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Année Universitaire 2001/2002 Compte-rendu du voyage en Tunisie des étudiants de Licence de Géographie de l’Université du Maine : 18 au 25 mai 2002 Réalisé par les étudiants présents en Tunisie : Beauchamp Emilia Cheneau Willy Coquillard Nicolas Defaix Marion Demeslay Valérie Derouet Damien Drouet Nathalie Gouet Anthony Huet Marie-Odile Jourdan Florent Rohée Claire Rouby Fabien Rouillard Adeline Rousseau Stéphanie Vassord Léonard ...avec le regard bienveillant de leurs professeurs accompagnateurs : Madame Yamina Djellouli Monsieur Michel Grésillon Monsieur Sylvain Souchaud

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Année Universitaire 2001/2002

Compte-rendu du voyage en Tunisie des étudiants de

Licence de Géographie de l’Université du Maine :

18 au 25 mai 2002

Réalisé par les étudiants présents en Tunisie :

Beauchamp Emilia Cheneau Willy

Coquillard Nicolas Defaix Marion

Demeslay Valérie Derouet Damien Drouet Nathalie Gouet Anthony

Huet Marie-Odile Jourdan Florent

Rohée Claire Rouby Fabien

Rouillard Adeline Rousseau Stéphanie

Vassord Léonard

...avec le regard bienveillant de leurs professeurs accompagnateurs :

Madame Yamina Djellouli Monsieur Michel Grésillon Monsieur Sylvain Souchaud

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SOMMAIRE

I ) Au fil des journées (p.2) • Dimanche 19 mai : visite de la ville de Sfax : les composantes urbaines. (p.2)

� L’expansion urbaine. (p.2)

3 centres pour une ville. (p.3)

� Le développement industriel. (+ photo de la pollution industrielle, p.4)

Développement dur à tenir ou développement durable. (p.4)

• Lundi 20 mai : visite des îles Kerkennah. (p.5) �

2 photos : « un reflet de la végétation kerkennienne » (p.6) et « site archéologique de Borj-El-Hassar » (p.7).

• Mardi 21 mai : le Gouvernorat de Sfax. (p.8)

� 3 photos : « pollution du littoral sfaxien… » (p.9) « réserve ornithologique au

sein des salines de la zone de Thyna… » (p.10) et « les immenses oliveraies de Sfax… » (p.11) • Mercredi 22 mai : Gabès et Matmata. (p.12)

� 4 photos : « La « bétonnisation » (…) de Chaffar »( p.12) « les palmiers (…) des

oasis… » (p.14) paysage et mode de vie au cœur des troglodytes à Matmata (p.15 et 16) • Jeudi 23 mai : El Jem et Sousse. (p.17)

� Photo de la grande sebkha d’El Jem (p.17)

La ville d’El Jem (p.17) (+ photo de l’amphithéâtre, p.18)

� La ville de Sousse (p.19)

I I ) Les mille et une por tes de la Tunisie… (p.21) …ou comment nous souhaitons vous apporter nos impressions • L’accueil des sfaxiens. (p.21) • Les problèmes environnementaux. (p.22) • L’opposition Tunisie traditionnelle/Tunisie touristique. (p.22) • Les ruptures paysagères. (p.23) • Les contrastes franco-tunisiens. (p.23) • Les femmes et leurs études. (p.24) • La religion. (p.24) Conclusion générale ( p.25) Remerciements et amitiés (p.26)

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I ) Au fil des journées

•••• Dimanche 19 mai : Visite de la ville de Sfax : les composantes urbaines

L’agglomération sfaxienne est la seconde du pays avec 400 000 habitants, et

s’étend sur 20 000 hectares. Par sa position médio-centrale sur la côte orientale, elle est

soumise à un climat de type méditerranéen aride.

L’expansion urbaine

Elle s’est réalisée par étapes successives et selon un plan semi-circulaire couvrant

13 km vers l’ intérieur des terres. Au-delà, les oliveraies occupent presque sans partage le

paysage. En raison du coût différencié du foncier selon les quartiers, une certaine

ségrégation spatiale est observable. Ainsi, les faubourgs périurbains sont issus de l’exode

rural, et les faibles revenus de ces néo-urbains expliquent la paupérisation de cet espace.

Par ailleurs, des opérations planifiées d’aménagement indiquent l’apparition de quartiers

plus cossus, lesquels contrastent avec la paupérisation du centre historique, surtout à

proximité des zones industrielles.

Sfax est une ville qui se construit rapidement pour les opérations d’urbanisme de

promoteurs privés, mais lentement pour les logements individuels, qui ne sont parfois

achevées qu’au bout de 5 ou 6 ans, à cause de l’augmentation des coûts de construction.

Parallèlement au développement de la fonction résidentielle un réseau routier très

hiérarchisé s’est constitué, comptant de nombreuses radiales et 3 rocades, qui ne règlent

cependant pas les problèmes de circulation (engorgement…).

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3 centres pour une ville

Comme la plupart des grandes villes tunisiennes, Sfax présente 3 centres :

♦ La Médina, le centre historique musulman, s’étale sur 24 ha, et est passée d’un espace

purement résidentiel à un espace productif (artisanat, commerce). Les ruelles sont

étroites, les constructions basses, la mosquée en position centrale et la zone entourée de

remparts.

♦ La ville européenne, ancien centre colonial, a été reconstruite après la guerre en

gagnant des terres sur la mer par poldérisation.

♦ Sfax El Jadida, le nouveau centre urbain, a nécessité la destruction des habitats

précaires, et est aujourd’hui aménagé à 75 %, avec la combinaison des fonctions

résidentielle, commerciale et de services. Malgré l’apparente modernité se posent déjà

des problèmes tels le manque d’espaces verts ou de places de stationnement.

Le développement industriel

L’économie de la ville repose surtout sur le secteur industriel, du fait du moindre

attrait touristique de la région (on peut émettre l’hypothèse selon laquelle le

développement industriel pourrait contrarier la venue des touristes, mais c’est à vérifier).

La zone industrielle se situe sur la côte, et a accueilli jusqu’à 1990 l’usine NPK, et héberge

toujours la SIAPE, toutes deux à l’origine d’une importante pollution aérienne, terrestre et

surtout maritime. Le port joue un rôle primordial quant à l’exportation des matières finies,

notamment l’huile d’olive produite dans l’arrière-pays sfaxien. C’est le port de pêche le

plus important de Tunisie, du fait de ressources halieutiques importantes bien qu’en

diminution.

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Le soufre que l’on retrouve sur ces berges est caractéristique des pollutions industrielles

Développement dur à tenir ou développement durable ? Essai de conclusion

Face aux problèmes liés à la pollution ont été avancées plusieurs propositions parmi

lesquelles une délocalisation de l’usine SIAPE vers le sud, la réhabilitation du littoral par

le projet Taparura...

La prise en compte de l’avis de l’Association de Protection de la Nature et de

l’Environnement de Sfax et du PNUE, montre une évolution dans la politique du

développement urbain.

Cependant l’ intégration des populations locales aux projets n’est pas complètement

satisfaisante. De même, l’écart entre les bonnes intentions affichées pour améliorer la

situation et les résultats sur le terrain reste encore trop important.

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•••• Lundi 20 mai : Visite des îles Kerkennah

Dès le 2e jour, nous nous sommes rendus aux îles Kerkennah en empruntant le car-

ferries. Ces îles, situées à seulement 20 km de Sfax, offrent un dépaysement complet.

L’archipel compte 15 000 habitants depuis 1920 qui sont essentiellement regroupés sur les

2 îles principales : Chergui et Gharbi.

Comme les sfaxiens, les kerkenniens sont connus pour leur chaleur et leur

dynamisme.

L’archipel s’étend sur 34 km de long et 14 de large avec une altitude moyenne de 5

m. (le point culminant atteint les 13 m). Sur cet ensemble, 2 espaces agricoles se

distinguent : un étant considéré comme davantage voué à l’exploitation (palmier et orge) et

l’autre destiné à la production industrielle (huile de palmier) . Du point de vue tectonique,

on constate de nombreux « horst » et « grabben » mais la planitude du paysage domine.

Aussi bien l’ île de Chergui que celle de Gharbi disposent d’un climat méditerranéen aride.

Gharbi tient son originalité à une succession de sebkhas accompagnées d’une végétation

halophytique telle le Ligeum spartum, l’Arthocnemum strobilaceum…On y trouve aussi

des croûtes calcaires qui sont utilisées pour le bâtiment ou démolies pour la mise en

culture. Globalement l’archipel est peu pourvu en végétation, seule la végétation de type

steppique est présente.

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Un reflet de la végétation kerkennienne...

Les activités essentielles des kerkenniens sont la pêche et le tourisme. Concernant

le ramassage des poissons, il se fait grâce à des felouques. La pêche côtière et de haut-fond

se pratiquent au port de El Ataya sur l’ île de Chergui. Le poulpe, ressource halieutique la

plus courante sur Kerkennah, se capture grâce à des gargoulettes ( petites poteries retenues

par une corde ). Une preuve du dynamisme des kerkenniens se note par la vente directe du

poisson à des maquignons. La qualité des poissons a permis de développer ce secteur

économique.

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Concernant l’activité touristique, elle est en déclin depuis la fin des années 1980 en

raison de l’ isolement de l’archipel. Seule une rotation se fait avec Sfax et les flux

touristiques sont variables d’une année à l’autre. Cette activité a une vocation écologique,

de tourisme vert. Cependant l’ île avec le site archéologique de Borj-El-Hassar attire des

touristes avides d’histoire. Ce site remonte à l’époque des carthaginois. Il a permis des

relations commerciales entre l’archipel et Sfax et a également servi de base militaire.

Site archéologique de Borj-El-Hassar.

Malheureusement, ces îles connaissent des difficultés. Une charge plus importante

de kerkenniens est à craindre pour l’avenir. Cela s’avérerait gênant du fait de la faible

ressource en eau et de l’absence de réseau d’assainissement.

L’archipel se trouve isolé du continent et donc le tourisme en souffre énormément.

2 projets sont avancés pour l’archipel, le 1er étant de relier les îles à Sfax par un pont. Deux

limites apparaissent : le coût s’élève à 200 milliards de dinars mais se pose également la

peur que les îles deviennent un dépotoir. Le 2e projet a pour objectif de relancer l’activité

touristique avec la construction d’un hôtel. Cet aménagement ne sera pas sans dégrader les

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conditions de vie actuelle. Sur l’archipel comme sur le continent, les projets devront être

étudiés de façon à apporter plus d’avantages que de désagréments.

•••• Mardi 21 mai : Le Gouvernorat de Sfax

La zone industrielle la plus ancienne se situe sur le littoral nord de la ville. Oued El

Maou a été créé en 1960 la route de Gabès de façon spontanée et réhabilitée ensuite en

fonction de l’axe principal, la RN1. Cette zone plus ou moins morcelée occupe 300 ha et se

compose de petites industries - spécialisées par exemple dans l’exportation de couscous -

qui ont été dynamiques jusque dans les années 1980. Aujourd’hui, l’ industrie principale

NPK a fermé ses portes après une activité de 30 ans et laisse non seulement 80 ha de site

en friche mais aussi une accumulation de dépôt de phosphogypses liée à son activité de

traitement du phosphate et qui atteint 47 mètres de haut.

Le littoral nord est donc très pollué à cause des anciennes industries mais également

en raison des industries actuelles qui déversent des polluants dans le canal qui entoure la

médina. Cette voie d’eau longe un des principaux boulevards circulaires et permet de

prévenir la ville contre les inondations (l’une des plus importantes s’est produite en 1982).

Ce canal aboutit près du site de l’ancienne NPK et contribue donc à la dégradation du

littoral. Un projet de dépollution et de remblais est en discussion afin de réhabiliter cette

zone en gagnant du terrain sur la mer, mais cela risque d’être très onéreux.

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Un cliché symbole des nécessaires remise en valeur et dépollution du littoral sfaxien.

Le port de pêche qui se situe au niveau de la ville européenne connaît actuellement

quelques difficultés dues à une grande exportation. En effet, avec l’augmentation de la

pêche les ressources halieutiques commencent à diminuer et des restrictions ont été

envisagées. Un arrêt ne serait pas envisageable compte tenu du fait que la pêche fait vivre

45 000 personnes : les pêcheurs, les employés des industries de congélation des produits de

la mer pour l’exportation, ainsi que leurs familles.

Le gouvernorat de Sfax se concentre aujourd’hui sur ses activités industrielles au

sein de la zone industrielle de Thyna au sud de la ville. Elle a été réaménagée depuis 2 ans

et, bien que seulement 45 ha sur 150 ne soient utilisés, elle comprend l’usine SIAPE qui a

repris l’activité de NPK mais aussi de nombreuses entreprises d’huile d’olive qui rejettent

leurs résidus directement dans la Méditerranée. Si l’on y ajoute la station d’épuration on

constate que cette nouvelle zone joue à présent le premier rôle dans la pollution du littoral

sfaxien. Des associations et des agences gouvernementales ont donc vu le jour afin de

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protéger ce site où les salines sont très importantes puisque Sfax est la première

exportatrice de sel tunisien.

Réserve ornithologique au sein des salines de la zone de Thyna : un exemple de remise en

valeur environnementale d’une zone touchée par la pollution.

Au-delà de ces zones précédemment citées, s’étale « Sfax El Jadida », c’est-à-dire

Sfax la nouvelle. La ville subit désormais le processus d’étalement urbain avec une

extension première vers le nord, puis vers l’ouest et aujourd’hui vers le sud.

Pour tenter de maîtriser ce phénomène, un projet de parc urbain est envisagé au sud

de la réserve. C’est la seule opportunité qui reste à l’Etat pour trouver des réserves

foncières publiques. Les quartiers reçoivent des populations à revenus modestes qui sont

attirées par l’emploi industriel à proximité. On espère ainsi contrôler l’habitat spontané. Le

but étant de créer un cadre de vie agréable, on projette de faire un écomusée, des aires de

loisirs et de détente, et des plantations d’eucalyptus ont été réalisées. Ce parc jouera un rôle

de lieu de détente pour le grand Sfax.

La transition entre la ville et la campagne se fait par les « jnens ». Ce sont des

vergers privés qui ne possèdent pas d’habitation et qui constituent un approvisionnement

en fruits et légumes pour Sfax. Ces jardins connaissent aujourd’hui quelques problèmes

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puisqu’ ils sont rattrapés par l’urbanisation galopante mais aussi par la réduction de

production due au partage de la terre après un héritage.

Enfin lorsque l’on quitte vraiment Sfax, on se trouve tout de suite entouré par des

oliviers. En effet, toute la zone rurale du gouvernorat de Sfax est occupée par une immense

oliveraie. Les terres ont été acquises par l’Etat en 1872 et ont été mises en valeur par le

capital colonial et sfaxien. On a alors refoulé les populations autochtones pour créer des

grands domaines de 10 000 à 50 000 pieds d’oliviers. Les populations rurales ont été

appauvries car on ne leur a confié que de mauvaises terres. Ainsi la densité moyenne de la

région n’est que de 5hab/km².

Le gouvernorat de Sfax dispose aujourd’hui de 240 huileries. Les oliviers sont

plantés avec une grande précision, ils doivent être espacés de 24 mètres (pour des

rendements optimum) et la technique utilisée est celle du dry farming qui consiste en des

labours continus pour leur permettre de supporter la sécheresse. De même on recouvre les

racines d’une motte de terre pour les protéger de l’érosion éolienne. De grands bourrelets,

des tabias, sont présents tous les 100 mètres environ pour réduire cette érosion. On pratique

une taille sévère pour dépasser le stress de la sécheresse. La cueillette dure plusieurs mois

et lorsque l’année est bonne, le gouvernement fait même appel à l’armée pour aider à la

cueillette. Les oliveraies souffrent du même problème que les « jnens » à cause du partage

des terres.

Les immenses oliveraies de Sfax : un symbole fort de la 1ère ville industrielle du pays.

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La ville de Sfax est donc coupée de son littoral. Celui-ci est occupé par des

industries et des services. Il est primordial de faire des projets pour réconcilier ces deux

parties. De nombreux problèmes sont rencontrés par Sfax : l’environnement, l’usage du

foncier, mais aussi l’économie. Doit-on répondre essentiellement aux besoins locaux ou

doit-on s’ inscrire dans une économie mondiale ?

•••• Mercredi 22 mai : Gabès et Matmata

En ce jour, nous avons pris la direction de Gabès sur la route GP1, tôt dans la

matinée. A 25 km au sud de Sfax, nous avons fait une halte dans le village balnéaire de

Chaffar, bu le thé à Mahrès surnommé « Petit Paris », pour ensuite nous rendre dans les

oasis de Gabès et ainsi terminer notre périple dans la ville de Matmata. Cette journée nous

a permis de distinguer d’ importantes différences biogéographiques. Mais au-delà de cette

limite géographique purement physique, nous avons réalisé les décalages existants, entre

un nord et un sud tunisiens, pour lesquels Sfax constitue un véritable carrefour.

Dès le début des années soixante-dix, un plan d’aménagement est mis en place et

permet l’apparition de différentes générations de villas. Tout d’abord occupé par des

commerçants et des hommes d’affaires, le village de Chaffar s’est popularisé et étendu.

Aujourd’hui, le secteur compte 1042 villas, alors qu’en 1963 il y avait seulement neuf

maisons. L’occupation est périodique, puisque durant l’été et en fin de semaine, la

population peut atteindre 10 000 jusqu’à 50 000 estivants. En effet la plage de Chaffar est

reconnue pour son sable fin, et se révèle donc très accueillante, notamment pour les

sfaxiens qui n’ont que des plages « malades ».

La « bétonnisation » de la côte aux abords de la plage de Chaffar.

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Cependant, la plage connaît depuis quelques décennies une profonde évolution

morphologique. L’embouchure de l’oued El Chaffar, qui alimente la plage en limons, s’est

déplacée d’environ 500 mètres au nord. Elle est aujourd’hui cernée par la plantation d’une

forêt d’acacias permettant de retenir le sol. L’origine du sol sableux, le transport par le vent

de particules et la présence de deux dérives littorales contribuent à alimenter la plage. Son

élargissement se caractérise par l’avancée de deux flèches littorales. Alors que la flèche

nord de Nakta était absente dans les années soixante, aujourd’hui elle s’étend sur environ 2

km, pour une centaine de mètres de large. La flèche de Boumada au sud s’est prolongée sur

1 km atteignant actuellement 2,9 km ; on peut y observer des nebkas.

Le fragile dynamisme de ce secteur se trouve perturbé, et la plage connaît une réelle

dégradation. Longtemps touristique, cette zone est aujourd’hui complètement urbanisée.

Non développé durablement, cet atout n’a pas su être préservé. Outre l’obstacle au

transport des sédiments engendré par les constructions, on note l’élévation du niveau de la

mer, une importante érosion marine, et des problèmes d’ inondations (1969 et 1982

notamment), ainsi que les « traditionnels » problèmes de pollution.

On peut voir à travers cet exemple que les problèmes environnementaux de Sfax

n’ impliquent pas uniquement son territoire. Ces problèmes tendent donc à être considérés

dans une optique globale et en partenariat avec les différents acteurs.

A Mahrès, qui doit certainement aussi souffrir de la pollution des grandes villes

industrielles environnantes, la mise en valeur est réussie par la création d’un festival annuel

d’art, dont les œuvres réalisées longent la plage.

En reprenant la route vers le sud, nous avons traversé un paysage de steppe claire,

où les oliviers sont mal venants, en comparaison avec les oliviers de la périphérie de Sfax

observés la veille. Cette dégradation s’explique par la faiblesse des précipitations (150

mm/an), et les effets de cette zone aride sont accentués par quatre années consécutives de

sécheresse. Les érosions éolienne, hydrique et anthropique ne font qu’aggraver ce

phénomène.

Nous arrivons à l’entrée de Gabès pour visiter une des fameuses oasis. Il existe trois

étages de cultures : palmiers, arbres fruitiers et la culture maraîchère. Cette variété permet

une optimisation du secteur. Cette oasis, par rapport aux continentales, se trouve être de

moindre « qualité » en raison de sa proximité au littoral. De plus, elle se trouve confrontée

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à de nombreux problèmes la rendant plus « fumeuse » que fameuse et dans laquelle le

tourisme est quasi inexistant aujourd’hui.

Les héritages successifs ont conduit à un morcellement des parcelles, ce qui

entraîne une baisse de rentabilité. L’oasis connaît aussi des difficultés de drainage, les

rigoles -ou seguias- sont aujourd’hui bétonnées, ce qui provoque la salinisation des sols.

Mais ce qui menace prioritairement cette oasis, c’est la présence croissante de l’ industrie à

Gabès, qui la pollue et la désorganise. Le partage de l’eau, denrée rare, entre les usages

agricole et urbain, est complètement déséquilibré au profit de ce dernier. En effet, la

croissance dans les années 70 des industries chimiques et des cimenteries, propulsée par

l’ inauguration des chemins de fer, a décuplé la consommation en eau.

Les palmiers, icônes des paysages tunisiens en général et des oasis en particulier...

Les constructions industrielles, initiées par les pays du Golfe étaient considérées

comme un facteur de développement, jalousé par les sfaxiens. Aujourd’hui, à Sfax comme

à Gabès, les problèmes sont présents. Cet usage industriel cumulé aux fortes concentrations

de population urbaine mettent en péril les oasis.

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Ici encore, les intérêts économiques et la volonté de développement face à la

mondialisation entraînent des prises de positions allant à l’encontre du milieu naturel. Le

Nord industriel et mondialisé prend de plus en plus le pas sur le Sud, reproduisant le même

schéma sans tirer de conclusions, ne pouvant donc pas apporter de solutions durables. Mais

le « développement exploitant » se fait par des investisseurs étrangers loin physiquement et

mentalement de ces problèmes. La Tunisie ne semble pas être seule maîtresse de son

destin.

Une petite heure de détente nous a permis de découvrir l’artisanat dans les fameux

souks tunisiens. Dans le centre ville de Gabès, nous avons découvert et marchandé la

poterie et le « henna » cultivé dans les oasis environnantes.

Après une brève pose déjeuner dans la palmeraie de Chenini, où nous avons visité

un parc animalier sympathique rappelant que l’ investissement humain sans but lucratif est

bien plus bénéfique à long terme que des investissements d’argent dans des usines

polluantes, nous avons continué notre route vers le sud, pour arriver à la célèbre ville de

Matmata, extrémité sud de notre périple.

Aux abords de Matmata, le paysage est plus aride et aussi plus vallonné.

La nouvelle Matmata est une ville moderne de 18000 habitants, située à 15 km de

l’ancienne. Elle a été créée par le gouvernement en 1976 pour contenir la population et ne

ressemble en rien au vieux village troglodytique, qui s’apparente plus à un musée vivant.

La population, essentiellement constituée de berbères, y atteint 2500 habitants. Quelques

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700 excavations d’une profondeur de 5 à 10 mètres constituent l’habitat. Surnommés « les

vivants qui vivent sous les morts », les habitants vivent aujourd’hui presque uniquement du

tourisme. Ces reconstitutions « artificielles » cachent de réelles difficultés, qui poussent les

jeunes à partir, laissant derrière eux une population vieillissante ; le charme indéniable de

ce mode de vie se laisse dès lors progressivement gagner par les nécessités

contemporaines.

Approche du mode de vie des habitants des troglodytes à Matmata.

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•••• Jeudi 23 mai : El Jem et Sousse

Les deux villes d'El Jem et de Sousse, se situent au nord de la ville de Sfax, sur

l'axe routier principal du pays, la GP1, qui se dirige vers Tunis. La ville de Sfax qui

constituait notre point de départ se situait à 64 km d'El Jem et à 126 km de Sousse.

Lors du trajet pour se rendre dans ces deux localités, nous avons rencontré essentiellement

deux types de paysages qui sont caractéristiques de la région :

- Un paysage agricole, avec les grandes oliveraies du Nord sfaxien qui représentent

une des principales ressources économiques de la région.

- Un paysage naturel, la grande sebkha d'El Jem avec sa végétation halophile

(Arthrocnemum strobulaceum, Salicornia sp., et Sueda mollis).

Vue de la grande sebkha d’El Jem

La ville d'El Jem

Cette ville fut la première étape de notre journée ; nous nous y sommes arrêtés afin

de visiter un amphithéâtre romain.

En effet El Jem possède un héritage historique riche puisque à l'époque romaine

cette ville au nom de Thysdrus était un carrefour entre les populations du nord et du sud de

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la Tunisie. C'est pourquoi les Romains fondèrent ex-nihilo cette ville et y érigèrent un

amphithéâtre, le plus grand d'Afrique et le second après celui de Rome.

Aujourd'hui avec plus de 40000 habitants, El Jem vit essentiellement autour de

l'amphithéâtre qui permet d'attirer de nombreux touristes et ainsi draine quelques activités

commerciales avec la présence de nombreuses boutiques (souvenirs, artisanat...).

L'amphithéâtre

Cet édifice de 1800 ans d'âge est de forme elliptique et pouvait accueillir à l'époque

près de 30000 spectateurs. Ainsi on pouvait assister à de nombreux spectacles qui

consistaient en des combats de gladiateurs, des spectacles de chasse, des combats de

fauves, et des exécutions de prisonniers chrétiens.

Aujourd'hui l'amphithéâtre a été restauré et en plus des visites organisées il

accueille chaque été des concerts de musique classique, avec la participation d'orchestres

philharmoniques et symphoniques de renommée internationale.

El Jem, deuxième plus grand Colisée du monde

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D'un point de vue personnel, il nous a semblé que cette ville n'était, au travers de

son amphithéâtre, qu'une étape pour les cars de touristes ; et que ce n'était certainement pas

la réalité globale d'El Jem.

La ville de Sousse

La ville de Sousse se situe sur le littoral méditerranéen et plus particulièrement dans

le golfe d’Hammamet. Avec une population d'environ 200000 habitants avec la ville

voisine de Msaken, Sousse représente au niveau national le troisième port maritime après

ceux de Tunis et de Sfax, ainsi que le troisième centre universitaire du pays.

La Tunisie est l'un des pays les plus touristiques du bassin méditerranéen, et Sousse

est une importante station balnéaire au niveau national et méditerranéen. En effet nous

avons pu fréquenter de grandes plages de sable fin, visiter les grands complexes hôteliers

et voir toutes les structures favorisant l'accueil des touristes Nord-européens pour la

plupart. Ainsi nous pouvons prendre l'exemple du nouveau complexe touristique d'El

Kantaoui réunissant différentes formes d'hébergement, une marina, des terrains de golf, des

discothèques et des centres commerciaux... une vraie usine à touristes.

La ville de Sousse est fortement marquée par l'empreinte touristique avec des voies

de circulations larges et propres, et une capacité d'accueil supérieure à 50000 lits. Avec la

modernisation et la proximité de l'aéroport de Monastir, Sousse a connu trois phases

successives de développement :

- une première dans les années 60, avec la présence d'hôtels dispersés sur le

littoral ;

- une deuxième phase à ma fin des années 70, avec un aménagement global sur le

littoral Nord sur des centaines d'hectares au détriment des surfaces cultivées en fruits et

légumes ;

- Enfin aujourd'hui le projet d'El Kantaoui se réalise.

On peut caractériser ces constructions par l’expression « urbanisme de façade »

avec un littoral très fréquenté et développé sur seulement une centaine de mètres de

largeur. Il y a un contraste important entre ces espaces bien équipés et l'autre côté de la

ville, caractérisé par la présence d'un ancien tissu rural.

Pour conclure nous pouvons insister sur deux problèmes caractérisant ces afflux

massifs de touristes : Le problème de l'eau et le problème des tours operators.

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En effet il est important d'insister sur la consommation d'eau des touristes (365

litres/touriste/jour) alors que pour un tunisien elle se limite à seulement 70 litres. Cela

contribue à la raréfaction de l'eau en période sèche dans la région, déjà soumise à un climat

méditerranéen semi-aride.

Concernant les hôtels, il y a des problèmes avec les tours operators qui réservent à

l'année certains hôtels et imposent donc leurs lois auprès des tunisiens. Ce système nous

paraît relativement rigide et met ainsi les Tunisiens en position de faiblesse et de

dépendance.

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I I ) Les mille et une por tes de la Tunisie… ... ou comment nous souhaitons vous apporter nos impressions

Mille et une portes se sont ouvertes pendant ce voyage court mais intense en

émotions. C’est comme quand on sort d’un bon film, sauf que là, nous étions actifs et

acteurs. Ce genre de voyage qui remplit la tête de bons souvenirs et dont on continue de

rêver pendant longtemps. On emporte alors une part de la chaleur que l’on trouve si

facilement à travers chaque personne là-bas. Là-bas, il n’ y a pas besoin de se forcer, ça

vient naturellement. On se sent en confiance, on oublie ses craintes absurdes, on s’ouvre et

on prend de la hauteur...

•••• L ’accueil des sfaxiens

La première porte, c’est celle de l’hospitalité et de l’accueil qui nous a été fait à

Sfax.

Les sfaxiens sont connus pour être des travailleurs acharnés mais ce sont également

des gens qui ont le sens de l’hospitalité. Dès notre arrivée, nous avons été traités comme

des « rois » aussi bien par les professeurs que par les jeunes. Les sfaxiens ont vraiment tout

fait pour que nous nous sentions bien dans leur pays et on sentait qu’ ils étaient heureux de

nous faire partager leur connaissance du milieu. Parmi de nombreuses choses, nous

pouvons mentionner l’accueil de Monsieur Daoud qui, deux soirs de suite, a invité à

manger chez lui notre groupe de 18 personnes. L’accueil des filles de la cité universitaire

ensuite, qui sont venues vers nous, vers les garçons d’abord (car pour elles, en voir au sein

de la cité est rarissime), mais aussi vers les filles.

Ce voyage a été très enrichissant car il nous a permis de voir qu’avec peu de

moyens, les sfaxiens nous ont reçus admirablement. La leçon que l’on peut retenir est que

ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur mais la générosité.

Ces gens ont une attitude pacifique. Malgré les fortes inégalités sociales, tout

semble se passer dans la sérénité. La famille y joue certainement un grand rôle ! A Sfax, il

est très courant de voir des quartiers occupés par la même famille. Ainsi les membres de

cette famille s’aident, se soutiennent et ne sont donc pas aigris.

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•••• Les problèmes environnementaux

Sfax connaît de nombreux problèmes. Un des plus importants est celui de la

pollution liée à l’activité industrielle (usine MP4).

La ville connaît aussi des problèmes de circulation. Le principal axe tunisien

traverse la ville de Sfax, ce qui provoque des embouteillages aux heures de pointe et une

augmentation de la pollution atmosphérique.

Sfax est également touchée par les problèmes d’assainissement : seul 30 % des

foyers sont reliés au réseau d’assainissement collectif. L’expansion de la ville en est la

principale responsable.

Un autre problème, généralisable à toutes les villes des pays dits du « Sud » est

celui des ordures ménagères, dont le ramassage n’est pas assez régulier. De plus, il faudra

plusieurs années et toute une éducation populaire pour que les habitants cessent de jeter

leurs détritus à tort et à travers.

La 2e ville du pays dispose d’un taux d’humidité très élevé soit 80 %. Les zones

industrielles sont ainsi infestées de toutes sortes d’ insectes (moustiques, …).

•••• L ’opposition Tunisie traditionnelle/Tunisie tour istique

La Tunisie n’est pas un pays géographiquement équilibré puisqu’on peut distinguer

2 grands ensembles :

Le premier portant sur la Tunisie traditionnelle : la région de Sfax ainsi que l’arrière- pays.

Dans cet espace, les touristes étrangers se font rares et c’est l’ industrie qui est à l’origine

de la modernisation. On notera également que Sfax connaît des problèmes dans le marché

immobilier avec un nombre non négligeable de constructions illégales.

A cela s’oppose le nord, ainsi que la partie « fréquentée » de la côte est (Sousse,

Hammamet, Monastir...). Là, c’est l’activité touristique qui est le moteur économique. Les

Allemands, les Anglais et les Français sont les principaux clients.

Cet espace contraste avec le précédent aussi bien du point de vue du contenu social

que du paysage. C’est à cet endroit que la richesse matérielle se concentre (hôtels, golf)

mais c’est également là que la richesse culturelle disparaît, au profit d’un mode de vie

tourné vers la modernité...

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•••• Les ruptures paysagères

La diversité des paysages nous a également séduit. C’est merveilleux de pouvoir

visiter une oasis (Gabès), où la végétation est luxuriante, quelques kilomètres après avoir

parcouru des champs d’oliviers (voire un peu plus loin des sebkhas), pour enfin être

confronté à un paysage vallonné et aride vers Matmata.

Avant d’aller sur le terrain, la Tunisie était pour beaucoup d’entre nous un pays

aride où la végétation se faisait rare, ou sinon « grillée » par le soleil.

Aujourd’hui notre opinion a changé : la Tunisie offre une diversité de paysages sur

un territoire peu étendu.

L’ intérêt pour nous concernant ce thème a été d’autant plus important et instructif

qu’ il nous a permit de constater de visu les éléments naturels abordés théoriquement en

cours ; c’est là qu’on observe le caractère indispensable de l’étude sur le terrain pour un

géographe.

•••• Les contrastes franco-tunisiens

Nous pouvions aisément imaginer les souks, le chicha, et tous ces délices auxquels

nous désirons goûter quand un ami revient d’un voyage au Maghreb. Des images, des idées

toutes faites, en tout cas des clichés. Pourtant, le plus surprenant, c’est ce qu’on

n’ imaginait que mal ou pas du tout.

Notre pays d’origine nous a alors servi de point de repère nous permettant de

relativiser et de nous repositionner. Ainsi en discutant, on a pu se rendre compte des

décalages de vie, des préoccupations, et autres traditions. Nous retiendrons la forte emprise

de la religion, cohabitant avec une démocratie encore fragile et d’apparence. On ressent la

différence avec les valeurs acquises chez soi et parfois contestées.

Ce n’est pas en parlant ouvertement de politique mais tout simplement à travers les

expériences diverses, portant sur différents sujets de nos interlocuteurs que l’on réalise

alors les différences, et ce que nous-mêmes pouvons représenter aux yeux de personnes

d’autres pays..., notamment par rapport à la notion de démocratie, et de liberté de parole.

Car il s’agit d’un sentiment oppressant, lorsqu’on ressent un filtre à la liberté, que des non-

dits et des tabous demeurent, mais n’oublions pas que les deux pays sont imprégnés de

cultures différentes.

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•••• Les femmes et leurs études

Le fait d’être hébergé à la cité universitaire nous a permis de discuter avec des

jeunes tunisiennes. A travers les diverses conversations, nous avons pu déceler

l’ importance des études dans leur vie. Pour un grand nombre d’entre elles, la réussite à

l’Université est le moyen d’acquérir la liberté, l’ indépendance. En quelque sorte, elle rend

possible ou non l’ascension sociale. Leurs motivations étaient si fortes que ces jeunes

femmes révisaient une grande partie de la nuit. Les filles préfèrent ainsi « sacrifier » une

petite période de leur vie aux études pour profiter de la liberté ensuite. A travers cette

attitude, on voit bien que la femme tunisienne refuse la soumission et qu’elle veut acquérir

une liberté comparable à celle des occidentales.

•••• La Religion

Actuellement, elle est encore très présente à Sfax, et c’est une caractéristique

importante des pays musulmans. Même si tous les sfaxiens n’assistent pas à la prière de

4 h 00 du matin, ils sont présents aux autres offices. On nous a expliqué que les athées

n’étaient pas bien vus. C’est pourquoi ils le dissimulent au maximum ; c’est ainsi qu’à

l’ image des croyants, ils ne mangent pas de porc.

Une amie tunisienne a expliqué qu’avant de faire la prière, les Tunisiens se lavent

pieds, mains et visage pour faire honneur à leur Dieu.

La rigueur de la religion musulmane n’empêche pas sa pratique généralisée, bien au

contraire, le Coran constitue un art de vivre autant qu’une ligne de conduite. On retiendra

que deux étudiantes tunisiennes n’ont pas hésité à appliquer du henné aux volontaires,

geste de partage à la veille d’une fête musulmane.

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Conclusion générale

Pour résumer ce que nous avons globalement ressenti lors de notre séjour à Sfax,

nous emploierons 2 termes : « choc » et « émerveillement ».

Au tout début, ce fut une grande sensation d’étonnement, voire de malaise. Ce choc

s’explique par la pauvreté des pays du Maghreb, la poussière de Sfax et des conditions

sanitaires sommaires comparées à la France.

Mais très vite cette image négative s’est effacée, laissant place à l’émerveillement.

La chaleur humaine, la gentillesse des sfaxiens, la diversité des paysages, l’omniprésence

du soleil…, sont des atouts très importants.

Malheureusement, ces bons points nous semblent un peu « volés » aux tunisiens,

car si la Tunisie séduit et comporte des charmes multiples, ces derniers sont hélas parfois

gâchés par la tutelle financière exercée par les investisseurs sur l’ensemble du pays, aussi

bien dans le domaine touristique qu’ industriel

Mais en guise de conclusion, une impression sincère ressort du lot : notre séjour à

Sfax restera inoubliable !

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Remerciements et amitiés

- au Département de Géographie de l’Université de Sfax, à son personnel administratif et à

ses professeurs, parmi lesquels :

AbdelKarim Daoud, qui nous a entre autre si sympathiquement accueilli chez lui ; �

Ali Bennasr, notre commentateur et compteur de blagues vertes attitré ; �

Asma, qui nous a beaucoup touchés lors de son discours au restaurant, et qui a raison de

croire en sa ville ; �

Mohsen Dhieb, qui s’est tant dévoué pour que notre séjour se déroule dans les meilleures

conditions ; �

et tous ceux que nous oublions ici, mais auxquels va toute notre reconnaissance...

- à tous les étudiants tunisiens qui nous ont accueillis, et plus particulièrement : Salem,

Taher, Issa, Mounir, Nada...;

- aux sfaxiens en général pour leur amabilité, leur joie de vivre et leur chaleur humaine ;

nous pensons chaleureusement à toutes celles et à tous ceux avec qui nous avons pu avoir

la chance d’échanger des propos ;

- et bien évidemment à nos chers professeurs de France et de Navarre, qui, à l’ image de

leurs homologues tunisiens, se sont mis à notre portée, à savoir :

Sylvain Souchaud, toujours le mot pour rire, et qui a pris plaisir à découvrir la Tunisie ; �

Michel « Micheton » Grésillon, toujours pourvu d’une étonnante capacité à susciter une

réflexion si importante en géographie, et à qui nous souhaitons une bonne retraite. �

Yamna Djellouli, enfin, à l’origine du projet de partenariat entre nos deux Universités, et

sans laquelle nous ne serions jamais partis...

Au passage et pour finir, nous tenons à ajouter que nous souhaitons vivement

longue vie à cette union sfaxo-mancelle, preuve d’échange et d’ouverture entre les peuples

et les continents. Dans cette optique, plusieurs étudiants charmés par leur séjour en général,

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et par la richesse géographique et les possibilités d’études en particulier, reviendront l’an

prochain afin de préparer leur mémoire de maîtrise.

Et comme le disait l’un des étudiants durant la dernière soirée, « on espère du fond

du cœur qu’un jour, on puisse accueillir une délégation d’étudiants géographes sfaxiens,

mais les recevoir aussi bien que nous-même avons été reçus ne sera pas chose aisée ! ».

Merci encore à vous tous...

Les 15 étudiants