42
CHROME Dr Lynda BENSEFA-COLAS Service de pathologie professionnelle GHU PARIS CENTRE - HOTEL DIEU [email protected]

CHROME - Centres Antipoison

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: CHROME - Centres Antipoison

CHROME

Dr Lynda BENSEFA-COLAS

Service de pathologie professionnelle

GHU PARIS CENTRE - HOTEL DIEU

[email protected]

Page 2: CHROME - Centres Antipoison

Source

6ème constituant de l’écorce terrestre

Constituant des météorites

Métal ubiquitaire : trois valences 2+ 3+ 6+.

Composés trivalents, les plus stables et les

plus répandus dans la nature

Principal minerai : chromite (oxyde fer et de

chrome), producteur mondial Afrique du Sud

Page 3: CHROME - Centres Antipoison

Caractéristique

Chrome dur – Dureté élevée

– Résistance à l’usure, la corrosion, l’abrasion

Aux agents chimiques

Hautes températures

– Faible coefficient de frottement

– Longévité 5 à 10 fois + élevées que les pièces non chromées

Page 4: CHROME - Centres Antipoison

vérin

Chromage dur (5-30 µm) Chromage décoratif (<1 µm)

Page 5: CHROME - Centres Antipoison

Utilisations

Chrome – Alliages spéciaux résistants à la corrosion (avec Fe, Ni, Co)

– L’acier inoxydable dit acier inox : Chr et Ni

– Revêtement anticorrosion des métaux ferreux par chromage électrolytique (Cr VI) ; l’épaisseur est importante pour les chromage dur (bain de trioxyde de Cr [CrO3] et ac. sulfurique)

– Pesticide pour le traietement du bois : anhydride chromique

Composés minéraux – Tannage du cuir (« liqueur de sulfate chromique » : Cr III)

– Production de pigments (Cr III, Cr IV)

– Mordançage des tissus

Page 6: CHROME - Centres Antipoison

Principales sources d’expositions professionnelles

Productions des chromates,

Le chromage électrolytique dur – aérosols d’acide chromique (Cr VI) : en moyenne 0.3 – 6 µg/m3

Les aciéries

Industries des matériaux réfractaires

Industries des colorants et des textiles

Tanneries

Soudage (MMA) ou l’oxycoupage de l’acier inox et des alliages à base de chrome

Ciments

Page 7: CHROME - Centres Antipoison

D’après G.Benoist

Page 8: CHROME - Centres Antipoison

D’après G.Benoist

Page 9: CHROME - Centres Antipoison

Bain de chromage dur

Ateliers de chromage

Page 10: CHROME - Centres Antipoison

Population générale

Eau

Alimentation relativement (faible poivre, foie

de veau, levure de bière, fromage)

Apports quotidien : 50 à 1000 µg

Page 11: CHROME - Centres Antipoison

Métabolisme

Absorption – Dépend

de la valence : dérives Cr III - bien absorbé que les dérivés du Cr VI

De la solubilité (hydrosoluble +++) et de la granulométrie (< 5µm)

– Principalement respiratoire (50 à 85% de la fraction alvéolaire chez animal)

– Digestive (défaut hygiène, déglutition des poussières inhalées)

Cr III : 0,5 à 3 %

Cr VI : 3 à 10 %

– Cutanée

Cr III : non absorbé par une peau intact

Cr VI : passage systémique rapporté surtout si atteinte de la barrière cutanée

Page 12: CHROME - Centres Antipoison

Métabolisme

Distribution – Cr III :

Pas de passage dans les cellules

Transport plasmatique principalement lié à la transferrine

– Cr VI :

Passage dans les cellules

– Réduction en Cr V, très réactif (adduits, mutations géniques, cassures chromosomiques)

– Puis Réduction en Cr III

Dans le GR :

– fixation à l’hémoglobine intra-érythrocytaire

– Puis réduction en Cr III par le glutathion

– séquestration intra-érythrocytaire durant toute la durée de l’hématie

Page 13: CHROME - Centres Antipoison

Métabolisme

Distribution

– Dans tous les tissus

– Cr VI pénètre toutes les cellules

– Concentrations les plus élevées mesurées

Dans le foie, reins , rate et sang

Au niveau du site d’absorption

Page 14: CHROME - Centres Antipoison

Métabolisme

Excrétion

– Principalement urinaire (80%) et biliaire (10%) de la

fraction absorbée (accessoirement, salive et phanères)

– Sous forme de Cr III exclusivement

– Décroissance des concentrations plasmatiques

biphasique

½ vie : 7 à 8 heures correspondant au compartiment sanguin

½ vie : 3 à 12 mois et élimination lente sur plusieurs années

Page 15: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité aiguë

Acide chromique (CrO3) et dérivés hexavalent

fortement irritants

– pour peau : brûlure avec contact de l’A. Cr et

possibilité d’atteinte systémique

– Pour le TD : syndrome dysentérique

– Pour le poumon : irritation des voies respiratoire SUP

et INF (douleurs thoraciques, toux, dyspnée,

cyanose)

Page 16: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité aiguë

L’intoxication systémique

– Consécutive à l’absorption digestive ou cutanée :

IRA oligo-anurique par NTA faisant suite à des céphalées

puis vomissements

les formes sévères associent état de choc, parfois hémolyse

Et peuvent se compliquer d’une hépatite cytolytique,

convulsion et CIVD

– Intoxication sévère suite à :

ingestion de 0,5 g de Cr VI

Contamination de 10 % de surface corporelle

Page 17: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité aiguë

Traitement de l’intoxication local

– Projection cutanée

Lavage abondant

Solution ou onguent d’acide ascorbique à 10%

= réduction expérimentale du Cr VI en Cr III

– Ingestion

Administration orale d’acide ascorbique avant aspiration

Contrôle radiologique

Page 18: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité aiguë

Traitement de l’intoxication systémique – Le traitement est d’abord symptomatique

– L’hémodialyse peut être nécessaire en cas d’insuffisance rénale : Mais ce n’est pas une méthode d’épuration efficace du chrome

– Pas de traitement chélateur efficace

– Vit C à fortes doses pour réduire le Cr VI en Cr III (mais non évaluée)

– N-acétylcystéine Effet anti-oxydant protecteur chez le rat mais non évalué chez

homme

Page 19: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Manifestations toxiques généralement lié aux

dérivés hexavalents

Page 20: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Atteintes cutanées – Lésions caustiques, fort pouvoir irritant (Cr VI) :

Pigeonneau :

– Ulcération chronique arrondie de 5-10 mm à l’emporte pièce

– Bords abrupts

– Fond sanieux

– Peu ou pas douloureuse

– Souvent au niveau de la face latérale des doigts ou le dos des mains

Professions les plus touchées

Métallurgiste du Cr (chromage électrolytique)

Les polisseurs

Les tanneurs

Les teinturiers

Page 21: CHROME - Centres Antipoison
Page 22: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Atteintes cutanées

– Eczéma de contact

sensibilisation lié au Cr VI (Cr III = haptène,

combinaison aux protéines)

tanneurs, etc… objets de la vie courante

Ciments +++

Confirmation par test épicutané

Page 23: CHROME - Centres Antipoison
Page 24: CHROME - Centres Antipoison
Page 25: CHROME - Centres Antipoison
Page 26: CHROME - Centres Antipoison
Page 27: CHROME - Centres Antipoison
Page 28: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Atteintes respiratoires – Cr VI et ses dérivés sont irritants pour la muqueuse

respiratoire :

Rhinite

Atrophie puis ulcération ou perforation de la paroi nasale (chromage électrolytique) : a pu être décelée chez + 50 % des salariés exposés aux chromates

Anosmie

Sinusite, pharyngite, laryngite, bronchite chimique

– Allergies respiratoires sont rares (fumées d’acide chromique ou de soudage d’acier inoxydable)

Page 29: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Autres :

– gastrites

– Coloration jaunâtre des dents et de la langue

– Altération de la fonction tubulaire rénale,

néphropathie interstitielle (1 cas, soudeur)

Page 30: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Cancers

– CIRC Groupe 1 pour dérivés du Cr VI et trioxyde de chrome (CrO3)

Groupe 3 pour le Cr III et le chrome métal

– UE Groupe 1 ou 2 suivant la solubilité du composés (1A ou 1B)

Organes cibles :

– Cancers broncho-pulmonaires

– Excès de cancer des fosses nasales

Page 31: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Cancers Chez les travailleurs exposés :

– Production de chromates (Insolubles = risque +++ : chromates de Ca Pb Zc) : Excès de cancer des fosses nasales et des tumeurs BP pour des expos massives et/ou >10 ans

– Industries des pigments à base de chromates : risque accrue de cancers pulmonaires

– Acide chromique dans l’industrie de chromage électrolytique dur : augmentation dose dépendante de l’incidence des cancers BP

– Pas de risque augmenté dans l’industrie sidérurgique, du ciment tanneries…

Page 32: CHROME - Centres Antipoison

Toxicité chronique

Reproduction (expérimentalement) :

– Atrophie des tubes séminifères chez le lapin

– Tératogène chez le hamster et la souris (fente

palatine, exencéphalie, anencéphalie)

– Effets non rapportés chez l’homme

Page 33: CHROME - Centres Antipoison

Métrologie

VME des dérivés du chrome VI :

– 0.05 mg/m3

VME du chrome métal :

– 0.50 mg/m3

Page 34: CHROME - Centres Antipoison

Biométrologie

Chrome urinaire en fin de poste : Bon indicateur de

l’exposition au chrome VI

– chez les non exposés : < 1µg/g de créatinine

– chez les exposés aux fumées de soudage : < 30 µg/g

de créatinine

Prélèvement en fin de poste et fin de semaine

Ne doit pas s’élever de plus de 10 µg/g de créatinine au

cours du poste

ACGIH propose <25 µg/l fin de poste, fin de semaine

(augmentation de 10µg/l au cours du poste)

– Exposition acide chromique (chromage ou traitement de

surface)

Finlande propose 5,2 µg/l fin de poste fin de semaine

Page 35: CHROME - Centres Antipoison

Biométrologie

Chrome érythrocytaire :

– Indicateur de l’exposition au Cr VI

– Variations liées :

À l’exposition

Au renouvellement du pool des hématies

– < 0,5 µg/L chez les non exposés

Page 36: CHROME - Centres Antipoison

Maladies professionnelles

Déclaration en MP selon les tableaux :

– RG : 10, 10 bis, 10 ter

– RA : 34

Page 37: CHROME - Centres Antipoison

RÉGIME GÉNÉRAL Tableau 10

Ulcérations et dermites provoquées par l'acide chromique, les chromates et bichromates alcalins, le chromate de zinc et le sulfate de chrome

Date de création : décret du 12 juillet 1936 Dernière mise à jour : décret du 21 novembre 2003

Désignation des maladies Délai de prise en charge

Liste indicative des travaux susceptibles de provoquer ces maladies

Ulcérations nasales. 30 jours Préparation, emploi, manipulation de l'acide chromique, des chromates et bichromates alcalins, du chromate de zinc et du sulfate de chrome, notamment : - Fabrication de l'acide chromique, des chromates et bichromates alcalins ; - Fabrication de pigments (jaune de chrome, etc.) au moyen de chromates ou bichromates alcalins ; - Emploi de bichromates alcalins dans le vernissage d'ébénisterie ; - Emploi des chromates ou bichromates alcalins comme mordants en teinture

; - Tannage au chrome ; - Préparation, par procédés photomécaniques, de clichés pour impression ; - Chromage électrolytique des métaux.

Ulcérations cutanées chroniques ou récidivantes.

30 jours

Lésions eczématiformes récidivant en cas de nouvelle exposition au risque ou confirmées par un test épicutané.

15 jours

Page 38: CHROME - Centres Antipoison

RÉGIME GÉNÉRAL Tableau 10 bis

Affections respiratoires provoquées par l'acide chromique, les chromates et bichromates alcalins

Date de création : décret du 22 janvier 1982 Dernière mise à jour : décret du 11 février 2003

Désignation des maladies Délai de prise

en charge

Liste limitative des travaux susceptibles de

provoquer ces maladies

Rhinite récidivant en cas de nouvelle exposition au

risque ou confirmée par test.

7 jours Chromage électrolytique des métaux.

Fabrication, manipulation, emploi de chromates et

bichromates alcalins. Asthme objectivé par explorations fonctionnelles

respiratoires récidivant en cas de nouvelle

exposition au risque ou confirmé par test.

7 jours

Page 39: CHROME - Centres Antipoison

RÉGIME GÉNÉRAL Tableau 10 ter

Affections cancéreuses causées par l'acide chromique et les chromates et bichromates alcalins ou alcalinoterreux

ainsi que par le chromate de zinc

Date de création : décret du 22 juin 1984 Dernière mise à jour : décret du 11 février 2003

Désignation de la maladie Délai de prise

en charge

Liste limitative des travaux susceptibles de

provoquer cette maladie

A. A. A.

Cancer bronchopulmonaire primitif. 30 ans

(sous réserve

d'une durée

d'exposition

de 5 ans)

- Fabrication manipulation et conditionnement de

l'acide chromique, des chromates et bichromates

alcalins;

- Fabrication de chromate de zinc;

- Travaux de mise au bain dans les unités de

chromage electrolytique dur.

B. B. B.

Cancer des cavités nasales. 30 ans

(sous réserve

d'une durée

d'exposition

de 10 ans)

- Fabrication, manipulation et conditionnement de

l'acide chromique, des chromates et bichromates

alcalins;

- Fabrication du chromate de zinc.

Page 40: CHROME - Centres Antipoison

Prévention Médicale

Surveillance médicale – Interrogatoire : recherche des symptômes

ORL : éternuement, rhinorhée, obstruction nasale, croûtes, epistaxis…

D’irritation respiratoire : épisodes de dyspnées, toux… et digestive

Neurologiques en relation à une exposition aux solvants

– Examen clinique :

Peau (mains, avant-bras++), cloison nasale

Auscultation respiratoire

BU : protéinurie

– En fonction des risques (chromates ++) : RP de référence ? bilan hépatique et rénale de référence…?

– Cr urinaire en fin de poste fin de semaine pour apprécier l’intensité de l’exposition

Page 41: CHROME - Centres Antipoison

Prévention Technique

Générale – Vase clos pour les opérations de broyage

– Aspiration des vapeurs et des poussières au-dessus des bacs d’électrolyse ou utilisation de suppresseurs de brouillard (mousse épaisse), Ventilation générale des locaux

– Mécanisation des procédés lors du chromage des pièces

– Limitation du taux de Cr VI soluble dans les ciments à 2 ppm (Dir Européenne 2005)

– Ajout de 1 % de zinc dans le fil de soudure pour diminuer significativement le Cr VI dans les fumées de soudage

– Limitation du taux de Cr VI dans les cuirs produits ou destinés à la vente à 2 ppm (Dir Europ 2014) -> population générale +++

Page 42: CHROME - Centres Antipoison

Prévention Technique

Individuelle

– Port de vêtement spéciaux : gants (Responder®),

lunettes, tabliers…

– Appareil de protection des voies respiratoires pour

les dérivés cancérogènes : pour certains travaux et

pour de courtes durées