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santé Vous Orthophile 20 Septembre 2011 89 Vous santé Orthophile 20 Septembre 2011 88 Les méthodes non validées par la Haute autorité de santé Hypnose, acupuncture, mésothérapie, homéopathie, auriculothérapie: même non validées, ces méthodes peuvent néanmoins apporter une aide à ceux qui refusent les traitements recommandés (substituts, médicaments, TCC et leurs combinaisons) à la condition d’être effectuées par des professionnels compétents. Le laser antitabac : probablement une des méthodes les plus utilisées dans les centres antitabac. Cette variante de l’auriculothérapie exploite le laser à la place des aiguilles. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et le ministère de la Santé et de la Protection sociale ont même interdit sa publicité. La cigarette électronique: une capsule contenant de la nicotine est placée dans un tube ressemblant à une cigarette. Ces cartouches contiennent de la nicotine, un arôme artificiel et du propylène de glycol. Aucune étude scientifique n’a validé le procédé qui entretiendrait la dépendance comportementale et gestuelle. Traitements à fuir : le marché de « l’arrêt du tabac » est très convoité. Il est conseillé de se méfier des traitements à base d’injection d’extraits de tabac (dits vaccins) qui ne bénéficient d’aucune expertise validée selon les critères scientifiques, ni d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Il en va de même des méthodes dites de réflexothérapie, cures de lumières, pierres volcaniques absorbant la nicotine, biothérapie gazeuse et digitopuncture. ©[email protected] Parce que nos traitements sont parfois empêchés par la consommation de tabac, arrêter de fumer peut être la première orientation clinique du cabinet. L’essentiel sur les effets de la nicotine sur l’organisme et les méthodes de sevrage pour accompagner nos patients. Par Claudie VALLOS n bon vasoconstric- teur, la nicotine dété- riore la circulation sanguine des cavités buccales et ce faisant y entraîne, nous ne le savons que trop bien, un cortège d’effets dé- vastateurs (mauvaise cicatrisa- tion, infection, parodontite, im- plantologie vouée à l’échec…). En orthodontie, les patients adultes traités en vestibulaire cé- ramique se plaignent souvent de la coloration des attaches et de leurs liens. Ces conséquences, quand elles sont observées en bouche, peuvent nous conduire à orienter nos patients vers l’aban- don de la cigarette. Le profession- nel de santé que nous sommes doit savoir les engager vers ce se- vrage en évitant les discours mo- ralisateurs ou culpabilisants. TOUR D’HORIZON DES MÉTHODES POUR ARRÊTER DE FUMER Le tabacologue Bernard Antoine (Paris) explique : «Le soignant doit expliquer à son patient pour- quoi il fume et non pas pourquoi il devrait arrêter… ce qui revient à lui éviter de culpabiliser. En ce sens, faire figurer des photos alarmantes sur les paquets de cigarettes est contre-productif… la peur, ça ne fonctionne pas. Ce dont a besoin le fumeur, c’est d’entendre les mots qui lui permettront de comprendre comment il doit faire pour arrêter de fumer pour le faire passer de son désir de cigarettes à l’envie de s’ar- rêter. » Le praticien constatant les méfaits du tabac dans la zone bucco-dentaire doit prévoir en aval de son plan de traitement le laps de temps nécessaire pour la désaccoutumance à la nicotine de E son patient. Le simple fait qu’un chirurgien-dentiste demande à son patient de se sevrer peut l’en- courager à s’arrêter. La nicotine a une durée de vie d’une heure et demie dans l’orga- nisme. Éliminée par le foie via le sang, elle a totalement disparu en trois jours seulement. Ainsi, les substituts de type patches, pâtes à mâcher, comprimés su- blinguaux, spray nasal et inha- leur sont d’une efficacité faible proche de l’effet placebo.Vouloir arrêter de fumer en utilisant uni- quement des substituts nicoti- niques se transforme vite en sup- plice pour le fumeur. Mais pourquoi en est-il ainsi, alors que la nicotine a une durée de vie si faible dans l’organisme? « L’étude de modèles cliniques démontre que la dépendance ne se trouve pas là, précise Bernard Antoine. Alors que la nicotine a une durée de vie d’une heure et demie, un fu- meur va être incité à allumer une cigarette toutes les 45 minutes. La dépendance est majoritairement comportementale. » «Le fumeur associe sa consom- mation à un tas de situations qui l’ont poussé à des automatismes, reprend Bernard Antoine. Le fu- meur s’est conditionné, il associe ses cigarettes à des moments qu’il a déterminés individuellement, ce sont des situations de break ou de stress, une bonne ou une mau- vaise nouvelle, une crise de colère « Ne plus fumer, c’est désapprendre à fumer » Diplômé en Tabacologie Paris XI, coaching Paris II - Panthéon Assas -, gestion du stress, aspects biologiques et psychosociaux Paris Descartes, il est formé à l’hypnose ericksonienne et en PNL (IFHE). Bernard Antoine est également détenteur d’un MBA et d’un Bachelor of Sciences, université de Hartford (États-Unis). Il est membre actif de la Fédération française des praticiens thérapeutes. Bernard Antoine met en œuvre son programme Défumer . La méthode de DEFUME se base sur les Thérapies comportementales et cognitives pour réapprendre à vivre sans tabac des situations que le fumeur a appris à associer à la cigarette. « Le fumeur ne recommence pas à fumer après un, voire 10 ans d’arrêt par manque de nicotine, mais par nostalgie, parce qu’il se trouve avec des gens où dans des lieux où il fumait, dans des situations psychologiques ou affectives où il fumait automatiquement, face à des problèmes qu’il pensait pouvoir résoudre ou réguler en fumant. » L’apprentissage et le déconditionnement constituent le fil d’Ariane de DEFUME. Contact : www.sante-autravail.com Note * Défumer est le verbe d’action que Bernard Antoine emprunte auprofesseur Robert Molimard, créateur de la société française de tabacologie, qui dirige la formation des tabacologues en France. Défumer*, avec Bernard Antoine ou un moment convivial partagé, le café ou le lever… des situations variées et personnelles que le fumeur doit d’abord désappren- dre. » Notre tabacologue – qui a lancé un programme d’aide aux fumeurs (notre encadré « Défu- mer ») – orchestre cette dépro- grammation par le biais de thé- rapies comportementales et cognitives (TCC). « Je demande de noter l’intention de chaque ci- garette, car il s’agit de réappren- dre à vivre les situations qui ont été associées au tabac sans elles. Mais savoir n’est pas pouvoir, poursuit Bernard Antoine. Le cerveau conscient veut toujours ignorer la partie que son frère, l’inconscient, a décidé de jouer. L’hypnose ericksonienne que je pratique permet de juguler la dé- pendance psychologique liée au tabac. » Le bupropion (Zyban), conseillé par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), est un antidépresseur qui fait une seconde carrière dans l’aide au sevrage tabagique. Les preuves de son efficacité sont solides, mais ses effets indé- sirables fréquents. Son utilisa- tion se fait dans le cadre d’une consultation médicale et doit être considérée comme une aide à l’arrêt lorsque tout a échoué. La varenicline (Champix) est la dernière molécule autorisée sur le marché : elle bloque partielle- ment les récepteurs à la nicotine et accompagne l’arrêt de la consommation de tabac sans être toutefois conseillée par l’Afssaps. Méthode simple pour arrêter de fumer I Allen Carr Dans ce livre, c’est de psychologie dont il s’agit, bien que l’auteur ne soit ni médecin ni psy mais simplement un ex-fumeur. La méthode ne requiert aucune volonté particulière: il s’agit de défaire les chaînes de l’esclavage qui attachent le fumeur au tabac. LIRE /////////////////////////// Dr Nicolas Frydman chirurgien-dentiste, Paris (XVII e ) « J’étais fumeur toxicodépendant depuis 25 ans, raconte Nicolas Frydman en l’été de ses 44 ans. Je fumais quotidiennement de 20 à 30 cigarettes et me patchais pour travailler au fauteuil. Mais j’en suis arrivé au stade de l’écœurement, l’odeur du tabac m’insupportait dont celle que je transportais avec moi quand je m’étais échappé du cabinet pour fumer – ce qui arrivait à peu près toutes les 2 heures. Défume est un lavage de cerveau qui détruit les craintes et les certitudes du fumeur. Bernard Antoine active une idée dans l’esprit qui va germer à l’instar d’une graine: il n’y a aucune utilité à fumer, le tabac ne procure aucune facilité à vivre…Le praticien que je suis refuse les chirurgies sans pérennité du parodonte chez le fumeur. Certains patients sont difficiles à convaincre, mais pour d’autres les soins procurent le bon prétexte d’abandonner la cigarette. » TÉMOIGNAGE ©[email protected] / //////////////////////////////////////////////////////////// Comment aider vos patients à arrêter de fumer ? (et s’en inspirer pour soi-même) La peur ne fonctionne pas 2 e conseil : le terrain du comportement et de la psychologie 3 e conseil : l’option médicamenteuse

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Les méthodes nonvalidées par la Hauteautorité de santéHypnose, acupuncture,mésothérapie,homéopathie,auriculothérapie: mêmenon validées, ces méthodespeuvent néanmoinsapporter une aide à ceuxqui refusent les traitementsrecommandés (substituts,médicaments, TCCet leurs combinaisons)à la condition d’êtreeffectuées par desprofessionnels compétents.Le laser antitabac :

probablement unedes méthodes les plusutilisées dans les centresantitabac. Cette variantede l’auriculothérapieexploite le laser à la placedes aiguilles. La DGCCRF(Direction généralede la concurrence,de la consommation et dela répression des fraudes)

et le ministère de la Santéet de la Protection socialeont même interditsa publicité.La cigarette

électronique :une capsule contenantde la nicotine est placéedans un tube ressemblantà une cigarette.Ces cartouchescontiennent de la nicotine,un arôme artificielet du propylène de glycol.Aucune étude scientifiquen’a validé le procédéqui entretiendraitla dépendancecomportementaleet gestuelle.Traitements à fuir :

le marché de « l’arrêtdu tabac» est très convoité.Il est conseillé de se méfierdes traitements à based’injection d’extraitsde tabac (dits vaccins) quine bénéficient d’aucuneexpertise validée selonles critères scientifiques,ni d’autorisation de misesur le marché (AMM). Il enva de même des méthodesdites de réflexothérapie,cures de lumières, pierresvolcaniques absorbantla nicotine, biothérapiegazeuse et digitopuncture.

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Parce que nos traitements sont parfois empêchéspar la consommation de tabac, ar rêter de fumerpeut être la première or ientation clinique ducabinet. L’essentiel sur les effets de la nicotinesur l’organisme et les méthodes de sevragepour accompagner nos patients.

Par Claudie VALLOS

n bon vasoconstric-teur, la nicotine dété-riore la circulationsanguine des cavitésbuccales et ce faisant y

entraîne, nous ne le savons quetrop bien, un cortège d’effets dé-vastateurs (mauvaise cicatrisa-tion, infection, parodontite, im-plantologie vouée à l’échec…).En orthodontie, les patientsadultes traités en vestibulaire cé-ramique se plaignent souvent dela coloration des attaches et deleurs liens. Ces conséquences,quand elles sont observées enbouche,peuvent nous conduire àorienter nos patients vers l’aban-donde la cigarette.Leprofession-nel de santé que nous sommesdoit savoir les engager vers ce se-vrage en évitant les discours mo-ralisateurs ou culpabilisants.

TOUR D’HORIZON DES MÉTHODESPOUR ARRÊTER DE FUMER

Le tabacologue Bernard Antoine(Paris) explique: «Le soignantdoit expliquer à son patient pour-quoi il fume et non pas pourquoi ildevrait arrêter… ce qui revient àlui éviterde culpabiliser.Ence sens,faire figurer des photos alarmantessur les paquets de cigarettes estcontre-productif… la peur, ça nefonctionne pas.Ce dont a besoin lefumeur,c’estd’entendre lesmotsquilui permettront de comprendrecomment il doit faire pour arrêterde fumerpour le faire passerde sondésir de cigarettes à l’envie de s’ar-rêter.» Le praticien constatant lesméfaits du tabac dans la zonebucco-dentaire doit prévoir enaval de son plan de traitement lelaps de temps nécessaire pour ladésaccoutumance à la nicotine de

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son patient. Le simple fait qu’unchirurgien-dentiste demande àson patient de se sevrer peut l’en-courager à s’arrêter.

La nicotine a une durée de vied’une heure et demie dans l’orga-nisme. Éliminée par le foie via lesang, elle a totalement disparuen trois jours seulement. Ainsi,les substituts de type patches,pâtes à mâcher, comprimés su-blinguaux, spray nasal et inha-leur sont d’une efficacité faibleproche de l’effet placebo.Vouloirarrêter de fumer en utilisant uni-quement des substituts nicoti-niques se transforme vite en sup-plice pour le fumeur. Maispourquoi en est-il ainsi,alors quela nicotine a une durée de vie sifaible dans l’organisme? «L’étudede modèles cliniques démontreque la dépendance ne se trouvepas là, précise Bernard Antoine.Alors que la nicotine a une duréede vie d’une heure et demie,un fu-meur va être incité à allumer unecigarette toutes les 45 minutes. Ladépendance est majoritairementcomportementale. »

«Le fumeur associe sa consom-mation à un tas de situations quil’ont poussé à des automatismes,reprend BernardAntoine.Le fu-meur s’est conditionné, il associeses cigarettes à des moments qu’ila déterminés individuellement, cesont des situations de break ou destress, une bonne ou une mau-vaise nouvelle, une crise de colère

« Ne plus fumer, c’estdésapprendre à fumer »Diplômé en Tabacologie Paris

XI, coachingParis II - PanthéonAssas -, gestion du stress,aspects biologiqueset psychosociaux Paris

Descartes, il est formé à l’hypnose ericksonienneet en PNL (IFHE). BernardAntoine est égalementdétenteur d’unMBAet d’un Bachelor of Sciences,université de Hartford (États-Unis).

Il est membre actif de la Fédération françaisedes praticiens thérapeutes.BernardAntoinemet enœuvre son programme

Défumer .Laméthode deDEFUME se base sur les Thérapiescomportementales et cognitivespour réapprendre à vivre sans tabac des situationsque le fumeur a appris à associer à la cigarette.« Le fumeur nerecommencepas à fumer après un,voire10 ans d’arrêt parmanquedenicotine, maispar nostalgie, parcequ’il se trouveavec des gens où

dans des lieuxoù il fumait, dans des situationspsychologiques ouaffectives où il fumaitautomatiquement, faceà des problèmes qu’il pensaitpouvoir résoudreouréguler en fumant. »L’apprentissage et le déconditionnementconstituent le fil d’Ariane deDEFUME.Contact : www.sante-autravail.com

Note * Défumerest leverbed’actionqueBernardAntoineemprunteauprofesseurRobert Molimard,créateurdela sociétéfrançaisedetabacologie,qui dirigela formationdes tabacologues enFrance.

Défumer*, avec Bernard Antoine

ou un moment convivial partagé,le café ou le lever…des situationsvariées et personnelles que lefumeur doit d’abord désappren-dre.» Notre tabacologue – qui alancé un programme d’aide auxfumeurs (notre encadré «Défu-mer») – orchestre cette dépro-grammation par le biais de thé-rapies comportementales etcognitives (TCC). «Je demandede noter l’intention de chaque ci-garette, car il s’agit de réappren-dre à vivre les situations qui ontété associées au tabac sans elles.Mais savoir n’est pas pouvoir,poursuit Bernard Antoine. Lecerveau conscient veut toujoursignorer la partie que son frère,l’inconscient, a décidé de jouer.L’hypnose ericksonienne que jepratique permet de juguler la dé-pendance psychologique liée autabac. »

Le bupropion (Zyban), conseillépar l’Afssaps (Agence françaisede sécurité sanitaire des produitsde santé), est un antidépresseurqui fait une seconde carrièredans l’aide au sevrage tabagique.Les preuves de son efficacitésont solides,mais ses effets indé-sirables fréquents. Son utilisa-tion se fait dans le cadre d’uneconsultation médicale et doitêtre considérée comme une aideà l’arrêt lorsque tout a échoué.Lavarenicline (Champix) est ladernière molécule autorisée surle marché : elle bloque partielle-ment les récepteurs à la nicotineet accompagne l’arrêt de laconsommation de tabac sansêtre toutefois conseillée parl’Afssaps.

Méthode simple pour arrêter de fumer I Allen CarrDans ce livre, c’est de psychologie dont il s’agit, bien que l’auteurne soit ni médecin ni psy mais simplement un ex-fumeur.La méthode ne requiert aucune volonté particulière: il s’agitde défaire les chaînes de l’esclavage qui attachent le fumeur au tabac.

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Dr Nicolas Frydmanchirurgien-dentiste, Paris (XVIIe)

« J’étais fumeur toxicodépendant depuis 25 ans,raconte Nicolas Frydman en l’été de ses44ans. Je fumais quotidiennement de 20à 30 cigarettes et mepatchais pour travaillerau fauteuil. Mais j’en suis arrivé au stadede l’écœurement, l’odeur du tabacm’insupportait dont celle que je transportais

avec moi quand jem’étais échappéducabinet pour fumer – cequi arrivait à peuprès toutes les 2heures. Défumeest un lavagede cerveauqui détruit les craintes et les certitudes du fumeur.BernardAntoine active une idéedans l’esprit qui va germerà l’instar d’unegraine: il n’y a aucuneutilité à fumer, le tabacneprocure aucune facilité à vivre…Lepraticienque je suis refuseles chirurgies sans pérennité duparodonte chez le fumeur.Certains patients sont difficiles à convaincre, mais pour d’autresles soins procurent le bonprétexte d’abandonner la cigarette. »

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La peurne fonctionne pas

2e conseil : le terraindu comportementet de la psychologie

3e conseil : l’optionmédicamenteuse