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p. 7 Ouverture Darwin, un site multifacette mêlant activités entrepreneuriales, associatives et culturelles. p. 10 Innovation Une plateforme de formation en ligne intermétier sur la biomécanique du cheval. p. 20 Excellence Pari réussi pour l'Équipe de France des Métiers lors des WorldSkills à Abu Dhabi. Journal mensuel de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France # 268 / Novembre 2017 Devoir du Compagnon © Tcaron-Divergence. Se former pour évoluer

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p. 7Ouverture

Darwin, un site multifacette mêlant activités entrepreneuriales, associatives et culturelles.

p. 10Innovation

Une plateforme de formation en ligne intermétier sur la biomécanique du cheval.

p. 20Excellence

Pari réussi pour l'Équipe de France des Métiers lors des WorldSkills à Abu Dhabi.

Journal mensuel de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France

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Se former pour évoluer

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sommaire

3 perspectivesLa formation supérieure chez les Compagnons du DevoirJérémie Mosnier, Jérémie le Rouergue

5 dépassementLes défis du boisPropos recueillis par Marie-Laure Gendron

7 ouvertureDarwin et les Compagnons, une rencontreChristiaan Weiler

9 actualitésActualités de l’association

10 innovationLe numérique au service de la transmission des savoirsEwa Robert Comprendre la biomécanique équinePatrick Doffemont, Picard Cœur Sincère

15 réussiteL'alchimie d'une réussiteLucas Beyries, Bordelais la Discipline Eugène Abraham, Normand la DisciplinePhilippe Roussel

20 excellenceL'équipe de France réussit son pari !

22 actualitésActualités de l’association

23 découverteUn témoignage fort de la vie ouvrièreChristophe Cheutin, Christophe le Champagne Agathe Colombié

25 cultureLa librairie, la sélection du mois

26 carnetCarnet du Tour de France

27 partenariatEntreprise partenaire

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Votre journal dématérialiséIl existe une version en ligne de Compagnon du Devoir. Pour y accéder, il vous suffit de vous connecter au site internet de l’association : www.compagnons-du-devoir.com. Dans le menu de gauche de sa page d’accueil, vous trouverez la rubrique « Espace institutionnel ». Il suffit de cliquer dessus pour y accéder. Un accès restreint sera mis en place dans les prochains mois. Bon surf à tous…

AbonnementVous souhaitez vous abonner à Compagnon du Devoir ? Contactez-nous via l’adresse mail : [email protected] ; un bulletin d’abonnement vous sera envoyé sur demande.

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l y a quelques mois dans ces mêmes pages, nous évoquions la formation initiale et les premiers pas dans le

monde du travail. Il est temps aujourd’hui d’approfondir le sujet et de s’intéresser à leur suite logique : la formation supérieure. Si les grandes écoles se mettent à parler d’apprentissage, il était largement temps que nous parlions de formation supérieure. D’ailleurs, depuis peu, nous l’évoquons, mais cela fait bien des années que nous en bénéficions.

Pour commencer, allons voir ce que peut nous enseigner le dictionnaire sur l’adjectif supérieur ; nous n’allons retenir que cette fraction de la définition du Larousse : « Qui, dans une classification, a un rang considéré comme très élevé ». Il s’agit donc bien d’éle-ver au plus haut le niveau de la formation. Cela fait donc très longtemps que les Com-pagnons du Devoir font de la formation su-périeure, me direz-vous. Oui sûrement, et le fait de le dire et le revendiquer aujourd’hui nous oblige à être encore meilleurs et à nous confronter à ce monde que nous tenions jusqu’alors à distance, certainement plus par méconnaissance que par méfiance.

En 2014, les Compagnons du Devoir ont obtenu leur intégration à la Conférence des grandes écoles. Celle-ci est clairement une reconnaissance de ce parcours de formation supérieure que nous proposons à l’ensemble des jeunes qui nous rejoignent. Il ne s’agit pas d’imiter les autres, mais bien de faire ce que nous savons, avec nos méthodes, nos moyens, notre philosophie, tout en s’adaptant à l’environnement dans lequel nous évoluons.

J’ai souvent entendu le Compagnon Nau-leau déclarer : « Nous sommes d’accord pour dire qu’un Compagnon en fin de Tour

de France a un niveau d’expertise dans son métier équivalent à celui d’un ingénieur dans son domaine ». À cette affirmation tous ac-quiescent, mais dans les faits cette recon-naissance n’existe pas vraiment.

Il fallait donc aller plus loin en permettant à chacun de « prouver » ce niveau d’exper-tise par des moyens reconnus par tous : les titres et diplômes. Au-delà de ces « bouts de papier », comme il nous arrive de les nom-mer, c’est tout le parcours qui y conduit que nous devons considérer : lorsqu’un ouvrier, qui bien souvent s’est éloigné du système d’éducation standard assez jeune, obtient quelques années plus tard une licence, un

BTMS, un titre d’ingénieur ou tout autre di-plôme, c’est bien parce que son niveau de formation est très élevé.

L’enseignement dispensé tout au long du Tour de France amène chacun à exploiter au maximum ses possibilités, et ce dès les premiers jours de la formation initiale, nous osons même parler de « formation supérieure

dès l’apprentissage ». Nos partenariats avec les universitaires nous ont permis de complé-ter nos formations par l’apport de matières scientifiques qui pendant longtemps nous ont semblé inutiles. Ces mêmes grandes écoles permettent aujourd’hui aux jeunes d’obte-nir ces fameux sésames que sont les di-plômes d’enseignement supérieur, devenus indispensables pour trouver du travail ou es-pérer une évolution professionnelle dans cer-taines entreprises.

J’imagine déjà certains lire ces lignes et souffler en se disant que : « Ça, c’est pour les autres ! On fait la course aux diplômes dans les grandes entreprises qui n’intéressent ni les Compagnons ni les jeunes… Mais au final ça ne sert à rien : ce qui compte vrai-ment, c’est la pratique du métier ! »

Certes, le geste de métier est important, même indispensable. C’est bien sa maîtrise qui dans les premières années va permettre de gagner sa vie et d’acquérir petit à petit son autonomie. Et après… ? Nous le sa-vons tous, il est plus difficile de reprendre des études ou sa formation si la pause a été trop longue. Il est donc de notre devoir d’inciter, voire de pousser, chacun à aller le plus loin possible dans sa formation tant qu’il est sur le Tour de France et même après.

Depuis quelques années les instituts de métier, accompagnés par des centaines de Compagnons bénévoles, ont construit des parcours de formation supérieure pour chacun de nos métiers. Ce travail ne sera jamais fini et nous devons sans cesse être attentifs à ce qui se fait autour de nous, an-ticiper les besoins de demain afin de former au mieux les jeunes, les préparer à affron-ter le monde professionnel dans lequel ils évolueront demain.

LORSQU’UN OUVRIER, QUI BIEN SOUVENT S’EST

ÉLOIGNÉ DU SYSTÈME D’ÉDUCATION STANDARD ASSEZ JEUNE, OBTIENT

QUELQUES ANNÉES PLUS TARD UNE LICENCE, UN BTMS, UN TITRE

D’INGÉNIEUR OU TOUT AUTRE DIPLÔME, C’EST BIEN PARCE QUE SON

NIVEAU DE FORMATION EST TRÈS ÉLEVÉ.

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perspectives

LA FORMATION SUPÉRIEURE CHEZ LES COMPAGNONS DU DEVOIR

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Mais qu’en est-il des moins jeunes ? Eux aussi doivent s’adapter à l’évolution des mé-tiers, aux nouvelles pratiques, à ces nou-velles exigences qui font que le monde du travail d’aujourd’hui est bien différent de ce-lui d’hier et certainement aussi de celui de demain. Nous voyons de plus en plus de sédentaires reprendre le chemin de la for-mation, et de plus en plus suivre le par-cours de formation supérieure proposé par les Compagnons du Devoir. Je m’autorise à penser que c’est parce qu’il est en phase avec les attentes des hommes de métier et des entreprises d’aujourd’hui.

Nous devons continuer dans cette voie et proposer toujours ce qui correspond aux attentes non seulement d’aujourd’hui, mais surtout de demain ; c’est là toute l’impor-tance et tout l’intérêt de notre cellule de réflexion sur le Devenir des métiers : anti-ciper, accompagner l’évolution de nos mé-tiers, afin de ne pas la subir et permettre à chacun de se former, d’acquérir les com-pétences nécessaires et d’avoir l’envie de se former tout au long de sa vie.

Nous ne pouvons plus imaginer que ce qui est une vérité aujourd’hui le sera nécessai-rement demain car, nous le voyons bien, le monde bouge et évolue très vite. Les nou-velles technologies repoussent les limites et nous permettent d’envisager des choses jusqu’alors impensables.

Nous, hommes de métier reconnus, nous devons d'être toujours en avance ; cela passe forcément par une formation d’une grande qualité mais aussi d’une grande di-versité. Il faut que nous soyons en capacité d’anticiper les besoins de demain tout en répondant à ceux d’aujourd’hui, que nous soyons en capacité d’aller explorer des do-maines encore ignorés qui feront partie du quotidien des générations à venir, que nous n’ayons pas peur de l’avenir mais que nous en soyons en partie les bâtisseurs.

Pour concrétiser tout cela, nous travaillons à la reconnaissance du parcours des Com-pagnons du Devoir comme parcours de for-mation, supérieur et original, qui permet à des jeunes d’acquérir non seulement de grandes compétences professionnelles et culturelles, mais aussi de voyager, de dé-couvrir le monde, de partager avec d’autres ses expériences et son quotidien, de vivre un maximum d’expériences avec le mini-mum de risques.

Nous souhaitons que cette reconnais-sance se matérialise par un ou plusieurs titres inscrits au RNCP (Répertoire national des classifications professionnelles) et qu’ils prennent en compte les spécificités qui sont propres aux Compagnons du Devoir.

Jérémie MosnierJérémie le RouergueConseiller au Collège des métiers

Nous voyons de plus en plus de sédentaires reprendre le chemin de la formation, et de plus en plus suivre

le parcours de formation supérieure proposé par les Compagnons du Devoir.

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L es Compagnons du Devoir sont partenaires des Défis du

Bois depuis deux ans. Effectivement, ses organisateurs historiques - l’ENSTIB et l’École nationale supérieure d’architec-ture de Nancy - s’étaient aperçus que malgré les grandes compétences de leurs étudiants architectes et ingénieurs, il manquait des participants susceptibles de lever les chantiers et d’effectuer l’as-semblage des structures. D’où le rap-prochement avec notre association.

Lors du congrès de métier 2016, le corps de métier des charpentiers, via Julien Lecarme, responsable de l’Insti-tut de la charpente et de la construction bois, a proposé aux jeunes présents de se confronter aux Défis du Bois. Nous avons donc été au nombre de dix volon-taires, tous reçus depuis peu et installés

un peu partout en France, à nous lancer avec enthousiasme dans le projet en no-vembre 2016. Deux anciens de Nancy, Normand Premier et Lorrain Hyppolite, nous ont encadrés lors de la préparation de nos projets respectifs, puis durant le déroulement même du concours.

En janvier 2017, nous nous sommes tous rendus à Épinal où nous avons été accueillis par les étudiants de l’ENSTIB sur leur campus durant un week-end : les groupes ont alors été formés et le su-jet du concours nous a été présenté par les enseignants. Mon groupe se compo-sait de deux architectes, dont une d’ori-gine allemande - ce qui a ajouté une certaine ouverture culturelle à cette ex-périence -, un ingénieur bois et un étu-diant en master ABC (Architecture bois construction).

LES DÉFIS DU BOISPour leur 13e édition, les Défis du Bois 3.0 se sont tenus du 29 avril au 6 mai 2017 à Épinal dans les ateliers de l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (ENSTIB). Dix groupes de cinq participants – soit deux architectes issus de l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy, deux ingénieurs de l’ENSTIB et un Compagnon – se sont affrontés sur le thème : « Swing Case », le concept étant de produire une microarchitecture en bois à la fois poétique et durable. Au terme de la compétition, la microstructure nommée « Les Coulisses » a été distinguée par le jury. Gaëtan Bouchet-Fardin, Normand la Sérénité, Compagnon charpentier formateur à Angers, revient sur cette semaine forte en émotion.

Le sujet de cette édition impliquait la construction d’une structure devant res-pecter les normes de la RT 2012 (l’étan-chéité à l’air notamment), un certain poids et une taille imposée pour le trans-port ; l’accessibilité aux handicapés de-vait également être assurée. La finalité de ces microstructures, dont la durée de vie devait être de 10 ans, était de per-mettre à des musiciens d’y exercer leur art. Suite à la compétition, les ouvrages finalisés seraient installés à l’École po-lytechnique, dont les locaux sont im-plantés à Palaiseau à proximité de Paris.

Je me suis occupé, avec l’ingénieur de l’ENSTIB, de la structure, du dimen-sionnement et des assemblages. Il a fallu rédiger des supports pour expliquer nos choix de conception, puis donner un nom à l’œuvre. Les architectes ont été

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Le sujet de cette édition impliquaitla construction d’une structure devantrespecter les normes de la RT 2012(l’étanchéité à l’air notamment),un certain poids et une taille imposéepour le transport ; l’accessibilitéaux handicapés devait égalementêtre assurée.

chargés des études thermique et acous-tique ainsi que du choix des matériaux, tandis que l’étudiant en génie civil faisait le lien entre nos deux binômes. Nous avons dû fournir à l’ENSTIB des plans de notre microarchitecture. Contraire-ment aux Compagnons charpentiers impliqués totalement bénévolement, les ingénieurs de l’école étaient notés sur ce projet qui finalisait leur cursus de formation.

Pour nous, jeunes charpentiers, l’expé-rience a été pédagogique car nous avions affaire à des personnes très compétentes

Témoignage

Julien Lecarme, Dauphiné la FraternitéResponsable de l’InstItut de la chaRpente et de la constRuctIon boIs

Aux yeux du corps de métier, les Défis du Bois remplissent de multiples objectifs : les professionnels de demain auront à faire face à des challenges énormes, particulièrement sur le sujet de la transition énergétique. C’est ensemble que nous devons leur apprendre à pratiquer leur métier. Les Défis du Bois, par la mixité des publics ouvriers/ingénieurs/architectes, est en ce sens un exercice pédagogique exemplaire.Je crois aussi profondément en la formation-action : afin d’avoir un impact direct sur nos pratiques, ce sont les futurs maîtres de stage qui participent aux Défis, ils apprennent ainsi à travailler avec les autres, à reconnaître les compétences des autres et les leurs, à s’ouvrir, à vivre ensemble…

en matière de dessin et de calcul, mais peu habituées à la réalité des chantiers. Cela a donné lieu à beaucoup d’échanges en amont et durant la compétition. Nous avons été confrontés à quelques difficul-tés, comme des erreurs de commande par exemple ou des problèmes d’ordre relationnel.

La semaine de concrétisation du pro-jet s’est révélée très intense. Lors des précédentes éditions, les participants n’avaient pas eu à faire face à toutes ces contraintes thermiques et acoustiques, qui nous ont imposé beaucoup de tra-vail. Nous avons quasiment fait deux nuits blanches pour finaliser notre struc-ture. Le concours porte bien son nom ! Pour être honnête, nous ne nous atten-dions pas du tout à finir notre microar-chitecture nommée « L’Euphonie ».

Au final, nous avons obtenu le prix du jeu - ce qui signifiait que nous avions joué le jeu jusqu’au bout avec persévé-rance et motivation - et le prix des élèves de l’ENSTIB (ceux-ci ont voté pour leur structure préférée et la nôtre a été élue !).

Toutes les équipes se sont montrées so-lidaires. Quand les coteries et leurs ca-marades avaient besoin d’aide, nous allions tous les aider, le but étant que tout le monde finisse. Clément Mou-choux, maître de stage à Périgueux, a remporté avec son groupe le prix prin-cipal pour leur œuvre intitulée « Les Coulisses ». Lors de ces Défis, nous avons vraiment découvert les métiers d’architecte et d’ingénieur, que nous avons malheureu-sement peu l’habitude de côtoyer sur le Tour de France. Nous nous sommes aperçus à cette occasion qu’un projet ne peut pas réussir si la collaboration ne fonctionne pas avec ces professionnels du bâtiment. Ce concours a été pour moi une leçon de patience et de tolérance.

Comme tous les coteries ayant participé aux Défis, fort de cette expérience je suis devenu formateur à la rentrée 2017. J’encadre deux sections d’apprentis ainsi que des BP en formation continue ; et en parallèle je prépare un DEUST. À long terme, je n’ai pas encore une idée précise de ce que je ferai… qui vivra verra !

Propos recueillis parMarie-Laure Gendron

www.defisbois.fr

L'Euphonie.

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C' est avec un certain honneur que j'ai pu recevoir, au printemps

de cette année, une délégation des Com-pagnons du Devoir pour une visite com-mentée de l'écosystème Darwin - ce lieu emblématique et énigmatique que j’ha-bite et que j'ai eu le plaisir d'étudier pendant trois ans. Quelques échanges avec Christophe Philippot, couvreur (et conseiller à la Trésorerie) avec qui j'ai eu l'opportunité de travailler, ont dé-voilé certaines similitudes entre Darwin et les Compagnons, notamment sur les valeurs fondamentales et la façon dont elles articulent nos développements. Au sujet de Darwin, beaucoup a été dit et les sources sont multiples1, mais le cœur de la démarche, de mon point de vue, est la recherche de principes organisa-tionnels pour le bien-être des gens, en équilibre avec leurs ressources naturelles et intellectuelles.

LA TRANSITION PAR L’ACTIONIl y a quelque chose de remarquable à Darwin, qu'il partage avec d'autres tiers lieux : sa mise en dynamique des acti-vités. Cette dynamique indépendante, incrémentale, transgressive et source d'innovations, pourrait être un remède à l'efficacité standardisée moderne qui structure la culture de consommation, nous poussant à la limite d'une stabi-lité écologique et sociétale. Ce qui dis-tingue Darwin, c’est son rayonnement créé par l'échelle du site et la diversité

des usagers : entrepreneuriaux, associa-tifs et culturels. Le socle de tout cela, ce sont les valeurs partagées - écologiques, économiques et culturelles. Darwin at-tire, fédère, fascine, questionne et fâche ; il se trouve sur le nerf de la transition par l’action.

COMPRENDRE LA DYNAMIQUEL'étude européenne The Origin of Spaces2 était pour moi l’occasion de comprendre les particularités de Darwin en comparaison avec d'autres sites en

Europe. L'étude a permis de structurer la compréhension de la dynamique du site de Darwin afin de transmettre les meil-leures pratiques. Cinq aspects clefs et leur interaction semblent bien décrire le processus d'émergence des lieux étudiés et les dynamiques à l’œuvre à Darwin.

Une culture de valeurs Pour commencer, prenons la rencontre d'individus qui voyaient la nécessité de travailler autrement, notamment sur les trois dimensions porteuses de valeurs

Darwin et les Compagnons,UNE RENCONTREDepuis décembre 2012, Darwin, site multifacette installé à Bordeaux dans l’ancienne caserne Niel au bord de la Garonne, accueille un écosystème alternatif mélangeant des activités entrepreneuriales, associatives et culturelles. Cet ambitieux projet repose sur des objectifs de développement durable, d’économie responsable, d’entrepreneuriat social et sur la transition écologique. 800 000 personnes fréquentent chaque année les lieux, qui sont le théâtre d’événements réflexifs et festifs. Christiaan Weiler, architecte et membre du conseil d’administration de l’association Les Darwiniens, auteur de cet article, a fait découvir ce lieu au Conseil du compagnonnage en mars dernier. M. Weiler revient sur les particularités de ce projet iconoclaste.

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mentionnées : la transition écologique, la collaboration économique inclusive et les cultures urbaines. Les deux premières sont urgentes : la dégradation des res-sources naturelles est un défi exigeant de l'action et un changement entrepreneu-rial doit articuler la distribution équi-table des ressources. La troisième est importante comme porteuse attractive des messages de transition qui, sinon, n'atteindraient pas un si large public.

Une communauté de valeursPhilippe Barre et Jean-Marc Gancille voulaient changer leurs pratiques de professionnels de la communication et y amener d'autres entreprises. Ils ont ini-tié une communauté diverse : une équipe de proches pour la coordination et des affiliés dans un fond d'investissement pour rassurer les partenaires institution-nels. Puis, avant les travaux de rénova-tion de la Caserne, des événements sur site rassemblaient déjà une communauté d'usagers, des sportifs, des créatifs et des entrepreneurs, qui se reconnaissaient dans les valeurs évoquées. Aujourd'hui trois entités habitent le lieu : le proprié-taire Évolution SARL, les entrepre-neurs associés dans « Les Darwiniens » et la fédération des associations « La 58e ». Leur cohabitation fructueuse crée une attractivité qui attire un quatrième groupe d'usagers : les visiteurs.

Le partage de ressourcesUne communauté s'est constituée, au sein de laquelle chacun contribue à sa façon particulière. Le projet a pris corps par les ressources que l'on peut, de ma-nière simplifiée, séparer en deux : les ressources matérielles et immatérielles. Pour ces dernières, il suffit de rappeler la diversité des usagers et imaginer la ri-chesse de leurs savoirs et de leurs com-pétences. L’association Les Darwiniens compte 200 structures tous secteurs confondus et cumule 60 millions de chiffre d’affaires. Il y a 40 associations actives et 1 500 pratiquants. Quant aux ressources matérielles, les bâtiments ré-novés en propriété comptent 10 000 m², dont 7 000 m² en tertiaire, 1 000 m² en pépinière, 1 000 m² en commerces et 1 000 m² non-affectés. Cela se situe sur un site de 2 ha où se trouvent les lieux associatifs tels que la ferme ur-baine, le hangar d'Emmaüs et les lieux de sport et de création ainsi que le tri de déchets. Actuellement, ces activités, sont sommées de faire place aux opé-

rations d’urbanisation de la métropole (mais pas sans résistance !).

Des ressources aux programmesAvec les valeurs, les communautés et les ressources alignées, les programmes se sont mis en place. D'abord événemen-tiels comme évoqué ci-avant, puis éphé-mères en occupation temporaire, puis une première phase de rénovation a été livrée, suivie d’une deuxième et d'autres à venir. Se sont installés les coworkers, les entreprises, la pépinière, les asso-ciations, le restaurant et l'épicerie bio, la brasserie de bières, etc. Des parte-nariats se sont forgés, avec la métro-pole par exemple, pour la pépinière. Les Darwiniens ont mené le projet The Ori-gin of Spaces, un programme d'études comparatives européennes. Surfrider Foundation et Emmaüs ont coproduit les festivals Climax avec Évolution (2015, 2016, 2017) et ont diffusé ainsi les valeurs fondamentales de l’écosys-tème Darwin par le biais d'expositions, de compétitions, de conférences et de musique.

Les programmes et leur rayonnementCommencé en 2005 comme une idée forte, en 2012 Darwin a ouvert sa pre-mière phase aux entrepreneurs, puis en 2013 le restaurant-épicerie avec la deu-xième phase. Les festivals de 2015, 2016 et 2017 s'ouvrent au grand public. En 2018 Darwin commence la rénovation de la phase B : les Magasins généreux. Darwin est maintenant l’un des sites les plus visités de la ville, par des sportifs, des artistes, des clients, des délégations et des touristes. Rappelons que Bor-deaux a été nommée première destina-tion touristique mondiale 2017 par The Los Angeles Times et Lonely Planet. Le projet européen a diffusé l'histoire de Darwin ailleurs et les échanges interna-tionaux continuent. L'idée forte a pris racine et est en bonne voie pour prou-ver une organisation alternative viable.

LES COMPAGNONS ET DARWINComment tout cela se rapporte-t-il aux Compagnons? Je suis tenté par deux pistes : celle des « savoirs appliqués » et celle de la « vocation ». L'une se trouve dans le contexte des travaux ma-tériels manuels - le concret de l'action des métiers d'application. Cette action donne un retour immédiat de réussite ou d’échec empirique. L'article Intellec-

tuel(le) ou manuel(le) ? (Olivier Barreau, journal Compagnon du Devoir n° 265) souligne la complémentarité du manuel à l'intellectuel, et j'y adhère.

Mais j'irais plus loin pour dire que les travaux matériels manuels relient nos pensées au monde matériel (écolo-gique) dont nous dépendons. Ils struc-turent une réflexion intégrale, là où le management se permet une réflexion simplifiée en faveur d'une supposée op-timisation. Tout manageur devrait avoir l'esprit d'un artisan éclairé et considérer la provenance et la qualité des matières, l'état des outils et la performance des réalisations pour faire converger les en-jeux sociétaux dans chaque entreprise.

Une autre piste d'exploration se présente dans la structure organisationnelle et la vocation. Leur pluridisciplinarité, com-binée avec leurs valeurs particulières, fait des Compagnons une organisation propice à l'incarnation de la transition nécessaire qui sera certainement trans-disciplinaire. Remarquons aussi l'intérêt renouvelé pour la société des « com-muns »3 comme modèle de gouvernance adapté aux enjeux contemporains et le rôle qu'ont joué les guildes4 dans l'émer-gence de l'économie comme l'art de la gestion des biens et des moyens.

Lestée par son héritage et confrontée au paysage financier actuel, l'Associa-tion ouvrière des Compagnons du De-voir possède les caractéristiques clefs pour renforcer sa stratégie de dévelop-pement. Cette stratégie n'est pas sans risque, mais peut être bien en phase avec son identité et avec les défis de l'époque. Je suis très content d'avoir fait cette ren-contre et je serai ravi de suivre, voire ali-menter, les évolutions des Compagnons à travers cette époque de transition.

Christiaan WeilerarChiteCte ir. msC.

1 - Sources sur Darwin : http://darwin.camp, plus une recherche sur internet en tapant : « article darwin bordeaux » et vous verrez…

2 - The Origin of Spaces : http://originofspaces.com

3 - Practicing the Communs : https://www.iasc2017.org

4 - Guildes : https://evolution-institute.org/article/the-freemasons-prosocial-groups-of-the-enlightenment-era-a-conversation-with-margaret-c-jacob/

www.darwin.camp

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COMPAGNONS

ActualitésDE L’ASSOCIATION

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ATELIERS OUVERTS AU PUBLIC CHEZ LES COMPAGNONS DU DEVOIR D'ÎLE-DE-FRANCE

À la maison de Paris (75004), 1, place Saint-Gervais – (Métro Hôtel de Ville)

• ATELIER PHOTOLes lundis et mardis soirs de 20 h à 21 h 30, de novembre 2017 à avril 2018Les cours vous permettront de découvrir l'univers des maisons de Compagnons mais également les quartiers de Paris. Vous apprendrez à utiliser aussi bien un appareil photo qu'un Smartphone. Des appareils sont mis à disposition pour les débutants et une exposition des meilleurs clichés sera organisée.

• ATELIER MODÉLISATION ET IMPRESSION 3DLe 1er samedi matin de chaque mois, de novembre 2017 à avril 2018Cet atelier s'adresse à tous ceux qui souhaitent donner vie à une idée, développer un projet, créer un objet, ou aux curieux des nouvelles technologies et de l'impression.

À la maison de Pantin (93500), 22, rue des Grilles – (Métro Hoche)

• ATELIER MAROQUINERIELe lundi soir de 20 h à 22 h de novembre 2017 à avril 2018Il s’agit d’une initiation aux gestes et à la technique du métier. Dans un premier module, nous vous proposons de réaliser un objet de petite maroquinerie plate en cuir cousu à la main (porte-carte, porte-monnaie, étui à téléphone, pochette...), puis dans un second module, un produit de maroquinerie en volume cousu à la machine (sac, besace, etc.).

• ATELIER SÉRIGRAPHIELe lundi soir de 20 h à 22 h, de novembre 2017 à avril 2018L'atelier propose une formation complète : élaboration d'un visuel, insolation d'un ou plusieurs écrans, impression et dégravage. Un accompagnement personnalisé vous permettra d'expérimenter l'impression sur des matériaux aussi divers que le cuir, le bois, le tissu ou le papier.

ROCALIADu 5 au 7 décembre 2018, les Compagnons tailleurs de pierre du Devoir seront présents au salon Rocalia, installé à Eurexpo, dans la banlieue lyonnaise.

À travers ses animations et ses expositions thématiques, Rocalia, en tant que rendez-vous incontournable des professionnels de la pierre, réunira les principaux acteurs nationaux et internationaux du marché, alors que l’économie de la filière pierre reprend des couleurs cette année. Celle-ci peut s’appuyer sur un tissu important d’entreprises spécialisées (extraction, transformation, mise en œuvre), soit environ 6 000 entreprises essentiellement de moins de 20 salariés, réparties sur toute la France, employant environ 8 000 personnes.

Conscient de l’ampleur et de l’impact de la manifestation, l’Institut supérieur de recherche et de formation aux métiers de la pierre, à l’initiative de cette participation à Rocalia, est aussi son coordinateur et son animateur.

Sur les stands, l’association sera présente (au stand G6B24, pavillon des partenaires, et sur le stand Emploi-formation animé conjointement par les Compagnons du Devoir, l’UNICEM et l’Éducation nationale), dans le but de promouvoir l’excellence des formations initiales et continues aux métiers de la pierre qu’elle propose.

Effectivement, à partir du CAP il est possible d’obtenir des diplômes jusqu’au BTMS de niveau III, voire jusqu’au niveau II en suivant le cours d'enseignement supérieur en architecture et restauration en Italie, que proposent les Compagnons du Devoir en partenariat avec l’Université de Bari. Même si l’enseignement aux techniques traditionnelles et manuelles reste très important, la formation répond aujourd’hui aussi aux besoins des entreprises, notamment dans la maîtrise des nouvelles technologies comme la conception et la fabrication assistées par ordinateur, en particulier pour l’utilisation de plus en plus répandue de machines à commandes numériques et de robots.

Rocalia étant le salon leader de la filière de la pierre, les Compagnons du Devoir pourront l’utiliser comme vitrine de leur créativité, échanger avec ses professionnels et prescripteurs, français et européens, pour connaître leurs attentes afin d’être force de proposition, tisser des liens avec de nouveaux partenaires et promouvoir le matériau et les savoir-faire, grâce à une filière solidaire impliquant la majorité des organisations professionnelles (CTMNC, GMH, SNROC, CAPEB).

Il est nécessaire de montrer que la pierre, par ses qualités techniques et esthétiques, est un matériau offrant mille possibilités d’avenir. L’usage des nouvelles technologies permet d’envisager autant des formes nouvelles que des procédés innovants. Afin de mettre en lumière la qualité des formations de l’association, une pièce exceptionnelle sera présentée au public sur le stand : il s’agit d’un banc démontable par le moyen d’aimants, mariant des pieds en grès de Molières et un plateau en chêne réalisé au sein du centre de formation de Rodez par Yann Le Bihan, Compagnon tailleur de pierre, en collaboration avec le designer Fabien Petiot. La conception de ce projet nommé « SIT & STRIP », impliquant un façonnage numérique, aura nécessité des compétences en design et en stéréotomie.

Comme chacun sait, la pierre est un matériau naturel dont l’utilisation implique une faible empreinte carbone. À l’heure du développement durable, il est donc indispensable de le faire connaître et reconnaître par la maîtrise d’ouvrage, les architectes et le grand public comme un élément de la construction et de la décoration de demain.

Tarif : 350 € le trimestre.Renseignements et inscriptions au 06 67 39 19 74.

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S e former est devenu plus que jamais la condition nécessaire

pour s’adapter à l’entreprise dans un monde en pleine mutation. Ce change-ment culturel profond nous oblige à ajuster nos manières de penser la for-mation. Ce constat est propice au dé-veloppement d’outils digitaux.

En effet, à l’avenir, les métiers actuels vont se transformer profondément en in-tégrant le numérique et les questions en-vironnementales. De nouveaux métiers inconnus aujourd’hui vont apparaître. La formation aura un rôle prépondé-rant à jouer pour accompagner cette transformation digitale qui marquera notre époque.

POURQUOI INNOVER EN FORMATION ?Les apprenants ont changé : de nouvelles générations ayant une culture digitale très développée arrivent en formation professionnelle. Ces apprenants sont exigeants et impatients face au temps investi en formation : ils recherchent une efficacité immédiate. En effet, il suf-fit d’environ 15 secondes pour trouver une réponse sur internet. Certains tu-toriels en mathématiques sur YouTube ont été vus de 3 à 5 millions de fois ! Aujourd’hui, on veut apprendre vite. Les géants comme Google, Wikipédia et YouTube produisent et mettent à dis-position des internautes des contenus pédagogiques très riches dans tous les domaines, gratuits et accessibles en deux clics… Internet est donc porteur de so-lutions pédagogiques nouvelles.

ET SI ON ESSAYAIT D’APPRENDRE AUTREMENT ?La loi 2014, portant sur la formation professionnelle, est très favorable au dé-veloppement de modes de pédagogie in-novants, alors pourquoi nous en priver ? Laissons apprendre les élèves d’une ma-nière individualisée en fonction de leur niveau et surtout à leur rythme grâce à la différenciation pédagogique, facili-tée par les dispositifs numériques. En effet, le numérique est une formidable opportunité pour renforcer l’efficacité des pratiques pédagogiques, diversifier les apprentissages, réduire les inégalités scolaires, repousser les frontières de la connaissance. Sans oublier l’importance

du facteur humain qui reste essentiel dans l’animation de ces dispositifs et pour soutenir l’engagement des appre-nants lors de leurs apprentissages. Le numérique n’est pas une solution mi-racle pour réformer l’éducation. Toute-fois, il devient l’un des principaux piliers sur lesquels on peut fonder « l’école de demain ». En effet, les nouvelles modali-tés de formation suscitent des pratiques très intéressantes, mais aucune n’est par-faite. C’est la complémentarité de toutes ces modalités qui rendra une formation riche et efficace. Il ne s’agit pas d’en-chaîner les activités les unes après les autres, mais de les combiner ensemble pour constituer un dispositif complet

Le numérique au service DE LA TRANSMISSION DES SAVOIRS

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avec des ressources variées, un accom-pagnement et le support dont l’appre-nant sera le centre.

Nous devons donc proposer des ac-tions de formation de qualité, créatives et surtout innovantes ! Le présentiel n’est pas écarté, mais doit être repensé. L’apprenant doit vivre une « expérience utilisateur », grâce à des parcours pé-dagogiques riches, des ressources péda-gogiques motivantes, voire ludiques. Le parcours d’apprentissage devient une vraie expérience d’apprentissage. L’im-portant n’est plus l’accumulation des savoirs mais la compréhension de ces informations. Nous devons être en ca-pacité de rendre les élèves acteurs de leur apprentissage. Il faut réfléchir à une nou-velle expérience d’apprentissage, moins passive, plus interactive, sinon les ap-prenants décrochent.

L’arrivée du digital en formation n’est pas juste une question d’outils ! Ces der-niers doivent être au service des objec-tifs pédagogiques et non l’inverse. Ainsi, l’innovation pédagogique enrichit et transforme les modèles et les pratiques existantes pour améliorer véritablement et durablement les résultats d’appren-tissage obtenus. Nous vivons une ère passionnante pour la formation car les potentialités sont énormes…

Plusieurs nouvelles modalités d’appren-tissage se démarquent ; chacune de ces solutions ayant sa singularité et son propre potentiel. J’en décrirai rapide-ment quelques-unes.

La réalité virtuelle ou augmentée pro-pose une expérience d’apprentissage en immersion, il s’agit de « vivre la forma-tion ». En nous ouvrant les mondes de si-mulations réalistes, personnalisées, elle permet de s’entraîner en toute sécurité à toutes les situations. Les apports de certaines de ces innovations sont indé-niables. La formation par simulation a fait ses preuves dans les secteurs de la défense, l’aéronautique et la santé. La réalité augmentée transforme et enrichit notre réel pour le rendre pédagogique et interactif.

Le mobile learning permet à l’apprenant de se former au quotidien sur son télé-phone mobile. Il présente également un intérêt pédagogique très puissant en per-mettant l’apprentissage en cycle court dans une perspective ludique.

La vidéo et la photo à 360 ° vont bien-tôt entrer en scène dans les modules de formation. Elles ouvrent la voie à des vidéos immersives où le spectateur au centre de la scène devient son propre réalisateur.

Il n’y a aucune raison que la robotisation progressive des métiers n’impacte pas également le domaine de la formation. Les robots et « bots » seront prochaine-ment nos compagnons de jeu dans nos formations et évaluations.

Les modes d’apprentissage numériques les plus connus sont les MOOC et les SPOC.

Le MOOC (Massive Open Online Course), formation en ligne gratuite, ouverte à tous, collaborative et dotée d’une structure temporelle, s’inscrit dans un vrai parcours pédagogique. Par définition, les MOOC ne sont pas compatibles avec les projets de forma-tion professionnelle nécessitant un suivi des participants, un accompagnement par le formateur et une personnalisation des contenus.

Le SPOC (Small Private Online Course) est une adaptation du MOOC pour les entreprises. On reprend dans le SPOC ce qui marche bien dans le MOOC, c’est-à-dire la dimension « en ligne » et l’échange collaboratif entre les appre-nants. Ainsi, on met à disposition des apprenants une structure fermée et li-mitée à seulement quelques participants pour favoriser les échanges entre pairs, puis un accompagnement par un for-mateur tout au long de la formation : les ingrédients indispensables pour faire monter les participants en compétence. Tout compte fait, le SPOC ressemble beaucoup au présentiel. C’est une vé-ritable action de formation profession-nelle, payante, pouvant être financée

par les OPCA. Ce dernier nous a servi comme support pour le développement de la première formation en ligne pour les Compagnons maréchaux-ferrants du Devoir.

AU-DELÀ DE LA TECHNOLOGIE, COMMENT CONCILIER PLAISIR ET APPRENTISSAGE ?On entend tous les jours que nous de-vons « apprendre tout au long de notre vie » afin que nous conservions un haut niveau d’employabilité. Si un jour toutes les technologies citées ci-dessus font le quotidien de nos environnements de for-mation, nous pourrons sûrement conci-lier le plaisir et l’apprentissage.

Il faut créer une attractivité suffisante pour ces nouvelles formations. Com-ment capter l’attention des apprenants et les former efficacement, consolider la mémorisation et faciliter sa transposi-tion dans leur quotidien ? J’ai sélectionné deux pistes pertinentes et intéressantes pour répondre à cette problématique. Il s’agit d’intégrer dans le parcours d’ap-prentissage la « gamification » (qui vient du mot anglais : Game, jeu) et les technologies multimédias incluant toutes sortes d’animations et de vidéos.

LA GAMIFICATIONPourquoi le jeu dans le processus d’ap-prentissage (pas forcément dans le nu-mérique) est-il efficace ? Le jeu engage l’émotion de l’apprenant en l’immer-geant dans des situations prenantes et en stimulant son désir de trouver des solutions pour réussir. Les mécanismes du jeu favorisent le travail d’équipe et la compétition incitant naturellement les apprenants à échanger entre eux, ce qui renforce l’apprentissage.

Le numérique au service DE LA TRANSMISSION DES SAVOIRS

La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information.

Albert einstein

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Les activités ludiques engagent plusieurs facultés cognitives chez l’apprenant, favorisant la rétention d’information. Pour finir, l’environnement ludique fournit le cadre dans lequel l’appre-nant peut explorer, découvrir, pratiquer, échouer, réussir à sa guise et progresser. En réalisant des activités à son rythme, il accroît sa maîtrise. Comme un joueur de tennis qui vient de gagner un match, l’apprenant en réussissant à atteindre son objectif sera récompensé par une décharge chimique dans son cerveau qui lui permettra de ressentir du plaisir et de renforcer la mémorisation de ses savoirs.

Le serious game (« jeu sérieux ») de mise en situation n’est qu’une méthode parmi d’autres. Il vient compléter l’apprentis-sage pratique sur le terrain. Les concep-teurs pédagogiques l’utilisent surtout lorsque l’apprentissage vise à trans-mettre des savoir-faire et des compor-tements professionnels. L’apprenant est immergé dans un univers visuel animé interactif au plus proche de son envi-ronnement professionnel. Confronté à une succession de situations avec au-tant de défis à relever, il doit prendre de bonnes décisions, savoir appliquer les procédures, tout en adoptant les com-portements appropriés. Certes, ces ré-sultats peuvent être obtenus dans des conditions traditionnelles, mais l’avan-tage du numérique serait de réaliser un scénario pédagogique difficilement ré-alisable dans les techniques tradition-nelles. Ainsi, la puissance des serious games permet de faire varier à volonté les expériences d’apprentissage, mais aussi de développer une « intelligence situationnelle », à savoir ses capacités à gérer toutes sortes de situations.

DIFFUSER DES CONTENUS DYNAMIQUESL’un des intérêts des technologies mul-timédias est de permettre une diffu-sion d’informations dynamiques qui ne pourraient pas être présentées sur support papier ou qui impliqueraient l’utilisation d’objets réels. Les anima-tions ou encore les vidéos apparaissent donc tout à fait adaptées pour diffu-ser la dynamique d’un contenu. En ef-fet, des séquences d’images décrivant un mouvement peuvent traduire le ca-ractère évolutif et dynamique d’un phé-nomène ou d’une procédure. C’est une vraie avancée en matière de pédagogie

que nous avons utilisée dans la réalisa-tion de notre formation en ligne pour bien comprendre les principes de la biomécanique du cheval.

La créativité et l’innovation prennent ainsi une part prépondérante dans la formation chez les Compagnons du De-voir. L’association se lance dans l’ex-périmentation des opportunités offertes par les technologies actuelles car, par ce biais, elle souhaite monter « son niveau d’exigence pour une jeunesse mieux ar-mée à affronter les mutations à venir ».

L’EXPLORATION DE LA PÉDAGOGIE NUMÉRIQUE AU SERVICE DES MÉTIERS Se lancer dans une expérimentation de la pédagogie numérique au Collège des métiers était une véritable aventure pour nous. Tout au début, Patrick Dof-femont, responsable de l’Institut de la maréchalerie, souhaitait simplement ré-aliser quelques tutoriels vidéo permet-tant de transmettre les savoirs sur la locomotion du cheval. Il m’a expliqué que nous avions une dette envers la plus noble conquête de l’homme, celle d’être plus compétents pour intervenir dura-blement sur sa locomotion. Il ajoutait que, pour ce faire, nous devions com-prendre et maîtriser la biomécanique de son appareil locomoteur.

Après de nombreux échanges, nous sommes allés ensemble à Équi-junior locomotion1 qui m’a donné une vision claire de ce que nous allions pouvoir faire ensemble. J’ai tout de suite com-pris la richesse et le potentiel de son projet. Je lui ai proposé de construire un véritable parcours de formation en ligne dispensé sur Aquis@v.

Nous avons eu la chance de recevoir l’avis favorable de notre direction. Les moyens nous ont été donnés pour réali-ser ce projet et celui-ci s’est transformé d’une simple formation e-learning à un véritable SPOC ludique pour tous les métiers de la locomotion : vétérinaires, maréchaux, ostéopathes, physiothéra-peutes et cavaliers, qui agissent en inte-raction sur cette biomécanique.

Aujourd’hui, nous arrivons à la fin de la production de notre SPOC, Anatomie et biomécanique de la main du cheval, et nous avons commencé à communiquer auprès des intéressés : fin septembre, nous l’avons présenté au plus grand sa-lon d’Europe pour les maréchaux-fer-rants. Nous avons noté l’étonnement et l’admiration des participants. De nom-breuses écoles vétérinaires et d’ostéopa-thie sont intéressées et souhaiteraient intégrer notre SPOC dans leurs cursus dès la sortie du produit.

Notre formation donc est attendue et la bonne nouvelle est que le métier de maréchal-ferrant souhaite construire un parcours de formation complet sur l’anatomie et la biomécanique des membres du cheval et de son dos, en vue d’une certification de niveau IV, attes-tée par les Compagnons du Devoir. Ce SPOC en constituera la première brique.Si ce sujet vous passionne et si vous souhaitez utiliser les grands principes biomécaniques des membres du cheval dans votre analyse de la locomotion, venez découvrir notre premier SPOC, bientôt disponible sur la plateforme d’apprentissage Aquis@v. Les conte-nus de notre formation sont entière-ment ludiques et en partie modélisés en 3D. Grâce à une pédagogie diver-tissante et innovante, vous ferez évo-luer vos connaissances et compétences en optimisant les résultats de vos inter-ventions sur le cheval.

Prêt à relever ce défi ?

Ewa Robert Pilote du Projet, Chargée d’exPérimentation de la Pédagogie numérique Collège des métiers

1 - Équi-junior locomotion est un événement d’une journée, dédié aux jeunes, à leurs formateurs et au cheval.

Pour aller plus loin :

Construire le modèle éducatif du 21e siècle, François-Xavier Hussherr et Cécile Hussherr, FYP Éditions.

Apprendre avec le numérique : Mythes et réalités, Franck Amadieu et André Tricot, Éditions Retz.

Si vous êtes intéressés par cette formation, contactez-nous :[email protected]

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D ans tous les métiers du vivant, la maîtrise de l’art demande de

longues années d’expérience et la ma-réchalerie ne déroge pas à la règle. Notre métier a beaucoup évolué ces dernières décennies. D’autant plus que nous avons pris aujourd’hui conscience que des pieds dépend tout l’équilibre du cheval, pour la simple et bonne raison qu’il est posé dessus et que la moindre gêne oc-casionnée oblige le corps à compenser. Cela provoque à terme nombre de pa-thologies, pouvant affecter non seule-ment les pieds, mais aussi tout le corps, et particulièrement le dos.

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il y avait dans un pied de cheval ? On y trouve trois os, treize ligaments, deux tendons, cinq chorions (organes qui pro-duisent la corne), un système d’amor-tissement constitué d’un coussinet et de deux plaques de cartilage, le système vasculaire le plus complexe du corps, le système nerveux responsable de la proprioception et de la nociception, le tout protégé par une enveloppe de corne épaisse de 10 à 15 millimètres… autre-ment dit, trois fois rien ! Le fonctionne-ment de toute cette anatomie s’appelle la « biomécanique ».

Comme celui de l’homme, le corps du cheval est soutenu par une charpente osseuse, elle-même maintenue par des ligaments, le tout s’animant sous les contractions musculaires relayées par les tendons. Comme le podologue chez l’humain, le maréchal doit connaître et comprendre toute la biomécanique de la locomotion, car il intervient directement dessus. De son travail dépend l’équilibre entier du cheval. En travaillant sur le pied et en le ferrant ou pas, nous réglons les leviers et équilibrons les pressions et tensions qui vont s’exercer sur l’en-semble des structures anatomiques du

corps. Mais nous pouvons autant régler que dérégler, selon nos connaissances. Afin de faciliter une acquisition rapide de ces connaissances, le numérique per-met de recourir à des images et à des animations là où les mots peuvent faire défaut. Car appréhender la bioméca-nique à partir de planches anatomiques, comme traditionnellement enseignée, demande un véritable effort d’imagi-nation. Visualiser en trois dimensions et en mouvement le fonctionnement d’une articulation à partir d’une image est ardu et la prouesse est de taille, car il n’y pas qu’une seule articulation dans la main1 du cheval, mais bien trois qui fonctionnent en synergie.

Un SPOC (Small Private Online Course ou « cours en ligne ») va permettre à l’ap-prenant de découvrir chaque détail ana-tomique et de comprendre l’ensemble de la biomécanique de la main et de la boîte

cornée, ainsi que les règles de base pour garder cette biomécanique équilibrée. Le numérique nous permettant d’appro-fondir et d’accélérer l’apprentissage des compétences, nous faisons le pari que ce SPOC contribuera à faire évoluer le métier en permettant de proposer un tronc commun de connaissances à tous les métiers de la locomotion : physio-thérapeutes, ostéopathes, cavaliers, et, évidemment, maréchaux-ferrants.

Pourquoi former via un SPOC, me di-rez-vous ? Est-ce suffisant ? Avec un SPOC, l’apprenant n’est pas livré à lui-même, mais suivi par un formateur. Il peut échanger via un forum avec les autres participants, le nombre d’inscrits étant limité. Ce SPOC prend la forme d’un se-rious game. Autrement dit, l’apprenant va rentrer dans une intrigue qui lui ser-vira de fil conducteur tout au long de sa formation. Plongé en 2080, époque

Comprendre LA BIOMÉCANIQUE ÉQUINE

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tutelle d’un ancien. Les stages en pré-sentiel que nous proposons en complé-ment du SPOC sont ouverts à tous les métiers de la locomotion.

Notre métier va vivre une mutation dans les 10 prochaines années : nous avan-çons de plus en plus sûrement vers la prise en charge de l’appareil locomoteur par les pieds. Cela va obliger le monde de la maréchalerie à faire un bond en avant sur les connaissances et les com-pétences à acquérir. Mais comme je le disais au début, l’apprentissage est long et ces nouvelles exigences obligeront les maréchaux à s’inscrire dans un parcours de formation supérieure à suivre au fil de leur carrière.

Nous avons une certaine avance sur le sujet et sommes même reconnus au-jourd’hui pour cela. Lors d’Équi-junior locomotion, rencontre qui rassemble les maréchaux et les vétérinaires, l’équipe des Compagnons du Devoir a été la seule à présenter un cas clinique de prise en charge d’une dorsalgie par le ferrage. Nous avons obtenu un très bon résul-tat sur une jument, qui est repartie en course grâce à la maréchalerie et au tra-vail d’équipe intermétier.

Les compétences existent et nous allons les chercher chez les vétérinaires, les os-téopathes et les physiothérapeutes. C’est pourquoi nous initions et développons sérieusement dans nos actions le tra-vail en intermétier avec les différentes professions de la locomotion du cheval précédemment citées. C’est l’avenir et particulièrement le nôtre. La formation en ligne va également dans ce sens. Ou-verte à tous, elle propose une base com-mune sur la biomécanique de la main. Nous sommes fiers de la qualité de

cette formation, tirée de l’expérience des Compagnons et des centaines de pieds disséqués et mis en mouvement (sous une presse) depuis 18 ans. Toute la formation est structurée autour de films de membres disséqués, encore une fois pour mettre en images quand les mots et les justifications viennent à manquer. Chaque métier, avec sa logique propre, est attentif à des choses différentes : l’in-termétier amène à une analyse globale de la locomotion, chacun agrandit son angle de perception et devient ainsi plus performant. Voilà, entre autres, quel est notre but avec ce SPOC (nous avons en-core quelques idées, dont une que vous découvrirez prochainement). Donnons la possibilité aux jeunes maréchaux, mais aussi aux vétérinaires, aux ostéo-pathes et à tous les autres, de faire mieux que notre génération, tant dans la qua-lité de leur travail que dans leur collabo-ration et leurs performances. Ceci pour enfin rendre la pareille à la plus noble conquête de l’homme, qui nous a permis d’être où nous en sommes aujourd’hui et que l’on exploite encore, souvent au dé-triment de sa santé par nos exigences et nos incompétences. Nous lui devons !

Patrick DoffemontPicard Cœur SincèreComPagnon maréChal-ferrant du devoir

1 - La main du cheval est la partie du membre qui s’étend du genou au pied.

future où le cheval n’est plus, l’appre-nant et toute son équipe de scientifiques ont pour mission de recréer l’animal, en commençant par la main.

En abordant un sujet aussi assommant que l’anatomie par le jeu, l’apprenant sera plus motivé. Ce jeu est dit « sé-rieux » sans doute pour nous rassu-rer nous, adultes, qui ne jouons plus. Mais quel mal y a-t-il à apprendre en s’amusant ? Nous misons sur l’aspect lu-dique de l’apprentissage, parce que lors d’une journée de maréchalerie, qui dure entre 9 et 12 h, nous portons et parfois supportons des chevaux. Un cheval est vivant, ce n’est pas un bout de bois. Il peut avoir peur, mal, être mal luné ou encore n’avoir jamais été ferré.

Depuis des millénaires le cheval est une proie et l’homme son prédateur ; malgré ses 450 kg de muscles, il est terrorisé à l’idée que vous lui preniez un pied. Et pourtant nous allons le faire et même y « mettre le feu », avant de lui clouer un bout de fer dessus. Dit ainsi, on s’in-quiète pour le cheval. Et pourtant c’est bien le maréchal qui part au front. Il usera d’énormément de tact et de pa-tience pour que tout se passe au mieux, car si l’animal en garde un mauvais sou-venir, cela compliquera assurément les prochains ferrages. La maréchalerie est un métier dur. Et l’apprentissage de ce qui est le plus compliqué est dur égale-ment, je veux parler de l’anatomie et de la biomécanique. Le but de ce SPOC est de faciliter l’apprentissage d’un domaine ennuyeux, mais des plus importants.

Bien sûr, du présentiel sera proposé avec cette formation. L’informatique ne rem-place toujours pas le besoin de toucher, de voir en direct, de se tromper sous la

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C ette expression d’Ambrose Bierce, écrivain et journaliste

américain, a pris tout son sens lors de ce colloque des métiers du goût le 4 oc-tobre 2017 à la Maison de la chimie. L’ensemble de la filière, artisans, meu-niers, industriels, scientifiques, ainsi que de nombreux jeunes étaient présents. Il est impossible de restituer en quelques lignes l’ensemble de ce qui s’est dit lors de cette rencontre et d’autres écrits pa-raîtront dans ce sens. Ma synthèse de cette journée s’articulera donc autour des cinq principaux thèmes qui sont res-sortis lors des nombreux échanges.

LE SENSLes métiers du goût font appel aux cinq sens. Rares sont les autres métiers pou-vant s’en prévaloir. Le terme de sens a été employé à de nombreuses reprises : la jeunesse de demain, génération Z, sera en quête de sens. Que ce soit dans les aliments qu’elle consomme, dans les actions qu’elle entreprend ou dans les métiers qu’elle exerce, chacun de ses

actes devra avoir un sens. En termes de formation, cela signifie que nous de-vons construire un modèle répondant à ce désir. Une lisibilité dans les par-cours, une flexibilité pour que chacun s’approprie sa formation et une trans-parence dans l’ensemble de nos actes : tous les choix que nous prendrons pour les jeunes, nous devrons être en mesure de les leur expliquer et de leur en faire saisir le sens.

LE PARTAGEEst-il valeur plus chère aux Compa-gnons que le partage ? Pourtant, la notion de partage telle que nous l’en-tendons est en mutation. Plusieurs de nos intervenants ont parlé de partage « individuel » : en d’autre termes, nous avons toujours besoin de partager, peut-être même plus, mais sous différentes formes, aussi bien physiques que vir-tuelles. En termes de réflexion, cela veut dire que nous devons intégrer cette no-tion de partage numérique au même titre que les autres formes de partage que

L'alchimieD'UNE RÉUSSITE

Jeunesse. L’âge du possible

Le 4 octobre dernier à Paris, s’est déroulé le colloque des métiers du goût destiné aux professionnels des secteurs de la boulangerie et de la pâtisserie. Ses objectifs étaient ambitieux, tant dans la nature de la réflexion proposée que dans l’ampleur que l’association avait souhaité donner à l’événement. La manifestation a été couronnée de succès, les participants étant venus nombreux assister aux échanges fructueux d’intervenants de haut vol. Retour sur une réussite.

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nous connaissons : rassemblements, vie en communauté, sorties. À titre person-nel, je pense que c’est là un excellent moyen de fédérer l’ensemble de la com-munauté compagnonnique.

LA FUSION ENTRE LE MATÉRIEL ET L’IMMATÉRIELEmployer le terme de monde réel en op-position à l’univers d’internet sous-en-tend que ce dernier est irréel. C’est la raison pour laquelle je préfère employer les termes de mondes matériel et numé-rique. Les ponts entre ces deux mondes sont de plus en plus nombreux et nos mé-tiers doivent s’en enrichir. Nous avons parlé lors de ce colloque de l’émergence des start-up dans le monde de la gas-tronomie. Bien que le numérique nous prive de deux sens importants dans nos métiers - le goût et l’odorat -, l’utilisa-tion des technologies numériques reste un atout majeur dans l’évolution de nos métiers, qu’il s’agisse de communica-

tion, de gestion des denrées, de facili-tation du commerce et autres…

L’IDENTITÉLe besoin de se construire et de forger sa propre identité fait également partie des tournants de notre société : nous passons de l’ère du travail à la chaîne à celle du micro-entrepreneur. Des salles de cours de 30 élèves, nous devrons pas-ser à une formation plus individualisée, en phase avec le projet de chaque jeune. Même si nous tenons ce discours depuis déjà plusieurs années et le mettons en application chez les Compagnons, nous devons intégrer le fait que ce ne sera plus une revendication chez quelques jeunes, mais bien une exigence et un besoin pour chacun d’entre eux.

LE TEMPSLa notion de temps a également été évo-quée à de nombreuses reprises : nous vi-vons dans l’époque du « temps pour rien ».

TémoignageJean-François Astier, consultant dans le secteur de la boulangerie-pâtisserieLe colloque des métiers du goût 2017, une ambition des Compagnons du Devoir qui puise sa source dans leurs valeurs de plus en plus partagées. Une journée riche d'intervenants et d'échanges, où tout un chacun a pu trouver des éléments de réponse ou entendre les questionnements nécessaires afin de faire de cette journée le point de départ d'un engagement opérationnel pour accompagner la mutation de nos métiers. J'ai grandement apprécié la participation des acteurs « opératifs » de nos différentes filières, gage de leur intérêt pour construire et nourrir, ensemble, les actions futures. Si les métiers du tertiaire nous sont aujourd'hui encore inconnus, dans vingt ans les nôtres puiseront leurs évolutions dans la mémoire des gestes et savoir-faire, et ceci en s'appropriant les nouvelles technologies, qu'il s'agisse du web ou des matériels par exemple. Une des conditions de succès de cette adaptation passe, à mon sens, par la capacité des différents acteurs à se rencontrer, à partager et à se fédérer autour d'enjeux communs de nos filières, politiques compris. Merci de cet élan apporté à travers cette journée du 4 octobre 2017 !

Pas de temps ou pas assez, trop de solli-citations, de choses à faire, de courriels à traiter... Plus personne n’a de temps supplémentaire à accorder en raison des nombreuses obligations qu’il a déjà. Cha-cun a l’impression d’être au bord de l’im-plosion : le temps libre est un luxe trop rare que l’on regrette d’avoir perdu mais que l’on ne sait plus retrouver.

Et pourtant…Pourtant, chacun des intervenants s’est accordé à dire que pour un apprentis-sage réussi, pour trouver un « sens » à sa vie, se forger une identité… il est nécessaire de prendre son temps. Le temps de partager, le temps de maî-triser ces concepts du matériel et du virtuel, le temps d’apprendre. En solu-tionnant cette problématique, nous ar-riverons à une formation de meilleure qualité, à une mobilisation plus forte de la part de tous, à un retour engagé vers le bénévolat.

Ce colloque était donc le point de départ d’autres grands travaux que nous de-vons entreprendre dès maintenant pour nous préparer à l’avenir. Le groupe du Devenir des métiers doit à présent être renforcé, une stratégie claire doit être posée et un travail de longue haleine doit être accompli. C’est ce à quoi nous allons nous atteler pour les prochaines années, avec toujours autant de plaisir et d’engagement que nous avons tou-jours eu envers la jeunesse et les Com-pagnons.

Lucas BeyriesBordelais la Discipline ComPagnon Pâtissier du devoir

Que ce soit dans les aliments que la génération Zconsomme, dans les actionsqu’elle entreprend ou dans les métiers qu’elle exerce, chacun de ses actes devra avoir un sens. En termes de formation, cela signifie que nous devons construire un modèle répondant à ce désir.© Tcaron-Divergence.

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Tout ce plaisir et cette réflexion partagés, vous y avez contribué !

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P our réussir l’organisation d’une manifestation d’envergure

nationale réunissant plus de 450 per-sonnes de tous les horizons de la pro-fession (chefs d’entreprise artisanale, industriels, meuniers, formateurs, jeunes en formation, académies, orga-nismes de formation, consultants, etc.), cela nécessite : une préparation en amont de plusieurs mois, un parrain et grand témoin - qui ont répondu présents dès le début du projet -, des intervenants de grande qualité - qui ont su capter l’attention du public toute une journée en apportant des réponses aux interro-gations soulevées par la thématique du colloque -, une organisation et une ani-mation dynamiques, et enfin un lieu d’exception : la Maison de la chimie.

Mais surtout, la clé du succès de cet évé-nement est la confiance et le soutien de nos partenaires : les mécènes, sponsors de la filière, chefs d’entreprise, jeunes,

Compagnons et services de notre asso-ciation… Au nom des Compagnons du Devoir, je tenais à vous remercier pour votre présence et votre engagement au-tour de ce sujet central : la jeunesse d’au-jourd’hui, les professionnels de demain. Tout ce plaisir et cette réflexion parta-gés, vous y avez contribué !

Ce colloque n’est pas un aboutissement, mais bien le début d’un travail commun sur la réforme des formations. Les for-mations à l’avenir doivent être davan-tage en adéquation avec la réalité des entreprises pour permettre d’assurer l’emploi à la jeunesse de demain. Un grand merci à tous ; en espérant vous retrouver à nos côtés dans cette aven-ture !

Eugène AbrahamNormand la DisciplineresPonsable de l’institut des métiers du goût

Témoignage

Lionel Uroz, Languedoc la Sagesse, compagnon pâtIssIeR du devoIR et foRmateuR

À mes yeux, le colloque s’est révélé un concentré de visions différentes, donc forcément enrichissantes. Les participants étaient des pointures dans leur domaine et, de ce fait, concrets dans leur propos. Il était assez facile de se projeter dans leur analyse. L'animation, un peu trop statique par moment à mon goût, a tout de même bénéficié du dynamisme des « acteurs animateurs » qui lui ont insufflé du rythme. Les interventions qui m’ont le plus interpellé avaient toutes trait à l’évolution de la société : l'histoire, les générations X, Y, Z, les différents types de consommateurs, etc.

Le colloque a changé totalement ma perception du futur de nos métiers et de notre secteur et j’aurais aimé en savoir encore plus sur l’activité des pâtissiers de demain, bien qu'on en devine déjà les contours entre la révolution informatique, les aliments santé/plaisir, l'éthique alimentaire…

Je pense qu'après les compétences de base du métier, il faudra aborder dans nos formations la notion du plaisir qu'il procure aux gens : les enjeux portent d’après moi sur la façon d’ouvrir son laboratoire à ses clients, d’apprendre à présenter, à vendre ses produits, d’être à l'écoute des tendances bio et éthiques, des circuits courts, sur la manière de s'adapter aux attentes particulières (allergie, religion, régime...) et sur la manière de créer un moment unique pour chaque client... Demeure également la question : « Comment se former à la pâtisserie de demain ? » Je suis bien conscient de l'ampleur de la tâche et ce sera probablement le sujet tout trouvé du prochain rendez-vous de filière... Je suis en même temps impressionné de constater la place de la pâtisserie dans la société d'aujourd'hui, car cela aurait pu être un simple phénomène de mode, mais non... Il était une époque où l’on partageait un bon moment en famille autour d'un gâteau ; aujourd'hui - chose incroyable -, celui-ci est le sujet du partage, la raison de la rencontre ! Les apprentis que j’ai accompagnés au colloque m’ont fait globalement un très bon retour de leur venue lors du débriefing en cours le lendemain, même si certains ont parfois trouvé quelques interventions un peu longues !

Le départd'un travail commun

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P our beaucoup, le socle du passé chez les Compagnons, c’est le Tour de

France ! Oui, mais que signifie ce parcours ? La formation démarre par une certification professionnelle (CAP, BP, BTM) dont l’ob-jectif est de valider des capacités à pouvoir s’adapter dans des contextes de production courants dans un secteur de production de type artisanal.

Le Compagnon par le Tour de France multi-plie les expériences, va monter en compétence dans sa capacité à maîtriser des fabrications, une gestion de production dans différents contextes. Il s’enrichit d’apports de connais-sances pratiques technologiques dans la réa-lisation de recettes variées. Il est capable de prendre du recul sur certaines approches, de s’adapter et de conseiller. Des compétences validées et reconnues, à la fois par le sec-teur professionnel qui l’emploie mais aussi au sein du mouvement des Compagnons, no-tamment par le travail de Réception.

Il monte en expertise dans l’exercice du mé-tier qui se pratique majoritairement dans l’ar-tisanat. La maîtrise du métier passe aussi par l’apprentissage de la transmission. In-hérente à la démarche même des Compa-gnons, elle s’enrichit de capacités à s’adapter, encadrer, enseigner, diriger et définir un ca-hier des charges.

Les capacités du Compagnon sont recher-chées, dans les domaines où les pratiques liées au métier sont différentes comme l’optimisa-tion de la qualité des matières premières, des matériels, dans des entreprises automatisées, des exploitations agricoles de transforma-tion, des lieux de commercialisation divers, en France et à l’étranger. Le cœur du métier dépasse le contexte de l’artisanat français ; il n’est plus possible de multiplier les expé-riences pour atteindre ce niveau de maîtrise, il faut comprendre rapidement cette diver-sité de pratiques, de recettes, d’attentes des consommateurs : les outils issus de la forma-tion classique ne suffisent plus.

Si les bases de connaissance économique, de gestion ou de réglementation sont des socles indispensables mais non spécifiques du mé-tier, l’on s’aperçoit que le cœur du métier est

axé sur des capacités à maîtriser et à faire évoluer la fabrication d’une diversité de pro-duits et à être capable d’anticiper des attentes exprimées ou non des consommateurs : l’ap-proche sensorielle devient essentielle.

Dire que l’on a besoin de connaissances scientifiques n’est pas un gros mot, elles n’appartiennent pas à une élite. Les scienti-fiques se concentrent sur la compréhension des phénomènes et pour cela utilisent des méthodes et un langage spécifique souvent incompréhensible. La vulgarisation de ces connaissances nous permettra de mieux ap-préhender non seulement les matières pre-mières et leur diversité, mais également les activités des microorganismes et des enzymes dans les fermentations et les maturations des produits, et enfin les mécanismes de la per-ception sensorielle.

Cette compréhension est nécessaire pour évi-ter des erreurs dans l’interprétation de phé-nomènes, de véhiculer des idées fausses mais aussi pour concevoir des produits en connais-sance de cause. Si nous avons besoin de ce savoir, il n’y a pas de complexe à interroger les scientifiques, souvent très humbles par rapport à notre savoir-faire. La fascination qu’ils ressentent par rapport au sens du tra-vail amène même certains à se reconvertir dans nos métiers.

Se servir de la science sera indispensable ; si elle est un socle du savoir, la compétence re-lève du savoir-faire et du savoir-être. Craindre que des personnes, étrangères à notre forma-tion, viennent nous doubler ? Oui et non ! Dans le savoir-faire, il nous faut avancer dans la caractérisation des produits, la maîtrise de la caractérisation sensorielle (goût, arômes, texture, couleur et même sonore). Eh oui ! Distinguer un produit croustillant, craquant ou croquant c’est en amont définir des procé-dés différents. Dans le domaine de la panifica-tion, nous devons maîtriser les fermentations pour créer de la diversité comme le vigne-ron, le fromager, le brasseur. En pâtisserie, la connaissance des ingrédients permettant la réalisation d’une variété de structures est primordial ; essayer de les retrouver dans les produits naturels devient un plus.

La recherche des goûts et des arômes dans les produits issus directement de la produc-tion agricole ou de l’élevage devient une nécessité pour répondre au consommateur qui recherche la traçabilité dans les circuits courts et de proximité. Quand un consom-mateur s’exprime sur sa préférence d’un pain ou d’une boulangerie, c’est souvent de ma-nière hédonique par des mots comme « bon », « belle », « goûteux », « moelleux »… Il faut être capable de décrypter les perceptions du consommateur définissant la préférence qui va guider son choix. C’est à nous ensuite de faire le lien avec une technologie adaptée et un choix argumenté de matières premières, de matériels et de procédés. Si nous avons cette curiosité, cette envie et si nous déve-loppons cette culture, nous nous donnons les moyens d’avancer face à des personnes issues des domaines scientifiques, de la com-munication ou de la gestion.

Le cœur du métier progresse et s’enrichit de cette diversité technologique et de contextes dans l’exercice du métier. Mais la formation doit adapter ses méthodes à des personnes ayant choisi un parcours professionnel et non scientifique ; elle doit faire le lien entre le savoir et le savoir-faire. L’apprenant ne peut pas faire seul le travail d’intégration de connaissances dites « scientifiques », il doit être accompagné dans cette démarche, la comprendre et se l’approprier. Les sciences

Le socle du passé pour préparer demain

LES CAPACITÉS DU COMPAGNON SONT RECHERCHÉES, DANS

LES DOMAINES OÙ LES PRATIQUES LIÉES AU MÉTIER SONT DIFFÉRENTES COMME

L’OPTIMISATION DE LA QUALITÉ DES MATIÈRES PREMIÈRES, DES MATÉRIELS, DANS DES

ENTREPRISES AUTOMATISÉES, DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

DE TRANSFORMATION, DES LIEUX DE COMMERCIALISATION DIVERS,

EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

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Témoignage

Le colloque a reposé financièrement sur du mécénat et du sponsoring. La Fondation Garance, sous égide de la Fondation de France, a apporté un soutien de 10 000 euros, ce qui a permis d’office de faire bénéficier aux jeunes d’une entrée à tarif réduit (aux conférences et au déjeuner). Au-delà de cette enveloppe de mécénat, ce qui intéresse les Compagnons du Devoir c’est d’entreprendre ensemble, sur le long terme, une réflexion autour du devenir des métiers et du soutien aux jeunes. Nous débutons un partenariat constructif dont l’impact sera mesuré. Merci à la Fondation Garance de réfléchir avec nous pour l’avenir de la jeunesse.

sont au service du métier et non l’inverse, et les méthodes pédagogiques doivent se fixer cet objectif.

La formation doit permettre de passer aussi de la maîtrise d’une exécution, d’une réali-sation à une démarche de conception et de création qui permet d’améliorer (de « revi-siter » comme on dit de nos jours). Mais il faut aller plus loin maintenant en termes de raisonnement, si l’on veut arriver à répondre à une diversité d’attentes des consommateurs (goût, textures, fonctionnalités du produit, conservation, composition nutritionnelle…) et de cahiers des charges. En se fixant des ca-ractéristiques qualitatives finales, nous de-vons pouvoir aller rechercher les besoins en matières premières, les procédés qui permet-tront d’atteindre l’objectif. En amont, l’on devine bien que la connaissance de recettes ne suffit plus et qu’il faut acquérir des connais-sances spécifiques qui font le cœur du métier.

À titre d’exemple, dans le cadre d’un module de la formation DEUST, intitulé : « Conduite d’essais », nous nous fixons comme but, dans certains travaux pratiques, de créer un pro-duit qui aura un nom, des caractéristiques qualitatives attendues (goût, texture…), nous regardons quelles sont les contraintes régle-mentaires à prendre en compte (appellation, définitions, règles d’usage…), nous choisis-sons des matières premières à disposition, un procédé, puis nous réalisons et enregis-trons les résultats, ensuite l’analyse doit per-mettre de dire si les objectifs ont bien été

atteints. Nous devons appréhender ces dé-marches prédictives et de diagnostic et les expérimenter dans le cadre de la transmis-sion pour avancer dans la maîtrise du métier.

La transmission reste liée au métier, à l’ex-périence et au recours à l’expérimentation dans le métier, mais j’insiste beaucoup sur la nécessité de mettre en œuvre des démarches expérimentales. Elles sont importantes pour relativiser les effets et évaluer les écarts de ré-sultats (répétabilité). Il nous faut observer et donc utiliser des descripteurs sensoriels pour caractériser et évaluer, ce qui nous oblige à aller vers une mise en pratique de l’analyse sensorielle et à enrichir le vocabulaire pour communiquer. La démarche expérimentale doit nous aider à créer, structurer des re-cettes et s’assurer qu’elles pourront être re-produites (reproductibilité). La transmission, c’est aussi utiliser des moyens de communi-cation (oral, écrit, visuel, vidéo) et s’adapter à des nouvelles technologies ; mais attention, bien communiquer n’est pas forcément bien

transmettre ! La transmission doit rester chez les Compagnons l’appropriation de savoir, savoir-faire et savoir-être.

L’avenir, c’est le développement d’une auto-nomie dans la préparation et la réalisation de produits dont la qualité s’analyse de manière sensorielle. L’avenir, c’est une ouverture dans le raisonnement, dans la communication par l’argumentation, c’est concevoir à l’inverse d’une mise en œuvre de recettes… L’avenir, c’est la capacité à structurer la réflexion, à analyser des résultats pour mieux argumenter et communiquer. Préparer les Compagnons de demain, c’est prendre le temps de bien comprendre ce qu’est le cœur du métier et identifier la diversité des savoirs, savoir-faire et savoir-être pour s’adapter à l’évolution des contextes et des structures de fabrication dans nos domaines des métiers de bouche.

Philippe Rousselformateur et Consultant

Philippe Bollecker, son directeur général délégué, nous éclaire sur leur engagement aux côtés des Compagnons du Devoir.

Quel est l’objet de la Fondation Garance ? Rappelons tout d’abord que Garance est depuis maintenant trente ans la mutuelle dédiée du secteur de l’artisanat et du commerce de proximité. Du fait de cet ancrage historique, Garance a vocation non seulement à promouvoir cette économie de proximité, mais aussi à encourager et soutenir les projets portés par les associations, organismes, etc. qui contribuent eux aussi au développement de cette économie.

C’est pourquoi le conseil d’administration de notre mutuelle a souhaité créer fin 2014 une fondation dédiée, la Fondation Garance, placée sous l’égide de la Fondation de France, premier réseau de philanthropie de France.

Pourquoi soutient-elle les Compagnons du Devoir au travers de ce colloque ?Ceux-ci constituent un réseau majeur de formation, qui accorde une grand importance aux valeurs autour desquelles la Fondation Garance structure, elle aussi, son action : l’excellence, l’engagement, la responsabilité. C’est cette communauté de valeurs qui a conduit notre

fondation à s’engager concrètement aux côtés des Compagnons du Devoir, au travers de sa participation au colloque.

Qu'attend la Fondation Garance de sa participation à ce colloque ? En tant que fondation exclusivement dédiée à l’artisanat, la Fondation Garance souhaite enrichir sa connaissance des enjeux et des problématiques de la formation et de la transmission dans les métiers du goût ; au-delà de cet aspect, nous souhaitons que notre soutien à ce colloque marque la première étape d’un partenariat durable avec les Compagnons du Devoir.

RemerciementsUn grand merci à notre Grand témoin, Guy Krenzer, et à tous nos partenaires.• Sponsors : AG2R La Mondiale, AIPF, Festival des Pains, France Formation Export, Grands Moulins de

Paris, Lesaffre, Les Moulins Familiaux, Moulins Bourgeois, Moulins Soufflet, Nicot Meunerie, Sodexo ;

• Mécènes : CACIC, Eric Kayser, Fondation Garance, Hydroprocess, La Croquise, PaniCentre, Sorema ;

• Partenaires : Aemic, Association nationale de la Meunerie Française, CEBP, Céréales Vallée, Ekip, Lenôtre, My Radio Pétrin.

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Après plusieurs mois de préparation, l’Équipe de France des Métiers comprenant 38 jeunes professionnels positionne son pays dans le top 10 des meilleures nations pour la compétition WorldSkills. À l’occasion de la cérémonie de clôture à Abu Dhabi, 10 000 visiteurs internationaux ont pu être témoins de l’excellence de la jeunesse dans les métiers manuels, techniques et artisanaux. Avec 27 récompenses, soit 12 médailles (d’or, d’argent et de bronze) et 15 médailles d'excellence, l'équipe de France place son pays à la 7e position du classement international.

L’équipe de FranceRÉUSSIT SON PARI !

Toutes nos félicitations aux jeunes formés par les Compagnons du Devoir qui ont participé à la 44e WorldSkills Competition ! Ceux-ci ont fait preuve de persévérance et de talent. Ci-dessous, leurs résultats.

Un grand bravo également à Maxime Besnard, dit Bourguignon, Aspirant métallier, et à Anthony Charron, Nantais, Aspirant plombier, qui ont fièrement représenté l’association durant la compétition en donnant le meilleur d’eux-mêmes.

1 Médaille d’or Damien Besson, dit Nantais, Aspirant boulanger

2 Médaille de bronzeJoseph Courtin, stagiaire tailleur de pierre

3 Médaille d’excellenceRomain Michon, dit Vendéen, Aspirant maçon

4 Médaille d’argentMario Bel, Île-de-France, Aspirant charpentier

TémoignageDamien Besson, dit Nantais, Aspirant boulanger« Les entraînements ont débuté en février 2016, juste après les sélections régionales. Afin de préparer au mieux la compétition, j’ai dû me mettre en condition et faire des sacrifices. J’ai été rigoureux et je me suis investi de jour en jour. Cette expérience m’a permis de grandir et d’avoir la volonté d’aller au bout de mes rêves ! Grâce à cette compétition, j’ai pu évoluer professionnellement : la qualité et l’organisation de mon travail sont deux points que j’ai améliorés. Tout le long de l’aventure, j’ai appris de nouvelles techniques de travail. Je serais prêt à renouveler cette expérience sans hésiter. Dans les prochaines années, je compte participer à d’autres concours et, plus tard, je souhaite ouvrir ma boulangerie. »

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Ne manquez pas les prochaines compétitions en 2018 ! Les EuroSkills se tiendront à Budapest du 26 au 28 septembre 2018 et les sélections nationales des WorldSkills auront lieu à Caen du 29 novembre au 1er décembre 2018.

Les inscriptions pour la 45e édition des Olympiades des Métiers sont lancées depuis le 1er septembre 2017. 53 métiers de tous les secteurs de l'économie seront en compétition pour les sélections régionales. Chaque lauréat pourra concourir dans son métier et tenter de devenir le meilleur de France lors des finales nationales. Pour rappel : pour s'inscrire, il faut être né à partir du 1er janvier 1997. Pour consulter les dates d'ouverture des inscriptions aux sélections régionales, région par région : base.cofom.org/inscription/candidat

worldskills-france.org

5 médailles d’or • Boulangerie – Damien Besson (île de la Réunion). • Menuiserie – Anthony Chatelain (Grand Est). • Imprimerie – Jérémy Kootz (Centre-Val de Loire). • Coiffure – Mathieu Léger (Normandie). • Plâtrerie et construction sèche – Alexis Guimont (Centre-Val de Loire).

3 médailles d’argent• Art floral – Nolwenn Pittet (Île-de-France). • Charpente – Mario Bel (Bretagne). • Pâtisserie-confiserie – Louis Agnelet (Normandie).

4 médailles de bronze• Peinture et décoration – Justine Bossard (Pays de la Loire). • Bijouterie-joaillerie – Jeanne-Marie Givellet (Île-de-France). • Peinture automobile – Enzo Barragato (Occitanie). • Taille de pierre – Joseph Courtin (Normandie).

15 médailles d’excellence• Production industrielle – Aurélien Siat, Théo Marchandeau et Julien Heyer (Grand Est). • Fraisage – Lupin Doucet (Normandie). • Carrelage – Florian Servant (Centre-Val de Loire). • Tôlerie carrosserie – Kévin Mascle-Girard (Occitanie). • Maçonnerie – Romain Michon (Pays de la Loire). • Ébénisterie – Romain Kauffmann (Grand Est). • Soins esthétiques – Noémie Badey (Auvergne-Rhône-Alpes). • Mode et création – Tashin-Kérim Ibis (Grand Est). • Technologie automobile – Jimmy Rose (Occitanie). • Cuisine – Paul Marcon (Auvergne-Rhône-Alpes). • Service en salle – Nathan Colette (Provence-Alpes-Côte d’Azur). • Jardinier-paysagiste – Lucas Meyer et Cédric Clauss (Grand Est). • Administration des systèmes et des réseaux informatiques – Aurélien Bruno

(Hauts-de-France). • Arts graphiques et prépresse – Sandy Champion (Centre-Val de Loire). • Maintenance des matériels – Guillaume Leroux (Normandie).

Toutes nos félicitations aux lauréats de l'Équipe de France

Visuels : ©Wordskills.

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ActualitésDE L’ASSOCIATION

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Partenaires du Téléthon depuis 12 ans, les Compagnons du Devoir participeront comme chaque année à ce rendez-vous incontournable. De nombreuses actions seront menées les 8 et 9 décembre 2017 dans leurs maisons afin de collecter le plus possible pour la recherche sur les malades rares.

Grâce à la mobilisation nationale de l’association, environ 30 000 € ont été versés en 2016 à AFM-Téléthon (l’Association Française contre les Myopathies) afin de soutenir la recherche scientifique sur les maladies rares. Effectivement, les premiers médicaments voient le jour, plus que jamais des fonds sont nécessaires pour que ces avancées médicales se poursuivent. Pour ce faire, le Conseil du compagnonnage souhaite impliquer année après année les jeunes dans cette belle cause. Cet événement solidaire leur permet de développer leur sens du partage.

Cette année, l’objectif national est d’atteindre une collecte de 50 000 € grâce à la mobilisation de tous les membres de l’association ! De multiples activités seront proposées par les maisons : des soirées festives, des lotos et des tombolas notamment sont prévues. Des lots et des petits objets pour la vente seront fabriqués par les jeunes (porte-clés, objets décoratifs…). Ce sera l’occasion également pour le grand public de se régaler grâce à la vente de viennoiseries et de vin chaud. Les visiteurs auront par la même occasion la possibilité de découvrir les métiers auxquels forment les Compagnons du Devoir en assistant à des ateliers vivants qui intéresseront petits et grands.

Défis en pagailleL’AFM-Téléthon a placé sous le signe des défis et des records cette édition 2017 : nos jeunes encadrés par les chargés de mission « recrutement- placement » des métiers et les responsables des instituts de métier correspondants vont s’investir dans des défis métier, le but étant de relever les challenges les plus fous et de se dépasser au profit du Téléthon.

Les peintres vont créer dans chaque ville une frise la plus longue possible sur le thème de la manifestation. Les plâtriers prévoient de concevoir avec l’aide du grand public des tableaux décoratifs et des panneaux moulures. Les maçons vont réaliser une carte de France géante en briques. Les couvreurs, grands joueurs, souhaitent réaliser un jeu de cartes en ardoise ! Les serruriers-métalliers se glisseront dans la peau des vignerons en réalisant un cep de vigne en métal d’une hauteur de deux mètres tandis que les vignerons et les tonneliers effectueront à Bordeaux, région emblématique du vin, une course de tonneaux géante... Il est question que ces deux derniers défis soient retransmis lors du Téléthon sur France Télévision.

Ces défis, tous aussi originaux les uns que les autres, animeront le Téléthon des maisons des Compagnons et émerveilleront le grand public.

Venez soutenir nos équipes de jeunes dans les maisons et sur leurs stands ; suivez leurs préparatifs sur la page événement Facebook : www.facebook.com/events/1861938673833802/

TémoignageNicolas Terrien, prévôt du Mans, témoigne de l’implication de sa prévôté.L’une de nos animations phares est l’atelier de démonstration de métier. Il permet de faire participer les enfants dès leur plus jeune âge : ils touchent la matière et repartent avec un petit morceau de celle-ci. Les actions menées dans le cadre du Téléthon permettent à nos jeunes de sortir du cadre de leur métier et de rencontrer le public. Je pense qu’il est primordial pour l’humain d’être ouvert, j’essaie ainsi de proposer aux jeunes des activités qui les ouvrent à de nouveaux horizons.

www.afm-telethon.fr

TOUS MOBILISÉS POUR LE TÉLÉTHON !

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Un témoignage fort DE LA VIE OUVRIÈRE

Ê tre, savoir et faire… trois no-tions fondamentales à la vie de

tout homme et femme ; trois infinitifs qui, une fois combinés, sont chargés de sens mais aussi de secrets. Au fil des an-nées, la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière s’attache à transmettre ces va-leurs qui allient la connaissance, l’action et le cœur. « Pour transmettre, il faut aimer », disait le père Paul Feller.

Le proverbe n’est-il pas d’avoir le cœur sur la main ? Ici, c’est l’outil qui per-met à la main de refléter ce que le cœur dicte, véritable intelligence de l’homme. La Maison de l’outil et de la pensée ou-vrière, par une collection de 12 000 ou-tils, valorise ainsi ces hommes et ces femmes pratiquant un métier nécessi-tant l’usage de la main et transmettant leurs savoir-faire.

Pour mettre en valeur les hommes et les femmes de métier étant au cœur de la mission de notre maison, nous accueil-lerons prochainement, en partenariat avec l’Institut national des métiers d’art (INMA), une exposition présentant 13 portraits d’ambassadeurs des mé-tiers d’art, véritables créateurs de liens sur notre territoire. En effet, la théma-tique 2017 « Savoir(-)Faire du lien » de l’INMA est en parfaite osmose avec un lieu tel que la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière.

À la suite de quoi, une exposition en partenariat avec le Centre européen de recherches et de formation aux arts ver-riers (CERFAV) sera présentée, afin de mettre en avant la promotion 2018 avec les travaux des 10 créateurs verriers en formation.

UNE RENOMMÉE DE PLUS EN PLUS INTERNATIONALEL’homme est, la main sait, l’outil fait et la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière fait savoir. Par de nombreuses actions, expositions, conférences, événements, cette maison a su se créer une renommée au niveau local mais aussi national. Aujourd’hui, son rayonnement s’étend internationalement, notamment avec une fréquentation anglophone en hausse. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Zach, jeune australien de 15 ans, qui a parcouru plus de 16 500 kilomètres, guidé par la seule idée de visiter notre maison.

Rencontrer des jeunes (et moins jeunes) venus de l’autre bout du monde pour visiter la Maison de l’outil et de la pen-sée ouvrière, transmettre au-delà des

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LA MAISON DE L’OUTIL ET DE LA PENSÉE OUVRIÈRE VOUS PROPOSE…

Plus d’actualités : retrouvez nous sur facebook !

Musée ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h - d’octobre à mars : fermé le mardi.www.mopo3.com - [email protected]

Sur la route des métiers d’artExposition en partenariat avec l’INMA

Dans le cadre de la thématique 2017 « Savoir(-)Faire du lien » de l’Institut national des métiers d’art, la photographe Sandrine Roudeix a capturé 13 portraits d’hommes et de femmes passionnés par leur métier. 13 talents, 13 régions, 13 métiers d’art mettant à l’honneur nos beaux savoir-faire et notre territoire. C’est l’envie de découvrir l’autre qui a guidé cette photographe et romancière à la rencontre de ces ambassadeurs des métiers d’art au cours d’un tour de France des talents. Au travers de cette exposition, prenez la route et sillonnez nos régions, des Hauts-de-France à la Provence-Alpes-Côte d’Azur, et découvrez l’histoire et la passion de ces hommes et femmes, véritables créateurs de lien et de sens. Des animations en lien avec l’exposition prendront place lors des Journées européennes des métiers d’art en avril 2018.

Du 25 octobre 2017 au 29 avril 2018 - Entrée libre

frontières nous inspire chaque jour et nous motive à promouvoir outre-mer ce beau lieu et cet emblème culturel. C’est pourquoi nous mettons un point d’hon-neur à développer une puissance commu-nicative dynamique, créative et innovante. En effet, notre présence sur les réseaux sociaux a permis au musée d’étendre son réseau, et aujourd’hui, avec plus de 1 800 abonnés sur Instagram (dont 51 % issus des pays anglophones - États-Unis, Royaume-Uni, Australie et Ca-nada), notre maison se tourne vers un avenir international et un futur empli de projets.

Nous sommes d’ailleurs en réflexion quant à la création d’un échange entre un ou plusieurs collectionneurs améri-cains et la Maison de l’outil et de la pen-sée ouvrière pour les prochains mois. Exporter notre message à travers une ex-position d’outils à l’étranger, tout en ex-posant temporairement une histoire de l’outillage à main venue d’outre-Atlan-tique serait un formidable moyen de pé-renniser cette collection de l’AOCDTF.

LA FIERTÉ D’UNE RÉCOMPENSESavoir-faire, créativité et innovation dans le domaine des métiers d’art, telles sont les trois valeurs mises en exergue par la fondation Bettencourt-Schueller. C’est ainsi, avec une immense fierté, que les efforts de chacun ces derniers mois ont été récompensés et que nous rece-

vons le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main dans la caté-gorie « Parcours ».

Créé en 1999, le prix Liliane Betten-court pour l’intelligence de la main est devenu un label d’excellence des métiers d’art français et contribue à leur rayon-nement. Depuis sa création, ce concours ouvert aux professionnels des métiers d’art a consacré le talent de près de 95 personnalités, dans des domaines très divers, dont les réalisations illustrent et mettent en évidence l’intelligence de la main. Ce prix comprend trois récom-penses : « Talents d’exception », « Dia-logues » et « Parcours ».

La récompense « Parcours » que nous recevons, créée en 2014, met en lumière une personnalité exemplaire (personne physique ou morale) pour son engage-ment, ses réalisations, sa contribution au secteur des métiers d’art français, son exemplarité, sa capacité à entraî-ner les autres, son ambition et ses pro-jets d’avenir.

Recevoir ce prix pour l’intelligence de la main souligne ce que la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière met en

avant depuis de nombreuses années et bien sûr l’œuvre imaginée par Paul Fel-ler. L’outil est le prolongement de la main et pourtant, sans l’humain, le cœur et l’intelligence, la main n’est rien.

Plus encore, par l’accompagnement pour la réussite de la fondation, de nombreux projets imaginés seront réa-lisables pour faire briller la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière, diffuser son message et le pérenniser pour de nombreuses années encore.

Soyons fiers de cette reconnaissance et continuons de développer ce témoi-gnage fort de la vie ouvrière, fruit de notre histoire. Longue vie à la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière et à tous les savoir-faire que notre jeunesse fait perdurer et devra transmettre !

Christophe CheutinChristophe le ChampagnedireCteur

Agathe ColombiéChargée de CommuniCation de la maison de l’outil et de la Pensée ouvrière

C’est ainsi, avec une immense fierté, que les efforts de chacun ces derniersmois ont été récompensés et que nous recevons le prix Liliane Bettencourt

pour l’intelligence de la main dans la catégorie « Parcours ».

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NOTRE SÉLECTION DU MOIS

Plus d’actualités : retrouvez la librairie sur facebook !

Disponibles : Librairie du compagnonnage, 2 rue de Brosse - 75004 Paris.Commandez : www.librairie-compagnons.com

La Charpente de la cathédrale de Bourges De la forêt au chantierFrédéric Épaud - Presses universitaires François Rabelais - 32 €

Les grandes charpentes gothiques de la cathédrale de Bourges, par leurs dimensions et leur complexité structurelle, constituaient un défi technique majeur pour les charpentiers du xiiie siècle. Leur étude archéologique aborde les questions de l’approvisionnement en bois d’œuvre, des arbres et des forêts exploités, mais aussi des techniques de mise en œuvre, d’assemblage et de levage. Leurs datations amènent à reconsidérer l’évolution des campagnes de construction de la cathédrale, en renouvelant notre compréhension de l’un des plus vastes chantiers de la période gothique.

Jardin - Vocabulaire typologique et techniqueMarie-Hélène BenetièresÉditions du Patrimoine - 60 €432 pages - 1 251 illustrations

Plus de 3 000 mots recensés pour analyser et décrire l'ensemble des éléments esthétiques et techniques qui constituent un jardin. Un usuel d'histoire de l'art qui définit très précisément tous les termes attachés aux typologies, aux formes et aux techniques, avec l'appui d'une illustration choisie.

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CarnetDU TOUR DE FRANCE

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Les Compagnons passants couvreurs du Devoir, bons drilles du Tour de France, sont heureux d’annoncer la Réception de Florent Soissons, Artésien la Résilience, à Reims le 20 mai 2017.

Les Compagnons passants plombiers du Devoir, bons drilles du Tour de France, sont heureux d’annoncer la Réception à Tours le 11 juin 2017 du Compagnon Grégoire Tatai, Languedoc la Discipline.

Les Compagnons boulangers et pâtissiers du Devoir du Tour de France sont heureux d’annoncer la Réception :• au Canada le 2 juillet 2017 du Compagnon pâtissier Antonin Lapleau, Lyonnais la Persévérance, et du Compagnon boulanger, Julian Leroux, Nantais la Tempérance ;• à Marseille le 2 juillet 2017 des Compagnons pâtissiers Lionel Krebs, Wallon la Probité, et Quentin Mathiaud, Auvergnat la Volonté Fraternelle ;

• à Paris le 8 octobre 2017 des Compagnons pâtissiers Nathalie Thuaux, Parisienne l’Étoile du Bonheur, Thomas Carre, Normand la Libre Volonté, et Sandra Baudet, Toulousaine la Clef des Cœurs.

Les Compagnons menuisiers et ébénistes du Devoir informent le Tour de France qu’ont été reçus :• Julien Touyeras, Julien le Solognot, et Lory Vincent, Lory l’Alsacienne, Compagnons menuisiers, le 22 avril 2017 à Muizon ; • Rémi Lucazeau, Rémi le Toulousain, Compagnon ébéniste, le 13 mai 2017 à Cologne ;• Lucas Martin, Lucas le Dauphiné, Compagnon menuisier, le 20 mai 2017 à Besançon ;• Max Meunier, Max le Solognot, Compagnon menuisier, le 20 mai 2017 à Marseille.

Les Compagnons serruriers-métalliers du Devoir avisent le Tour de France de la Réception :• à Strasbourg le 8 juillet 2017, de Cécile Montagny, Cécile la Parisienne, de Jérôme Boyer, Jérôme le Périgord, de Cédric Souriou, Cédric le Languedoc, et de Gaëtan Le Gall, Gaëtan le Breton ;• à Bordeaux le 29 juillet 2017, de Valentin Cancel, Valentin le Languedoc, et de Maxime Germani, Maxime le Tourangeau ;• au Luxembourg le 29 juillet 2017, de Vincent Masmanides, Vincent le Provençal ;• à Reims le 9 septembre 2017, d’Alexis Leroux, Alexis le Vendôme, et d’Adrien Corbin, Adrien l’Angevin.

R éceptions

Rouen, le 8 avril 2017Justine Gineste, dite Île-de-France, cordonnier-bottier.Karl Hevin, Picard, charpentier.Arthur Malandain-Loze, dit Normand, maçon.Léo Laigre, dit Normand, maçon.Erwan Vautier, dit Normand, maçon.Hugo Beranger, dit Normand, menuisier.Arnaud Roger, dit Normand, menuisier.Pierre Sosset, Normand, couvreur.Baptiste Langlet, dit Normand, maçon.Amaël Leroy, dit Normand, maçon.

Bourges, le 22 avril 2017Katia Zaleski, dite Solognote, maroquinier.

Marseille, le 10 juin 2017Jimmy Guedas-Mastrangelo, Provençal, chaudronnier.Romain Garnier, Provençal, chaudronnier.Flora Bonzi, dite Savoyarde, boulanger.Numa Bruch, dit Provençal, maçon. Eunbyeol Kim, dit Séoul, pâtissier.Constant Delpech, dit Ardéchois, boulanger.Thibault Arnaud, dit Toulousain, menuisier.Alexandre Maux, dit Provençal, maçon.Martin Bodard, dit Toulousain, vigneron.Florian Leclerc, dit Provençal, maçon.Emmanuelle Dabin, dite Provençale, sellier.Théo Scorletti, dit Provençal, menuisier.Hugo Marchand, dit Niçois, menuisier.

A doptionsRouen, le 10 juin 2017Tom Pean, Orléanais, plombier.Leila Macid, dite Normande, pâtissier.Simon Demaegdt, Normand, charpentier.Jules Pousset, Normand, plombier.

Bruxelles, le 16 juin 2017Robin Bokuetenge, dit Bruxellois, électrotechnicien.

Marseille, le 24 juin 2017Anthony Amandola, Niçois, plombier.Vincent Michon, dit Limousin, mécanicien.Alexandre Cesar, dit Provençal, mécanicien.Maxime Bazille, dit Provençal, métallier.David Bonneau, Provençal, plombier.Lilian Nicolau, dit Provençal, métallier.

Baillargues, le 8 juillet 2017Romain Ravet, Savoyard, couvreur.

Labruguière, le 8 juillet 2017Assa Fofana, dite Malienne, maroquinier.Paul Gaillard, dit Quercy, menuisier.Bastien Gadouillet, dit Toulousain, tailleur de pierre.Anthony Velozzo, Languedoc, chaudronnier.Florian Laser, dit Languedoc, menuisier.

Angoulême, le 22 juillet 2017Aurore Breton, dite Basque, tapissier.

Angoulême, le 24 juilletPierre Franck, Rochelais, peintre.

Tours, le 23 septembre 2017Julien Moussu, dit Tourangeau, menuisier.Jason Corcelle, dit Solognot, menuisier.Émile Debain, dit Tourangeau, menuisier.Pierre Toulza, dit Normand, menuisier.

Baillargues, le 9 octobre 2017Nicolas Gibouin, Languedoc, charpentier.Angelo Hatton, Languedoc, couvreur.

Saint-Étienne, le 21 octobre 2017Arthur Mergoux, dit Savoyard, boulanger.

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CarnetDU TOUR DE FRANCE

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Alexandre Tranchard, La Patience d’Yvetot, Compagnon passant maçon du Devoir, et son épouse Stéphanie, fille de l’Aspirant plombier sédentaire, Claude Piraux, Brabançon, ont le plaisir d’informer le Tour de France de leur mariage le 16 septembre 2017 à Blacqueville (76).

Le Compagnon boulanger, Florian Larruat, Lyonnais Cœur Loyal, a le plaisir d’annoncer au Tour de France son mariage avec Audrey Desmerger le 30 septembre 2017 à Brignais (69).

Michaël Simier, Michaël le Quimper, Compagnon menuisier du Devoir, et sa compagne Julie, sont heureux de faire part aux Compagnons de la naissance de leurs fils Hugo et Lucas, le 30 août 2017 à Reims.

Léo et Chloé ont l’immense joie d’annoncer la naissance de leur petit frère Loïc né le 29 septembre 2017 à Gap. Il comble de bonheur ses parents Thierry Rivat, Forézien la Générosité, Compagnon passant charpentier du Devoir, bon drille du Tour de France, et sa compagne Céline Roubaud.

Anthony Vallet, Anthony le Franc-Comtois, Compagnon ébéniste du Devoir, et sa compagne Ekaterina Baraz, ont le plaisir d’annoncer au Tour de France que leur petite fille Eva est née à Richmond Hill au Canada le 8 septembre 2017.

N aissances

compagnons partenariat

L’Association a le plaisir de vous informer que les sociétés ci-dessous ont été labellisées « Entreprise partenaire des Compagnons du Devoir » :

En région Bourgogne en septembre 2017 :> Les Charpentiers de Bourgogne, Longvic (21) ; > Les Charpentiers de l’Ouche, Ancey (21) ;> Établissements Richard, Dijon (21) ;> Charpente Mortier, Marey-sur-Tille (21) ;> IS Couverture, Is-sur-Tille (21) ;> Établissements Pedron, Thorey-en-Plaine (21) ;> Deboibe, Gilly-lès-Cîteaux (21) ;> Ducherpozat, Fixin (21) ;> Sotty, Nuits-Saint-Georges (21) ;> Boudier, Chenôve (21) ;> Sarl Moreau père et fils, Auxonne (21) ;> Silfeo génie climatique, Dijon (21) ; > Patrick Bougenot, Thoste (21) ;> Sacet, Marsannay-la-Côte (21) ;> DIB Production, Chenôve (21).

En région Pays de la Loire en octobre 2017 : > La société Gruau, Saint-Berthevin (53).

Toutes nos excuses…

Dans le n° 267 du journal a été publié en page 9 un article nommé « Le savoir-faire français chez les British ». En page 10, une référence est faite à la capacité des maçons à réaliser du pain avec des farines dites « mixes ». Ni l’auteur, ni l’équipe du journal n’avons pensé heurter nos lecteurs maçons en laissant dans le texte cette mention qui se voulait humoristique, mais nous avons été informés que cela avait été malheureusement le cas. Nous prions à l’ensemble des maçons d’accepter nos excuses à ce sujet.

L’équipe du journal

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CarnetDU TOUR DE FRANCE

M ariages

Nous avons la profonde douleur de vous informer du décès :• dans sa 35e année, du

Compagnon maçon Jérôme Dossmann, La Rigueur de Pfettisheim ;

• dans sa 53e année, du Compagnon couvreur Thierry Perreux, Champagne la Patience ;

• dans sa 55e année, du Compagnon couvreur Laurent Derraine, Normand Va de Bon Cœur.

• dans sa 59e année, du Compagnon chaudronnier Joël Fraysse, Périgord Cœur Loyal.

D écès

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Journal mensuel de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de FranceReconnue d’utilité publique | N°ISSN : 1240-1730 | 82, rue de l’Hôtel-de-Ville – 75180 Paris cedex 04Téléphone : 01 44 78 22 50 | Télécopie : 01 42 71 10 19 | [email protected] de la publication : Bertrand Nauleau | Directeur de la rédaction : François Bastien | Correspondante : Marie-Laure Gendron

Impression : Merico | Conception, réalisation : www.graines-octets.com © Crédits photos : Les Compagnons du Devoir - Fotolia.comMerci de penser à nous signaler tout changement d’adresse.

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Plus on partage plus on possède, voilà le secret. léonard nimoy (aCteur amériCain 1931-2015).

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