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Comment…
…j’ai planté
ma
startup !
Plus de 100 leçons entrepreneuriales…
…et plus de 100 solutions !
Ce qu’il ne FAUT pas faire…
…ET ce qu’il faudrait faire !
Préface par Pierre-Edouard Stérin, fondateur de Smartbox
Yannick ROBERT
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© 2016 Nos Conseils Atypiques
Edition : BoD – Books on Demand, 12/14 rond-point des Champs Élysées, 75 008
Paris
Impression : BoD – Books on Demand, Allemagne
ISBN : 978-2-9558037-0-7
Dépôt légal : Août 2016
3
Préface de Pierre-Edouard Stérin Fondateur du groupe Smartbox
J’ai échoué plus de vingt fois avant de réussir à créer et
développer une société. C’est donc avec plaisir que j’ai
répondu favorablement à la demande de Yannick Robert
de préfacer son livre. Ce dernier m’aurait été bien utile à
l’époque et m’aurait certainement permis d’éviter un
certain nombre d’erreurs.
J’ai en effet cumulé les erreurs lors de mes premières
tentatives de création : des marchés trop petits, des
produits qui n’avaient pas de marché ou qui étaient moins
intéressants que ceux déjà proposés par la concurrence.
Ou encore par exemple de mauvaises associations, avec
des partenaires malhonnêtes ou pas à la hauteur.
C’est un calvaire qui a duré quatre ans, avec un premier
succès qui a vite dérapé : Black Orange…un site web de
ventes de jeux vidéo sur Internet, pour lequel j’avais levé
avec mes deux associés plusieurs millions d’euros, mais
dont le modèle économique ne tenait pas la route, à cause
notamment de marges très faibles et de produits très
périssables. Les jeux vidéo, c’est en effet comme les
fruits : cela se périme très vite !
Après ce premier échec qui a failli être un succès (au
moins financier puisque douze mois après la création,
nous avions une belle offre d’acquisition, que nous avons
bêtement refusée), j’ai enchaîné de nombreux autres
échecs, sur des projets qui ont duré de quelques jours à
4
quelques mois, qui étaient de vraies créations ou des
importations de concepts étrangers à succès.
Lors de cette période difficile, j’ai dû quitter mon studio
parisien et retourner vivre dans ma chambre d’ado, chez
mes parents, soit dix ans après être parti de chez moi !
Ce ne fut pas simple, surtout que pendant le même temps,
mes copains de promotion travaillaient dans de grands
groupes et avaient une vie normale de jeunes cadres
dynamiques !
Mais la ténacité, le travail, le courage, la confiance en
soi, le soutien matériel de mes parents et la capacité à
persévérer sans s’entêter m’ont permis au bout de
plusieurs années de créer et de développer une société qui
compte aujourd’hui 800 collaborateurs et qui réalise plus
de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires : Smartbox.
Ce premier succès m’a ensuite donné les moyens de
financer et de soutenir de nombreux entrepreneurs via le
fonds d’investissement que j’ai créé, Otium Capital.
Un de nos plus beaux succès fut l’accompagnement des
fondateurs de « La Fourchette », que nous avons épaulés
afin de les faire passer en quatre ans de 20 à 20 000
réservations quotidiennes dans les restaurants partenaires
et de quelques collaborateurs à plus de 200 employés
répartis entre Paris et Barcelone.
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Au final, après presque vingt ans d’entrepreneuriat, je
pense plus que jamais que tout est possible et que l’échec
permet de se rapprocher du succès.
Bonne lecture de ce livre. Apprenez et apprenez encore et
au plaisir de lire vos futurs decks !
Pierre-Edouard Stérin
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Introduction
J’ai fondé deux startups dans des domaines très
différents. La toute première était dans le secteur des
paris sportifs dits « structurés », un tout nouveau pan
innovant des paris, notamment sur les matchs de
football ; et la seconde startup était dans le domaine du
crowdfunding. Ces deux sociétés ont été lancées à des
moments favorables pour ce type de thématique
respective, et pourtant, pour des raisons diverses, j’ai
expérimenté l’Echec avec un grand E ! Non pas qu’il ne
se soit rien passé et qu’il n’y ait eu aucun chiffre
d’affaires… Mais je n’ai personnellement pas réussi à
générer une traction naturelle suffisante pour pouvoir
construire des sociétés parvenant à leur seuil de
rentabilité, notamment sur le second projet qui avait
dépassé la première barre des 400.000 euros de ventes
cumulées. Un premier pas me direz-vous…mais il aurait
fallu les faire en une seule année et non en quatre !
Ayant la volonté de ne pas m’arrêter là et de surmonter
les écueils quasi-classiques de l’Entrepreneuriat, j’ai
commencé à lister toutes les erreurs que j’avais
commises. M’apercevant très vite que j’allais dépasser la
centaine, je me suis sérieusement mis en quête de les
répertorier dans un véritable livre.
Cet ouvrage n’a d’autre vocation que d’ouvrir des pistes
de réflexion et n’est en rien une Bible absolue des bonnes
pratiques entrepreneuriales. Chacun doit privilégier la
recherche de son propre chemin selon son bon vouloir et
7
sa Vision. Il ne sert à rien de brider l’esprit et l’énergie
d’un entrepreneur.
Toutefois, ayant vécu des situations durant lesquelles je
me rendais bien compte que quelque chose clochait et
qu’il aurait fallu faire différemment, mais ayant été
incapable de changer alors le cours des choses, ce
condensé de leçons représente à mes yeux ce que je ne
souhaite plus refaire et résume ma nouvelle philosophie
d’action pour mon et mes futurs projets.
J’espère que vous l’apprécierez sans le considérer comme
autre chose qu’une piste probable de réflexion,
d’ouverture d’esprit et de volonté de vouloir évoluer pour
réussir à aller de l’avant dans la bonne direction.
Faire demi-tour lors d’un échec, ce n’est pas aller dans la
mauvaise direction ! De retour vers le point de départ ? Si
c’est vraiment le cas, l’expérience peut être assez amère
mais elle reste fondatrice d’autres choses dans la Vie !
Réessayer, c’est se reconstruire !
Yannick ROBERT
RIP Serialbetting
RIP Mywittygames
8
Chapitre 5 :
Bouclez votre financement !
La première vraie levée de fonds…
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Solution n°62 pour bien entreprendre :
Patienter jusqu’au moment idéal !
Moins vous aurez besoin de cash, plus vous lèverez. Ceci
paraît paradoxal mais les investisseurs se concentrent sur
les sociétés qui fonctionnent et qui ont passé avec succès
leurs différentes étapes de set up et de traction
commerciale. Ne considérez pas vos levées de fonds de
type « love money » et « smart money » comme de vraies
levées. Elles vous permettent de combler en partie la
« vallée de la mort » mais vous êtes très loin du compte.
Vous avez serré votre budget au maximum et n’êtes pas
encore en configuration de structure de coûts réaliste.
Visez une première levée de fonds comprise entre 300K€
et 600K€ à l’unique condition que vous êtes arrivés au
bout de votre période de boostrap et que tous les voyants
sont au vert. Rien ne sert de vous diluer de 30% sur la
base d’une valorisation pre-money de 1M€. Optez pour
une attitude conservatrice sur l’utilisation de vos
ressources financières et tenez bon jusqu’au moment
d’inflexion de votre première vraie traction commerciale.
Vous lèverez sur une valorisation 2 à 3 fois plus élevée et
vous ne vous diluerez que de 15%, au plus. Aucune
raison de perdre tout votre temps à négocier une
valorisation de 1,5M€ au lieu de 1M€ pour seulement
300K€ levés. Lorsque vos metrics sont solides, vous
recevrez spontanément des marques d’intérêt et pourrez
proposer 10% de vos parts pour une enveloppe que le
fonds de Venture augmentera de lui-même, dans son
propre intérêt de vous voir réussir. La valorisation à
10
proprement parler n’est pas le point clé sur lequel vous
devez vous focaliser. Elle augmentera naturellement à
mesure que vous réussirez à dépasser vos objectifs. Faites
une sélection des fonds avec qui vous avez envie de
collaborer sur le long-terme. Apprenez à reconnaître
leurs différences d’ADN et leurs véritables valeurs
ajoutées. Allez voir les entrepreneurs qui ont été financés
par ces fonds. Demandez-leur concrètement quelle aide
ils ont obtenu après la levée et quel fut le relationnel de
travail avec eux. C’est de votre responsabilité, en tant que
CEO, de faire le bon choix de partenaire. Vous devez
réfléchir en amont à la bonne structure pour votre capital
ainsi que l’évolution nécessaire de votre gouvernance.
Ces décisions stratégiques sont cruciales pour la bonne
poursuite de votre Aventure. Avant même de lancer votre
processus de levée de fonds, faites-vous accompagner par
vos conseillers stratégiques sur ces points. Ne formulez
aucune offre tant que vous n’êtes pas parfaitement au
point sur l’objectif de votre levée et l’emploi futur des
fonds.
La bonne leçon à retenir : Ne pas lever trop tôt !
Attendre le moment opportun où la traction est
maximale…
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Solution n°63 pour bien entreprendre :
Un tiens vaut mieux que deux !
Rien de pire que des promesses : certains investisseurs
mal intentionnés vont proposeront des clauses du type
« Au lieu de faire une levée de fonds de 3M€ qui est trop
importante quoiqu’il arrive à ce stade de développement
et de chiffre d’affaires, la dilution de 30% que vous
envisagiez transformez-la de cette manière : accordez-
nous les 30% tout de suite et vous obtenez 1M€ tout de
suite. Vous êtes financés une année complète et en
fonction de vos besoins et de vos résultats nous nous
engageons à mettre les 2M€ restants pour compléter ».
Seulement voilà, vous vous diluez de manière certaine et
cela revient à vous proposer des clauses de relution de
leurs parts mais appliquées dès maintenant. Vous bloquez
toutes vos chances de collaborer avec d’autres fonds par
la suite. Mieux vaut ne lever que 1M€ à une valorisation
peut-être plus faible mais directe et sans pièges. Cédez
12,5% de votre capital, soit 5,3M€ de valorisation pre-
money et levez ce premier million d’euros sans
contrepartie autre qu’une clause de ratchet classique en
cas de tours futurs plus difficiles. Vous visiez peut-être
7M€ de valorisation pre-money dans votre schéma initial
de 30% contre 3M€, mais vous vous assuré de poursuivre
votre route dans de bonnes conditions et vous avez un an
pour aligner des metrics favorables qui vous faciliteront
l’accès à d’autres fonds sur des bases de valorisation
encore plus élevées. De la même manière, certains fonds
de Media for Equity de grands groupes de presse vous
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proposeront de prendre entre 5% et 15% de votre capital
en échange d’un volume de 1M€ de publicité. Autant
lever 1M€ et vous payer vous-même vos encarts ! Vous
n’aurez jamais le même service en passant par la case de
sponsoring actionnarial. Les médias doivent assurer leurs
marges, déjà difficiles à maintenir, et ils ne vous
placeront qu’à des endroits non optimaux (très
généralement des invendus ou bien encore des horaires
décalés de votre public cible). Vous voulez conservez la
maîtrise de votre succès ou bien vous voulez céder la
moitié de rênes ? Vous ne vous marriez pas ad vitam
eternam avec un fonds d’investissement. Par définition, il
a besoin de clauses de liquidités. Il sortira au bout de 5 ou
6 ans, par obligation juridique. N’accordez aucune faveur
qui ne soit en lien direct avec le développement de votre
société. Les fonds de VC jouent leurs cartes à leur
avantage et vous jouez les vôtres selon votre propre
vision stratégique et les ambitions de votre projet. Avant
tout, un fonds de VC doit vous apporter des expertises
complémentaires !
La bonne leçon à retenir : Ne pas croire qu’une levée est
nécessaire et suffisante ! Fuir les sirènes et combattre les
promesses vagues en se concentrant sur les expertises à
glaner…
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Solution n°64 pour bien entreprendre :
Négocier la liberté !
Cela paraît contre-intuitif. On ne négocie pas pour sa
liberté, c’est un droit fondamental…Et pourtant !
Lorsque vous vous dotez de moyens financiers plus
larges vous permettant d’asseoir votre plan de
développement comme vous l’entendez, vous êtes en
train de vous mettre un fil à la patte. Attention à veiller à
ce qu’il ne devienne pas un…boulet à traîner ! Vous
serez toujours plus efficace en restant libre de vos actions
qu’en étant obligé de rendre des comptes en permanence
pour des détails ou même des points clés totalement
critiques. Envisagez plusieurs types de parts et gardez le
contrôle sur les droits de vote. De manière identique,
autant vous pouvez devoir rendre des comptes au départ
sur certaines embauches très onéreuses, autant vous avez
envie de faire ce que vous souhaitez au niveau
stratégique. Votre pacte d’actionnaires doit border
juridiquement tous ces points. Restez ouvert aux schémas
d’incitation que l’on vous propose. Cela révèle les
intentions long-terme de vos futurs partenaires. Obtenez
le droit de vous reluer si vous dépassez nettement vos
objectifs initiaux. La balle sera ainsi dans votre camp.
Mieux vaut ne pas avoir d’épée de Damoclès au dessus
de la tête. Il est préférable d’avoir une carotte ! Vous irez
plus haut et plus vite ! Vos échanges juridiques avec vos
investisseurs ont un impact psychologique sur la manière
dont vous envisagez votre intervention dans votre
société. Ne vous faites pas castrer de votre rôle de leader.
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Vous êtes là pour faire de l’argent pour vos actionnaires
et cela passera avant tout par le bon déroulement de vos
opérations. Vous avez le droit également de vous payer.
L’ensemble de votre équipe ne doit plus être en situation
précaire financièrement à partir du moment où vous levez
des fonds. Les fonds de VC qui n’ont pas compris ce
point ne sont pas vos alliés. Ils réfléchissent trop
froidement. Cela sera nuisible à moyen-terme. Faites des
compromis rapides avec les fonds qui se montrent prêts à
entrer à vos conditions. Mieux vaut faire rentrer un
investisseur sur une valorisation légèrement inférieure au
prix initialement évoqué et le rendre 100% heureux de
son entrée, que de négocier âprement pour rien et que dès
le départ les relations soient tendues. Vous en aurez vite
marre de rendre des comptes à un partenaire qui n’est pas
constructif. Votre motivation future dépend de vos choix
présents. Acceptez une valorisation plus faible
maintenant, mais avec plus de parts en cas de succès.
Mieux vaut avoir un plus gros bout d’un grand gâteau
qu’un petit bout d’un plus petit !
La bonne leçon à retenir : Ne pas se figer sur un niveau
de valorisation cible ! Trouver un bon partenaire, dans
des conditions amicales et avec un potentiel de synergies
important…
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Solution n°65 pour bien entreprendre :
« Timing is everything » !
Vous pouvez être en haut de la courbe de la hype de
Gartner et avoir le luxe de lever bien plus qu’espéré, mais
vous pouvez aussi être en avance de phase et vous
confronter à un mur de réponses négatives et à un
manque d’enthousiasme. Si vous arrivez trop tôt sur un
marché, vous aurez le mauvais rôle de l’évangélisateur.
Certes, vous pourrez instaurer vos codes, mais dans vos
relations avec les fonds de VC vous aurez généralement
un peu plus de mal. Les fonds d’investissement ayant des
durées d’intervention limitée, ils ont besoin d’optimiser
leurs portefeuilles et entrent par conséquent sur les
thématiques les plus en vogue. Si votre tour n’est pas
venu ne désespérez pas. Faites le dos rond et continuez à
faire vos preuves. En termes de metrics, lorsque vous êtes
sur un succès, un vrai, le temps joue pour vous ! Ce n’est
que lorsque vous êtes dans une impasse de croissance que
votre thêta est négatif. Les fonds ne sont pas là pour vous
aider à vous sortir de l’ornière. Les banques non plus, à
vrai dire. Vous êtes donc seul dans les moments les plus
durs et ce n’est qu’en phase de succès que vous suscitez
l’attention. C’est totalement ingrat, mais c’est la dure
réalité du capital-risque. Une fois que vous avez repéré
qu’il était favorable pour vous de vous lancer dans votre
levée de fonds, vous devez définir un calendrier précis.
Les lettres d’engagement de vos partenaires arriveront
d’autant plus vite que vous avez la main sur le calendrier
et êtes le chef d’orchestre de l’opération. Si vous passez
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par un leveur de fonds, soyez clair avec lui et assurez-
vous que ce calendrier sera respecté. Certaines levées ne
prennent que 24 heures. Pourquoi la vôtre s’étendrait sur
six mois ? Les fonds de VC ne veulent pas payer pour la
phase d’exploration d’un nouveau secteur. Ou alors c’est
extrêmement rare. Pourquoi ? Parce qu’ils n’investissent
que lorsque vous avez rencontré votre marché ! Le
fameux « Product Market Fit » ! Vous ne le trouverez
que si vous êtes parfaitement en phase avec votre
marché. Une levée est une opération en soi et vous devez
y mettre toute votre énergie. Comme elle va consommer
de votre capacité de focalisation, vous ne devez pas
embarquer toute votre équipe dans cette Aventure. Votre
rôle est d’assurer le développement de votre société.
Laissez tranquille votre Directeur Commercial et votre
CTO, sinon vous serez doublement perdant en cas
d’échec : votre traction aura diminué et vous n’aurez pas
levé ! Si vous n’avez pas levé en six mois, c’est qu’il y a
un souci. Revoyez votre feuille de route et votre
méthode !
La bonne leçon à retenir : Ne pas laisser passer les
mois ! Avoir un schéma clair de levée et définir un plan
stratégique d’action…
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Solution n°66 pour bien entreprendre :
Etre ferme et direct !
Certains investisseurs ne vous plairont pas. Soyez
honnête avec vous-même lorsque cela arrive. Vous
n’avez pas spontanément envie de travailler avec eux, par
conséquent dites non immédiatement. Rien ne sert de
courir les fonds de VC dans le simple but de faire monter
artificiellement les enchères et réunir le maximum de
personnes autour de votre levée. Ce qui compte ce n’est
pas votre valorisation ! C’est la coopération que vous
mettrez en place avec votre futur partenaire. Evitez le co-
investissement lors de votre toute première vraie levée.
Plus vous multipliez les fonds de VC à votre capital et
plus vous aurez de comptes rendus à établir. Cela alourdit
votre partie administrative et vous aurez trop
d’interlocuteurs que vous ne gérerez pas comme vous le
souhaitez. De la même manière que vous n’avez pas opté
pour 10 Business Angels à votre tour de table en phase de
« Love Money » et de « Smart Money », privilégiez un
seul fonds jusqu’à votre Serie A. Là vous pourrez revoir
les choses et faire rentrer 2 ou 3 autres fonds. Tout
d’abord parce que vous devrez lever 5 ou 10 millions
d’euros et non un. Et également parce qu’il est plus
pratique d’avoir plusieurs acteurs à son capital lorsque
l’on emprunte la voie royale vers une potentielle IPO en
Serie D ou E. Les fonds assurent la liquidité de vos parts
entre eux si l’un doit sortir pour des raisons légales. Il ne
faut pas oublier que vous construisez votre propre
réussite, mais ce sont les fonds de VC qui assurent un
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bon exit. Ils savent bien mieux négocier ces phases de
cash out de l’équipe fondatrice, en cas de succès, et
assurer la prise de relai par des managers nommés. Vous
avez besoin d’eux pour aller au bout du processus
complet. D’où la raison pour laquelle vous devez être très
ferme dès le départ avec les fonds avec qui vous ne
voulez pas travailler. Ne vous laissez pas séduire par une
valorisation légèrement plus haute alors que l’Aventure
reste longue et que vous avez encore de très nombreuses
pages à écrire avant d’être certain de votre succès.
Apprendre à dire non est salvateur dans bien des cas,
même au niveau des levées de fonds. Et pourtant vous ne
pouvez pas en théorie refuser de l’argent qu’on vous
propose. Laissez-vous une marge de manœuvre pour voir
un nombre suffisamment grand de fonds différents si
vous avez le moindre doute, d’où l’importance de bien
anticiper la question du timing !
La bonne leçon à retenir : Ne pas faire un choix par
défaut de nouvel actionnaire ! Se laisser le temps de
comparer différentes propositions alternatives…
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Solution n°67 pour bien entreprendre :
Savoir quel but viser !
Vous ne lèverez pas pour financer un plan de
communication ! Aucun investisseur ne vous accordera
une enveloppe pour assurer vos tests d’acquisition
clients. Votre rôle est d’arriver à une parfaite maîtrise de
cette étape clé avant même de lancer votre process de
levée de fonds. Pour ceci, vous devez parfaitement
maîtriser les méthodes de bootstrapping qui permettent
d’équilibrer votre budget global et d’assurer votre
croissance sans investissement externe. Une levée de
fonds sert principalement à assurer une croissance encore
plus forte et cela passe très généralement par vos
investissements en ressources humaines. Peut-être
pouvez-vous justifier l’ouverture de 200 corners dans des
grands magasins, maintenant que vous maîtrisez
parfaitement une dizaine de points de ventes ? Les fonds
d’investissement sont là pour construire à vos côtés sur
des fondations solides et éprouvées. Vous leur apportez
la preuve que cela marche et ils vous permettent de faire
les choses à grande échelle. C’est bien tout l’opposé d’un
vaste plan de communication où vous n’avez aucune
certitude quant à l’impact que cela aura sur votre chiffre
d’affaires. Ce n’est pas la même chose de croiser les
doigts pour qu’une trentaine de spots TV fassent décoller
vos ventes que de multiplier des points de ventes sur
lesquels vous avez une vision très précise des résultats à
attendre. Une levée de fonds doit vous apporter un gain
de temps pour votre développement et non pas du
20
développement en lui-même ! Soyez focalisé sur une
mission et faites-la bien. Votre levée n’est pas là pour
financer une diversification de vos activités mais une
accélération de vos points forts déjà parfaitement rôdés.
Penser que la publicité fait venir des clients c’est inverser
les rôles lors de votre phase actuelle d’amorçage. C’est à
votre produit de faire venir spontanément les gens à lui
car il correspond à leur besoin. Définir un plan
stratégique de levée de fonds inclut de réfléchir à la
meilleure rentabilité de chaque euro investi dans votre
projet. Si jusqu’à présent vous travailliez pou vous, avec
l’arrivée d’un investisseur externe vous allez devoir
assurer une rentabilité à chacune de vos actions. C’est
tout à fait normal : vous avez des comptes à rendre sur
votre gestion ! D’ailleurs, votre pacte d’actionnaires
inclura de nouvelles clauses vous spécifiant la périodicité
de vos reportings. L’allocation de vos ressources doit
respecter le plan d’affaires que vous avez conçu lors de
votre levée. Il est de ce fait beaucoup plus difficile de
pivoter et puis ce n’est plus le moment.
La bonne leçon à retenir : Ne pas se lancer dans une
levée de fonds sans définition précise de l’utilisation des
fonds levés ! Construire un business plan détaillé sur la
base de validations « terrain » précises et fiables…
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Solution n°68 pour bien entreprendre :
Tenir compte de la dilution à venir !
L’un des meilleurs outils pour assurer votre premier tour
de financement s’appelle les « BSA AIR » qui sont des
bons de souscription d’actions sous forme d’accord
d’investissement rapide. Vous le savez, votre valorisation
à ce stade n’est ni votre priorité ni l’exercice le plus aisé.
A vrai dire, votre chiffre d’affaires actuel, quelle qu’en
soit sa traction, reste certainement inférieur à 500.000
euros. Or, vous souhaitez justifier une valorisation
supérieure à 1,5 millions d’euros, voire deux ou trois,
lors de ce premier vrai tour de table. Comment faire ?
Embarquez vos futurs investisseurs dans un schéma
extrêmement simple qui ne réclame de surcroit aucune
augmentation de capital à ce stade. Les BSA AIR sont
des outils qui ressemblent en tous points aux BSA
Ratchet que vous devez nécessairement avoir mis dans
votre projet de pacte d’actionnaires pour protéger de
dilutions sauvages vos partenaires financiers. Si vous
n’êtes pas un habitué de ce type de réflexion financière,
mettez-vous à la place de votre futur actionnaire :
imaginez qu’il prenne 10% de votre capital pour un ticket
de 200.000 euros. Cela représente une valorisation pre-
money de 1,8 millions d’euros. Que se passe-t-il si la
situation tourne mal et que vous devez relever 8 mois
plus tard sur une valorisation inférieure ? Tout le monde
sera inconfortable ! Avec les BSA AIR, votre nouvel
actionnaire dispose d’une décoté fixée à l’avance entre
vous, disons de 33,3%, sur le prochain tour de
22
financement. Si la prochaine levée de fonds s’effectue à 3
millions d’euros de valorisation, il pourra alors rentrer à
une valorisation de 2 millions d’euros en tirant parti de sa
décote de -33,3%. Si le tour suivant ne s’effectue qu’à
une valorisation pre-money de 1,5 million d’euros car
votre traction n’a pas explosé, alors il rentre bien à 1
million d’euros de valorisation pre-money et obtient ainsi
16% de vos parts. Vous vous dites que c’est généreux ?
Avec les BSA AIR vous pouvez border la plage d’accès
au capital de votre société en limitant ce niveau de
valorisation pre-money entre deux bornes : une borne
supérieure à 2 millions d’euros (c’est l’exigence de votre
actionnaire de ne pas rentrer à un niveau plus élevé) et
une borne inférieure, disons à 1,3 millions d’euros (soit
13,3% de votre capital) Cela limite mécaniquement son
entrée à votre capital, pour le même investissement initial
de 200.000 euros, à un pourcentage compris entre 13,3%
et 9%. A vous de faire au mieux pour faire exploser vos
metrics !
La bonne leçon à retenir : Ne pas se diluer sans
construire un plan cohérent d’actionnariat ! Utiliser des
BSA AIR afin de limiter astucieusement la dilution
engendrée par votre développement…
23
Chapitre 8 :
Réussissez votre Série A !
La seconde levée de fonds…
24
Solution n°106 pour bien entreprendre :
Repousser sa Série A !
A ce stade, vous avez levé entre 300.000 euros et 2
millions d’euros. Votre chiffre d’affaires est en
croissance et vos metrics connaissent une vraie traction.
Si ce n’est pas le cas, la question de la Série A ne se pose
même pas ! C’est aussi simple et direct que cela aux yeux
des fonds de VC. Si vous souhaitez lever entre 4 et 10
millions d’euros, vous devez avoir fait vos preuves et
avoir démontré la dynamique de votre business model.
Personne ne vous oblige à faire une nouvelle levée de
fonds. Une certaine compétition existe entre startups pour
savoir qui lève le plus d’argent, sur quelle valorisation
pré-money, auprès de quels investisseurs…Tout cela
relève de la quasi-presse people des affaires. Autorisez-
vous à réfléchir sérieusement à l’option de ne pas relever
d’argent. Vous reconnaitrez peut-être une certaine
pression de vos actionnaires historiques pour mettre en
œuvre une levée additionnelle. De leur point de vue, tout
est question de risk/reward. Plus vous levez et plus vous
atténuez leur risque de perte totale. C’est
compréhensible. Mais votre situation actuelle ne
nécessite peut-être pas d’accentuer la pression qui repose
sur les épaules de votre équipe. Votre projet peut très
bien continuer à proposer et à s’autofinancer tel qu’il est.
Tout est une question d’ambition. Le passage à l’échelle
supérieure peut être un gouffre financier. Certaines
startups réussissent parfaitement sur leur niche initiale et
se plantent après une Série A pourtant d’envergure. Elles
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s’attèlent à des objectifs trop ambitieux pour elles. Par
ailleurs, les clauses de votre pacte d’actionnaires
donneront des priorités de liquidation sur les actifs de
votre société. Si vous levez sur une valorisation pré-
money cette fois-ci supérieure à 5 ou 10 millions d’euros,
le risque devient encore plus réel pour vous de ne pas
réussir à maintenir à terme ce niveau de valorisation. La
création de valeur ne vous reviendra pas au final. C’est
une frustration ultime dans pareil cas. Ce n’est pas votre
niveau de confiance qui doit guider votre choix de levée
de fonds et encore moins le besoin de combler certains
déficits. Faire perdurer des inefficiences en embarquant
de plus en plus d’investisseurs à ses côtés, voilà le
meilleur moyen d’aller droit dans le mur ! Et là encore,
votre Série A n’est pas là pour financer un plan de
communication ! C’est une erreur encore plus
communément commise à ce stade, au vu des montants
élevés en jeu. Etre affiché sur les murs du métro ou
passer à la télévision ne rend pas riche à tous les coups !
Posez la question autour de vous à des entrepreneurs qui
l’ont fait !
La bonne leçon à retenir : Ne pas s’imposer de faire une
levée de fonds de type Série A ! Accompagner le
développement sain et rentable de la société…
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Solution n°107 pour bien entreprendre :
Trouver le tempo idéal !
Quelle est la situation idéale pour lancer votre Série A ?
Vous devez engendrer une croissance d’activité telle que
vous recevez votre première demande entrante de rendez-
vous de la part d’un fonds d’investissement de renom.
Oubliez tous les fonds de type family offices personnels.
Vous recevrez très certainement de nombreuses
sollicitations également de leveurs de fonds. C’est un
signe additionnel mais le meilleur reste l’intérêt spontané
d’un acteur phare de la Place. Le timing est ensuite le
second point critique de l’opération. Si vous êtes
véritablement en phase de traction exponentielle alors
vous constatez l’amenuisement quotidien de votre
trésorerie. Lorsqu’il ne vous reste très visiblement que
moins de trois mois de financement, vous êtes déjà en
retard pour assurer une Série A dans des conditions
sereines. Vous serez pris à la gorge par votre propre
réussite. Vos conditions de valorisation dépendent de
votre état de santé. Une trésorerie affaiblie reste un signe
de faiblesse. A un moment donné vous n’aurez plus le
choix et devrez accepter une transaction moins favorable
que ce que vous escomptiez. Trouvez votre « lead
investor ». Sa notoriété sera gage de la qualité de votre
projet d’entreprise. Bien que personne ne doute de vos
metrics, qui sont désormais observables de tous, une
Serie A fonctionne par capillarité. Organisez votre
roadshow de manière concentrée. Faites tous vos rendez-
vous sur une période de temps très courte, ceci dans le
27
but de faire monter la pression du côté des investisseurs.
Ils doivent sentir l’urgence à se positionner pour ne pas
rater l’opportunité de rentrer dans votre capital.
N’oubliez pas que leur crainte est de ne pas réussir à
investir dans le prochain Facebook. Le taux d’échec de
leurs investissements est assez constant et ils doivent
justement ne surtout pas passer à côté de la future licorne
qui serait valorisée plusieurs milliards de dollars dans
quelques années et qui leur assurerait les rendements
qu’ils doivent apporter à leurs Limited Partners (LPs)
pour qui ils investissent. Pour réussir votre Série A, vous
devez assurer un momentum dynamique et ne pas vous
retrouver freiné par un « non » qui ne signifierait pas
forcément grand-chose. Ne dites jamais aux autres fonds
de VC à quels fonds vous êtes en train de discuter. Tant
qu’aucune term sheet n’est échangée, conservez vos
armes pour la négociation sinon les fonds s’appelleront
entre eux et trouveront un arrangement qui vous sera
défavorable. Ils se connaissent tous entre eux ! Ne
tombez pas dans le piège des syndicats de VCs qui vous
dilueraient deux fois plus !
La bonne leçon à retenir : Ne pas lancer une levée de
type Série A trop tard ! Mener des négociations
confidentielles avec chaque VC…
28
Solution n°108 pour bien entreprendre :
Mener des négociations astucieuses !
Les term sheets seront bien plus complexes. Les clauses
de relution en cas d’objectifs non atteints seront
drastiques et piloteront le retour à une valorisation pre-
money plus basse pour le ou les fonds de Venture
acceptés au tour de table. Par ailleurs, sachez que votre
premier contact dans un fonds restera votre contact clé.
Tout est lié à la formule d’intéressement au sein du fonds
de VC lui-même. Le Partner qui amène un nouveau
dossier en comité d’investissement sera ensuite
récompensé avec une partie plus importante du carry. Les
fonds d’investissement procèdent ainsi avec leurs
associés pour les incentiver sur la durée. Par conséquent,
veillez à viser la personne avec qui vous souhaiter en
priorité travailler car sinon vous vous retrouverez avec le
mauvais associé à votre Board. Le prolongement de cette
formule fera en effet que ce même associé ayant reçu
votre deck en premier sera la personne qui siègera à votre
conseil. Si vous souhaitez viser un autre associé, faites-
vous introduire par une personne de votre réseau qui
partage le même réseau de connaissances que votre cible.
Dans l’idéal vos premiers Business Angels sont les
meilleures personnes pour vous permettre de réaliser ses
introductions dans les meilleures conditions. Ils ont eux
même un intérêt à vous faciliter la tâche sur ce point très
précis. Vos mentors peuvent également vous aider. Ne
pas oublier que c’est Sean Parker qui a régulièrement
aidé Mark Zuckerberg à se défendre dans de telles
situations et également à rester à la tête de Facebook
durant toutes ces années et négociant habilement les
29
clauses qui lui permettent de conserver un contrôle total
des droits de vote. Même lors de votre Série A, ce qui
prime n’est pas votre valorisation pré-money. Pour le
coup, la taille de votre enveloppe est déterminante. Vous
allez clairement passer à la vitesse supérieure. Il vous
faut négocier la levée la plus importante possible. Si vous
pouvez lever 15 millions d’euros au lieu de 10 millions,
alors foncez. N’ayez aucun ego par rapport à votre
nombre de parts. Mieux vaut avoir un plus petit bout d’un
gâteau bien plus gourmand. Ayez comme priorité vos
droits de vote : Facebook, à chaque tour, a privilégier une
valorisation un peu plus faible mais la conservation de
ses droits de vote ! Au final, elle est la seule entreprise où
ses dirigeants possèdent plus de 80% des droits de vote
même après cotation en bourse (et pourtant Mark
Zuckerberg n’a par exemple plus que 20% du capital en
2016). La pression sera forte car vous allez rentrer dans
la cour des levées exceptionnelles. Votre nom figurera
dans le tableau des entrepreneurs à succès et vous serez
sollicité par la presse. Le risque de perdre pied est réel.
Restez conscient de vos risques !
La bonne leçon à retenir : Ne pas bloquer une levée de
fonds de type Série A pour des histoires de valorisation !
Trouver des arrangeents juridiques et des montages
astucieux…
30
Solution n°109 pour bien entreprendre :
Obtenir des commitments !
Vous aurez besoin de plusieurs fonds de VC pour
compléter votre Serie A qui est d’un montant
généralement compris entre 5 et 10 millions d’euros. Très
peu de fonds investissent plus de 5 millions d’euros sur le
même dossier. Faire du co-investissement est une
manière habile aussi de faire réaliser une Due Diligence
complète par une tierce partie objective, puisqu’elle
cherche également à maximiser la valeur de son
investissement. Les négociations sont en réalité plus
difficiles à plusieurs parties prenantes car si l’un des
acteurs se retire, votre levée de Série A risque d’échouer.
N’entamez pas votre roadshow sans avoir un
commitment ferme de vos actionnaires actuels. Ils
doivent pouvoir suivre le tour, à hauteur de leurs droits
préférentiels de souscription, bien que la valorisation soit
bien plus haute. Si ce n’est pas le cas, les fonds de VC
que vous irez voir seront en droit de vous demander
pourquoi ils ne suivent pas. Est-ce un problème de
valorisation ? De confiance dans le Business Model ? Il
est normal que vos premiers Business Angels en restent
là. Ils n’ont pas une surface financière extensible et ont
joué leur rôle lors de la phase d’amorçage. Mais si vous
avez déjà fait rentré un fonds de VC lors de votre
première véritable levée de fonds de 500.000 euros,
même si votre valorisation pre-money explose, il faut que
vous réussissiez à convaincre ce partenaire à participer en
partie au tour de table en cours. C’est signe de confiance
31
dans la trajectoire suivie. Par conséquent, n’optez pas
pour un fonds trop petit lors de votre première levée car
lui aussi aura du mal à suivre. Vous avez besoin du
maximum d’alliés pour une réussite complète de votre
Série A. S’il vous manque des connexions dans l’univers
des fonds de VC internationaux, adossez-vous là encore à
un leveur de fonds réputé comme Chausson, qui est
spécialisé dans les levées millionnaires de type Série A.
La commission au succès est raisonnable et ce type de
partenaire vous ouvre les portes d’un nombre bien plus
large de fonds. Si vous êtes face à un acteur qui est en
mesure de mettre les 10 millions d’euros que vous
cherchez, ne cédez pas non plus lors des négociations. Il
y a de fortes chances que ce fonds vous propose de
splitter la levée en deux tranches. Vous ne voulez pas de
ce genre de transaction. Allez voir un second fonds pour
compléter votre levée. A priori la mise en concurrence
est votre alliée quoiqu’il arrive.
La bonne leçon à retenir : Ne pas faire le tour des fonds
de VC sans avoir backé une première brique de la levée !
Faire participer les actionnaires historiques et sécuriser
une première tranche de 2 millions d’euros…
32
Solution n°110 pour bien entreprendre :
Repenser intégralement l’organisation !
Tout va changer. La startup lancée dans le garage
n’existe plus à ce stade. Vous allez clairement passer en
mode « Corporate ». Certaines startups américaines
parviennent à rester une cinquantaine de collaborateurs
mais en Europe le marché est bien plus fragmenté. Vous
allez devoir couvrir le vieux Continent en déployant vos
équipes un peu partout. Cela va supposer de nombreux
déplacements à l’étranger. C’est une toute autre vie. La
plupart des entrepreneurs sont des baroudeurs, mais
d’autres ne le sont absolument pas. Vous devez avoir des
bras droits très solides et très expérimentés. Vous allez
pouvoir assurer une visibilité bien plus importante et
permanente à votre société et à vos produits. Vous
resterez petit au milieu des mastodontes et des
multinationales, mais vos clients n’auront plus le même
regard sur vous. Ils attendront une structuration
désormais sans faille. Avez-vous un niveau de sécurité
optimal pour vos systèmes ? Avez-vous déjà engagé des
audits de sécurité ? Pour vous protéger des hackers
potentiellement malveillants, il existe aujourd’hui un
moyen sûr, sécurisé et à tarif bien plus raisonnable que
les prestations des SSI classiques : les programmes dits
de « Bug Bounty » ! Plusieurs plateformes se sont
lancées sur ce créneau ces dernières années. En Europe, il
existe principalement Bounty Factory (full disclosure : Je
suis co-fondateur de cette plateforme innovante qui est la
première plateforme européenne de Bug Bounty et qui
33
est actuellement mon troisième projet entrepreneurial sur
lequel je me suis lancé). Ce type d’approche permet de
récompenser les chercheurs en sécurité, dits « hunters »,
qui vous aident à trouver des failles de sécurité dans vos
systèmes. Les enjeux réputationnels seront tels à partir de
votre Série A, que vous ne pourrez plus vous permettre la
moindre attaque XSS ou CSRF, voire pire un accès
complet à vos serveurs et à vos bases de données de
clients, comme ce fut le cas pour le site de rencontres
Ashley Madison. Votre Série A vous expose aux
critiques. Vous n’êtes plus cachés et n’avez plus l’excuse
de la version en Beta. Vos clients se montreront
également plus féroces en négociations tarifaires.
L’information de votre levée importante se répandra très
vite. Enfin, votre propre équipe s’attendra à une série de
promotions et d’augmentations. C’est le moment de
gratifier tout le monde à la juste hauteur de leurs
investissements depuis votre lancement !
La bonne leçon à retenir : Ne pas rester figé sur
l’organisation pré-SérieA ! Repenser les modes de
fonctionnement et la stratégie du projet, pour viser
encore plus haut…
34
Chapitre 9 :
Sur la voie du succès…
… ou du plafond de verre !
La phase de blocage…
35
Solution n°114 pour bien entreprendre :
Variabiliser tant qu’il est encore temps !
Face à un plafond de verre, vous devez réagir vite. Très
très vite ! Car si la croyance s’installe en interne qu’il est
indépassable, alors vous perdrez votre combat ! Vous
devez mettre toute votre énergie à faire exploser les
barrières qui vous séparent de votre prochain objectif. Le
nerf de la guerre étant l’argent, si vous rencontrez une
période de blocage ferme, revoyez toute votre structure
de coûts et rendez vos coûts fixes les plus variables
possibles. Certains de vos salariés peuvent trouver un
intérêt à monter leur propre structure de freelance, c’est
le cas des web designers. Vous ne perdez ainsi pas la
compétence de votre collaborateur le plus doué mais
vous allégerez votre trésorerie immédiate et vous la
rendrez plus flexible. C’est une question de vie et de
mort. Si vos actionnaires vous font toujours confiance et
vous ont donné le mandat de trouver toutes les clés de
transformation imaginables, alors ne faites pas dans la
demi-mesure. Pour la distribution de vos produits, si vous
êtes dépendant de grandes chaînes de magasin, adossez-
vous à un acteur spécialisé qui vendra vos produits à
votre place et bénéficiera d’économies d’échelle. Vous
bénéficierez d’un réseau commercial bien plus vaste et
peut-être même bien plus international. Vous fabriquiez
peut-être vos produits, passez à un mode nouveau :
revendez des produits déjà existants et ayant fait leurs
preuve. Si vous vendiez des grandes marques reconnues
du marché, peut-être avez-vous un intérêt également à
36
repasser à des produits plus basiques, sans aucune
marque. Répondez déjà aux besoins de vos
consommateurs. Vous devez vous démarquer mais
également survivre. Vos prix également peuvent
connaître une très forte couche de lifting ! Repassez en
mode amorçage. Vous vous étiez laissé guider par le
marché et les trimestres se sont écoulés, instaurant une
rigidité bien plus forte sur votre structure de facturation
puisque votre équipe s’est étoffée et votre structure s’est
complexifiée. Partez du principe que si vous ne trouvez
pas la solution du casse-tête face auquel vous êtes
confronté, vous perdrez la partie. La défaite ne fait pas
dans la demi-mesure, elle. Allez jusqu’à faire l’opposé
total de ce que vous pratiquiez jusqu’à présent. Vous
testerez ainsi de toutes nouvelles solutions. Faites
pencher la balance de l’autre côté pour voir ce qu’il
arrive à votre société. Elle perdra son ancien équilibre,
mais ce sera source d’innovation.
La bonne leçon à retenir : Ne pas oublier de rechercher
des synergies nouvelles en cas de blocage ! Les solutions
existent et la variabilisation de pans entiers de votre
activité peut être la meilleure méthode pour rebondir et
survivre…
37
Solution n°115 pour bien entreprendre :
Redéfinir le périmètre de jeu !
Si vous rencontrez une forte opposition, c’est
généralement parce que vous évoluez sur les terres
d’autres personnes. Vous êtes certainement en train de
lancer un projet imaginé par vos concurrents et vous
arrivez à un moment inattendu par eux, leur coupant
l’herbe sous le pied. C’est la raison pour laquelle ils se
montrent si mauvais joueurs et vous attaquent de toutes
parts. Vous devez redéfinir les standards de votre
industrie pour porter le combat sur un territoire qui vous
sera plus favorable. Très souvent, la guerre d’influence se
passe sur des forums. Les réseaux sociaux et ce type
d’espaces de discussion sont trustés par les acteurs qui
dominent votre secteur. Ne croyez pas candidement que
vous disposez d’une véritable liberté de parole sur ces
espaces. Tous les pièges vous sont tendus pour venir
discuter et laisser des traces de votre passage dans des
polémiques futiles initiées par des petites mains sans
grand courage, et qui n’ont surtout pas le courage de se
lancer elles-mêmes dans l’Aventure de la création d’une
startup. Elles travaillent sournoisement pour le petit être
belliqueux qui cherche à protéger son propre bastion, aux
yeux et à la vue de tous. Car oui, les revenus de ce type
de fauteurs de trouble proviennent de la rémunération
qu’ils touchent pour leurs interventions et la manière
dont ils administrent les forums où ils sévissent. Ces
espaces de dialogue ouverts seraient censés être
indépendants mais la réalité est qu’ils sont totalement
38
manipulés par ces âmes vendues. Votre priorité est de
disposer de votre propre espace d’expression afin de vous
éloigner le plus possible de ces réservoirs à soudoyés
nauséabonds, à la solde de leur pseudo gourou
manipulateur en carton. Créer votre propre blog
d’entreprise est le meilleur moyen de déjouer tous ces
pièges. Dialoguez avec vos véritables membres ainsi que
les fans spontanés de vos produits. Il y en a ! La liberté
d’expression doit désormais se gagner sur Internet car les
trolls agissant tels des marionnettes sont légions. Il y a
forcément des impasses à la clé d’échanges avec de tels
intervenants qui passent leur temps à vouloir imposer une
philosophie unique : celle de ce fameux petit être
belliqueux dont elles touchent une partie du cash qu’il
génère lui-même sur le dos du système actuel. Ne soyez
pas amer et réinventez le secteur. Démontrez la vérité et
ne lâchez pas. Si vous lâchez, vous avez perdu et vous
leur concédez une victoire qu’ils ne méritent
certainement pas.
La bonne leçon à retenir : Ne pas se laisser
impressionner par la concurrence ! Déjouer les pièges
tendus et dévoiler les sournoiseries, sans cesse et
encore…
39
Solution n°116 pour bien entreprendre :
Changer de bastion !
Les terres que vous visiez se révèlent totalement
inaccessibles. C’est un constat insurmontable. Si vous
êtes dans ce cas de figure très précis, plus vous vous
entêterez et plus vous aurez de problèmes. Vous ne
tiendrez pas la distance. Vous devez impérativement
vous replier sur votre bastion d’origine. Aussi petit soit-
il, vous avez la nécessité absolue de vous concentrer sur
le noyau dur de votre clientèle sur laquelle vous avez
parfaitement la main et où vous assurez votre rentabilité.
Vous pouvez toutefois changer votre mode de
développement et vous devez rester le plus innovant
possible. Recréez vous un nouveau bastion qui puisse
absorber une traction naturelle ! Ce sera votre « unfair
advantage ». Tirez expérience de vos débuts et réanalysez
ce que vous avez fait de mieux. Analyser ses points forts,
c’est voir ce qui pourrait rapporter le plus à long-terme.
Vous pouvez réussir à construire un grand groupe, même
en ayant très mal démarré. Peut-être avez-vous conçu un
premier système reposant sur les mauvaises valeurs, en
tous les cas pas celles qui vous animent aujourd’hui avec
les connaissances que vous agrégées sur votre marché.
Reprendre des forces et se refaire une santé est nécessaire
dans n’importe quel sort. Ce n’est pas parce que vous
avez perdu un round que vous avez perdu le combat.
Ecoutez les conseils de vos conseillers. Prenez des
vacances de deux semaines complètes ou coupure totale
avec votre projet. Si vous ne le faites pas, vous
40
reproduirez les anciens schémas, qui ne marchent pas.
Vous en avez la certitude aujourd’hui. C’est lorsque le
cerveau fait son deuil de la réussite qu’il est capable de
passer en mode survie. Il axe ses priorités sur des
nécessités bien plus sommaires, souvent les meilleures
clés pour réussir au final son Aventure entrepreneuriale.
Votre bastion comporte des dimensions cachées. A vous
de les trouver ! Chercher un nouvel associé à ce stade
peut être bénéfique pour remodeler votre projet
différemment. Les équipes entrepreneuriales se laissent
souvent guider par des départs d’associés mais peuvent
également prendre le lead sur la recherche d’un nouveau
profil qui viendrait changer la donne. Une phase
« down » c’est une solution à ne pas écarter, bien que
cela fera surgir une série de questions au sein de votre
équipe de cofondateurs. La seule chose qui compte est de
faire différemment. Si vous repartez dans la même
direction, vous irez à la même destination !
La bonne leçon à retenir : Ne pas rejouer la partie de la
même manière ! Envisager son bastion sous un nouvel
angle, axé sur la traction naturelle et la rentabilité…
41
Solution n°117 pour bien entreprendre :
Changer d’équipe !
Vous avez lancé votre projet il y a deux ou trois ans.
Certains membres de votre équipe n’en peuvent plus. Ils
sont usés. Ne leur en voulez pas. Soit vous fermez, soit
vous les remplacez. Il n’y a pas vraiment d’autre scénario
possible. Vous avez besoin de talents pour réussir. Un
cofondateur qui n’a plus l’étincelle de la réussite dans le
regard se repère vite. Votre rôle est de mettre un stop.
Malheureusement, vos actionnaires vous le diront aussi et
seront beaucoup moins tendres : lorsque la gangrène est
en place, il faut amputer sinon c’est la mort assurée.
L’image est rude et choquante mais réelle aussi en
entrepreneuriat. Vous avez traversé de nombreuses
épreuves ensemble, mais un choix s’impose pour briser le
plafond de verre qui vous empêche d’aller plus haut. Si
votre pacte d’actionnaires comporte une clause de
« Shotgun » à activer en cas de blocage, vous devez le
faire pour trouver une solution. Il se peut également que
votre propre rôle soit remis en question : il est peut-être
avantageux de vous remplacer par un autre CEO et de
réallouer vos compétences dans des domaines que vous
maîtrisez mieux. N’ayez aucun tabou sur le sujet. Il n’y a
pas d’alternative à ce type de remaniement. Les meilleurs
gouvernements finissent par être eux aussi usés par le
temps. Si la fonction de CEO était une tâche facile à
exécuter et ad vitam eternam sans question, il n’y aurait
que des fondateurs à la tête de leurs entreprises côtées en
bourse. Or, force est de constater que dans l’immense
42
majorité des cas, les sociétés ayant le mieux réussi sont
dirigées par des cadres supérieurs débauchés en externe.
Cela n’enlève aucun mérite à tous vos efforts pour avoir
lancé votre société. Il faut savoir passer les rênes. Il est
plus facile d’être objectif et « cost killer » quand on
reprend un projet déjà créé qui n’est pas le sien. Même
Steve Job a dû partir de Apple à un moment de très
importante remise en question du groupe et de son
fonctionnement. Cela ne l’a pas empêché de revenir plus
tard et de l’emmener encore plus loin. Il y a des cycles
inexorables dans la vie d’une société. Ne vous imposez
pas d’être le sauveur ultime. Vous êtes un démarreur
mais vous ne réussirez pas tous les pivots stratégiques
que vous mettrez en œuvre. Certaines technologies
demandent également de changer l’intégralité de l’équipe
de R&D pour repartir sur des bases totalement nouvelles.
Faites ces choix que personne d’autre ne fera. C’est ainsi
que vous réussirez. Personne ne vous en voudra de
rompre les contrats de vos collaborateurs si la nécessité
l’impose. Le tout est que vous trouviez les ultimes
solutions qui vous permettent de vous redresser. Lorsque
l’on fonce vers un mur, il ne faut surtout pas fixer le mur
mais justement vers un autre point : l’objectif de
secours !
La bonne leçon à retenir : Ne pas lésiner sur les refontes
d’équipe si il y a des blocages ! Un projet a besoin de
sang neuf pour surmonter les ultimes obstacles…
43
Solution n°118 pour bien entreprendre :
Se réinventer sans cash !
Vous n’avez peut-être pas analysé votre projet sous le
bon angle. Il n’est jamais trop tard pour tout revoir…Le
processus d’acquisition de vos clients nécessite que vous
ayiez défini vos canaux les plus optimaux pour votre
trafic. Mais rien ne sert de vous épuiser à cette étape si
dès le départ votre niveau de rétention n’est pas suffisant.
C’est l’erreur à ne surtout pas commettre. Si vous
n’avancez plus comme vous le souhaitez et ressentez
autant de blocages, c’est qu’il vous faut revoir
l’intégralité de votre méthodologie pour conserver vos
clients. Vous les avez durement acquis en les faisant
venir sur votre site mais tout l’enjeu est d’en faire des
clients récurrents. Toute votre activité ne sera valorisée
qu’à la lumière de ce critère. Si vous ne constatez aucune
récurrence sur vos premières cohortes de clients, alors
vous devez employer tous vos moyens humains à
changer définitivement cette donne-ci. Cela va
certainement vous imposer de tout transformer. Votre
tunnel d’inscription est peut-être bon, mais il est
strictement inutile si vous ne parvenez pas à faire utiliser
votre service à plusieurs reprises à vos clients. Le « one
shot » est la situation qui vous coulera car vous avez
besoin de nouvelles commandes spontanées pour
rentabiliser tous vos efforts d’acquisition. Dès le début de
votre projet, l’idée est de suivre vos différents clients par
date d’inscription et les trier par « millésime » c'est-à-dire
vos fameuses cohortes. Notez précieusement la
44
configuration de votre système de vente et vos différentes
offres à chaque période de votre développement. Vous
serez ainsi en mesure de reconnaître pourquoi vos inscrits
de l’année dernière ne sont jamais revenus sur votre site
alors même qu’après avoir réalisé tel ou tel ajout ou une
suppression d’une fonctionnalité inutile et perturbatrice,
vos nouvelles cohortes ont eu un comportement de
consommation plus récurrent. C’est la comparaison de
ces différents millésimes qui devrait vous aiguiller vers
des solutions plus efficaces. Tant que vous n’avez pas de
bonnes cohortes, vous resterez bloqué. Tout l’enjeu est
de réussir à franchir cette étape avant de revenir sur votre
process d’acquisition. En général, l’activation de vos
clients est la première chose que vous gèrerez très bien
puisque si vous avez obtenu beaucoup de trafic et que
personne n’a créé de compte, vous reverrez
spontanément votre tunnel d’inscription. Mais la question
de la rétention est un enjeu bien supérieur et bien plus
prioritaire. C’est le tout premier à traiter. C’est votre
capacité à bien adresser le besoin de vos clients dans la
durée qui amènera à une utilisation prolongée de vos
services.
La bonne leçon à retenir : Ne pas oublier la rétention de
ses clients ! Analyser sa clientèle par cohorte…
45
Solution n°120 pour bien entreprendre :
Accepter le verdict des investisseurs !
Vos investisseurs ont un regard bien plus avisés sur votre
projet, financièrement parlant, lorsque vous êtes sur la
mauvaise voie. Ils ne vous suivront pas sur vos projets
additionnels de levées de fonds si vos metrics ne sont pas
à la hauteur. Ils ont un panel d’autres startups dans leurs
portefeuilles, que vous ne voyez pas, et qui les guident
vers les décisions les plus sages pour eux. Ils peuvent
comparer des projets lancés à dates identiques et mettre
en concurrence les différentes tractions qu’ils observent
depuis plusieurs trimestres. Pourquoi aller s’entêter dans
tel ou tel domaine lorsqu’il y a une pépite qui décolle à
côté ? C’est un verdict très dur pour vous et c’est une
double peine : vous ne réussirez pas à lever si vos
actionnaires ne vous accordent plus leur soutien financier
pour le tour supplémentaire. C’est la raison pour laquelle
vous ne devez pas vous brusquer et accepter leur verdict.
Vous devez faire le deuil de vos futures levées et vous
devez vous débrouiller avec ce qu’il vous reste. C’est la
dure loi de l’échec lorsque vous avez passé votre période
de mise à l’essai sur vos trente six premiers mois. A vous
de prouver que vous pouvez rebondir. Vous êtes
véritablement tout seul dans cette ultime phase. C’est
l’envers du décor de la phase d’amorçage, bien que votre
parrain stratégique donne tout à vos côtés. Les fonds
d’investissement qui sont à votre capital ont leurs limites
naturelles et il est sain de ne pas surinvestir dans un
projet qui ne réussit pas à agréger suffisamment de
46
traction. Cela ne veut pas dire que vous avez perdu la
confiance de vos investisseurs. Ils sont vos soutiens et
espèrent que vous redresserez la barre en vous
soumettant des idées. Mais financièrement parlant, vous
n’aurez plus d’aide additionnelle. Ne courrez pas
l’ensemble de la Place pour tenter de dégoter un tout
dernier fonds d’investissement qui pourrait vous remettre
une enveloppe de quelques centaines de milliers d’euros.
Non seulement elle ne vous sauvera pas mais en plus
vous perdrez encore plus de temps et subirez des
blocages business encore plus féroces puisque vous
disperserez votre énergie à mauvais escient. Votre
Aventure de créer une startup n’est pas une Aventure de
levées de fonds. Si vous en êtes à ce point-là, c’est que
vous êtes tombé dans le piège de l’addiction au « new
cash ». Bouchez les trous de votre panier très
certainement percé et faites vous une raison. C’est peut-
être à partir de ce moment-là très précis que vous
réussirez enfin à décoller ! Et au final, cela aura été un
mal pour un bien !
La bonne leçon à retenir : Ne pas courir après d’autres
fonds d’investissement ! Etre réaliste et accepter les
décisions financières de ses partenaires actionnaires…
47
Chapitre 10 :
Sachez arrêter !
La phase de fermeture…
48
Solution n°126 pour bien entreprendre :
Reconnaître l’évidence !
Votre projet ne va pas dans le bon sens. Vous avez tout
tenté et vos investisseurs ne souhaitent pas réinvestir
dans votre projet. Cela arrive. Ce n’est pas une fatalité.
Vous pouvez toujours essayer de trouver des moyens de
vous en sortir mais, très généralement, vous êtes allé au
bout de votre première vision stratégique et vous avez eu
du mal à en concevoir une seconde qui vous permette de
vous relancer. Votre trésorerie fond comme neige au
soleil et vous avez commencé à licencier des personnes
de votre équipe. C’est la mort dans l’âme que vous
découvrez soudainement que votre valorisation n’est plus
millionnaire mais proche de zéro, ou pour le moins le
reste de votre cash disponible. Ne comptez pas sur la
revente de vos actifs pour vous assurer une sortie sous les
feux de la rampe. Lorsqu’un projet part à la casse, le prix
de ses actifs l’y accompagne fidèlement. Il vous sera
impossible de rebondir à un moment donné et c’est ce
moment très précis que vous ne devez pas ignorer. Ne
soyez pas obstiné. Vous pouvez faire survivre votre
projet en coupant tous les coûts, mais le mal est fait et
s’avère profond. Vous devez désormais penser
essentiellement long-terme et personnel : si vous
persistez dans cette voie, vous êtes en danger de mort
entrepreneuriale pour la suite de votre parcours. S’il vous
reste un peu de cash, préservez-le plutôt que de tenter le
tout pour le tout sur un coup de poker. Certains
entrepreneurs l’ont fait et ont finalement percé, mais c’est
49
rarissime. Vous avez eu votre chance et le marché a
rendu son verdict. Respectez son choix, surtout que vous
avez investi plusieurs semestres de votre vie. Mais votre
parcours d’entrepreneur ne s’arrête pas là. Et vous devez
aussi assurer la bonne fin de vos opérations. Cette étape
est totalement oubliée des manuels entrepreneuriaux. Et
pourtant c’est l’issue de l’immense majorité des projets.
Ayez une discussion directe avec vos investisseurs et
annoncez leur votre intention de fermer. Tout comme ils
vous ont encouragé durant tout votre parcours, à cette
étape précise de votre développement ils savent eux aussi
que tout est joué et qu’il n’y a plus rien à faire. Ne croyez
pas que vous allez vous revendre à un grand groupe.
Vous avez échoué et c’est l’heure de lancer la procédure
de liquidation, si possible à l’amiable. Evitez toute
liquidation conflictuelle. C’est la raison pour laquelle
vous avez besoin de conserver du cash pour pouvoir
assurer la bonne fin de vos opérations.
La bonne leçon à retenir : Ne pas reporter la décision de
fermeture ! Acter l’échec objectivement et préserver le
moindre cash disponible…
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Solution n°127 pour bien entreprendre :
Assumer l’échec !
Votre décision a été actée dans un procès-verbal
d’assemblée générale validant le lancement de la
procédure de liquidation. Assurez le rôle de liquidateur
car sinon vous perdez toute maîtrise sur le reste de la
fermeture et vous économiserez aussi de précieux coûts.
Un liquidateur coûte cher et ne fait pas forcément du bon
travail. Il se contente du strict minimum légal, qui ne sera
clairement pas en votre faveur. Soyez-en certain ! Vis-à-
vis de vos proches, ne laissez surtout pas la situation dans
un état de confusion. Vous avez tenté, vous avez échoué.
Personne ne peut vous en vouloir. Vous assumez la
décision de tout arrêter et vous faites en sorte de mener
cette dernière étape comme une brique entrepreneuriale
nécessaire pour réussir plus tard. Vous aurez bien moins
peur de l’échec lorsque vous l’aurez abordée sereinement
et que vous aurez fermé proprement votre société. Certes,
vous aurez perdu de l’argent et vos investisseurs aussi.
Mais notez que vous avez encore la santé et l’opportunité
de vous relancer plus tard. Si vous vous faites interdire de
gestion pour faute idiote car vous n’avez pas su gérer la
bonne administration de votre projet jusqu’à sa toute
dernière minute de vie juridique et la réception du KBIS
de radiation, alors vous risquez de lourds soucis
insurmontables pour le reste de votre carrière. C’est bien
plus grave que d’échouer. Adossez-vous à un cabinet
d’avocat pour réaliser proprement la partie juridique et
votre bilan de liquidation. Cela va vous prendre du temps
51
de le réaliser. Là où vous passiez déjà beaucoup de temps
avec votre expert-comptable pour réaliser les bilans
annuels, le bilan de liquidation est le bilan où vous êtes
en risque plein et entier car vous êtes responsable
financièrement de tout écart futur si tout n’est pas
correctement ficelé. Ne cherchez pas d’excuse lors de ce
processus. La seule chose qui compte c’est que la
liquidation se passe correctement et vite. Vous ne pouvez
plus vous permettre de consommer des ressources
financières supplémentaires. Prévenez l’ensemble de vos
prestataires le plus rapidement possible. Vous ferez votre
bilan personnel plus tard. Vous êtes encore dans la phase
d’action et vous n’avez pas le droit à l’erreur. Allez
demander conseils à d’autres entrepreneurs qui ont dû
fermer eux aussi leur précédente société. Cela vous
aidera à y voir plus clair et à retirer tout aspect
émotionnel inutile lors de cette période clé. Ne sous-
estimez pas l’ensemble des coûts de cette procédure, ni
son impact psychologique sur vous une fois qu’elle sera
terminée. La chute est souvent violente. Soyez préparé !
La bonne leçon à retenir : Ne pas chercher d’excuse !
Assumer l’échec et communiquer de manière
transparente sur la décision de tout arrêter…
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Solution n°128 pour bien entreprendre :
Calculer les frais de pénalité !
Vous avez bien lu : vous allez devoir payer pour arrêter
votre activité ! Bien entendu l’administration d’abord et
en premier lieu tous vos arriérés éventuels de cotisations
sociales et patronales. Attendez-vous à recevoir de
nombreuses relances, même après votre radiation
officielle. Votre cabinet d’expertise-comptable vous
aidera à fournir tous les justificatifs réclamés par
l’administration. Rien ne se fait de manière immédiate,
pour le moment. Votre avocat ne sera pas gratuit lui non
plus. Vous aurez plusieurs actes légaux à accomplir avant
que tout soit terminé officiellement. Malgré le fait que
vous ayez prévenu vos différents prestataires, les
mauvaises surprises vont s’enchaîner sans que vous ne
puissiez y faire grand-chose à part payer ce que vous
devez car vous êtes le liquidateur de la société et vous
avez une obligation légale de lister tous les postes de
dépenses qu’il vous reste à couvrir pour équilibrer le
bilan de liquidation. Si vous avez des stocks, oubliez leur
revente à des déstockeurs. Ils sont les pires vautours que
vous pouvez imaginer. Il se peut même que leurs prix
d’achat soient tellement bas que l’opération en elle-même
vous coûte plus chère en logistique que celle qu’elle
pourrait vous rapporter financièrement. Pensez aux
associations caritatives. Quitte à avoir tout perdu, autant
faire des heureux ! De toutes les manières, le peu qu’il
vous restera ne pèsera jamais bien lourd et de larges
sourires valent mieux que quelques centimes sur un
53
compte en banque en déshérence. Vos actionnaires
voudront toutefois récupérer le maximum, ce qui est tout
à fait normal. Vous vous devez de tout tenter pour
revendre certaines de vos licences ou tout actif qui
pourrait être valorisé aux yeux d’un acheteur extérieur.
Vendez vos meubles sur internet et n’investissez aucune
énergie dans cette étape. Personne ne vous rachètera à
bon prix vos PCs, aussi puissants soient-ils. Il est trop
tard pour vous apitoyer. En revanche, peut-être pouvez-
vous revendre la propriété intellectuelle de certains outils
que vous avez développés. N’y mettez là encore aucun
affect personnel. Les prix vous paraîtront ridicules. La
seule satisfaction que vous pouvez en tirer, s’il y en a
une, c’est de faire survivre l’esprit qui les habitait lors de
leur conception. Mais là encore ne vous trompez pas : la
tâche s’avère ardue et la probabilité que vous ne finissiez
qu’avec votre trésorerie actuelle (et rien d’autre) est la
plus grande. Cela ne veut pas dire que vous aviez tort sur
toute la ligne. Mais les gens ne valorisent que les choses
qui réussissent.
La bonne leçon à retenir : Ne pas négliger les coûts de
fermeture ! Prévoir de quoi assumer les diverses
pénalités et frais juridiques. Une fermeture révèle 90%
de l’iceberg caché…
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Solution n°129 pour bien entreprendre :
Rester efficace jusqu’au bout !
Vous avez peut-être encore moyen de faire un tout petit
peu de chiffre d’affaires, rien ne vous l’interdit
juridiquement si vous êtes votre propre liquidateur, et si
c’est le cas, ne vous en privez pas ! C’est votre seul
moyen de faire rentrer du vrai cash. Par chiffre d’affaires,
entendez des opérations courantes comme vous les
meniez avant, sans les brader. C’est contradictoire, mais
vos derniers clients sont sans doute parmi les plus fidèles
depuis le début et vous pouvez encore les aider sur
certains aspects, à vos prix normaux, s’ils vous le
demandent. C’est notamment le cas pour toutes les
facturations de type « consulting ». Assurez-vous
toutefois de bien être payé car vos clients doivent être
avertis que vous êtes procédure de liquidation. Ils auront
tendance à être mauvais payeurs. Vous aurez d’autant
plus de mal à boucler votre bilan de liquidation. Si vous y
arrivez, vous ne perdez ainsi pas tout car il vous restera
un boni de liquidation duquel vous toucherez votre
pourcentage comme les autres actionnaires. Cela peut
représenter plusieurs milliers d’euros au final. Cela n’est
pas négligeable, surtout que vous ne bénéficiez pas d’une
assurance-chômage et d’une prise en charge à Pole
Emploi à la fin de votre Aventure entrepreneuriale. Le
système est ainsi fait que c’est la triple peine et la loi des
ennuis maximum. Vous aurez besoin de cet argent pour
rebondir et avoir le temps de trouver un nouvel emploi.
Très généralement, il y a un risque que vous deviez
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revenir vivre chez vos parents. C’est une réalité à ne pas
nier. Vous n’aurez peut-être plus assez d’économies pour
assurer votre train de vie. Ce sujet est là encore très peu
abordé dans les livres dédiés aux startups. C’est arrivé à
de très nombreux entrepreneurs de renom et ils ont su
surmonter cet ultime challenge pour rebondir encore plus
fort derrière. L’ego en prend certes un coup. Un vrai
coup. Ne vous mentez pas à vous-même. C’est tout ce
que vous fuyiez. Il est très loin le temps où vous rêviez
de la conquête du Monde. Il ne faut pas désespérer pour
autant : ce n’est que temporaire ! Votre famille est là
pour vous aider et c’est dans ces moments-là que vous
verrez les personnes qui sont vos vrais amis. Les
profiteurs et autres intéressés qui rodaient autour de vous
juste par parasitisme disparaitront de votre paysage aussi
vite qu’ils étaient venus. Votre équipe fondatrice a
implosé elle aussi dans le processus. Vous vous retrouvez
seul à devoir gérer la liquidation. Il n’y a qu’un seul
liquidateur. Ne rejetez pas la faute sur les autres. Mieux
vaut garder un bon relationnel. Tout est déjà perdu ! Pas
la peine d’en rajouter et autant être constructif car au
final tout le monde se retrouve dans la même galère à
devoir gérer.
La bonne leçon à retenir : Ne pas avoir d’ego ! Tout
faire pour s’en sortir et envisager toutes les solutions
pour réussir à sauver sa peau…
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Solution n°130 pour bien entreprendre :
Oublier les compromis !
Vos rêves sont loin. La dure réalité est cette fois-ci
palpable. Les regards qui jugent deviennent insistants.
Pourquoi avez-vous échoué ? La question reviendra sans
cesse parmi les personnes de votre entourage. Mais il est
trop tôt. Fuyez les esprits négatifs. La période de
fermeture est compliquée à gérer en termes de stress car
vous devez aussi penser à votre reconversion future. Il
n’y a plus de compromis à faire car vous devez agir pour
vous sauver. La seule chose qui compte c’est d’obtenir
votre radiation par le Greffe le plus rapidement possible
afin d’avoir l’esprit tranquille pour repartir sur autre
chose. Si vous n’êtes pas serein, cela se ressentira
automatiquement dans vos discussions avec de futures
partenaires (d’embauche ou entrepreneuriaux). Ne
démarrez pas une recherche d’emploi avant d’avoir tout
liquidé proprement. Vous allez au devant de graves
manquements potentiels si vous le faites. Rien ne vous
empêche bien entendu d’assurer vos arrières mais sachez
que cette période est extrêmement énergivore et
chronophage. Tout se passe au pire dans le plus rude des
mondes ! C’est l’étape de bizutage à surmonter pour
pouvoir gagner le droit de recommencer dans quelques
années. Le mieux que vous puissiez faire c’est de
reconnaître que le monde qui vous entoure est rempli de
requins qui profitent évidemment de votre chute. Si vous
luttez contre cet état de faits et n’acceptez pas la défaite,
vous souffrirez. Sauvez votre propre peau pour éviter les
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ennuis. C’est pénible à avouer mais c’est la triste réalité.
Personne ne vous reprochera de ne plus vouloir prendre
le moindre risque. Certes, trois mois supplémentaires
vous permettraient peut-être de réaliser cette vente de
licence qui vous soulagerait tant. Mais cela n’arrivera
jamais. Face à votre nouvel employeur potentiel, ne
reniez pas votre expérience entrepreneuriale, ni votre
échec. Soyez fier de vos réalisations. Les salariés lambda
n’ont pas le courage de se lancer. L’échec est permis et
n’oubliez pas que c’est le manque de courage de se
lancer qui n’est aujourd’hui plus permis. Si vous vouliez
monter votre propre boîte, c’était pour une noble cause.
Vous ne pouvez pas être jugé sur vos qualités du fait de
votre échec. Cela n’a rien à voir. On n’attend pas de vous
les mêmes choses à un poste salarié que ce que vous avez
enduré lorsque vous étiez entrepreneur. Ne vous en
voulez pas si vous souhaitez vous relancer
immédiatement, malgré l’obligation de redevenir salarié.
Sur ce point aussi il ne faut pas faire de compromis !
La bonne leçon à retenir : Ne pas tergiverser !
Survivre...
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Solution n°131 pour bien entreprendre :
Eviter la casse complète !
Le plus dur pour vous sera de gérer les problèmes
humains. Vous trouverez toujours des solutions pour vos
problèmes financiers. De toutes les manières, personne
ne vous lâchera tant que vous n’aurez pas réglé vos
dettes. Les disputes entre anciens associés sont en
revanche bien plus ardues à gérer. A la fois
émotionnellement mais également juridiquement. Vous
ne partagerez plus du tout la même vision commune,
d’où les tensions qui surgissent. C’est lorsqu’un projet
entrepreneurial se disloque qu’apparaissent au grand jour
les fossés de valeurs. Faites les choses en bonne
intelligence car tout le monde y perdra encore plus.
Comme vous l’avez compris, tout ce qui doit arriver de
mal arrivera ! C’est aussi l’autre raison pour laquelle il
est important d’avoir bordé juridiquement tous vos actes
de gestion avec un très bon cabinet d’avocat. Le moindre
détail devient capital ensuite dans votre défense. Ne
soyez pas naïf : il est probable que vous subissiez des
pressions extérieures. Mais vous n’aurez plus les moyens
financiers de vous défendre, comme vous auriez pu le
faire dans le cadre de votre société. Privilégiez les
solutions à l’amiable si il y a le moindre souci véritable.
Ne risquez pas vos aventures entrepreneuriales futures
sur cet échec ci-présent. Les fonds d’investissement
auront, du fait du pacte d’actionnaires, des priorités sur
les actifs liquidés. Ne cherchez pas à aller à l’encontre de
cet état de fait juridique. L’essentiel est de vous sortir de
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cette mauvaise passe en restant indemne. Vous n’en
ressortirez jamais plus riche. Vos clients seront
généralement compréhensifs dans cette mauvaise passe.
Les enjeux financiers sont moindres pour eux, bien que
vous vous devez de ne pas les laisser au bord de la route.
S’ils vous ont acheté quelque chose, vous avez la
responsabilité morale de délivrer jusqu’au bout ce que
vous vous étiez engagé à faire. Sinon c’est le bad buzz
assuré. Il pèsera sur son image future pour vos prochains
projets et c’est là encore tout à fait normal. Certaines
entreprises en dépôt de bilan prévisible jouent un
mauvais tour à leurs fournisseurs en commandant un
maximum de marchandises puis déposent le bilan juste
avant les dates d’échéance de leurs factures. Elles savent
très bien qu’il est ensuite quasiment impossible d’obtenir
le paiement escompté et continuent de vendre
tranquillement les produits sur leurs étals pendant la
période de sauvegarde. Elles disparaissent en laissant des
ardoises disproportionnées. Assumez votre échec et ne
les imitez jamais. Vous seriez classifié à vie parmi les
entrepreneurs véreux, et vous le mériteriez bien si tel
était le cas !
La bonne leçon à retenir : Ne pas oublier de laisser des
marges de manœuvres à tous les étages ! Ressortir la tête
haute…
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Solution n°132 pour bien entreprendre :
Dialoguer avec ses actionnaires !
Votre échec est une chose et votre honnêteté en toute
situation est un pré-requis inébranlable. Vous devez
communiquer l’état de votre trésorerie de manière
hebdomadaire en période de fermeture afin de leur
montrer que vous tenez la barre. Votre plan de trésorerie
n’a plus aucun sens à ce stade mais vous devez
répertorier de manière exhaustive toutes vos dernières
dépenses à assumer. Vous n’avez pas le droit à l’oubli.
Vos actionnaires vous ont fait confiance durant toute
votre Aventure et attendent un professionnalisme sans
faille jusqu’au bout. Vous êtes seul mandataire social
pour régler la situation mais l’enjeu réputationnel pour un
fonds d’investissement est aussi de ne pas subir la casse
des projets dans lesquels il a investi. Votre image
d’entrepreneur est en jeu. Ne vous froissez avec
personne, surtout pour des histoires d’argent. Si vous
vous étiez mis d’accord sur des formules de coaching
avec votre parrain stratégique de l’un de vos fonds
d’investissement, votre responsabilité est d’assumer la
prise en charge complète des engagements de
rémunération que vous aviez par convention
d’accompagnement. Vous avez bénéficié d’une aide et
vous connaissiez l’engagement financier que cela
représentait. Ne tentez pas d’y échapper. Ce n’est pas
digne de la confiance que vos actionnaires ont mis en
vous. Une fois votre société fermée, vous pourrez
également leur adresser un message de remerciements
61
pour toute votre Aventure commune, c’est bien le strict
minimum puisqu’ils vous ont permis de mettre en œuvre
vos idées, et également lister les erreurs que vous avez
commises. Le but n’est pas de se flageller mais au
contraire de faire un bilan objectif des raisons de votre
échec. Cela sera tout autant utile pour vous que pour vos
différents actionnaires, qui y gagneront un décryptage
qu’ils pourront utiliser pour leurs prochains
investissements. Si vous relancez un autre projet dans le
futur, adressez-le surtout en priorité à vos anciens
actionnaires afin de leur donner un droit de regard. C’est
moralement crucial et cela fait partie de la relation de
confiance à long-terme à conserver avec eux. Vous avez
peut-être échoué sur ce projet, mais qui vous dit que vous
ne réussirez pas avec éclat votre prochaine startup ?
Quitte à avoir perdu de l’argent sur cette première
tentative, autant offrir la possibilité de tout regagner sur
la prochaine. En tous les cas, si vous ne le faites pas, on
pourra logiquement vous le reprocher ! Pensez esprit
d’équipe jusqu’au bout ! La vie ne s’arrête pas à un échec
et le succès est à portée de main si vous persistez avec
lucidité et détermination !
La bonne leçon à retenir : Ne pas oublier de tenir à jour
tous vos actionnaires en période de crise ! Donner la
priorité à vos partenaires sur vos prochains projets…
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Solution n°133 pour bien entreprendre :
Rédiger un post-mortem !
Vous avez votre KBIS de radiation en main. Tout est
terminé. Vous êtes triste et en même temps soulagé car
tout s’est bien déroulé. Votre Aventure est totalement
fraîche dans votre mémoire et vous vous rappelez de
manière nostalgique tous les bons moments vécus à
tenter de développer votre société. Profitez de cette
accalmie pour vous faire du bien, du Bien à votre esprit
et à votre âme entrepreneuriale. C’est le moment où vous
serez le plus critique et productif pour rédiger votre
synthèse de toutes les erreurs commises. Avec le temps,
vous vous emmêlerez les pinceaux et oublierez certains
aspects pourtant si cruciaux de vos blocages et des
craintes insurmontées lors de votre Aventure
entrepreneuriale. Là où vous manquiez de temps pour
assurer votre développement, vous en avez désormais à
revendre et ne savez pas à quoi l’occuper ! Vous
reprendrez peut-être un emploi salarié où vous ne serez
pas totalement épanoui, le tout pour couvrir vos charges
mensuelles vitales, mais profitez de ce temps mort
entrepreneurial pour prendre du recul et analyser vos
décisions stratégiques. Les mois passant, vous vous
apercevrez aussi de l’évolution du Monde telle que vous
l’envisagiez. Cela vous permettra de comprendre
instantanément pourquoi vous avez échoué. Les choses
ne sont jamais telles qu’on les imagine. L’avantage de ne
plus être partie prenante au changement, c’est que vous
pouvez désormais juger de manière plus objective. Car
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des erreurs, vous en avez commises ! Le tout est de les
graver dans votre mémoire entrepreneuriale et de les
consigner dans votre post-mortem. Diffusez-le le plus
largement possible afin de partager au plus grand nombre
vos enseignements personnels. Si cela vous aide à y voir
personnellement plus clair, c’est que cela peut aider
également d’autres personnes ! Soyez altruiste, même et
surtout dans l’échec entrepreneurial. C’est ainsi qu’une
nouvelle culture de la création d’entreprise émergera en
France, avec une bien meilleure perception de l’échec.
Car plutôt que de juger sans avoir essayé, là vous
adressez un jugement construit, rempli d’anecdotes
vécues, à l’ensemble de la future communauté
d’entrepreneurs qui prendront la relève. Analysez votre
parcours stratégique dans sa globalité ainsi que dans ses
moindres détails et faites-le sous l’angle neuf
de…l’échec ! C’est en tirant expérience de vos errements
que vous avancerez plus vite et plus haut…la prochaine
fois !
La bonne leçon à retenir : Ne pas oublier de consigner
tous les erreurs commises pour ne plus les refaire !
Rédiger un mémoire qui tire expérience des semestres
passés et qui permette de repartir sereinement à l’assaut
d’autres aventures…
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Conclusion
Recommencez jusqu’à ce que vous
réussissiez !
Ne vous découragez pas mais ne vous leurrez pas non
plus : ce n’est pas parce que vous avez échoué que vous
aurez plus de chance la prochaine fois.
Des études prouvent que le taux d’échec est similaire que
vous ayez déjà entrepris (et échoué) ou que ce soit votre
premier projet. Vous avez 90% de taux de casse. En
revanche, lorsque vous aurez réussi, cette fois-ci votre
taux de succès pour votre second projet devient supérieur
à 33%, soit plus du triple de chance de la réussite
standard!
Les fonds de Venture l’ont donc bien compris : ils
investissent en priorité sur les entrepreneurs qui ont déjà
réussi une Aventure. Quelle que soit la taille d’ailleurs du
projet revendu ! Ce qui compte c’est que vous passiez
dans la league des entrepreneurs « bankable ». Cela
représente moins de 1 pour 10 000 des projets lancés ! En
effet, seuls 1% des projets entrepreneuriaux trouvent
preneurs pour leur première levée de fonds et seuls 10%
réussissent à survivre. Et sur ces 10%, seulement 10%
réussissent ensuite à revendre leur entreprise ! Soit un
taux final de 1 pour 10 000 !
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Ce qui compte, surtout pour votre première Aventure, qui
est souvent réputée pour être un échec assuré, c’est
surtout d’aller au bout de la démarche et de réussir à
vendre coute que coute.
Vous ferez votre gros coup un jour ou l’autre en
accumulant de l’expérience au fur et à mesure.
Bien sûr je vous souhaite de tomber immédiatement sur
LA pépite tout de suite et de réaliser tous vos rêves dès
cette Aventure !
Au quel cas, vous aurez surmonté avec brio tous les
points de ce livre et je vous tire mon chapeau !
Soyez fier de votre réussite et apportez vos conseils aux
futurs entrepreneurs qui vous suivront ! Je suis
personnellement preneur :)
Yannick
66
Je vous remercie de votre lecture !
67
D’autres livres
prochainement à découvrir…