Chirurgie Buccale Chez La Personne Âgée

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    Cavi tébuccale et sénescence : chirurgie buccale chez l a personne âgée F A n a g n o s t o u M H Saw af P Bouchard JP Ouha youn Résumé. – La chi rurg ie buccale ch ez la personne âgée peut êtr e relat ivement min eure lorsqu’ elle imp lique des extractions, une chirurgie parodont ale, endodontique ou encore implanta ire, mais elle peut devenir plus

    import ant e lors d’aggr avation s de pathologi es buccales liées au vieillissement, cancers en parti culier. La chir urg ie bu ccale de l a per sonne âgée présente da van ta ge de pr obl èmes que cell e de l’ adu lt e jeune ; il s sont

    dus àdes poly pat hol ogi es ainsi qu’ aux fréquen ts h an dica ps ren cont rés àcet âge. La pr ésence de m ala dies systémiques (cardi opath ies, affections pulm onaires et rhum atologi ques, troub les endocriniens), d’au tres conséquences physiologiqu es du v ieillissement et l e t rait ement polym édicament eux, fon t que l e pat ient âgé doi t êt re co nsidérécom me un cas u ni que nécessit an t des p récau t ion s adap tées àcha que pa tho log ie.© 20 00 Editio ns Scient iques et Médica les Elsevier SAS. To us d roi ts r éservés.

    I n t r odu c t i on

    La chirurgie de la personne âgée présente davantage de problèmesque cel le de l’adulte jeune ; i ls sont en part ie dus à despolypathologies, ainsi qu’aux fréquents handicaps rencontrés à cetâge. La présence de maladies systémiques, le t rai tementpolymédicamenteux et d’autres conséquences physiologiques duvieillissement font que le patient âgé doit être considéré comme uncas particulier. Un équilibre entre technique chirurgicale et réexionsgériatriques doit donc prévaloir à tous les stades périopératoires. Lachirurgie buccale peut être relativement mineure lorsqu’elleimplique des extractions, une chirurgie parodontale, endodontiqueou encore implantaire, mais elle peut devenir plus importantelorsqu’une anesthésie générale peut être nécessaire, lors del’aggravation de pathologies buccales liées au vieillissement, cancersen particulier.

    Év al u a t i on d es r i sq u es m éd i ca u x ch ez l a p er so n n e âgée

    Avant effectuer un acte chirurgical, le praticien doit évaluer lesrisques de complications auxquels le patient est exposé. Chez lapersonne âgée, cette évaluation concerne les risques associés à despathologies fréquentes, ainsi qu’aux changements physiologiques etpsychosociaux du vieillissement [ 8] . Pour ce faire, il est essentielqu’un interrogatoire médical précis, ainsi qu’un examen cliniqueattentif soient réalisés et que certains examens biologiques soientprescrits au patient.

    L’interrogatoire médical doit s’intéresser à la prise de médicaments,aux apports nutritionnels, ainsi qu’aux antécédents d’états dépressifsou anxieux. Il permet d’apprécier l’état de santé général du patient,son suivi médical éventuel, ainsi que les médications passées ou en

    Fani Anagnostou : Maître de conf érencesd esUn iversités, prat icien h ospitali er.Haysam Sawaf : Assistant hospitalo-universitaire.Philippe Bouchard : Ma ître de conf érences des Universités, pra ticien hospita lier.Jean-Pierre Ouha youn : Professeur des Universités, prat icien ho spitalier.Facultéde chiru rgie den tair e, universit éParis VII, service d’odo ntol ogie Gar ancière-Hôtel-Dieu de Paris,unit éde parod onto logie, 5, r ue Garan cière, 75 006 Paris, France.

    cours [5] . Les personnes âgées présentent des maladies chroniques etune attention particulière doit être portée aux affectionscardiovasculaires et respiratoires, dont l’incidence augmente avecl’âge. Des médicaments susceptibles d’affecter l’hémostase doivent

    être éventuellement suspectés. L’évaluation nutritionnelle n’est pasà négliger, quand on sait que le risque d’infection est accru et lacicatrisation retardée chez les patients souffrant de malnutrition [13] .Dans le cas de pathologie systémique sévère, l’avis du médecintraitant reste l’élément primordial quant à la prise de décisionthérapeutique. Des examens biologiques sont parfois recommandés.L’appréciation des risques médicaux permet de déterminer lapossibilité de soigner le patient âgé à l’hôpital ou au cabinetdentaire, le type d’anesthésie à utiliser, les précautions à prendre etles techniques chirurgicales à utiliser, ainsi que les médicaments àprescrire. L’évaluation de l’autonomie du patient, tant motrice quepsychique, sociale et cognitive permet de prévoir les prescriptionset le suivi postopératoire.

    M a l a d i es sy st ém i qu es et t r ai t em en t m éd i cam en t eu x a y a n t u n e i m p o r ta n ce g l oba l e p ou r l e s a c tes ch i r u r g i cau x

    Le vieillissement se caractérise par le déclin des réserveshoméostatiques de chaque organe. De plus, les patients âgés sontsouvent atteints de plusieurs pathologies qui impliquent uneconsommation importante de médicaments. Or, le déclin desréserves homéostatiques, combiné à la présence d’une maladiechronique, augmente le risque de complications lors de soins buccodentaires [11] . Les maladies systémiques pouvant entraîner desproblèmes spéciques en relation avec la chirurgie buccale, sont,essentiellement, les cardiopathies, les affections pulmonaires,endocriniennes (diabète) et rhumatologiques [13] .Par ailleurs, 85 % des personnes âgées autonomes et résidant à leurdomicile suivent un traitement médical de longue durée. Cesmédicaments peuvent interférer avec les soins en raison de leurseffets secondaires et peuvent interagir avec les prescriptions faitesdans le cadre de la chirurgie buccodentaire. Parmi les médicationsles plus consommées gurent les médicaments cardiovasculaires.

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    Toute référence àcet art icle doit port er la ment ion : Anag nostou F, Sawaf H, Bouchard Pet Ouha youn JP. Cavitébuccale et sénescence : chir urgie buccale chez la personne âgée. Encycl Méd Chir (Editions Scientiques et M édicales Elsevier SAS, Paris, tou s droit s réservés), Odont ologie, 2 3-4 33 -A-10 , 20 00, 4 p.

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    Les autres familles de médicaments le plus souvent prescrites sontles antihypertenseurs, les analgésiques, les antiarthritiques, lessédatifs et les tranquillisants [12] .

    AFFECTION S CARD IAQUESLes maladies cardiovasculaires se manifestent sous plusieurs formes.Les formes les plus fréquentes sont :

    – l’insuffisance coronarienne ;

    – l’hypertension ;

    – l’insuffisance cardiaque globale ;

    – les affections valvulaires.L’insuffisance coronarienne induit l’ischémie du muscle cardiaque quise manifeste le plus souvent sous forme de douleurs rétrosternalestransitoires (angine de poitrine). Si l’ischémie se prolonge, elle peut

    provoquer la nécrose de certaines parties du myocarde (infarctus dumyocarde) qui se manifeste alors par des douleurs permanentes. Laprise en charge des patients qui souffrent d’insuffisancecoronarienne se manifestant sous forme d’angine de poitrine dépenddu type d’angine. Les patients qui présentent une angine « stable »(ASA II : American society of anesthesiologists II) peuvent bénécierde soins chirurgicaux mineurs (avulsions simples) si le praticiendispose de médicaments antiangineux (trinitrine) au cabinet. Chezles patients présentant une forme modérée (ASA III) et selonl’importance des actes, on pourra intervenir en milieu hospitalier [16] .Au contraire, en cas d’angine « instable » (angine de manifestationrécente ou angine qui présente une aggravation récente) (ASA V), letraitement chirurgical est formellement contre-indiqué et le patientdoit bénécier d’un bilan cardiovasculaire spécialisé en urgence. Lespatients ayant eu un infarctus du myocarde ont un risque accru denouvel infarctus pendant une opération chirurgicale au cours des 6premiers mois qui suivent l’infarctus original. De ce fait, toutechirurgie buccale élective doit être retardée [11] . En cas de nécessitéabsolue, l’opération buccale doit avoir lieu en milieu hospitalier etle patient doit être placé sous monitoring.Les patients atteints de maladie coronarienne reçoivent très souventdes traitements au long cours. Les trois classes de médicamentscouramment utilisés pour obtenir une dilatation coronariennethérapeutique sont les dérivés nitrés, les bêtabloquants et lesinhibiteurs calciques. L’arrêt brutal de ces médicaments peutprovoquer des crises angineuses, voire de vrais infarctus dumyocarde, et ne doivent pas, de ce fait, être arrêtés avant ou aprèsune opération buccale [13] . Beaucoup de patients souffrantd’insuffisance coronarienne ont des prises quotidiennes d’aspirine.En cas d’opération avec risque de saignement accru (chirurgieparodontale, extractions multiples), il est conseillé d’arrêter lemédicament 1 semaine avant l’opération, après avis du médecintraitant.L’hypertension artérielle est également fréquente chez les personnesâgées. Pour une majorité d’entre elles, il s’agit d’hypertension pourlaquelle aucune cause spécique n’a pu être identiée. Ellesreçoivent souvent un traitement de longue durée. Le risqueopératoire est faible si la tension diastolique est stable et inférieure à

    100 mmHg, à condition de prescrire une prémédication de l’anxiétéet de réduire, ou même de supprimer, les taux d’adrénaline dans lesanesthésiques. Dans ce cas, la mépivacaïne, qui possède un pouvoirlégèrement vasoconstricteur, permet d’éviter l’adjonctiond’adrénaline. Au contraire, le risque opératoire augmenteconsidérablement en cas de tension diastolique supérieure à ce seuilet les actes chirurgicaux doivent alors avoir lieu en milieuhospitalier [ 1 6 ] . En cas d’hypertension non encore évaluéemédicalement, ou ayant entraîné des complications rénales,cérébrales ou cardiaques, le traitement chirurgical est formellementcontre-indiqué.L’insuffisance cardiaque globale est un syndrome clinique reétantl’incapacité du myocarde à fournir suffisamment de sang pour

    satisfaire la demande métabolique de l’organisme. Les symptômesles plus fréquents sont :

    – la dyspnée d’effort ;

    – l’orthopnée ;

    – la dyspnée nocturne paroxystique ;– les œdèmes des membres inférieurs.La plupart des patients sont bien contrôlés par des thérapeutiquesassociant des digitaliques et des diurétiques et peuvent être opéréssans risque particulier. Néanmoins, la réapparition d’un dessymptômes de l’insuffisance cardiaque indique la nécessité d’unenouvelle évaluation médicale avant toute opération chirurgicale. Ilest également essentiel de ne pas arrêter le t rai tementmédicamenteux avant toute opération buccale [13] .Pour les cardiopathies qui prédisposent au développement d’uneendocardite (prothèses valvulaires, antécédents d’endocardite,valvulopathies), une antibiothérapie prophylactique est justiéeavant toute intervention dentaire qui risque de provoquer une bactériémie, en particulier les extractions, mais il ne faut pas oublierque des actes en apparence anodins comme le détartrage peuventaussi générer une bactériémie [4] . Lorsque les risques sont élevés, ilest préférable d’orienter les patients vers un service hospitalier.

    AFFECTIONS PULMONAIRES

    Les troubles respiratoires les plus fréquents chez les personnes âgéessont les obstructions chroniques (bronchite chronique, emphysème)et l’asthme. Les actes chirurgicaux doivent avoir lieu en milieuhospitalier, tout particulièrement dans le cas d’emphysème ou de bronchite chronique sévère [16] . Le patient sera préférentiellementtraité en position assise pour réduire le risque d’orthopnée. Cespatients sont occasionnellement traités par des corticoïdes quiinhibent la production endogène de stéroïdes et provoquent unerésistance au stress. Des corticoïdes supplémentaires sont doncnécessaires pour éviter une crise après des actes chirurgicauxmajeurs [11] .

    TROUBLES ENDOCRINIENS

    Le diabète affecte 9,3 % de personnes ayant plus de 65 ans [15] . Lediabète des sujets âgés est plus souvent non insulinodépendant etest traité par l’administration orale d’agents hypoglycémiants. Dansla perspective d’un acte chirurgical, l’objectif premier du praticienest d’éviter les troubles métaboliques. Dans certains cas, l’insulineprendra le relais d’un traitement diabétique oral. Une demi-dose estadministrée le matin si la prise orale risque d’être compromise. Pources patients, le stress doit être réduit au maximum et unehospitalisation pourra être envisagée pour les actes chirurgicauxcomplexes. Si l’intervention chirurgicale est longue, l’insuline estadministrée par voie intraveineuse. Le patient diabétique est trèssusceptible aux infections postopératoires. Une antibiothérapieprophylactique est donc indiquée pour éviter ce type decomplications. Il faut en outre s’assurer, après chirurgie, que lac on so mm at io n t ot al e d e c al or ie s e t q ue l e r ap po rtprotéines/hydrates de carbone/lipides sont maintenus, an que laglycémie reste stable.

    AFFECTIONS RHUMATOLOGIQUES

    La prévalence des affections rhumatologiques augmente avec l’âge.Lorsque les patients ont des prescriptions d’aspirine ou d’anti-inammatoires non stéroïdiens (AINS), les risques de saignementsont augmentés. Dans le cas d’arthrites inammatoires quiimpliquent souvent un traitement par corticoïdes, il est conseillé deconsulter le médecin traitant pour déterminer si un dosage de stressest nécessaire [16] . En cas d’arthrose réduisant la mobilité du patient,on pratiquera les soins en milieu hospitalier. Une antibiothérapieprophylactique s’avère par ailleurs impérative avant chirurgie, chezle patient porteur de prothèses articulaires.

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    A n est h ési e ch ez l e su j et âgé Chez la personne âgée, l’anesthésie locale est souvent suffisante pourles interventions mineures. En chirurgie, les anesthésiques avecvasoconstricteurs sont préférables car ils diminuent la résorptionsystémique des anesthésiques, augmentent leur durée d’action etassurent une hémostase locale efficace [10] . La lidocaïne à 2 % avecadrénaline au 1/100 000 induit une anesthésie profonde pour 60 à90 minutes. Pour des procédures chirurgicales plus longues, la bup ivacaïne 0,5 % ou l’é tidoca ïne à 1 % avec adré nal ine au1/200 000 induisent une anesthésie de très longue durée(7 heures) [13] .Cependant, les pathologies systémiques fréquentes chez les patientsâgés ou les médications en cours contre-indiquent certainesmolécules et imposent certaines précautions. Pour les patients quisouffrent d’affections cardiovasculaires et qui sont traités par bêtabloquants, la dose maximale d’adrénaline ne doit pas dépasser0,04 mg, soit le contenu de deux carpules au 1/100000 [3] . De plus,l’adrénaline est contre-indiquée chez les patients ayant subi uninfarctus du myocarde ou présentant des troubles du rythmecardiaque. Pour les diabétiques non contrôlés ou n’ayant pas prisd’insuline en préopératoire, l’adrénaline est déconseillée. Pour lespatients traités par antidépresseurs, inhibiteurs de la monoamineoxydase ou tricycliques, l’adrénaline est également contre-indiquée.Le patient âgé tolère de moins en moins le stress sous anesthésielocale, ce qui incite à l’administration conjointe d’une prémédicationsédative. Les diazépines n’ayant qu’un effet minime sur le systèmecardiovasculaire sont souvent prescrites le soir précédantl’intervention. La diazépam (2,5-5 mg par voie orale) 1 heure avantla chirurgie peut être administrée pour alléger l’anxiété dupatient [13] .

    P r océd u r es ch i r u r gi cal es ch ez l a p er so n n e âgée La majorité des actes chirurgicaux chez le sujet âgé consiste en desextractions dentaires, de la chirurgie préprothétique et parodontale.Les actes chirurgicaux seront réalisés en milieu hospitalier pour lespatients avec affection systémique sévère présentant un risque vital.L’hospitalisation n’est cependant pas toujours appréciée, le patientse trouvant coupé de son environnement habituel.

    EXTRACTIONS DEN TAIRESChez les patients âgés, les extractions dentaires peuvent suscitercertaines difficultés : l’hypercémentose peut modier la morphologieradiculaire ; les dents ayant été l’objet de restaurations répétées sontfragilisées et risquent de se fracturer au cours des procéduresd’extractions. Les dents incluses ne sont extraites qu’en casd’extrême nécessité (kystes, infections). L’os ostéoporotique dupatient âgé présente des risques de fracture et requiert des gesteschirurgicaux doux et atraumatiques [1] .

    CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUELa chirurgie préprothétique a vu ses indications diminuer cesdernières années avec l’arrivée des techniques implantaires. Lachirurgie préprothétique mineure peut être pratiquée en cabinet sousanesthésie locale, dans le cas où des défauts mucogingivauxinterfèrent avec la stabilité et la rétention d’une prothèse. Il s’agitdes crêtes ottantes, des trigones rétromolaires, des tubérositésottantes ou des replis épais qui se développent souvent auvoisinage de prothèses mal adaptées [14] . Dans le cas d’hyperplasiegingivale importante, souvent d’origine traumatique, unerégularisation de la crête s’avère nécessaire. L’absence de genciveattachée dans des secteurs subissant des frottements prothétiquespeut relever de techniques de greffes gingivales.

    AUGMENTATION DE CRÊTE ALVÉOLAIREChez la personne âgée, la résorption progressive des crêtesalvéolaires édentées conduit à une sévère atrophie osseuse quiaboutit à l’instabilité des prothèses. La solution de ce problème passe

    par une augmentation du volume des tissus mous ou des tissusosseux et le choix dépend du degré de résorption alvéolaire ainsique de l’étendue de la crête édentée (partielle/totale). Troispossibilités chirurgicales existent :

    – augmentation de la crête par greffe gingivale de surface ou par

    conjonctif enfoui [18]

    ;– augmentation par greffe osseuse ou substitut de greffes osseuses ;

    – augmentation par des techniques de régénération osseuse guidée(crête en particulier partiellement édentée).Chez les patients édentés complets avec résorption osseuse crestaleexcessive, on peut avoir recours à des greffes osseuses (d’osautogène, substitut de greffes osseuses) [13] . Mais ces procédures sontréservées aux personnes en bonne santé et le milieu hospitalier estprivilégié pour les personnes âgées.

    CHIRURGIE IMPLANTAIRE

    L’implant endo-osseux a révolutionné la dentisterie en s’imposantcomme une méthode thérapeutique able. Les implants peuventsupporter une structure qui sert de rétention aux prothèsesamovibles ( g 1). On n’a pas démontré de corrélation entre échecimplantaire et âge du patient [17, 19] . La présence de certaines maladiessystémiques peut cependant limiter les indications de cettetechnique. L’attitude face aux patients atteints de cardiopathiesserait réservée et le risque d’endocardite hiérarchisé selon l’atteintecardiaque [6] .Par ailleurs, bien que le traitement implantaire des patients âgés àforte probabilité d’ostéoporose reste satisfaisant et le pronosticfavorable, le succès implique une période de cicatrisation pluslongue [7] . Toutefois, les limitations de la technique chirurgicale sont

    1 Radiographie panoramique (examende base indispensable en implantologie),barre de conjonction et intrados de la pro-thèse complète mandibulaire chez une pa-tiente de 70 ans.

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    liées à l’insuffisance d’os et le pronostic est, quant à lui, lié àl’hygiène buccodentaire. Ainsi, les problèmes pouvant relever d’uneintervention chirurgicale (atrophie maxillaire sévère) doivent êtreévalués en fonction de la nature handicapante du défaut, de lacapacité du patient à tolérer la chirurgie et de son espérance devie [17] .

    CANCERS BUCCAUX

    Ils sont relativement fréquents chez les personnes âgées, enparticulier en présence de facteurs de risque tels que le tabac etl’alcool. Aussi, la biopsie est-elle nécessaire pour chaque lésionsuspecte et un strict suivi est instauré, même si la biopsie estnégative. Elle peut être réalisée sous anesthésie locale, bien qu’uneanesthésie générale puisse parfois s’avérer nécessaire en cas d’accèsdifficile.La chirurgie des cancers buccaux comporte souvent deux étapes :l’ablation puis la reconstruction. La chirurgie résectrice entraîne desdécits fonctionnels importants affectant la mastication, ladéglutition et la parole, ainsi que des désordres psychiques. Lesgreffes osseuses ou les implants permettent, dans certainessituations, de réparer ces handicaps, mais le risque de complicationsdoit être évalué. La technique chirurgicale est exigeante dans le casde radiothérapie préalable car elle doit perturber le moins possibleun tissu osseux déjà amoindri [9] . Sur le plan technique, les règlesclassiques sont encore plus exigeantes chez la personne âgée quechez le patient jeune, qui impliquent une grande expérience duchirurgien :

    – minimiser les décollements ;– prévenir le risque infectieux ;– faire face à un saignement imprévu.Dans le traitement des tumeurs des cancers de la tête et du cou,l’irradiation est couramment utilisée. Les effets secondairesregroupent les xérostomies, les dysgueusies, les glossodynies, lesostéoradionécroses et les caries consécutives à la xérostomie. Leschangements tissulaires provoqués persistent longtemps et peuventêtre irréversibles. Il faut donc examiner de façon minutieuse l’étatdes dents et du parodonte avant, durant et après le traitement et

    instaurer un traitement d’hygiène et une prévention uorée. Parailleurs, l’élimination de l’infection postopératoire est cruciale carl’irradiation provoque une périartérite et une endartérite quicompromettent la vascularisation osseuse.

    ARTICULATION TEMPOROMAN DIBULAIRE

    Les dysfonctions temporomandibulaires chez les personnes âgéessont aussi fréquentes que chez les adultes jeunes. Cependant, ellessont sensiblement différentes dans leur symptomatologie et dansleurs approches thérapeutiques [2] . Chez le patient âgé, les signescliniques qui prédominent sont :

    – les céphalées temporo-occipitales ;– les limitations de l’amplitude des mouvements mandibulaires ;– les arthroses articulaires, souvent cliniquement silencieuses.Le traitement chirurgical reste exceptionnel. Les traitements

    fonctionnels (même en présence de remaniements articulairesimportants) sont préférés et s’avèrent efficaces, tant pour soulagerles douleurs, que pour améliorer les restrictions fonctionnelles,musculaires ou articulaires.

    Co n cl usi on

    Un patient âgé et en bonne santé peut subir des interventionschirurgicales à condition que certaines précautions soient prises, àsavoir une prémédication de l’anxiété, le choix d’un anesthésique à

    faible concentration en vasoconstr icteur, des procédures courtes etatraumatiques, pour des indications bien posées. Mais les personnes

    âgées sont souvent atteintes de polypathologies nécessitant des précaut ions adap tées à chaq ue pathologie cons idér ée, suiv ent desmédications qui peuvent impliquer des interactions médicamenteusesavec les drogues et les prescriptions postopératoires, sont souvent

    fragi les psychologiquemen t et sont facilement anxieuses. Dans cesconditions, les actes chirurgicaux ne sont entrepris qu’en cas denécessité et de rapport béné ce/risque bien évalué. En n, il ne faut pashésiter, en cas d’intervention lourde, de pathologies à risque ou dehandicaps moteurs, à traiter ces patients en milieu hospitalier.

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