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COMPTE RENDU DU STAGE UTILISATION DES RECYCLEURS EN PLONGEE SOUTERRAINE 21-22 NOVEMBRE 2009 ARDECHE COMMISSION PLONGéE SOUTERRAINE éCOLE FRANçAISE DE PLONGéE SOUTERRAINE

Compte Rendu de Stage

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Compte rendu du stage EFPS sur les recycleurs

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COMPTE RENDU DU STAGEUTILISATION DES RECYCLEURS

EN PLONGEE SOUTERRAINE

21-22 NOVEMBRE 2009 ARDECHE

COMMISSION PLONGéE SOUTERRAINEéCOLE fRANçAISE DE PLONGéE SOUTERRAINE

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SOMMAIREINTRODUCTION

ILS Y ETAIENT

PROGRAMME Les apports théoriques Les apports pratiques

LIEUX DE STAGE Le Creps Le goul du pont Le goul de la Tannerie

L’ENSEIGNEMENT DES EVALUATIONS DU DEBUT DE STAGE

DEROULEMENT DU STAGE Un petit résumé du week-end Les plongées du dimanche

PRESENTATION DE L’EFPS

AVIS DES STAGIAIRES

REMERCIEMENTS

LU POUR VOUSUn peu de lecture puisque, maintenant, on connait les auteurs !

INTRODUCTIONLe 21 et 22 novembre 2009, dans l’Ardèche, entre Vallon pont d’Arc et Bourg St Andéol, s’est déroulé le 1er stage à l’utilisation des recycleurs en plongée souterraine organisé par l’Ecole Française de plongée Souterraine et soutenu par la région Rhône-Alpes.

Veuillez trouver dans ces quelques pages la synthèse de ces journées.

Répondons tout d’abord à 5 questions à la genèse de ce projet.

Pourquoi un tel stage ?

Si la plongée exploratoire en recycleur était pratiquée depuis pas mal de temps en Europe comme en témoignent les plongées d’Olivier Isler, il semble qu’aujourd’hui se développe une pratique plus récréative induite par la mise sur le marché d’une multitude de recycleurs.

Le plongeur recycleur a trouvé dans la plongée spéléologique un terrain de jeux favorable à ce nouveau type de plongée. Cependant les derniers accidents montrent que les techniques pratiquaient ne répondaient pas à la philosophie de sécurité développée par l’Ecole Française de Plongée Souterraine commission de la Fédération Française de Spéléologie. Notre commission ne pouvait cautionner de ne rien faire, alors un stage serait organisé.

Photos : EFPS / Joël Enndewell - Marc Beltrami - Michel RiberaChercheur d’eau / Fabrice et Géraldine Boissier

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Photo : fabrice Boissier

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A qui s’adressait ce stage ?

Ce stage devait bien sur être ouvert aux plongeurs pratiquant avec leur recycleur nôtre passion, mais nous ne devions pas uniquement nous arrêter là. Il était nécessaire aussi d’ouvrir aux plongeurs spéléologues désireux de s’informer sur ce type de plongée. Le public allait donc être hétéroclite entre pratiquants confirmés, novices, et non pratiquants.

De plus, nous souhaitions que ce stage se situe également dans le cursus de formations des cadres de nôtre école, c’est ainsi que certains ont pu venir s’enrichir de l’expérience des intervenants.

Que devions nous aborder ?

Nous devions répondre à ce public très varié, en jetant les bases souvent complexes du sujet et en démontrant la variété des possibilités regroupées sous le vocable de plongée recycleur.

Nous avons donc fait le choix de dresser le tableau de la totalité du panel de la plongée recycleur.

Qui pouvait intervenir sur ce stage ?

Nous avons voulu, pour intervenir sur ce stage une équipe performante ayant l’habitude de travailler ensemble. C’est ainsi que nous avons réuni des intervenants reconnus pour leurs explorations et leur pratique particulièrement sécuritaire de la plongée souterraine en recycleur.

Quel était finalement l’objectif du stage ?

L’objectif de ce stage était finalement assez simple : une pratique plus sécuritaire de la plongée spéléologique en recycleur.

ILS Y ETAIENTLes stagiaires

Chalvet-Pruhomme Laurent Vallon Jean Michel

Lignier Vincent Mouneyrat Pascal

Tarazzona Laurent Serret Patrick

Bertochio Philippe Pigeron Olivier

Tixier Guillaume Maignot Laurent

Lutran Richard Loisy Bruno

Zipper Eric Marti Philippe

Billandon Sylvie Muller François

Egret Jérôme Lanteri Jérôme

Armengaud Jean-Luc Brunet Philippe

Locatelli Christian Hautavoine Jean-Michel

Philippe Imbert Locatelli Joelle

Brosselin Nicolas Maestracci Brice

Les intervenants

Baudu Jean-Pierre Establie Eric

Redoutey Sylvain Vasseur Frank

Lanet Olivier Prax Joel

Prise de vues Enndewell Joel

Organisation Beltrami Marc / Baudu Jean-Pierre / Ribera Michel

Responsable Frédéric Martin

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PROGRAMME Un programme bien chargé scindé en 2 parties, l’une théorique, le samedi et l’autre pratique le dimanche matin et début d’après midi.

Les apports théoriques :

- Présentation du stage : Fred MARTIN- Tour de table : Jean-Pierre BAUDU / Fred MARTIN- Histoire des recycleurs : Frank VASSEUR- Principe des recycleurs : Jean-Pierre BAUDU- Les éléments d’un recycleur : Jean-Pierre BAUDU- Les fondamentaux de la plongée en recycleur : Frank VASSEUR- Plonger en recycleur fermé et redondance en ouvert : Frank VASSEUR- Plonger en recycleur semi fermé redondance en ouvert : J-P BAUDU- Plonger en double recycleur semi fermés : Sylvain REDOUTEY- Plonger avec un recycleur semi fermé et un fermé : Eric ESTABLIE- Plonger avec 2 recycleurs fermés : Eric ESTABLIE- Un troisième recycleur ? Eric ESTABLIE- Les recycleurs en milieu souterrain et leurs limites : JP BAUDU- Les pannes : Frank VASSEUR et Sylvain REDOUTEY- Plongée en recycleur fond de trou : Frank VASSEUR / JP BAUDU- Les accessoires de la plongée recycleur : Jean-Pierre BAUDU- Fabrication et modification d’un recycleur : JP BAUDU / S REDOUTEY- Exercices : TOUS- Présentations de l’EFPS : Fred MARTIN

Les apports pratiques : - Plongée en recycleur fermé : Joel PRAX- Plongée en recycleur semi fermé : Sylvain REDOUTEY / Fred MARTIN- Atelier consommation / vitesse : Jean-Pierre BAUDU

LIEUX DU STAGELe CREPS de Vallon Pont d’Arc

CREPS Rhône-Alpes : site de Vallon Pont d’Arc, en Ardèche

Le site de Vallon Pont d’Arc est implanté à l’entrée des prestigieuses Gorges de l’Ardèche. Cette situation privilégiée lui confère une vocation tournée prioritairement vers les sports de nature qu’il a largement contribué à développer.

Il se situe au milieu d’une vaste zone karstique propice à l’escalade, à la spéléologie et à la descente de canyons (grottes, avens), favorable aux activités nautiques, et en particulier à la pratique du canoë et du kayak.

En 2003, en raison de son rôle historique dans le développement des sports de plein air en France, le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative décide d’y implanter le Pôle Ressources National des Sports de Nature.

Organisation

Le CREPS s’organise autour r du Département Formation r de la Centrale de réservation pour l’accueil de séjours et de structures associatives r du Pôle Ressources National des Sports de Nature (PRNSN)

De services généraux r administratif et financierr accueilr restauration r centre multimédiar centre de documentation

CREPS Rhône AlpesLa Brunerie - BP 117

38503 VOIRON CedexTel. 04 76 67 04 05 Fax. 04 76 05 99 41

Route de Salavas - BP 3807150 VALLON PONT D’ARC

Tel. 04 75 88 15 10 Fax. 04 75 37 17 69

Courriel : [email protected]

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Les gouls de Tourne à Bourg St Andéol

Le goul du Pont D’après : http://www.plongeesout.com/

LocalisationLa résurgence du Goul du pont, est située sur la commune de Bourg St Andéol, dans le quartier de Tourne, à une cinquantaine de mètres d’une deuxième résurgence, le goul de la tannerie. Ces deux sources possèdent le même bassin d’alimentation, le plateau de St Remèze.

HistoriqueDans les années 1955-56, le Groupe Spéléologique de Bourg Saint Andéol, fort de 2 ou 3 plongeurs dont Albert Casamatta, désobstrue l’étroiture d’entrée et progresse jusqu’au sommet du puits. Ils étaient équipés en matériel de plongée par les pompiers de Lyon, via un gradé : Georges Héraud. Ils confectionnaient eux-même leurs combinaisons néoprène et avaient même bricolé un caisson pour appareil photographique avec une boîte à sardines. Le 8/10/1972, l’équipe marseillaise du GEPS (Claude Touloumdjian) descend à –75 puis à –85.Le 21/04/1981, véronique Borel, Eric et Francis Le Guen atteignent –97m.En 1982, le GLPS (C.Brandt, L.Jaton et P.Schneider) de Lausanne (CH) atteint –115m lors d’une plongée à l’Héliox.Le 10/10/1985, Joseph Schneider (D) atteint –135m à 330m de l’entrée.Les dernières explorations du Grd Goul, par l’allemand Joseph Schneider qui atteignit la côte –135m, remontent à 1985 mais depuis plus de 15 ans, aucune plongée n’avait pu se faire, car l’entrée était bouchée par un éboulis. Plusieurs équipes se sont obstinées mais personne n’avait réussir à rouvrir cette résurgence.L’entrée de la cavité est ensuite rebouchée à –12. Plusieurs équipes s’attellent alors à la désobstruction du bouchon de galets dans la vasque. 27/28 juillet et 4/5 aout : Claude Hurey, Christian Lucotte, Frédéric Martin, Patrik Sertel. Utilisation d’une suceuse fournie par Christian alimentée par un compresseur fourni par la Mairie. En mai 2002, l’équipe des Fils d’Ariane, met en œuvre de lourds moyens qui lui permettent d’évacuer galets et blocs qui bouchaient l’entrée. En plusieurs plongées, l’équipe nettoie, reéquipe, filme et topographie la cavité. Xavier Meniscus atteint la profondeur de –140 à 380m de l’entrée le 19/06/2002, puis -153m à 450 m de l’entrée en janvier 2003. Le 4 mai 2003, Jérôme Meynié, atteint la profondeur de -178m à 560m de l’entrée, puis –180 à 570m en février 2006. En avril 2006, Xavier Meniscus, soutenu par l’équipe de R.A.B.A. descend à –185m.

DescriptionLa vasque d’entrée glisse le long d’une pente de galets jusqu’au rétrécissement de –12m. Une galerie sub-horizontale de section lenticulaire rejoint le haut du premier puits, à 75m de l’entrée (-18). Le conduit plonge à la verticale jusqu’a –33, puis enchaine avec une succession de redans verticaux jusqu’à –60. La section se réduit alors que de courts tronçons sub-horizontaux ralentissent la descente.

A –79, une modeste galerie horizontale (1,2 x 2m) surcreusée se développe sur 25m jusqu’à un élargissement, à 180m du départ. Vers le sud-ouest, une amorce de galerie basse se prolonge durant une vingtaine de mètres.Un puits s’engouffre jusqu’a –110 (210m de l’entrée), avec un départ étroit à –86.Après 25m dans une galerie de section triangulaire, un nouveau puits plonge à –120m. A sa base, débute la galerie profonde. Sa section est modeste (1 à 1,5m de haut pour 2 à 2,5m de large), elle est sinueuse et descend en pente douce affectée de redans verticaux. Vers –130, la pente s’accentue sensiblement (20°). La galerie à -110m part au 330°, et la galerie à -120m part au 180°. Arrêt à –185m, à 575m de l’entrée.

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Le goul de la Tannerie D’après : http://www.plongeesout.com/

Dans la ville de Bourg Saint-Andéol, des panneaux indiquent le lavoir antique baigné par les deux sources. Suivre les indications « Dieu Mithra » ou « Gouls de Tourne ».

RecommandationsL’accès au vallon est à présent défendu par des bornes dont la plus centrale est télescopique. La mairie (04.75.54.85. 00) ou les Services Techniques (04.75.54.50. 53) sont habilités à libérer le passage.Une règle élémentaire de bienséance consiste à prévenir avec un délai raisonnable. La clé ne sera pas mise à disposition directement. Les plongées aux gouls doivent être signalées à la gendarmerie de BSA avant et après l»immersion (04.75.54.50. 18), par recommandation préfectorale et demande de la commune.

Historique En 1972, le GEPS (13) atteint la profondeur de -40, à 730 de l’entrée.Le G.L.P.S. (CH) progresse jusqu’à 820m (-71) de l’entrée en 1978.Francis Le Guen soutenu par son équipe prolonge jusqu’à -84 en 1980.

Bertrand Léger organise en solo deux plongées au Trimix les 29/05 et 18/09/1982. Il stoppe à 1020m de l’entrée à -113, vue à -125.L’équipe du GLPS consacre cinq plongées au rééquipement et au nettoyage de la cavité (équipement en câble de la zone profonde) en 1987.En 1988, C.Sabatier et B.Lapierre, à partir d’un départ à une vingtaine de mètres de l’entrée, explorent 45lm de galeries étroites (point bas –14) et jonctionnent avec la première cloche d’air dans la galerie principale.A 150m de l’entrée, ils descendent à –30 dans une galerie étroite, arrêt sur étroiture à désobstruer, vue à –35.Le 6/04/1989, Patrice Lapierre et C.Rey découvrent une galerie à la cote 460, qui rejoint le puits à 765m (-25).

En juillet 1992, Jacques Brasey (CH) descend à -137 (1050m).

Olivier Isler (CH), assisté de plongeurs suisses (Michael Watz) et français (Daniel Dumas, Claude Hurey, Patrick Jolivet, Michel Léonard, Frédéric Martin, Sylvain Redoutey, Patrick Sertel) atteint -165 en 1996.En avril 2003, Sylvain Redoutey descend à –180 avec un recycleur semi-fermé. Il récidive en 2004, toujours avec le soutien des spéléos du Vaucluse, pour poursuivre jusqu’à -209m. En mai 2008, Rick Stanton assisté de John Volanthen, descend à -220.

DescriptionLes dimensions moyennes de la galerie principale sont les suivantes : 0 - 100m : 80 cm de haut sur 3m de large, jusqu’au canyon surmonté d’une cloche d’air.100m - 500m : 1m de haut pour 5m de large avec une zone présentant des dédoublements de galerie.500m - 700m : la section se circularise et avoisine les 3m².A 700m, un puits s’enfonce rapidement en une succession de redans verticaux. En plan, il effectue une boucle complète. On accuse 45m de dénivelé entre les cotes 699m et 804m.En plan après un premier tronçon de 200m environ orienté 280°, la suite du conduit présente sections qui s’alignent sur les axes majeurs des accidents locaux (140 - 150°). Localement, des cheminements sont influencés par des fractures transverses.

De 804m (-60) à 926m (-98), à la sortie de la boucle, la galerie reprend la direction dominante de 145° jusqu’au puits à 926m. La section moyenne est de 4,5 m².A partir du fond d’un puits à -87, une galerie (3 x 4m) en légère pente conduit à un nouveau ressaut (-95). A sa base (-102) un conduit esthétiquement remarquable se développe à l’horizontale durant une cinquantaine de mètres jusqu’à l’amorce d’un puits remontant, à 945m de l’entrée.Entre 926m et 1020m, la galerie présente en plan une succession de tronçons en ligne brisée dont les azimuts principaux sont 120° et 70°.Le puits plonge verticalement jusqu’à -113, puis la pente se modère pour plonger à 60° jusqu’à -165 où le puits redevient vertical. La descente se poursuit jusqu’à -200 mètres.Là, un court tronçon de galerie horizontale conduit en tête d’un nouveau puits, descendu jusqu’à -209m, arrêt sur rien. Il semblerait que la suite se présente sous une succession de redans verticaux.

Karstologie Il est à noter la prépondérance des accidents majeurs dans le tracé de ce réseau noyé. Une coloration à partir de la grotte de la Pascaloune, située à 7,5 km a démontré une liaison directe avec les deux gouls de Tourne. La droite qui joint ces deux points est orientée 136°, caractéristique de la fracturation dominante de cette zone.

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L’ENSEIGNEMENT DES EVALUATIONS DU DEBUT DE STAGE

A travers l’évaluation, nous découvrons une grosse hétérogénéité dans le public qui est venu au stage, nous avons ici réunis des plongeurs souterrains ayant déjà une pratique assidue de la plongée spéléologique en recycleur, mais sont aussi présents, des plongeurs souterrain confirmés qui ne « connaissent rien à ce type de plongée ». En outre, nous avons également un stagiaire, non plongeur, venu à la fois pour sa satisfaction personnelle mais aussi pour enrichir les connaissances qu’il met au service d’une autre commission fédérale, le Spéléo Secours Français. Entre ces extrêmes se trouvent d’autres stagiaires ayant déjà une petite pratique leur permettant d’avoir quelques idées qui seront vite perturbées lorsqu’il faudra réaliser des exercices simples sur les limites de pénétration souterraine en recycleur.

Le vocabulaire propre aux recycleurs est généralement connu de la majorité des stagiaires. Mais au-delà du vocabulaire, leurs connaissances sont plus liées aux recycleurs en eux-mêmes que sur leur utilisation en milieu souterrain et les risques liés à cette pratique.

Les risques encourus lors de plongées souterraines en recycleur sont également révélateurs de la différence entre les stagiaires. Pour les pratiquants,

ces risques sont généralement connus même si certains n’ont pas les idées claires sur leurs manifestations et symptômes. Pour les autres, ils ne sont pas connus et donc difficilement identifiables. Hyperoxie, hypoxie, hypercapnie devront être abordés avec une attention toute particulière par les intervenants.

Lorsque l’on aborde les avantages de la plongée souterraine en recycleur, on se retrouve vraiment dans l’idée d’exploration au dépend de pratiques comme la topographie ou la photographie qui trouvent tout de même leur place alors que la simple ballade semble plus marginale. L’autonomie et le fait de transporter moins de matériel sont évoqués majoritairement par les stagiaires.

Constat général : - Grosse disparité entre stagiaires, - Méconnaissance des risques liés à la plongée en recycleur, - Difficultés pour déterminer ce qui limitera une plongée, - Bonne connaissance théorique des recycleurs.

DEROULEMENT

Un petit résumé du week-endCertains ont préféré arriver le soir, nous nous sommes donc retrouvés une grande tablée à discuter, plongées spéléos, enfin la passion quoi !!! Marc a réparti les chambres et nous avons pu aller sombrer dans les bras de Morphée pour une nuit surement trop courte.

Le matin les choses se sont accélérées avec l’arrivée de la totalité des stagiaires chacun trouvant une place dans la salle de cours avant de connaître la solitude de la feuille blanche sous l’œil inquisiteur des intervenants !

Les repas furent les « seuls moments de repris » de cette journée studieuse, un stagiaire n’ayant pas oublié qu’en ce week-end de novembre une tradition devait être maintenue : Merci Bruno pour le Beaujolais !!!

Les pauses café / réveil permirent à chacun d’échanger, de poser les questions auxquelles ils souhaitaient avoir une réponse. Certains préféraient en regardant le matériel, aborder un aspect plus technique de la chose, le bonex et le cuda attiraient l’attention autant que les Revo, EDO 04..08, RS, TC et Meg, ne manquait à l’appel qu’une boite jaune. Les derniers plus littéraires cherchaient un vocable plus français aux notions de bail out, trim, CCR, SCR, frog kick … Enfin de quoi alimenter un autre stage.

Le dimanche fût le jour des plongées, animations autour des gouls de Bourg St Andéol habitué à de telles manifestations, chacun prépare son matériel pour se diriger vers les ateliers choisis la veille : Calcul de vitesse et de consommation sur bail out pour ce qui possèdent leur machine (c’est comme cela qu’on dit et en plus c’est français !), atelier SCR ou CCR, certains veinards se glisseront dans le deux.

A l’issue des plongées, un repas sur le pouce réunissait tout le monde et une fois de plus les discussions allaient bon train sur les matières, les colles, les positionnements, certains auraient-ils comme projet ambitieux de construire le recycleur de leur rêve ?

Le temps de se quitter est venu bien trop vite attestant d’une super ambiance, alors on se retrouvera sous l’eau sous terre des dates sont prises, il ne reste plus qu’à …………………………….

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Les plongées du dimancheL’atelier recycleur fermé : responsable Joël Prax. Durée des plongées de 10 à 20 minutes

C’est sur le mur bordant la vasque bien basse que Joël a rappelé le fonctionnement des recycleurs fermés et plus particulièrement de celui qu’il mettait à la disposition des stagiaires : Le voyageur. Une fois les présentations faites il ne restait plus qu’à se mettre à l’eau avec le recycleur fermé et une redondance assurée par un bloc en ouvert.

Brice a ouvert le bal puis se fut au tour de Vincent, Sylvie, Marc et Patrick de faire une plongée sur ce type d’appareil. Certains ont eu un peu de mal à gérer le début de plongée, mais Joël resté en ouvert pour être plus mobile réalisa les réglages nécessaires à une première plongée.

A leur sortie les stagiaires ventaient la chaleur du gaz respiré, l’équilibre du système mais d’autres étaient un peu inquiet de la gestion de l’appareil.

Merci à Joel pour avoir mis à disposition de l’EFPS un recycleur fermé.

L’atelier recycleur semi fermé : responsables fred MARTIN / Sylvain REDOUTEY.Durée des plongées de 10 à 20 minutes

L’atelier semi fermé commença par la même étape de présentation de l’appareil, des fourchettes d’utilisation des gaz, de l’identification des flexibles …

Utilisant 2 recycleurs, le rythme des plongées fut plus important que dans l’atelier précédent sans pour autant, bien sur, négliger la sécurité.

Olivier à ouvert les plongées suivis de Philippe, Jean-Michel, Patrick, Jérôme, Laurent, Vincent et Sylvie. Les attentes et motivations des stagiaires étaient bien différentes et bien visibles par les cadres.

En effet, certains voulaient simplement connaître la sensation d’une première plongée en recycleur alors que d’autres voulaient se rendre compte de la différence entre un recycleur fermé et un recycleur semi fermé. Les derniers voulant mesurer si ce type d’appareil serait adapté à leur type de plongées : Rapidité des changements de gaz, maniabilité.

La simplicité fut souvent évoquée, certains stagiaires réalisant des exercices avant même que le cadre leur propose, ainsi que l’aisance respiratoire. Les plongées se sont souvent terminées par une petite démonstration de la gestion d’un ordinateur multi gaz.

Je remercie Sylvain d’avoir mis à notre disposition l’un de ses recycleurs.

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L’atelier vitesse de déplacement et consommation : Responsable Jean-Pierre BAUDU.

Objectifs - Mesurer la vitesse de déplacement avec deux BO - Mesurer la consommation sur des BO - Mesurer la consommation d’oxygène sur le recycleur - Essayer d’améliorer la configuration du matériel

MéthodeLe niveau de la résurgence étant très bas, une zone exondée à 50m de l’entrée oblige à sortir de l’eau dans une zone qui se gaze dans le temps. Nous devrons donc tenir compte de cette situation particulière.

L’exercice se fait en binôme. Les plongeurs partent en recycleur jusqu’à la côte 110m, le temps de progression est mesuré jusqu’à la cote 300m. Le retour se fait

sur un circuit ouvert jusqu’à 110m, puis sortie en recycleur. C’est donc un exercice en deux temps, le premier, calcul de vitesse de progression en recycleur sur 190m et le second temps calcul des consommations sur 190m, sur le retour en ouvert.

Exercices Equipe 1 : Jérôme Lanteri et Laurent Tarazonna- Jérôme débute en spéléo-plongée, il maitrise sa machine (EDO 08). Le reste du matériel est mal positionné, surtout les circuits ouverts. Ces déplacements sont calqués sur ceux de Laurent. Il a beaucoup appris de cet exercice. Consommation 27L/mn, vitesse 20m/mn et 10 bars d’oxy- Laurent maitrise sa machine (joky kissé). Sa configuration est bonne. Consommation 18L/mn, vitesse 22m/mn et 13 bars d’oxy

Equipe 2 : Guillaume Tixier et Philippe Marti- Guillaume a une configuration équilibrée (REVO). Il a juste tendance à maintenir une Ppo2 de 1 contrairement à ces camarades.Consommation 20L/mn, Vitesse 20m/mn et 25 bars d’oxy- Philippe a une expérience limitée en distance de pénétration, 300m semble une distance importante pour lui. Il maitrise sa machine (REVO)Consommation 24L/mn, Vitesse 18m/mn et 10 bars d’oxy

Equipe 3 : Philippe Bertochio et Pascal Mouneyra- Pascal a une configuration à l’anglaise avec un Joky. Ces 2 circuits ouverts sont des 10L non équilibrés, il a besoin de beaucoup de temps pour s’équiper, sa configuration semble encore mal maitrisée. Il ne peut pas sortir du siphon pour continuer et fait donc demi-tour. Il ferra un nouvel aller retour dans la partie S1. Son recycleur est noyé à la sortie. Après observation de la machine, il manque dans la boucle un ADV. Il y a juste une injection micrométrique et manuelle.- Philippe est en double recycleurs (Meg et EDO08 en redondance). Il s’entraine en configurion en relais (EDO08 avec bouteille de diluant).

Equipe 4 : françois Muller et Philippe Bertochio- François part, un peu brutalement sans attendre ni son binôme, ni mon top. Philippe le rattrape dans le post siphon qui ne semble pas être sa tasse de thé. Ces quelques mètres de progression ne lui laisseront pas un souvenir extraordinaire d’une plongée trop éprouvante.Je ne lui demanderai pas ses consommations, ni ses vitesses de progressions.- Philippe ayant calqué sa plongée sur celle de son binôme, ses données ne reflètent pas la réalité et ne sont pas interprétables.

Conclusion Il est à noter que les plongeurs issus de la spéléo ont une meilleur maitrise de la consommation en ouvert et en déplacement. Leur matériel est mieux positionné pour une meilleure fluidité cela est visible par les chiffres avec des progressions de l’ordre de 20m à 22m par minutes. Cependant, le parcours assez simple de la progression avec appuis au sol permanent entraine des vitesses de progression surement plus importantes que lors d’un déplacement réalisé avec l’unique aide des palmes. Nous remarquons tout de même des vitesses de progression assez lentes de l’ordre de 18m minutes.Les consommations, de leur côté expriment quelques différences notables de 27 litres minutes à 18 litres minutes, mais qu’en serait-il exactement en situation de stress ?

Les consommations d’oxygène montrent également une grande amplitude montrant les différences d’habitude dans la gestion des recycleurs.

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PRESENTATION DE L’EFPS Deux composantes pour cette commission de la Fédération Française de Spéléologie : - Une école = Ecole Française de Plongée Souterraine (EFPS). - Une commission

Dirigées par un bureau assisté par un collège de formateurs pour la partie école, et par un réseau de correspondants régionaux pour la composante commission plongée.

Une écoleAu même titre que les 2 autres écoles de la Fédération Française de Spéléologie que sont : - EFS : Ecole Française de Spéléologie - EFC : Ecole Française de Canyon

Participe donc aux journées d’étude sur le thème du développement de l’enseignement de la spéléologie et du canyon.

Avec un cursus de formation pour les cadres - Initiateurs - Moniteurs

Réunis en collège afin de prendre les décisions quand à l’enseignement - Instructeurs

Avec un cursus de formation personnelle : - Des stages d’initiation - Des stages de perfectionnement - Un stage international - Des stages spécialisés

Une Commission - Avec un réseau de correspondant régionaux - Avec des vecteurs de communications : Un site internet : http://efps.ffspeleo.fr/

Une publication : Info Plongée

Pour quels types d’actions ? - Réunir, dynamiser et fédérés l’ensemble de la communauté des plongeurs souterrain de nôtre fédération. - Promouvoir l’activité auprès de l’intégralité de nos fédérés, mais aussi vers le grand public. - Mener des actions communes auprès des fournisseurs de matériel. Achats groupés. - Mener des dossiers de fond : Sécurisation des sites de plongées par exemple. - Apporter des outils et une aide lors de la création de conventions d’accès aux cavités.

- Représenter la fédération et donc les fédérés dans la Commission Interfédérale de Plongée Souterraine qui réunie les deux fédérations délégataires de l’activité à savoir la FFS et la FFESSM.- Apporter une médiation dans les difficultés rencontrées sur le terrain (entre plongeurs, entre plongeurs et instances fédérales : CDS …).

A qui sommes nous affiliés ?En aucun cas à la CMAS (Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques), pourquoi ?Pour plusieurs raisons (techniques et approches différentes) mais l’essentielle est dit en clair dans l’introduction du fascicule de la CMAS dédié à la plongée souterraine :

« La CMAS n’a pas vocation à former des spéléologues »Donc :Nous sommes affiliés à l’UIS ( Union Internationale de Spéléologie ) par l’intermédiaire de sa commission plongée dont nous partageons la philosophie que l’on peut résumer ainsi :

Ne pas établir de règles uniques favorisant ainsi l’adaptabilité.

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AVIS DES STAGIAIRESCe stage a répondu aux attentes des stagiaires. De plus ce qui a été très apprécié des stagiaires tient :D’une part l’expertise des intervenants ainsi que de leur disponibilité pour répondre individuellement aux questions posées.D’autre part à l’organisation rigoureuse mais cependant conviviale qui n’a pas laissé de temps mort.

Pour une grande majorité les enseignements sont allés au-delà de ce qu’ils avaient pu imaginer avant leur venue et leur a permis de se positionner face à la pratique de la plongée spéléologique en recycleur.

Cependant certains nous ont fait part de points nous permettant d’améliorer ce type de stage : - Matériellement tout d’abord : Avoir plus de place pour les « expositions de matériel », la solution serait surement une salle dédiée. - Au niveau du programme théorique, certains auraient souhaité aborder : L’entretien et la préparation d’un recycleur pré et post plongée, la qualité des différentes chaux, la préparation et l’approche de plongées complexes et engagées. Mais aussi d’autres thèmes qui me paraissent un peu plus lointain comme la diététique et la préparation physique. - Manquait également pour beaucoup un tableau récapitulatif proposant la synthèse des données du franchissement du S1 de Baume des Anges dans les différentes configurations.

Et bien sur d’autres abordent un sujet sur lequel il va falloir travailler, l’accès aux stages de plongée souterraine par des stagiaires en recycleur.

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REMERCIEMENTSJe tiens particulièrement à remercier ceux qui se sont investis sur ce projet en commençant par l’équipe qui a donné son temps sans compter : JP Baudu, Marc Beltrami et Michel Ribera.

Je remercie également les intervenants pour la qualité de leurs présentations et le temps passé devant leur ordinateur alors qu’ils auraient pu être sous l’eau, sous terre, essence de nôtre passion. Merci donc à Eric Establie ; Joël Prax ; Sylvain Redoutey et Frank Vasseur.

Remerciements enfin à la Fédération Française de Spéléologie ainsi qu’à la région Rhône Alpes pour le soutien financier de ce stage.

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LU POUR VOUSUn peu de lecture puisque, maintenant on connait les auteurs …

Le Goul de la Tannerie209 M DE PROfONDEUR À PLUS D’UN KILOMÈTRE

SOUS TERRE AVEC UN RECYCLEUR

par Sylvain Redoutey Avril 2004

Historique La Tourne n’est qu’un petit affluent ardéchois du Rhône d’une centaine de mètres dans le village de Bourg Saint Andéol. Cependant, cette rivière n’est que la partie visible d’un réseau souterrain qui draîne les eaux du plateau du Gard qui en constitue son bassin d’alimentation.

Ce site à très tôt intéressé le monde de la spéléo. Avec l’apparition et le développement des techniques de plongée, l’exploration de cette source prend une très grande ampleur et plusieurs groupes en tentent l’exploration. En 1972, le GEPS explore les 750 premiers mètres et stoppe son avancée à - 45 m. En 1978, un groupe suisse, le GLPS reprend le flambeau et pousse l’investigation de la cavité jusqu’à -72m en rajoutant 70m au précédent terminus. Les choses étaient entendues lorsque Francis Le Guen ajoutait quelques mètres atteignant la profondeur de -80 m. L’ère des plongées d’exploration à l’air avait, dans Tourne, atteint ses limites. L’exploration de ce réseau prend tout de même un tournant capital en 1980 lorsque le bilan hydraulique régional est devenu préoccupant. Le 23 juin 1982, la décision est prise d’évaluer le potentiel hydrique de la Tourne souterraine tant sur les plans qualitatif que quantitatif. Au mois de juillet Bertrand Léger, spéléonaute grenoblois se colle à ce projet. Jusqu’à la fin de l’année, il dresse précisément la topographie et équipe en fil d’Ariane la galerie noyée. Il poussera l’exploration de Tourne jusqu’à 1020m pour 115 mètres de profondeur. Les deux années suivantes seront occupées à réaliser un forage et le 20 août 1984, l’eau jaillit enfin du forage.

Depuis cette date, loin de s’essouffler, l’exploration du réseau noyé continue, quelques plongées doivent retenir notre attention : 1992 : Jacques BRASEY du G.L.P.S. ( Groupe Lémanique de plongée souterraine ) qui, après six jours de préparation et de plongées de rééquipement jusqu’au grand puits terminal, stoppait sa progression dans la source à - 137m et ressortait sans problème de cette plongée qui avait durée 9h20 minutes. 1996 : Olivier Isler, soutenu par une équipe franco-suisse, atteignait en circuit ouvert - 165 m dans le puits terminal et faisait surface après une plongée de 10h 11 minutes. Equipé d’un quadri 20l dans la zone profonde, il avait pu constater que le puits continuait à descendre jusqu’aux alentours des -180 mètres. L’échec de la plongée d’Olivier en recycleur en 1997 remettait en cause l’utilisation de ces appareils dans la source de Tourne.

QUATRE COUPS TERRIBLE SUR UN PLONGEUR DE POINTE Après une exploration à - 180 mètres de profondeur en 2003, j’ai voulu poursuivre cette aventure. Le puits terminal paraissait continuer à la verticale et fort de ma première expérience, je me sentais et j’avais tous les moyens de descendre très bas. Mais l’homme n’est que peu de chose dans ce monde minéral et seule la nature décide.

Le matin du dimanche de Pâques, tout est en place après quatre jours de travail intenses au cours desquels une impressionnante chaîne de décompression fut installée. En partant d’une cloche naturelle à - 6, une bouteille tous les trois mètres jusqu’à moins 12, une cloche à paliers à – 15, ensuite une bouteille tous les six mètres jusqu’à – 45, puis une bouteille tous les 10 m jusqu’à presque -100. Tout a été contrôlé je peux partir tranquille. Il est 11 h 30, je suis dans la vasque et j’installe un à un mes relais 4 L de nitrox 60 que j’utiliserai sur les 700 premiers mètres. Plus rien n’existe autour de moi, je suis concentré sur mon départ. Un petit mot à mon équipe pour les remercier, je saisis mon scooter et je démarre. Frédéric me suit, car il devra m’aider lors des changements de relais et faire un dépôt et Daniel tient la caméra.

Une véritable explosionA peine ai-je parcouru 130 mètres de galerie que le premier coup tombe ! Une véritable explosion suivie d’une fuite, je comprends rapidement qu’il s’agit de mon inflateur de secours. Je le débranche, la fuite s’arrête. J’ai perdu 20 bars dans une 20 L de mélange-fond. Je fais demi-tour, on traite le problème avec l’équipe et à 12 h 34 je repars. Arrivé aux 700 mètres à -15 je change de relais. Je place 2 bouteilles de 12 L en ventral qui seront utilisées de - 45 à –150, plus 2 bouteilles de 3,5 L pour faire la liaison de -15 à -45. Fred surveille la manœuvre avec une attention particulière et prend mon propulseur qui est plutôt gênant dans cette partie de la galerie. Cette fois le chrono est déclenché, je descends jusqu’à - 45 où je dépose les 2 x 3,5 L et raccorde les deux 12 L sur les deux circuits du RS 2. Je reprends mon scooter et un peu plus loin je croise Frédéric qui a déposé le RS 3 à - 60 comme convenu. Cette fois tout se déroule parfaitement, je suis bien, je vois défiler le reste de la chaîne de décompression jusqu’à -96.

Je passe la zone labyrinthique et j’arrive rapidement à -110 où je dois déposer mon scooter, car la galerie est presque verticale. Je me laisse descendre dans ce fantastique puits toujours aussi impressionnant. À –140 je prends mon mélange fond et j’arrive rapidement à –180 mon dernier terminus. Mais là une surprise m’attend : ma bobine de fil d’Ariane de l’an dernier a été emportée par les crues et des morceaux de fils enchevêtrés forment par endroit de véritables pièges à plongeurs, qui peuvent être fatals à cette profondeur.

Je tends le morceau de fil qui pend sous mon dernier terminus et je l’attache sur une aspérité. Je suis à - 190 et là, une deuxième surprise, la galerie repart à l’horizontale. J’accroche un nouveau fil et j’explore ce morceau de galerie vierge sur environ 30 m, les battements de mon cœur s’accélèrent, je suis à – 200 et la vue de ce chiffre à un effet grisant indescriptible.

Lorsqu’ un nouveau puits s’offre à moi, l’envie de me laisser glisser est irrésistible, je me lance de quelques mètres, mais mon chrono me rappelle à l’ordre. Je fixe mon fil sur une pointe rocheuse, un regard sur mon VR3 - 209 m.

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Ce piège sournois que je ne connais pas Je remonte lentement jusqu’à mon premier palier à –156 et j’ai déjà l’impression de ne plus être seul. En effet, la bobine d’Olivier ISLER, qui est remontée avec les crues, me tient compagnie. Je la saisis d’une main, comme pour féliciter cet explorateur qui a eu le courage de descendre jusqu’à -165 en circuit ouvert. Je reprends mon propulseur à – 110 qui me tire dans ce morceau de galerie horizontale avec quelques arrêts de temps en temps suivant les paliers. À – 96, je récupère un relais 12 L, à - 90 un autre lorsque soudain le deuxième coup frappe, cette fois il est terrible : tout bascule, la

galerie se met à tourner entraînant dans son tourbillon infernal les relais 12 L et le scooter qui finissent emmêlés dans le fil d’Ariane. Je tente désespérément de me rattraper à quelque chose, de retrouver une stabilité, mais rien à faire le piège se referme. Le pire, le plus effroyable, c’est que je ne comprends pas ce qui m’arrive !

C’est terrible, après plus de vingt ans de plongée spéléo, je suis pris dans ce piège sournois que je ne connais pas. Je cesse tout mouvement, car j’ai au moins compris qu’il ne sert à rien de pédaler dans le vide. J’ai la tête qui tourne et des nausées.

Je donne l’assaut finalJe vérifie mes connexions aux recycleurs. Je respire bien le bon mélange. Je reste là de nombreuses minutes, je ne peux plus ni avancer ni reculer et je serais bien en peine de prendre l’une ou l’autre direction je ne sais même pas où est le haut et le bas ! Je pense à mes trois petites têtes blondes et à ma femme qui m’attendent, à Frank qui va devoir me traîner jusqu’à des profondeurs plus abordables. Quelle espèce de plongée macabre va t’il faire ? Non, je n’ai pas le droit de rester là ! Tant que j’ai du gaz à respirer tout espoir est permis. Je laisse échapper quelques bulles par le nez, en fait j’ai la tête en bas. Je démêle le fils des bouteilles-relais et tente de me rétablir.

Mais le combat est inégal car les jambes de ma combinaison sont gonflées. Je rassemble tous les ingrédients possibles et imaginables pouvant servir à la contre-attaque et dans un effort d’une violence inouïe je donne l’assaut final. Soudain, je me retrouve de nouveaux dans une position confortable. Ma ceinture de plomb, qui était sous mes bras, a repris sa place sur mes hanches, mon ordinateur VR 3 m’indique depuis longtemps que j’ai fini les paliers à cette profondeur et mon propulseur me tend les bras. J’ai toujours la tête qui tourne et des nausées, mais je le saisis et reprends ma progression un peu comme un bourdon qui aurait frappé violemment une vitre. Je profite du reste des batteries de mon propulseur, sur lequel j’ai installé une prise 12 volts pour brancher ma combinaison chauffante.

Contraint de renvoyer mon petit déjeuner Vers les -70, Frank arrive. Quel soulagement ! Quel bonheur de savoir qu’enfin je vais être entouré, surveillé, alimenté, chauffé, réconforté, dépanné, encouragé, etc. etc..

Il comprend rapidement que quelque chose ne va pas. Je lui fais signe qu’il y a des bouteilles derrière, il revient vers moi reste quelques minutes à mes côtés, puis repart. Je sais qu’il ne peut pas s’éterniser à cette profondeur. À partir de là, l’équipe conduite d’une façon remarquable par Frédéric MARTIN va s’organiser, les plongeurs vont se relayer pour assurer mon soutien. Rapidement David va prendre le relais et restera de longues minutes à mes côtés, chose que j’ai particulièrement apprécié surtout au moment où les nausées étant de plus en plus fortes, j’ai été contraint de renvoyer mon petit déjeuner. Cependant si cet exercice très particulier ne pose pas trop de problème en circuit ouvert, il en est autrement avec un recycleur. Si la capacité du plongeur à tenir une bonne apnée n’est pas suffisante, ou s’il commet la moindre erreur, le circuit est inutilisable ou pire c’est la noyade. Je prends donc une bonne inspiration, ferme le boisseau, retire mon embout, laisser sortir tout ce qui veut sortir, me rince la bouche, remets mon embout, ouvre le boisseau, ouf ! Opération réussie. Mais la malédiction est toujours là, me guettant à chaque virage, à chaque changement de paliers. Voici qu’un fil de la prise électrique qui va sur ma combinaison pour mon chauffage se dessoude.

Du bricolage pendant les paliersVoilà une façon intéressante de passer le temps. À l’aide de mon couteau je dénude les deux fils et les introduits dans les orifices de la prise sur la batterie. Je réussis à me chauffer ainsi quelque temps, lorsque Sylvain BATOT arrive avec un domino, une prise et un tournevis et ensemble nous viendrons facilement à bout de cette panne.

Puis c’est au tour de Claude qui va s’éterniser à mes côtés avec son tri 20 L et me fera passer de longues minutes. Se succéderont ensuite Bruno, les Anglais Dave et Scoff et Serge. Lorsque j’arrive à –18, ma cloche à palier est juste au-dessus de moi. Génial, je vais bientôt pouvoir me reposer, me refaire une santé. Mais les paliers de -60 à -40 ont été relativement longs, car le VR 3 ne prend en compte que 9 mélanges différents et lorsque je lui ai affiché les 5 derniers, il a ajusté la fin de la décompression et raccourci les derniers paliers. L’équipe, qui s’était calée sur une de mes tables laissée en surface, va être induite en erreur par ce phénomène et le plongeur qui devait me surveiller lors de mon entrée dans la cloche aura plus de deux heures de retard.

Le palier juste à côté de ma cloche Le troisième coup vient de frapper. En effet, je n’ai eu pour l’instant que des problèmes physiques et mon moral jusque-là était resté intact. Mais voilà que les esprits maléfiques qui hantent ces lieux vont tenter de le titiller, de le grignoter morceau par morceau. Je suis immergé depuis près de 12 heures et je fais le palier de -15 juste à côté de ma cloche me disant, il va arriver.

Je sais que je peux entrer seul dans la cloche, je l’ai déjà fait en lac. Mais à 700 mètres de la sortie, il n’est pas question que je prenne le moindre risque. Arrivé à –12, le palier dure près d’une heure. Je bouge, je gigote dans ma combinaison, je fais des exercices avec les jambes, avec les bras mais rien n’y fait, le poids du temps se fait sentir inexorablement. Cette fois c’est décidé, je suis à - 9 et à la fin de ce palier si personne ne vient, j’irai seul dans la cloche naturelle à - 6. Lorsque 4 minutes avant la fin de ce palier Daniel arrive, je ne dirai pas ici ce que j’ai eu envie de lui faire pour ne pas choquer les âmes sensibles.

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Il me tend une plaquette avec des questions mais je m’en moque, je marque juste je veux entrer dans la cloche. Il comprend mon impatience et se met à tourner autour de moi, me décroche mes relais, OK je peux décapeler. Je ferme mon boisseau, saisis un détendeur avec une petite bouteille en ventral, fais basculer l’ensemble des tuyaux cannelés et des 2 boisseaux derrière ma tête et enfin je décapèle le RS 2 que Daniel réceptionne. Arrivé dans la cloche, je m’installe sur la barre fixée par des spits. Daniel me tend le petit recycleur et restera près de moi avec son tri 20 L durant 3 longues heures. Je savoure ce palier de luxe et profite pour me remettre en condition et déguster enfin quelques gorgées de soupe bien chaude.

Un dernier coup pour tenter de m’achever. Je quitte la cloche et remet mon recycleur sur le dos sans problème. Je suis parti depuis un peu plus de 17 heures et j’ai hâte de retrouver la sortie. Il me faudra une heure pour parcourir les 700 derniers mètres. Lentement je m’extirpe de ce boyau étroit et sinueux, cette fois ça y est, j’aperçois la lumière du jour dont les colonnes bleutées semblent percer cette eau cristalline.

C’est le matin, il est presque 7 heures, je marque une pose à – 6 pour savourer cet instant précieux. C’est alors qu’en arrivant à – 3 je ressens une gène dans les genoux. Cette fois c’en est trop, mais que suis-je donc allé chercher au fond de ce gouffre ? Ai-je titillé la queue du diable pour qu’il s’acharne ainsi et vienne m’administrer un dernier coup juste à la sortie, comme pour tenter de m’achever ?

Le plongeur de pointe sous haute sécuritéJe décide donc de remonter à 30 minutes par mètre de – 6 à 0 et de rajouter ainsi 3 heures d’O2. L’équipe va une fois de plus réagir avec une rapidité et une efficacité incroyable pour me soutenir, m’encourager, m’inciter à boire, allant jusqu’à sacrifier des batteries d’éclairage de caméra pour alimenter ma combinaison chauffante. Il est 9 h 45 lorsque j’émerge enfin. Je suis immédiatement pris en charge, déséquipé, oxygéné, alimenté, réchauffé, ausculté. Je suis sous haute sécurité, je récupère rapidement, en quelques heures et je ne ressentirai absolument aucune douleur, seul ma tête tourne encore due à l’ADD vestibulaire que j’ai subi vers les – 90. Je découvrirai un peu plus tard que j’ai perdu 3 kilos en 21 h 11. Je pense qu’en allant chercher une telle profondeur à près de 1200 mètres de distance, avec en plus un profil chaotique, j’ai atteint les limites des capacités humaines. Je laisse donc ainsi le terminus et ne poursuivrai pas l’exploration de cette résurgence.

Cette plongée à été effectuée entièrement avec un double recycleur semi-fermé à fuite proportionnelle en dorsal, sécurisé par un troisième utilisable en ventral déposé à – 60, plus un fermé O2 à – 6. Je tiens à remercier très chaleureusement tous les participants à cette expédition et félicite toute l’équipe qui s’est investie et qui à su s’organiser et s’adapter avec un professionnalisme remarquable. Toujours soucieux de la sécurité, faisant preuve d’ingéniosité pour surmonter tous les problèmes rencontrés.

Remerciement à : COMEX PRO ; LINDE GAZ ; GMPA ; BESAC.PLONGEE Et à notre membre d’honneur Félix COBOS.

RECIT D’UN PORTAGE PROFONDPar Fred MARTIN

Les préparatifsJeudi matin, nous avons installé ma petite chaîne de déco 1x9l d’air à –39 m, 1x15l de Nx 50 à 21 m et 1x9l de Nx 70 à 15 m. Pour ce qui est de l’oxy, il me sera fournit par un petit circuit fermé. Ce jour là une plongée de portage jusqu’à – 47 m m’a permis de m’habituer au fonctionnement du circuit fermé avec lesquels je devrai parcourir demain les 700 premiers mètres, et de tester l’équilibrage des 2 relais 10l et 12l que je devrai déposer respectivement à –70m et – 80 m.

Le portageVendredi matin, tout est OK, un peu de pression tout de même, si j’échoue dans ma plongée de dépôt, la pointe à Sylvain sera retardée voire annulée, mais bon, je ne me formalise pas trop avec ce genre de chose. Petit contretemps dans mon habillage, en effet nous avons tous oubliés les combinaisons à la maison sur l’étendage, elles arriveront bien sèches !

Le temps d’un aller retour et me voilà à l’eau. En 35 minutes, je parcours les 700 premiers mètres à l’aide du recycleur qui fonctionne très bien, cependant je dois l’abandonner à – 9m avant d’entrer dans la zone profonde. A ce point, je récupère les 2 relais déposé la veille et lentement je me laisse descendre jusqu’à la première base de puits à – 45 m. Je m’engage ensuite dans la galerie en pente douce qui fait suite. – 60m , -70 m, je redécouvre largement plus sereinement ces lieux que j’avais déjà plusieurs fois atteint à l’air. Mais « bizarrement » la galerie me semble plus spacieuse, quelle erreur que ces plongées profondes à l’air dans cette zone !! –71 m je dépose le premier relais dans un endroit confortable. Descente du puits à –72 m puis 20 m plus loin la dernière verticale, -80 je suis dans le puits, je préfère descendre encore un peu pour que Sylvain puisse récupérer plus facilement ce relais. Je dépose donc la 12 litres à –87m mon TX 14/54 me le permet.

Cela fait 15 minutes que je navigue sereinement en profondeur, je dois à présent rejoindre mon premier palier. J’y retrouve David BIANZANI et Xavier MENISCUS qui font un bout de déco avec moi. Lorsque je passe à –36m sur l’air le détendeur me joue des tours en me gonflant les joues comme un hamster, mais les copains sont là pour m’aider à résoudre ce petit contretemps. Les paliers s’égrainent rapidement, je laisse les bouteilles de déco en place car d’autres plongées profondes vont avoir lieu. Arrivé à –9m je récupère le circuit fermé et passe à l’oxy, avant la fin du palier j’entame le chemin retour.

Lorsque je fais surface, Sylvain vient aux nouvelles tout s’est bien passé, les relais sont aux bons endroits, Sylvain est radieux, le « 1er étage de la fusée » est en place, Claude que j’ai croisé sous l’eau sur son aquazepp va placer le second.

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AU DESSUS DU MIRROIRPar Fred MARTIN

Je viens de –63 m, profondeur à laquelle j’ai déposé le RS3 et 1 bouteille de 10l, je croise Sylvain dans la zone des – 50 m. Tout va bien, il a déposé les 2 bouteilles de 4l comme prévu et avec son propu il fonce vers le fond. Une dernière poignée de main sans s’arrêter et je remonte faire ma déco.Au 700m, je retrouve l’aquazepp que j’avais déposé là et je rentre en ramenant les blocs qui ne serviront plus.En sortant la tête de l’eau, je sais que je ne plongerai plus et c’est un sentiment un peu frustrant, cependant je sais qu’en surface je serai très utile pour organiser l’assistance à Sylvain.

1er Contact et cris de joieLe problème de Tourne est l’élongation des distances entre la vasque d’entrée et la zone profonde, si bien qu’il est difficile de prévoir une fourchette de 10 minutes durant laquelle le plongeur de soutien profond peut établir le contact avec le plongeur de pointe. L’année dernière la technique utilisée n’avait pas porté ses fruits. En effet étant parti avec Sylvain je l’avais aidé à manœuvrer dans les passages délicats des 120 premiers mètres puis je lui avais « éclairé » les passages les plus larges dans les 600 autres. Ce trajet nous avait pris 60 minutes. Après cela j’étais allé attendre calmement dans la cloche à –6m durant 90 minutes. Descendant ensuite à – 70 m au trimix je n’avais pu établir le contact et rejoignais la surface sans informations après une plongée de 4h30 minutes. Ne voulant plus renouveler cette situation nous nous sommes orientés cette année, sur un départ plus tardif de Franck VASSEUR notre plongeur de soutien profond, de plus Franck pouvait descendre dans la zone des 75- 80 mètres. Cette solution fut le ticket gagnant, Franck parti 2h30 après la mise à l’eau de Sylvain, a établi le contact avec lui à –62 m et est allé chercher des blocs que ce dernier avait abandonné entre –65m et –72 m. Pendant la récupération des blocs Sylvain a eu le temps de remplir la plaquette de 1er contact, cette plaquette est très importante car les renseignements que Sylvain y inscrit vont conditionner le déroulement de l’assistance. Ne pouvant attendre le retour des infos de Franck trop longtemps je décide d’envoyer David BIANZANI au fond, avec sa motivation je sais compter sur lui, il emporte la batterie de chauffage et de quoi manger. Lorsqu’il arrive dans le puits Franck est sur le chemin du retour avec les infos : Sylvain a froid (il s’équilibre avec son mélange fond), mais le timing est bon David a le chauffage.

Pour l’instant en surface tout va bien, j’ai anticipé les demandes Sylvain et de ce fait nous avons un temps d’avance ce qui est très important dans cette source où un aller retour aux côtés de Sylvain prend entre 1h00 et 1h 15, aucun plongeur ne s’est saturé dans une plongée profonde sans ramener des infos.

L’étude de la plaquette de 1er contact est toujours un moment très important en surface. On y apprend que le RS2 et le RS3 fonctionnent bien mais que Sylvain a des nausées et qu’il a froid. Les données techniques de la plongée nous rendent fou de joie, Sylvain vient d’atteindre – 209. On avait tous confiance en lui, et une fois de plus il ne nous a pas déçus. Reste à présent à refermer autour de lui un cocon pour qu’il passe la meilleure déco possible.

LE DOUTEA la remontée de David le doute s’installe cependant dans l’équipe. En effet, David vient de passer 17 minutes avec Sylvain et ce dernier n’a pas bougé des –52 mètres, de plus il semble avoir très froid car un problème de connexion à la batterie l’empêche de se chauffer correctement. Dans un premier temps, il me faut lui envoyer quelqu’un pour lui apporter de la nourriture chaude et le soutenir, ensuite il me faut réfléchir et trouver comment

résoudre le problème de chauffage qui est essentiel pour une telle plongée. Lorsque je dis à notre ami anglais Scoff de parti j’espère qu’il va m’annoncer la remontée de Sylvain dans des profondeurs raisonnables plus compatibles avec la déco initialement envisagée. A présent nos plans de plongées ne nous servent plus à grand choses, en surface il va falloir gérer avec une grosse part d’intuition. Cependant, cela fait quelques années que l’on « travaille » ensembles et les mécanismes sont bien huilés, les solutions de réchappes aussi.

L’ami anglais va réaliser une grosse plongée restant 20 minutes entre –45m et –43m avec Sylvain. Les infos qu’ils remontent sont très précieuses. Claude HUREY est déjà parti apporter la batterie de sécurité, j’ai totale confiance en lui, sous l’eau il est a moitié poisson et on peut lui demander n’importe quoi il a toujours une grosse part de réussite, en plus il est parti avec une grosse quantité d’air, il a sur le dos un tri 20 l et peu donc rester longtemps sous l’eau. Cependant, alors qu’on lit les infos remontées par Scoff, Claude vit une mésaventure, en effet alors qu’il est 10 m au dessus de Sylvain, le caisson contenant la batterie explose laissant tomber sa charge, ce n’est que par hasard que Sylvain ne la reçoit pas sur le dos ! A la sortie de Claude, il est 21h30, Sylvain est encore à –37 m, notre batterie de secours est HS et la batterie principale donne des signes de faiblesses. Réfléchir vite et bien…, d’après les infos remontées depuis le fond j’imagine le problème auquel est confronté Sylvain, je trouve la solution connaissant parfaitement l’équipement de Sylvain et l’explique à Daniel PENEZ et Fernand BORCA qui se chargent très rapidement de trouver une parade que l’on pourra facilement mettre en œuvre sous l’eau.

RETOUR AU CALME1h00 plus tard Sylvain BATOT est à l’eau, il part chargé du recycleur fermé pour l’O2 dans la cloche de –6m, d’un 9 l d’air, d’un pack d’accus cinéma qui servira de batterie pour le chauffage et du nécessaire pour réparer la connexion du cordon de Sylvain. Il s’acquittera parfaitement de cette tâche et Sylvain pourra à nouveau connecter ses cordons sur les caissons de batterie. C’est une chance qu’il y a quelques années tous les membres de l’équipent aient décidaient de s’équiper des mêmes connexions électriques étanches, nous nous apercevons aujourd’hui de l’utilité d’une telle démarche dans un groupe. Lorsque notre ami remonte, il annonce de bonnes nouvelles, Sylvain est à présent à –18 m et il ne lui reste plus que 6 h 00 de paliers. Il est 1h00 du matin lorsque je vais réveiller Daniel DUMAS. Ce dernier se mettra à l’eau à 2h20.

Dans l’intervalle, Sylvain se trouvant seul n’a pas osé tenter de rentrer sans assistance dans la cloche souple et il a continué sa déco dans l’eau, il se trouve à présent à –9m. C’est l’accros de l’assistance, je m’en veux un peu de ne pas avoir réveillé Daniel plus tôt mais bon, à présent on a des paramètres précis et la suite sera plus facile à gérer.

É C O L E F R A N ç A I S E D E P L O N G É E S O U T E R R A I N E

U T I L I S A T I O N D E S R E C Y C L E U R S E N P L O N G E E S O U T E R R A I N E

É C O L E F R A N ç A I S E D E P L O N G É E S O U T E R R A I N E

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Sylvain remonte lentement. Lorsqu’il entame le gonflage de la cloche de –6 m à l’aide du bi 15l laissé là à cet effet, bien décidé d’y rentrer même seul, il voit avec soulagement l’arrivée de Daniel. Dans ces moments cruciaux, il est important d’être entouré d’un plongeur que l’on connaît parfaitement et, en effet, tout se passe sans problème, le calme olympien de Daniel est un atout.

Ces manips nous permettent de voir le chemin parcouru depuis l’été 1996 où l’on s’étaient rencontrés pour la première fois sur les bords de la célèbre Fontaine de Vaucluse où pour la plupart nous avons fait nos premiers pas de plongeurs spéléo emmenant au fil du temps d’autres plongeurs du cru.

LA JOIE Daniel aide Sylvain à décapeller son recycleur, à le déposer en lieu sûr et c’est léger que Sylvain peut entrer dans la cloche. Daniel décide de remonter au point haut du sommet du puits afin d’économiser son air, il est tout de même parti avec un tri 20 l. Régulièrement, il vient prendre des nouvelles de Sylvain. Lorsque le palier de –6 m est terminé Daniel rééquipe Sylvain et ils entament tous les 2 le trajet du retour, lentement ils avancent dans la galerie jusqu’au 300 mètres où ils rencontrent Dave qui est venu aux nouvelles. Lorsque les 2 plongeurs arrivent dans la vasque Sylvain décide de rallonger le temps de sa déco, Daniel est alors relayé par Dave et Serge LABAT. Tous deux assureront les derniers instants de la plongée en apportant à Sylvain batteries de chauffage, nourriture, lecture…. Bruno LOISY et Sébastien HOUTIER se sont mis à l’eau dans la vasque en prévision de la sortie de Sylvain. Daniel est allé mettre le chauffage dans son camping car, le lieu d’oxygénothérapie est prêt, Sylvain peut sortir.

Il est 9h45 lorsque Sylvain fait surface sous les applaudissements de tous. Bruno et Sébastien le déséquipent lentement, Sylvain est visiblement très éprouvé. Sorti de la source après l’incontournable séance de photos, Sylvain rejoint le camping car pour un repos bien mérité et quelques examens.

Bruno et Roland FOLLADOR s’équipent, Sylvain BATOT fait le point de ce qu’il faut remonter, enfin tout le monde s’active, comme toujours chacun trouve sa place dans l’équipe, la journée n’est pas terminée, il y a encore beaucoup de matos dans l’eau.

Sylvain est resté dans l’eau plus de 21h00, il a atteint 209 m de profondeur, c’est géant, cette aventure a été merveilleuse, l’exploit de Sylvain est notre victoire à tous.

ÉCOLE FRANçAISE DE PLONGÉE SOUTERRAINE

U T I L I S A T I O N D E S R E C Y C L E U R S E N P L O N G E E S O U T E R R A I N E