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Sur la démarche de la construction du savoir anthropologique

Civilisation et culture 2

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Sur la démarche de la construction du savoir

anthropologique

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1er exemple emprunté à la linguistique:

Le sens est dans les relations : l’analyse structurale des langues

Pourquoi cet exemple de la langue ?

le savoir anthropologique est un modèle de la realite :

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La langue n’est pas un objet de l’anthropologie, mais de la linguistique, science qui a un degré très élevé de modélisation

Ici, nous allons nous intéresser a la langue comme facteur d’identité, d’identification, dans sa dimension sociologique et anthropologique.

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La théorie anthropologique structuraliste a emprunté le modèle structural développé par la linguistique.

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Il y a des très nombreux stéréotypes autour de la langue. En voici quatre exemples :

les Musulmans pensent que l’arabe est la meilleure langue (légitimité religieuse).

Les Parisiens ont un préjugé face a l’accent marseillais, notamment.

.

point de départ : le sens commun.

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Les Suisses romands face au suisse allemand.

A l’époque de l’Afrique du Nord colonisée, les jeunes qui avaient la chance de fréquenter un lycée français, se faisaient frapper par leurs enseignants s’ils avaient le malheur de parler arabe entre eux

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Comment passer du préjugé a une analyse scientifique de la langue ?

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Exemple du mot « barbare » :

Barbare : terme grec désignant les non-grecs, considérés comme sans culture, non évolués, avec une langue bizarre.

L’ethnocentrisme de la langue dans les différentes cultures : toutes les

sociétés considèrent que leur langue est la meilleure, la plus

rationnelle.

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En effet, une oreille grecque n’arrive pas a distinguer les mots des autres langues,

entend un continuum de sons, un bruit, un brouhaha, un « bar-bar ».

Et bien sur, ces autres peuples n’ont pas de culture, pas de langue et sont des enfants.

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La science va être complètement envahie par le préjugé de la langue.

Les scientifiques vont reproduire et même redoubler le préjugé de la langue. C’est un mouvement général.

La science face aux préjugés et aux mythes de la langue:

Comment la science a traité la question de la langue?

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Le point de départ du questionnement scientifique de la langue était problématique :

Quelle est, parmi les langues européennes, celle qui est la plus proche de l’origine ?

Double biais méthodologique : poser l’idée qu’il y a une seule origine et

s’inscrire dans une logique nationale. poser l’idée que les langues européennes

sont supérieures

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La grammaire comparée ou linguistique comparée ou histoire comparée des langues (synonymes) est née de ce double sentiment d’une langue qui identifie un peuple et de l’élection d’une langue dans sa perfection supposée au détriment des autres.

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Les scientifiques européens vont faire la course pour montrer si possible scientifiquement que leur langue est la plus proche de l’origine et donc la plus pure

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Ce préjugé de l’origine de la langue, et de la langue pure s’enracine dans un préjugé encore plus profond

Ils formulent l’hypothèse que les langues ont une même souche et on évolué ou dégénéré (biais méthodologique).

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Puis ils construisent un mythe d’origine en faisant référence à la bible !

La science n’a pas su se débarrasser du mythe de Babel. On cherche donc un peuple imaginaire, auquel on donne une consistance historique.

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La langue du peuple originel est donc l’hébreu

On va alors tenter de démontrer laquelle des langues européennes est la plus proche de l’hébreu.

L’histoire comparée des langues est née de ce préjugé qu’il existe une langue originelle dont la référence est prise par les scientifiques dans la bible !

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Remarque : Il est écrit dans la bible qu’avant la dispersion des hommes (punition de Dieu), tous les hommes parlaient la même langue.

Le Coran propose une autre interprétation : Dieu vous a fait parler plusieurs langues pour mieux vous connaitre, a travers cette diversité, on peut se connaitre.

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Démarche scientifique : on constate la variabilite, la diversite des langues et on veut l’expliquer.

Introduction d’un biais méthodologique : a) Choix de ne prendre en compte que des

langues européennes. b) Contenu d’inspiration biblique. Inscription des

savants dans l’idéologie de l’époque, manque de décentrement. On aurait pu construire le point de

départ en partant des langues existante et en reculant.

En résumé :

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Malgré une hypothèse de départ idéologique, on a réalisé un travail scientifique de comparaison, de classification, etc.

Heureusement pour la science, quand on formule une mauvaise hypothèse, si la démarche est scientifique, on va devoir à un certain moment remettre en question l’hypothèse de départ. C’est ce qu’il s’est passe :

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On a découvert que l’arabe était très proche de l’hébreu, et les langues européennes très loin.

Puis, en élargissant le rayon de la comparaison, que le sanscrit, langue sacrée d’Inde, était proche des langues européennes.

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Ainsi on a construit la famille des langues indo-européennes. Le Persan en fait partie, même s’il est influencé par l’arabe pour des raisons religieuses et de proximité géographique.

Le modèle indo-européen a été alors posé comme modèle d’origine.

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Le fait d’avoir découvert cette proximité entre les langue européennes et celles du sous-continent indien (inclus la Perse) a permis de se rendre compte qu’il y avait plusieurs familles de langues.

Que cette famille indo-européenne n’était qu’une famille de langues parmi d’autres

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Postuler qu’il y a une langue a l’origine de toutes les autres, pourquoi pas, mais :

a) pourquoi l’hébreu, le monothéisme, la civilisation judéo-chrétienne ?

b) pourquoi une hiérarchie entre les langues (certaines plus évoluées que d’autres) ?

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Ainsi on a exclu les langues non européennes et on a considéré certaines langues comme supérieures a d’autres

Biais ethnocentrique : on a posé d’emblée une origine spécifique, indo-européenne.

On a glissé d’une abstraction conceptuelle (une langue d’origine) vers un peuple originel indo-européen.

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A cette époque, il y avait le souci notamment en Allemagne, de construire une unité allemande, autour de la langue.

Cela était déjà fait en France, Angleterre, Espagne.

Les Allemands voulaient montrer que la langue allemande était la plus proche de l’origine et la plus pure.

Les théories racialistes ont été développées au 19eme siècle, autour de la race aryenne (indo-européenne), une race pure.

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Hiérarchie des langues et hiérarchie des peuples « races » dans la science au XIXèmesiècle : Rencontre entre la linguistique et l’anthropologie.