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Cinémas du réel en Amérique latine (XXIesiècle) || L'évangélisation des Indiens du Mexique, Impact et réalité de la conquête spirituelle (XVIème siècle)by Eric ROULET

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Presses Universitaires du Mirail

L'évangélisation des Indiens du Mexique, Impact et réalité de la conquête spirituelle (XVIèmesiècle) by Eric ROULETReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 92, Cinémas du réel en Amérique latine (XXIe siècle) (Juin 2009), pp.281-283Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854515 .

Accessed: 16/06/2014 00:59

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CM.H.L.B. Caravelle n° 92, p. 281-300, Toulouse, 2009

Eric ROULET.- Lf evangelisation des Indiens du Mexique, Impact et réalité de la conquête spirituelle (KS/Ième siècle).- Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.- 321 p.

Depuis deux siècles, l'historiographie mexicaniste n'a cessé de réfléchir au processus complexe que représente l'évangélisation coloniale imposée aux populations indigènes. Certes, à l'origine, cette réflexion était empreinte des enjeux politiques et idéologiques du moment opposant, pour faire bref, libéraux anticléricaux et conservateurs défenseurs de l'action missionnaire espagnole. Aujourd'hui ces querelles sont, pour l'essentiel, largement dépassées. Pourtant, l'analyse de cet épisode décisif dans la construction de la réalité coloniale puis nationale mexicaine n'en reste pas moins l'un des sujets de prédilection dans la production du savoir historique relatif au passé du Mexique. Il est vrai que depuis R. Ricard, véritable pionnier d'un champ scientifique fondamental à notre compréhension de la réalité coloniale, l'approche de la question n'a cessé d'osciller entre deux regards opposés mais réellement complémentaires. A la suite de R. Ricard, c'est le regard du colonisateur et de ses missionnaires qui est privilégié, en accordant une place prépondérante à la dimension institutionnelle du phénomène évangélisateur. A partir des années 60 et avec le triomphe de l'ethnohistoire, appliquant en cela la démarche novatrice conçue par N. Wachtel pour le monde andin, c'est plutôt la réception indigène du discours évangélisa- teur qui se trouve promue au premier plan. Pour le cas mexicain, les travaux de S. Gruzinski illustrent parfaitement cette approche de l'évangélisation fortement nourrie d'un questionnement d'inspiration anthropologique. Aujourd'hui, et ce, depuis la fin du siècle passé, si l'on observe bien un retour vers la dimension occidentale du sujet, c'est d'abord pour la confronter aux apports de l'ethno- histoire qui a radicalement renouvelé notre compréhension du phénomène. Et c'est bien dans cette dernière optique que se situe délibérément E. Roulet dans son étude, comme en témoigne d'ailleurs très explicitement son sous-titre.

Fidèle à la démarche suivie par R. Ricard, il s'agit d'abord de reprendre le dossier à partir de l'Eglise, de son catéchisme et de ses desservants. C'est l'objet des deux premières parties intitulées « Les evangelisations » et « L'encadrement des Indiens en question ». Dans un second temps, c'est à « La réponse indienne » que l'on s'intéresse, matière de la troisième et dernière partie de l'étude. L'intérêt de cette double approche est bien de s'efforcer à une confrontation afin de mieux mesurer à la fois leur imbrication et la dialectique qui les associe étroitement, tant l'une ne peut se comprendre effectivement sans la seconde. La chronologie choisie pour l'étude vient renforcer la cohérence du propos puisqu'elle concerne le premier demi-siècle de l'histoire du Mexique central colonial. En effet, les années 1570 marquent indiscutablement un tournant dans cette histoire de la mission et de sa réception par les néophytes indigènes du Mexique. A compter de cette date, alors que les derniers témoins directs de la « rencontre » entre Espagnols et Indiens s'éteignent de part et

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d'autre, un « modèle missionnaire » conforme au projet tridentin s'impose pour de longues décennies tandis que de nouveaux agents missionnaires débarquent aux Amériques pour aider à son application. . .

La première partie de l'étude s'attache à reconstituer les méthodes d'évangélisation mobilisées par les religieux à compter des années 1 520. Dans ce domaine et afin d'éradiquer les traces des cultes précolombiens, c'est bien la politique de la table rase qui précède toute tentative de conversion. Quant à cette dernière, elle passe en priorité par l'accès des Indiens au dogme et aux sacrements. Elle suppose donc tout à la fois l'organisation d'un enseignement ou catéchèse, dont les enfants sont des destinataires prioritaires, et celle d'une présence religieuse minimale à l'échelle du territoire administré par l'Espagne afin d'assurer l'indispensable distribution sacramentelle. Sur cette double base, on assiste à la mise en place progressive d'une vie chrétienne indigène façonnée par les nouveaux rites qui leur sont imposés. La messe dominicale, l'obligation de la confession régulière, la confirmation, le mariage et enfin, quoique plus rarement, l'extrême-onction ponctuent ainsi et de plus en plus systématiquement le rythme de la vie sociale indienne. Est-ce pour autant que ces néophytes américains sont effectivement devenus chrétiens ? Comme le souligne l'auteur, les missionnaires eux-mêmes prennent assez tôt conscience des limites de la nouvelle réalité chrétienne de l'Amérique. Dès les années 1530-1540, le scepticisme l'emporte parmi eux, favorisant une réorientation de la politique missionnaire. A compter de cette période, le contrôle de la mission incombe de plus en plus à l'Eglise séculière, au détriment des ordres religieux qui avaient eu un rôle pionnier. Dans ce domaine, les deux conciles mexicains de 1555 et 1565 convoqués par l'archevêque de Mexico A. de Montufar constituent des étapes décisives. C'est alors une approche fondamentalement pragmatique, centrée sur le respect de l'orthodoxie, qui s'impose, loin, très loin, des utopies franciscaines des années 1520...

Cependant, sans la mise en place d'un encadrement des populations indiennes, ces projets évangélisateurs ne seraient que peu de chose. Cet aspect essentiel est abordé dans la seconde partie de l'ouvrage qui mesure la présence des missionnaires auprès des Indiens. Au-delà de l'aspect numérique et de la couverture géographique de l'espace à évangéliser, c'est aussi la question du comportement des religieux au milieu des populations indiennes qui est ici abordée. Si la « bienveillance missionnaire » est l'image que ces religieux ont systématiquement cultivée à propos de leur action à travers leurs très nombreux écrits, elle n'en cache pas moins des comportements fort peu évangéliques. Les dénonciations de ces abus proviennent autant des victimes que de l'institution elle-même soucieuse de pourchasser les coupables. Dans le même temps, ces accusations sont aussi l'expression des antagonismes internes à l'Eglise entre ses différentes composantes. La rivalité qui ne cesse de se manifester entre les divers ordres religieux, entre réguliers et séculiers pour le contrôle des paroisses indiennes ou entre les religieux et leurs évêques sont autant d'occasions à des mises en cause des uns par les autres. Toutes donnent à voir de la mission des réalités très éloignées de l'image d'Epinal élaborée par le discours missionnaire.

Face au projet évangélisateur et aux acteurs chargés de le mettre en pratique se pose alors la question de la réponse indienne que l'étude aborde dans sa dernière partie. Les sources utilisées révèlent la force de l'attachement des néo-

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Comptes rendus 283

convertis à leurs anciens rites, croyances, cérémonies voire pratiques sacrificielles. C'est elle qui justifie, aux yeux de l'Eglise, la mise en place d'une répression contre l'idolâtrie devenue l'une de ses principales préoccupations, voire une véritable obsession. Ces poursuites visent tout spécialement les dépositaires du sacré indigène, ces hommes et, parfois, ces femmes, à même d'assurer la survie d'une religion interdite. S'ils ne constituent pas véritablement un clergé indigène, ces brujos confirment en tout cas la capacité indigène à résister, voire leur volonté de refuser la nouvelle religion. Pourtant, et dans le même temps, l'Eglise trouve d'utiles relais à sa conquête spirituelle. Le rôle des élites indiennes se révèle ici décisif, elles qui deviennent souvent les véritables auxiliaires indigènes auprès du clergé local. Résistance et adhésion se côtoient donc partout au jour le jour, favorisant autant une indianisation de la religion chrétienne qu'un progressif éloignement vis-à-vis de l'ancienne religion. A ce propos, ce qui se révèle sans doute décisif, c'est la rapide christianisation de la vie sociale indigène. La multiplication des bâtiments religieux, même modestes le plus souvent, inscrit la nouvelle religion dans le paysage. Mais il y a plus. Des cloches au calendrier chrétien, ce sont les repères de la vie quotidienne indigène qui sont profondément transformés. En ce sens, on peut conclure avec l'auteur de l'étude que, si l'adhésion à la nouvelle religion reste probablement très superficielle en termes de croyances, elle ne s'en traduit pas moins par une transformation profonde de l'univers religieux indigène. A cette aune, on peut alors admettre que ce premier demi-siècle d'évangélisation dans le Mexique colonial assure les bases d'une transformation religieuse qui, sans avoir atteint les objectifs utopiques que les évangélisateurs s'étaient eux-mêmes fixés, n'en possède pas moins une réalité profonde.

Michel BERTRAND Université de Toulouse-Le Mirai/

Pablo E. PÉREZ-MALLAINA BUENO.- La metrópoli insular: rivalidad comeräal canario-sevillana (1650-1708).- Sta. Cruz de Tenerife, Ediciones IDEA, 2008.- 136 p.

Dans un nouveau petit livre, le spécialiste des espaces maritimes coloniaux qu'est Pablo E. Pérez-Mallaina Bueno revient sur un sujet très classique mais non dénué d'intérêt, à savoir les échanges commerciaux entre Espagne et Amérique à l'époque coloniale. Plus précisément, les deux textes ici réunis abordent la question pour la seconde moitié du XVIIe siècle à partir d'un angle d'attaque commun, à savoir la rivalité commerciale quasi permanente entre commerçants sévillans et canariens. Depuis 1503 et la création de la Casa de la Contratación, les premiers s'étaient vu attribuer le monopole de ces échanges commerciaux alors que les seconds profitaient de la situation des îles Canaries, escale obligée entre Seville et les ports américains autorisés. En d'autres termes, la problématique de l'ouvrage renvoie aux dénonciations des premiers accusant les seconds de mettre à mal leur privilège en s'adonnant à ce qu'ils assimilent à de la contrebande. Quant aux seconds, ils justifient leur participation en en minimisant la réalité économique tout en s'appuyant sur les concessions qui leur étaient régulièrement délivrées.

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