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District de Delémont Le Quotidien Jurassien | Mercredi 10 juillet 2019 | 5 Dans l’épisode précédent: les restaurateurs se préparent à servir les dizaines de milliers de visiteurs qui afflueront dès vendredi à Saint-Ursanne. V endredi dernier, les diffé- rentes tranchées réalisées dans le cadre des travaux de ré- fection de la vieille ville ont été rebouchées pour permettre la tenue des Médiévales. «Nous n’avons pas le choix, c’est notre plus gros souci, ex- plique le conseiller communal en charge du dossier, Yves Charmillot. Tout a été rebou- ché en une journée et il faudra le même temps pour creuser à nouveau. Au cours du chan- tier, creuser prend du temps car nous travaillons avec les ar- chéologues, pour d’éventuel- les trouvailles, mais là, ça va plus vite.» Un simple aplanissement permettra aux piétons d’évo- luer en toute sécurité. Le Tour de France et les Médiévales Mettre les travaux en veille, cela fait partie des habitudes de Vincent Seuret, directeur de Buchs et Plumey, le bureau d’ingénieur actif pour la réfec- tion de la vieille ville de Saint-Ur- sanne. «À Porren- truy, il y a eu la Braderie, le Tour de France. Mais à Saint-Ursanne, c’est particulier: il faut citer les Médiévales, le marché de Noël ou encore la Course des Ran- giers. On s’organise!» D’ailleurs, la rue du 23-Juin, rebouchée pour les Médiéva- les, ne sera pas dégagée avant la Course des Rangiers, les 17 et 18 août. On y installera un revêtement pour les voitures, qui ne rouleront pas sur la chaille, ce gravier concassé. Les travaux reprendront en vieille ville en milieu de semai- ne prochaine, pour quelques jours avant les vacances des ouvriers. Mais un secteur de la rue du 23-Juin a droit à un trai- tement particulier. Au lieu de chaille, il est recouvert de pla- ques de route... car sous celles- ci se trouvent les découvertes de vestiges gallo-romains réa- lisés par les archéologues (LQJ du 3 juillet). Au moment des vacances de l’entreprise, les archéologues travailleront dans ce secteur pour tenter de dé- couvrir davanta- ge d’informa- tions sur cette trouvaille. La commune de Clos du Doubs participe elle aussi à la prépa- ration des festivités. Au mois de février se tenait la première séance de coordination avec le comité d’organisation, à la- quelle elle a participé. La voirie mise à contribution Les employés de la voirie sont mis à contribution pour définir les places des tavernes, installer la signalisation (les in- terdictions de circuler, les pan- neaux indiquant les parkings), et pour l’évacuation des dé- chets le matin. Le jour et le soir, les organisateurs s’en chargent. Il y a deux ans, un total de 180 heures a été assuré par les employés de la voirie, surtout pour la préparation des festivi- tés. La station d’épuration est elle aussi mise à rude épreuve: il faut évacuer les boues d’épu- ration venues des toilettes, vi- dées par camion par une entre- prise et emmenées à la station d’épuration. Il faut alors assu- rer la réception de ces «colis» pour permettre leur traite- ment. Les pompiers veillent au grain lors de la fête Le conseiller communal Yves Charmillot étant aussi responsable du secteur de la défense, et sapeur-pompier, il explique que les hommes du feu seront sur leurs gardes tout au long du week-end. Une permanence sera ins- tallée sur le site des Médiéva- les. «Et il y aura beaucoup de sapeurs-pompiers sur place, environ 80 personnes seront joignables, lance le conseiller communal. Le moment le plus stressant est le cortège aux flambeaux, avec toute cet- te paille, surtout par temps sec.» Mais pour parer à toute éventualité, les sapeurs-pom- piers ont installé des caisses dans lesquelles se trouvent des tuyaux, qu’on pourrait raccor- der aux hydrantes. De quoi in- tervenir rapidement dans un premier temps. Si les sapeurs-pompiers se tiennent prêts à revêtir leurs uniformes, d’autres habitants préparent avec soin les costu- mes qui rendront la fête plus belle encore. Rencontre de- main avec ces petites mains. MAXIME NOUGÉ SAINT-URSANNE LA MÉDIÉVALE Les travaux mis en veille le temps de la fête Il avait déjà fallu passer par l’étape «rebouchage» lors des Médiévales en 2017. C’est un autre secteur cette année, mais le principe reste le même. ARCHIVES Le feuilleton de la semaine « Le moment le plus stressant est le cortège aux flambeaux, avec toute cette paille. » 6 5 4 3 1 2 OYEZ, OYEZ, VISITEURS! ENTREZ AU MOYEN-ÂGE! UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE FINANCIÈRE ET TOURISTIQUE L’HABIT NE FAIT PAS LE MOINE LA VILLE REDEVIENT CITÉ MÉDIÉVALE, HORS DU TEMPS DES KILOS DE VIANDE ET DES LITRES DE BREUVAGE BÂTIR ET DONNER À NOUVEAU DES AIRS MÉDIÉVAUX CHRONIQUE JUDICIAIRE Travailler en étant à l’AI peut vous en coûter C ela fait plus de trois dé- cennies que Monsieur T. vit en Suisse. Arrivé du Koso- vo en 1987, il travaille dans le Jura comme ouvrier agricole, tout en élevant huit enfants. La vie ne l’épargne pas: victi- me d’un grave accident du tra- vail avec une tronçonneuse, il est reconnu invalide à 40% en 1996. Deux ans plus tard, c’est un infarctus qui envoie l’hom- me à l’hôpital. Handicapé, di- minué, il plonge dans un état dépressif – maladie couverte à l’époque par l’assurance inva- lidité. L’office AI de Saignelé- gier lui accorde une demi-ren- te à vie. Cet état implique des res- trictions, bien entendu: Mon- sieur T. doit éviter les travaux toujours dans la même posi- tion, assis ou debout, les longs horaires de travail sont à pros- crire, et il ne doit pas soulever de charges lourdes. Il a égale- ment l’obligation de signaler tout changement de situation professionnelle ou de santé. En janvier 2016, une dénon- ciation anonyme auprès de l’office AI le met en cause: Monsieur T. aurait effectué des activités non déclarées. L’organisme engage un détec- tive qui mène sa filature et en rapporte des photos. On y voit l’ex-ouvrier agricole au volant d’un petit camion et aux com- mandes d’un chariot éléva- teur. Constatant un travail non déclaré, l’office AI suspend le versement de la rente. Une or- donnance pénale rendue en mars l’accuse d’avoir violé son obligation de fournir des ren- seignements exacts et le condamne à 300 fr. d’amende. Mais Monsieur T. fait oppo- sition à cette ordonnance pé- nale. «Je ne travaillais pas, j’ai- dais juste mon fils dans son activité humanitaire», se justi- fie devant le tribunal le vieil homme, assisté par une tra- ductrice. Sur son temps libre, le fils envoie de vieilles machi- nes agricoles suisses au Koso- vo, afin de panser les plaies de la guerre de 1998-1999. Et par son métier, Monsieur T. connaît très bien les agricul- teurs de la région qui ont du matériel à fournir aux paysans kosovars. «Mon mandant accomplis- sait une activité totalement bé- névole. Faut-il que chaque as- suré indique à l’office AI le moindre de ses faits et gestes, comme faire son jardin, aider au ménage?» questionne son avocat M e Claude Jeannerat. Mais cet argument n’em- porte pas l’adhésion de la juge Marjorie Noirat. Elle reconnaît Monsieur T. coupable de n’avoir pas annoncé, sciem- ment, ses activités. «Ce n’est pas à l’assuré de décider s’il doit déclarer ou non une mo- dification de sa situation.» Monsieur T. est condamné à une amende, un peu réduite, de 200 fr., mais devra suppor- ter les frais de justice d’envi- ron 1000 fr. TLM Le Jura compte assuré- ment une pointure dans le domaine de la littérature française: Roland Biétry, de Vicques, ancien instituteur et enseignant de l’École professionnelle artisanale de Delémont. L’homme de lettres a sorti il y a quelques jours son dernier ouvrage, «Du réalisme au naturalisme», qu’il a hésité à intituler «Flaubert vs. Zola». Friand de polémiques, l’essayiste nous y entraîne dans une plongée aussi savante que tumultueuse au cœur de la littérature du XIX e siècle. L’antre de l’écrivain, pièce principale de la maison, est telle qu’on pourrait se l’imagi- ner: une immense bibliothè- que tapissant les murs, des pi- les de livres qui défient les lois de la gravité, un bureau débor- dant de feuilles et quelques fauteuils qui se prélassent dans un coin. À travers les vo- lets clos, le soleil fait danser les volutes de fumée des ciga- rettes. C’est là que Roland Biétry, amassant «des notes, des no- tes, des notes», a couché sur papier ses réflexions sur la charnière entre le réalisme et le naturalisme, dans la secon- de moitié du XIX e siècle. Pour les non-initiés, rappelons que ces deux courants majeurs de la littérature sont les avant- gardes de nos romans moder- nes. La figure de proue du réa- lisme est Gustave Flaubert (1821-1880), tandis que le chef de file du naturalisme est Émi- le Zola (1840-1902). Deux mastodontes des let- tres que Biétry se plaît à confronter. Car derrière les gé- nies littéraires se cachent des hommes pas toujours irrépro- chables. «Zola se dit socialiste, mais il compare le bain de sang de la Commune à une saignée salutaire expurgeant les fièvres de Paris. Et avec ses vingt romans des Rougon- Macquart, il avoue qu’il ne cherche qu’à faire fortune», assène-t-il, les propres lettres manuscrites de l’écrivain à l’appui, fidèlement reprodui- tes dans l’ouvrage. Par contre, Flaubert, avec son ultime chef-d’œuvre Bou- vard et Pécuchet, trouve grâce aux yeux de l’essayiste. «Cer- tes, il avait de la fortune, il était épileptique, mais il est toujours resté noble», tranche- t-il d’un ton sans réplique. Car l’homme a des avis bien arrê- tés, sur la littérature comme sur le reste. Mais c’est un livre d’histoire qui parle, remettant en pers- pective chaque événement de ce siècle de révolutions pas qu’industrielles. Dans son ou- vrage, on plonge avec lui dans ce passé fondateur, et on ne regrette qu’une chose: ne pas l’avoir eu comme professeur. THOMAS LE MEUR Du réalisme au naturalisme – histoire de la littérature française, Roland Biétry, Éditions Loisirs et Pédagogie, 285 pages. Roland Biétry a disséqué dans son dernier ouvrage, Du réalisme au naturalisme, la transition entre ces grands courants littéraires du XIX e siècle. PHOTO DANIÈLE LUDWIG SORTIE DE PRESSE «Flaubert vs. Zola», un duel de géants arbitré par Roland Biétry © Cet article est reproduit avec l’autorisation des Éditions D+P SA, société éditrice du «Quotidien Jurassien».

CHRONIQUE JUDICIAIRE SORTIE DE PRESSE Travailler en tant ... · vard et P cuchet, trouve gr ce aux yeux de lÕessayiste. ÇCer-tes, il avait de la fortune, il tait pileptique, mais

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Page 1: CHRONIQUE JUDICIAIRE SORTIE DE PRESSE Travailler en tant ... · vard et P cuchet, trouve gr ce aux yeux de lÕessayiste. ÇCer-tes, il avait de la fortune, il tait pileptique, mais

District de Delémont

Le Quotidien Jurassien | Mercredi 10 juillet 2019 | 5

Dans l’épisodeprécédent:les restaurateursse préparent à servirles dizaines de milliersde visiteursqui affluerontdès vendredià Saint-Ursanne.

V endredi dernier, les diffé-rentes tranchées réalisées

dans le cadre des travaux de ré-fection de la vieille ville ont étérebouchées pour permettre latenue des Médiévales.

«Nous n’avons pas le choix,c’est notre plus gros souci, ex-plique le conseiller communalen charge du dossier, YvesCharmillot. Tout a été rebou-ché en une journée et il faudrale même temps pour creuser ànouveau. Au cours du chan-tier, creuser prend du tempscar nous travaillons avec les ar-chéologues, pour d’éventuel-les trouvailles, mais là, ça vaplus vite.»

Un simple aplanissementpermettra aux piétons d’évo-luer en toute sécurité.

Le Tour de Franceet les Médiévales

Mettre les travaux en veille,cela fait partie des habitudesde Vincent Seuret, directeurde Buchs et Plumey, le bureaud’ingénieur actif pour la réfec-tion de la vieilleville de Saint-Ur-sanne. «À Porren-truy, il y a eu laBraderie, le Tourde France. Mais àSaint-Ursanne,c’est particulier: il faut citer lesMédiévales, le marché de Noëlou encore la Course des Ran-giers. On s’organise!»

D’ailleurs, la rue du 23-Juin,rebouchée pour les Médiéva-les, ne sera pas dégagée avantla Course des Rangiers, les 17et 18 août. On y installera unrevêtement pour les voitures,qui ne rouleront pas sur lachaille, ce gravier concassé.

Les travaux reprendront envieille ville en milieu de semai-ne prochaine, pour quelquesjours avant les vacances desouvriers. Mais un secteur de larue du 23-Juin a droit à un trai-tement particulier. Au lieu dechaille, il est recouvert de pla-ques de route... car sous celles-

ci se trouvent les découvertesde vestiges gallo-romains réa-lisés par les archéologues (LQJdu 3 juillet).

Au moment des vacances del’entreprise, les archéologuestravailleront dans ce secteur

pour tenter de dé-couvrir davanta-ge d’informa-tions sur cettetrouvaille.

La communede Clos du Doubs

participe elle aussi à la prépa-ration des festivités. Au moisde février se tenait la premièreséance de coordination avec lecomité d’organisation, à la-quelle elle a participé.

La voirie miseà contribution

Les employés de la voiriesont mis à contribution pourdéfinir les places des tavernes,installer la signalisation (les in-terdictions de circuler, les pan-neaux indiquant les parkings),et pour l’évacuation des dé-chets le matin. Le jour et lesoir, les organisateurs s’enchargent.

Il y a deux ans, un total de180 heures a été assuré par les

employés de la voirie, surtoutpour la préparation des festivi-tés. La station d’épuration estelle aussi mise à rude épreuve:il faut évacuer les boues d’épu-ration venues des toilettes, vi-

dées par camion par une entre-prise et emmenées à la stationd’épuration. Il faut alors assu-rer la réception de ces «colis»pour permettre leur traite-ment.

Les pompiers veillentau grain lors de la fête

Le conseiller communalYves Charmillot étant aussiresponsable du secteur de ladéfense, et sapeur-pompier, ilexplique que les hommes dufeu seront sur leurs gardestout au long du week-end.

Une permanence sera ins-tallée sur le site des Médiéva-les. «Et il y aura beaucoup desapeurs-pompiers sur place,environ 80 personnes serontjoignables, lance le conseillercommunal. Le moment leplus stressant est le cortègeaux flambeaux, avec toute cet-te paille, surtout par tempssec.» Mais pour parer à touteéventualité, les sapeurs-pom-piers ont installé des caissesdans lesquelles se trouvent destuyaux, qu’on pourrait raccor-der aux hydrantes. De quoi in-tervenir rapidement dans unpremier temps.

Si les sapeurs-pompiers setiennent prêts à revêtir leursuniformes, d’autres habitantspréparent avec soin les costu-mes qui rendront la fête plusbelle encore. Rencontre de-main avec ces petites mains.

MAXIME NOUGÉ

■ SAINT-URSANNE LA MÉDIÉVALE

Les travaux mis en veille le temps de la fête

Il avait déjà fallu passer par l’étape «rebouchage» lors des Médiévales en2017. C’est un autre secteur cette année, mais le principe reste le même. ARCHIVES

Le feuilleton de la semaine

«Le momentle plus stressantest le cortège auxflambeaux, avectoute cette paille.»

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OYEZ, OYEZ, VISITEURS!ENTREZ AU MOYEN-ÂGE!

UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNEFINANCIÈRE ET TOURISTIQUE

L’HABITNE FAIT PAS LE MOINE

LA VILLE REDEVIENT CITÉMÉDIÉVALE, HORS DU TEMPS

DES KILOS DE VIANDEET DES LITRES DE BREUVAGE

BÂTIR ET DONNER À NOUVEAUDES AIRS MÉDIÉVAUX

■ CHRONIQUE JUDICIAIRE

Travailler en étant à l’AIpeut vous en coûterC ela fait plus de trois dé-

cennies que Monsieur T.vit en Suisse. Arrivé du Koso-vo en 1987, il travaille dans leJura comme ouvrier agricole,tout en élevant huit enfants.

La vie ne l’épargne pas: victi-me d’un grave accident du tra-vail avec une tronçonneuse, ilest reconnu invalide à 40% en1996. Deux ans plus tard, c’estun infarctus qui envoie l’hom-me à l’hôpital. Handicapé, di-minué, il plonge dans un étatdépressif – maladie couverte àl’époque par l’assurance inva-lidité. L’office AI de Saignelé-gier lui accorde une demi-ren-te à vie.

Cet état implique des res-trictions, bien entendu: Mon-sieur T. doit éviter les travauxtoujours dans la même posi-tion, assis ou debout, les longshoraires de travail sont à pros-crire, et il ne doit pas souleverde charges lourdes. Il a égale-ment l’obligation de signalertout changement de situationprofessionnelle ou de santé.

En janvier 2016, une dénon-ciation anonyme auprès del’office AI le met en cause:Monsieur T. aurait effectuédes activités non déclarées.L’organisme engage un détec-tive qui mène sa filature et enrapporte des photos. On y voitl’ex-ouvrier agricole au volantd’un petit camion et aux com-mandes d’un chariot éléva-teur. Constatant un travail nondéclaré, l’office AI suspend leversement de la rente. Une or-

donnance pénale rendue enmars l’accuse d’avoir violé sonobligation de fournir des ren-seignements exacts et lecondamne à 300 fr. d’amende.

Mais Monsieur T. fait oppo-sition à cette ordonnance pé-nale. «Je ne travaillais pas, j’ai-dais juste mon fils dans sonactivité humanitaire», se justi-fie devant le tribunal le vieilhomme, assisté par une tra-ductrice. Sur son temps libre,le fils envoie de vieilles machi-nes agricoles suisses au Koso-vo, afin de panser les plaies dela guerre de 1998-1999. Et parson métier, Monsieur T.connaît très bien les agricul-teurs de la région qui ont dumatériel à fournir aux paysanskosovars.

«Mon mandant accomplis-sait une activité totalement bé-névole. Faut-il que chaque as-suré indique à l’office AI lemoindre de ses faits et gestes,comme faire son jardin, aiderau ménage?» questionne sonavocat Me Claude Jeannerat.

Mais cet argument n’em-porte pas l’adhésion de la jugeMarjorie Noirat. Elle reconnaîtMonsieur T. coupable den’avoir pas annoncé, sciem-ment, ses activités. «Ce n’estpas à l’assuré de décider s’ildoit déclarer ou non une mo-dification de sa situation.»Monsieur T. est condamné àune amende, un peu réduite,de 200 fr., mais devra suppor-ter les frais de justice d’envi-ron 1000 fr. TLM

�Le Jura compte assuré-ment une pointure dansle domaine de la littératurefrançaise: Roland Biétry, deVicques, ancien instituteuret enseignant de l’Écoleprofessionnelle artisanalede Delémont.�L’homme de lettresa sorti il y a quelques joursson dernier ouvrage, «Duréalisme au naturalisme»,qu’il a hésité à intituler«Flaubert vs. Zola».�Friand de polémiques,l’essayiste nous y entraînedans une plongée aussisavante que tumultueuseau cœur de la littératuredu XIXe siècle.

L’antre de l’écrivain, pièceprincipale de la maison, esttelle qu’on pourrait se l’imagi-ner: une immense bibliothè-que tapissant les murs, des pi-les de livres qui défient les loisde la gravité, un bureau débor-dant de feuilles et quelquesfauteuils qui se prélassentdans un coin. À travers les vo-lets clos, le soleil fait danserles volutes de fumée des ciga-rettes.

C’est là que Roland Biétry,amassant «des notes, des no-tes, des notes», a couché surpapier ses réflexions sur la

charnière entre le réalisme etle naturalisme, dans la secon-de moitié du XIXe siècle. Pourles non-initiés, rappelons queces deux courants majeurs dela littérature sont les avant-gardes de nos romans moder-nes. La figure de proue du réa-lisme est Gustave Flaubert(1821-1880), tandis que le chefde file du naturalisme est Émi-le Zola (1840-1902).

Deux mastodontes des let-tres que Biétry se plaît àconfronter. Car derrière les gé-nies littéraires se cachent deshommes pas toujours irrépro-chables. «Zola se dit socialiste,

mais il compare le bain desang de la Commune à unesaignée salutaire expurgeantles fièvres de Paris. Et avec sesvingt romans des Rougon-Macquart, il avoue qu’il necherche qu’à faire fortune»,assène-t-il, les propres lettresmanuscrites de l’écrivain àl’appui, fidèlement reprodui-tes dans l’ouvrage.

Par contre, Flaubert, avecson ultime chef-d’œuvre Bou-vard et Pécuchet, trouve grâceaux yeux de l’essayiste. «Cer-tes, il avait de la fortune, ilétait épileptique, mais il esttoujours resté noble», tranche-

t-il d’un ton sans réplique. Carl’homme a des avis bien arrê-tés, sur la littérature commesur le reste.

Mais c’est un livre d’histoirequi parle, remettant en pers-pective chaque événement dece siècle de révolutions pasqu’industrielles. Dans son ou-vrage, on plonge avec lui dansce passé fondateur, et on neregrette qu’une chose: ne pasl’avoir eu comme professeur.

THOMAS LE MEUR

• Du réalisme au naturalisme –histoire de la littérature française,Roland Biétry, Éditions Loisirs etPédagogie, 285 pages.

Roland Biétry a disséqué dans son dernier ouvrage, Du réalisme au naturalisme, la transition entre ces grandscourants littéraires du XIXe siècle. PHOTO DANIÈLE LUDWIG

■ SORTIE DE PRESSE

«Flaubert vs. Zola», un duelde géants arbitré par Roland Biétry

© Cet article est reproduit avec l’autorisation des Éditions D+P SA, société éditrice du «Quotidien Jurassien».