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1 Compte rendu d’évaluation de terrain : Le Havre Evaluateurs : Laure MOUHOT, CEREMA Normandie et Marc BARRA, Natureparif / AFIE Date de la visite : vendredi 1 er juillet 2016 Personnes rencontrées : Marc AFFAGARD, ingénieur écologue, ville du Havre Alix GUILLEMETTE, chargée d’études développement durable à l’AURH Nicolas DE SOYRES, responsable SIG, ville du Havre/Codah (Agglo) Alexandre DUMONTIER, chef de service environnement, ville du Havre Rencontrés lors des visites : 2 personnes à la forêt de Montgeon : Stéphane ANCLIN, chef de service espaces verts, ville du Havre/Codah François STEINER, chef de secteur patrimoine arboré, ville du Havre/Codah 1 personne au parc des Rouelles : Jérôme CANDAS, chef de secteur Rouelles et Montgeon, ville du Havre/Codah Benjamin LEBOURG, chargé de la médiation du quartier Danton, ville du Havre Le Havre Seine-Maritime, Normandie (172 074 habitants, 7 639 ha, catégorie des grandes villes) Déroulé de la journée de la journée de visite 9h20-10h30 : Réunion à l’Hôtel de ville. Passage en revue des interrogations soulevées par le questionnaire et présentation de l’outil SIG développé par la ville et de la politique biodiversité. Visite de la ruche installée sur le toit terrasse de l'hôtel de ville 10h30-11h : Aperçu de l’exposition «Un Havre sous-marin » sur le trajet 11h-12h : Animations de l’éco-cabane de plage sur la biodiversité du littoral et surveillance de la flore protégée 12h-13h : Déjeuner 13h30 : Visite du quartier Danton 16h : Visite de la Forêt de Montgeon 16h30 : Visite du Parc de Rouelles Eléments de contexte sur la collectivité Le Havre est une commune de Seine-Maritime comptant 172 074 hab. (2013) au sein de la Communauté d'Agglomération Havraise (CODAH) qui regroupe 17 communes pour environ 250 000 habitants. Le Havre appartient à l'ensemble géologique du bassin parisien. La commune se décompose en ville basse au sud, avec le port, le centre-ville et les quartiers périphériques et la ville haute, plus résidentielle au dessus de la costière qui constitue un corridor écologique central. Le centre-ville a été quasi entièrement reconstruit après la

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Compte rendu d’évaluation de terrain : Le Havre Evaluateurs : Laure MOUHOT, CEREMA Normandie et Marc BARRA, Natureparif / AFIE Date de la visite : vendredi 1er juillet 2016 Personnes rencontrées : Marc AFFAGARD, ingénieur écologue, ville du Havre Alix GUILLEMETTE, chargée d’études développement durable à l’AURH Nicolas DE SOYRES, responsable SIG, ville du Havre/Codah (Agglo) Alexandre DUMONTIER, chef de service environnement, ville du Havre Rencontrés lors des visites : 2 personnes à la forêt de Montgeon : Stéphane ANCLIN, chef de service espaces verts, ville du Havre/Codah François STEINER, chef de secteur patrimoine arboré, ville du Havre/Codah 1 personne au parc des Rouelles : Jérôme CANDAS, chef de secteur Rouelles et Montgeon, ville du Havre/Codah Benjamin LEBOURG, chargé de la médiation du quartier Danton, ville du Havre

Le Havre Seine-Maritime, Normandie

(172 074 habitants, 7 639 ha, catégorie des grandes villes)

Déroulé de la journée de la journée de visite 9h20-10h30 : Réunion à l’Hôtel de ville. Passage en revue des interrogations soulevées par le questionnaire et présentation de l’outil SIG développé par la ville et de la politique biodiversité. Visite de la ruche installée sur le toit terrasse de l'hôtel de ville 10h30-11h : Aperçu de l’exposition «Un Havre sous-marin » sur le trajet 11h-12h : Animations de l’éco-cabane de plage sur la biodiversité du littoral et surveillance de la flore protégée 12h-13h : Déjeuner 13h30 : Visite du quartier Danton 16h : Visite de la Forêt de Montgeon 16h30 : Visite du Parc de Rouelles Eléments de contexte sur la collectivité Le Havre est une commune de Seine-Maritime comptant 172 074 hab. (2013) au sein de la Communauté d'Agglomération Havraise (CODAH) qui regroupe 17 communes pour environ 250 000 habitants. Le Havre appartient à l'ensemble géologique du bassin parisien. La commune se décompose en ville basse au sud, avec le port, le centre-ville et les quartiers périphériques et la ville haute, plus résidentielle au dessus de la costière qui constitue un corridor écologique central. Le centre-ville a été quasi entièrement reconstruit après la

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Seconde Guerre mondiale, malgré tout le Havre a su garder des espaces verts étendus (750 hectares, soit 41 m2 par habitant) : les deux plus grands sont la forêt de Montgeon et le parc de Rouelles, tous deux situés en ville haute. Éléments relatifs à la politique globale de la collectivité en faveur de la biodiversité La ville du Havre a adopté en 2013 un plan biodiversité, élaboré étroitement avec le tissu associatif local et régional. Il vise à mieux connaitre la biodiversité urbaine en s’appuyant sur la réalisation d’inventaires naturalistes (botanique, insectes, champignons, batraciens / reptiles, IBP1) en milieu urbain et dans les espaces naturels de la ville, et sur un travail poussé de cartographie. Alors que le Havre souffre souvent d’une image de ville très minérale, la ville fait preuve d’un engagement multi-scalaire et dans la durée sur le thème de la biodiversité, et notamment de la biodiversité urbaine, et d’une évolution positive de la prise en compte de cette thématique dans les espaces de la ville. L’équipe est par ailleurs composée d’écologues qui apportent des connaissances nouvelles et ont su impulser des actions en lien avec l’écologie scientifique. Action 1 : Élaboration d’un Mode d’Occupation du Sol (MOS) pour définir la trame verte et bleue Extraits du dossier fourni par la collectivité :

« Le MOS est construit par interprétation d’une photo aérienne du Havre de 2014. Il prend la forme d’un outil cartographique. Le découpage de l’espace se fait selon une nomenclature à deux dimensions définies selon les préconisations du Groupe Technique national OCSGE (Occupation des Sols à Grande Echelle). La première dimension décrit la nature de l’occupation des sols (surfaces perméables, falaises maritimes, terres arables etc.), la seconde s’intéresse aux usages (parc urbain, aire de jeu, délaissés de voirie, etc.). La précision de la saisie se fait à une échelle infra parcellaire afin d’identifier finement l’ensemble des éléments constitutifs de la trame verte et bleue (mare, haie, etc.). La distinction des éléments à cartographier est facilitée par la prise en compte de plusieurs bases de données qui délimitent certaines composantes du territoire (bâti, voirie, espaces gérés par le service des espaces verts etc.), mais également par l’ensemble des études environnementales collectées ainsi que par des vérifications sur le terrain. L’emprise du MOS s’étend sur un rayon de 2 km autour de la ville afin de pouvoir mettre en évidence les corridors qui assurent des connexions écologiques avec les milieux naturels situés au-delà des limites purement administratives du Havre. Les différents postes de nomenclature du MOS permettent de définir et d’identifier les grands types de milieux naturels présents au Havre (milieux forestiers, milieux humides, milieux littoraux etc.). En conséquence, les corridors écologiques et les obstacles pourront être visualisés pour chacun d’entre eux grâce à une méthode s’inspirant de celle dite des IVB (Infrastructures Vertes et Bleues). Chaque typologie d’occupation du sol sera pondérée suivant son degré de participation ou non à la dispersion des espèces représentatives des grands types de milieux identifiés. Cette pondération s’appliquera également à la nomenclature des usages afin d’établir une

1 L’IBP (indice de biodiversité potentielle) est une méthode réalisée par le CRPF permettant d’évaluer le potentiel de biodiversité des forêts. Il a été mis en œuvre sur la foret de Montgeon : http://www.cnpf.fr/n/ibp-indice-de-biodiversite-potentielle/n:782

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hiérarchie de participation au milieu à partir d’un même type d’occupation du sol. Par exemple une surface artificialisée dédiée aux déplacements en modes doux n’aura pas le même impact qu’une surface artificialisée dédiée à un trafic routier intense. La mise en place d’une interface en ligne, réservée au maitre d’œuvre et à la maitrise d’ouvrage de l’outil est en cours de réalisation. Elle permettra de simplifier les échanges et les remarques entre les organismes pour minimiser le risque d’erreurs et assurer la fiabilité du produit fini. La réalisation d’un MOS à l’échelle de la ville du Havre permet de localiser de manière exhaustive l’ensemble des surfaces naturelles et semi-naturelles, et d’avoir une connaissance fine et actualisée de la composition des espaces, notamment dans les secteurs privés. Les réservoirs de biodiversité du territoire sont pour la plupart déjà identifiés et ont déjà fait l’objet d'inventaires naturalistes. L’identification précise des corridors pour chaque grand type de milieux permettra de mettre en évidence de nouveaux espaces d’enjeux et de cibler les sites nécessitant des études environnementales approfondies, mais surtout de mettre en œuvre les moyens de protection, de gestion et de restauration nécessaires pour faciliter la dispersion de la faune et de la flore entre les réservoirs. »

Le MOS du Havre est élaboré conjointement par le service SIG de la ville et par l’AURH (Agence d'Urbanisme de la Région du Havre) sur la base de photos aériennes, avec un renouvellement prévu tous les 2 à 3 ans. La ville a ainsi cartographié l’ensemble des espaces de nature et a été capable de descendre jusqu’à l’échelle très locale (infra - parcellaire). L'outil permet également d'obtenir des informations récentes sur les espaces privés. Cette analyse fine permettra ainsi d'atteindre un niveau de détail intéressant quant à l’identification des composantes de la trame verte et bleue et des corridors écologiques existants et potentiels. Outre la cartographie de la végétation, la ville est en mesure de réaliser des faciès de végétation au cours de l’année, notamment pour regarder les profils

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agricoles (identification des prairies permanentes, de différentes stations et de leur évolution dans le temps). Avec ce travail, la volonté de la ville est de disposer d’une base solide pour valoriser la biodiversité urbaine et définir plus précisément la trame verte et bleue au cœur de l’espace communal, ce que ne permet pas le SRCE, et encore moins sur le milieu urbain dense. Le choix volontariste d'étendre le périmètre du MOS au delà des limites de la ville est très pertinent pour adopter une stratégie globale de reconnexion des espaces naturels. La ville envisage de mettre au point un coefficient de biotope pour encourager à la végétalisation de certains espaces prioritaires en milieu urbain dense. L'élaboration du MOS semble donc tournée vers l'action, dans l'idée de mettre en avant des opportunités d'aménagement dans des secteurs déficitaires en espaces verts. En parallèle, la ville produit un certain nombre de supports pédagogiques visant à faire mieux connaitre la biodiversité ordinaire de la commune : des ouvrages ("Guide découverte de la nature au Havre, sur les chemins de la biodiversité citadine", livre particulièrement bien illustré) mais aussi exposition comme "un havre sous marin". Outre le grand corridor que constitue la costière (coteaux s'étirant sur 7 km entre la ville basse et la ville haute), la ville souhaite améliorer la connectivité écologique au sein du tissu urbain. Le quartier d’Aplemont, résidentiel avec de nombreux jardins, constitue un territoire pilote intéressant impliquant les habitants pour la mise en œuvre d’une trame verte locale. Un inventaire (avifaune, botanique, insecte) est en cours sur ce quartier, y compris dans les jardins privés. La Coccinelle de la bryone y a été identifiée. La ville souhaite mettre en œuvre des préconisations pour maintenir l'esprit d'une cité-jardin et faire participer les habitants par le biais des sciences participatives. Un des points forts de la démarche est la qualité des inventaires via l'exigence de plusieurs lots, notamment en matière de données sur les champignons, encore méconnus. La ville impose ainsi un cahier des charges précis en vue d'uniformiser la saisie des données dans la base. L'accessibilité des données géographiques et environnementales est un autre point fort de la ville et témoigne d'une étroite collaboration et d'une logique forte de mutualisation entre les différents services (environnement, urbanisme et open data) de la ville mais aussi de son agglomération et d'une ouverture vers des partenaires extérieurs. La ville dispose ainsi d’un portail de données en ligne (www.data.agglo-lehavre.fr) ouvert en juin 2016 et réfléchit en partenariat avec des associations au développement d’un outil de saisie naturaliste en ligne. Ce portail de données en libre accès a pour objectif de faciliter la prise de connaissance par les citoyens. Consultable par tous, elle s'avère également utile en consultation préalable à une opération d'aménagement.

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Action 2 : Opération « Verdissons Danton » Extraits du dossier fourni par la collectivité :

L'opération "Verdissons Danton" a débutée en 2013 et se décline en de multiples actions : - l’occupation de la parcelle de l’ancienne prison avec la création d'un jardin partagé, des cheminements, l'aménagement temporaire d’une friche ; - le jardin partagé de la fabrique : lieu d’animation et d’agrément, ce jardin provisoire a pour objectif de tester avec les habitants qui s’y investissent les pratiques qu’ils pourront développer dans les aménagements futurs ; - les actions d’animation pour développer une culture commune autour du thème de la permaculture (association Colibris 76) et des temps d’échange autour des bonnes pratiques : ateliers de jardinage avec création de buttes de permaculture, témoignages d’autres villes engagées dans ces démarches, visites de jardins… - le compostage urbain : le premier compost ouvert au public est installé à proximité du jardin partagé ; - des animations autour de la biodiversité, notamment celle des sols ; - la création de jardins de rue en pieds d'immeubles en diffus dans le quartier, petits espaces entretenus par les habitants après mise à nue des sols ; - un jardin pédagogique et artistique porté pour la 3ème année par une école du quartier avec une paysagiste et des parents d'élèves sur une parcelle jouxtant l'établissement : - des partenariats innovants avec la bourse d’aide aux chômeurs (BAC) : action d'insertion avec une formation organisée sur le site pour des demandeurs d'emploi voulant s'orienter vers les métiers du jardinage, qui en échange s'occupent de l'entretien des espaces en friche et du jardin partagé, et prennent en charge des animations (éco pâturage, animations diverses…). A l'issue de l'opération "Verdissons Danton, ce sont près de 2 000m² que les habitants du quartier se sont réappropriés à travers des jardins participatifs sur des espaces jusque là minéralisés. De plus, 50 adresses ont réalisé des jardins de rue depuis début 2014 soit 150m² de trottoirs rendus à la végétalisation. Enfin, la restructuration du quartier Danton comprend la création future d’un équipement public à caractère sportif et socio-culturel et d’un nouveau jardin public de 6 000m² pensé avec les habitants, en lieu et place d’un espace minéral de 3000m² (place et parking) et d’une partie de l’ancienne maison d’arrêt. Sa conception intègre un espace d’environ 200m² à destination d'usage des habitants (potagers, permaculture, jardins partagés, etc..), et qui pourra s’étendre selon les besoins.

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Jardin temporaire dans le quartier Danton © Marc Barra

En parallèle des études visant l’amélioration de la connaissance de la biodiversité urbaine, la ville a engagé des démarches d’implication citoyenne et de renforcement de la biodiversité. La ville incite à la végétalisation de l’espace public, voire la désimperméabilisation de plusieurs espaces, la végétalisation du bâti dans les opérations d’aménagement et de construction. Dans le quartier Danton (quartier du centre ancien, secteur emblématique du Havre), la force du tissu associatif et l’appui de la municipalité ont été les clés de la réussite dans un quartier pourtant défavorisé. La destruction d'une ancienne maison d'arrêt (8 000m²) a été le point de départ de la rénovation du quartier. Dès 2011, une concertation mise en place avec les habitants a donné lieu à la création de jardins partagés sur les déblais du centre pénitencier, en attendant l'arrivée du futur projet. Ces jardins ont été réalisés par les habitants avec le soutien de la ville et l’accompagnement de la BAC (Bourse Aide au Chômeur, association de réinsertion). Cette association très active sur le secteur, notamment via la Fabrique, lieu de conseil et d'échange sur le devenir du quartier mis en place dans le cadre de la rénovation, réalise un travail de pédagogie envers les habitants, notamment au travers du jardinage. Dans un quartier défavorisé en plein requalification, cette association joue un rôle crucial de médiation et de reconnexion des citadins avec la nature. Des animations nature ont vu le jour successivement, qu’il s’agisse de plantation de prairies fleuries, ou d’écopâturage, de cabanes à oiseaux et à insectes ou encore d’ateliers pédagogiques à destination des écoles ou de formation sur le jardinage. Ce projet s’est fait en lien avec l’antenne locale des Colibris. L’organisation de temps d’échange, comme les débats ou la projection de films, viennent complémenter l’action de l’association à la vie du quartier. Bien qu’un projet urbain soit prévu à terme (en particulier un jardin linéaire à l'horizon 2020), un dynamisme est en cours au sein de cet espace temporaire, et des réflexions sont menées pour poursuivre cette initiative au delà de la période de transition (réserver un espace pour les jardins partagés dans le futur parc).

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La ville souhaite déployer ce dispositif et ses supports pédagogiques vers d'autres friches (en particulier au niveau d'Aplemont). Des visites sont également organisées pour s'inspirer d'autres dispositifs similaires dans des villes voisines. La dynamique en place tend donc à se développer dans d'autres quartiers de la ville.

Potager partagé, quartier Danton © Marc Barra

Par ailleurs, une autre initiative particulièrement intéressante dans le quartier Danton est la réappropriation par les habitants des pieds d'immeuble. En parallèle de la réalisation d'un inventaire précis des fleurs des rues, la ville encourage la mise en œuvre de nombreux jardins de rue, en pied d’immeuble (voir photo ci-après). À la demande des habitants, la commune intervient pour désimperméabiliser le pied d'immeuble et réaliser un coffrage (environ 1,40 m de long et 30 cm de profondeur) permettant par la suite aux habitants de planter. Le dispositif prend la forme d'une convention d'occupation de l'espace public et résulte d'une collaboration entre les services de voirie réalisant le coffrage et des espaces verts apportant la terre. Plus de 30 jardins de pied d'immeuble sont crées par an et globalement bien entretenus. En encourageant la multiplication de ces petites initiatives, la ville fait évoluer les paysages urbains. En marge, la ville encourage également les habitants à conserver la végétation spontanée des rues, des trottoirs et des bords d’immeubles ou de pavillons. La présence de végétation spontanée est réelle dans ce quartier comme partout ailleurs dans la ville et témoigne de la prise de conscience progressive des habitants à la gestion écologique.

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Action 3 : Gestion de la forêt de Montgeon Extrait du dossier fourni par la collectivité :

La forêt de Montgeon est une forêt périurbaine de 218 ha qui a servi de camp militaire pendant la deuxième Guerre Mondiale puis de camp de réfugiés pour la population pendant la reconstruction : la pression humaine a favorisé la dégradation sylvicole, l'apparition de pathogènes, de blessures et un appauvrissement des sols par les multiples traitements chimiques qui ont été appliqués jusqu’à la fin du XXe s. Aujourd'hui, la forêt de Montgeon est une futaie irrégulière gérée sans intrants depuis 1997. Le plan de gestion 2012-2027 mis en place par la ville du Havre est essentiellement axé autour de coupes d'amélioration et de trouées de replantation, accompagnées : - d'une gestion du bois mort au sol et sur pied de sorte à favoriser les micro-habitats et une restauration progressive des sols ; - de la création des mares pour la diversification des habitats et la gestion des ruissellements (2 actuellement et 2 à l'étude) ; - de l'augmentation du nombre d’essences d’arbres et d’arbustes là où le chêne est très dominant et où le sous-étage inexistant. Cette action permet à la fois de planter plus d’essences favorables à la faune et de maintenir différents étages de végétations ; - du maintien des microreliefs (fortins notamment) favorables à l’habitat de type Ilici fagetum luzelotosum ; - du maintien des essences secondaire en sous étage ou dans l’étage co-dominant : Néflier, Sorbier des oiseleurs, Bouleau, Houx, Noisetier… ; - de l'ouverture partielle du couvert de manière à permettre une meilleure expression de la flore spontanée au sol fortement malmenée par les anciens traitements chimiques ; - de la diminution, canalisation, voire interdiction des passages d’engins lourds, facteur de destruction, de tassement des sols ou de modifications de cortèges floristiques ; - du recours à du débardage par traction animale (cheval) ; - d'une meilleure canalisation de la fréquentation : entretiens de chemins, maintien de la végétation spontanée (type ronce) ; - du maintien du lierre sur les arbres pouvant le supporter jusqu'aux premières charpentières, cette espèce étant particulièrement favorable à l’entomofaune et à l’avifaune en automne et hiver. Afin d'évaluer l'impact de cette gestion, la ville du Havre a effectué en 2014-2015 un inventaire naturaliste complet de la forêt de Montgeon pour les taxons suivants : Botanique et phytosociologique, Avifaune, Entomofaune (Coléoptères, Odonates, Orthoptères, Hyménoptères, Lépidoptères et Arachnides), Batraciens et Reptiles, Champignons et Mammifères. Ces inventaires ont été complétés par l'évaluation de la biodiversité potentielle de la forêt grâce à l'Indice de Biodiversité Potentielle (IBP). Après 4 années de mise en œuvre de ce second plan de gestion écologique, les inventaires et l'IBP ont montré que la forêt de Montgeon accueille de nouveau une biodiversité remarquable, particulièrement dans le domaine des espèces liées aux vieux bois, et notamment (mais pas uniquement) des espèces saproxyliques. L'IBP de la forêt de Montgeon est de 31 soit 62% en valeur relative, ce qui est interprété comme un potentiel assez fort.

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Ce fort potentiel biologique est dû à la présence de peuplements anciens, ainsi qu’à la récente diversité des essences et à la bonne structuration en strate des peuplements. Les inventaires ont également montré la présence d'espèces particulièrement intéressantes comme la Mésange noire, le Pic-Mar, la Rorippe sauvage, le Cératophylle immergé ou le Lucane cerf-volant mais surtout que la qualité des sols forestiers semble s'améliorer suite à l'apparition d'une flore spontanée s'exprimant de nouveau depuis la banque de graines, flore accompagnée du cortège faunistique associé. C'est particulièrement le cas de l'étude mycologique réalisée à l'automne 2014 qui recense 120 taxons de champignons témoignant pour partie de l'amélioration de la qualité des sols.

Forêt de Montgeon

La forêt de Montgeon hérite d’un lourd passé dû à son occupation pendant et après la Seconde Guerre mondiale et les nombreux traitements infligés aux sols. La commune a su changer de façon radicale la trajectoire vers une gestion écologique. Grâce à des agents compétents et avec l’appui des associations naturalistes et de stagiaires, la ville s’est donnée les moyens d’améliorer considérablement la connaissance naturaliste de la forêt tout en suivant cette évolution dans le temps (diagnostic de l'état des sols, inventaires), le tout en lien avec la nécessité de gérer les usages et la fréquentation de la forêt par les habitants. C’est en s’appuyant sur ces inventaires que la ville a mis en œuvre des plans de gestion et des préconisations par zones (replantation en arbustes en bord de route, diversification des essences, coupes rares et replantation...). Le suivi et les inventaires réalisés confirment la pertinence des choix réalisés pour améliorer la naturalité de certaines parcelles ou concilier gestion et préservation d’éléments de biodiversité (retour de la mésange noire patrimoniale par exemple). Les équipes ont souligné l’évolution des mentalités depuis plusieurs années : normalement formées à la gestion forestière classique, elles ont évolué vers une réelle prise en compte de la biodiversité forestière en adaptant leurs pratiques. La ville travaille actuellement sur la mise en place d'un observatoire avec un parcours pédagogique au sein de la forêt. Elle conduit également des actions de préservation et de restauration / recréation des mares et mouillères forestières, avec pour objectif de les mettre en réseau.

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Autres actions en lien avec le thème Sols et biodiversité Dépollution des sols : la commune expérimente la technique BIOPILE consistant à oxygéner les terres polluées aux hydrocarbures et activer le métabolisme bactérien qui dégrade naturellement les polluants sur une petite parcelle. La ville dispose d'une certaine expertise sur le sujet et participe à des réseaux nationaux sur la question. Autres actions sans lien direct avec le thème Sols et biodiversité Le Parc Rouelles Géré par la Communauté d’agglomération (CODAH), le parc d’étend sur 160 ha sur un site à l'abandon dans les années 80. Le parc est entièrement géré de façon différenciée et écologique, sans produits phytosanitaires. Ce n’était pas le cas au début, mais les mentalités ont évolué, si bien que les gestionnaires sont aujourd'hui des ambassadeurs de la gestion écologique, le site est notamment utilisé pour les formations du CNFPT à la gestion différenciée. Entre autre actions, la gestion du parc s’articule autour de la gestion différenciée par zonage, les copeaux de bois sont produits sur place et réutilisés en paillage sur les différents espaces du parc, des hôtels à insectes ont été installés, les berges ont été réhabilitées et des marais sont en cours de restauration. Des inventaires faunistique et floristique ont été réalisés dans le parc afin de mesurer l’impact et les bénéfices des différents modes de gestion. Pour lutter contre la présence de renouée du Japon, des réflexions sont en cours pour une gestion par les chèvres (actuellement arrachage manuel ou étouffement par couvrage). Une gestion pastorale avec fenaison est mise en place depuis 2012 avec 9 ânes normands et plus récemment avec des Highland cattle, bœufs écossais parfaitement adaptés au climat humide. En lien avec l’ONF, un plan de gestion du patrimoine arboré a été mis en place au sein du parc (maintien de bois morts dans certaines zones). Les déchets verts sont entièrement réutilisés sur place pour le paillage dans les zones de cheminement notamment.

Tonte différenciée en bord de chemin © Marc Barra

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Platelage sur zone humide © Marc Barra

Pâturage dans le parc Rouelles © Marc Barra

Exposition "Un havre sous-marin" Le service environnement de la ville, en lien avec l'agence de l'eau, a mis en place une exposition pédagogique sur la biodiversité de la vie dans les bassins du Havre (bassins de marée, à flot...), sous forme de déambulation avec panneaux explicatifs à travers la ville. L'exposition s'accompagne d'un jeu concours pour tester les connaissances des habitants sur la faune et la flore des bassins, mais aussi de conférence et d'événements pour les scolaires. Port du Havre La ville entretient des rapports étroits avec le Grand Port Maritime du Havre (qui occupe près de 35 % du territoire). Ce dernier sollicite l’expertise de la commune en matière d’écologie urbaine et est engagé dans une démarche de prise en compte de la biodiversité via Port 2000, notamment pour la gestion de la réserve de l'estuaire. Par ailleurs, le port à besoin de compenser les impacts résiduels de ses infrastructures nouvelles : la ville ou l'agglomération accueillent donc ces mesures compensatoires, principalement via des actions de replantation, végétalisation ou création de zones humides. Avec le port, la ville réfléchi à un groupement de commande pour les inventaires naturalistes. Visite de l’éco-cabane de la plage

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Le service environnement de la ville appuie et finance cette initiative originale et ludique qui propose des animations autour de la nature pendant les mois d’été sur la plage du havre : découverte de la faune et la flore locale, plus de 70 jeux à destination des enfants principalement... Des éco-animateurs sont présents toute la journée pour faire partager leurs connaissances sur l'environnement. Cette action existe depuis 10 ans, un nouveau thème étant choisi chaque année (thème habitat pour 2016). L’éco-cabane organise aussi des pêches à pieds et invite à découvrir la laisse de mer (qui auparavant été ramassée et jetée), les œufs de raies, le littoral et l’estran. La ville met par ailleurs à disposition une malle pédagogique regroupant les jeux sur l'environnement créés pour l'occasion à destination des écoles pour le reste de l'année.