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Une séanceUnthèmeBOXEEDUCATIVE Comment permettre à des élèves débrouillés de développer leur potentiel offensif ? PROVOQUER LES CONDITIONS DE L'ATTAQUE PAR M. BARBOUCHI Malgré la valeur éducative de la « boxe assaut » (respect de l'ad- versaire, de soi, des règles et du lieu), mettre en place un cycle en milieu scolaire ne se fait pas sans difficultés. Cette activité suscite de multiples réticences. Nombre de préjugés « lui collent à la peau ». Au cours de mon expé- rience personnelle en tant que pra- tiquant, formateur et enseignant, j'ai pu ressentir à quel point il était difficile de combattre l'image négative de violence qu'elle véhicule (force, agressi- vité, douleur, blessure, etc.). Dans mon établissement, j ' a i dû proposer une « charte de l'élève- boxeur » afin de déterminer avec précision un cadre de pratique sécurisant pour les élèves mais également pour l'administration et les parents. Il est vrai qu'un élève n'entre pas dans cette acti- vité comme dans une autre. Cer- tains sont là pour « cogner et faire mal » ou pour montrer qu'ils savent « se taper, se battre », d'autres, en particulier certaines filles, refusent de toucher. Sans doute, mon expérience person- nelle dans l'activité constitue un facteur facilitant pour prendre en main certains élèves et tenter de faire évoluer leurs représenta- tions en proposant des situations qui les contraignent à contrôler la touche. Rappelons que la boxe est un sport de combat de percussion et d'évi- tement qui se caractérise par l'uti- lisation du devant des poings pour toucher son adversaire davantage que lui ne vous touche. Un des fondamentaux est la capacité à ce que le « corps-cible » s'introduise dans l'espace d'affrontement (à distance idoine de son adversaire) pour déclencher une attaque réus- sie (encadrés 1 et 2). L'élève débutant a tendance à boxer en « accordéon ». Ses déplacements renseignent sur ses intentions (encadré 3). Aussi, offrir à nos élèves les moyens de 1. Principes et règles La boxe éducative assaut est une forme de pratique où la puissance des touches est interdite et sanc- tionnée (avertissement puis dis- qualification). La logique de l'acti- vité et la vitesse d'exécution ne sont en rien modifiées, mais doi- vent s'accompagner d'une maî- trise totale de l'impact. Les élèves doivent s'imposer par leurs quali- tés techniques et tactiques, mais en aucun cas par la puissance des coups (1,2). Les touches Seules celles délivrées avec le devant du poing fermé sont comp- tabilisées. Les cibles Les élèves doivent atteindre l'op- posant sur le devant et les côtés du buste ou de la face. Les touches sur les bras de l'adver- saire sont autorisées mais ne sont pas comptabilisées. Les touches sur toutes les autres parties du corps sont sanctionnées. Les moyens de défense Trois catégories : • Le retrait du « corps-cible » par les déplacements, évitements et esquives. • L'utilisation des membres supé- rieurs pour parer et bloquer. • La couverture des cibles (corps et face) par une garde, le cas échéant. Les règles d'action du direct Trois principes : • « Toucher avec le devant du poing ». • « Avoir le bras totalement tendu à l'impact ». • « Se protéger avec la main qui ne touche pas ». Le matériel Le minimum pour chaque cycle est deux paires de gants pour trois élèves. Le protège-dents et le casque ne sont pas obligatoires. Cependant, des casques inté- graux, protégeant la totalité du visage, sont commercialisés. Pour une raison de confort olfactif et d'hygiène, une paire de chaus- settes, comme bande protectrice de la main, peut être demandée à chaque élève. 2. Lexique Les distances d'assaut • L'hors-distance. • La distance de touche. • Le corps à corps. Les distances d'affronte- ment • La distance (favorable aux touches en direct). • La mi-distance (favorable aux touches en crochet et en uppercut). L'attaque : action dont l'objec- tif est de toucher l'adversaire avant lui. La contre-attaque : touche ou enchaînement déclenché après avoir neutralisé l'attaque adverse par une technique de défense. C'est agir après l'autre. La préparation d'attaque : toute action qui précède immé- diatement le déclenchement de l'attaque (déplacement, place- ment, geste, feinte). 60 Revue EP.S n°318 Mars-Avril 2006 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

Comment permettre à des élèves débrouillés de développer

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Une séance Un thème BOXE EDUCATIVE

Comment permettre à des élèves débrouillés de développer leur potentiel offensif ?

PROVOQUER LES CONDITIONS DE L'ATTAQUE

PAR M. BARBOUCHI

Malgré la valeur éducative de la « boxe assaut » (respect de l'ad­versaire, de soi, des règles et du lieu), mettre en place un cycle en milieu scolaire ne se fait pas sans

difficultés. Cette activité suscite de multiples réticences. Nombre de préjugés « lui col lent à la peau ». Au cours de mon expé­rience personnelle en tant que pra­

tiquant, formateur et enseignant, j ' a i pu ressentir à quel point il était difficile de combattre l ' image négative de violence qu'elle véhicule (force, agressi­v i té, douleur, blessure, etc.). Dans mon établissement, j ' a i dû proposer une « charte de l'élève-boxeur » afin de déterminer avec précision un cadre de pratique sécurisant pour les élèves mais également pour l'administration et les parents. I l est vrai qu'un élève n'entre pas dans cette acti­vité comme dans une autre. Cer­tains sont là pour « cogner et faire mal » ou pour montrer qu ' i ls savent « se taper, se battre », d'autres, en particulier certaines filles, refusent de toucher. Sans doute, mon expérience person­nelle dans l'activité constitue un facteur facilitant pour prendre en main certains élèves et tenter de faire évoluer leurs représenta­tions en proposant des situations qui les contraignent à contrôler la touche.

Rappelons que la boxe est un sport de combat de percussion et d'évi-tement qui se caractérise par l'uti­lisation du devant des poings pour toucher son adversaire davantage que lui ne vous touche. Un des fondamentaux est la capacité à ce que le « corps-cible » s'introduise

dans l'espace d'affrontement (à distance idoine de son adversaire) pour déclencher une attaque réus­sie (encadrés 1 et 2). L'élève débutant a tendance à boxer en « accordéon ». Ses déplacements renseignent sur ses intentions (encadré 3). Aussi, offrir à nos élèves les moyens de

1. Principes et règles La boxe éducative assaut est une forme de pratique où la puissance des touches est interdite et sanc­tionnée (avertissement puis dis­qualification). La logique de l'acti­vité et la vitesse d'exécution ne sont en rien modifiées, mais doi­vent s'accompagner d'une maî­trise totale de l'impact. Les élèves doivent s'imposer par leurs quali­tés techniques et tactiques, mais en aucun cas par la puissance des coups (1,2).

Les touches Seules celles délivrées avec le devant du poing fermé sont comp­tabilisées. Les cibles Les élèves doivent atteindre l'op­posant sur le devant et les côtés du buste ou de la face. Les touches sur les bras de l'adver­saire sont autorisées mais ne sont pas comptabilisées. Les touches sur toutes les autres parties du corps sont sanctionnées.

Les moyens de défense Trois catégories :

• Le retrait du « corps-cible » par les déplacements, évitements et esquives. • L'utilisation des membres supé­rieurs pour parer et bloquer. • La couverture des cibles (corps et face) par une garde, le cas échéant.

Les règles d'action du direct Trois principes : • « Toucher avec le devant du poing ». • « Avoir le bras totalement tendu à l'impact ». • « Se protéger avec la main qui ne touche pas ».

Le matériel Le minimum pour chaque cycle est deux paires de gants pour trois élèves. Le protège-dents et le casque ne sont pas obligatoires. Cependant, des casques inté­graux, protégeant la totalité du visage, sont commercialisés. Pour une raison de confort olfactif et d'hygiène, une paire de chaus­settes, comme bande protectrice de la main, peut être demandée à chaque élève.

2. Lexique Les distances d'assaut • L'hors-distance. • La distance de touche. • Le corps à corps. Les distances d'affronte­ment • La distance (favorable aux touches en direct). • La mi-distance (favorable aux touches en crochet et en uppercut).

L'attaque : action dont l'objec­tif est de toucher l'adversaire avant lui. La contre-attaque : touche ou enchaînement déclenché après avoir neutralisé l'attaque adverse par une technique de défense. C'est agir après l'autre.

La préparation d'attaque : toute action qui précède immé­diatement le déclenchement de l'attaque (déplacement, place­ment, geste, feinte).

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3. Trois niveaux pour pénétrer dans la zone d'affrontement Niveau en fin de Seconde

Premières séances en sports de combat de percussion L'élève reste souvent sur place (voire immobile) et n'utilise aucun moyen de se soustraire aux attaques adverses. Ses pieds sont constamment à plat. En fin de cycle, il se déplace par sautille­ment, pas chassés ou en pas croi­sés (dessin 1a).

Après un cycle sport de combat (percussion ou préhension en collège) L'élève tente ponctuellement une attaque simple. Il fait des attaques furtives souvent à distance trop proche (qui l'empêche de détendre ses bras) ou trop éloi­gnée (il lui faut faire plus de deux pas pour toucher) (dessin 1b). On observe un engagement excessif accompagné de puis­sance pour des garçons ou une projection en avant pour les élèves judokas. Certaines jeunes filles expriment une réticence à entrer dans l'activité, qu'elles « dramatisent » et jugent souvent connotée sexuellement. Un travail particulier du contrôle de la touche et la rigueur du cadre réglementaire (toute faute doit être sanctionnée) peuvent contri­buer à dépasser ces difficultés.

Indicateurs de fin d'étape Les déplacements s'effectuent principalement en pas chassés, sans jamais que les pieds ne se touchent, les genoux sont fléchis pour favoriser les impulsions.

Niveau 1 (Première ou Terminale B.E.P)

La distance d'affrontement n'est pas gérée (en accordéon). Le boxeur se précipite en avant pour toucher et se jette en arrière pour se protéger. Les déplacements s'effectuent davantage en cercle que latéralement. L'élève agit en fonction des dépla­cements de l'adversaire (« s'il s'approche, je recule »). Il tente des enchaînements sans liaisons, quitte à les exécuter dans le vide (dessin 1c).

Indicateurs de fin d'étape Les déplacements antéro-posté-rieurs en « impulsion-répulsion » (le talon ne touche plus le sol et les triceps du mollet sont en ten­sion) sont des préparatifs à l'at­taque en début d'assaut. Par manque de lucidité, ils ne sont pas constants. L'élève maintient le même espace entre ses appuis. Il est en équilibre quand il exécute ses touches.

Niveau 2 (Terminale Bac)

L'élève adapte ses déplacements

en fonction de son adversaire (« cadreur/suiveur » ou « suivi »). Il exécute des déplacements dans les 2 axes (avant, arrière et latéral) et cherche à toucher sans cesse (dessin 1d).

Indicateur de fin d'étape

L'élève maîtrise et adapte l'impul-sion-répulsion pour toucher devant et/ou préparer son attaque ainsi que les déplacements laté­raux. Il sait cadrer un adversaire en le contraignant ou en l'empê­chant d'aller sur les côtés.

res ter proches de l ' adversa i re pour attaquer et empêcher une riposte, constitue un enjeu de for­mation, dès que sont acquises les touches réglementaires et la com­pétence à « se défendre à l'aide des mains » (parer et chasser). Je propose à une classe mixte de Première (ou de Terminale BEP) ayant déjà vécu un cycle de boxe en S e c o n d e (16 h e u r e s ) , une séance de deux heures ayant pour thème la gestion de la zone d'af­frontement . Quat re s i tuat ions d'apprentissage, dont une évolu­tive, permettent de développer les conditions d'attaque à ce niveau. Pour chacune d'entre elles sont décrits quelques éléments d 'ob­servation et de remédiation.

Projet pour l'élève Acquérir un déplacement permet­tant d'être en « contact constant » avec son adversaire pour attaquer,

parer aisément, sans pour autant s'exposer.

SITUATION 1 : « LA TOUPIE » But pour l'élève Toucher en se déplaçant autour d'un axe (dessin 2).

Organisation Un poteau (par exemple de bad­minton) est placé dans un espace restreint pour deux élèves (cercle de 3 m de diamètre tracé à la craie ou délimité par des plots). Selon l'autonomie et/ou la rigueur tech­nique de la classe, un arbitre peut compléter le groupe (rotation à 3 : le vainqueur rencontre l 'ar­bitre). En cas de pénurie de poteaux, je couple cette situation à une autre. Par exemple, je réduis le cercle à 2 m de diamètre et demande aux élèves de se toucher sans jamais

passer à l 'intérieur du cercle. Il est important de délimiter égale­ment l'espace extérieur au cercle pour l'atelier. En effet, les élèves ont tendance à quitter l 'espace d 'affrontement (voire à courir loin du cercle). Durée: 4x 1 min 30 s avec 30 s de récupération par variable.

Consignes • Boxeur A : « Je dois tou­cher le bras tendu avec le devant des poings, le vi­sage et le ven­tre de mon adversaire ( B ) p o u r m a r q u e r un point ».

• Boxeur B : « Je me dép lace au tour du po teau pour év i te r d'être touché ».

Critères de réussite Pour le b o x e u r A : m a r q u e r 10 points en 1 min 30 s.

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Variables • Les deux boxeurs peuvent tou­cher. • Seul un poing est autorisé.

Ce que j'observe Les boxeurs prennent souvent plais ir à se cacher derr ière le poteau. Les boxeurs B interposent le po teau c o n s t a m m e n t et « oublient » la crispation due aux touches visages. Certains défient leurs adversaires en présentant leur visage et en le retirant au der­nier moment. Souvent je me sers de cela pour expliquer qu'une des règles d'un assaut est de ne jamais tourner le dos à son adversaire, y compris pendant la minute de repos. Cette situation impose un coût énergétique important, ce qui implique une surveillance accrue des élèves ayant tendance à biai­ser tout effort. Quelques fois pour les plus compétents, j ' ag randis l 'espace à 5 m de diamètre et je place deux poteaux pour favoriser les déplacements latéraux.

SITUATION 2 :

« LES MENOTTES »

Thème : La distance de touche.

But pour l'élève Toucher et ne pas se faire toucher en tenant une corde (dessin 3).

Objectifs pour l'enseignant Maintenir les élèves en zone d'af­frontement.

Organisation Une corde pour deux boxeurs pla­cés dans un ring de 4 m sur 4. La corde tendue doit permettre une amplitude de 1,50 m. Durée : 2x1 min 30 s avec 30 s de récupération par variable.

Consignes Boxeurs A et B : « toucher son adversaire avec son poing libre, au visage et au ventre, sans lâcher la corde ».

Critères de réussite Ne jamais être touché. Ne pas lâcher la corde (-3 points par corde lâchée).

Variables A et B tiennent la corde avec les mêmes mains ou mains opposées.

Ce que j'observe Cette situation est particuliè­r emen t i nd iquée pour des élèves refusant l 'entrée dans la zone d'affrontement, voire dans l'activité elle-même (par crainte).

On peut envisager de proposer aux élèves qui réussissent , de s 'attacher à la taille (à environ 80 cm l'un de l'autre). Ils seront ainsi constamment à distance et pour ron t déve lopper d ' au t r e s c o m p é t e n c e s c o m m e parer , esquiver partiellement ou blo­quer. Les élèves qui s 'engagent sans maî t r iser la puissance de leur touche dénaturent la situation puisqu'ils rentrent constamment en corps à corps, la corde étant le plus souvent détendue. Pour évi­ter cela, je propose la situation suivante.

SITUATION 3 : « LE FAISCEAU LASER »

But pour l'élève Toucher l'adversaire sans toucher l'élastique (dessin 4).

Objectifs pour l'enseignant Favoriser les touches à distance et en directs.

Organisation Un long élastique est tendu sur la largeur de la salle ou du gymnase à 1 m 20 de hauteur. Durée : 4x1 min 30 s avec 30 s de récupération par variable.

Cette organi­sat ion me permet d 'éva luer la performance et la maîtrise du d i r e c t , sous forme de montante-descendante, en milieu de cycle.

Consignes Boxeur A et Boxeur B : « Toucher son adver ­sa i re au v i ­

sage et/ou au ventre au dessus de l'élastique ».

Critères de réussite Ne pas toucher l'élastique (-1 pt) et marquer 3 pts en 1 min 30 s.

Variables • Restre indre les armes (main avant ou arrière). • Restreindre les cibles (corps ou face).

Ce que j'observe Certa ins é lèves « virulents », c h e r c h a n t à d é t o u r n e r les consignes pour s'engager davan­tage et aller à l'affrontement, se jettent sur leurs adversaires. Leur puissance excessive peut provo­quer une blessure « en contre » (la vi tesse et la puissance des deux élèves boxeurs s'addition­nant.). Pour éviter cela, j 'interdis au départ de toucher sous l'élas­tique (de -3 points à un avertisse­ment). Je propose aux élèves qui ne s'en­gagent pas de s ' adosser à des tapis posés contre le mur, pour restreindre leur espace arrière. Pour équilibrer une opposition entre deux élèves de tailles diffé­rentes, le « petit » peut utiliser les deux mains et le « grand » sim­

plement le poing arrière. On peut ensuite majorer les touches com­prises entre la ceinture et l'élas­tique.

SITUATION ÉVOLUTIVE AVEC UN CERCEAU

Le cerceau est ut i l isé comme indicateur matérialisé de la zone de contac t . Il peut éga lement représenter l 'endroit où doit se situer le pied, la distance à cou­vrir pour toucher.

But pour l'élève Toucher à t ravers un cerceau (dessin 5).

Objectif pour l'enseignant Favoriser le travail à distance en direct.

Organisation Deux paires de gants et un cer­ceau pour trois élèves. L'arbitre tient un cerceau vertica­lement à hauteur de visage entre les deux boxeurs et comptabilise les touches effectives. Les deux boxeurs se touchent à travers le cerceau. Durée de l'assaut : 2x1 min 30 s. Rotation à 3 : le vainqueur ren­contre l'arbitre et ainsi de suite.

Variables • Le premier boxeur qui touche gagne et prend la place de l'ar­bitre. • Les touches au v i sage sont majorées ou minorées. • L'espace est limité pour empê­che r les b o x e u r s de recu le r (var iab le per t inen te pour des élèves réticents).

Ce que j'observe Cette situation remporte un franc succès dans une classe mixte et nombreuse. En effet, la présence du cerceau focalise le boxeur sur un « couloir visuel » à respecter pour toucher. Les plus réticents se

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persuadent qu'ils peuvent se pro­téger en reculant sans pour autant quitter la zone d'affrontement. Les filles, quant à elles, s'orien­tent vers un objectif de maîtrise et les élèves « trop puissants » doi­vent se contenir pour être précis. Les élèves découvrent rapide­ment que l'on ne peut que toucher en direct. Ils sont donc contraints de respecter la règle d'action du direct : « avoir le bras tendu à l'impact ». En fin de situation les meilleurs touchent au corps.

ÉVOLUTION 1

Si des élèves éprouvent encore des diff icultés à toucher ou à s 'approcher de l 'adversaire, le cerceau peut être tenu à une main par les deux boxeurs. Cette situa­tion change radicalement par rap­port à la situation précédente.

But pour l'élève Toucher son opposant en tenant le cerceau pour marquer des points (dessin 6).

Organisation Les deux boxeurs se touchent en tenant d'une main le cerceau ver­ticalement, à hauteur de poitrine. Le cerceau est perpendiculaire au corps des boxeurs . Un arbitre comptabilise les touches effec­tives et réglementaires. Puis rota­tion. Il est interdit de toucher à tra­vers le cerceau. Cette contrainte permet de matérialiser, en la rigi-difiant, la distance de touche. Durée : 2x1 min 30 s.

Variables • Mains identiques ou opposées. • Taille du cerceau.

ÉVOLUTION 2

But pour l'élève Toucher son opposant et éviter d'être touché, un pied dans le cer­ceau (dessin 7).

Objectif pour l'enseignant Favoriser le développement de l'attaque

Organisation Le boxeur A est à l'extérieur du cerceau. Pour marquer un point, il doit mettre un pied à l'intérieur et toucher le boxeur B puis sortir du cerceau sans se faire toucher en échange. Le boxeur B a un pied dans le cer­ceau. Il doit attendre l'attaque de A pour contre-attaquer.

Consignes • Boxeur A : « tu es à l'extérieur du cerceau, tu marques 1 point si tu touches B, avec un pied dans le cerceau, sans qu'il ne te touche ». • Boxeur B : « Si tu touches A après qu'il t'ait touché, tu annules sa touche, elle vaut 0 ».

Variables • Seul un poing est autorisé. • Le boxeur B change de pied à chaque attaque réussie du boxeur A. • Pour les élèves en réussite, l'en­seignant peut décider d'attribuer des po in t s en fonct ion de la phase. Par exemple : 1 pt par a t t aque réuss ie sans contre-attaque, 0 pt pour une attaque contre-atta-quée, 5 pt pour B ayant r éuss i sa contre-attaque sans avoir été tou­ché.

Ce que j'observe Lorsque les a t t aques et leurs contre-attaques sont trop furtives, confuses ou puissantes, parce que les élèves se jettent en avant ou se gênent avec leurs bras, tout juge­ment est rendu impossible. Je leur demande alors d'avoir les pieds à l'extérieur ce qui leur donne plus d'espace et donc de temps d'ob­servation et d 'act ion. L'arbitre nomme l 'attaquant qui marque

(« A » ou « B ») et lui attribue les points.

SITUATION D'ÉVALUATION

But pour l'élève Gagner le territoire et chercher à le conserver. • Pour A : boxer avec un pied dans le cerceau. • Pour B : toucher son advesaire sans se faire contre-attaquer. S'il y parvient, les rôles s'inversent (dessin 8).

Ce que j'observe Les élèves qui maîtrisent la dis­tance de touche empêchent effi­

cacement leur adversaire de s'in­troduire dans leur espace. Les touches précises sont réalisées, b ras t endus , sans r épé t i t i on e x c e s s i v e , avec un débu t de déplacement en pivot. Pour les élèves ayant acquis les touches en crochet, je propose l'aménagement suivant : - A, placé à l ' intér ieur du cer­ceau , ne peu t t o u c h e r q u ' e n direct, - B, à l'extérieur, ne peut toucher qu'en crochet.

Il semble intéressant pour des élèves avec un engagement physique excessif, voire vio­lent, de ne plus parler de coups ou de touches mais de points. Marquer un point induit chez l'élève une vision ludique de l'activité. Le « j eu boxe » trouve là son sens éducatif, en s 'écartant d 'une représenta­tion tronquée. Notons que les textes concernant les sports de combat nous incitent à faire travailler les élèves en parte­nariat et en opposition. Il nous paraît indiqué d ' in t rodui re pour des élèves réticents ou au con t ra i re « agress i f s », de

n'envisager la pratique qu'en tri­nôme, soit deux boxeurs et un jeune officiel (rôles sociaux). Nous choisissons d'orienter les élèves vers des buts de maîtrise, par le travail en d i rec t , seule manière de valider la touche en début de cycle. L'uppercut peut être dangereux en début de for­ma t ion n o t a m m e n t avec des élèves qui boxent tête baissée. Le c roche t (coup ba l i s t i que ) est quant à lui p lus c l a s s ique et « r e l a t i vemen t » connu des élèves. Le choix de la cible s'af­fine avec l 'expertise de l 'élève-boxeur (passer de « toucher le ventre ou le visage » à « toucher

le menton ou le front » ) . Enfin, l ' en ­c h a î n e m e n t c o m m e ca­pacité à tou­c h e r p l u ­sieurs fois sur la même attaque, n'est envisageable q u ' a p r è s l 'acquisition d ' u n e ges ­tion de l ' es­p a c e d ' a f ­frontement et des moyens de dé fense

(parades, blocages et évitement) écartant une riposte obérante.

Mourir Barbouchi Professeur d'EPS,

Lycée professionnel du Vexin (95).

E-mail : [email protected]

(1) Raynaud S., Cougoulic P., « Boxe édu­cative : entrer dans l'activité », Revue ERS n° 315, septembre-octobre 2005.

(2) Cougoulic B., Cougoulic P.. Raynaud S., La boxe éducative - 200 jeux et situa­tions pédagogiques, Amphora , oc tobre 2003.

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