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JDP 2014 S381 P148 Explication génétique d’une ancienne entité clinique : angiokératome de Mibelli E. Cinotti 1,, J.L. Perrot 1 , B. Labeille 1 , R. Touraine 2 , J.C. Antoine 3 , F. Cambazard 1 1 Dermatologie, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France 2 Génétique, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France 3 Neurologie, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France Auteur correspondant. Introduction Les angiokératomes (AK) de Mibelli sont un type d’AK acraux associés à une acrocyanose. Jusqu’à présent il n’existait pas d’explication étiologique à cette entité. Observations Un homme de 45 ans présentait un tableau clinique complexe évoluant depuis l’ enfance comportant des troubles tro- phiques des mains et des pieds (syndrome de Raynaud, cyanose, ulcérations, nécrose des dernières phalanges) et des AK acraux (confirmés par examen histologique). Les lésions acrales évoquaient une sclérodermie systémique mais aucune sclérose cutanée n’était présente. Les AK auraient pu faire penser à une maladie de Fabry mais leur topographie était atypique et le dosage de l’alpha galactosidase A dans les leucocytes était normal. Des calcifications cérébrales à l’IRM faisaient suspecter un syndrome de Aicardi-Goutières (AGS), diagnostic confirmé par un examen génétique (mutation c184G>A et c529G>A dans les exon 3 et 7 du gène RNASEH2B) et par la présence de taux élevés de IFN dans le LCR et le sang. Discussion Nous avons observé un patient atteint d’AK de Mibelli qui présentait aussi des signes neurologiques qu’on conduit au dia- gnostic génétique de AGS. Le AGS a été découvert en 1894 et les anomalies correspondantes génétiques en 2006. Il se caractérise par une encéphalopathie plus au moins symptomatiques, des calcifications cérébrales et une aug- mentation de l’IFN dans le LCR et le sang. Les manifestations cutanées sont une cyanose et des « lésions vasculaires acrales ». Ces lésions vasculaires acrales n’ont jamais été étiquetées comme AK car n’ont jamais été portées à l’attention des dermatologues et l’AGS n’a jamais été rapportée dans des revues dermatologiques. Nous pensons que l’AGS permet d’expliquer les AK de Mibelli. Une encéphalopathie associée est rapportée seulement dans une partie des AK de Mibelli. Cependant, nous pensons que dans les autres cas il s’agissait de formes ou asymptomatiques comme notre cas voire paucisymptomatique et non identifiées comme telle par les dermatologues. Conclusion La recherche des mutations génétiques propres au AGS et d’un taux élevé d’INF alpha dans le sang et le LCR de malades atteints d’AK de Mibelli, devrait permettre d’identifier leur maladie en attendant que puisse être proposé un traitement adapté a priori à visé anti-IFN alpha. Mots clés Angiokératome ; Angiokératome de Mibelli ; Gène RNASEH2B ; Génétique ; Syndrome de Aicardi-Goutières Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.348 P149 Angiœdèmes héréditaires de mécanismes différents dans une même famille. Un piège diagnostique ! L. Martin 1,, M.-E. Sarre 1 , N. Monnier 2 , H. Humeau 1 , D. Ponard 2 , D. Charignon 2 , C. Drouet 3 1 CHU d’Angers, Angers, France 2 CHU de Grenoble, Grenoble, France 3 Université de Grenoble, Grenoble, France Auteur correspondant. Introduction Il est désormais établi que les causes d’angiœdèmes héréditaires (AOH) médiés par la bradykinine (BK) sont de nature plurielle (déficit en C1 inhibiteur par mutation du gène SERPING1, mutation activatrice du gène F12...). Nous rapportons une famille dans laquelle deux causes d’AO-BK étaient présents. Observations Une femme consultait pour des AO récidivants, cutanés et muqueux. L’interrogatoire retrouvait également des AO chez son père, sa sœur (dont l’histoire était marquée par plusieurs AO de l’extrémité céphalique dont un ayant motivé une intuba- tion, trois laparotomies blanches pour AO intestinaux douloureux, des kystes ovariens) et sa fille. Le diagnostic d’AOH suspecté sur l’histoire clinique, la résistance aux anti-H1 et la transmission auto- somique dominante de l’affection, était confirmé par la mise en évidence d’un déficit fonctionnel de C1 inhibiteur et d’une muta- tion du gène SERPING1 chez la patiente index. Cette mutation était également retrouvée chez le père et la fille de cette patiente... mais pas chez sa sœur. Une étude familiale du métabolisme de la BK mettait en évidence un déficit en enzyme de conversion de l’angiotensine 1 (l’une des enzymes dégradant la BK) chez la patiente index, sa fille... et sa sœur. Aucune n’était traitée par un IEC. Discussion Chez la sœur de la patiente index le mécanisme des AO est indépendant du déficit en C1 inhibiteur. L’accumulation de BK est due au défaut de catabolisme par l’enzyme de conversion. La reproduction du phénotype clinique familial indépendamment du mécanisme moléculaire responsable des symptômes chez la majorité des membres de la famille est un redoutable piège diagnos- tique. En l’occurrence, cette patiente avait été considérée comme une simulatrice ! Il ne s’agit pas à proprement parler d’un exemple troublant de phé- nocopie car a priori le déficit en kininase est constitutionnel et non le fruit d’une pression environnementale. L’analyse moléculaire du gène codant l’enzyme de conversion (en cours) devrait permettre de l’affirmer. Plus généralement, cette observation familiale illustre que les défi- cits en une ou plusieurs kininase(s) peuvent être symptomatiques en dehors du déficit en C1inh ou de la prise de médicaments inhibiteurs de kininase et classiquement inducteurs d’AOBK. Conclusion En médecine aussi, un train peut en cacher un autre ! Mots clés Angiœdème ; Bradykinine ; Kininase Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.349 150 Coexistence d’une acné fulminante et d’une hidrosadénite suppurée : syndrome ASH, une nouvelle entité ? S. Duchatelet 1 , S. Miskinyte 1 , M. Delage 2 , O. Join-Lambert 3 , H. Coignard 4 , O. Lortholary 4 , X. Nassif 3 , A. Hovnanian 1 , A.S. Nassif 2,1 Inserm UMR 1163, Institut Imagine, Paris, France 2 Centre médical, Institut Pasteur, Paris, France 3 Microbiologie, hôpital Necker, Paris, France 4 Maladies infectieuses, hôpital Necker, Paris, France Auteur correspondant. Introduction Nous rapportons la coexistence d’une acné fulmi- nante (AF) et d’une hidrosadénite suppurée (HS) chez 8 patients au sein d’une cohorte de 800 patients porteurs d’HS. Etant don- née la rareté de l’AF, nous posons la question d’une association non fortuite constituant un sous-groupe phénotypique particulier d’HS. Observations Au sein de notre cohorte de 800 HS, 8 hommes ont présenté une acné fulminante dont 2 sont porteurs d’un syndrome PASH. Nous décrivons ces 6 cas d’AF+HS ainsi que les 2 cas de PASH syndrome. Le séquenc ¸age des gènes PSTPIP1 et de la Nicastrine,

Coexistence d’une acné fulminante et d’une hidrosadénite suppurée : syndrome ASH, une nouvelle entité ?

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Page 1: Coexistence d’une acné fulminante et d’une hidrosadénite suppurée : syndrome ASH, une nouvelle entité ?

JDP 2014 S381

P148Explication génétique d’une ancienneentité clinique : angiokératome deMibelliE. Cinotti 1,∗, J.L. Perrot 1, B. Labeille 1, R. Touraine 2,J.C. Antoine 3, F. Cambazard 1

1 Dermatologie, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France2 Génétique, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France3 Neurologie, CHU de Saint-Étienne, Saint-Étienne, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les angiokératomes (AK) de Mibelli sont un typed’AK acraux associés à une acrocyanose. Jusqu’à présent iln’existait pas d’explication étiologique à cette entité.Observations Un homme de 45 ans présentait un tableau cliniquecomplexe évoluant depuis l’ enfance comportant des troubles tro-phiques des mains et des pieds (syndrome de Raynaud, cyanose,ulcérations, nécrose des dernières phalanges) et des AK acraux(confirmés par examen histologique).Les lésions acrales évoquaient une sclérodermie systémique maisaucune sclérose cutanée n’était présente. Les AK auraient pu fairepenser à une maladie de Fabry mais leur topographie était atypiqueet le dosage de l’alpha galactosidase A dans les leucocytes étaitnormal. Des calcifications cérébrales à l’IRM faisaient suspecter unsyndrome de Aicardi-Goutières (AGS), diagnostic confirmé par unexamen génétique (mutation c184G>A et c529G>A dans les exon 3et 7 du gène RNASEH2B) et par la présence de taux élevés de IFNdans le LCR et le sang.Discussion Nous avons observé un patient atteint d’AK de Mibelliqui présentait aussi des signes neurologiques qu’on conduit au dia-gnostic génétique de AGS.Le AGS a été découvert en 1894 et les anomalies correspondantesgénétiques en 2006. Il se caractérise par une encéphalopathie plusau moins symptomatiques, des calcifications cérébrales et une aug-mentation de l’IFN dans le LCR et le sang. Les manifestationscutanées sont une cyanose et des « lésions vasculaires acrales ».Ces lésions vasculaires acrales n’ont jamais été étiquetées commeAK car n’ont jamais été portées à l’attention des dermatologues etl’AGS n’a jamais été rapportée dans des revues dermatologiques.Nous pensons que l’AGS permet d’expliquer les AK de Mibelli.Une encéphalopathie associée est rapportée seulement dans unepartie des AK de Mibelli. Cependant, nous pensons que dans lesautres cas il s’agissait de formes ou asymptomatiques comme notrecas voire paucisymptomatique et non identifiées comme telle parles dermatologues.Conclusion La recherche des mutations génétiques propres auAGS et d’un taux élevé d’INF alpha dans le sang et le LCR de maladesatteints d’AK de Mibelli, devrait permettre d’identifier leur maladieen attendant que puisse être proposé un traitement adapté a priorià visé anti-IFN alpha.Mots clés Angiokératome ; Angiokératome de Mibelli ; GèneRNASEH2B ; Génétique ; Syndrome de Aicardi-GoutièresDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.348

P149Angiœdèmes héréditaires demécanismes différents dans unemême famille. Un piège diagnostique !L. Martin 1,∗, M.-E. Sarre 1, N. Monnier 2, H. Humeau 1,D. Ponard 2, D. Charignon 2, C. Drouet 3

1 CHU d’Angers, Angers, France2 CHU de Grenoble, Grenoble, France3 Université de Grenoble, Grenoble, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Il est désormais établi que les causes d’angiœdèmeshéréditaires (AOH) médiés par la bradykinine (BK) sont de natureplurielle (déficit en C1 inhibiteur par mutation du gène SERPING1,mutation activatrice du gène F12. . .). Nous rapportons une familledans laquelle deux causes d’AO-BK étaient présents.Observations Une femme consultait pour des AO récidivants,cutanés et muqueux. L’interrogatoire retrouvait également des AOchez son père, sa sœur (dont l’histoire était marquée par plusieursAO de l’extrémité céphalique dont un ayant motivé une intuba-tion, trois laparotomies blanches pour AO intestinaux douloureux,des kystes ovariens) et sa fille. Le diagnostic d’AOH suspecté surl’histoire clinique, la résistance aux anti-H1 et la transmission auto-somique dominante de l’affection, était confirmé par la mise enévidence d’un déficit fonctionnel de C1 inhibiteur et d’une muta-tion du gène SERPING1 chez la patiente index. Cette mutation étaitégalement retrouvée chez le père et la fille de cette patiente. . .

mais pas chez sa sœur. Une étude familiale du métabolisme dela BK mettait en évidence un déficit en enzyme de conversionde l’angiotensine 1 (l’une des enzymes dégradant la BK) chez lapatiente index, sa fille. . . et sa sœur. Aucune n’était traitée par unIEC.Discussion Chez la sœur de la patiente index le mécanisme desAO est indépendant du déficit en C1 inhibiteur. L’accumulation deBK est due au défaut de catabolisme par l’enzyme de conversion.La reproduction du phénotype clinique familial indépendammentdu mécanisme moléculaire responsable des symptômes chez lamajorité des membres de la famille est un redoutable piège diagnos-tique. En l’occurrence, cette patiente avait été considérée commeune simulatrice !Il ne s’agit pas à proprement parler d’un exemple troublant de phé-nocopie car a priori le déficit en kininase est constitutionnel et nonle fruit d’une pression environnementale. L’analyse moléculaire dugène codant l’enzyme de conversion (en cours) devrait permettrede l’affirmer.Plus généralement, cette observation familiale illustre que les défi-cits en une ou plusieurs kininase(s) peuvent être symptomatiques endehors du déficit en C1inh ou de la prise de médicaments inhibiteursde kininase et classiquement inducteurs d’AOBK.Conclusion En médecine aussi, un train peut en cacher un autre !Mots clés Angiœdème ; Bradykinine ; KininaseDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.349

150Coexistence d’une acné fulminante etd’une hidrosadénite suppurée :syndrome ASH, une nouvelle entité ?�

S. Duchatelet 1, S. Miskinyte 1, M. Delage 2, O. Join-Lambert 3,H. Coignard 4, O. Lortholary 4, X. Nassif 3, A. Hovnanian 1,A.S. Nassif 2,∗1 Inserm UMR 1163, Institut Imagine, Paris, France2 Centre médical, Institut Pasteur, Paris, France3 Microbiologie, hôpital Necker, Paris, France4 Maladies infectieuses, hôpital Necker, Paris, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Nous rapportons la coexistence d’une acné fulmi-nante (AF) et d’une hidrosadénite suppurée (HS) chez 8 patientsau sein d’une cohorte de 800 patients porteurs d’HS. Etant don-née la rareté de l’AF, nous posons la question d’une association nonfortuite constituant un sous-groupe phénotypique particulier d’HS.Observations Au sein de notre cohorte de 800 HS, 8 hommes ontprésenté une acné fulminante dont 2 sont porteurs d’un syndromePASH. Nous décrivons ces 6 cas d’AF + HS ainsi que les 2 cas de PASHsyndrome. Le séquencage des gènes PSTPIP1 et de la Nicastrine,

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impliqués respectivement dans le PASH syndrome et l’HS, n’a paspermis d’identifier de mutation chez ces 8 patients.Discussion Contrairement à la prévalence de l’HS, estimée à 1 %,l’AF est très rare, nous en avons recensé 188 cas dans la littérature àce jour. La prévalence de l’AF dans notre cohorte est de 1 % soit unevaleur nettement supérieure au chiffre attendu dans la populationgénérale. Des acnés sévères ont également été décrites chez despatients HS porteurs d’une mutation de la Nicastrine. De plus, lesyndrome PASH récemment décrit associe pyoderma gangrenosum(PG), acné sévère et HS. Pour toutes ces raisons, la coexistence d’AFet d’HS ne nous paraît pas fortuite. La présence d’un syndrome PASHchez 2 frères d’une même famille au sein de notre cohorte évoqueune transmission génétique de ce syndrome. La coexistence d’uneacné fulminante et d’HS chez nos 6 patients non porteurs de PASHpose la question de savoir si ces patients, actuellement non porteursd’un PG, sont porteurs de la même anomalie génétique que nos 2patients PASH mais n’ont pas encore exprimé le PG ou s’il s’agiraitd’une anomalie génétique différente responsable de l’associationAF et HS uniquement, sans PG. Chez les 2 patients PASH, le PG adébuté à 15 et 18 ans, soit un an après le début de l’AF, et l’HS adébuté un an avant l’apparition de l’AF pour l’un et un an aprèspour l’autre. L’âge actuel de nos 6 patients porteurs d’AF + HS sesitue entre 21 et 32 ans, sans développement de PG à ce jour, cequi serait en faveur d’une entité clinique séparée du PASH. Les 8patients ont des antécédents familiaux d’acné sévère et 6/8 desantécédents familiaux d’HS.Conclusion L’association AF + HS ne nous paraît pas fortuite etpourrait soit être une forme clinique de syndrome PASH incomplet,soit être une entité différente sous-tendue par une autre anomaliegénétique. Le séquencage des gènes PSTPIP1 et de la Nicastrine n’apas permis d’identifier de mutation chez les 8 patients. Nous pro-posons l’acronyme ASH pour cette entité dans laquelle pourraientêtre également incluses des acnés sévères constituant peut-êtreun sous-groupe phénotypique. Cette entité pose la question d’unmécanisme d’action commun à l’AF et à l’HS.Mots clés Acné fulminante ; Hidrosadénite suppurée ;Syndrome ASHDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.350

P151Xanthomes tubéreux de présentationspectaculaire révélant unehypercholestérolémie familialehomozygote�

H. Rachadi ∗, I. Ramli , H. Amarouch , J. Bouhalab , L. Berbich ,K. Senouci , B. Hassam , N. IsmailiService dermatologie, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc∗ Auteur correspondant.

Introduction Les xanthomes tubéreux sont des lésions nodu-laires, fermes, indolores. Ils s’observent chez les patients atteintsd’hyperlipidémie. Nous rapportons le cas d’un enfant chez qui desxanthomes tubéreux multiples révélaient une hypercholestérolémiefamiliale.Observations Une fille de 10 ans présentait depuis 2 ans deslésions papuleuses de couleur jaunâtre, augmentant progressive-ment de taille au niveau des fesses, des coudes et des genouxsans autre signe cutané ni systémique. Elle était issue de parentsconsanguins au premier degré. Il s’agissait de multiples lésionspapulo-nodulaires et tumorales, symétriques, des fesses, desgenoux et des coudes. La biopsie cutanée montrait une lésion nodu-laire faite de cellules histiocytaires spumeuses xanthomateuses etde quelques cellules multinucléées de type « Touton » confirmant lediagnostic de xanthome. Le bilan lipidique montrait des taux très

élevés de cholestérol total (7,04 g/L), de cholestérol-LDL (6,67 g/L)et des apoprotéines B (5,17 g/L) ; le cholestérol-HDL était diminué(0,19 g/L) ainsi que les apoprotéines A (0,69 g/L). La radiographiethoracique, l’ECG, l’échographie cardiaque et l’écho-doppler desvaisseaux du cou et des membres étaient normaux. Les taux trèsélevés de cholestérol-LDL, la présence de xanthomes cutanés depuisl’âge de 8 ans et l’absence d’autre anomalie, faisaient évoquer,chez cette enfant, une forme homozygote d’hypercholestérolémiefamiliale. La malade était prise en charge par des mesures hygiéno-diététiques associées à un traitement par statines (simvastatine20 mg/j).Discussion L’hypercholestérolémie familiale est une variété rared’hyperlipoliprotéinémie primaire de transmission autosomiquedominante. La forme homozygote est encore très rare, avec unefréquence de un cas par million de naissances. Elle est caractériséepar la survenue des xanthomes cutanés apparaissant dès la pre-mière décennie et même parfois présents à la naissance. Ils siègentsurtout dans la région fessière et sur les faces d’extension descoudes et des genoux. Les taux de cholestérol-LDL sont très élevésdès la naissance. Les principales complications sont coronariennes,plus rarement vasculaires cérébrales et artérielles périphériques.L’âge moyen de la première crise d’angor se situant vers 11 ans,et l’espérance de vie ne dépassant pas 20 ans en l’absence detraitement. Le traitement médical associé au régime alimentaireadapté s’avère généralement insuffisant chez les patients homozy-gotes. Le traitement de choix est représenté actuellement par lesLDL-aphérèses.Conclusion Les xanthomatoses liées à une hypercholéstérolomiefamiliale homozygote sont très rares. Cette dernière peut entraverla vie des patients du fait de ses complications notamment coro-nariennes malgré un traitement médical bien conduit. La thérapiegénique pourrait être un traitement de choix dans le futur.Mots clés Dyslipidémie ; Hypercholestérolémie familialehomozygote ; Xanthomes tubéreuxDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.351

P152Atrichie avec lésions papuleuses : undiagnostic différentiel de la pelade àne pas méconnaîtreF. Caux 1,∗, S. Wolf 2, V. Lemaire-Lutran 3, A. Lévy 4, A. Guyot 1,R. Betz 2, L. Laroche 1

1 Service de dermatologie, centre de référence génodermatoses,hôpital Avicenne, Bobigny, France2 Institut für Humangenetik, Universität, Bonn, Allemagne3 Cabinet de dermatologie, Aulnay, France4 Service de pathologie, hôpital Avicenne, Bobigny, France∗ Auteur correspondant.

Introduction L’atrichie avec lésions papuleuses (ALP) est unemaladie récessive rare associant une alopécie dès les premiers moisde la vie et des papules folliculaires débutant dans l’enfance. Elleest associée à des mutations du gène Hairless (HR). Nous rapportonsle cas d’un patient suivi depuis plusieurs décennies pour pelade uni-verselle, chez lequel nous avons diagnostiqué une ALP et identifiéune nouvelle mutation du gène HR.Observations Un homme turc de 41 ans, issu d’un mariageconsanguin, consultait pour des kystes apparus plusieurs annéesauparavant. Il était né avec des cheveux qui étaient tombés peuaprès la naissance et n’avaient jamais repoussé. Il avait consultéplusieurs dermatologues qui avaient diagnostiqué une pelade etprescrit du minoxidil sans efficacité. La sœur, un cousin et unecousine du patient avaient également une atrichie. A l’examen, lepatient présentait une absence complète de cheveux, sourcils, cils,