28
ISSN 0996-6617 VOIX D’AFRIQUE Revue des Revue des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) n° 114 mars n° 114 mars 2017 3 2017 3 € Afrique du Sud : Murs de la rue décorés de graphismes Afrique du Sud : Murs de la rue décorés de graphismes Inauguration maison de retraite de Bry-sur-Marne Orientations des Pères Blancs de France Christ Christ est est ressuscité ressuscité

Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

ISSN

099

6-66

17

VOIX D’AFRIQUERevue des Revue des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs)Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) n° 114 marsn° 114 mars 2017 32017 3 €€

Afrique du Sud : Murs de la rue décorés de graphismesAfrique du Sud : Murs de la rue décorés de graphismes

Inauguration maison de retraite de Bry-sur-Marne

Orientations des Pères Blancs de France

ChristChristestestressuscitéressuscité

Page 2: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Résurrection

C’est une joie profonde pour nous,Seigneur de l’univers,de te rendre grâce

en cette nuit de Pâques,illuminée par le visage radieux

du Ressuscité.

Comme une aube longuement attendue,tu viens dissiper nos ténèbres.

Tu fais resplendir une espérance invinciblelà où la mort semblait triompher.

Par la lumière que répand ta Parole,tu éclaires nos cheminements tortueux.

Par l’eau du baptême et le don de l’Esprit,tu nous affranchis de nos idoles.

Par le partage eucharistique,tu fais grandir en nous l’homme nouveau.

Qu’éclate dans le ciella joie des anges !

qu’éclate sur la terrela joie des fils de Dieu !

Charles Wackenheim

2

Crédit photos :Voix d’Afrique

Couvertures :Recto : La résurrection,icône d’un monastère prèsde Jérusalem.Verso : Pâques, poème.

VOIX D’AFRIQUE -

p. 3 éditorial : La résurrectionP. J.-Y Chevalier, M.Afr.

p. 4 Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait P. Raphaël et P. Michel, M. Afr.

Afrique Europe Foi et Justice

p. 18 D’un mur à l’autre, un pays se relèveélisabeth Deliry-Antheaume

Éditorial

Pères Blancs

DCC Témoignage

Art de la rue

p. 26 Informations

p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais

Sommaire

p. 12 Prendre parti pour les marginalisésSr. Begoña Iñarra, SMNDA

Pour septembre 2017, un numéro double :Revue + calendrier

AAPBp. 16 Les AAPB des Hauts de France

L’équipe de Lille.

Pères Blancs - AMVp. 14 Rencontre interculturelle

P. Norbert Mwishabongo Mukwanga, M. Afr.

p. 10 Avec eux... « Main dans la main »Sr. Huguette Régennass, SMNDA

Srs Notre-Dame d’Afrique

p. 23 Dans vieillir, il y a le mot vieP. Clément Forestier, M. Afr.

Inauguration de l’EHPAD de Bry

Page 3: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Aucun évangile ne raconte précisément lemoment de la résurrection de Jésus. Maischacun d’eux décrit les conséquences de

cet événement et la manière dont les témoinsl’ont vécu. Ainsi les deux évangiles – selon StMatthieu pour la vigile pascale et selon St Jeanpour le jour de Pâques – mettent en scène lafébrilité des femmes et des apôtres autour dutombeau. Ayant reçu l’annonce de la résurrec-tion, ils n’arrêtent pas de courir ! Marie-Madeleine et Marie pour annoncer aux apôtresque Jésus est ressuscité, Pierre et Jean pour cons-tater de leurs propres yeux que le tombeau estvide !

La résurrection met en mouvement, donnel’enthousiasme, impulse l’élan missionnaire.Alléluia ! Cette bonne nouvelle de la résurrectionde Jésus, nous ne pouvons pas la garder pournous. L’annoncer largement autour de nous etdès aujourd’hui, c’est notre mission de chrétiens,disciples du Christ ressuscité.

Dans son exhortation apostolique « La joie del’Évangile » (n° 15), le pape François écrit qu’il« est nécessaire de rester tendus vers l’annonceà ceux qui sont éloignés du Christ, car telle est latâche première de l’Église ». L’activité mission-naire « représente, aujourd’hui encore, le plusgrand des défis pour l’Église » et « la cause mis-

sionnaire doit avoir la première place ». (…)Nous ne pouvons plus rester impassibles, dansune attente passive, à l’intérieur de nos églises, etil est nécessaire de passer d’une pastorale de sim-ple conservation à une pastorale vraiment mis-sionnaire. Cette tâche continue d’être la sourcedes plus grandes joies pour l’Église.

Dans ce numéro vous trouverez quantité designes de vie. Entre autres, la réunion desMissionnaires d’Afrique de France dans notremaison de Mours ; des orientations y ont été pri-ses pour mieux vivre notre mission actuelle. Lasérénité des Pères de Bry-sur-Marne inaugurantleur maison de retraite rénovée.

La résurrection de Jésus-Christ est la mer-veilleuse nouvelle de l’espérance toujours vive,de la vie plus forte que la mort, de l’amour vain-queur du mal. Engageons-nousavec joie dans son annonce.Alléluia !

Les Missionnaires d’Afri-que vous souhaitent de joyeu-ses fêtes de Pâques !

éditorial

3n° 114 mars  2017

La Résurrection met en mouvement

P. Jean-Yves Chevalier, M. Afr

Page 4: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

4 VOIX D’AFRIQUE -

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait…

Réflexions sur les orientations prises par nos communautés Pères Blancs, en France…

La réunion des “Postcapitulants”, dans notre maison de Mours, s’est terminée par une eucharistie présidéepar le Provincial d’Europe (Au centre avec le rosaire au cou). Il était aussi le modérateur du groupe.

Si les jeunes chrétiens savaient la joie que l’on a à donner le meilleur desoi-même pour crier l’Évangile dans notre monde occidental en mal d’espé-rance !

Si les aînés pouvaient témoigner de la foi rencontrée dans les communautéschrétiennes africaines et de celle de leurs amis musulmans fidèles à un islampacifique dans tous les pays d’Afrique où ils ont passé le plus gros de leur vie !

Voilà en deux phrases comment je pourrais résumer notre réflexion après lesinstances qu’une trentaine de Missionnaires d’Afrique ont tenues à Mours ennovembre dernier.Ces délégués représentant la dizaine de communautés de Pères Blancs deFrance sont venus témoigner de l’espérance missionnaire qui anime encoreprès de 200 confrères bien décidés à relire et à revivre, avec leurs moyens,les décisions du Chapitre tenu à Rome au début de l’été 2016.

Page 5: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

5

Lors de la postcapitulaire desdélégués du Chapitre àBruxelles, un refrain très

approprié revenait dans les cœurs :« Un monde ancien s’est est allé,

un nouveau monde est déjà né ! »Le refrain chante bien la trans-

formation de notre monde quiavance à vive allure et l’évapora-tion de celui que d’autres ontconnu. Mais il faut absolument enchanter les couplets avec beau-coup d’humanité et de fraternité.Humanité et fraternité, deux motsd’importance primordiale nonseulement chez les Pères Blancsmais dans ce monde froid et ano-nyme où nous vivons. En effet,plusieurs communautés ont faitcette remarque phare : il faut pré-server à tout prix dans notrecongrégation et dans notre mondece souci de respect et de solidaritéentre générations.

On constate en effet dans notreSociété aujourd’hui trois niveaux.

- Il y a des communautés où lespersonnes voient leurs forcesdiminuer et qui ne se sentent pluscapables d’agir et de réagir

comme ils aimeraient le faire,malgré l’esprit évangélique qui lesanime.

- Il y a des membres dans noscommunautés qui sont encoreautonomes et qui ont envie dedonner leurs dernières forces, leuramour et leur savoir là où ils peu-vent se sentir utiles.

- Enfin il y a des communautésqu’on appellera “en activité”.C’est le cas de ces nouvelles com-munautés, Marseille et celle, plusnouvelle encore, Toulouse. Depuisque l’Afrique n’est plus seulementen Afrique, les Missionnairesd’Afrique ont pris conscience auxdeux derniers Chapitres qu’il fal-lait être aussi présents en Europe.Là où sont beaucoup d’Africainset beaucoup de musulmans affec-tionnés par les Pères Blancsdepuis leur fondation en Algériepour la rencontre et le dialogue.

Créer des passerellesFace à cette vie communautaire

à plusieurs niveaux, les déléguésde chaque communauté présenteen France ont souligné l’importan-ce de créer des passerelles entre

communautés d’aînés et commu-nautés dites “en activité”.

La vulnérabilité des uns n’estpas un handicap au témoignaged’amour qu’ils offrent à l’intérieurde leur communauté car les plusvigoureux viennent en aide auxplus faibles. Elle ne l’est pas nonplus à l’extérieur, car certains enEHPAD se sont même inscritsdans des clubs ou autres centresd’activités de leur commune oumême en pastorale. Que les aînésprient pour la mission de ceux quisont encore “en activité” est excel-lent ; mais qu’on ne les réduise pasà cette seule et unique interces-sion, toute surnaturelle soit-elle !Valoriser la présence de chacun estune façon de porter le regard du

n° 114 mars  2017

(En haut, à gauche) Quelques membres de l’Assemblée deréflexions : les Pères Michel Girard économe provincial,Patrick Bataille, Responsable des Pères Blancs de France,Jacques Amyot d’Inville, responsable de la maison de la rueFriant à Paris et Philippe Thiriez, en mission à Bouvines.(En haut, à droite) Une vue d’ensemble de l’assemblée.(Ci contre, à droite) Le Père André-Léon Simonart, responsablede tous les Pères Blancs d’Europe. Il était le modérateur de la

réunion, celui qui canalise les échanges.

Page 6: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

6 VOIX D’AFRIQUE -

Christ sur tous : « Il le regarda etl’aima » (Marc, 10, 21)

La vitalité des communautésdites ‘actives’, boostée par la pré-sence de jeunes confrères africainsest un atout pour nous tous et pourles paroissiens dont ils ont laresponsabilité et qui retrouventune âme missionnaire.

Elle l’est aussi pour les gensqu’ils rencontrent dans leur entou-rage et dont la foi est différente oumême indifférente et qui seréjouissent finalement que la reli-gion ne soit pas une réserve iden-titaire ni une affaire de sacristie,mais une véritable amitié entrepersonnes.

Il faut donc favoriser l’échangeentre communautés. Les moyensde communications ne manquentpas aujourd’hui, chacun l’a faitremarquer : les e-mails, les SMS,le Skype, les réseaux sociaux,Twits et Cie… les TGV, les TER,les bus, sans compter les confrèresou les voisins qui sont à deux pasde votre chambre ou de votre mai-

son pour une visite impromptue…Il faut à tout prix que les jeunespuissent s’inspirer de l’expériencedes aînés et que les aînés se sen-tent soutenus et valorisés par lajeune génération en marche. Quechacun voit le positif des évène-ments et reste bienveillant enverstous, même envers ceux avec qu’iln’est pas toujours facile de com-muniquer. Qui sait s’ils n’ont pasau fond d’eux-mêmes un trésorcaché. À nous de le découvrir !

La Mission continue !Ceci dit, la mission est l’affaire

de tous, et il y faut un projet com-munautaire. Et pour nous,Missionnaires d’Afrique, c’est unengagement qui a des noms. diffici-les à prononcer parfois, et même àcomprendre:

JPIC, AEFJN,ARCRE, Rencontre

et Dialogue,CommissionMigrants…

Il ne s’agit pas de res-ter bouche bée devant

ces sigles et ces appellations gran-dioses. Ni de se gratter la tête pourse demander si on fait du JPIC oude l’AEFJN… C’est une attitude àavoir dans notre vie de chrétiens etde missionnaires.

Il s’agit de savoir si nous avonstoujours le souci et aussi le coura-ge de travailler à la Justice et à laPaix autour de nous et au loin, àveiller à sauvegarder l’Intégritéde la Création telle que Dieu l’avoulue, c’est ça avoir du JPIC.

Comprendre AEFJN c’est nousdire qu’après tant d’années enAfrique, maintenant que noussommes en Europe, nous devonsengager notre Foi dans des actesde Justice à l’échelle mondiale(sur le Net). C’est ça Afrique-Europe-Foi-Justice-Network

Confrères français dans le monde

- Entre 50 et 60 ans : 8- Entre 60 et 70 ans : 9- Entre 70 et 80 ans : 49- Entre 80 et 99 ans : 124

190

Pour nous, Missionnaires d’Afrique, notre engagement nous interroge : savoir si nous avons toujours lesouci et aussi le courage de travailler pour la Justice et pour la Paix autour de nous et au loin ; continuer

à croire que la rencontre interreligieuse est non seulement possible mais indispensable.

Page 7: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

7n° 114 mars  2017

(AEFJN). Que ces sigles ne blo-quent pas notre désir de solidarité.Aujourd’hui où les drameshumains sont connus d’un bout àl’autre de la planète, restons sensi-bles aux plus faibles, particulière-ment à l’Afrique terriblement tou-chée par l’injustice, et dont les jeu-nes ne trouvent souvent pas d’aut-res solutions que de fuir versl’Europe par le désert ou par lamer.

Les moyens sont à notre portée,ne serait-ce que par des signaturesde protestations, des soutiens enpécule, tout infimes soient-ils, desmanifestations avec les organisa-tions adéquates : SecoursCatholique, l’abbé Pierre,Emmaüs, le bateau Aquarius affré-té par SOS Méditerranée pour sau-ver des émigrants en mer...

Et pour les plus actifs d’entrenous, les maraudes nocturnesauprès des SDF, l’accueil desétrangers, la visite des prisonniers,comme l’ont fait les aînés etcomme le font nos jeunes confrè-res africains nommés intentionnel-lement en Europe où les Africainsne sont pas toujours parmi lesmieux lotis…

Et parmi ces Africains, nom-breux sont musulmans. Oui, deterribles massacres au nom decette religion non seulementendeuillent de nombreux pays et lenôtre mais salissent aussi la répu-tation de la communauté musul-mane tout entière. C’est pourquoinous devons continuer à croire quela rencontre interreligieuse est nonseulement possible mais indispen-sable. Cette rencontre des autres,particulièrement des musulmans,

Iest une logique évangélique, unenseignement de l’Église et deVatican II et un des charismes denotre Société Pères Blancs depuissa fondation par le cardinalLavigerie. Et c’est là qu’intervientnotre site ARCRE. (Action pourla Rencontre entre les Cultures etles Religions en Europe.) Un nompas facile à prononcer, mais tapez-le sur Internet, vous verrez ce qu’ilfaut savoir de l’évolution de larencontre interreligieuse.

Réjouissez-vous !Le Chapitre des Pères Blancs de

2016 a voulu nous transmettre unmessage d’optimisme en nousencourageant à voir ce qui estpositif au lieu de nous plaindre dece qui ne va pas et d’entretenir lamorosité dont souffre le monde…

Avez-vous remarqué, d’ailleurs,que pratiquement toutes les ency-cliques du pape François commen-

cent par des expressionsde joie et de louanges ?«Laudati Si » (loué

sois-tu), « EvangeliiGaudium» (la joie d’an-noncer l’Évangile),Amoris Laetitia (la joied’aimer…)

La joie est une réponse à la soli-tude que peuvent ressentir ceuxqui ont choisi de tout laisser poursuivre le Christ, leurs familles etparfois des relations amicalesdurement construites sur leur lieud’apostolat et de pastorale…

Mais il reste la joie de l’affectionfraternelle d’une vie de commu-nauté au service de tous pour l’a-mour de Dieu.

Alors réjouissons-nous et soyonsadmiratifs de tout ce qui se faitdéjà chez nous et autour de nous :l’accueil des étrangers, le secoursaux réfugiés, le soin apporté auxmigrants, les cours d’alphabétisa-tion et de soutien scolaire, les ser-vices d’écrivains publics, les ‘cer-cles du silence’ (pour dénoncer lescentres de rétention pour sans-papiers), les ‘jardins de la paix’(initiative des résidents de quar-tiers populaires pour un meilleurvivre-ensemble), les groupes‘imams-prêtres’ (pour se concerterentre responsables de communau-tés de chaque confession), lesgroupes de foyers islamo-chré-tiens (GFIC), les groupes des com-munautés étrangères et particuliè-rement africaines, l’aide aux étu-diants africains, la formation desjeunes de collèges et lycées au fait

Confrères de partout en France

- Moins de 40 ans : 3- Entre 40 et 60 ans : 5- Entre 60 et 80 : 39- Entre 80 et 99 : 114

161

Quelques liens pour un engagement -Justice & Paix :

http://www.justice-paix.cef.fr/-JPIC, Justice, Paix et Intégrité de la Création :

http://www.internationalunionsuperiorsgeneral.org/fr/mission/justice-paix-creation/

-AEFJN, Réseau Foi et Justice Afrique-Europe http://www.aefjn.org/index.php/accueil.html

- CCFD, Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire

http://ccfd-terresolidaire.org/- Secours Catholique :

http://www.secours-catholique.org/- ARCRE, rencontre et le dialogue interreligieux en Europe.

http://www.arcre.org/arcre/- Pères Blancs en Francehttp://peres-blancs.cef.fr ou http://www.africamission-mafr.org

Page 8: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

8

religieux, qu’ils soient chrétiensou musulmans, l’aumônerie desjeunes et celle des étudiants, lesouci des quartiers populaireslivrés au trafic de drogue…

N’est-ce pas là une réponse àl’appel du pape François à « sor-tir » pour aller vers les “périphé-ries”j11

. Sans oublier bien sûr, de tra-

vailler avec les laïcs, les religieux,les religieuses de nos paroisses parune formation liturgique, catéché-tique, biblique, œcuménique et

interreligieuse, la visite des per-sonnes âgées, des personnesmalades et isolées, l’aumôneriedes jeunes, des hôpitaux et celledes prisons…

La liste est longue, le travailimmense, la prière fervente,réjouissons-nous !

L’animation vocationnelleAlors que le leitmotiv du

Chapitre 2016 était “positivons”,beaucoup se lamentent encore dumanque de vocations en Europe

Au lieu de geindre à longueur dejournée avec des : « Anne, sœurAnne, ne vois-tu rien venir? »réjouissons-nous d’avoir plus de500 jeunes Pères Blancs en forma-

tion en Afrique et faisons confian-ce à l’Esprit Saint ! Il habite enco-re les jeunes confrères qui ycroient et qui s’engagent dans desactions concrètes auprès des jeu-

nes et particulièrement dans lesmouvements dits charismatiquesqui, eux, semblent avoir humél’air du temps.

Il habite les aînés qui espèrent detout leur cœur qu’on ne laisserapas en friche la terre qu’ils ontretournée et ensemencée, et quiprient.« Je ne vous laisserai pas tom-

ber, dit Jésus… encore un peu detemps » (Jn 14, 18).

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait…

Oui, la jeunesse sait et elle agit,la vieillesse peut et elle espère etprie.

Et voici en résumé pour clore cepetit aperçu (encadré ci-dessous)des retombées pratiques de notreréflexion, les orientations prisespar les Pères Blancs de Francepour encourager leur communautéà garder joie et espérance.

Nous sommes encore 190 PèresBlancs français dans le monde et161 présents en France, françaiset d’origines étangères.

Le nombre diminue, mais larelève est là, réjouissons-nous !

Raphaël Deillon et Michel Ouedraogo,

Pères Blancs à Marseilledélégués à la réunion de Mours.

Moment de détente qui permet de rencontrer les confrères de Mours

Père RaphaëlDeillon

Père MichelOuédraogo

Résumé des Orientations suite à la Postcapitulaire du secteur de France

I) Le renouveau missionnaire passe par la joie de croire. La joie estl’expérience d’être ensemble attachés au Christ et aux autres,elle procure cet esprit de famille qui nous sort de la solitude.

2) Avoir le souci d’inclure tous les confrères dans notre engage-ment missionnaire.

3) Valoriser les confrères avec une bienveillance qui tienne comptede la vulnérabilité de chacun pour que tous se sentent partie pre-nante dans la Société.

4) Entretenir un esprit missionnaire dynamique grâce à la présencede jeunes confrères (Marseille, Toulouse, Animation vocation-nelle) pour établir des passerelles entre les différentes généra-tions et rayonner cet esprit missionnaire entre nous et autour denous.

5) Avoir foi en l’avenir avec audace et en positivant pour avanceret aller à la rencontre des autres, quelle que soit leur croyance.

VOIX D’AFRIQUE -

Page 9: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Désiré Yaméogo, alors profes-seur d’allemand, découvre en1999 l’apiculture lors d’un

voyage en Europe. À son retour, sonidée est d’améliorer la production demiel de son pays pour offrir aux pay-sans un complément de revenus.Ainsi, en 1999, ce sont une dizaine depaysans qui le suivent. Cela commen-ce par la formation aux nouvellesméthodes d’apiculture, la fourniturede matériel puis l’achat de la récolte,le filtrage et la maturation, le condi-tionnement et la revente.

La recette fonctionne : le miel,enfin filtré, est bien meilleur. Lespaysans voient leur revenu augmentergrâce à la vente de la récolte de leurmiel. L’énergie de Désiré et les résul-tats porteurs permettent à la jeuneassociation de se développer.Aujourd’hui, l’association compteplus de 3 000 paysans apiculteursadhérents dans tout le pays et plus de60 salariés.

Le développement de l’associa-tion s’est fait rapidement et sans lesméthodes appropriées, en se basantplutôt sur un pilotage à “vue”. Pourfaire face à la forte croissance de l’ac-tivité, il est important aujourd’hui deprofessionnaliser la gestion de lastructure, d’améliorer l’usage des

outils déjà en place pour la gestiondes stocks, les matières premières, laflotte de véhicules : c’est là ma mis-sion. Depuis mon arrivée, j’ai puconstater le mode de fonctionnementde l’association, j’ai fait connaissanceavec les salariés et les instances plusou moins proches comme l’associa-tion « Le Relais ». Ma mission :apporter de la rigueur dans la gestionet l’organisation, améliorer le modede travail actuel, former les salariésen place afin d’inscrire les transfor-mations dans la pérennité.

Je suis ravi de cette mission. Si elles’annonce difficile, elle cadre bienavec mes objectifs : donner du sens àmon travail. Ici, pérenniser la structu-re signifie maintenir les emplois del’association, maintenir le complé-ment de revenus des paysans et conso-lider toute la chaîne économique etsolidaire qui s’est organisée autour.Un exemple : les abeilles au BurkinaFaso sont plus agressives qu’enFrance. Aussi les apiculteurs récoltentle miel de nuit. Pour cela Wênd Puiréleur propose d’acheter des lampes àénergie solaire produites dans larégion par une association locale.

Compte tenu de son succès, WêndPuiré continue sa croissance avec denouveaux projets. Depuis quelquesannées, les produits dérivés du mielsont transformés et commercialiséssous forme de crèmes, savons, liqueurde miel, hydromel. Aujourd’huiWênd Puiré va encore plus loin endéveloppant le premier centre derecherche apicole du Burkina Faso.En travaillant pour Wênd Puiré, jeparticipe à cette formidable aventureet cela me donne de grandes satisfac-tions.

Désiré, le fondateur de l’associa-tion témoigne de l’intérêt qu’il voitdans la venue d’un volontaire :« Aujourd’hui le flux d’activité esténorme. Il est important de mettre enplace des outils de suivi et de contrô-le pour la pérennité de la structure.Avec un volontaire DCC, Wênd Puirépeut profiter d’une personne ayantdéjà de l’expérience dans le domaine,une personne qui pourra définir desoutils spécifiques. La mission duvolontaire s’organise sur deux ans.L’idée est de faire un état des lieux lapremière année, de définir et cons-truire des outils spécifiques de suiviet de contrôle ; la deuxième annéepermettra d’identifier un ou uneBurkinabé, de lui transmettre lesavoir-faire pour s’assurer que le tra-vail se poursuive et de créer unemploi burkinabé pérenne. »explique-t-il. « Avec la DCC je m’as-sure d’un changement de culture etd’avoir une personne qui saura cons-truire les outils spécifiques dont lastructure a besoin. Nous avons déjàaccueilli un volontaire DCC en 2006,qui a donné totale satisfaction et dontle travail a permis une grande avan-cée. De là est née la confiance entreWênd Puiré et la DCC. J’appréciebeaucoup le côté humain et le respectdu partenaire porté par la DCC. C’estl’élément moteur qui encourage lepartenariat.

La DCC incarne les valeurshumaines de solidarité internationaleet Wênd Puiré a besoin de cette soli-darité humaine pour grandir. »

Louis Pichot de la MarandaisGestionnaire au Burkina Faso

Le miel, une culture solidaire

Louis est volontaireDCC : il vient de pren-dre la responsabilité ducontrôle de gestion del’association Wênd Puiré(la « part de Dieu » enlangue Mooré) auBurkina Faso.

DCC Témoignage

n° 114 mars  2017 9

La mission de Louis a pour objectif de professionnaliser l’association pour permettre aux apiculteurs de générer davantage de revenus.

Cré

dit p

hoto

: DC

C

Page 10: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

10

SŒURS DE NOTRE-DAME D’AFRIQUE

Si j’ai toujours eu une attiranceparticulière pour la petiteenfance, c’est sans doute parce

que le Seigneur m’y avait préparéedepuis longtemps. Aînée d’unefamille de 8 enfants, les circonstancesm’ont amenée à poursuivre mes étu-des jusqu’au DEEJE, (Diplôme d’É-tat d’Éducateur de Jeunes Enfants),lequel permet d’enseigner dans toutesles structures sociales accueillant desenfants : centres sociaux, hôpitaux,crèches, classes maternelles, jardinsd’enfants…

C’est avec ce précieux bagage, quej’ai eu la joie durant 10 ans de mis-sion au Mali, de travailler dans les

jardins d’enfants de Ségou, Bamakoet Kolokani. Des années dont je gardebeaucoup de bons souvenirs…

De retour en France, j’ai longtempscherché comment retrouver ce mondedes petits que j’aime tellement.Jusqu’au jour où, tout à fait parhasard, une personne m’a parlé d’uneassociation de bénévoles : « Maindans la Main », dont la vocation estd’être présente auprès des enfantshospitalisés. J’avais trouvé où etcomment réaliser mon rêve !Apolitique et non confessionnelle,

cette association est reconnue d’utili-té publique depuis 1999. Elle s’estfixée pour mission d’améliorer au

sein de l’hôpital, la qualité de vie del’enfant et de sa famille, en étroitecollaboration avec le personnel médi-cal et soignant. Pour cela, les 600bénévoles de « Main dans la Main »apportent entre autres, présence etécoute attentives, et sont disponiblestous les jours, y compris pendant lesweek-ends et les vacances, dans 40services de pédiatrie de 9 établisse-ments hospitaliers de Paris et de sarégion.

Notre mission peut s’exercer de mul-tiples façons, qui ne passent pas tou-jours par la parole. Parfois, ce peutêtre simplement par un regard com-patissant vers celui qui est dans l’an-goisse, un sourire, une main tendue.Souvent, c’est en écoutant l’inquiétu-de des familles, que nous les aidons àmieux vivre le stress de l’attente, outoute autre situation difficile à laquel-le elles sont confrontées.

Notre bénévolat s’adapte aux diffé-rents besoins de l’hôpital :

En consultation : les enfants et leurfamille doivent parfois attendre leurtour pendant un long moment. Il s’a-git alors de les aider à s’occuperdurant ce délai, pour qu’ils ne s’en-nuient pas.

En hospitalisation de jour : ils arri-vent le matin et repartent le soirmême, après une intervention. Làencore, nous sommes auprès d’eux

Smnda française, « éducatrice de jeunesenfants » en formation, j’ai eu la chance de pouvoirtravailler pendant de longues années, avec despetits. aujourd’hui à la retraite, j’ai souhaité met-tre à profit les compétences acquises et continuerà vivre cette passion, en faisant du bénévolatauprès d’enfants hospitalisés.

Un bénévole joue avec l’enfant dans son lit

Logo de Main dans la Main

VOIX D’AFRIQUE -

Avec eux... « Main dans la main »

Page 11: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

11

pour vivre les « temps creux » de lajournée d’une façon ludique, afinqu’ils les supportent plus facilement.

En hospitalisation classique : lespetits malades jouent dans leur cham-bre, ou dans des salles de jeux. Dansce contexte, beaucoup de situationsdifférentes peuvent se présenter, maisnotre objectif est toujours de répon-dre à leurs attentes et à celles de leursfamilles.

En service de réanimation : ce sontd’abord les parents qui demandentune attention particulière. Là, notrerôle est surtout d’être présents à ceuxqui ont besoin d’un soutien moral,d’une écoute.

Comment aborder l’enfant hospitalisé et sa famille?

Soutenir un enfant lors de son hospi-talisation ou de sa maladie, l’entourerainsi que sa famille, demande unengagement personnel et met en jeudes ressources intimes. C’est uneactivité particulière, qui ne requiertpas seulement du bon sens et de labonne volonté, mais aussi un savoir-faire et un savoir être. Pour cela, lespersonnes qui expriment le désir derentrer dans l’association, bénéficientau préalable d’une formation qui lesamène à réfléchir sur les différentsaspects de l’engagement qu’ellesenvisagent de prendre, et leur permetd’apprendre à trouver une distancesuffisante pour faire face à des situa-tions parfois très dures à vivrepsychologiquement.

Aborder l’enfant et sa famille, néces-site de clarifier la notion d’accompa-gnement. Cela ne signifie pas « semettre à leur place » mais « être àleurs côtés» lors de ce moment parti-culier, court ou long, que représentela maladie.

Nous sommes parfois confrontés àune grave maladie, ou à des accidentsde vie comme cela peut arriver danstoutes les familles, à des pathologieschroniques qui perturbent l’enfant ettout son environnement. Cette violen-

te et brutale irruption de la maladie ausein de la cellule familiale, est tou-jours source d’émotion. De la com-passion à la révolte, elle suscite par-fois des réactions qu’il faut être capa-ble de canaliser pour que notre pré-sence auprès de ces jeunes maladesreste crédible et cohérente.

Enfin, n’oublions pas que l’enfantn’est pas un adulte en miniature.C’est un être en développement cons-tant. Quels que soient son état desanté et le diagnostic de sa maladie, ila droit à l’enseignement, à la culture,aux loisirs. Il vit dans « l’ici et lemaintenant ». D’ailleurs, on observesouvent que même en situation diffi-cile, il peut être d’une présence etd’une surprenante gaieté, et soudain

plonger brutalement dans un état deretrait ou d’inquiétude insoupçonnée.

Ce qui personnellement me fascine,ce sont les multiples façons que l’on ade communiquer. Bien sûr, on le faitessentiellement avec les mots, maissouvent aussi de manière non verbale,par le regard, l’expression du visage,et toute l’attitude du corps. Pour l’en-fant, s’exprimer est une fonction vita-le, et il nous faut tout faire pour accé-der à son mode de relation. À ce pro-pos, j’aimerais partager ici l’une desplus grandes joies que j’ai connues àl’hôpital : Sébastien (le prénom a étéchangé) est un enfant qui mesure

environ 50 cm. Il ne parle pas, nemange pas, et a pour seul horizon lacoquille gonflable dans laquelle ilreste couché depuis sept ans… Ilbouge seulement ses mains et sespieds, gros comme ceux d’un enfantde 4 mois. Sur son visage, nulle mani-festation de joie ou de colère. Il neréagit à aucune de nos sollicitations. Ilest là et c’est tout… Pourtant, je letrouvais tellement beau! À chacunede mes visites, j’essayais d’entrer encommunication avec lui. Et voilàqu’un jour, alors que je lui chantaisune comptine, tout en jouant avec sespetites mains, ses yeux se mirent àbriller et j’ai pu lire sur ses lèvres, unsourire que je n’oublierai jamais… Jevenais de remporter une incroyablevictoire…

Oui, pour être bénévole, il faut avanttout AIMER. Le chant, la musique, ledessin, les contes, les jeux, l’écoute,la tendresse… autant de talents misbout à bout, pour rendre plus légère lavie des enfants malades, pour créerun dialogue, pour susciter l’imaginai-re. C’est un partage émouvant où cha-cun réagit avec sa sensibilité. Garderson âme d’enfant, dans un mondesouvent désenchanté, c’est là le secretde notre joie et de notre bonheur.

Sr Huguette Régennass, SMNDA

Distraire l’enfant, avant une consultation angoissante

n° 114 mars  2017

Page 12: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Afrique Europe Foi & Justice

12 VOIX D’AFRIQUE -

Prendre partipour les marginalisés

Il est 5 heures de l’après-midi,et le camion « Aux captifs lalibération » - organisation

chrétienne qui s’occupe des gensde la rue à Paris – arrive au Boisde Vincennes, où se concentrentbeaucoup de “travailleuses dusexeֲֲ”.

À l’intérieur, Begoña, smNdA, etAurélie travailleuse sociale, mèrede quatre enfants, viennent à leurrencontre. Nous arrêtons le camionsur la route, là où des femmes nigé-rianes à demi vêtues, attendent leursclients, au pied des réverbères.Beaucoup nous connaissent, etnous rejoignent à l’intérieur ducamion aménagé en salle de ren-contre. Au mur est affichée la salu-tation en “Edo”, leur langue ma-ternelle. Sur la table nous avonsdisposé : revues, livres et docu-ments sur des sujets qui les inté-ressent.

Les jeunes femmes commencentà arriver, seules ou en groupes dedeux ou trois. Si l’une d’elles vientpour la première fois, on se pré-sente : « Bonjour ! Je suisBegoña, et toi ? » Si on se connaîtdéjà, on se salue et on s’embras-se. Certaines viennent juste direbonjour, et repartent à leur travail.

D’autres s’assoient, et la conver-sation continue en anglais. Noussommes à l’écoute de ce qu’ellesvivent, de leurs attentes, de leurssouhaits. Elles regardent les livres,les revues, demandent des infor-mations posent des questions. Sielles le souhaitent, nous faisons unpeu de français, et elles nousapprennent quelques mots d’Edo.Elles sont attirées par les dessinsdu corps humain, tout ce qui tou-che à la grossesse et à la naissancede l’enfant. Parfois elles nous font

part de leurs angoisses, de leurspeurs, à propos de leurs avorte-ments. Souvent l’une ou l’autrereste seule pour parler d’elle, deson histoire, de sa famille, des dif-ficultés qu’elle rencontre.Rarement, elles évoquent lecontrat fait avec la “dame” qui lesa amenées à Paris - leur proxénète- à qui elles doivent payer de50000 € à 80000 € pour le “voya-ge” ! Elles ont été trompées et seretrouvent à faire un travail qu’el-les n’ont pas choisi, avec en outre,

Sœur Begoña, Smnda espagnole, œuvre depuis delongues années dans le Réseau JPIC (Justice Paix etIntégrité de la Création) et dans le Réseau aEFJn(afrique Europe Foi et Justice). Tous deux travaillentà éliminer l'iniquité et à promouvoir la probité écono-mique dans les relations entre l’Europe et l’afrique.

Sœur Begoña au secrétariat internationnal de AEFJN,à Bruxelles.

Page 13: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

13n° 114 mars  2017

une dette colossale ! Elles se sen-tent partagées et ont une relationambiguë avec leur “souteneur”.Celui-ci, souvent proche de leurfamille, les a aidées à réaliser leurrêve, mais les exploite. Elles sesacrifient pour les leurs, même sielles détestent ce qu’elles font, carelles n’ont pas d’autre alternativepour rembourser ce qu’elles doi-vent.

Nous essayons de réveiller lemeilleur d’elles-mêmes, pourqu’elles trouvent le courage desortir de leur situation d’esclave.

Après ces rencontres, je rentre àla maison avec le cœur gros, decompassion pour elles, et d’indi-gnation devant ce qu’elles subis-sent.

Avant de commencer notre tour-née, nous prions afin que Dieunous aide à transmettre à ces fem-mes un peu de son Amour, et qu’àtravers nous, elles se sententrespectées et aimées.

Je collabore également avecd’autres organisations pour plaideret lutter contre le trafic humain,notamment : “RENATE” (Réseaueuropéen de religieuses, contre letrafic et l’exploitation), qui estprésent dans 18 pays.

À travers ces réseaux, j’essaiede conscientiser et d’interpellerles autorités, pour que la traitehumaine - plus de 800000 victi-mes par an – et l’esclavagemoderne – de 20 à 30 millions depersonnes concernées dans lemonde, soient abolis.

Trop souvent, cesréalités sont ignoréesdes gens, même si leursvictimes sont parminous, exclues par notresociété. Elles font par-tie des «misérables» denotre monde et sontconsidérées comme“marchandises” et non

comme des êtres humains, avecleurs droits et leur dignité. Quandon fréquente ce milieu, le plus durest de constater que dans bien descas, les hommes politiques, lesreprésentants de l’ordre ou de lajustice, savent ce qui se passe,mais font très peu pour éradiquercette plaie.

Que faire devant ces terriblessituations d’injustice ? Pour mapart, lorsqu’on m‘a demandé devenir à Paris pour « travaillerdans le domaine de la lutte contrele trafic humain », j’ai ressenti cetenvoi comme un appel de Dieu àme faire proche de ces “non-exis-tants”, pour y être Son cœur, Sesmains, Sa voix, Son amour, etmontrer à ces femmes, victimes dela traite, qu’elles sont aimées deDieu, créées à son image.

Lorsqu’on regarde la société, onne peut cautionner toutes ces vio-lences faites aux plus faibles. J‘ai

mené cette lutte pendant desannées, dans mes divers engage-ments à AMECEA (Associationdes Conférences Épiscopalesd’Afrique de l’Est), dans lesbidonvilles de Nairobi, (Kenya),comme animatrice du RéseauAfrique Europe Foi et Justice(AEFJN) de la congrégation. Lesluttes sont différentes : injusticessociales, économiques, politiqueset commerciales... Cependant, lefondement de notre action esttoujours : LE COMBAT CONTRE LAPAUVRETÉ DES GENS, LA DÉTÉRIORA-TION DE L’ENVIRONNEMENT, LA COR-RUPTION, LE FLUX DES MIGRANTS.

Notre foi nous appelle à transfor-mer la société, donc à aller aux raci-nes de l’injustice pour y travailler.Aujourd’hui : pour les victimesde la traite, les migrants ; dans lepassé : pour les paysans africains,les victimes de l’exploitation desressources naturelles… Désirer se

faire proche d’eux, parta-ger leur vie, les aider àfaire respecter leurs droits,et à trouver une viemeilleure.C‘est là ma missionactuelle, un ministèred’Église, parmi beaucoupd’autres.Sr Begoña Iñarra, SMNDA

Sœur Begoña (à droite) dans une session de formation du Réseau “RENATE”

Page 14: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

AMV

Rencontre interculturelle :une expérience spirituelle

VOIX D’AFRIQUE - 14

Àla suite de cette préface etconsidérant le thème de notreweek-end DDMU, “Rencon-

tre interculturelle , une expériencespirituelle” ; je désire partager avecvous, une de mes expériences de larencontre interculturelle vécue ici enFrance. Il s’agit d’une expériencepartant de ma propre présentation :« Je suis le Père NorbertMwishabongo, Missionnaire d’Afri-que (Père Blanc), responsable de l’a-nimation missionnaire et vocation-nelle pour le compte de ma congré-gation, ici en France ». Cette présen-tation vécue dans deux milieux diffé-rents, génère deux résultats, deuxréactions, deux expériences diffé-rents. Si d’un côté la rencontre génè-re de la joie, me stimule pour aller del’avant et me permet l’intégration, del’autre côté elle est plutôt objet d’in-terrogation, d’un certain malaise,d’une certaine frustration et je diraimême d’un sentiment d’exclusion .Voici les deux cas :

A. La rencontre génère de la joieUn ami français que j’ai connu

quand il était en poste de responsabi-lité en Algérie (en 2010) apprenantma présence ici à Paris, est venu à marencontre à la rue Friant dès mondeuxième mois de présence à Parisen 2012. Depuis ce temps, nous nousvoyons régulièrement. Ayant unréseau de connaissances, réseauinterculturel composé de Français,d’Algériens, de Maliens, de Togolais(j’y ajoute des ressortissants de laRépublique Démocratique du Conpuisque je fais partie de ce réseaud’amis)… de catholiques, deMusulmans. En avril 2016, cet ami,

Rahal Redouane, avocat à la Cour d’Oran, préfaçantle livre « Église en Islam » : méditation sur l’existencechrétienne en Algérie de Mgr Henri Teissier en 1984,écrivait :« En effet, nous vivons une époque où les déplacements desindividus se manifestent d’une façon multiple : expatriés àla quête du travail sous d’autres cieux, étudiants à larecherche du savoir dans les universités étrangères, sta-giaires en déplacement pour acquérir et assimiler une autretechnologie dans des pays différents des leurs, maladessoignés dans des hôpitaux étrangers, coopérants ou cadresmis par un pays à la disposition d’un autre dans le cadre desaccords bilatéraux… (J’ajouterai : prêtres étrangers mispar leurs évêques à la disposition d’autres évêques dans lecadre des accords diocésains, missionnaires, ecclésiaux,etc.). Or, dans de telles situations, ces individus d’une sen-sibilité ‘culturelle et’ religieuse différente de celle du paysd’accueil, se trouvent confrontés, individuellement ou col-lectivement, à un environnement religieux et culturel quipeut paraître a priori agressif ou indifférent. Cependant, àbien réfléchir, cette non-concordance des traditions reli-gieuses ‘et culturelles’ engendre ou provoque inconsciem-ment des confrontations culturelles qui peuvent, à la longue,si elles sont bien contenues et assimilées, apporter un enri-chissement humain et spirituel d’une grande importance. (…)La vraie religion est celle qui consiste, sans abandonner lecadre dans lequel elle doit se mouvoir, à comprendre l’au-tre et à l’aimer. Cette compréhension doit se faire d’abordpar le dialogue intériorisé, c’est-à-dire que le croyant ten-tera d’approfondir continuellement les valeurs de sa foipour pouvoir donner son témoignage et en même temps êtreréceptif à l’autre. »1

Rahal Redouane, préface du livre deMgr Henri Tessier, Église en Islam

Page 15: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

15n° 114 mars  2017

catholique lui-même, m’avait invité àune des rencontres. Lors de ma pré-sentation : « Je suis Père NorbertMwishabongo, M. Afr. (PB), respon-sable de l’AMV en France. »quelques questions en lien avec quisont les Missionnaires d’Afrique.,quelle est leur spécificité (leur charis-me), pourquoi Père Blanc, quel estmon parcours personnel, dans quelspays suis-je déjà allé ? m’ont étéposées. Les réponses aux questionssur ma présentation personnelle, ontété la clé de mon intégration dans legroupe. Je suis toujours impressionnépar les questions : quelle est ton expé-rience par rapport à ceci ou cela?Comme Congolais, Français,Algérien, comment réagirais-tu danscette situation ou telle autre? Quel estton point de vue par rapport à cesquestions ? Ces questions nous enri-chissent mutuellement et ouvrent noshorizons à d’autres univers humainset religieux.

B. La rencontre objet d’un sentiment d’exclusion

Autre réseau, autre réaction. Si,avec le groupe réseau d’amis, ma pré-sentation a été le point de départ d’uneexpérience qui nous enrichit mutuelle-ment et nous propulse dans une volon-té d’intégration mutuelle pour aller del’avant , elle est la plupart de tempsvécue, par certains membres de l’égli-se locale française, comme un blocage“dans la collaboration”, un signe decompétition “vocationnelle” dans larencontre et élan missionnaire . D’oùces réactions :

« Missionnaire d’Afrique, ça exis-te encore? Je ne vois pas sur quoinous pourrions collaborer ?»

« Ces prêtres africains qui vien-nent maintenant chez nous… ils nesont là que pour des raisons écono-miques. »

« Missionnaires, oui, mais nousn’avons pas besoin des missionnairespour prendre nos vocations et lesenvoyer en Afrique, nous avonsbesoin de nos vocations ici. »

« Père, rendez-vous compte quenous parlons d’abord de la vocationdiocésaine et non missionnaire. »

À ces réactions, je réagis souvent enprésentant : (1) la double réalité chré-tienne de la France aujour-d’hui qu’ilest inutile d’ignorer: « Pays mission-naire et Terre de missions ».

(2) Étant donné cette double réali-té, la crise chrétienne aujourd’hui enFrance, l’Église doit rechercher dessolutions par les Églises locales pourun renouveau chrétien. Ma convictionque les missionnaires de toutes origi-nes et de toutes congrégations, ont unrôle à jouer dans l’Église locale deFrance, vu leurs expériences mission-naires et la réalité interculturelle del’Église de France aujourd’hui.

Enfin , (3) j’explique que je nesuis ni distributeur de vocations ni,voleur de vocations. Je ne suis qu’unMissionnaire d’Afrique (Père Blanc)qui, participant à l’activité mission-naire et évangélisatrice de l’Égliselocale de France, témoigne d’uneautre richesse d’être de l’Église uni-verselle.

M’est-il permis de conclure monexpérience de la rencontre intercultu-relle en deux points : Avec la mondia-lisation, il est impossible aujourd’huide s’enfermer dans son îlot humain,culturel et religieux… La préface qui

introduit mon partage, est aujourd’huiune invitation à nous tous et toutes deprendre avantage de nos rencontresinterculturelles pour vivre une expé-rience humaine, spirituelle, culturelle,missionnaire, ecclésiale, enrichissante.

Elle est aussi une interpellationpour que de nos rencontres intercultu-relles dans nos Églises diocésaines,nos congrégations religieuses, nosdifférents groupes composant l’Églisede France, devienne un élan mission-naire universel. Qu’un dynamismeévangélisateur naîsse et croîsse pourla plus grande gloire de Dieu. Ce tra-vail demande à nous DDMU et à toutmembre de l’Église, un engagementet une ouverture à l’autre dans lerespect de la diversité , le dialogue etla communication , l’acceptation del’autre tel qu’il est et veut être d’a-bord , l’interaction mutuelle et laconsidération du facteur temps dansnos rencontres.

P. NorbertMwishabongo,

M. Afr.

La vraie religion est celle qui consiste, sans abandonner le cadre danslequel elle doit se mouvoir, à comprendre l’autre et à l’aimer.

Rahal Redouane

Page 16: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Les amis des Pères Blancsdans les Hauts de France

Dans l’Association, chacun s’investit pour desraisons qui lui sont propres, la force de leuréquipe réside aussi dans la pluralité de leurs

profils : Christine Dillies-Duprez, Présidented’Honneur ; Brigitte Pourpoint, vice-Présidente, rap-prochée de l’Afrique par sa carrière professionnelleen Seine Saint Denis ; Jacques Dufour, Secrétaire,apportant son entrain et sa compétence dans lesméthodes de communication ; Bernard Ruef,Trésorier, et son épouse Thérèse, membres dès lapremière heure, mémoire de l’Association ; Jean etAlbane Davioud, parents d’une famille nombreuse etproche des jeunes, adoptant les Pères Blancs parl’acquisition de leur maison lilloise ; et le PèrePhilippe Thiriez, Père accompagnateur.

Pour 2017, bonne nouvelle, le Bureau s’agranditencore avec l’arrivée de Danièle Vasseur et de deuxétudiantes Anne-Laure Juif et Jeanne Davioud. Cettedernière souhaite apporter son expérience dans ledomaine des réseaux sociaux afin de communiqueravec sa génération sur les grands thèmes desMissionnaires d’Afrique : Évangélisation, formationet développement.

Les actions dansles Hauts deFrance ne manquentpas !

Les journées d’ex-positions sont l’occa-sion de promouvoirles œuvres des Mis-sionnaires d’Afri-que auprès de lapopulation lilloise, et

d’apporter ainsi des subsides aux projets financés parla Fédération des Associations des Amis des PèresBlancs. Exposition, conférence, vente d’art africain,chacun se répartit le travail. Afin d’être mieux vu et

pour mieux com-m u n i q u e r ,l’Association s’estéquipée de présen-toirs de type « Rollun » avec dem a g n i f i q u e sphotos des réalisa-tions des Pères ori-ginaires du Nord,et pour satisfaireles acheteurs, elleest toujours à la

Depuis deux ans, André-PaulCavrois, attaché aux Missionnairesd’Afrique par des liens familiaux, arepris le flambeau de l’Associationdes Amis des Pères Blancs de Lilleauprès de Christine Dillies-Duprez, qui en avait assuré la pré-sidence pendant 18 ans. De nou-veaux bénévoles renforçaientaussi l’équipe qui s’en trouvaitrajeunie : « C’est un bain de jeu-nesse » avait dit alors Christine.

AAPB

Christine Dillies, Père Bernard Lesay, Thérèse Ruef, lors des Journées d’Amitié

Jean Davioud, Brigitte Pourpoint, Christine Dillies, André-PaulCavrois, Bernard et Thérèse Ruef, Jacques Dufour

16 VOIX D’AFRIQUE -

Page 17: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

recherche de nouveaux produits d’art africain quirépondent à l’effet de mode.

L’Association participe également aux différentesmanifestations organisées par la CoopérationMissionnaire qui regroupe l’ensemble des associa-tions missionnaires du Diocèse, comme lors d’unemesse qui leur est dédiée à la cathédrale Notre-Damede la Treille de Lille.

Avec le Père Philippe Thiriez, qui réalise des confé-rences sur « L’essor de l’Afrique » ou autour du cen-tenaire de la mort du Père Charles de Foucauld, lesAmis sont présents pour approfondir leur connais-sance de l’Afrique et faire connaître les actions del’Association. Toujours présent aux évènements del’Association, le Père Philippe, Père accompagna-teur, anime aussi un temps fort spirituel avec lesbénévoles sur la base d’un article de voix d’Afrique.

Parce que le Nord a été le foyer d’un grand nomb-re de vocations dans la Société des Missionnairesd’Afrique, des Pères Blancs de passage en Franceviennent soutenir l’Association par leur témoignage :Lors des journées d’Amitié de novembre dernier, lePère Bernard Lesay en mission au Burundi était pré-sent et faisait découvrir son apostolat auprès desBatwas, et lors de la prochaine Assemblée Généraledu 11 mars, le Frère Emmanuel Duprez, présent parle cœur et en vidéo, abordera le thème de

« L’enseignement, clé du développement local, de ladignité humaine ».

En janvier 2016, Brigitte Pourpoint est allée auBurkina Faso dans le cadre d’un voyage organisé parl’AAPB de Lyon et par le Père Pierre Béné, séjour trèsbien organisé, riche de rencontres et de découvertes.Ainsi, a-t-elle appris comment les Missionnairesd’Afrique se formaient, quelles étaient les actions deleur apostolat, et a visité le centre “Lavigerie” avec sonbeau cadre aéré, vert, et propice à la prière et à laréflexion. Sur le terrain, à la rencontre de la popula-tion, souriante et agréable, Brigitte a été surprise ettouchée par le faible niveau de vie qui dépasse ce quel’on imagine au plan statistique, mais égalementconquise par l’ingéniosité des ressources pour favori-ser le développement local. De ce voyage très intéres-sant, chargé de souvenirs et d’émotions, à chaqueoccasion qui se présente, elle apporte son témoignagesur l’importance des besoins en Afrique .

Les portes de l’Association de Lille sont grandesouvertes ! Et c’est avec joie qu’elle aime à rencontrerceux dont la curiosité est piquée par l’Afrique et lesPères Blancs. N’hésitez pas à prendre contact !

AAPB Lille - Apostolat des Laïcs - 39 rue de laMonnaie - 59800 Lille – tel. 06 25 02 21 83 - [email protected]

L’équipe de Lille

AAPB LILLE* Expo-vente avec Nieppe-mission :

5 mars 2017salle paroisiale202 rue d’Armentières NIEPPE (59)

* AG, Journées d’Amitié et repas annuel:11 mars 2017Collège dominique savio 47 rue du Bourg, LAmBERsART (59)

AAPB ANGERS* Journées d’Amitié :

1er et 2 avril 2017salon Curnonsky 5 rue du parvis st maurice ANGERs (49)

AAPB LYON* Assemblée Générale et couscous traditionnel :

14 juin 2017maison des missionnaires d’Afrique 6 rue du Planit sTE-Foy-Lès -LyoN (69)

AAPB PARIS* Assemblée Générale :

9 mars 2017maison des missionnaires d’Afrique 31 rue Friant PARIs 14e (75)

17n° 114 mars  2017

Page 18: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

18 VOIX D’AFRIQUE -

ART de la RUE

Afrique du Sud

D’un mur à l’autre, un pays se révèle

En Afrique du Sud, les murs sont consubstantiels à laville. En raison d’une insécurité récurrente, ils bar-rent et enferment. Ils engendrent des lieux clos,

îlots riches et ghettos pauvres. Ils accentuent les effets del’ancienne politique d’apartheid. Mais si ces mursmurent... Ils murmurent aussi lorsqu’ils sont graffités,

peints, décorés. Les murs deviennent ainsi les sites d’édi-toriaux éphémères soutenus par de nombreux sponsors.Ces éditoriaux se déclinent en de multiples rubriques : his-toire, politique, religion, éducation, santé… Graffitis,murs peints, petits posters ou grandes affiches, qui se jux-taposent ou se recouvrent, constituent de véritables

Élisabeth Deliry-Antheaume, géographe et photographe, nousinvite à découvrir une sélection de photographies qu’elle a pri-ses de 1995 à 2007 dans diverses villes et townships d’Afriquedu Sud, un pays qu’elle a profondément sillonné. À travers cesimages, conjuguées aux témoignages qu’elle a recueillis, ellesouhaite nous faire partager le processus de transformation dupays - une expérience singulière située au croisement de deuxregards : celui d’une étrangère au pays où elle a séjourné plusde dix ans et celui des artistes de différentes communautés etcultures locales. Ses photographies peuvent être consultées surle site de la base indigo de l’IRD. www.indigo.ird.fr

21

Page 19: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

19n° 114 mars  2017

palimpsestes témoignant de la vitalité urbaine sud-africai-ne, où les images des traditions africaines sont en tensionavec celles de la modernité et de la mondialisation.

Depuis les premières élections démocratiques de 1994,les voix et les expressions se sont libérées dans le domai-ne des arts graphiques. De témoignages individuels ennarrations collectives, la réappropriation de l’espacepublic devient alors l’objet et l’enjeu de confrontations, denégociations et de compromis.

Le voyageur est souvent invité à découvrir les maisonspeintes et décorées des différentes régions de l’Afrique du

Sud promues par les guides touristiques et populariséespar de beaux livres. Ces peintures « traditionnelles »étaient les seules tolérées du temps de l’apartheid…

À l’instar d’autres institutions, tant l’Alliance françai-se à Johannesburg (photo 1) que la municipalité deDurban (photo 2) ont adopté respectivement les peinturesNdebele et les motifs Zulu. En revanche, le visiteur pour-ra être surpris par l’abondance des graffitis et la variétédes expressions graphiques qui, évoluant jour aprèsjour, prolifèrent en ville. Elles peuvent faire allusion auxévénements de l’histoire passée ou de l’actualité plusrécente.

3

4

L’évocation de la révolte des jeunes de Soweto, le16 juin 1976, pour protester contre l’usage de l’afrikaanscomme langue d’enseignement, ressurgit chaque année…La redistribution foncière est aussi une revendication fré-

quente. Elle s’écrit, ici ou là, en multiples slogans d’unegrande violence et sans aucune équivoque. « La terre auxAfricains, la tombe aux ennemis » ! (photo 3)

Une vaste campagne d’éducation civique préparant lespremières élections démocratiques de 1994 se décline enimages sur les murs des villes et plus particulièrement sur

ceux des townships, comme ici à Soweto : « Le peuplegouvernera ! » (photo 4).

Page 20: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

20 VOIX D’AFRIQUE -

Destinées à une population n’ayant jamais voté, lesmodalités techniques de l’exercice (urnes, bulletins devote, isoloirs) sont abondamment illustrées, et le caractè-re confidentiel de cet acte civique « Mon Vote est monSecret » est largement diffusé. Sa symbolique est aussiexpliquée : voter est un acte démocratique, source de paixet d’unité comme le suggère une carte d’Afrique aux cou-leurs vives, peinte sur les murs d’un stade de

Pietermaritzburg : « L’Afrique du Sud est la dernièrepièce du puzzle africain à compléter » … (photo 5)

L’élection effective de Nelson Mandela à la présiden-ce de l’Afrique du Sud en 1994 annonce la réconciliationentre les composantes de la Nation et autorise les espoirsplacés dans un ordre plus équitable qui signe le passage del’Afrique du Sud de pays paria à pays respectable et sonretour dans le concert des nations.

5

6

Sur d’autres murs sont évoqués les quartiers embléma-tiques de la contestation politique et de la résistance cul-turelle : District Six au Cap (photo 6), Sophiatown àJohannesburg. Ces anciens quartiers autrefois multira-ciaux ont été déguerpis par les autorités de 1955 à 1969suite aux injonctions d’une loi, le Group Area Act qui,depuis 1950, assignait à résidence les populations en fonc-

tion de leur appartenance raciale. District Six, devenusymbole d’une culture urbaine multiculturelle et multi-confessionnelle perdue, s’est transformé en espace vide,en terrain vague au cœur de la ville où seuls les lieux deculte, églises et mosquées, ont été épargnés : une grandeplaie mémorielle.

Page 21: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

21n° 114 mars  2017

7

8

9

Le quartier Sophiatown à Johannesburg, haut lieu de lacontestation et de la résistance, a été rebâti et rebaptiséTriomf par le régime de l‘apartheid (photo 7). Depuis lorsil a retrouvé son toponyme d’origine, mais pas la variétéculturelle de ses habitants. Les peintures réalisées d’après

les œuvres du peintre Gérard Sekoto, exilé et décédé àParis, permettent aux populations déguerpies de se réap-proprier leur histoire et de la partager. L’église reste le lieude culte des anciens du quartier et de leurs familles dépor-tés à Soweto et ailleurs…

À Durban, ce sont les scènes quotidiennes de la rueque l’artiste a choisies pour décorer les murs d’une garede banlieue réhabilitée. On y voit l’importance de la vie

sociale autour des shebeens, ces bars informels, autrefoisinterdits, devenus des nouveaux lieux d’urbanité… où serendent désormais les touristes (photo 8).

La réappropriation progressive de ces territoires per-dus ne peut être que l’aboutissement d’un long chemine-ment. Mais, le paysage et la réalité de la vie d’une ville oud’une township sont parfois loin de l’irénisme que reflè-tent les peintures murales.

Les populations n’étant plus assignées à résidence, leséchanges se multiplient et les artistes voyagent et parta-gent leurs images. Les réseaux sociaux ont achevé de bri-

ser les frontières. Des artistes sud-africains deJohannesburg et de Port-Elizabeth, ayant réalisé de nom-breuses peintures murales à travers le pays, popularisentainsi leur savoir-faire. Invités à participer aux activitésculturelles, lors des Écritures Croisées d’Aix en Provence,sur le thème l’Afrique du Sud au présent, ils rivalisent d’i-magination thématique et graphique avec de jeunes artis-tes de rues (photo 9).

Page 22: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

22 VOIX D’AFRIQUE -

Au graphisme militant des débuts se substituent lente-ment des styles plus contemporains et mondialisés réali-

sés par des artistes prosélytes : « Jésus est le Roi del’Afrique » (photo 10) !

¡

Des passages répétés, sur les mêmes lieux et auprès des mêmes artistes, permettent de dresser ainsi un corpus quireflète l’histoire et la géographie du pays. Cette démarche, entre errance et cohérence, donne du sens. Elle invite à por-ter un autre regard sur les villes que nous habitons et visitons. Partager des œuvres éphémères, les photographier, lesexposer et les publier, c’est rendre pérennes les archives de la rue…

Élisabeth Deliry-Antheaume

Dix ans plus tard, les interven-tions sont moins imprégnées par lelexique de la lutte contre l’apar-theid. Au cœur de Johannesburg, lafigure iconique de Mandela estgagnée par la vague aérosol quivient le ronger tout en l’épargnant (photo 11).

0

Page 23: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Le 31 janvier 2017, la Maisonde retraite de Bry sur Marne,transformée en EHPAD (Éta-

blissement d’Hébergement pour Per-sonnes Âgées Dépendantes), étaitofficiellement inaugurée en présencede hautes personnalités de la Régionet, bien entendu, des responsables duSecteur M. Afr. France, dont PatrickBataille et Michel Girard. Cette jour-née s’est si bien déroulée que le PèreBernard Devert, fondateur de la“Pierre Angulaire”, pouvait faxer lesoir même : « Depuis trente ans, jeparticipe à des inaugurations ; celleque nous avons vécue ce jour témoi-gnait d’un souffle et d’une empathieenvers les personnes qui en a touchéplus d’un. »Alors, quoi de mieux quecette réflexion pour revenir sur l’évo-lution de cette Maison devenue‘EHPAD des Pères Blancs’, au pointd’accueillir désormais des personnesâgées de la Région en son sein ?

« Passer d’une Maison de retraite des années 70

à un établissement moderneEHPAD, ouvert aux laïcs »

Un des acteurs majeurs de la fon-dation de Bry, le P. François deGaulle, se souvient :« Vu le nombre croissant de Pères

Blancs sur la région parisienne, unemaison de retraite s’imposait. Desamis nous indiquèrent Bry-sur-Marneoù le Supérieur des Camilliens quiétait favorable à notre présence prochede l’hôpital St Camille, nous trouva unterrain plat et, qui plus est, proche dela future gare du RER A et même de laMarne, ce qui ne gâchait rien. »

La suite ? Découvrons-la dans lediscours inaugural du P. PatrickBataille, Responsable du SecteurFrance :« Depuis 1969, les Pères Blancs

ont un lien particulier et même privilé-gié avec la Commune de Bry-sur-

Marne, au point que, en 1970, ils déci-dent d’y construire une Maison pour32 résidents pour accueillir desconfrères qui rentrent d’Afrique enraison de leur âge ou de la maladie.Le bâtiment sera terminé en 1972 sousl’impulsion du Père François deGaulle, économe provincial à l’é-poque. Voyant le nombre grandissantde confrères qui arrivent en France,en 1980 il est décidé d’ajouter une ailesupplémentaire comprenant une infir-merie et six chambres. Cette extensionsera terminée en 1987. La Maisonpourra alors accueillir 38 résidents.Cependant, en janvier 2011, pour desraisons de sécurité, nous avons étéobligés de réduire le nombre de rési-dents à 24 en fonction de leur état desanté C’est alors qu’il nous a parupréférable de demander à la “PierreAngulaire” d’en prendre la gestion. Le29 novembre 2011, par une conventionsignée entre les deux parties, la totali-té de la gestion a été transférée à la“Pierre Angulaire”. Dans le courantde la même année 2011, en lien avec la“Pierre Angulaire”, le ConseilGénéral et les Pères Blancs, un projetd’EHPAD Solidaire a été élaboré avecl’appui du cabinet d’architecture deMonsieur Picquenard pour l’agran-dissement et la mise aux normes dubâtiment. »

n° 114 mars  2017 23

Dans le terme “vieillir”il y a le mot “vie”

BRy-sur-MARNE

Monsieur le Préfet coupe le ruban tricolore, signifiant, ce 31 janvier 2017, l’ouverture officielle de l’EHPADde Bry-sur-Marne. Il est entouré du sous-préfet, du maire, de la directrice de la maison…

Le Père François de Gaulle fut,en 1970, le premier initiateur dela maison de retraite de Bry.

Page 24: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

24 VOIX D’AFRIQUE -

C’est M. Picquenard lui-mêmequi, dans son discours, va conclurecet historique :« L’enjeu était de passer d’une

Maison de Retraite des années 70 àun établissement moderne EHPADrépondant aux dernières normes touten augmentant sa capacité de 15 lits.La 1re phase des travaux a été dereprendre la partie Ouest de l’établis-sement en la restructurant et l’agran-dissant, créant ainsi des chambresaux normes actuelles plus des lieuxde convivialité et de travail. La 2ephase a consisté à rénover les 24chambres existantes dans la partiecentrale. Nous avons également puintervenir en rénovation sur les par-ties communes, les lieux pour le per-sonnel, la salle à manger et grâce auxPères eux-mêmes la chapelle. »

Ainsi donc, ce sont 48 chambresqui accueillent pour l’instant 34confrères et 14 personnes âgées de larégion.

« Nos aînés, avant tout une chance. »

Le mot “EHPAD” a le don sou-vent d’être interprété péjorativement,pour ne pas dire cyniquement, jus-qu’à devenir synonyme de ‘mouroir’.Il est vrai que passer d’une vie hyper-active en Afrique à une maison deretraite où l’on craint d’être devenuinutile, n’est pas évident à vivre. Maisles fausses idées ne viennent-elles pasd’une méconnaissance totale de lasignification du mot “vieillir”, alorsque l’on ne fait que cela depuis notrenaissance ? C’est le Père Bernard

Devert, encore lui, qui ennoblit cemot d’une façon émouvante :« Dans le terme ‘vieillir’, il y a le

mot ‘vie’, celle-là même qui souventfragilisée nous conduit à nous mobili-ser pour qu’elle soit absolumentrespectée. Ensemble nous veillons àce que nos EHPAD soient des mai-sons où l’intimité de chacun soitrespectée. Ces chambres ne portentpas la trace d’un hôpital mais d’undomicile, signe d’une hospitalité. Orsouvent la vieillesse apparaît unehostilité pour ceux qui la vivent. Ilnous faut conjointement mener uncombat pour que nos aînés ne seconsidèrent pas comme inutiles, ouencore une charge, mais une chance :Chance, pour nous aider à sortir de

l’idée mortifère de la puissanceconduisant à évaluer la personne àl’aune de son utilité, de sa capacité àproduire.Chance, pour reconnaître qu’à

l’école de l’humanité, les “vieux”sont des maîtres ; l’expression estnaturellement empathique à leur

égard. Leur parole est libérée, épuréepar les épreuves surmontées par l’in-telligence de la vie.Chance d’être les héritiers d’une

histoire, jamais indifférente à l’avenirde ceux qui la reçoivent.Chance, de rencontrer ces aînés.

Leurs rides ne sont-elles pas tracedes aridités traversées. Leurs visageslivrent avec pudeur les combats dontils sont sortis vainqueurs dans ce pas-sage de la possession à la libération,si bien exprimée par cet explorateurde l’esprit qu’est René Daumal, dansle ‘Mont Analogue’ :« Je suis mort parce que je

n’ai pas de désir ; je n’ai pas dedésir, car je crois posséder. Je« crois posséder parce que jen’essaie pas de donner.Essayant de donner, on voitqu’on n’a rien. Voyant qu’on n’arien, on essaie de se donner.Essayant de se donner, on voitqu’on n’est rien. Voyant qu’onn’est rien, on désire devenir.Désirant devenir, on vit. »Ce trésor de vie naît de l’accumu-

lation des pertes des idées toutes fai-tes laissant jaillir des « cœurs – nonpoint lézardés mais creusés – uneespérance que le temps patine. »

« Un appel à avancer sur la voie

du désencombrement »Aucun Père Blanc ne réagit de la

même façon à sa nomination en

Façade de la maison de retraite de Bry-sur-Marne

Une salle à manger très éclairée

Page 25: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Maison de Retraite,car on a beau s’y pré-parer de longue date,c’est une nominationsouvent vécue commeune déchirure. C’estdu moins ce que toutun chacun pense.Toutefois, eux, ils enparlent sans préjugés :« La première fois

qu’on me parla deBry-sur-Marne, j’aitout d’abord cru qu’ils’agissait d’un simplesondage prospectif !Aujourd’hui, j’envisa-ge ce changementcomme un appel àavancer sur la voie dudésencombrement. Jel’accueille positivement. J’espèrevivre cette dernière étape avechumour et discrétion, avec sagesse etpatience, prêt à consentir aux dimi-nutions brusques ou progressives demon être de chair. Elles finiront parme rendre “dépendant” et me dispo-seront à l’ultime Rencontre dans lamaison d’éternité. » (GérardDemeerseman, récemment nommé àBry)« J’ai essayé durant mes 58

années de vie missionnaire de pren-dre au sérieux mon Serment d’obéis-sance. Du coup, comment refuserBry-sur-Marne ? Probablement ladernière ligne droite de mon aventuremissionnaire. Ce que je ressens ?Pour le moment, joie d’intégrer unecommunauté Pères Blancs au sein delaquelle je connais déjà beaucoup deconfrères. Certes, vont s’y ajouterune bonne douzaine de papys etmamys plus ou moins handicapés.L’expérience de mes six années pas-sées à l’EHPAD de Tassy pourra m’ê-tre utile pour bien les accueillir. Pourle reste, j’attends paisiblement d’êtrerendu sur place afin de voir ce que leSeigneur et les confrères attendent demoi, compte tenu de ma carcasse quise déglingue un peu plus chaque jour.Dieu est grand ! Qu’il soit béni ! »(Charles Sarti, en partance pour Bry).

Des journées longues ? La mono-tonie ? La solitude ? Les séquelleshandicapantes de l’âge ? Le senti-ment d’inutilité ? Encore des idéesreçues démolies par les résidents delongue date !« La Commune offre à ses seniors

de passionnantes sorties culturelles.Durant les longs trajets en car on atout le loisir d’échanger avec voisinset voisines. La présence d’un mis-sionnaire ne peut que piquer la curio-sité et susciter des questions. Ainsi ai-je reçu la visite d’une journaliste de‘La vie à Bry’. La revue nous consa-cra deux pages illustrées avec desphotos. » (Georges Bergantz -Résident)« Esprit de famille et d’ouverture,

le personnel, les joies partagées,confessions en paroisse, sorties, …une fois de plus j’apprends àaccueillir et à recevoir. » (Augustinde Clebsattel - Résident)« J’ai trouvé une vie de commu-

nauté très rythmée par la vie de priè-re en communauté et les repas. J’aimis de l’ordre dans mes documents etcontinue à être actif au service del’Église du Soudan. Comme j’avanceen âge et ne peux plus me déplacer, jesuis obligé d’arrêter tout ministère,mais je continue à participer deuxfois par mois aux réunions du Lions

Club International, cequi me permet deconserver une ouverturesur l’extérieur. »(Hubert Barbier -Résident)

« Après un AVC,repos obligatoire dansla maison de Bry. Tempsde fin de vie ? Non !Toujours en communau-té ‘Père Blanc’ avec aucœur de nombreux sou-venirs d’Afrique.Chacun a les siens. Quede partages, de temps deprières, d’enrichisse-ment réciproque ! Quedemander de mieux ?La montée vers leSeigneur continue… »

(François Beauchesne – Résident)

Un dernier témoignage pour conclure :« Quelques lignes pour dire

notre vie à Bry ? C’est une gageuremerveilleuse et c’est vouloir dire lepassé, le présent et l’avenir. C’estvouloir dire des actions de grâcessans nombre pour soi-même et pourtant d’autres ; c’est porter tant demonde et même tout le monde d’hier,d’aujourd’hui et de demain dans unesupplication qui, heureusement, estcelle de l’Esprit de Jésus ; elle necesse de brûler dans nos vies, aussibanales qu’elles puissent paraître ;c’est la foi insolite en Celui qui est àLui seul le Sauveur de tous et de cha-cun. C’est cette foi joyeuse qui nousfait dire en vérité et sans forfanterie :« Le meilleur est devant ; allons-ygaiement », et c’est ô combien vrai etsûr. » (Denys Pillet - Résident)

Comment ne pas citer lechanteur Jacques Brel pour conclure :« Les vieux ne meurent pas ; ils s’en-dorment un jour…»

P. Clément Forestier, M. Afr.

25n° 114 mars  2017

La chapelle de la maison a été repensée. Célèbrent, en cejour, le P. Bataille entouré des P. Devert et Forestier.

Page 26: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

26

Nous prions pournos défunts

Chez nos confrères. À Paris, Clinique Rémusat* Père Jean-ClaudeQuennouëlle, 88 ans, du diocè-se de Paris.. À Bry-sur-marne* Père Joseph-Roger deBenoist, 93 ans, du diocèse deNanterre.* Père Henri Valette, 88 ans, du diocèse de Belley.

dans nos famillesLe frère du P. François Nonnon (Billère); du P. Charles Sarti (Bry); du P. Louis Lucet (Algérie);du P. Bruno Chupin (Bry) ; du P. Maurice Rambourg(Bry); du P. Jean Gaignard (Vihiers).La soeur du P. Jean Chaptal (RDC); du P. AntoinePaulin (+2008); du P. Philippe Thiriez (Bouvines);du P. André Lebrou (Billere); du P. Adrien Laur(+2000) et du P. Bernard Laur (Billère); du P.Bernard Delay (Billère). Le beau-frère du P. Benoît Bernard (ToulouseMinimes); du P. Bernard Verspieren (+2003).La belle-soeur du P. Maurice Dugay (Lyon); du P. Jean Gaignard (Vihiers); du P. Christian Gindre(Burkina).L’oncle du P. Patrick Bataille (Verlomme); Une cousine du P. Henri Neveu (Billère); du P. Norbert Angibaud (Lyon); du P. Philippe Thiriez(Bouvines).

VOIX D’AFRIQUE -

MONSIEUR LE CURMONSIEUR LE CURééFAIT SA CRISEFAIT SA CRISE

Auteur : Jean Mercier.

Rien ne va plus dans la paroisse deSainte-Marieaux-Fleurs, à Saint-Germain-La-Villeneuve : les membresde l’équipe florale se crêpent le chi-gnon, une pétition de fidèles circulecontre le curé, l’évêque est mécon-tent, la chapelle Sainte-Gudule estmenacée de démolition, on a van-

dalisé le confessionnal et la vieilleMarguerite entend parler les morts… Sans comp-

ter que Monsieur le curé a disparu ce matin. « Un formidable roman, plein d’intelligence, d’humouret de sagesse. » Claire Lesegretain - La Croix « Unrécit bouleversant qu’on lit sans s’arrêter, par unauteur qui semble bien comprendre les prêtres d’au-jourd’hui. » Abbé Amar - Padreblog « Une invitation ànous convertir nous-mêmes, à convertir le regard quenous portons sur l’Église. Passionnant. » Erwan LeMorhedec - Koztoujours « Un conte spirituel donca-millesque. » Marie-Lucile Kubacki - La Vie

éditions : Quasar(18 août 2016) - 176 pages - Prix 12,00 €

Biographie de l’auteur :Jean Mercier est rédacteur en chef adjoint de l’hebdo-madaire La Vie. Au fait des problèmes actuels de l’Église catholique (pénurie de prêtres, rapports diffici-les entre prêtres et laïcs,...), il en tire une fable passion-nante, drôle, et qui fait du bien.

"------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Mme, Mlle, M .............................................................................Prénom ..........................................................Adresse..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Code postal….................................Ville..................................................................Pays…..................................à renvoyer à : “Voix d’Afrique”

31, rue Friant75014 PARIS - Tél. : 01 40 52 18 40Règlement à l’ordre de : SMA Voix d’Afriquepar chèque bancaire

Honoraire de messe : 17 €Reçu fiscal sur demande explicitepour vos dons de plus de 20 €(abonnement et honoraires de messes exclus)p Désire recevoir un reçu fiscal

p S’abonnep Se réabonneAbonnement 15 €Dons …....€Messes …....€

Total .....€

Abonnez-vousAbonnez-vous à Voix d’Afriqueà Voix d’Afrique(Renouvelez votre abonnement)(Renouvelez votre abonnement)

(Offrez un abonnement)(Offrez un abonnement)

Page 27: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Le numéro : 3 € - Abonnement un an : 15 €4 parutions par an

dont un numéro double.

Règlement à l’ordre de :smA - Voix d’AfriquePar chèque bancaire

Directeur de publicationRédaction

Jean-yves ChevalierMaquette :

Jean-yves ChevalierAbonnements / Routage

Gérard Tronche

Comptabilité :Gérard Tronche

Conseil de rédaction :Gérard Tronche, michel Groiselle,Francine Guibert, Huguette Régennass, Valérie Perrin, Gérard demeerseman, Clément Forestier, Norbert mwishabongo, Jean-yves Chevalier.

éditeur :missionnaires d’Afrique5 rue Roger-Verlomme 75003 Paris

Imprimerie :Imprimerie Vincent37000 ToURsTel : 0247393952Fax: 0247380895

Dépôt légal : à parutionCommission paritaire :n° 1118 G 83867

VOIX D’AFRIQUE31 rue Friant 75014 PARISTel : 0140521840

Courriel : [email protected]

http://peres-blancs.cef.fr/lesder.htm

ADRESSES DES MISSIONNAIRES D’AFRIQUE EN FRANCEsite Internet : http://peres-blancs.cef.fr ou http://www.africamission-mafr.orgIle-de-France 5 rue Roger-Verlomme, 75003 Paris Tél. : 0142710670

31 rue Friant, 75014 Paris Tél. : 0140521840Centre 7 rue du Planit, 69110 ste-Foy-lès-Lyon Tél. : 0478592042méditerranée 51 bd de Casablanca, 13015 marseille Tél. : 0491519024sud-ouest 22 rue du Général Bourbaki, 31200 Toulouse Tél. : 0561225368

27n° 114 mars  2017

Dons pour la santé des Pères Blancs malades et âgés

Envoyer vos dons à la Fondation Nationale pour le Clergé

3, rue Duguay-Trouin 75280 Paris Cedex 06

• aide pour la prise en charge des confrères âgés et malades• aide pour leurs cotisations assurances maladie et vieillesse• aide pour la mise en conformité de nos maisons de retraite

Notre Société Missionnaire est habilitée à recevoir des Donations et des Legs

depuis le 2 avril 1971 - n° 85 

Je vous envoie un don de : -------------------- €

Au bénéfice des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs)

Libellez votre chèque à l’ordre de :Fondation Nationale Pour le Clergé

Mon adresse :

Mme, M. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Code Postal ---------------------------------------- Ville -----------------------------------------------------------------

Appel à témoignage

En 2017, la DCC célèbre ses 50 ans ! À cette occasion, elle invite tous ses anciens volontai-res à « Toujours volontaire ! », le rassemblement des 50 ans de la DCC, qui aura lieu àJambville (78) du 25 au 27 mai 2017. Vous êtes un(e) ancien(ne) volontaire DCC, parti(e) ily a 5, 15 ou 30 ans ? La famille DCC vous invite à fêter cet anniversaire avec elle ! Vousêtes également appelé(e) à témoigner de votre expérience de volontaire/coopérant sur lesite dédié aux 50 ans : 50ans.ladcc.org

Page 28: Christ est · Art de la rue p. 26 Informations p. 9 Le miel,è une culture solidaire Louis Pichot de la Marandais Sommaire p. 12 Prendre parti pour les marginalisés Sr. Begoña Iñarra,

Il est vivantQuand avec l’âgeTout s’efface,

Je me découvrePauvre et nu,

Seul,Dans la nuit,

C’est l’angoisse totaleAu bord du néant,Sans personne,Sans rien,

…Un Autre parlait de cette épreuve,

En entrant librement dans sa PassionAu jardin de Gethsémani

Il suait des gouttes de sang,Et cria :

« Mon Dieu, mon Dieu, Pourquoi m’as-tu abandonné? »

Marc nous disait : « Il fait nuit à midiSur tout le pays »Une nuit totale,Sans étoiles,

Et Luc précisa : « Tout est accompli »Ils déposèrent le corps dans un tombeau

neuf.Le dépouillement intégral !

Au matin de Pâques,Les femmes trouvèrent le tombeau vide,Un ange tout vêtu de blanc apparut et dit :

« Il est vivant,Il n’est pas ici ! »

Oui, ce mystère-là m’habiteEt rend mon cœur confiant !Il permet de vivre sereinementLe dépouillement qui m’attend.

Dans l’espérance de passer du néant à la vieEt que la promesse se réalise :

« Je serai avec toi, jusqu’à la fin destemps ».

Ce sera la communion retrouvéeAvec tous les êtres bien aimés

Définitivement !Père Yves Pauwels, M. Afr.