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RachelHawthorne

LESGARDIENSDEL’OMBRE

Clairdelune

Traduitdel’anglais(États-Unis)parAnne-ÉlisabethLozano

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PourBrandon,conseillerextraordinaireenparanormal.Mercipourtouslespetits-déjeunersdebrainstormingetdem’avoir

laissétestermesdifférentsscénariossurtoi.Tuessuper!Maman

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PROLOGUE

Lapleineluneestdevenuemonennemie.Abritéedansunecaverne,jemeprépareàvivrelanuitlaplusimportantedetoutemonexistence.Il

yaquelquesjoursquej’aifêtémesdix-septansetcesoir,laluneselèvera,rondeetpleine,dansleciel.Jemebaigneraialorsdanssalumièreetmoi,LindseyLancaster,jemetransformerai……enloup.Je suis une Métamorphe, espèce qui possède depuis des milliers d’années la capacité de se

transformerenanimal.PourlesLycans,leclanauquelj’appartiens,c’estleloup.D’aussiloinquejemerappelle,j’aitoujoursattenduavecimpatiencecettefameusenuit,maisau

coursdesdernièressemaines,j’aicommencéàappréhendercemoment,parcequemavieaprisuntourconfusetcompliqué.Mesémotionsetmessentimentssontsensdessusdessous.Moncœurmeconseilleunechoseetmatêteuneautre.Connoretmoisommes lesmeilleursamisdepuis toujours.Dans lemondeextérieur, làoùnous

prétendonsnepasposséder cepouvoir extraordinaire,oùnous feignonsd’êtredesStatiques (ceuxquisontdépourvusde lacapacitédese transformer),nos familles respectivessont inséparables.EtnosparentssontconvaincusqueConnoretmoisommesdestinésl’unàl’autre.Parfois,j’aipeurquenoussoyonstouslesdeuxprisonniersdurêvequ’ilsnourrissentpournous

aupointdel’avoirfaitnôtre.Unsoir,devantnosdeuxfamillesréunies,Connorm’adéclaréesienne.J’étais folle de joie de le savoir épris demoi à ce point, parce que je croyais ressentir une égalepassionpourlui.Nousavonsorganiséunegrandefêteet,commeleveutlatraditiondenotreclan,ils’estfaittatouermonnom,sousformederuneceltique,surl’épaulegauche,cérémoniequiconstituenotreéquivalentdesfiançailles.Notredestinétaitscellé.PuisRafeestrevenuaprèssapremièreannéedefac,etj’aicommencéàm’intéresseràlui,cequi

ne m’était jamais arrivé auparavant. Quand il parle, sa voix grave devient parfois râpeuse etterriblementsexy.Maisilneparlepasbeaucoup,saufs’ilaquelquechosed’importantàdire,cequidéclenche immanquablement des fourmillements dans mes doigts de pied. Ses yeux noirs mecaptiventetdéchaînentdestempêtesdansmoncœur.Etquandsonregardmagnétiquetombesurmabouche, j’ai envie deme lover dans ses bras et d’attirer ses lèvres sur lesmiennes pour goûter àl’interdit.Ilaimevivredangereusementetrepoussertoutesleslimites.C’estlegrandméchantloup,oserais-

jedire,pourfaireunmauvaisjeudemots.Salibertéradicaleéveilleenmoiunetentationàlaquellejen’aipasledroitdesuccomber.JesuisdestinéeàConnor.Dedeuxansmonaîné,Connoradéjàvécusapremièretransformationetilvam’accompagnertout

au long de lamienne. J’essaie deme concentrer sur lui, avec ses cheveux blonds, ses beaux yeuxbleus et ce sourire encoinquinemanque jamaisdeme faire rire.Encet instant, ilm’attendpourpartageravecmoilanuitlaplusimportantedemavie.Ilvameguiderdansmatransitionets’assurerquej’ysurvive.Cetteexpériencevécueencommunnousuniraprofondémentetàjamais.Dumoins,c’estlescénarioprévu.J’observemon reflet dans lemiroir. J’ai des yeuxnoisette, bien que leur couleur ait tendance à

changerselonmonhumeur.Cesoir, ils tirentplutôtsur lebleuetsontempreintsde tristesse,alorsqu’ilsdevraientbrillerd’excitation,unpeucommeavantunpremierrendez-vous.

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Mescheveuxplatinetombent librementsur larobedecérémonieenveloursblancquejeporteàmêmelapeau,et lanervositém’envahità l’idéequebientôtceseront lesrayonsde la lunequimetoucheront…etConnor.Jemedétournedumiroiretm’avanceversl’entréedelagrotte,dissimuléederrièreunecascade

qui protège notre repaire de la curiosité de ceux qui en ignorent l’existence – qui ignorent notreexistence.Jemeglissederrière le rideau liquideetcontourne lebassinoù la luneserefléterasouspeu.J’observe Connor, qui attend patiemment mon arrivée. Enveloppé dans une robe de cérémonie

noire, il me tend la main. Ses longs doigts fermes et rassurants se referment sur les miens, quisemblentsoudaintropdélicatsettropfragilespourcequiestsurlepointdecommencer.Percevantsansdoutemonappréhension,ilm’attireàlui.Soncontact,sifamilier,meréconforteimmédiatement.C’estlui,lamoitiédemavie,lamoitiédemonâme.Ill’atoujoursété.Ilsepencheetseslèvreseffleurentlesmiennes.Moncœurmanqueunbattementfaceàl’énormité

decequiestsurlepointd’advenir.Maindanslamain,nousnousdirigeonsverslaclairière,verslalunequiattendetversunavenir

partagépourtoujours.Etjenepeuxqu’espérernepasavoirfaitlemauvaischoix.Sinon,jesuisentraindecommettrela

plusgrosseerreurdemavie.

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Onditquelesrêvesrévèlentnospeurscachéesetnosdésirssecrets,quiexigentqu’onleurprêteattention.Mon rêve de la veille avait été si intense que sa simple évocation, le lendemain soir, enpleine séance du Conseil, me faisait encore tressaillir. Assise contre le mur de la grande salle,j’assistaisà ladiscussionentre lesSageset lesGardiensde l’Ombre—ceuxd’entrenousquisontchargésdeprotégernotreespèce—surlameilleurefaçond’assurernotresurvie.Puisquejen’avaispasencorevécumapremièretransformation,j’avaistoujoursunstatutdenovice,quim’interdisaitdesiégeraveceuxautourdelagrandetableronde.Cettesituationmeconvenaitparfaitementcarellemepermettaitdelaissermonespritvagabondersansquel’onpuissemereprochermoninattention.Dansmon rêve, j’étais dansune clairière avecConnor, officiellementmoncompagnonàvie, et

nousnousenlacionssifortquenouspouvionsàpeinerespirer.Puissoudaindegrandsnuagesnoirsmasquaientlaluneetuneprofondeobscurités’abattaitsurnous.SerréetoutcontreConnor,jeprenaisconsciencequesesmuscles,sesos,commençaientàondulersoussapeau.Ilgrandissait,s’élargissait.Sousmesdoigts,sescheveuxsemettaientàpousseretàépaissir.Ilm’embrassait,maisseslèvresmesemblaientpluscharnuesqu’àl’accoutuméeetsonbaiserplussauvagequetousceuxquenousavionspartagés.Unevaguedechaleurm’aparcouruedespiedsà la tête,et j’aieu la sensationd’êtreunechandellequiseconsumesousl’ardeurd’uneflamme.Jesavaisquej’auraisdûm’écarter,mais,aucontraire, je m’accrochais à lui comme si je risquais de me noyer dans une mer de doute si jem’éloignais.Lesnuagesontpoursuivi leur course et la lunenous adenouveau illuminés, saufque jeneme

trouvaisplusdanslesbrasdeConnor.J’étaisdansceuxdeRafe,c’étaitluiquej’embrassais,luidontjequémandaislescaresses…Jemesuismiseàremuerinconfortablementsurmachaiseausouvenirdel’intensitédemondésir

pourRafe. C’était enversConnor que j’étais supposée ressentir cet élan.Mais jem’étais réveilléeentortilléedansmesdraps,gémissantpouruneautrecaressedeRafe…Toujoursentraindegigoter,j’aisentiuncoudes’enfoncerentremescôtes.—Tiens-toitranquille,m’achuchotéBrittanyReedquiétaitassiseàcôtédemoi.Commemoi, elle allait avoir dix-sept ans, et sa transformation aurait lieu à la prochainepleine

lune.JeconnaissaisBrittanydepuis lamaternelle.Nousétionsamies,mais jenem’étais jamais sentie

aussiproched’ellequedeKayla,que jen’avaispourtant rencontréeque l’étéprécédent,quandsesparents adoptifs l’avaient ramenée dans notre parc pour qu’elle y affronte son passé.Notre amitiéavait été aussi immédiate que profonde et nous avions passé l’année à nous raconter nos vies partéléphone,mailettexto.Elleavaitrécemmentdécouvertqu’elleétaitl’unedesnôtresetétaitdevenuelacompagnedeLucas

Wildeaucoursdeladernièrepleinelune.Avecsipeudetempspours’ypréparer,l’expérienceavaitdû être absolument terrifiante. Nous, les Lycans, ne pouvons pas contrôler notre premièretransformation.Quandlapleineluneselèvedansleciel,notrecorpsréagitàsonappel.Quoiqu’ilensoit,Kaylasiégeaitdésormaisàlagrandetableaveclesautres.À l’occasiondu solsticed’été, le jour leplus longde l’année,nous aimons tousnous retrouver

pour fêter notre existence. Mais cette année-là, une menace planait sur le rassemblement qui sedéroulait, comme d’habitude, àWolford, un petit village perdu dans l’immense Parc national quiborde la frontière canadienne.De ce qui avait autrefois été une communauté vibrante de vie, il nerestait que quelques bâtiments annexes et la structure massive qui ressemblait à un manoir, où

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habitaientlesSagesresponsablesdenotrepetitecommunauté.Cemanoirservaitégalementd’aubergeàlaplupartd’entrenous.Nous avons toujours formé une société secrète.Même si nous nousmêlons au reste dumonde,

nous ne levons jamais le voile sur notre nature véritable. Peu de temps auparavant, nous avionscependant appris que le frère aîné de Lucas nous avait trahis en révélant notre existence à desscientifiquesdeBio-Chrome,unlaboratoirederecherchemédicale,biendécidésàcapturercertainsd’entre nous pour percer à jour notre métabolisme. Ils souhaitaient breveter et exploiter leurdécouverte afin d’en tirer des profits substantiels.Mais nous ne comptions pas passer les grandesvacancesàjouerlescobayessurleurstablesdedissection.Même si nous n’avions aucune nouvelle d’eux, depuis que Kayla et Lucas étaient parvenus à

échapper à leurs griffes, il aurait été illusoire de croire qu’ils avaient abandonné leur projet aussifacilement. Nous étions tous à cran car nous pressentions qu’une nouvelle confrontation étaitimminente,àlafaçondontlesanimauxpressententlatempête.Lanaturenousadotésd’unegrandesensibilitéaudanger,raisonpourlaquellenousn’avonspassubilesortdesdinosaures.Brittanyavaitraison,ilfallaitquejerestecalme,quej’arrêtedepenseràcerêvetotalementfouet

que je me concentre sur la discussion. Malheureusement, mon regard, que je laissais courir surl’assistance,acroiséceluideRafe.L’intensitéavec laquelle ilm’étudiaitm’a fait craindrequ’ilnesoit au courantdemon rêve.Sesyeuxnoirsmemettaient audéfi denepasdétourner la tête et deprendrelerisqued’êtresurpriseentraindelefixerquandj’auraisdûêtreentrainderéfléchiràunesolutioncontreàlamenacedeBio-Chrome.Àcetinstantprécis,ilm’aparuqueRafeconstituaitpourmoiunemenacebienplusgrandequen’importequelscientifique.Jesentaisquasimentsonregardquis’attardaitsurmapeau.J’auraisdûromprelecontact,maisje

refusaisdeperdrecelienpuissantquinousunissait.Jen’avaisjamaisrienexpérimentéd’aussifort.Tout a commencé à devenir flou autour de moi, les mots ne me parvenaient plus que déformés,commesij’étaissousl’eau.Lesbattementsdemoncœuraccéléraienttoutàcoup,puisralentissaientaussitôttantj’étaistroublée.J’avaisuneégaleenviedemeleverpourallerversluietdem’enfuirencourant.Rafes’exprimaitpeuaucoursdecesréunions,mais,jelerépète,iln’étaitpasdugenrebavard.En

saqualitédelieutenantdeLucas,ilétaitplusunhommed’actionqu’unthéoricien.Commed’habitude,une ombre de barbe accentuait son côté sexy, autant que ses yeux couleur caramel et son épaissechevelure lisse aussi noire qu’une nuit sans lune qui lui tombait sur les épaules. Quand il setransformait,ilétaitsplendide…etfatal.L’été précédent, je l’avais vu terrasser un pumaqui l’attaquait.Rafe s’était transformé et j’avais

alorspuvoirdemesyeuxdequoiceuxdemonespècesontcapablesquandilssontmenacés.Nousdevenonsagressifsetmortels.Mêmesoussonapparencehumaine,lapuissancequisommeillaitenRafemeterrifiait.Jenesavais

paspourquoijen’avaisquerécemmentcommencéàluiporterdel’intérêt.L’expression,dureste,estfaible. En vérité, il ne se passait pas cinq secondes sans que je pense à lui. Je m’inquiétaisconstamment de savoir où il se trouvait et j’étais dévorée par une curiosité que je n’avais jamaiséprouvée à propos d’aucun autre garçon, pas même Connor. Je voulais connaître les films qu’ilaimait,leslivresqu’illisait.J’avaisenvied’écoutersoniPodpourdécouvrirseschansonspréférées.Mais,par-dessustout,jebrûlaisdesavoircequejeressentiraiss’ilm’enlaçaitcommedansmonrêve,d’éprouverl’ardeurdesesbaisers.—Plus que quinze jours à attendre et, nous aussi, nous jouerons dans la cour des grands,m’a

murmuréBrittany,brisantlecharmequimemaintenaitprisonnièredesyeuxdeRafe.Avait-elleremarquéqu’ilaccaparaittoutemonattention?—Tun’aspaspeur?Vuquepersonnenes’estencoredéclarépourtoi…

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Lalégendeveutquelesfillesnesurviventpasàleurpremièretransformationsiellesl’affrontentseules.Maisàpeinel’avais-jeprononcéequej’aiimmédiatementregrettécettephrase.BiensûrqueBrittanydevaitsefaireunsangd’encre,sansquej’aiebesoindeleluirappeler.Elles’estpourtantcontentéedeleverlesyeuxaucielensecouanténergiquementlatête,balançant

salonguetressecouleurcharbon.—C’estcomplètementvieuxjeu.Jenedevraispasavoiràattendrequ’untypesedécideàvenirme

voir.Jedevraispouvoirfairelepremierpas,moi.OnestquandmêmeauXXIesiècle!—Etquiseraitl’heureuxélu?Elle a hésité, et, pendant un instant, j’ai cru qu’elle allait lâcher unnom.Puis elle a simplement

haussélesépaules,commesiellen’avaitpasencorefixésonchoix.—Pasungarçonimposéparmesparents,entoutcas.Aïe !L’allusionà la façondontmesparentsetceuxdeConnoravaientencouragénotre relation

étaitplusqu’évidente.—CenesontpasmesparentsquiontchoisiConnor.—Regarde leschosesen face.Lesvacances, lescoursde sport, lesanniversaires…Vosparents

vousontfaitpasserleplusdetempspossibleensembledepuisquevousêtesnés.Impossibledelenier.Connoravaitparticipéàtouslesmomentsimportantsdemavie.J’avaisdes

photosdenousdeuxàDisneyWorld,àHawaï,auski…Lalisteétaitlongue.Jenecomptaispluslesétés passés à nous éclater tous les deux, là où nos parents nous emmenaient en vacances. Je mesouvenaisaussidel’horriblesensationdesolitudequandilavaitcommencéàtravaillercommeguidepour leParcnationalau lieudeveniravecmoi, l’annéedemesquinzeans.Ducoup, l’étésuivant,j’avais moi aussi rejoint le groupe des guides pour y assumer le rôle de sherpa, qui consiste àaccompagnerlescampeursdanslaforêtetàs’assurerqu’ilsnes’approchentpasdenosrepaires.—Ons’esttoujoursbeaucoupamusésensemble.Onest…bienassortis.—Bienassortis?Ondiraitquetuparlesd’unepairedechaussuresquivaavecunenouvellejupe!

Lechoixdetoncompagnonconstituecertainementladécisionlaplusimportantedetoutetavie.—Pourquoilemets-tuenquestion?Cequiapourconséquencedemefairedouter,mesuis-jedit.Ouétait-ceàcausedurêve?—Parcequecen’estpasjusteenversConnor,situnel’aimespasvraiment.—Etenquoiçateregarde?Elle a pincé les lèvres.Cela faisait desmois qu’elleme harcelait à propos dema relation avec

Connor,insinuantqu’entantquepetiteamie,jen’étaispasàlahauteur.—Oh,monDieu!Mais…tuesamoureusedelui?Avantqu’ellen’aiteuletempsderépondre,LucasWilde,notrechefdemeute,s’estretournépour

nousfoudroyerduregard.Ainsirappeléeàl’ordre,j’aihochélatêtedanssadirectionavantdemeconcentrerpourdebonsur laconversation.Une foisquenous lesaurions rejoints, lenombredesGardiens de l’Ombre s’élèverait à douze. Parmi eux,Kayla, Lucas,Connor,Rafe,Brittany etmoiformionsungroupedesherpashabituésàtravaillerensemble.C’étaitjustementenjouantlesguidespourleschercheursdeBio-Chromequenousavionspercéàjourleursvéritablesintentions.—Nousnepouvonspasfairegrand-chosepourlemoment,étaitentraindedireConnor.Il ne semblait pas lemoins dumonde impressionné de prendre la parole devant les trois Sages

assis devant lui, vivantes incarnations de savoir et d’expérience.Malgrémoi, j’ai ressenti un petitpincementdefierté.—LeDrKeaneetsonéquipeontquittélaforêtvoilàquinzejours.Peut-êtrequ’ilsontbaisséles

bras?acontinuéConnor.LeDrKeaneétait ledirecteurdesrecherchesdeBio-Chromeet l’instigateurduprojetdontnous

devionsêtrelescobayes.Sonfils,Mason,constituaitl’autrerouageessentiel.

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—À mon avis, ils sont plutôt en train de se réorganiser. Je ne serais pas surpris de les voirréapparaîtresouspeu,aditLucas.—Jesuisd’accord,aenchériKayla.Lucas lui a souri avec affection et lui a pris lamain sous la table, à l’insu des Sages. Avec sa

chevelure rousseexubérante, ellenepassaitdéjàpas inaperçue,mais sous le regarddeLucas, elledevenaittoutsimplementmagnifique.— Croyez-moi, Mason est absolument obsédé par l’idée de capturer l’un d’entre nous pour

découvrirlesecretdenotrepouvoirdetransformation,acontinuéKayla.Riennel’arrêtera.Ilsvontreveniretnousdevonsnoustenirprêts.Pendantunmoment,audébutdel’été,Kaylas’étaitrapprochéedeMason,peut-êtredansl’idéede

faire de lui son petit ami. Il va sans dire que l’affaire avait tourné court quand elle s’était renducomptequ’ellen’étaitriendepluspourluiqu’unappâtdestinéàcapturerLucas.Impossible,aprèsça,del’imagineravecquiquecefûtd’autrequecedernier.LeSageWilde,legrand-pèredeLucas,s’estlevé.—Nousresteronsvigilants,dit-il.Nosviesdépendentmaintenantdelasagacitéquedéploierontles

Gardiens de l’Ombre pour assurer notre sécurité. J’ai une confiance totale en vos capacités. Àprésent, il est temps de célébrer le solstice d’été pour lequel tant d’entre nous se sont réunis ici.Oubliezvossoucisetprofitezdecettesoirée,a-t-ilconcluenécartantlesbras,commepourtousnousembrasser.—Iln’estpassérieux,là?achuchotéBrittany.— Le Sage Wilde ne connaît pas Mason ni son père. Il ne mesure pas à quel point ils sont

dangereux,ai-jerépondu.—Tucroisquec’estpossible?Desynthétiserunsérumquidéclencheraitlalycanthropie?—Jenesaispas,maisilnes’agitpasd’unvirus.C’estgénétique.Soittuaslebongène,soittune

l’aspas.—Ouais.Pascoolpourceuxquinel’ontpas,a-t-ellemarmonné.—Oui,maisnous,ons’enfiche.Jemesuislevéepourm’avancerversKaylaquisedirigeaitversnous,rayonnante.—Dequoivousparliez,touteslesdeux?Dites-moivite,jesuistropjalousedevosmessesbasses!—Riend’important,ai-jerépondu.—Exactementcequejeluidisais,aconfirméBrittany.Ce qu’elle disait, c’était que je n’avais pas suffisamment mûri ma décision quant à mon

compagnon,etsoninsistancecommençaitàm’agacer.Elleavaitintérêtàchangerdedisque.Etpeut-êtrequesiellearrêtaitdes’occuperdemesaffaires,ellesetrouveraitquelqu’un.—Maistudisaisquoi?alancéConnorprèsdemoi.Je me suis raidie, inquiète de sa réaction si Brittany lui expliquait sa théorie concernant les

manigancesdenosparentspournouspousserdanslesbrasl’undel’autre.—Non,rien,s’est-ellecontentéederépondre.Jeme suis détendue. Elle n’avait pas l’intention de révéler son opinion sur la sincérité demon

affectionpourConnor.Jenevoulaispasqu’ilendoute,parcequ’ilcomptaitbeaucouppourmoi,quoiqueBrittanypuisseenpenser.Lucas est arrivé derrièreKayla et a passé son bras autour de sa taille pour la serrer contre lui,

commes’ilnesupportaitpasdenepaslatoucher,neserait-cequ’uninstant.Pourquoin’enallait-ilpasdemêmeentreConnoretmoi?Timidement, j’ai parcouru la pièce du regard.Rafe était déjà parti, ce qui neme surprenait pas.

C’étaitunsolitaire.—Bon,prêtsàfairelafête?ademandéLucas.

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—Turigoles?C’estmonpremiersolsticeparmivous,j’aienviedem’habillerunpeumieuxqueça,aminaudéKayla.—Tuesdéjàparfaite,a-t-ilditenlacaressantduregard.JemesuistournéeversConnor.—Jevaismechangeraussi,l’ai-jeinformé.—Onseretrouvetoutàl’heurealors,a-t-ilrépondu.QuelledifférenceentresontonetceluideLucas!J’essayaisdemerassurerenmerappelantqu’ils

nes’étaient rencontrésque trèspeude tempsauparavant,alorsqueConnoretmoiétionsensembledepuis toujours.Mais je ne pouvais m’empêcher de regretter cette étincelle d’excitation qui nousmanquait.—Quecetendroitestimmense!Jen’enrevienspas!s’estémerveilléeKaylacommenousnous

éloignionsdanslecouloir.Toutesceschosesquim’étaient si familièresétaient foncièrementnouvellespourelle : lesmurs

lambrissésdeboissombre,lesolenpierreuséparlesansetmêmegrifféçàetlà,lesportraitsdenosancêtresaccrochésauxmurs,représentésaussibiensousleurformehumainequ’animale.— Autrefois, notre clan habitait ici, a remarqué Brittany qui s’intéressait à l’histoire de notre

espèce,alorsquej’yétaisassezindifférente.Nousvivionsenautarcie.Puisl’industrialisationagagnéduterrainetnousavonscompriscequeallionsperdreenrestantisolés.—Voilàpourquoinousnoussommesjetésdanslagueuledugrandméchantmondemoderne,suis-

jeintervenue.—Cen’estpassimalqueça,aditBrittany.—Danscecas,pourquoigardons-nousencorenotreexistencesecrète?ai-jedemandé.—Parcequequandnousavonsvoulunousmontreraugrandjour,onnousatorturésetbrûlésen

tantquedémonsousorcières,aréponduBrittany.—C’estdel’histoireancienne,aditKayla.Lesmentalitésontévolué.—Commentas-turéagiquandtuasapprisnotreexistence?l’ai-jequestionnée.Ellearougicommeunpivoine.—J’étaisabasourdie.Etjedoisreconnaîtrequej’aiéprouvéunsentimentd’horreurendécouvrant

que j’étais comme vous.Maismaintenant que je sais que nous ne sommes pas des bêtes enragéesanimées demauvaises intentions, je trouve ça plutôt cool.Du coup, je pense que si les gens avaitl’occasiondecomprendrecequenoussommesvraiment,ilsnousaccepteraientpeut-être.—Oualorsilsepourraitqu’ilsveuillentnouscapturerpournousétudier.CommeBio-Chrome.—Sinotreexistenceétaitconnue,legouvernementnousprotégerait.—Nousassuronsnous-mêmesnotreprotection,aassénéBrittany.Nousl’avonstoujoursfaitetil

n’yapasderaisonqueçachange.—Unpeud’aideseraitlabienvenue,non?ainsistéKayla.—Cen’est pas à nous d’en décider, ai-je conclu en arrivant au bas du gigantesque escalier qui

menaitàlachambrequenouspartagions.Enplus,nousavonsunproblèmepluspressantàrésoudre:qu’allons-nousportercesoir?

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Contrairement à Kayla, j’avais déjà assisté à plusieurs fêtes du solstice d’été. On y trouvait enabondancedelanourritureetdelamusiquecomplètementringardesurlaquellenosparentsaimaientdanser.Ceuxdemonâge,quiauraientpréférémourirplutôtqued’yprêterl’oreille,seréunissaientenpetitsgroupespourdiscuter,toutenessayantd’éviterlagénérationdesgrands-parents,quiavaienttendanceànouspincerlesjouesetànousrappelercombiennousétionsmignonsquandnousétionsbébés.—Bon,alors,qu’est-cequejemets?ademandéKaylaenfouillantdanssonsacdevoyage.—Untrucsexy,ai-jeréponduensortantundébardeurrougedemesaffaires.CommelesnuitssontfraîchesdansleNord,j’avaisl’intentiond’enfilermavesteblancheenjean

par-dessus.Je suis entrée dans la salle de bains, où Brittany était en train de se lisser les cheveux. En

randonnée, nous nous contentions habituellement d’une rapide queue de cheval ou d’une tresse,histoired’éviterlesnœuds.Maislàj’avaisl’intentiondelaissermeslongscheveuxblondsdétachés.Jemesuisapprochéedumiroirpourm’appliquerdumascara.Grâceaugrandair,j’avaisleteint

fraisetl’excitationdelasoiréeàvenirfaisaitressortirleséclatsvertsdemesyeuxnoisette.— Il se passe des trucs bizarres pendant cette fête ?Dois-jem’attendre, par exemple, à voir les

garçonssedéshabillerpoursetransformer?ademandéKaylaennousrejoignant,vêtued’unejupeenjeanavecunjolipetithautrose.—Siseulement!amarmonnéBrittany.Jelestrouveplusbeauxenloups.—Sérieusement?l’ai-jeinterrogée.—Benoui.Pastoi?J’airéfléchiuninstantàlaquestion.Elleavaitmisledoigtsurquelquechosed’essentiel,sansque

je comprenne au juste pourquoi. C’était comme si l’image qu’elle se faisait de nous divergeaitradicalementdecelledelaplupartdesMétamorphes.—Non,iln’yapasdedifférenceàmesyeux,quellequesoitlaformequ’ilsadoptent.Qu’est-ce

quetuenpenses,Kayla?— Je n’ai pas de préférence non plus, je crois. Pour moi, Lucas reste Lucas, peu importe

l’apparence.—Exactement,ai-jeconfirmé.—Peut-êtrequevousn’appréciezpasleloupeneuxautantquevousledevriez,arétorquéBrittany

avecunepointed’aciditédanslavoix.Allez,j’yvais.Elleaquittélapièceencoupdevent.Kaylam’aregardéeavecunairinterrogateuretj’aihaussé

lesépaules.—Ellen’estpasdanssonassiette,encemoment.Kaylaafroncélessourcils.—Parfoistunelatrouvesunpeu…Elles’estinterrompue.—Unpeuquoi?—Euh…disonsdifférente. Jemesensnaturellement liéeà toi.Or jen’éprouve riende telavec

elle.J’ai ressenti une pointe de culpabilité enversBrittany enm’avouant qu’elle dégageait parfois de

drôlesdevibrations.—C’estjusteparcequetunelaconnaispassuffisamment.—Çadoitêtreça.

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UnefoisKaylaprête,nousavonsrejointl’endroitoùsepréparaitlafête.Onavaitmisunepiècedebœufàgrilleretunassortimentdelégumesetdedessertsavaitétédisposésurdestables.Lesgensdéambulaienttoutenmangeantetendiscutant.—Ondiraitungrandpique-niqueassociatif,acommentéKayla.—Plutôtuneréuniondefamille.Mêmesinousnesommespasparents,nouspartageonstousune

anciennemalédiction.—TucroisvraimentquelepremierLycanaétévictimed’unemalédiction?—Peut-être.—D’aprèsLucas,nousexistonsdepuislanuitdestemps.—C’estaussiunepossibilité.Brittanysauraitnousledire,ellepassebeaucoupdetempsàétudier

cestrucs-là.—Quelstrucs?ademandéConnorennousrejoignantavecLucas.Ilaprismamain,cequ’iln’avaitpas faitdepuisdessiècles.Avait-il remarqué, luiaussi,àquel

pointLucasetKaylaétaientproches?IlportaitunT-shirtvertpâleetunjeannoir.Ilétaitsuperbe.—Nosorigines,ai-jeexpliqué.—Ilestécritdanslevieuxgrimoirequenousavonstoujoursexisté,aditLucasenpassantsonbras

autourdelatailledeKaylapourlaserrercontrelui.—Levieuxgrimoireauqueltoiseulasaccès?l’ataquinéKaylaenlevantlesyeuxversluiavec

uneexpressiond’adorationtotale.—Non,touslesSagessontautorisésàleconsulter.Onleconservedansunesallespéciale.Bon,on

yva?J’aivoulusuivreKaylaetLucas;Connorm’aretenueparlamain.—Jepensequ’ilveut l’emmenerfaireun tour,a-t-ildit.Enprivé,a-t-ilajoutéd’un tonpleinde

sous-entendus.Malgrémoi,j’airessentiunpincementdejalousie.KaylaetLucasn’arrivaientqu’àgrand-peineà

nepassetoucherconstammentquandConnoretmoinouscomportionscommedevieuxcopains.—Tuesenbeauté,m’a-t-ilditavecunsourirepleindechaleur.—Contrairementàd’habitude,tuveuxdire?ai-jeplaisanté.—Tuestoujoursmagnifique,ettulesais.C’estpourçaqueRafenetequittepasdesyeux.J’ai senti mon estomac se nouer. Connor avait-il remarqué que depuis peu moi non plus je

n’arrivaispasàdétachermonregarddeRafe?—Jen’avaispasremarqué,ai-jementi.—Heureusementquetum’espromise,sinonjepourraisdevenirjaloux.Jemesuisdemandésiunepetitepointedejalousieneseraitpasutilepourallumerentrenousla

mêmeétincellequecellequiexistaitentreKaylaetLucas.— Allez, viens. Allons grignoter quelque chose, a dit Connor en me traînant en direction du

barbecueavecunenthousiasmequim’afaitrire.Combien de fois, durant toutes ces années, nous étions-nous précipités quelque part au prétexte

qu’ilavaitfaim?Aprèsavoirremplinosassiettesàrasbord,nousnoussommesinstalléspar terresousunarbre.

Nousavonsentaménotrerepasdansunsilencecomplice.—C’estmoiouilyaunedrôled’ambiancecetteannée?ai-jedemandéauboutd’unmoment.—C’estparcequepersonnenerit.Jemesuisaussitôtrenducomptequ’ilavaitraison.—AlorstupensesquecettehistoireavecBio-Chrome,c’estvraimentsérieux?l’ai-jequestionné

enespérantqu’ilrépondrait«non».

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—J’enaibienpeur.Jenelesimaginepaslâcherl’affaire.Maisçanechangerienpournous,nousallonscontinuerd’accompagnerdescampeursdanslaforêt.Ilfautjustegarderàl’espritquecertainsd’entreeuxpourraientêtredesespionsàleursolde.J’yairéfléchiquelquesinstants.— Tu crois qu’ils soupçonnent d’autres membres de notre groupe d’être des Lycans comme

Lucas?—C’estdifficileàdire.—Àmon avis,Mason a lu beaucoup trop de bandes dessinées. Je suis sûre qu’il croit que la

morsured’unearaignéeradioactiveletransformeraitenSpiderman.—Parcequeceneseraitpaslecas?arépliquéConnorensouriant.Parjeu,jeluiaidonnéunetapesurl’épaule.Iladorelessuperhéros,sonpréféréétantIronMan,

parcequeenfait,ilestdépourvudesuperpouvoirs.Toutàcoup,ilm’aparucurieuxqueConnoraitun faiblepourun typequi, sanssonarmuredemétal,était toutaussi«normal»que le restede laplanète.—Tuesheureuxd’êtreunLycan?l’ai-jequestionnétoutàtrac.—Jen’yaijamaisvraimentpensé.Pourquoi?—ÀcausedetapréférencepourIronMan.Bon,jeferaismieuxdelaisserçaauxpsys.MespenséessontretournéesàBio-Chrome.—Nousdevrionspeut-êtreinfiltrerleurcamp…Connorm’adévisagée.—C’estuneexcellenteidée!—J’aiditçaenl’air.Etpuis,quiseraitassezfoupourseportervolontaire?—Quelqu’unquipensen’avoirrienàperdre—Brittany,peut-être,ai-jeditdoucement.Jeluiaitouchélegenou.—Connor,tuespoteaveclesautresgarçons.Pourquoiaucunnes’intéresseàelle?Ilahaussélesépaules.—Vasavoir.Maiselledégageuntrucbizarre.J’aifroncélessourcils.—Qu’est-cequetuveuxdire?Ilasoupirépuisenfournéunebouchéedeviandequ’ilamâchéelentement,commepourprendrele

tempsdedigérersespensées.—C’estdifficileàdéfinir.Elleestsexyetelletientunesuperforme.Ellesefarcitunfootingde

troisbornestouslesmatinsavantl’aube,elleenchaîneavecdespompesetparfoisdelamuscu,cequej’ai toujours trouvéunpeucurieuxpuisquenous sommesdes athlètesgénétiquementprogrammés.Alorspourquoicetentraînementd’enfer?Ils’esttuuninstantpourmieuxcernersapensée.—Maiscen’estpasça,leproblème.Quandjeteregarde,jesensunlienprofond,uncontactentre

nosâmes.Deloupàloup.Mêmequandj’airencontréKayla,ilyaeuce«bang»quim’apermisdelareconnaîtrecommel’unedesnôtres.Alorsqu’avecBrittany,rien,commecesfillesquejevoissurlecampusetdontjesaisaupremierregardquecesontdesStatiques.—Pourtant,elleestl’unedesnôtres,ai-jeinsisté.—Jesais,c’estabsurde,maisjenesuispasleseulàavoirl’impressionqu’elledégagedesondes

deStatique.—Maisc’estimpossible!SesparentssontdesLycans!Oudumoins,c’étaitcequejecroyais.Jeconnaissaissamère,maisjen’avaisjamaisvusonpère.

Nimoi, ni qui que ce soit. Il vivait enEurope, où il étaitmembre d’un autre clan. Ilme semblait

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impensablequesamèresesoitmariéeavecunStatique,jen’étaismêmepassûrequ’unetelleunionpuissedonnerdesenfants.—Elledoitavoirsubiunesortedemutation.J’aisecouélatête,totalementsouffléeàcetteidée.—C’estl’unedesnôtres,ai-jerépété.—Hé,Connor!aappeléundesgarçons,interrompantnotreconversation.Maisnousenavionsfiniaveccesujet,detoutefaçon.L’idéemêmequ’ellenesoitpasuneLycan

étaittropbizarrepourêtreenvisagée.Àmaconnaissance,celanes’étaitjamaisproduit.—Lesparentsnousproposentunepartiedefoot.Pèrescontrefils.Çatetente?—Etcomment!—Alorsrendez-vousdanscinqminutesàlaclairière,a-t-ilditenpartant.—Tuviensnousregarder?m’ademandéConnor.—Biensûr.—Ettum’embrasseraispourmeporterchance?Jeluiaiadressécequej’espéraisêtreunsouriresexy.—Commesituavaisbesoindedemander…Ils’estalorspenchéetm’aembrassée.Commechaquefois, j’aiétésurprisepar lachaleurdesa

boucheetparleplaisirquejeprenaisàsonbaiser.Ils’estdétachédemoiavecunsourirejusqu’auxoreilles.—Tum’engardesunpeupourtoutàl’heure,d’accord?Quandj’auraimisuneracléeàmonpère.J’ai riet ilm’aaidéeàmerelever.Nousavonsdébarrassénosassiettesetpris ladirectionde la

clairière.Aprèsunrapidebaiser,ilarejointLucas,quil’attendaitencompagnied’autresGardiensdel’Ombre. J’avais toujours adoré le regarder bouger tant sesmouvements étaient vifs et empreintsd’élégance.Ilétaitlaperfectionincarnée.J’aipenséuninstantàchercherKaylaetBrittanyparmilesspectateurs,puisj’ailaissétomber.Je

n’étais pas d’humeur à supporter les critiques deBrittany ni le bonheur deKayla. J’étais contentepour elle qu’elle ait trouvé l’âme sœur en la personne de Lucas, un peu jalouse aussi, devant sescertitudes,moiquicommençaisàdouterdemessentimentsenversConnor.Jemesuisadosséeàunarbre,medélectantdesasolidité.Jesuisuneamoureusedelanaturesous

toussesaspects;j’ypuiseduréconfort,cedontj’avaisgrandbesoinàcemoment-là.Enregardantautour de moi, j’ai constaté que Connor avait raison. La bonne humeur habituelle faisait défaut,comme si tout le monde était conscient de la menace qui planait sur notre petite communauté siréticenteauchangement.Nousparlions toujoursde«compagnons»etseuls lesgarçonsavaient ledroitdesedéclarerpubliquement.Nousrespectionsdestraditionsd’unautreâge.Comme la nuit commençait à tomber, on a allumé quelques torches pour ceux d’entre nous qui

n’avaient pas encore vécu leur première transformation. Les autres bénéficiaient de l’excellentevisionnocturnedesloups,mêmesousleurformehumaine.Aprèslapremièretransformation,nousconservonsdéfinitivementlaplupartdessenssurdéveloppésdecetanimal.D’uncôté,jen’enpouvaisplusd’attendrecemoment,del’autre,celameterrifiait.Qu’allait-ilsepasser?Etsijemetrompaisdecompagnon?—Alors,quiestentête?Ausonfamilierdecettevoixrâpeuse,moncœurs’estemballé.Personne,àmaconnaissance,nese

déplaceaussisilencieusementqueRafe.Jemesuisretournéepourluisourireaussinaturellementquepossible,enespérantqu’iln’entendaitpaslesroulementsdetambourfrénétiquesdansmapoitrine.—Lesfils,jecrois.Pourquoitunejouespas?Ilaeuunedrôled’expressionetjemesuissouvenuequesonpèreétaitmort.—Jesuisdésolée,vraiment,je…

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—Pasdeproblème.Cen’estpasunegrandepertepourlacommunauté.—Maispourtoi,si.—Mêmepas.Enfin,c’estmoiquisuistropvieuxpourçaouc’estlesolsticeleplusennuyeuxde

touslestemps?Son père était mort dans un accident de voiture parce qu’il conduisait en état d’ivresse. Il était

évidentqu’ilavaitenviedechangerdesujetdeconversation,cequej’aiparfaitementcompris.—C’estclairementleplusennuyeux.—Tuveuxallerfaireuntour?J’aimamoto.J’aiéprouvéunepointedeplaisiraussitôtréprimée.—Merci,maisjenepeuxpas.Troprisqué.Peut-êtreparcequejeneparvenaispasàmesortircerêvedelatête,ouàcausedela

façondont ilm’avait regardéependant la réunion…Alors sinousnous retrouvions seulsdans lesbois…En vérité, je neme faisais pas confiance. Céderais-je à la tentation ? Rafe éveillait enmoi une

pulsionquim’était inconnue. Ilmedonnaitenviedenoueravec luides liens intimes,personnels–privilègequ’avaitdéjàrevendiquéConnor.Surleterrain,Connors’estélancépourrécupérerunepassedeLucas.Lesacclamationsrestaient

discrètes, par peur d’attirer l’attention peut-être. De cachés, nous étions devenus paranoïaques,commesinousavionspeurdenotreombre.—Lematchvabiendurerencoredeuxbonnesheures,tusais.Notreénergieestlégendaire.Mais

lesplusvieuxsontcommelelapinDuracell:ilsdurentbeaucouppluslongtemps…,aditRafe.—Jesais,mais…—Allez,Lindsey,c’estjusteunebaladeàmoto.C’estquandmêmeplusfunquederesteradossésà

unarbre.Ilavaitraison.Jem’ennuyaisàmouriretnousétionsamis,touslesdeux.Jepouvaisparfaitement

faireuntouravecluisanstrahirConnor,non?Biensûrquesi.MaisjenevoulaispasfairedemalàConnor, et c’était la raison pour laquelle j’ai enfouimes doutes concernant notre relation au plusprofonddemoi.—Connoretmoi…—Jesais,m’ainterrompueRafe,avecunepointederegretdanslavoix.Vousêtespromisl’unà

l’autre,etilportetonnomtatouésurl’épaule.—Toiaussi,tuenasun.Quias-tuchoisi?Normalement,lesgarçonsdéclaraientlenomdeleurcompagneavantdeselefaireinscriresurla

peau,maisRafeétaitunrebelle.—Viensavecmoi,etjetelediraipeut-être,m’a-t-ildéfiée.—JeneferairienquipourraitdéplaireàConnor.—Jeneteledemanderaipas.Ilyavaitunerésignationdansletonqu’ilavaitemployéquim’échappait.Encoreunefois,jeme

suisdemandés’ilressentaitlamêmeattirancequemoi.Etjenepouvaispasniermacuriositéquantàsontatouage.—Jenepeuxpasm’absenterlongtemps,ai-jecédé.Dès que lematch finirait,Connorme chercherait et je ne voulais pas lui donner des raisons de

douterdemaloyauté.EtplusjepasseraisdetempsavecRafe,pluslerisqueseraitgrandquejefasseunebêtise.Commevérifiersisesbaisersétaientaussiébouriffantsdanslaréalitéquedansmonrêve.—Onferavite.Ilsnevontmêmepasremarquernotreabsence,a-t-ilpromis.Jemesuiscontentéedehocherlatête.

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3

Lescheveux fouettéspar levent, telunvoilede soie flottantderrièremoi, jemesentais ivredelibertéetd’insouciance.LesbrasserrésautourdutorsedeRafe,j’avaislajouecolléecontresondoslargeet solide.Nous roulionsà tombeauouvert, tous feuxéteints. Jesavaisquec’étaitunpeu fou,maisjeluifaisaisconfiancepournepasnoustuerdanslaforêtenténébrée.MêmepourunLycan,savisionnocturneestexcellente.Je riais à gorge déployée, sans personne d’autre que Rafe pour entendre le son de ma voix

résonnerdanslesous-bois.Sonriretonitruantrecouvraitlemien.Toutecettejoieétaitmerveilleuseaprès la sinistre ambiance de la fête du solstice transformée, à cause de Bio-Chrome, en veilléefunéraire.RafeetmoiavonstouslesdeuxgrandiàTarrant,unepetitevillesituéeàl’entréeduParcnational.

Malgré nos deux ans d’écart, nous avons fréquenté lesmêmes écoles et avonsmême eu quelquescoursencommun.J’étaistrèsbonneélève,alorsqueluinon.Jesuisuneintelloetluiestunmanuel.Ilalaréputationd’êtreunasdelamécanique,uncrackencequiconcernelesmoteurs.Lapreuve

dece talent ronronnaitsousmesfesses :c’étaitunprototypede tout-terrainàdeuxrouesmotrices,quelespiresescarpementsneparvenaientpasàmettreendéfaut.Nousavonsprisunvirageparticulièrementserréautourd’untroncetjel’aiagrippéencoreplus

fort enme retenant de hurler.Mon cœur battait à toute allure sous lamontée d’adrénaline. Il s’estremisàrire,àcauseduplaisirqu’iléprouvaitàflirteravecledanger.Iln’apeurderien.Dansungranddérapagedelarouearrière,ilnousaarrêtéstoutenhautd’unefalaise,auborddu

vide.Ilaéteintlemoteurettoutestdevenusilencieux.Jesuisdescenduedelamotopourmeremettreles idéesenplace,mais jenem’attendaispasàcequemes jambes flageolent. J’ai failli tomberenarrière,etRafem’aattrapéeparlebras.Jenel’avaismêmepasvubouger,uneautreconséquencedelatransformation,quiconfèreunerapiditésurhumaine.Ilm’aattiréecontreluipourmesoutenir.Jesavaisquej’auraisdûlerepousseretpréférerlachuteàcetteétreinte.C’étaitmaldemeblottircontrelui,maisc’était sibon !Pourquoiétait-ce sidifférent avecConnor?Dans lesbrasdeRafe, jemesentaisensécurité,commesiriennepouvaitm’arriver.—Çavapasser,amurmuréRafe.Jel’aientendurespirermonodeur.L’odoratestl’undessenslesplusdéveloppésdesLycans.Nous

n’aimons pas particulièrement les parfums ou tout ce qui est artificiel. Nous réagissons auxphéromones,quiconstituentlaquintessenced’unepersonne.—Pourquoiest-cequeçanetefaitpaslamêmechose?luiai-jedemandé,lesoufflecourt.Être si près de lui m’empêchait presque de respirer, ce qui n’arrangeait pas mon équilibre

défaillant.—Parcequej’ail’habitudedefairedelamoto.Son odeur dense et puissante envahissait mes narines. La chaleur réconfortante de son corps

irradiaitàtraverssonT-shirtquilemoulaitcommeunesecondepeau.J’avaisenviedepasserlerestedelanuitblottiecontrelui,maistropderaisonsm’empêchaientdelefaire.Ouplutôt,uneseule,maisessentielle :Connor. Jamais jen’auraispu le tromperet j’essayaisdemeconvaincrequemapetiteescapadeavecRafeneconstituaitpasdéjàunetrahison.Jen’avaisrienfaitderépréhensible.Oùétaitlemalàfaireuntourdemotoavecungarçoncanonquis’étaitinvitédansmonrêvedelaveille?Jen’étaisquandmêmepasresponsabledemesrêves!—Çavamieux,luiai-jeassuréenlerepoussantdoucement.Ilm’alâchéeavecuneréticencemanifeste.Toutàcoup,j’aicommencéàcraindredem’êtremise

dansunesituationcompliquée.Peut-êtrequ’àsesyeuxjereprésentaisuneéchappatoireagréableàune

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soiréeennuyeuse…Jel’aicontournépourmedirigeravecprécautionversleborddelafalaise,tâtantleterraindubout

du pied avant de peser de toutmon poids.Comme j’avais grandi près de ces bois, ils avaient faitofficedeterraindejeuetj’yétaischezmoi.Enregardantenbas,jenevoyaisqu’ungouffresombre,maisjesavaisqu’unepenteraiderecouverted’arbresetdebuissonsmenaitàunevallée.Seuleslesétoiles permettaient de distinguer le sol du ciel nocturne, qui était si immense qu’ilme faisaitmesentirminuscule.Rafes’estapprochédemoiàpasdeloup.—Troptardpourfairelevœudelapremièreétoile,j’imagine,a-t-ilditdoucement,savoixrauque

portéeparladoucebrisequisoulevaitmescheveux.—Ohoui,elleestapparueilyadesheures.—Laquellecrois-tuquec’était?Rafeétaitunguerrier,unprotecteur,unGardiendel’Ombre.Jen’auraisjamaisimaginéqu’ilse

laisseraitalleràfairedesvœux.J’aicependantlevél’index.—Celle-là,prèsdelaGrandeOurse.—Elleferal’affaire.Jesouhaiteque…J’aiviteposéundoigtsurseslèvreschaudes.—Situledisàvoixhaute,ilneseréaliserapas.—Commeilteconcerne,ilneseréaliserapasdetoutefaçon,saufsitul’entends.Ànouveau,jemesuisreprochéd’avoirquittélafêteetdem’êtremisedanscepétrin.J’ailegoût

durisque,maisleschosescommençaientvraimentàsecompliquer.Nousentrionsdansunterritoireinconnuaussiexcitantqu’effrayant.—Nedisrienquetupuissesregretterplustard,l’ai-jeprévenu.—Jepensetrèssouventàt’embrasser.Pas vraiment ce que je souhaitais entendre. Bon, trêve d’hypocrisie…Comme n’importe quelle

autrefille,j’appréciaisl’idéequ’ungarçoncraquantaitenviedem’embrasser.— Tu ne devrais pas, ai-je insisté avec entêtement pour essayer de garder sous contrôle une

situationquicommençaitàm’échapper.—Jenedevraispasnonplustevouloirpourcompagneetpourtantc’estlecas.Son aveum’a abasourdie.Certes, nous avions passé pasmal de temps à nous observer,mais il

n’avaitjamaismanifestéouvertementsessentiments.J’aieul’impressionquelesolsedérobaitsousmespieds.—Maisalorslafilledonttuastatouélenomsurtonépaule…Les symboles celtiques que nous utilisons sont très complexes et indéchiffrables àmoins d’être

expliqués.—Allons,Lindsey,jesuiscertainquetuascompris.J’enaieularespirationcoupée.— C’est moi ? Mais pourquoi ? Tu savais pourtant que Connor et moi… que nous étions…

Pourquoimechoisir,moi?—Parcequec’esttoiquejeveux.Ilyavaitune telleassurancedans savoix,une telleabsencededoute…Comment faisait-ilpour

êtresisûrdelui?—Tune…Tuneparlespassérieusement!Voyons,Rafe,tusaisbienquejesuisavecConnor.—Pourquoi?Parcequetuastoujoursétéaveclui?Ets’iln’étaitpaslebon?S’iln’étaitpasle

compagnonquiteconvient?L’entendreénoncermespropresdoutesàvoixhauteadéclenchémacolère.

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—Pourquoimedireçamaintenant?Pourquoinepasl’avoirfaitunanplustôt,avantqueConnornesedéclare?—Parcequel’annéedernière,jel’ignorais.Lapremièrefoisquejet’aivue,enrentrantdelafac,

c’étaitcommesilecielm’étaittombésurlatête.J’aiessayédeluttercontrecette…attirance,crois-moi.Maisellenefaitqu’empirer.J’étaisbouleversée.Jenesavaispasquoirépondreetmonesprittournaitàvide.—Çanet’arrivejamaisd’avoirenviedem’embrasser?a-t-ildemandé.Monrêvearesurgiavecforce.Manifestement,moninconscient,lui,avaitfaitplusquel’envisager,

maisjen’étaispasprêteàlereconnaître.—JesuisavecConnor,ai-jerépété,butée.Je sortais avecConnordepuis l’âgede seize ans.Pourmoi, il était commeunvieux jeanqu’on

continueàportermêmetoutrâpéetdélavéparcequ’aufildutempsilaprislaformeparfaite.—Tunerépondspasàmaquestion,a-t-ilinsisté.—CeneseraitpasjusteenversConnor.Jen’avaispasl’intentiond’enadmettreplusetjen’allaissurtoutpasluidirequ’àcetinstantprécis

riennemetentaitplusquedel’embrasser.Ilapousséunprofondsoupir.—SiseulementConnorétaitunsaletype,leschosesseraientbeaucoupplussimples,ilmesuffirait

deledéfier…—Pasquestion!ai-jepresquecrié,auborddelapanique.Noussommeshumains,maisnostraditionsrelèventdumondeanimal,etpournous,undéfinese

lancepasàlalégère.Undéfi,dansnotremonde,signifieuncombatàmort.—Doncilcomptepourtoi,a-t-ildit,apparemmentsurpris.—Biensûrqu’ilcomptepourmoi.—Maisest-cequetul’aimes?Alorsquej’auraisdûrépondreparun«oui»tonitruant,mesdoutesontrefaitsurface.Aimais-je

Connord’amour?Rafecontemplaitlecielcommes’ilallaitydécouvrirlaréponsequ’ilattendait.Lafaiblelumière

ducroissantdeluneetdesétoilesdessinaitlalignevolontairedesonmenton,sonnezdroit.Toutdanssasilhouettedégageaitdelapuissance.Ilavaittoujourssembléplusvieuxetplusfortquelesautres.Peut-être parce que, avant d’être sherpa, il avait travaillé dans le garage de son père. Il y bossaitencorelanuit.Ilm’arrivaitsouventd’yvoirdelalumièreenpassantetàl’occasionj’avaissongéàm’arrêter,mais,toutcommemaintenant,jesavaisquec’étaitunemauvaiseidée.Àl’instardesStatiques,lesnôtresexercentuneprofessiondanslemondeextérieur.Monpèreest

avocatetpartageuncabinet florissantavec lepèredeConnor.Jen’ai jamaismanquéderienalorsque Rafe a toute sa vie désiré des choses qu’il n’avait pas les moyens de s’offrir. S’intéressait-ilsoudainàmoiparcequej’étaisinaccessible?Aulieuderépondreàsaquestion,j’aitentéuneinterprétationdemoncru.—Peut-êtreme veux-tu parce que tu sais que c’est impossible. La tentation du fruit interdit, en

somme.Ils’estdéplacépourmefaireface.—Tulecroisvraiment?—Jenesaispas.Peut-être.— Il serait très facile de le découvrir… Embrasse-moi, m’a-t-il défiée. Si c’est le cas, un seul

baiserdevraitrassasiercettefaimquej’aidetoi.—Faim?Ondiraitquetut’apprêtesàmedévorer.

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—Etcen’estriencomparéàl’instinctprimairequejeressens,Lindsey.Commesileloupenmoinepouvaitpluscontenirsonimpatiencedevoirletienémergerenfin.—Ilnes’agitqueduloup,alors?—Lesdeuxsontliés.Cenesontpasdeuxêtresdifférents.Jesuishumainetjesuisloup.Jen’arrête

pasdepenserà toi, jeveuxsanscesse t’embrasser…Jeveuxêtreavec toipour tapremièrepleinelune.Son intensitéme terrifiait.Contrairement àConnor, toujours le rire auborddes lèvres,drôle et

taquin,Rafeétaitsombre,inquiétantetsérieuxàl’extrême.Jemesuistournéeversluiet,brusquement,lesols’estéboulésousmespieds.J’aicriéenagitant

lesbrasdanslevidealorsquejecommençaisàtomber.Rafem’aattrapéemaisj’étaisdéjàtropbaspourqu’ilpuissemeremontersurlacorniche.Alorsils’estenrouléautourdemoipourm’accompagnerdansmachuteverslefonddugouffre

obscur.

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Àmagrandesurprise,laréceptionn’apasétéaussidouloureusequejel’avaisimaginée.Rafeavaitamortima chute, tel un bouclier protecteur. J’avais atterri à califourchon sur lui, son bras encoreserré autour demes épaules.Mon visage était enfoui au creux de son cou et son odeur enivranteemplissaitmesnarines.Immobilecommeunepierre,ilalaissééchappéungrognementsourd.—Çava?luiai-jedemandé.—Ouais.À sa façon d’expulser lemot, j’ai compris que je l’empêchais de respirer. Pourtant, je n’ai pas

bougé, ravie de sentir son corps ferme sousmoi. Il aurait suffi qu’il tourne un peu la tête, que jerelèveàpeinelamienneetnosbouchesseseraienttouchées…—Tun’auraispasdûmeracontertoutça,Rafe,luiai-jechuchoté.Alorsquejecherchaisàleréprimander,ilyavaitplusdedouceurquedecritiquedansmavoix.—Ilfallaitquetusaches.—Ilesttroptard.—Non,c’estfaux,a-t-ilrétorquéavecforce.Nousavonsjusqu’àlaprochainepleinelune.JenepouvaispasfaireçaàConnor.EtquantàcequejeressentaispourRafe,ehbien,c’étaitpeut-

êtredûàunecrisededémencepassagère.—Jet’aivuem’observer,a-t-ilajouté.Jemesuisditquetupartageaispeut-êtremessentiments.—Tuveuxlavérité?Jen’aipaslamoindreidéedecequejeressens.J’airampésurlecôtépourm’asseoirprèsdelui.Ilfaisaittrèsnoir,maisunnouveaugémissement

m’aapprisqueRafes’étaitredressé.—Tuessûrqueçava?l’ai-jeinterrogédenouveau.—Pastropmal.Quevoulait-ildire?Cependant,commeilyavaitunetouched’énervementdanssavoix,jen’aipas

insisté.Sonegoenavaitprisuncoup.J’avaisenviedeluiparlerdemonrêve,deluiconfirmerquejel’avaisobservéetquejepensaisbeaucoupàluidepuisquelquetemps,maiscegenredeconfessionneferaitqu’empirerleschosesetrendrelasituationencoreplusdifficilepournousdeux.MieuxvalaitoubliertoutecettesoiréeetretourneràWolfordsanssefaireremarquer.—Bon,commentfait-onpourrentrer?luiai-jedemandé.—J’yvoiscommeenpleinjour.Jevaisteguider.Jemesuisrelevée,ilm’aprislamainetl’aplacéedanssondos.—Accroche-toiàmaceinture,commeçatun’auraspasdedifficultéàmesuivre.—Ceneseraitpasplussimplequetutetransformesenloup?—Pas avantd’être arrivésdansunezoneéclairée.Tupourraispeut-êtreutiliser lepharedema

moto…—Jenecomprendspas.—Lindsey,jemesuismalreçutoutàl’heure.Jecroisquej’ailebrascassé.—Oh,monDieuRafe!Maispourquoinel’as-tupasditplustôt?—Parcequeçan’yauraitrienchangéetquejenevoulaispast’inquiéter.—Quelleattitudede…mec!Ila ri,alorsque j’étaisauborddes larmes.Jecomprenaismieuxsadifficultéàparler : il luttait

contre ladouleur.J’hésitaisentremeradoucirparcequ’ilcherchaitàm’épargneretm’indignerdesonentêtementàsetairequandilavaitmanifestementbesoind’aide.J’aidécidéderesterneutrepourluidemandersic’étaitsérieux.

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—Assezsérieuxpouravoirbesoinquetumaintienneslesdeuxboutsdel’osenplacependantunmomentaprèsmatransformation,afinqu’ilseressoudecorrectement.L’un des avantages de notre forme animale réside dans la rapidité avec laquelle les cellules se

régénèrent.Àmoinsderecevoiruneblessurefataleàlatêteouaucœur,ouencored’êtreattaquéavecunearmeenargent,nousguérissonstrèsvite.—Ondevraits’enoccuperavantdetenterderemonterlà-haut,luiai-jedit.—Tunevasrienyvoir.Ce qui n’était pas forcément une mauvaise chose, étant donné qu’il lui fallait se déshabiller

entièrementpourpouvoirsetransformer.—Ilmeresteletoucher.C’estquelbras?—Legauche.Super.Ilétaitgaucher.Ilallaitluifalloirgrimpertoutenhautavecunseulbras,etencore,passon

plus costaud. Commemamain agrippait toujours sa ceinture, j’avais un bon point de départ. J’aidélicatementpassélamainsoussonT-shirt,remontélelongdesondos,puissursonépauleetenfinsonbras…—Oh,monDieu,Rafe!ai-jecriéquandmesdoigtssontentrésencontactavecunesorted’arête

tranchantequidevaitêtredel’os.Ilaprisuneinspirationnerveuse.J’aisentil’odeurmétalliquedusangetmamains’estcouverte

d’unliquidechaud.L’osavaittranspercélapeau.—Tucroisquetuaslebrascassé?!—Jenevoulaispast’inquiéter,a-t-ilrépété.J’enaieuleslarmesauxyeux.Ildevaitsouffrirlemartyre.Aussidoucementquepossible,j’aifait

passersonT-shirtpardessussatêtetandisqu’ilretenaitungémissementdedouleur.Pourlapremièrefoisdepuisdessemaines,j’auraisvouluqu’unebellepleineluneilluminelecielafindemieuxyvoir.Aulieudecela,leminusculecroissantetlesraresétoilesquinoussurplombaientnem’aidaientpasbeaucoup,pasplusquedenoustrouvertoutenbasdelafalaise,aumilieudesarbresetdesbuissons.UnefoisdébarrassédesonT-shirt,iladit:— Je peux me charger du reste. Attends-moi là et quand je reviendrai, tu devras chercher la

blessuresurmapatteetmaintenirl’osenplace.—D’accord.SonT-shirt toujoursà lamain, jemesuiseffondrée sur le sol, lespieds repliés sousmoi.Cette

histoiresonnaitleglasdenosplansdedisparitiondiscrète,alorsquenousaurionscertainementdéjàétéderetoursijel’avaislaissém’embrasser.J’aientendulesbuissonsbruisserquandRafeaenlevésesbottesetsonjean.Jemesuisinterditde

l’imaginernu.Satransformationneprendraitmêmepasuneseconde,elleseraitplusrapidequejenepouvaisl’imaginer.C’étaitàpeinesijepouvaisdevinersasilhouettelorsqu’ils’estavancéversmoisouslaformed’un

loupquiboitait.J’étaissoulagéequelafaiblelumièredelalunenemepermîtpasdevoirladouleurdans ses yeux.Quand il a posé sonmuseau surmes cuisses, j’ai enfoncémes doigts avec la plusgrande douceur dans son épaisse fourrure en suivant la courbe de son épaule jusqu’à sa patteantérieuregauche.—Çavavraimentfairemal,jesuisdésolée,luiai-jeditenreplaçantd’uncoupsecl’oscassé.Ils’estraidi,maisn’apasémisunson.Mêmesoussaformeanimale,ilrestaitunsacrémacho.—Çadevraitallermaintenant,ai-jeaffirmésanspouvoirretenirunrired’autodérision.Jenesais

paspourquoijecontinueàparleràhautevoix,parceque,maintenant,tupeuxliremespensées,non?J’aimeraispouvoirlirelestiennes.Oupeut-êtrequenon,parcequ’ellesdoiventêtresubmergéesparladouleur.

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Quand nous nous transformons, nous devenons télépathes, ce qui nous permet de communiqueraveclesautresloups,etenbonus,delirelespenséesdetousceuxquinousapprochent.Pourmefairetaireoupourmerassurer,Rafealéchémonavant-bras,alorsquejebrûlaisd’envie

d’enfouirmonvisagedanssafourrurepourpleurer.Jenesupportaispasdelevoirsouffrirainsietdenerienpouvoirfairepourl’aider.Jemesentaistotalementimpuissante.Ilm’aléchédenouveau.—C’estpasdujeu,ai-jedit.Situcroisquej’ignorequec’estunbaiserdeloup,tutetrompes.J’aiessayédevidermonespritdansl’espoirqu’ilneperçoivepasleplaisirquejeressentaisàme

tenirprèsdelui,mêmeenloup.Puisj’aiprisconsciencequelesangavaitcessédecouler.J’aiprislerisquedepasserledoigtslàoùlachairétaitdéchirée:lapeauyétaitdouce,déjàguérie.Encequiconcernaitlesmusclesetlesos,celaprendraitcertainementunpeuplusdetemps.MalgrémeseffortspourdissimulermespenséesàRafe,jenepouvaispasm’empêcherd’admirer

sabeautésoussaformeanimale.Jel’avaisdéjàvuainsiauparavant,aussipeuimportaitl’obscurité.Messouvenirsmesuffisaient.Safourrureétaitaussinoirequesescheveux,sinoirequ’elleenprenaitparfoisdesrefletsbleunuit.Unefourruresuperbe,laplusbellequej’aiejamaisvue.LepelagedeLucasétaitunmélangedemèchesnoires,blanches,grisesetmarron.Connor,avec

sescheveuxblondsable,tiraitsurledoré.Etmoi,avecmescheveuxblondplatine,quelgenredeloupje ferais ? Allais-je ressembler au loup arctique ? Allais-je être belle ou devrais-je me contenterd’êtrebanale?Bonsang,jegaléraisdéjàbienassezcommeça,avecmacoiffure,monmaquillageetmeshabits,

pour être sûre de toujours avoir l’air sexy, je n’allais pas en plusmemettre à paniquer surmonapparencedeloup…Rafeapoussémonbrasduboutdesonmuseaupourmefairecomprendrequejepouvaislâchersa

patte.Jeluiaicaressélecou.Safourrureétaitsoyeusesousmesdoigts.—Tudois être épuisépar leprocessusdeguérison, sanscompter la transformation.Repose-toi

encoreunpeu,luiai-jeconseillé.Tuesbeau,ai-jepensé.Jamaisjen’auraispuleluidireàhautevoix.Delamêmefaçonquejene

luiauraispasavouéquejeletrouvaiscanonsoussaformehumaine.Mespenséesprenaientuntourdangereux,interdit.Pourymettrefin,jemesuismiseàfredonner

unechansondeNineInchNails,dansl’espoirdenoyermoncerveausousunedéferlantederythmeschaotiques.Rafes’estécarté,meprivantdesachaleuretde ladouceurdesafourrure.J’aurais tantvoulu le

rappeleràmoi.Quelquechoseaatterrisurmescuisses.—C’estmeshabits.Ilavaitreprisformehumainepourmefairesavoirquesonbrasétaitguéri.—Accroche-toiàmafourrure.Jesuisplussolideetj’ailepiedplussûrsousmaformedeloup.Le temps de faire un ballot de ses vêtements, il s’était de nouveau transformé etme poussait la

jambedumuseau.J’aiempoignéunegrossetouffedepoilsetl’ailaissémeguider.L’ascensionétaitlenteetpénible.J’aiperdul’équilibreàplusieursreprises,cequim’afaitglisserdequelquesmètres,maisilm’aencouragéeensilencepardepetitscoupsdetêtejusqu’àcequenousarrivionsenfinausommet.J’aiposésesvêtementsprèsde lacornicheet jemesuisapprochéede lamoto.Pendantqu’il se

transformait encore une fois pour se rhabiller derrière moi, j’ai vainement essayé de ne pasm’imaginerlascène.—Mercipourtonaide.J’aisursautéetmesuismiseàrireavantdemeretourner.—Jenet’entendsjamaisarriver.

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—Noussommesfurtifsparnature, toujoursà l’affûtd’unéventuelprédateur,a-t-il répondu, lesyeuxbraquéssurmoi.Tuneveuxtoujourspastestermathéoriesurlebaiseravantderentrer,n’est-cepas?Plusquejen’osel’avouer,mesuis-jedit.—Non,c’estunetrèsmauvaiseidée.—Çadépenddupointdevue.Ilm’acontournéepourgrimpersursamotopuisadémarrélemoteur.Etcettefois,ilaalluméson

phare.—Grimpe.Tâchonsd’êtrederetouravantqu’onneremarquenotreabsence.Jecraignaisqu’ilnesoitdéjàtroptardpourça.Jesuismontéederrièreluietj’aiglissémesbras

autourdesataille.Ilatournélatêtesurlecôté.—Lindsey?—Oui?—Moiaussi,jetetrouvebelle.Il a fait rugir lemoteur et nous nous sommesmis en route avant que je puisse répondre. Tant

mieux,parcequejen’auraispassuquoidire.Maisduranttoutletrajetderetour,unechansonjoyeusem’atrottédanslatête.

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5

En arrivant à Wolford, Rafe a déverrouillé le portail au moyen d’une carte magnétique, ajoutrécentànotresystèmedesécurité.Danslazonedeparking,ilnerestaitplusquedeuxoutroisjeepsou4×4:ilétaittardetlafête

étaitterminée.Lesilencerégnaitalorsquenousavancionsverslegrandmanoir.—Vas-yd’abord,m’aditRafeens’arrêtant.Ilnefautpasqu’onnousvoieensemble.—Tuasraison.Quelle catastrophe si nous tombions par hasard surConnor !Aucune explication ne tiendrait la

route.—Mercidem’avoirsoustraiteunmomentàlamorositéambiante.—Oui,etd’avoirfaillitetuer,cefaisant.—C’estmafaute,vraiment.J’aiassezrandonnédanscetteforêtpoursavoirqu’ilnefautjamaisse

tenir tout au bord d’une falaise, ai-je répondu en riant. Je voulais te demander si tu avais pensé àBrittany,tusais,commecompagne.Elleestdisponible.—Qu’est-cequeturacontes?s’est-ilesclafféavecunriresarcastique.—Jeteproposeunesolutionderechange.—Je n’enveuxpas. Je ne ressens pas ce genre de faimpourBrittany.Elle ne suscite chezmoi

qu’unelégèrecuriositéetunedouceamitié.Jemedemandejamaiscequeceseraitdel’embrasser,jen’éprouvepaslebesoindem’allongerprèsd’ellepourenroulermoncorpsautourdusien…Ils’estpenchéversmoipoureffleurermajouedeseslèvres,toutenrespirantprofondémentmon

odeurdansungested’uneintimitéenivrante,avantdecontinuer:—Sonodeurmelaissefroid,jenerêvepasd’elle.C’esttoiquejeveux.Avant que je ne puisse lui répondre, il a tourné les talons et s’est éloigné.Mon cœur battait la

chamadeetmabouche était sèche.À l’évidence, il nebaissait pas lesbras et jene savaispas si jedevaisenêtreflattéeoum’eninquiéter.Pourunpeu, jemeserais lancéeàsapoursuitepour tenterde leramenerà laraison.Aulieude

cela, je l’ai laissépartir, refusantde reconnaîtrequ’au fonddemoi j’étaisheureusequ’il ait rejetémonidéeàproposdeBrittany.Qu’est-cequimeprenait?Àl’intérieur,quelquesrareslampesétaientrestéesalluméesetriennetroublaitlesilence.Toutle

mondedevaitêtreendormi.Jemesuisdirigéeversl’escalier.—Lindsey?Connor!Moncœurs’estpresquearrêté.Jemesuisretournéepour ledécouvrirsur lepasde la

portedel’antichambre.J’aiavalémasaliveàgrand-peineavantdeluidirebonsoir.Ils’estapproché.—Oùétais-tupassée?Jet’aicherchéepartout.J’aihaussélesépaules.—L’ambianceétaitsiglauquequej’aieuenviedem’isolerunmoment.Ilm’adévisagéeavecsesbeauxyeuxbleuoutremer,etpendantuninstant,j’aieul’impressionqu’il

étaittriste.J’auraisvoulum’excuserd’êtrepartieavecRafe,maisj’aicraintd’aggarverleschoses.Ilétait essentiel pourmoi denepasblesserConnor, ce qui arriverait à coup sûr si je lui révélais lavérité.Ils’estcontentédehocherlatête.—Jevoulaistedirequetouslessherpasdoiventrepartirdemainmatinversl’entréeduparcpoury

retrouverlegroupedescoutsquinousaengagés.Jemesuisditqu’onpourraitprofiterdelajeepdeLucas.—Çamarche.

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—Trèsbien.Bonnenuitalors.J’aurais voulu ajouter quelque chose, mais la culpabilité me rongeait. Je me suis dépêchée de

monterl’escalierpourm’enfoncerdansl’enfiladedecouloirsquimenaitàmachambre.Audétourd’uncoude, j’aiaperçuKaylaetLucas langoureusementenlacésdevantunefenêtrebaignéedansladoucelumièredelalune.L’ambianceentreeuxétaitsichaudequej’étaissurprisedenepasvoirlesvitrescomplètementembuées.Perdusdansleuramour,ilsnem’avaientpasentendue.Jesuisrevenuesurmespasleplussilencieusementpossibleavantdem’accroupir,ledosaumur,

luttantcontreuneabsurdeenviedepleurer.Jen’aipasla larmefacile,mais toutàcoup, jemesuissentieterriblementseule.Pourquoi Connor et moi ne nous étions pas éclipsés pour une petite séance câlin ? Où était la

passionentrenous?Viendrait-elleaprèsmatransformation?J’airepenséàRafeetàl’enviequej’avaiseuequ’ilm’enlace,qu’ilm’embrasse,qu’ilmetouche.

Jemesuisrappeléladifficultéaveclaquellejem’étaisécartéedeluiquandtoutcequejesouhaitais,c’étaitdemeblottirdanssesbras.Maisilnedevaits’agirquededésir,unesimpleréactionphysique,alorsquel’amour,c’étaitplusqueça:unélandel’intérieur,ducœuretdel’âme.Lachoselaplusfondamentale,laplus…MespenséessesontarrêtéesnetquandLucasafaillibutersurmoi.—Oups!Oh,Lindsey,désolé!—Soyezplusdiscrets,laprochainefois,l’ai-jetaquinéenmerelevant.Ila lâchéunpetitgrognementgêné.Si lecouloirn’avaitpasétéaussisombre, j’auraispeut-être

mêmepulevoirrougir.C’étaitlegarçonleplussecretquej’aiejamaisrencontré.Jen’aiapprisqu’ils’intéressaitàKaylaqu’unefoisleurunionscellée.J’avais conscience que Lucas m’étudiait attentivement. Rien ne lui échappait et je n’étais pas

d’humeur.—Bonnenuit,ai-jedit.Avantquej’aiepufaireunpas,ilm’aattrapéeparlebras.—Çava?Tuasl’air…distraite.Comment réagirait-il si je luiavouaisdouterdemessentimentspourConnor? Ilétaitamiaussi

bienavecConnorqu’avecRafe,cequilemettraitforcémentdansunesituationdélicate.Jepréféraisnepastropdivulguerl’information.—C’est justeque jesuis tombéesurunescèneclasséeXetque j’aiessayédenepas lavoir.Et

maintenantjevaismecoucher.À mon grand soulagement, Lucas a lâché mon bras. En tant que chef de meute, il se sentait

responsabledechacund’entrenous,maisàmonavis,ilnepouvaitrienpourmoidanscecasprécis.KaylaétaitassisesursonlitetBrittanyfaisaitdesexercicesdegymsuruntapisdesol.Àenjuger

par la transpiration qui perlait sur son front, j’ai estimé qu’elle devait bientôt avoir fini ses centpompesrituellesavantlecoucher.Pourmapart,jepréféraismepelotonnersousmacouetteavecunbonroman.—Maisoùétais-tupassée?m’a-t-elledemandéentredeuxpetitesinspirationsrapides.—J’étaisavecConnor.—Bizarre,parcequ’iltecherchaitpartout.Jemesuisjetéesurmonlitavantd’enlevermestennis.—J’avaisjusteenvied’êtreunpeuseule.Elleaarrêtésespompespourfairedesétirements—Alorspourquoituneledispastoutsimplement?Àcausedemonsentimentdeculpabilité,ai-jepensé.—Parcequejen’aimepaslesinterrogatoires.

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—C’étaitjusteunequestion.Pourtenterdemedécontracter,j’airoulélesépaules.—Désolée.CettehistoireavecBio-Chromemeportesurlesnerfs.J’ailancéuncoupd’œilendirectiondeKaylaquibrossaitseslongscheveuxroux.—Normalement,lafêteduSolsticeestplus…festive.—Moi, jemesuisbienamusée!s’est-elleexclamée.J’aipuparleravecdes tasdegensquiont

connumesparents.Mesparentsadoptifs sont superet tout,maisavantcetété, jenem’étais jamaissentievraimentàmaplace.Alorsqu’icij’ail’impressiond’êtrederetourchezmoi.LesparentsdeKaylaétaientmortsquandelleétaitpetiteetelleavaitétéadoptéepardesStatiques.

Découvrirl’existencedesLycansavaitdûêtreunsacréchoc.J’aiattrapémonsacàdospourensortirundébardeuretunshortencoton.Aprèslesavoirenfilés,

jemesuisassiseentailleursurmonlit.Brittanyavaitfinisaséance.C’étaitlemomentidéalpourunepetiteconversationentrefilles.—Dis-moi, Kayla, les garçons ne racontent jamais ce que ça fait de se transformer. Comment

c’est,lapremièrefois?—Oh!Commentt’expliquer?Elles’estadosséeàlatêtedelitavantdefermerlesyeuxencroisantlesmains.—C’estsiintense!Unmélangedeplaisiretdedouleur.Tunecomprendspasvraimentcequetu

ressenspuis…BOUM!Ilyaunesurcharged’énergieetsoudaintoncorpsauneformedifférente,tonespritestplus…aiguisé.Elleasouridoucementetrouvertlesyeux.—C’estgénial,a-t-elleconclu.—Ilparaîtqueladouleurestinsoutenable,estintervenueBrittany.Kaylaahochélatête.—Ellel’estsitul’affrontesseule,commelesgarçonslefont.Lucasmel’arenduesupportable.—Tupensesquetuauraiseuplusmalsitun’avaispasétéamoureusedelui?l’ai-jequestionnée.—Ce n’est pas quelque chose que j’aurais voulu vivre avec quelqu’un dont je n’aurais pas été

amoureuse.C’esttroppersonnel.Pile ce que je ne voulais pas entendre. J’avais de l’amour pour Connor, mais en avais-je

suffisamment?—Ondiraitquejesuisfichue,acommentéBrittany.Soitj’affronteçaseule,aurisqued’ylaisser

la vie, soit je vis une expérience ultra intime avec quelqu’un qui m’est indifférent, ce qui a l’airpresquepire.—Quelqu’unsedéclarerapourtoi,ai-jeinsisté.—Ilnerestequequinzejours!Enplus,jeneveuxpasdupremiergarçonvenu.Jeveuxquelqu’un

quimeregardecommeLucasregardeKayla,commesij’étaislahuitièmemerveilledumonde.Kaylaestpartied’unrireléger.—Ilmeregardevraimentcommeça?—Ohqueoui!ai-jeconfirmé.CelaavaitétécurieuxdevoirLucas,toujourssifortetsûrdelui,tomberamoureuxfou.Àl’instar

detouteslesfilles,jerêvaisd’ungarçonquiconsidéreraitquej’étaislafemmedesavie,avectoutceque cela comportait de romantique et de terrifiant. De nos jours, les filles ne sont pas supposéess’engageraussijeunes,maisnotreespèceestàpartetnotrephilosophedevieestfondéesurlanotiondedestin.—Ettuleregardesdelamêmefaçon,ai-jeajouté.Ungrandsourireestapparusursonvisage.—C’estbienpossible,jel’aimetant!

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— Peut-être que le garçon destiné à être ton compagnon ne t’a tout simplement pas encoreremarquée,Brittany,ai-jerepris,tâchantd’êtrepositive.Ilétaittrèsrarequ’unefillearriveaussiprèsdelapleinelunesansqu’ungarçonsesoitdéclaré.—Oui,c’estça.Etilvatomberducielaucoursdesdeuxprochainessemaines,hein?Arrêtede

raconter n’importequoi.Bonnenuit, a concluBrittany avant d’éteindre sa lampede chevet, cequinousaplongéesdanslenoir.J’avais de la peine pour elle, mais elle n’aurait surtout pas voulu de ma pitié, parce qu’elle

cherchaittoujoursàprouversaforcedecaractère.J’étaisencoretropagitéepourmeglissersouslescouvertures.J’avaispeurdefaireunrêvedans

legenredeceluide laveille.Jemesuisapprochéedelafenêtrepour jeteruncoupd’œilentre lesrideaux. Toute cette conversation à propos de trouver son âme sœur et de traverser sa premièretransformationauprèsdequelqu’unquel’onaimevraimentm’avaitlaisséunesensationdevideetdeconfusion.Connorseraitàmescôtés.Pourquoicelanemerassurait-ilpas?Lebruitlégerdepiedsnussurlesolm’asortiedemesréflexions.—Toutvabien?achuchotéKayla.—Oui,ai-jerépondu,toutaussibas.Brittanys’endormaitgénéralementenunclind’œil,maisjenevoulaispasrisquerdelaréveiller,

parcequecontrairementàKayla,elleneviendraitpasmeréconforter.—Tusais,aprèslapremièretransformation,toustessenssontexacerbés,achuchotéKayla.—Oui,jel’aientendudire.Jenevoyaispasoùellevoulait envenir.Contrairement à elle, c’étaitmonunivers.Mesparents

étaientdesLycansetj’avaisgrandientouréedeLycans.—C’estl’odoratquis’estleplusmodifiéchezmoi.Depuis,quandj’entredansunepiècepleinede

gens,jesuiscapabledereconnaîtrel’odeurdechacund’eux.Commemaintenantparexemple.JesensdelégèrestracesdeConnoretunetrèsforteprésencedeRafe.J’étaisgrillée!—Etalors?luiai-jerétorqué,exaspéréeparsonodoratsurpuissantetunpeupaniquéeàl’idéeque

Connoraitpudétecterlamêmechose.C’étaitpeut-êtrepourçaqu’ilm’avaitparudistant.—TuaspassébeaucoupplusdetempsavecRafequ’avecConnor.Çanemeregardepas,maissitu

veuxenparler…Tuesmameilleureamie,jesuislàsituenasbesoin,m’a-t-elleditavecunegentillepressiondelamainsurmonépaule.— Je ne sais plus où j’en suis, Kayla. J’imagine que ce lien qui se crée lors de la première

transformation…—Celiendoitêtreprésentavantlapleinelune,Lindsey.Certes,ilserenforceensuite,maisillui

fautunsoclepréexistant.—Connorestquelqu’undebien,ileststableetjepeuxcomptersurlui.Cela suffisait-il ?Si je lui révélaismesdoutes, perdrais-je son amitié ?Me serait-il possiblede

m’enpasseraprèstoutescesannées?—Maistul’aimes,non?avoulusavoirKayla.Pourquoicettequestionn’avait-ellepasarrêtéderevenir toutau longde lasoirée?Etpourquoi

n’étais-jepasfichuedeluiapporteruneréponse?

Lelendemainmatin,j’airetrouvémesparentsaupetit-déjeuner.Danslasallederéception,onavaitinstallédespetites tablesrondesquipermettaientauxfamillesunecertaineintimité.Lamienneenaprofitépourmepassersurlegril.

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—Onnet’apasbeaucoupvue,hiersoir,alancémonpèresuruntonlégerquinem’apastrompée,carjesavaisreconnaîtresarhétoriqued’avocat.Sescheveuxnoirsgrisonnaientauxtempes,cequiluiconféraitunairdistingué,malgrésesyeux

marronbraquéssurmoicommeceuxd’unloupsurunlapinenfuite.—Jetraînaisavecmesamis,commed’hab.—Connort’acherchéepartout,alâchémamère.Mêmeenpleineforêt,mamèredonnaitl’impressionqu’elleétaitsurlepointd’allerboirelethé

avec la reined’Angleterre.Oui,ma famille, commecelle deConnor, appartenait à l’élite denotreespèce. Il ne nous serait jamais venu à l’idée de nous mettre les mains dans le cambouis ; nousengagionsdesgenspourcegenredebesogne.Nousavionsmêmeemployé lepèredeRafe, avantqu’ilnesombredansl’alcooletnedevienneaussipeufiablequequerelleur.—Ilafiniparmetrouver,luiai-jeassuré.—Jenecomprendspas trèsbienpourquoi iladû techercher,a-t-ellecontinuéenreplaçantune

mècheblondedanssonchignonsophistiqué.—Lematchdefootmebarbait,j’étaisalléefaireuntour.—Sais-tuquel’odeurdelapeauchangequandonment?m’ademandémonpèreenbeurrantune

tartine,l’airderien.J’ai râlé intérieurement : impossible de garder un secret avec un tel entourage. J’ai décidé de

changerdesujet.—C’estpour çaque tugagnes tous tesprocès ?Parceque tu sensquandun témoin temèneen

bateau?—Enpartie,eneffet.Tusouhaitesrevenirsurtontémoignage?—Non,jelemaintiens.Ilm’alancéceregardacéréquidevaitégalementfairedeluiunténordubarreau.Sijen’yavais

pasétéhabituéedepuisl’enfance,j’auraistremblédansmestennis.Jesavaisqu’ilaboyaitplusqu’ilnemordait, sauf sous sa forme de loup. Là, il aurait pu déchirer la gorge de n’importe qui sansl’ombred’unremords.Lebruitcouraitquec’étaitarrivéunefois,àuntypequiavaittuédeuxadosets’enétaittirégrâceàunvicedeprocédure.Sic’étaitvrai,ilnel’avaitjamaisreconnu.Ilcroyaitàlaloiduplusfort,maisrespectaitstrictementcellesdesStatiques.—Jet’aiaperçueaveclejeuneLowellhiersoir,a-t-ilannoncéavecuncalmeimpressionnant.J’aisentilacolèrem’envahir.—LejeuneLowell?RafeestunGardiendel’Ombre!Ilprotègetesfesses!—Nemeparlepassurceton,Lindsey.Parfoismesparentspouvaientsecomporter…commedesparents!C’étaiténervant.—Pourquoitournerautourdupotetmetraitercommeunecriminelle?Unticaagitélesjouesdemonpère.—Crois-moi,machérie,jesuisnettementmoinscoulantaveclescriminels.—C’estjustequenousnousinquiétons,Lindsey,estintervenuemamèrepourcalmerlejeu.Etelleétaittrèsdouéepourarrondirlesangles.Elleétaitpropriétaired’unspadeluxequiattirait

presqueautantdetouristequeleParcnational.—Jesaiscequetuéprouves,a-t-ellecontinué.L’heuredetapremièretransformationestproche,

c’esteffrayant,maistuasConnoretvousêtesparfaitementassortis.Assortis ? J’ai repensé à la métaphore des chaussures qu’avait employée Brittany la veille. À

entendremamère,onauraitdituneviréedanslesmagasinspourmechoisirdesaccessoires.C’étaitlégèrementinsultant,tantpourConnorquepourmoi.—C’est-à-dire…?ai-jeinsisté.—Connorappartientànotremilieu,alorsquelafamilledeRafeestplus…ordinaire.

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—Oui,sonpèreétaitunalcoolique,maispaslui.—Ilaétéarrêtépourvoldevoiture,aassénémonpère.J’avaisoubliécettehistoire.—Iln’avaitqueseizeans,etc’étaitjusteaprèslamortdesonpèredanscethorribleaccidentdela

route.Iln’arienfaitderépréhensibledepuis.—Ouplutôt,onnel’apassurprisenflagrantdélitpourautrechosedepuis.—Bon,Rafeestmonami,etaussiceluideConnor.Sivousavezl’intentiondeletraînerdansla

boue,jem’envais.—Tuétaisbienavecluihiersoir?m’ainterrogéemamère.—Ilnes’estrienpassé.Je savais que c’était ce qu’ils voulaient savoir : avais-je trompé Connor, mon petit ami, la

perfectionincarnée?J’airepoussémachaise.—Ilfautquej’yaille,lesautresvontm’attendre.C’étaitsuperdevousvoir.Mêmepasvrai.Avantquejepuissem’éclipser,mamèrem’aétreintebrièvement,sanspresquemetoucher.J’avais

entendudirequecertainesfamillesdeLycansseroulaientparterreensigned’affection,commedeslouveteaux.Pasmafamille.Ilm’arrivaitparfoisdemedemanders’ilsétaientàl’aiseaveclapartieanimaledenotrehéritage.—Tuveuxdel’argent?m’ademandémonpère,safaçonàluidedire«jet’aime».—Non,jetoucheunsalaire,tusais.Je l’ai embrassé, au cas où on nous regarderait. La tradition familiale voulait qu’on ne laisse

jamaisrienparaître. Ilétait trèsprobablequemonpèrebrigueunjour lepostedegouverneur.Parconséquent, nous ne devions pas prêter le flanc à un éventuel scandale, raison pour laquelle ilspréféraient Connor à Rafe. Connor était chef scout alors que Rafe avait tâté de la maison deredressement.J’aiprismonsacàdosetaifiléversleparking.LamotodeRafen’étaitpluslà,ildevaitdéjàavoir

prislaroute.Connor,aubasdesmarches,contemplaitlaforêt.—Vivelespetit-déjenfamille,ai-jemarmonnéenlerejoignant.—Àquiledis-tu!J’aieuunaccrochageavecmonpère,a-t-ilditd’unairlas.—Àproposdequoi?—Riendegrave.Maisn’était-cepaslegenredechosesquenousétionscenséspartager?—Jenet’aipasvudanslasalleàmanger,ai-jeremarqué.—Jelesaivusplustôt.LesSagesavaientconvoquéuneréunion.—Jen’étaispasaucourant.Ilahaussélesépaules.—Çaneconcernaitquelesgarçons.Brittanyavaitraison:nousétionsunesociétésexiste.—Etqu’est-cequevousmanigancez?Uneopérationsecrètetropdangereusepourlesfilles?ai-je

demandésanspouvoirdissimulermonirritation.—Oui,c’estsecret,maispasdangereux,àmoinsqueBrittanyn’yfourresonnez.—Ellen’estpaslaseulequisesentiravexéed’êtretenueàl’écart.—Cen’estpascequetucrois.—Alorsc’estquoi?l’ai-jepoussé.Ilareprissacontemplationdelaforêt.—Connor?Qu’est-cequisepasse?

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—Promets-moidelegarderpourtoi.—Bienentendu.—Non,dis-le.—Jeprometsdetenirmalangue.Celaneluiressemblaitpasd’êtreaussimélodramatique.J’aicommencéàm’inquiéter.—LesAnciens se font du souci pourBrittany.Tu sais, parce qu’elle est seule pour…Alors ils

cherchaientunvolontaire.J’étaisconsternée.Vouloirlacaseravecquelqu’unpourquiellen’éprouveraitrien!Surtoutaprès

cequeKaylaavaitdit sur l’intimitéqui secréait lorsde la transformation.Connoravait raisondevouloirtenircelasecret,Brittanypiqueraitunecrisesiellel’apprenait.—Tuveuxdirequequelqu’unadûsedévouer?Àsonsilence,j’aicomprisquec’étaitexactementcela:pirequ’unmariagearrangé.—Ilyaeuunvolontaire?—Non,ilsontdûtirerausort.—C’estn’importequoi!—Écoute, elle n’est pas obligée de dire oui.Mais, en tout cas, il va rejoindre notre groupe de

sherpaspourvoirsil’alchimiepourraitsefaire…Pourça,oui!SiBrittanydécouvraitlesmanigancesdesSages,c’étaitl’explosionassurée!D’un

autrecôté,nousnepassionspasbeaucoupde tempsavec lesautresGardiensde l’Ombre,etc’étaitpeut-êtrel’occasionidéale.UncoupdeklaxonaretentietLucasaarrêtésajeep.Kaylaétaitsurlesiègepassager,Brittanysur

labanquettearrière.Connorm’aouvert laportière,commeonleluiavaitappris.Impossibled’imaginerRafefaisant

preuved’autantdegalanterie:ilauraitcertainementconsidéréquej’étaisassezgrandepourlefairemoi-même. Jeme suis installée pendant queConnor chargeait nos sacs à dos à l’arrière avant devenirs’asseoiràcôtédemoi.—Bon,qu’est-cequ’onfaitàproposdeBio-Chrome?ai-jedemandé.—Onrestevigilants,arépliquéLucas.—Onn’auraitpasplutôtintérêtànouslanceràleurpoursuite?—Pastantqu’onn’ensaurapasplussurleurcompte.J’ai regardé Connor qui a prismamain pour l’embrasser. Brittany s’estmise à gigoter,mal à

l’aise,cequim’afaitrougirjusqu’auxoreilles.—Ilparaîtqu’unnouveausherpavanousrejoindre,ai-jeditleplusnaturellementpossible.—Oui,aréponduLucasenrivantsesyeuxauxmiensavantd’ajusterlerétroviseurpourguetterla

réactiondeBrittany.Ils’appelleDanieletarriverademain.—C’estluiquivientdeSeattle,non?avoulusavoirKayla.—Toutàfait,aconfirméLucas.Daniel avait rejoint les rangs des Gardiens de l’Ombre l’été même et, bien que nous l’ayons

rencontré,nousnesavionspasgrand-chosesurlui.JemesuistournéeversBrittanyquiregardaitparlavitre,apparemmentindifférenteàlanouvelle.—Jesuisraviedesonarrivée,ai-jeavoué.Avectoutescespetitesscoutsquenousallonsdevoir

surveillernon-stopàpartirdedemain,touteaidesupplémentaireestlabienvenue.Lucass’estraclélagorge.—Enfait,ilvajusteremplacerRafequiaétéréaffecté.J’aijetéunregardfurtifendirectiondeConnordontlamains’étaitcrispéeautourdelamienneun

instant.—Jen’étaispasaucourant.

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—C’estimportant?a-t-ilchuchotésansmeregarder.Toutdépendantdelaraisondesonchangementd’affectation.Oui,c’étaitimportantpourmoi,mais

jenepouvaispas le reconnaître sansexpliquerpourquoi.Cependant,quand j’aivu lamâchoiredeConnorseserrer,j’aieuladésagréablesensationqu’illesavait.

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6

LeParcnationals’étendsurunpeuplusdevingt-deuxmillekilomètrescarrés,soitàpeuprèslatailleduNewJersey,sibienquenousn’enavonsatteintl’entréequetarddansl’après-midi.D’abord,ilnousavait fallu roulerenpleine forêt.Maismêmeune foissur la route,nousavionsadoptéunevitessedecroisièretrèsmodéréeàcausedesanimauxsusceptiblesdesurgirdevantnoussanscriergare,etaussi,peut-être,parcequecetendroitoùnousavionspourtantgrandinenousparaissaitplusaussisécurisantqu’avant.DepuisnotrerencontreavecBio-Chrome,nousétionstroptenduspourapprécierlepaysage,nous

nousattendionsàlesvoirapparaîtreàchaquedétourduchemin.EtpuisjeneparvenaispasàfairetairemoninquiétudeàproposdeRafe.Jevoulaissavoircequi

avait motivé sa réaffectation et si elle lui convenait. Quand nous sommes enfin arrivés, j’étais sicontractéequemesnerfsétaientprèsdelâcher.À l’entréeduparc, ily avaitunpetitvillageoùquelqueschalets étaientmisà ladispositiondes

sherpas entre deux randonnées. Kayla, Brittany et moi en partagions un. Après avoir rapidementdéposé nos sacs, nous sommes tous remontés dans la jeep pour aller en ville. Histoire de nousrelaxer,nousavionsdécidéderendreunevisiteànotrerepairefavori,leRenardRusé.C’étaitunbar rustiquequiaccueillait tous les randonneurset lescampeursdepassage,ainsique

quelqueshabitantsducru.LesseulespersonnesdeplusdetrenteansétaientMitch,lepropriétaire,etdeuxserveusesquitravaillaientlàdepuislanuitdestempsetappelaienttoutlemonde«Chéri».Jeme suis installée au fond,dansunboxenU.Connor est venu se coller contremoi alorsque

KaylaetLucasprenaientplaceenfacedenous.—Jevaisfaireunepetitepartiedebillard,aannoncéBrittany.—Tuneveuxpasmangerunmorceau?luiaproposéConnor.—Non.Àplus.Un type, au comptoir, l’a observée et l’a suivie dans la salle de billard, un grand maigre aux

cheveuxnoirsavecunebarbededeuxjours.—Quic’est?ai-jedemandé.—Aucuneidée,aréponduConnor.C’estlapremièrefoisquejelevois.—Avectoutcequisepasseencemoment,ondevraitpeut-êtreseméfier?—Ilnefautpasnonplustomberdanslaparanoïa,aaffirméLucas.—Cen’estpasdelaparanoïaquandledangerestréel,ai-jesouligné.Ilyabeaucoupd’inconnus,

cesoir,jetrouve.—Normal,c’estl’été,lasaisondestouristes.Connoradoucementpassésamaindansmondos.—Lucasaraison,onnepeutpasseméfierdetoutlemonde.Maisneseméfierdepersonnemesemblaittoutaussidangereux.Après avoirpassé commande (hamburgers saignants et frites), jeme suisblottie contreConnor.

Nous avions été séparés pendant des mois quand il était à la fac, ce qui expliquait peut-être cesentiment d’éloignement que j’éprouvais pour lui. Nous avions certainement besoin de nousretrouverpourêtreànouveausurlamêmelongueurd’onde.Ilapassésonbrasautourdemoietacommencéàjouerdistraitementaveclesmèchesdemescheveux,avantd’enfouirsonvisagedanslecreuxdemoncou.—Connor,ai-jemurmuré.—Quoi?—Onestenpublic,là.

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—Etalors?Onestdansuncoinsombre…Puisilafaitunpetitgestedumenton.LucasetKayla,pelotonnésl’uncontrel’autre,sesusurraient

deschosesàl’oreillecommes’ilsétaientseulsaumonde.—Tum’asmanqué,Lindsey.J’ail’impressionqu’onn’apasréussiàpasseruneminuteentêteà

têtedepuismonretour.Etdemainc’estrepartiaveclegroupedescouts…Ilm’acaressélagorgeduboutdesdoigts,etj’aifrissonnédeplaisir.—C’estdifficiledepuisquetuesàlafac,ai-jereconnu.—Dansunan,tuyserasaussi.—J’espère,parcequej’aicommencéàperdretoutintérêtpourlesétudes.Apparemment,plusrien

nem’intéressecesdernierstemps.—Pasmêmemoi?J’airéagiparunriregêné.—Si,toisi.Puis j’ai réfléchi à quel point nos relations étaient devenues tendues et une idée m’est venue à

l’esprit.—Tuasrencontréuneautrefilleàlafac?—Non,maistuasraison,cen’estnepluspareilentrenous.Jenesaispaspourquoi.Ilasoulevémescheveuxpourenfouirdenouveausonvisagedansmoncou.—Etçam’exaspèredenepaspouvoirliretespensées.Lachaleurdesabouchesurmapeaumefaisaitglisserdansunétatd’agréabletorpeur.—Quandtuessoustaformedeloup?—Non,commemaintenantparexemple.Qu’importelaformequ’iladopte,lespenséesdeKayla

sonttoujourstransparentesàLucas.—Quoi?mesuis-jeécriéeenmereculant.C’estvrai,Lucas?LucasalâchéàregretleslèvresdeKayla.—Qu’est-cequiestvrai?—QuetupeuxlirelespenséesdeKaylamêmequandtun’espas…J’ai regardé autour demoi : au comptoir, un type a brusquement plongé le nez dans son verre.

Nousespionnait-il?Quiétait-ce?Avecsontatouagedefilsbarbeléssurlebicepsetsoncrânerasé,cemalabarmefichaitlatrouille.Onauraitditqu’ilsortaitdeprison.Iln’avaitpaslephysiqued’unchercheur,maissait-onjamais?JemesuistournéeversLucas.—Tusaiscequejeveuxdire…Jene voulais pas prononcer lemot « loup» à voix haute.Les clients n’étaient pas tous comme

nous,nousdevionssurveillernosparolesquandnousvenionsaubar.Lucasahaussélesépaulesets’estpenchéversmoi.—Kaylaetmoipouvonsliredanslespenséesl’undel’autre.—Waouh!Jamaisaucunepenséen’esttotalementintimealors?—Nousdevinonsquandl’autresouhaitegarderquelquechosepourlui,m’aexpliquéKayla.J’aiexaminéConnoravecunecertaineinquiétude.—C’esttoujourscommeça?Mesparentsnemel’ontjamaisdit.—Lesmiensnonplus.C’estpeut-êtrecommelesexe,unsujetdélicatàaborderavecsesenfants…—Àmonavis,estintervenuLucas,chaquerelationestdifférente.Moi,lapremièrefoisquej’aivu

Kayla,j’aieul’impressiond’êtreàcôtéd’uneligneàhautetension.—Quelgrandromantique!l’ai-jetaquiné,provoquantdesgloussementschezConnor.—C’étaitcommeunechargeélectrique:pasdésagréablemaisunpeu…déstabilisant.— Quelle que soit l’espèce, tous les garçons sont pareils, a commenté Kayla avec un sourire.

Timides,quandils’agitdeparlerd’amour…

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—Pasmoi,l’acontrediteConnor.JesuisamoureuxdeLindseydepuisqu’ellem’afaitsaignerdunezparcequejeluiavaispiquésondoudou.Moncœuramanquéunbattementenl’entendantévoqueravectantdenaturelsonamourpourmoi.

Dansnotrecouple,c’étaitmoilatimide,etdepuistoujours.J’adoraisConnor,maisjen’étaispassûredeluiavoirjamaisditquejel’aimais.Etcen’étaitcertainementpaslebonmomentpourlefaire.Jeluiaidonnéunepetitetapesurlebras.—C’étaitunhochetetjen’avaisqu’unan,jen’enaiaucunsouvenir.Nosparentsneloupentjamais

l’occasionderessortircettehistoirechaquefoisqu’ilssevoient.—Aveccelledelavidéooùonesttoutnus.—Raconte!aexigéKaylaenriant.J’aisoupiréavantdem’exécuter.—J’avaisdeuxansetConnor,quatre.Onjouaitdansunepetitepiscinegonflableetonaenlevénos

maillotspourallerdanslebacàsable.Cequejetrouvetoutàfaitsensé:onneseroulepasdanslesableavecdesvêtementsmouillés.—Etjenel’aijamaisrevuenuedepuis,aconcluConnor.Ce qui ne saurait tarder. Tout vêtement constituerait une gêne au cours de ma transformation.

Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire dans l’Incroyable Hulk, les T-shirts ne sedéchirentpastoutseulsetlespantalonsnes’étirentpasdémesurément.JemesuissentierougirsousleregardinsistantdeConnor.Dieu merci, l’arrivée de la serveuse a mis fin à la conversation. Nous avons dévoré nos

hamburgers. Littéralement. Nous raffolons de la viande rouge, même si j’ai personnellement unfaiblepourlecaramelettoutcequiressembledeprèsoudeloinàduchocolat.Àlafindurepas,ConnoretmoiavonsdécidéderejoindreBrittanydanslasalledebillardpour

laisserunpeud’intimitéàLucasetKayla.Àmagrandedéception, ilsétaient tousdéjàoccupés.Unjeunegarçonqui,penchésurlebillardleplusprochedelaporte,s’apprêtaitàjoueralevélesyeuxetcroisé le regard de Connor. Aussitôt, il a abandonné sa queue de billard, a tapé l’épaule de sonpartenaireet tousdeuxse sontadossésaumur,brascroisésdansunepositionnettementdéfensive.J’enaidéduitdeuxchoses:un,ilsn’avaientpasencoredix-huitanset,deux,ilsétaientdesnôtres.Ilssavaientmanifestementreconnaîtreunmâlealphaquandilsencroisaientunet,selonnoscoutumes,tantqu’ilsnes’étaientpastransformés,ilsluidonnaientlapréséance.C’étaitunsignederespect.UnStatiqueauraitpuéprouverdelapeinepourlesdeuxgarçons.Ilsétaientlàavantnous.Maisla

survivancedenotrecultureexigeaitunestructurehiérarchiqueforte.EntantqueGardiendel’Ombre,Connortrônaitausommetdelapyramide.Uneboufféedefiertéirrépressiblem’aenvahiequandilaposésamainaucreuxdemesreinspourmeconduiteverslatable.—J’installeettoi,tucasses,a-t-ildécidéenalignantlesboules.J’aiprislaqueueabandonnéeparlepremierdesdeuxjoueurs.Elleétaitparfaitementàmataille.

J’aicommencéàenenduire l’extrémitédecraieen laissantmon regarddériverversBrittany.Ellevenaitdemettreuneracléeautypequil’avaitsuiviedanslasalle,àmoinsqu’ilnesefûtlaissébattreafind’endormirsaméfiance.Ilsselançaientdansunenouvellepartie.—Qu’est-cequinevapas?m’ademandéConnorenmeserrantcontreluidansungestepossessif.—Jenesaispas,c’estcetype.Jenelesenspas,iln’estpasdesnôtres.—C’estpeut-êtreunrandonneur.Oualors,ilestvenufairedel’escalade.—Ounousespionner.—Jepensequ’ilestinoffensif.—C’estcequenouspensionsdeMason…OrMason avait réussi à capturer Lucas sous sa forme de loup et, sansKayla, il aurait bien pu

passerlerestantdesesjoursdansunecagecommeuntrophéedeprix.

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—Unpointpourtoi.Connors’esttournéverslesdeuxgarçonsquidonnaientl’impressiond’avoirarrêtéderespirer.—Mercipourlatable,maisonvaallerrejoindrenotreamie.Brittany était penchée sur le billard dans une attitude provocante. Elle a coulé un regard vers

Connoravantdetireretamanquésoncoup.—Super!s’estexclamél’étranger,toutsourire.J’aipeut-êtreenfinmachance!IlatendusabouteilledebièreàBrittanyavantdesemettreenposition.Avecunregarddedéfidans

madirection,elleabuunegorgée.—SiMitchtevoit,ilvatevirer,l’ai-jeprévenue.—Pourça,ilfaudraitqu’ilmechope,etilestoccupé.Elleaavaléunenouvellegorgéeetapointélabouteilleversletype.—Lui,c’estDallas.Iln’estpasducoin,ilfaitunpeuderando.Eux,cesontmesamisLindseyet

Connor.Ilssontdestinésl’unàl’autre.Elleavaitlavoixpâteuse.Jemesuisdemandécombiendebièreelleavaitbu.—Cool,acommentéDallas,manifestementamusé.Ilm’aadresséunhochementde tête, aparodiéunpetit salutmilitaire endirectiondeConnor et

rentrédeuxboulesd’uncoup.—Etenplus,iljouetrèsbienaubillard.Voilà,j’aiperdulapartie,aconcluBrittany.—Ça,tun’ensaisrien,aavancéDallasenrentrantunenouvelleboule.Ilsepourraitquejerate

moncoupsitut’approchesdemoipourmedistraire.Brittanya faitnonde la têteen souriant.C’étaitpeut-êtreàcausedecetteattitudequ’ellen’avait

aucunprétendant : elle donnait toujours l’impressiondenepas être disponible et ne flirtait jamaisavecpersonne.—Etsionjouaitdeuxcontredeux?aproposéConnor.—Riendetelqu’unepetitepartieamicalepourapprendreàseconnaître.Jeterminejustevitefait.Etenquelquessecondes,Dallasavaitrentrétouteslesboules.—Vousavezvu?acommentéBrittany.Vousn’avezpaslamoindrechance!—C’estcequ’onvavoir,amarmonnéConnor.Notreespèceaimeparticulièrementlacompétition.PendantqueConnoretDallassedisputaientl’avantagedecasserenpremier,jemesuisapprochée

deBrittanypourluiglisserquelquesmotsàl’oreille.—Alors,c’estqui?—Unsimplerandonneur,àcequ’ildit.—Ettulecrois?—Pasdutout.Ilesttroppâle.—UncomplicedeMason?—Peut-être.Rienneprotègemieuxdel’ardeurdusoleilquedebosserdansunlaboàlongueurdejournée.Connoraremportél’avantageetunefoisdeplusj’airessenticetélandefierté.C’étaitmoncopain.

Alorsqu’ils’apprêtaitàjouer,j’aireportémonregardsurDallas,quisurveillaitlasallecommes’ilguettaitquelquechose.Unmauvaispressentimentm’asoudainenvahie.Nous n’étions pas en position de force. Même si nos meilleurs combattants étaient là, ils ne

pourraientpasse transformerdevant tantde touristes.Nousavionsfaitdeseffortsprodigieuxpourconserver notre existence secrète. Or, là, j’avais la sensation que nous nous baladions avec unegrandepancartedansledosquiproclamait:Attention!Transformationimminente!Bon,mêmesimoi,jenepouvaispasencorelefaire.Bientôtcependant,trèsbientôt…

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J’aientenduConnorprononcermonprénom.J’aifaitletourdelatablepourmeplaceràcôtédelui.Ilm’aindiquéuneboulebienplacée.—Çanedevraitpasêtretropdifficile,non?J’aihochélatêtenerveusement.Ilaposélamainsurmesreins.—Détends-toi.—J’aiconsciencequec’estcomplètementirrationnel,caraucunsignenelelaisseprésager,mais

jeneparvienspasàmedébarrasserdel’impressionqu’ilvabientôtsepasserquelquechosedegrave,ai-jemurmuré.—Ons’enchargera.Ses parolesm’ont renvoyée à l’été précédent, quand j’avais été chargée de guider dans la forêt

monpremiergroupedecampeurs.J’étaistétaniséeàl’idéedecommettreuneerreurquirisqueraitdelesmettreendanger.Connorm’accompagnait.Cettefois-là,déjà,ilm’avaitdit:«S’ilarrivequelquechose, on s’en chargera. » Lui, toujours si calme, ne doutant jamais de sa capacité à faire face àn’importequellesituation…J’aiacquiescé,puisjemesuispenchéepourpréparermoncoup.J’aiperçulaprésencedeRafeàl’instantmêmeoùilestentrédanslasalle.Comment?Mystère,

puisque je tournais ledosà laporte.En regardantpar-dessusmonépaule, je l’aivuqui s’avançaitversnous.—Alors,quigagne?a-t-ildemandé.—Personne,pourlemoment,aréponduBrittanyavantdefairelesprésentations.Rafe a étudié Dallas avec minutie et, comme nous tous, il ne lui faisait manifestement pas

confiance.—Bon,tuvastedécideràjouer?arâléBrittany.Jemesuisremiseenposition.—Tun’espasbienplacée,atranquillementditRafe.Enunclind’œil, il s’estmisderrièremoietm’aenveloppéedesesbras.Toutenmois’est figé

d’un coup et jeme suis demandé s’il avait ressenti un semblable bouleversement quand je l’avaisenlacésurlamotolaveilleausoir.J’ai entendu une sorte de roulement sourd. On aurait cru un raclement de gorge, que j’ai

immédiatementidentifiécommeungrognementd’avertissementdeConnor.Sansluiprêterattention,Rafeatrèslégèrementmodifiémaposition.—Essaiedelafrapperunpeubasse,a-t-ilsuggéré.J’aiacquiescé,mesentantsoudaintrèsseulequandils’estéloignédemoi.J’aitapédanslaboule

blanchequiaheurtélacoloréequejevisaisdanslecoin.—Onpourraitconsidérerçacommedelatriche,acommentéDallas.—Jet’offreuneassietted’ailesdepouletencompensation,aproposéRafe.—Çamarche,aacceptéDallas.Connoretmoiavonsremportélapartiesanstropdemal.Dallasn’afaitaucuneffortpourgagner.

Peut-être cherchait-il seulement à nous observer.À la fin de la partie, nous avons rejointLucas etKayla.Nouvellesprésentationset,unefoistousassisdanslebox,Dallasétaitcernédesdeuxcôtés.Ilnesemblaitpasconscientdudanger.Ilnousaregardésetasouri.—Alorscommeça,c’estvouslesloups-garousdontj’aientenduparler?

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7

Nous nous sommes tous figés, tel un fauve prêt à bondir sur sa proie. Mon cœur lui-même,semblait-il,avaitcessédebattre.Dallasaeuunriregêné.—Eh, je blague, les gars ! J’ai juste entendu un tas de rumeurs sur des choses bizarres qui se

passentdanslecoin.Etvoilàquevousdébarquez,tousinconnusaubataillon.Jemesuisditquevousdeviezpeut-êtrevouscacherpendantcertainesphasesdelalune…—Nousétionsàuneréuniondefamille,arétorquéLucasavecuntonglacialquim’afaitremonter

unfrissontoutlelongdelacolonnevertébrale.Oùas-tuentenducesrumeurs?—Icietlà.Dingue,non?L’idéequequelqu’unpuissechangerdeforme…Dallasalevélesmainsets’estmisàlesobservercommes’ilnelesavaitjamaisvues.—C’est inimaginable.Comment le corpshumainpourrait-il supporter une transformation aussi

radicale?Ilnousalentementregardéstouràtour,commesinousdétenionslaréponse.Cequiétait lecas,

maisnousn’avionspasl’intentiondelaluidonner.— Il circule toujours des histoires loufoques sur les forêts des environs, a gentiment expliqué

Brittany.Était-elle tombéesouslecharmedeDallas?Jenel’avais jamaisvues’intéresserdesiprèsàun

garçon.Commeceseraitbizarred’êtreamoureused’unStatique!Était-cemêmepossible?Mespenséess’éloignaientdunœuddel’affaire:quiétaitcetypeetquevoulait-ilvraiment?—Loups-garous,vampires,fantômes,continuaitBrittany,Lesgensadorentraconterdeshistoires

d’horreurlesoirautourd’unfeudecamp.Maiscenesontquedeshistoires.Dallasaridenouveau,desoulagementcettefois.—Oui,jesais.N’empêche,vousauriezdûvoirvostêtes!Onauraitditquevousm’aviezprisau

sérieux.Celadit,çaseraitcool,non?—Moi,j’aimeraisbienêtreuncheval,ai-jedéclarédansl’espoird’entraînerlaconversationloin

delaréalité.—Les chevauxmènent une vie de bagnard, a enchaîné Connor enme serrant lamain.Moi, je

choisiraisd’êtreunchien,pourroupillertoutelajournée.—Etmoiunchat,aajoutéBrittany.Saufquej’ysuisallergique…C’estpossibled’êtreallergique

àsoi-même?Pourlecoup,Dallasaeuunrirenettementplusdétendu.—D’accord,j’aicompris,jenecroiraiplusauxhistoiresqu’onraconteautourd’unfeudecamp,

a-t-ilditavecunclind’œilversBrittany.Bon,onsefaituneautrepartie?UnefoisDallasetBrittanyrepartisdans lasalledebillard,nousnoussommesregardésavecun

sentimentpartagéd’incertitude.—C’estquoi,cetteembrouille?afinalementdemandéKayla.—Jenesaispasencore,alentementréponduLucasensecouantlatête,Rafe,tugardesunœilsur

lui,surtoutquandilestavecBrittany.J’ai immédiatement reporté mon regard sur Rafe pour observer sa réaction. Comme à son

habitude,ilestrestédemarbre.Ils’estcontentéd’unhochementdetêteendirectiondeLucas,puisils’estlevé.—Tupensesqu’ilpourraitêtredangereux?ai-jedemandé.—S’ill’est,ons’occuperadelui,m’aréponduLucas.

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Quandnous avonsquitté les lieuxuneheureplus tard, nous étions tousplusoumoinsd’accordpourconsidérerDallascommeunsimpletouristesensibleauxmythesdelaforêt.Ças’étaitdéjàvu,c’étaitmêmecommeçaquelesgensdeBio-Chromenousétaienttombésdessus.Eteuxaussi,nouslesavionscruinoffensifs.Rafe a été chargé de surveillerDallas et nous autres sommes allés nous coucher.Nous devions

partirauxauroreslelendemainmatin.

Nous avons accueilli le groupe de scouts près de nos bungalows.Une petite quinzaine de fillesgigotaient dans tous les sens, surexcitées à l’idée de camper dans la forêt. Ou peut-être que leurenthousiasmeétait dû aux troisguides si sexyqui allaient les accompagner– et jeneparlepasdeKayla,Brittanyoumoi.Lucas,ConnoretDanielpassaienten revue les sacsàdosdes fillespour s’assurerqu’ilsétaient

bienajustéssurleursépaulesetpastroplourdspourelles.Toutcequiétaittroplourdouencombrantseraitrépartientrelessherpas.—Danielestmignon,acommentéKayla.Iln’avaitpassuivisascolaritéavecnousparcequesesparentsvivaientprèsdeSeattle,maisilavait

rejointlesGardiensdel’Ombrecetété.Jeneluiavaisaccordéquepeud’attention.Sescheveuxnoirsétaientcoiffésenpétard,unstyleplutôtinhabituelchezlesGardiensdel’Ombrequipréféraientlesporterlongs.—Bof,amarmonnéBrittany.—Tuterendscomptequec’estsansdoutecetteattitudecheztoiquirebutelesgarçons,luiai-jefait

remarquer.—Jeneveuxpasd’ungarçonquines’intéressepasvraimentàmoi.—Ilyviendrapeut-être…Situluilaissesunechance,estintervenueKayla.—Detoutefaçon,lesSagesassurentqu’iltefautavoirungarçonavectoipourlegrandjour,ai-je

continué.Pasforcément l’hommedetavie.Quandturencontreras lebon, tupourrasrecommenceraveclui.Ellem’alancéunregardnoir.—Qu’ensavent-ils?C’est lapremière foisqu’unefilles’apprêteàvivrecetteexpérienceseule.

Toutça,cenesontquedesconjectures.Ildevaitbienenavoireud’autres,sinonnousn’aurionspassuquec’étaitdangereux.J’aitenuma

langue,nejugeantpasjudicieuxd’augmentersoninquiétude.—Ilssontaucourant,c’estévident,ai-jeaffirméavecuneassurancequej’étaisloind’éprouver.MêmesiBrittanyn’étaispastendreavecmoiconcernantmeschoixpersonnels,auboutducompte,

nousétionsamiesettoutcequejeluisouhaitais,c’étaitunebelleetlonguevieaprèscettepremièretransformation.—N’oubliepasqu’ilsontlesvieuxgrimoires,ilsontdûychercherdesréponses,ai-jecontinué.—Tucrois?m’a-t-ellerépondu,unepointed’espoirdanslavoix.—Toutàfait,l’ai-jerassuréeenposantmamainsursonépaule.TuesuneGardiennedel’Ombre,

tuasde lavaleurauxyeuxdesSages. Ilsnevontpassecontenterdeconjecturessurunsujetaussiimportant.Elle regarda Daniel qui, accroupi devant trois fillettes, était en train de leur expliquer quelque

chose.Sonsourireétaitchaleureux.—Jepourraisplusmaltomber,a-t-elleditavecunsoupir.—Voilàquiestmieux!mesuis-jeexclamée.Brittanyalevélesyeuxauciel.—Tuneterendspascompte.Depuisquelquetemps,jem’angoisseàl’idéeque…

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—Àl’idéequequoi?—Rien,oublieça.Pourcoupercourtàlaconversation,elles’estlevéeetarejointlegroupepourseprésenter.J’aijetéuncoupd’œilàKayla,dontlevisagereflétaituneintenseinquiétude.—Jen’aipasd’autrechoixquemedirequetoutirabienpourelle,luiai-jedéclaré.Ellem’asouri.—Jesais.Moi,jen’aieuquequarante-huitheurespourmeprépareràmapremièrepleinelune.Je

n’arrivemêmepasàimaginerlatensionducompteàreboursquevousvivezencemoment…SurtoutBrittany.Unmoisplustôt,jeluiauraisparlédemonimpatience.Àprésent,jen’étaisplussipressée.— Tu m’as dit que tu avais eu le coup de foudre pour Lucas. Brittany a encore le temps de

rencontrerquelqu’un.Kaylaahochélatête,maisjelasoupçonnaisdenepasycroireplusquemoi.Qu’est-cequiétait

pire?Vivrecetteépreuveseuleouavecquelqu’undontonnevoulaitpasvraiment?En jetant unœil en direction du groupe, j’ai vu que Brittany discutait avecDaniel. Tout espoir

n’étaitpeut-êtrepasperdu.Lucas a enfin donné le signal du départ. J’ai ajustémon sac à dos, puis j’ai rejoint la queue du

cortègeafindem’assurerqu’aucunepetitescoutneselaissaitdistancerounepartaitdanslamauvaisedirection.C’étaitbizarredenepasavoirRafeavecnous.Jemesuisdemandéoùilétait,cequ’ilfaisait.J’ai

jetéunderniercoupd’œilautourdemoi,avantdem’avanceràmontoursurlesentier,étonnéedemesentirsiseule.EtdedésirersifortqueRafesoitàmescôtés.

Quandlesoleiladéclinéàl’horizon,laplupartdesfillesavaientperduleurexubérance.Cequ’onpouvaitcomprendre,étantdonnélerythmeplusquesoutenuquenousavaitimposéLucas.Commenousétionscenséssurveillerlesscouts,garderl’œilouvertencasdedangeretdresserles

tentes,nousnenoussommesretrouvésréellementaucalmequ’àlanuittombée,réunisautourdufeuàfairegrillerdesmarshmallows.KaylaetLucas,trèsprèsl’undel’autre,discutaientàvoixbasse.Ilsfaisaientdegroseffortsdevant

lesjeunesscoutspourlimiterleurscontactsphysiques.Maismêmes’ilsnes’embrassaientpasninesecâlinaient,ilexistaitentreeuxuneintimitéflagrante,commes’ilss’appartenaientcorpsetâme.Brittany, à l’inverse, ne semblait pas disposé à livrer le plus infime détail personnel à Daniel.

Assiseàcôtédelui,rigide,elleconcentraittoutesonattentionsurlaconfectiondesesbrochettesdemarshmallows.LagênedeDanielcrevaitlesyeux.Enlesvoyant,jemesuisditquemêmeunrendez-vous organisé par leurs parents n’aurait pas pu se passer aussi mal. À cet instant, j’ai réellementappréciéd’avoirtoujoursétéavecConnor.Mêmesinousnenoustouchionspasetnenousparlionspas.Maisaumoinsnousétionsàl’aiseen

laprésencedel’autre.Lespetitesscoutsnediscutaientpasbeaucoupnonplus,certainesdonnaientl’impressionqu’elles

allaients’endormirsurplace.J’aijetéunregardencoinversBrittany.—Jepenseque lesSagesdevraient s’abstenirde jouer lesentremetteurs, ai-jemurmuréau seul

bénéficedeConnor.—Jemedisaislamêmechose,a-t-ilsoufflé.C’estundésastre.JemesuisprestementtournéeversluiaumomentoùBrittanys’estmiseàm’observer.Jemesuis

penchée,commepourungestetendre,etluiaimurmuréàl’oreille:

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—Lemotestexagéré.Il aglisséunemècheéchappéedema tressederrièremonoreilleenmecaressantaupassage la

joue du bout des doigts. Ses yeux brillaient, comme si nous étions en train d’aborder des chosespersonnelles.—Ilnefaitaucuneffort.Ilpourraitaumoinsessayerdeluiparler…J’aitrouvéintéressantqu’ilrejettelafautesurDaniel;pourmapart,j’estimaisquec’étaitBrittany

quiavaitunproblèmedecomportement.— Ils ont peut-être besoind’unpeude tempspour apprendre à se connaître, ai-je essayédeme

convaincre.J’avaistrèsenviederesterpositiveconcernantleschancesdeBrittanydedénicheruncompagnon

avantladatefatidique.—Heureusementquej’aiéchappéàcecalvaire,asoupiréConnor.Mapoitrines’estserrée.—Tunecroisquandmêmepasquec’estlaraisonpourlaquellenoussommesensemble?Parce

quec’étaitpratique?—Non,a-t-ilaffirméavantdem’embrasseraffectueusement.Unedesfillesapousséuncristridentets’estmiseàchanter:—CONNORETLINDSEYSONTAMOU…Connoretmoinoussommesinstantanémentécartésl’undel’autre.—…REUX!aterminélegroupeenchœur.Aprèsça,ilafalluunbonmomentàleursaccompagnateurspourlescalmeretleurfaireregagner

les tentes.Et tantqu’à faire,ellesontdécidéd’appliquer lemême traitementàLucasetKaylaainsiqu’àDanieletBrittany.Jen’avaisjamaisvucettedernièreaussirouge.Jemesuismêmeditqu’elleseseraitenfuiedanslesboissielleavaitpulefairesansperdrelaface.Kaylaassuraitlepremiertourdegarde.Brittanyetmoinoussommesretrouvéestoutesdeuxdans

latente,nouspréparantensilencepourlanuit.Unefoislalumièreéteinte,étenduedansmonsacdecouchage, j’ai laissémes pensées dériver versConnor,me demandant pourquoi nous n’étions paspluscâlins,pourquoi(laplupartdutemps)nousnoussatisfaisionsd’unesimpleconversation.Peut-être que nous étions ensemble depuis si longtemps que nous avions développé une formed’indifférenceaucorpsdel’autre…Celachangerait-ilaprèsmapremièretransformation?J’avaisdéjàconstatécertainesmodifications.—Brit?Est-cequelaforêtneteparaîtpasplus…odorante?Certainsparfums,inconnusdemoijusqu’àcejour,m’avaientassaillieaucoursdelajournée.—Qu’est-cequetuveuxdire?—C’estdifficileàexpliquer.Lesodeurssemblentplusvives.Commelatransformationexacerbe

lessens,jemedemandaissiçanedémarraitpasavantlapleinelune.—Oui,peut-être…Maintenantquetuledis,jetrouveaussiquetoutsent…plusfort.Jen’aiperçuaucuneconvictiondanssespropos.Enréalité, jen’ydécelaisaucunesincérité.J’ai

roulésurleflanc.—Qu’est-cequetupensesdeDaniel?Ilal’airsympa.—Oui,ill’est.—Tupourraisfaireunpetiteffort,tusais.—Commec’estfacilepourtoidedireça!Tun’asjamaiseuàenfaire!TuastoujourseuConnor.J’aienvisagéunesecondedeluiconfierqu’elleavaitpeut-êtreraisonconcernantmarelationavec

Connor,quecettefacilitéetcetteaisanceentrenousnesignifiaientpasforcémentquenousétionsfaitsl’unpourl’autre.Maistantquejetaisaismesdoutes,ilsnemesemblaientpasréels.—Ilnes’agitpasdeConnoretmoi,ai-jeréponduunpeuplussèchementquejen’auraisvoulu.

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—Ehbien,moi,jeneveuxpasparlerdeDaniel.—Bonnenuit,alors.Je lui ai tourné le dos. Pourquoi est-ce que j’essayais de l’aider à choisir un compagnon ? Ce

n’étaientpasmesaffaires.—Lindsey?m’a-t-elleappeléed’unevoixhésitantequelquesminutesplustard.J’aifaillinepasrépondreetfairesemblantdem’êtreendormie.—Quoi?—Etsi…Etsijen’étaispasuneMétamorphe?Je me suis assise d’un bond, trop sonnée pour répondre. Connor n’avait-il pas formulé cette

hypothèse?—Etsic’étaitça,laraisondel’indifférencedesgarçonsàmonégard?a-t-ellecontinué.Ets’ily

avaitquelquechosequiclochechezmoi?— Voyons, Brittany, c’est… Non, vraiment…, ai-je bredouillé. Bien sûr que tu es une

Métamorphe!—J’ail’impressiond’êtreinvisiblepourleshommes.Daniel,parexemple,mesouritexactement

delamêmefaçonqu’auxpetitesscouts.Commesij’étaisbiengentille,maisriend’autre.Aucunfeunecouveenlui.Faisait-elleallusionà l’effervescencequi s’emparaitdemoienprésencedeRafe?N’était-ilpas

préférable, sur ladurée,d’êtresimplementà l’aiseetenaccordavec l’autre?Le feupouvaitvousréduireencendres.Cen’étaitquedudésir,pasdel’amour.Maisellen’avaitpasbesoindemesincertitudes.Aucontraire,illuifallaitduréconfort.—Écoute, Brittany, je suis sûre que cela n’a rien à voir avec toi, lui ai-je affirmé avec un bel

aplomb.MêmeConnoravaitdesdoutes,maisnousétions tropprèsde lapremièrepleine luneaprès son

dix-septièmeanniversairepourdonnerducréditàcesidéesabsurdes.— Les sherpas ne sont pas nombreux. Il est logique que certains d’entre nous ne trouvent pas

chaussure à leur pied. Celui que tu attends est peut-être… je ne sais pas… en Californie ! Ou enFloride. En plus, cette année, la célébration a attiré très peu demonde. Sinon, cela aurait pu êtrel’occasionderencontrerquelqu’un.Jesaisquec’estnul,àdeuxcentspourcent.Maispeut-êtrequeDanielpeutjouerlessubstitutsenattendantlebon?—Notrepremière transformationest supposéeavoirunedimensionamoureuse. Jenepensepas

pouvoir me contenter d’un garçon qui va me tenir la main quand je voudrais qu’il m’enlace. Jepréfèrel’affronterseule.—Turisquesdemourir—Ilsepeutaussiquejenousaffranchissed’unetraditionarchaïque.« Tu la trouves archaïque parce que tu n’as personne. » Quant à moi, je n’avais aucune envie

d’affrontercetteexpérienceseule.Jevoulaisvivrelamagiedelatransformationetl’émerveillementdulienquis’ensuivait.—Quoiqu’ilensoit,j’aiencorequinzejourspourmedécider,a-t-elleconclu.Jetrouveraibien

unesolution.La Brittany dure à cuire que je connaissais était de retour. Tout irait bien, me suis-je dit en

plongeantdoucementdanslesommeil.

Lanuitétaitsombreetlalunen’étaitpasencoremontéedansleciel.Unelégèrebrisem’ébouriffaitlescheveux.Connorasurgiderrièremoietm’aenlacée,avantdem’embrasseràlanaissanceducou.J’aifrissonnéetjemesuisabandonnéecontrelui.—Bientôt,a-t-ilsusurréàmonoreille,trèsbientôt.

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Jemesuistournéepourluifairefaceetj’aiaccueillisonbaiserfiévreux.Ilafaitcourirsesdoigtssurmesbrasnus,lacaresselaissantunesensationdebrûluredanssonsillage.J’entendaisdescraquementsetdessifflements.J’avaissichaudquej’auraispumemettreàfondre.

En relevant la tête, j’ai croisé lesyeuxmarrondeRafeetnonpas le regardbleudeConnor. Je levoyais très bien car les arbres autour de nous étaient embrasés et d’immenses flammes rouges etorangéess’élançaientversleciel.Indifférentaudanger,Rafearesserrésonétreinteautourdemoietbaissésaboucheverslamienne

jusqu’àcequenousdevenionslefeuetquenoussoyonsconsumés…

Jemesuisréveilléeensueuretlesoufflecourt.Jemesuisextirpéedemonsacdecouchage,puisje suis sortiede la tenteenchancelant. J’ai apprécié la fraîcheurde l’airnocturne surmonvisage.Commejem’étaiscouchéetouthabillée,nemanquaientplusquemeschaussures,dontjemepassaissansdifficultégrâceàl’habitudequej’avaisprisedemarcherpiedsnus.Connor,quisetenaitprèsdufeu,afaitunpasversmoi.—Toutvabien?J’aihochélatête,puisj’aivoulumepasserlesdoigtsdansmescheveuxpourlescoiffer.J’avais

toujoursmesnattes.Dansmonrêve,machevelureétaitdétachée.—Oui,toutvabien.J’aifaituncauchemar,c’estrien.Moncauchemarnecorrespondaitcependantpasàladéfinitionhabituelledumot.J’avaisbienplus

peurdemoietdesimagesquisurgissaientdansmonsommeilqueden’importequelmonstre.Kayla,quiétaitassisesurunesouche,s’estlevéepourmerejoindre.—Tuesblanchecommeunlinge.Tuessûrequeçava?—Oui,oui,jet’assure.Tuneveuxpasallertecoucher?Jefiniraitontourdegarde.—Lucasaditquenousserionsplusvigilantssi…—…sinousnemontionspaslagardeencouple,jesais.JeteprometsqueConnoretmoisaurons

noustenir.Elleajetéuncoupd’œilverslui,ilaacquiescéendésignantd’ungestenotretente.Elleahaussé

lesépaulesavecunsourire.—Trèsbien.Merci.Elleadisparudanslatente.Connorm’apriseparlamain.—Vienst’asseoirprèsdufeu,tutesentirasmieux.J’endoutais.— Il y avait un incendie dans mon rêve. Tout brûlait autour de moi. Serre-moi contre toi une

seconde.Je n’ai pas attendu sa réponse pourme glisser entre ses bras ouverts. Il avait toujours étémon

appuileplussolide.J’airenversélatêteenarrièrepourplongermonregardauplusprofonddesesyeuxbleus.Quoi

qu’ilaitlusurmonvisage,ils’estpenchéetm’aembrassée.Cebaiserneressemblaitenrienàceluidurêve:ilétaitagréable,doux,chaud.Unbaiserrassurant.

Réel.Alorsquelebaiserdemonrêve…Ehbien…Cen’étaitqu’unrêve…Connorm’aconduiteverslasoucheoùKaylas’étaitassise.Ils’estaccroupidevantmoietaglissé

unemèchedecheveuxderrièremonoreille.—Lanuitdusolstice,quandtunemetrouvaispas…J’étaisavecRafe,ai-jedit,lagorgenouée.Uneombredetristesseavoilésesyeux.—Jesais.

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—Tuasdétectésonodeursurmoi.Ilahochélatête.—Pourquoin’as-turiendit?—Soittuesàmoi,soittunel’espas.Situesàmoi,jemebattraipourtegarder.Situnel’espas…

Ehbien,jepréfèrenepassavoir.J’aieffleurésajoueduboutdesdoigts.ContrairementàRafe,ilétaittoujoursrasédeprès.—Ilnes’estrienpassé.Noussommesjusteallésfaireuntoursursamoto.J’aieubesoindequitter

unmomentcetteambiancemorose.—C’estcequ’aditRafe.—Tuenasparléaveclui?—Bien sûr. D’ailleurs, c’est à ce propos quemon père et moi étions en désaccord.Mon père

pensaitquej’auraisdûdéfierRafe.—C’estabsurde!Tunepeuxpasletuersousprétextequ’ilm’aemmenéefaireunebalade!—Ducalme,Lindsey.Jen’aipasl’intentiondel’affronter.J’aimeàcroirequenousavonsévolué

aufildessièclesetquenoussommesmaintenantsuffisammentciviliséspourréglernosdifférendssousnotreformehumaine.—C’estlaraisonpourlaquelleilnefaitpluspartiedenotregroupedesherpas?—Non.LesSagessontréellementinquietspourBrittany.SiçanemarchepasavecDaniel,ilsvont

probablementnousadjoindrequelqu’und’autre.J’aifailliluidirequ’ellenesesentaitaucunatomecrochuaveccejeunehomme,maiscelapouvait

encorechangeraucoursdesquelquesjoursàvenir.Toutàcoup,leduvetdemanuques’esthérissé.—Connor,j’ail’impressionqu’onnousobserve.—Oui,moiaussi.J’ai tâché de déterminer la position de notre observateur et la concentration a ralenti ma

respiration.Connor a soudain fait volte-face : deux petites scouts nous espionnaient par l’ouverture de leur

tente.Ellesontpoussédespetitsgloussementsaigus,puisontfiléàl’intérieur.—Jenemesouvienspasm’êtrejamaiscomportédefaçonaussi…puérile!arigoléConnor.—Jenecroispasquec’étaitelles,ai-jeaffirméenmerelevant.J’ailentementopéréuntoursurmoi-même,maislasensationavaitdisparu.Connorahumél’air.—Jen’aidétectéqu’elles.Riend’inhabituel,sinon.Jeneparvenaispasàm’ôterdel’idéequ’ils’agissaitdequelqu’und’autre.— Lucas a probablement raison de vouloir éviter que nous montions la garde avec quelqu’un

qu’onpréféreraitcâliner…—Notrechefestpleindesagesse,aconfirméConnoravecunsourire.Restelà,jevaisfaireune

ronde.Je savais bien qu’il ne trouverait rien. L’observateur était parti. Qui était-ce ? Et surtout, que

voulait-il?

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8

Nous avons crapahuté encore deux jours. Certaines parties du Parc national sont très peufréquentées:ellesregorgentd’animauxsauvagesetreprésententdoncungranddanger.Nousavonssoigneusement évité ces zones et aidé les petites scouts à installer leur camp dans une clairièrerelativementprotégée.Nousavionsassezdelumièrepourrepartir le jourmême.BrittanyetDanielresteraientaveclegroupe.Entempsnormal,nousn’aurionslaisséqu’unseulsherpa,maislesSagesavaientordonnéquetoutfûtfaitpourencouragerunerelationentreBrittanyetDaniel.J’avaisdumalàcroirequ’ilensortequelquechose,maisnousneperdionsrienàessayer.—NousseronsderetourbienasseztôtpourqueturejoignesàWolfordavantlapleinelune,adit

LucasàBrittanyquis’estcontentéedehausserlesépaules.C’étaitlanuitlaplusimportantedenosviesetelleavaitl’airdes’enmoquerroyalement.Jel’ai

attrapéeparlebrasetl’aiemmenéeàl’écartdugroupe.—Hé,a-t-elleprotestéensedégageant.—Brittany,ilfautquetutereprennes.Danielfaittoutcequ’il…—Ilnesepasserienentrenous.Zéro.Niente.Luietmoilesavonstrèsbien.Jepréfèreêtreseulele

jourJ.—Vois-lecommeunebouéedesecours.Ilpourraitêtrelà…justeaucasoù.—Çanepeutpasêtreaussidouloureuxquelesgarçonsledisent.SiLucasasimplementservide

distractionàKayla,jepeuxtrèsbienm’entrouverune.Çaira.Jel’aiserréefortcontremoi.—Oui,toutvabiensepasser,ai-jemurmuréenespérantquec’étaitlavérité.Débarrassésdel’attiraildecampingetdutroupeaudegaminesturbulentesquinousralentissaient,

nousavonsfaitleparcoursenuntempsrecord.Nousavonscommencéàmonterlecampalorsquelesoleilsecouchaitetj’airéaliséquenousserionsderetourdèslelendemainsoir.LucasetConnorsontpartischassernotredîneretKaylaaallumélefeu.—Jevaisallercueillirdesmûres,ai-jeannoncéenattrapantunsaladier.Elles’estretournéepourmeregarder.—Tuessûrequec’estunebonneidéed’yallerseule?—Cen’estpasloin,jeneseraipaslongue.—Soisprudente.—Commetoujours.Jesuispartiedansladirectionparlaquellenousétionsarrivésetcurieusement,lesmûresn’étaient

pas si près que ça et elles ne se trouvaient pas vraiment sur le sentier. J’ai dû descendre dans uneravine,puisgrimperdel’autrecôtépouratteindrelesbuissonsquej’avaisrepérés.Prenantgardeauxépines, j’aicueilliunfruitpour lemanger.Lesmûressauvagessontbienmeilleuresquecellesdessupermarchés.Le saladier était àmoitié plein (je suis une optimiste) quand j’ai soudain pris conscience d’une

présence.Lachairdepoulesurlesbras,j’aitournélatêteaussilentementquepossibleetc’estalorsquejel’aiaperçu:unpuma.—Gentilminou,ai-jemurmuréàvoixbasse,conscientedudanger.Simonodeuravaitétéhumaine,ilauraitpeut-êtrepassésonchemin.Maisnous,lesMétamorphes,

avonsuneodeurdefauve.Ilaémisungrondementprofondendévoilantdescaninesfaitespourdéchiqueter.J’aidéplacémon

poids avec précaution, prête à sauter dans les buissons en espérant que les ronces dissuaderaient

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l’animal.Maboucheétaitsisèchequejen’auraispaspucracher,mêmesimavieenavaitdépendu.Moncœurbattaitsifortquejen’entendaisplusd’autrebruit.Lepumaacontractésesmuscles:j’aisautéenarrièreavecungrandcriàl’instantmêmeoùila

bondi.Uneformevagueaatterrisurlefélinunesecondeavantqu’ilnem’atteigne.J’aisenti lachaleur

desdeuxcorpsetledéplacementd’air.J’ai reculéenrampant, lesyeux toujours rivéssur lecombat.C’étaitun loupquiavaitattaqué le

félin.Etpasn’importelequel,non,unloupquejeconnaissaisbien.Rafe.Quefaisait-illà?Etquesepasserait-ilsilepumaavaitledessus?Jemesuislevée,j’aifaitunpasenavant,unpasenarrière…Jedevaisintervenir,empêcherque

Rafenefûtblessé.J’aivouluappeleràl’aide,maisjenepouvaiscourirlerisquedeledistraire.Jeserraissifortlespoingsquemesongless’enfonçaientdansmespaumes.Leshurlementsdufélindéchiraientl’air,mêlésauxgrondementsduloup.Ilss’affrontaientdansun

combatsansmerci.Grognant,ilssegriffaient,semordaientsauvagement.Rafesaignait.J’aieuenviedecourirversluipourl’aider,lemettreàl’abri.Lepumamitfinàl’affrontementets’enfuitdanslesboisàtoutevitesse.Leloup,quantàlui,afait

unpasversmoiavantdes’effondrer.J’aiaccouruimmédiatement,jemesuisassiseparterreetj’aiposésonmuseausurmesgenoux.Il

était blessé à l’épaule et à l’arrière-train. Il a essayé de relever la tête, mais je l’ai délicatementrepousséeenluicaressantlafourrure.—Chut,nebougepas,détends-toi,ilfautquetuguérisses.Çavaaller.Lesyeuxrivésdanslessiens,j’aibénimachance–passeulementparcequeRafem’avaitsauvéla

vie,maisaussiparcequ’ilétaitlà.J’avaisenviedesavoircequ’ilavaitfait,commentilallait,j’avaismillequestionsàluiposer,maisjedésiraisplusquetoutletenirdansmesbras.Ilaléchémongenou,commepourmedirequ’il ressentait lamêmechose. Jene lui enapasvouludemevolercepetitbaiser.J’ai entenduunebrindille craquer, jeme suis retournéed’un coup…Dallas, le garçonqui avait

jouéaubillardavecBrittany,setenaitàquelquespas.—Tuesqui?Lafemmequimurmureàl’oreilledesloups?

—J’essaiedenepaspaniquer,ditDallas,maisc’estjustetotalementouf,là.Lesloups-garous.Çaexiste…Je n’avais pas vu l’intérêt de compliquer par un mensonge une situation qui ne pouvait guère

empirer. Comment expliquer le tas de vêtements de Rafe par terre, par exemple, ou encore laguérison éclair de ses blessures sous les yeux même de Dallas ? Et puis moi en train de bercertendrementunloupaubeaumilieudelaforêt…quoideplusnormal?J’aidoncamenéDallasànotrecamp.Auboutdequelquesminutesàpeine,Rafenousarattrapésen

silence,soussaformehumaineetentièrementhabillé.Levoirainsim’alittéralementretournée:jenem’étaispasrenducompteàquelpointilm’avaitmanqué,probablementbeaucoupplusqu’iln’auraitdû.Etquandilm’atendusansunmotlesaladierdemûresquej’avaisabandonné,j’aieulasensation

quemoiaussi,jeluiavaismanqué.Lerécipientétaitplein,ilavaitprisletempsd’encueilliravantdenousrejoindre.Plustard,assiseaveclesautresautourdufeusurlequelrôtissaientdeuxlapins,jenepensaispas

pouvoiravalerquoiquecefût.Lacatastrophesemblaitimminente.

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—Nous préférons le termeMétamorphes. Loups-garous, c’est trop… hollywoodien, a déclaréLucas.—Désolé…Masonn’arrêtaitpasdeparlerdeloups-garousetjemedisaisqu’ilétaitdingue,que

sapuissancecérébralel’avaitrendufou,vuquesonQIdépasselesbornes.—TuconnaisMasonKeane?mesuis-jeexclamée.—Difficiledefaireautrementpuisquejetravaille,ouplutôtjetravaillaispourBio-Chrome.—«Tutravaillais»?arépétéLucas,d’unevoixsuspicieuse.—J’aidémissionnéilyaunedizainedejours.J’aidécidédeprendredesvacancesbienméritées.

Etpuis,jel’avoue,jevoulaissavoirsivousexistiezvraiment.—Etpourcefaire,tuasdécidédenoussuivre?aditConnor.—Pas lapeinede jouer lesoffensés. Ilmesuivaitbien, lui,a-t-il rétorquéendésignantRafedu

doigt.Jenel’aijamaisvu,maisjelesavais,grâceàunesortedesixièmesensj’imagine.Jevoyaisbiencequ’ilvoulaitdire.J’endéduisaisquemasensationd’êtresurveilléepouvaittrès

bienavoirétécauséeparDallas.OuencoreparRafe,quinousauraitdiscrètementobservés.—Maispourquoi?ademandéKayla.—Jesuisunscientifique,j’aibesoindepreuves.Alorsvousêtestousdes…—Sionrépondàtaquestion,ondevratetuer,arétorquéRafe.Ilm’asembléqu’ilneblaguaitqu’àmoitié.— Écoutez, je ne vous veux aucun mal. Comme je disais, je cherchais juste des preuves. Et

j’essayaisaussidevoir si jepouvaisvous faireconfiance.Pourceque j’ensavais,vousauriezpuavoirlarageetvousmettreàbaver…—Etmaintenant,tusaisquecen’estpaslecas,adéclaréLucas.Enquoiçateconcerne?Kaylaaposésamainsurlasienne.Comprenait-ellequeLucasétaitentraindesedemandercequ’il

allait faire de l’humain ? Au pire, ce serait la mort, mais je n’y croyais pas. Nous pouvionsl’emmeneràWolfordetlaisserlesSagesdéciderdesonsort.Nouspouvionsaussiprendrelerisquedelelaisserpartir.Quilecroirait?—Jesensquelapressionmonte,alorsonsedétend,OK?Jesuisdevotrecôté.Jemesuisditque

sivousexistiezpourdebon,ilfallaitquejevousracontecequejesais.—Ont’écoute,aditConnor.— À la lisière de la forêt, juste avant le Parc national, il y a une enclave qui est encore une

propriétéprivée.L’annéedernière,Bio-Chromeyacommencé laconstructiond’un labo.Drôledechoix,non?C’est loindetout,aubeaumilieudenullepart.Onnousapprovisionneparhélico,ontravailleetonvitsurplace.Unpeucommeuneprison.Àvraidire,jen’étaismêmepassûrqu’ilsmelaisseraientpartir…Enfin,ilssonttrèssecretssurleursactivités.Quandj’aiprésentémacandidature,toutcequejesavais,c’estqu’ils’agissaitd’étudierle«gèneL.»C’esttout.Cen’estqu’aprèsavoirétéembauchéquej’aidécouvertqueleL.signifiaitLycanthropie.J’aicruàuneblague.Sesyeuxsesontperdusdanslacontemplationdufeu.Impossibledesavoirs’ilhésitaitànousen

direplusous’ilétaitencoresouslechoc.—Mais le Dr Keane etMason étaient obsédés par cette histoire. Ils n’arrêtaient pas de répéter

qu’ilsvoulaientcapturerunlycanthropepour l’étudier.Cequimeparaissaitcomplètementbarbare,vu que, si ces êtres existaient bel et bien, les enfermer, c’était les priver de leurs droits les plusessentiels. Quand je le leur ai fait remarquer, Mason m’a dit que les lycanthropes n’étaient pashumains,etqueparconséquentilsn’avaientaucundroit.J’aitrouvéçahorrible.DuMasontoutcraché,mesuis-jedit.J’aijetéuncoupd’œilàKayla.Elleavaitl’airtriste,ellene

comprenaitpaspourquoilesgensn’acceptaientpasnotreexistenceavecautantdefacilitéqu’elle.—Pourquoinepasnousl’avoirditl’autresoir?ademandéLucas.

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—J’allaislefaire,maisplusjeparlais,pluscetteidéedeloups-garous–pardon,deMétamorphes–mesemblait…dingue.Il s’estmis à scruter sesmains, ainsi qu’il l’avait déjà fait au bar, comme pour comprendre de

quellemanièrenousnoustransformions.—Donctut’esditqu’ilvalaitmieuxnousespionner?arelancéConnor.—C’estlapremièrefoisquejejoueàJamesBond,alorsfaitescequevousvoulezdemoi.Enplus,

j’aivudequoiilestcapable,a-t-ilditenmontrantRafe.—Cequinousramèneàlaraisondetaprésenceparminous,areprisLucas.—Jepensaisquevousaviezledroitdesavoircequ’ilsmijotaient.—Tuasditquelelabosetrouvaitprèsduparc.Où,précisément?—Aunord-est.—Etsitunousmontraisl’endroit?—Quoi?Tuveuxdire,surunecarte?L’expressiondeLucas indiquaitclairementqueDallasavait intérêtànepasfaire lemariolle.J’y

voyais la férocité qui faisait de lui notre chef demeute. Et à en juger par la légère dilatation despupillesdeDallas,luiaussil’avaitremarquée.—Jepensaisplutôtquetupourraisnousymener,acorrigéLucas.—Vousnemefaitespasconfiance,aconstatéDallasavechumeur.—DisonsplutôtquenousavonsdéjàeuaffaireàBio-Chromeetcetteboîtenefaitpasvraiment

partiedesprotecteursdesespècesmenacées.Soudainnerveux,Dallasaregardétoutautourdelui.—Ilsontengagédesmercenairespoursurveillerleslieux.Cesgarsdonnentl’impressionqu’ils

accepteraientdetuerleurgrand-mèresileprixleurparaissaitcorrect.—Ettun’aspasjugéutiledelementionnerplustôt?ademandéRafeavecuncalmeglaçantqui

m’afaitfrissonner.Il évitait consciencieusement de me regarder et moi je faisais tout pour ne pas lui lancer des

regardsfurtifs.—J’yarrivais.Écoutez,jesuisungentil,moi,etjenemesenspasestiméàmajustevaleur,là.—Onveutjustequetunousmontreslelabo,l’arassuréLucas.Onpourraitavoirdesquestionsune

foissurplace.Dallasafaitouidelatêteavecréticence.—OK.Maisjusteuntruc.J’aiprisunechambreàl’hôteletj’yailaissédesaffairesquejevoudrais

récupérer.Aprèsvousavoirmontrélelabo,j’ail’intentiondefilerauCanada.TouslesautresconsidéraientmanifestementDallascommeunennemiquandmoijevoyaisenlui

unbravetype.Était-cedelanaïvetédemapart?—Tuasrisquégrosenvenantnousparlerdulabo,suis-jeintervenuedoucement.—Commej’aidit,cequ’ilsfont,cen’estpas…bien.—Nousteremercionsdenousavoiravertis,aaffirméLucas,maisilyavaitencoreunecertaine

méfiancedanssavoix.—Bon,amarmonnéDallas,j’espèrejustequejem’ensortirai.Moi,j’espéraisquenousnousensortirionstous.

DallasavaitunepetitetentemaisLucasaréussiàleconvaincrededormirdanscelledesgarçons.Mêmes’iln’auraitpus’enfuirànotreinsu–nousavionsorganisédestoursdegarde.J’étaisallongéedansmatentetandisqueRafemontaitlagarde.PuisceseraitletourdeKayla.Je

n’avaispaseul’occasiondeparleràRafe,deleremercierdem’avoirsauvélavie,nipourlesmûres.Avecprécaution,jemesuisextraitedemonsacdecouchageetj’aienfilémeschaussures.

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—Oùvas-tu?Moncœurafaitunbond.—Jen’arrivepasàdormir,jevaisprendrel’air.—Écoute,Lindsey,jesaisqueçanemeregardepas,mais…—Tuas raison,Kayla, ça ne te regardepas, l’ai-je coupée, sachant très bienoù elle voulait en

venir.Etimmédiatement,jemesuissentiecoupabledemontrertantd’impatience.—J’aijustebesoinde…d’êtresûre.JenevoulaispasluiracontermesrêvesàproposdeRafeniluiparlerdemonravissementlorsque

jel’avaisvu.Toutçam’étaitinterditpuisquej’étaispromiseàConnor.Maisjenepouvaisniermonexcitation quand Rafe apparaissait. Était-ce parce qu’il était nouveau alors que l’autre m’était sifamilier?—C’estinjusteenversConnor,alâchéKayla.—Çaledeviendrasijenemetspasfinàmesdoutes.Sans attendre sa réponse, jeme suis levée et je suis sortie. J’ai senti la présence deRafe avant

mêmedelevoir.Ilétaitdissimulédansl’ombreprèsdenotretente.Sesyeuxsesontposéssurmoietil y avait tant d’intensité dans ce regard que c’était presque un contact physique. J’ai commencé àavoir chaud, exactement comme dans mes rêves. J’ai croisé les bras sur ma poitrine avant dem’avancerverslui,pourm’empêcherdeletoucher.—Jevoulaisteremercier,pourlesmûres.C’était un très mauvais début de conversation, mais comment lui dire que j’avais simplement

besoindelevoir?—Lesmûres?Onauraitditqu’ilavaitparléentresesdentsserrées.J’aiprismoncourageàdeuxmains.—Etpourm’avoirsauvélavie.—Jenecomprendspasquetusoispartieseule,a-t-ilfaitensecouantlatête.—C’estmaforêt,ai-jeaffirméavecemphase,notreforêt.Jem’ysuistoujourssentieensécurité.—Nousn’ysommesplus ensécurité, tune l’aspasencorecompris?a-t-ilmurmurédurement.

S’ilt’étaitarrivéquelquechose,sijen’avaispasétélà,celam’auraittué.Avantquejenecomprennecequ’ilavaitl’intentiondefaire,ilm’aattrapée,m’atiréeversluieta

plaquésabouchesurlamiennepourm’embrasseravecunetelleférocitéque,toutetremblante,jemesuisaccrochéeàluicommesij’étaisentraindemenoyeretqu’ilétaitmonseulespoir.J’avaistoujourscruqu’unbaiserétaitunbaiser,voilàtout.Jemetrompais.Moncorpsvibrait,telle

unecordedeharpequel’onauraitpincéeetquirésonnaitdoucement.Cebaiserétaitplustorridequetousceuxquej’avaiséchangésavecConnor.Oupeut-être lachimieentreRafeetmoiétait-elledifférente?J’aipassémesbrasautourdeson

couetmesuiscolléeàlui.Ilm’aenlacéeplusétroitementencoreetm’acaressélescheveux.Nousneformionsplusqu’un.Lalumièredelaluneelle-mêmen’auraitpus’immiscerentrenous.Alorsmêmequejem’abandonnaisauplaisir,monespritmehurlaitquejefaisaisquelquechosede

mal.J’appartenaisàConnor,j’étaissienne,ainsienétait-il.J’aimisfinaubaiseretj’aititubéenarrière.Larespirationsaccadée,j’aiobservéRafe,tentantde

comprendrecequ’ilvenaitdesepasser.Ilatendulamainversmoi.—Lindsey…—Non,ai-jesoupiré.Quoiqu’ileûtàdire,jenevoulaispasl’entendre.—Onn’auraitpasdûfaireça,c’étaitmal.

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J’ai couru jusqu’àma tente, conscientedésormaisque la forêt recelaitdesdangerspiresque lespumas,oumêmequeBio-Chrome.

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Il faisaitpresquenuit lorsquenousavonsatteint l’entréeduparc le lendemain.Toute la journée,j’avaisévitédecroiserleregarddeRafe,commesij’avaispeurdem’embrasersijelevaislesyeuxsurluiouqueConnorcomprennequenousnousétionsembrassés.Embrassés– lemotn’étaitpasassezfortpourdécrirecequis’étaitpassé laveille.Lapeuret le

soulagement avaient sûrement contribué à l’intensité dumoment dans l’atmosphère de danger quiplanaitalentour.Pourtant,j’enétaisrestéetremblanteetperturbée.—Alorsc’estréglé?Demain,tuparsavecRafepourluimontrerlelabo?ademandéLucasalors

quenousétionsregroupésàl’entréeduparc.—Ouais,pasdesouci,aréponduDallas.—J’aiunemoto,apréciséRafe.Ondevraityarrivervite.Onseretrouveàl’aube?—Jenesuispasfranchementlegenredegarsquiselèveauxaurores,arétorquéDallas.Onditen

milieudematinée,plutôt?Ilssesontmisd’accordsurl’horaireetRafeestpartiavecDallas.Jemedemandaiss’ilcomptait

garder un œil sur l’ancien employé de Bio-Chrome pendant la nuit. Kayla et moi devions nousoccuperd’ungrouped’ornithologueslelendemainmatin.LucasavaitdécidéqueConnoretluiiraientàWolfordparlerauxSages.—Onvasemettreenroutedanslamatinée,m’aannoncéConnor.Onsefaitunciné,cesoir?J’aiacquiescé,enessayantd’avoirl’airravie.J’avais terriblementbesoindepasserdutempsavecConnor,mais j’étais terroriséeà l’idéequ’il

découvremon infidélité.Même si cebaiser avait été le fruit de l’adrénaline, j’aurais dû être assezfortepouryrésister.Leproblème,c’estquejen’étaismêmepassûred’avoirvouluyrésister.C’estavecunsentimentdesoulagementquejesuisentréedansmonbungalow,commesisesquatre

murspouvaientmiraculeusementmeprotégerdemoi-même,decessentimentsquejemedécouvraispourRafe.Pourcouronnerletout,Kaylam’avaitobservéeattentivementtoutelajournée,commesielleattendaitquejecraqued’uninstantàl’autre.—Ils’estpasséuntrucentretoietRafehiersoir,non?m’a-t-elledemandéenposantsonsacàdos

surlelit.—Jen’aipasletempsd’endiscuter.J’airendez-vousavecConnor.Jesuisalléedans lasalledebainsprendreunedouche.Àpartirdu lendemain,sanscontactavec

ConnorniRafependantdeuxjours,jeseraisseuleavecmespenséesetj’yverraispeut-êtreplusclair.Dansl’immédiat,jevoulaismefairebellepourConnor,maiscurieusement,riennemesatisfaisait.

Mes cheveux étaient plats,monmaquillage sans relief.Ma tenue étaitmonunique atout : une jupeblanche,unbustierviolet,mavesteenjeanblanc,dessandalesàpetitstalonssexy.Àenjugerparsonsifflementlorsquejel’airejoint,Connorétaitdemonavis.Jemesentaisunpeu

moinscoupable.Laluneétaitunpeupluspleineetbrillante.Connoretmoiavonsdécidéd’allerenvilleàpied.Cela

signifiaitune séanceplus tardive,maispourvuqu’onsoit ensemble, le filmm’importaitpeu.Maindans la main, nous avons marché dans un silence complice. J’essayais de ne pas penser à Rafe,cependant j’étais inquiète qu’il parte seul à la recherche du labo de Bio-Chrome. Enfin pascomplètement seul. Dallas serait avec lui, mais je doutais de son efficacité dans un combat s’ilsavaientàsedéfendre.—EtsicettehistoireavecDallas,c’étaitunpiège?ai-jedemandé.S’ilsontbesoind’attraperl’un

d’entrenous…onleursertRafesurunplateau.LesdoigtsdeConnorsesontresserréssurlesmiens.

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—Règlenumérouncesoir:interdictiondeparlerdeBio-Chromeoudetoutcequis’yrapporte.Pendantquelquesheures,onfaitcommesitoutétaitnormal.—D’accord.C’estquelfilmàl’affiche,aufait?Tarrantaunpetitcinémaquineproposequ’unfilmàlafois.Sonsourireétaitblancdansl’obscuriténaissante.—UntrucavecReeseWitherspoon,unfilmdefilles,quoi.Jemarquedespointssurcecoup-là.—C’étaittonidéed’allerauciné,n’ai-jepum’empêcherdesoulignerenluidonnantuncoupde

poingamical.—Aïe!Ils’estfrottélebras,puism’aattiréeàl’ombredesarbres.—Tusais,Lindsey,tuaspartagéchaqueinstantdemavie,petitougrand.—Pastapremièretransformation.—Tuyauraisassistésic’étaitautorisé.Jeveuxêtrelàpourtoi,pourtapremièrefois.Jet’aime.Moncœurs’estmisàcognerdansmacagethoracique,maispaspourlesbonnesraisons.J’aurais

dûressentirdelajoie,orj’étaisfrappéedeterreurdevantl’énormitédecequeConnorvenaitdemedireetdevantmon incapacitéàexprimeràmon tourunsentimentaussi sincère.SoitConnoravaitconsciencede ce conflit intérieur, soit il n’attendait pas de réponsedemapart car sabouche s’estposéesurlamienne.Sonbaisern’avaitjamaisparuaussiimportant,aussichargédesens,parcequ’iln’avaitjamaissuivicesdeuxpetitsmotsquiétaientenmêmetempsgigantesques.JeluttaispournepaslecompareraubaiserdeRafe,quim’avaitcoupélesouffleetlesjambes.Connorareculé.J’aiperçulatensiondanssesmainsquandillesaposéessurmesbras.—TupensesàRafe.—Quoi?Non.—Dis-moiquetum’aimes.—Tulesaisbien.Ilalâchéunrirefroidets’estéloignédemoi.—Tul’aimes?J’aisentileslarmesmebrûlerlesyeux.—Connor,n’insistepas.—Est-ce.Que.Tu.L’aimes?J’avaistoujourspuparlerdetoutavecConnor.Soudain,lesmotsavaientbeaucoupdemalàsortir.—Jenesaispas.—Bonsang,Lindsey, ta transformationapprocheet tunesaispas?Tunecroispasqu’il serait

tempsd’êtresûre?—Etqu’est-cequetumesuggères?D’alleraucinéaveclui?Unlourdsilenceasuivi,commesij’avaisposéunebombeetquenousattendionsqu’elleexplose.—Commentes-tucertainquejesuislabonne,Connor?ai-jerepris,furieusequemavoixsorte

aussifaiblardeethésitante.—Jelesais,c’esttout.—Cen’estpasuneréponse.Commenttulesais?Ils’estéloignédequelquespasavantderevenirversmoi.—OK.Peut-êtrequ’ilfautquetusortesaveclui.Moncœurbattaitlachamade.Jepaniquaisàl’idéequenouspuissionsnousséparer.Était-ceceque

jesouhaitais?Jenesavaisfranchementplus.—Tuessérieux?—Oui.Ilacommencéàpartir.

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—Connor,attends!J’aicouruaprèslui.—Jeneveuxpasqueçasetermine…Jemesuistuebrutalement.J’aisentimespoilssehérissersurmanuque.—Connor !ai-jechuchoté,assez fortnonseulementpourqu’ilm’entende,maisqu’ildétecte la

terreurdansmavoix.Enuninstant,ilétaitderetouràmescôtésetémettaitungrognementgrave,guttural.—Tulesens?ai-jedemandé.Onauraitdit…unediscordancedansl’univers.JeparlaiscommeungourouNewAge,mais jenesavaispascommentl’expliquerautrement.La

forêtmerenvoyaitdemauvaisesondes.J’aientenduConnorinspirerprofondément.—Dusang,a-t-ilditd’unevoixbasse.Pleindesang.Encorechaud.Peut-êtreunemortrécente.Ou

quelqu’ungravementblessé.—Quelqu’un?C’estpeut-êtreunanimal.—Humain,sansaucundoute.Monestomacs’estretourné.Nousdevionsintervenir.Connorm’aprislamain,notredisputeapparemmentoubliée.—Çavaaller?—Biensûr.Enfait,jen’enauraispasjuré,maisjenel’auraisadmissousaucunprétexte.Ilm’alâchélamainetj’aiprisconsciencequ’ilenlevaitsesvêtementspourlesempilerdansmes

bras.—Etsic’étaitunpiège?—C’estdusanghumain,Lindsey.Ilyapeut-êtreunblessé.Etildécouvriraitsonemplacementbienplusrapidementsoussaformedeloup.—Nousnepourronsplus communiquer, alorsne t’éloignepasdemoi.Si tu te sens endanger,

coursaussivitequepossible.Hurle,aubesoin.—Compris.Il a effleurémes lèvres des siennes et j’ai espéré que ce n’était pas le dernier baiser que nous

échangions.L’airs’estchargéd’électricitéetj’aisentisafourrurecontremoi.Connorn’étaitpastropdifficile

àrepérerdanslenoirgrâceàsonpelageblondpâle.Soussaformeanimale,ilétaitcapabledeliredansmespensées,alorsjemesuisconcentréesurlatâcheàvenir.Jel’aicaressé.Quandils’estmisàreniflerlesoletl’air,jesuisrestéeprèsdeluipournepasleperdre.J’ai senti ses poils se hérisser d’un coup. À présent, l’odeur du sang saturait l’air, tellement

présentequej’enavaismalaucœur.J’aidistinguéuneformesurlesol.Connor a émis un long grognement étouffé. Je ne savais pas comment l’appel du loup pouvait

porter aussi loin et avec autant d’efficacité. J’aurais pu crier à pleins poumons, qui m’auraitentendue?Maisilsseraientnombreux,ceuxdenotrerace,àentendreConnor.Ilsviendraient.Etavecun peu de chance, ils apporteraient des lampes. Un grognement pouvait communiquer beaucoupd’informations.Connorareprissaformehumaine.—Ilestmort,a-t-ilaffirméd’unairsombre.—Quic’est?ai-jebredouillé.—Dallas.J’avaisdéjàreconnusonodeur.Assommée,j’avaisàpeineconsciencequ’iltiraitsurlesvêtementsquejetenaisencoredansmes

bras. Je les ai relâchés. Dansma tête, je criais. Qui était capable d’une chose pareille ? Pourquoi

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l’avaient-ilstué?Uneseuleréponsem’estvenueàl’esprit:Bio-Chrome.Connorm’aprisedanssesbras.Ilavaitremissonjeanetétaittorsenu.Jesentaislachaleurdesa

peausurmajoue.—Tuvasbien?a-t-ildemandé.Maintenantqu’ilétaitaussiproche,jepouvaisluiposerlaquestionquim’angoissait.—Commentest-ilmort?Connoraresserrésonétreinte,commes’ilavaitautantbesoinderéconfortquemoi.—Apparemment,onl’aégorgé.

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Connoravait recouvert levisageet lesépaulesdeDallasavecsachemise.QuandLucas,RafeetZander,unautreMétamorphe,sontarrivésavecdeslampesdepochepouréclairerlatristescène,jeluiaiétéreconnaissantedenevoirqu’unT-shirtkakitachéparendroits.—Tun’asrepérépersonnedanslesparages?ademandéLucas.—Personne,aréponduConnor.Quelquechosem’aeffleurélebrasetj’aibrusquementtournélatête.C’étaitRafe.J’étaissurprise

devoiràquelpointj’étaiscontentequ’ilsoitlàetrassuréequ’ilaillebien.Sonregardm’alentementparcourue,commes’ilvoulaitvérifierquelesangquiimprégnaitl’airn’étaitpaslemien.—Çava?a-t-ildemandéd’unevoixplusrauquequed’habitude,commeaprèsunegrossefrayeur.J’aiacquiescé,troprapidement.—Oui,c’estjuste…Jevaisbien.Il s’est éloigné et j’ai alors ressenti profondément le vide que laissait son absence. Il s’est

agenouillépourjeterunœilsousleT-shirt.—Ondiraitunevraie.Ilparlaitdelamorsure.Elleétaitréelle,etpasuneblessuremaquilléepourfairecroirequeDallas

avaitétéattaquéparunloup.—Jecroyaisquet’étaiscensélesurveiller,alancéConnor,visiblementirrité.Etj’avaisl’impressionquecen’étaitpasseulementàcausedelanégligencedeRafe.—OndevaitmangerunburgerauRenardRusé,mais ilvoulaitd’abordprendreunedouche. Je

n’aipasjugénécessairedel’attendredanssachambre,alorsjesuisalléaubar.Commeilnes’estpaspointé,jesuisretournéàl’hôtel.Iln’yétaitplus.—Jemedemandecequis’estpassé,ai-jemurmuré.—Peut-êtrequequelqu’unadécouvertqu’ilcherchaitànousaideretçaneluiapasplu,asuggéré

Rafe.Jesentaislepoidsdesonregardsurmoi.—Letypeàl’accueilm’aditqu’unmecbaraquélecherchait.—L’undesmercenairesdeBio-Chrome?ai-jedemandéàvoixbasse.—C’estcequejemesuisdit.Sic’estlecas,ilafiniparletrouver.—Il fautqu’onprévienne le shérif, aditLucas.Nousn’avonspas le choix.Cen’estpasundes

nôtres.Ilapeut-êtredelafamille.Le shérif Riley, lui, était l’un des nôtres. Il ferait tout son possible pour calmer la presse et

empêcher leNational Enquirer d’inventer une histoire de loups enragés ou de loups-garous quisautentàlagorgedetouristesinnocents.—JeramèneLindseyàsonbungalow,aditConnor.—OK,aréponduLucasd’unairdistrait,lesyeuxrivéssurlecorps.Je ne me rappelle aucun détail du retour au camp, sauf qu’il s’est fait en silence. Même les

chouettesnehululaientpas.Onauraitditquelaforêttoutentièreportaitledeuil.Quandnoussommesarrivés,j’aiouvertlaporteetjesuisentrée.Connorm’asuivie.Kaylaétaitassisedanssonlit.Ellearejetélescouverturesets’estprécipitéeversmoi.Jemesuis

demandé ce que mon visage trahissait. Peut-être a-t-elle vu que j’étais blanche comme un linge.J’avaisl’impressiond’êtreunzombie.—Çava?s’est-elleécriée.Jecommençaisàpenserquec’étaitlaquestionlaplusdébileaumonde.Quelenétaitl’intérêtquand

ilétaitévidentqueçan’allaitpas?

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—Dis-lui,tuveux?ai-jedemandéàConnor.Jevaisprendreunedouche.Jemesuislentementdirigéeverslasalledebainsetj’aifermélaporte.J’aitournélerobinetau

maximum.C’étaitl’étéetlesnuitsétaientfraîches,maisj’avaiscarrémentl’impressiond’êtresurlabanquise.Sansmedéshabiller, jesuisentréedanslacabine,jemesuisassiseparterreet j’ai laissél’eausedéversersurmoi.J’avaislasensationquel’odeurdusangsaturaitmapeauetmesvêtements.J’airepliémesjambesquej’aientouréesdemesbras,j’aiposémonfrontsurmesgenouxetjemesuismiseàpleurer.Dallas n’avait pas l’air méchant. Il voulait nous aider. Pourquoi n’avions-nous pas mesuré les

risques qu’il prenait ? Nous avions rencontré plusieurs scientifiques de Bio-Chrome ; ils nes’intéressaientqu’àunechose:percerlesecretdenotreADN.J’ai entendu la porte s’ouvrir et une bouffée d’air frais s’est engouffrée dans la pièce embuée.

J’étaissansdouteentraindem’ébouillanter,maisjenesentaisplusrien.—Lindsey?ademandéKaylaenécartantunpeulerideau.—Pitié,nemedemandepassiçava!—Promis.Elleaéteintl’eau.—Onvatesécher.—Jepeuxmedébrouiller.Bizarrement,j’ysuisarrivée.J’airéussiàquittermesvêtementstrempés,àmesécheretàenfilerle

pyjamaqu’elleavaitposésurlemeuble.Quandj’aieuterminé,jesuissortiedelasalledebainsetjemesuisglisséedansmonlit,àcôtédusien.—OùestConnor?—Ilestparti.IlvoulaitretourneraiderLucasàcomprendrecequis’estpassé.Elles’estassiseauborddemonlit.—Tuveuxqu’onenparle?—Pasvraiment.—Quandmesparentssesontfaittuer,jemesuismuréedanslesilence,acontinuéKayla.Cegenre

detraumatismepeutviterevenirtehanter.—Onleconnaissaitàpeine,luiai-jerappelé.Maisilavaitl’airsympa.J’avaisl’impressiond’entendrequelqu’und’autre.D’oùsortaientcesmots?—Connorpensequec’estunmeurtre,m’aexpliquéKayla.Soitl’und’entrenousestpasséducôté

obscur,soitl’undesmecsdeBio-Chromeaunchienouunloupbiendressé.—Nousétionslesseulsàsavoirqu’ilallaitnousaider,ai-jerappelé.Maisjenepouvaispasm’empêcherdecroirequeBio-Chromeétaitimpliqué.J’avaisencorefroid.J’airemontélescouverturesjusquesousmonnezetj’airegardéKayla.—J’imaginequ’onauralesréponsesquandontrouveralelabodeBio-Chrome.Aumoins,onsait

dansquelledirectionaller.—Saufs’ilamenti,aditKaylatoutbas.Peut-êtrequesamissionconsistaitànouslancersurune

faussepiste.—Detoutefaçon,onnerésoudrapaslemystèrecesoir.Jevaisdormir.—Tuessûreque…—Jevaistrèsbien,l’ai-jecoupée.Jemesuistournéesurlecôté,dosàelle.J’aientendusonlitgrincerquandelles’estcouchée.Puis

lalampes’estéteinte.Je suis restée là très longtemps, épuiséemais incapable de fermer l’œil. J’avais conscience que

Kaylaétaitdevenuetotalementimmobile.Ellenes’agitait jamaisdanssonsommeil.Puis j’aiperçuuneprésencedehors,unbruitdepasétouffé.

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Jeme suis glissée hors du lit et j’ai traversé la chambre pieds nus. Lentement, doucement, j’aiouvert laporte.Jesuissortiesous leporcheet j’ai referméderrièremoi.Jenepeuxpasexpliquercomment j’ai su que j’allais y trouver Rafe.Mais j’en étais sûre. Je voulais aller à sa rencontre,l’enlacer et qu’ilm’enlace. J’ai repensé à ladisputeque j’avais eue avecConnor.Avait-il raison?Avais-jebesoindecreusermessentimentspourRafe?—Jenevoulaispasteréveiller,achuchotéRafe.Ilsetenaitdebout,lesmainsdanslespochesdesonjean.—Cen’estpastoi.—Jevoulaism’assurerquetuallaisbien.J’aisentileslarmesmepiquerlesyeux.—Rafe,c’estpeut-êtremafautes’ilaététué.—Quoi?Non.Ilm’acaressélajoue.—Siçadoitêtrelafautedequelqu’un,c’estlamienne.—Maissijen’étaispaspartiecueillirdesmûres,s’ilnet’avaitpasvusoustaformedeloup…Ilaposésondoigtsurmabouchepourmefairetaire,puism’aattiréecontrelui.—S’ilnousavaittoutditcettenuit-là,leschosesauraientpuêtredifférentes.Nousnelesaurons

jamais.Aucund’entrenousnepouvaitcontrôlerl’enchaînementdesévénements.Cedontonestsûr,c’estquequelqu’unétaitàsarechercheetquemaintenant,ilestmort.Maiscen’estpasàtoideportercefardeau.Jen’aipasargumenté.J’avaiseumadosedestresspourlanuit.Pourl’instant,êtredanssesbras

étaitaussirelaxantquedemefairemasserauspademamère.—Hiersoir,lorsquejet’aiembrassée,a-t-ilreprisdoucement,jesuisdésolésijet’aiperturbée.

J’aitellementeupeurquandj’aivucepuma…J’aieubesoind’autrechosequedet’enlacer,desavoirquetuallaisbien.Toutcequejeressentaiss’étaitaccumulé.—N’ypenseplus.Jeluiaicoupélaparoleavantqu’ilnedisequelquechosequenousaurionstouslesdeuxregretté.Ilm’aembrasséesurlefront,puisàcontrecœur,ils’estécarté.—Bon,jevoulaisjustem’assurerquetuallaisbienavantdepartir.—Tuvasoù?—Trouvercelabo.Moncœurabondidansmapoitrine.—ConnoretLucast’accompagnent?—Non,jeparsdèsmaintenant.—Jevaisavectoi.—Non,c’esttropdangereux.—Rafe, j’ai l’impressionque c’est dema faute siDallas estmort. J’irai chercher ce labo toute

seules’illefaut.—Connornevapasapprécier.C’étaitConnorquiavaitémisl’idéequejesorteavecRafe.Mêmes’iln’envisageaitpascegenre

d’équipée,ilnem’envoudraitpastrop.Decettefaçon,jepouvaisapportermonaideetpasserunpeudetempsavecRafe,commeill’avaitsuggéré.—Ilfautquej’yaille.Rafearéfléchipendantcequim’asembléuneéternité.—D’accord.Tuasdixminutespourfairetonsac.J’aiacquiescéetouvertlaporte.—Lindsey?

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J’aitournélatête.—Te demandes-tu parfois si le prix qu’on paie pour garder notre existence secrète en vaut la

peine?—Jemedemandebeaucoupdechoses,Rafe.«Surtoutàproposdetoietmoi,decesentimentfortquej’éprouveàtonégard.Est-ceuneenviede

braverl’interdit?Ouquelquechosedeplusprofond?»ai-jepensé.

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Pas facile de sortir en douce de son bungalow quand votre colocataire, qui vient de vivre sapremièretransformation,al’ouïeultrafine.—Qu’est-cequetufais?ademandéKaylad’unevoixensommeillée.Jen’avaispasallumépourfairemonsac,maisl’éclairageextérieurfiltraitdansnotrechambreà

traverslesrideauxdelafenêtre.—Rien.Rendors-toi.—Tutefichesdequi,là?Au cours de l’année passée, Kayla était devenue ma meilleure amie.Ma relation avec Brittany

s’était peu à peu détériorée et elle était désormais aussi tendue que celle que j’entretenais avecConnor. Je savais que je devais prévenir quelqu’un demes projets et je pensais pouvoir lui faireconfiance.—JeparsavecRafeàlarecherchedulabosecret.Lalampes’estalluméed’uncoup.Kaylamefixait,lesyeuxplissés.—Onestcensésaccompagnerungrouped’ornithologuesdemain.—Ilsnesontlàquepourlajournée.Tut’ensortirassansmoi.Elleapassésesdoigtsdanslamasseépaissedesesbouclesroussespourlesaérer.—Rafeiraitsansdouteplusvitesanstoi,tunecroispas?Elle avait raison ; je risquais d’être un handicap pour lui.Mon envie d’aider était-elle l’unique

raisonquimepoussaitàl’accompagner?Ouobéissais-jeàunmotifpluségoïste?— Je me sens coupable de ce qui est arrivé à Dallas.Même si je ne lui faisais pas tout à fait

confiance,ilestpeut-êtremortparcequ’ilnouscommuniquaitdesinformations.—Lindsey,c’estmoi.Lavérité?—C’estlavérité.Dumoinsunepartie.J’aisoupiréetregardémamontre.Jenedisposaisquedequelquesminutes,maisilfallaitqueje

déballetousmesdoutesausujetdemonfuturcompagnon.M’asseyantauborddemonlit,j’aitentédecalmerlesbattementsdemoncœur.Jen’avaisjamaisexprimémeshésitationsàvoixhauteetl’idéedefairefaceàmesvéritablessentimentsmeterrifiait.—Cesdernierstemps,jen’arrêtepasdepenseràRafe.Jerêvedelui–desrêvesintenses.Ethier

soir,ilm’aembrassée.—Danstonrêve?J’aisecouélatête.—Non,envrai.Etc’était…incroyable.Puissant.Sauvage.JeneveuxpasfairedepeineàConnor,

maisj’aibesoindedémêlermessentimentspourRafe.C’estàlafoisleparadisetl’enfer.—TuaimesConnor?J’ai rejeté la têteenarrièreet fixé leplafond.J’imaginais levisagedeConnordansunnœuddu

bois.—Oui,mais…—Mais…?J’airivémesyeuxsurlessiens.—C’estcomment,d’aimerLucas?Elleaplissélefront.—Intense.Dévorant.Jen’aiaucundoute.—Moi,j’enaiplein,bienquejetienneàConnor.Etillesait.Ons’estdisputésàceproposavantde

trouverDallas. Il veutque j’éclaircisse ceque je ressens exactementpourRafe,maispour cela, je

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doispasserdu tempsavec lui.Et lapleine lune…ehbienellenevapasattendreque jemedécide.Ellevavenir,bientôt,etjedoissavoir.Etjeferaiunebonneactionparlamêmeoccasion.—Lindsey,c’estimprudent.C’estbientropdangereux.C’étaitvrai,pouruntasderaisons.—Peuimporte.Jedoisprendrelerisque.Nonseulementdetrouverlelabo,maisdedécouvrircequedisaitmoncœur.—Etsitudécides…quecen’estpasConnor?J’aisentimapoitrinesecrisperdouloureusement.—Est-cequeceseraitjusteenversluisijel’acceptaispourcompagnonsansl’aimercommetoitu

aimesLucas?Kaylas’estlevéeetm’aserréefortdanssesbras.—Ceneseraitpasjustepourtoinonplus.Situneparvienspasàtrancher,tupeuxcomptersurmoi

pourtonchangement.—MaistuesliéeàLucas.—Etalors?Elles’estécartéedemoietasoutenumonregard.—On ne peut pas se lier à plus d’une personne ? Tu esmameilleure amie, Lindsey. Je ne te

laisseraipastraversercetteépreuveseule.J’aisentileslarmesmepiquerlesyeux.—Merci, Kayla. Mais je réussirai à y voir clair, sinon je ne mérite pas d’être un Gardien de

l’Ombre.DevenirunGardienestpresqueaussi importantpourmoiquedecomprendrequ’ilm’estvraimentdestiné.J’aidemandéàKaylad’expliquer lasituationàConnor,pourqu’ilnes’inquiètepasetnevienne

pasmechercher.Leconnaissant,jemesuisditqu’ilferaitsansdoutelesdeux.Rafe était appuyé contre le pilier du porche quand je suis ressortie. J’ai alors été frappée par

l’énormitédemadécision.Jepartaisaveclui.J’allaisêtreseuleaveclui.J’étaissurprisedeconstateràquelpointc’étaitcequejevoulais.Jesentaissonregardinquisiteur,maisj’avaisaussipleinementconscience que son visage, habituellement indéchiffrable, affichait un plaisir évident. Malgré lesdangers que nous pourrions rencontrer, dans la nature et dans nos cœurs, il était heureux que jel’accompagne.Uneondedechaleurm’aenvahiequandilm’aprislamainpourentrelacersesdoigtsauxmiens. J’étais étonnéeque ce soit aussi naturel.En silence, je l’ai suivi jusqu’à l’endroit où ilavaitgarésamoto,assezloinpourquepersonnenel’entende.Jesuismontéederrièrelui,j’aiajustémonsacàdospourêtreplusàl’aiseetj’aiglissémesbras

autourdesataille,medélectantdesaforceetdesachaleur.—Tuessûredetoi,Lindsey?a-t-ildemandé.Ilavaitconsciencequejefaisaiscevoyagepourplusieursraisons,etpassimplementpourtrouver

lelabosecret.—Toutàfait.—QuandConnordécouvriraàsonretourquetuespartie,ilviendratechercher.— Il ne peut pas m’en vouloir, Rafe. La vérité, c’est que… j’applique simplement ce qu’il a

suggéré.Ilalaissééchapperunrireamer.—Oh,ilserafurieux.Tupeuxmecroire.Lemoteurarugi.J’airesserrémonétreinteaumomentdudémarrage.Uneétrangesensationm’a

parcourue et j’ai regardé derrièremoi. Je n’arrivais pas àmedéfaire de l’impression qu’on nousépiait.

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Nousavonsrouléjusqu’aucrépusculedansl’épaisseforêtluxuriante.NousavonsfaitunarrêtpourmangerrapidementquelquessandwichesqueRafeavaitemportés.Nousn’avonspaséchangéunmot.Peut-êtreavions-nousl’impressiondebraveruninterdit,peut-êtreavions-nouspeurd’êtreentendus.Ounousn’avions tout simplement rien ànousdire aumomentoùnousprenions consciencede laportéedenotre initiative.Nousallionsforcémentcroiser ledanger.Rafen’avaitsansdoutepasététrès malin en me laissant l’accompagner. D’un autre côté, je ne pensais pas qu’il aurait été plusprudentdesapartd’yallerseul.L’obscuritéprofondeesttombéeavantquenousfassionshaltepourlanuit.Rafenem’apaslâchée

tantquemesjambesn’étaientpasbiend’aplomb.—Ilfaudracombiendetempsavantquemesjambess’habituentàdelonguesheuresdemoto?—J’espèrequeçan’arriverajamais.J’aimebient’avoirdansmesbras.Blottiecontrelui,jesavouraiscetteproximité.J’aiinhalésonodeur.«Peuimportecommentcette

aventuresetermine,ai-jepensé,jen’oublieraijamaissonparfum.»—Jecroisqu’ondevraitéviterd’allumerunfeudecamp,aditRafe,sapoitrinevibrantàchacun

desesmots.Onnesaitpasàquelledistanceilssetrouvent.—Tucroisqu’onestsuivis?—Jel’ignore,maisc’estprobable.Cesmercenairessontprêtsàtout,d’aprèscequedisaitDallas.—Tupensesqu’ilsl’onttué?—Ilyadeschances.Ilssontpeut-êtrerestésdanslesparagespourvoirnotreréaction.—Lessalauds.Àcontrecœur,jemesuisécartéedeRafe,j’aisortiunepetitelampestylodemapocheetj’aisondé

lesenvirons.J’aiaperçuunesouche,jemesuisassisedessusetj’aiéteintlalumière.J’aieudumalàenlevermonsacàdosetjemesuisdemandécommentjepouvaisêtreaussifatiguéeaprèsunsimpletrajetàmoto.Lamoindreparcelledemoncorpsmefaisaitmal.Àlalueurdelalune,j’aivuRafes’approcherets’asseoiràcôtédemoi.—J’aidesbarresprotéinéesetdeuxpommes,ai-jeannoncé.—Çaira.Jepeuxteramenercesoirsi tuaschangéd’avis,maisquandonseraàdeuxjoursde

route…—Jeneveuxpasrentrer.Jeluiaitenduunebarreprotéinée.J’aitrouvéunebouteilled’eaudansunepochelatérale.—Demain,onseraassezprochesdel’undenosrepères.Onpourraseravitailleretdormirdans

unezoneprotégée,aditRafe.LesMétamorphesavaientorganisédesrepèressecretspartoutdanslaforêt.Nousystockionsdes

vivres,desvêtementsderechangeetd’autresproduitsdepremièrenécessitéaucasoùunmembredelameuteseretrouvaitisolé,blesséouendanger.Mêmesil’Étatétaitpropriétairedelaforêt,nouslaconsidérionscommenôtre.CertainsdenosancêtresavaientdébarquéduMayflower.Quandonavaitcommencé à les brûler vifs, à Salem, ils s’étaient installés dans cette étendue sauvage. C’était undomainenationaldepuisunecentained’annéesseulement,maisc’étaitnotremaisondepuisbienpluslongtemps.Mêmedansl’obscurité,jem’ysentaisbien.—Tuescenséfairequoisitutrouveslelabo?ai-jedemandé.Ledétruire,tuertoutlemonde?—Non,seulementinformerLucasdesonemplacement.Ensuite,ondécidera.—J’espèrequej’auraivécumapremièretransformationd’icilà.Jeseraiplusefficaceentantque

louve.—Jenesaispassionpourraattendreaussilongtemps.Unpetitriregêném’aéchappé.—Àt’entendre,çaal’airtellementloin!Etmoi,jetrouvequeçaarrivetropvite.

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—Laplupartd’entrenoussontimpatientsdeconnaîtreleurpremièretransformation.Ilapasséladoigtlelongdemonbrasnu.J’aifrissonné.—Ettoi,non.Pourquoi?M’encourageait-ilàluiavouermessentiments?—Tupeuxliredansmespensées?ai-jedemandé.—Quandjesuissousmaformedeloup.—Etsinon?—Jecapteunepenséedetempsentemps.Quelleconclusiondevais-jeentirer?Ilpouvait liredansmespenséessanssetransformer,alors

queConnorenétaitincapable.Jemesuislevée.—Jepensaisquechacundenousavaituncompagnonprédestiné,qu’onlereconnaissaitd’instinct.

J’ail’impressiond’êtreuneaberration.Jen’imaginaispasquec’étaitaussiperturbant.—Qu’est-cequiteperturbe?Jemesuisretournée.—Bonsang,Rafe,situpeuxréellementliredansmespensées,tudoisdéjàlesavoir.—J’essaiedenepasm’imposerdanstonesprit.M’autorises-tuà…—Non!J’avaisbesoind’intimitéjusqu’àcequej’yvoieclair.—Qu’as-turessentiquandjet’aiembrassée?—C’étaitplusintensequetoutcequej’aijamaisvécu.Maisc’étaitpeut-êtredûauxémotionsdela

journée…Onétaittouslesdeuxsouslechoc.—Alorslaisse-moit’embrasserànouveau.Savoixétaitgrave,rassurante,presquehypnotique.—Ceneseraitpasjustevis-à-visdeConnor.—Ettoustesdoutes,est-cejustepourlui?Leschosessontdifférentespourlesmâles.Pendantta

première transformation, si ton compagnon est avec toi, si tu l’as choisi, il se liera à toi.Ce serapermanent.Nousnousaccouplonspourlavie.Situchangesd’avis,tupeuxt’enaller.Pasnous.Etsituviensversmoiaprès,jesauraitoujoursqu’ilétaitavectoilorsdetapremièrefois.Jenepourraijamaispartagercetteexpérienceavectoi.—Maisjevivraid’autrestransfor…—Celan’aurarienàvoiraveclapremièrefois,quandtoutennous,toutcequenoussommes,tout

cequenousserons,arriveàmaturité.Unpapillonquiémergedesachrysalideresteraunpapillon,maislemomentoùildéploiesesailespourlapremièrefoisestunique.C’estlaraisonpourlaquellelelienquiseformeàlapremièretransformationdelafemelleestaussifort.Ellenevivraplusjamaiscemomentd’émerveillementetlemâle,sonmâle,veutlevivreavecelle.J’avais toujourssuque lapremière transformationétaituneexpérienceprofonde,maispersonne

nel’avaitjamaisexpliquéedecettemanière.Toutcommelesexe,c’étaitunsujetquemamèreavaitrarementabordéavecmoi.C’étaitunepartieimportantedemonpassageàl’âgeadulteetpersonnenem’avaitdonnélemoded’emploi.Soudain,Rafefutàcôtédemoi.Jesentais lachaleurirradierdesoncorps.Jevoulaismeblottir

contrelui.— Pourquoi es-tu venue avecmoi si tu ne voulais pas tenter de savoir ce que ça faisait d’être

ensemble?a-t-ildemandé.J’aiprisdélicatementsatêteentremesmains.Jevoyaissabarbedetroisjours,seslongscheveux

brunssoulevésparlabrise,sonregardplongédanslemien.J’avaisconsciencequ’ilattendaitquejemedécide.

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«Pardonne-moi,Connor.»Jemesuismisesur lapointedespiedspourprononcermoninvitationd’unevoixquej’espérais

sensuelle.«Embrasse-moi.»Songrognementdouxetvictorieuxaretentientrenousetilm’aembrasséepassionnément.Comme

lepremier, cebaiserm’a coupé le souffle.Ce soir, cen’était pas la pousséed’adrénalinedue à laproximitéde lamort, ni le sentimentgrisant qu’ilm’ait sauvé la vie.Mais le feu était toujours là,dévorant,commedansmesrêves.Ettoutcommelepremierbaiser,ilétaitétourdissant.Jemesuisdégagéelapremière.Jen’enétaisplusàmedemandersicen’étaitqu’unequestionde

désir.Enfin,jesentaiscelienprofonddonttousparlaient.J’avaisunproblème.Ungrosproblème.Quandmestalonsonttouchéànouveaulesol,j’aiposémajoueaucreuxdesonépaule,accueillant

sesbrasautourdemoi.—Çava?—Jenesaispas,Rafe.Mavies’estcompliquée,toutàcoup.—Jenediraipasqueçamefaitplaisir,mais jenesuispasdéçunonplus.Aumoins, ilyaune

chancequetumechoisisses.«Etqu’endiraConnor?»—Ilfautqu’ondormeunpeu,a-t-ilrepris.Tupeuxpartagermonsacdecouchage.Super!J’avaisoubliéd’emportermonduvet.—Jenepeuxpas,ai-jeréponduavecquelqueregret.Sijefranchissaiscertaineslimites,jenepourraisplusrevenirenarrière.—Turecommencesàt’inquiéterpourConnor.—Évidemmentquejem’inquiètepourlui.Rafe,ilatoujoursfaitpartiedemavie.Jusqu’àcetété,

aucundenousdeuxneseposaitdequestion,aucundenousdeuxn’avaitdedoute…Etlà,jenesaisplus.Tomberamoureuxdevraitêtrelachoselaplusnaturellequisoit,orçanel’estpas.C’était précisément ce quime compliquait l’existence : j’étais en train de tomber amoureuse de

Rafe.Àcausedesesmerveilleuxbaisers,certes,etaussiparcequ’ilpouvaitmedévoilersoncœuretsonâmesansréserve.Ilétaitfort,généreux.Iltenaitàmoi.Ilsavaitcequ’ilvoulaitetn’hésitaitpasàsebattrepourl’avoir.Ilneserésignaitpas.Tendrement,ilm’atouchélajoue.—Jenevoulaispasterendreleschosesplusdifficiles.J’aimeraisquecesoitplussimple,autant

pourtoiquepourmoi.Simplement,jenevoulaispasabandonners’ilyavaitunechancequ’onpuisseêtreensemble.Ets’iln’yenavaitaucune,jedevaislesavoir.Toiaussi.—Jesais.Jenesuispasencolère.Juste…trèsfatiguée.—Situpartagesmonsacdecouchage,jeteprometsqu’onneferaquedormir.Sans attendrema réponse, il est allé chercher son duvet à l’arrière de samoto.Même si jeme

sentaiscoupable, jenepouvaisniermon impatienceàmepelotonnercontre lui,àdormirdanssesbras.Jen’avaisjamaisrêvédedormirdanslesbrasdeConnor.Rafeadéroulélesacdecouchage,puisilm’atendulamainetaentrelacésesdoigtsauxmiens.Je

me suis allongée. La seconde d’après, il était étendu sur le dos àmes côtés,m’attirant contre sonflanc.Jesentaislaforcedesonétreinte,lafermetédesesmuscles.J’aiposémajoueaucreuxdesonépaule et j’ai écouté lesbattements réguliersde son cœur. Il avait promisquenousne ferionsquedormir,maisjemesurprenaisàenvouloirdavantage.J’espéraisunautrebaiser.Jebrûlaisdesentirsesdoigtssurmapeau.Rafes’estenrouléautourdemoi,m’enveloppantdanslecocondesachaleur.Bientôt, jemesuis

détendue,moncorpsconfonduaveclesien.Jecroyaisquenouspartionsà la recherchede lachose laplusdangereusedans la forêt. J’avais

tort.Àcemomentprécis,lachoselaplusdangereusequej’affrontais,c’étaitsesbrasautourdemoi

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etpourtant,jamaisjenem’étaissentieautantensécurité.

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Le lendemain matin, je me suis réveillée blottie contre Rafe. Il ne m’avait pas lâchée et je nevoulaispasquitter leconfortdesesbras.Jenemesouvenaispasavoirdormiaussiprofondément,alors que nous avions passé la nuit à la dure. Mes rêves avaient été incroyablement nets etpéniblementréels.LapluparttournaientautourdeRafequim’embrassaitjusqu’àcequejedéfailledeplaisir. Dans un autre, Connor et lui se battaient pour moi. Pour autant que je sache, cela ne seproduisait plus de nos jours,même si c’étaitmonnaie courante parmi lesMétamorphes des tempsanciens.Parfois,j’étaissurprisequenotreespècen’aitpasdisparu.J’aienfouimonvisageaucreuxdesonépauleenmedemandantsic’étaitunlève-tôtetdequelle

humeurilseréveillerait.Pourmapart,jemesentaisformidablementreposée.C’estsonbaiserprèsdematempequim’aalertée:ilnedormaitplus.Seslèvresétaientdouceset

chaudes.Mêmesijebrûlaisdel’embrasserpassionnément,j’avaispeurdem’abandonneràmondésirtantquemessentimentsétaientincertains.Jenepouvaisnierqu’ilsgrandissaient,maisdépasseraient-ilsl’affectionquej’avaispourConnor?Était-cedéjàfait?Était-ild’ailleurspossibledemesurerlesélansducœur?J’aiinclinélatêteenarrièreetcroisélechaudregarddeRafe.Avantquejepuissedirebonjour,ila

effacé d’un baiser tous mes doutes et ma culpabilité. Pendant un court instant, je me suis sentieaffranchie de tout souci, de toute angoisse. Je me suis laissée aller et j’ai senti ses muscles secontracterpuisserelâcheralorsquejefaisaiscourirmesdoigtssursesépaulesetdanssondos.Ilétaittellementfort,tellementpuissant.Jelevoulais,jevoulaislasécuritéqu’ildégageait,jevoulaissavoir,auplusprofonddemoi,qu’ilétaitlebon.Maisquelquesheuresensacompagnienepouvaienteffacerletempsquej’avaispasséauprèsdeConnor,l’hommequim’étaitdestiné.À regret, j’ai reculé.Son regard aparcourumonmenton,mes lèvres,monnez,mesyeux,mon

front,commes’ilvoulaitpassersavieàlesembrasser.—Troptôtpourlesbaisersspontanés?a-t-ildemandédoucement.J’aiacquiescé.J’aicaressélecoindesabouchequiserelevaitenunsourirenarquois.—Jesuisdésolée.—Nelesoispas,Lindsey.Jesuispatient.Contrairementàlalune.Surcerappel,ilestsortidusacdecouchage.Ilm’amanquéimmédiatement.Réprimantmondésir,

jemesuisassiseetj’aiattrapémonsacàdos.Aprèsavoirdétachémescheveux,jelesaidémêlés.Rafes’estaccroupidevantmoietaposéunpaquetdesixbeignetsrecouvertsdechocolat.—Oh,mespréférés!mesuis-jeexclamée,ravie.—Jesais.J’ailevélesyeuxverslui.—Commenttusavais?—Tuesuneaccroduchocolat.D’unemain,ilafaitminedetirermescheveux.—Laisse-lesdétachésaujourd’hui.—Ilsserontpleinsdenœudsd’icicesoir.—Jelesbrosserai.—Tuasdéjàessayédedémêlerdesnœudsaprèsunejournéeenpleinvent?C’estuncombatperdu

d’avance.Désolée.Jelesdétacheraiquandonirasecouchercesoir.Ilm’aadresséunsouriresexy.—Çameva.

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Aprèsunpetit-déjeunerrapide,nousavonsfaitnosbagagesetjemesuisinstalléederrièreRafesursamoto.—Tuasaccèsàmesrêvescommetulisdansmespensées?ai-jedemandé.Ilm’ajetéunregardencoinetfaitunclind’œil.—Seulementsijesuisréveillé.Avantquejepuisseluidemanders’ilavaitdormilanuitdernière(jedevaissavoirs’ilavaitvumes

rêves),iladémarréetnoussommesrepartisàfonddanslaforêt.Il ne faisait pas aussi clair que la veille. Plus nous allions vers le nord, plus les nuages noirs

devenaient menaçants. Même si nous ne voulions que découvrir l’emplacement du labo pourl’indiquer ensuite aux autres, nous prenions le risque d’être capturés.Les scientifiques penseraientque nous étions des Métamorphes, ils feraient des expériences sur nous. Aucune loi ne nousprotégeraitpuisqu’aucuneloi,exceptélanôtre,nereconnaissaitnotreexistence.Peut-êtrequelaSPAsemanifesterait et alerterait le public à propos d’actes de cruauté envers les animaux, mais nousn’étions pas vraiment des « animaux » au sens strict. Nous n’étions pas non plus complètementhumains.Jenepouvaispasm’empêcherdemedemandersil’heureétaitvenuepournousdesortirdubois–c’étaitlecasdeledire.Environ une heure avant le crépuscule, nous sommes tombés en panne d’essence. Rafe avait

modifiésamotopourpouvoirfaireplusdekilomètresavecunpleinetjecommençaisàcroirequ’ilavait aussi agrandi le réservoir.Maismême lemeilleur desmécaniciens ne peut prévoir tous lessoucis possibles, en particulier dans une étendue sauvage aussi grande. Il ne paraissait pas du toutinquiet,sansdouteparcequ’ilnoussavaitprochesdel’undenosrepères.Çam’était égal demarcher. J’étais habituée à faire de la randonnée. Une partie demoi voulait

marchervite,l’autrevoulaitprendresontemps.Nosrepèresétaientgénéralementcreusésàflancdemontagneoudecolline. Ilsétaientplutôtconfortables.Cesoir,Rafeetmoiserionsseulsdans l’und’eux.Serais-jeassez fortepour résisterauplaisird’unautrebaiser?Dormirions-nousànouveaudanslesbrasl’undel’autre?Cachésauxyeuxdumondeetcomplètementàl’abri,aurions-nouslaforcederepousserlatentation?J’airegardéautourdemoi.Lanaturefamilièremeparaissaitsoudainétrangère,violée.—Ets’ilsavaientposédespièges?—Alors espérons que je tombe dedans et pas toi, a répondu Rafe. Je peux me transformer et

guérir.Toi,ilfaudraitquejeteramènetantbienquemalverslacivilisation.—Àconditionqu’onpuisses’enéchapper.Ets’ilsnousamènentàleurlabo?Iladoucementtouchémajoue.—Ilnet’arriverarien,Lindsey.Jetepromets.Jel’airevusebattreaveclepuma.MaisBio-Chromeétaituntoutautregenred’animal.—Commentont-ilspuconstruireunlaboaussiprèsdelaforêtsansquepersonnes’enaperçoive?—C’estunezonepeupeupléeetonnepeutpasyfairedespatrouillestoutletemps.J’aientendu

parlerdecartelsde ladroguequi fontpousser leursplantsdemarijuanaetdepavotsurdes terresgouvernementales,àl’intérieurdesforêtsnationales,souslenezdesrangers.— J’imagine que la forêt perdrait de son charme si on y installait des caméras de surveillance

partout.Ilajetéunœildansmadirectionetasouri.—Absolument.Plusaucunmoyendesefairedescâlinstranquilles.Sonregardesttombésurmeslèvres,quiontcommencéàmepicoter.—AlorsquiatuéDallas,d’aprèstoi?Undesnôtresquiseméfiaitdelui?Ouc’étaitpeut-êtrele

hasard?

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—Onpeutimaginertouslescasdefigure,maisàmonavis,Bio-Chromeaengagéuntueur.Dallasallaitlestrahir.Etilspréfèrentéviterqu’onsachequ’ilsnoustraquent,puisqu’ilsveulentgardernotreexistencesecrète.Ilsessaientdefaireprofilbas,denepasimpliquerlesautorités, jusqu’àcequ’ilsdécouvrentuneformuleouletrucqu’ilsespèrentinventerpourreproduirenoscapacités.—Etsionnepeutpaslesarrêter?—Onlesarrêtera.Avecnonchalance,ilacontinuéàpousserlamoto.Unetellecertitudel’habitait!Jelecroyaisetjemeconvainquaisquetoutfiniraitpars’arranger.En

très peu de temps, j’avais appris à le connaître si bien que ses baisers n’étaient plus les seuls àm’impressionner.Ilétaitnépourdiriger.Nousavonssuiviunchemintortueuxjusqu’àunendroitoùl’eaumurmuraitsurdepetitsaffleurementsrocheuxavantdedisparaîtresousterre.—Tienslamoto,aordonnéRafe.J’ai regardé sesmuscles secontracterquand il a fait rouler legros rocherdecôté.Lanuit était

presquetombée.Jemesuisglisséedanslacavernefroideetsombre.AlorsqueRafeintroduisaitsamotoà l’intérieur, j’ai regardéautourdemoi, le tempsquemesyeuxs’adaptentà ladifférencedeluminosité. Jevoulais faire semblantd’êtredansun lieumagiqueoù la réaliténepouvaitpasnousatteindre. Lorsque Rafe est arrivé à ma hauteur, qu’il a mis ses bras autour de ma taille et m’aembrasséedanslecou,jemesuisretournéepourl’accueillir.Jesavaisquej’auraisdûprotester,maisl’obscuritéréveillaitmoninstinctsauvage.Sabouches’estattardéesur lacourbedemanuque.J’aivibré de plaisir et je me suis sentie comme un chat qui s’étire au soleil. Mais je ne pouvaism’empêcherdepenseràConnor.Rongéeparlaculpabilité,jemesuisdégagéedesonétreinteavantqueseslèvrespuissentserefermersurlesmiennes.Une faible lueur a soudain éclairé la grotte. Je me suis retournée, curieuse, et j’ai vu Rafe

s’éloigner de la lampe qu’il venait d’allumer. D’un geste, il a laissé retomber un rideau noir surl’entrée,nouscoupantdel’extérieur.Ilmefaisaitface,sonregardplongédanslemien,etjevoyaisdanssesyeuxqu’ilvoulaitquejelui

donneplusqueceque j’étaisprêteà luiaccorder,que je feignedecroirequenousétionsseulsaumonde.C’était tentant. Il avait fait lepremierpasquelquesminutesauparavant.C’étaitdésormaisàmontourd’allerverslui.Avantlafindelanuit,jeleferaissansdoute.Commentrésister?J’ignores’ill’aludansmonespritousimonvisagetrahissaitàquelpointj’avaisenviedelui.Il

m’a adressé un sourire lent et paresseux et son regard s’est réchauffé. Il était patient, certes,maissurtoutcompréhensif.Ils’estdirigéversungrandconteneurenplastiqueetafouilléàl’intérieuravantdemelancerune

boîtedesaucisses.J’étaisassezaffaméepournepasfairelafinebouche.Jemesuisassisesurlesolduretfroid.—Commentsavoirsionvadanslabonnedirection?ai-jedemandé.Juchésurunecaisse,Rafedégustaitsaconserve.—Dallas a dit que le labo se trouvait à l’extrémité nord-est. J’espère qu’en se rapprochant des

mecsdeBio-Chrome,jedétecteraileurodeur.—Ceseraitplussimplesitupouvaistedéplacersoustaformedeloup.Ilasourienhaussantlesépaules.—Plussimple,maismoinsdrôle.—Oui,jesuisunevraieboute-en-train.—Avectoi,jemesensmoinsseul.Jel’aiobservépendantuneminuteetj’airepenséàl’époqueoùnousallionsàl’écoleensemble.—Jet’aitoujoursprispourunsolitaire.—C’étaitplusfacile.

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—Commentça?Ilasortiunesaucissedelaboîteetl’amâchéeunmoment.—Tum’asdemandél’autrenuitsijecouraistoujoursaprèslalune.—J’étaisjuste…Jenesaispas,j’auraisdûmetaire.—Non, tu avais raison. Quand j’étais gosse, j’aurais voulu quemes parents aillent aux portes

ouvertesdel’écoleets’intéressentàmesprojetsscolaires.J’auraisaiméquemonpèremelanceunballon de football au lieu deme cogner dessus.Quand je devenais ami avec quelqu’un, je voyaisbeaucoupdechosesquimefaisaientenvie,toutensachantquejenelesauraisjamais.Pasdestrucsmatériels,pasdesgadgets,maisdeschosescommededîneràtableavectoutesafamille.J’aisentimoncœurseserrer.Jesavaisqu’iln’avaitpasgrandidansmonmonde,maisjen’avais

jamaismesurél’ampleurdecequinousséparait.—Tuétaislaseuleànepasmedévisagerquandj’arrivaisàl’écoleavecdesbleusouunœilau

beurrenoir,a-t-ilajoutétoutbas.—Mesparentsm’onttoujoursditqueçanesefaisaitpas.Mêmesidernièrement,jesemblaisavoiroubliémesbonnesmanièresparcequejeledévisageais

beaucoup.Maintenant qu’il parlait de sonpassé, je nevoulais plusme contenter de le regarder. Jevoulaisleprendredansmesbras,leréconforter.—C’étaittonpère,c’estça?Iltebattait.—Oui.Ilétaitsouventbourré.Riendecequejefaisaisnetrouvaitgrâceàsesyeuxquandilétait

dans cet état. Il avait pris l’habitude de me cogner dessus. Des fois, je racontais aux gens que jem’étais bagarré. Je préférais passer pour une brute plutôt que d’avouer la vérité : mon père medétestait.—Non!ai-jeprotestéviolemment.Ilétaitmalade.Esquissantunsourirenarquois,Rafeasecouélatête.—Tu sais, quand j’étaisplus jeune, j’avaishâted’arriver àmapremière transformationafinde

guérirplusvite.Personnenesauraitplusàquellefréquenceilmebattait.Etpuisilestdécédédanscetaccidentdevoitureetçaneservaitplusàrien.J’étaiscontentquandilestmort.Ilamarquéunepause.—Est-cequejetechoque?J’aisoutenusonregard.—Non,jenel’aijamaisaiménonplus.Ilmefaisaitpeur.Rafearéagiauquartdetour.—Est-cequ’ilt’afaitdumal?—Jamais.Monpèrel’auraittués’ilavaitoséporterlamainsurmoi.Maisilavaitl’airméchant.Il

prenaittoujoursuneminerenfrognée,commes’ilenvoulaitaumondeentier.—Jeneteferaijamaisdemal,Lindsey.Jenesuispascommemonpère.—Jesais.SiRafem’effrayait,c’étaitàcausedecequejeressentaispour lui,dessentimentsquejen’avais

jamaiséprouvéspourpersonne.Etcesoir,nousserionsdanscettepetitecaverne,blottisl’uncontrel’autre.Peut-êtremêmequ’ons’embrasseraitencore.J’avaispassébeaucoupdetempsaujourd’huiàpenseràcequipourraitarrivercesoir.Jemesuis levéeet j’ai jetélaboîtevidedansunsacplastiquequenousemporterionsavecnous.

Nousveillionstoujoursànepaspolluernotreenvironnement.—Jevaisaubassin.Rafem’aregardéavecintensité,commes’ilsedemandaitsijel’invitaisàmesuivre.Cen’étaitpas

lecas.J’avaisbesoind’êtreseulepourmecalmerlesnerfs.Jesavaisqu’ilnesepasseraitriensijenelesouhaitaispas.Leproblème,c’estquejen’étaispassûredecequejevoulais.

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J’aidénichéunpantalonserréàlatailleparuncordonetunT-shirtàmancheslonguesdansunecaisseenplastique.J’airéunitoutcedontj’avaisbesoin,ycomprisunegrosselampequidiffusaitunlargefaisceau,etjemesuisdirigéeversuntunnelaufonddelacaverne.Aprèsuncoude,lepassages’ouvraitsurunesecondesalleoùunruisseausouterrainsedéversait

dansunbassin.Jemesuisagenouilléeaubordetj’aiéteintlalampe.Quandmesyeuxsesontadaptésà la pénombre, j’ai distingué de minuscules créatures fluorescentes. Mais l’eau, constammentrenouvelée, était transparente.Aucune algue, ou toute autre chose quim’aurait fait frissonner, n’yproliférait.J’ai rallumé la lumière et humidifié un linge pour me débarbouiller. J’ai imaginé Rafe qui

m’embrassaitlevisage.Mêmesil’airquim’entouraitétaitfrais,j’aisoudaineutrèschaud.J’airetirémesvêtementspuisplongé.Cen’étaitpaslapremièrefoisquejevenaisnagerici.L’eauétaitfroide,maisc’étaitagréable.Jeme suis lavé les cheveux et le corps.Me débarrasser de deux jours de saleté était un délice,

jusqu’àcequejesortedubassinetquemapeausecouvredechairdepoule.J’aiattrapéuneserviette,jemesuisséchéeenvitesseethabillée.J’aiessorémescheveuxavantdelesdémêler.J’aifailli lesnatter,maisRafem’avaitdemandéde les laisser libreset jevoulaisplusque tout levoirsourireetsentirsesdoigtss’ypromener.J’ai jetéunœilvers lepassage,curieusedesavoircequim’attendaitexactementde l’autrecôté.

Nous dormirions sans doute dans les bras l’un de l’autre ce soir encore. Des picotementsd’impatiencem’onttraversée.Jevoulaisêtreaveclui,terriblement.Jen’avaisjamaisrienéprouvédetelenversConnor:dudésiràl’étatpur.J’ai rassemblémes affaires et jeme suis dirigée aussi calmement que possible vers le passage.

Soudain,j’aientendudesvoix.Apparemment,nousn’étionsplusseuls.J’aiimmédiatementreconnul’uned’ellesetj’aicomprisavecregretquejenedormiraispasavec

Rafe.Enfait,ilnemeprendraitpeut-êtreplusjamaisdanssesbras.Marquantunepauseàl’entréedelacaverne,j’aivuLucasetConnorquiacculaientpratiquement

Rafedansuncoin.Kayla,unpeuplusloin,semblaittrèsmalàl’aise.Jesavaisqu’elleavaitassistéàuneconfrontationentreLucaset son frère, celuiquinousavait trahis.Commemoi, elleavaitbienconscienceque lesgarçonspouvaientsemontrer très intimidantsquandleurniveaude testostéroneétaitauplushaut.—Qu’est-cequit’aprisd’emmenerLindseyavectoi?ademandéConnoràRafe.Moncœurabondidansmapoitrinequandj’aiperçulafureurdesavoix.—C’estmoiquiaivouluvenir,ai-jeréponduavantqueRafepuisseouvrirlabouche.Connors’estretournébrusquement.J’ailudanssesyeuxqu’ilvoulaitmeposerdesquestions,qu’il

sesouvenaitdenotredisputeinachevée.J’yaivudesregrets…etduchagrin.Àcetinstantprécis,jeressentaislamêmechose.Maisj’étaisaussiencolère;Rafeétaittenupourresponsabledemesactes.—Tupensaisàquoi?ademandéConnorviolemment.—Neluiparlepascommeça,estintervenuRafe.Savoix,plusprofondequed’habitude,contenaitunelégèremenace.—C’estbon,Rafe,ai-jeditpourcalmerlejeu.Onatouslesnerfsàfleurdepeauencemoment.Vu la vitesse à laquelle ils nous avaient rejoints, j’en ai déduit qu’ils avaient voyagé sous leur

formeanimale.Nousavionsuntasdevêtementsenréservepourdesurgencescommecelle-ci.Kaylaportaitunpantalonsouplesimilaireaumien.—Jepensaisquejepourraisl’aider,ai-jeréponduàConnor.—Comment?S’ilt’étaitarrivéquelquechose…—Ilnem’estrienarrivé.

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—Tun’aspasdemandélapermissionnonplus,estintervenuLucas.Celam’aagacéedelevoirprendrelepartideConnor.—Jen’aipasdecomptesàterendre.Jesavaisquec’étaitpuéril,maisjen’appréciaispassonaccusation.—Ehbien,si.Jesuislechefdemeute,jeterappelle.—Situcherchesunboucémissaire,défoule-toisurmoi,ainsistéRafe.Jesavaisquej’avaistortet

jel’aiquandmêmeemmenée.—Etdansquelbut,aujuste?ademandéConnor.—Tulesaisparfaitement,arétorquéRafe.Jemesuisrenducomptequ’ilétaitaussiencolèrequeConnor.Connors’estjetésurlui.J’aientenduunbruitsourdquandunpoingafrappédelachairetdesoset

ilssesonttouslesdeuxécroulés.—Arrêtez!Arrêteztouslesdeux!ai-jecrié.Maisilsnem’ontpasécoutée.Ilsontcontinuéàsetaperdessus.C’étaitnotrefaçonderéglerles

différends.J’airegardéLucas,quirestaitdeboutlesbrascroiséscommes’ilattendaitlebus.—Faisquelquechose!luiai-jecrié.Iladirigésonregarddurversmoi.—Qu’est-cequetuproposes?J’ailancéunjuronetj’aisautéaumilieudelamêlée.—Çasuffit!Conn…Ladouleurs’estpropagéedemajoueàmonœil.J’aihurlé.—Merde!Tul’asfrappée!s’estexclaméRafe,soudainàgenouxàmescôtés.Il avait levisage tuméfié, en sang, et j’ai repenséà toutes les racléesqu’il s’étaitprisespar son

père.J’aieffleurésapommettemeurtrie.—C’esttoiquil’asfrappée,arépliquéConnor.Ils’estaccroupiàcôtédemoietm’atouchélajoueavecunetendresseinattendue.Jel’airegardé.Ilavaitsacrémentencaissé.Undesesyeuxétaitàdemifermé.J’aipalpélachair

gonflée.Ilagrimacé.Jemesuismiseàpleurer.Ilm’aprisedanssesbrasetm’aserréefort,cequiafaitredoublermessanglots.—Jenesaispas,Connor.Jen’arrivepasàsavoir.Ilm’abercéedoucement.—Net’inquiètepas.J’aientenduRafeserelever.—Jesorsguérir,a-t-ilditd’unevoixdépourvued’émotion.Jenevoulaispasqu’ilparte,maisenmêmetemps,avais-jeledroitdeluidemanderderester?Je

mesuisdégagéedel’étreintedeConnoretj’aiessuyémeslarmes.—Tudevraisallerguérir,toiaussi.Je me sentais stupide d’avoir perdu la face devant tout le monde. J’étais complètement perdue.

Commentpouvais-jeaimerdeuxgarçonsàlafois?Iladéposéunlégerbaisersurmonbleu.—Àtoutàl’heure.Ils’estdirigéversletunnel.Kaylas’estagenouilléeprèsdemoi.—Tuvasavoirunsuperbecoquard!—Jem’enfiche.Jelesavaisempêchésdes’entretuer.C’étaitl’essentiel.—Sijecomprendsbien,tun’aspasencoretrouvélaréponse?

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J’aisecouélatête.— Si c’était possible, je suis encore plus perdue qu’avant. Comment ça s’est passé avec les

ornithologues?—Zanderlesaaccompagnés.Jevoulaisêtrelà,aucasoùtuauraisbesoindesoutien.Jeluiaiadresséunsouriredegratitude.—Jesuiscontentequetusoislà,maisilfautvraimentquejeparleàConnor.Jemesuisrelevéeetj’aicroiséleregarddeLucas.—Combiendetempsfaudra-t-ilpourqu’ilguérisse,d’aprèstoi?—Quelquesminutes.—C’estConnorquit’ademandéderéassignerRafe?Sonvisageétaitunmasqueimpassible.Cequi,paradoxalement,m’afournilaréponse.—AlorsquandonaintégréDanielànotreéquipe,ilnes’agissaitpasdetrouverquelqu’unpour

Brittany.—Si.Maiscen’étaitpasl’uniqueraison.Pendantunbrefinstant,jemesuisdemandéoùenétaitBrittany,avantd’attrapermalampetorcheet

dem’engouffrer dans le passage.Connor était assis au bord dubassin, tout habillé. Il n’avait plusaucuneblessure.Ensoupirant, jemesuis installéeàsescôtéset j’ai fixé l’eau,cherchantcommentaborderlesujet.—Jesuisdés…Nousavonstouslesdeuxouvertlaboucheenmêmetemps,avantd’éclaterderire,gênés.Jeregrettaisl’époqueoùnousétionstotalementàl’aisel’unavecl’autre,oùnoussavionstousles

deuxcequenousvoulions.Dumoins,c’étaitnotreimpression.—Tum’asditdesortiraveclui,ai-jearticulétoutbas.—Jenelepensaispas.Enfin,c’étaitconfusdansmonesprit.Mais,aupire j’imaginaisquevous

iriezaucinéma,pasquevouspartiriezdesjoursaufinfonddesbois.Etcertainementpasaupérildetavie.—JesuisunGardiendel’Ombre.C’estmonjob.—Tu es une débutante. Tu ne peux pas guérir comme nous. Tu ne peux pas te transformer, ni

t’échapperaussifacilementencasdedanger.—Tun’espasencolèreàcausedudanger,luiai-jefaitremarquergentiment.—Tuveuxêtreaveclui?Jeveuxdire,tuvaslechoisir?—Jene saispas,Connor.Maiscen’estpas la seule raisondemaprésence ici. J’aivouluvenir

parcequejevoulaisaider.Peut-êtreparcequenousavonstrouvéDallasetquejemesensenpartieresponsabledesamort.Connoraeul’airchoqué.—Cen’estpastafaute.—Dansunsenssi,àcausedel’incidentdesmûres.Maispeuimporte.Jevoulaismesentirutile.Je

voulaisparticiperactivementetfairepayerBio-Chrome.Jenevoulaispasjouerlesguidespourlesornithologues.Cen’estpaslapremièrefoisquejepréfèrel’aventureàlaroutine.La colère deConnor s’est unpeudissipée et sa bouche a esquissé un sourire. Je savais qu’il se

rappelaitunedouzained’occasionsoùjel’avaisconvaincudefairequelquechosequiavaitfiniparnous attirer des ennuis. Je ne réfléchissais pas toujours aux conséquencesdemes actes,mais nousnousétionstoujoursamusés.Délicatement,ilareplacéunemèchedemescheveuxderrièremonoreille.—Est-ceque…est-cequetul’aimes?Il refusait de prononcer le nomdeRafe, comme si, en le confinant dans l’abstrait, il lui déniait

touteimportance.Jeluiaiditlavérité.

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—Jenesaispas.Jenepensaispasqueceseraitaussidur.Kaylam’aracontéqu’elleavaitressentiuneconnexionimmédiateavecLucas.Brittanynesentrienavecpersonne.Je tiensautantà toiqu’àRafe.Jeneveuxvousblessernil’unnil’autreetj’aipeurdeprendrelamauvaisedécision.—Peut-êtredevrais-tusimplementnouslaisserréglerleproblème.Parnous,jesavaisqu’ilvoulaitdireluietRafe.J’aigloussé.—Benvoyons!—Jegagnais,a-t-ilannoncéfièrement.C’étaitbienuneréflexiondemec.—Jecroyaisquetuvoulaisqu’onsoitpluscivilisés,luiai-jerappelé.—Hé,j’étaiscivilisé.Jenemesuispastransformé.Àtoutautremoment,j’auraisri.Maislà,jemesuispenchéepourposermatêtesursonépaule.—Jesuisdésoléedenepasavoirlaréponse.Ilamissonbrasautourdemoietnoussommesrestésainsiunmoment,absorbésl’undansl’autre.

Commetoujours.Nouspouvionscompterl’unsurl’autre.Maisétions-nouspourautantdestinésl’unàl’autre?Puisnousnoussommeslevésetsommesretournésdanslacaverne.Jenem’étaismêmepasrendu

comptequenousnoustenionsparlamain,jusqu’àcequejevoieRafeappuyécontreunmuretquesonregardtombesurnosdoigtsenlacés.Unetempêted’émotionsapassédanssesyeux.—Jevaismonterlagardecesoir,a-t-ilditlaconiquement.Ilestsortisansattendrederéponse.Jevoulaislerejoindre,maisConnoraserrémamain.Mesuppliait-ilensilencederesteraveclui,

ou voulait-ilme rappeler que nous étions ensemble depuis toujours ?À quel point pouvais-je luiresterfidèleenessayantdecomprendremessentiments?—Jevaisnousprépareruncoinoùdormir,a-t-ilannoncédoucement.Jel’airegardéétalerunsacdecouchage,àl’opposédel’endroitoùKaylaeninstallaitunpourelle

et Lucas. Jeme suis frotté les bras nerveusement. Je n’avais jamais dormi avecConnor. S’il étaitvraimentmon compagnonprédestiné, n’aurais-je pas dû être excitée ?Et pourrais-je dormir à sescôtésensachantquej’avaisdormiavecRafelanuitprécédente?Quand toutaétéprêt, ilm’aprisepar lamainetm’aconduite jusqu’ànotrenid. Ilm’a falluun

tempsd’adaptation.Jemesuiscognélatêtedanssonmenton.Ilarigolé,m’aditdemedétendre.J’aichangédepositionjusqu’àcequejeluitourneledosetqu’ilsoitenchiendefusilderrièremoi.Sonbrasm’aencercléeetj’aienlacénosdoigts.Iln’avaitpaslamêmeodeurqueRafe.Iln’avaitpaslemêmecorpsqueRafe.Lucasaéteintlalanterne.Dansl’obscurité,jel’entendaisparlertoutbasavecKayla,commefont

lesamoureux.—Çanevapas,Connor,ai-jechuchoté.—Changedeposition,alors.—Non,cen’estpascequejevoulaisdire.Êtreallongéeàtescôtés…Situétaisdegardecesoir,tu

voudraisquejedormeiciàcôtédeRafe?—Cen’est pas pareil,Lindsey. Jusqu’à ce que tu en décides autrement, tum’appartiens. J’ai un

symbolequireprésentetonnomtatouésurmonépaule.—Luiaussi,ai-jerépondudoucement.Jel’aisentisecontracter,ensuiteilapousséunjuron.Onnesefaisaitjamaisfaireuntatouageàla

légèreetConnorlesavait.—Ilnet’apasdéclaréesacompagnedevanttoutlemonde.Moi,si.—Ilnes’agitpasdeceluiquirespectelemieuxlestraditions.Ils’agitdenoscœurs.—Tuastoujourseulemien.

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J’ai fermé les yeux. Uneminute plus tôt, il était compréhensif etmaintenant, il compliquait leschosesenmedéclarantsaflamme.Jenedoutaispasdesessentiments.JenedoutaisplusdeceuxdeRafe.Jedoutaisdesmiens.Maiscommentleluifairecomprendre?

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13

Connor s’est endormi. J’étais sûre que Lucas et Kayla dormaient, eux aussi. Et moi, j’étaisincapabledefermerl’œil.Jen’arrêtaispasdepenseràRafeetautourbillond’émotionsquej’avaisludanssesyeuxavantsondépart.Aprèsladispute,j’avaisconsoléConnor.J’auraisdûaussiconsolerRafe.Mais les sentiments que je commençais à éprouver pour luim’avaient fait culpabiliser et jem’étaistenueàdistance.C’étaittotalementinjuste.Avec précaution, jeme suis écartée deConnor. Il dormait à poings fermés. Jeme suis faufilée

jusqu’àl’entréedelacaverne,presqueindécelable.Mêmedansl’obscurité,jesavaisoùj’allaisetjene risquais pas de trébucher. Je me suis glissée au-dehors, surprise de découvrir que le soleil selevait.J’aijetéuncoupd’œilalentour.Rafeavaitditqu’ilmonteraitlagarde,maisjenepensaispasque

ce soit vraiment nécessaire. Nous étions assez bien cachés. J’avais l’impression qu’il cherchaitsimplementàéviterunenouvelleconfrontation.J’aifrissonné.Ilfaisaitfroid,maisilyavaitautrechosequelasimplefraîcheurdel’air.J’avaisun

mauvaispressentiment,commelanuitoùnousavionstrouvéDallas.Commesiunemenacerôdait.J’étaissurlepointderetournerdanslacavernequandj’aientenduunmouvement,dansladirection

d’oùRafe etmoi étions arrivés. Plaquée contre la paroi, j’ai avancé à pas de loup. Je retenaismarespirationetprogressaisensilence.Jenesavaispastropcommentjeréagiraissijetombaisnezànezavecunintrus,maisjesentaisqu’ilfallaitquej’aillevoir.Àlasortied’uncoude,j’aipercutéquelqu’un.Moncœurabondidansmapoitrineetmoncris’est

étrangléenun lamentablecouinement.Puis, soulagée, j’aivuquec’étaitRafe. J’aiporté lamainàmoncœur.—Lavache!Tum’asfaitpeur!J’aicruquetuétaisuntypedechezBio-Chrome.J’aiprisdeprofondesinspirationspouressayerdecalmermonpoulsirrégulier.Rafeétaitentrain

depassersonT-shirtetm’ignoraitsuperbement.—Qu’est-cequetufais?luiai-jedemandé.—Jem’habille.Ils’estbaisséetaenfiléseschaussuresderandonnée.Jemesuisaccroupieàcôtédelui.—Jecroyaisquetudevaismonterlagarde.—J’aieuenviedecourir.Sansposerlaquestion,jesavaisqu’ils’étaittransformé.—J’hésitaisàrevenir,a-t-ilpoursuivientirantsurseslacets.Maisjenesuispasdugenreàéviter

lesconflits.Situl’aimais,pourquoitunemel’aspasdit,toutsimplement?L’aimais. Il réagissait comme Connor : il ne prononçait pas son nom, comme si cela pouvait

effacerlessentimentsqu’iléprouvait.—Jecomprendsquetum’enveuillesd’êtrealléeverslui.Jen’auraispasdû.Ouj’auraispeut-être

dûvenirtevoir,toiaussi.Jesuisdésoléed’untasdechoses,maisjenesuispasdésoléed’avoirpassécemomentavectoi.Tuveuxquejetediseuntrucdingue?C’étaitl’idéedeConnor.—C’estça,oui.—Si,jetejure.JusteavantdetrouverDallas,onsedisputaitàtonsujet.Ildisaitquejedevaiste

fréquenterd’unpeuplusprès.Aujourd’hui,ilprétendqu’ilneparlaitpassérieusement.Maisonn’apasputerminernotredispute,doncjenel’aijamaissu.Maintenant,jesuisencoreplustroublée.Cen’étaitpascensésepassercommeça,oudumoins,cen’estpasl’idéequejem’enfaisais.Jepensais

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quec’était ledestin.Qu’ondevait ressentiruneespècededéclic etqu’on savait instantanémentquiétaitnotrecompagnon.Ils’estfigé,leregardperduversl’horizon.—Ilvafalloirquetuchoisisses,Lindsey.Etvite.—Jesais.J’airegardélecielseteinterdubleubrillantetprofonddel’aurore.—Brittanyapeut-êtreraison,ondevraitvivreçatoutseuletensuite,tomberamoureuxquandon

estprêt,etpasselonlecalendrierlunaire.Il a entouré plusieursmèches demes cheveux autour de ses doigts et a tiré légèrement. Je l’ai

regardédanslesyeux.L’intensitédel’émotionqu’ilsdégageaientm’acoupélesouffle.—Peu importe ceque tudécides, a-t-il répondudoucement.Çanechangerapasmes sentiments

pourtoi.J’auraisaiménepasm’enrendrecomptecetété.J’auraispréféréqueçaseproduiseplustôt.J’auraisaiméavoirplusde tempspour…jene saispas…sortir avec toi.Pourque tuapprennesàmieuxmeconnaître.JesaisqueConnoral’avantage,parcequ’ilteconnaîtdepuisdesannées.Ils’estapprochépourdéposerunbaisertrèstendresurmonœilcontusionné.—Jem’excuse.Jen’aijamaisvoulutefairedemal.J’aivoulul’embrasseràmontour.Maisjeluiaisimplementprislamain.—Lesautresdoiventêtreréveillésmaintenant,ilsvontsedemanderoùonest.—Oui,ondevraityaller.J’aifaitunpasdansladirectiond’oùj’étaisvenue.—Àcombien…Rafem’atiréeenarrièreetaposésondoigtsurmeslèvrespourmefairetaire.—Tuentends?Tusens?a-t-ilchuchoté.—Non,quoi?—Despas.Desgens.Etuneodeurdeschiens.Attends-moilà.Jen’avaisencoreobéiàaucunordredanscetteaventureetjen’étaispasprêteàcommencer.Jel’ai

discrètementsuivijusqu’àl’endroitoùlaparoirocheuseamorçaitunvirage.Ilapassélatête.J’aiessayéderegarder,moiaussi.Ilm’arepousséecontrelamontagne.—C’estMason.Iladeuxtypesaveclui.ÇadoitêtrelesmercenairesdontDallasaparlé.Etilsont

deschiens,desrottweilers.Cesbêtespeuventtesauteràlagorgeenunriendetemps.—Quoi?Vite!Ondoitprévenirlesautres.Ils’estmisàarrachersesvêtements.—Troptard,Lindsey.Ilssontprèsdelagrotte.Jevaismetransformerpourmieuxvoiretévaluer

lasituation.Tudoist’éloigneravantqueleschiensneterepèrent.—Pasquestion!Jedoisfairequelquechose.Ilm’asaisieparlesbrasetm’asecouée.—Si lesautressefontcapturer, il faudraqu’onailleà leursecours.Je t’enprie,sauve-toi.Je te

rattraperai.Jetelepromets.Jemesuisdégagéebrusquementdesonétreintepourallervoircequisetramait.—Lindsey…—Chut!Lesdeuxénormeschiensgrognaient et aboyaient, en tirant sur leur laisse. J’ai reconnu l’undes

dresseurs comme étant l’homme chauve que j’avais vu au Renard Rusé le soir où nous avionsrencontréDallas.Ilavaitl’airencoreplusméchantquedansmonsouvenir.Moncœurbattaitàtoutromprequandj’aivuKayla,LucasetConnor,lesmainsattachéesdansle

dos, sortir de la caverne, poussés et bousculés par cesmalabars. Les bras croisés sur la poitrine,

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Masonlesaaccueillis.—Commeonseretrouve.Sescheveuxbruns lui tombaientsur le front.Jemesouvenaisqu’ilavaitde jolisyeuxverts,des

yeuxauxquelsnousnepouvionspasnousfier.Commentpouvait-ilvouloirnousfairedumal?Kaylaaredressélesépaules.—Qu’est-cequetufaisici,Mason?—Jevouscherchais.Nousavonsdeschosesàrégler.J’ai reculé silencieusement le long de l’affleurement rocheux. J’ai fermé les yeux et jeme suis

appuyée dos à lamontagne. J’essayais de chasser demon esprit les images que je venais de voir.J’étais terrifiéepoureux.QueleurvoulaitMason?J’ai tentédemeraccrocheràquelquechosedepositif.Àmonavis,MasonignoraitqueKaylaétaitdesnôtres.Ellepourraits’ensortir.MaisLucas…Masonlesoupçonnaitd’êtreunLycan.EtpourConnor?J’aiplantémonpoingdanslarochedure.Commentétait-cearrivé?Est-cequeDallasnousavait

conduitsvolontairementdansunpiège?J’avaislanauséeetjemesentaismal.—Lindsey, ondoit y aller.Les chiens sont distraits pour l’instant,mais ils nevont pas tarder à

repérernotreodeur.Rafeavaitraison.Mêmesicechoixsemblaitlâche,jesavaisquenousdevionspartirpourêtreen

mesuredelesaiderplustard.Jen’aipasattenduqueRafesetransforme.J’aitournélestalonsetjemesuismiseàcouriraussivitequejelepouvais.Maistoutdulong,j’étaisassailliededoutes.Commentnousavaient-ilstrouvés?OùétaitpartiRafe?Avait-iltrahiConnorpoursedébarrasser

delui?KaylaavaitfaitconfianceàMason.Ellel’avaitaimé.Etils’étaitservid’elle.Avais-jemaljugéRafe?Était-ilcommesonpère?Ferait-ildumalàceuxqu’ilaimait?M’aimait-

il?

Jenesavaispasjusqu’oùaller.CommetouslesMétamorphes,monenduranceétaitsurhumaine.Etcommetouslessherpas,j’avaisunexcellentsensdel’orientation.Jenerisquaispasdemeperdre.Jevoulaisseulementêtrehorsdeportéedel’odoratdeschiens.J’aiprogressésurdesterrainsdifficiles,jesuistombéeetjemesuisécorchélegenou,memaudissantdelaisserunetracedesang.J’aicroiséun ruisseau et avancé un moment dedans, laissant l’eau froide engourdir mes coupures. Puis j’airejointl’autreriveetjesuisrevenuesurmespas.Avecunpeudechance,sileschiensselançaientàmapoursuite,ilsseraienttroublésetperdraientmatrace.OuilspoursuivraientRafe.L’odeurd’unlouplesattireraitprobablementdavantagequelamienne.

Jeme suis écroulée, tremblant de fatigue, depeur et de fureur.Appuyée contreun arbre, j’ai luttépournepaspleureralorsquelavéritém’apparaissaientd’uncoup.Rafe ne s’était pas transformé pourmieux évaluer la situation. Il s’était transformé parce qu’il

comptaitéloignerleschiensdemoi.J’enétaisaussisûrequejem’appelaisLindsey.Commentavais-jepudouterdesaloyauté?Oh,monDieu,pourvuqu’ilaitététropoccupépour

écoutermespensées!Biensûr,ellesétaienttellementconfusesquejedoutaisqu’illesdéchiffre,detoutefaçon.Uninstant,j’étaisinquièteausujetdeConnor;lesuivant,jemesouciaisdeRafe.Maismon inquiétudepourConnorneconcernaitquesasécurité.Lorsque jepensaisàRafe,mes

penséesétaientplusintenses,empliesd’uneterreurplusgrande,commesi,s’illuiarrivaitmalheur,jeleressentiraisauplusprofonddemoi.En fin d’après-midi, jeme suis rendu compte qu’en effaçant toute trace demon odeur pour les

chiens,j’avaispeut-êtreempêchéRafedemetrouver,luiaussi.«Génial!»ai-jemarmonnéintérieurement.Etmaintenant?Est-cequejedevaistenterderetourner

àl’entréeduparcpouravertirlesrangers?Ourentrerchezmoiettoutraconteràmonpère,quiétait

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danslespetitspapiersdugouverneur?ChacunedesoptionsimpliquaitderévélercettelutteàtoutelacommunautédesMétamorphes.Etsinouspassionsenmode«offensiveàgrandeéchelle»,ilyavaitun gros risque que nos secrets soient divulgués aumonde entier.Mais si je ne faisais rien ou sij’essayaisd’agirseule…Sij’échouais…J’aientenduunebrindillecraqueretjen’aiplusbougé.Depuisquandétais-jeassiselà,sansprêterattentionàcequim’entourait,sanschercheràdéceler

unaboiementfrénétiqueouunmartèlementdebottes?J’aicherchéautourdemoiunebrancherobuste.J’aicontournélelargetroncdel’arbreetadopté

unepositiond’attaqueàl’opposédeladirectiond’oùvenait lebruitquej’avaisentendu.Si l’intrusvenaitparici,ilseraitobligédepasserdevantmoietalorsbam!Jel’assommeraisetj’enferaismonprisonnier.NonpasquejepensequeMasonsoitprêtànégocier,maisjenerefusaisaucunevictoire,siminimesoit-elle.J’avais labouchesècheet lesmainsmoites. Jemesentaisoppresséeà forced’essayerdenepas

respirer,denefaireaucunmouvementquirisqueraitdemetrahir.J’aientenduunlégerbruitdepasetj’aiempoignémabranche.Quelqu’un est entré dans mon champ de vision. Je me suis retournée et je me suis retrouvée

plaquéeausolparuncorpslourd.J’avaisperdumamassue,maisilmerestaitencoremespoings…—Maisqu’est-cequetufous?Lindsey!Rafem’asaisieparlespoignetset lesamaintenusenl’air.Jesentaismonpoulss’affolercontre

sonpouce.Sonvisageétaitjusteau-dessusdumien,sonregardcouleurchocolatplongédanslemien.—Excuse-moi,Rafe!J’aicru…Jenepouvaispasdire touthaut ceque j’avais cru.Qu’il étaitmort, ouqu’il neme retrouverait

jamais.Que l’ennemi était proche.Et que l’univers desMétamorphes tel que nous le connaissionsallaitdisparaîtrepourtoujours.—Toutvabien,murmurait-ilencoreetencore,ensepenchantpourembrassermestempes,mon

front,monnez,monmenton.Toutvabien.Aveclepoidsdesoncorpssurlemien,j’arrivaispresqueàlecroire,àmepersuaderquelascèneà

laquellenousavionsassistén’était riend’autrequ’uncauchemar. Ilétaitbien réel,chaud, solide. Ilétaitavecmoiet j’éprouvaisunsoulagement indicible. Ila libérémespoignetset j’ai levé lamainpourtouchercevisagequihantaitmesrêves.J’aipassélesdoigtsdanssescheveuxépais.Letoucher,m’abandonneràsescaresses,m’acalmée,aremisdel’ordredansmonmonde.—Alors,qu’as-tudécouvert?ai-jedemandé.—Queleurschienssontrapidesetféroces.J’aiposélamainsursajoue,lecœurgros.—Tut’estransformépourmieuxleséloignerdemoi.Ilaeffleurémeslèvresdessiennes,aussi légèrementqu’unpapillon.Noussavionstouslesdeux

quenossentimentsdevraientattendre.Àcetinstant,jenepensaispasquejepourraisunjourl’adorerdavantage. Peu importe ce que je décidais pour l’avenir, cemoment entre nous resterait à jamaisprécieux,simplementparcequeRafeplaçaitlebien-êtredesautresavantnotrepropreplaisir.—Cequeceschiensm’auraientfaits’ilsm’avaientattrapé,c’estdelagnognote,comparéausort

quem’auraitréservéConnors’ilt’étaitarrivéquelquechose,a-t-ilavoué.Ilessayaitdegarderuntondésinvolte,maisjesavaiscequ’ilavaitrisqué.—Est-cequeMasonleurafaitdumal?Ilaroulésurlecôtéensoupirant.—Pasencore.Ilslesemmènentquelquepart.—Alorsonpeutintervenircesoir?Ilaclignédesyeuxfaceausoleildelafind’après-midiets’estfrottélenez.

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—Onpourraitsansdoute,maismieuxvautlessuivre.—Tuesfou?Ilfautleslibérerauplusvite!—Calme-toi et réfléchis, Lindsey. Ils vont les emmener au laboratoire. Donc on connaîtra son

emplacement.Jen’aimaispas remettre leschosesàplus tard.Mais jedevais reconnaîtrequesonplan tenait la

route.—Alorsqu’est-cequ’onfait?ai-jedemandé.—Retournonsaurepairevoircequ’onpeutrécupérer.Ilsonttoutsaccagé.—Tunecroispasqu’ilscontinuentàlesurveiller?—Ilsavaientlaisséunesentinelle.Jem’ensuisoccupé.Jen’avaispasenviedesavoircomment.Notreexistenceétaitmenacée,cequijustifiaittout.

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14

Direqu’ils avaient saccagé les lieuxétaituneuphémisme.Le sol était jonchédevêtements etdenourriture.C’étaitajouterl’insulteaupréjudice.— Comment ont-ils su où nous chercher ? ai-je demandé, perplexe. Mason n’aurait jamais pu

trouvercetendroit,àmoinsdesavoirexactementoùaller.—Aucuneidée.—Quelqu’unadûlesrenseigner.Rafem’ascrutée.—Tunepensesquandmêmepasquec’estmoi?Sansbaisserlesyeux,jeluiaiditlavérité.—Non.Ilasemblélâcheruneexpirationqu’ilauraitretenue.—Jenet’enauraispasvoulu.J’étaiscensémonterlagardeetaulieudeça,jesuisparticourirau

momentoùl’ennemiestarrivé.Jemesuisapprochéedeluietjeluiaicaressélajoue.J’avaispeut-êtreeudesdoutesauparavant,

maisc’étaitlapeur,quiétouffaittoutepenséerationnelle.—Jesaisquejamaistunenoustrahirais.Ilasecouélatêteetj’aipuliredelahontedanssesyeux.—C’estmafaute.J’aiéténégligent.—Non, Rafe. Tout comme je ne suis pas responsable de la mort de Dallas. Si on cherche un

coupable,onpeutaccuserMasonetBio-Chrome.Ilaacquiescéd’unairdéterminé.—Tuasraison.J’aicommisuneerreur,maisjepeuxlaréparer.LamotodeRafeétaitrenversée.Jedevaisregardertropdesériespolicières,parcequ’ilm’estvenu

unedrôled’idée.—Ilpourraityavoirunmouchardsurtamoto?—Quandl’auraient-ilsinstallé?J’aihaussélesépaules.— Le réceptionniste de l’hôtel a dit qu’un homme cherchait Dallas. Peut-être que ce type t’a

entenduparlerdevotrerendez-vous.—C’estvraiquejeluiaimontrémamoto.Peut-êtrequ’undesmercenairesdeBio-Chromenousa

surprisetqu’ilaeulaconfirmationquej’étaisunMétamorphe.Merde.Ils’estprécipitéverslamoto,s’estagenouilléets’estmisàl’examinerminutieusement.Enjurant,

ilasortiunpetitdisque.—Çan’étaitpaslàavant.Ill’ajetéausoletalevélepied.—Non,attends!Ill’areposé.—Àquoitupenses?— S’ils ont laissé une sentinelle, c’est qu’ils craignent de ne pas avoir eu tout le monde. Tu

n’auraispasmoyend’attacherçaàunlapinouautrechose?—Etlesfairecourirpourrien.J’aimetonidée.Lesourireauxlèvres,ilm’afaitunclind’œil.—Ettoutlereste.J’aisentimesjouess’enflammer.J’aimaistoutchezlui,moiaussi.

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Lessourcilsfroncésetlamâchoiretendue,ilaregardéautourdelui.—Jenecrainsrien,luiai-jeassuré.Ilaacquiescé.—Jefaisvite.Je me suis assise sur une caisse et j’ai senti les larmes me brûler les yeux. Cette scène de

destruction semblait présager du sort qui nous attendait, nous autres Métamorphes. Bio-Chrome,Mason,sonpère,tousessayaientd’anéantircequenousavionsconstruit.Etj’avaisl’impressionqu’ilsyparviendraient.

Sans laprésencedeRafe, lacavernequiavaitéténotrerefugeprenaituneallure incroyablementsinistre.Chaquefoisquej’entendaisunbruit,jem’immobilisais,osantàpeinerespirer.J’étaisprêteàmebattrecontreunéventuelassaillant.Lesminutess’égrenaientaussilentementquedesheures.L’esprit absent,mais les sens en éveil, j’ai fait duménage.Parfois, la colèrem’envahissait et je

jetais lesvêtements, les couvertures et lesboîtesde conservedans les conteneurs comme si c’étaiteux, l’ennemi. Puis une profonde tristesse montait en moi et je mettais un grand soin à plier lescouvertures,àalignerlesboîtesrestantes.Alorsjemerendaiscomptequenousdevrionssansdouteabandonnercetendroit.Cen’étaitplus

notresanctuaire.Jem’efforçais de ne pas penser àmes amis. La douleur que je ressentais pour eux était atroce.

J’avaismalpourLucasparcequ’ilétaitnotrechef,qu’ilnevoulaitquenotrebien.PourKayla,parcequ’ellevenaittoutjustededécouvrirnotremondeetqu’iln’yavaitpaspireaccueil.EtpourConnor,parcequejenepouvaispasimaginermaviesanslui.J’aiaccusélecoupenramassantunecannettedeRedBull,saboissonénergétiquepréférée.Enla

caressantdesdoigts, j’aipenséqu’il laboiraitquandnousl’aurionslibéréetjel’aimisedansmonsacàdos.Soudain,j’aivuuneombreàcôtédel’entrée.J’ailâchéunpetitcriavantdecomprendrequic’était.

Lesoulagementm’aenvahie.—Bonsang,Rafe,tum’asfichulatrouilledemavie,ai-jerâléenmeprécipitantversluipourlui

passerlesbrasautourducou.J’étaissuperinquiète.Tuasmislongtemps.Ilm’aserréetrèsfort.—Désolé,Lindsey.J’aivoululessuivreunmoment,pourêtresûrqueçaallait.ConnoretLucas

ontquelquesbleus.J’imaginequ’ilssesontdébattus.Etilsontl’airfurax.Masonrisquedelestrouverbienmoinssympathiquesquelorsdeleurpremièrerencontre.J’ai laissééchapperunpetitrire.J’imaginaisConnoretLucasentraindemordiller lestalonsde

Masonàchaquepas,attendantdesevenger.Çafaisaitdubienderire.—Etj’aidûfaireunpeuplusattentionpourattraperunlapinsansavoirl’intentiondelemanger.Jemesentaissibienquejenevoulaispasquittersesbras,maisleromantismen’avaitpassaplace

danscescirconstances.Nosamisavaientbesoind’aide.Sijen’étaispassortiepourparleravecRafe,j’auraisfaitpartiedulot.Jemesuisdégagéeetj’aibalayélacaverned’ungestedubras.—J’aiessayéderangerunpeu,maisj’imaginequec’estinutile.Rafeaeffleurémajouedesonpouce,cequiaravivéladouleur.J’avaisévitédemeregarderdans

laglace,jenevoulaispasvoirmonœilaubeurrenoir.J’avaisdumalàcroirequ’uneseulejournées’étaitécoulée.—Pasdu tout, a réponduRafe. Il faudrabienqu’on remballe toutesnos affairesquandonaura

décidédechangerdeplanque.Ilm’aadresséunsourire.

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—D’ailleurs,nousdevonsnousreposercesoirsionveutlessuivredemain.Nousavonsfinidetoutremettredansdescaissesetnousavonsempilécelles-cicontrelaparoi.J’ai levé les yeux versRafe, concentré sur sa tâche. Ses cheveux sombres encadraient son beau

visage déterminé. Connor et Lucas n’étaient pas les seuls à être en colère. Rafe avait l’habituded’enfouirsesémotions,commes’ilavaitpeurdenepaspouvoirlescontrôlers’illeslaissaitmonteràlasurface.Ilétaitbrièvementsortidesacarapacelanuitdernièrelorsqu’ils’étaitbattuavecConnor,puisils’étaitmaîtrisé.Mais depuis le solstice d’été, il m’avait confié certaines de ses faiblesses, certaines de ses

ambitions,uncôtérebellequilerendaitunique.Sij’avaisdûmedécideràcemomentprécis,peut-êtreest-celuiquej’auraischoisi.Quand nous avons tout rangé, je commençais à me sentir claustrophobe. Nous avons pris des

barresprotéinéesetdeuxbouteillesde jusde fruits avantde sortir.Nousavonsescaladéunepetitecôtequinousaoffertunevuespectaculairedelaforêt,baignéeparuncroissantdelune.—Unpeuplusd’unesemaine,ai-jemurmuré,voyantlepeudetempsquirestaitavantlaprochaine

pleinelune.Tucroisqu’onlesauraretrouvésd’icilà?Rafe a pris ma main, que j’avais posée sur mes genoux. Ce geste n’avait aucun sous-entendu

sexuel;ilnevisaitqu’àmerassurer.—J’ensuissûr.Maisenplusdesauvernosamis,j’avaisunexamendeconscienceàfaireetunedécisionàprendre.Àn’importequelautremoment,regarderlesétoilesensembleauraitétéromantique.Maislà,nous

tuionssimplementletemps.—Rafe?—Mmm?J’aiinspiréàfond.—Dansl’immédiat,cequeturessenspourmoi,cequetuveuxdemoi,cequej’aicommencéà

ressentirpourtoi…ondoitlemettredecôté.NotreprioritéestdesauverKayla,LucasetConnordesgriffesdeBio-Chrome.—Compris.Ilavouluretirersamain.Jel’airetenuedanslamienne.—Maisonpeuts’épauler.—OK.—Jeneveuxpasdormirseule.Aprèscequis’étaitpassélematin,jemedemandaissijevoudraisunjourêtreseule.—Tun’espasobligée,a-t-ilmurmuré.Soudain,j’aiaperçuuneétoiléfilante.Destasdesouhaitsmesontvenusàl’esprit,maisj’aichoisi

defaireceluiquiétaitleplusimportantàmesyeux.Jesouhaite…J’espèrequenousnousensortironstousvivants.

Dans le cercle formé par les bras de Rafe, j’ai réussi à dormir. Quand j’ai rouvert les yeux,cependant,nousn’étionspasseuls.Masonse tenaitau-dessusdenous,plus imposantquedansmonsouvenir.Ilpointaitunrevolversurmoi.J’aidevinéqu’ilcontenaitdesballesenargent.—Vousnelessauverezpas!a-t-ilsiffléd’unevoixmenaçante.IladirigésonarmesurRafeetafaitfeu.J’aicrié.Desbrasm’ontentourée.—Lindsey,réveille-toi!Tuesentrainderêver.

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J’aiouvert lesyeux,pourdevraicettefois.Rafemesoutenait.Tremblante, jemesuiseffondréecontrelui.—Oh,monDieu,c’étaithorrible.J’airêvéqueMasontetuait.—Lesalaud,a-t-ilmurmuréensouriantlégèrement.J’airesserrémesbrasautourdelui.—Cen’estpasdrôle.—Cen’étaitqu’uncauchemar.Jevaisbien.Etpourtant…lerêveavaitsemblésiréel.—Quelleheureest-il?ai-jedemandé.—L’heured’yaller.J’aiacquiescé,maisaucundenousn’afait l’effortdeselever.J’aurais tantaiméquelasituation

soitdifférente,maisc’étaitunvœupieux.Pendantque je rassemblaisdesvivres,Rafeest alléprendredesbidonsd’essencepour samoto.

Quandj’aiterminé,jesuissortielerejoindre.Ilétaitassissursamoto,leregardperdudanslesbois.—Jemonte?ai-jedemandé.—Non,tropbruyant.Ilsnousentendraientapprocher.Maisjeveuxt’apprendrequelquesrudiments

aucasoùtudevraislaconduire.Ilestdescendudesaselleetatapotélesiège.—Assieds-toi.—Tut’imaginesquejepeuxconduirecetengin?Ilasoupiré.—Tudoisconnaîtrelesbases,justeaucasoùquelquechosem’arriveraitetquetudevraist’enfuir

àtoutevitesse.Monestomacs’estcontracté.—Riennevat’arriver.—J’ycomptebien,etConnoretLucassaventcommentlaconduire,maisonnesaitjamais…Ilafroncélessourcilsettapotéànouveaulesiège.J’aiposémonsacàdos,enfourchélamoto,jemesuispenchéeenavantetj’aisaisileguidon.Rafe

estmonté derrièremoi et j’ai senti ses brasme frôler quand il a placé ses grandesmains sur lesmiennes.Marespirations’estarrêtéeanormalementàsoncontact.Àn’importequelautremoment,j’aurais

apprécié la leçon, j’aurais trouvé ses instructions incroyablement sexy.Mais là, nous luttionspoursurvivreetsauvernosamis.—OK,voilàcequetudoissavoir.Sonsoufflesurmanuquem’afaitfrissonner.J’aiessayédemeconcentrersurcequ’ildisaitetd’oublieràquelpointc’étaitmerveilleuxdele

sentirsiprochedemoi.Ilm’aexpliquélafonctiondesdifférentesmanettes,l’embrayage,lesfreins,l’accélérateur,commentchangerdevitesseetfreinerenutilisantlespédales.—Jevaissansdoutemetuer.Jeferaismieuxdedétaleràtoutesjambes,ai-jesuggéréquandilm’a

demandédeluiréexpliquerlesétapesàsuivrepourdémarrer.Sonpetitrirem’aencouragéeàcroirequenousallionssurvivreàcetteépreuve.J’ai simulé plusieursmouvements sans démarrer réellement lamoto.Rafe guidaitmesmains et

mespieds.—J’auraisbienaiméquetufassesunvraitest,a-t-ildit,maisj’aipeurqu’ilsnousentendent.—Jecroisquec’estbon,l’ai-jerassuré.Ilaacquiescé.

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—Iln’yaplusqu’àespérerquetun’aiespasbesoindemettrelaleçonenpratique.Nousnoussommesmisenrouteet,commenousconnaissionsbienlarégionetquenousétionsen

forme–contrairementauxamisdeMason,qui,pourlaplupart,devaientpasserleurtempsdevantunmicroscope –, nous n’avons eu aucunmal à rattraper le groupe,même avec Rafe qui poussait lamoto. Je soupçonnais égalementKayla,Lucas etConnor d’avoir fait tout ce qu’ils pouvaient pourralentirleursravisseurs.Rafeetmoiessayionsderestercontreleventpourqueleurschiensnedétectentpasnotreodeur.

Tandisquelegroupetraversaitunevallée,nousavonsprisuncheminenaltitude,nousservantdespierres,desrochers,desarbresetdesbroussaillescommecouverturepourpouvoircontinueràlessuivre des yeux. Lorsqu’ils se sont arrêtés pourmanger, nous avons fait demême. Comparé auxmercenaires, Mason avait l’air d’un gringalet. J’ai également remarqué deux techniciens delaboratoire,EthanetTyler,quenousavionsrencontrésaudébutdel’été.—Quandjepensequej’aibuunebièreaveccetype,amarmonnéRafeendésignantEthan.—Ilsnousonttousbernés.—Non,jenepensepasqueLucasleuraitjamaisfaittotalementconfiance.—Tues sûrdenepasvouloiressayerde les sauverce soir?Avantqu’on lesenfermedansun

endroitinaccessible?— À la nuit tombée, je me transformerai et je rôderai. Peut-être que je pourrai m’approcher

suffisammentdeLucaspourparlertactique.Jen’aipasdeplanprécis,c’estn’importequoi.J’auraisdûtelaisseraurepaire.—Jen’yseraispasrestée.Ilm’aadresséunsourirenarquois.—Cen’estpasfaux.Ilatournélatête.Masonetsessbiress’étaientremisenroute.Nousavonsfaitcommeeux.

Nous avons patienté jusqu’au alentours de minuit pour nous approcher du camp, Rafe sous laforme de loup et moi, eh bien, dans la seule apparence possible pour le moment. Si nous étionsrepérés, Rafe, du moins, aurait l’opportunité de s’échapper. Je n’aurais probablement pas cettechance. Je savaisqueConnorpéteraitunplombsi j’étaiscapturée,mais jen’allaispas resteràmetournerlespouces.Lalune,plusvisiblecesoir-là,guidaitnospas.J’avaisdissimulémescheveuxsousunfoulardnoir

etm’étaismêmebarbouilléedeboue.Envérité,lefaitdenepasêtreuneMétamorpheàpartentièreme donnait un avantage : comme notre fourrure est de la couleur de nos cheveux, j’aurais eubeaucoupplusdemalàpasserinaperçue.Lorsquenoussommesarrivésauxabordsducamp,moncœurs’estserré.Nosamisétaientassis

dos à un arbre, pieds et mains liés. Si seulement je pouvais m’approcher assez près, je pourraiscouperleursliensavecmoncouteaudechasse.Rafeaémisunfaiblegrognementd’avertissement:N’ypensemêmepas.J’avaispromisdem’en

tenirstrictementauplan,quiconsistaitsimplementàobserver.Masons’estdirigésans sepresserversnosamis. Il fautavouerqu’il étaitmignon,maisdans le

genrebadboy.Pourquoinel’avais-jepasremarquéavant?Ils’estagenouillédevantKaylaetluiaprislementonpourlaforceràleregarder.—Écoute, jesaisqueLucasestun loup-garou,a-t-ildit.Le loupquenousavonsattrapéavait la

mêmecouleurdepoilsquesescheveux,lesmêmesyeux.Desyeuxhumains.Jesaisquetul’asfaitsortirdesacage.

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—Tu te rends compte des inepties que tu racontes,Mason ? Tu crois réellement que les genspeuvent se transformerenanimaux? J’admetsavoir libéré le loup,parcequ’il s’agitd’uneespèceprotégéedansceparcetquetulemaltraitais.Tuleprivaisd’eauetdenourriture.Tuétaisentraindeletuer.—Nousvoulionsl’affaiblirpourl’obligeràsetransformer.EtConnor?C’enestun,luiaussi?—Mason,tuesunpsychopathe!Lebruitsecqu’afaitlapaumedeMasoncontresajoues’estrépercutédansl’air,rapidementsuivi

dugrognementbasdeLucas.—Çaressemblepourtantbienàungrondementdeloup,aditMason.J’aienfoncémesdoigtsdansmespaumespourresterconcentréeetnepasagir inconsidérément.

J’avaisenviedeluicrierdeleslaissertranquilles,deleslaisserpartir.Jesentaisl’animalenmoisecrisper,prêtàbondir.J’étaistellementencolèrequej’étaispersuadéequejepourraisbattreMasonrienqu’avecmespoings,mesonglesetmesdentsd’humaine.—Commentas-tusuoùnoustrouver?ademandéKayla.—Grâce àDallas. Un idiot sans cervelle. Il a démissionné !Personne ne démissionne de Bio-

Chrome.Notrerechercheesttropimportante,demêmequesoncaractèreconfidentiel.IlnousafalluunmomentavantderetrouversatraceàTarrant.Jemesuisditqu’iln’étaitlàquepouruneseuleetuniqueraison:prévenir les loups-garous.Nousavionslaissél’hôtelsoussurveillance,enattendantqu’ilreviennecherchersesaffaires.NousétionslàquandilestarrivéavecledénomméRafe.Noussavions que Lucas était un loup-garou, j’ai donc supposé que les autres membres de votre petiteexpéditionderandonnéel’étaientaussi.Touslesdeuxparlaientdepartiràmotolelendemain,nousavons donc placé unmouchard sur l’engin. Nous pensions queDallas allait guider Rafe jusqu’aulaboratoire,c’étaitl’occasionpournousd’attraperundesloups-garousseuletd’empêcherDallasdedivulguerl’emplacementdulaboratoire.—AlorstuasassassinéDallas?— Ce n’était pas prévu. Quand il est entré dans sa chambre, nous ne pensions pas qu’il en

ressortiraitaussivite.IlaaperçuMicahetsonchien.Ilapaniquéetatentédes’enfuir,maislechienaattaqué.—Sonmaîtren’apaspul’arrêter?JepercevaisdelacolèredanslavoixdeKayla.Jelacomprenais.Pourcestypes,lafinjustifiaitles

moyens.—Nous avons peut-êtremanquéde fermeté.Traîne-nous en justice, a lancéMason cruellement.

Mais,aufond,Dallasétaitl’ennemi.Bondébarras,jedirai.Masson s’est levé et s’est éloigné. Je n’aimais pas sa démarche assurée, toute son attitude qui

claironnaitquelesMétamorphesvalaientmoinsquedeshumains.J’endevenaisfolle; ilfallaitquej’agisse.J’aiscrutélesoletj’airepéréunepetitepierre.J’aiviséavecsoin.Connorarelevélatêteetscruté

laforêt.Jesuislégèrementsortiedubuissonoùjemecachais.Sesyeuxsesontagrandisetj’ailusurseslèvresunmotqu’iln’avaitjamaisprononcédevantsamère.Dégage!a-t-ilarticuléensuite.J’aisecouélatêteavecvéhémenceetjeluiaisilencieusementrépondu:Tiens-toiprêt.Jeluiaienvoyéunbaiserpourleconvaincrequetoutiraitbien.Unemains’estappuyéelégèrementsurmonépaule.J’aifaillihurleravantdevoirquec’étaitRafe.

Ilm’afaitunsignedetête.Pliéeendeux,jel’aisuivijusqu’àcequenousayonstrouvéunendroitoùnouspensionspouvoirpasserlanuit.—Jedétesteleslaisserlà-bas.

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—Jesais,maissijamaistut’exposesànouveaucommeça,jenet’emmèneraiplusavecmoi.Tuasconsciencedurisquequetuaspris?—Jen’avaispaslechoix.Jevoulaisleurfairesavoirqu’onétaitlàetqu’ilsdevaientsetenirprêts.Iln’étaitpascontent,maisquepouvait-ilrétorquer?Ensilence,nousavonsmangédescéréalesdéshydratéesquiavaientungoûtdecarton,mêmesi,

pourêtrehonnête, j’auraissansdouteété incapabled’apprécier leplus tendredessteaks tant j’étaisinquiète.—Quandtoutseraterminé,jeveuxallerdansunbonrestaurantetcommanderlemeilleurrepasde

touslestemps,ai-jedit.—Jet’yemmènerai.Moncœurafaitunpetitbondetmesjouesontrosi.—Rafe…—Jesaisqu’onnefaitpasdeprojetd’avenir,maistum’astendulaperchesurcecoup-là.Etpuis

qu’est-cequ’ilyademalàdînerensemble?MadisputeavecConnorausujetdeRafesemblaitbienloin,lorsqueConnoravaitsuggéréqueje

sorteaveclui.J’aiacquiescé,ravalantmaculpabilité.—Jenediraipasnon,maisjeneteprometspasdedireoui.— C’est bizarre, j’ai toujours pensé que c’était les mecs qui avaient peur de s’engager, a-t-il

taquiné.J’avaisbeauapprécier laplaisanterie, j’aigardélesilence.Rireparaissait inappropriéquandnos

amisétaientprisonniers.—Pourquoitunedormiraispasunpeu?a-t-ilsuggéré.—Ettoi?—Onesttellementprochesd’euxquejepréfèremonterlagarde.Ils’estappuyécontreunarbreetjemesuisétenduesurunduvetàcôtédelui.—TuasvulafaçondontMasonleurparle,lafaçondontillesregarde?—Commedesanimauxquin’auraientaucundroit?J’aiacquiescé.—Oui.Àmonavis,touslesStatiquesnousconsidèrent-ilscommeinférieursauxhumains?—J’espèrequenon.Siçacontinue,jenevoisvraimentpascommentempêcherl’inévitable.Notre

existencevaêtrerévéléeaugrandjour.Ilaeffleurémesdoigtscommes’ilavaitbesoind’uncontact.J’étaisauxanges.—TuasunplanpourlessoustraireàMason?ai-jedemandé.—J’ytravaille.J’ailâchéunpetitrire.—End’autresmots,tun’enaspas.—Ontrouveraquelquechose,Lindsey.Net’inquiètepas.Seulementj’étaisinquiète.J’avaisdéjàassezdemalàfaireletridansmessentimentspourRafeet

Connorsansquetoutecetteaffairemetombedessus.Leursécuritéétaitmaprioritéetjenepouvaispasmelaisserdistraireparmesémotions.Maisellesnemelâchaientpasd’unesemelle.

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Pendant que je surveillais le campement de Mason, perchée dans la montagne, Rafe s’esttransformépourexplorerlesenvirons.J’airepliémesgenouxcontremapoitrine.Jemedemandaiss’ilnevaudraitpasmieuxessayerdelessauvertoutdesuite.Ensuite,nouspourrionspartirensembleàlarecherchedulaboratoire.Lalunecommençaitàdéclinerdans lecielquandRafeestapparuàcôtédemoi.J’étais toujours

fascinée par notre faculté à être silencieux, sous notre forme humaine et animale.Cela devait êtreinscritdansnosgènespuisquenousétionspourmoitiédesprédateurs.—Jel’aitrouvé,a-t-ilannoncéavecungrandsourire.Jel’aidévisagé.—Lelabo?—Oui.Vul’allureà laquelle ilsavancent, ilsnel’atteindrontquedansunjouroudeux.Jecrois

quel’heuredel’évasionasonné.J’étaispresqueétourdieàlapenséequetoutpourraitbientôtêtreterminé.—Tuasunplan?ai-jedemandé.—Jecroisqueoui.Leproblème,cesontleschiens.Jepeuxmetransformer,fairediversion,les

attirer, eux et leursmaîtres, loin d’ici. Pendant ce temps, tu couperas les liens de Lucas, Kayla etConnor. Toi et Connor, vous pouvez partir d’ici à moto. Kayla et Lucas se transformeront etdétalerontàlavitesseduvent.Ça paraissait assez simple. Peut-être trop. Nous aurions pu agir deux nuits plus tôt –même si,

désormais,nousconnaissionslalocalisationexactedulaboratoire.Deuxgardespatrouillaientdanslecamp.Ilsavaientchacununchien.—Bon,tuvasdevoirfairevite,m’aprévenueRafe.Leschiensvontsansdoutefaireassezderaffut

pourréveillertoutlemonde,puisselanceràmapoursuiteavecleursmaîtres.Resteàespérerquecesderniersmettrontunpeudetempsàretrouverleursesprits.J’ailevélespouces.Ils’estéloignéversdesbuissons.Jel’aisaisiparlebras.Aprèstoutcequenousavionsvécu,ce

moment ne semblait pas assez solennel ; après tout, il allait changer beaucoup de choses, nonseulementpournousmaispourtouslesMétamorphes.J’aisoutenusonregardchaudettendre,maiségalementdéterminéetsanspeur.J’enétaisprofondémentémue;çamedonnaitducourage.—Soisprudent,ai-jechuchoté.—Commetoujours.Etsouviens-toi,sauvetavied’abord.J’ai acquiescé, même si je n’étais pas certaine d’être prête à tenir cette promesse. Comment

pouvait-ilcroirequejeferaispassermasécuritéavantcelledemesamis?Quelgenred’amieserais-je dans ce cas ? Et puis ce n’était pasmoi quim’offrais comme appât à deux rottweilers dont lamâchoirepuissanteétaitcapabledebroyerduciment.Rafes’estremisenroute,puiss’estarrêté.—Etpuiszut,ilyadeslimitesàmabonté.Ilm’a prise dans ses bras etm’a embrassée. Ses lèvres étaient pareilles à ses yeux : chaudes et

tendres, et pourtant déterminées et ô combien passionnées. Je ne pouvais m’empêcher de medemandersi,commemoi,ilavaitpeurquenousn’ayonsplusd’autreopportunitésemblableàcelle-cietqu’iltenaitàenprofiteraumaximum.Iltenaitmonvisagedélicatemententresesmainsetinclinaitmatêtelégèrementenarrière.Ilaapprofondisonbaiser,mefaisantfondredeplaisir.Lafinestvenuebientropvite.Ils’estprécipitédanslesbuissons.J’aiportélesdoigtsàmeslèvres.

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Quelquesminutesplustard,j’aivulalunesereflétersursafourrurealorsqu’ilseglissaitjusqu’àl’extrémitéducampverslaquellesedirigeaientl’undesgardesetsonchien.L’autregarderevenaitdemoncôté,làoùsetrouvaientlesprisonniers.Soudain,aumêmemomentexactement,lesdeuxchienssesontimmobilisésetontlevélatête.Ils

ontaplatilesoreillesetj’aientenduleurgrognementmenaçant.Jesavaisqu’unrottweilerétaitrapide.J’espéraisseulementqueRafepourraitlesdistancer.Ilsn’enferaientqu’unebouchées’ilsarrivaientàl’attraper.Toutàcoup,lesdeuxchienssontpartisentrombe.Ilsaboyaient,grognaientettiraientleursmaîtres

derrière eux. Les gardes ont fini par lâcher les laisses pour suivre leurs molosses comme ilspouvaient. Je suis rapidement sortiedemacachette.Kaylam’avue lapremièreet sonsourireétaittellementqu’onauraitditqu’ellem’accueillaitpourunesoiréepyjama.—Lindsey,tuesfolle?s’estexclaméConnor,meramenantàlaréalité.Ignorantsonimpolitesse–dueàsoninquiétudepourmoi–,jemesuisapprochéedel’arbreetj’ai

sciétranchélesliensdeKaylaenunclind’œil.—Dépêche,aditLucas,presséd’endécoudre.Unelumières’estalluméedanslatente.—Jem’occupedeConnor,aditLucasenmeprenantlecouteaudesmains.Sauve-toi.—Connor,rejoins-moiàlamotodeRafe,luiai-jeordonnéavantdefiler.Kaylam’aprislamainetnousnoussommesmisesàcourir.—Hé!Ilss’échappent!ai-jeentenduMasoncrier.Vite!Lesgars!Rattrapez-les!Je ne savais pas si les garçons se transformeraient pour leur régler leur compte ou s’ils

utiliseraientleurspoings.Jedevaisleurfaireconfianceetmedireque,quoiqu’ilsdécident,ilss’ensortiraient.Mêmesij’étaislaplusvulnérable,j’avaisuneenviefolledemebattre.—TupourrasconduirelamotosiConnornevientpas?m’ademandéKayla,lesoufflecourt.—Oui,mais je neveuxpasdémarrer avant d’être sûreque tout lemonde est en sécurité. Je ne

pensepasquenousauronsunesecondechancedenouséchapper.—Jen’arrivedéjàpasàcroirequ’onenaitunepremière.Tuesgéniale.J’ai entendu des pas marteler le sol. En me retournant, j’ai vu que c’était Connor et Lucas.

Finalement,lesMétamorphesn’étaientpasaussisilencieuxqueça.—Lamotoestlà-bas,ai-jecrié.—Jem’occupedeLindsey,aditConnorenmerattrapant.Ilaenfourchélamoto.—JemetireavecKayla,alancéLucas.—Monte,m’aordonnéConnorenfaisantpétaraderlemoteur.Jemesuisassisederrièreluietj’aimismesbrasautourdesataille.—EtMason?—Luietsespetitscamaradessontdanslesvapes.Ilsleuravaientdonclaissélaviesauve.J’espéraisquenousneregretterionspasnotremansuétude,

mêmesituerquelqu’unavaitaussidequoinousperturber.Dansunrugissementdemoteur,nousavonsdémarré,slalomantentrelesarbres.Soudainunfaible

grognements’estfaitentendreetl’undesrottweilersasurgidenullepart.Ilabondisurnousetm’amordulacuisse.J’aicrié.Connorarapidementvirédebordenenvoyant lechienvalsercontreunarbre.—Tuvasbien?a-t-ildemandésansralentir.—Oui.Maisensuite,j’aiperçuunedétonationauloin,commeuncoupdefeu.J’aisentiunevivedouleur

medéchirerl’épauleetj’airesserrémesbrasautourdeConnor.

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Jel’aientendujurer.J’aisentiunliquidechaudetvisqueuxcoulersousmesvêtements.—Tiensbon,Lindsey.J’avaisl’impressionquesesmotsmeparvenaientàtraverslebrouillard.—Resteéveillée!Net’endorspas!Commentsavait-ilquej’avaisenviededormir?«Ahoui,ilpeutliredansmespensées.Non,ilne

peutpas.Rafepeut.»—Resteavecmoi,Lindsey!Jelevoulais,sincèrement.Maismonépauleétaitenfeuetmacuissemefaisaitmal.Jevoulaisque

cette douleur cesse. Il ne fallait pourtant pas que jem’endorme. C’est alors que jeme suis renducomptequesijesuccombaisàl’obscuritéquicommençaitàenvahirmavision,jerisquaisdetomberdelamoto.«Oui,c’estça.C’estcequiarriverait.Jedoisresteréveilléeettenirbon.SijelâcheConnor,jevais

devoirajouterunterriblemaldetêteàlalistedemesmaux.»—Parle-moi,Lindsey.Dis-moicequeturessens.—J’aimalàl’épaule.—Moiaussi.Jecroisqu’onnousatirédessus.Laballeatraversé.«Ah,c’est logique»,ai-jepensévaguement. J’avaisdesdifficultésàm’accrocherau fildemes

pensées et à analyser la situation.Mais si onm’avait tiré dessus, c’était la raison pour laquelle jesentaismondosserefroidir.Maissilaballem’avaittraversée…—Laballet’atouché?ai-jedemandé,surprisedemonarticulationpâteuse.—Oui,maisjepourraiguérirdèsqu’ons’arrêtera.—Quand?J’aivraimentenviededormir.—Jesais,machérie.Tiensbon.Il nem’avait jamais appelée ainsi. Il n’avait jamais employé de terme affectueux àmon égard.

C’étaittellementgentildelefairemaintenant.Jevoulaisluidirequejem’étaisinquiétéeàsonsujet,maisj’avaisdumalàarticulerdesmots.Mabouchenevoulaitpasm’obéir.J’aireposématêtecontresondos.Ilétaittellementconfortable.—Lindsey?Jel’aientenducriermonnom,maisl’appeldel’obscuritéaétéleplusfort.

—Tuétaiscensét’occuperd’elle!—Etsituavaisempêchélesgardesetleurschiensdébilesderevenir,ellen’auraitpasétéblessée!Lescrisetlesaccusationsontcontinué.Alorsquejereprenaispeuàpeuconscience,j’aireconnu

lesvoix:RafeetConnor.Ilsétaienttouslesdeuxenvie,Dieumerci,etnettementplusenformequemoi.—Lesgars,arrêtez!aexigéKayla.Nem’obligezpasàjouerlesdresseursdechiens!Jemesuisrenducompteque j’étaisallongéepar terreetqu’elleétaitassiseàcôtédemoi.Nous

nous trouvionsdans l’undenospluspetits repaires.Nousnous étionsdoncéchappés.Nous étionstousensécurité.Non?—Lucas?ai-jeappeléd’unevoixgrinçante.—Tuesréveillée,aditKaylaenserrantmamain.—Lucas?ai-jerépété.—Ilmontelagarde.Ilaseméquelquestrucspourqueleschiensperdentnotretrace.Onpenseêtre

àl’abriici.Dumoinspourl’instant.Ilfautqu’onteramènecheztoi.—Commenttutesens?ademandéConnorens’agenouillantprèsdemoi.J’apercevaisRafedeboutunpeuplusloin,sonregardinquietposésurmoi.N’importequellefille

rêveraitsansdoutequedeuxgarçonssoientamoureuxd’elle,maisc’étaittellementdecomplications,

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surtoutquandilfallaitenchoisirun!Etvite.—Jesuisblessée.Pastropgravement.Ladouleurn’étaitpasaussivivequejel’auraiscru.—Onatrouvéunkitdepremierssecours,aexpliquéConnor.Ilcontenaitquelquesantalgiques.Le

chien t’a lacéré la cuisse et ton épaule a été traverséepar la balle.On a pupanser tes blessures etenrayerl’hémorragie,maisKaylaaraison.Ondoitteramenercheztoi.Onpensaitt’installerderrièremoisurlamoto.Jemesuisforcéeàsourire.—Onn’ajamaisessayéçaauparcd’attractions.—Non.Iladégagédescheveuxdemonfront.—Nousdevonsfairevite,avantqueças’infecte.J’aifroncélenez.—Jevaisavoirunecicatrice.Dansquelques jours,quandjepourraismetransformer,mesblessuresguériraientsans laisser la

moindretrace,maispourl’instant…—Peut-êtrepas.Detoutefaçon,jetrouvelescicatricessexy.J’airidoucement.—N’importequoi.—Si,jetejure.Boisetmangeunpeu.Après,situtesensd’attaque,onpartira.D’attaqueoupas,nousdevrionspartir.Jenemerétabliraispassanssoinsmédicaux.Connors’estéloigné.JesavaisàquelpointRafeavaitenvied’approcher,maisiln’apasbougé.Il

n’avait pas le droit. Tant que je n’avais pas pris de décision et annoncé à Connor que je ne lechoisissaispas,c’étaitlui,moncompagnon.Ilssontsortistouslesdeux.Peut-êtrepourvérifierl’étatdelamoto,oupourvoirLucas.Oupour

continueràsebattre.—Ilss’inquiètentpourtoi,m’aconfiéKaylaenmetendantunebouteilled’eau.J’aiacquiescé, jesavaisqu’elleessayaitdemefairepasserunmessage. Ils ressentaient lamême

affectionetlamêmeinquiétudepourmoi.Peut-êtrereconnaissait-elleladifficultédemadécision.—Plusquequelquesnuitsavantlapleinelune,a-t-ellemurmuré.J’aiémisunlégergrognement.—Jesais.—Situesencoreenconvalescence,toncorpsva-t-ilretardersatransformation?J’ailentementsecouélatête.— Je n’aurai pas cette chance. La lune a sur nous une sorte de pouvoir mystique. Quand elle

appelle,ondoitrépondre.Ellem’atenduunbiscuit.—Tuasbesoindeprotéines, a-t-elle lancédistraitement.C’est vraimentbizarre, ce truc avec la

lune.Je l’aisenti. J’aisubi la transformationet jen’avais jamais ressentiunechosepareille.Tunepeuxpas t’ypréparer, c’estpeut-êtrepourçaque lesgarçonsn’enparlentpas.C’estcommesi,unbrefinstanttoncorpsnet’appartenaitplus,toutenétantletien.—C’estexact,ai-jeacquiescéenbuvantunegorgéed’eaupourfairepasserlebiscuit.C’étaitplusfacilepourmoid’acceptercegenredechosescarj’avaisgrandiavec.—Etsituchoisislemauvaiscompagnon?a-t-elledemandédoucement.—Jenesaispas.JeconnaisConnordepuistoujours.Iln’yapaslongtempsquej’airemarquéRafe.Entendantdesbruitsdepas,j’aijetéuncoupd’œilversl’entrée.

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—Lesoleilnevapas tarderà se lever, aannoncéConnor. Il fautqu’onpartependantque tuasencoredesforces.—Jesuisprête.Ils’estapprochépourm’aideràmerelever.—Tuvasguérir,Lindsey.J’ailevélespouces.Physiquement,peut-être.Maismoncœurétaitencoreenpleintourmentetjene

savaispascommentcelaallaitfinir.

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Jen’arrêtaispasd’ouvriretdefermerlesyeux.Chaquefois,unenouvellescènes’offraitàmoi.Lesyeuxouverts:laforêtquidéfile.Lesyeuxfermés:Connoretmoientraindeconstruireunchâteaudesable.Lesyeuxouverts:ledosdeConnor.Lesyeuxfermés:Connoretmoientraindeskierpourlapremièrefois.Lesyeuxouverts:levisageinquietdeRafe.Lesyeuxfermés:Connorquis’accuseàmaplaced’avoircassélevaseencristalpréférédema

mère.Lesyeuxouverts:Kaylamefaitboiredel’eau.Lesyeuxfermés:Connormetientlamainàlamortdemagrand-mère.Lesyeuxouverts:Lucasm’ordonnedemebattre.Lesyeuxfermés:Connormedonnemonpremierbaiser.Lesyeuxouverts:leDrRayburnm’aveugle.Lesyeuxfermés:Connoretmoinousembrassonsaufondd’uncinéma.Lesyeuxouverts:unelumièrevive,unetabledure,desgensmeregardent.Lesyeuxfermés:Connordanseavecmoiaubaldefind’année.Lesyeuxouverts:mamèrepleureetmepasselamaindanslescheveux.Lesyeuxfermés:Connormedéclaresacompagne.Lesyeuxouverts:monpère,ceroc,aleslarmesauxyeux.Lesyeuxfermés:Connoretmoisouslapleinelune.Lesyeuxouverts:Connorallongésurunlitàcôtédemoi.Cettefois,jelesaigardésouvertsetj’ailouchéverslui.Jemesouvenaisvaguementqu’uneballe

m’avaittouchée.—Tuesréel?Ilm’asouri.—Oui.—Oùsommes-nous?Mavoixvenaitdetrèsloin.—Àl’hôpitaldeWolford.J’aifaitunegrimace.—Cen’estpasdrôle.Tudevraissimplementtetransformeretguérir.—C’estcequej’aifait.Ilalevélebrasetj’aivuuneaiguillereliéeàuntube.—C’estpourtoi.Tuasperdubeaucoupdesang.—Tumedonnestonsang?—Oui,onestdumêmetype.J’aidûprononcerlemot«merci»avantdesombrerdenouveaudansleslimbesdel’oubli.J’ai

entenduConnorrépondre«pasdequoi».Quandjemesuisréveilléelasecondefois,mamèreétaitassiseàcôtédemonlit.Ellem’aenfoncé

unepailledanslaboucheetm’aenjointd’avaler.C’étaitlameilleureeauquej’aiejamaisbue.—Jesuisfatiguée,ai-jemarmonné.Commentpouvais-jeêtrefatiguéepuisquej’avaisl’impressiond’avoirdorminon-stop?—Tuastraverséunesacréeépreuve.Tudevraispouvoirteleverd’iciunjouroudeux.Elleadégagémescheveuxdemonvisage.

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—Connort’asauvélavie.J’aifroncélessourcils.—Jecroyaisquec’étaitlemédecin.—Connorainterditauxautresdes’arrêter.Ilt’adonnésonsang.Ilvienttevoirplusieursfoispar

jour.—Tuessadirectricedecampagne?ai-jedemandé.Elleasouffléd’impatience.J’aifermélesyeuxetjemesuisrendormie.Mamère avait raison. Je retrouvais des forces.En fin d’après-midi le lendemain, j’étais prête à

repartiràl’aventure.—Jemesensassezfortepourmelever,luiai-jeaffirmé.Je n’arrêtais pas de repousser la couverture, et elle deme la remonter jusqu’aumenton.C’était

énervantdelavoirmetournerautour.—Encoreunejournéeaulit.—Maman,ai-jegémienlevantlesyeuxauciel.Ilfautvraimentquejesorted’ici,jevaisdevenir

dingue.—Siprochede lapleine lune, toncorpsestprobablementplusrésistant.J’imaginequesi tuvas

trèsdoucement,situménagestesforces,çaira.—Super.Jeresteraiassise,maisilfautquejesortedecettechambre.J’airepoussélacouverture;ellel’aremontée.—Jeveuxd’abordqu’ondiscutedeta…transformation.Nousn’avionsjamaiseudeconversationsurlatransformation…nisurlesexe.—Maman,c’estunpeutard.J’enaidéjàparléavecKayla.Ellem’atoutraconté,jen’aipaspeur.—Tudevrais,a-t-ellerétorquéd’unairsévèrequim’asurprise.Sonvisages’estradouci.—TusaisquetonpèreetmoiadoronsConnor.—Jesais.—EtjesaisquetuaspassédutempsavecRafe.Cen’estpaslemomentdeterebeller,Lindsey.Un

lienparticuliersedéveloppependantlatransformation.L’amourestrenforcé.Unpacteestscellé.Unpactejusqu’àlamort.—Jesaistoutça,maman.Pourquoicrois-tuquej’aiesipeurdefaireuneerreuravecConnor?—Tunefaispasd’erreuravecConnor.Rafeseraituneerreur.—Commentpeux-tuenêtresûre?—Jeteconnais.Etjeconnaiscesdeuxgarçons.Connorestfaitpourtoi.En d’autres termes, jamais ils n’accepteraient Rafe. Brittany avait raison. Nos traditions étaient

limitearchaïques.—Merciduconseil,maman.Cettefois,quandj’airepoussélacouverture,ellen’estpasintervenue.—Jeveuxseulementtevoirheureuse.Jemesuisdirigéeenboitantverslasalledebains.Macuisseétaitencoredouloureuse.—Jeveuxseulementêtreheureuse,moiaussi.J’airetirélespansementsetexaminémesblessures.Ellesguérissaientbien.Lemédecinavaitfait

du bon travail en les refermant avec de petits points pour éviter une horrible cicatrice. Si elles neguérissaientpascomplètement,latransformationferaitlereste.Jemesuislavée,j’aibrossémescheveuxetjemesuislégèrementmaquillée.J’aienfiléunshortet

unhautsansbretellespouréviterd’irritermaplaie.Puisjesuispartieàlarecherchedesautres.Je les ai tous trouvésà labibliothèque, en traind’étudierunegrandecartede la forêtnationale.

MêmeBrittany était là.Mon attention s’est portée surConnor etRafe.Connor aux cheveux clairs,

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Rafeauxcheveuxfoncés.Connorausourirefacile,Rafeausourirerare.Connor,laconstantestabledansmavie;Rafe,lenouvelélémentexcitant.—Maistuesenvie!s’estexclaméesoudainBrittanyavecunenthousiasmesincère.—Grâceàcesgars-là,ai-jedittimidementenmedirigeanteux.—Jen’arrivepasàcroirequevousvoussoyezattaquésàBio-Chromependantquejem’occupais

decampeurs.—On ne les a pas vraiment attaqués.On les a seulement suivis pour tenter de découvrir où se

cachaitleurlabo.Tut’essansdoutebeaucoupplusamuséeavecDaniel.Elleasecouélatête.—Cen’estpasunbouletnirien,maislesrendez-vousarrangés,cen’estpasdutoutmongenre.—Mais,Brittany…—Çavaaller.Bon, clairement elle ne voulait pas en parler. Il y avait sans doute des sujets plus importants à

aborder.—Alorsvouscherchezlemoyendedémantelercelaboratoire?ai-jedemandé.—Eneffet,aacquiescéLucas.—J’imaginequevousnevoulezpasattendrelaprochainepleinelune…Connors’estappuyéàlatable.—Enfait,ondisaitjustementqu’iln’yavaitpasd’urgence.Ilsnevontpasrévélernotreexistence

augrandjour,puisqu’ilsveulentgarderlesecretlepluslongtempspossible.—Lesecretdeleurstravaux,aajoutéKayla.—Alorsqu’est-cequ’onfait?ai-jedemandé.Lucasasoupiré.— On n’est pas sûrs encore. Même s’ils ne sont pas exactement sur le territoire de la forêt

nationale, ils sont entourésd’arbres.Onnepeutpasmettre le feu à leurs installations sans risquerd’incendierleboisparlamêmeoccasion.—Alorsilfauttrouverunmoyendedétruirelelabosansdétruirenotreenvironnement.—C’estça.— Je vais parler avec les Sages.Quoi qu’on décide de faire, ce serait sans doutemieux d’agir

pendantlaprochaineéclipselunaire.—Agirsouscouvertdel’obscurité,çafaittrèsMissionImpossible,anotéConnor.—Ceseralecas,aconfirméLucas.Ilfaudrabientoutprévoir,pournepasseulementdétruirele

bâtiment,maiségalementfairecomprendreàBio-Chromequ’ilvautmieuxnouslaissertranquilles.—Tucroisqu’ilssaventquetouslessherpassontdesMétamorphes?ademandéRafe.Tupenses

quetoutlemondeestendanger?J’aireportémonattentionsurluietilasoutenumonregard.J’yailuundéfi:décide-toi.Lavérité,

c’estquec’étaitdéjàfait.—Jenepensepasqu’ils aient compris ça, a réponduLucas.Niqu’ils savent à quel point notre

espèceestrépandue.Etpuisilsn’ontencoreaucunepreuve.Ilsn’ontjamaisvuaucund’entrenoussetransformer.S’ilstrouventnosvêtements,peuimporte.Çalesinciterapeut-êtreàcroirequecequemon frère a raconté à Mason sur les Métamorphes est vrai. Mais ce sont des scientifiques. Ilss’appuientsurdesfaits.—Commentvas-tulesdécouragerderecommencer?ademandéKayla.Lucasasecouélatête.—Aucuneidée.Maisontrouvera.Onadutemps.Ilamisfinàlaréunion.KaylaetluisontpartisvoirlesSages.Brittanys’estéclipsée,elleaussi,

toutcommeRafe,àcontrecœur.

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—Peut-onlesconvaincredenouslaissertranquilles?ai-jedemandéàConnor.—Sansdoutepas,maisonpeuttoujoursessayer.Ilafaitletourdubureauetm’aprislamain.—Tutesensbien?«Physiquementouémotionnellement?»ai-jepensé.—Justeunpeufatiguée.J’aioptépourlaréponsephysique.C’étaittellementplusfacile.—Tuasenviedemarcher?Çanemedisaitrien.Madosed’énergiedéclinaitrapidement,maisj’aifaitouidelatête.Ilfallait

que j’explique certaines choses à Connor. C’était monmeilleur ami, en dehors de Kayla. Le plusanciendemesamis.Nous sommes sortis et nous avonsmarchéparmi les arbres.Même si une enceinte en fer forgé

entouraitWolford, la propriété était assez grande pour que nous puissions aller dans les bois enrestant protégés par la clôture, dumoins aussi protégés que possible puisque les balles pouvaientencorepasserautravers.Jemesuistoujoursconsidéréecommeinvincible,maisdésormaisjesavaisquelamortpouvaitarriverrapidementetsansprévenir.— J’ai un cadeau pour ton anniversaire, a dit Connor doucement, mais tu devras attendre ta

transformation.Monanniversaireavaiteulieupendantquej’étaisenconvalescence.Jenem’ensouvenaismême

pas.—Tun’étaispasobligé.—Jesaisquejenesuispasobligé,maisj’enaienvie.Ils’estarrêté,aplongélamaindanssapochedejeanetenasortiunécrindevelours.Moncœur

s’estmisàgaloper.—Oh,Connor.—Ouvre-la.Lesmainstremblantes,j’aisoulevélecouvercle.Àl’intérieurilyavaitunechaîneenoravecune

petiteperleparfaitementrondeenpendentif.—C’estmagnifique.—C’estcenséreprésenterlapleinelune,a-t-ilexpliqué.J’ailevélesyeuxverslui.—Merci.—Jesavaisqueçateplairait.Ilmeconnaissait sibien ! J’étais surprisedevoiràquelpoint soncadeaume touchait.Peut-être

parcequedepuisquej’avaisfrôlélamort,toutmesemblaitbienplusimportant.Quandilm’aprislamain,mesdoigtssesontreferméssurlessiens.Nous avons fait quelquespas en silence.Autrefois, nous aurionspupasser des heures ensemble

sansnousparler,c’étaitlachoselaplusnaturelleaumonde.Maintenant,j’avaisl’impressionquedenombreusespenséesnonditesplanaientlourdemententrenous.Jelesaireléguéesaufonddemonespritetjemesuisconcentréesurlespropriétésdeguérisonde

laforêt.Jecommençaisdéjààsentirmaforcerevenir.Tantmieux,parcequ’àl’arrivéedelapleinelune,jetraverseraisuneépreuvequiexigeraittoutel’énergiequejepourraisrassembler.Maisavant,j’avaisunequestionàposer.—Tutedemandesparfoissitum’aschoisietroptôt?ai-jedemandé.Connorapenchélatêtecommesimevoirsousunangledifférentpourraitl’aideràdéchiffrermon

curieuxétatd’esprit.—Non,j’aitoujourssuquec’étaittoi.Jet’aime,Lindsey,jet’aitoujoursaimée.

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Etvoilà.Lesmotsqu’iln’avaitaucunmalàprononcer.CeuxqueRafen’avaitjamaisdits.Entoutehonnêteté,jen’arrivaispasàimaginerRafeexprimersessentiments,maisçanesignifiaitpasqu’ilneleséprouvaitpas.Çavoulaitseulementdirequ’iln’étaitpasaussiàl’aisequeConnorpourparlerdesesémotions.Connorasoutenumonregardetjevoyaisàquelpointmesdoutesl’avaientblessé.Etpourtantil

n’abandonnaitpas;ilmemettaittoujoursenpremier.—Taluneestpresquelà,Lindsey.Tudoisfaireunchoix.J’aisecouélatête.—Jel’aidéjàfait.J’aiprisunegrandeinspiration.—C’esttoi,Connor.Jet’aime.Ilaeul’airassommé.—EtRafe?Ettesdoutes?J’aisecouélatête.—C’est toi.Etmesdoutessesontenvolés.Çava teparaîtreétrange,mais jecroisquemefaire

tirer dessus a peut-être été la meilleure chose qui me soit arrivée. Ça m’a donné l’occasion deréfléchir.J’aivumavieàtraversunkaléidoscopeet,quelquesoitl’angle,jetevoyais.Unlargesourires’estdessinésursonvisage.—Tuessérieuse?J’aisouri.—Jesuissérieuse.Ilm’aattiréedanssesbrasetembrasséeavecexcitationetenthousiasme.Lorsquenousavonsenfin

reprisnotresouffle,j’avaislevertige.— Je pensais qu’on pourrait aller au repaire de la chute d’eau pour ta transformation, a-t-il

proposé.La première transformation avait toujours lieu dans la forêt, loin des autresMétamorphes. Un

garçonlavivaitseul.Ilpartait,etquandilrevenait,ilétaitchangé.Lafilleserendaittoujoursdansunendroitreculéavecsoncompagnon.Larégionautourdelachuted’eauétaitl’unedesplusbellesdela forêt.Notre repaire était caché derrière le rideau liquide.C’était l’endroit préféré de nombreuxcouples.Monpèreyavaitemmenémamère.Lelieuajoutaitunpeuderomantismeàl’événement.—Ceseraitfantastique.—Sionvaàlachuted’eau,ondevrapartirdèsdemainmatin.Situtesensassezforte,a-t-ilajouté.J’aiacquiescé.—Jeleserai.Soudain,jemesuissentietrèslasse.—Maispourl’instant,ilfautquejem’allonge.Ilm’aprislamainetnousavonsrebroussécheminverslemanoir.Pourquoiavais-jel’impression

d’êtreobservée?Endouce,j’aijetéunœilsurlecôté.Etlà,j’aivulemagnifiqueloupnoirquim’observait.

Lorsquejemesuisréveilléedemasieste,Brittanyétaitassiseprèsdelafenêtre,lesyeuxtournésverslecrépuscule.J’étaisalléedanslachambrequejepartageaishabituellementavecelleetKayla.Jemesentaisassezfortepourneplusavoirbesoind’uneinfirmière,etm’éloigneruntempsdemamèreétaitunjolibonus.Enbâillant,jemesuisredresséeetj’aiplacélesoreillersderrièremondos.—Alors,tuvasoùpourtatransformation?—Pasàlachuted’eau.

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Ellenes’estpastournéeversmoi.—Brittany,quit’accompagne?Elle n’a pas répondu. Elle n’a pas bougé de sa place. Je l’ai rejointe et me suis assise sur la

banquette.—Tunepeuxpasvivreçatouteseule.—Cen’estqu’unelégendedebonnefemme.—Etsicen’étaitpaslecas?Ellem’aregardée,unelueurfroidedanssesyeuxbleus.—Alorsc’estunetactiqueévolutionnistesacrément tordue.Franchement,c’estsexisteàmort.Si

lesmecspeuventvivreçaseuls,onenestaussicapables.—Tupourraisdemanderà…Rafe.Sesyeuxsesontradoucis.—TuaschoisiConnor,alors?—Ilatoujoursétélàpourmoi.—Maisest-ceuneraisonsuffisante?Tul’aimes?—Oui,jel’aime.—Maisl’aimes-tuassez?—Maisenfin,Brittany.Qu’est-cequetuas?Tul’aimesaussi?C’estça?Jeluiavaisdéjàposélaquestion,maisellenem’avaitjamaisdonnéderéponseclaire.—Peuimporte.Tueslaseulequil’intéresse.Jeseraisimplementlalouvesolitaire.Jedeviendrai

une légende. Je lancerai peut-être une nouvelle mode et c’en sera terminé de cette idiotie decompagnonprédestiné.—Tupensesvraimentquec’estuneidiotie?—Jepensequ’ons’enfermedansdevieillestraditions.Qu’ilesttempsdepasserauXXIesiècle.Ellem’aregardée.—Tupeuxencorevivreçatouteseule,toiaussi.Choisirtoncompagnonplustard.J’aisecouélatête.—Jel’aidéjàchoisi.Elles’estlevée.—Ondevraitsansdoutedescendredîner.J’ailancéuncoupd’œilparlafenêtreetj’aivuRafedeboutàl’oréedubois.—J’arrivedansuneminute.J’ai attendu un peu pour me glisser hors de la pièce et prendre les escaliers de derrière qui

menaientdehors. J’ai traversé lapelouseenvitesse jusqu’aubois,qui sombrait rapidementdans lapénombre,tandisquelesoleilsecouchaitetquelalunecroissantecommençaitàapparaître.Jemesuisglisséeentrelesarbres.—Rafe?Àsamanièrehabituelle,ilestapparusansbruitdevantmoi.J’aireculécontreunarbre.Ilaappuyésonavant-brascontreletronc,au-dessusdematête,etapasséledoigtlelongdema

joue.—Tusavaisquej’étaislà.J’enconclusquetuesvenuepourmevoir.Enhochantlatête,j’aiplongémesyeuxdanslessiens.Jenevoulaispasluifairedemal,maisil

fallaitqu’ill’apprennedemabouche.—Connoretmoiallonspartirpourlachuted’eaudemain.Jevoulaissimplementquetusaches…

quej’yvaisaveclui.—Alorstul’aschoisi,a-t-ilditavecuncalmeterrible.Lesmotsétaientuneconstatation,pasunequestion.

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—Çaatoujoursétélui,ai-jeexpliqué.—Pourquoi?Parcequec’estcequeveulentvosparents?—Non,parcequec’estcequejeveux.C’estquelqu’undebien.—Oui.Ilalaissééchapperunriregrinçant.—Çacompliqueleschoses.—J’imaginequesinon,tuledéfieraisettuletuerais,non?—Sic’étaituncrétin,jen’hésiteraispasuneseconde.Moncœurs’estemballé.—Ehbien,nelefaispas,ai-jeordonné.Jet’interdisdeletoucher.Etsitucherchesunecompagne,

Brittanyestdisponible.—JeneressenspaspourBrittanycequejeressenspourtoi.Tunecomprendspas?—Rafe,peut-êtrequesions’étaitremarquésplustôt…Ilalaissééchapperunnouveauriregrinçant.— Tu as attiré mon attention dès le collège, mais tu traînais toujours avec Connor. Les autres

n’avaientaucunechance.Jusqu’àcetété,jenelesavaismêmepasregardés,lesautres,jen’envoulaispas.Çaavaittoujours

étéConnor.—Tum’avaisditquetunem’avaispasrepéréeavantcetété,luiai-jerappelé.—Lesprofondssentimentsque j’aipour toinemesontapparusqu’àcemoment-là,mais je t’ai

toujourstrouvéespéciale.QuandtupasseraslapleineluneavecConnor,penseàcequetuauraispuavoir,a-t-ilajouté.Puis il m’a embrassée passionnément et longuement. Je savais que j’aurais dû protester, le

repousser.Maisj’aimismesbrasautourdesesépaules,conscientequeceseraitledernierbaiserquenouséchangerions.J’auraisvouluqu’ilduretoujours.Lorsqu’ilareculé, jemesentaiscommejemesentaistoujoursavecRafe: troublée.«Jedevrais

peut-êtrefairecequeBrittanysuggérait,ai-jepensé.Vivrelatransformationtouteseuleetmedéciderplustardpourlechoixdemoncompagnon.»Maisensuite,jemesuissouvenuedecequeKaylaavaitdit sur ce qu’il y avait de merveilleux à vivre cette expérience avec quelqu’un à qui on tenait,quelqu’unqu’onaimait.—Aurevoir,Rafe,ai-jeditdoucementenm’éloignant.Iln’apasessayédemeretenir.Etj’aipenséqueçaendisaitlong.ParcequejesavaisaufonddemoiqueConnornem’auraitpaslaisséepartir.

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—Tonpèreetmoiseronslààtonretour,aditmamèreenmeserrantfort,avantdemechuchoteràl’oreille:Tuneregretteraspastadécision.Jemeseraissincèrementpasséedececommentaire.Iln’aserviqu’àréveillermesdoutessurlefait

queConnorétaitsonchoixetnonlemien.Monpèrem’aprisedanssesbras.—Mapetitefille.PuisilaserrélamaindeConnor.Mamèrel’aembrassé.UnefoisdanslesboisavecConnor,jeluiaiavoué:—Jesuiscontentequecesoitfini.—Ilss’inquiètentpourtoi,c’esttout.Commentvonttesblessures?—Pastropmal.Jeboitaisunpeuetmonépaulemefaisaitmal,maisjeguériraispendantlatransformation.Jeme

sentaisbienplusforte,maisniConnornimoinecherchionsl’exploit.Nousmarchionstranquillement,toujoursvigilants.Detempsentemps,ilmeconfiaitsonsacàdos

etsesvêtements,ilsetransformaitpendantquejefermaislesyeuxetilsillonnaitunlargepérimètreautourdenous.Sisessensétaientdéjàaiguisésentantqu’humain,ilsl’étaientencoreplusquandilétaitloup.Cettenuit-là,nousavonsmontélagardeàtourderôle.Lasecondenuit,uncerfs’estapprochéde

notrecampement.C’estleseulintrusquenousavonscroisé.Dansl’après-midi,noussommesarrivésàdestination.Nousavonsgrimpél’escarpementetsuivi

unchemintortueuxjusqu’àlapetitevalléeencaisséeentredeuxmontagnes.D’uncôtédelaclairièrese trouvait la chute d’eau. De l’autre, une forêt s’étendait jusqu’au sommet de l’autre montagne.C’étaitun lieusecret,difficileà trouveràmoinsd’enconnaître lechemin.Nousn’avionspaspeurqueMasonetsongroupenousretrouvent.Ilsn’avaientaucuneraisondenouschercherici.Et dans quelques heures seulement, quand la pleine lune seraitmontée dans le ciel nocturne, je

seraiscapabledemetransformeretdem’échapperaussivitequeConnor.Connorm’apris lamainpourmeguider le longde l’étang jusqu’à lacascade.Levacarmeétait

assourdissant.Àmesurequenousnousapprochions, lapuissancede l’eaufaisaitvolermes tressessurmesépaules.Nousnoussommesglissésdansunecavernederrièrelachute.C’étaitmonrepairepréféré.Desvivresetdesproduitsdepremièrenécessitéétaientstockésdans

descaisses.Connoraalluméunelampedepoche.J’aiôtémonsacàdosetjemesuismiseenquêted’un coin confortable. J’avais l’impression qu’avecConnor, nous avions desmilliers de choses ànousdire,etnousavionsàpeineouvertlabouchependantletrajet.J’aipenséàBrittanyet jemesuisdemandéoùelleétaitpartievivresapremière transformation.

Redoutait-elled’êtreseule?Àsaplace,j’auraissansdouteétéanxieuse.—Àquoitupenses?ademandéConnor.—ÀBrittany.Ellevavivreçatouteseule.J’airegardéautourdemoi.—Tu crois que ça va aller ?Elle aurait peut-être dûvenir avecnous.Tu aurais pu l’aider, elle

aussi?—Jenecroispasqu’onpuisseselieràdeuxpersonnes.Monestomacs’estnoué.Jesavaisquej’étaiscenséemeconcentrersurmapropretransformation,

mespropresbesoins,maisjen’arrivaispasàoublierBrittany.J’étaisvraimentinquiète.Rafeétait-ilavecelle?Égoïstement, j’aisouhaitéquenon.«S’ilnepeutpasm’appartenir,mesuis-jedit, jene

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veuxpas qu’il se lie à une autre. »Cequi faisait demoi une fille sans cœur.Et si j’avais fait uneerreur en choisissant Connor ? Je ne le pensais pas, mais un doute insidieux venait soudainm’assaillir…sansdoutelesnerfsquilâchaientàl’approchedelalune.—Avecça,onestparés,aditConnorenouvrantunecaisse.Jemesuisapprochée.Ilenasortiunerobenoire,puism’atenduuneautre,d’unblancargenté.On

auraitditlecostumed’unereinedecontedefées.—Çanousfacilitelatransformation.Onneserapasencombrésparnosvêtements,a-t-ilexpliqué.—J’enavaisentenduparler,ai-jeditenprenantlarobe.Elleétaitdouceetsoyeuse.J’avaishâtedelasentircontremapeau.—Onaencorequelquesheuresdevantnous.Qu’est-cequetuveuxfaire?—Jesuisassezfatiguée.Jepeuxfaireunesieste?—Ondevraitsansdoutedormirtouslesdeux.Lasoiréevaêtre…éprouvante.Jel’airegardéarrangerlesduvetsetlescouverturesenunniddouillet.Nousn’allionsrienfaire

d’autrequenousreposer,etpourtantj’étaisnerveuse.Mapeauétaitdevenueincroyablementsensible.Jesentaispresquelesparticulesdepoussièreseposersurmoi.Jesavaisquec’étaitsansdoutemoncorpsquisepréparaitàlatransformationàvenir,maisc’étaitunesensationétrange.—Qu’est-cequiteplaîtlepluslorsquetuesunloup?ai-jelancé,surprised’êtreaussiagitée.C’étaitConnor.Moncompagnon.Mondestin.N’avait-onpastoujoursvécuensemble?Ilamarquéunepause.Toujoursaccroupi,ilavaitlesavant-brasappuyéssursesgenoux.Ilalevé

lesyeux.— J’aime que tout me paraisse plus vivant. Les sons sont plus précis, les couleurs plus vives.

J’entendsbattremoncœur.C’estunvoyage,untripenquelquesorte.Enfinj’imagine.—Tun’asjamaisprisdedrogue?—Non. Quel intérêt ? Pourquoi en prendre quand on peut se transformer ? C’est une poussée

d’adrénalineextraordinaire.—Est-cequ’ilt’arrived’oublierquitues?—Non.Ongardenospenséeshumaines.Ellesontsimplementuncôtéunpeusauvage.Sousma

forme humaine, si un typem’attaquait, j’aurais envie de luimettre une raclée. Sous celle de loup,j’auraissûrementenviedeletuer.Toutestunequestiondesurvie,quandonestunanimal.J’aicroisélesbras,gênéeàl’idéededormiravecConnor.—Jen’aijamaisparlédeçaavecmesparents.—Moinonplus.Ilatapotélescouvertures.—Viens.Tutombesdesommeil.Jemesuisétenduesurlescouettesetils’estallongéàcôtédemoi,m’offrantsonépauleenguise

d’oreiller.—J’ail’impressiondevouloirsortirdemoncorps,luiai-jeconfié.—C’estsimplementtoncorpsquiseprépareàlatransformation.—Est-cequ’ilestaussi…sensibletoutletemps?—Oui,maisons’yhabitue.—Tumeréveillerasaucoucherdusoleil?Jeveuxavoirunpeudetempspourmepréparer.—D’accord.Mespaupièress’alourdissaientetmesmusclescommençaientàsedétendrepourentrerdanscette

phaseprécédentl’endormissement,oùonneveutplusbouger.Àmoitiéendormie,j’aidemandé:—Connor,jedevraisavoirpeur?Sesbrassesontresserrésautourdemoi.—Non,Lindsey.

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Jemesuisassoupie,etj’airêvéqu’àmonréveilj’étaisunebellelouve.

Connoratenusapromesseetm’aréveilléepeuaprèslecoucherdusoleil.Lorsqu’ilselèveraitlelendemain,jeseraistransformée.L’excitations’estemparéedemoi.J’étaisentraind’avalerunrepassommaire,lemêmequ’onsertdanslesnavettesspatiales,paraît-il.NousavionsorganisénosrepairescommesiétionslesdernierssurvivantssurTerre,avecdesalimentsquinesepérimeraientpasavantlongtemps.Quipouvaitdirequandnousenaurionsbesoinoucombiendetempsnousdevrionsrestercachés?Connoravaitinstalléunelampetorcheentrenous,orientéeversleplafond,etposéunfoulardde

voilebleupar-dessus.Jenesavaispasoùill’avaittrouvé,maisiltamisaitlalumière,cequidonnaitunpetitcôtéromantique.—Jesaisquelebleuesttacouleurpréférée.C’étaitvrai.Ilsavaittoutdemoi.—Onpourraitallerdansunbonrestaurantcettesemaine,pourfêterenfintonanniversaire,a-t-il

proposé.J’airepenséàRafe,quiavaitvoulum’emmenerdîner,maisj’aireléguécesouvenirlàoùildevait

rester.—Tutesouviensquandnosmèresnousfaisaientsuivredesleçonsdebonnesmanières?Ilasouri.—Oui.J’avais douze ans à l’époque, il en avait quatorze. Elles avaient pensé que nous devions savoir

quellefourchetteutiliseraucasoùnousirionsdînerchezquelqu’und’important.—Ettun’arrêtaispasderoter,luiai-jerappelé.—Hé!Jen’étaispasleseul.C’esttoiquiaseul’idéederoter«SomewhereOvertheRainbow».J’aiéclatéderireenmerappelant les remontrancesquenousavionsessuyéespournepasavoir

prislaleçonausérieux.—Nonmaisfranchement,àquoipeuventservirautantdecouvertsdansundînerofficiel?—Jenemenourrisquedepizzasàlafac,alorsqu’est-cequej’ensais?—Tumemanquesquandtuesencours,ai-jeavoué.—Tumemanquesaussi.Plusqu’unanàtenir.—J’auraipeut-êtremondiplômeplustôt,endécembre.—Ceseraitgénial.J’aiacquiescé.—Oui,c’estclair.Jeparlaisàtortetàtraverspourtenterdemedétendre.Connoraramassénosdéchets.—Jevaisdehors.Rejoins-moiquandtuesprête.Jel’airegardéprendrelarobenoire.Unefoisseule,jemesuisassiselesjambescroiséesetj’ai

pratiquéquelquesexercicesderespirationprofonde.J’aicontractémesmuscles,jemesuisétiréeetj’aiécoutémesarticulationscraquer.Puisjemesuislevéeetj’aicommencéàmepréparer.Jem’efforçaisdenepaspenseràRafe,denepasmedemandercequ’ilfaisait.Connorétaitmondestin.J’aidénouémes tresseset j’aibrossémescheveux jusqu’àcequ’ilssoientd’unblancéclatantet

brillants.Jelesailaissésdétachésetj’ailuttépournepaspenseràRafe.J’aiétaléunecrèmesatinéesur mes bras et mes jambes, pensant que ça apaiserait ma peau humaine et aiderait mon corps às’étirer.

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J’airegardémonrefletdanslemiroir.Jeportaisunesimplerobedeveloursblanc.D’unecertainemanière,jeparaissaisplusâgée;etpourtant,jen’avaispaschangé.Ceseraitaussivraiquandjemeseraistransformée.Jemesuisécartéedelaglaceetjemesuisdirigéeversl’entréedelacaverne.J’aitraversélevoile

d’eauetj’aicontournél’étangcalmequirefléteraitbientôtlalunemontante.Connor m’attendait. Ses cheveux blond foncé étaient rejetés en arrière, ses yeux bleus étaient

calmes. Ilportait la robenoiredecérémonie. Ilm’a tendu lamainet j’aiposémapaumecontre lasienne.Sesdoigtssesontreferméssurlesmiens.—Nerveuse,Lindsey?—Oui,unpeu.J’ailaissééchappéunsoupirgêné.—J’aiattenducemomenttoutemavie.—Moiaussi.—Maistut’esdéjàtransformé.—Pasavectoi.Ils’estapprochépoureffleurermeslèvresdessiennes.Moncœurasursautéetjemesuisefforcée

denepaspenseràRafe.«Connorestmonami.Jetiensàlui…»— On devrait y aller, ai-je dit avant que mes pensées ne prennent un aller simple pour la

catastrophe.Ilm’aconduitejusqu’aucentredelaclairière.Jevoyaislapleinelune:silarge,siclaire,sijaune.

Matransformationnecommenceraitquelorsqu’elleatteindraitsonzénith.Connorme faisait face. J’ai pris une profonde inspiration pour tenter de calmer les battements

affolésdemoncœur.Puisj’aientenduungrognement,grave,profond,provocateur.Connor etmoi avons tournénotre attentionvers la forêt.Prèsdes arbres, un loupnoir solitaire

grondaitférocement.J’auraisreconnuentremillecesyeuxbrunchocolat.—Nefaispasça,Rafe!aordonnéConnord’unairsévère.Leloups’estassisetamontrélescrocs.Undéfi.Unduel.Connors’esttournéversmoi.—Quiveux-tuvoirgagner?Iln’ahésitéqu’unesecondeavantd’ôtersarobeetdeseprécipitersurleloup.Puisilabondiet,en

uninstant,ils’esttransforméenunloupdoré.Leloupnoiraplongésurlui.Ilssesontpercutésdanslesairs:leclairetl’obscur.J’ai regardéavechorreur,sachantcequeConnorm’avait réellementdemandé :Quiveux-tuvoir

mourir?Noussommeshumains,maisnoussommeségalementdesbêtes,etdansnotremonde,undéfin’est

pasprisàlalégère.C’estuncombatjusqu’àlamort.Jemesuisagenouilléedans l’herbeet j’aisentimes larmessemettreàcouler.Jen’avaispaspu

donnerderéponseàConnor.Laluttequiavaitdéchirémoncœurtoutl’étés’étaitcristalliséeenuncombatdechairetdesang.Cesoir,souslapleinelune,quelqu’unquej’aimaisallaitmourir.

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Ils se heurtaient, grognaient, montraient les crocs. Ce n’était pas un jeu. C’était deux mâlesdominantsquisedisputaientunecompagne.Àcemomentprécis,jedétestaisnotreespèce,jedétestaisnous voir réduits à l’état d’animaux sauvages gouvernés par notre instinct au lieu d’écouter notrecœuretnotreesprit.—Arrêtez!ai-jehurlé.C’étaitpirequeladisputequ’ilsavaienteuedanslagrotte.Jerisquaisbienplusqu’unsimpleœilau

beurrenoirsijetentaisdelesséparer.Jemeretrouveraissansdouteavecuntroubéantàlaplacedelagorge.Ils se sont éloignés avant de repartir à l’assaut, tous crocs dehors. LesMétamorphes sont plus

grandsetplusfortsquelesloupssauvages.ConnoretRafeétaientdeforceégaleetilsn’avaientpaspeurdesebattre,desemettreenpièces.Jemesuis redressée. Jedevaismettreun termeàcette folie. J’aimaisConnordepuis toujourset

j’aimais Rafe depuis quelque temps. Qu’est-ce qui comptait le plus : la durée ou l’intensité del’émotion?Ilssesontséparésetleloupdoréalentementcontournéleloupnoir.Rafesemblaitblessé.Lorsque

noussommesmordusparunmembredenotreclan, lablessureneguéritpasaussirapidementquecellesinfligéespard’autresanimaux.Unesubstancedansnotresalivefreineleprocessusdeguérisonquiagénéralementlieulorsquenoussommesblesséssousnotreformedeloup.JemesuisdemandécequeMasonpourraitfairedecetteinformation.Sansaucunpointfaible,onestindestructible.Nous,cependant,pouvionsêtredétruits.À en juger par sa respiration difficile, son immobilité, la façon dont il observait Connor, j’ai

comprisqueRafeétaitblessé.À la lueurde la lune, jevoyaisunezone sombreethumidedans safourrure. Un liquide coulait près de sa gorge, la partie la plus vulnérable pour un loup. Mais siConnoravaitentaillésonartèrecarotide,Rafeseseraitdéjàvidédesonsang.JeconnaissaisConnor, je l’avaisvusebattre, jesavaisqu’ilpouvait tuer.Jesavaisaussiqueses

instincts primaires avaient pris le dessus. Il faisait toujours beaucoup d’efforts pour les contrôler,pourêtreplushumainquebête,pourrestercivilisé.LorsqueConnorsortiraitdecebrouillardbestial,siRafe étaitmort, il ne se le pardonnerait jamais. Je soupçonnais que siRafe sortait vainqueur, ilregretterait également toute sa vie d’avoir tué Connor. Mais quelle que soit la victime, je m’envoudraisàjamaisden’avoirpasétéassezfortepourfairemonchoixavantqu’ilnesoittroptard.—Non!ai-jecriéencourantverseux.Laluneaglissésurmoiet ladouleurs’estemparéedemoncorps.C’étaitplus intensequejene

l’avaisimaginé.Jemesuispliéeendeuxetjesuistombéeàgenoux.ConnoraplongésurRafe.Rafeabondiàsontour.J’aientendulechocdesosetdelachair.J’ai tentédemereleveret j’ai

avancé vers eux en titubant. J’avais l’impression quemon squelette s’était transformé en éclats deverre.Il fallaitque j’yarrive. Il fallaitque je lesatteigne.Depuis ledébutde l’été, j’avaiscommencéà

avoirdesdoutes.Jelesavaispartagésaveceuxetjeleuravaisfaitcroirequ’ilsnecomptaientpasàmesyeux.Cen’étaitpasleurcombat.C’étaitlemien.J’ai pensé à la joie que je ressentais en présence de Rafe. Je voulais toujours qu’il me touche,

j’avaisdésespérémentenviedesoncontact.Jemesuissouvenuequ’ilavaitavouéavoirenviedemoi.Ce désir était réciproque. Son intensité me terrifiait. J’avais eu peur de m’y abandonner, dem’engager.J’avaiscraintquecesoittemporaire.

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Mais je savais à présent que c’était l’appel demon compagnon, l’appel demon destin. Si je nel’acceptaispasetsijenemebattaispasmaintenant,j’allaisleperdrepourtoujours.RafeetConnorseroulaientparterre,dansunmélangedegrognementsetdeclaquementsdedents.

Deuxbêtessauvages,lanaturedanssonétatleplusindomptable.Maisàl’intérieur,ilyavaitencorecetteétincelled’humanitéquinousséparaitdesvraisloups.Jecomptaisbienl’exploiter.Jesuistombéeàgenouxetj’aicrié:—JechoisisRafe!Detoutmonêtreetdetoutemonâme,jechoisisRafepourcompagnon.Touslesdeuxsesontimmobilisésinstantanément.J’airegardédanslesyeuxceluique,ensipeude

temps,j’avaisapprisàaimerplusquetout.Dansl’abîmedesonregardbrun,jen’aivunivictoirenisatisfaction,maisunamourprofondetpuissant.Je me suis tournée vers les yeux bleus. J’y ai vu une fierté blessée, mais pas de véritable

anéantissement.—Jesuisdésolée,Connor,ai-jeditdoucement.Ladouleurm’atraverséeetj’airavaléuncri.— Je voulais que ce soit toi. Tu as été présent à chaquemoment important dema vie,mais ce

momentappartientàRafe.Jel’aimeàtelpointqueçam’effraie.Tuétaislechoixleplusfacile,maislemauvais.Leloupnoirs’estéloignéduloupblondetestsortidemonchampdevision.Leblondalentement

roulépourserétablirsursespattes.Aprèsm’avoirjetéundernierregard,ilafilédanslaforêt.Unedouleuratrocem’aenvahie,commedelalaveenfusion.Jemesuispliéeendeux,refusantde

crier.Soudain,Rafeétaitàgenouxàmescôtés,larobedrapéesurlui,lesmainssurmesbras.—Lindsey,tum’acceptescommecompagnon?J’aisondésesyeuxbrunchocolat, jevoyais lesangs’écoulerdesonépaule, làoùConnoravait

plantésescrocs.J’aiacquiescé.—Oui,Rafe.Jet’aime.Ilm’aattiréeàlui,m’aserréefortetm’aembrassée.Jemesuisconcentréesurlaforcedesesbras,

le pouvoir de son baiser. C’était la distraction dont j’avais besoin. La douleur commençait às’estomper, comme des vagues venant mourir sur la plage. Elle m’avait paru si puissante, siécrasante,maisellediminuaitetjenevoyaisqueRafe,luietcequ’ilpouvaitéprouverpourmoi.Il s’était battu pour moi. C’était courant à l’époque des Sages, mais pour autant que je sache,

personnenelefaisaitplusaujourd’hui.J’étaisbouleverséequ’ilaitprisautantderisquespourmoi,bouleverséequeConnoraitréponduàl’appelducombat,puissesoiteffacé.Jen’avaispasletempsd’ypenseroudemedemandercequeçavoulaitdire.Jenepouvaispenserqu’àRafeetàtouteslessensationsétrangesquimeparcouraient,commesi

mon sang contenaitmaintenant desmilliers d’étoiles étincelantes.Rafe a accentué son baiser.Toutmoncorpsmepicotait,unesensationquioscillaitentreplaisiretdouleur.Puisj’aieul’impressiondecontenirdesfeuxd’artificequiéclataientsoudainenmoi…Rafenem’embrassaitplus,maisfrottaitsonnezfroidcontrelemien.Ilétaitloup.Moiaussi.J’ai baissé les yeux. Je ressemblais à l’image que j’avais toujours eue en tête. Une belle louve

blanche,semblableaulouparctique.Tuestrèsjolie.Lesmots sont apparus dansma tête et jeme suis rendu compte que ce n’était pasmes pensées.

C’étaitcellesdeRafe.Jet’entendspenser.Silesloupspouvaientsourire,ilsouriait.

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Pardonne-moi d’avoir défiéConnor,mais je ne pouvais pas renoncer à toi aussi facilement, passansmebattre.Tuauraisputefairetuer.Jen’aipasl’habitudedepenseruntrucaussiniais,maissijenepouvaispasêtretoncompagnon,

çam’étaitégal.Nerefaisjamaisça.Promis.J’airegardéautourdemoi.OùestConnor?Ilresteratoujoursmonami.Jedevraisallerlevoir.Ilvavouloirêtreseulpourl’instant.Crois-moi.Tupourrasleretrouverplustard.Ilafrottésonnez

contremagorge.Jeveuxtemontrerlemondeàtraverslesyeuxd’unloup.Ils’estmisàcouriretjel’aisuivi.C’étaitcurieuxdevoirquemoncœurn’avaitplusaucundoute.

Jemesentaisstupidedenepasavoirreconnuledésirdemonproprecœur.Rafe était mon âme sœur. Celui que j’aimais profondément, celui avec qui je voulais traverser

touteslesépreuvesdelavie.Jelesavaisdésormaisavecunecertitudeabsolue.Nousavonsescaladélamontagnejusqu’àdominerlaforêt,souslagrandevoûtecéleste.Sousma

formedelouve,jemesentaisenphaseaveclanature.UnepartiedemoiétaittristequeConnornesoitpasprésent.Ilm’avaitaccompagnéedanstousles

moments importants, mais à présent je comprenais que je n’étais pas destinée à partager cetteexpérienceaveclui.C’étaitl’heuredeRafe.Çaavaittoujoursétélasienne.J’airegardéRafe.Jet’aime.Danslesilencedelanuit,j’aientendusaréponse.Moiaussi,jet’aime.

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Je ne peux pas expliquer ce que ça fait de changer de forme.D’un côté, tout est complètementdifférent : la façondont jebouge, la façondont jepense, la façondont jeperçois lemonde.D’unautrecôté,rienn’estétrange.Jerestemoi-même.Aprèsdesheures,sûrement,maisquim’ontsemblédesminutes,Rafeetmoisommesretournésà

laclairière.J’aifermélesyeuxetmesuisimaginéecommej’avaistoujoursété,mêmesijeneseraisplusjamaislamêmeaprèslamagiedecettetransformation.Jemesuisvueenfille.J’airessentiunfourmillement,commeuncourantélectriquequimeparcourait.Etquandj’airouvertlesyeux,j’avaisretrouvéma formehumaine. J’ai ramassé la robeque j’avaisportéeavant le changement et je l’aidrapéesurmesépaules.Enmeretournant,j’aivuRafequisortaitdelaforêt.Enjean,ilportaitsonT-shirtd’unemainetses

chaussuresdel’autre.D’uncoup,jemesuissentiecomplètementvidée.J’aivacillé.Enuninstant,ilétaitàmescôtés,ses

brasautourdemoi,etm’attiraitcontrelui.Jeressentaisunlienentrenosâmesquejen’avaisjamaiseuavecConnor.Unepartiedemoiétaittristeetespéraitquemonamid’enfances’enremettrait.Ilmemanquaitmêmeunpeu.Mais j’étais surtout frappéede toutcequi s’étaitpassécettenuit. Je savaisenfinquiétaitmonvéritablecompagnon.J’aiposélatêteaucreuxdesonépaule.—Ça peut être épuisant la première fois, a ditRafe doucement enme donnant un baiser sur la

tempe.—Seulementlapremièrefois?—C’estplusfacileaprès.Avecmapremièretransformation,j’avaisfinideguérir.L’entailledansmacuisseetletrouàmon

épauleavaientdisparu,laissantdescicatricesàpeinevisibles.LesblessuresqueRafeavaitsubiescesoirseraientpluslentesàguérir,maisellesn’étaientpasgraves;elleslaisseraientdestraces,maisj’en avais, moi aussi. Et je dois l’admettre : je trouvais ses cicatrices sexy parce qu’elles merappelaientcequ’ilétaitprêtàsacrifierpourmoi.Ilm’aguidéeverslacavernederrièrelachute.Unefoisàl’intérieur,ilarelâchésonétreinte,lancé

sonT-shirtetseschaussuresdansuncoinets’estmisànouspréparerunendroitoùdormir.Jemesuisécrouléeetj’airepliémesjambessousmoi.Cesoir,ilétaitévidentqu’ondormiraitensemble.Pourlapremièrefois,ceseraitsansculpabilité,sansl’impressiondetrahirConnor.J’avaisfaitmonchoix,etenpartantill’avaitaccepté.J’avaispenséremettremesvêtements,maismapeauétaitencoreincroyablementsensible.Jemesuisrelevée.—Laisse-moit’aider.Accroupi devant un monticule de couvertures et d’oreillers, il a levé la tête. Jamais je ne me

lasseraisderegarderdanssesyeuxchauds,bruns,d’yvoirlatendressequ’ilressentaitpourmoi.—Non.Çafaitpartiedurituel.Soudain, jeme suis sentie nerveuse.Les filles parlaient toujours de la transformation et de leur

compagnon,maisellesn’évoquaientjamaisl’après.Jemesuisagenouilléedevantlui.—Vraiment?—Oui.Danslestempsanciens,c’étaitlapremièrenuitoùuncoupledormaitensemble.—Commenttusaisça?—C’estlapremièrechosequ’onnousapprend.J’airi,cequialibéréunpeulatension.

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—Jeneblaguepas,a-t-ilreprisd’untonsérieux.LesSagesnousfontlaleçonsurlamanièredetraiternoscompagnes.J’airejetélatêteenarrièreetgrogné.—Brittanyavaitraison.Onesttotalementarchaïques.Monestomacs’estnouéenpensantàelle.J’aiportémonattentionsurlachuted’eau.—Ellevas’ensortir,aditRafe.Jen’enétaispasaussisûre.—Sij’avaisfaitlebonchoixplustôt,Connorauraitpuêtreavecelle.Etsimonindécisionl’avaittuée?—Non, ilne l’auraitpasaccompagnée.EtconnaissantBrittany,ellen’auraitpasvouluservirde

bouche-trou.—Àmonavis,ellel’auraitaccepté.Elle…enfait,jecroisqu’ellel’aime.—Peut-êtrequ’ilssortirontensembleaprèscesoir.Assissurlescouvertures,Rafes’estapprochédemoietm’acaressélajoue.—Ellevas’ensortir.Elles’estpréparéepourcesoir,elleafaitdusport,elleamangésainement.

Elleestengrandeforme.Elleestcapabledesupporterlechangement.Ilavaitraison.Jedevaisycroire.Riennedevaitgâchernotrepremièrenuitensemble.J’airelégué

toutespenséessurBio-Chrome,Brittanyetlemondeextérieurdanslescoinslesplusreculésdemonesprit.Cesoirm’appartenait,àmoietàRafe.Ils’estavancépourm’embrasser.J’aiposélamainsursonépaule.—Tupeuxliremespensées.Jeveuxdiremêmequandtun’espassoustaformedeloup.—Oui.Lesvéritables couples sont toujours enphase,peu importe la forme.Concentre-toi et tu

saurasàquoijepense.J’avaisunpeudemalàmeconcentrersursonespritquandsaboucheoccupaitsibienlamienne.Il

m’embrassaitpluspassionnémentquejamais.Nousavonsbasculé sur l’amasdecouvertures,Passantmesdoigts sur sapoitrine et ses épaules

nues,jemesuisdemandésisapeauétaitaussisensiblequelamienne.—Oui,a-t-ilmurmuréavantdeserapprocherpourunautrebaiser.Unefoisdeplus,j’aiessayédemeconcentrersursespensées.Soyeuse…chaude…Mienneàjamais…J’ailâchéprise,etiln’yapluseuquenousdeux.

JemesentaisbeaucoupplusfortelelendemainlorsqueRafeetmoiavonsremballénosaffairesetentaménotre retour versWolford. Il était certain que lesGardiensde l’Ombre se rassembleraient.Lucasavaitfaitpasserlemot.IlfallaitcommenceràsepréparerpourcombattreBio-Chrome.Nousavonsvoyagélentement,enprenantnotretemps.Nousvoulionsprolongercetétatd’extase,

parcequenoussavionsque l’enferallaitbientôtsedéchaînersurnous lorsquenousserions faceàMason et son père. Mes parents devaient attendre sagement àWolford d’accueillir officiellementConnordanslafamille.«Surprise!J’aifinalementécoutémoncœuretpaslevôtre.»Mesparentsn’allaientsansdoutepasapprouvermonchoix,maisundéclics’étaitproduitàlasuite

dematransformation.Peut-êtreavait-ileulieuavant,lorsquej’avaisenfineulecouragedem’avouermessentiments. J’avais l’impressiondem’êtreaccomplie. J’aimaismesparentset jevoulaisqu’ilssoientfiersdemoi,maisplusauprixdemonproprebonheur.S’ilsn’acceptaientpasRafe,alorsilsperdraientleurfille.Deux joursplus tard,aucrépuscule,noussommesarrivésàWolford.Nousavonspassé laporte

principalepourarriverdans lehalldumanoir. Jemesuiscrispéeenvoyantmamèreetmonpère

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émergerd’uncouloir.—Salut,Maman.Papa.VousconnaissezRafe.Mamèreafaitlachoselaplusétrangequisoit.ElleasourietaembrasséRafecommes’ilétaitun

membredesafamillequ’ellen’avaitpasvudepuisuneéternité.Monpèreluiaserrélamain.—Connornousaexpliqué…,a-t-ellebalbutié.Monpèreaterminé.—Enfait,ilaavouéqu’iln’aimaitpasvraimentLindseydecettemanière.Inconcevable!Pendant

toutescesannées,onauraitditqu’ilt’adorait.Oncroitconnaîtrequelqu’un,etpuis…—EnparlantdeConnor,tusaisoùilest?Jevoulaislevoir,rienqu’uninstant,m’assurerqu’ilallaitbien.—IlestavecLucasàlabibliothèque,ilsdiscutentencoreaveclesSagesàproposdeBio-Chrome.—EtBrittany?Elleestrevenue?ai-jedemandé.Ma mère a arrangé le col de ma chemise, comme si j’avais besoin d’être bien habillée pour

encaisserlanouvellequ’elleétaitsurlepointdem’annoncer.—Non,personnenesaitoùelleest.J’aieul’impressionderecevoirunegifle.—Quelqu’unestpartiàsarecherche?—Onnesaitparoùcommencer.J’hallucinais,personnenelacherchait!Pasmêmesamère?C’estlàquejemesuissouvenueque

samère était enEurope.Mauvais timing. Jene saispas comment jeme suis retenuedehurler ; lechangementm’avaitpeut-êtrefaitmûrir.—Elleestforcémentdanslaforêt.Onpartd’unboutetonbalaielazonejusqu’àl’autrebout.Elle

est peut-être blessée ou souffrante après avoir vécu la transformation toute seule. Ou pire, Bio-Chromeapul’attraper.Ouencore,elleétaitmorte.Jerefusaisdel’énonceràvoixhaute.Rafe amis sonbras autourdemoi etm’a attirée à lui.Songestem’aprocuréde la force et du

réconfort.—JevaisenparleràLucas,voircequ’onpeutfaire.Onlaretrouvera.Ilaeffleurémeslèvresavantdedireaurevoiràmesparentsetdesedirigerverslabibliothèque.—Ilal’aird’ungentilgarçon,aditmamère.—Il l’est, lui ai-je assuré. Il est carrémentgénial.Et je l’aimeplusque jen’aurais crupossible

d’aimerquelqu’un.—OnavaittoujourspenséquetoietConnor…—Jesais,Papa,l’ai-jecoupé.Maistuvois,çaatoujoursétémadécision,monchoix.J’aichoisi

Rafe.Monpèrem’aadresséunsourirechaleureux.—Ehbien,aumoinsmaintenant,j’aiquelqu’unpourréparermavoiture.—Tuasplusqueça,chéri,aditmamèresérieusement.Tuasquelqu’unquipeutrendrenotrefille

heureuse.Jen’auraispasétéplusébahiesiellem’avaitsoudainannoncéqu’ellen’étaitpasuneMétamorphe.—Oh,neprendspascetairoutré,j’aiétéjeune,moiaussi.Unjour,jeteraconteraitoutcequej’ai

faitsubiràtonpèreavantdeluidireoui.Aprèsavoirembrassémesparentsetprévudedîneraveceux,j’aiemportémonsacàdosàl’étage,

danslachambrequejepartageaisavecKaylaetBrittany.Kaylaétaitassiseprèsdelafenêtre.Elleacouruversmoipourm’embrasser.—J’étaissiinquiètepourtoi.Jeluiaisouri.

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—Jevaisbien.—DonctuaschoisiRafe.—Oui,jel’aimeàlafolie,Kayla.Ellem’aserrélamain.—Jesuistrèsheureusepourtoi,Lindsey.J’aitoujoursplusoumoinssuqu’ilétaitfaitpourtoi.—Pourquoitun’asriendit?—Parcequeçadevaitêtretonchoix,tadécision.Pourunefillequivenaitderejoindrenotremeute,elleapprenaitvite.Monsourires’estévanoui.—TuasvuConnor?Elleaacquiescé.—Ils’enremettra.Alorsdis-moi,latransformationétaitàlahauteurdetesattentes?J’aiacquiescé.—Encoremieux.J’aijetémonsacàdossurmonlit.—Maisjem’inquiètepourBrittany.—Oui,moiaussi.Onignoreoùelleestallée.—Personnen’essaiedelaretrouver.Kaylaafaitlagrimace.—Cen’estpas toutà faitvrai. Ils restentdiscretsparceque lesgenssont très tendus,avec toute

cettehistoiredeBio-Chrome.IlsontenvoyédeuxGardiensàsarecherche.Maisnoussommesplusoumoinsconsignésiciaucasoùnousserionsattaqués.—Ondevraittouslachercher.—EtlaisserWolfordsansprotection?Elleavaitraison.LesSagesétaientlà,toutenotrehistoireétaitlà.Maisjen’aimaispasça.—Etpuisçanefaitpassi longtempsqueça.Peut-êtrequ’elleprendsimplementsontempspour

revenir.—Peut-être.Maisjen’ycroyaispas.J’avaisunmauvaispressentiment.J’aijetéuncoupd’œildehors.Connormarchaitendirectiondelaforêt.Jemesuisdemandésila

présencedeRafeluiavaitfaitquitterlabibliothèque.—Ilfautquej’ailleparleràConnor.Je suis sortie à la hâte de la résidence. Chose étrange, je détectais la trace olfactive deConnor

mêmesijen’étaispassousmaformedeloup.Jel’aisuiviejusqu’àunpetitruisseau.—Salut,ai-jeditdoucementenm’approchant.—Salut.Qu’est-cequeçafaitd’êtreunGardiendel’Ombreàpartentière?—C’estdingue.Jemesuisarrêtéeàsahauteur.—Connor…—Nerecommencepasàt’excuser,jet’enprie,m’a-t-ilinterrompue.J’aibeaucoupréfléchidepuis

l’autrenuit.Tuastoujoursétémonamie.J’aitoujourspenséqu’onétaitfaitsl’unpourl’autre,maislavérité,c’estque…cequejeressentaispourtoi,jenesuispassûrquecesoitdel’amour.Cen’étaitpaslegenredesentimentsqueLucasapourKayla.OuquetuaspourRafe.Crois-leounon,jesuissincèrementheureuxpourtoi.Ravalantmes larmes, je l’ai serré fortdansmesbras. J’enavaisbesoinpour luidire réellement

adieu.Jemesuisreculéeetj’aisoutenusonregard.—Jet’aime,Connor.

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—EtRafe.—Biensûr,jel’aimeaussi.Différemment.Maistuserastoujoursmonami.—Toiaussi.Nousavonsreprislechemindelarésidence.—Jem’inquiètepourBrittany.—Siquelqu’unpeutsurvivreàlatransformationensolitaire,c’estbienelle.—Ellet’aimebien,tusais.Ilasecouélatête.—Jecroisquejevaiséviterlespetitescopinespendantunmoment.—Oh,nefaispasça,ai-jesupplié.Tutrouverasquelqu’un.—Onverra.Maiscequiestsûr,c’estqueceneserapasBrittany.Je n’ai rien dit, mais je savais que Brittany pouvait se montrer assez obstinée. Si elle voulait

Connor,jen’étaispassûrequ’ilpuisseluiéchapper.Àsupposer,biensûr,qu’ellesoittoujoursenvie.Plustardcettenuit-là,jemesuisréveilléeensursaut.J’aifermélesyeuxet jemesuisconcentréesurRafe.Puis j’aisenti le lienquandsonespritm’a

communiqué:Tumemanques.Tumemanquesaussi.Oùes-tu?Jesurveillelepérimètre,côténord.Rejoins-moi.J’arrive.Jet’attends.Endébardeuretenshort,jesuissortieenvitessedelachambreetj’aidévalélesescaliers.Unefoisdehors, j’aicoururejoindreRafesansmetransformer.J’avaisbesoindesentirsesbras

autourdemoi.Rafeavaitdûécoutermespensées,parcequ’ilétaitsoussaformehumaine.Jel’aipercutéavecune

telleforcequ’ilauraitputomberàlarenverses’iln’avaitpasétéaussirobuste.—Brittanyvabien.Cessedet’inquiéter,a-t-ilditavantquejepuisseouvrirlabouche.—Tuasludansmespensées?—Oui.Jesuisdésolé.J’aiessayédenepas le faire,mais tesémotionsétaient tellement intenses

qu’ellesm’ontpratiquementassailli.J’airejetélatêteenarrière.—Jenepeuxpasm’enempêcher,Rafe.Quelquechosene collepas.SiBrittanyallait bien, elle

seraitdéjàrevenue.Ellevoudraitsevanter.Elleexulterait.Elleauraitsurvécualorsquetoutlemondedisaitlecontraire.Siellen’estpaslà,c’estqu’elleaunproblème.—Tun’ensaisrien.Unecentainederaisonspeuventexpliquersonabsence.—Donne-m’enune.— Elle a peut-être besoin de plus de temps pour s’en remettre. Quand j’ai vécu ma première

transformation,j’avaismalpartout.Jen’aipaseuenviedebougerpendanttroisjours.Ilapassésesdoigtssurmajoue.—Tutesouciesbeaucoupdesautres.C’estl’unedeschosesquej’aimecheztoi.J’aidécidédefairetairemesinquiétudesdansl’immédiat.Brittanyreviendraitetjesauraiscequi

s’étaitpassé.Jeluidonnaisencoredeuxjours.Maispourl’instant,égoïstement,jevoulaismeconcentrersurRafe.Ilétaittempsdeluidonnerla

priorité,deluiaccordertoutemonattention.Jeluiairépondu:—J’aimetoutcheztoi.Ilaeuunsourireéblouissant,puisilm’aembrassé.

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Les dangers auxquels nous devions faire face étaient loin d’être terminés, mais pendant cesquelques battements de cœur, nichée au creux de ses bras, je savais que nous les affronterionsensemble.Je n’arrivais même plus à me souvenir pourquoi j’avais douté que Rafe fût mon véritable

compagnon. Je voulais désespérément que Connor trouve sa propre compagne un jour. Je leconsidéraisàprésentcommemonpremieramour.Ilyavaitdelatendressedanscetteidée.Maiscen’étaitpasunsentimentaussiprofondetfortqueceluiquej’éprouvaispourRafe.Rafeetmoinoussommestransformésenloups,safourruresombrecontrastantavecmonpelage

blanc.Nous avons gardé le périmètre tandis que la lune commençait à décliner. Le ciel finirait par

s’obscurcircomplètement.Nousferionsalorsfaceànosennemis,àlanouvellelune.Àcetinstant,j’ignoraisencorequecertainsennemisviendraientdel’intérieur.Cequejesavais,c’étaitqueRafeétaitmienetquej’étaissienne.Ilavaittoujoursétémondestin.Et,

côtéàcôté,nousaffronterionscequel’avenirnousréservait.

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L’auteur

RachelHawthorneestnéeenAngleterre,maisagrandiauTexas.Petite,ellerêvaitdéjàdedevenirécrivain,maiscen’estqu’aprèsdesétudesdepsychologie,quiluiserontd’unegrandeutilitépourlaconstructiondesespersonnages,qu’ellesetourneenfinversl’écriture.Elleareçudenombreuxprixetsesromanssontapparusplusieursfoisdansleslistesdebest-sellers.

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Titreoriginal:FullMoon,aDarkGuardianNovel

Directeurdecollection:Xavierd’Almeida

Publiépourlapremièrefoisen2009parHarperTeen,NewYork.

Textcopyright©RachelHawthorne,2009.

Couverture:photos©VettaCollection/istocketPhotosani/Fotolia

© 2013, éditions Pocket Jeunesse, département d’Univers Poche, pour la traductionfrançaiseetlaprésenteédition.

ISBN978-2-266-22595-3

Cetteœuvreestprotégéeparledroitd’auteuretstrictementréservéeàl’usageprivéduclient.Toutereproductionoudiffusionauprofitdetiers,àtitregratuitouonéreux,detoutoupartiedecetteœuvre,eststrictementinterditeetconstitueunecontrefaçonprévuepar lesarticlesL335-2etsuivantsduCodede laPropriétéIntellectuelle.L’éditeurseréserve ledroitdepoursuivretouteatteinteàsesdroitsdepropriétéintellectuelledevantlesjuridictionscivilesoupénales

Loino49-956du16juillet1949surlespublicationsdestinéesàlajeunesse:février2013.