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Circulaire mensuelle n° 170 b is de la Société amicale des anciens élèves - de l'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne - A CR IX NNEUR LA N D'H REMISE DE E LA LÉGI , , L'ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES MINES DE SAINT-ETIENNE PAR -------- ; ; M. lE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Saint-Etienne, 22 octobre 1933 - INAUGURATION DU BUSTE ---- DE ----- PIERRE TERMIER A l'ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES MINES DE SAINT-ÉTIENNE -- le 21 octobre 1933 -- Saint-Etienne - 19, rue du Grand-Moulin, 19 - 20 Décembre 1933

Compte-rendu et discours de la remise de la croix de la légion d'honneur du 22 octobre 1933

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Société amicale des anciens élèves de l'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne

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Page 1: Compte-rendu et discours de la remise de la croix de la légion d'honneur du 22 octobre 1933

Circulaire mensuelle n° 170bis de la Société amicale des anciens élèves- de l'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne -

A

CR IXNNEUR

LAN D'H

REMISE DEE LA LÉGI

, ,L'ECOLE NATIONALE SUPERIEUREDES MINES DE SAINT-ETIENNE

PAR --------; ;

M. lE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Saint-Etienne, 22 octobre 1933-INAUGURATION DU BUSTE---- DE -----

PIERRE TERMIERA l'ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE

DES MINES DE SAINT-ÉTIENNE

-- le 21 octobre 1933 --

Saint-Etienne - 19, rue du Grand-Moulin, 19 - 20 Décembre 1933

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REMISE DÉ lA CROIX DE lA lÉGION D'HONNEUR

A l'ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES MINES

DE SAINT-ÉTIENNE

PAR M. lEP RÉS1DEN T DELA RÉ PUB LI QUE

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REMISE DE LA CROIXDE LA LÉGION D'HONNEUR

A, ,

L'ECOLE NATIONALE SUPERIEURE"

DES MINES DE SAINT-ETIENNEPAR ~--~-

M. LE PRÉSIDENT DE lA RÉPUBLIQUE -

•Saint-Etienne, 22 octobre 1933

INAUGURATION DU BUSTEDE

PIERRE IERMIERA L'ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE

DES MINES DE SAINT-ÉTIENNE

--- le 21 octobre 1933--------

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REMISE DE LACROIX DE LA LÉGION D'HONNEUR A L'ÉCOLENAT ION ALE SU PÉRIE URE DES MIN ES

DE SAINT-ÉTIENNEPAR M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Saint-Etienne, le 22 octobre 1933

Avant la grande guerre, la croix de la Légion d'honneurn'avait jamais été décernée qu'à des personnes, à des unitésmilitaires ou à des communes.

Si les événements' qui ont bouleversé tant de choses et faitéclore tant de marques d'héroïsme ont conduit, en ces dernierstemps, à modifier ces règles plus que centenaires, elles nel'ont été du moins qu'avec une extrême parcimonie.

C'est ainsi que quelques grandes écoles civiles, qui avaientfourni à l'armée française, dans les réserves, de très nom­breux officiers préparés par une instruction technique supé­rieure et leur haute culture générale à devenir des chefs, ontpu être assimilées aux grandes écoles militaires, telles quePolytechnique et Saint-Cyr, et ont reçu à leur tour la croixde guerre et la croix d'honneur.

Ce sont: l'Ecole centrale des arts et manufactures,l'Ecole nationale des eaux et forêts, l'Ecole nationale supé­rieure des mines de Pari,'? et l'Ecole nationale supérieure desmines de Saint-Etienne. .

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7 =La croix de guerre avait été remise à l'Ecole nationale

supérieure des mines de Saint-Etienne, le 8 juin 1926, par lemaréchal Fayolle, avec la citation suivante:

« L'Ecole nationale des mines de Saint-Etienne, grâce à« ses nobles traditions et à l'instruction spéciale donnée à« ses élèves, a fourni, dans les réserves, principalement dans(1 l'infanterie, une magnifique phalange de cadres, dont les« brillantes qualités intellectuelles et morales et la conduite« héroïque ont largement contribué à assurer la victoire. »

Avec ses 143 morts sur 468 mobilisés (soit 30 %), l'écolede Saint-Etienne détient, parmi les écoles civiles, un dou­loureux et glorieux record. Ses élèves ou anciens élèves ontréuni sur leurs poitrines: 14 médailles militaires; r64 croixde chevaliers de la Légion d'honneur, 6 rosettes d'officiers,une cravate de commandeur de la Légion d 'honneur et ils ontobtenu 658 citations à l'ordre du jour.

Le 21 octobre 1933, un décret, signé du mnnstre de laGuerre et du ministre des Travaux publics, donnait unedouble sanction à la gloire militaire de l'école et au méritecivil de ses élèves en lui conférant la croix de la Légiond'honneur.

Ce décret est ainsi conçu:Le Président de la Républiqlle [rançaise,Sur le rapport. duprésiden,t du conseil, ministre de la

gu.erre) et d'Il ministre des trtiuau.x publics,Vu le décret-loi organique de la Légion d'honneur du

]6 mai ]852,Le conseil de l'ordre entendu,

DÉCRÈTE:

ARTICLE PRElVIrER. - La croix de che7.Jalier de la Légiond'honneur est conférée à l)Ecole nationale sùpérieur« desmines de Saint-Etienne.

ART. 2. - Le président dl1 conseil, 'ministre de la guerre,le ministre des iraniau.x pltblics et le grand chancelier de laLégion d'honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne,de ') exécution du présen t décret.

Fait à Rambouille«, le 10 octobre J933.

Albert LEBRTTN.

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M. le Président de la République Albert Lebrun, ingénieurau Corps des mines, a tenu, comme il l'avait fait pour lesgrandes écoles parisiennes, à remettre en personne à l'Ecolede Saint-Etienne cette haute distinction, et c'était là, nouspouvons le dire, l'un des principaux motifs de son voyagedans la Loire, le 22 octobre 1933.

La cérémonie, émouvante et simple, s'est déroulée à troisheures de l'après-midi dans la grande cour d'honneur del'EGale, récemment reconstruite cours Fauriel, suivant unplan d'une magnifique ampleur.

.Sous un ciel maussade, mais qui avait fort opportunémentarrêté ses pluies persistantes des jouraprécédents, les alléesdu cours Fauriel étaient noires de monde et l'enceinte mêmede l'Ecole remplie de près de 2.000 personnes.

Sous le péristyle, face au. public, une tribune surélevéeest réservée au Président de la République et à sa suite. Enface d'elle, et contre la grille d'entrée, deux autres sontréservées aux invités : notabilités, amis de l'Ecole, famillesdes anciens élèves et des élèves, qui débordent tout autourdans la vaste cour. Cinéastes et photographes sont à leurposte.

Le passage ménagé au cortège présidentiel est maintenupar une double haie formée parles élèves de l'Ecole en grandetenue, l'épée au poing.

A l'heure précise, le commandement. Garde à uous !retentît, puis la sonnerie A 'Ux Champs! et la Marseillaise.Les élèves présentent l'épée. A leur groupe s'est joint ungroupe important d'anciens élèves, officiers de réserve, entenue.

M. Albert Lebrun, suivi des personnalités de sa maisoncivile et militaire, de M. François Albert, ministre du travail,de M. Serre, ministre du commerce, de M. Miellet, ministredes pensions, de M. Paul Appel, sous-secrétaire d'Etat auxtravaux publics, est accueilli à la porte principale parM. l'inspecteur général Caltaux, président du Conseil del'Ecole, et M. l'ingénieur en chef Descombes, directeur.

La suite du Président de la République comprend encore:M. Magre, secrétaire général de la présidence; M. le généralBraconnier, secrétaire général militaire de la présidence;

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M. de Fouquières, directeur du protocole; M. Thomé, direc­teur de la sûreté générale; M. le lieutenant-colonel Colette,de la maison militaire du président; M. Ferry, directeurdu cabinet du président; M. le commandant Dubois,de la maison militaire du président ; M. Sisteron, con­trôleur général de la sûreté générale; M. Dupin de laFourcade, commissaire spécial adjoint; Wurslin , chef adjointde la sûreté de la présidence; Parché , chef du service télé­graphique; M. René Serre, directeur du cabinet du ministredu commerce et de l'industrie; M. Lévy Alphandéry, chefadjoint du ministre des pensions; M. Martel, directeur ducabinet du ministre des travaux publics; M. Barbier, admi­nistrateur de l'agence Havas ,

M. Lebon, président du conseil d'administration de laCompagnie des chemins de fer P.-L.-M. ; M. Mugniot, direc­teur général de la Compagnie des chemins de fer P.-L.-M. ;M. Prudent, inspecteur général de l'exploitation; M. Cuche­rousset, ingénieur en chef de l'exploitation; M. RenéMargot, directeur général de la Compagnie des wagons-lits;M. Bugnier, directeur régional de la Compagnie; M. Re­nouard, secrétaire de la Compagnie P .~L.-M.

M. Galliot, conseiller d'Etat, directeur des mines; M.Lantenois, président du Conseil général des mines.

M. Graux, préfet de la Loire ;M. Heumann, secrétairegénéral; M. Rix, chef du cabinet; M. le Préfet de la Haute­Loire; MM. les Sous-Préfets de Roanne et de Montbrison;M. Vernay, député, maire de Saint-Etienne; MM. Lambertet Hugonnard, adjoints ; MM. Drivet, Merlin, Neyret,Robert, Taurines, Martin-Binachon , sénateurs; MM. Corsin,Fouilland, députés; M. le général Trousson, commandantle 13" corps d'armée; MM. les généraux Gressieret Sallé,le colonel Michel, l'intendant Chardin, le colonel Précardin,le médecin colonel Gruié.

Parmi les personnalités présentes, citons également auhasard, en dehors des anciens élèves de l'Ecole:

MM. Heurnann, président du tribunal civil, Limouzin,président du tribunal de commerce, Guyon, procureur de laRépublique, Mgr Delay, évêque de Saint-Etienne, accom­pagné de M. l'abbé Marteau, les pasteurs Gounelle et Debard,

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Lirondelle, recteur de l'Académie de Lyon, Aubert, inspec­teur d'Académie, Collongy, directeur de l'enregistrement,Rocher, directeur des contributions directes, Dalloz, directeurdes contributions indirectes, Emboulaz, trésorier payeurgénéral, Roy, inspecteur général des eaux et forêts, Thiol­lière, ingénieur en chef des ponts et chaussées, Gaucher,consul de Grèce, Demozay, président de la Chambre de com­merce, Bruschet, directeur du crédit foncier, de Peyerimhoff,président du comité central des houillères de France, Fabre,secrétaire général, Aguillon, Laurent. Vicaire, Cholat,membres du Conseil de l'Ecole, Liénard , inspecteur généraldes mines, directeur de l'Ecole des mines de Paris, Perrin­Pelletier et Clerget, anciens professellrs c1.e l'Ecole, de Cou­tard, ingénieur en chef des mines, Michel, président dugroupe stéphanois des anciens élèves de I'Ecolepolytechnique,Grcisselin, président des anciens élèves de l'Ecole des minesde Paris, et Chapot, secrétaire général, Coumert, président dugroupe stéphanois des anciens élèves de l'Ecole centrale, Ra­chet, représentant les anciens élèves des Ecoles des arts et mé­tiers, Dumoulin-Laupies, vice-président des anciens élèves del'Ecole d'Alès, Cestier, président des anciens élèves de.l'Ecole centrale lyonnaise, Quembre, directeur de l'Ecolede Douai, Corvilain, délégué de l'Association des anciensélèves de l'Ecole technique de Liège, Yernaux, directeur de]'PEcale des mines de Mons, Bouzon, président du groupestéphanois des anciens élèves de l'l:nstitnt électrotechniquede Grenoble, Portevin, ancien président de la Société des.ingénieurs civils, Guiard, professeur de la Faculté deméde~

cine de Lyon, Eyraud, professeur à la Faculté des sciences deLyon, Gras, directeur des houillères de Saint-Chamond,Meillier, secrétaire général du comité des forges, Scott deMartinville, directeur des usines Claudinon, Viel, directeurde la Compagnie Loire et Centre, Bossu, Martouret, Freynet,Janin, Crozet-Fourneyron, de Curières de Castelnau, De­lorme, industriels, le colonel Dreyfus, le colonel des Roseaux,Reymond, secrétaire général de la mairie, Jarrisson, Teissier ,Verchère, Gaurand, Chatin, Aubret, Simon, Flechet, conseil­lers généraux, etc ...

Mmes Caltaux, Descombes, Sallé, Gressier, Rix, Aubert,Vivés, Rocher, Emboulaz , Gaucher" Copel, Armanet, Brun,Charvin, Coste, Sautier, Perrin-Pelletier, Michel, Viel, Mar-

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13 =touret, Crozet-Fourneyron, de Castelnau, Dreyfus, Raverot,des Roseaux, Veillith, etc., etc.

M. le Président de la République passe les élèves en revueet, suivi du cortège qui admire leur élégante et pittoresquetenue, gagne la tribune d'honneur, salué des acclamationsde la foule.

Aussitôt que le silence s'est rétabli et, devant les micro­phones, accessoires modernes assurément peu élégants, maisqUÎJ dans la circonstance, ont permis à tant de nos cama­rades et de nos amis dispersés dans le vaste monde de par"tager nos émotions, M. Caltaux, président du Conseil del'Ecole, sur l'invitation que lui adresse M. Albert Lebrun,prend la parole en ces termes:

Allocution de M. CALTAUX

MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE,

Successeur du regretté M. Gruner à la présidence du Conseil de l'Ecolenationale supérieure des mines de Saint-Etienne, j'ai mission de voussouhaiter la bienvenue au seuil de ses grilles : nous espérons que vous neles trouverez pas, à la première vue, trop austère ; car notre Conseil estfierde présenter au Président de la République,. in~énieur des mines, une écoledes mines toute récente, moderne comme installation, laboratoires et outillage,Sachant l'intérêt que Monsieur le Ministre des Travaux publics porte à seSgrandes écoles, le Conseil l'en remercie bien sincèrement, et il sera recon­naissant à Monsieur le sous-secrétaire d'Etat Appel de vouloir bien luitransmettre sa sincère gratitude. Le Conseil est chargé de la gestion finan­cière de.I'école , il s'attache, et il s'attachera, dans l'avenir, à hl tenir auniveau des progrès réalisés d'une façon à peu près COnstante dans l'industrieminière.

Fondée sous le premier Empire à Geislautern, l'école des mineurs, commeelle s'appelait à l'époque, se trouva transportée en18I6 au milieu du bassinde la Loire par l'ingénieur en chef des mines Beaunier, qui en fut réellementle premier directeur; elle était alors installée dans la rue de la Préfecture,où elle demeura jusqu'en I850. Une loi du 23 juillet I847 autorisa l'achatdu château de Chantegrillet en vue du. transfert de l'école des mineurs dansun domaine de I2 hectares, dont une partie fut d'ailleurs cédée par l'Etatà la ville de Saint-Etienne: elle y est restée quatre-vingts ans. L'augmen­tation du nombre des élèves, l'institution d'une troisième-année d'étud~s, ledéveloppement des laboratoires, firent que nous avons tous connu le châteaude Chantegrillet insuffisant, malgré les aménagements essayés et les cons­tructions nouvelles. Quelques années avant la guerre de T914, on avait misau point un vaste programme de démolition,reconstruçtion sur place ettransformation complète. Mais, pendant qu'on dressait avec soin ces plans,

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Chantegrillet, temple de la mine bâti sur la mine; 'fut v.ctime de l'industriehouillère: affaissements et crevasses mirent à néant le pi'ogramme si labo­rieusement établi. C'est pourquoi l'école qu'on avait appelée l'Ecole nationaledes mines de Saint-Etienne en 1908, puis Ecole rnationale supérieure desmines de Saint-Etienne en 1926 a été reconstruite ici, sur un terrain stableei: suffisamment vaste. Elle a coûté plus de 10 millions, dont r million60.000 francs fournis par l'Etat, r million par la ville, ,'po.ooo francspar le département, et 7 millions So'o.ooo francs souscrits par l'industriefrançaise, comités et sociétés.

Depuis que Beaunier l'a ramenée' de Geislautern dans la vallée duFuran, l'école a grandement servi au recrutement du personnel dirigeantdes houillères françaises : aux dernières statistiques, ses anciens élèvescomptaient pour 53 %. des directeurs et ingénieurs du fond, Un élève surdeux, là peu près, fait sa carrière dans la mine; un sur huit va dans lamétallurgie, un sur six dans les industries autres que la mine et le métal.D'ailleurs, bien que les élèves d'ici aient toujours mis quelque amour-propreà sortir mineurs, bien que les professeurs aient toujours orienté leur ensei­gnement vers la mine et l'usine, l'école a fourni des savants; elle reut citerparmi ses anciens élèves des théoriciens dont le nom a déjà résisté à ]'épreuvedu temps : Fourneyron, Boussingault, Murgue, Pinel, Poureel, de 9ui l'oncitait déjà les travaux scientifiques lorsque nous faisions nos études, plusrécemment, Grand'Eury et Fayal. Parmi ses professeurs elle a comptéClapeyron, Combes, Gruner, Mallard , Rateau, Termier enfin, de qui J'écoleCent à conserver le buste en place d'honneur. De pareils professeurs, detels élèves, devaient forcément s'apprécier les uns les autres : la bonneharmonie, une entière communauté d'idées, ont tou-ours existé ici entre lesélèves et Jeur corps enseignant. .

29 ingénieurs anciens élèves de Saint-Etienne sont morts victimes dudevoir professionnel: grisou, éboulements, feux, catastrophes diverses. Audevoir militaire, l'Ecole a sacrifié 143 de ses anciens élèves, tombés auchamp d'honneur, sur 468 mobilisés, Elle a obtenu la citation suivante,lue ici parle maréchal Fayolle le 7 juin 1926 : '

« L'Ecol~ nationale supérieure des mines de Saint-Etienne, grâee à ses« nobles .traditions et à l'instruction spéciale donnée à ses élèves, a fourni« dans les réserves, principalement dans l'infanterie, une magnifique phn­« lange de cadres dont les brillantes qualités intellectuelles et morales et« la conduite héroïque b~1tlargement contribué :\ assurer la victoire. »

Monsieur le Président de la République, le Conseil, fier de son Ecole,vous est respectueusement et profondément reconnaissant, ainsi qu'àMonsieur le Ministre des Travaux publics et à Monsieur le Sous-Secrétaired'Etat, d'avoir bien voulu lui accorder et lui remettre vous-même la Légiond'honncur. L'Ecole des mines de Saint-Etienne j'entends par là sesélèves, ses anciens élèves, son corps enseignant son Conseil aussi ~ serappelait avec, émotion la visite du maréchal Fayolle venu lui conférer Incroix de guerre en 1926. Honorée aujourd'hui de la visite du présidentAlbert Lebrun, elle fait, toute entière j'en suis sûr, la promesse de demeurerfidèle à ses traditions de labeur minier et de gloire militaire; cette' promesse,Monsieur le Président de ln République, l'Ecole est tout particulièrementheureuse de l'exprimer devant vous.

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M. Descombes, directeur de l'Ecole, s'exprime ensuitemust:

Allocution de M. DESCOMBES

MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE,

L'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne a été fondéesous le nom d'Ecole des mineurs, par une ordonnance du 2 août 1816, envue de remplacer les écoles des mines établies il Peser et . Geislautern etpour donner il l'exploitation des mines du pays tout le développement etperfectionnement dont cette industrie minéra le était susceptible.

Cette conception du rôle d'une école n'a rien qui doive surprendre sil'on imagine qu'à cette époque, la grande industrie, déjà très développéeen Angleterre, naissait en France, et du même coup s'imposait le sentiment'des progrès nécessaires dans la création de l'énergie indispensable à uneœuvre industrielle féconde, et l'importance de l'exploitation rationnelle desmines de houille.

Nous devons à cette conception, si française pas sa logique, la situationprivilégiée qu'occupe l'école au centre d'un bassin bouiller important, aucontact de travaux souterrains réputés difficiles et d'usines métallurgiquesen incessantes transformations,' véritable laboratoire industriel mis à ladisposition de nos élèves qui, au cours de fréquentes visites, y trouvent lecomplément indispensable de leur formation théorique et y prennent le goûtde leur futur métier.

Cette solidarité entre l'école et l'industrie minérale, voulue dès l'originepar l'ingénieur en chef des mines Beaunier, ne s'est pas démentie un seulinstant. "Mais le principe de la pénétration mutuelle de la. théorie et de lapratique ne devait pas seulement être réalisé dans des visites directement,profitables aux élèves, il fallait aussi qu'il intervînt pour guider le choixdu corps professoral. C'est une vérité actuellement admise que les profes­seurs de l'enseignement technique supérieur doivent être choisis parmi lespersonnes effectivement, réellement mêlées au metier correspondant à laspécialité qu'ils enseignent.

Ainsi nous voyons Beaunier et ses professeurs directeurs ou ingénieursd'entreprises industrielles de la région stéphanoise j Beaunier aurait même~'oulu voir doter l'école d'une exploitation qu'elle aurait administrée elle­même. Depuis, cette coopération de la science et de L'industr.e s'est main­tenue sous d'autres formes, et elle adonné les plus brillants résultats. Lacollaboration des élèves et des maîtres, voulue par Beaunier, a permis deréaliser un enseignement dont le succès continu est la meilleure preuve del'excellence de la méthode adoptée.

C'est la même préoccupation, de rendre plus solidaires encore récoleet Jindustr.e minérale, qui a conduit à remplacer, en 1919, le comité deperfectionnement par un conseil possédant des représentants plus nombreuxde la mine et de la métallurgie. Ainsi sont directement associés à la vie del'école et lui apportent le précieux concours de leur grande expérience ceuxqui sont normalement conduits il utiliser les services des ingénieurs qu't'Ileforme

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17 =L'évolution de l'enseignement a suivi sans retard le progrès industriel;

faire rapidement l'histoire des modifications profondes apportées aux coursprofessés, c'est vouloir rappeler en quelques mots les étapes importantesdu développement scientifique et industriel caractéristique des cent dix-septannées qui nous séparent de la .fondation de l'école.

A l'heure actuelle, trois années d'études, au cours desquelles les élèvesreçoivent d'abord la formation théorique complémentaire, indispensable ilun ingénieur, puis abordent, sans oublier les sciences sociales, les coursintéressant directement leur futur métier j les leçons sont complétées pardes travaux pratiques importants et par les visites de mines ou d'usinesmétallurgiques de la région stéphanoise. Ces visites ne sont pas superficielleset hâtives j les élèves restent affectés, par petits groupes, deux mois desuite à la même fosse et y trouvent normalement les éléments qu'ils utiliseront pour la rédaction des travaux personnels qui leur sont demandés ;de même chaque visite d'usine a un objet nettement défini: l'étude de l'undes services de l'établissement.

Enfin les élèves exécutent, au cours de leur seconde et troisième années,des voyages et stages dont ils tirent le meilleur profit en raison même dela première initiation qu'ils ont reçue dans le bassin de Saint-Etienne. Lesvoyages d'études datent à l'école de plus de cent ans; dès lit premièreannée dotrverture des cours l'on s'y est préoccupé de rendre l'es travauxsouterrains familiers aux élèves. Dès le début sont apparues également lescourses géologiques, actuellement au nombre de deux, exécutées sous laconduite du professeur de géologie et durant chacune une semaine,

Un programme de cette grandeur, qui montre avec quel sducil'écoletient à maintenir le contact avec la réalité industrielle, nécessite des installa-

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tïons Importantes, . 'Tout ce, qlji est indispensable à la formation d'un jeune Îl1génieur se

trouve rassemblé dans les. bâtiments magnifiques qui s'élèvent devant vous,renfermant' des salles d'études, amphithéâtres,-'sa:Ues' de-collections, labo­ratoires clairs et bien aérés, une vaste bibliothèque où les élèves peuventconsulter les ouvrages et publications 'techniques lés plus variés.

Cet ensemble n'est pas' immuable et grâce aux subventions accordéespar les collectivités et par les comités industriels, l'école poursuit sansdiscontinuer le développement et l'aménagement de ses collections, l'amé­lioration du matériel de ses laboratoires par le perfectionnement des appa­reils existants et l'achat d'appareils nouveaux, sans oublier le bureaud'essais, actuellement, plus que jamais, capable de rendre les plus grandsservices aux industriels.

Mais l'école n'a pas toujours eu à sa disposition des installations aussigrandioses que celles qu'elle occupe aujourd'hui. L'histoire de la série des'agrandissements et transformations mobilières qu'elle a subis, démontreque, pendant plus d'un siècle, l'école ne put offrir à ses élèves, à sesprofesseurs qu'un espace restreint, insuffisant ce qui entraîna parfoi s decruels embarras.

Malgré les difficultés rencontrées, l'Ecole des. mines de Saint-Etiennea rempli fidèlement le rôle qui lui a été confié par l'ordonnance du 2 aoûtr Sr ô j elle a été et elle est demeurée vraiment l'Ecole des mineurs.Aujourd'hui, dotée d'installations largement conçues, certaine de pouvoir,dans les bâtiments et sur les terrains qu'elle occupe, se développer autant

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19 =qu'il sera jugé nécessaire de le faire, assurée de l'appui des pouvoirs publics,l'école voit sa tâche rendue plus agréable et plus facile. Elle n'a ù'autreambition que de bien servir,

Monsieur le Président de la République,

L'école a su former des ingénieurs éminents, artisans dévoués de laprospérité nationale, ayant la plus haute compréhension de leur devoir deconducteurs d'hommes j elle a su préparer également des chefs qui, aux

. heures graves d'août 1914, sont partis avec le plus magnifique courage etont donné sans compter leur sang, leur vie.

Les jeunes comprendront le devoir qui s'impose à eux: héritiers etgardiens d'un passé de gloire et d'honneur, fruit du labeur et des sacrificesde leurs anciens, ils travailleront de toute leur âme à augmenter ce patri­moine et, comme d'autres si nombreux l'out vaillamment prouvé, ayant beau­coup reçu, ils sauront tout donner.

Il n'est pour eux d'autre moyen de vous prouver leur profonde etrespectueuse reconnaissance pour l'éclatant témoignage que vous avez bienvoulu apporter à leur chère école de la grandeur de ses destinées, en unjour dont le souvenir vivra éternellement dans leur coeur.

L'école fait le serment de rester fidèle aux traditions magnifiques dontelle est justement fière. Elle est heureuse, Monsieur le Ministre, de prendrecet engagement d'honneur en votre présence et nous vous prions de bienvouloir transmettre à Monsieur le Ministre des Travaux publics l'expressionrespectueuse de nos sentiments de fidèle attachement et de sincère gratitudepour l'intérêt bienveillant qu'il nous porte, pour l'accueil qu'il réserva à ladélégation venue lui exposer les titres de l'école à la distinction qui luisera remise aujourd'hui, et pour la générosité avec laquelle il fit sienne unecause qui nous était particulièrement chère.

Puis, M. Deflassieux, président de la Société amicale desanciens élèves de l'Ecole, prend la parole à son tour:

Allocution de M. DEFLASSIEUX

MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE I"A RÉPUBLIQUE,

Vous voudrez bien permettre au représentant de l'association des anciensélèves de vous adresser très respectueusement la parole à son tour et de vousexprimer, au nom de tous ses camarades, la fierté qu'ils éprouventaujourd'hui.

Nous sommes fiers de voir au milieu de nous le chef de l'Etat, en lapersonne de qui nous avons salué avec une joie profonde, dès son arrivée aupouvoir, l'ingénieur éminent issu de ce même Corps qui a fourni à notreécole tant de maîtres illustres.

Nous sommes fiers du témoignage que vous avez bien voulu apporter ­nous savons avec quelle particulière sympathie .- au passé plus que cente­naire de l'Ecole des mines, marqué de tant de progrès réalisés dans I'mdus­trie par les inspirations de ses élèves.

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Nous sommes fiers surtout que vous affirmiez solennellement aujourd'huila part de gloire qu'a faite à la France la phalange de nos camarades tombésau champ d'honneur:

Victimes de la mine, qui ont donné leur vie, dans des circonstancesparfois atroces, simplement parce que c'était leur devoir,

Victimes héroïques de la guerre, dont la proportion a singulièrementdépassé les moyennes CJue l'on peut établir dans la plupart des groupementscivils.

Soyez bien assuré, Monsieur le Président, CIu' aucun de ceux qui sontici présents n'oubliera jamais cette journée et que Je souvenir du geste quevous allez accomplir restera profondément gravé dans nos cœurs à tous.

M. Paul Appel, sous-secrétaire d'Etat, remplaçant M.Paganon, ministre des travaux publics, empêché au derniermoment de se rendre à Saint-Etienne, lit le discours suivantqui avait été préparé par M. Paganon :

Allocution de M. PAGANON

MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE,

L'Ecole nationale supérieure des mines de Saint-Etienne est aujourd'huià l'honneur, et c'est justice: elle a bien mérité de la nation.

En lui conférant la croix de la Légion d'honneur, le gouvernement avoulu rendre hommage aux cent quarante-quatre élèves ou anciens élèvesfauchés dans la fleur de leur âge pour le salut de la patrie. Votre présence,Monsieur le Président, confère à cet hommage une exceptionnelle valeur.Gloire à ceux qui sont morts au champ d'honneur, gloire aussi à ceux quisont revenus meurtris dans leur chair, après avoir mené le dur combat dufantassin ou du sapeur. Honneur à tous ceux qui, dans cette lutte épique,ont mis au service de la patrie leur courage, leur intelligence et leur cœurpour le salut de la civilisation.

Monsieur le Président de la République, vous les connaissez depuislongtemps pour les avoir vus à l'œuvre, ces ingénieurs de l'Ecole des minesde Saint-Etienne. Vous n'avez donc pas été surpris que dans la grande tour­mente ils aient payé un tribut qui n'a été dépassé par aucune autre écoled'ingénieurs.

C'est que dès le temps de paix une forte discipline avait trempé leursâmes. L'obscur combat que mènent la plupart d'entre eux contre les forcesennemies de la nature les avait, depuis leur jeunesse, accoutumés à voir ledanger en face. Leur profession, plus qu'une autre, les préparait au sacri­fice et à l'héroïsme des champs de bataille.

Les problèmes techniques et économiques qu'ils ont à résoudre chaquejour exigent des conceptions larges et le goût des responsabilités. Quant auxproblèmes sociaux sur lesquels ils se penchent, ceux-là exigent, plus encorepeut-être que les autres, un sentiment élevé du devoir, une grande noblessede caractère et une générosité inépuisable, car ils s'appliquent, non plus à lamatière inerte, mais à des hommes qui sentent, qui souffrent, qui crient vers

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21 =la justice et qui l'attendent du chef. Et si les ingénieurs de l'Ecole desmines de Saint-Etienne ont fourni aux armées des officiers d'élite, c'est que,formés de bonne heure au commandement des hommes, ils y excellaient. Nosgrands chefs ont été unanimes à reconnaître la valeur militaire des officiersvenus de l'industrie, de la mine en particulier, et à rendre hommage à leurconnaissance des hommes et des choses, à leur esprit ne décision, à leurmépris du danger. Leurs idées claires, leurs resolutions viriles, en mêmetemps que leur bienveillance naturelle et leur souci de la vie humaine leurconquéraient d'emblée la confiance de leurs subordonnés. Leur énergie calme,leur courage souriant faisaient le reste. Entraîneurs d'hommes dans laguerre comme dans la paix, ils ont contribué pour une part éminente à lavictoire du droit.

Ces disciplines supérieures, disciplines professionnelles, disciplines mo­rales génératrices des vertus guerrières et des talents de la paix, à qui lesdoivent les ingénieurs de l'Ecole des mines de Saint-Etienne, sinon auxmaîtres d'incontestable valeur, ingénieurs au corps des mines et ingénieurscivils, qui, dignes émules du grand Beaunier, depuis plus d'un siècle lesenseignent ?

Quel passé que celui de l'Ecole nationale des mines de Saint-Etienne!On y trouve la longue chaîne des dévouements obscurs, des vocations pro­fondes, du labeur incessant de tous ces anciens qui vécurent la noble vie del'ingénieur, chez qui les connaissances techniques resteraient infécondes, sielles ne se vivifiaient au grand souffle de la conscience professionnelle et nes'élargissaient dans la conception très haute du rôle à jouer dans la viesociale.

De cette grande lignée - dont les élèves ont su garder si fidèlement lestraditions _ je vois émerger ceux dont la gloire a rayonné d'un éclat toutparticulier. Je ne saurais certes rappeler leurs noms à tous, mais commentne pas évoquer en cette heure Fourneyron, l'inventeur de la turbine hydrau­lique et Rateau qui perfectionna les pompes et les turbines à vapeur, legénial Boussingault, créateur de la science agronomique, vos plus éminentsmineurs : Murgue et Combes, auteurs des théories sur l'aérage, Marsaut,inventeur d'une lampe universellement employée, Pinel, qui organisa la luttecontre les feux, de grands métallurgistes comme Pourcel et Gruner, l'écono­miste Fayol, Grand'Eury qui jeta les premières bases de la paléontologie,Mallard qui donna à la science cristallographique tout son essor ? Je songeenfin à cette pléïade de géologues qui vont du colonel Garnier au grandTermier, mon illustre compatriote dauphino~s, dont je me permets d'évoquerici le cher souvenir d'une façon un peu personnelle.

Depuis de longues années -r-r depuis que, bien jeune encore, je le suivaisau long des sentiers alentour de mon village des Alpes - je connaissais songrand cœur et son noble génie. Vous érigiez hier ici un monument à samémoire. Pierre Termier, venu à la géologie par l'amour de la montagne,avait été profondément trempé par elle. Termier, pétrographe illustre, qui arénové la tectonique des Alpes, et qui a porté au loin le renom de la sciencefrançaise, était un modeste, et j'admire aussi, parmi tant d'autres qualitéséminentes, cette vertu poussée à un si haut point chez ce grand homme descience. Sans doute sa modestie lui venait-elle, comme sa vocation, du grandspectacle qu'il avait sous les yeux. C'est que la majesté de la montagnearrête et déconcerte toute vanité, et de tels problèmes surgissent, lorsqu'on

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la contemple, que même un créateur comme fut Termier se sent modeste encomparant ce qu'il sait à ce qu'il ignore. Cette modestie, je me plais à lavoir s'ajouter comme pour les rehausser encore à toutes les autres qualitésde tant d'illustres élèves de l'Ecole des mines de Saint-Etienne.

Vous le savez, Monsieur le Président de la République, vous, « mineuréminent )), que, pendant plus d'un siècle, l'histoire de l'Ecole de Saint­Etienne s'est confondue avec celle de l'art de la mine et de la métallurgiefrançaise. Au cours de ce siècle, elle s'est forgé une tradition faite du cultede la science, du désir du progrès, faite aussi d'abnégation et de bravoure.De ses rangs sont sortis des hommes de sciences, de grands chefs à I'espritouvert, au jugement sûr, aux initiatives généreuses, des ingénieurs qui, duplus brillant au plus humble, ont consacré leur vie au labeur fécond etdésintéressé. L'Ecole des mines de Saint-Etienne a tenu ainsi une place depremier rang dans notre économie nationale. Nous sommes sûrs qu'elle con­tinue d'occuper cette place. Elle se doit, répudiant la stagnation de l'esprit,de réaliser un harmonieux équilibre entre la tradition et le progrès, et d'aiderà l'évolution qui est la loi des sociétés, comme elle est la loi de la vie. Tâchedifficile sans doute, mais à laquelle les ingénieurs de cette école ne se mon­treront pas inégaux, conscients qu'ils sont de leur responsabilité. Car si ledevoir s'impose à tous, il s'impose davantage encore aux élites.

Mossieurs, ceux qui vous ont précédés vous ont transmis un héritage glo­rieux . Vous vous montrerez leurs dignes successeurs et vous 1aisserez à ceuxqui vous suivront des exemples et des encouragements.

Chers élèves, mes amis, vous garderez précieusement le souvenir de lacérémonie d'aujourd'hui qui est àl~ fois la fête du passé, l'hommage recon­naissant à l'héroïsme et la fête de l'avenir, je veux dire, pour vous tous,celle des grandes espérances.

Enfin, M. le Président de la République, d'une voixclaire et qui impressionne vivement l'assistance, se lève etprononce les paroles suivantes

Discours de M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

L'année 1933 marquera dans les nnnalcs des mines.Il y a quelques semaines, un soir d'été, sous les grands arbres qui font

à l'Ecole des mines un joli cadre verdoyant, j'avais le plaisir, assisté del'éminent Ministre des Travaux publics, dont nous regrettons aujourd'huil'absence, de remettre à ma vieille école 1a croix de la Légion d'honneur.

En la lui conférant, le Gouvernement de la République avait voulu à lafois consacrer les grands services rendus par elle à l'industrie française aucours du siècle passé, puisque c'est en 1783 que s'étaient ouverts ses premierscours dans l'hôtel des Monnaies, et aussi rendre hommage à la vaillance etau dévouement de ses anciens élèves au cours de la guerre.

Et voici qu'aujourd'hui, nous sommes réunis pour une cérémonie toutesemblable dans notre nouvelle école, au milieu de ses maîtres, de ses élèveset anciens élèves gronpés à son foyer.

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====='==============- 25 =Tour à tour, M. l'Inspecteur général des mines, président de son conseil

d'administration, en qui j'ai plaisir à retrouver un condisciple qui fit naguèreavec moi ses premières armes minières, M. l'Ingénieur en chef des mines,son distingué directeur, M. le président de l'association des anciens élèveset M. le Sous-Secrétaire d'Etat des Travaux publics, nous ont rappelél'histoire de l'école au cours des cent dix-sept années passées.

Ils ont évoqué ses lointaines origines, ses installations successives, l'évo­lution des études qu'on y poursuit. Ils ont précisé la place qu'elle occupeaujourd'hui dans notre haut enseignement technique par la valeur de sesmaîtres, la sélection de ses élèves, la perfection de ses moyens de travail.Ils ont montré comment l'histoire des progrès de l'industrie minérnle et desindustries annexes en France se confond avec l'histoire même de l'école.Ils ont enfin rendu hommage aux hautes vertus de ses anciens élèves aucours de la guerre, de cette « magnifique phalange de cadres » dont unecitation, qui restera l'honneur de son blason, a vanté « les brillantes qualitésintellectuelles et morales et la conduite héroïque »,

Nous les avons écoutés avec recueillement, nous avons partagé la fiertéqu'éveille une telle histoire, nous nous sommes associés aux hommagesunanimes qui montaient vers elle.

Et maintenant je n'y veux rien ajouter sinon pour dire encore la satis­faction que ressent le grand maître de l'ordre de la Légion d'honneurd'avoir pu venir aujourd'hui à Saint-Etienne pour procéder lui-même à cetteremise solennelle. ,

En associant dans un même geste d'honneur les deux grandes Ecolesnationales des mines, le Gouvernement de la République a voulu récom­penser les hommes qui, sortis de .leurs rangs, ont· consacré leur existence àla vie rude, difficile, parfois dangereuse du mineur, dont la beauté sévèrene saurait être nulle part mieux comprise et appréciée qu'ici même au cœurde votre vieille cité stéphanoise.

J'ai l'honneur de remettre à l'Ecole nationale supérieure des mines deSaint-Etienne la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Le silence se fait dans la foule lorsqu'au commandementd'un officier de la maison militaire du président, éclate lasonnerie Ouvrez le ban.

Un élève de troisième année, M. Pointurier, portant lecoussin sur lequel, le 8 juin 1926, le maréchal Fayolle aépinglé la croix de guerre, monte sur l'estrade. Il est accom­pagné de deux anciens combattants, nos camarades Doligez,officier de la Légion d'honneur, capitaine de chasseurs, etOlagnon, chevalier de la Légion d'honneur, capitaine dugénie, tous deux sabre au clair.

La minute pendant laquelle le Président épingle la croixd'honneur sur le coussin est profondément émotionnante.

Les clairons sonnent Fermez le ban.

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Les croix sont présentées à l'assistance, dont les applau­dissements éclatent.

Pendant que l'Harmonie des mines de la Chazotte exécuteun excellent pas redoublé, M. le Président de la Républiqueet sa suite, sous la conduite de M. Caltaux, de M. Descombes,de M. Deflassieux et des professeurs, parcourt rapidementles salles de l'Ecole : laboratoires, collections, amphithéâtres,etc ... , etc ...

Au cours de cette visite, il est remis à M. Albert Lebrun,comme souvenir de la journée, au nom de la Société amicale,un exemplaire des Mémoires de Boussingault, l'illustre« ancien» de l'Ecole de Saint-Etienne. Ce bel ouvrage, encinq volumes, avait été tiré, sur la :fin de la vie de Boussin­gault, à 300 exemplaires seulement; il est devenu aujourd'huiassez rare. Celui gui est offert au Président a reçu une bellereliure classique en plein maroquin bleu et porte la dédicaceimprimée au fer de la Société amicale.

La cérémonie est terminée, le Président quitte l'Ecoleavec le même cérémonial qu'à l'arrivée.

A la nuit déjà tombante, sur la façade de l'Ecole ressortmieux encore une grande croix de la Légion d'honneur, illu­minée; depuis le début de la cérémonie qu'elle symbolise, lesportes sont alors ouvertes et de nombreuses personnes lavisitent à leur tour et en admirent la belle ordonnance, larichesse des collections et l'heureux aménagement des sallesd'études et des laboratoires.

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BANQUET DU 22 OCTOBRE 1933

Pour terminer la grande journée du 22 octobre, la Sociétéamicale avait retenu à dîner dans son hôtel la plupart despersonnalités qui avaient pris part à la cérémonie de l'Ecoledes mines, afin de leur en témoigner sa reconnaissance.C'était en même temps pour les camarades venus à Saint­Etienne ce jour-là une occasion de se retrouver nombreuxensemble et de se rappeler de vieux souvenirs.

M. Paganon, ministre des Travaux publics, devait prendrepart à cette réunion. Nous avons dit plus haut qu'il avait étéempêché de venir à Saint-Etienne. Il avait délégué pour leremplacer M. Galliot, conseiller d'Etat, directeur des mines,qui présidait effectivement le banquet à sa place.

M. Deflassieux, président de la 'Société amicale, notreprésident d'honneur M. Radisson, nos vice-présidents MM.Dalmais, Roche et Verrier, quelques-uns de nos présidentsde groupe, accueillaient les invités dans notre maison.

Citons, parmi ceux-ci et sans souci de l'ordre protoco­laire :

M. Heumann, secrétaire général de la Préfecture, repré­sentant M. le préfet Graux, retenu au dernier moment parla fatigue que lui avait imposée une j9urnée écrasante; M. legénéral Gressier, commandant d'armes à Saint-Etienne ;M. l'inspecteur général des mines Lantenois, président duconseil général des mines; M. l'inspecteur général des minesCaltaux, président du conseil de l'Ecole; M. l'il1specteurgénéral Liénard , directeur de l'Ecole nationale supérieuredes mines de Paris; M. de Peverimhoff, président du comitécentral des houillères de France, et M. Fabl-e, secrétairegénéral; Mgr Delay, évêque de Saint-Etienne; M. Laurent,

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président du conseil des aciéries de la marine, membre duconseil de l'Ecole; M. Vicaire, directeur général des éta­blissements Schneider et ce, membre du conseil de l'Ecole;M. Aguillon, président du conseil de la société des minesde la Loire, membre du conseil de l'Ecole; M. l'ingénieuren chef. des mines Descombes, directeur de l'Ecole, MM.Copel , sous-directeur, Armanet , Coste, Mandel et Sautier ,professeurs, le capitaine Devillas, instructeur militaire.

M. le pasteur Gounelle M. Foulhouze, adjoint au mairede Saint-Etienne; M. Demozay, président de la Chambre deCommerce, et M. Salette, secrétaire général; M. Grosselin,président de l'Association des anciens élèves de l'Ecole natio­nale supérieure des mines de Paris; M. Chapot, représentantla Fédération des associations, sociétés et syndicats françaisd'ingénieurs; M. Lecomte, professeur à l'Ecole centrale desarts et manufactures; M. Gosse, directeur de l'Institut élec­trotechnique de Grenoble ; M. Portevin, ancien président dela Société des ingèniejtrs civils; M. Limouzin , président dutribunal de commerce; M. le colonel Michel, commandant le38e régiment d'infanterie; M. le colonel Précardin ; M. lemédecin colonel Gruié; M. l'intendant Chardin; M. Em­boulaz, trésorier payeur général; M. Collongy, directeur deI'enregistrernent : M. Rocher, directeur des contributionsdirectes; M.Vivès, directeur des P.T.T.; M. Roy, inspecteurgénéral des eaux et forêts; M. Penin-Pelletier, directeur dela Compagnie des mines de Roche-la-Molière et Firminy, etM. Clerget, directeur de l'Ecole supérieure de commerce,anciens professeurs de l'Ecole; M. Corvilain , président dugroupe français des anciens élèves de la Faculté technique del'Université de Liège;

M. Vernaux. directeur de l'Ecole des mines de Mons;M. Cestier, président de l'Association des anciens élèves del'Ecole centrale lyonnaise ; M. Quembre, président del'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines deDouai; M. Dumoulin-Laupies, vice-président de l'Associa­tion des anciens élèves de l'Ecole technique des mines d'Alès;M. Rachet, président d'honneur du groupe stéphanois desanciens élèves des Ecoles des arts et métiers ; M. Michel,président du groupe stéphanois des anciens élèves de l'Etolepolytechnique; M. Bouzon, président du groupe stéphanois

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31 =des anciens élèves de l'Institut électrotechnique de Grenoble;M. Coumert, président du gronpe stéphanois des anciensélèves de l'Ecole centrale; M. Marcel Crozet-Fourneyron,industriel au Chambon-Feugerolles; M. l'ingénieur en chefdes mines de Coutard et M. l'ingénieur en chef des ponts etchaussées Thiollière ; M. Ygoulin, ingénieur des ponts etchaussées; M. le commandant Sylvestre et NI. le comman­dant Pujol; M. Biver, président d'honneur du Comité deshouillères de la Loire.

M. Beynet, président de l'Association des poilus; M.Ruinet, proviseur du lycée Massenet; M. Gorce, inspecteurprincipal du P.-L.-M. ; M. Moitv, maire de Volvic; M.Callies-Termier ; M. Scott de Martjnville, industriel auChambon-Feugerolles; M. Freynet, directeur des établisse­ments Decauville; M. de Curières deCa,stelnau, industrielà .Rive-de-Oier.: M.le docteur Dionis du Séjour; MM. Guil­laume Martouret, Delorme, janin, Blanc, Bossu, industrielsà Saint-Etienne; Me Fougerolles, notaire; MM. Bernard,Clermont, Bouffaut, architectes ; Me Jean Mazodier, avocat;Me Girerd, avoué; M. de Peyrecave, président dé 1'Aéro-Clubstéphanois; M. le. comte de Saint-Pierre, ingénieur civil desmines, etc ...

M. Maillard, ouvrier mineur .retraité de la Société desmines de la Loire, gui avait été décoré de la Légion d'hon­neur la veille, avait été également invité à prendre place aumilieu des ingénieurs présents.

Les anciens élèves de l'Ecole présents au banquet étaient:MM. Deflassieux (r87r), Menu (r879), Pérard (r884),Cohade, Mazodier , Muguet, Petit, Simon (r886) J Gabet(r887), Chastel, Chorlier (r888), Saconney (r889), Briban ,Chapoton, Morard (r890), Villiers (r Sç r ), Dalmais, Peyre,Petit (r892), Callet (r894), Rouveure (r895), Besson, Bolon,Moreau, Radisson (r896), Bousquet, Coing, Delage, Lebon,Mayençon , Pommier, Salamon (r897), Chomard, Clapier,Granger, Vigery (r898), Aulagne, Broussier, Ipoustéguy,Seyve, Verney, Verrier, Viannav (r899), Dyen, Gonthier,Jaboulay (r900), de Chalendar, Chavy, Plassard (r çor),Belon, Fléchet (r902), Reymond, Roche, Roi (rqo:~), Falcot,Imbert (r904), Bouxin, Chapuis, Cholat, Saignol, Touchard ,de Veron de la Combe (r905), Arguillière, Confavreux, Du-

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MORGON EN CARAFE, ANJOU EN CARAFE

SAUTERNES 1926, COTE ROTIE 1923

GRAND GOULET CRÉMANT ROYAL

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rand, Marterer , Seytre (1906), Blazy, Buisson, Julien, Rey­nard, Turquois, de Verneuil (1908), Guinand, Philipon ,Roederer, Ruelle (1909), Chevenard, Grangeron, [augey ,Roiret (19ro), Bailly, Duc, Gleyze (19II), Bourles, Clavei­role, Joseph Denis, Giscard, [allas (1912), Marchand, L.Martin (1913), Constantin, Paulet (1914), Jardon, Ramon­denc (1917), Bouvet, Margand (1913-14), Pauc (13-21 ) ,

Tardif (14-19), Denantes, Escot, Guinand, Olagnon (14-21),Mortamet , Moulin, Paret (17-20), Chevalier (18-20), Cou­dom (18-::21), de la Bastie (1920), Bayle, Bethenod, Boyer,Charreton, Cuchet, Fombonne, Villiers (1921),Cunq, Lave­drine (1922), Polge de Combret, 'I'ardy (1923), Brihat,Cadars, Coing, Péray, Lagabrielle (1925), Bouton, Vidalinc(1926), Coing, Cote (1927), Corlin, Garnier, Presle, Tardif,Tatin (1928), Dusserre, Larbaigt (1929), Jerphanion (10W),Salichon, Vernière (1932), Barthèlemy, Champetier. Ché­reau, Fressenon,.Guimet, Neyret, Tiquet, Verney (1933)'

En outre, un certain nombre d'élèves, président et majorde chaque promotion, étaient les invités de la Société amicaleet avaient été placés au milieu de leurs anciens.

Le menu, servi par la maison Berrier et Milliet, était lesuivant:

LE POTAGE LONCHAMPS

LES QUENELLES AU COULIS n'ÉCREVISSE

U:S CANETONS DU FOREZ AU BOURGOGNE

LES FONDS n'ARTICHAUTS TRIANON

I,E ROYAL DE FOIE GRAS

L.A SALADE RÉJA.NE

LES .TUTTI. FRUTTI NAPOLITAINS

LES CORBEILLES DE FRUITS

LES DESSERTS

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Chaque convive avait à sa plaèe un tirage de èe merlu faitsur un ruban stéphanois de la dernière « saison » dt unepetite plaquette comnréniorative.ragrérnentèe de signets enrubans aux couleurs de la Légion d'honneur et de la croixde guerre, rappelaiit la solennité du jour sous une couverturereprodnisantla vue de l'Ecole.