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Compte rendu d’expérimentation COMPTE RENDU : CR16MF01 – 5 CREAT 458 Route de Gattières 06610 LA GAUDE Tél : 04.93.07.46.93 / 06.71.01.66.55 [email protected] L’application des méthodes, résultats et conclusions de cette expérimentation aux conditions de chaque exploitation horticole se fait sous l’entière responsabilité des entreprises. Année 2016 Thigmomorphogénèse sur culture de rose pour la plante en pot

COMPTE RENDU : CR16MF01 5 - R&D Agriculture PACA

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Page 1: COMPTE RENDU : CR16MF01 5 - R&D Agriculture PACA

Compte rendu d’expérimentation

COMPTE RENDU : CR16MF01 – 5

CREAT

458 Route de Gattières

06610 LA GAUDE

Tél : 04.93.07.46.93 / 06.71.01.66.55

[email protected]

L’application des méthodes, résultats et conclusions de cette expérimentation aux conditions de chaque exploitation horticole se fait sous

l’entière responsabilité des entreprises.

Année 2016

Thigmomorphogénèse sur culture de rose pour la plante en pot

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SOMMAIRE

Résumé .................................................................................................................................................... 2

I. Introduction ..................................................................................................................................... 3

1. Objectifs de l’essai ....................................................................................................................... 3

2. Connaissance sur le sujet ............................................................................................................ 3

II. Matériels et méthodes .................................................................................................................... 4

1. Matériel végétal et modalités testées ......................................................................................... 4

2. Dispositif expérimental ............................................................................................................... 5

3. Déroulement de l’essai ................................................................................................................ 6

III. Résultats et discussion ................................................................................................................ 6

Conclusions ............................................................................................................................................ 10

Résumé :

Les horticulteurs sont toujours à la recherche de techniques innovantes pour valoriser leur exploitation et faire face à la concurrence. Dans un contexte d’agro-écologie, l’innovation et la mise au point de techniques culturales performantes sont encore plus fondamentales pour un horticulteur. Pour une bonne commercialisation, l’architecture et la floribondité des plantes horticoles sont très importantes. Pour le rosier de jardin en pot, plusieurs paramètres peuvent influencer ces aspects lors de la production notamment la stimulation mécanique aussi appelée thigmomorphogénèse. Elle doit permettre une meilleure ramification des rosiers et éviter l’usage de régulateur de croissance pour rendre le rosier compacte.

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I. Introduction

1. Objectifs de l’essai

L’objectif global de cette action est de mettre au point et tester des nouvelles pratiques culturales.

Pour une culture de rosiers en pot, évaluer l’effet de la thigmomorphogénèse sur la croissance et la qualité de la culture (ramification, architecture, floribondité). De plus, une meilleure ramification permettra d’éviter l’usage de régulateur de croissance pour rendre le rosier compacte.

2. Connaissance sur le sujet

Les plantes qui n’ont pas de cellule sensitives spécialisées peuvent aussi répondre à des perturbations mécaniques. Cependant, leurs réactions sont étalées dans le temps et leur morphologie se modifie au fur et à mesure de leur croissance. (Salisbury, 1963)

En 1973, des études ont été menés sur l’effet du frottement sur les parties supérieures diverses espèces au stade jeunes plants avec une réduction significative de l’élongation. La réponse morphogénétique des plantes à des stimuli mécaniques a été appelée thigmomorphogénèse. (Jaffe M. J. 1973. Thigmomorphogenesis : the Response of Plant Growth and Development to Mechanical Stimulation. Planta, 114, 143-157.)

La stimulation mécanique a un effet sur la longueur du pétiole en fonction du nombre de passage, jusqu’à 25 à 30% de réduction de la hauteur des pensées pour 10 ou 20 passages à raisons de 5 fois par semaine. (Garner L.C., Langton F.A., 1997. Brushing pansy (Viola tricolor L.) transplants: a flexible, effective method for controlling plant size. Scientia Hort., 70: 187-195)

L’intérêt de la stimulation mécanique comme méthode alternative aux régulateurs de croissance sur plantes en pot a été étudié dans le réseau Astredhor sur poinsettia, hibiscus, dipladenia, basilic et hortensia. (Journées Techniques Astredhor Loire Bretagne – 25, 26, 27 septembre 2013, Angers).

Des travaux effectués également à l'INRA (UMR Beaucouzé et Clermont Ferrand), démontrent également l'efficacité de cette technique sur des jeunes plants de rosiers obtenus par bouturage (variété rosier buisson 'Knock Ou't). Deux modalités sont alors testées: soit 1 passage par jour, 3 fois par semaine, sur 7 semaines; soit 5 passages par jour, 4 fois par semaine sur 5 semaines. Ces deux modalités démontrent une baisse significative de la longueur des rameaux. (Morel P., Crespel l., Galopin G., Moulia B. 2012. Effet of mechanical stimulation on the growth and branching of garden rose.Scientae Horticulturae 135: 59-64).

Le mécanisme de réponse de la plante aux stimulations reste encore méconnu. Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer la modification morphologique de la plante. Plusieurs molécules entre en jeu dans le processus de signal pour induire une réponse de la plante; le calcium, les jasmonates, l’éhtylène, l’auxine. Des marqueurs spécifiques de réponses aux perturbations mécaniques sont présents en proportion variable dans les gènes.

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L’effet de la stimulation varie en fonction des espèces. Suite à un stimulus mécanique, certaines plantes ont une réponse très rapide comme Mimosa pudica par exemple. D’autre auront besoin de plusieurs jours ou semaines pour répondre à ce stimulus par une modification morphogénétique. (Chehab E. W. et al., Thigmomorphogenesis : a complex plant response to mechano-stimulation, Journal of Experimental Botany, Vol.60, 2009).

La première année d’essai n’a pas permis d’obtenir des résultats concluants, en effet les plants de rosiers ont subi une forte mortalité et les parcelles n’étaient plus homogènes.

II. Matériels et méthodes

1. Matériel végétal et modalités testées

On dispose d'une seule variété de rosier choisie pour sa vigueur (Royal Roses de NIRP International).

Facteur testé : Nombre de passage par jour (5 fois par semaine) avec 3 modalités

P1 : 4 aller/retour par jour (toutes les 3 h de 8 h à 17 h)

P2 : 2 aller/retour par jour (à 8 h et 14 h)

P3 : un témoin sans passage

Pour chaque modalité on dispose de 40 rosiers disposés sur un double rang de 10 mètres.

Photo 1 : Essai thigmomorphogénèse le 07/03/2016 avec à gauche la modalité « 4 passages » et à droite le témoin.

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2. Dispositif expérimental

Les rosiers en pot sont disposés sur 6 rangs :

Rangs de 10 mètres de long avec 20 rosiers par rang, soit 40 rosiers par modalité ou encore 120 rosiers en totalité.

Les rosiers sont placés sous une serre verre hors gel.

Le balayage se fera par le passage au-dessus des rosiers (3 à 5 cm sous l'apex) d'une longueur de plastique frangée. Il s'agira d'un plastique de type couverture de serre.

La vitesse d'avancement se fera à l'allure d'une marche lente (environ 1 m/s)

Les plants sont mis en place en janvier, et le balayage se fera dès que les pousses atteignent 3-4 cm dès fin février environ.

Photo 2 : Essai thigmomorphogénèse le 07/03/2016 avec à droite la modalité « 2 passages » et à gauche le témoin.

Variables mesurées Les mesures se feront sur tous les rosiers pour chaque modalité:

Croissance : hauteur des plants (notation hebdomadaire)

Floribondité: nombre de fleurs par plant (notation en fin d'essai, au printemps)

Présence de ravageurs (pucerons, aleurodes…)

Présence de champignon (oïdium)

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3. Déroulement de l’essai

Les rosiers reçus en racines nues ont été plantés le 02/02/2016. Les premiers passages des bandes ont eu lieu le 07/03/2016 lorsque les rosiers avaient bien débuté leur croissance.

Photo 3 : Essai thigmomorphogénèse le 03/05/2016

III. Résultats et discussion

Durant l’essai, les rosiers ont enregistré une croissance de 50 cm en moyenne. Lors de la notation initiale, le 3 mars, ils mesuraient 52 cm en moyenne pour atteindre la hauteur de 101 cm en moyenne lors de la notation finale du 3 mai (voir graphique 1).

Graphique 1 : Moyennes des hauteurs de notations initiales, intermédiaires et finales

0

20

40

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03-mars-16 31-mars-16 03-mai-16

hau

teu

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cm

Moyennes des hauteurs des rosiers

Témoin

2 passages

4 passages

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Au niveau de l’évolution de la hauteur des rosiers, on note que la modalité « 4 passages » est depuis le début celle qui enregistre la plus faible hauteur de rosiers. Alors que la modalité « 2 passages » comprend les rosiers en moyenne les plus hauts à partir du 24 mars (voir graphiques 2 et 3).

Graphique 2 : Évolution des moyennes des hauteurs des rosiers

Il est important de noter que l’écart type entre les moyennes des hauteurs est important et qu’il augmente pendant l’essai, démarrant à 6,5cm pour atteindre 18,3 cm en fin d’essai (voir graphique3).

Graphique 3 : Évolution des moyennes des hauteurs des rosiers et écart-type

Si on s’intéresse à la moyenne toutes notations confondues des hauteurs des rosiers, c’est dans la modalité « 4 passages » que les hauteurs sont les plus faibles avec 77,6 cm en moyenne et « 2 passages » que les rosiers sont les plus hauts avec une moyenne de 81,7 cm. Cependant la différence de hauteurs entre les modalités est très faible et avec les écarts-types élevés (voir graphiques 4 et 5).

50

60

70

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100

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hau

teu

r en

cm

Moyennes des hauteurs des rosiers

Témoin

2 passages

4 passages

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40

60

80

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hau

teu

r en

cm

Moyennes des hauteurs des rosiers

Témoin

2 passages

4 passages

écart-type

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Graphique 4 : Moyenne générale de la hauteur des rosiers.

Graphique 5 : Moyenne générale et écarts-types de la hauteur des rosiers.

Au niveau de la croissance, on note que les rosiers du témoin ont le moins poussé avec une différence entre la notation finale et initiale de 46,8cm. Alors que ceux de la modalité « 2 passages » enregistrent la croissance la plus importante avec 50,9 cm de différence (voir graphique 6). Toutefois les différences entre les modalités sont très faibles.

Graphique 6 : Croissance des rosiers.

75

76

77

78

79

80

81

82

83

Moyenne générale

hau

teu

r en

cm

Moyenne des hauteurs des rosiers

Témoin

2 passages

4 passages

13,556

96,889

81,333

78,587

67,778

94,444

82,778

81,720

13,889

106,444

79,056

77,558

0

20

40

60

80

100

120Box plots

44

45

46

47

48

49

50

51

52

Croissance

hau

teu

r en

cm

Différence entre hauteurs finales et initiales

Témoin

2 passages

4 passages

Témoin 2 passages 4 passages

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D’autres paramètres ont été mesurés, tels que la présence de ravageurs (pucerons, aleurodes…) et de champignons (oïdium). Les observations in situ des rosiers et sur panneaux englués n’ont pas mis en évidence de différence entre les modalités. Par ailleurs, la pression parasitaire n’était pas très forte, mis à part quelques foyers de pucerons et aleurodes, la culture était relativement propre.

En fin d’essai à la période dite de vente du rosier de jardin, une notation pour évaluer la floribondité des rosiers a été réalisée. Il ressort que la modalité « 2 passages » enregistre le total de fleurs le plus important (337) contre la modalité « 4 passages » avec 283 fleurs (voir graphique 7). Le témoin est relativement proche des résultats de la modalité « 2 passages » avec un total de 328 fleurs lors de la notation.

Par ailleurs, si au niveau du nombre total de boutons floraux, les résultats sont très proches pour les 2 modalités et le témoin, on note de légères différences pour le total des fleurs fanées et surtout pour les fleurs épanouies où la modalité « 4 passages » comprend les rosiers les moins fleuris avec 209 fleurs au total contre 262 pour la modalité « 2 passages ».

Graphique 7 : floribondité des rosiers.

Les écart-types sont élevés car ils représentent de 40 à 60 % des moyennes en rouge (voir graphique 8). Entre la modalité 4 passages et le témoin, les rosiers ont en moyenne une fleur de moins.

Graphique 8 : moyenne du total de fleurs et écarts-types des rosiers.

0

50

100

150

200

250

300

350

400

TOTAL boutons fanées fleurs

Floribondité le 3 mai 2016

Témoin

2 passages

4 passages

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18,000

6,000

6,560

0,000

22,000

6,000

6,820

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11,000

6,000

5,660

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Box plots

Témoin 2 passages 4 passages

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Conclusions

L’essai thigmomorphogénèse s’est bien déroulé, le dispositif mis en place sur la station a très bien fonctionné et permis d’assurer la mise en place des modalités 2 et 4 passages par jour.

Pour la vente des produits « rosiers de jardins » les facteurs importants sont la floribondité et l’aspect compact des rosiers. La thigmomorphogénèse devait permettre d’influencer ces paramètres. Il s’agissait ici de trouver la bonne formule avec le nombre de passages par jour optimums.

Les résultats sur les hauteurs des rosiers ne sont pas significatifs, car les différences entre les modalités sont trop faibles de l’ordre de 3 à 4 cm. Néanmoins la modalité avec 4 passages apparaît plus efficace par rapport à 2 passages car les rosiers sont plus petits et compacts. Par ailleurs, la modalité 2 passages enregistre de moins bon résultats que le témoin.

Enfin pour la floribondité, les résultats sont différents avec un nombre total de fleurs plus important pour les rosiers de la modalité 2 passages et le témoin, que pour ceux de la modalité 4 passages. Peut-être que la thigmomorphogénèse influence négativement la floraison, il faudrait confirmer ces résultats dans de futurs essais. Mais les écarts-types sont élevés et les résultats pas significatifs.

En conclusion, les résultats ne sont pas significatifs, néanmoins les tendances montrent que la thigmomorphogénèse sur les rosiers de jardins semble influencer légèrement la hauteur de rosiers lorsqu’il y a 4 passages par jour et sur 5 jours par semaine. Cependant, il faut mesurer l’impact exact de cette technique sur la floraison afin de ne pas déprécier les rosiers pour la vente.