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L'economie syntaxique cumul et mise en facteur commun Author(s): Colette Feuillard Source: La Linguistique, Vol. 32, Fasc. 1, Colloque de liège 1995 (1996), pp. 91-102 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248751 . Accessed: 15/06/2014 09:59 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.89 on Sun, 15 Jun 2014 09:59:53 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Colloque de liège 1995 || L'economie syntaxique cumul et mise en facteur commun

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L'economie syntaxique cumul et mise en facteur communAuthor(s): Colette FeuillardSource: La Linguistique, Vol. 32, Fasc. 1, Colloque de liège 1995 (1996), pp. 91-102Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248751 .

Accessed: 15/06/2014 09:59

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L'ECONOMIE SYNTAXIQUE CUMUL ET MISE

EN FACTEUR COMMUN

par Colette FEUILLARD*

The author examines different cases in which the equilibrium between systemic forces and discourse forces is destroyed. Two trends are fighting: whereas "condensation" leads to an economy, it can produce difficulties in memorization and interpretation. On the other hand, with a more anayytic form, information may be reiterated which is unecono- mical.

Le principe d' conomie developp6 par Andre Martinet dans Economie des changements phonitiques joue un r6le eAentiel dans le fonctionnement des langues, quel que soit le niveau d'analyse consider6. Cependant s'il met en jeu des forces similaires et contradictoires, telles que l'&conomie articulatoire sur l'axe syntag- matique d'une part, l'economie m6morielle sur l'axe paradig- matique d'autre part, il fait intervenir au niveau syntaxique des facteurs plus nombreux et plus complexes que ceux qui sont impliques sur le plan phonetique. Cette complexite resulte de la diversite des 6l6ments qui participent a la mise en rela- tion des unites (position, Pierre admire Paul/Paul admire Pierre, monkmes fonctionnels, il est arrive vers huit heures, etc.) et de la specificite des rapports syntaxiques.

Il en resulte que l'6conomie syntaxique est susceptible de se manifester sous des formes variees et a difffrents niveaux

d'analyse :

* Universiti de Caen.

La Linguistique, Vol. 32, fasc. 1/1996

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1. ECONOMIE DANS LE CADRE DU SYSTEME

a) II peut y avoir modification de la valeur d'une fonction, et par suite de la fonction elle-meme:

- si l'on se place dans une perspective diachronique, il apparait que le latin opposait les fonctions allative, eo in urbem <<je vais en ville >> et locative, maneo in urbe <<je demeure en ville A signa- lCes par in suivi respectivement de l'accusatif et de l'ablatif alors que le frangais ne le fait pas, comme en temoignent les exemples pr6cedents. I1 n'y a donc plus opposition fonction- nelle; la distinction semantique est aAur&e par le sens des verbes : aller suppose un mouvement vers, et demeurer une loca- lisation dans un endroit particulier. La suppreAion de la fonc- tion allative en frangais a eu pour consequence l'extension de la valeur de la fonction locative, qui inclut ta la fois le lieu oi l'on est et le lieu o' l'on va.

Cet dlargiAement de la valeur de la fonction entraine une 6conomie memorielle, puisqu'elle repose sur la suppreAion d'une fonction.

b) La modification peut correspondre a un changement de forme de la fonction ou ' une substitution du moneme fonc- tionnel qui l'introduit, sans changement de sens de la fonction:

--la fonction n'est pas alt6r&e; seule la forme est modifi&e par suite de l'attraction ia son profit d'une autre forme, avec laquelle elle se trouve en distribution complkmentaire. En d'autres termes, il y a substitution d'une variante formelle par une autre pour l'indication d'une fonction particuliere. Dans il va au coif- feur, l'expansion au coiffeur devrait &tre marquee par la preposi- tion chez et non d, 6tant donn6 que coiffeur renvoie ta un indi- vidu et non ' un lieu. Toutefois, d'apres le contexte, le terme ne d6signe plus ici l'etre anim6, mais le lieu oi il travaille, ce qui explique l'emploi de d au d&triment de chez, qui accom- pagne habituellement les noms de personne;

- la g6neralisation de a ob6it auAi au principe d' conomie memo- rielle, bien que celle-ci ne concerne ni l'inventaire des fonc- tions, ni la capaciti fonctionnelle des unites: aller implique dans tous les cas une fonction locative, qu'elle soit aAurde

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par d ou par chez. Elle correspond a la reduction des formes d'une meme fonction.

c) La modification peut affecter les propridtes syntaxiques des unites :

--la construction d'un dlement est susceptible d' voluer; une fonc- tion se substitue alors a une autre. Ainsi, le verbe pallier r6clame, en principe, un objet direct, il pallie le manque de moyens par des aides ponctuelles. A l'inverse, remddier exige une construction indirecte, il remidie au manque de moyens par des aides ponctuelles. La contiguit6 semantique de pallier et de remidier a influenc6 la construction de pallier, qui, i l'heure actuelle, admet le plus souvent une fonction indirecte d, comme le signalent certains dictionnaires , il pallie au manque de moyens par des aides ponctuelles.

Ce changement de fonction repond une fois encore au prin- cipe d'6conomie paradigmatique, puisque deux verbes proches par le signifid finiAent par accepter le meme complement. Il n'y a donc plus concurrence entre deux constructions pour des unites de sens voisin. A l'inverse, le choix de la fonction indirecte au d6triment de la fonction directe implique un effort articulatoire

plus important compte tenu du fait que la fonction est marquee par une prdposition, d.

2. ECONOMIE DANS LE DOMAINE DU FONCTIONNEMENT SYNTAXIQUE

DES UNITES AU SEIN DE LA PHRASE

Les monemes peuvent entretenir deux types de rapports:

- un rapport de d6pendance etabli ' partir d'un dl6ment noyau, le pr6dicat, qui pr6suppose une hidrarchie des 6l6ments dans la structure, represente pour les subordonnis sur un axe vertical,

-un rapport d'6quivalence fonctionnelle, impliquant pour les monemes coordonnes un meme niveau d'integration, sch6ma- tise sur un axe horizontal: ainsi dans Pierre affirme qu'il a entendu des bruits et des voix cette nuit, les syntagmes des bruits et des voix d'une part, cette nuit d'autre part, dependent du predicatoide

1. Cf. Le petit Robert, Dictionnaire alphabitique et analogique de la langueftanfaise, Paris, ed. 1973.

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a entendu, qui se rattache A son tour au predicat affinne, ce

qui permet de poser deux niveaux de subordination, alors que des bruits et des voix, 6tant coordonnes, se trouvent sur un meme plan l'un par rapport A l'autre.

En outre, un eldment est susceptible de recevoir un faisceau de determinations, de telle sorte que divers monemes peuvent coexister a un niveau hierarchique donne, et se trouver en rela- tion avec la meme unite sans tre pour autant coordonnes. C'est le cas des expansions des bruits et des voix et cette nuit dans l'exemple prec'dent. Ces syntagmes sont relies a a entendu, mais ils n'entre- tiennent aucun rapport de dependance entre eux.

Pierre - affirme

obj. I

ii - a entendu

obj. temp.

des bruits-et-des voix cette nuit

Ces caracteristiques des relations syntaxiques, A savoir la hie- rarchie, l'equivalence, et la coexistence A un meme niveau de

plusieurs elments fonctionnels dependant d'un moneme parti- culier, permettent soit le cumul, soit la mise en facteur commun de fonctions pour une unite donnee.

a) Il y a cumul de fonctions ou de r6les2, quand une unite entretient des relations distinctes vis-A-vis de deux ou plusieurs monemes; c'est le cas, en frangais, des structures infinitives et relatives:

- les structures infinitives peuvent apparemment se presenter sous deux formes : les unes ont un sujet explicite, les autres, A pre- miere vue, n'en ont pas. Dans il sent la terre gliAer sous ses pieds, le syntagme la terre a pour fonction premiere, celle de sujet par rapport au predicatoide verbal A l'infinitif gliAer, et non

2. Colette Feuillard, <<Le cumul des fonctions comme manifestation de l'6conomie syntaxique n, dans Actes du XXI Colloque International de Linguistique Fonctionnelle, Liege, a paraitre.

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celle d'objet B l'agard du pridicat sent comme pourrait le laiAer

supposer la forme pronominale la dans il la sent gliAer sous ses

pieds. La fonction objet est aAuree par la relation qui s'6tablit entre la terre et gliAer. Cette analyse se justifie par l'impoAibi- lit6 de supprimer le segment gliAer sous ses pieds, sans change- ment de sens du moneme predicatif, il sent la terre signifiant il respire la terre ou il touche la terre et non il a la sensation... De

mime, on ne peut dliminer le syntagme la terre sans alt'rer la structure, *il sent gliAer sous ses pieds n'6tant pas acceptS. Enfin, le syntagme la terre gliAer sous ses pieds est commutable avec la proposition en fonction objet, que la terre gliAe sous ses pieds, au sein de laquelle la terre exerce la fonction sujet; le sens ne s'en trouve pas modifie, il sent la terre gliAer sous ses pieds/il sent que la terre gliAe sous ses pieds.

Par analogie, nous analyserons de fagon identique les struc- tures infinitives dans lesquelles il est poAible de supprimer l'un des deux termes de la relation, il regarde les dclairs sillonner le ciel/il regarde les eclairs, voire alternativement les deux, il a vu les ouvriers construire la maison/il a vu les ouvriers/il a vu construire la maison, tout en conservant le sens du moneme predicatif dont elles dependent. Les iclairs et les ouvriers seront donc consideres comme aAurant la fonction sujet h l'dgard des pr6dicatoides sillonner et construire et la relation les iclairs . silonner, les ouvnriers "- construire, la fonction objet par rapport aux predicats regarde et a vu. La fonction sujet est con- firm'e par le fait que, lors du remplacement de l'infinitif par une proposition relative, le pronom relatif a pour anticedent l'6l6ment pr6sume sujet du predicatoide a l'infinitif, et qu'il devient lui-meme sujet du predicatoide de la relative, il regarde les iclairs qui sillonnent le ciel, il a vu les ouvriers qui construisaient la maison. La relative entraine le dedoublement des deux fonctions; la fonction sujet est aAignee d6sormais au relatif, et la participation 'a la fonction objet est exclu- sivement attribuee aux monemes eclairs et ouvriers, ce qui a une incidence au niveau du sens : le regard n'est plus directement centre sur la realisation du proces, mais sur les elements en fonction objet. Par ailleurs, d'un point de vue semantique, dclairs et ouvriers exer- cent le r6le d'agent vis-A-vis de sillonner et de construire, au meme titre que terre par rapport ta gliAer.

Certaines structures infinitives semblent ne pas comporter de sujet, cf. j'esprre rduAir, il a vu construire la maison. Les gendrativistes

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considerent cependant que la position vide du sujet est remplie par la categorie vide PRO A qui partage les proprietes des ana-

phores et des pronoms '

reffrence disjointe >, puisque <<la cat6-

gorie S doit toujours contenir une categorie vide sujet en l'absence de sujet realis 3>>. De plus, il y a coindexation entre le sujet du verbe principal et le sujet du verbe a l'infinitif, lorsqu'ils sont

semantiquement identiques, d'ou les structures suivantes j'(i) esp#re [PRO(i)] rduAir, il a vu [PRO] construire la maison. S'il s'agit 1a d'un

principe unificateur au niveau de l'analyse des constructions ver- bales, en l'occurrence infinitives, ce traitement ne nous parait pas rendre compte de maniere totalement satisfaisante de la realite des faits dans le discours. Dans j'espere rduAir, l'agent du proces impliqu6 par reuAir est identifid; il est le meme que celui de espire, ainsi que le prouve une nouvelle fois la commutation du verbe a l'infmitif avec la proposition, j'espere rduAir/j'espire que je rduAirai. Ce r6le d'agent ne pouvant reposer que sur une fonction

syntaxique, nous en d6duisons qu'elle est attribute gaje. Ce dernier aAume une double fonction sujet, l'une, premiere hierarchique- ment ~ l'6gard du predicat espire, l'autre seconde par rapport au

predicatoide r~uAir, les deux tant indispensables au bon fonc- tionnement de la structure. En revanche, I'agent n'est pas identi- fiable dans il a vu construire la maison, meme s'il est sous-entendu; le fait qu'il le soit resulte de la nature verbale de construire, qui presuppose, comme tout verbe en frangais, un ou plusieurs parti- cipants. Mais la presence du participant en fonction sujet avec un verbe a l'infinitif n'est pas toujours obligatoire, et il arrive

qu'elle soit impoAible, en particulier quand le syntagme verbal est lui-meme sujet, renoncer n'est pas facile.

Pour etre fiddle aux faits, il importe donc de diff6rencier ces deux types de structures formellement analogues, puisqu'elles n'ont

pas la meme incidence au niveau du sens. Plut6t que de recourir aux categories vides, dont l'interprntation est al6atoire, nous pose- rons que toutes les structures infinitives n'ont pas neceAairement de sujet; c'est le cas de construire dans j'ai vu construire la maison. Lorsqu'elles en ont un, il est exprim6 soit par un moneme dont c'est la fonction propre, cf. dclairs dans il regarde les iclairs sillonner le ciel, soit par un

mone:me qui exerce dejia une fonction dans la phrase, cf. j' dans j'espre rduAir. On considere alors qu'il y

3. Noam Chomsky, La nouvelle syntaxe, Paris, Seuil, 1987, p. 97-98.

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a cumul de fonctions sur une meme unite. Ces fonctions sont soit

identiques comme dans le cas precedent, oi je exerce une double fonction sujet, A l'agard du predicat espire et du pridicatoide reuAir, soit diff~rentes : Paul aAume simultandment la fonction dative par rapport a conseille et la fonction sujet g l'agard de rentrer dans il conseille d Paul de rentrer, ainsi que le montre le schema ci-deAous:

J' - espdre ii - conseille

obj. o'bj. uAir Paul / rentrer

r~uAir Paul rentrer

Dans les structures relatives, le pronom relatif exerce par nature un double r6le: il a un statut de subordonnant, comme relatif, introducteur d'une proposition subordonnee, et aAume une fonc- tion, en qualite de pronom, dans la proposition relative: il peut &tre sujet, l'histoire qui vient de se paAer est incroyable, objet, le chemin qu'il a pris n'itait pas le bon, en fonction indirecte d ou de, ce n'est pas le rdsultat auquel il s'attendait, 'affaire dont il t'a parlk date de plusieurs anntes, etc. Ce cumul de r6les est frtquemment signal6 sur le plan formel par l'amalgame du pronom relatif et du moneme fonctionnel exprimant la fonction, cf. auquel, dont.

A ce double statut s'en ajoute un troisieme dans les relatives absolues ou indefinies; le pronom aAure, outre le r6le de moneme fonctionnel, une fonction 'a l'6gard du moneme predicatif et une fonction dans la relative: dans il parle d qui l'dcoute, qui est 'a la fois subordonnant, en fonction dative par rapport au predicat parle, et en fonction sujet vis-h-vis du predicatoide kcoute. Cette

superposition des fonctions n'est poAible que si le pronom a la

mime forme dans les deux fonctions. II peut egalement y avoir cumul de r6les predicatifs : dans Pierre est qui il est, qui est 'a la fois preidicat actualis6 par le sujet Pierre, et predicatoide mis en fonction par le sujet il.

Cette poAibilit6 de cumul de fonctions ou de rbles sur une

mime unite repond au principe d'economie sur l'axe syntagma- tique, par la reduction du nombre d'd16ments utilis6s dans la chaine

parlke et de l'effort articulatoire qui en d&coule. Elle resulte :

1) soit du systeme et plus particulierement des propriktes de

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certaines claAes de monemes qui les autorisent a aAurer deux ou plusieurs r6les dans l'6nonce, comme le pronom relatif,

2) soit de la structuration syntaxique, compte tenu de la hi&- rarchie des rapports et de la coexistence eventuelle de plusieurs relations autour d'un el6ment donne: la hierarchie, impliquant une articulation des niveaux, permet ainsi ' un moneme d'exercer une fonction vis-h-vis d'un 6Almen superieur et d'un 6lement inf6rieur; c'est le cas du pronom relatif, en fonction dative par rapport au pr&dicat parle, et en fonction sujet vis-h-vis du predica- toide kcoute:

ii -- parle

qui - 6coute

obj.

I

Les rapports de coexistence rendent poAible la realisation d'une fonction entre des 616ments de niveau identique, exergant par ailleurs une fonction propre 'a l'6gard de cet 616ment, cf. d Paul et rentrer dans il conseille d Paul de rentrer4.

b) La mise en facteur commun consiste ' attribuer a un 616ment une ou plusieurs fonctions identiques, qu'il aAume simultandment par rapport a des unites exergant vis-a-vis de lui une meme fonc- tion; elle se manifeste dans la coordination et dans certains cas de comparaison :

-la coordination presuppose l'identit6 de fonctionnement de l'unite mise en facteur commun vis-ai-vis des e61ments coor- donnes avec lesquels elle se trouve en relation: dans le vieil homme dcoutait et observait l'enfant, le vieil homme est le sujet de ecoutait et de observait; les deux monemes verbaux jouent conjoin- tement le r61le de predicat. De manibre analogue enfant aAure la fonction objet a la fois par rapport a ecoutait et a observait.

4. Cf. Schema, p. 97.

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Cette mise en facteur commun peut tre auAi devolue a des

r6les, tels que celui de predicat le vieil homme et l'enfant se promenaient sur la plage, de moneme fonctionnel, ils itaient accompagnds par leurs

parents et leurs amis, ou de determinant, les thddtres et cinbmas sontfemnds. Dans les exemples precedents, la mise en facteur commun

ne s'applique qu'a un r61le fonctionnel, le sujet, le vieil homme et

l'enfant dans le vieil homme et l'enfant se promenaient, le predicat, Icoutait et observait dans le vieil homme dcoutait et observait l'enfant, etc. Mais elle peut concerner plusieurs fonctions. Ainsi, dans il travaille d Paris et elle d Strasbourg le predicat travaille est mis en facteur commun

vis-a-vis des sujets il, elle, et des locatifs d Paris, d Strasbourg, ces fonctions 6tant autonomes les unes par rapport aux autres.

La comparaison offre plusieurs types de structures. Seules seront

examinees celles qui pr6sentent un comportement proche de celui

que manifestent les segments coordonnes. Si l'on examine les phrases Marie parle autant que sa mere, Paul rMagit comme son pere, il semble que l'on puiAe considerer comme mis en facteur commun les monemes verbaux parle et reagit, dans la mesure ou ils permettent non seule- ment ' Marie et " Paul d'etre sujet, mais a sa mere et a son pare de fonctionner de maniere analogue, par l'intermediaire des com- paratifs autant que et comme. Cette hypothese parait confirmee par le fait que l'on peut reprendre ces unites dans le syntagme compa- ratif, soit a l'aide des memes monemes Marie parle autant que parle sa mere, Paul rMagit comme rMagit son pare, soit au moyen d'un anapho- rique du type faire, etc., Paul rMagit comme le fait son pfie. Il s'agit la de la seule poAibilite, si l'on ne veut pas changer le sens.

Cette mise en facteur commun concerne les monemes ind&- pendamment de la forme qu'ils sont susceptibles de prendre dans l'nonc6, celle-ci pouvant etre imposee par l'&l1ment avec lequel ils se trouvent en relation, il a rdpondu comme eux/il a rdpondu comme ils ont rdpondu.

De meme que pour la coordination, elle peut affecter plu- sieurs elements dans la phrase, cf. est doud et pour la musique dans il est auAi doud pour la musique que son fr~re.

Toutefois, il arrive qu'elle ne touche que l'd61ment lexical et exclue ses determinants grammaticaux, qui sont alors presuppos6s par le contexte, il risque d'chouer comme toi l'annde derniore/il risque d'chouer comme tu as dchoue l'annde derniere. AuAi convient-il de ne pas generaliser trop vite et de ne pas considerer ce procede comme un phinomene constant dans la comparaison.

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La mise en facteur commun, fondee sur les rapports d'equi- valence, participe egalement a l1'conomie syntagmatique, puisqu'elle limite le nombre d'unites dans la structure, sans en alterer le fonctionnement.

Cumul et mise en facteur commun renvoient a des procedes complementaires, bien que la mise en facteur commun puiAe elle auAi entrainer une superposition de fonctions. Le cumul sous- entend la r6union sur un meme moneme de fonctions identiques, j'espire reuAir, ou le plus souvent diff6rentes, il conseille d Paul de rentrer a l'6gard d'unites exergant des fonctions diff~rentes, cf. espire et reuAir. La mise en facteur commun reclame l'identite de fonc- tion du moneme, ainsi que celle des e1ements qui en dependent, Paul reagit comme son pore. Ces deux procedes contribuent a l'6co- nomie syntaxique au niveau de l'axe syntagmatique, en donnant a la structure un caractere plus synthetique.

3. CONTREPARTIE DE L' CONOMIE SYNTAGMATIQUE ET FACTEURS

D EVOLUTION

a) Chacun de ces procedes peut etre source d'ambiguites:

- Dans Pierre demande d Paul de partir a cinq heures, rien ne permet de savoir si le sujet de partir est Pierre ou Paul. Seul l'environne- ment linguistique ou extralinguistique est susceptible de lever le doute. Il en va de mime dans il aime son ami comme son

fire, son frre pouvant fonctionner comme sujet ou comme objet. - L'6conomie syntagmatique risque donc d'entrainer pour l'inter-

locuteur des difficultes de comprehension.

b) I1 peut en r6sulter auAi des problkmes de m6morisation: - Les pronoms relatifs, en nombre limit6 du point de vue des

unit6s, prennent des formes multiples, qui varient avec la fonc- tion, le moneme fonctionnel 6tant souvent amalgam6 au

pronom, cf. qui en fonction sujet, que en fonction objet ou comme predicatoide, dont, en fonction indirecte de ou repr&- sentant un complement de nom. Ils changent 6galement selon le genre de l'antecedent, le film auquel je pense, la piece d laquelle j'ai aAist, et l'opposition anim6/inanim6, c'est une personne d qui on peut faire confiance, c'est ce sur quoi je souhaitais travailler. Cette

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L'Iconomie syntaxique 101

diversit6 des formes rend difficile leur emploi, ce qui amine parfois l'usage 'a les simplifier.

c) Ces divers facteurs sont susceptibles de faire 6voluer la struc- ture, voire le systeme:

- en ce qui concerne les relatifs, par exemple, il peut y avoir dedoublement des 6lkments fonctionnels ou tendance a l'unifi- cation de la forme. Dans le premier cas, le pronom relatif en tant qu'unit6 disparait et se scinde en deux elements, qui aAurent chacun un r6le: celui de relateur est aAume par un

simple subordonnant, que, tandis que la fonction est aAignee a un pronom personnel, la, c'est une femme que tu peux la croire, ou a une autre entitd, c'est une personne que tu peux compter deAus. Ici, le syntagme pr6positionnel <<attendu A sur elle, laiAe la

place 'a un adverbe, deAus. Dans le deuxieme cas, l'on a affaire

t une forme unique invariable, que, le bureau queje me suis adreA!,

I'histoire que je te parle. Deux analyses s'averent poAibles; soit l'on consid're qu'il y a omiAion de la fonction impliquie par le pr6dicatoide, que aAumant alors le seul r6le de moneme fonctionnel, soit l'on estime qu'il y a toujours amalgame du subordonnant et de la fonction, du fait que celle-ci n'est pas reprise dans la proposition. Le pronom relatif rev&t alors une forme unique, independamment de sa fonction, du genre et du caractere anime ou inanim6 de son anticident. Lorsque l'absence de la fonction est systematique, il nous parait prffi- rable d'opter pour la derniere solution.

Dedoublement et unification ont des consequences sur le plan de l'&conomie; l'un et I'autre entrainent une 6conomie dans le systeme. Le didoublement opere au niveau des unites, puisqu'il ilimine la claAe des pronoms relatifs, alors que l'unification touche

ta la forme des unites, dont elle supprime la variet6. En revanche, le dedoublement va ' l'encontre de l'economie syntagmatique, etant donn6 qu'il implique generalement un effort articulatoire

plus important. Mais ce dernier peut tre compense chez le locu- teur par un effort memoriel de structuration moindre, dans la mesure oiu la structure de la proposition subordonn'e devient

identique "a celle d'une phrase autonome, cf. tu peux la croire. Il semble donc que ce soit le phenomene d'unification qui reponde le mieux au principe d'6conomie, en jouant a la fois sur le plan

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memoriel par la reduction des formes, et sur le plan articulatoire

par le cumul des r6les. Neanmoins l'absence de distinction for- melle des fonctions ne permet plus de les diff6rencier, ce qui peut crier des difficultis d'identification et par suite de compre- hension pour l'interlocuteur, je ne connais pas la personne qu'il parle pouvant signifier la personne a laquelle il parle ou la personne dont il parle.

L'5conomie repose en consequence sur un 6quilibre des forces mises en jeu dans le systeme d'une part, dans le discours d'autre

part, et par la prise en compte a ce niveau non seulement de la structuration linguistique, mais auAi du proceAus de commu- nication implique par I'acte de production et de comprehension. Deux tendances s'affrontent donc en permanence dans le domaine

syntaxique, qui determinent l'evolution du systeme: le besoin de <<condenserA l'expreAion confere a la structure un caract6re

synthetique, dont peuvent decouler des problkmes de m6morisa- tion et d'interpretation. Le recours a une forme plus analytique compense ces phenomenes, mais multiplie les reprises d'information.

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