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Participer au New York Forum for Africa au #Gabon c’est supporter la dictature d’Ali Bongo au Gabon.
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Les Indignés du Gabon
Le Collectif des Femmes pour la Lutte contre les Crimes rituels
…/…
Madame Christine Ockrent
Libreville, le 13 mai 2013
Madame,
Vous êtes une journaliste reconnue et une femme d’exception. Votre parcours professionnel
vous place parmi les professionnels les plus compétents d’Europe dans votre domaine.
Vous avez sans doute, dans le cadre de vos activités professionnelles, mené des
investigations sur le Gabon et ses dirigeants. Sans vouloir nous immiscer dans votre vie
privée, nous nous permettons de vous rappeler que c’est votre époux qui a mené l’étude sur
la couverture maladie universelle au Gabon. Vous devez donc avoir une idée précise de la
précarité dans laquelle vivent les Gabonais, en dépit des richesses du sous-sol de notre
pays. C’est pourquoi nous nous demandons comment une personne de votre qualité peut-
elle venir au Gabon pour prendre part au New York Forum for Africa (NYFA) organisé par M.
Richard Attias au détriment du peuple gabonais. Comment pouvez-vous accepter de
participer à la spoliation d’un peuple dont la majorité croupit dans la misère entretenue par le
pouvoir en place qui ne se préoccupe que de son image ?
Devons-nous vous rappeler combien une mission au Gabon a pu porter atteinte à l’image de
votre époux voire à sa crédibilité de pionnier d’un courant important de l’action humanitaire à
la française ? En tant que journaliste, vous avez tant d’expérience que nous sommes
convaincus que vous avez votre idée de l’origine des documents qui ont servi à Pierre Péan
dans sa charge contre votre époux. Dès lors, nous ne pouvons que nous étonner de vous
voir frayer avec les mêmes personnes.
Nous nous devons, à la vérité, de vous dire qu’à nos yeux, vous associer à cet événement
équivaut, non seulement à cautionner le pouvoir illégitime d’Ali Bongo, mais aussi à vous
exposer à toutes sortes de ragots et manœuvres sordides, comme votre couple a pu en faire
l’amère expérience dans un passé pas si lointain que cela.
Nous vous savons éprise de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Nous vous savons
proche des idées humanistes. Nous vous savons attachée au mérite, à la démocratie et à la
bonne gouvernance.
Devons-nous vous rappeler que l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir fut saluée, non par des
effusions de joie, mais par une effusion de sang ? Devons-nous vous rappeler que le Gabon
se caractérise par une négation de tous les principes démocratiques, une vassalisation du
pouvoir judiciaire et de tous les contre-pouvoirs institutionnels, une caporalisation de
l’administration et une négation des droits humains ? Devons-nous vous informer que de
nombreux Gabonais sont actuellement privés de leur liberté d’aller et venir ou encore de leur
droit au travail au seul motif qu’ils n’ont pas admis cette dérive monarchique du pouvoir
d’État ?
Sommes-nous contraints de vous dire que depuis l’avènement d’Ali Bongo au pouvoir, nous
assistons à une recrudescence d’un phénomène d’une rare barbarie, les sacrifices humains
désignés comme "crimes rituels". En effet, pas une semaine ne se passe sans que l’on ne
découvre des corps d’humains, généralement des enfants, mutilés à des fins fétichistes par
les tenants du régime qui croient ainsi s’assurer une longévité aux affaires. Devons-nous
vous dire que tout ceci se déroule dans une impunité totale, que de nombreuses
personnalités du Parti démocratique gabonais - au pouvoir depuis 1967 - et même des
membres du gouvernement actuel ont régulièrement et publiquement été mis en cause, sans
que cela n’émeuve Ali Bongo ? Devons-nous aussi vous dire que ces organes humains
(cœur, yeux, langue, sexe, clitoris...) sont prélevés à vif ? Comment Christine Ockrent peut-
elle s’associer à une telle barbarie ?
Nous vous informons que notre lutte contre le fléau de crimes rituels nous a valu le soutien
des cyberactivistes Anonymous dans un message d’avertissement envoyé le 13 avril dernier
au pouvoir, et nous continuons à nous battre pour que justice soit faite.
Nous en appelons à votre conscience, aux valeurs que vous avez toujours défendues et
vous demandons de réfléchir, en conscience, au sens de votre participation au NYFA. En
plus de vous demander de renoncer à y prendre part, nous nous permettons de vous
interroger sur les retombées de la première édition de ce forum. Nous vous demandons si la
tenue de la première édition a empêché le gouvernement d’Ali Bongo – qui n’a pas construit
une seule salle de classe depuis 2009 - de transformer les vestiaires d’un stade de football
en salles de classe. Nous vous demandons si la tenue de la première édition a empêché les
femmes gabonaises de continuer à accoucher à même le sol ou les étudiants de la seule
université du pays d’étudier dans des conditions plus que déplorables (cf. reportage France
24, les Observateurs, diffusé le 6 mai 2013).
Le peuple gabonais serait heureux d’accueillir Mme Christine Ockrent en d’autres
circonstances. Il serait heureux de vous compter parmi ses amis, ses soutiens et non parmi
les cautions d’Ali Bongo.
Nous espérons que vous comprendrez notre démarche et ne désespérons pas de vous voir
renoncer à venir contribuer à rehausser de votre aura un forum qui n’est, en fait, destiné qu’à
redoré le blason d’un enfant gâté à la tête d’un pays riche où des centaines de familles se
nourrissent à la décharge publique.
Pour la bonne règle, nous vous informons que le contenu de la présente sera communiqué à la presse et aux organisations de la société civile et de défense des droits de l’Homme à travers le monde.
Nous vous prions d’agréer, Madame, l’expression de nos salutations distinguées.
Pour le Mouvement des Indignés du Gabon, Grégory Ngbwa Mintsa, Prix de l’Intégrité Transparency International 2009
et 2010 - contact : +241 06 24 61 57
Pour le Collectif des femmes contre les crimes rituels – contact : Mme Blanche SIMONNY ABEGUE +241 06 49 08 39
Pour le mouvement citoyen « ça suffit comme ça », Marc ONA ESSANGUI, Prix Goldman 2009 - contact : +241 07 29 41 40