cette technologie est dveloppe par la firme Better Place en
partenariat avec Renault qui conoit des vhicules compatibles avec ces stations dchange (le
prototype Fluence ZE).
4 Le redresseur assure la conversion courant alternatif/ courant continu
16
Tableau 1: Rsum des diffrentes techniques de recharge et usages associs (source auteur)
Recharge normale Semi rapide Rapide Station dchange
16A, monophas, 3
kW
Charge de 6 8 h
32 A, triphas, 22 kW
1h de charge
10 km en 5min
4 3 kW, 400V, 63 A
Charge en 30 min
Echange en 5 min
Stock de 20 batteries
90% des usages Solution dappoint Solution grand rouleur Solution grand rouleur
Domicile, lieu de travail
Points de charge publics :
Domaine public (voirie, places de parkings)
Domaines concds (gare, port, parkings publics)
Domaine priv relevant du public (commerces)
Stations services
Parking publics
Stations services
Parking publics
17
2.2 Les batteries
La motorisation lectrique constitue lnergie motrice des vhicules lectriques et hybrides
rechargeables et des vhicules lectriques-hybrides. La batterie est lorgane qui doit rpondre aux
ncessits de stockage, de continuit et de fiabilit dapprovisionnement du vhicule en nergie
lectrique.
Principe de fonctionnement et architecture
La cellule est lunit lmentaire de la batterie. Cest une pile lectrochimique. La cellule restitue
sous forme dnergie lectrique lnergie produite par une raction chimique doxydorduction. Elle
est constitue de deux lectrodes (Figure 3) : lanode (lectrode positive) et la cathode (lectrode
ngative) qui sont spares par un lectrolyte permettant la circulation des ions librs par la
raction lectrochimique.
Figure 3 : fonctionnement dune pile lectrochimique
Le module est lassemblage de plusieurs cellules relies par un circuit lectrique. Un circuit de
scurit et de contrle est insr sur chaque module.
Les modules sont enfin assembls et relies par un circuit lectrique. Une batterie automobile
standard contient 25 150 cellules selon la densit nergtique de la batterie et le type de cellule
18
(McKinsey, 2009). Un systme de contrle et de scurit de la batterie ; le battery management
system ; y est ajout. Ce composant nest pas prsent dans les batteries pour tlphones portables
ou ordinateurs portables pour lesquels le risque de surchauffe est moins grand car une quantit
dnergie plus faible y est stocke.
Figure 4: de la cellule au pack batterie (Torcheux, 2010)
Six caractristiques techniques permettent de juger des performances dune batterie :
Energie spcifique : nergie stockable par unit de masse. Ce critre dtermine lautonomie
de la voiture.
Densit de puissance : puissance dlivre par unit de masse. Elle dtermine lacclration
du vhicule.
Sa cyclabilit : correspond aux nombres de cycles de charge et dcharge pour lequel le
niveau dnergie restitu reste constant. Elle dcrit la dure de vie de laccumulateur.
Performance : capacit de la batterie fonctionner en rgime optimal par temprature
extrme.
19
Scurit : certaines ractions chimiques dgagent plus de chaleur que dautres et peuvent
rsulter en une surchauffe entrainant des courts-circuits ou une surcharge.
Pour le vhicule tout lectrique, le but est de maximiser lnergie spcifique de la cellule pour avoir
le plus dnergie possible tout en minimisant la masse de la batterie. Pour le VEH et le VEHR, la
source principale dnergie est lnergie fossile, le moteur lectrique ntant utilis quen dehors du
point de fonctionnement optimal du moteur thermique (typiquement lors dune conduite urbaine) ;
le critre optimiser est la densit de puissance. Cette diffrence explique pourquoi les cellules de
VEH et VEHR sont de plus petites tailles que les cellules pour VEH ce qui a des consquences sur le
cot respectif des deux technologies.
La rvolution lithium ?
Les batteries Nickel-mtal Hydrure (NiMH) ont quip les premiers vhicules hybrides comme la
Toyota Prius (vendu 1 million dexemplaires soit 80% des ventes dhybrides dans le monde). Ces
batteries sont sures et ont une longue dure de vie. Elles sont cependant chres et ont une nergie
spcifique relativement faible qui ne permet pas dquiper les vhicules tout lectriques. De plus,
cette technologie est mature et a atteint une asymptote de performance et de cot.
Presque tous les constructeurs automobiles envisagent aujourdhui dopter pour des batteries au
lithium. Elles prsentent de nombreux avantages. Le lithium est un matriau lger qui lui confre
une haute nergie spcifique. Les perspectives de baisse de cot et damlioration des performances
technologiques sont importantes. Cest de plus la seule technologie qui permette aujourdhui
datteindre une autonomie de 150 km pour un poids acceptable pour un vhicule tout lectrique.
Ces batteries sont de deux types : les batteries lithium ion et les batteries lithium polymres. Les
premires sont constitues dune anode en carbone et dune cathode constitue dune structure
cristalline renfermant du lithium (on appelle par la suite matriaux actifs ceux qui constituent la
cathode). Le Tableau 2 prsente les cinq grandes technologies lithium-ions. Aucune technologie ne
satisfait lensemble des exigences requises et aujourdhui les batteries les plus performantes sont
souvent les moins sures (Torcheux, 2010). Les constructeurs combinent donc souvent ces
technologies pour obtenir les caractristiques voulues.
20
Tableau 2 : les grandes familles de matriaux actuelles Li ion5 (source auteur)
Nom cathode abrviation
Lithium-nickel-cobalt-Aluminium LiNi0.85Co0.1Al0.05 NCA
Lithium-iron-Phosphate LiFePO4 LFP
Lithium-Manganse-spinel (LMS) LiMn2O4 LMO
Nickel-Manganse Cobalt LiNi1/3 Mn 1/3Co 1/3O2 NMC
Les batteries lithium polymres sont constitues dune anode en lithium mtallique et une cathode
similaire aux piles lithium ion. Le matriel choisi la cathode rsulte dun compromis entre cots,
performances recherches et scurit. Les batteries lithium polymres sont dveloppes par un
nombre plus faible de producteurs (Bollor et Electrovayaya).
Lindustrie des batteries lithium pour lautomobile nest pas encore maturit
industrielle
Si la volont de dvelopper les batteries au lithium est incontestable, il existe encore un dcalage
entre les annonces de production et la ralit industrielle. Aujourdhui, les formes et la gomtrie
des cellules ne sont pas encore figes ; les prsries industrielles de cellules prsentent un taux
lev de dchet sachant que les cellules pour batteries automobiles doivent rpondre des critres
de scurit bien suprieurs ceux des cellules pour llectronique portatifs dont le processus
dindustrialisation est mature. Autre signe de cette immaturit, il nexiste pas encore de certification
de leur performance et mme de leur niveau de scurit.
En consquence, nous sommes donc encore un stade prcoce de la courbe dapprentissage mme
si les performances des batteries lithium ne cessent dtre amliores (
5 Les batteries LiCo (lithium cobalt) font partie de la famille lithium ion mais sont trs instables dans ltat
surcharg. Bien quelles quipent 99% de nos ordinateurs portables il est donc hors de question den quiper
des vhicules car cela serait trop dangereux. On ne les fait dlibrment pas figurer dans le tableau.
21
Figure 5).
22
Figure 5: Evolution de la densit nergtique (Wh/litre) des batteries lithium ion, compar aux
technologies NiMH et NiCD (Nickel Cadmium)(Agence Internationale de l'Energie, 2007)
Tous les industriels travaillent sur les batteries lithium en prsrie pour en rduire le cot du kWh via
une utilisation optimise des matriaux actifs et une optimisation de la production permettant de
diminuer les taux de dchets. Ils travaillent galement sur la possibilit doffrir une deuxime vie la
batterie.6 Par ailleurs, une commercialisation massive permettrait dexploiter des conomies
dchelle. Au final, la Deutsche Bank estime que le prix des batteries pourrait tre divis par deux en
10 ans. Les batteries automobiles suivraient ainsi la mme volution que celle des batteries quipant
les tlphones mobiles et les ordinateurs portables dont le cot a t divis par 3 en 10 ans. Une
division par deux des cots actuels, c'est--dire un cot de 300 /kWh selon Torcheux (2010) ou de
250 selon lUnited States Advanced Battery Consortium rendrait le modle lectrique
conomiquement comptitif en terme de cot total de possession par rapport au vhicule
thermique.
Pour rsumer, la batterie pour vhicules lectrifis sera demain au lithium sans pouvoir dterminer
quelle technologie prcise simposera mme si de nombreux constructeurs favorisent les batteries
lithium ion. Cette dernire technologie nest pas encore mature ; les productions de batteries pour
automobile sont au stade de pr sries industrielles ou de dveloppement. Le cot des batteries
lithium ion pourrait tre divis par deux, soit environ 300/kWh, si des effets volume importants
6 Un modle daffaire qui permettrait de rendre la batterie plus lucrative : 1ere vie=quipement dun vhicule
neuf, 2me
vie= quipement voiture doccasion, 3me vie=march du stationnaire (batterie utilise pour
stocker de lnergie dans les usines de productions par exemple), 4 vie= recyclage
23
interviennent. Par ailleurs, la scurit des batteries doit encore tre amliore. Enfin, lautonomie
des batteries restera durablement plafonne 200 km.
2.4 Les logiciels
La diffusion des vhicules lectriques et hybrides ncessite galement des technologies logicielles
pour faire communiquer les diffrents lments que sont le vhicule lectrique, les bornes de
recharge et plus gnralement linfrastructure produisant et distribuant llectricit. Le Tableau 3
dcrit les informations produire et transfrer aux diffrents acteurs impliqus dans la fourniture
du service.
Le besoin logiciel varie selon les usages. Une recharge domicile simple peut seffectuer sans logiciel
spcifique. En effet le propritaire du vhicule est le propritaire du point de charge et lnergticien
peut donc facilement identifier lusager pour la facturation. Des logiciels deviennent ncessaires si
lon veut effectuer une gestion intelligente de la charge (quil sagisse simplement de compteurs
intelligents ou des possibilits offertes par le V2G dans un futur plus lointain).
Pour les infrastructures de recharge partages, lidentification de lusager nest pas immdiate et un
logiciel grant la communication vhicule-borne-gestionnaire de linfrastructure de recharge est
indispensable.
Il existe deux technologies permettant dassurer la facturation client, la localisation de point de
charge, la communication avec lnergticien etqui sont compatibles avec un usage smart meter
ou V2G : le car-customer system et la networked infrastructure.
Car-customer system
Ce systme a t implment par un ingnieur EDF (Cyriacus Bleijs de la DTVE (Bleijs, 2009)). Le
software est inclus dans lordinateur de la voiture. Il suffit dy intgrer une simple puce .
Linformation sur la recharge stablit alors entre la puce et la borne via la technologie CPL7. La puce
permet ensuite dtablir une connexion Bluetooth avec un tlphone portable ou avec le WIFI
domicile. Ce type de rseau ne ncessite donc pas dinterface homme machine sur la borne puisque
celle-ci est assure par le tlphone ou lordinateur dans la voiture.
Le grand avantage de ce systme est le faible cot de mise en place du software puisquil ne requiert
que linstallation dune puce dans lordinateur pr-existant de la voiture, mais les constructeurs
7 Technologie courant porteur de ligne : cette technologie permet de transmettre linformation vie le rseau
lectrique existant et ne ncessite donc pas la cration dun rseau Ethernet pour communiquer linformation.
24
automobiles doivent prvoir en amont de mettre au point un ordinateur qui peut la recevoir. Le
dbit dinformation est moins important que dans le cas du networked infrastructure .
Networked infrastructure
Dans ce rseau, tous les points de charge sont connects via un rseau ethernet un serveur
central lui mme connect internet. Ce systme prsente lavantage de centraliser linformation et
de la rendre accessible tous les acteurs (nergticien, oprateur de mobilit, gestionnaire du point
de charge, usager, propritaire du point de charge). Linterface homme machine est ralise via
lcran dont les points de charge sont pourvus.
Son inconvnient est le cot. Il ncessite linstallation et la maintenance dun rseau Ethernet et les
crans sont chers.
Tableau 3 : Information fournir aux diffrents acteurs
Utilisateur du vhicule Ltat de la batterie et lavance de la charge
La localisation des points de charge du rseau de recharge
(application de golocalisation prvue par les oprateurs Better
Place ou PSA, application de localisation des bornes voirie sur
iphone lors du projet pilote Kleber Strasbourg)
Lidentification du vhicule et lautorisation de la charge (badge
didentification fourni par EDF dans le cadre du projet pilote
Klber)
Un interface de facturation client et un systme montique.
Gestionnaire de
linfrastructure de
recharge
Etat des bornes (localisation des bornes dfectueuses)
Facturation client
Producteur de
llectricit
Information instantane sur limpact de la recharge sur la courbe
de recharge
Possibilit ultrieure dune gestion intelligente de la charge (smart
meters et possibilit de V2G et V2H ultrieures)
25
3 La politique franaise de dploiement de linfrastructure de recharge
Avec le Grenelle de lenvironnement, puis la loi n2010-788 du 12 juillet 2010 dite Grenelle 2 portant
engagement national pour lenvironnement, lEtat franais a fait du dveloppement des vhicules
dcarbons un objectif cl de sa politique de lutte contre leffet de serre. Un plan gouvernemental a
t lanc en octobre 2009 avec un volet infrastructures de charges . En avril 2011, un Livre Vert
sur les infrastructures de recharge ouvertes au public a t publi. Il constitue le document de
rfrence dcrivant la stratgie franaise pour dployer les bornes de recharge des VEx.
3.1 Objectifs
Le gouvernement vise 2 millions de VEx dans le pays en 2020 et 4,5 millions en 2025. En supposant
que le nombre de vhicules lgers sur les routes demeure au niveau de 2007, soit prs de 30,4
millions, les VEx en reprsenteraient alors 6,6 % du parc en 2020 et 15 % en 2025. Pour une
agglomration de de 500 000 habitants, cela correspond environ 15 000 vhicules en 2020.
Pour cela, le Livre Vert prvoit 2,2 millions de bornes de recharge (soit 1,1 borne par vhicule), dont
une trs grande majorit de bornes privs au domicile ou sur le lieu de travail. Pour les 25 plus
grandes agglomrations de France 7 000 points de charge seraient ouverts au public en 2011 et 44
000 en 2014, dont 50 % sont destins la charge normale en espace public (Livre Vert, 2011).
Globalement, linfrastructure ouverte au public ncessiterait 30 milliards deuros dinvestissement
cumul sur 2010 2020.
3.2 Instruments pour inciter lachat de VEx
En matire dincitation lachat par les particuliers, la politique repose sur le versement dun bonus
de 5000 jusqu'en 2012 pour les VE et de 2000 pour les VEH. Cette subvention est cumulable avec
les subventions verses par certaines collectivits, comme celle de 1 000 au Pays dAix-en-
Provence.
Pour les entreprises, l'ADEME apporte une aide de 10 000 l'acquisition de bus lectriques de
moins de 30 places et 15 000 pour un bus de plus de 30 places.
En outre, lEtat a sign un accord avec une dizaine dentreprises prives et publiques (ADP, EDF, La
Poste, SPIE, Air France, Eiffage, Bouygues, Veolia, Areva, France Telecom, RATP, Vinci, Darty, GDF
26
Suez, SNCF). Il prvoit lachat de 30 450 VEx. Parmi ces 30 450 VEx, 5 000 seront ou ont t achets
par lEtat, et entre 11 150 et 14 600 par les collectivits territoriales.
3.3 Instruments pour dployer linfrastructure de recharge
Il convient de distinguer la recharge prive (au domicile ou sur le lieu de travail) de la recharge
publique.
En matire de recharge prive, la loi Grenelle 2 de 2010 a entrin les propositions du plan
gouvernemental de 2009 :
Un droit objectif la recharge domestique : il ajoute au droit existant a tre raccord au rseau de
distribution public, celui dajouter linstallation une pris ddie lusage qui nest pas lie
lhabitation, mais relie au tableau lectrique principal. En pratique cela autorise un fournisseur pour
la recharge distinct du fournisseur pour les autres usages.
Construction neuves : A partir de 2012 les constructions dimmeubles (bureaux et habitations) avec
parking intgreront obligatoirement des prises de recharge . Remarquons que le renouvellement du
parc de btiments existants nest que de 1% par an, ce qui limite la porte de cette mesure.
Constructions existantes : Installation obligatoire dans les parkings des immeubles de bureaux dici
2015 ds lors quils sont quips de places de stationnement destines aux salaris
Droit la connexion pour installation de recharge du VEx dans les coproprits : cest une
disposition assouplissant la procdure actuelle de raccordement individuel pour le copropritaire
(jusqu prsent il fallait laccord pralable de lAssemble Gnrale). Amnagement sur simple
demande du locataire ou co-propritaire et ses frais dun dispositif de connexion.
Concernant la recharge publique, la comptence a t confie aux collectivits locales. Le
dploiement de linfrastructure va donc reposer sur linitiative locale, et donc sur les budgets des
collectivits locales et des fonds doprateurs privs acceptant le risque. Laffirmation par la loi du
caractre dintrt gnral de la mobilit lectrique vise encourager laction des collectivits. Le
rle du gouvernement est dautoriser sans limposer linitiative des communes pour quiper lespace
public.
Publi en avril 2011, le Livre Vert est un vritable mode demploi lusage des communes dcrivant
les modalits pratiques de dploiement des bornes de recharge publiques. Il rpond des questions
comme : quels bornes choisir ? Comment calibrer linfrastructure ? Comment financer
linvestissement ? Etc.
27
Il annonce galement des subventions des cots dinvestissement de recharge dans le cadre des
Investissements dAvenir pour des agglomrations pilotes: 50% pour bornes dans les espaces
publiques de stationnement non concds ; 30% pour les bornes de recharge rapide (43 kVA) dans
les stations-service pour un montant plafonn 50 millions . Au nombre de douze, ces
agglomrations ont dcid dtre pilotes dans le cadre de la charte pour le dploiement
dinfrastructures publiques de recharge de vhicules lectriques signe le 13 avril 2010 avec lEtat,
Renault et PSA : Bordeaux, Grenoble, Rennes, Nice, Angoulme, Aix-en-Provence, Orlans, Paris,
Rouen, Strasbourg, le Havre et le Grand Nancy. Dans la charte, les collectivits sengagent mettre
en uvre le dploiement dinfrastructures de charge publiques dici 2010 et communiquer sur le
dploiement et lexploitation des infrastructures et les constructeurs automobile sengagent
commercialiser 60 000 VE dici 2012
Enfin Le plan gouvernemental de 2009 prvoit la cration dune nouvelle filiale dERDF pour
accompagner les communes dans le dploiement des bornes,
28
3 Le cot de la recharge
Quel est le cot de linfrastructure de charge ? Dans cette partie, nous rsumons les lments
dvaluation du cot conomique de llectromobilit et de la part qui correspond la mise en place
de linfrastructure permettant la recharge des vhicules. Nous nous appuyons essentiellement sur
lanalyse cot avantage rcemment publi par le Commissariat Gnral au Dveloppement Durable
(CGDD, 2011)8 qui compare le vhicule lectrique avec le vhicule motorisation classique.
3.1 Le cot unitaire dinstallation des points de charge
Le
8 CGDD (2011) Les vhicules lectriques en perspective : analyse cots avantages et demande potentielle ,
Etudes et documents, n41, mai, 62 pages.
29
Tableau 4
30
Tableau 4 : Les cots unitaires de diffrents points de chargefournit les lments pour les diffrents
types de points de recharge. Il montre une trs grande htrognit des cots :
La charge normale domicile ou sur le lieu de travail est de 8 10 fois moins coteuse
quune charge normale sur une borne ouverte au public (voierie ou parking)
Elle est mme 100 moins coteuse que la solution la plus coteuse, la charge rapide dans un
lieu ddi. Remarquons dailleurs que ce tableau ignore la solution la plus coteuse : les
stations dchange instantan de batteries, tel le Quick Drop dvelopp par Better Place
dont le cot serait denviron 350 000 euros.
En accs public, le cot dune borne de charge semi rapide est environ deux fois plus lev
quune charge lente.
31
Tableau 4 : Les cots unitaires de diffrents points de charge
Cot unitaire () Investissement Raccordement Maintenance Total
Prise domicile ou travail (3 kVA) 500 0 15 515
Voierie charge normale (3 kVA) 4200 300 126 4626
Voierie charge semi rapide (23
kVA) 6500 1300 195 7995
Parking charge normale (3 kVA) 3400 300 102 3802
Parking charge semi rapide (23
kVA) 5700 1300 171 7171
Lieu ddi charge rapide (43 kVA) 55000 inclus 1650 56650
Source : EDF Groupe Travail Livre Vert, repris par CGDD, 2011
3.2 Le calibrage de linfrastructure de recharge
Le cot total va bien sr dabord dpendre du nombre de bornes. Mais, compte tenu de
lhtrognit du cot unitaire des diffrents types de recharge, il sera galement trs influenc
par la rpartition des points entre charge normale, charge semi rapide et rapide et de la part des
bornes en accs public.
Dans ltude de 2011, le CGDD analyse un scnario de dploiement avec un ratio de 1,1 points de
charge par vhicule dont 0,8 point priv charge lente (0,6 chez les particuliers et 0,2 dans les
entreprises), 0,14 de point sur la voirie et 0,14 sur les parkings publics et 0,003 lieu ddi pour la
charge rapide. Ces hypothses sont trs diffrentes de celles de ltude mene par EDF en 2009 dans
le cadre du Groupe de travail de Jean-Louis Legrand. EDF teste deux scnarios de dploiement des
points de charge (Tableau 5). Le scnario 1 comporte une trs grande majorit de points de charge
lente et quelques points de charge rapide et ne comporte pas de stations dchange de batteries. Ce
scnario est adapt un parc automobile constitu essentiellement de VEHR pour lesquels la charge
rapide nest pas adapte. Le scnario 2 gnralise la charge 24kW et 42kW sur voirie, dans les
parkings publics et dans les entreprises. Il comprend des stations dchange de batteries. Il est
32
adapt un scnario vhicule lectrique pur . Dans son esprit, le scnario 1 est le plus proche de
celui de lvaluation rcente du CGDD sauf quil prvoit deux fois plus de point de charge par
vhicule et une proportion de points de recharge partags dont le cot unitaire est nettement plus
lev.
Tableau 5 : Comparaison du nombre de points par vhicule dans les scnarios 2011 du CGDD et des
deux scnarios EDF de 2009
*Le scnario prvoit 93% de recharge normale et 7% de recharge semi-rapide. Source : CGDD, 2011
Ces trois scnarios conduisent des cots de la recharge trs diffrents : de 5% pour le scnario le
moins ambitieux du CGDD de 2011 jusque 40% pour le scnario maximaliste dEDF.
La Figure 66 prsente le cot de linfrastructure du scnario CGDD 2011 et sa composition. Il est de
lordre de 3000 par vhicule en 2010 et il devrait baisser 2000 en 2020. Cela correspond un
investissement cumul sur la priode 2010 2020 denviron 30 milliards deuros.
Scnario CGDD * Scnario 1 EDF, Scnario 2 EDF,
Nb prises par vhicule 1,1 1,7 2
Prise domicile ou travail (3 kVA) 0,6 0,8 0,9
Voierie charge normale (3 kVA)
0,14
0.2 0
Voierie charge semi rapide (23 kVA) 0 0,1
Parking charge normale (3 kVA)
0,365
0.56 0
Parking charge semi rapide (23 kVA) 0.14 0,83
Lieu ddi charge rapide (43 kVA) 0,003 0 0,17
Stations dchange (ex: Quick Drop) 0 0 650 stations
Cot en % du cot total possession 5% 18% 40%
33
Figure 6: le cot de linfrastructure de recharge pour un vhicule lectrique dans le scnario CGDD
2011 (en , sur 8 ans de possession)
Dans ce total, le cot de la borne domicile pse peu : 300 par vhicule en 2010 et 180 en 2020. Le
cot de raccordement, qui seraient la charge dERDF dans le schma prvu dans le plan
gouvernemental, serait de 45. Lessentiel des cots concernent donc les bornes publiques de
recharge rapide ou normale : environ 2500 en 2010 et 1580 en 2020.9
3.3 Le cot de la recharge normale publique
Nous avons vu que le cot de la recharge normale sur les bornes en accs partag tait 8 10 fois
plus cher que la recharge normale prive. Cela conduit des usagers nayant pas de parking priv (au
domicile ou au travail) gnrer des cots dinfrastructure nettement plus important dautant que la
recharge normale correspondrait 90% de la recharge totale. La
9 Dans le cadre de politique franaise, ces cots seraient supports par les collectivits locales pour les prises
en voierie et les concessionnaires grant les parkings publics.
34
Figure 7 extraite du Livre Vert compare les cots de possession dun VE dont la recharge principale
seffectue sur la voirie, un VE dont la recharge seffectue domicile et un vhicule thermique. Elle
permet de constater que la recharge principale sur la voierie augmente le cot total de possession
denviron 35%.
35
Figure 7 : Comparaison des cots cumuls sur 8 ans de possession pour un projet lanc en 2011 ()
Source : Livre Vert (2011)
3.4 Quelles consquences pour le calibrage de linfrastructure de
transport ?
Ces donnes technico-conomiques ont deux implications pour lefficacit des politiques publiques
en matire dinfrastructure de recharge :
1) Il ne faut pas dployer de bornes de recharge normale sur la voierie ou dans les parkings
publics.
Elle est en effet dix fois plus chre que la recharge domicile ou sur le lieu de travail. Cette
prconisation peut susciter des rticences car ne pas dployer de recharge lente partage conduira
de facto les usagers ne disposant pas de parking individuel ne pas adopter le VE. Mais cest
prcisment leffet recherch. Le bnfice est potentiellement important car la recharge principale
assurerait plus de 90 % du besoin total de recharge.
En outre, leffet ngatif sur le niveau de diffusion des VEx nous semble limit compte tenu du
rservoir dadopteurs potentiels disposant dun parking priv (plus de 80% daprs le Livre Vert dans
une agglomration de 500 000 habitants inspir de Rouen, voir Figure 8).
36
Figure 8 : Structure du stationnement principal (gnralement de nuit) dans une agglomration de
500 000 habitants (en pourcentage)
1) Il faut limiter au maximum la part de la recharge semi-rapide et rapide en accs public.
Le Livre Vert annonce que la recharge semi-rapide ou rapide concernerait 5% de lusage sans avancer
plus dlments pour justifier ce chiffre. Le point cl est que ce pourcentage nest pas une donne
exogne du problme. Notre message sur ce point est que cest un paramtre central dfinir dans
une politique publique rationnelle de dploiement de linfrastructure puisquil dterminera le cot
global de linfrastructure.
La dmarche conomique adopter est la suivante :
1. Evaluer le cot complet dune borne en accs public
2. Evaluer les besoins des utilisateurs potentiels
3. Evaluer lutilit quils retirent de la recharge en accs public. En thorie conomique, cette
utilit sidentifie au consentement payer de lusager pour laccs une borne.
Il convient alors de ne dployer que les bornes dont le cot complet est infrieur lutilit retire par
ses utilisateurs. Nous allons considrer successivement ces diffrentes tapes.
37
Le cot complet. Nous avons dj largement voqu le cot des bornes de recharge. Mais la
connaissance de ce cot ne permet pas de dduire directement le cot dune recharge (cest--dire
le cot dun plein ). Ce cot de la recharge va notamment dpendre de la frquence dutilisation
des bornes. La Figure 9 lillustre en prsentant le cot du plein en fonction de la quantit de kWh
dlivrs par semaine. Pour une recharge semi-rapide, le Livre Vert lvalue 24 en faisant
lhypothse dune frquence dutilisation de 2 3 pleins par semaine, et 36 pour une recharge
rapide (avec une frquence de 3 6 utilisations par semaine). Sans pouvoir aller plus loin,
remarquons que ces frquences estimes dans le Livre Vert partir de la simulation de dploiement
du VEx dans lagglomration hypothtique de 500 000 habitants paraissent extrmement faibles.
Figure 9 : Cot complet dun plein de 25 kWh en fonction de la quantit de kWh dlivrs par la
borne par semaine (Source : Livre Vert)
Les besoins de recharge semi-rapide et rapide des adopteurs potentiels. Le Livre Vert en voque
trois :
Elle permet les dplacements non prvus.
Elle est ncessaire ceux qui effectuent un kilomtrage journalier important (taxis, livreurs,
etc.)
38
Elle permet de rassurer les adopteurs potentiels. Lide est que les particuliers
nachteront un VEx que sils ont lassurance dun rseau suffisamment dense de bornes
publiques.
Par ailleurs, la recharge semi rapide ou rapide nest ncessaire que pour les vhicules lectriques (par
opposition aux vhicules hybrides rechargeables).
Le dernier argument nous semble discutable : il sagit daugmenter la densit des bornes publiques
comme mesure dincitation ladoption. En caricaturant, des bornes trs coteuses sont installes,
non pas pour tre utilises mais pour rassurer. Or il existe dj un instrument conu directement
dans ce but : le bonus lachat de 5000 euros. Ce bonus nest peut-tre pas suffisant. Mais
laugmenter parat tre une solution plus rationnelle que dinstaller des bornes publiques
supplmentaires. Pour illustrer ce point, il est possible de se livrer un calcul rapide. Le rapport du
CGDD prvoit en matire de recharge semi-rapide 0,04 prise par vhicule dans les parkings publics,
0,04 sur la voierie et 0,025 sur les parkings dhypermarchs, de centres commerciaux et dhtels. Il
prvoit en outre 0,003 bornes de recharge rapide. En combinant ces donnes avec celles du
39
Tableau 4, cela correspond un cot de 1000 euros par vhicule. Il est peut tre prfrable dallouer
une partie de ce budget une augmentation du bonus. Si lon considre quaugmenter le bonus nest
pas possible, dautres mesures sont envisager et comparer avec la densification de
linfrastructure publique. On peut par exemple proposer aux utilisateurs un systme dassistance
gratuite en cas de panne lectrique.
Lutilit des consommateurs. Nous venons de discuter les besoins. Leur existence est lorigine dun
consentement payer des usagers de la recharge qui en mesure lintensit. A notre connaissance, il
nexiste pas dtudes mesurant ce que tel ou tel usager serait prt payer pour une recharge
publique. De notre point de vue, cela doit tre un point essentiel denqute, notamment dans les
exprimentations prvues dans le cadre des projets Investissements dAvenir . Cela ncessite de
faire varier dans les exprimentations les densits de bornes et les tarifs laccs.
Sans linformation sur le consentement payer des utilisateurs pour laccs la recharge rapide ou
semi-rapide, il nest pas possible de slectionner la densit de bornes conomiquement
rationnelle.
La dmarche conomique que nous suggrons nest pas celle du Livre Vert qui conseille aux
collectivits de procder en quatre tapes :
La quantification du nombre de vhicules lectriques qui vont circuler et la prvision des
besoins de tirage en lectricit ncessaires pour les faire rouler.
Lidentification de la structure de stationnement principal pour en dduire le nombre de
bornes publiques de recharge normale.
La rpartition de la recharge lectrique dans le temps et lespace pour en dduire une courbe
de charge type au cours de la journe.
La dfinition du nombre de points de recharge ncessaires pour les diffrentes types
(normale, rapide et semi rapide) en sappuyant sur un scnario dutilisation des bornes par
les usagers prvoyant 90% de recharge normale (prive ou publique) et 10% de recharge
semi rapide ou rapide.
Cette squence met laccent sur la problmatique de la courbe de charge que nous avons ignor plus
haut des fins didactiques. En revanche, elle ignore compltement la comparaison des cots de la
borne avec ses bnfices. Cela conduit considrer que les usagers ne disposant pas dun lieu priv
de recharge normale doivent bnficier dun nombre de bornes quivalent celui des usagers
disposant dun lieu de recharge priv. Cela conduit galement considrer comme une donne du
40
problme rsoudre la rpartition entre recharge normale et recharge semi rapide et rapide alors
que le calcul de cette rpartition doit tre un rsultat de cette analyse.
3.5 Que retenir ?
Lexamen des donnes technico-conomiques sur le cot des diffrents types de recharge montre
quil nest pas conomiquement rationnel de dployer des bornes de recharge normale (lente) sur la
voie publique ou sur les parkings. Elles sont en effet dix fois plus chres que la recharge domicile
ou sur le lieu le travail. Cela conduira ceux ne disposant pas de stationnement priv ne pas acheter
de VEx. Mais daprs les simulations du Livre Vert sur une agglomration fictive de 500 000 habitants,
cette population ne reprsente que 20% des adopteurs potentiels.
La recharge publique doit donc tre semi-rapide ou rapide. Comme le cot des bornes de recharge
semi-rapide et rapide est lev (de 7 000 56 000 par borne), il convient de limiter leur densit
autant que faire se peut. Dans ce but, nous suggrons lutilisation dune analyse cot-bnfice
traditionnelle comparant le cot complet de la recharge avec lutilit quen retirent les usagers. Cette
utilit se mesure par leur consentement payer pour laccs aux bornes de recharge semi-rapide et
rapide. Ne doivent alors tre installes que les bornes dont le cot est infrieur cette utilit. Dans
son esprit, cette dmarche est trs diffrente de celle propose par le Livre Vert sur les
infrastructures de recharge.
A notre connaissance, il nexiste pas de donnes sur les consentements payer des usagers pour la
recharge semi-rapide et rapide et sur llasticit prix de la demande. Il est prioritaire de gnrer ces
donnes dans le cadre des exprimentations prvues. Celles-ci doivent donc faire varier la densit
des bornes et les niveaux de tarification. En leur absence, une dmarche rationnelle
conomiquement nest pas possible.
41
4. Les bornes publiques de recharge : investissement, gestion et tarification Nous venons de voir que le cot de la recharge en accs partag et donc la rpartition entre
recharge partage et recharge prive - constituait lenjeu conomique principal. Dans cette partie,
nous explorons comment cette activit doit tre gre. Nous allons montrer que cest une activit
prsentant des caractristiques de monopole naturel ce qui implique la ncessit dune intervention
publique pour lorganiser (et pas seulement pour la subventionner).
4.1 La recharge partage est un monopole naturel
Rappel sur la thorie conomique du monopole naturel
En conomie, la notion de monopole naturel fait rfrence des situations dans lesquelles
lexistence dune entreprise unique permet de minimiser le cot de production total. Le transport
dlectricit est un exemple classique. Il serait inefficace de btir en parallle deux rseaux de
transport dlectricit tant donn la hauteur des couts fixes ncessaires au dploiement de chaque
rseau.
Plus prcisment, un secteur est en situation de monopole naturel sil est moins couteux quune
seule entreprise ralise toute la production plutt que le march soit partag entre plusieurs
entreprises. Formellement un monopole naturel existe si la fonction de cout de production pour
produire en quantit est telle que < avec =
jusqu saturation du
march.
En pratique, cette situation apparat quand :
La part des cots fixes dans le cot de production est leve. En effet, les cots fixes
gnrent des conomies dchelle (cd. un cot moyen dcroissant) et donc un avantage
la grande taille.
La demande est suffisamment faible pour ne pas saturer un rseau. Quand le rseau est
satur, un second rseau est ncessaire et la situation de monopole naturel disparat puisque
deux rseaux sont en concurrence.
Cette situation pose des problmes defficacit conomique car, une fois le monopole install, il
pratique un prix trop lev ce qui induit une trop faible consommation du bien ou du service. La
science conomique prconise en consquence une intervention publique pour rguler le prix.
42
Quand les investissements sont trs rversibles en ce sens quils peuvent tre rcuprs sans
dcote importante en cas de sortie du march cette situation ne suscite pas dinefficacit
conomique. En effet, lentre sur le march est peu risque puisquen cas dchec, lentrant sort
sans cot. La menace dentre de concurrents incite alors la firme en place ne pas pratiquer un prix
de monopole pour lviter.
Application la recharge publique
La recharge publique nous semble prsenter les caractristiques dun monopole naturel. En effet :
Comme le montre le Tableau 4, les cots sont dabord fixes. La maintenance et llectricit
constituent une part trs minoritaire du cot total
Les cots dinvestissements sont difficilement rcuprables (sauf le cot du foncier)
Le march est de petite taille, au moins sur la premire priode 2010 2020, ce qui ne
permet pas de dupliquer linfrastructure dautant que lobjectif de rduction des cots
impose de ne pas multiplier les bornes.
Le dernier point mrite quelques explications. Dans le cas dune recharge en accs public, le march
pour une borne correspond une zone gographique limite quelques km2 : Du fait des cots de
transport, des bornes installes plus dune dizaine de kilomtres de distance ne sont en effet pas
en concurrence. Or le nombre limit dusagers de VE ne justifiera pas de multiplier les bornes dans
une mme zone de chalandise. Cest la diffrence essentielle avec la distribution de carburants :
compte tenu du nombre de vhicules thermiques, la densit de stations-service est suffisamment
importante pour susciter de la concurrence entre plusieurs stations.
4.2 La rgulation du monopole naturel de linfrastructure
A partir du moment o il sagit dun monopole naturel, lactivit doit tre rgule par la puissance
publique. Les questions traiter sont les suivantes :
1. Comment doit-on tarifer laccs linfrastructure ? Si le tarif daccs linfrastructure
propos lusager est infrieur au cot complet, qui doit financer le solde ?
2. Qui doit raliser linvestissement ?
3. Qui doit grer linfrastructure ?
La tarification de laccs
A quel prix doit tre factur le plein ? Nous avons vu que le Livre Vert estimait son cot complet 24
pour un plein de 25 kWh sur une borne semi-rapide de 22 kVA et 36 sur une borne rapide de de
43
43 kVA. Remarquons que, compte tenu de lautonomie dun VE (150 km), ce cot complet est
comparable au prix dun plein traditionnel dessence.
Il est ncessaire de distinguer deux chelles de temps pour analyser leffet de la tarification sur le
comportement de lusager :
Le choix de court terme dapprovisionnement. Il consiste choisir entre recharge normale
(priv) et recharge rapide. En la matire, lefficacit conomique exige un diffrentiel de prix
entre les deux types de recharge gal la diffrence entre leurs cots complets. Cela limitera
le recours la recharge rapide aux situations dans lesquelles elle gnre une utilit relative
suprieure la diffrence de cot complet, ce qui est conforme lintrt gnral.
Le choix de long terme dadoption de llectromobilit. On peut a priori supposer que les
usagers potentiels vont notamment fonder leur dcision dadoption sur leurs anticipations
en matire de prix de la recharge. En la matire, lefficacit conomique exige un tarif gal au
cot complet pour induire une autoslection efficace des adopteurs ayant les besoins de
recharge rapide les plus faibles.
La tarification au cot complet permet donc de crer les signaux appropris laissant aux utilisateurs
le soin darbitrer en fonction de leurs prfrences personnelles entre les diffrentes options. Cette
solution est pourtant explicitement rejete par le livre vert avec largument quelle limiterait les
incitations opter pour le vhicule lectrique.
Ce point de vue nous semble contestable pour deux raisons. Dune part, la charge semi rapide ne
concerne que moins de 10% de la recharge daprs les exprimentations. Par rapport un scnario
o la recharge serait totalement lente (2 euros la recharge), une recharge rapide tous les 10
pleins conduit un prix moyen de chaque recharge de 4,2 euros ce qui reste faible par rapport
un plein dessence. Dautre part, il existe dautres outils visant plus directement encourager la
diffusion de llectro mobilit, la subvention lachat en particulier, que lon peut ajuster pour
compenser une tarification au cot complet.
Investissement et gestion des bornes publiques
Lactivit de dploiement et de gestion des bornes publiques se caractrisent par :
une part crasante de linvestissement dans le cot total (voir le Tableau 4),
une demande trs incertaine. En effet, elle dpend de lampleur de ladoption des VEx par les
particuliers et les entreprises. Lexistence deffets de rseau conduit en la matire une
logique du tout ou rien, selon que leffet boule de neige samorce ou pas. En outre cette
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demande est induite par un cadre rglementaire et des subventions publiques qui peuvent
voluer, comme le montre lexprience.
Dans le cas dune dlgation de service public un oprateur priv, ces deux caractristiques
induisent limpossibilit de fonder la rmunration du dlgataire sur les recettes commerciales. De
ce point de vue, les solutions proposes par le Livre vert nous semblent pertinentes :
Augmenter la dure de concession des parcs de stationnement dj concds. Le dlgataire
se rmunre alors sur les recettes de stationnement gnres lors de la priode de
concession ajoute au contrat.
Avoir recours un PPP dans lequel lentreprise qui investit et gre les bornes est rmunr
par les collectivits avec un loyer.
Une autre solution est que la collectivit se charge directement du dossier via une rgie. Il est difficile
de trancher entre les diffrentes options.
4.3 Que retenir ?
La recharge publique prsente les caractristiques dun monopole naturel : au moins dans un
premier temps, la diffusion de llectro-mobilit sera trop limite pour justifier une densit de points
de recharge semi-rapide et rapide mme de susciter de la concurrence (deux bornes ne sont en
concurrence que si elles ne sont pas trop loignes lune de lautre). En outre, la demande de
recharge est extrmement incertaine puisquelle dpendra de ce que sera le niveau effectif de la
diffusion. Ce niveau est particulirement difficile prvoir du fait deffets de rseau suscitant une
logique du tout ou rien et du fait que la demande est induite par des subventions publiques dont le
niveau est difficile anticiper au-del de quelques annes.
Ces deux caractristiques empchent dans un premier temps linstauration dun vritable march
de la recharge publique. Le dploiement de la recharge reposera dabord sur laction des collectivits
publiques (qui pourront sappuyer sur des oprateurs privs dans une logique de dlgation de
service public). En la matire, les modles conomiques proposs par le Livre Vert nous semblent
pertinents.
Mais, compte tenu des diffrences de cots trs importantes entre les diffrents types de recharge,
une tarification de la recharge au cot complet nous semble indispensable (soit environ 2 euros pour
une recharge lente, 24 euros pour une recharge semi-rapide et 36 euros pour une recharge rapide).
Cette tarification est la seule solution envoyant les signaux aux usagers leur permettant des choix de
recharge conformes lintrt gnral. Si lon craint que cette tarification ne diminue trop les
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incitations ladoption de llectro mobilit, il est parfaitement possible dajuster la subvention
lachat pour la compenser.
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5 La standardisation Llectromobilit ncessite de combiner plusieurs biens et services : un vhicule, de llectricit, un
service de recharge, des services financiers ou de montique pour payer sa recharge, voire une
batterie (dans lhypothse o elle nest pas achete avec le vhicule). Cette complmentarit induit
la ncessit dune standardisation pour interfacer efficacement ces diffrents composants. Or cette
standardisation ne va pas de soi car son rsultat influence trs directement la concurrence entre les
entreprises fournissant les diffrents lments du systme.
Cette partie se propose de dcrypter les enjeux de la standardisation. Pour cela, nous nous
appuierons sur la thorie de lconomie des rseaux qui a t dveloppe avec lessor des
Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) lors de la rvolution numrique dans les
annes 1980 et 1990. Cette branche de lconomie dcrit et analyse les spcificits de loffre et de la
demande en bien-rseau dans le but de comprendre les quilibres de march qui sinstaurent.
5.1 Quest-ce quun standard ?
Un standard cre une compatibilit. Il est linterface qui permet plusieurs biens complmentaires
de fonctionner ensemble. On distingue diffrents types de standards selon la faon dont ils sont
labors.
Le standard de jure
Le standard de jure repose sur un document valeur juridique tabli par des organismes de
standardisation gouvernementaux ou internationaux du type ISO. Le standard de jure peut tre
susceptible davoir un caractre obligatoire sil est adopt par la juridiction nationale mais ce nest
pas toujours le cas. Cest par exemple le cas du standard GSM qui imposa la bande de frquence de
fonctionnement des tlphones portables en Europe. Le standard de jure est transparent dans le
sens o toutes les tapes de son laboration sont publiques et il est adopt suite une procdure de
vote ouverte tous.
Le standard de facto
Les standards de facto sont quant eux des produits, services ou pratiques trs largement adoptes
lissue dun processus concurrentiel. Il sagit par exemple du format PDF. Les standards de facto
sont souvent la proprit dun seul acteur. Il arrive souvent que les standards de facto deviennent
par la suite des standards de jure (cas du format PDF dAdobe certifi par une norme ISO).
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Le standard par consortium est un hybride entre le standard de facto et le standard de jure. Les
standards par consortium sont tablis linitiative de plusieurs industriels qui dveloppent le
standard en commun. Ce standard reprsente donc uniquement les intrts des firmes du
consortium contrairement au standard de jure ou les intrts de tous doivent tre reprsents. Le
Telecommunications Industry Association (TIA) est par exemple un consortium industriel de
standardisation dans le domaine des TIC. Ce standard sappuie lui aussi sur un document crit. Ce
type de standard partage donc avec la standard de jure un caractre transparent tout en tant
beaucoup plus rapide mettre en place ce qui prime dans un contexte de rapides progrs
technologiques. Le Blu-ray est par exemple un standard issu du consortium industriel Blu-ray
disc association constitu initialement de 9 firmes : Sony, Panasonic, Pioneer, Philips, Thomson, LG
(Lucky GoldStar) Electronics, Hitachi, Sharp, et Samsung.
La forme de standard adopte dtermine la structure du march dans lequel oprent les
producteurs. Le standard de jure peuvent augmenter la concurrence. En effet les rgles de proprit
intellectuelle plus strictes et la transparence introduite par le standard de jure rendent beaucoup
plus difficile lexclusion dun producteur du march. Dun autre ct, le standard de jure limine
demble la concurrence potentielle entre deux technologies rivales (un organisme de
standardisation formelle ne cre jamais deux standards concurrents et deux organismes de
standardisation formelle ne se font jamais concurrence). Pour comprendre la faon dont la
standardisation sarticule au processus concurrentiel, nous allons rapidement prsenter les concepts
fondamentaux de lconomie des rseaux.
5.2 Lconomie des rseaux
Quest-ce quun rseau ?
Un rseau est le support dinterconnexions dquipements ou de dispositifs immatriels (par
exemple, des logiciels) complmentaires cooprant entre eux afin de transporter des flux de
personnes, dnergie ou dinformation et dacheminer ces flux de leur point dorigine leur
destination. Lconomiste considre le rseau comme un lieu technique de concrtisation dune
intermdiation conomique. Le rseau est donc une plateforme transactionnelle permettant une
confrontation entre loffre et la demande ; il est un instrument dchange entre producteurs et
consommateurs. Rseau et march sont associs demble.
Cette dfinition sapplique au rseau de recharge pour vhicules lectrifis. Le rseau de recharge
ralise la connexion entre les biens complmentaires que sont le vhicule lectrique et le point de
charge et ventuellement la batterie dans le cas dun modle daffaire avec location de batteries. Le
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service rendu par le rseau est le kW achemin vers le vhicule. La demande en bien rseau
recharge est constitue par lensemble des usagers de vhicules lectriques. Loffre est
constitue par les entreprises proposant un service de mobilit.
On peut schmatiquement reprsenter le rseau en une structure stratifie trois couches qui
reflte une segmentation des activits (Curien, 2005) :
Infrastructure : Il sagit de la couche basse du rseau. Elle est le support physique qui permet la
ralisation du service rendu par le rseau. Pour une recharge domicile, linfrastructure est
constitue de la prise ddie. Sur voirie ou dans les parkings publics ou sur les lieux de travail, elle est
constitue des bornes spcifiques de recharge (rapides ou lentes) ou encore de station dchange de
batteries.
Info-structure : Il sagit de la couche mdiane du rseau. On y trouve les services de contrle
commande dont la fonction est doptimiser lutilisation de linfrastructure et de piloter celle-ci en vue
de raliser le service promis par le rseau. Il sagit dune activit intermdiaire ncessaire
ralisation du service final.
Service final : La couche haute est constitue des services finaux rendus par le rseau, dont la
vocation est de fournir des prestations diffrencies en nature en qualit et en prix en fonction du
segment client. Dans notre cas, Le service final rendu est la recharge du vhicule. Il faut distinguer la
recharge dune simple transmission dnergie. En effet le service de recharge est dfini par un
nombre de kWh transmis au vhicule, sous une certaine dure, et dans certaines conditions de
confort dutilisation. Cest cette combinaison de caractristiques qui distingue le service de
mobilit rendu dune simple fourniture dlectricit.
Les effets de rseau
Un bien ou un service (par exemple de recharge dun VEx) prsente des effets de rseaux si lutilit
de chaque usager augmente avec le nombre dusagers de ce bien (Belleflamme & Peitz, 2010). En
pratique cela signifie que, toutes choses gales par ailleurs, il est prfrable dtre connect au
rseau le plus large possible.
On distingue les effets de rseaux directs et les effets de rseaux indirects. Les effets de rseau
directs traduisent laugmentation de lutilit avec la taille du rseau dans les marchs de la
communication . Pour ce type de march, la capacit de chacun consommer le service est
directement accrue par une augmentation de la taille du rseau : larrive dun nouvel usager
reprsente un nouvel interlocuteur potentiel. Le supplment dutilit est directement li
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linteraction entre les usagers du rseau. Ce type deffet de rseau nintervient pas pour le rseau
dinfrastructure de recharge pour vhicules lectrifis.
Les effets de rseaux indirects peuvent tre prsents dans les marchs de la communication, mais ils
interviennent dans beaucoup dautres types de rseaux (le transport par exemple). Le supplment
dutilit nest pas directement li ltablissement dune nouvelle connexion entre les usagers mais
transite par le supplment de qualit quune infrastructure accessible une population tendue est
en mesure dapporter. On peut distinguer les effets de rseaux indirects suivants:
Effet indirect doffre : Lorsque le bien-rseau est constitu de deux produits
complmentaires par exemple un quipement et les logiciels associs, plus il existe
dapplications associes une infrastructure, plus lutilit du consommateur sen trouve
augmente, et donc lincitation rejoindre le rseau devient plus forte. Leffet de rseau
indirect provient du fait que les firmes produisant les applications associes sont incites
multiplier les applications compatibles avec linfrastructure. Considrons lexemple dun
lecteur de DVD et son format de DVD associ. Plus le nombre de films proposs dans ce
format de DVD est grand plus les bnfices retirs du lecteur de DVD sont grands et plus le
nombre dusagers sera lev. A leur tour, les studios de production seront alors plus incits
produire leurs films dans ce format de DVD.
Plus le nombre dusagers est grand, plus il sera facile pour un usager de quitter le rseau en
revendant son bien rseau sur le march doccasion.
Effet indirect dapprentissage au niveau de loffre via le learning by doing . Plus il y a
dusagers sur le rseau, plus la qualit du service samliore et plus le cot diminue par effet
dapprentissage des producteurs.
Le rseau dinfrastructure de charge pour vhicule lectrifi bnficie a priori de ces trois types
deffets de rseaux indirects :
Plus le nombre dusagers de vhicule lectrique est lev plus les points de charge sont
nombreux. Le bnfice retir du vhicule lectrique en sera plus lev ce qui incitera de
nouveaux usagers rejoindre le rseau. Les oprateurs de mobilit sont alors leur tour
incits amliorer le rseau de recharge en multipliant les bornes.
Plus les utilisateurs de vhicules lectrifis sont nombreux, plus il est facile pour un
propritaire de vhicule lectrique de revendre son vhicule lectrifi sur le march de
loccasion. Du ct de loprateur de mobilit qui louerait les batteries (dans le cadre dun
modle daffaire avec location de batterie), plus le systme de location de batteries est
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utilis, plus les usages deuxime vie de batteries seront rpandus et plus il est facile pour
loprateur de mobilit de revendre sa batterie sur le march de lusage stationnaire.
Compte tenu de la dure de vie des quipements de llectromobilit (plus longue que pour
de la tlphonie mobile), cet effet est potentiellement important.
Il est vident que leffet dapprentissage est bnfique pour les futurs utilisateurs. Le but des
exprimentations pilotes menes en ce moment est justement de concevoir loffre la mieux
adapte possible. Plus il y aura de vhicules lectriques testant les diffrents systmes de
recharge (charge rapide, lente), plus on aura de connaissances sur leffet de la recharge sur
la dure de vie de la batterie et plus le service de recharge propos sera optimal et peu
coteux.
Le premier effet de rseau indirect dcrit concerne avant tout les usagers dinfrastructures
partages. Le deuxime et le troisime effet de rseau indirects bnficient quant eux tous les
usagers.
La demande en bien-rseau
Dans les rseaux, le fait que lutilit du consommateur augmente avec la taille du rseau anticipe
par le consommateur induit une logique du tout ou rien . Soit la demande ne dcolle pas car les
premiers adopteurs sont trop peu nombreux pour susciter des effets de rseau. Soit la demande
initiale parvient dpasser une taille critique de rseau ; le succs est alors assur et mme acclr
par les effets de rseaux selon un effet boule de neige.
Les stratgies de standardisation des offreurs
Pour bnficier des effets positifs de rseau, il est dans lintrt des producteurs de rassembler le
plus dusagers autour dun mme rseau : le producteur bnficie alors dune demande qui sauto
alimente.
Or il existe de nombreux cas dans lesquelles coexistent plusieurs technologies. Si deux firmes
dveloppent en parallle deux biens rseaux incompatibles et que chacune a une prfrence pour sa
technologie (parce quelle la protge avec un brevet par exemple), il nest pas vident que les
firmes souhaitent cooprer ex-ante pour dfinir un standard.
Les choix de compatibilit effectus par les firmes vont dterminer la structure du march : elles
peuvent faire le choix de la compatibilit en se mettant daccord sur le standard adopter et sont
alors en concurrence au sein dun mme march ou au contraire dcider de se battre pour le march
travers une guerre des standards. Le choix de standardisation des firmes rsulte donc dun
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compromis : bnficier dun rseau largi ou se rserver lexclusivit dun rseau plus maigre mais
sur lequel la firme dispose dun pouvoir de march, voire dune position de monopole.
Du point de vue de lintrt gnral, faut-il privilgier lmergence dun standard ex ante
ou laisser se drouler une guerre des standards ?
A premire vue, de nombreux arguments militent en faveur dune standardisation prcoce :
Elle facilite la coordination des acteurs et acclre le dveloppement du rseau en exploitant
les effets de rseau.
Elle favorise la concurrence sur le march puisque le chaque producteur fournit un bien
standardis parfaitement substituabilit.
Elle rduit lincertitude auprs des consommateurs. Si les consommateurs ont une vision
trop floue de la version du bien-rseau qui deviendra le modle dominant, il se peut
quils adoptent une attitude attentiste limitant le dveloppement du rseau.
Elle rduit lincertitude auprs des producteurs. Lorsquune technologie est dfinie par un
standard, elle bnficie demble de la confiance des producteurs car elle est un gage de
linteroprabilit des diffrents biens constituants le bien-rseau. De plus, le producteur
bnficie demble dune vision transparente des technologies quil doit acqurir.
A loppos, la non standardisation prsente des avantages :
Elle cre une concurrence pour le march pour obtenir des positions de monopole (si le
standard lemporte sur les autres et que la technologie est protge par des brevets). Cela
cre des incitations a priori plus puissantes linnovation que la concurrence sur le march.
Le processus de standardisation formel est parfois trs lent ce qui ralentit le processus de
diffusion de la technologie. Cest un peu ce quon observe aujourdhui dans le domaine de
llectromobilit.
La non-standardisation laisse la concurrence slectionner la technologie. La standardisation
prcoce implique, elle, de la slectionner un stade de plus faible maturit ce qui la rend
plus difficile valuer.
Ces arguments permettent de dduire les caractristiques propices lun ou lautre des scnarios. En
loccurrence, la standardisation prcoce est intressante quand :
Plus que sa performance, le prix constitue lobstacle cl de la diffusion de la technologie, (car
elle favorise la concurrence sur le march).
La technologie est dj mature
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Les effets de rseau sont importants.
Nous mobiliserons plus loin ces lments pour discuter de la standardisation dans le domaine de
llectromobilit.
5.3 Les besoins de compatibilit dans le domaine de llectromobilit
Le bien composite recharge intelligente de vhicule lectrique rsulte de lassociation du
vhicule, de la borne et du software associ. Dans le cas dun modle daffaire avec leasing de
batterie on doit aussi y associer la batterie. Lassociation de ces diffrents lments suppose quils
soient compatibles et rsulte donc de la coopration des acteurs impliqus (Brown et al., 2009). Quel
degr de compatibilit requirent-ils ?
Le vhicule. Le connecteur du ct du vhicule dtermine le type de cble qui pourra y tre
connect. Le constructeur automobile doit aussi faire en sorte que lordinateur de la voiture puisse
intgrer la puce prvue par le car-customer system si ce systme de software est retenu pour le
rseau. Le constructeur automobile doit galement faire le choix de concevoir un vhicule
compatible avec une borne lalimentant en courant continu ou en courant alternatif (dans ce cas il
faut prvoir un alternateur au sein du vhicule). Dans le cas du modle daffaire avec location de
batterie par loprateur, le constructeur automobile doit aussi prconcevoir lemplacement de la
batterie.10
La batterie. Le voltage maximal que peut supporter une batterie