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COLLOQUE INTERNATIONAL « Comment peut-on écrire une grammaire ? » Jeudi 13 et vendredi 14 janvier 2011 Pascale VAN KEIRSBILCK, Lessius University College & KU Leuven « Le subjonctif tel qu’il s’enseigne : analyse comparative des modèles grammaticographiques utilisés dans l’enseignement du FLE en Flandre et en France » L’emploi du subjonctif est une pierre d’achoppement pour tous ceux qui apprennent le français et en particulier pour ceux qui ne connaissent pas ou plus ce mode dans leur langue maternelle, tels que les néerlandophones. On comprendra dès lors que le subjonctif occupe une position de premier plan dans la grammaticographie du FLE. Force est de constater qu’il se manifeste différents modèles grammaticographiques pour l’enseignement/apprentissage du subjonctif. L’objectif de cette communication est de fournir u ne analyse comparative des modèles utilisés en Flandre et en France et d’étudier quels sont les paramètres utilisés pour rendre compte de ce phénomène grammatical. Pour ce faire, nous nous sommes basée sur un corpus composé de dix grammaires pédagogiques, dont quatre ont été éditées en Flandre, Grammaire 2000, Principes de grammaire, Grammaire pratique de la communication, Grammaire Trajet, se destinant dès lors à des apprenants néerlandophones, et six ont été publiées en France, Nouvelle Grammaire du français, La Grammaire des premiers temps, Grammaire utile du français, Grammaire progressive du français avec 400 exercices, Grammaire vivante du français, Grammaire pour l’enseignement /apprentissage du FLE, destinées à l’ensemble des allophones. Parmi les critères utilisés pour évaluer les différentes grammaires, nous avons d’abord étudié la place concrète qu’occupe le subjonctif dans la macrostructure de la grammaire et quelle est l’approche globale utilisée : l’approche est -elle essentiellement formelle, davantage sémantico-pragmatique ou une combinaison des deux ? Ensuite, nous avons étudié le classement proposé des contextes syntaxiques dans lesquels le subjonctif apparaît ainsi que la typologie sémantique utilisée pour distinguer les différents emplois. Finalement, nous avons étudié les différences en ce qui concerne la liste des verbes présentés ainsi que l’importance accordée à la fréquence des structures. En ce qui concerne les grammaires pour néerlandophones, nous constatons que leur approche est essentiellement formelle. L’emploi du subjonctif y figure dans différents chapitres traitant les différents types de sous-phrases : complétives, relatives et circonstancielles (de temps, de cause, de conséquence, de but, d’opposition et de concession). Le subjonctif y est surtout présenté en contraste avec l’indicatif. Dans les grammaires pour allophones éditées en France, les approches sont divergentes, allant d’une approche formelle à une approche notionnelle-fonctionnelle qui réserve une place nettement plus centrale aux aspects sémantico-pragmatiques. L’emploi du subjonctif y apparaît dans un ou dans plusieurs chapitres ne traitant pas les types de sous-phrases, mais les différentes façons de s’exprimer. Le subjonctif n’y est donc pas seulement présenté en contraste avec l’indicatif, mais comme un moyen linguistique parmi d’autres qui contribue à l’expression de l’opinion, de la volonté, etc.

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COLLOQUE INTERNATIONAL

« Comment peut-on écrire une grammaire ? »

Jeudi 13 et vendredi 14 janvier 2011

Pascale VAN KEIRSBILCK, Lessius University College & KU Leuven

« Le subjonctif tel qu’il s’enseigne : analyse comparative des modèles

grammaticographiques utilisés dans l’enseignement du FLE en Flandre et en France »

L’emploi du subjonctif est une pierre d’achoppement pour tous ceux qui apprennent le

français et en particulier pour ceux qui ne connaissent pas ou plus ce mode dans leur langue maternelle, tels que les néerlandophones. On comprendra dès lors que le subjonctif occupe une position de premier plan dans la grammaticographie du FLE. Force est de constater qu’il

se manifeste différents modèles grammaticographiques pour l’enseignement/apprentissage du subjonctif. L’objectif de cette communication est de fournir une analyse comparative des modèles utilisés en Flandre et en France et d’étudier quels sont les paramètres utilisés pour rendre compte de ce phénomène grammatical.

Pour ce faire, nous nous sommes basée sur un corpus composé de dix grammaires pédagogiques, dont quatre ont été éditées en Flandre, Grammaire 2000, Principes de

grammaire, Grammaire pratique de la communication, Grammaire Trajet, se destinant dès

lors à des apprenants néerlandophones, et six ont été publiées en France, Nouvelle Grammaire du français, La Grammaire des premiers temps, Grammaire utile du français,

Grammaire progressive du français avec 400 exercices, Grammaire vivante du français, Grammaire pour l’enseignement /apprentissage du FLE, destinées à l’ensemble des

allophones.

Parmi les critères utilisés pour évaluer les différentes grammaires, nous avons d’abord étudié la place concrète qu’occupe le subjonctif dans la macrostructure de la grammaire et

quelle est l’approche globale utilisée : l’approche est-elle essentiellement formelle,

davantage sémantico-pragmatique ou une combinaison des deux ? Ensuite, nous avons étudié le classement proposé des contextes syntaxiques dans lesquels le subjonctif apparaît ainsi que la typologie sémantique utilisée pour distinguer les différents emplois. Finalement,

nous avons étudié les différences en ce qui concerne la liste des verbes présentés ainsi que

l’importance accordée à la fréquence des structures.

En ce qui concerne les grammaires pour néerlandophones, nous constatons que leur

approche est essentiellement formelle. L’emploi du subjonctif y figure dans différents chapitres traitant les différents types de sous-phrases : complétives, relatives et circonstancielles (de temps, de cause, de conséquence, de but, d’opposition et de concession). Le subjonctif y est surtout présenté en contraste avec l’indicatif. Dans les

grammaires pour allophones éditées en France, les approches sont divergentes, allant d’une

approche formelle à une approche notionnelle-fonctionnelle qui réserve une place nettement plus centrale aux aspects sémantico-pragmatiques. L’emploi du subjonctif y apparaît dans

un ou dans plusieurs chapitres ne traitant pas les types de sous-phrases, mais les différentes façons de s’exprimer. Le subjonctif n’y est donc pas seulement présenté en

contraste avec l’indicatif, mais comme un moyen linguistique parmi d’autres qui contribue à l’expression de l’opinion, de la volonté, etc.

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Malgré l’approche plus ou moins convergente entre les grammaires pour néerlandophones, nous avons aussi établi des divergences se manifestant surtout au niveau de la phrase

complétive. Bien que chacune de ces grammaires fasse la différence entre les prédicats régissant l’indicatif et ceux régissant le subjonctif dans les complétives, le classement de ces

prédicats, ainsi que la sous-catégorisation et les étiquettes (et le nombre d’étiquettes) attribuées varient considérablement. Nous constatons également que d’un pays à l’autre,

voire d’une grammaire à l’autre, il y a un foisonnement d’étiquettes couvrant les mêmes prédicats.

Enfin, la comparaison de grammaires révèle aussi que les structures retenues dans les grammaires diffèrent considérablement quant à leur fréquence, ce qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur le rendement de ces grammaires dans l’enseignement.