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    B T O N

    DE TOUT TEMPS, LAPPROVISIONNEMENT EN EAU A NCESSIT

    LA CONSTRUCTION DOUVRAGES DART. AUJOURDHUI DEVENUE UN ENJEU

    MAJEUR, LA RESSOURCE SUSCITE LA CONSTRUCTION DE CHTEAUX DEAU

    ET DUSINES DE RETRAITEMENT OU DE STATIONS DPURATION POUR

    STOCKER, DISTRIBUER PUIS ASSAINIR LE LIQUIDE. CES OUVRAGES QUI

    APPARTIENNENT AUX DOMAINES DE LA SCIENCE HYDRAULIQUE

    ET DE LA TECHNIQUE FAONNENT LA FORME DU PAYSAGE. SOUS

    LIMPULSION DE MATRES DOUVRAGE SOUCIEUX DE LIMPACT DE TELS

    PROGRAMMES SUR LENVIRONNEMENT, ILS TENDENT SORTIR

    DU MONDE DES INGNIEURS POUR DEVENIR UVRES DARCHITECTES .

    Philippe MadecEn Ille-et-Vilaine, un chteau deau

    HQE vocation typologique p

    Thierry Vande WyngaertChavagnes-les-Eaux,Laval,Lunville:

    des ouvrages de spcialiste p

    Monique LabbQuatre stations dpuration,

    quatre uvres architecturales p

    solutionssolutions

    Les architectures

    de leau

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    ire, donnez-leur de leau !Ces motsde Chaptal en rponse Napolon Ier

    qui sinquitait de savoir ce quil pouvaitfaire pour les Parisiens, dmontrent, sil entait besoin, que la question de lapprovi-sionnement en eau a, de tout temps, t cruciale.Indispensable la vie, laccs la ressource demeure

    encore de nos jours,avec la plus grande acuit dans cer-

    taines rgions de la plante, au centre des proccupa-

    tions humaines.

    Depuis lAntiquit, les impratifs de la recueillir, de la

    capter, de la canaliser, de lacheminer puis de la stockeront donn naissance de nombreux ouvrages tech-niques : aqueducs, galeries souterraines, bassins de

    Cette question du rapport au territoire rural ou urbain,

    de lintrusion dun lment qui cre un nouveau pay-

    sage et en fait intrinsquement partie, se trouve au

    centre de lapproche des architectes, de plus en plus

    souvent confronts au programme. De fait, longtemps

    tenus loigns de la conception de ces objets tech-

    niques, on les sollicite prsent pour concevoir ces

    ouvrages dart. Le fait nest pas tout fait nouveau :

    lune des premires ralisations du jeune Le Corbusier,en 1918, est ldification dun chteau deau Poden-

    sac, en Gironde. Exception? Plus maintenant.De plus

    en plus, les diles peroivent lintrt de consulter les

    hommes de lart pour travailler linscription dun objet

    artificiel dans un paysage o il est intrinsquement

    tranger. Positionn en entre de ville, lment fdra-

    teur dun quartier, ponctuation dans un environnement

    rural: situations diverses,diversit de rponses.

    Une gestion toujours plus attentivede la ressource

    La mme dmarche prside la ralisation de stationsdpuration et dusines de retraitement. La ncessit detraiter les eaux uses, dassainir et de renouveler leau,a

    gnralis ces constructions depuis les annes 50.Ces

    programmes qui mettent en uvre un process contrai-

    gnant travers des techniques de filtration sophisti-

    ques (traitement biologique, filtration sur charbon

    actif, rayons UV, filtres sable et, depuis peu, filtration

    membranaire) sont de grands consommateurs des-

    pace.Les enjeux lis ces ouvrages techniques, intgra-

    tion, dveloppement durable, dmarche HQE, sont

    autant de points daccroche pour les architectes.Un cer-

    tain nombre devraient se construire dans les prochainesannes puisque la politique de leau,avec son appareil

    lgislatif lchelle de lUnion europenne,impose une

    gestion attentive de la ressource. PHOTOS : 1 DR 2JEAN-PAUL PLANCHON

    rtention, retenues, citernes, rservoirs Autant de

    constructions qui faonnent la forme du territoire.

    Toutes ces infrastructures constituent des lments de la

    transformation temporelle des paysages. ce titre, les

    chteaux deau ont valeur demblme. Apparus avec lin-

    dustrialisation, le dveloppement urbain et lextension

    des rseaux dadduction deau potable,ils remplacent les

    clochers et beffrois du Moyen ge.vnements solitaires,

    ils deviennent les nouveaux repres de lge moderne.

    Une infrastructurequi modle le paysage

    Louvrage dcline partir dun paradigme simple un

    socle,une cuve, un systme de remplissage et de vidage

    de multiples dessins,silhouettes et matriaux. Rangs

    dans le registre de lingnierie anonyme, leurs volumes

    dcoulent au dpart des contraintes de structure et de

    programme. Pas de souci de la forme chez les ing-

    nieurs,sinon que celle-ci suive la fonction.Puis,contex-

    tualisation oblige, les rservoirs shabillent ici de cra-

    mique, l ils adoptent une apparence gothique,ailleursencore ils se parent dun habit rgionaliste marquantlappartenance un lieu.

    so l u t i o n s b t on

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    De lobjet technique

    luvre architecturale

    S

    LES DIFICES DADDUCTION ET DESTOCKAGE DE LEAU SONT PRSENTSDANS NOS PAYSAGES DEPUIS

    LANTIQUIT. ET LES ENJEUX NOUVEAUXQUI PSENT SUR LE PRCIEUX LIQUIDE

    NANNONCENT EN AUCUN CAS LEURDISPARITION, BIEN AU CONTRAIRE

    >>> Chavagnes-les-Eaux

    Lclairage bleut fait vibrer le bton du chteau

    deau. Laval Jeu de lumire intrieur

    pour une scnographie tudie.

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    n connat Philippe Madec pour sonrapport lectif la Bretagne, le travail

    en profondeur quil mne avec plusieurscommunes de cette rgion, et le soin atten-tif quil porte au paysage. N en Bretagne,larchitecte intervient, par un heureuxhasard, dans les lieux de son enfance. Partant duneintime connaissance du contexte et dune culture parta-ge avec les diles et les habitants, il invente des solu-tions qui rpondent pleinement aux attentes et dsirs

    des usagers.Ainsi Plourin-ls-Morlaix, il sagissait de

    donner un centre ce bourg du Finistre, en ractivant

    les espaces publics amnagement de rues et de

    venelles,du parvis de lglise et en toffant le cadre

    bti par des quipements vous la collectivit nou-

    velle mairie,mdiathque,etc.

    Pac,en Ille-et-Vilaine, cest le dveloppement urbain

    dune cit encore rurale quil fallait contrler et organi-

    ser. Situe cinq kilomtres de Rennes, la bourgade est,

    en effet, un des points dappui du dveloppement dudistrict rennais. Comptant 8000 habitants, elle devrait

    terme en accueillir 12000. Lextension de la ville est

    actuellement oriente vers louest et le sud-est, o uneZAC en cours damnagement est coupe du bourg par

    une voie de contournement. Cette zone recevra habita-

    tions et activits (de grandes enseignes commerciales

    devraient sy installer). Il fallait viter la dilution du

    centre en rquilibrant lextension urbaine vers le nord-

    est, explique Philippe Madec,urbaniste de Pac depuis

    1996. Et dajouter: La construction dun second ch-

    teau deau sinscrit dans le cadre du dveloppement de

    lune participant de la forme du territoire,lautre rele-

    vant de lchelle domestique.Dtroites baies allant de

    plancher plancher offrent un clairage naturel aux

    locaux techniques tandis que les escaliers reoivent

    lumire et ventilation naturelles, abrits derrire un

    la commune.Laurat du concours, le concepteur ins-

    talle le rservoir arien au cur de la ZAC, au point leplus haut dun terrain sans grand relief et dj occupsur sa frange sud par un supermarch sis au bord de la

    route menant la capitale rgionale.

    Une cuve horizontale

    Avec cette ralisation, Philippe Madec sattache red-

    finir la forme de louvrage et rompt avec larchtype du

    repre vertical. Interrogeant la fonction de lobjet un

    chteau deau, cest dabord un ouvrage technique

    dont la raison premire est de stocker et distribuer

    leau , il choisit de faire une cuve horizontale. Lou-vrage dart devient ainsi lment darchitecture partici-

    pant, au mme titre que les constructions qui viendront

    lentourer, la constitution dun nouveau quartier,dune nouvelle urbanit.Orient louest,face au vent,

    le chteau deau se dploie 12 m au-dessus du sol.

    Soulev par deux hautes piles de bton dissymtriques,

    le polydre expose sa masse en plein ciel et culmine

    20,5 m. Perpendiculairement son volume, lune des

    piles installe les locaux techniques puis les escaliers.

    Ainsi travaills dans les dimensions tant horizontale que

    verticale, deux ordres, deux chelles se superposent,

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    Philippe Madec

    Un chteau deau pens comme un btiment

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    APAC(35), INSCRIPTION DANSLE PAYSAGE, DMARCHEHQE ETINVENTION TYPOLOGIQUE ONT PRSID

    LDIFICATION DE CE SINGULIERCHTEAU DEAU. UN REGISTRE DEMATRIAUX VOLONTAIREMENT RESTREINT

    BTON SANS APPRT,ACIER GALVANIS,UNE MISE EN LUMIRE SOBRE,CONTRIBUENT FAIRE DE LOUVRAGEUN VNEMENT.

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    >>> La cuve horizontale se colore

    de bleu grce aux projecteurs installsen priphrie. Dtroites baies verticales

    de plancher plancher permettent un clairage

    naturel des locaux techniques.

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    caillebotis constitu de panneaux dacier galvanis.

    Ces volumes se veulent lexpression dune architecture

    habite tandis que le rservoir ressort dune logique de

    pont. Et si la partie haute sadresse au lointain, en bas,louvrage participe un lieu en train de se constituer.

    Une vaste place en bton dsactiv marque lemprise

    du rservoir avant de le cder une prairie o herbe et

    gramines crent un tapis vgtal. Le bton, coul en

    place, rgne en matre tant au niveau du sol quen

    superstructure. La base de la cuve donne lire le che-

    min de leau: un point bas dport sur le ct vite

    lcueil de la symtrie et du monument.

    Vrit constructive, conomie deffets

    Pas de difficult majeure pour raliser un tel ouvrage,mais lentreprise a d installer un chafaudage impres-sionnant afin de positionner une plate-forme de travail

    arienne. Louvrage comporte un porte--faux de plus

    de 8 m, charg deau, ce qui induit des efforts impor-

    tants dans les porteurs. La vrit constructive simpose:

    les piles,dcomposes en trois lments,donnent clai-

    rement lire le report des charges. Les diaphragmes,

    premiers lments couls de la cuve, permettent la

    sparation de leau. Leurs nervures sur la base rendent

    apparente lexpression de la structure.Au-dessus, le

    rservoir offre de grands rectangles de bton brut de

    dcoffrage.Seules les lignes des banches en marquent

    lenveloppe. Les solutions techniques retenues obis-sent une logique HQE: le chteau deau na pas depompe mais fonctionne uniquement par gravit; la

    prairie ne ncessite aucun entretien si ce nest dtre

    fauche une fois lan ; le bton na subi aucun traite-

    ment hormis la pose dune tanchit dans la partie

    rceptrice de leau. conomie de moyens,mais aussi

    conomie deffets: la nuit, le rservoir se colore de bleu

    grce aux projecteurs installs en priphrie.

    Au final, il sagit bien dun chteau deau mais aussi

    dun lieu. Il y a un premier niveau dexpression littrale

    un volume deau, un rceptacle , puis un second

    niveau de lecture une forme architecturale lchelledu territoire,une nouvelle typologie.

    PHOTOS : STPHANE CHALMEAU

    Matre douvrage : Syndicat intercommunal des eaux

    de Pac,Vezin et Saint-Gilles

    Matre duvre : atelier Philippe Madec, architecte

    Stphane Helburg assistant

    BET : I2C, ingnierie, Roger Miniou, ingnieur

    Concepteur lumire : Vladimir Lyszynsky

    Entreprises : CBL, gros uvre ; SARC, hydraulique ;

    ERS, lectricit.

    Montant des travaux : 1,01 million deuros HT

    cieux de donner qualit et supplment dme un

    ouvrage prenne au fort impact sur le paysage, ce der-

    nier a convaincu les diffrentes administrations impli-

    ques,et notamment la DDA, dorganiser un concours.

    Lavis demandait une sensibilit larchitecture et au

    paysage et le recours un clairagiste.Ces critres inha-

    bituels pour la conception dun chteau deau ont sus-

    cit lintrt de Thierry Van de Wyngaert qui sest asso-

    ci au concepteur lumire Franois Migeon pour la

    circonstance. Le concours gagn en octobre 1996,lquipe a d affronter un parcours sem dembches:

    permis de construire contest par un riverain, chantier

    interrompu,procs Louvrage enfin achev se verraattribuer, en 1999,le prix de la mise en lumire du patri-

    moine contemporain du ministre de la Culture.

    Une opration de retournement

    Une rcompense mrite pour ce chteau deau

    implant 500 m du village,qui participe de la compo-

    sition dun paysage de plateau. Situ une cinquan-

    e concepteur sappuie sur les compo-santes du paysage o sinscrivent ses

    ouvrages pour dfinir leur forme.Le premierchteau deau difi Chavagnes-les-Eauxdans le Maine-et-Loire lui a, en quelquesorte,mis le pied ltrier.Objet dun concours,il est le fruit dune histoire mouvemente. Le projet ini-

    tial command par la matrise douvrage un entrepre-

    neur coutumier de ce type de programme semblait peu

    satisfaisant larchitecte-conseil du dpartement.Sou-

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    Thierry Van de Wyngaert

    Construire le paysageAVEC QUATRE CHTEAUX DEAU SON ACTIF, DONT DEUX EN COURSDE RALISATION, LARCHITECTE THIERRYVAN DE WYNGAERT EST EN PASSEDE DEVENIR UN SPCIALISTE DU GENRE.CHACUNE DE SES CONSTRUCTIONSRESSORT DUNE AVENTURE SINGULIREET DUN PROCESSUS SPCIFIQUE.

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    taine de kilomtres dAngers,Chavagnes est un bourg

    rural cern de vignobles balays par les vents. Des mou-

    lins implants intervalles rguliers y lanaient autre-

    fois leurs bras vers le ciel. Les salles de ces moulins

    enfouies dans un soubassement recouvert de vgta-

    tion portaient un cne de pierres support du rotor en

    bois quactionnaient les ailes. Lusage des moulins

    tomb en dsutude,les ailes disparurent. Seuls subsis-

    taient,ponctuant le paysage, les cnes de maonnerie

    et les rotors de bois. Pour donner une forme louvragedune capacit de 4 000 m3, Thierry Van de Wyngaert

    sest livr une opration de retournement; il reprend

    lexacte proportion des pitements : mmes angles,mme profil mais lenvers! Une fois tablie la simi-

    litude entre ces lments forts du paysage et la sil-

    houette propose, larchitecte a travaill sur trois

    chelles, celle du proche, celle du paysage et celle du

    lointain. partir de ces donnes, on retrouve une cri-

    ture classique: travail sur laccroche au sol, sur le corps

    du volume et sur le rapport au ciel.Aussi,poursuivant le

    processus dinversion, il a galement boulevers lordre

    lames de bois tandis que des balises de lumire rouge

    clairent la couronne et servent de repre, la nuit, aux

    avions.Les effets lumineux fonctionnent dautant mieux

    quils saccordent un matriau laiss brut.En effet, le

    bton de belle qualit a simplement t coul en place

    avec le plus grand soin. Lenveloppe dune paisseur

    constante de 30cm a t ralise leve par leve dans

    des coffrages hauts de 60cm dont les horizontales lais-

    des matriaux : le pied du monolithe,dans les vignes,

    est revtu dun cerclage en red cedar, tandis que le

    corps en bton slve vers le ciel, couronn par la ligne

    discontinue de lacrotre.

    Rendre visible le chemin de leau

    Afin dattnuer limpact de cette masse haute de 35m

    hors sol, le matre duvre la transforme en sculpture.

    Dans ouvrage dart, il y a art, il fallait donc faire delart, relve Thierry Van de Wyngaert.Aussi, une ligne

    de diodes lectroluminescentes bleues senroule sur la

    paroi. Le mouvement de la spirale correspond la

    force de Coriolis qui dans lhmisphre nord donne

    leau un mouvement tourbillonnant dans le sens des

    aiguilles dune montre, poursuit le concepteur. cette

    spirale sajoute un clairage bleut qui fait vibrer le

    bton.Ce mme bton est serti de pastilles en inox,dis-

    poses au creux dengravures de 3 cm rserves au

    moment du coulage, qui scintillent au gr des clats de

    lclairage.Six spots encastrs dans le sol rvlent les

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    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 21

    >>> Chavagnes-les-Eaux Cest la reprise et linversion du socle des moulins vent

    qui ont donn sa forme au chteau deau. La ligne discontinue de lacrotre vient

    couronner louvrage. Comme lextrieur, lintrieur bnficie dune mise en lumire qui

    rvle la mise en uvre du bton. Laval Implant dans un contexte urbain, le chteau

    deau de Laval reprend, dans une version plus lance, celui de Chavagnes-les-Eaux.

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    sent leur empreinte sur la peau du rservoir. Quelque4000 t de bton ont t ncessaires pour contenir les4000 m3 deau. Comme pour les moulins, pompes etlocaux techniques sont enterrs et reposent sur une

    semelle de 22 m de diamtre ancre dans le terrain.

    Dessin daprs modle

    Le chteau deau de Laval reprend lidentique celui de

    Chavagnes-les-Eaux, selon le souhait mme du maire

    de la ville,particulirement sduit par cette ralisation.

    Malgr deux autres esquisses et les propositions du

    concepteur pour modifier laspect de louvrage dans letraitement du soubassement du verre pour remplacer

    le bois ou de la mise en lumire,le modle a t trans-

    plant tel quel, dans une version plus lance. Seulelimplantation dans une ZAC, proximit dune route,

    Les deux cuves,qui empruntent leur forme aux tours du

    chteau, ont donc t implantes mi-pente et ont fait

    lobjet dun traitement paysager et dune mise en

    lumire.Une esplanade, une prairie puis un belvdre

    intgrent lquipement lespace public. Les rservoirs

    deviennent une composante essentielle de la ville,

    tmoignant ainsi de la volont de transformer un imp-

    ratif technique en un lment signifiant du paysage.

    Bton coul in situet prfabrication

    La chambre des vannes enterre est surmonte des

    cylindres de 19,6 m de diamtre en bton coul en

    place. Les lments de portique qui amorcent le

    dpart de lescalier sont eux en bton arm, prfabri-

    qus puis assembls sur site. Lensemble est laiss brut.

    Un lger claustra en chtaignier vient masquer lou-

    vrage.Perc de baies qui cadrentla ville,les diffrentes

    vues quil offre sont autant de tableaux. A contrario,

    peru depuis le bas, il attnue limpact visuel desmasses de bton.Sur la pente, un parcours lumineux,

    des colonnes de plexiglas diffusant une lumire mou-

    vante,figurent le chemin de leau. PHOTOS :1,2 ET 3 DR 4, 5,6 ET 7 JEAN-PAUL PLANCHON

    lui fait assumer, du haut de ses 50 m, une fonction deporte de la ville. La plantation dune prairie fleurie, tou-tefois,vient attnuer limpact visuel du volume.

    Lunville, il fallait crer des rservoirs deau pour

    lalimentation dun quartier. Cest son savoir-faire et sa

    matrise des programmes lis au stockage de leau qui

    ont incit la matrise douvrage slectionner Thierry

    Van de Wyngaert pour raliser deux cuves enterres de

    1500 m3 chacune. La ville est domine par un chteau

    dot de deux tours massives dont la prsence marque

    fortement le paysage. Le terrain trs pentu se trouve

    entre le centre de la commune et un lotissement

    pavillonnaire. La premire difficult consistait trouverla juste implantation sur le site. Une installation au pied

    de la pente tait rendue difficile par la prsence dun

    vaste cimetire,et une position en hauteur aurait nces-sit des terrassements trop importants.

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    >>> Lunville Les deux cuves en bton brut coul en place, implantes mi-pente,

    sont masques par un lger claustra en chtaignier. Laspect des rservoirs varie avec la mise

    en lumire. Sur la pente, des colonnes de plexiglas figurent le chemin de leau. De nuit,

    la lumire bleue installe en priphrie des cuves offre une autre perception de lensemble.

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    CHAVAGNES (Maine-et-Loire)Matre douvrage : SIDAEP des Mauges et de la Gtine

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, architecte

    mandataire

    Entreprise : Devin Lemarchand Environnement

    Montant des travaux : 1,52 million deuros HT

    LAVAL (Mayenne)Matre douvrage : ville de Laval

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, architecte

    mandataire

    Entreprise : Devin Lemarchand Environnement

    Montant des travaux : 1,87 million deuros HT

    LUNVILLE (Meurthe-et-Moselle)Matre douvrage : ville de Lunville

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, Jean-Philippe

    Donz, architectes

    Entreprise : Prestini

    Montant des travaux : 0,95 million deuros HT

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    ans une station dpuration, il fautsavoir tirer parti de ce qui est beau,

    dclare Monique Labb. Forte dune vri-table expertise dans ce domaine, larchitecterevendique un rle actif dans lorganisationspatiale des process qui dterminent laforme du bti. Une station dpuration, en effet,obit une rationalit technique conditionne par les

    diffrentes tapes de traitement.Aussi les contraintes

    propres au programme participent-elles la dfinition

    des lments btis comme celle dun paysage. Tirer

    parti de ce qui est beau, cest ce que sest attache

    faire la matre duvre par une vritable mise en scne

    des vastes tendues deau lors de la ralisation de la

    fragment : surpresseurs, canaux de comptage, bti-ment dexploitation, stockage des boues, constituentautant ddifices distincts.Tous ont en commun leur

    matriau de construction: un bton blanc coul en

    place.Attentive la vie du matriau lors des chantiers,

    larchitecte tire parti des procds de fabrication ou des

    accidents de mise en uvre.Ainsi, sur le btiment dex-

    ploitation,les trous des banches ont t sabls; le bton

    des canaux de comptage a t repiqu la pointerolle,

    mettant jour les granulats en partie basse. Bandes

    sables, joints creux, calepinage soign dfini par la

    trame des lments de coffrage, autant de stigmates

    qui crent une modnature de faade.La mme dmarche a prsid la conception de la

    station dpuration dArras. Sise dans une grandeplaine, elle se trouve lore dune zone industrielle

    sur un terrain travers au sud-est par les voies du TGV.

    Pour limiter limpact visuel de lquipement un souci

    du matre douvrage , un talus plant de vgtaux

    cre un dcaiss pour masquer la station. Orientes

    vers les voies, labri dans des btiments capots de

    mtal, les tapes de traitement sont masques par un

    voile oblique constitu de panneaux en bton arm

    prfabriqus formant un fond pour les bassins circu-

    station dpuration de Vichy. Le projet devait remplacer,sur le mme site, lancienne station de lagglomration

    devenue obsolte.Seul le bassin dorage a t conserv.

    Le terrain, au bord de lAllier, se trouve dans une zone

    industrielle aujourdhui rejointe par la ville. Lquipe-

    ment installe une pice de paysage qui se greffe avec la

    prairie fleurie, les arbustes puis les arbres-tiges celui

    en place de la promenade le long du fleuve. Les grands

    bassins de 75m de diamtre,disposs proximit de la

    promenade, runissent les traitements par bactries et

    les traitements physico-chimiques. Leur implantation

    rpond un impratif: ils doivent tre disposs symtri-

    quement par rapport la ligne deau.

    Les bassins scnographientle paysage

    La configuration de la station rsulte dune rflexion

    mene par larchitecte avec lentreprise de process afin

    de compacter les circulations et les cours de service et

    doptimiser les dplacements. Lespace ainsi rcupr

    reoit un traitement paysager qui permet dassocier la

    station son environnement. Pour rpondre une

    organisation efficace des trajets et des flux, le bti est

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    Monique Labb

    Architectures de lpureLES STATIONS DPURATION SONTLONGTEMPS RESTES DU DOMAINE DE

    LINGNIERIE, ET POURTANT LARCHITECTEMONIQUELABB SEN FAIT UNESPCIALIT DEPUIS QUELQUE20 ANNES,PROFITANT AINSI DE LOUVERTURE DE CESPROGRAMMES SA PROFESSION.

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    >>> Arras Les btiments capots

    de mtal sont masqus par un voile en panneaux

    de bton prfabriqus. Le voile rythm

    de rectangles forme un fond pour les bassins.

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  • 7/26/2019 CM-120.19-26

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    laires et rectangulaires. Cet quipement est le premiermaillon dun ensemble de constructions affectes autraitement des dchets.Alors que progresse la mise en

    place de la station,Monique Labb a,de concert avec le

    district, labor un concept de plate-forme cologique

    qui devrait regrouper, terme, lensemble des infra-

    structures de traitement des dchets.

    Une architecture vecteur de qualit

    Autre contexte,autre process et donc rponses diff-

    rentes pour les deux stations construites dans la pri-

    phrie de Bordeaux. Dans les deux cas, il sagissait, l

    encore,de remplacer les quipements existants sur lemme site. Le choix de la bio-filtration conditionne for-tement la forme du bti: les oprations de traitement de

    leau se droulant couvert, le process gnre des bti-

    ments beaucoup plus compacts, adapts une implan-

    tation en milieu urbain.

    La station de Cantinolle, sur la commune dEyzines,

    louest de la ville, a valeur de repre. Implante dans

    une zone industrielle qui se constitue progressivement,

    elle devait tre vecteur de qualit architecturale pour les

    constructions venir. lev au bord dun rond-point,

    lintersection de la RN 120 et dune dpartementale,

    ldifice bnficie dune vue dynamique depuis les vhi-cules. Exigu, le terrain affect sa construction jouxtait

    celui de lancien quipement. Le btiment comporte

    une face urbaine en partie courbe, appuye sur le trac

    tion stire en deux btiments distincts : lun affect autraitement des eaux, lautre au traitement des boues.

    Toutes les circulations sont regroupes sur la faade

    ct rivire.Des joints creux et des bandes sables lui

    donnent une chelle domestique. Cot rempart, une

    lasure bleue marque la hauteur de leau.Au-dessus,cof-

    fr avec du polyane,le bton, imprim de rides, prsente

    un aspect de peau dlphant.Des joints creux obliques

    structurent la surface.Le rempart offre un fond au projet

    paysager qui utilise les terres issues de la construction

    du btiment: des mouvements de sol reprennent les

    lignes des anciens bassins, lignes prolonges de ran-ges darbres parallles au cours deau.

    TEXTE : MYLNE GLIKOU

    PHOTOS : 1 ET2MARCUSROBINSON 3,4,5 ET6DIDIER BONREPAUX

    de la voie,et une face de service,oriente vers la cour. Lapremire faade dploie un long voile de bton brutcoul en place interrompu par un grand pan vitr dans

    larrondi.Lautre affiche une lasure sur le bton. Fonc-

    tionnant comme une vitrine, la paroi de verre rvle

    quatre cuves de dsodorisation en polypropylne bleu.

    En effet, la technique ncessite de dsodoriser lair issu

    du prtraitement avant son rejet dans latmosphre. Le

    reste du process sabrite derrire des murs opaques, les

    bio-filtres ncessitant des botes tanches. Lensemble

    du dispositif est complt par le petit btiment affect

    au traitement des boues qui cadre lentre.

    Un rempart de bton

    Sabarges,Monique Labb rpond aux exigences duprocess et du contexte par un travail sur lidentit du

    lieu. Le lieu-dit,situ proximit dAmbars,au nord de

    Bordeaux, est encore rural. La station sinstalle au bord

    du cours deau, en contrebas du village. Limplantation

    a t impose par la forme du terrain une lanire au

    bord du Gua ,par une canalisation de la station en ser-

    vice qui le traverse en son milieu pour aboutir dans la

    rivire,et enfin par les vues plongeantes depuis le vil-

    lage.On peroit de prime abord un rempart de bton,

    tout juste interrompu par une chancrure pour le pas-sage vers une petite cour de service. Derrire cet cran

    seulement ponctu son extrmit du cylindre dun

    digesteur et de la bulle de stockage du mthane,la sta-

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    >>> Cantinolle Les quatre cuves de dsodorisation en polypropylne bleu saffichent

    labri dune paroi de verre. Lentre de la station est cadre par deux btiments en bton

    brut Sabarges Une chancrure dans le voile de bton met jour le cylindre dune des

    tapes du process. Une lasure bleue marque la hauteur de leau.6

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    STATION DPURATION DARRAS (Pas-de-Calais)Matre douvrage : communaut urbaine dArras

    Matre duvre : Monique Labb, architecte

    Entreprise : Passavant Impianti

    Montant des travaux : 14,78 millions deuros HT

    STATIONS DPURATION DE CANTINOLLE/EYZINES ET DE SABARGES/AMBARS (Gironde)Matre douvrage : communaut urbaine de Bordeaux

    Matre duvre : Monique Labb, architecte mandataire

    Arsne-Henry et Triaud, architectes dexcution

    Entreprise : Quillery

    Montant des travaux : 17,5 millions deuros HT

    STATION DPURATION DE VICHY (Allier)Matre douvrage : district de lagglomration

    vichyssoise

    Matre duvre : Monique Labb, architecte

    Entreprise : Chantiers modernes

    Montant des travaux : 11,03 millions deuros HT