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8/1 8 Conférence internationale du Travail Compte rendu provisoire Quatre-vingt-onzième session, Genève, 2003 Quatrième séance Mardi 10 juin 2003, 10 h 15 Présidence de M. Wamalwa et de M. Wojcik Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WALMALWA) — Avant de commencer nos travaux, je donne la paro- le au Greffier de la Conférence, qui a une annonce à nous faire. RATIFICATION DE CONVENTIONS INTERNATIONALES DU TRAVAIL Le GREFFIER de la CONFÉRENCE — J’ai le plaisir d’annoncer à la Conférence que le 6 juin 2003, le Directeur général a enregistré la ratification par la République de Bolivie de la convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999, et la rati- fication par la République de Guinée de la conven- tion (nº 138) sur l’âge minimum, 1973, l’âge minimum étant fixé à 16 ans, ainsi que la convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999. Avec ces deux dernières ratifications la République de Guinée a ratifié les huit conventions fondamentales. En outre, le Directeur général a enregistré, le 9 juin de cette année, la ratification par la Nouvelle-Zélande de la convention (nº 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949. RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DADMINISTRATION ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL: DISCUSSION (suite) Original anglais: Le PRÉSIDENT — Je vous pro- pose maintenant de reprendre notre discussion du rapport du Président du Conseil d’administration et du rapport du Directeur général. Original espagnol: M. RAY GUEVARA (secrétai- re d’Etat au Travail, République dominicaine) — Le fait que cette 91 e session de la Conférence internatio- nale du Travail soit axée sur le thème «S’affranchir de la pauvreté par le travail» reflète une perception tou- jours plus répandue chez les partenaires sociaux et les gouvernements réunis au sein de l’Organisation inter- nationale du Travail, perception qui apparaissait déjà dans la Déclaration de Philadelphie de 1944 avec la phrase suivante: «La pauvreté, où qu’elle existe, cons- titue un danger pour la prospérité de tous.» Pour le gouvernement du Président, Hipólito Mejía, la lutte contre la pauvreté passe nécessairement par la création d’emplois décents et dignes, ce qui suppose de renforcer la formation professionnelle pour un travail productif, de favoriser le développement des micro, petites et moyennes entreprises et de soutenir le secteur coopératif. Soulignons à cet égard que le mouvement coopératif est à nouveau à l’honneur dans notre pays. On y dénombre en effet, à l’heure actuelle, 625 coopératives et regroupements, c’est-à- dire plus de 400 000 bénéficiaires directs, 15 750 em- plois directs et 45 000 emplois indirects, soit 60 750 au total. Pour nous, les principaux outils permettant de ren- forcer les politiques de l’emploi sont la concertation et le dialogue social. La mondialisation économique doit viser la création d’emplois et pas simplement un maintien de l’équilibre macroéconomique obtenu au prix de politiques sociales restrictives. Au Secrétariat d’Etat au travail, nous sommes fiers d’avoir mis sur pied un programme de formation pro- fessionnelle et de reconversion intitulé «Jeunesse et emploi», avec un financement de la Banque interamé- ricaine de développement. Dans un premier temps, 600 jeunes faisant partie des 37 500 personnes qui sont plongées dans le cycle infernal de la pauvreté ont été formés pour un travail productif grâce à des stages en entreprise. Un autre programme mis sur pied par le Secrétariat d’Etat au travail sous le titre «Jeunes et premier emploi» a touché plus de 1 000 jeunes. Une douzaine d’école polytechniques sont sur le point d’ouvrir et l’on a sauvé de l’abandon les écoles profes- sionnelles des forces armées dominicaines. La création d’emplois décents serait vaine si l’on ne luttait pas sans répit contre le travail des enfants. Nous pouvons affirmer ici que nous sommes bien pla- cés dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants. En un an et quelques mois à peine nous avons tiré du monde du travail 2 036 petites filles et garçons em- ployés dans les plantations de café d’Ocoa. Il en a été de même, en huit mois cette fois, pour 790 enfants tra- vaillant dans le secteur de la tomate à Azua. Une opé- ration menée sur sept mois à Constanza a touché 250 enfants, et 10 écoles maternelles sur 15 sont déjà ouvertes. En mars dernier, nous avons signé avec le Département du travail des Etats-Unis, et conjointe- ment avec le Secrétariat d’Etat à l’éducation, un pro- gramme visant à améliorer la qualité de l’éducation et l’infrastructure éducative destinées aux enfants ayant quitté le monde du travail. En outre, nous lancerons au mois de septembre un programme de trois ans assorti d’un calendrier précis portant sur le travail urbain, l’exploitation sexuelle et commerciale et les travaux agricoles dans le secteur du riz. Le premier du mois, pour la première fois dans notre histoire, nous avons lancé un système de retraite destiné à tous les Dominicains. Avec le système rela- tif, à la santé et aux risques professionnels, ce régime jettera la base d’un système dominicain de sécurité sociale qui constituera l’œuvre sociale majeure du gouvernement du Président Mejía. La paix sociale et la paix au travail constituent l’un des principaux acquis de la République dominicaine

Compte rendu provisoire - International Labour Organization · 2003. 6. 16. · M. SARWAR (délégué gouvernemental, Pakistan) — Je tiens à féliciter M. Wamalwa à l’occasion

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8Conférence internationale du Travail

Compte rendu provisoireQuatre-vingt-onzième session, Genève, 2003

Quatrième séanceMardi 10 juin 2003, 10 h 15

Présidence de M. Wamalwa et de M. Wojcik

Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WALMALWA)— Avant de commencer nos travaux, je donne la paro-le au Greffier de la Conférence, qui a une annonce ànous faire.

RATIFICATION DE CONVENTIONS INTERNATIONALES

DU TRAVAIL

Le GREFFIER de la CONFÉRENCE — J’ai leplaisir d’annoncer à la Conférence que le 6 juin 2003,le Directeur général a enregistré la ratification par laRépublique de Bolivie de la convention (nº 182) surles pires formes de travail des enfants, 1999, et la rati-fication par la République de Guinée de la conven-tion (nº 138) sur l’âge minimum, 1973, l’âge minimumétant fixé à 16 ans, ainsi que la convention (nº 182) surles pires formes de travail des enfants, 1999. Avec cesdeux dernières ratifications la République de Guinéea ratifié les huit conventions fondamentales.

En outre, le Directeur général a enregistré, le 9 juinde cette année, la ratification par la Nouvelle-Zélandede la convention (nº 98) sur le droit d’organisation etde négociation collective, 1949.

RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL:DISCUSSION (suite)

Original anglais: Le PRÉSIDENT — Je vous pro-pose maintenant de reprendre notre discussion durapport du Président du Conseil d’administration etdu rapport du Directeur général.

Original espagnol: M. RAY GUEVARA (secrétai-re d’Etat au Travail, République dominicaine) — Lefait que cette 91e session de la Conférence internatio-nale du Travail soit axée sur le thème «S’affranchir dela pauvreté par le travail» reflète une perception tou-jours plus répandue chez les partenaires sociaux et lesgouvernements réunis au sein de l’Organisation inter-nationale du Travail, perception qui apparaissait déjàdans la Déclaration de Philadelphie de 1944 avec laphrase suivante: «La pauvreté, où qu’elle existe, cons-titue un danger pour la prospérité de tous.»

Pour le gouvernement du Président, Hipólito Mejía,la lutte contre la pauvreté passe nécessairement par lacréation d’emplois décents et dignes, ce qui supposede renforcer la formation professionnelle pour untravail productif, de favoriser le développement desmicro, petites et moyennes entreprises et de soutenirle secteur coopératif. Soulignons à cet égard que lemouvement coopératif est à nouveau à l’honneurdans notre pays. On y dénombre en effet, à l’heureactuelle, 625 coopératives et regroupements, c’est-à-

dire plus de 400 000 bénéficiaires directs, 15 750 em-plois directs et 45 000 emplois indirects, soit 60 750 autotal.

Pour nous, les principaux outils permettant de ren-forcer les politiques de l’emploi sont la concertationet le dialogue social. La mondialisation économiquedoit viser la création d’emplois et pas simplement unmaintien de l’équilibre macroéconomique obtenu auprix de politiques sociales restrictives.

Au Secrétariat d’Etat au travail, nous sommes fiersd’avoir mis sur pied un programme de formation pro-fessionnelle et de reconversion intitulé «Jeunesse etemploi», avec un financement de la Banque interamé-ricaine de développement. Dans un premier temps,600 jeunes faisant partie des 37 500 personnes qui sontplongées dans le cycle infernal de la pauvreté ont étéformés pour un travail productif grâce à des stages enentreprise. Un autre programme mis sur pied par leSecrétariat d’Etat au travail sous le titre «Jeunes etpremier emploi» a touché plus de 1 000 jeunes. Unedouzaine d’école polytechniques sont sur le pointd’ouvrir et l’on a sauvé de l’abandon les écoles profes-sionnelles des forces armées dominicaines.

La création d’emplois décents serait vaine si l’on neluttait pas sans répit contre le travail des enfants.Nous pouvons affirmer ici que nous sommes bien pla-cés dans la lutte contre les pires formes de travail desenfants.

En un an et quelques mois à peine nous avons tirédu monde du travail 2 036 petites filles et garçons em-ployés dans les plantations de café d’Ocoa. Il en a étéde même, en huit mois cette fois, pour 790 enfants tra-vaillant dans le secteur de la tomate à Azua. Une opé-ration menée sur sept mois à Constanza a touché250 enfants, et 10 écoles maternelles sur 15 sont déjàouvertes. En mars dernier, nous avons signé avec leDépartement du travail des Etats-Unis, et conjointe-ment avec le Secrétariat d’Etat à l’éducation, un pro-gramme visant à améliorer la qualité de l’éducation etl’infrastructure éducative destinées aux enfants ayantquitté le monde du travail. En outre, nous lanceronsau mois de septembre un programme de trois ansassorti d’un calendrier précis portant sur le travailurbain, l’exploitation sexuelle et commerciale et lestravaux agricoles dans le secteur du riz.

Le premier du mois, pour la première fois dansnotre histoire, nous avons lancé un système de retraitedestiné à tous les Dominicains. Avec le système rela-tif, à la santé et aux risques professionnels, ce régimejettera la base d’un système dominicain de sécuritésociale qui constituera l’œuvre sociale majeure dugouvernement du Président Mejía.

La paix sociale et la paix au travail constituent l’undes principaux acquis de la République dominicaine

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sur le plan économique. Pour maintenir cet acquis, ilfaut assurer le respect des droits des travailleurs etaccorder une attention particulière aux entreprisesafin d’éviter qu’elles soient entravées par des chargesfiscales et sociales trop lourdes, ce qui affecteraitla création des emplois. La créativité, le réalisme et lasolidarité sont les mots d’ordre à suivre aujourd’huipour maintenir la cohésion sociale et édifier unesociété plus juste, plus humaine et plus solidaire.

Nous souhaitons dire enfin combien nous sommesheureux de la réélection de M. Juan Somavia et re-mercier l’Organisation internationale du Travail pourl’appui qu’elle nous apporte notamment par l’inter-médiaire du bureau sous-régional du Costa Rica.Nous remercions également tous les gouvernementset institutions internationales qui font de la coopéra-tion bilatérale et internationale un instrument d’égali-té et de justice entre les Etats.

M. SARWAR (délégué gouvernemental, Pakistan) —Je tiens à féliciter M. Wamalwa à l’occasion deson élection à la présidence de la 91e session de laConférence internationale du Travail. Je suis convaincuque, grâce à ses conseils et à son dynamisme, laConférence produira des résultats positifs sur toutesles questions importantes qui nous sont soumises.

Je voudrais également féliciter le Directeur géné-ral, Monsieur Juan Somavia, pour l’excellent rapportprésenté à la Conférence sur le travail de l’Organisa-tion, intitulé S’affranchir de la pauvreté par le travail.La mondialisation est une réalité incontournable denotre époque. Bien qu’elle ait été poussée en quelquesorte par les progrès technologiques, la formequ’elle prend résulte d’un environnement économi-que et financier de plus en plus libéral au niveaumondial.

Par conséquent, si elle est considérée comme uneplate-forme conduisant à la prospérité, ses avantagescomme ses coûts sont jusqu’à ce jour très inégalementrépartis.

Pour les pays en développement à l’instar du Pakis-tan, le défi le plus fondamental reste la mise en placed’un cadre politique permettant de faire face demanière effective aux nouvelles réalités sociales etéconomiques au niveau mondial. Cette tâche ne peutêtre remplie qu’à condition que les mesures prises auniveau national soient complétées par des actionsinternationales en vue d’édifier un environnementéconomique international équitable. Au niveaunational, le gouvernement du Pakistan a travailléde manière assidue avec ses partenaires sociaux afinde créer un cadre viable permettant de répondre auxbesoins de notre époque.

Aujourd’hui, je suis heureux de vous annoncerqu’à la suite d’un dialogue tripartite qui s’est étalé surplusieurs mois, le gouvernement du Pakistan a intro-duit en septembre de l’année dernière une nouvellepolitique du travail qui cherche à faire en sorte quel’environnement national soit véritablement audiapason avec la mondialisation.

Notre nouvelle politique du travail vise à mettre lalégislation et l’administration du travail en conformi-té avec les objectifs nationaux et les normes interna-tionales telles qu’énoncées dans les conventions del’OIT ratifiées par le Pakistan.

Cette nouvelle politique du travail essaie égale-ment de concilier les intérêts des travailleurs et ceuxdes employeurs. Fondamentalement, la cinquièmepolitique du travail réduit le rôle du gouvernement

qui devient en quelque sorte un facilitateur plutôtqu’un superviseur.

Dans ce contexte, nous attendons, avec intérêtde pouvoir jouir de l’appui de l’OIT qui va lancer unprogramme assorti de délais visant à soustraire lesenfants aux métiers dangereux au moyen de l’applica-tion de l’IPEC dans la région.

Le Pakistan demanderait également à l’OIT decontribuer à la mise au point d’un système nationald’information concernant le marché du travail qui soitfondé sur des études scientifiques. La pauvreté est unfléau qui empêche un travailleur sur cinq de la popu-lation mondiale de devenir un facteur de productiondans l’édification du pays. Les deux tiers sont des fem-mes qui vivent dans une extrême pauvreté et cela dansun monde où le bien-être matériel ne manque pas.Nos grandes orientations sur le plan économiquesont donc de parvenir à une croissance économiqueautonome, de réduire la pauvreté, d’avoir une bonnegouvernance, de créer des emplois et d’augmenter laqualité des services sociaux tels que la santé et l’édu-cation et notamment de favoriser le développementdes qualifications. Dans le budget qui a été introduit ily a deux jours, le gouvernement a porté à 30 pour centles allocations d’aide au développement du secteurpublic. Dans ce contexte, le Pakistan est très heureuxde prendre note du rapport du Directeur général inti-tulé S’affranchir de la pauvreté par le travail. Nousavons relevé avec une vive satisfaction que le travaildécent n’est pas un simple slogan politique mais quel’Organisation en a rapidement fait un outil opéra-tionnel qui constitue un aspect essentiel des quatreobjectifs stratégiques de l’Organisation. Ce rapporttraite de problèmes authentiques et propose dessolutions pratiques que ce soit au niveau national ouinternational.

Bien sûr, des stratégies purement nationales axéessur la croissance durable et favorable aux plus dému-nis ne peut aboutir dans un monde où les économiessont rapidement intégrées. Comme il est indiqué dansle cinquième chapitre du rapport, le Pakistan penseque l’OIT pourra nous aider dans l’avenir. Nousespérons que ces questions seront réglées au sein desinstances appropriées.

Original anglais: M. KAIRELIS (secrétaire d’Etat,ministère de la Sécurité sociale et du Travail, Lituanie)— Je souhaiterais d’emblée féliciter le Président, àl’occasion de son élection à la tête de cette Conféren-ce internationale du Travail. Je souhaite égalementprésenter mes meilleurs vœux aux Vice-présidents. Jevoudrais également saisir cette occasion, au nom de ladélégation de Lituanie, pour féliciter M. Juan Soma-via à l’occasion de sa réélection pour un mandat decinq ans.

Nous apprécions la façon extrêmement efficaceavec laquelle M. Juan Somavia dirige notre Organisa-tion. Nous lui souhaitons un plein succès dans la suitedes travaux de l’OIT et dans la mise en œuvre de notreprogramme pendant son prochain mandat. Nousvoudrions par ailleurs remercier le Directeur généralet le Bureau de ce rapport extrêmement complet etnous voudrions insister sur le fait que notre payss’intéresse de près à la question soulevée dans lerapport de cette année.

La Lituanie apporte tout son soutien aux engage-ments pris par l’OIT pour éradiquer la pauvretéet appuie les vues exprimées à cet égard dans lerapport.

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L’OIT a toujours fondé son action sur la défense dela dignité des individus, ce qui veut dire qu’elle se pré-occupe des membres les plus vulnérables de la société,qui ont besoin de protection et d’assistance pour réali-ser leur intégration sociale. L’OIT reste le lieu idéalpour une réflexion sur tous les problèmes sociauxauxquels nous nous heurtons dans le monded’aujourd’hui.

Le rapport du Directeur général, qui porte surl’éradication de la pauvreté, est une suite logique destravaux de l’OIT visant à lutter pour l’avènement dela justice et de la stabilité dans le monde. Il exposeclairement les grands problèmes qui se posent. Deplus, il propose des mesures qui visent à atteindre cetobjectif.

Nous nous félicitons des efforts constants déployéspar l’OIT pour améliorer la vie des travailleurs. Unegrande partie des activités de l’OIT s’est toujours cen-trée sur l’amélioration des conditions de travail. Cetteannée, le sujet que nous abordons touche non seule-ment le monde du travail, mais également les condi-tions de vie de l’ensemble de la population frappéepar la pauvreté. Nous sommes conscients que, malgréles grands progrès réalisés dans de nombreux domai-nes, la pauvreté touche de nombreux pays, y comprisles pays prospères.

C’est pourquoi nous devons lancer des initiatives etdes actions coordonnées à l’échelle internationale.Lors du Sommet du Millénaire des Nations Unies, quis’est tenu à New York en 2000, plus de 150 Etats re-présentant la planète tout entière, parmi lesquels setrouvait mon pays, ont confirmé leur déterminationferme de créer un environnement propice au dévelop-pement et à l’éradication de la pauvreté.

Par conséquent, le sujet choisi par le Directeur gé-néral pour la session de cette année de la Conférencerevêt un caractère d’urgence et offre aux différentsmandants de l’OIT l’occasion de redéfinir leurs tâchesessentielles et de se fixer des objectifs. Notre stratégievise quatre objectifs: participation de la société, déve-loppement durable de l’économie, amélioration desservices sociaux et amélioration de revenus garantis.

Nous voudrions souligner certains des aspects quisont abordés dans le rapport et qui nous paraissentrevêtir une importance particulière pour notre pays.Je pense au développement économique et social,et notamment à l’emploi. Je pense aussi à l’accès auxservices sociaux, à l’intégration sociale, à la réglemen-tation sociale et au dialogue social. Ce sont là autantde mesures mises en place par le gouvernement dela Lituanie dans ses efforts pour s’affranchir de lapauvreté.

La plupart des mesures de réduction de la pauvretéexigent des ressources considérables. Une forte crois-sance économique génère de telles ressources, tandisqu’une bonne politique budgétaire est également unecondition préalable à la maîtrise de la pauvreté et à lamise en œuvre des mesures visant à la combattre.

Par ailleurs, l’expérience menée par différents paysmontre que la poursuite constante d’un progrès géné-ral ne suffit pas à résoudre le problème de la pauvreté.Tout d’abord, les autorités doivent faire preuve dedétermination, et cette détermination doit être com-plétée par des efforts durables du gouvernement, dela société civile et des organisations internationales.

Tout le monde est d’accord pour dire que la créa-tion d’emplois joue un rôle clé dans la lutte contre lapauvreté. Sans emploi, il ne peut y avoir de travail dé-cent, et sans travail décent, les salaires et les revenus

familiaux ne peuvent être suffisants. L’accès au travailest le chemin le plus sûr pour sortir de la pauvreté, et ilne peut y avoir de droits des travailleurs sans travail.

La Lituanie approuve les efforts constants menéspar l’OIT pour promouvoir le travail décent. Le rap-port du Directeur général souligne l’importance qu’ily a à mettre en œuvre une approche intégrée de la ré-duction de la pauvreté, approche axée sur le travaildécent.

Dans son discours à la session de 2000 de la Confé-rence, le Directeur général a appelé de ses vœux unecoalition mondiale en faveur du travail décent. Nousestimons que cet appel pourrait être renouvelé cetteannée, en y ajoutant toutefois l’éradication de la pau-vreté. Nous avons tous une responsabilité dans la luttecontre la pauvreté. Nous sommes convaincus que lacommunauté internationale fournira une réponsesatisfaisante à ces questions.

En conclusion, je voudrais dire que nous considé-rons le rapport du Directeur général comme riche eninformations, complet et stimulant. En outre, il définitclairement les défis qu’aura à relever l’OIT auXXIe siècle et propose une large gamme d’initiatives.

Je tiens à souligner que le gouvernement lituaniensoutient le Directeur général et le Bureau dans lestâches difficiles qui les attendent.

Original grec: M. REPPAS (ministre du Travail etdes Affaires sociales, Grèce) — C’est un grand hon-neur pour moi de participer à la 91e session de la Con-férence internationale du Travail en tant que ministredu Travail et en tant que président actuel du Conseil«Emploi et affaires sociales» de l’Union européenne.J’aimerais tout d’abord souligner le fait que lesrapports du Directeur général sur le travail décent etl’élimination de la pauvreté et de la discriminationsont des documents de la plus haute importance dansces domaines.

Cette Conférence a lieu à un moment crucial pourle monde et pour l’Europe en particulier. Des ques-tions telles que la responsabilité sociale et environne-mentale de tous les partenaires sociaux, la coopéra-tion en vue d’éradiquer la pauvreté dans le tiersmonde et principalement en Afrique, la gestion del’eau qui constitue la ressource naturelle la plus im-portante du XXIe siècle et l’élargissement du dialoguesocial constituent les points les plus importants denotre ordre du jour politique international.

La coopération internationale pour le développe-ment est un facteur clé pour le maintient de la paix etde la sécurité dans le monde. Le modèle de dévelop-pement promu aujourd’hui au niveau internationaln’est pas toujours compatible avec les principes dedéveloppement durable. J’en veux pour preuve le fos-sé qui se creuse entre les riches et les pauvres, etl’épuisement des ressources naturelles mondiales. Lespays développés et notamment ceux de l’Union euro-péenne, peuvent jouer un rôle important afin de rele-ver les défis internationaux. Dans l’Union européen-ne, on est de plus en plus sensible au fait qu’il estindispensable de promouvoir des politiques visant audéveloppement durable et stable. Ce sont des politi-ques sur lesquelles nous devrions tous, gouverne-ments, entités économiques et partenaires sociaux,centrer notre attention en échangeant nos expérien-ces et nos pratiques au niveau international. La prési-dence grecque de l’Union européenne, s’est, dès ledébut, fixé comme principaux but et priorité de soute-nir et de promouvoir le modèle social européen. Ce

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modèle ne constitue pas seulement le couronnementdes luttes sociales en Europe, et cela depuis le débutde la révolution industrielle, dans le prolongement dela pensée humaniste européenne, mais également unavantage comparatif et un facteur de productionimportant de l’économie européenne, dans la phaseactuelle de la mondialisation. En outre, ce modèlefait de l’Europe un point de référence universel pouréviter le dumping social.

A ce stade, je souhaite faire une référence à quatreinstruments fondamentaux devant nous permettred’atteindre le plein emploi et d’assurer la protectionsociale. L’un de ces instruments est la législation dontl’objet est de définir les normes minimales d’emploi etde prospérité sociale.

L’élimination de la discrimination pour des raisonsde race, d’origine ethnique, de croyances religieusesou autres, d’âge ou de handicap, la question de la pro-tection des salaires et de la réglementation législativedu travail des enfants constituent des objectifs cru-ciaux dans la poursuite desquels l’Organisation inter-nationale du Travail et l’Union européenne doiventjouer un rôle essentiel. Un autre instrument très im-portant est la méthode ouverte de coordination de cespolitiques nationales en vue de promouvoir une éva-luation comparative et un échange d’expériences etde bonnes pratiques entre les pays.

Un troisième instrument qui revêt une grandeimportance pour l’OIT est le dialogue social, et undernier outil est la responsabilité sociale des entrepri-ses en vertu de laquelle celles-ci décident d’appliquerdes mesures novatrices pour améliorer leur compétiti-vité. Je suis tout à fait conscient du fait que je parle dela tribune d’une organisation internationale qui a jouéun rôle clé dans le renforcement des droits desTravailleurs et pour améliorer la coopération tripartite.L’évolution des relations du travail telles qu’elles sesont construites durant le siècle passé aurait été tout àfait différente sans la présence et le rôle de catalyseurqu’a joué cette Organisation.

Devant cette enceinte, je souhaite exprimer maconviction que durant ce siècle, le rôle et l’importancede l’Organisation internationale du Travail doiventêtre renforcés. Nous considérons que l’établissementde la Commission mondiale sur la dimensionsociale de la mondialisation constitue un pas dansla bonne direction et nous pensons que le méca-nisme de contrôle des normes de l’OIT devrait êtrerenforcé.

Il y a trois raisons qui justifient cette conviction.Tout d’abord, dans un monde où nous continuonsd’assister à l’abaissement des frontières économiquesnationales, l’OIT peut et doit constituer une forcemodératrice afin d’atténuer l’impact de ce processuséconomique sur les travailleurs et les entreprises.Deuxièmement, dans notre époque postindustrielle,l’adaptation de la main d’œuvre aux forces de produc-tion en mutation permanente et en constant dévelop-pement ne doit pas entraîner un abaissement desnormes du travail qui ont été établies dans l’ensembledu monde démocratique. Il est indispensable que lestravailleurs s’adaptent aux nouvelles réalités maistoutefois, cette adaptation doit se faire dans le respectdes normes du travail qui ont été élaborées grâce à lacoopération tripartite durant le siècle dernier. Troisiè-mement, les pays développés ne doivent pas oublierque, devant ces horizons nouveaux, on ne peut fermerles yeux face aux réalités de l’exploitation de l’hommepar l’homme.

Depuis sa création, l’OIT a joué un rôle décisif dansla promotion d’un monde qui pense et vit d’une ma-nière plus juste. Elle doit continuer à jouer ce rôlepour éclairer la voie vers la recherche d’une nouvellesociété. Une société basée sur le savoir, qui se doitégalement d’être plus démocratique et plus humaine.

Original russe: M. POCHINOK (ministre du Travailet du Développement social, Fédération de Russie) — Laconception du travail décent du BIT, actuellement miseen œuvre par la communauté internationale, est en faitune impulsion importante dans le sens d’une approcheintégrée de la politique commune de développement, etelle a joué un rôle important dans le choix des orienta-tions pour régler les problèmes sociaux.

Il est important, dans ce contexte, que la présentesession de la Conférence internationale du Travail sepropose d’examiner le rapport du Directeur généraldu BIT, intitulé S’affranchir de la pauvreté par le tra-vail. Il est clair que la pauvreté se manifeste sous desformes diverses et résulte de facteurs multiples quisont liés entre eux. On peut notamment citer les fac-teurs économiques, sociaux et démographiques, sansoublier la féminisation de la pauvreté, ainsi que lesfacteurs politiques et ceux à caractère régional.

D’ailleurs, le rapport met l’accent sur les facteursqui engendrent la pauvreté économique où des per-sonnes actives ne sont pas en mesure, pour des raisonsdiverses, de s’assurer un niveau de vie socialementacceptable. Dans le cas de la Fédération de Russie,nous pouvons distinguer deux facteurs: l’absence d’unmarché du travail dans les régions frappées par la cri-se où l’activité économique est déterminée par une oudeux entreprises dans un secteur industriel déprimé;et le niveau des salaires, déterminé par l’état actuelde l’économie, qui ne permet pas une rémunérationdécente du travail.

Malgré une amélioration relative des indicateurséconomiques pour la Fédération de Russie, l’émer-gence chez nous d’une catégorie de «travailleurs pau-vres» nous pose encore un problème sérieux. Nousl’expliquons par le manque de compétitivité de notreproduction nationale, qui résulte principalement dufait qu’elle était coupée des marchés mondiaux. Celatient également à la lenteur avec laquelle notre payss’intègre dans les relations économiques et les échan-ges à l’échelle mondiale.

De nombreuses entreprises russes ne résistent pasà la concurrence internationale. En effet, jusqu’à60 pour cent d’articles textiles, de produits de la petiteindustrie, des produits alimentaires et des chaussuressont importés. Le modèle de pauvreté propre à notrepays résulte également du faible niveau de revenus.

La situation peu satisfaisante sur le marché dutravail, la faible qualité des emplois sont parmi lesprincipales causes de différenciation des familles parniveau de revenu et statut de pauvreté.

A cet égard, la pauvreté russe peut se définir par lestermes de «pauvreté économique» et de «pauvretéliée au marché».

En fait, il existe deux principaux groupes de sec-teurs mal payés; il s’agit du secteur public des organi-sations payées sur le budget de l’Etat et, deuxième-ment, les secteurs de production peu compétitifs, àsavoir l’agriculture, la foresterie et la petite industrie.Le gouvernement de la Fédération de Russie a élabo-ré un certain nombre de mesures d’urgence pourréformer son économie, sa politique de l’emploi, etdynamiser la politique de revenu de la population.

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Il s’agit de rapprocher des prix à la consommationsur le marché national des prix mondiaux, un impéra-tif lié à l’intégration de l’économie nationale dansle système économique mondial. Or ce processusmaintient le niveau de vie de certaines couches depopulation autour du seuil de pauvreté. Régler ceproblème est en fait l’une des orientations prioritairesde l’action du gouvernement russe.

Je pense que notre vision du problème, notreanalyse de celui-ci dans sa grande diversité est en faitassez caractéristique de tous les pays en transition.

C’est avec beaucoup de satisfaction que noussouscrivons aux positions du rapport global de l’OITsur «L’heure de l’égalité au travail», notammentcelle concernant la nécessité d’éliminer au plus vitetoutes les formes de discrimination dans le domainedu travail.

Les diverses formes que revêt la discriminationdans le domaine de l’emploi et de la profession larendent encore plus intolérable. Elle implique desrapports différenciés aux personnes sur la base decaractéristiques telles que l’appartenance à la race, ausexe, à la tranche d’âge, à la confession, etc. On nesaurait ignorer ce phénomène sans mettre en périlla cohésion sociale, la stabilité politique et, partant, lacroissance économique.

Mais, je voudrais souligner en particulier notre at-tachement aux principes d’égalité de rémunérationpour un travail de valeur égale, comme en témoignel’historique de l’application de la convention (no 100)sur l’égalité de rémunération, ainsi que la convention(nº 111) concernant la discrimination (emploi etprofession). Les dispositions de ces conventions et denombreuses autres ont été consacrées dans lenouveau Code du travail de la Fédération de Russie,qui est entré en vigueur en 2002, il y a donc à peine unan de cela et qui continue d’être perfectionné.

Par ailleurs, nous voudrions souligner la pertinencedes conclusions de ce rapport en ce qui concerne ladiscrimination indirecte, notamment la discrimina-tion fondée sur des exigences linguistiques infondéesà l’adresse des populations non autochtones sur lemarché de l’emploi. L’élimination de toutes ces for-mes de discrimination requiert des efforts planifiés,ciblés et conséquents ainsi qu’une collaboration poli-tique entre partenaires sociaux, d’où l’importance durôle des organisations internationales, en particulierl’OIT, car elles ont un impact direct sur le règlementde ce problème.

Nous soutenons pleinement les éléments du pland’action de l’OIT dans trois domaines: d’abord, lesconnaissances (les indicateurs d’égalité dans le do-maine du travail), l’information, l’œuvre civilisatriceet l’assistance pour l’élaboration d’une législationnationale du travail.

Original japonais: M. KAMOSHITA (vice-ministrede la Santé, du Travail et de la Prévoyance sociale,Japon) — Au nom du gouvernement japonais, per-mettez-moi de vous assurer de notre appui à l’objectifde l’OIT «Un travail décent pour tous» qui apparaîtdans le rapport du Directeur général S’affranchir de lapauvreté par le travail. Permettez-moi égalementd’exprimer toute ma satisfaction pour les efforts dé-ployés par l’OIT, les travailleurs, les employeurs et lespays membres pour éradiquer la pauvreté. J’entendsfréquemment parler de «la pauvreté née de la mon-dialisation». La mondialisation de l’économie tend àpromouvoir l’activité économique et à créer plus de

richesses. Elle peut également élargir l’écart entre lesriches et les pauvres, augmentant ainsi le nombre deceux qui vivent dans un état de pauvreté. Une distri-bution équitable des avantages de la mondialisationest donc cruciale. En fait, une mondialisation équita-ble est le défi qui nous a été imposé.

Il y a une masse de courrier électronique qui circulesur Internet et beaucoup d’entre vous l’auront vu.Dans ce courrier on nous dit: «Si le monde était unvillage d’une centaine de personnes, si vous avez desaliments dans le réfrigérateur, si vous portez des vête-ments, si vous avez un toit au-dessus de votre têteet un endroit où dormir, alors vous êtes plus riche que75 pour cent de la population mondiale.»

Au regard d’une réalité aussi dure, comme l’affir-me le Directeur général dans son rapport, le dévelop-pement durable est indispensable pour s’affranchir dela pauvreté et de l’exclusion sociale. Je suis convaincuque l’élément majeur, lorsqu’il s’agit d’établir l’indé-pendance et l’autonomie des individus, des sociétés etdes pays, c’est le développement des ressources hu-maines. Elles sont la base même du développementd’un pays.

L’OIT est une organisation internationale vitalepour le développement des ressources humaines.J’ose espérer que la stratégie de développement desressources humaines sera mise en avant dans la luttepour s’affranchir de la pauvreté et de l’exclusionsociale.

Le respect de la position de pays autonomes quidoivent participer pleinement à leur développementen tant que partenaires à part entière, telle est laphilosophie de mon gouvernement. Au titre de cettephilosophie nous avons appuyé le développement desressources humaines dans les pays en développementen contribuant à des programmes, comme l’APSDEPou Programme de développement des qualificationspour l’Asie et le Pacifique, qui vise à améliorer lesqualifications dans cette région par le biais de diffé-rents projets de contributions volontaires de l’OITtels que le projet interpays OIT/Japon, qui s’intéresseà des approches stratégiques de la promotion del’emploi en Chine, et également par la coopérationtechnique et financière en faveur des services dedéveloppement des ressources humaines dans lemonde entier.

L’appui seul ne peut pas résoudre ce problème. Cequi est également essentiel c’est d’avoir suffisammentde communication et de coopération entre les diffé-rentes instances tripartites, toutes les parties prenan-tes et l’OIT, bien sûr, qui a une vaste expérience dansce domaine.

Afin de surmonter ce défi nous attendrons de l’OITqu’elle fasse la preuve, encore plus qu’avant, de sacapacité de donner des impulsions, et nous-mêmesnous appuierons ses activités par le biais de projetsqui favoriseront le dialogue social et mettront enavant le concept du tripartisme.

Le Japon appuie tous les Objectifs stratégiques del’OIT visant à réaliser un travail décent. A cette fin,l’utilisation des ressources, comme les contributionsqui ont été payées en dépit de la situation financièreextrêmement difficile dans laquelle se trouvent lesgouvernements, doit être aussi efficace que possible.

Je pense que l’OIT doit s’employer à réduire lesdépenses de personnel en revoyant la structure dupersonnel, sans parler bien sûr des efforts qui doiventêtre faits pour économiser en examinant régulière-ment les dépenses de l’OIT. Nous appuyons tous les

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efforts de décentralisation qui sont faits en directiondes bureaux régionaux. Toutefois cet effort devraitêtre celui qui conduit à un usage meilleur et plusefficace des ressources et nous attendons que d’autresefforts soient déployés par le secrétariat dans cedomaine.

En ce qui concerne la réforme des services publicsau Japon, il est important que le gouvernement et lesparties concernées tiennent des consultations sérieu-ses. Le Premier ministre, M. Koizumi, et le présidentde RENGO, la Confédération japonaise des syndi-cats, M. Sasamori, ont tenu une réunion en date du27 mai, et ont confirmé que le gouvernement et lestravailleurs poursuivraient leurs consultations. Nousvoudrions également fournir d’autres informations àl’OIT, mais nous comptons sur la compréhension et lapatience de l’OIT, étant donné que ce processus est encours.

Etant donné que la mondialisation de l’économieva de l’avant, le rôle des organisations internationales,telles que l’OIT, deviendra de plus en plus essentiel.

Afin que l’OIT puisse garder un œil sur la réalisa-tion de la justice sociale et mettre à profit toutes sescapacités, le gouvernement du Japon va appuyer lesdifférentes activités de l’OIT par le biais d’une coopé-ration et d’une communication plus étroites avec lesecrétariat et les Membres.

Original portugais: M. PAIS ANTUNES (secrétaired’Etat au Travail, Portugal) — Au nom du gouverne-ment portugais, je voudrais en premier lieu féliciterle Président ainsi que les Vice-présidents de leurélection. Je suis convaincu qu’ils contribueront à fairede la Conférence un succès.

Le rapport du Président du Conseil d’administra-tion montre manifestement que le Conseil d’adminis-tration et l’OIT dans son ensemble ont depuis douzemois développé des efforts pour atteindre l’objectifuniversel qui est de fournir à tous les hommes et lesfemmes dans le monde un travail digne et décent. AM. Somavia, qui vient d’être réélu Directeur général,nous voudrions présenter toutes nos félicitations. LeDirecteur général nous a soumis un rapport dans le-quel il nous demande d’unir nos efforts pour parvenirà éliminer la pauvreté dans tous les continents, par letruchement du travail.

Malheureusement nous ne sommes pas en mesurede dire que nous sommes près de cet objectif. Actuel-lement, le monde manque de démocratie et le déve-loppement économique, ces dernières décennies, n’apas permis l’avènement de la justice sociale que nousrecherchons. Bien au contraire, l’accroissement dela production est allé de pair avec l’aggravation desinégalités de revenus. Des millions de gens n’ont pasassez à manger, des millions de gens sont privés d’éco-les, de soins de santé, et n’ont ni emploi, ni protectionsociale. Il faut plus de démocratie, plus de développe-ment, plus de justice sociale, pour atteindre le but quenous nous fixons. Il faut plus de démocratie parce que,sans démocratie, il n’y a pas de justice sociale. Il fautplus de développement parce que, sans développe-ment, il n’y a pas de richesse. Et sans richesse on nepeut pas lutter de façon efficace contre les inégalités.Il faut plus de justice sociale parce que, sans justicesociale, la démocratie sera toujours incomplète et ledéveloppement ne sera pas durable.

La pauvreté crée incessamment de nouvelles géné-rations de pauvres. C’est pourquoi il est impératif derompre ce cercle vicieux. C’est pourquoi mon gouver-

nement appuie la stratégie globale de lutte contre lapauvreté par le travail que prône l’OIT. Il est impéra-tif de veiller à ce que les jeunes et les enfants puissentêtre scolarisés avant d’entrer dans le marché dutravail. Il est essentiel d’améliorer les qualificationsdes travailleurs et des employeurs pour que leurtravail soit plus productif et pour qu’ils soient mieuxpréparés pour faire face aux modifications du systèmede production.

Il est fondamental que la législation, et surtout lapratique, reconnaissent les droits fondamentaux autravail, en particulier la liberté syndicale, tels qu’ilssont consacrés dans la Déclaration de l’OIT de 1998.Ils doivent être aussi garantis aux employeurs et auxtravailleurs de l’économie informelle. Il est essentiel,aussi, de lutter contre les discriminations dans tous lesdomaines, dans l’accès à l’école, au marché du travail,à la formation professionnelle.

Enfin, il est très important de promouvoir un dialoguesocial efficace basé sur le respect de la fonction qu’ontles organisations d’employeurs et de travailleurs dedéfendre les droits et les intérêts de leurs membres.

Par ailleurs, il incombe aux gouvernements, qui enont la responsabilité directe, d’élaborer et de mettreen œuvre les politiques publiques.

Le gouvernement portugais appuie et continuera àappuyer la politique de collaboration entre l’OIT etd’autres organisations internationales qui vise à assu-rer une coopération technique dans les régions et lespays les moins développés. Nous saluons au passagel’ouverture à Lisbonne d’un bureau de l’OIT, ce qui,sans aucun doute, va renforcer la participation de nosautorités et des partenaires sociaux aux travaux del’OIT. Par ailleurs, cela permettra une meilleure co-opération tripartite et approfondira nos relationsavec les pays africains lusophones et avec le Timororiental.

Original chinois: M. LI (vice-ministre du Travail etde la Sécurité sociale, Chine) — Je voudrais féliciterM. Wamalwa à l’occasion de son élection à la prési-dence de cette Conférence, et exprimer toutesmes félicitations aux trois Vice-présidents. Sous votrehoulette, cette Conférence sera certainement des plusfructueuse.

Le monde connaît de profondes mutations. Lapaix, le développement sont des tendances importan-tes de nos jours. Cependant, les catastrophes naturel-les, les maladies, le terrorisme, les conflits régionauxconstituent des menaces graves pour le monde. La re-prise économique mondiale manque de vitalité etl’humanité est confrontée à des défis inévitables.

Dès le début du siècle dernier, les fondateurs del’OIT ont choisi comme idéaux l’élimination de lapauvreté , l’instauration de la justice sociale et l’éta-blissement d’une paix universelle et durable. Cepen-dant, la pauvreté subsiste encore aujourd’hui dansbon nombre de régions du monde.

Les Nations Unies ont aussi établi, parmi leursobjectifs de développement pour le Millénaire, que lapauvreté dans le monde devrait être réduite de moitiéd’ici à l’année 2015. La situation n’est pas très encou-rageante. L’accumulation des richesses et le progrèsdans les sciences et la technologie n’ont pas profité àtous les pays. Le fossé entre le Nord et le Sud ne faitque se creuser. Nous avons pleinement conscience dela gravité de ces problèmes et il est pour nous cruciald’éliminer la pauvreté pour promouvoir le développe-ment humain.

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L’OIT détient un atout unique pour créer desconditions de travail décentes et réduire la pauvretéface aux perspectives et aux défis résultant de lamondialisation de l’économie et des progrès techno-logiques. L’OIT joue un rôle clé car il lui incombe defaire avancer la justice sociale et de soutenir le déve-loppement durable à l’échelle mondiale en intégrantle concept de travail décent dans sa lutte contre lapauvreté.

La Chine est le plus grand des pays en développe-ment. Pendant des décennies le gouvernement chi-nois a déployé des efforts opiniâtres pour combattrela pauvreté, contribuant ainsi de manière décisive à lalutte mondiale contre le fléau. Le nombre de person-nes vivant en dessous du minimum vital est passé de250 millions en 1978, à 30 millions aujourd’hui.

Cependant, la Chine est un pays en développementqui compte 1,3 milliard d’habitants. La main-d’œuvreexcédentaire et faiblement qualifiée, les contradic-tions structurelles ainsi que le chômage et le sous-emploi, sont autant de problèmes très graves.

Le gouvernement chinois y fait face avec réalismeen mettant tout en œuvre pour que le développementéconomique s’accompagne d’un développement so-cial, en plaçant l’emploi parmi ses objectifs prioritai-res et en inscrivant la sécurité sociale au premier plandes travaux du gouvernement. Le gouvernementnouvellement élu a aussi proposé de construire unesociété prospère et mieux équilibrée. Nous sommespersuadés que cet objectif pourra être atteint.

Récemment, la pneumopathie atypique (SRAS) afrappé la Chine et quelques autres pays et régionsdu monde. Le SRAS n’a pas seulement menacé lasanté et la vie des gens, il a aussi soulevé des problè-mes nouveaux du point de vue de l’emploi et de lasécurité sociale.

Le gouvernement chinois a pris et continuera àprendre des mesures concrètes pour endiguer l’épidé-mie. Entre-temps, nous garderons toujours à l’espritle développement économique et les droits destravailleurs.

A l’heure actuelle, la situation s’est stabilisée ence qui concerne la pneumonie atypique. Nous avonspris des mesures pour promouvoir l’emploi et pourprotéger les droits des autres travailleurs.

Nous croyons fermement que nous finirons parvaincre le SRAS et que nous pourrons remettre notrepopulation au travail et lui permettre de mener denouveau une vie normale.

La réduction de la pauvreté est une mission urgentepour le monde et particulièrement pour les pays endéveloppement.

Nous pensons en premier lieu, que les pays dans lemonde entier doivent aller au-delà de leurs valeurstraditionnelles, suivre l’évolution des temps et renfor-cer les échanges et la coopération de manière à pro-mouvoir le développement social et économique detous les pays. Ils doivent aussi travailler dur à la réduc-tion de la pauvreté sur notre planète. En second lieu,nous devons attacher une très grande importance à laréduction de la pauvreté, et promouvoir la mise surpied d’un nouvel ordre économique international, quisoit juste, rationnel et qui cadre avec les niveaux dedéveloppement et les exigences de chacun des payspour pouvoir garantir le droit au développement àchaque pays, et en particulier aux pays en développe-ment.

En troisième lieu, les pays développés doiventassumer davantage de responsabilités en honorant

leurs engagements et en augmentant l’assistance audéveloppement pour aider les pays en développementà accélérer le rythme de leur développement.

Nos objectifs sont évidents, la voie est devant nous.Unissons-nous et travaillons ensemble pour promou-voir le travail décent, réduire la pauvreté et œuvrerpour un développement durable et universel partoutdans le monde.

Original anglais: M. PARK (vice-ministre du Tra-vail, République de Corée) — Je félicite le Présidentpour son élection à cette 91e Conférence internationa-le du Travail. Je tiens également à rendre hommageau personnel du BIT pour le dur labeur accompli pourla préparation de cette réunion. J’adresse enfin mesfélicitations au Directeur général, M. Somavia, poursa réélection en mars dernier.

Le gouvernement coréen soutient les différentsprojets et activités qui ont été menés au titre du «tra-vail décent», programme que M. Somavia a proposécomme objectif pour les années à venir.

Au cours des cinq dernières années, nous noussommes attachés à la création d’un cadre institution-nel pour le travail décent et à la promotion des activi-tés qui en relèvent. J’espère que les cinq ans à venirseront une période historique durant laquelle le travaildécent va s’enraciner dans la réalité et prospérer enrelation avec tous les autres projets et activités del’OIT.

Je tiens à confirmer que le gouvernement coréen vacontinuer de coopérer étroitement avec les autres EtatsMembres pour atteindre ce but hautement louable.

Le rapport du Directeur général présenté à cetteConférence, intitulé S’affranchir de la pauvreté par letravail montre bien comment l’OIT devrait concen-trer ses efforts sur les moyens de s’affranchir de lapauvreté.

La pauvreté est le résultat d’un cercle vicieuxalimenté par plusieurs problèmes sociaux comme letravail forcé et le travail des enfants, mais il est égale-ment la principale cause de ce cercle vicieux.

La pauvreté est un problème si complexe, si vasteet si préoccupant qu’il est difficile d’imaginer que l’onpuisse trouver la panacée qui en viendra à bout. Mais,comme le rapport l’indique, la création d’emplois, parle biais de la formation et du développement des com-pétences, est une solution qui a fait ses preuves, etc’est la raison pour laquelle l’OIT devra concentrerses activités sur la création de nouveaux emplois,la voie pour y parvenir étant l’amélioration del’employabilité des travailleurs.

A cette fin, l’OIT devra mener des activités favora-bles à l’emploi.

L’OIT doit d’abord renforcer les activités de sesbureaux régionaux ainsi que les programmes d’assis-tance technique axés sur la création d’emplois etadaptés aux besoins spécifiques des Etats Membres.Elle doit également mettre en place une infrastructurevisant à promouvoir la sécurité de l’emploi.

Il appartient ensuite aux Etats Membres de faire del’éducation et de la formation l’un des principauxoutils des politiques de lutte contre la pauvreté. Pourles pays en développement, des investissements dansla formation professionnelle peuvent, à court terme,sembler peu judicieux, mais je suis convaincu que surle long terme un tel choix peut comporter d’énormesavantages.

Le gouvernement en place depuis février derniers’est assigné trois objectifs en matière de politique

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du travail: la cohésion sociale, la dynamisation dumarché de l’emploi et la qualité de vie dans le mondedu travail. Il a la ferme intention d’améliorer la légis-lation et les normes du travail, en tenant dûmentcompte des normes internationales et des réalités denotre pays. Il a par exemple entrepris de réformer lalégislation dans le but d’assurer aux fonctionnairesl’octroi de droits fondamentaux comparables à ceuxdont jouissent les syndicats d’enseignants. Dans lemême ordre de préoccupations, il a également crééune commission des relations professionnelles quisera chargée d’élaborer tous les détails d’une réformeinstitutionnelle. La législation sera élaborée sur labase d’une synthèse de divers points de vue.

Le gouvernement est convaincu qu’il sera en mesu-re de résoudre toutes les difficultés auxquelles il estconfronté en s’appuyant sur le dialogue social ainsique sur les principes fondamentaux de l’OIT.

Je demande à l’OIT et à ses Membres d’aider legouvernement à mener à bien ses projets de réforme.

M. BILTGEN (ministre du Travail et de l’Emploi,ministre délégué aux Communications, ministre desCultes, ministre aux Relations avec le Parlement,Luxembourg) — Permettez-moi en premier lieu detransmettre à M. Wamalwa mes félicitations et cellesde mon gouvernement à l’occasion de son électioncomme Président de la présente session de la Confé-rence internationale du Travail. Je n’ai aucun douteque sa compétence et son expérience lui permettrontde faire aboutir nos travaux à un franc succès.

Notre Directeur général, M. Juan Somavia, a re-marquablement bien préparé notre Conférence parses deux rapports, S’affranchir de la pauvreté par letravail et le rapport global en vertu du suivi de la Dé-claration sur les droits fondamentaux, intitulé cetteannée L’heure de l’égalité au travail. Je l’en félicite etl’en remercie.

Selon la Constitution de l’OIT, sa mission est depromouvoir la justice sociale et, au-delà, une paix uni-verselle et durable. La Déclaration de Philadelphiedit clairement qu’un des obstacles majeurs à la justicesociale, donc à la paix, est la pauvreté: «La pauvreté,où qu’elle existe, constitue un danger pour la prospé-rité de tous.»

A l’heure de la globalisation économique, à la-quelle devrait répondre une globalisation sociale,nous devons nous rendre à l’évidence que la globali-sation de la pauvreté existe bel et bien. En 1960, lerevenu du cinquième de la population mondiale leplus riche était trente fois supérieur à celui du cin-quième le plus pauvre. En 1999, le rapport était desoixante-quatorze à un. Eradiquer la pauvreté n’estpas seulement une nécessité sociale et humaine maispourra même constituer un facteur de croissanceéconomique.

Face à la globalisation de la pauvreté, nous devonsmettre en œuvre un plan d’action cohérent et complet.Je vois moi-même quatre éléments fondamentaux àcette fin.

Premièrement, le partage des richesses. J’ai évoquél’inégale répartition des revenus au monde. Il faut queles richesses soient davantage partagées. Voilà toutl’intérêt de l’aide au développement. Mon pays, leLuxembourg, est fier d’avoir tenu ses engagements etd’avoir porté depuis 1995 son budget d’aide au déve-loppement non seulement à 0,7 pour cent du PIB dèsl’année 2000, mais à 0,84 pour cent pour l’année encours et nous visons un pour cent en 2005. Je puis vous

assurer aussi que mon pays continuera à l’avenir àaccompagner les projets de l’OIT.

Deuxièmement, la primauté du droit. Dignité hu-maine signifie aussi jouissance de droits. Il est difficilede lutter contre la pauvreté dans des contextes d’auto-cratie, de domination et d’intimidation. Il faut établirun ordre mondial basé sur le respect de l’Etat de droitet des droits de l’homme les plus fondamentaux. Lamoindre des choses, et je souligne «moindre», seraitde faire appliquer partout au monde sans distinction,la Déclaration de 1998 relative aux principes et droitsfondamentaux au travail.

Troisièmement, la collaboration tripartite. Lapauvreté ne saurait être éliminée sans un engagementtripartite décisif. Le travail est le meilleur moyen des’affranchir de la pauvreté. Pour engendrer du travail,il faut créer de l’emploi. Mais l’emploi n’est pas tout.La qualité de l’emploi est tout aussi importante,l’Europe communautaire a compris que la politiqueéconomique et structurelle, la politique de l’emploi etla politique d’inclusion sociale sont les trois côtésnécessairement complémentaires d’un même triangle.

Quatrièmement, l’institutionnalisation d’un ordresocial mondial. Je souligne tous les ans à cette tribuneles liens de filiation entre les différentes institutionsde l’ordre mondial. Certains liens familiaux se sontraffermis, par exemple entre la Banque mondiale etl’OIT ou encore par le biais de notre Commission surla dimension sociale de la mondialisation. Ne fau-drait-il pas songer à une nouvelle étape du processusvers une plus grande institutionnalisation dans lecadre du système onusien, voire au-delà, en vue d’unplus grand rapprochement des aspects économiqueset sociaux? Mon gouvernement souhaite par exempleardemment, comme nouveau pas en avant, du moinsun «memorandum of understanding» de l’OIT avecl’OCDE. L’OCDE a des responsabilités socialesévidentes, même si la conduite de toute cette actiondoit rester dans le chef de l’OIT.

L’enjeu est d’importance. Si la globalisation se con-crétisait par la délocalisation des entreprises de paysdéveloppés dans des pays à bas salaires et des migra-tions d’ordre économique dans les pays développés,on risquerait de se voir confronté au dumping socialtous azimuts. La pauvreté ne serait pas réduite dansles pays en voie de développement mais serait, le caséchéant, renforcée dans les pays développés.

La pauvreté est un phénomène global. Une desprincipales sources de l’émergence du facteur de lapauvreté dans les pays développés, par exemple,est la discrimination, dont la discrimination au travail.Si le travail est le meilleur moyen de lutter contre ladiscrimination, l’existence du travail ne suffit pas àelle seule pour éviter l’appauvrissement des gens.

Je ne soulignerai que quatre exemples. Première-ment, l’égalité de rémunération entre hommes et fem-mes. Une certaine féminisation de la pauvreté sembleêtre établie. L’inégalité des rémunérations subsiste,malgré, par endroits, des instruments législatifs forts.Ainsi, plus d’égalité des sexes dans les structures re-présentatives des partenaires sociaux et les instancespolitiques pourrait contribuer à remédier à la situa-tion décrite.

Deuxièmement, les formes atypiques de travail.Toutes formes atypiques de travail ne sont pas néces-sairement à considérer comme négatives, surtout dumoment qu’elles peuvent créer ou mener à l’emploi.Je pense avant tout aux contrats à durée déterminée,au travail intérimaire, au travail à temps partiel, mais

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encore au télétravail. Nous savons que cette dernièreforme peut permettre de concilier travail et famille.Des actions normatives sont cependant indispensa-bles si nous voulons soutenir ces formes de travail touten en évitant les abus éventuels en matière de salairesou de conditions de travail. J’aimerais surtout reven-diquer une action normative de l’OIT en matière derelation de travail. Il existe de plus en plus de relationssalariales que l’employeur tente de cacher dans leurcaractère véritable. Le problème des faux indépen-dants n’en est qu’un des éléments. Je pourrai doncabsolument me déclarer d’accord que l’OIT engageune action normative sur ce domaine en vue de fixerdes critères universels permettant de sortir de cetengrenage.

Troisième exemple, le salaire. Je suis fort contentde lire dans le rapport global que «L’adoption d’unepolitique de salaire minimum, dont le but premier estd’instituer un plancher pour la structure des salairesafin de protéger les travailleurs les plus mal payés,vise à améliorer les gains de ceux dont la représenta-tion, au bas de la hiérarchie professionnelle, estdisproportionnée, à savoir les femmes, les migrants etd’autres groupes qui peuvent être victimes de discri-mination fondée sur l’origine ethnique, l’âge, le han-dicap, la santé, etc.». Par ailleurs, cette politique a lemérite d’établir un objectif de référence pour les gainsdes travailleurs indépendants, notamment des fauxindépendants, respectivement des travailleurs dansl’économie informelle.

Quatrièmement, la culture de la sécurité. Noussaluons que l’OIT ait choisi le 28 avril commeJournée mondiale pour la sécurité et la santé autravail. Nous allons nous y associer. Un programmecommun centré sur des mesures préventives estnécessaire.

En conclusion, il y a lieu de mettre davantage d’im-portance sur les valeurs éthiques dans les relationséconomiques et sociales. Je cite à témoin M. KlausSchwab, président fondateur du forum de Davos, quia déclaré le 23 janvier 2003 au journal Le Monde: «Ilfaut désormais revenir aux valeurs fondamentales […].Les chefs d’entreprises doivent maintenant compren-dre que nous entrons dans une période de modestie etque l’humilité devient une valeur en hausse.» Pour-quoi ne pas commencer par susciter l’intérêt desentreprises par l’implémentation concrète de leurresponsabilité sociale? Cette action volontairepermettrait, dans le meilleur des cas, d’éviter oud’atténuer des mesures normatives apparemment siredoutées par le monde économique.

M. NKILI (ministre de l’Emploi, du Travail et de laPrévoyance sociale, Cameroun) — C’est un honneuret un plaisir pour le Cameroun de prendre, par mavoix, la parole à cette prestigieuse tribune pour yexprimer ses impressions relatives au rapport duDirecteur général sur les activités du Bureau interna-tional du Travail.

Permettez-moi toutefois, et avant toute chose,d’adresser à Monsieur Wamalwa et au bureau élu decette session nos chaleureuses félicitations et nos sin-cères vœux de succès dans le pilotage de nos travaux.

L’adhésion du Cameroun aux buts et objectifs cons-titutionnels de l’OIT date de l’accession de notre paysà la souveraineté nationale et internationale. Il estdonc normal que les principaux volets du rapport glo-bal du BIT, L’heure de l’égalité au travail, rencontrentl’assentiment de mon pays, à savoir: la lutte contre la

discrimination en matière d’emploi sous toutes sesformes; le rapprochement entre le phénomène dediscrimination et ceux de la pauvreté et du déficit detravail décent; la promotion du dialogue social et de laprotection sociale des travailleurs comme moyens delutte contre la discrimination; l’intensification de lacoopération internationale en matière de lutte contrela discrimination sous l’égide du BIT.

Notre assentiment à ces points est manifeste dans lamesure où le Cameroun a, depuis fort longtemps, rati-fié les conventions de l’OIT (no 100) sur l’égalité derémunération, 1951, et (no 111) concernant la discri-mination (Emploi et profession), 1958, qui fixent lecadre de protection contre les diverses formes dediscrimination. La législation nationale, donnanteffet aux dispositions de ces instruments, prévoitégalement des garanties contre les diverses formes dediscrimination en matière d’emploi.

La déclaration de stratégie de lutte contre lapauvreté et les divers plans sectoriels élaborés et encours d’exécution veillent à la suppression de toutesformes de discrimination. En outre, la réunion inter-ministérielle organisée chaque année par notre gou-vernement et élargie au secteur privé discute, entreautres questions, de celle de la non-discrimination enmatière d’emploi. La réflexion sur l’avenir du secteurinformel se préoccupe également de cette question.

En somme, le Cameroun appuie sans réservel’action du Directeur général du Bureau internationaldu Travail telle que consignée dans le rapport.

De même, le Cameroun accorde un intérêt toutparticulier à la conduite réussie du dialogue socialdans lequel le gouvernement est impliqué en tant quecondition essentielle d’instauration d’un climat socialserein, garant de paix et de développement.

Les défis majeurs à relever sont la lutte contre lapauvreté, la lutte contre le chômage et la promotionde l’emploi pour tous.

Au moment où la pauvreté est plus que jamais uneréalité et à l’heure où les pays en développement s’at-tèlent à assurer la simple existence, le Cameroun réi-tère son engagement à s’associer au BIT pour relevertous ces défis qui constituent des axes majeurs de lapolitique définie par Son Excellence Paul Biya, Prési-dent de la République et chef de l’Etat du Cameroun.

Pays de paix et de dialogue, pays stable et ouvert aumonde, le Cameroun réaffirme par ma voix sa fermevolonté de soutenir les idéaux de l’OIT ainsi quesa détermination à œuvrer au succès du Directeurgénéral du BIT, Monsieur Juan Somavia.

Original anglais: M. KANÍK (ministre du Travail,des Affaires sociales et de la Famille, Slovaquie) —Avant toute chose, permettez-moi de féliciter le Prési-dent à l’occasion de son élection à la présidence de la91e session de la Conférence internationale du Travailet de lui souhaiter, ainsi qu’aux Vice-présidents, uneConférence couronnée de succès.

Le gouvernement de la République slovaque sous-crit pleinement à la stratégie par un travail décent, quise dégage principalement de la Déclaration de l’OITrelative aux principes et droits fondamentaux au tra-vail adoptée par la Conférence en 1998.

Conformément à sa déclaration de politique géné-rale, le gouvernement a participé activement auxtravaux des organisations internationales, y comprisl’OIT, et procède à des réformes, notamment dans ledomaine des relations professionnelles et de l’assu-rance sociale.

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Le rapport du Directeur général, intitulé S’affran-chir de la pauvreté par le travail, traite, entre autres, dela réforme de la législation du travail, de la moderni-sation du Code du travail et de la promotion et de lanégociation collective.

Le gouvernement de la République slovaque a ré-digé, en coopération avec les partenaires sociaux, unamendement au Code du travail que le Parlement aadopté le 21 mai de cette année. Ce sont 208 amende-ments au Code du travail, qui entreront en vigueur àpartir du 1er juillet 2003. La réforme du Code du tra-vail vise, d’une part, à assouplir et à libéraliser les re-lations et, d’autre part, à éliminer toute inexactitudedans le texte. La nouvelle version, place les salariés etles employeurs sur un pied d’égalité et confère plus depoids à la négociation collective, les salariés ayant dé-sormais la possibilité de négocier des conditions detravail plus favorables dans les conventions collecti-ves. Grâce aux mesures législatives et autres adoptéespar le gouvernement au cours de ces derniers mois, lechômage a reculé de 19 à 15 pour cent.

Le gouvernement de la République slovaque tientà exprimer toute sa gratitude à l’équipe du bureau del’OIT à Budapest et également au BIT lui-même pourl’assistance technique qu’ils lui ont apportée et leursnombreuses suggestions qui ont été directement in-corporées dans le texte du nouveau Code du travail.

Le rapport du Directeur général souligne la néces-sité de garantir les recettes de la sécurité sociale. Lapriorité actuelle de mon gouvernement est la réformedu régime des retraites. Le but est de créer un régimesûr et équitable reposant sur trois piliers, qui s’appli-querait à la totalité de la population active. Le gouver-nement est en train de mettre en place le dispositif lé-gislatif et financier nécessaire à la création d’un pilierfinancé par des cotisations obligatoires. L’épargne surdes comptes privés permettra à l’avenir aux individusde choisir eux-mêmes l’âge de leur départ à la retraite.

La révision de la recommandation de l’OIT sur lamise en valeur des ressources humaines est en rapportavec l’éducation et la formation professionnelle dansune société du savoir issue de la mondialisation et del’évolution correspondante de l’économie, du marchédu travail et du monde du travail.

Le gouvernement de mon pays accorde une atten-tion particulière à la réforme de l’enseignement à tousles niveaux. Je considère en effet qu’investir dansl’éducation de la nouvelle génération est le meilleurdes investissements.

L’environnement ainsi créé devrait permettre àtous les citoyens d’accéder à l’instruction et à la for-mation tout au long de la vie.

Le dernier point à l’ordre du jour de la Conférenceest la mise au point d’un système plus sûr d’identifica-tion des gens de mer, en réponse aux attentats terro-ristes du 11 septembre 2001. Le gouvernement demon pays approuve l’adoption d’un nouvel instru-ment de l’OIT sur le sujet.

(M. Wojcik prend place au fauteuil présidentiel.)

Original espagnol: M. NIETO MENÉNDEZ (mi-nistre du Travail et de la Prévoyance sociale, El Salva-dor) —Tout d’abord, je souhaite féliciter le Présidentde son élection à la 91e session de la Conférence inter-nationale du Travail, ainsi que le Directeur général,Monsieur l’ambassadeur Juan Somavia, pour lareconduction de son mandat à la tête de notre Organi-sation.

Au nom du gouvernement de la RépubliqueEl Salvador, je souhaiterais vous dire que, depuis ledébut de la prise de fonctions de notre Président,Monsieur Flores, la création d’emplois a été unepriorité de notre gouvernement, face à la tâche consi-dérable qu’il doit accomplir pour réduire la pauvretéet améliorer les conditions de vie et de travail desSalvadoriens.

Voilà pourquoi, convaincus que le travail décent estla meilleure manière de garantir la dignité humaine,le gouvernement de mon pays, par le biais du ministè-re du Travail et de la Prévoyance sociale, est en trainde mettre sur pied, dans le cadre de la législationnationale, des initiatives stratégiques liées au pro-gramme d’appui pour la promotion de la micro et dela petite entreprise. Il entreprend par ailleurs depromouvoir l’approbation de la politique, de la légis-lation et d’un règlement aux fins de l’égalité deschances des personnes handicapées.

L’objectif de ces actions est de mieux intégrer cespersonnes, en leur donnant la possibilité de s’insérerdans la vie productive du pays et ce faisant, d’amélio-rer leurs conditions de vie.

Cette loi a permis d’orienter la politique de réinser-tion professionnelle des personnes handicapées, entenant compte de leur potentiel et de l’offre de travaildes entreprises, tout en améliorant les compétences etles qualifications de ces travailleurs.

Ainsi, nous avons renforcé les services d’orienta-tion professionnelle, de formation, de promotion del’emploi, en faisant largement connaître les possibili-tés existantes en matière de formation et de réinser-tion professionnelles et en créant des mécanismes encollaboration avec le secteur privé et le gouverne-ment.

Cette loi oblige les entrepreneurs à engager unepersonne handicapée pour 25 employés.

Pour ce qui est du principe de non-discriminationen matière d’âge, nous avons promulgué une loi et unrèglement qui visent à défendre les intérêts des per-sonnes d’un âge avancé et avons créé un Conseil na-tional, qui se compose de représentants d’institutionsgouvernementales et non gouvernementales. Cetteloi vise notamment à prendre des mesures aux fins deprévention et de l’éradication des pratiques de discri-mination fondée sur l’âge sur le marché du travail.

Afin d’améliorer le système d’aide à la recherched’emploi, nous avons entrepris la restructuration desservices compétents relevant du département natio-nal de l’emploi en tenant compte des besoins actuelsdu marché de l’emploi, et nous avons créé un bureaud’aide à la recherche d’emploi dans le port de LaUnión et mis en place une bourse de travail au niveaulocal, créant un réseau de onze municipalités, afin dedynamiser le marché de l’emploi dans cette région.

Je fais maintenant référence à une grande réalisa-tion de notre pays et cela a été fait par le biais dudialogue social. Il s’agit d’un outil extrêmement utilepour le pays. Je pense que cela vaut la peine d’en par-ler ici. Nous avons organisé le forum de la solidaritépour l’emploi et nous avons travaillé sur des proposi-tions et des recommandations visant à mettre enœuvre des programmes de création d’emplois. Dans lecadre de ce forum, nous avons entendu plus de 37 or-ganisations venant de tous les secteurs: le secteursyndical, les entreprises ainsi que de la société civile.

Par de telles initiatives, nous souhaitons promou-voir le dialogue social dans notre pays et faire en sortequ’il ne reste pas lettre morte. Nous sommes convain-

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cus que, par le biais de ce forum de la solidarité, nousavançons dans la bonne direction et nous constitueronsun modèle pour la communauté internationale.Nous réaffirmons ainsi que pour notre pays le motdémocratie n’est pas un mot vide de sens, que laconcertation et le dialogue social sont une réalité.

Original anglais: M. SAMARSINGHE (ministre del’Emploi et du Travail, Sri Lanka) — Je souhaiteremercier le Président, ainsi que les Vice-présidents,à l’occasion de leur élection.

Je voudrais aussi féliciter le Directeur général,Juan Somavia, pour sa reconduction à un deuxièmemandat, et je considère d’ailleurs cela comme étantun hommage tout à fait pertinent à ses réalisations,une marque donc de reconnaissance des Etats Mem-bres pour tout ce qu’il a fait. Il a engagé d’ailleursl’OIT dans le sens du concept de travail décent, avecd’excellents résultats grâce au mécanisme de suivi.

Le rapport du Directeur général cette année seconcentre sur un certain nombre de questions crucia-les, particulièrement pour ce qui concerne les pays endéveloppement. Il existe en effet des liens de causalitéentre le manque de possibilités de travail décent et lapauvreté. Cela a été analysé. Par ailleurs, la réductionet éventuellement l’éradication de la pauvreté repré-sentent l’axe central de la stratégie de développementde notre pays, Sri Lanka.

Notre gouvernement, sous la direction de son Pre-mier ministre, Ranil Wickramasinghe, a maintenantentamé une nouvelle phase de développement écono-mique en s’efforçant de trouver une solution négociéeaprès ces deux décennies de conflit armé, avec labonne volonté et le soutien sans précédent de la com-munauté internationale.

Nous récolterons les fruits de cette paix grâce à unestratégie globale de réduction de la pauvreté baptisée«Redressement de Sri Lanka, vision et stratégie pourun développement accéléré».

Cette stratégie permettra sans aucun doute de sou-tenir le processus de paix lancé par notre population.

Les éléments principaux de cette stratégie de ré-duction de la pauvreté du gouvernement sont, d’unepart, une paix durable, deuxièmement, le renforcementd’un environnement macroéconomique favorable;troisièmement la réduction de la pauvreté; quatriè-mement, investir dans le peuple; cinquièmementdonner aux pauvres les moyens de se prendre en mainet renforcer la gouvernance; et enfin utiliser un bonsystème de suivi et d’évaluation. Avec cette stratégie,le gouvernement compte réduire de moitié le nombredes pauvres d’ici 2015 et ramener l’indice de pauvreténational de 25 à 20 et l’indice de pauvreté rurale de27 à 22 pour cent.

Pour compléter notre stratégie de réduction de lapauvreté et le programme de travail décent de l’OIT,nous avons lancé un certain nombre d’initiatives poli-tiques pour améliorer le bien-être des travailleurs. Ils’agit, pour nous, d’arriver à une main-d’œuvrecompétitive et employable partout. Et ceci fait l’objetd’une politique de l’emploi nationale. Mon ministèrea mis au point, dans le cadre de cette nouvelle straté-gie, un système de recherche et de placement que l’onappelle «Jobs Net». Il s’agit d’un service en ligne del’emploi. C’est en fait une interface conviviale qui està la disposition des demandeurs d’emploi, mais aussipour fournir des renseignements sur les activitésrémunératrices, des informations sur l’emploi, lespostes, ainsi que pour les employeurs potentiels.

Ce qu’il y a d’unique dans cette expérience estque nous avons mis sur pied un partenariat entre lesecteur public et le secteur privé. Etant donné l’envi-ronnement de plus en plus compétitif, pour réduirela pauvreté et améliorer le niveau de vie de noscompatriotes, il nous faut absolument amélioreren permanence la productivité. C’est là notre butpremier. A cette fin on a élaboré une politiquenationale de productivité qui comprend deuxcomposantes distinctes, ce pour tenir compte des dif-férences entre le secteur privé et le secteur public.Elle a été formulée par mon ministère, ainsi que par leSecrétariat national pour la productivité du ministèredu Travail.

Nous sommes convaincus qu’il nous faut absolu-ment fournir un abri aux travailleurs sans domicile,améliorer leur qualité de vie et leur assurer stabilitésociale et protection. Nous pensons que ceci peut êtrerelié à notre politique de productivité. En conséquen-ce, notre ministère s’est lancé dans l’élaborationd’une politique nationale de logements des tra-vailleurs, qui a pour objectif de fournir des logementsabordables aux travailleurs qui sont dans le besoin.Cette politique vise essentiellement trois groupes detravailleurs: ceux qui travaillent dans les plantations,ceux qui travaillent dans les zones franches d’exporta-tion et les travailleurs migrants. Des mesures ontdéjà été prises pour loger les travailleurs migrants, etdes consultations sont en cours pour les travailleursdes plantations et des zones franches. Et là, noussouhaitons d’ailleurs remercier l’OIT de nous avoiraidé à élaborer cette politique du logement destravailleurs.

La mondialisation, comme vous le savez, pose bonnombre de défis à nos économies. Aussi bien le gou-vernement que le secteur privé sont confrontés à bonnombre de questions. Par exemple, la concurrence, lanécessité d’accroître la productivité, l’efficacité et denouveaux critères comme la bonne gouvernance, laresponsabilité et la transparence. Donc, il y a grandbesoin de mettre en œuvre la législation nationale, demodifier certaines lois pour les aligner sur les normesinternationales. Nous sommes engagés aussi dans unesérie de réformes du travail ces seize derniers mois,notamment pour faire face à un environnementéconomique mondial compétitif, sans pour autantcompromettre la sécurité au travail et le bien-être destravailleurs. Grâce à ces nouvelles mesures législati-ves nous serons plus compétitifs et nous pourronssauvegarder des emplois, et même créer un environ-nement propice à la création d’emplois.

Il faut comprendre que les Sri-lankais qui tra-vaillent à l’étranger jouent un rôle important dans notreéconomie. Un sixième de nos travailleurs travaille àl’étranger; 70 pour cent sont des femmes, 80 pour centviennent des milieux les plus pauvres. Le gouverne-ment a pris d’importantes mesures en faveur de cestravailleurs.

Nous voudrions remercier l’OIT pour toute l’assis-tance qui a été fournie à mon pays.

Original espagnol: Mme ROSAS PÉREZ (déléguéegouvernementale, Panama) — Au nom du gouverne-ment de la République de Panama, placé sous la pré-sidence de Mme Mireya Moscoso, je souhaite féliciterMonsieur le Président et Messieurs les Vice-prési-dents pour leur élection.

Je tiens pour commencer à exprimer ma satisfactionde voir qu’à l’ordre du jour figure un point consacré au

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rapport du Directeur général, M. Juan Somavia, quiaborde le sujet très sensible de la pauvreté.

Le rapport du Directeur général analyse plusieursstratégies visant à combattre le fléau qu’est la pauvre-té par le biais du travail, arme essentielle s’il en est.

En qualité de partie prenante, le gouvernementde la République du Panama a pleinement consciencede l’importance du problème qui nous touche tous.Dans ce contexte, nous avons mis en œuvre desmesures visant à promouvoir la création d’emploiset à garantir la protection intégrale du travailleurmineur, en mettant l’accent particulièrement sur lesmesures propres à venir à bout du travail desenfants.

Nous accordons une attention particulière danscette perspective à la contribution que l’OIT apportepar les programmes de coopération technique, quiconcernent notre pays, compte tenu en outre que cesprogrammes contribuent à réaliser l’objectif majeurfixé dans le rapport du Directeur général, c’est-à-direaffranchir le monde de la pauvreté par le travail.

Le gouvernement du Panama remercie l’OIT del’appui qu’elle lui apporte dans le cadre de différentsprogrammes de coopération technique parmi lesquelsje citerai les programmes SIAL/OIT, MATAC/OIT,PRODIAC, RELACENTRO, ARPE et IPEC.

Je tiens à souligner à cet égard les progrès réalisésdans le cadre de ces deux derniers projets. Le projetARPE, qui visait à analyser et réformer la politiquede l’emploi au Panama, a bénéficié de l’appui del’équipe technique multidisciplinaire de l’OIT auCosta Rica et de la collaboration du patronat et dessyndicats nationaux.

Le projet a débouché sur l’élaboration de 12 rap-ports examinés par deux instances tripartites. Un con-sensus a commencé à se dessiner à l’issue du processussur certains aspects relatifs aux politiques pouvantêtre adoptées pour créer des emplois et mettre cetaspect au centre de la politique économique.

Par la suite, les résultats du projet ont été présentéspour discussion à la table ronde convoquée sur le sujetde la relance économique du pays.

Parmi les autres projets visant à limiter la pauvretéfigure un programme de lutte contre le travail des en-fants qui vise la mise en œuvre des conventions nos 138et 182 de l’OIT.

Par l’intermédiaire du Comité pour la lutte contre letravail des enfants, qui dépend du ministère du Travailet du Développement de l’emploi (MITRADEL),et sous la responsabilité de la Direction nationale del’inspection du travail qui agit, se faisant, dans le cadrede la mission de contrôle, le gouvernement du Panamamène à bien quatre projets à caractère régional et unautre à caractère national.

Il s’agit tout d’abord d’un projet d’informationstatistique et de contrôle en matière de travail desenfants, dont les résultats apparaissent dans l’enquêteréalisée sur la question en octobre 2000. La collected’informations a été réalisée au moyen d’une métho-de à la fois qualitative et quantitative; ce qui a permisde dresser un tableau plus précis de la situation du tra-vail des enfants dans le pays. Les données recueilliesont été introduites dans une base de données mise àjour.

Dans le cadre de ce projet, certains types de don-nées sont recueillis régulièrement sur le travail desenfants, ce qui permet de faire le point sur l’impactdes politiques et programmes visant à lutter contre leproblème.

Un autre projet en cours vise à lutter contre le tra-vail des enfants dans les plantations de café. Il a pourobjectif de formuler des plans d’action visant à venir àbout de ce problème particulier et se fonde sur lesrésultats de l’enquête susmentionnée.

Nous avons aussi un projet pour la préventionet l’éradication de pires formes de travail des enfantsqui présente deux volets. Le premier a visé à fairele point sur la situation des enfants employés commedomestiques et à débouché sur un bilan publié parl’IPEC. Le deuxième volet, actuellement en cours,doit appeler l’attention du public sur les risques etles conséquences de cette pratique et permettre d’envenir à bout.

Il convient de souligner que, dans le cadre de ceprojet, le ministère du Travail et du Développementde l’emploi projette de mettre en place un servicechargé d’enregistrer les plaintes des enfants concer-nés et qui devra informer directement l’unité compé-tente au sein de l’inspection du travail des cas qui luisont ainsi soumis.

Nous avons ensuite un projet visant à lutter contrel’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents àdes fins commerciales, qui doit permettre de faire lepoint sur le problème et sur les moyens institutionnelsdisponibles pour y faire face et, passe par la créationd’une base de données et l’élaboration d’un plan detravail annuel.

Nous devons mentionner enfin le programme na-tional visant à combattre les pires formes de travaildes enfants qui doit permettre de réincorporer lesintéressés au système éducatif.

Je tiens à réitérer ici pour finir le soutien de mongouvernement aux efforts déployés par l’OIT afin demettre en œuvre des politiques et des mesures propresà contribuer à lutter contre la pauvreté dans nos diffé-rents pays. Nous espérons que les débats qui aurontlieu lors de cette session de la Conférence auront lesrésultats escomptés.

Original espagnol: M. SOLARI SAAVEDRA (mi-nistre du Travail et de la Prévoyance sociale, Chili) —Je voudrais en premier lieu féliciter le Président deson élection et le Directeur général du Bureau inter-national du Travail, M. Somavia, de sa réélection pourun deuxième mandat de cinq ans. C’est une grandefierté, pour moi, pour mon pays et pour l’Amériquetout entière.

L’objectif étant que la mondialisation, bénéficie àtous et n’exclue pas les plus démunis, nous approu-vons les efforts que l’OIT déploie pour définir unestratégie et une ligne d’action de réduction de lapauvreté par la promotion du travail décent.

Comme l’indique le Directeur général dans sonrapport, le travail est le meilleur moyen de s’affran-chir de la pauvreté. C’est là une tâche à laquelledoivent participer les gouvernements, les travailleurset les employeurs, afin de parvenir à un engagementtripartite qui contribuera à venir à bout de la pauvretéà l’échelle mondiale.

A cette fin, la croissance économique est nécessai-re. Il faut aussi garantir les libertés politiques etciviles, veiller à ce que les droits fondamentaux destravailleurs soient respectés, et garantir aux citoyens,hommes ou femmes, la même possibilité d’obtenir untravail, d’exercer leur droit d’organisation et decompter sur un système de protection sociale.

A l’heure actuelle, les défis en matière de ressour-ces humaines, de législation du travail, de migration

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des travailleurs et de sécurité sociale sont au cœurmême du programme des organismes multilatéraux.

Toutefois, il faut accroître l’importance des normesdu travail et de la sécurité sociale et dans les processusd’intégration commerciale, et renforcer la coopéra-tion dans tous les domaines qui contribuent à amélio-rer les ressources humaines de chaque pays.

Le Chili, avec enthousiasme, a approuvé la promotionde normes du travail qui permettent de concilier unemeilleure protection du travailleur et la modernisa-tion des relations professionnelles. Le Chili a procédéà des réformes qui ont permis de faire appliquerpleinement les droits fondamentaux que l’OIT dé-fend, par exemple la liberté syndicale et la négocia-tion collective. Nous avons aussi amélioré notresystème de prévision pour protéger les travailleursqui perdent leur emploi, et pour accroître la transpa-rence du système et la capacité d’action des affiliés ausystème privé de pension.

L’amélioration des normes nationales du travaila facilité l’intégration du Chili dans l’économiemondiale. Ainsi le Chili a pu souscrire d’importantstraités. Je voudrais mentionner ici l’Accord d’associa-tion avec l’Union européenne et le Traité de librecommerce avec les Etats-Unis, qui a été récemmentsigné. Ce dernier traité garantit la souveraineté desdeux pays en ce qui concerne leur législation dutravail, prévoit la promotion et le développementdu capital humain et tient compte des questions desécurité et de santé écologique.

Dans ce cadre, le Chili est en mesure d’avancerdans l’amélioration de la compétitivité de ses entre-prises, et dans celle des possibilités de progrèspour ses travailleurs. Nous moderniserons la justicedans le monde du travail afin de faciliter le règle-ment des conflits professionnels et de garantirefficacement le respect des droits fondamentaux destravailleurs.

La richesse des pays n’est plus basée sur les ressour-ces naturelles ou le niveau d’industrialisation mais surles capacités des travailleurs.

C’est la raison pour laquelle nous nous sommes fixécomme but de coordonner nos efforts en vue d’amé-liorer le capital humain du pays, par l’éducation, laformation et l’homologation des compétences profes-sionnelles. Notre but est de donner aux travailleurschiliens les connaissances et les capacités que le mondedu travail demande, et d’accroître leur employabilité.Ainsi, nous oeuvrons avec le secteur privé pourqu’au moins 20 pour cent des forces de travail suiventune formation tous les ans, l’accent étant mis sur laformation à l’informatique.

Aujourd’hui, les entreprises sont en concurrenceavec celles d’autres pays en ce qui concerne leurcapacité d’innover et d’accroître la qualité de leursproduits.

Pour cela, il faut assurer des modèles de gestionplus participatifs qui permettent de bénéficier del’apport créatif de toutes les parties prenantes àl’entreprise, et d’offrir un milieu de travail sain et sûraux travailleurs.

Nous sommes ravis, en tant que pays, de la diminu-tion des taux d’accidents du travail et de l’améliora-tion du traitement des maladies professionnelles.

Toutefois, il faut un dialogue plus étroit au seindes entreprises et plus de formation et de préventionpour continuer de progresser. Tout cela dépend d’uneffort tripartite des travailleurs, des employeurs et despouvoirs publics.

Des notions telles que la compétence, la mobilitéprofessionnelle et la souplesse se heurtent à l’opposi-tion de certains secteurs sociaux qui les considèrentcomme synonymes, pour les travailleurs, de chômageet de perte d’acquis. En particulier, les travailleurs lesmoins qualifiés estiment qu’elles mettent en périlleurs conditions de travail et de rémunération.

Ces derniers temps, cette perception coïncide avecun fort taux de chômage. L’incertitude s’accroît face àla mondialisation et l’on ne voit pas que, par exemple,les technologies de l’information ouvrent de nom-breuses autres possibilités d’emploi et d’améliorationde la qualité de vie à beaucoup de catégories detravailleurs.

Ces menaces s’ajoutent au manque de visibilité despossibilités qui s’offrent aux travailleurs. Nous devonstout faire pour parvenir à un profond dialogue social,et pour créer le climat de confiance nécessaire afinque ce processus complexe soit considéré comme uneimmense opportunité de progrès et de justice sociale.

Grâce à l’aide de l’OIT, nous sommes sûrs que cedialogue social sera non seulement possible danschaque pays mais qu’il sera aussi un processus de laplanète à l’échelle mondiale. Je suis sûr que cetteaspiration au progrès et à la justice sociale sera trèsbientôt une réalité.

Original anglais: M. DIMOVSKI (ministre du Tra-vail, de la Famille et des Affaires sociales, Slovénie) —C’est un honneur pour moi que de m’exprimer devantvous à l’occasion de la 91e session de la Conférenceinternationale du Travail, au nom du gouvernementde la Slovénie. Permettez-moi, avant toute chose, deféliciter le Directeur général pour l’excellent rapportqui met l’accent sur le processus complexe de l’éradi-cation de la pauvreté.

Je suis fermement convaincu que le partage de nosexpériences et de nos préoccupations sur le sujet quinous intéresse va contribuer à la formulation et à lamise en œuvre futures des stratégies de réduction de lapauvreté, tant à l’OIT qu’au niveau national. La natu-re complexe de la pauvreté fait que tous les pays doi-vent proposer leurs propres objectifs de réduction dela pauvreté, alors que l’éradication de la pauvreté àl’échelle mondiale doit prendre en considération unaussi grand nombre d’objectifs que possible.

La pauvreté, qui a toujours été un problèmemondial, a été écartée de notre conscience sociale.Le monde moderne est le témoin d’une prospéritécroissante des nantis, prospérité qui s’accompagnemalheureusement de la pauvreté silencieuse deslaissés-pour-compte. Des recherches ont montré quela pauvreté, le chômage et la désintégration socialeconduisent fréquemment à l’isolation, à la marginali-sation et à la violence. Qui plus est, il est prouvé que lapauvreté est un facteur important des violations desdroits de l’homme à travers le monde. A cet égard, jevoudrais mettre l’accent sur l’importance des initiati-ves telles que la Déclaration de Copenhague, lesObjectifs de développement pour le Millénaire desNations Unies et, tout particulièrement, le program-me relatif au travail décent de l’OIT, qui représententles bases d’un développement plus large visant àl’établissement de la justice sociale dans un mondequi se globalise.

La Slovénie coopère activement aux efforts faitspar l’Union européenne pour combattre la pauvretéet l’exclusion sociale. Le défi le plus important pourelle, en tant que pays candidat à l’adhésion à l’Union

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européenne, consiste à participer au programme d’ac-tion de l’UE visant à combattre l’exclusion sociale et àélaborer un mémorandum d’accord sur l’inclusion,qui nous incite à appliquer la méthode de coordina-tion établie par l’Union européenne, afin d’atteindreles buts communs adoptés au Sommet de Nice endécembre 2000.

En ce qui concerne la pauvreté au niveau national,je voudrais mentionner que, depuis février 2000, lors-que le gouvernement de la Slovénie a adopté le pro-gramme sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusionsociale, ce combat a été l’une des priorités de notregouvernement.

Le but même de ce programme était d’introduiredes mesures coordonnées qui permettraient de rédui-re le nombre de pays qui vivent dans un état depauvreté et de fournir l’assistance voulue à ceux quivivent dans la pauvreté et ceux qui sont en danger detomber en-dessous du seuil de pauvreté. Comme lesefforts des mesures précédentes ont été généralementinsuffisants, du fait que ces mesures avaient été prisespar différentes institutions, la Slovénie a décidéd’adopter une approche multidisciplinaire qui adébouché sur ce programme même, dont l’un desfondements est que la pauvreté est une questionmultidimensionnelle qui doit être abordée selonplusieurs angles et dans le cadre de diverses alliances.

Quels sont donc les défis de l’avenir?Malgré le fait qu’au cours des deux années passées

nous avons adopté un grand nombre de mesures quiont contribué de manière significative à la réductiondes inégalités et à la promotion de la cohésion sociale,nous sommes conscients que, pour que notre actionait un effet à long terme dans la lutte contre la pauvre-té, nous devons renforcer les efforts tendant à élimi-ner les causes réelles de la pauvreté.

A cette fin, notre politique vise en premier lieules objectifs suivants: développer l’emploi; accroîtreles investissements dans l’éducation et promouvoirla formation permanente; améliorer l’accès au loge-ment, à la santé et aux services sociaux; assurer unecoopération étroite entre les gouvernements, lespartenaires sociaux, les autorités locales et les ONG.

De nombreuses mesures permettant d’atteindreces objectifs sont incluses dans le Plan d’action pourl’emploi 2002-03 et dans l’Accord social pour la période2003-2005, adopté par le Conseil social et économiquetripartite de la Slovénie, qui regroupe les partenairessociaux. En préparant ces deux documents, la Slovénieest parvenue à appliquer une approche intégrée pouratteindre le but général, à savoir un développementsocial et économique durable.

Avant de conclure, je voudrais attirer votre atten-tion sur l’engagement tripartite, qui joue un rôleessentiel dans la lutte contre la pauvreté dans tous lespays. Incontestablement, l’Etat a pour mission demettre en place les programmes et les cadres d’actionvoulus. Les employeurs et les travailleurs sont ceuxqui connaissent le mieux l’impact de ces programmessur l’entreprise et le lieu de travail. Je voudrais direaussi combien le rôle de l’OIT est important dansl’élimination de la pauvreté dans les Etats Membres,non simplement par le biais de ses propositions d’en-semble, mais également par l’établissement des règlesdu jeu et des normes internationales. Je voudrais direen conclusion que la Slovénie peut apporter une con-tribution très importante à la solution du problème dela pauvreté dans d’autres Etats Membres, comptetenu de son expérience de l’incorporation des quatre

Objectifs stratégiques dans divers documents natio-naux qui sont des outils visant à éliminer la pauvreté.

Original anglais: M. MARONI (ministre du Tra-vail, Italie) — Je tiens à souligner une nouvelle foisque le gouvernement italien apprécie et soutient sansréserve les activités menées par l’OIT pour assurer lapromotion et le respect des droits fondamentaux autravail.

L’Italie fait entièrement sienne la stratégie quel’OIT a élaborée pour lutter contre la pauvreté par-tout dans le monde; elle reconnaît et apprécie lesefforts déployés par l’Organisation pour promouvoirles normes fondamentales du travail dans les pays peudéveloppés. Le développement des compétences, lapromotion du dialogue social et l’esprit d’entreprise –mis au service de la lutte contre la discrimination et del’élimination du travail des enfants, garants pour tousles travailleurs de l’accès à une sécurité sociale debase – seront les armes utilisées dans la lutte contre lapauvreté.

Consciente de l’importance de ces stratégies, l’Ita-lie a récemment défini un certain nombre d’objectifsdans le cadre d’un livre blanc sur le marché du travail(paru en octobre 2003) ainsi que d’un document surl’Etat providence (publié en mars 2003); ces docu-ments proposent des programmes inspirés par diversimpératifs: promouvoir une société active, veiller àla qualité de l’emploi, assurer l’égalité des chances,favoriser l’intégration sociale et lutter contre l’exploi-tation du travail des enfants.

Le travail décent pour tous est un élément fonda-mental de la stratégie de lutte contre la pauvreté.L’Italie a la ferme intention d’appuyer toutes lesefforts déployés par l’OIT pour réaliser les objectifsqu’elle s’est assignés dans ce domaine. Nousattachons de ce fait le plus grand prix aux activités en-treprises, dans le cadre de cette Conférence, par laCommission des ressources humaines, la Commissionde la sécurité et de la santé au travail et la Commis-sion de la relation de travail.

Comme l’OIT, nous sommes convaincus qu’uneéducation et une formation professionnelle de qualitéet aisément accessibles constituent l’une des plus im-portantes stratégies de lutte contre la pauvreté, en cequ’elle favorise l’employabilité, l’intégration socialeet permet l’instauration d’une société plus stable etplus juste.

L’égalité du travail: tel est cette année le thème duRapport global en vertu du suivi de la Déclaration del’OIT relative aux principes et droits fondamentauxau travail.

Nous approuvons ce rapport, qui soumet le problèmede la discrimination à une analyse détaillée conduiteselon diverses perspectives. L’Italie, en coopérationavec les partenaires sociaux, mène actuellement unelutte contre la discrimination dans le cadre des nor-mes de l’OIT et des réglementations en vigueur ausein de la Communauté européenne. Nous avonsadopté à cette fin une approche intégrée qui conjuguesanctions et mesures concrètes, ces dernières visantnotamment l’instauration de l’égalité entre hommeset femmes et la mise en place de dispositifs permet-tant de concilier plus aisément vie professionnelle etresponsabilités familiales.

Le gouvernement italien réaffirme le vif intérêtqu’il porte aux activités normatives du Bureau; à cejour, l’Italie a ratifié 111 conventions, dont 92 sontencore en vigueur.

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Notre pays attache également une grande impor-tance aux programmes de coopération technique,qu’il considère comme indispensables à la réalisationdes objectifs stratégiques de l’Organisation. L’Italieapporte une preuve tangible de l’appui qu’elle entendapporter à la stratégie relative au travail décenten continuant d’apporter d’importantes contributionsfinancières aux activités de l’OIT; en 2002, elle a étéle quatrième bailleur de fonds pour le financementdu programme de coopération technique de l’OIT.

L’Italie continue — avec fierté — d’apporter son sou-tien au Centre international de formation de l’OIT situéà Turin, par le biais d’une contribution annuelle aubudget ordinaire du centre et d’un cofinancementde ses activités de formation. Le montant total deces contributions a atteint en 2002 l’équivalent de13,3 millions d’euros, soit plus du tiers du budget totaldu centre. L’Italie souhaite vivement que le Centrede Turin puisse participer pleinement à l’élaborationdes politiques de formation destinées à servir lamise en œuvre de l’Agenda pour un travail décent etencourage vivement le Directeur général ainsi que leDirecteur du Centre de Turin à agir dans ce sens.

A notre avis, tous les programmes de l’OITdevraient tirer profit des ressources offertes par cetteinstitution, unique en son genre dans le systèmedes Nations Unies.

Original russe: M. EREMEEV (délégué des em-ployeurs, Fédération de Russie) — Je voudrais remer-cier le Directeur général du Bureau international duTravail pour son rapport sur le thème «S’affranchir dela pauvreté par le travail» qui nous sert de documentspécial pour notre Conférence.

En effet, il s’agit là d’un document profond et inté-ressant car il nous pousse à conduire une réflexionnon seulement sur les causes mais aussi sur les voies etmoyens permettant de régler ce problème honteux dela pauvreté chronique qui est le lot de près de lamoitié de l’humanité. Comme l’indique le rapport,pas un seul Etat n’est épargné, et malheureusement,la Russie ne fait pas exception.

Nous avons étudié de très près le rapport du Direc-teur général sous l’angle des données socio-économi-ques russes et nous sommes d’accord avec certainesde ces thèses et pas d’accord avec d’autres.

Le phénomène de la pauvreté revêt des facettesmultiples et c’est pour cela qu’il n’est pas possibled’adopter des conclusions uniformes et des recom-mandations standards pour régler ce problème.

Cependant, je pense que nous partageons tous lamême conviction, à savoir qu’il faut stopper dès le débutla tendance alarmante à l’aggravation de la pauvretéet de l’iniquité dans le monde, pour ensuite l’inverseruniquement en offrant aux gens des possibilitésd’emploi décent et économiquement efficace.

Nous autres, les entrepreneurs russes, sommesconvaincus que la lutte contre la pauvreté doit êtremenée sur deux fronts qui se complètent tout d’aborden fondant une politique économique responsable surla stimulation de la croissance, la libération des forcesproductrices et, partant, l’accroissement de la richessenationale globale, la création de nouveaux emplois etle relèvement du niveau de vie.

Le PIB de la Russie a augmenté de 20 pour centau cours des trois dernières années, entraînant uneréduction du nombre de chômeurs de près de quatremillions. Dans le même temps, pratiquement, il y a euune augmentation d’un tiers de la consommation fina-

le par habitant, et les mouvements de grève ont perduen ampleur Le Président de la Fédération de Russie,Vladimir Poutine, dans une allocution à l’Assembléefédérale, a indiqué clairement que le succès de notrepays était directement lié au succès des entrepreneursrusses, en insistant sur le fait que le moteur de la crois-sance économique était l’initiative privée. En particu-lier, le développement de la petite entreprise, qui per-mettrait de relever le niveau de vie de la population etde créer des emplois de qualité, constitue une réserveimportante.

Selon les estimations, les PME représentent11 pour cent du PIB, ce qui est extrêmement faibledans un contexte de marché libre et ouvert à laconcurrence.

Par ailleurs, en accordant la priorité à la politiquede croissance économique, il ne s’agit pas de perdrede vue la nécessité de poursuivre une politique socia-lement responsable. Nous entendons par là le perfec-tionnement du rôle social de l’impôt, du développe-ment de différents instruments d’assurance sociale.Dans une situation encore caractérisée par une crois-sance économique hésitante, par une grande dépen-dance de l’économie russe par rapport aux marchésconcurrents de matières premières, l’un des aspectsimportants de la politique sociale doit être l’assistanceet la protection sociale des gens qui font preuve dedynamisme et d’initiative, à savoir les entrepreneurset les travailleurs salariés, et il faut veiller à ne pascultiver l’assistanat social. Une politique sociale bienpensée encouragera les entrepreneurs à investir dansde nouveaux projets, à prendre les risques technologi-ques de l’innovation, à conquérir de nouveauxmarchés et à créer de nouveaux emplois. Elle offrirala possibilité aux salariés d’acquérir des compétencesprofessionnelles très recherchées, d’accroître leurmobilité géographique et de monter leur propreaffaire sans pour autant oublier les catégories socialestelles que les invalides, les réfugiés, les mères seulesqui, elles, nécessitent une plus grande protectionétant donné qu’elles sont peu compétitives.

La pauvreté a de nombreuses causes et présentedes aspects multiples — économiques, politiques,sociaux et humanitaires, différence d’éducation,géographique, climatique et autres — et il n’y a pasune seule organisation qui ne mène son combat,dans son domaine de compétence, contre ce phéno-mène. Il es clair qu’il faut développer une stratégie desortie de la pauvreté qui soit intégrée et qui impliqueune coordination étroite entre ces différentes organi-sations.

En tant qu’organisation s’occupant plus particuliè-rement des questions relatives au travail, l’OIT doitaccroître sa contribution à la lutte contre la pauvreté,notamment en veillant à ce que les projets etprogrammes élaborés au titre des quatre objectifsstratégiques de l’Organisation donnent de meilleursrésultats.

Original espagnol: M. CORRIES (représentant,Confédération syndicale mondiale de l’enseignement)— Nous remercions le Directeur général au nom de laConfédération syndicale mondiale de l’enseignement,qui est affiliée à la Confédération mondiale du travail,et de ses organisations dans le monde entier, pour lerapport présenté devant cette assemblée sur le thèmede l’élimination de la pauvreté et de toute discrimina-tion en tant que conditions pour parvenir à un travaildécent.

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L’éducation est sans aucun doute l’espace où la per-sonnalité des enfants et des jeunes peut s’épanouir, etqui leur permet d’accéder au monde du savoir. Nousvoyons avec beaucoup de préoccupation comment lemarché essaye de gérer l’éducation par une stratégieoù l’économisme occuper toute la place. Ce processusde mondialisation nous amène à réaffirmer des fonc-tions nouvelles de l’Etat comme l’éducation, la santé,la justice, la sécurité, qui ne peuvent pas, comme leprétend le discours unique, être remplacées par unemercantilisation, étant donné le conflit d’intérêt entrela collectivité sociale et les entreprises lorsqu’il s’agitdu bien commun.

Laisser l’éducation entre les mains de l’Etat, c’estfomenter une guerre où les pauvres sont toujours lesperdants et où les intérêts particuliers, l’emportentsur le bien de la population. Ce qui ne signifie enaucun cas que nous nous opposons à la gestion del’éducation par le secteur privé. Nous pensons simple-ment qu’une telle gestion doit s’inscrire dans le cadredes paramètres d’un service public régi par l’Etat quidéfinit et défend l’intérêt général pour qu’il l’emportesur les intérêts particuliers.

Le privé ne peut pas s’opposer au public. Lemarché et l’Etat peuvent très bien se compléter pourassurer une éducation de qualité.

Monsieur le Directeur, nous, les travailleurs del’éducation, nous apprécions que l’OIT ait décidé éga-lement d’approfondir à l’occasion de cette Conféren-ce la question de la formation des travailleurs etdes travailleuses. C’est un bon exemple où l’on voitcomment on peut interpréter objectif de manièretendancieuse. Le marché veut en quelque sorte pro-mouvoir la formation sans encourager le développe-ment des compétences qui permettraient à des hommeset des femmes, de vivre mieux et de manière décente,et pas seulement de travailler. Et c’est là que l’Etatdoit être présent. J’espère que les débats de cetteassemblée et de l’année prochaine permettrontégalement de prendre des mesures plus utiles pourque des hommes et des femmes puissent avoir accès àla formation.

Passons maintenant à la société de l’information.Comment peut-on concevoir un concept de cette

importance lorsque des millions d’hommes, de fem-mes et d’enfants ne savent ni lire ni écrire?

L’éducation est donc la condition sans laquelle lescitoyens et les citoyennes ne pourraient pas avoiraccès à la communication. Pour toutes ces raisons, ellen’est pas possible dans les conditions qui sont celles del’éducation aujourd’hui.

C’est une discrimination scandaleuse dont souf-frent les millions d’éducateurs qui touchent un salairede misère et qui n’ont pas accès à la formation, unediscrimination qui est contraire à la dignité humaineet aux valeurs humaines. Il est difficile d’éduquer lesautres et de leur apprendre la dignité lorsque l’on n’apas les moyens de défendre sa propre dignité. Celan’empêche pas des millions d’enseignants de répondreà l’appel de leur conscience qui leur dit de surmonterces difficultés, pour une cause aussi noble que l’ensei-gnement.

Dans ce cadre, nous devons ratifier la défense del’organisation syndicale comme représentant légitimedes droits des travailleurs en tant que tels. Et c’est laliberté syndicale qui est la défense des travailleurscontre les visées divisionnistes des employeurs qu’ilsveulent promouvoir pour affaiblir le mouvementsyndical.

Nous remercions l’OIT de promouvoir la libertésyndicale pour empêcher les employeurs de s’ingérerdans les activités syndicales des travailleurs, ce qu’ilsfont parfois par des pratiques déloyales. C’est à nous,les travailleurs, de forger nos propres armes. Sansenseignants, il n’y a pas d’enseignement. Sans dignité,il n’y a pas de travail. Avec la discrimination nousirons tout droit vers la guerre, et de là, vers la mort etla destruction.

Mme QUINTIN (représentante, Union européenne)— Je voudrais tout d’abord féliciter M. Wamalwapour son élection à la présidence de cette Conférenceet remercier très vivement M. Somavia pour sonexcellent rapport S’affranchir de la pauvreté par letravail.

Je crois que ce rapport marque une étape impor-tante. Il aborde les enjeux fondamentaux d’une mon-dialisation qui apporte bénéfices et opportunités dedéveloppement, mais qui a aussi accru les inégalitésentre pays et à l’intérieur même des sociétés. Nousdevons donc bâtir ensemble une mondialisation maî-trisée et relever le défi que représente la coexistence,sur la planète, d’une capacité inégalée à produire desrichesses et d’une pauvreté considérable. Nous ledevons, car la confiance de nos concitoyens dans lamondialisation dépend de notre aptitude collectiveà réduire ces inégalités criantes qui sont une causemajeure d’insécurité régionale et planétaire, et denotre volonté à offrir au Sud des voies de développe-ment durable.

C’est pourquoi la Commission européenne sou-tient l’approche du rapport présenté par le Directeurgénéral, qui offre de nombreux points de convergenceavec la stratégie de l’Union européenne. Le premierpoint de convergence est la nécessité de définir unagenda politique global et intégré, englobant politi-ques économique, sociale et de l’emploi. C’est ce quel’Union européenne fait depuis le lancement, en 2000,de la Stratégie de Lisbonne qui vient d’être confirméerécemment par le Conseil européen de Bruxelles etqui est la base du modèle social européen.

Il faut d’abord nous donner un objectif clair, celuide la participation du plus grand nombre à la vie éco-nomique. Comme le dit le rapport, et comme le pré-voit l’Agenda social européen, l’emploi ne suffit pas, àlui seul, à résorber la pauvreté. Les discriminationsdoivent être combattues car elles empêchent certainsgroupes de participer à la société. La pauvreté extrêmedoit être éradiquée, grâce à des dispositifs de protec-tion sociale, car elle empêche le développementdurable.

Un tel agenda doit donc mobiliser, de manière com-plémentaire, tous les instruments disponibles, depuisles plus classiques, comme le soutien financier et lalégislation, jusqu’aux plus innovants, comme la coor-dination des politiques nationales de l’emploi et de laprotection sociale, autour d’objectifs communs, aussiprécis que possible pour être mobilisateurs.

Il faut ensuite promouvoir la qualité et renforcerle travail décent. Cela signifie d’abord poursuivre lapromotion des droits fondamentaux et de la dignitéde la personne humaine au travail, dont l’Union necesse de souligner l’importance. Cela signifie aussirechercher de nouveaux équilibres entre flexibilité etsécurité, en promouvant le bien-être global au travail,en investissant dans la formation tout au long de lavie et en améliorant la compétitivité structurelle del’économie.

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Alors qu’elle sera confrontée à un vieillissementdémographique inéluctable, l’Europe approfonditaujourd’hui les réformes structurelles lancées depuisle Sommet de Lisbonne en 2000, à commencer parcelles qui favorisent l’emploi des travailleurs âgés parla recherche d’une qualité de l’emploi qui permette dedégager des gains de productivité. L’adaptation et laréforme des systèmes de retraite jouent ici un rôle dé-cisif car une clé de leur réussite réside justement dansl’accroissement des taux d’emploi, objectif central dela nouvelle «Stratégie européenne pour l’emploi»adoptée la semaine dernière.

Toutes ces réformes au service de l’emploi et del’inclusion sociale reposent sur l’implication de tousles acteurs, ceux du dialogue social, ceux de la sociétécivile et ceux représentant les autorités publiques.C’est en effet grâce au dialogue et au partenariat quel’on peut véritablement définir des stratégies inté-grées de lutte contre l’exclusion et que l’on peut lesmettre en œuvre avec efficacité sur le terrain. Le dialo-gue social, bipartite et tripartite, est une traditionvivace en Europe, et l’année dernière lui a donné unnouvel élan avec l’adoption d’un programme detravail ambitieux par les partenaires sociaux, et lerenouveau de la concertation sociale tripartite avec lacréation d’une concertation au plus haut niveau. Maisle développement de stratégies intégrées de créationd’emplois et de lutte contre l’exclusion impliqued’autres acteurs, comme les organisations de la socié-té civile ou encore les entreprises, à travers leursinitiatives de responsabilité sociale.

C’est dans ce contexte que la commission aorganisé avec beaucoup de plaisir en février dernierun séminaire à haut niveau sur la dimension socialede la globalisation avec la Commission mondialeet les principales parties prenantes. Il a permis deséchanges fructueux sur ces thèmes qui intéressentla communauté mondiale tout entière; car un marchédu travail inclusif, la promotion de la qualité et dutravail décent et le dialogue sont les piliers de laconstruction d’un ordre mondial plus juste et pluséquilibré.

Original arabe: M. KHATIB (ministre du Travail,Palestine) — En mon nom personnel et au nom de ladélégation palestinienne, je voudrais commencer parféliciter le Président de la Conférence pour la confian-ce de la Conférence et de tous ses membres et luisouhaitons plein succès. J’aimerais féliciter aussiM. Somavia pour sa réélection en tant que Directeurgénéral du BIT; je le remercie ainsi que tous sescollaborateurs pour les efforts déployés en vue de lapréparation des documents et des rapports.

Il ne fait aucun doute que la pauvreté, qui est undes sujets principaux débattus au cours de cette Con-férence, est un souci principal de la grande majoritédes peuples et des gouvernements. Nous ne pouvonsparler de la pauvreté sans rattacher nécessairement cesujet à la mondialisation qui est une des caractéristi-ques, source de force mais aussi de faiblesse, de notretemps.

La technologie des communications, la révolutionen matière d’informations ont propulsé l’économiemondiale vers une nouvelle étape plus objective; ce-pendant, ces progrès, qui ont entraîné l’augmentationde la croissance économique, n’ont pas abouti à unerépartition égale des revenus, ce qui a élargi le fosséentre les riches et les pauvres sur des bases sociales etgéographiques. L’augmentation de la pauvreté et de

l’oppression, le fait que la mondialisation ne touchepas de vastes parties du monde qui sont minées parl’ignorance et l’oppression contribuent à renforcerl’exclusion sociale et ethnique, à attiser les conflitsviolents et les guerres de toutes sortes et à consacrerla haine et l’hostilité aux niveaux national, social etreligieux.

Nous sommes tout à fait d’accord avec le diagnosticdu Directeur général, à savoir que nous ne pouvonspas éliminer la pauvreté sans pour autant créer desemplois et garantir des sources durables de revenus.Nous réaffirmons que ce diagnostic en général se re-flète minutieusement dans la situation en Palestine.En effet, les études et les statistiques ont démontré lelien très fort qui existe entre le chômage, qui a récem-ment atteint une proportion comprise entre le tiers etla moitié de la main-d’œuvre en Palestine, et la pau-vreté qui touche 67 pour cent du peuple palestinien etcela selon un rapport du bureau du représentant duSecrétaire général de l’Organisation des NationsUnies.

Nous sommes aussi tout à fait d’accord avec ce qu’adit le Directeur général lors de son discours, hier, àsavoir que la «feuille de route» établie par le Quatuorest une chance qu’il faudrait saisir et nous réaffirmonsque l’autorité et le peuple palestiniens sont tout à faitprêts à donner cette feuille de route une chance. Cettefeuille de route est une occasion pour instaurer lapaix, pour mettre fin à l’occupation israélienne desterritoires palestiniens, syriens, libanais et pourinstaurer un Etat palestinien indépendant dont lacapitale serait Jérusalem et régler le problème desréfugiés sur la base de la résolution 194 de l’Assembléegénérale des Nations Unies.

D’autre part, la stabilité de la région, selon la légiti-mité internationale, exige qu’il soit mis fin le plusrapidement possible à l’occupation actuelle de l’Iraq.

En attendant de parvenir à un progrès politique surla question palestino-israélienne et afin de pouvoirrégler nos problèmes concernant les travailleurs et lesproblèmes de chômage, j’aimerais vous faire part dusuccès qui a couronné les efforts de l’OIT, à la demandede l’Organisation arabe du Travail et en collaborationavec les parties concernées en Palestine, en vue de lacréation d’un Fonds pour l’emploi et la protectionsociale en Palestine.

Dans le même temps, nous avons pu mettre surpied la structure juridique de cette initiative; en effet,un décret promulgué par le Président Yasser Arafat,Président de l’Autorité palestinienne, porte créationde ce Fonds sous la forme d’un établissement public;celui-ci est doté d’un conseil d’administration triparti-te sur la base d’une participation tripartite. Je vousdemande donc à tous de participer au financementdes programmes de ce Fonds qui sera l’instrumentprincipal en vue de lutter contre la pauvreté en Pales-tine et de mettre une fin au chômage.

Ainsi, votre soutien politique en vue de mettre fin àl’occupation israélienne et votre soutien économiquepar le biais du financement des programmes du Fondspour l’emploi que je viens de mentionner représen-tent une participation effective à la lutte contre lapauvreté et le chômage dans notre pays.

Original espagnol: M. TOMADA (ministre du Tra-vail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Argentine) —Je voudrais tout d’abord féliciter le Directeur généralpour le rapport qu’il a présenté à cette 91e session dela Conférence. Ce texte reprend les grands objectifs

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de l’Organisation, qui s’est engagée notamment à me-ner des efforts concertés pour affranchir le monde dela pauvreté par le travail, ce qui passe par la formationprofessionnelle, l’investissement et la protection so-ciale. Je voudrais également remercier le Président duConseil d’administration pour sa contribution fortutile.

Je dois préciser que notre gouvernement est parfai-tement conscient que l’appui que l’OIT a apporté ré-cemment à l’Argentine (appui dont le pays se féliciteau plus haut point) s’inscrit dans la philosophie et lesstratégies en vigueur actuellement pour ce qui toucheau travail. Il s’agit en l’espèce d’ajouter une dimen-sion sociale à la mondialisation conformément à cequi figure dans la Déclaration de l’OIT relative auxprincipes et droits fondamentaux au travail.

L’OIT lutte depuis bien des années, en faisant cava-lier seul parfois, pour que les politiques de développe-ment économique intègrent des mesures sociales.Ces efforts sont maintenant couronnés de succès. LeFonds monétaire et la Banque mondiale commencenten effet aujourd’hui à reconnaître les résultats catas-trophiques des mesures économiques recommandées.

Au cours de l’année qui vient de s’écouler, les insti-tutions financières multilatérales et bilatérales ontreconnu que les politiques sociales et les politiquesdu travail sont essentielles pour une croissance écono-mique sans exclusive.

Mon pays traverse depuis un peu plus d’un an lacrise la plus grave de son histoire. Il faut ajouter à celales conséquences, pour nos produits d’exportationtraditionnels, d’un traitement inéquitable (obstaclestarifaires et subventions) qui empêche encore lacommercialisation de ces produits dans les paysindustrialisés.

Ces politiques économiques centrées sur les ques-tions financières ont eu un coût social important,auparavant les difficultés rencontrées par le pays enmatière d’emploi (augmentation de la précarité, forttaux de chômage, expansion du travail au noir), ce quia accru les tensions, brisant la paix sociale caractéristi-que de l’Argentine.

Dans ce contexte, le peuple et le gouvernement ontfait des efforts considérables pour limiter la crise etpasser à une nouvelle étape.

L’évolution perçue en 2002 et les politiques misesen œuvre pour traiter les conséquences sociales lesplus graves de la crise permettent maintenant de voirl’avenir avec plus de sérénité. Le changement institu-tionnel actuel, qui s’inscrit dans le contexte d’une dé-mocratie renforcée se double d’une réalité économiquequi permet de positionner à nouveau le pays sur lavoie d’une croissance économique axée sur la produc-tion et le travail.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement nou-vellement élu a décidé de continuer d’aider les quel-que deux millions de ménages, soit 14 pour cent de lapopulation active qui ont eu accès à une prestationuniverselle au début de la crise. Le gouvernementtient cependant à promouvoir le retour à une culturedu travail, si bien que les subventions en questionseront progressivement réaffectées au travail et à laproduction.

Pour ce faire, un plan de travaux publics et de loge-ments sera mis en œuvre en vue d’insuffler un nouveaudynamisme au marché interne et au marché de l’em-ploi. Il sera accompagné par un programme relatifà la santé et la sécurité au travail qui bénéficiera del’appui technique du BIT.

Je voudrais rappeler ce qu’a dit le Directeur géné-ral dans son rapport de cette année, je le cite: «Lapauvreté n’est pas simplement un problème pour despauvres. C’est un défi pour tous ceux qui luttent pourla justice sociale et cherchent à promouvoir une crois-sance durable.»

C’est ce défi que nous nous employons à relever.Le nouveau Président des Argentins a dit dans le dis-cours qu’il a prononcé lors de son entrée en fonction,je le cite, que «l’économie ne peut pas constituer unecharge risquant d’étouffer toutes les autres activitésou de les amoindrir avec des politiques d’ajustementtouchant les plus démunis. La politique économiquedoit viser avant tout à assurer une croissance stablequi permette une expansion de l’activité et del’emploi dans la dignité». Le Président a proposé enoutre de travailler à une «meilleure distribution durevenu de sorte à renforcer la classe moyenne ettirer de la pauvreté extrême tous les Argentins et lesArgentines».

Il est temps maintenant de construire une Argentinecaractérisée par la croissance et une mobilité socialeascendante. Il est essentiel pour cela de maintenir etrenforcer le dialogue social en tant que méthode pourl’élaboration des politiques sociales.

Pour ce faire nous promouvons la négociation col-lective, parce que nous pensons que c’est là l’instru-ment idéal pour la mise en œuvre de réglementationsdu marché du travail modernes et le renforcement detoutes les organisations de travailleurs et d’em-ployeurs. Ce sont ces organisations que nous mettronsà contribution, en faisant appel à leur responsabilitésociale, à leur prudence et à leur connaissance desproblèmes structurels relatifs au travail et aux salairesqu’il convient de résoudre.

Ajoutons pour conclure que le chômage structurelest synonyme de mise en marge et de pauvreté, ce quiest inadmissible dans une société fondée depuis lamoitié des années 70 sur la justice et l’égalité.

Nous décrétons donc que le travail est le mécanis-me par excellence de l’inclusion et de la dignité del’homme. C’est à partir de ce credo que nous élabore-rons les politiques publiques.

Ce chemin qui nous attend, nous le ferons avecl’appui du peuple et l’aide que nous apportera l’OIT,comme elle l’a toujours fait par le passé.

Original anglais: M. CHO (délégué des employeurs,République de Corée) — Au nom des employeurs dela République de Corée, je voudrais présenter nostrès sincères félicitations à M. Wamalwa pour sonélection à la présidence de cette Conférence.

Je voudrais aussi féliciter M. Juan Somavia quia brillamment été reconduit dans ses fonctions deDirecteur général, lors du dernier Conseil d’adminis-tration.

Au cours de son dernier mandat, le Directeur générals’est attaché à améliorer la gestion du BIT. J’espèrequ’il s’emploiera pendant son nouveau mandat à ré-évaluer les activités normatives de l’OIT et les méca-nismes de contrôle pour les rendre plus pertinents etplus crédibles et à restructurer le Conseil d’adminis-tration et la Conférence dans un souci d’efficacité.

Le Directeur général s’est engagé à œuvrer à unnouveau contrat social fondé sur le travail décentpour tous, en soulignant que c’est le meilleur moyende faire reculer la pauvreté.

Cette notion de travail décent nous conduit ànous poser des questions fondamentales: comment

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créer des emplois? Comment réduire la pauvreté?Comment promouvoir la qualité de la vie au travail?

La réponse est simple: le développement de l’entre-prise.

Cependant beaucoup de personnes dans cettemaison sont réticentes à le reconnaître et à agir enconséquence. Pis encore, certains imputent le déficitde travail décent à l’insuffisance des droits au travailet voient dans le renforcement de ces droits un moyende régler tous les problèmes sociaux.

Si vous avez mal au pied à cause du diabète, cen’est pas en faisant seulement soigner ce pied quevous guérirez.

Notre nouveau gouvernement a lancé un program-me de réformes dans le domaine des relations dutravail. Nous autres, employeurs, espérons que cetteréforme se fondera sur les normes internationalesétablies, tout en tenant compte de la situation écono-mique et sociale du pays, afin d’éviter d’éventuelsrevers pour l’économie. La nouvelle politique nedoit pas nuire à la flexibilité du marché du travail.L’économie informelle s’est développée du fait d’unetrop grande rigidité du marché du travail.

Pour que la nouvelle politique n’entrave pas lacréation d’emplois, elle ne doit pas outrepasser sonrôle, qui est de fournir une protection appropriée auxtravailleurs.

Dans toute nouvelle politique il faut veiller àpréserver l’esprit du tripartisme, qui est le fondementde l’OIT. L’efficacité d’un système fondé sur letripartisme et le dialogue social repose sur l’existencede partenaires sociaux autonomes et représentatifs.Les ONG sont sans aucun doute autonomes, maisnon représentatives. Encourager leur participationdans le cadre de l’élaboration de politiques dansle monde du travail risque d’ouvrir la voie aupopulisme.

Toute nouvelle politique devrait être fondée surl’équilibre des forces entre partenaires sociaux. Laconcrétisation de l’esprit de tripartisme repose surl’engagement du gouvernement à collaborer davanta-ge avec les organisations d’employeurs nationales et àrenforcer leurs capacités.

Le rapport final de la Commission mondiale sur ladimension sociale de la mondialisation est attendud’ici à la fin de l’année.

Je pense que cette Commission devrait mettre l’ac-cent sur le rôle vital des entreprises pour la promotionde l’emploi et du travail décent et sa conclusion de-vrait énoncer qu’il est important de créer un cadrepropice aux entreprises afin de les rendre plus compé-titives durablement.

Reconnaître le rôle crucial des entreprises pour ledéveloppement économique et social en général etpour la création d’emplois en particulier, c’est danscette optique qu’il convient de réorienter les activitésfutures de l’OIT.

Original portugais: M. MEIRELES VIEIRA DECASTRO (délégué des employeurs, Portugal) — Aunom de la délégation des employeurs portugais, jetiens à féliciter le président de son élection à ce postesi important.

Cette année, l’ordre du jour de la Conférence inter-nationale du Travail porte sur des sujets très impor-tants, mais, comme je dispose de peu de temps, jen’aborderai que deux thèmes fondamentaux qui sontévoqués dans le rapport du Directeur général, intituléS’affranchir de la pauvreté par le travail: le perfection-

nement professionnel des qualifications et la promo-tion de l’esprit d’entreprise.

Comme l’indique le Directeur général, la forma-tion professionnelle joue un rôle fondamental pouraméliorer la productivité, augmenter les revenus etgarantir à tous un accès équitable à l’emploi, surtouten raison du fait, également mentionné dans lerapport, que «la principale ressource des populationspauvres, sinon la seule, est leur travail». Il est certainque les ressources humaines constituent un facteur fon-damental tant pour les Etats que pour les entreprises.

La nécessité d’investir dans les ressources humai-nes et le perfectionnement professionnel est un pro-blème qui se pose à tous les pays, indépendamment deleur situation géographique et de leur niveau de déve-loppement économique et social, tant il est évidentque le niveau d’éducation et de qualification des res-sources humaines d’un pays conditionne son niveaude développement.

Il est donc fondamental, et même vital, que les paysadoptent des politiques bien ciblées pour élever leniveau de qualification de sa population.

La formulation et l’adoption de ces politiques, etnotamment de celles qui touchent l’éducation et laformation professionnelle relèvent de la responsabili-té de l’Etat. En d’autres termes, c’est au gouverne-ment qu’il incombe en premier lieu de mettre enœuvre les aspects centraux de ces politiques.

Mais il est évident que celles-ci doivent être conçueset appliquées en étroite concertation avec les partenai-res sociaux parce que l’éducation et la formation sontdes domaines privilégiés du dialogue tripartite. En effet,les partenaires sociaux ont une perception concrète ettoujours actualisée des besoins en matière de qualifica-tion initiale et de formation continue, tel qu’ils sontdéterminés par l’offre et la demande.

Ne pas tenir compte de l’avis des partenaires so-ciaux entraîne généralement l’adoption de politiquesqui ne sont pas adaptées aux besoins sociaux et écono-miques et, partant, l’affectation de précieuses ressour-ces à des mesures qui ne permettrait pas d’atteindreles objectifs arrêtés.

Les entreprises ont elles aussi un rôle important àjouer dans le perfectionnement professionnel puisquela productivité dépend dans une large mesure duniveau de qualification des travailleurs.

Parallèlement, il faut que les travailleurs se pénè-trent de l’importance de la formation et en particulierde la formation tout au long de la vie. De nos jours, iln’y a plus d’«emploi pour la vie».

L’évolution constante de la société et les restructu-rations économiques qui l’accompagnent exigent detous une flexibilité et des compétences sans lesquellesni les entreprises ni l’emploi ne croîtront durablementet sans lesquelles les entreprises ne pourront survivreni à court terme ni à moyen terme. Pour que toutes cesconditions soient remplies, il est donc essentiel quetous — à commencer par les gouvernements — parientsur la qualification et la formation de la population.

Mon deuxième point est, comme je l’ai annoncé, lapromotion de l’esprit d’entreprise. La condition préa-lable à la lutte contre la pauvreté et contre l’exclusionsociale est la création de richesses et, à cet égard, lesentreprises ont un rôle vital à jouer.

Les Etats doivent veiller à ce que les conditions né-cessaires à la création d’entreprises et à leur dévelop-pement soient réunies. Et, dans ce contexte, ilconvient d’appuyer les petites entreprises et les micro-entreprises, car elles sont fragiles sur le plan structurel

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mais ce sont elles qui créent la plupart des emplois.Les conditions à promouvoir sont de différente natu-re mais on peut citer premièrement la débureaucrati-sation et la simplification des procédures régissant lacréation d’une entreprise. Deuxièmement, la suppres-sion de toute la réglementation inutile qui fait obsta-cle à l’activité des chefs d’entreprises et qui peutmême être un facteur de corruption. Troisièmement,la réduction des charges fiscales et quatrièmement, ladiminution des charges sociales. L’aide à la créationd’entreprises est l’un des principaux éléments de lalutte contre la pauvreté et la promotion de conditionspermettant aux entreprises de se développer doit êtreconsidérée comme prioritaire.

Par ailleurs, la mise en place de telles conditionscontribuera à faire reculer l’économie parallèle et letravail informel, qui engendrent une concurrence dé-loyale et occasionnent un manque à gagner sur le planfiscal et pour la sécurité sociale.

En dernier lieu, je reprendrai l’idée exprimée par leDirecteur général sur l’importance de l’action quel’OIT entend mener pour lutter contre la pauvreté etpromouvoir la création d’entreprises. Je tiens aussi àsouligner l’importance que revêt à cet égard la concer-tation sociale tant à l’échelon national qu’à l’écheloninternational.

Original espagnol: M. MARTÍNEZ MOLINA (dé-légué des travailleurs, Chili) — A l’occasion de cette91e session de la Conférence internationale du Tra-vail, je souhaite transmettre au Directeur général,M. Juan Somavia les meilleures salutations destravailleurs de mon pays.

Le Directeur général nous invite dans son rapport àétudier le thème du travail décent, à combattre la pau-vreté et à promouvoir le développement.

Autant de sujets pertinents pour le continentlatino-américain. Au Chili, le grave déficit de travaildécent, ainsi que la présence grandissante d’emploisprécaires qui n’offrent pas les éléments indispensa-bles à une vie digne, va de pair avec une accumulationdes richesses de la part des grandes entreprises, desholdings et des entreprises qui se consacrent unique-ment au commerce et à l’exportation.

La privatisation des systèmes de prévoyance socia-le a engendré une paupérisation de la force de travail,accompagnée de l’accumulation démesurée de riches-ses par un pourcentage limité de Chiliens.

Au Chili, les 10 pour cent de personnes les plusriches perçoivent plus de 40 pour cent de revenus,tandis que les 10 pour cent les moins favorisés en per-çoivent à peine un pour cent.

La flexibilité du marché du travail, qui a permisl’emploi temporaire, la rémunération à l’heure et letemps partiel, a entraîné une diminution considérabledes salaires.

Alors que le travail décent implique l’existenced’un contrat et d’une rémunération digne, ainsi que lerespect du droit du travail et des retraites suffisantes,on assiste en fait à une situation où les entreprises nes’intéressent qu’à la production et au profit à courtterme et où les travailleurs sont considérés comme desimples facteurs de production.

Quand le coût de la sécurité sociale, celui de la san-té, celui des retraites, et même les indemnités de li-cenciement, sont supportés par les travailleurs, celaentraîne une diminution de leurs revenus et cela mèneà une situation où ils ne peuvent plus acquérir lesbiens de consommation de base.

Lorsque les retraites dépendent de l’épargne dutravailleur, elles sont misérables. Ainsi, nous menonsle troisième âge vers la pauvreté et l’indigence.

Lorsque l’on affaiblit le processus de la négociationcollective et lorsque les travailleurs n’ont plus accès àce mécanisme, la répartition du revenu régresse. LeChili constitue un exemple en la matière puisquemoins de 8 pour cent de la force de travail du secteurprivé a la possibilité d’exercer ce droit.

L’Etat chilien a ratifié la convention no 151 sur lesrelations de travail dans la fonction publique, mais laprocédure proposée limite la négociation à une sim-ple consultation en ignorant totalement la philoso-phie et l’esprit de cette convention. Cette démarchechilienne est une interprétation mesquine du droit à lanégociation collective pour les travailleurs du secteurpublic.

La mondialisation des capitaux et du commercedes marchandises n’a pas été assortie d’une dimensionsociale, et les inégalités entre pays riches et pauvresn’ont cessé d’augmenter.

Les entreprises transnationales qui s’installent dansnos pays ne le font pas dans les conditions de travailde leur pays d’origine; elles profitent des avantagescomparatifs que notre sous-développement socialleur offre, créant une situation de soumission, dedépendance et de domination.

Il existe un lien étroit entre le travail décent et lalutte contre la pauvreté, mais lorsque dans la pratiqueil n’existe pas de liberté syndicale, cet objectif estbeaucoup plus difficile à réaliser.

A propos du développement économique, on peutdire qu’au Chili on a enregistré une croissancedurable; cependant, notre pays est un de ceux où larépartition des fruits de cette croissance est la plusinéquitable.

Les pays ne se jugent pas seulement à l’aune dudéveloppement, de la compétitivité ou de la macro-économie, mais aussi à celle de la situation sociale etculturelle et des relations de travail.

Si nous souhaitons vaincre la pauvreté, si nous sou-haitons parler de progrès, il est indispensable d’abor-der l’économie de manière plus sociale et plus humai-ne et d’adopter les mesures propres à garantir àchacun la santé, l’éducation, la sécurité sociale et letravail décent.

Original anglais: M. EASTMOND (ministre duTravail et de la Sécurité sociale, Barbade) — Je suistrès heureux de l’occasion qui m’est donnée dem’adresser une fois de plus aux délégués, à l’occasionde la 91e session de la Conférence internationale duTravail. La délégation de la Barbade présente ses sa-lutations au Président, et au Directeur général. Aunom du gouvernement de la Barbade, je voudrais éga-lement féliciter le Président et les Vice-présidents àl’occasion de leur élection et je leur souhaite pleinsuccès dans la conduite de leurs travaux.

Il avait été demandé l’année dernière qu’unepersonne originaire des Caraïbes soit nommée à latête du bureau sous-régional de Trinité-et-Tobago etnous remercions le Directeur général d’avoir nomméMme Grace Strachan.

Je me félicite du rapport du Directeur général et jesuis très heureux de participer à ce débat. Nous pen-sons que l’idée de «s’affranchir de la pauvreté par letravail» est une démarche tout à fait novatrice et di-gne d’éloges. Il est reconnu que la pauvreté est unproblème très vaste qui doit être abordé sous divers

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angles si l’on veut véritablement opérer les change-ments envisagés par l’OIT. Je souscris également àl’idée soulignée dans le rapport, à savoir que le travailest le meilleur moyen de sortir de la pauvreté.

Le titre du rapport S’affranchir de la pauvreté par letravail est tout à fait conforme aux prescriptions de laconvention no 122 de l’OIT sur la politique de l’emploi.

L’article premier de cette convention demande àtous les Etats Membres de formuler une politique del’emploi visant à assurer un travail productif à tousceux qui sont disponibles et en quête de travail.

Reconnaissant qu’il existe une différence entre«travail» et «travail décent», le Directeur général achoisi de se concentrer sur les pauvres qui travaillentet les pauvres qui sont exclus du marché du travail.

Il estime que le travail décent assure le lien entre lavolonté internationale d’éradiquer la pauvreté et ilindique que les quatre Objectifs stratégiques del’Agenda de l’OIT pour un travail décent sont lesmeilleurs outils pour conduire à l’éradication de lapauvreté. Comme nous le savons, il s’agit de la créationd’emplois, des droits fondamentaux, de la protectionsociale et du dialogue social.

A la page 22 du rapport, il est noté qu’au centre despréoccupations de la communauté internationale fi-gurent la pauvreté absolue et les conditions de survie.Cela est sans doute le cas, mais je voudrais soulignerque la pauvreté doit être considérée comme étantrelative et que là où il existe des inégalités dans unesociété, des stratégies doivent être adoptées pour lesrésorber.

C’est pour cette raison que je suis particulièrementheureux de saisir cette occasion pour attirer l’atten-tion sur les défis et les préoccupations auxquels estconfronté le gouvernement de la Barbade.

Comme le dit le rapport à juste titre, en dépit dedifférences historiques et culturelles, partout dans lemonde les gens souhaitent travailler en toute sécurité,avoir accès à la protection sociale, à l’égalité de traite-ment et à tous les bénéfices que peut leur apporterleur travail.

A cet égard, la Barbade ne fait pas exception. LaBarbade est un petit Etat en voie de développementavec une économie fragile et vulnérable aux chocséconomiques externes. Malgré cela, les gouverne-ments successifs se sont efforcés de garantir des con-ditions de travail décentes et l’application de normesde travail adéquates. En dépit de pressions extérieu-res, le gouvernement est désireux de poursuivre lapromotion de l’Agenda pour un travail décent. Avecl’aide de nos partenaires sociaux, de grands efforts ontété faits pour stabiliser notre économie. L’existenced’un secteur informel en pleine croissance, jointe aufait qu’environ 26 000 personnes sont employées dansle secteur primaire, tend à suggérer que davantagedoit être fait pour promouvoir le travail décent.

Certaines des stratégies proposées prévoient lapromotion de l’Agenda pour un travail décent auniveau national. Je pense que le moment est venu derappeler au Directeur général que la Barbade abesoin de l’appui de l’OIT, comme cela a été ditl’année dernière lors de la Réunion régionale à Lima,au Pérou.

La Barbade se félicite de l’aide apportée par l’OITpour la conception et la mise en œuvre d’un program-me national de travail décent visant à créer davantagede possibilités de travail décent, à résoudre le problè-me du déficit de travail décent dans le secteur infor-mel, à améliorer les systèmes de gestion de la santé et

de la sécurité sur les lieux de travail et à soutenir lesinitiatives en matière de mise en valeur des ressourceshumaines.

Comme vous le savez, La Barbade a ratifié laconvention no182 sur les pires formes de travail desenfants. Je voudrais par conséquent demander qu’uneassistance technique nous soit fournie pour mesurerl’étendue du travail des enfants, surtout compte tenude ce qu’indique un rapport récent. La délégationde la Barbade se réjouit par avance de participer auxdiscussions sur le rapport du Directeur général, etj’espère que nos délibérations auront une incidenceconsidérable et amèneront des changements positifspour les travailleurs pauvres du monde entier dontles conditions ne peuvent qu’être améliorées en s’af-franchissant de la pauvreté par le travail.

Original espagnol: M. MARÍ OLANO (déléguégouvernemental, Espagne) — Je voudrais en toutpremier lieu féliciter Monsieur Michael Wamalwa,Vice-président et ministre de la Reconstructionnationale du Kenya, à l’occasion de sa nominationcomme Président à cette 91e session de la Conférenceinternationale du Travail.

Je voudrais à nouveau féliciter Monsieur Somavia àl’occasion de sa réélection au poste de Directeur gé-néral du BIT. Et je voudrais le féliciter plus particuliè-rement pour le rapport qu’il a présenté cette année.En effet, dans ce document, il aborde un certain nom-bre de points essentiels pour le travail vu commemoyen de lutte contre la pauvreté.

La délégation espagnole appuie la proposition derésolution en vue de l’approbation du Programme etbudget de l’OIT pour la période 2004-05.

Au nom du ministre du Travail et des Affairessociales du Royaume d’Espagne, je voudrais vous direque mon gouvernement est fermement décidé à conti-nuer à appuyer par tous les moyens possibles le travailentrepris par l’OIT.

Dans cet ordre d’idées, en plus de nos contributionsrégulières à l’OIT — et je tiens à préciser ici que nousvenons en huitième position dans le barème descontributions à l’Organisation —, nous ferons toutpour accroître les apports extrabudgétaires et poursoutenir la coopération technique, en particulier euégard aux projets que nous menons à bien en Amériquelatine.

Je voudrais maintenant parler des réformes quiont été introduites dans la législation du travail depuisla dernière session de la Conférence. Ces réformesont été abordées dans le cadre du dialogue social eten suivant les recommandations de la stratégie euro-péenne de l’emploi.

Je voudrais souligner plus particulièrement lesnouvelles mesures législatives qui ont été mises enplace pour l’élaboration d’un système de retraiteprogressive et souple, l’idée étant de permettre laprésence active des personnes âgées dans la société enfavorisant la prolongation de la vie active pour ceuxdes travailleurs qui en font le choix. Pour ce faire,nous avons mis en place un système qui rend compati-ble le travail et la perception d’une retraite et nousavons exempté les personnes de plus de 65 ans dupaiement de cotisations sociales.

En même temps, nous avons revu le systèmed’assistance-chômage, pour inciter les travailleurs àrechercher un emploi plus activement. Au moment dela session de 2002 de la Conférence, de la nous étionsen train de débattre de ce projet avec les différentes

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organisations syndicales et je suis ravi de vous annon-cer que nous sommes finalement parvenus à unaccord.

Il est très important que, dans le contexte mondialde ralentissement de l’activité économique que nousavons connu en 2002 sur le demi-million de postesde travail qui ont été créés dans l’Union européenne,256 000, c’est-à-dire 51 pour cent, ont été créés enEspagne. Par ailleurs, notre taux de chômage se situeà l’heure actuelle à 8,6 pour cent, ce qui veut dire qu’ila baissé de 7 points depuis 1996.

Dans le cadre également du dialogue social, nousavons abordé un sujet de vive préoccupation – lesaccidents du travail. En décembre dernier, nous avonspassé avec les organismes sociaux un accord impor-tant qui prévoit la mise en place d’un système de coti-sations comportant une prime en cas de diminutiondes accidents de travail dans les entreprises.

Cette année-ci, proclamée par le Conseil del’Union européenne l’Année européenne des per-sonnes handicapées, nous nous employons tout parti-culièrement à promouvoir des mesures en faveur del’égalité des chances pour ces personnes. Au moisde décembre dernier, avec les représentants despersonnes handicapées en Espagne, nous avons signéun accord pour la mise en place d’un programmed’emploi ambitieux.

Par ailleurs, conformément au vœu du gouverne-ment d’éliminer les différences entre les hommes etles femmes sur le marché du travail, nous avons ré-cemment approuvé le quatrième plan pour l’égalitédes chances. Le taux d’emploi des femmes a beaucoupprogressé ces dernières années, passant de 33,4 pourcent au début de 1996 à 45,7 pour cent au premiertrimestre de l’année 2003.

Mais il faut continuer à progresser. C’est pourquoice nouveau plan envisage des mesures visant à assurerune meilleure intégration des femmes dans le marchédu travail et à gommer les disparités de salaire entrehommes et femmes.

Je voudrais terminer mon intervention en disantque nous voulons poursuivre avec détermination surla voie du plein emploi. C’est un objectif que les Etatsmembres de l’Union européenne se sont fixé pourl’année 2010. Et nous voulons atteindre cet objectifdans un contexte de dialogue et de participation desorganisations sociales.

Original espagnol: M. DAER (délégué des tra-vailleurs, Argentine) — Au nom des travailleursargentins, je souhaite féliciter le président pour sonélection.

S’agissant du rapport du Directeur général qui a étésoumis à la Conférence, je souhaite relever la clarté etla justesse avec laquelle il aborde la question de lapauvreté et de la création d’un travail décent pourla combattre.

Nous convenons aussi du fait que les mandants del’OIT ont un rôle essentiel à jouer dans la créationd’emplois décents.

A l’instar du Directeur général, nous attachons del’importance à la création de mécanismes solides dedialogue social qui seront l’axe de la constructiond’une société plus juste et plus égalitaire.

Nous souhaitons réitérer notre engagement perma-nent en faveur du consensus tripartite qui nouspermettra d’éliminer la pauvreté et la marginalisationsociale, et de lutter contre le chômage, conformémentau mandat du Sommet du millénaire.

En ce siècle nouveau, le succès de nos sociétésdevra se mesurer à l’aune d’autres paramètres, àsavoir l’insertion sociale, le développement humain,l’éradication des pires formes de travail des enfants,l’élimination de toute forme de discrimination, lalutte contre le chômage et la pauvreté. Voilà lesnouvelles valeurs pour lesquelles nous devonslutter.

Tourner une page de l’Histoire et dépasser le passéest la tâche que devraient s’assigner toutes sociétés.Mon pays peut constituer un modèle utile pourd’autres nations en développements, afin qu’ellespuissent éviter les graves conséquences sociales quenous avons vécues. Les politiques néo-libérales ontété appliquées de manière extrêmement crues enArgentine. Le rôle de l’Etat a été réduit au minimum.On a privatisé ses ressources naturelles. Les entrepri-ses de services publics et les systèmes de sécuritésociale ont aussi été privatisés. Les contrats de travailont été préconisés, cela au nom de l’équilibre macro-économique.

En définitive, on a bouclé le cercle vertueux de lapensée unique. Nous avons attendu en vain que la ri-chesse créée permette de mettre un terme à la pauvretéet à l’exclusion sociale. L’irruption du modèled’endettement sans croissance, la parité artificielle dutaux de change dollar/peso, l’ouverture aveugle del’économie et, enfin, la confiscation de l’épargne descitoyens, a provoqué une crise sociale et institutionnelledont les images déchirantes ont parcouru le monde.

Notre pays, en tant que nation, a été au bord de ladésintégration. Il y a un an, ici, nous exhortions audialogue social, et au dialogue mûr et responsable quiest essentiel pour atténuer tant d’inégalité. Avec uneimmense responsabilité civique, le gouvernement aconvoqué les travailleurs et les employeurs.

Le dialogue social et la concertation ont eu lieu demanière très ouverte, sans mesquinerie, sans sectaris-me, et nous avons commencé à surmonter la crise enabordant et en résolvant des problèmes concrets.

Le retour à un niveau de revenu décent pour lestravailleurs et la mise en marche de plans sociaux, etd’aide aux chefs de famille sans emploi ont permis defaire reculer la pauvreté et de renforcer la croissancedu marché interne, ce qui a permis de relancer,modestement certes, l’économie. Mais il restebeaucoup à faire.

De même que les partenaires sociaux ont relevé undéfi, à savoir sauver le pays, l’ensemble des citoyens,le 27 avril dernier, s’est rendu aux urnes et a démontrésa participation à la démocratie. De façon conscienteet collective, nous avons choisi le changement. Nousavons décidé d’enterrer le passé.

Nous, travailleurs argentins, nous ne fuyons pas nosresponsabilités. Comme les autres partenaires sociaux,nous acceptons de relever le défi que nous impose notreépoque, à savoir de participer à la nouvelle étape quicommence, et d’être garants de la gouvernabilité.

La gouvernabilité a besoin de partenaires sociauxforts et représentatifs, qui s’engagent totalement enfaveur de la démocratie et du développement denotre pays. Cette gouvernabilité démocratique doitinsister sur l’insertion sociale et l’égalité, et assurerainsi le plein exercice de la démocratie pour tous.

La création d’emplois décents et le retour à l’équitéconstituent des sources de légitimité sociale. Nous, lespartenaires sociaux, politiques et économiques, nousdevons nous engager pleinement dans la réalisationde ces objectifs.

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Il est indispensable d’établir une stratégie nationa-le de développement économique dont l’objectifsera d’améliorer la répartition des revenus et decréer des emplois décents, ce qui est essentiel pourgarantir l’insertion sociale et le retour à la cohésionsociale.

Nous devons retrouver la notion de concertation etinstitutionnaliser le dialogue social, car il est lameilleure manière de développer une société juste etéquilibrée qui nous permettra d’éliminer rapidementla pauvreté. Les constructeurs de ce pont qu’est le tra-

vail décent doivent être les partenaires sociaux et legouvernement. Ils devront rechercher le consensus,que la société reconnaîtra facilement, qui permettrad’améliorer sensiblement la qualité de la vie de tousles Argentins. Les travailleurs argentins parient surl’avenir, mais nous devons tirer les leçons de noserreurs et agir en conséquence. Le pays que nousméritons existe, nous en sommes sûrs. Le défit qui seprésente est de trouver ce pays.

(La séance est levée à 13 h 15.)

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Cinquième séanceMardi 10 juin, 15 heures

Présidence de M. Noakes et de M. Muhaisin

RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL:DISCUSSION (suite)

Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. NOAKES) —Nous reprenons la discussion des rapports du Prési-dent du Conseil d’administration et du Directeurgénéral.

M. DOUTOUM (représentant, Union africaine) —C’est un grand privilège pour moi de prendre la paro-le devant votre auguste assemblée à l’occasion decette 91e session de la Conférence internationale duTravail.

Je voudrais, tout d’abord, féliciter le Président ainsique tous les membres du bureau pour leur brillanteélection. C’est un honneur pour notre continent afri-cain et pour l’Union africaine de voir un des fils duKenya, ce beau pays africain, présider cette importan-te session.

Je voudrais également féliciter notre grand amiet frère, l’ambassadeur Somavia, pour sa brillanteréélection au poste de Directeur général du BIT.

Cette confiance placée en lui illustre l’intérêt etl’estime que lui porte le monde entier, et particulière-ment le continent africain, qui apprécie à leur justevaleur les efforts qu’il déploie pour aider l’Afrique surle chemin du développement.

Au-delà de la personne du Directeur général, c’esttout le BIT qui est remercié pour l’assistance techni-que et financière qu’il fournit à notre continent,l’Afrique, pour la mise en place et la réalisation desprogrammes.

Comme vous le savez, le lancement de l’Union afri-caine a eu lieu en juillet 2002 à Durban, en Afrique duSud. Ceci s’est traduit par la transformation del’OUA, après trente-neuf années d’existence, enl’Union africaine qui se trouve, conformément auxdécisions du Sommet des chefs d’Etat et de gouverne-ment de Durban, en période intérimaire jusqu’àjuillet 2003. Cela permettra à l’Union africaine demettre en place ses organes et structures. Certains or-ganes sont déjà opérationnels, tels que l’Assembléedes chefs d’Etat et de gouvernement, le Conseil exé-cutif et le Comité des représentants permanents.

L’Union africaine a été créée avec pour objectif depromouvoir le développement soutenu des popula-tions africaines en vue d’améliorer leur niveau de vie,d’intégrer les économies africaines, d’en redéfinir unevision claire de l’avenir et de consolider l’unité ducontinent. Ceci ne peut être atteint sans l’éliminationde la pauvreté sur notre continent. Nous sommesdonc très heureux de constater que l’OIT s’estengagée à combattre la pauvreté, en militant pour la

création d’emplois décents, surtout dans les pays endéveloppement.

La construction de l’Union africaine par l’intégra-tion est une œuvre de longue haleine qui devra sepoursuivre méthodiquement, patiemment, avec la foiet l’engagement résolu et lucide des dirigeants et despeuples africains.

Par ailleurs, permettez-moi de rappeler que, sur leplan économique, l’ex-OUA et maintenant Unionafricaine s’est toujours efforcée de lutter contre lapauvreté et le sous-développement. A cet égard, uncertain nombre de stratégies ont été adoptées, enparticulier le Plan d’action de Lagos, l’Acte final deLagos et le Traité d’Abuja instituant la Communautééconomique africaine dont les communautés écono-miques régionales constituent les piliers. Ces commu-nautés, qui ne cessent de se renforcer, servent de véri-table moteur du processus d’intégration. L’adoptiondu Nouveau partenariat pour le développement del’Afrique (NEPAD) par le Sommet de l’OUA tenu àLusaka en 2001 a contribué non seulement à reposi-tionner le continent dans le contexte d’un mondeglobalisé, mais aussi à privilégier le partenariat dansles efforts initiés par l’Afrique elle-même pour rédui-re la pauvreté et améliorer la qualité de la vie de tousles peuples africains. Sur le plan social et culturel,l’Afrique a pu faire face aux nombreux défis quil’interpellaient. Qu’il s’agisse de la protection de l’en-vironnement, de la lutte contre les maladies, en parti-culier le paludisme et le VIH/SIDA, de la lutte contrela drogue ou de la promotion des emplois, ou encorede la protection des groupes les plus vulnérables de lasociété, tels que les enfants, les jeunes, les femmeset les personnes âgées, l’Union africaine offre à l’Afri-que un cadre pertinent pour une action collective.Elle contribue aussi à promouvoir le rôle des jeunes etdes femmes à tous les niveaux.

Parallèlement à ces activités réalisées avec le sou-tien des Etats Membres, la Commission de l’Unionafricaine a entrepris des actions aussi bien dans lesdomaines économique, social et culturel que danscelui des droits de l’homme et du processus démocra-tique.

Permettez-moi de rappeler que l’exemple de l’Afri-que, l’unique région du monde où le tripartisme estdevenu un cadre idéal de concertation et de dialogueentre tous les partenaires sociaux, est devenu uneréférence qui honore notre continent et notre Com-mission du travail et des affaires sociales. A cet effet,je voudrais rappeler que la première réunion de laCommission du travail et des affaires sociales(CTAS), de l’Union africaine s’est tenue à GrandeBaie, île Maurice, du 10 au 15 avril 2003. Cette réu-nion tripartite et statutaire a lieu chaque année au

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mois d’avril, à l’image de la Conférence internationa-le du Travail qui, elle aussi, est tripartite et se réunitchaque année au mois de juin.

La place et le maintien de la CTAS au sein del’Union africaine ont fait l’objet de sérieuses discus-sions lors de la 25e session de la CTAS, et le Sommetdes chefs d’Etat et de gouvernement, réuni à Durbanen juillet 2002, a décidé de maintenir la CTAS dans saforme tripartite actuelle et de la renforcer en vued’augmenter son efficacité.

La première session de la CTAS de l’Union africaine,tenue à Maurice, a passé en revue plusieurs points,dont les plus importants étaient le projet de règlementintérieur du Comité technique spécialisé sur le travailet les affaires sociales et l’élaboration d’un cadre depolitique sociale en Afrique.

Au niveau du premier point, la réunion avait insistésur la nécessité de mettre en place un Comité techni-que tripartite spécialisé sur le travail, l’emploi et lesaffaires sociales conformément à l’article 14 de l’Acteconstitutif de l’Union africaine afin de garantir lerespect du principe du tripartisme tel que décidé parle Sommet de Durban.

Le deuxième point constitue la mise en œuvre de ladécision de Durban qui appelle à l’élaboration d’uncadre de politique sociale pour l’Afrique, afin de trou-ver des solutions aux problèmes socio-économiquesqui entravent le développement du continent.

A cet effet, je tiens à remercier l’OIT pour l’assis-tance technique et financière accordée à l’Union afri-caine pour le recrutement des consultants chargésd’élaborer le document qui sera examiné par lesministres du travail et des affaires sociales lors dela prochaine session de la commission et qui sera enté-riné par un sommet spécial que le Burkina Faso sepropose d’accueillir en 2004.

Original chinois: M. CHEN (délégué des em-ployeurs, Chine) — Permettez-moi tout d’abord deféliciter chaleureusement le Président de son électionà la présidence de cette session de la Conférenceinternationale du Travail. Je félicite également lesdeux vice-présidents. Je suis certain que sous leurdirection cette session de la Conférence sera couron-née de succès.

Nous remercions le Directeur général de son rap-port intitulé S’affranchir de la pauvreté par le travail,qui ouvre de nouvelles perspectives sur le concept detravail décent et fournira les bases de notre débat etde l’élaboration des objectifs politiques de l’OIT pourlutter contre la pauvreté et garantir un emploi et untravail décent à tous. Au cours des cinq prochainesannées, l’OIT, suivant les pratiques qu’elle a adoptéesjusqu’ici avec succès et s’appuyant sur les enseigne-ments positifs de son expérience ne manquera pasd’aider considérablement les Etats Membres à créerdavantage d’emplois, à atténuer la pauvreté et à ren-forcer la production sociale en tenant compte des dif-férents systèmes sociaux, mode de développement etvaleurs et en prêtant tout particulièrement attentionaux demandes des grands pays en développement.

La Confédération des entreprises chinoises et tousles employeurs soutiennent sans réserves le Directeurgénéral lorsqu’il affirme que le travail est la meilleurefaçon de s’affranchir de la pauvreté. Nous pensonsque le développement économique et le progrès so-cial sont des conditions préalables à l’atténuation dela pauvreté et au travail décent. La mondialisationéconomique, une politique multipolaire, la diversité

des cultures et le flux des informations par Internetsont les caractéristiques dominantes de notre temps.

Les entreprises, notamment les grandes entrepriseset les multinationales ont un impact toujours plusgrand sur l’économie et la société mondiales, alorsque les entrepreneurs jouent un rôle toujours plusimportant dans ce contexte. Il est nécessaire pour lesentrepreneurs de faire preuve de plus d’humanité etd’assumer leurs responsabilités sociales de façon hon-nête lorsqu’ils s’efforcent d’accroître leur efficacitééconomique ainsi que leur compétitivité internationa-le. La Confédération des entreprises chinoises a doncpris les devants pour répondre au Pacte mondial, pré-conisé par le Secrétaire général de l’Organisation desNations Unies, Kofi Annan, et elle a encouragé vive-ment les entreprises chinoises à accorder toute l’im-portance voulue à cette initiative pour la soutenir et yparticiper. Voilà ce qui aidera les entreprises chinoisesà jouer un rôle exemplaire en matière d’éthique desentreprises concernant le respect des droits de l’hom-me, l’abolition de la discrimination sur le lieu detravail, le renforcement de la sécurité et de la santéprofessionnelle et la protection de l’environnement,et ceci conformément aux normes de l’OIT et aux nor-mes reconnues internationalement. Voilà qui démon-trera également que les entreprises chinoises partici-pent de façon active et responsable à la coopérationéconomique internationale et à la concurrence, defaçon plus approfondie et dans une plus large mesure.A cette fin, nous avons pris des mesures pratiques etefficaces pour soutenir les entreprises en matièred’emploi et de réemploi. L’expérience des entrepriseschinoises qui réussissent est que, face à la forte con-currence commerciale ayant fait suite à l’entrée de laChine à l’OMC et en raison d’aménagements et denouvelles affectations de la main-d’œuvre excédentai-re, dus aux restructurations et à l’adoption de nouvel-les technologies, les entreprises ne se contentent pasde licencier les travailleurs en surnombre, au contrai-re, pour elles, ces travailleurs sont une richesse trèsprécieuse, elles prennent donc des mesures pour leurtrouver un nouvel emploi, ce qui démontre le sens dela responsabilité sociale qu’ont les chefs d’entrepriseschinois.

La Confédération des entreprises chinoisestravaillera, comme elle l’a toujours fait, à renforcersa coopération et ses échanges avec l’OIT et avec lesorganisations d’employeurs dans les autres pays, pourdéployer des efforts conjoints en faveur de la prospé-rité et du développement mondial en vue d’atténuerla pauvreté et pour atteindre l’objectif du pleinemploi et d’un travail décent pour tous.

Original espagnol: M. MOREIRA SANDOVAL(ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, Gua-temala) — L’Etat, dans son rôle de médiateur pour lesrelations du travail au Guatemala, dont l’expressioninstitutionnelle est le ministère du Travail, estaujourd’hui confronté à des défis graves et divers.

Sur le plan institutionnel, notre principal problèmea trait à l’organisation du ministère du Travail, quiest le fruit de l’élan vers le développement desannées soixante. A ce moment-là, la partie fonda-mentale des liens du travail avait lieu entre lestravailleurs salariés permanents et syndicalisés etles patrons de l’industrie, généralement installés dansles zones urbaines. Aujourd’hui, la réalité se moquecruellement de cette vision. La plus grande partie dela population active est rurale — ce sont des salariés

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temporaires — qui ont des relations de travail avec lespatrons de l’agriculture.

En effet, les emplois créés le sont dans sept cas surdix dans des conditions de précarité extrême et dansle secteur informel. Le fossé entre le projet initial duministère et la réalité à laquelle il est confronté est laprincipale explication du peu d’importance qu’on aaccordé aux requêtes des travailleurs et des patrons.

Sur le plan juridique, nous sommes pris entre unsystème juridique quasi inopérant après plusieursdécennies de conflit armé, avec sa modernisationlente et progressive, et le besoin d’une justice rapideet efficace s’inscrivant dans un cadre normatif conformeaux normes éthiques, politiques et sociales les plusmodernes.

Le fossé normatif entre la réalité et les besoins esten train d’être comblé avec une certaine efficacitégrâce en grande partie à l’appui et l’assistance techni-que de l’OIT. Néanmoins, il nous reste un longchemin à parcourir pour ce qui est de la restructurationde l’administration de la justice afin de la rendre plusrapide et plus efficace.

Sur le plan économique, le Guatemala vit une pé-riode de transition marquée par l’incertitude. Alorsque le modèle agro-exportateur de matières premiè-res agricoles qui génère la pauvreté et l’exclusion n’enfinit pas de mourir, nous ne savons toujours pas si lenouvel ordre auquel nous aspirons et qui propose unelibéralisation totale du commerce nous permettra delutter contre l’inégalité et la pauvreté qui menacentnotre avenir en tant qu’Etat et en tant que société. Eneffet, la pauvreté et l’exclusion ne constituent pas uni-quement des problèmes économiques et sociaux.Leur éradication, qui constitue une priorité toujoursplus grande de notre ordre du jour de la sécurité est,en plus d’une responsabilité éthique, une nécessité in-hérente à toute bonne gestion démocratique d’unpays.

Pour finir et pour revenir au domaine économique,nous ne savons pas si le nouvel ordre, quel qu’ilsoit, nous permettra de mener à bien la transforma-tion qui, de simples fournisseurs de matières premiè-res, fera de nous des concurrents pour les produitsmanufacturés.

Pour compléter le tableau, il est important de si-gnaler qu’à l’heure de la transition, le principal pilierde notre économie n’est plus l’exportation de café, desucre, de bananes et de cardamome mais plutôt l’ex-portation d’êtres humains sous forme de travailleursmigrants, la plupart illégaux qui envoient des dollarsqui font plus que doubler les revenus du pays produitspar la totalité de ses exportations agricoles tradition-nelles.

Nous sommes confrontés aux dilemmes modernesdu sous-développement, avec une dichotomie entrepauvreté et travail décent, entre sous-développementet commerce équitable, et tout particulièrement en cequi concerne l’élimination des obstacles commerciauxet des subventions accordés aux produits agricolesdans le monde développé.

Cependant, malgré cette incertitude que certainsestiment être inhérente au changement et parfoismême bénéfique, en tout cas dans le domaine du tra-vail, nous savons quelle est la voie à suivre. Nous sa-vons où aller. Pour un pays comme le Guatemala,nous en sommes convaincus, ce qui garantira la dura-bilité et une gestion démocratique des relations detravail c’est la cohérence entre l’action du gouverne-ment et ses organismes d’une part et, les quatre prin-

cipes et les huit conventions fondamentales de l’OITd’autre part.

Ainsi, à l’instar de mes prédécesseurs au cours desannées précédentes, je tiens à saluer et à remercierl’OIT pour la coopération et l’assistance techniquefournies dans des domaines aussi importants que letravail des enfants, le dialogue social et le tripartisme.En outre, je ne me contente pas de demander quecette coopération et cette assistance technique semaintiennent et s’étendent. Je souhaite qu’elless’étendent également à d’autres domaines tout aussiimportants, comme le travail forcé et la discrimination,tout particulièrement dans le cas des peuples autochtones.

Pour conclure, je dirai qu’il est très important ettrès opportun d’aborder ces thèmes dans cette Confé-rence, puisque, comme je l’ai dit, la lutte contre lapauvreté et la discrimination représentent des pointsstratégiques de l’ordre du jour guatémaltèque pour ledéveloppement et la gestion démocratique. En mêmetemps, ce sont les thèmes du rapport présenté hierpar le Directeur général et du rapport global sur ladiscrimination qui seront présentés vendredi.

Original arabe: M. MANSOURI (Ministre de l’Em-ploi, des Affaires sociales et de la Solidarité, Maroc) —Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux, j’ai leplaisir d’adresser au Président mes félicitations lesplus sincères pour son élection à la présidence de cettesession et j’aimerais lui souhaiter tout le succès possi-ble dans ses travaux.

Je voudrais réitérer mes félicitations à M. JuanSomavia pour sa réélection au poste de Directeurgénéral du BIT pour son deuxième mandat tout enle remerciant pour tous les efforts déployés par leBureau, spécialement en ce qui concerne lesquestions qui nous intéressent tous.

Parmi ces questions, j’aimerais souligner l’élabora-tion d’une stratégie afin d’éliminer la pauvreté tout enfournissant un travail décent à tous les travailleurs.

J’aimerais également souligner à cet égard quele Maroc considère que la pauvreté n’est pas unefatalité, lorsqu’il existe la ferme volonté au niveaunational de la combattre et qu’au niveau interna-tional des efforts sont déployés en vue de sonéradication.

Le Maroc, dans le cadre du projet démocratiquequi a été lancé sous l’égide de notre souverain, estsoucieux de renforcer les bases nécessaires pouréliminer la pauvreté, grâce notamment à l’adoptiondes principes démocratiques dans la gestion desaffaires publiques, à la reconnaissance des droits del’homme et à la promotion de l’initiative privée en tantqu’instrument de réalisation d’un développementdurable dans notre pays.

Tout en optant pour ces choix stratégiques, leMaroc a voulu adopter une approche participativevis-à-vis de la pauvreté, basée sur l’ouverture parrapport à toutes les catégories sociales et mettre enœuvre des projets et des programmes locaux destinés àintégrer toutes les personnes en difficulté en fonctionde critères de proximité.

Je voudrais saisir cette occasion pour mettre enévidence les réalisations du programme de promotiondes petites et micro-entreprises qui est appliqué encollaboration avec le BIT et avec la coopération dugouvernement italien.

Je voudrais signaler un autre programme destiné àéliminer la pauvreté en milieu urbain et semi-urbain,mis en œuvre en collaboration avec le PNUD.

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Nous sommes convaincus que l’efficacité des politi-ques d’élimination de la pauvreté dépendent del’adoption d’une approche de développement globaltenant compte d’une répartition équilibrée et équita-ble des ressources nationales entre les différents sec-teurs de manière à créer des emplois et à répondreaux exigences sociales les plus urgentes. Je suisconvaincu que cette approche ne pourra réussir que parl’intégration et la participation de tous les partenairessociaux. Le Maroc a choisi la méthode du dialogue et dela négociation avec tous les acteurs économiques etsociaux afin d’assurer le succès d’une telle approche.

L’application de cette méthode nous a permis designer le 30 avril dernier un accord tripartite quiest considéré comme historique et qui a contribué àéliminer tous les obstacles que connaissent certainsdossiers importants comme le dossier du projet de Codedu travail au sujet duquel des désaccords ont subsistépendant plusieurs années. Ce projet est actuellementdevant le Parlement en vue de son approbation.

Nous avons également adopté des procéduresvisant à étendre le cadre de la protection sociale àtous les travailleurs. L’accord en question a ouvert denouvelles perspectives en matière de protection desdroits fondamentaux des travailleurs.

Nous avons aussi adopté une série de mesuressusceptibles d’assurer les conditions nécessaires pourdéfendre les libertés syndicales et renforcer la partici-pation des organisations syndicales des travailleurs etdes employeurs dans l’élaboration et l’application desprogrammes et des projets visant à fournir le travaildécent à toutes les catégories de travailleurs dans lebesoin.

Nous voudrions souligner ici que les efforts dé-ployés, sur le plan national, par les gouvernementsafin de surmonter ce fléau qu’est la pauvreté et parti-culièrement dans les pays en développement, doiventêtre soutenus sur le plan international.

Notant que la pauvreté et la marginalisation abou-tissent dans la plupart des cas à l’intégrisme et à laviolence, nous considérons à cet égard que la luttecontre la pauvreté et tous les fléaux qui en résultentpeuvent porter atteinte aux intérêts de tous les paysdans le monde quel que soit leur niveau de développe-ment. Elle doit donc être une responsabilité partagéeet nécessite des efforts communs.

Nous sommes d’accord avec le Directeur généraldu BIT qui appelle à bâtir une économie internationa-le qui favorise l’intégration de tous les partenairessociaux. Mais nous sommes convaincus que ceci nepeut se réaliser qu’à travers la neutralisation deseffets négatifs de la mondialisation sur les pays endéveloppement et la priorité accordée aux moyenscapables d’assurer les conditions d’un développementdurable et d’encourager les investissements étrangersainsi que toutes les initiatives d’échange commercialet le transfert des technologies.

Je voudrais signaler ici que le Maroc accorde une im-portance particulière au rapport final de la commissionmondiale créée par notre Organisation afin de débattrede la dimension sociale de la mondialisation.

Je voudrais également mettre l’accent sur l’initiati-ve commune du Maroc et de la Belgique qui ontcontribué de manière conjointe aux travaux de cettecommission offrant ainsi un exemple à suivre dans lesrelations entre les pays du Nord et du Sud.

Cette contribution reflète aussi le rôle importantqui doit être assumé par les ministères de l’Emploidans la solution des problèmes engendrés par le nou-

vel environnement économique et social. Noussouhaitons plus particulièrement que soient soutenusles efforts déployés par les ministères de l’emploi afinde renforcer leur capacité à répondre aux exigencessociales et économiques imposées par les défis géné-rés par cette situation et plus spécialement dans ledomaine de la réhabilitation des ressources de cesministères par la formation et l’amélioration de leurfonctionnement structurel.

Nous réaffirmons également ici notre désir de voiraugmenter la capacité de l’OIT à soutenir les valeurspositives affirmées par cette commission et la réalisa-tion des objectifs susceptibles de consacrer la dimensionsociale de la mondialisation dans toutes les politiquesadoptées.

Nous espérons que cette contribution bénéficierade l’attention de la commission et qu’elle apparaîtradans son rapport final.

Je voudrais finalement souligner que les effortsdéployés par notre Organisation pour s’affranchir dela pauvreté, doivent s’étendre à tous les peuples dumonde en mentionnant particulièrement les souffran-ces quotidiennes vécues par le peuple palestinien.

Je voudrais enfin féliciter Monsieur le Président,pour son élection à la présidence de cette session enlui souhaitant plein succès.

M. YLIEFF (ministre adjoint au ministre de laRecherche scientifique, Belgique) — Il me revientl’honneur d’intervenir à cette tribune en remplace-ment et au nom de la Vice-première ministre et minis-tre de l’Emploi de Belgique, Mme Laurette Onkelinx,qui est retenue à Bruxelles par les négociations en vuede la formation du prochain gouvernement belge à lasuite des élections législatives qui ont eu lieu en maidernier.

Mais elle a chargé la délégation belge de témoignerle plus vigoureusement possible notre appui de ma-nière permanente aux importantes contributions duBIT à la gestion plus sociale de la mondialisation.

Au cœur de ces problèmes, il y a notre préoccupa-tion pour le développement social, la lutte pour l’em-ploi qui permet de «s’affranchir de la pauvreté», commele plaide à bon escient le rapport du Directeur généralcette année, que je remercie, et la nécessaire promo-tion d’alliances et de coopérations internationalesentre nos ministères sociaux et nos organisationsd’employeurs et de travailleurs. Si ces partenariats nese développaient pas davantage, d’autres alliancesmenaceraient nos objectifs. Il faut donc rester particu-lièrement vigilants.

Permettez-moi alors, au nom de la délégation belge,de vous indiquer quelques préoccupations majeuresqui sont plus particulièrement les nôtres. Au Conseild’administration, nous nous soucions d’abord de lasaine gestion budgétaire de l’Organisation. Nous nepensons pas qu’une dépendance trop forte à l’égarddes contributions volontaires des membres soit unebonne évolution. Les programmes essentiels et lesprogrammes voués à fournir des services aux mem-bres doivent bénéficier d’une dotation suffisante ausein du budget général, les contributions volontairesvenant en appui pour assurer un plus large rayonne-ment de l’impact de ces programmes dans les régions.Dans cet esprit, le Directeur général a bien fait desouligner que beaucoup d’économies ont déjà été réa-lisées et que le seuil critique est actuellement atteint.

La délégation belge attend par ailleurs avec grandintérêt le rapport final de la Commission mondiale sur

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la dimension sociale de la mondialisation. J’invite lesdélégués intéressés à prendre connaissance de lacontribution commune que le délégué belge au Conseild’administration a rédigée avec son homologue duMaroc pour cette commission. Cette démarcheconjointe entre un pays du Nord et un pays du Suddevrait pouvoir à nos yeux susciter un réel intérêtet être appuyée pendant cette Conférence et aprèségalement.

Cette contribution veut mettre en évidence: lanécessité de soutenir les ministères sociaux dansla conjoncture actuelle car ces ministères doivent êtreen mesure d’offrir une capacité d’intervention crédi-ble face aux défis sociaux immenses auxquels ils sontconfrontés; l’importance stratégique que revêtentcertains programmes du BIT et l’intérêt d’y maintenirune évaluation systématique de leur impact sur lesfemmes; l’importance de disposer d’une plate-formede gouvernance économique et sociale au niveaumondial qui permette aux institutions compétentesd’intervenir dans le respect des différents mandatsdes unes et des autres et non en concurrence.

Or cet esprit de concurrence se manifeste, en effet,trop souvent dans trop de régions et spécialement làoù des efforts de reconstruction ou d’ajustement doiventêtre faits. Nous voyons un signal important dans larécente étude de la Banque mondiale reconnaissantl’apport de la négociation collective au développe-ment économique et social. Sur les questions d’emploiet de protection sociale, le BIT doit viser la qualitéincontestable, une capacité d’intervention rapide etêtre au centre de coopérations et de synergies.

C’est en ayant ces objectifs à l’esprit que la Belgiquea proposé de soutenir une coopération régionale pourla mise en œuvre de l’Agenda global pour l’emploidans les pays du sud-est de l’Europe. Elle a trouvé trèsintéressant le lancement d’un projet pilote de fiduciesociale mondiale pour expérimenter des filets deprotection sociale minimale. Nous continuerons àsoutenir également les programmes STEP et PRODIAFqui développent des méthodologies réalistes et pro-gressives dans leurs domaines.

En ce qui concerne les normes du travail, notreposition s’articule autour des éléments suivants. Ilconvient de continuer à convaincre de l’applicationincontournable des conventions internationales dutravail pour asseoir un développement social durable;le Sommet de Johannesburg l’a fait et nous avionssoutenu le bureau. Le soutien indéfectible à la Décla-ration de 1998 relative aux principes et droits fonda-mentaux au travail et son mécanisme de suivi ne doitpas obscurcir le maintien de l’intérêt pour l’activiténormative dans son ensemble, dans un esprit demodernisation et d’adaptation. Nous appuyons lesdémarches intégrées qui ont pour intérêt de renforcerla visibilité, la cohérence et l’efficacité des normesactuellement trop dispersées comme, cette année, enmatière de santé et de sécurité au travail et bientôt enmatière de transport maritime. Il fallait réétudier lechamp de la relation de travail, compte tenu desnouvelles formes d’organisation du travail qui sedéveloppent dans une économie moderne mais cetteproblématique est délicate car il conviendra de fixerles frontières entre les travailleurs salariés d’une partet les travailleurs indépendants d’autre part. Nous nesommes pas partisans d’une réforme profonde dufonctionnement de la Commission d’experts pourl’application des conventions et recommandations,qui nous paraît offrir les garanties nécessaires pour la

sélection de certaines situations nationales préoccu-pantes.

Voilà donc, pour conclure, à travers ce rappel despositions essentielles de la Belgique, tout l’intérêt quenous accordons à cette Conférence, et la confianceque nous renouvelons au bureau et à votre présidenceen particulier.

Original italien: M. VENTURINI (ministre duTravail et de la Coopération, Saint-Marin) — Jevoudrais tout d’abord féliciter le Président et les Vice-présidents de leur élection et leur adresser mesmeilleurs souhaits de succès.

Au nom du gouvernement saint-marinais et enmon nom propre, je voudrais également exprimerici notre grande satisfaction en ce qui concerne ladécision du Conseil d’administration de reconduireM. Somavia dans ses fonctions de Directeur généraldu Bureau international du Travail. Nous connaissonset apprécions tous sa compétence et son engagementau service de l’OIT et nous sommes certains que, sousson égide, l’Organisation sera en mesure d’assurer etde renforcer le rôle essentiel qui lui est propre, c’est-à-dire la promotion des normes internationales deprotection des travailleurs, ainsi que la mise en œuvrede politiques sociales qui s’avèrent plus que jamais in-dispensables dans notre monde actuel.

Nous sommes certains que toute personne, jouis-sant des conditions psychiques et physiques appro-priées, doit avoir la possibilité de subvenir à sesbesoins grâce à ses propres engagements, d’obtenir untravail et d’accéder à une occupation déterminée, enrapport avec ses propres capacités physiques et intel-lectuelles, et en accord avec ses aptitudes techniques.

Par ailleurs, nous faisons également tous nosefforts afin que cette expérience humaine étant donnél’importance qu’elle revêt dans la vie de chacund’entre nous, puisse également offrir une chance debien vivre, de vivre toujours mieux, ainsi qu’il apparaîtlégitime pour tout individu. Nous pensons à cet égardque le travail doit représenter une voie d’accès versune culture et une sensibilité de citoyen du monde,vers une culture de partage, de solidarité et de libertépour chaque individu.

Si nous adhérons au principe de primauté de la per-sonne humaine, défini comme une série d’initiativesvisant à mettre l’individu au centre du développementde nos sociétés et de nos économies, et donc à lui per-mettre d’assumer le rôle social du travail, nous devonségalement nous interroger sur la manière de promou-voir une évolution favorable des politiques du travail,et sur les moyens de réussir à conjuguer les ressortsd’un libéralisme mondial, et ceux qui tendent à proté-ger et à valoriser les demandes des travailleurs prisindividuellement, ou des travailleurs futurs.

La dialectique habituelle, centrée sur les conceptsde flexibilité et de garanties, et considérée souventcomme la mise en opposition d’exigences diverses etinconciliables de la part des différentes composantesde la société, cette dialectique ne peut se limiter à uneadaptation individuelle des mesures de compromisprises par les gouvernements à l’occasion d’accordstripartites, et des pratiques du monde des entreprises.

La confrontation doit, si nécessaire, s’émanciper etorienter la réflexion dans l’optique d’un nouveau pac-te social offrant aux différentes parties la possibilitéconcrète d’effectuer un pas en avant vers la réalisa-tion d’une société dans laquelle le monde de l’entre-prise ait, parmi ses divers objectifs, celui de satisfaire

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les personnes qui, à différents titres, contribuent à saprospérité, et celui de permettre aux travailleurs dejouir des conditions qui, dans leur propre optique,leur permettent de ressentir leur travail comme uneoccasion précieuse de s’améliorer eux-mêmes etd’améliorer la société dans laquelle nous vivons.

Quelles seraient donc les conditions essentielles àréaliser et quelles pourraient en être les modalités?Ainsi qu’il ressort des nombreuses prises de positionque l’on entend de manière constante au sein desinstances internationales, les réformes, les investisse-ments et la formation, constitueraient ensemble lesmoyens et les modalités pour y parvenir.

La République de Saint-Marin s’est fortementengagée dans une réflexion sur le nouveau modèle dedéveloppement économique qu’elle voudrait voirréaliser au cours des prochaines décennies, et est entrain de réviser ses propres normes au niveau dutravail et de la formation, tout en sachant qu’il s’agitlà d’un processus continu et non d’un but en soi.

Saint-Marin a ainsi choisi d’adopter une loi-cadrequi soit brève et qui comporte les grands principessusceptibles d’orienter la dynamique dans ce domai-ne, au cours des prochaines années. Parallèlement,cette loi permettra de prendre de nouvelles mesureslégislatives et réglementaires, et de procéder à des ac-cords tripartites qui donneront lieu à une adaptationpériodique des organismes du marché, et à des ajuste-ments fonctionnels, conformes aux exigences et auxdynamiques les plus actuelles.

Le binôme imprescriptible entreprises-travailleurs,qui s’étend en réalité également à ceux qui ne tra-vaillent pas, mais qui pourraient être amenés àtravailler dans un avenir proche, est appréhendé dansune optique nouvelle, celle de la réalisation d’unesociété dans laquelle il fasse bon vivre et travailler.

Les investissements sont destinés à favoriser larecherche, à améliorer les infrastructures, à rendreaccessibles à tous les informations dont ils ont besoin,ainsi que les ressources nécessaires à leur développe-ment. Ils visent également à mettre en valeur lepotentiel de chaque individu, afin qu’il puisse le fairefructifier à la fois au niveau de ses compétences et deses aptitudes.

C’est précisément dans cette voie, celle de l’enri-chissement des potentialités personnelles, que laRépublique de Saint-Marin concentrera une grandepart de ses efforts, parallèlement à la réorganisationnormative qu’elle a engagée. L’orientation et laformation professionnelle fondées sur un système desoutien aux entreprises et de régulation sociale,auront pour objectif de promouvoir les capacités quechaque individu possède.

Un tel système de valorisation permettra autravailleur de mieux s’élever au sein d’une société quielle-même s’élève avec lui, et de se développer dansle cadre des entreprises dans lesquelles il s’exprimeprofessionnellement.

Original allemand: M. NORDMANN (secrétaired’Etat, Direction du Travail, Département fédéral del’Economie, Suisse) — Je tiens tout d’abord à féliciterle Président et les Vice-présidents de leur élection.

Comme il s’agit de la première Conférence interna-tionale du Travail après la réélection du Directeurgénéral, j’aimerais également adresser nos meilleursvœux à M. Somavia. Notre délégation est persuadéeque la bonne image et la crédibilité de l’OIT s’amélio-reront encore sous sa direction.

Permettez-moi d’exprimer notre satisfactionconcernant le rapport du Directeur général. Celui-cidoit être mis en perspective avec les Propositions deprogramme et de budget, pour 2004-2005. Ces propo-sitions définissent les orientations politiques et straté-giques des actions de l’OIT pour les deux années àvenir. La délégation du gouvernement suisse y sous-crit pleinement.

Le rapport met en exergue les véritables défis aux-quels nous sommes confrontés au regard de chiffresalarmants. La Suisse appuie le mandat historique del’OIT qui oblige notre Organisation tripartite à luttercontre la pauvreté. L’OIT doit jouer un rôle décisif, àsavoir dégager un consensus positif, sur les mesuresà prendre. Sa force réside essentiellement dans ledialogue social.

L’OIT poursuit avec succès sur sa lancée intégratri-ce sur un plan multilatéral et cultive des partenariatsétroits avec les secteurs publics, privés et volontaires,doublés de partenariats avec des institutions nationa-les et internationales.

Nous constatons avec satisfaction que notre Orga-nisation met également l’accent sur une coordinationrenforcée avec les institutions financières internatio-nales et vise également à la mise en place de politi-ques de développement plus soutenues.

L’OIT réussit ainsi à harmoniser ses activités avecles objectifs de développement pour le Millénaire.Nous sommes persuadés que notre Organisation peutapporter une contribution essentielle pour atteindrel’objectif de réduction de moitié de la pauvretéd’ici 2015.

Le rapport du Directeur général propose de fairedu travail décent la principale force motrice des mesu-res proposées. Les travaux accomplis par les groupestripartites dans le cadre de la dimension sociale de lamondialisation sont la seule voie qui puisse amener lasociété à accepter la mondialisation.

La Suisse attend beaucoup du rapport de lacommission mondiale créée par le Directeur généralet nous espérons que ces éléments supplémentairesfaciliteront les débats lors de la prochaine conférenceministérielle de l’OMC.

Comme je l’ai dit, la crédibilité de l’OIT sur lascène internationale au cours de ces dernières annéesn’a cessé de croître. Deux exemples: l’OIT a lancél’Agenda pour le travail décent, dont l’une descomposantes importantes est une stratégie mondialede l’emploi. La promotion des principes et droitsfondamentaux au travail par la mise en œuvre réussiede la Déclaration de 1998, a permis un accroissementsans précédent du nombre de ratifications des normesfondamentales du travail.

Je tiens à féliciter l’OIT de ces succès, qui devraientservir en même temps d’encouragement face auxdéfis à venir. A cet égard, nous considérons que lesactivités suivantes sont essentielles, et nous sommesconvaincus que, là encore, elles seront couronnées desuccès.

Premièrement, poursuivre les réformes normati-ves. Celles-ci doivent suivre une approche intégréepermettant une procédure plus rationnelle, plustransparente et plus efficace. A cet égard, la Suisse sefélicite qu’à cette Conférence soient examinés, con-formément à cette approche, les instruments de l’OITrelatifs à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail.Cette procédure permettra de regrouper en différentspiliers l’ensemble des instruments de l’OIT et de créerainsi des synergies au sein de l’organisation.

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Deuxièmement, intensifier le renforcement del’OIT dans le cadre de la dimension sociale de lamondialisation. Les visions doivent désormais setraduire en solutions concrètes.

Troisièmement, renforcer la coopération techni-que. Les mots clés du rapport — participation despersonnes aux décisions politiques, sociales et éco-nomiques, chose publique, formation axée sur desrésultats durables, accès plus facile des pays en déve-loppement au marché d’exportation — sont aussi desobjectifs importants et des critères innovants quisous-tendent l’engagement suisse dans les projets decoopération technique du BIT.

Toutes ces réformes visent à faire de l’OIT uneinstitution forte et active, respectée sur le plan inter-national, ainsi qu’un partenaire très recherché. Nousvous assurons, que la Suisse continuera de jouer unrôle actif et d’apporter un soutien fiable à l’Organisa-tion et à ses objectifs.

Original allemand: M. ANDRES (secrétaire d’Etatparlementaire, Ministère fédéral des questions écono-miques et du Travail, Allemagne) — S’affranchir de lapauvreté par le travail, c’est là le titre du rapport duDirecteur général. C’est une déclaration, mieux enco-re c’est un message qui a une grande significationaujourd’hui, dans le monde entier. Les mesures pouratténuer les conséquences de la pauvreté sont certesessentielles, mais on ne peut éliminer la pauvretéqu’en donnant à chacun la possibilité d’exercer uneactivité professionnelle et ainsi obtenir un revenurégulier pour lui et pour sa famille. Toute activitéprofessionnelle n’est cependant pas une issue à lapauvreté. Dans le cas contraire, on pourrait imaginerque le travail des enfants, dont l’élimination est l’undes objectifs principaux de l’OIT, répondrait à cettedéfinition.

Dans le premier rapport que vous avez soumis à laConférence, il y a quatre ans, Monsieur le Directeurgénéral, vous avez décrit le type de travail dont ils’agissait. Il s’agit du travail décent. Cela signifie quele travail et la personne qui l’accomplit doivent, sipossible, se convenir. Cela ne signifie pas pour autantque le poste de travail doit être taillé sur mesure pourla personne qui l’occupe. Le travailleur doit égale-ment être prêt à relever certains défis posés par le tra-vail à travers, par exemple, une formation continue.Par ailleurs, ce serait utopique de penser qu’il existedes travaux qui n’apportent que joies et satisfactions.

Le travail est une issue à la pauvreté, et inverse-ment un chômage de longue durée peut souventreprésenter une première étape vers la pauvreté. Celane concerne pas uniquement les pays en développe-ment dont le système de protection sociale n’est passuffisant, mais aussi et de plus en plus les pays déve-loppés. Mon pays en fait également l’expérience.Dans ce pays aussi, les possibilités du système de pro-tection sociale se heurtent à des limites lorsqu’il s’agitde lutter contre le chômage. La caractéristique princi-pale de la lutte contre la pauvreté est donc la créationet la préservation des postes de travail.

L’OIT est une organisation tripartite et c’est ainsique je profite de ce forum de la Conférence annuellepour souligner que cette création et cette préservationde postes de travail sûrs doivent constituer la préoccu-pation à la fois des gouvernements, des entreprises etdes syndicats.

A cet égard, je me permets de mentionner les réfor-mes lancées par le gouvernement allemand. Il s’agit

dans un premier temps de modifier la loi de promo-tion de l’emploi qui avait plutôt une force de réactionafin d’en faire une loi plus préventive, pour réduire oumême éliminer le chômage de longue durée. Pour cefaire, nous nous appuyons sur les propositions de laCommission Hartz pour les nouvelles mesures à pren-dre dans le cadre de la politique du marché du travailet pour la création d’emplois pour les chômeurs. Ils’agit de modifier les structures de l’administration dutravail pour que celle-ci devienne un prestataire deservices moderne, afin de trouver des postes adéquatsrapidement et il s’agit également de réunir l’aidesociale et l’aide au chômage pour éviter les doublons.

Dans votre rapport, Monsieur le Directeur général,vous parlez à juste titre de la nécessité d’une solidaritéinternationale. Les conclusions ont pour titre «Mobi-liser la communauté mondiale du travail pour vaincrela pauvreté». Dans l’introduction vous parlez de lanécessité d’une mondialisation juste. Il m’a sembléqu’une allusion à l’activité de la Commission mondia-le sur la dimension sociale de la mondialisation faisaitquelque peu défaut.

En effet, nous attendons de cette commissionqu’elle dise quelles sont les modifications structurel-les qu’entraîne pour le marché du travail des pays endéveloppement mais aussi des pays développés l’évo-lution du marché mondial, et qu’elle donne des orien-tations pour la marche à suivre à tous les acteurs auxniveaux national, international et supranational, en cequi concerne la «dimension sociale de la mondialisa-tion».

Pour lutter de façon efficace contre la pauvreté etpour que les fruits de la mondialisation profitent àtous, il nous faut discuter encore plus des aspects de lamondialisation qui sont liés au marché du travail et àla politique de l’emploi. Il me semble à cet égard queles structures de la communication entre les différentesinstitutions internationales doivent être renforcées.Comment faire pour que les travailleurs des paysindustriels et des pays en transition s’adaptent auxattentes de la mondialisation? La question est trèsimportante pour une division du travail équitableentre pays.

Un forum a été organisé à Berlin pour le travail dela Commission mondiale. Nous avons pu ainsi expri-mer nos attentes à cette commission. Je me réjouisdéjà du rapport du Directeur général pour la confé-rence de l’année prochaine qui fera une large place autravail de cette commission. Bien sûr, il n’existe pas deremède universel mais nous pourrons peut-être avoirdes indications sur ce que nous pouvons faire ensem-ble. L’Allemagne est prête à apporter sa contribution.

Original anglais: M. GEORGE (délégué gouverne-mental, Trinité-et-Tobago) — Au nom de la délégationde la République de Trinité-et-Tobago, je souhaiteféliciter le Président et les Vice-Présidents pour leurélection et saluer la manière avec laquelle ils mènentles travaux de la session pendant les séances plénières.Nous nous félicitons en outre de la réélection duDirecteur général et tenons à saluer l’excellent travailqu’il a fourni dans le cadre de son premier mandat.

Le gouvernement de Trinité-et-Tobago appuiepleinement le programme relatif au travail décentque le Directeur général n’a de cesse de promouvoir.Le rapport de cette année éclaire encore le conceptde travail décent et fournit aux Etats Membres desdirectives pratiques pour les aider à s’affranchir de lapauvreté. Nous souscrivons à l’idée selon laquelle le

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travail est appelé à jouer un rôle clé pour enrayer lapauvreté, de façon progressive mais durable. Noussavons cependant qu’on ne saurait créer des emploiset venir à bout de la pauvreté par la seule voie législa-tive. Il s’agit, bien au contraire, d’un processus long,complexe, qui exige la coopération de tous les membresde la société. Je suis très heureux de vous annoncer danscette perspective que le gouvernement de Trinité-et-Tobago a justement donné le coup d’envoi à un pro-cessus de consultation national qui doit permettre dedéterminer quelles sont les stratégies et programmesidoines pour assurer l’accès de tous les citoyens à unevie décente d’ici 2020.

Il s’agit là d’un processus sans exclusive qui met àcontribution non seulement les partenaires tripartitesmais également toutes les parties prenantes de lasociété civile. Nous sommes conscients que l’emploidoit être au cœur de toute stratégie visant à enrayer lapauvreté et avons donc prévu, dans le cadre du pro-cessus consultatif de 2020, l’instauration d’un groupechargé à l’exclusion de toute autre chose d’élaborerdes stratégies pour l’amélioration des aspects relatifsà l’emploi et de la sécurité sociale dans notre pays.Je dois dire qu’outre cette stratégie à long terme,le gouvernement de Trinité-et-Tobago continuede s’employer à réduire le déficit du pays en matièrede travail décent. Nous avons mis en place à cette finun programme d’action global visant à encourager ledéveloppement des petites et micro-entreprises, cequi devrait déboucher sur des créations d’emplois. Jesuis également très honoré de pouvoir vous annoncerque pendant l’année en cours, nous avons relevé leniveau du salaire minimum national. Qui plus est,Trinité-et-Tobago a ratifié en avril dernier la conven-tion (nº 182) sur les pires formes de travail desenfants, 1999, et c’est là une indication claire del’engagement de notre pays en faveur des objectifs del’OIT. Nous travaillons déjà en étroite avec le bureaude l’OIT à Port of Spain, dans le cadre d’activitésvisant à lutter contre les pires formes de travail desenfants.

Je souhaite également souligner ici le travail remar-quable fourni par le bureau de l’OIT pour les Caraï-bes, qui appuie les efforts entrepris par Trinité-et-Tobago et les autres pays de la région dans des domainestels que la lutte contre le travail des enfants et lechômage des jeunes, les relations entre travailleurs etemployeurs, le VIH/SIDA et les systèmes d’informa-tion sur le marché du travail. Beaucoup doit encoreêtre fait dans la région pour venir à bout du déficitd’emplois décents. Ainsi, il nous faudrait entrepren-dre des travaux de recherche ambitieux pour mieuxcomprendre la nature de l’économie informelle.

Alors que le monde du travail a connu une muta-tion majeure, nous devons nous efforcer de faire lepoint sur la relation d’emploi au plan national et ré-gional. Des efforts importants doivent être consentisdans cette perspective pour renforcer les capacitésdes ministères du travail des pays de la région et cellesdes partenaires sociaux. Nous demandons donc ins-tamment au Bureau de continuer de prêter attentionaux problèmes de la région tels qu’ils ont été exposésdans différentes enceintes, y compris devant laprésente Conférence et devant le Conseil d’adminis-tration.

Nous espérons en outre que les opinions, préoccu-pations et recommandations formulées lors de laconsultation régionale que la Commission mondialesur la dimension sociale de la mondialisation a

organisée cette année à la Barbade seront dûmentprises en compte. Nous souhaitons féliciter à nouveaule Directeur général pour la clairvoyance dont il a faitpreuve en créant la Commission et en engageant lacommunauté multilatérale sur cette voie. Nous atten-dons avec impatience le rapport de la Commission,qui fera sans aucun doute autorité et instaurera uncadre solide et sans ambiguïté pour la prise en compted’aspects sociaux dans le débat sur la mondialisation.

Permettez-moi avant de terminer de vous assurerque le gouvernement de Trinité-et-Tobago appuiele programme et le budget pour la période biennaleà venir, tel que proposé par le Directeur général etl’utilisation proposée des excédents.

Nous tenons à souligner pour conclure que notrecher ami des Caraïbes, M. Roy Trotman, est à la têtedu groupe des travailleurs au Conseil d’administra-tion, et que Grace Strachan, qui vient également desCaraïbes, est maintenant Directrice du bureau del’OIT pour les Caraïbes.

Original anglais: M. RYDER (représentant, Con-fédération internationale des syndicats libres) — J’adressemes félicitations au Président pour son élection, ainsiqu’au Directeur général pour sa réélection et pouravoir réussi à cerner dans son rapport cet enjeu crucialque constitue pour l’OIT ainsi que pour la commu-nauté internationale la lutte qui doit mener à la dispa-rition de la pauvreté dans le monde.

La Confédération internationale des syndicats li-bres a salué l’institution, par les Nations Unies, desObjectifs de développement pour le Millénaire et areconnu qu’ils étaient porteurs d’un projet ambitieux,mais réalisable. Aujourd’hui, elle ne peut que pointerdu doigt l’échec patent des responsables politiques,qui n’ont pas su faire le nécessaire pour atteindre cesobjectifs.

Si la récente rencontre du G8 constitue à cet égardun échec de plus, le rapport du Directeur général nousoffre une chance de faire avancer les choses et demontrer que l’OIT et ses mandants tripartites refu-sent d’admettre que la pauvreté et ses conséquences —dépeintes d’une manière si saisissante dans le rapport— soient considérés comme un phénomène inévitableou comme une sorte d’effet secondaire lié au fonc-tionnement de l’économie mondiale — qui donne lieuà une formidable création de richesses mais susciteégalement une énorme misère.

La CISL a fait de l’affranchissement de la pauvretéun des thèmes majeurs de la campagne du 1er mai,organisée en faveur du respect des travailleurspartout dans le monde.

Nous nous adressons à l’OIT non pas comme à unsimple partenaire du système international, maiscomme à un chef de file. L’OIT, à elle seule, ne peutpas gagner la lutte contre la pauvreté, mais ses va-leurs, ses structures et ses normes peuvent encadrerles activités qui se déploient de toutes parts. Tel estnotamment le rôle que joue l’Agenda pour le travaildécent, qui nous permet également de comprendreque les activités de l’OIT doivent s’enraciner dans cequ’elle est par essence: une organisation tripartite auservice de la justice sociale.

L’OIT a également ceci de particulier qu’elleconsidère tous les individus comme des sujets actifs etnon comme des objets passifs. C’est un point de vuequ’elle partage avec les syndicats. Ceux-ci sont desinstruments qui permettent aux femmes et auxhommes qui travaillent d’être des citoyens à part

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entière et d’échapper à la pauvreté. Ils modifient lesrelations de pouvoir, traquent l’injustice et affermis-sent la démocratie. Ce rôle peut ne pas convenir à toutle monde et, de fait, a toujours donné lieu à descontroverses. Lorsque les syndicats sont apparus — etils n’étaient guère plus populaires à l’époque qu’ils nele sont aujourd’hui dans certains milieux — ceux quifaçonnent l’opinion étaient déjà en train de fairevaloir les vertus de l’initiative individuelle et de l’es-prit d’entreprise — au détriment de l’action collectiveet de la réglementation — et proclamaient que c’esten elles que réside la clef de la richesse et du bonheurindividuel et social.

Ce que l’on peut constater aujourd’hui c’est que lavaste majorité des travailleurs dans le monde sontconfinés dans les marges de la société — que l’on dési-gne du terme d’«économie informelle», dépossédésde tout droit et ne disposent même pas du minimumqui leur permettrait de vivre dans la dignité. Le Direc-teur général nous rappelle à bon escient que cespersonnes n’ont pas choisi ce style de vie et que c’estla nécessité — la nécessité de survivre — qui les amenés là où ils sont. Il nous rappelle également — etnous souscrivons entièrement à ce point de vue — queles problèmes soulevés par l’existence du secteur in-formel mettent en jeu la question de la gouvernance,question qui est au cœur de notre lutte pour éradiquerla pauvreté.

La gouvernance est une question fondamentalepour le progrès. Quelles que soient les mesuressociales et économiques que l’on pourra prendre pouratténuer la pauvreté, elles ne pourront jamais remplacerune véritable gestion des affaires publiques par unEtat responsable et apte à répondre aux attentes descitoyens.

Pour sortir de la pauvreté, les individus doiventpouvoir affirmer et exercer leurs droits, le plus impor-tant d’entre eux étant le droit de s’organiser libre-ment. L’absence de gouvernance qui caractérise lesecteur informel représente à cet égard un obstacleconsidérable; elle permet en outre à ceux qui peuventcompter sur un certain confort d’ignorer, de tolérer et,en fin de compte, d’oublier les conditions danslesquelles vivent tant de leurs semblables.

Les syndicats ont pour vocation profonde de luttercontre la pauvreté, où qu’elle soit. C’est un engagementauquel la CISL se tient pour sa part avec résolution.L’opinion erronée qui veut que le mouvementsyndical n’ait aucun rôle à jouer dans l’économieinformelle peut être alimentée par l’idée que l’infor-malité est destinée à demeurer, tout comme la pauvretéet le désarroi.

Un autre mythe, indissociable des idées que jeviens d’évoquer, veut que les syndicats soient là pourdéfendre des privilèges; or il se trouve que, souvent,ce sont les mieux lotis qui se chargent de propager cemythe.

Le rapport du Directeur général est là pour nousrappeler nos responsabilités ainsi que les possibilitésqui s’offrent à nous pour en finir avec la pauvreté.Nous pouvons nous en servir comme d’un tremplin,mais il faut pour cela que nous soyons prêts à releverce défi: nous devons rendre aux pauvres l’espoir qu’ilspourront, eux aussi, progresser et vivre dans la digni-té, la liberté et la justice.

Original anglais: M. MOGAMI (ministre duTravail et des Affaires intérieures, Botswana) —Permettez-moi, avant de formuler mes remarques, de

présenter, au nom de la délégation du Botswana eten mon nom personnel, nos sincères félicitations auPrésident ainsi qu’aux Vice -présidents qui ont étéélus pour conduire les travaux de cette 91e sessionde la Conférence internationale du Travail. Je leursouhaite plein succès dans leur tâche.

Je suis heureux de participer à ce débat sur lerapport du Directeur général intitulé S’affranchir dela pauvreté par le travail. Il est à noter que le rapportinsiste sur le fait que c’est le monde du travail quidétient la clé d’une limitation véritable, progressive etdurable de la pauvreté. Il y a deux ans, nous avonsapprouvé l’Agenda pour le travail décent commeétant le meilleur moyen de supprimer la pauvreté.Cette session de la Conférence donne une autre occa-sion de réfléchir à la validité de cette approche. Lerapport du Directeur général nous aide à atteindrenos objectifs. Il rappelle les obligations de l’OIT et,partant, nos obligations en tant que mandants del’OIT, qui sont de faire sortir l’humanité de l’engrena-ge de la pauvreté et de contribuer à promouvoir lajustice sociale et la paix dans le monde.

Il est de bon ton de regretter la persistance de lapauvreté dans notre monde moderne où l’abondancede richesses côtoie la pauvreté la plus abjecte. Tout lemonde s’accorde à dire, victimes et autres partiesintéressées, que le niveau de pauvreté dans le mondeaujourd’hui est inacceptable. Beaucoup de discoursont été tenus sur la nécessité de réduire, si ce n’estd’éradiquer, la pauvreté dans le monde. Des promes-ses ont été faites par ceux qui ont le pouvoir et lesmoyens de faire changer les choses. Mais ces promes-ses n’ont pas été suivies d’actions concrètes.

Le Botswana attache beaucoup d’importance àl’éradication de la pauvreté. La pauvreté au Botswa-na, à bien des égards, est un problème structurel attri-buable à un tissu économique peu développé, unmarché intérieur de petite taille, peu de débouchésd’emplois, indépendants ou salariés, pour générer desrevenus. On mentionne aussi souvent d’autres causes,telles que la sécheresse, le manque d’instruction etde qualifications, l’insuffisance des facteurs deproduction, la disparition progressive des mécanis-mes d’appui traditionnels comme la famille élargie,les problèmes liés à l’accès aux marchés et la faiblessedes prix à la production.

La pauvreté est un obstacle majeur à la réalisationdes objectifs que nous nous sommes fixés dans lecadre de notre vision nationale 2016, laquelle prévoitnotamment la disparition de la pauvreté absolue.Plusieurs programmes d’action et d’appui ont été misen œuvre pour faire reculer la pauvreté. La plupartse concentrent sur les points suivants: créationd’emplois, responsabilisation des citoyens en matièrede recherche de débouchés économiques, assistanceaux citoyens qui ne peuvent subvenir à leurs propresbesoins et création d’infrastructures économiques etsociales dans des zones rurales. Qui plus est, unestratégie nationale de réduction de la pauvreté afait l’objet d’une étude, en avril 2002, afin que legouvernement et les parties prenantes aient desorientations précises dans la lutte contre la pauvreté.

Des investissements substantiels dans l’éducationet la santé ont donné quelques résultats. Toutefois,le VIH/SIDA pourrait compromettre ces avancées.Le lancement du programme de l’Agence pour ledéveloppement des entreprises par les citoyens, il y adeux ans, constitue un autre effort dans la lutte contrela pauvreté. Ce programme fournit une assistance

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financière aux citoyens, à des fins d’investissement etde développement de l’esprit d’entreprise et des com-pétences en matière de gestion. Le Botswana recourtdepuis longtemps à la gouvernance participative etdispose de structures qui potentiellement devraientpermettre aux citoyens de participer concrètement àl’élaboration des politiques et à leur mise en œuvre.Ces structures qui se déclinent jusque dans les villagessont de bon augure pour la constitution de partena-riats et pour accroître la responsabilisation et l’enga-gement dans le cadre de la mise en œuvre desprogrammes de réduction de la pauvreté.

Toutefois, certains gros obstacles demeurent.L’attrait du Botswana pour l’investissement étrangerdirect et sa capacité à mobiliser l’investissement inté-rieur privé ont été mis à mal par la mondialisation del’économie, et ceci en dépit des investissements subs-tantiels qui ont été faits pour créer un environnementmacro économique propice à l’investissement étran-ger direct, à l’expansion économique et à la diversifi-cation. Toutefois, grâce à la création de l’Agence pourle développement des entreprises par les citoyens,les perspectives sont prometteuses, l’investissementintérieur pourra stimuler les activités économiques etengendrer le nombre et le type d’emplois nécessairespour réduire la pauvreté. Pour ce qui est des régimesde protection sociale et des filets de sécurité sociale,les questions liées à leur efficacité, à leur adéquationet aux conditions d’accès demandent à être analyséesattentivement dans un souci d’efficacité.

Dans le cadre du débat sur la réduction de lapauvreté, il faut reconnaître que, bien que la pauvretésoit un phénomène courant dans le monde entier, sonampleur et les enjeux qui lui sont liés diffèrent d’unerégion à l’autre. Dans certaines parties du monde,près de la moitié de la population vit dans la pauvreté.Celle-ci se concentre dans les zones rurales où vit lamajeure partie de la population et touche particuliè-rement les familles dirigées par une femme. C’estdonc un défi pour l’OIT que de concevoir des straté-gies d’intervention pour remédier à ces problèmess’il elle veut pouvoir répondre aux attentes de sesmandants. C’est pourquoi nous sommes égalementd’avis qu’il faut débattre davantage de la politique decroissance budgétaire au vu des demandes de plus enplus nombreuses auxquelles doit répondre l’OIT.

En effet, la disproportion actuelle entre le budgetordinaire et les ressources extrabudgétaires ne laissepas de nous inquiéter.

Enfin, pour ceux d’entre nous qui venons de paysen développement, la mise en valeur des ressourceshumaines est un aspect important qui relève desmesures concrètes de lutte contre la pauvreté. J’espèredonc que la discussion sur le thème Apprendre et seformer pour travailler dans la société du savoir, encours dans l’une des Commissions de la Conférence,contribuera à faire fructifier nos efforts dans cedomaine.

Original anglais: Mme FILATOV (ministre du Tra-vail, Finlande) — Qu’il me soit permis tout d’abordd’adresser au Président et à l’occasion de son élection,mes félicitations les plus sincères. Je souhaite égale-ment rendre hommage au Directeur général, M. JuanSomavia, pour sa réélection dans le cadre d’un deuxièmemandat.

Le Directeur général a à nouveau présenté à laConférence un rapport remarquable qui incite à réflé-chir et qui mérite une étude approfondie. Dans le

cadre de nos efforts qui visent à affranchir les gens dela pauvreté par le travail tout en assurant une crois-sance stable et en renforçant le bien-être pour tous, lamise au point d’une base solide de connaissances et decompétences est une question essentielle aussi biendans les pays développés que dans les pays en déve-loppement.

Ce rapport nous rappelle que malgré les progrèsréalisés, il est encore nécessaire et urgent de renforcerla coopération de l’OIT avec les autres agencesspécialisées des Nations Unies et avec les institutionsfinancières internationales.

Je me réjouis de l’Agenda global pour l’emploi del’OIT, dont l’objectif est d’inscrire l’emploi au cœurdes politiques sociales et économiques, aussi bienau niveau national qu’international. Ce programmelaisse présager une approche coordonnée de l’OITavec les institutions internationales financières,commerciales et de développement.

Dans le cadre du nouveau programme du gouver-nement de la Finlande, nous réitérons notre volontéde promouvoir les valeurs des droits humains, del’égalité, de l’équité et de la sécurité qui sont au cœurde nos sociétés et au cœur du mandat de l’OIT.L’objectif principal de notre gouvernement consiste àrenforcer le bien-être de notre société en créantdes emplois, ce qui va permettre de lutter contre lechômage, en améliorant la fourniture des services debase et la sécurité du revenu.

Outre ces meilleures conditions préalables à unepolitique active de l’emploi et au développement desactivités d’entreprise, il s’agit, pour réaliser les objec-tifs fixés en matière d’emploi, de poursuivre et d’iden-tifier la coopération fondée sur les conventions collec-tives conclues avec les organisations d’employeurs etde travailleurs.

Dans notre société, l’idée selon laquelle la sécuritédes individus et des familles repose sur un travailstable s’amenuise quelque peu, comme en témoignenotamment l’accroissement des contrats de duréedéterminée et du travail temporaire. On constatequi plus est, que les femmes sont très souvent sur-représentées dans l’emploi temporaire.

Il va sans dire que nous avons besoin d’une flexibi-lité dans le monde du travail, mais appliquée sansdiscernement elle peut avoir de très lourdes consé-quences. Cela risque de créer un climat d’anxiété etd’insécurité permanentes qui va mettre à mal le bien-être des travailleurs, leur santé et leur productivité.

Le travail occasionnel n’assurera ni des ressourcessuffisantes pour vivre ni une pension de retraiteadéquate. Les régimes de sécurité sociale peuvent aumieux répondre à peine aux besoins. Si rien n’est faitpour remédier à cette situation, ce sont encore unefois les femmes qui seront les plus durement touchées.

Je doute aussi que le travail occasionnel favorisela motivation au travail, l’innovation et la créativitési nécessaires dans le cadre global de la société del’information. Pour assurer une démarche plus viable,les politiques nationales devront être élaborées enconséquence. Mais, dans le but d’appuyer ces politi-ques nationales, nous avons besoin de la coopérationinternationale. Or, l’OIT est le forum le mieux placépour assumer cette tâche.

Le Directeur général nous rappelle que si l’onaccepte la pauvreté, on accepte la perte des valeurshumaines fondamentales. C’est une remarque qui mefrappe profondément. Le respect des normes fonda-mentales du travail, ainsi que l’égalité dans la vie

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professionnelle sont essentielles. Nous sommesconvenus de ces principes, et pourtant la pauvreté nefléchit pas.

La pauvreté est un problème multidimensionnelqui requiert des solutions multidimensionnelles. LesObjectifs de développement pour le Millénaire cons-tituent un cadre global pour promouvoir le dévelop-pement et pour lutter contre la pauvreté. L’OIT a unrôle capital à jouer dans la promotion et la mise enœuvre de ces objectifs. Les stratégies de réductionde la pauvreté offrent un instrument utile pour ledéveloppement. Nous nous réjouissons de la partici-pation active de l’OIT dans ce processus.

M. THYS (représentant, Confédération mondialedu travail) — Nous faisons face, à l’heure actuelle, àune détérioration sans précédent de l’humain. Eneffet, la pauvreté et l’exclusion sociale sont en hausse,les législations sociales et du travail sont affaiblies,le fossé entre les riches et les pauvres s’élargit, lapauvreté se féminise, le rôle de l’Etat comme garantsocial disparaît et la qualité de l’emploi se détériore àgrands pas.

Dans le même temps, les entreprises multinationa-les et les institutions financières et économiques inter-nationales acquièrent de plus en plus de pouvoir audétriment des Etats. Leurs citoyens perdent dès lorspeu à peu leur pouvoir souverain et démocratique deprendre leurs propres décisions. Les lois économi-ques, financières et commerciales se trouvent dansune position de suprématie sur les droits de l’homme.La Confédération mondiale du travail considèrequ’il faut mettre fin à cette situation en instaurantune véritable justice sociale qui restitue à l’êtrehumain son rôle inaliénable. Ce nouvel ordre doit êtrerespectueux du pluralisme, des identités, des cultures,des convictions idéologiques, politiques ou religieu-ses.

La Confédération mondiale du travail est convain-cue qu’il est actuellement nécessaire de créer desemplois décents qui offrent à toutes les personnes ladignité qui leur revient intrinsèquement. Nouspensons que la gouvernance du monde du travail àl’échelon mondial doit être changée pour obtenir uneperspective internationale qui tienne compte de lacréation d’emplois décents comme la base fondamen-tale de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion socia-le. Nous sommes d’avis que le monde du travail doitfaire l’objet d’une étude et d’un traitement différen-ciés compte tenu de l’importance de l’emploi commefacteur clé en vue du bien-être de tous les hommes etde toutes les femmes.

Nous tenons une fois de plus à mettre en évidencel’importance et la nécessité de promouvoir les normesinternationales du travail en tant qu’élément primor-dial et indispensable dans la lutte contre la pauvreté etdans la promotion d’un développement durable. LaConfédération mondiale du travail considère que lapauvreté est un défi pour tous les défenseurs d’unecroissance durable et d’une justice sociale. Nouspensons qu’une véritable justice sociale est le seulmoyen de maintenir une paix stable et durable.

La Confédération mondiale du travail refuse la po-litique néo-libérale qui néglige et même veut éliminerl’aspect social de la mondialisation. Nous proposonsla création au sein du système des Nations Uniesd’un Conseil de sécurité économique et social chargéde réglementer la mondialisation sur le plan socio-économique.

La Confédération mondiale du travail s’oppose auxdiktats et aux politiques des institutions financièresinternationales et exige, parallèlement, un contre-pouvoir visant à la dimension sociale de la mondiali-sation. Nous pensons que ce rôle doit être joué parl’OIT, rôle qui lui revient. Nous faisons des vœux pourque les conclusions de la Commission mondiale sur ladimension sociale de la mondialisation servent àchanger de cap vers une réelle gouvernance mondiale.

Je profite de cette occasion pour faire part de notreconviction de la nécessité d’améliorer le systèmenormatif de l’OIT pour mettre en œuvre un nouveaumodèle souple et renforcé destiné à moderniser lefonctionnement des différents mécanismes de contrô-le et de suivi de l’application des conventions et desrecommandations par les Etats. La Confédérationmondiale du travail est convaincue que ce n’est qu’enassouplissant et en renforçant le système normatif etde contrôle de l’OIT qu’il est possible d’instaurer unnouvel équilibre dans lequel les lois économiques,commerciales et financières soient subordonnées auxdroits fondamentaux de l’homme.

Je lance un appel à l’OIT pour qu’elle s’impliqueencore davantage pour renforcer sa présence et sonimportance auprès des institutions qui dirigent actuel-lement la mondialisation et qu’elle établisse desmécanismes plus forts de contrôle et de suivi des poli-tiques économiques et financières de ces organismesqui touchent tant, directement ou indirectement, lavie de millions de travailleurs et de travailleuses dumonde entier.

Enfin, je souhaiterais terminer mon intervention enmanifestant le rejet absolu par la CMT de toute formede terrorisme et en affirmant qu’aucune guerre n’estjuste lorsqu’elle vise des intérêts économiques. Unejustice n’est réelle que si elle respecte scrupuleuse-ment les libertés et droits fondamentaux des êtreshumains. Le respect par tous des règles établies auniveau mondial est en effet indispensable pour garan-tir les libertés et les droits fondamentaux des êtreshumains, pour construire un monde meilleur, pourque le monde puisse vivre en paix de manièredurable.

Original russe: M. NAGHIYEV (ministre duTravail et de la Protection sociale, Azerbaïdjan) —Permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma recon-naissance pour le rapport qui nous a été présenté. Jeme félicite du choix des thèmes à l’ordre du jour quiconfirment une fois de plus que les activités de l’OITont un but précis: contribuer à la justice sociale dans lemonde. Je m’associe aux orateurs précédents pourféliciter M. Somavia de sa réélection en tant queDirecteur général du Bureau international du Travail.

La question de savoir comment réduire le chômageen créant des emplois décents et productifs est l’undes éléments de la solution d’un problème de l’emploiqui s’est récemment aggravé dans de nombreux pays.

Grâce aux mesures prises par le gouvernement cesdernières années pour parvenir à la stabilité macro-économique, la situation socio-économique del’Azerbaïdjan commence à s’améliorer. En mêmetemps, l’Azerbaïdjan se différencie d’autres pays pardes caractéristiques qui lui sont propres. La transfor-mation politique et socio-économique se produit dansle contexte d’une agression menée depuis plus dedouze ans par l’Arménie et qui abouti à l’occupationde plus de 20 pour cent du territoire azerbaïdjanaisainsi qu’à la disparition de près de 4 000 entreprises

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industrielles et agricoles et de plus de 300 000 emplois.Un habitant sur huit est un réfugié ou une personnedéplacée. Tout cela aggrave bien sûr le problème del’emploi dans le pays.

Le gouvernement s’efforce de développer le systè-me de l’emploi par des mesures législatives et admi-nistratives afin de réduire la pauvreté en stimulant lacréation d’emplois productifs et durables. Le pro-gramme national par la réduction de la pauvreté et ledéveloppement économique qui a été adopté cetteannée est axé sur le problème de l’emploi. De l’effica-cité avec laquelle sera résolu ce problème dépend ledéveloppement de notre pays.

Les organisations internationales prêtent, elles aus-si, une grande attention à ce problème de notre pays.Avec le PNUD et l’OIT, nous avons entamé le proces-sus d’élaboration d’une stratégie de l’emploi qui défi-nira de nouvelles initiatives gouvernementales. Lapolitique de l’emploi en de la République d’Azer-baïdjan doit tenir compte de nombreux facteurséconomiques, sociaux, démographiques et autres quiinfluent sur le niveau et l’efficacité de l’emploi. Lacréation d’emplois de qualité suppose une politiquede stabilité macroéconomique. Un accent particulierest mis sur le développement d’un secteur non-pétro-lier, d’institutions du marché du travail, de foires del’emploi, de bourses de travail ainsi que de l’emploides handicapés, des jeunes, des réfugiés et des person-nes déplacées. Soucieux de coordonner les mesuresconcernant l’emploi avec d’autres aspects de la politi-que économique et sociale, le gouvernement travailleen étroite collaboration avec les syndicats et lesemployeurs.

La présente Conférence donne une impulsionpolitique et braque les projecteurs sur des problèmesqui appellent une coopération internationale surdes mesures prises par différents pays pour créer desemplois. On avait pensé que tous les peuples tire-raient profit de la mondialisation, mais, bien que lacroissance moyenne et d’autres indicateurs se soientaméliorés, les avantages de tels progrès sont inégale-ment répartis. Aux immenses progrès accomplis parcertains pays développés a correspondu l’aggravationde la pauvreté et des inégalités dans les régions peudéveloppées. Cela n’est propice ni à l’harmoniesociale ni a une prospérité productive, qui sontessentielles pour le progrès social. Dans ces condi-tions, je voudrais attirer votre attention sur la chosesuivante.

Du fait de l’interdépendance croissante des pays, lasituation économique internationale doit contribuer àl’emploi et à la réduction de la pauvreté. Dans ce con-texte les pays donateurs et les organisations interna-tionales doivent reconsidérer le coût social de larestructuration et trouver le moyen de prolongerla durée des projets visant à stimuler l’emploi dansles pays en transition.

Les pays développés doivent ouvrir leur marchéaux pays en transition.

Par exemple, une partie de la production de l’Azer-baïdjan pourrait trouver preneur dans les pays déve-loppés. Nous devons continuer à investir dans la qualitéde la main-d’œuvre et diversifier les exportations touten les adaptant constamment à l’évolution du marchémondial.

Pour être efficaces, les programmes de paysdoivent tenir compte des particularismes nationauxtels qu’ils s’expriment à travers les valeurs ethniqueset culturelles.

C’est pourquoi, sur la base des priorités nationaleset des solutions possibles aux problèmes de l’emploi,il faut absolument tenir compte de la capacité de laprincipale instance décisionnelle en matière d’emploià faire face aux problèmes ainsi que de l’expérienceacquise à l’échelle mondiale.

En conclusion, je voudrais encore une fois remer-cier les organisateurs de cette Conférence pour lesexcellentes conditions de travail dont nous bénéfi-cions.

Je remercie également le BIT et son Directeur gé-néral, M. Somavia, de continuer à aider la Républiqued’Azerbaïdjan à appliquer les principes de l’OIT et àse doter de bases sociales.

Original anglais: M. SWEENEY (conseiller techni-que et délégué suppléant des travailleurs, Etats-Unis)— Monsieur le Président, l’AFL-CIO est très heureu-se que le Directeur général ait consacré son rapport àla réduction et à l’élimination de la pauvreté par laméthode la plus efficace qui soit: garantir un travail àtout être humain qui le souhaite et en a besoin.

C’est un rapport factuel qui présente la situationsans détour. Je cite:«Alors qu’il n’y a jamais eu autantde richesses, ceux qui vivent dans la misère se comp-tent par millions.» Et le Directeur général de dresser,avec un art consommé, la liste de nos fautes à tous.Systèmes économiques et sociaux inefficaces, solu-tions politiques inadéquates, politiques de faillite etsoutien international insuffisant.

Pour vaincre le fléau de la pauvreté, il faut tout unéventail de moyens d’action mais surtout une déter-mination politique. Le rapport du Directeur généralnous place devant l’affreuse réalité d’une mondialisa-tion qui a permis à certains d’accumuler des richessesconsidérables tout en provoquant une aggravationscandaleuse de la pauvreté.

Même aux Etats-Unis, la nation la plus riche dumonde, la pauvreté monte en flèche. La disparité desrevenus et l’écart entre riches et pauvres n’ont jamaisété aussi grands, ils sont aussi les plus marqués de tousles pays industrialisés. A New York, dans ma ville,25 000 personnes gagnent 20 000 dollars par semaine,et 4 millions doivent subvenir aux besoins de leurs fa-milles avec moins de 20 000 dollars par an. A cause duralentissement de notre économie, le chômage se si-tue aujourd’hui à 6,1 pour cent, son niveau le plus éle-vé depuis huit ans. Beaucoup n’ont plus ni protectionsociale ni emploi. 41 millions de personnes n’ont pasd’assurance maladie et 75 millions se sont à un mo-ment ou à un autre trouvées sans couverture socialeau cours de ces deux dernières années.

En deux ans, nous avons perdu plus d’emplois— 2,4 millions — qu’à aucun moment au cours de cescinquante dernières années. A New York, 200 000 jeu-nes de couleur qui ont moins de 23 ans sont sanstravail, ce qui fait nécessairement augmenter ladélinquance.

Dans son rapport, le Directeur général indique labonne orientation à prendre pour éliminer la pauvretéet favoriser un mode de développement qui soitcréateur d’emplois de qualité, le micro-crédit pour lespauvres et la simplification des formalités juridiquespour aider les petites entreprises et les travailleursautonomes à obtenir les autorisations dont ils ontbesoin et à faire respecter leurs droits. Il faut renfor-cer les initiatives sociales en matière de santé dans leszones rurales et les coopératives, développer l’ensei-gnement de base et éliminer la discrimination.

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En outre, le rapport invite à juste titre l’OIT à co-opérer avec d’autres institutions des Nations Uniesafin de tirer profit des atouts de chacune d’elles ainsiqu’à s’assurer le soutien du FMI et de la Banquemondiale pour obtenir l’allègement de la dette. Ilpréconise aussi la participation des employeurs,des syndicats et de la société civile à l’élaboration desstratégies de réduction de la pauvreté. J’ajouterai quel’AFL-CIO prend note de la contribution à nulleautre pareille que l’OIT apporte et apportera dans lecadre de son activité normative à la prise en comptede la dimension sociale de la mondialisation. Rienn’est plus important dans notre lutte contre la pauvretéque la Déclaration relative aux principes et droitsfondamentaux au travail, car la liberté de s’organiseravec les autres est encore la meilleure façon de garan-tir que les travailleurs et leurs familles bénéficientd’une part équitable de la richesse qu’ils produisent.

Nous estimons que le plus difficile sera de créer unclimat dans lequel les travailleurs constitueront libre-ment les organisations de leur choix, afin de faireentendre leur voix au travail, au sein de leurs commu-nautés et auprès de leurs gouvernements par le biaisde la négociation collective. Bien trop souvent et dansbeaucoup trop de pays, y compris aux Etats-Unis, lestravailleurs qui cherchent à se syndicaliser font l’objetd’actes d’intimidation, ils sont harcelés, menacés,licenciés, et pire encore.

L’année prochaine, le rapport global en vertu dusuivi de la Déclaration relative aux principes etdroits fondamentaux au travail portera sur la libertésyndicale et le droit d’organisation de la négociationcollective. Nous espérons qu’il aura un grand retentis-sement.

L’AFL-CIO tient à féliciter le Directeur générald’avoir attiré l’attention sur la responsabilité desgouvernements corrompus et des malversations dumonde des affaires dans la persistance de la pauvreté.Cette corruption compromet partout le développe-ment. Nous devons donc intensifier nos efforts pourlutter contre le laxisme qui permet à des dirigeantsd’entreprise de piller leur propre société, de déroberles retraites de leurs salariés et de détruire descommunautés entières.

Nous remercions le Directeur général de sonrapport, de son action, nous l’assurons de notresoutien pour la mise en œuvre des recommandationsque contient le rapport.

Original espagnol: M. PALACIO BETANCOURT(ministre de la Protection sociale, Colombie) — Nousavons eu l’occasion hier d’entendre une présentationdu rapport du Directeur général, qui met en exerguele sujet de la pauvreté et celui du travail décent.

Ces thèmes, qui figurent en tout temps en bonneplace dans l’ordre du jour des pays en développement,le mien entre autres, peuvent être examinés selonplusieurs perspectives différentes, tout aussi respecta-bles les unes que les autres.

Je crois cependant qu’il est très différent de parlerde la pauvreté à Genève ou dans les pays du Nord etd’en subir les conséquences dans les pays en dévelop-pement. Disons pour employer d’autres termes que,si nous voulons aller au-delà de discussions parfoislongues et improductives pour agir véritablementcontre la pauvreté, il faut que les pays du Sud, àl’instar des pays du Nord, parviennent à uneintégration plus poussée, plus efficace et pluséquilibrée.

De la même manière, il est évident que les organisa-tions multilatérales, l’OIT entre autres, doivent coopé-rer davantage, c’est-à-dire être plus proactives et plusefficaces dans leurs relations avec des institutionstelles que la Banque mondiale et le Fonds monétaireinternational.

Il est vrai par ailleurs que, dans le contexte de lamondialisation, les ministres du Travail doivent jouerun rôle plus actif dans les discussions relatives auxtraités et accords commerciaux. Chaque traité dontnous débattons, chaque traité signé par nos paysdevrait comprendre un volet social qui permetted’analyser l’impact véritable du texte dans le domainesocial, et tout particulièrement dans le domaine dutravail.

Il nous faut comprendre en outre que les traités nedoivent pas être pris isolément: ils sont signés dans lecontexte de la mondialisation, qui rendrait nécessaireune meilleure communication et une meilleure co-ordination entre les gouvernements, entre lesemployeurs et entre les travailleurs. De même,les Etats des différentes régions du monde doiventfaire preuve d’une meilleure coordination.

Les organismes tels que l’OIT doivent par consé-quent comprendre que le changement s’applique àeux aussi et que, compte tenu du rythme rapide de lamondialisation, il leur faut élaborer et mettre enœuvre des instruments efficaces et rapides propres àfaciliter le passage de la théorie à la pratique.

Comme l’a dit le Directeur général hier, la stratégieprincipale pour lutter contre la pauvreté, c’est lacréation d’emplois décents. Il faut, pour ce faire, fairemontre d’une grande créativité et, surtout, d’unegrande capacité d’action, une action à laquelledoivent participer les employeurs, les travailleurs etles gouvernements, qui doivent pouvoir tirer parti del’existence d’organisations telles que l’OIT pours’adapter rapidement aux mutations entraînées par lamondialisation.

Je me permets maintenant une petite digressionpour vous transmettre les salutations du gouverne-ment colombien. Notre Président et toute l’équipegouvernementale se sont engagés pleinement pour ledéveloppement social et économique du pays. Nousne sommes pas sans savoir que nous sommes confron-tés à des problèmes graves, des problèmes structurelscomplexes qui se répercutent sur la situation sociale.Il faut que tous les acteurs de la société déploientdes efforts considérables pour remédier à cet étatde choses. Les gouvernements, les syndicats et lesemployeurs doivent se comporter de façon plus fermeet démocratique pour pouvoir élaborer de nouvellesformes de coopération qui, parce qu’elles s’inscrirontdans un dialogue social productif, permettront detrouver des solutions de remplacement efficaces pourélever le niveau de vie de tous les Colombiens.

J’aimerais pour finir saisir cette occasion pourrépéter encore une fois publiquement que le gouver-nement a pris des engagements par rapport à la nationet rappeler également que la Colombie, en tant quepays, est consciente de l’engagement pris auprès de lacommunauté internationale et d’entités telles quel’OIT. La présence du vice-Président de la Républi-que à cette même assemblée atteste de cette volonté.

Les résultats que nous présenterons jeudi prochaindevant la Commission de l’application des normes at-testeront des efforts déployés par le gouvernementpour améliorer la situation actuelle du pays et assurerson avenir.

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Nous lançons un appel à l’assistance et auxsyndicats et employeurs colombiens pour que nousparvenions ensemble à prendre conscience des res-ponsabilités qui nous incombent et, par conséquent, àles assumer. C’est ainsi seulement que nous pourronslaisser un monde meilleur en héritage à nos enfants.

Original anglais: M. FONG (ministre des Ressour-ces humaines, Malaisie) — Je voudrais tout d’abordféliciter le Président d’avoir été élu à l’unanimité pourconduire les travaux de cette 91e session de la Confé-rence internationale du Travail. Je voudrais égale-ment féliciter les Vice-présidents employeur ettravailleur de leur élection. Je suis certain que sousleur sage et compétente conduite, la Conférenceaccomplira son travail de façon profitable et efficace.

Je souhaiterais également m’associer aux précé-dents orateurs pour adresser de très cordiales félicita-tions à M. Juan Somavia, Directeur général de l’OITqui a été réélu à l’unanimité pour un second mandat.Nous le félicitons pour son excellent travail et lesimportants résultats qu’il a obtenus.

Ma délégation est heureuse de constater quependant trois années de suite le Directeur généralnous a soumis des rapports très innovants qui véhicu-lent une vision à long terme. Le premier rapport portaitsur le travail décent, c’est-à-dire la promotion desdroits au travail, l’emploi et la création d’entreprises,la protection sociale et le dialogue social, qui sontindéniablement des éléments essentiels à une vie dé-cente. La Malaisie soutient sans réserves la poursuitede l’Agenda pour le travail décent. En fait, il importede l’appliquer d’une façon vigoureuse puisque c’est làun élément essentiel pour briser l’engrenage de lapauvreté. Toutefois, le soin doit être laissé aux Etatsde fixer les priorités et le rythme auquel chacun de ceséléments deviendra réalité.

Le deuxième rapport du Directeur général portantsur la réduction du déficit de travail décent nous asensibilisés au fossé qui sépare les aspirations despopulations en matière de travail et la réalité qu’ellesconnaissent. A cette 91e session de la Conférenceinternationale du Travail, le Directeur général nousa montré les moyens par lesquels nous pourronséradiquer la pauvreté.

L’éradication de la pauvreté grâce à une croissanceéconomique accélérée et durable et un pouvoir d’ini-tiative accru de nos populations par l’éducation, de-meure la priorité absolue des pays en développement.Voilà qui créera le travail dont nous avons tant besoindans les pays en développement. Ce serait là lameilleure voie pour sortir de la pauvreté. Une opinionque partage le Directeur général dans son rapportcette année. La Malaisie pense que les compétenceset les connaissances sont essentielles pour améliorerla productivité, le revenu et l’accès aux possibilitésd’emploi. La formation continue de la main-d’œuvreest un impératif de survie dans un environnementcommercial globalisé, comme celui qui est le nôtreaujourd’hui. On ne répétera jamais assez que la con-naissance et les compétences sont des biens essentielsqui donnent à l’individu les moyens de demeurercompétitif, de trouver un emploi et de défendre sesdroits.

A cet égard, la délégation de Malaisie se félicite desefforts entrepris par l’OIT pour remplacer l’actuellerecommandation sur le développement des ressour-ces humaines, par un instrument plus dynamique quisoit plus adapté et plus utile aux Etats Membres et à

leurs partenaires sociaux. Voilà qui est très judicieux àl’heure de la mondialisation et des changementsqu’elle entraîne dans l’économie, sur les marchésdu travail et dans le monde du travail. Toutefois,on espère que ce remplacement tiendra compte dessuggestions qui ont été formulées par les différentsmembres de la Commission des ressources humaines,au titre du point 4 de l’ordre du jour.

Le rapport intitulé «L’heure de l’égalité au travail»lance un avertissement: ignorer l’accroissement des iné-galités socio-économiques dans le monde du travail re-vient non seulement à accepter un gaspillage de talentset de ressources humaines, mais pourrait avoir deseffets désastreux sur la cohésion sociale et nationale despays, sur leur stabilité politique et sur la croissance dansles années à venir. C’est la tâche la plus difficile à laquel-le est confrontée la société contemporaine et elle estessentielle pour la paix et la démocratie.

La délégation de Malaisie reconnaît que cet écartdoit être comblé. Ne pas traiter de la discriminationsur le lieu de travail engendrera une plus grande diffi-culté à relever les défis que posent, en particulier, ladimension sociale de la mondialisation et le besoin detenir compte de la diversité. La discrimination peutégalement perpétuer la pauvreté, freiner le dévelop-pement, la productivité et la compétitivité et engen-drer de l’instabilité politique.

La Malaisie regrette que perdure la discriminationcontre des groupes vulnérables, comme les femmes etles handicapés. Pour prouver qu’il souhaite protégerces groupes vulnérables, le gouvernement de laMalaisie a établi le ministère de la Femme et duDéveloppement de la famille, pour accroître le rôledes femmes dans la construction de la nation.

La mondialisation bouleversera l’ordre économi-que, politique et social tel que nous le connaissonsaujourd’hui. Il est certain que son impact sera énormesur la vie qui est la nôtre en tant que travailleurs etemployeurs et sur les gouvernements. C’est pour cetteraison que la mondialisation doit être maîtrisée, pourque tous puissent en bénéficier. Des efforts doiventêtre déployés pour aider les régions du monde lesmoins développées afin qu’elles puissent jugulerles effets négatifs de la mondialisation. Celle-ci, eneffet, ne doit pas seulement profiter aux entreprisesmais améliorer le bien-être de tous.

Compte tenu du climat difficile et incertain queconnaissent de nombreux pays, les demandes d’aideradressées à l’OIT se multiplient.

Dans ce contexte, la Malaisie espère que les paysde la région asienne bénéficieront d’une assistanceaccrue à l’avenir.

Original russe: M. MILOVANOVIC (ministre duTravail et de l’Emploi de la République de Serbie, Ser-bie et Monténégro) — J’aimerais tout d’abord félicitertrès chaleureusement M. Somavia de sa réélection auposte de Directeur général du BIT.

Il y a de cela deux ans, j’ai eu l’honneur de prendrela parole devant cette Conférence en tant que repré-sentant des nouvelles autorités démocratiques de cequi était à l’époque, la République fédérale de You-goslavie. Aujourd’hui j’ai le plaisir de me présenter àvous en tant que ministre du travail et de l’emploi dela Serbie représentant notre nouvel Etat, à savoirl’Union d’Etats de la Serbie et du Monténégro. Nousavons constitué une délégation tripartite complètereprésentée à part égale par les représentants despartenaires sociaux et du gouvernement.

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Aujourd’hui nous examinons le rapport généraldu Directeur général, M. Somavia, sur le thème S’af-franchir de la pauvreté par le travail. S’affranchir de lapauvreté est effectivement une tâche énorme pour unpays tel que le mien qui s’est engagé récemment dansun processus de transition et qui est aux prises avecdes problèmes de stabilisation politique et sociale.

Ces difficultés sont apparues plus évidentes avecl’assassinat du Premier ministre serbe, M. ZoranDjindjic, en mars de cette année et après ces événe-ments tragiques, le peuple serbe a resserré les rangsautour des forces démocratiques du pays. Je peuxvous assurer que nous avons l’intention de nous entenir aux réformes et au processus de transition quenous avons engagés.

La pauvreté est effectivement un grand problèmedans notre pays et notre gouvernement travaillent à lastratégie de réduction de la pauvreté. Le rapport duDirecteur général évoque, à juste titre, la complexitéde cette tâche, et je suis d’accord avec lui lorsqu’il ditque tous les éléments de la société devront unir leursforces pour résoudre ce problème complexe. En maqualité de ministre du Travail, j’aimerais dire combienil est important d’offrir un travail décent à toutes lespersonnes qui recherchent un emploi.

Nous, au gouvernement, nous consacrerons tousnos efforts à l’amélioration des conditions de travailet à la création d’emplois plus nombreux et demeilleure qualité. Je crois que nous pouvons comptersans réserve sur la coopération tripartite que nousavons instaurée à cette fin.

Notre tâche est particulièrement difficile dans laconjoncture économique internationale actuelle decroissance faible et de stagnation. Les conditions nesont guère favorables pour opérer cette transitionvers une économie de marché et mettre en œuvre larestructuration dont a besoin notre pays. Mais entremaintenant et les deux prochaines années, nous avonsl’intention de privatiser toutes les entreprises publi-ques. Toutefois, ces mesures risquent d’aggraverencore le problème du chômage.

Pour relever ces défis, nous envisageons de mettresur pied une stratégie nationale pour l’emploi corres-pondant à la stratégie de l’emploi recommandée parl’Union européenne, et nous allons lutter en particu-lier contre le chômage des jeunes et le chômagede longue durée ainsi que contre les problèmes derestructuration des grosses entreprises qui se posentpendant et après la privatisation. Nous voulons attirerles investissements étrangers directs et encouragerl’investissement national dans notre économie et lacréation de nouvelles entreprises.

Il y a également un autre défi qui se pose à nous, àsavoir le vaste secteur informel de notre économie. Legouvernement de Serbie mène une politique pouramener les entreprises et les travailleurs par des me-sures incitatives à sortir de cette économie parallèle.Dans le même temps, nous luttons contre le travail aunoir et nous avons l’intention de mettre en place unsystème intégré d’inspection du travail. A cet égard, jetiens à remercier d’ores et déjà l’OIT de nous avoiraidé à élaborer le concept de cette inspection moder-ne. Les Etats-Unis ont accepté de financer ce projet etj’espère que les services de l’OIT participeront égale-ment à cette procédure d’appel d’offres.

Il y a deux ans, j’ai exprimé l’espoir de voir la co-opération avec l’OIT se développer dans le domainedes méthodes normatives, scientifiques, et pratiquespour améliorer le développement économique et social.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous informer quenotre coopération avec le BIT a progressé et a étécouronnée de succès. Outre le domaine de l’inspec-tion du travail, nous avons également développé no-tre coopération pour l’élaboration de textes législatifsdans le cadre de la coopération tripartite en Serbie.Le dernier exemple en date de cette coopération estl’assistance apportée par l’OIT à un projet communavec le gouvernement autrichien, qui vise à améliorerl’emploi des personnes handicapées de Serbie.

J’aimerais par conséquent remercier, M. Somaviaainsi que ses services pour l’aide apportée à mon pays,et je peux les assurer que la Serbie et le Monténégrovont poursuivre leurs efforts pour préserver lesprincipes fondamentaux de justice sociale et de co-opération tripartite dans l’esprit de la Constitution del’OIT.

(M. Muhaisin prend place au fauteuil présidentiel.)

Original russe: M. LIPTAPANLOP (ministre duTravail, Thaïlande) — Je suis très heureux de me trou-ver devant cet auditoire distingué et souhaite toutd’abord féliciter le Directeur général et le Président.Je suis convaincu qu’ils sauront guider nos délibéra-tions avec diplomatie et dignité.

Je voudrais remercier le Directeur général pourle rapport présenté devant la Conférence. Lier lesefforts visant à réduire la pauvreté et à stimuler l’éco-nomie au monde du travail est essentiel dans le cadredu développement et de la mondialisation.

En Asie, des millions de travailleurs ne sont pas àmême de trouver un travail décent. Les gouverne-ments s’efforcent de promouvoir les droits au travailet d’élargir le dialogue social qui constituent les basesdu travail décent dans le cadre du développement.

Il y a deux choses que je souhaite porter à votre at-tention. Tout d’abord, après la 13e Réunion régionaleasienne, des plans d’action nationaux pour le travaildécent doivent être mis en place. Les échangesd’informations doivent être transparents et lesdonnées doivent être à jour dans le domaine del’emploi comme dans celui de l’impact des politiques,des activités et des programmes à tous les niveaux.

Deuxièmement, une économie mondialisée exigeune compétitivité au niveau national. Le mondedu travail et le monde des entreprises doiventmieux gérer les ressources humaines, comprendrel’économie du savoir et améliorer la qualité et laproductivité.

La Thaïlande a fait des efforts pour promouvoir letravail décent. Dans le cadre du programme: commecelui qui porte sur le développement de l’emploi fémi-nin (financé par le gouvernement du Japon), l’OITnous a fortement aidés. Mon gouvernement prévoitmaintenant un projet conjoint avec l’ONUDI et l’OITpour développer l’esprit d’entreprise dans les petitesentreprises, pour créer des emplois salariés et indé-pendants et pour améliorer les revenus de notrepopulation. Le développement du secteur informelexige de nouvelles qualifications, comme les techni-ques de gestion modernes.

Promouvoir la sécurité sur les lieux de travail, four-nir une protection sociale aux travailleurs et aider lesentreprises à se faire accepter socialement sont despriorités du gouvernement thaïlandais. Nous allonscréer un institut chargé de promouvoir la sécurité et lasanté professionnelles ainsi que la qualité du cadre detravail.

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Les agents sociaux et les groupes locaux seront inci-tés à se joindre à cet effort.

En plus de la création d’emplois, le gouvernementde la Thaïlande est préoccupé par la protection socia-le. Le Cabinet a d’ailleurs décidé récemment de lan-cer un régime d’assurance chômage. Sur la questiondes droits au travail, la convention (nº 138) sur l’âgeminimum, 1973, attend l’approbation du Cabinet, etnous envisageons sérieusement la ratification de laconvention (nº155) sur la sécurité et la santé des tra-vailleurs, 1981, de la convention (nº 87) sur la libertésyndicale et la protection du droit syndical, 1948, et dela convention (nº 98) sur le droit d’organisation et denégociation collective, 1949.

Le gouvernement thaïlandais a affecté 5 millionsde bahts à des études visant à évaluer la manière dontla Thaïlande est prête à rendre sa législation et sa pra-tique conformes aux conventions nos 87 et 98.

De nouvelles formes de relations salariat-patronatsont élaborées pour renforcer et encourager les liensentre les travailleurs et les employeurs. L’égalité dessexes s’est vu octroyer une priorité accrue dans la po-litique économique et sociale et les plans de dévelop-pement.

La question des travailleurs migrants nous préoc-cupe de plus en plus. La mondialisation et la libérali-sation du commerce et des investissements ont con-duit à une libéralisation des mouvements detravailleurs à l’intérieur des pays et au-delà des fron-tières des pays.

On se préoccupe à la fois des travailleurs étrangersen Thaïlande et des travailleurs thaïlandais qui quit-tent le pays. Nous négocions actuellement avec lespays destinataires pour améliorer les conditions detravail et protéger nos travailleurs. Nous faisons éga-lement en sorte que les travailleurs étrangers enThaïlande disposent de tous les documents et soientemployés selon les règles.

Nous souhaiterions que l’OIT nous aide à étudiercette question et apporte son appui aussi bien auxpays d’origine qu’aux pays d’accueil sur la question dela migration pour l’emploi.

Le gouvernement thaïlandais s’est engagé àpromouvoir le travail décent pour tous, à réduire lapauvreté et à améliorer les prestations économiqueset sociales. Certes, il reste beaucoup à faire et nousdemandons à l’OIT de nous apporter son appui tech-nique et les ressources financières nécessaires pourmettre en œuvre des mesures visant à combattre lapauvreté et l’exclusion et à promouvoir le travaildécent.

Le succès de nos efforts exigera une coopérationavec toutes les parties prenantes. Il nous faut sensibi-liser la société et favoriser la participation. Je deman-de donc à tous les Etats Membres par le biais de l’OIT,de trouver des manières créatives, de partager les ex-périences et les pratiques optimales et de redoublerd’efforts en vue d’aboutir à un terrain d’entente dansl’intérêt de tous.

Au nom du gouvernement de mon pays, je voudraisexprimer toute notre gratitude à l’OIT pour son rôleactif dans l’amélioration de la vie de tous les tra-vailleurs et le développement de nos pays.

Original russe: M. SHMAKOV (délégué des tra-vailleurs, Fédération de Russie) — Avant tout, je souhaiteféliciter le Directeur général du BIT pour la présenta-tion de son rapport et pour son analyse très profondeet très diverse de cette question si importante dans le

monde d’aujourd’hui: le travail décent, le développe-ment durable et l’éradication de la pauvreté.

Le Directeur général a tout à fait raison lorsqu’ildéclare que la pauvreté ne saurait être éradiquée pardécret ou par acte législatif et que finalement la routevers la prospérité est le résultat d’efforts soutenus detoute la société. Dans le cadre de l’Organisation inter-nationale du Travail, la communauté internationaleest représentée par les trois composantes du dialoguesocial dont dépend, au premier chef, le succès de lalutte contre la pauvreté en vue de faire progresser par-tout le travail décent et de parvenir à un développe-ment économique, social et écologique durable. Maisnotre conviction profonde est que le succès n’est paspossible tant que les trois composantes du dialoguesocial, et avant tout les gouvernements et les em-ployeurs, dont dépend la prise de décisions importan-tes dans le domaine économique et social, n’assumentpas pleinement leurs responsabilités face à ce défiglobal.

Les causes de la pauvreté sont diverses: insuffisan-ce ou absence de ressources, bas niveau de développe-ment résultant de facteurs objectifs et subjectifs etrelations de production insuffisamment développées.

En Russie, le problème de la pauvreté est gravedepuis déjà plus d’une dizaine d’années. La pauvretéen Russie revêt en outre une caractéristique nationa-le; près de 30 pour cent des travailleurs russes sontpauvres car leurs salaires sont non seulement insuffi-sants pour leur assurer à eux-mêmes et à leurs famillesdes conditions de vie décentes, mais encore sont infé-rieurs au minimum vital. Or il faut souligner que laRussie est un des pays les plus riches du monde de parses ressources naturelles et humaines. Mais la réparti-tion irrationnelle du produit national et la violationdes droits des travailleurs aboutissent à ce résultatque la majorité de la population travailleuse a des res-sources inférieures au minimum vital, ce qui aggravela fracture sociale dans notre pays. La situation desretraités et des chômeurs est encore pire.

Aujourd’hui, le salaire minimum représente25 pour cent du minimum vital en Russie. Lessyndicats russes estiment que le maintien d’une tellesituation n’est pas tolérable. Pour autant, malgréles protestations des travailleurs, le gouvernementainsi que le législateur ne se pressent pas de comblerce fossé, bien que le coût de la vie ne cesse d’augmen-ter.

Si, par exemple, l’Union européenne recommandede maintenir le salaire minimum au moins à 60 pourcent du salaire moyen, en Russie le rapport est de10 pour cent. La situation des travailleurs russes estencore aggravée par le fait que le salaire minimumne tient pas compte des charges de famille commele recommande l’OIT, et les allocations familialesmensuelles sont extrêmement basses.

Dans une telle situation, le système de protectionsociale revêt une importance particulière. Pourtant,les réformes menées par le gouvernement russe à cejour ont pris une orientation franchement libérale, quimenace tout le système de garanties sociales dansnotre pays et ne peut pas manquer d’alarmer tous lessyndicats russes.

La faiblesse générale des salaires est donc leproblème essentiel en Russie. Même dans les grandesentreprises multinationales russes qui vendent leurproduction sur les marchés étrangers, les salaires sontbien plus bas que dans les entreprises du même typedans les pays développés.

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En outre, nous n’avons pas encore liquidé complè-tement le problème des arriérés de salaires, alors queces salaires sont la source unique de revenus pour lamajorité de la population. Ces dernières années, il y aeu cependant un progrès. Le montant des arriérés desalaires a été divisé par trois, grâce aux efforts conju-gués des syndicats, du gouvernement et des em-ployeurs, et, pour beaucoup, grâce à l’aide de l’OIT,où le problème a été examiné à plusieurs reprisespar la Commission de l’application des normes de laConférence internationale du Travail.

En Russie, nous avons un dicton qui dit que pau-vreté n’est pas vice. Les syndicats russes ne sont pasdu tout d’accord avec ce dicton car nous considéronsque, si la pauvreté n’est pas un vice pour la personnequi se trouve dans une situation économique difficile,cela en est un pour la société car elle fait obstacle audéveloppement durable des peuples et de l’humanitétout entière. C’est pourquoi il faut éradiquer la pau-vreté partout et pour toujours.

M. AKOUÉTÉ (représentant, Organisation démo-cratique syndicale des travailleurs africains) — Aunom de tous les travailleurs africains affiliés à l’ODSTA,la régionale africaine de la Confédération mondialedu travail, je voudrais féliciter le Directeur généralpour sa réélection pour son second mandat ainsi queM. Wamalwa pour son élection à la présidence de laConférence.

Le rapport du Directeur général porte sur un thè-me qui intéresse à plus d’un titre notre organisation,car il porte sur un fléau que nous nous attelons chaquejour à tenter d’éradiquer en tant qu’organisation detravailleurs africains.

La pauvreté et ses conséquences aussi vicieusesque pernicieuses frappent durement les travailleursafricains et cela risque d’être le cas encore pendantdes années, si aucune solution à long terme n’esttrouvée.

A cet effet, il est bon de signaler que les remèdesproposés par les institutions financières n’ont pu avoirraison de la pauvreté en Afrique, car ils sont souventappliqués en ne tenant pas compte de la dimensionhumaine et des réalités pratiques du terrain enAfrique.

Au surplus, il est édifiant de constater que la mon-dialisation ne profite qu’à une minorité constituée es-sentiellement de multinationales des pays du Nord,qui s’enrichissent alors que les travailleurs des pays duSud dans lesquels elles sont implantées s’appauvris-sent davantage.

Le fossé économique et social déjà existant entreles pays du Nord et les pays du Sud se creuse chaquejour davantage, aggravant ainsi les inégalités sociales,et si rien n’est fait c’est le monde entier qui pourraiten souffrir car il nous faut garder à l’esprit l’une desprescriptions de la Déclaration de Philadelphie etje cite: «La pauvreté, où qu’elle existe, constitue undanger pour la prospérité de tous.»

S’affranchir de la pauvreté reste aujourd’hui l’exer-cice quotidien des travailleurs africains, qui ne man-quent pas d’initiatives, mais les problèmes liés aufinancement de ces initiatives restent entiers car lesétablissements financiers ne prêtent qu’à ceux quisont riches et pas aux pauvres.

Ces initiatives sont aussi bloquées par l’absence depolitique des Etats en matière de micro-entreprises.

En tant qu’Organisation des travailleurs africains,nous pensons que l’éradication de la pauvreté passe

d’abord par le respect des droits des travailleurs. Cerespect impose aux Etats la ratification et l’applica-tion des conventions et, surtout, les conventionsfondamentales.

Les institutions financières doivent mettre sur pieddes politiques économiques à visage humain tenantcompte des réalités et surtout des besoins réels despopulations en Afrique.

La coopération Nord-Sud et l’intégration régionaledevraient permettre aux Etats d’Afrique de luttercontre la pauvreté. Dans cette optique donc, nouspensons que les organisations sous-régionales et leNEPAD doivent mettre sur pied des politiqueséconomiques prenant en compte le social et les droitsdes travailleurs.

L’effacement total et sans condition de la dette despays pauvres reste aussi un des moyens de lutte contrela pauvreté et cela nous en sommes persuadés etconvaincus.

Nous ne saurions parler de pauvreté sans évoquerla question de la guerre en Iraq et de ses conséquencespour les travailleurs iraquiens. Il est connu de tousque les situations de guerre créent les conditions depauvreté extrême. C’est pourquoi nous demandonsque le peuple iraquien et l’Organisation desNations Unies soient impliqués dans la restaurationde la paix en Iraq.

La situation des travailleurs palestiniens dans lesterritoires arabes occupés est des plus préoccupantes,notamment en raison du conflit qui perdure danscette région et nous devons tous nous impliquerdans la résolution définitive de ce conflit.

Enfin, nous ne pourrions terminer notre propossans parler de la question du SIDA qui a, certes,été abordée dans le rapport mais pas sous l’angle desmédicaments et des soins alors que cet aspect nouspréoccupe le plus en tant que travailleurs africains.

En effet, en ce qui concerne le sida, aujourd’hui, leconstat est clair: les médicaments sont au Nord et lesmalades au Sud. Pour permettre aux pays du Sud engénéral, et à l’Afrique en particulier, de combattre lamaladie, il faut lui permettre l’accès aux médicaments, àdes prix accessibles à toutes les couches sociales.

Original espagnol: M. DEL RÍO (délégué des tra-vailleurs, République dominicaine) — Au nom duConseil national de l’unité syndicale (CNUS), compo-sé des quatre centrales syndicales de la Républiquedominicaine, la CTU, la CGT, la CNTD et la Confé-dération syndicale autonome classiste (CASC), dontje suis le secrétaire général, qu’il me soit permis toutd’abord de féliciter le Directeur général pour son ex-cellent rapport.

Il y a cinq ans, l’OIT adoptait la Déclaration desprincipes et droits fondamentaux au travail, qui réaf-firme la nécessité de respecter ces droits afin de ga-rantir la justice sociale dans le monde.

Même si notre pays est signataire des huit conven-tions qui servent de base à cette déclaration, nom-breux sont les droits qui continuent d’être enfreintspar des secteurs qui n’acceptent toujours pas les droitsdes travailleurs et des travailleuses, en particulier ledroit de liberté syndicale.

Nous nous inquiétons beaucoup de la réductionspectaculaire du nombre de syndicats et, bien évidem-ment, de la négociation collective. Il est évident quenous avons besoin d’un engagement accru de tous lespartenaires sociaux afin de mettre un terme à la viola-tion de ce droit fondamental.

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Le travail des enfants continue d’offenser notre so-ciété. Pourtant, nous le reconnaissons, le gouverne-ment, le secrétariat de l’Etat au travail, les organisa-tions syndicales et patronales et la société civiledéploient d’énormes efforts et ont bénéficié du sou-tien et de la coopération de l’OIT, dans le cadre del’IPEC, pour éliminer au moins les pires formesde travail des enfants. Nous constatons toutefoisque la pauvreté s’étend et touche la majorité de lapopulation. La pauvreté ne correspond pas auxchiffres fournis par les organisations financières inter-nationales. Elle frappe brutalement les gens et fait quedes milliers d’enfants et d’adolescents, garçons et filles,entrent dans le monde du travail, et sont soumis auxpires formes de travail des enfants, au lieu d’aller à l’écoleet de s’amuser comme les autres enfants de leur âge.

Cette réalité découle du modèle néo-libéral quiinspire la mondialisation de l’économie. Cette réalitéest aggravée par une politique antisyndicale qui freinel’autonomie collective, entraîne la détérioration desconditions de vie et de travail et la fermeture de peti-tes et micro-entreprises, provoque une hausse duchômage et conduit à des politiques d’assistancequi ne suffisent pas à lutter contre la pauvreté. Or ilfaudrait créer des emplois dignes et décents.

Cette situation difficile fait augmenter le nombrede travailleurs dans l’économie informelle, laquellecomporte des lacunes et ne garantit pas la protectiondes postes de travail.

L’égalité de chances et de traitement est consacréedans la loi mais, dans la pratique, les femmescontinuent d’entrer dans le marché du travail dans desconditions plus précaires et plus difficiles que leshommes. Cette situation est de plus en plus manifestedans notre pays.

Malgré toutes les difficultés, nous continuons àavancer sur la voie du dialogue et de la concertationet, de la sorte, nous progressons dans la mise en œuvrede la loi 87.01 qui a créé le système dominicain desécurité sociale. J’espère que nous continuerons dansce sens et que l’ensemble de la population seracouvert dans quelques années.

La question de la formation est prioritaire pournous, principalement la formation technique et pro-fessionnelle. Avec les employeurs, nous sommes entrain de promouvoir un programme d’homologationdes compétences, pour lequel nous aurons besoin dela coopération du BIT.

Avant de conclure, je souhaite protester énergique-ment, au nom de mon organisation, contre la violationflagrante de la liberté syndicale par le régime en placeà Cuba. En effet, le dirigeant syndical, Pedro PabloAlvares Ramos, secrétaire général du Conseil unitai-re des travailleurs cubains (la CUT, qui est affilié à laCentrale latino-américaine des travailleurs – Confé-dération mondiale du travail), a été condamné àvingt-cinq ans de prison, avec ses compagnons OscarEspinosa Chepe (vingt ans de prison), Carmelo DíazFernandez (quinze ans de prison), Alfredo FelipeFuentes (vingt-six ans de prison); tous ont été con-damnés pour avoir revendiqué leurs droits, conformé-ment à la convention (nº 87) sur la liberté syndicale etla protection du droit syndical, 1948.

Nous sollicitons officiellement la médiation del’OIT pour que Cuba applique cette convention etpour que soient libérés ces dirigeants syndicaux quiont été injustement condamnés.

Le monde actuel a de plus en plus besoin d’institu-tions comme l’OIT qui visent à promouvoir la liberté

syndicale et la paix, laquelle est le fruit de la justicesociale.

Aujourd’hui plus que jamais le préambule de laConstitution de l’OIT de 1919 est indispensable etd’actualité. Nous pouvons affirmer ensemble qu’une«paix universelle et durable ne peut être fondée quesur la base de la justice sociale.»

Original arabe: M. AL KUHLANI (délégué des tra-vailleurs, Yémen) — Au nom de Dieu, Clément etMiséricordieux, je voudrais au nom des syndicatsyéménites féliciter chaleureusement le Président pourson élection à la tête de cette importante session.

Cette session est différente des autres puisqu’elletraite des questions sociales les plus importantes àsavoir l’éradication de la pauvreté et d’autresquestions tout aussi importantes.

Je voudrais aussi féliciter chaleureusement leDirecteur général du BIT pour sa réélection. Lors deson précédent mandat il a œuvré en faveur de l’amélio-ration de la gestion de cette organisation et desméthodes de travail.

Je voudrais aussi évoquer le contenu du rapport duDirecteur général pour ce qui est de l’éradicationde la pauvreté. La pauvreté est l’un des problèmessociaux les plus graves dont souffrent nos sociétéset plus particulièrement les sociétés des pays endéveloppement pour lesquelles elle représente uncauchemar.

La pauvreté s’est répandue au cours des dernièresdécennies pour toucher beaucoup de populations depar le monde, y compris les enfants. Les enfants sontles jeunes de demains et la prochaine génération. Der-rière ce phénomène se cachent les effets de la mondia-lisation qui a négligé les dimensions sociales et humai-nes, qui a réduit le développement économique et lesressources nationales. Cela a entraîné l’extension del’analphabétisme parmi les jeunes, l’augmentationdes taux de chômage, l’explosion démographique etl’aggravation du phénomène du travail des enfants.Tous ces phénomènes ont été signalés dans le rapportà côté d’autres questions. Le rapport a proposéplusieurs solutions, à savoir la prise en compte desdimensions sociales, le développement économique,la création d’emplois et la réduction du phénomènedu travail des enfants.

L’adoption des stratégies pour les années à venir estd’une grande importance en vue de résoudre lesproblèmes économiques et sociaux des pays en déve-loppement et de créer des emplois tout en assurantla sécurité sociale, la protection contre la pauvreté, lapromotion de l’investissement et le renforcement descapacités des syndicats afin qu’ils jouent un rôle dansla fourniture des services, l’assistance et l’éducation.

Le dialogue tripartite est important, voire essentiel,pour faire face aux problèmes. Pour que les syndicatsdeviennent un partenaire social, il faudrait les faireparticiper au processus de la prise de décisionsconcernant la vie économique et sociale. Il ne sauraity avoir de développement économique sans partena-riat social.

Le Yémen a réalisé des progrès au niveau du déve-loppement de la démocratie et des droits de l’homme.Les élections parlementaires du 27 avril 2003 ont mar-qué un progrès par rapport aux élections précédentespar leur transparence et leur organisation. Les syndi-cats yéménites y ont joué un rôle de première impor-tance par leur participation au déroulement de cesélections et à leur contrôle. Le nombre d’observateurs

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locaux a atteint environ 30 000 personnes, y compris20 pour cent de syndicalistes venant des différentesprovinces. Cela renforce la mise en place des institu-tions et l’élargissement de la participation de tous lescitoyens.

Je voudrais aussi évoquer ce qu’a réalisé le mouve-ment syndicaliste au Yémen. C’est ainsi qu’une loi aété promulguée sur l’organisation des syndicats destravailleurs et qui a pris en compte les normes interna-tionales du travail et les conventions des droits del’homme relatives au droit d’associations, à la libertéd’expression et aux négociations collectives. Nouscontinuons à travailler en coordination avec legouvernement et les employeurs pour développer leslégislations du travail et celles relatives à la sécuritésociale ainsi que la loi sur la pension et l’assurancemédicale.

Je voudrais remercier le Directeur général de cetteOrganisation et son Conseil d’administration ainsique le bureau régional de Beyrouth et plus particuliè-rement le département chargé des activités pour lestravailleurs pour l’assistance technique qui nous a étéfournie et qui a permis de développer les capacités dessyndicats yéménites de même que celles des femmesdans le domaine du travail syndical.

Nous attachons une grande importance au problèmedes travailleurs dans les territoires arabes occupés etaux souffrances vécues par la société palestinienne,du fait des circonstances difficiles créées par l’occupa-tion israélienne. C’est ainsi que nous assistons à ladestruction des infrastructures, la migration forcéedes travailleurs, des enfants, la démolition des mai-sons, le déplacement forcé et la violation des droitsdes habitants. Tout cela a lieu dans les territoires pa-lestiniens, le Golan syrien, au Sud-Liban et en Iraq etcette situation ne peut en aucun cas mener ni à la paix,ni à la sécurité, ni à la stabilité. Bien au contraire elleaggrave le conflit. Elle est une violation flagrante detoutes les normes internationales et de tous les droitsde l’homme.

Original espagnol: M. ECHEVARRÍA SALDA-RRIAGA (conseiller technique et délégué suppléant desemployeurs, Colombie) — J’aimerais me faire l’écho,au nom de la délégation de la Colombie, des messagesde félicitations adressés au Président et aux membresdu bureau pour leur élection. Je tiens à féliciter égale-ment le Directeur général de sa réélection. Nous som-mes prêts à collaborer pleinement avec lui pour qu’ilpuisse mener à bien sa mission.

Le rapport présenté par le Directeur générals’inscrit dans la continuité des rapports présentés lorsdes deux Conférences précédentes. La lutte contre lapauvreté est une question qui doit être envisagée dansune perspective globale et discutée notammentdans un cadre tripartite, conformément aux objectifsde l’OIT. Assurer l’accès des personnes en situationprécaire à de meilleures conditions de vie est unobjectif qui doit être visé non seulement par l’OIT,mais aussi par l’ensemble des organisations du systèmedes Nations Unies, et ce par le biais de leurs program-mes et activités spécifiques.

La lutte contre la pauvreté est un objectif qui con-cerne l’humanité tout entière et demande l’union desefforts de chacun. L’OIT doit contribuer à cette tâche,sans pour autant être appelée à tirer l’humanité de lapauvreté.

Le Directeur général fait allusion à différents outilspropres à servir la lutte contre la pauvreté. Faute de

temps, je n’en citerai qu’un seul, la contribution quel’Organisation peut apporter aux différents gouverne-ments en vue du retrait des obstacles qui empêchentla participation de certains pays à la mondialisation. Ilne fait aucun doute que la coopération technique et ledialogue social sont à même de favoriser la saine ges-tion des affaires publiques, lutter contre la corruption,lever les formalités excessives propres à décourager lacréation d’entreprises, améliorer la formation profes-sionnelle, accroître la productivité et promouvoir l’ac-quisition de qualifications sur le lieu de travail. L’OITpeut participer aux initiatives tendant à aider les gou-vernements à atteindre par leur action les objectifssuivants: améliorer les infrastructures matérielles etles communications, assurer la répartition judicieusedes ressources budgétaires grâce à une politique dedépenses publiques adaptée et une réduction des im-pôts, reconnaître le droit de propriété et l’initiativeprivée, promouvoir la politique de l’emploi et la créa-tion d’entreprises et, enfin, faciliter l’octroi de crédits,notamment aux petites et moyennes entreprises. Jepourrais citer d’autres activités, mais celles-ci dépas-sent la capacité d’une seule organisation. En effet, letravail décent dépend de la création de conditions fa-vorables à un investissement productif, conditionsqui dépendent à leur tour des objectifs que je viens dedécrire.

Dans le cas de la Colombie, il convient de tenircompte en outre d’un facteur déterminant pour lacroissance et le bien-être social. Il s’agit de la sécurité,sécurité des personnes mais aussi sécurité économiqueet juridique. Des progrès importants ont été réalisésdans ce domaine dernièrement. Il ressort ainsi d’uneenquête effectuée par l’ANDI que la sécurité nefigurait plus qu’au quatrième rang des préoccupationsdes chefs d’entreprise colombiens l’année passée,contre le deuxième auparavant. La présence de l’Etatest plus apparente, ce qui accroît la confiance, laconsommation des ménages repart de même quel’investissement. La violence a diminué dans tous lessecteurs, y compris en ce qui concerne les assassinatscontre la personne de syndicalistes. Ces améliorationsont eu des répercussions sur le PIB, qui a augmentéde 3,8 pour cent au cours du premier trimestre del’année, un niveau que le pays n’avait plus atteintdepuis huit ans.

L’action de l’Etat et les mesures législatives ne suf-fisent pas à expliquer à elles seules l’amélioration desfinances publiques et les créations d’emplois. L’OIT aégalement joué un rôle important à cet égard par lebiais du programme de coopération technique ap-prouvé par le Conseil d’administration il y a deux ans.Dans le domaine des entreprises, nous avons toujourspensé que la Colombie n’avait pas tant besoin desanctions que de l’appui de la communauté interna-tionale pour renforcer les institutions démocratiqueset lutter contre la violence issue du conflit interne quifrappe sans distinction tous les secteurs de la société.

Dans le cadre de ce programme de coopération,nous autres employeurs avons organisé dans différen-tes villes du pays des réunions en vue de diffuser lesprincipes fondamentaux au travail. Nous avons orga-nisé plusieurs ateliers régionaux pour discuter entrenous des différentes méthodes pouvant permettre derésoudre les conflits. Au cours du second semestre,nous espérons pouvoir présenter à la commission dutravail, avec l’aide du BIT, un projet de systèmed’arbitrage d’un type nouveau, en vue de résoudre lesdifférends individuels et collectifs de façon accélérée.

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Il faut peut-être pour aller dans ce sens améliorer lefonctionnement de la commission interinstitutionnellepour la résolution des cas soumis à l’OIT. Avec l’aide dugouvernement, les employeurs et les travailleursdevraient pouvoir éviter que des cas pouvant être réglésen Colombie fassent l’objet de décisions à Genève.

Je souhaite dire pour conclure que ce sont les par-tenaires sociaux qui doivent renforcer les institutionsdémocratiques et lutter contre la violence. Il ne faitaucun doute que le dialogue est l’instrument idéalpour parvenir à cet objectif.

Original espagnol: M. GURDIÁN CASTELLÓN(ministre du Travail, Nicaragua) — C’est pour moi ungrand honneur et un privilège de pouvoir m’adresserà vous et de pouvoir exprimer toute ma reconnaissan-ce au Président de la 91e session de la Conférence in-ternationale du Travail, le vice-Président du Kenya, etau Directeur général pour le sujet du rapport de cetteannée. Cela prouve que l’OIT partage avec nous unedes principales préoccupations de notre époque quireprésente d’ailleurs une menace pour le développe-ment durable de nombreuses populations, à savoir lapauvreté.

Nous reconnaissons le fait que nous traversons unecrise sociale et que nous devons nous engager à lacombattre. J’en veux pour preuve la pauvreté généra-lisée, la faim, la malnutrition, le travail des enfants, lefait que 2,2 millions de Nicaraguayens, pratiquement40 pour cent de notre population, gagnent moins d’undollar des Etats-Unis par jour afin de satisfaire leursbesoins alimentaires de base.

Ainsi, l’objectif principal de la stratégie de réduc-tion de la pauvreté — réduire de moitié l’extrêmepauvreté d’ici à l’an 2015 — constitue pour nous undéfi énorme.

Mais cela ne sera réalisable que si nous réussissonsà renverser la tendance à la baisse des investissementsenregistrée ces dernières années en faisant passer l’in-vestissement public de 11,5 pour cent du PIB, commecela est prévu pour 2003-2005, à des niveaux supé-rieurs à 13 pour cent. Il est indispensable d’arrêter deconcevoir l’investissement public comme une variablede l’ajustement au déficit budgétaire endémique. Ildoit en effet devenir un instrument de promotion desinvestissements privés et devenir le moteur de lacroissance économique et du développement.

Pour que les salaires des travailleurs à revenus mo-destes puissent augmenter et se stabiliser, il faudraadopter une approche qui intègre l’augmentation dela productivité et de la rémunération, de mêmequ’une augmentation du pouvoir d’achat et une con-solidation de notre structure sociale. En outre, il estextrêmement important de sensibiliser les acteurs dela production à cette nouvelle réalité économique etde les inciter à prendre une part très active à l’amélio-ration des conditions de vie de notre population.L’adoption conjointe par les travailleurs, les em-ployeurs et le gouvernement d’une politique nationa-le de l’emploi confirme que l’élimination de la pau-vreté est un sujet de préoccupation pour toute lasociété, et il faut, pour en finir avec la pauvreté, unferme engagement tripartite.

Il y a d’autres éléments qui peuvent améliorer lelien entre le travail et le développement d’une nation.

La productivité du travail est étroitement liée auniveau de qualification des travailleurs, qui est fonc-tion des années de scolarité mais aussi de la formationqu’ils ont reçue en cours d’emploi.

En résumé, notre croissance économique n’estpas encore suffisamment dynamique pour générerdes emplois pour la plupart de nos citoyens et pourqu’ils aient accès à un emploi productif, bien rémuné-ré, et qu’ils puissent l’exercer dans des conditions deliberté, d’équité, de sécurité et de dignité. Cependant,le défi que veut relever notre gouvernement actuel,celui d’Enrique Bolaños Geyer est la création d’unemploi digne grâce à l’investissement national et àl’investissement étranger.

De même, la modernisation de l’Etat, de la législa-tion et des institutions est impérative pour garantirla stabilité et un développement humain durable. Unprocessus de modernisation doit aller au-delà deschangements pratiques et opérationnels. Il faut en re-voir la nature, la portée, le concevoir dans ses limitesmais le doter de caractéristiques indispensables pourqu’il puisse exercer une fonction de coordination del’Etat, moyennant quoi l’être humain pourra être aucentre du processus de développement.

Pour conclure, je réitère mon appel afin qu’ensem-ble nous déployions des efforts pour créer des emploisproductifs. Je demande également aux organisationsinternationales, et principalement à l’OIT ainsiqu’aux gouvernements amis, de nous apporter leurferme appui pour que l’on évite que les pauvres conti-nuent à mourir à cause d’une pauvreté qui perdure.

Original anglais: M. OTANG (Président du Conseild’Etat, République de Kiribati) — Je voudrais me fai-re l’écho des intervenants précédents pour féliciter lePrésident, ainsi que ses Vice-présidents, à l’occasionde leur élection dans leurs différentes fonctions. Jevoudrais aussi saisir cette occasion pour exprimer tou-te ma gratitude au Président du Conseil d’administra-tion, Lord Brett, pour le rapport sur les activités quiont été mises en œuvre par le Conseil d’administrationpendant la période allant de juin 2002 à juin 2003.

Le Conseil d’administration a réalisé un excellenttravail pendant cette période. Permettez-moi d’expri-mer au nom du gouvernement de la Kiribati tous nosremerciements à Lord Brett pour avoir servi l’OITavec dévouement et engagement pendant bon nom-bre d’années. Comme il s’apprête à quitter l’OIT dansun avenir proche je voudrais lui souhaiter beaucoupde succès dans ses projets futurs.

Permettez-moi également de féliciter le Directeurgénéral, M. Somavia, à l’occasion de sa reconductionpour un mandat de cinq ans. Le travail excellent dontil a fait montre, pour rationaliser les activités de l’OITet les intégrer dans une proposition globale, celle dutravail décent, où l’être humain se trouve à l’avant-poste du développement, et une budgétisation quipréconise une augmentation substantielle des créditsalloués à nos régions m’ont convaincu du fait que sanomination va dans le sens du monde du travail etmérite d’être soutenue par tous les délégués à cetteConférence.

Je dois vous dire que Kiribati appuie pleinement leprogramme du travail décent, dont l’objectif principalest d’éradiquer la pauvreté. Pour arriver à cette fin,Kiribati veut mettre en œuvre les principes et droitsfondamentaux au travail. L’emploi décent est déjà uneréalité chez nous. La protection sociale a été amélio-rée et les différentes parties sont engagées dans undialogue social fructueux pour décider de toutes lesquestions qui les intéressent. Cela donne des relationsde travail harmonieuses, un développement équilibréet une croissance durable. Cependant, comme nous

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sommes une petite nation en développement qui con-naît des défis différents des autres pays nous adopte-rons une stratégie particulière pour ce qui concerne letravail décent et des politiques et des mesures quiseront adaptées à nos réalités.

Pour traduire ce plan d’action de travail décent entermes concrets, il faut absolument adopter uneapproche plurielle, avec un aspect économique, unvolet social et une dimension politique. Cela bien sûrexige connaissance, savoir-faire, détermination etdévouement si l’on souhaite que le travail décent sedéveloppe et se fasse avec le plus grand sérieux.

L’OIT a les connaissances et le savoir-faire néces-saires pour appliquer et réaliser ce programme à Kiri-bati. C’est pourquoi je demande à l’OIT de suivrede près l’évolution de ce programme à Kiribati et denous prêter main-forte le cas échéant. Notre positiona été précisée au bureau régional pour l’Asie-Pacifi-que et je me réjouis de bénéficier de l’assistance del’OIT les prochains mois.

Je tiens à exprimer mes remerciements à l’OITpour le rapport sur le travail décent intitulé: «AnAgenda for Development and Dignity», qui met enlumière les déficits en travail décent des pays du Paci-fique du Sud. Ce rapport a été examiné lors d’un sémi-naire sous-régional qui s’est tenu à Fidji, après quoiKiribati s’est lancé dans l’élaboration d’un plan d’ac-tion pour le travail décent. L’OIT a aussi produit deuxrapports spécifiques pour Kiribati qui élargissent etrenforcent nos activités dans ce domaine. Les thèmesde ces rapports sont le travail décent dans le secteurmaritime, avec les conditions de travail et de vie desgens de mer à Kiribati, et la sécurité et la protectionsociales.

Je dois vous dire, à l’heure qu’il est, que l’OIT àSuva ainsi que son équipe pluridisciplinaire à Manillenous offrent un appui soutenu depuis un bon moment.L’assistance de ces deux bureaux a été d’une trèsgrande utilité pour Kiribati.

Je voudrais vous souhaiter, comme le veut notretradition ancestrale: «Te Mauri, Te Raoi, ao Te Tabo-moa». Santé, paix et prospérité.

Original anglais: M. MAGAYA (ministre du Tra-vail et de la Réforme administrative, Soudan) —Permettez-moi de féliciter le Président à l’occasionde son élection pour conduire les travaux de la91e session de la Conférence internationale du Tra-vail. C’est un honneur pour nous tous de le voir occu-per cette position aujourd’hui. Nous ne doutonspas que, grâce à sa sagesse et son expérience, il sauraguider la Conférence vers des résultats fructueux.

Je voudrais également remercier le Directeur géné-ral de son rapport consacré aux relations entre le travaildécent, la réduction de la pauvreté et le développe-ment. Par le biais de l’adoption de l’Agenda pour letravail décent, les principes de base de l’OIT ont étémis à l’avant-garde et on leur a accordé toute la valeuret tout le poids qu’ils méritent. Nous pensons que lapromotion et la réalisation des droits fondamentauxau travail, de la sécurité de l’emploi, de la protectionsociale et de la promotion du dialogue social sont deséléments clés du développement et de la lutte contrela pauvreté.

Une vaste pauvreté, le chômage et le sous-emploicompromettent les droits fondamentaux de l’hommeet la dignité des individus et des communautés qui ensont victimes et ces fléaux représentent une menacepour la stabilité politique et sociale. Nous pensons

que l’éradication de la pauvreté et la promotion depossibilités de production accrues devraient compterparmi les plus hautes priorités de la politique socio-économique des pays en développement en général etd’Afrique en particulier. Nous pensons que cela pour-rait se réaliser si les points suivants recevaient toutel’attention qu’il convient. Premièrement, il faudraitprocéder en permanence à un examen des stratégiesde mise en valeur des ressources humaines et les ac-tualiser afin que les individus puissent être employéset soient informés. La formation continue contribueau développement économique, permet de parvenirau plein emploi et de lutter contre l’exclusion sociale.Elle aide les individus à avoir accès à un travail décentet à de bons emplois qui leur permettent d’échapper àla pauvreté et à la marginalisation. Deuxièmement, ilfaut aider et encourager les exportations agricoles carla majorité de la main- d’œuvre des PMA travailledans le secteur agricole. Troisièmement, il faut encou-rager et développer les petites et moyennes entrepri-ses et les projets des travailleurs indépendants.Quatrièmement, il importe de développer et d’élargirles réseaux de sécurité et la sécurité sociale pourréduire les effets du chômage et de la pauvreté.Les efforts à cet égard doivent être dirigés vers lelancement de programmes locaux qui permettent decontenir les effets ravageurs de pandémies telles quele VIH/SIDA et la malaria. Cinquièmement, il fautrenforcer le dialogue social sur les programmes deréformes économiques et promouvoir la coopérationentre les travailleurs et l’administration lors de l’exa-men des ajustements structurels, afin d’améliorer lesperformances sur le marché du travail et la protectiondes droits des travailleurs.

L’OIT a un rôle majeur à jouer dans l’atténuationde la pauvreté et l’amélioration du développementgrâce à la mise en œuvre des principes du travaildécent et des quatre objectifs fondamentaux. Dans cecontexte, nous tenons à souligner que la coopérationtechnique est extrêmement nécessaire aux paysafricains, étant donné que l’OIT n’est pas une institu-tion de financement, elle est encouragée à élaborerdes politiques et des programmes en collaborationavec des institutions financières dans des domainesqui ont trait à la création d’emplois et à la réductionde la pauvreté, et à rechercher également des ressour-ces extrabudgétaires pour appuyer ses programmesde coopération technique.

Si on examine le cas du Soudan en ce qui concernele travail décent, il faut reconnaître que de nombreuxprogrès ont été accomplis. On peut rappeler ainsi quela Constitution du Soudan de 1998 consacre les droitsde l’homme fondamentaux, y compris le droit d’orga-nisation. Par ailleurs, une politique a été adoptéevisant à promouvoir l’agriculture pour absorber unegrande partie de la force de travail et à établir des pro-jets de travail indépendant et de travail intensif. Laformation professionnelle est soutenue et développéedans tout l’Etat. Le Soudan a ratifié sept des huit con-ventions fondamentales. Cette année l’OIT a enregis-tré la ratification, par le Soudan, des conventionsnos 138 et 182 sur les pires formes de travail des enfants.

Le bénéfice des régimes de pension et de sécuritésociale a été étendu à un plus grand nombre detravailleurs et couvre davantage de prestations etde zones.

Le montant des pensions a été fortement accrupour compenser les effets néfastes dus à l’inflation.Dans le domaine de la sécurité, le Soudan a pris des

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mesures en vue de ratifier la convention n° 184 sur lasécurité et la santé dans l’agriculture.

Le développement économique et social duSoudan est compromis par la guerre civile qui perduredepuis des décennies. Cela a causé des déplacementsde personnes, l’accroissement du nombre des réfu-giés, des pertes en vies humaines et une pauvretéaccrue. Le gouvernement du Soudan a accueilli favo-rablement de nombreuses initiatives pour instaurer lapaix et faire cesser la guerre. L’une de ces initiativesest celle de l’Autorité intergouvernementale pour ledéveloppement (IGAD) conduite sous l’égide dugouvernement du Kenya. Dans le cadre de cetteinitiative, un protocole détaillé pour la conduite denégociations a été conclu pour permettre finalementd’arriver à un accord de paix global. Cet accord aabouti à la signature d’un accord de cessation des hos-tilités prévoyant la mise en place de mesures propres àrenforcer la confiance. Pour le moment, les négocia-tions se poursuivent sur des points litigieux dans lecontexte du protocole. Nous sommes confiants qu’unaccord de paix final sera conclu prochainement,mettant ainsi un terme à la guerre civile. Nous tenonsà féliciter chaleureusement tous les pays amis del’IGAD qui aident les protagonistes à trouver unesolution pacifique à leur différend. Nous comptonssur l’assistance de l’OIT et de la communauté interna-tionale pour aider le Soudan dans son processus deréhabilitation, de réinstallation des personnes dépla-cées et de reconstruction. Nous attendons aussi beau-coup de la discussion de la situation des travailleursdes territoires arabes occupés dans le cadre de la séan-ce spéciale consacrée à cette question.

Original espagnol: M. ORTEGA NADAL (délé-gué des employeurs, République dominicaine) — Ladélégation des employeurs de la République domini-caine a le plaisir de transmettre le salut des em-ployeurs aux délégations qui assistent à la présentesession de la Conférence internationale du Travail.Nous nous félicitons du rapport du Directeur général.Lutter contre la pauvreté incombe non seulement àceux qui élaborent les politiques publiques, mais aussià l’ensemble de nos sociétés. Pour lutter contrela pauvreté, il faut améliorer l’éducation primaire, lasanté et la sécurité au travail, la formation profession-nelle et les politiques de promotion de l’emploi, etmieux utiliser les accords de libre-échange et le déve-loppement scientifique et technique, lequel est essen-tiel pour que nos sociétés soient plus concurrentielleset très productives. Pour lutter contre la pauvreté, ilfaut une attitude sérieuse et cohérente des gouverne-ments, la coopération des institutions multilatérales,la participation démocratique de nos populations etun tripartisme effectif.

Il faut aussi recourir aux normes des organismesinternationaux. Enfin, la lutte contre la pauvretédépend de l’importance accordée dans les budgetsnationaux à l’éducation, à la santé, et à la formationprofessionnelle entre autres.

On ne saurait oublier que la création de débouchéset de postes de travail décent dépend de conditionsfavorables à l’investissement productif et au dévelop-pement de l’esprit d’entreprise, et de la responsabilitésociale des employeurs.

La République dominicaine a ratifié les huit con-ventions fondamentales du travail et nous les appli-quons pour parvenir aux meilleures pratiques requi-ses. Nous avons privilégié l’adaptation de l’appareil

productif national à la mondialisation, aux accordsconclus dans le cadre de l’OMC, à la mise en place del’accord de libre-échange des Amériques et au nouvelaccord d’association entre les pays ACP et l’Unioneuropéenne. Nous tenons compte aussi des questionstelles que le VIH/SIDA, le travail des enfants, lesecteur informel, les problèmes que rencontrent lespetites, moyennes et micro-entreprises, et le renforce-ment de la culture du dialogue et de la concertation.

Dans notre pays, sur la base de la citoyennetéd’entreprise, nous exécutons des programmesd’investissements sociaux par les entreprises, avecl’aide de la Banque interaméricaine de développe-ment et d’autres organisations internationales, afin decombattre la pauvreté.

Nous disposons dans notre pays d’un conseil consul-tatif du travail tripartite qui examine les politiquesdu travail afin de maintenir des relations profession-nelles harmonieuses.

Par ailleurs, il existe un cabinet social public auquelles employeurs et le gouvernement participent. Il per-met de promouvoir le travail décent et d’accroîtrel’employabilité à l’échelle nationale. De même, dansplusieurs localités du pays, on promeut des program-mes qui visent à scolariser les enfants que leurspropres familles ont envoyés travailler pour assurerleur subsistance alimentaire.

Nous estimons toutefois que le secteur de l’entre-prise se heurte à des obstacles dus notamment à lavolatilité des taux de change à des taux d’intérêtélevés, à des politiques financières qui contribuent àdiminuer le niveau de vie, à des chocs économiquesextérieurs et à des erreurs de politique intérieure.

Enfin, nous considérons que l’OIT est l’organisa-tion internationale compétente pour tout ce qui a traitau respect des principes et des droits fondamentauxau travail. Nous pensons que les accords commer-ciaux ne doivent pas prévoir des clauses sociales etqu’il n’est pas nécessaire de disposer d’autres organi-sations régionales dans ce domaine. Nous lançonsdonc un appel à l’OIT, au système des Nations Unieset aux institutions de Bretton Woods pour qu’ils co-ordonnent des politiques cohérentes et compatiblesavec les politiques intérieures, afin qu’ils placent aucentre de leurs programmes d’assistance technique etfinancière plusieurs questions — chômage, inflation,baisse des taux de change, d’intérêts élevés, detteextérieure, insertion de nos pays dans l’économieinternationale ou création de postes de travail décent —,cela pour tenir compte des peuples qui sont représentésdans cette organisation excellente et humaniste qu’estl’OIT.

Original anglais: M. MLANGA (ministre du Tra-vail et de la Formation professionnelle, Malawi) —Je voudrais, en premier lieu, présenter les salutationsdu gouvernement de la République de Malawi, le cœurde l’Afrique que certains ont appelé la Suisse del’Afrique.

C’est un grand honneur pour moi de m’adresserà cette session de la Conférence internationale duTravail, au nom du gouvernement de Malawi et de sonPrésident, son Excellence le docteur Bakili Muluzi,qui souhaitent à la Conférence plein succès dans sestravaux.

En ce qui concerne son rapport intitulé S’affranchirde la pauvreté par le travail, je voudrais féliciter leDirecteur général pour ce rapport brillant et passion-nant sur la pauvreté et sur la manière dont cette

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pauvreté peut être éliminée par le travail. En effet,la pauvreté continue d’être un défi énorme pour l’hu-manité. Ce n’est pas seulement le problème le plushonteux que connaisse la société, c’est un problèmedéshumanisant, dégradant et avant tout une menace àla vie humaine. C’est ainsi que j’approuve entière-ment l’observation du Directeur général émise dansle chapitre 1, page 1, où il évoque les dividendes dutravail décent. La pauvreté n’est rien d’autre que lerésultat des faiblesses qui existent dans nos institu-tions économiques et sociales.

Nous avons tous pleinement conscience du fait quela pauvreté constitue une menace à la prospérité,partout. Aujourd’hui, cette philosophie est tout aussipertinente qu’elle l’était en 1919 lorsque la Constitu-tion de notre noble Organisation a été écrite pour lapremière fois. Le monde, aujourd’hui, continue d’êtredangereux à vivre, surtout à cause de cette pauvretécontinue, résultant de l’ordre économique d’exclusionactuel, que ce soit au niveau national ou international.C’est pour cela, Monsieur le Président, que je vou-drais affirmer notre accord avec les observations duDirecteur général à la page 77 de ce rapport, où il estécrit que le travail décent offre un cadre intégré depromotion des réformes institutionnelles qui permet-tront d’intégrer les groupes marginalisés. Or il nes’agit pas ici d’une formule rigide, valable pour tousdans l’introduction du travail décent dans nos pays.Nous venons de régions complètement différentes quiconnaissent des données économiques, sociales,culturelles et technologiques complètement différen-tes. Et l’on doit donc tenir compte du fait que lapauvreté prend des visages bien différents et qu’ellene veut pas dire la même chose partout dans lemonde. Il faudra donc ajuster ces approches sil’on veut arriver à un dividende social pour toute lasociété, autrement ce travail décent restera un rêvepour beaucoup d’entre nous, surtout pour ceux quiviennent d’un monde en développement.

A cet effet, mon pays, avec l’aide de l’Organisationinternationale du Travail, n’a pas hésité à déployertous les efforts possibles pour promouvoir leprogramme sur le travail décent. Par exemple, legouvernement a récemment mené des consultationstripartites en vue de l’élaboration d’un projet deloi sur le fermage qui vise à traiter des problèmesdes rapports entre employeurs et travailleurs. Laloi prévoit la suppression de la plupart despratiques déloyales entre les propriétaires terriens etles fermiers.

Au Malawi, la réduction de la pauvreté continued’être la priorité nationale du développement écono-mique. Depuis l’adoption de la démocratie pluripartiteen 1994, bon nombre de politiques ont changé radi-calement, comme cela est le cas pour les dépensespubliques qui ne bénéficient pas aux pauvres directe-ment. Cependant, l’ordre économique mondial esttrès dur et les marchés restent fermés aux produitsagricoles du Malawi. Les dividendes sociaux denos dépenses en faveur des pauvres semblent être peuressentis par la population.

Nous pensons qu’il existe de fortes possibilités derecueillir des dividendes sociaux importants du travaildécent au Malawi, et que tôt ou tard, nous y arrive-rons. Cependant, nous avons besoin de renforcer lescapacités en matière de travail décent.

Vu que le Directeur général a promis aux pages 91et 114 de son rapport d’accorder l’assistance de l’OITà ses mandants en matière de lois et d’institutions du

travail, je souhaite que le Malawi soit considérécomme l’un des pays bénéficiant des programmespilotes.

Je voudrais enfin remercier l’OIT pour l’assistanceaccordée à notre gouvernement pour certaines activi-tés dans le domaine de l’administration du travail.

Original espagnol: Mme VILDOSO CHIRINOS(Vice-ministre de la Promotion de l’emploi, Pérou) —Je vais axer mon intervention sur trois points: le déve-loppement des qualifications, l’investissement dansles postes de travail et au niveau local et des micro etpetites entreprises.

Ces points signalés et d’autres encore dans le rap-port du Directeur général en tant que stratégie pours’affranchir de la pauvreté font partie de la politiquede promotion de l’emploi établie dans le cadre del’accord national qui a été conclu au Pérou entre legouvernement, les partis politiques et la société civile.

Premier point: les micro et petites entreprises.Comment lier l’emploi aux droits.

A partir d’une proposition du ministère du Travailet de la Promotion de l’emploi du Pérou, le congrèspéruvien a appuyé et adopté la loi visant à promou-voir les micro et petites entreprises et à les intégrerdans le secteur formel. Il s’agit de faciliter l’intégra-tion de ces entreprises dans le tissu économiquemoderne et de réorienter l’attention des institutionspubliques vers les exigences et le potentiel de cesecteur. La loi prévoit la création d’un conseil nationalde promotion de la micro et petite entreprise, engagel’Etat à mettre au point des instruments de promotiondes micro comme des petites entreprises et définit unrégime de travail spécial et temporaire, réservé auxmicro-entreprises.

La loi définit comme micro-entreprise une unitééconomique employant jusqu’à dix travailleurs etayant un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas150 000 dollars. Sa productivité ne lui permet pas defaire face aux charges sociales liées aux activités dusecteur privé. C’est dans les micro-entreprises quel’on retrouve 40 pour cent des travailleurs salariésdont la quasi totalité ne bénéficie ni d’un poste fixe nide la sécurité sociale.

Pour permettre aux travailleurs de bénéficier deleurs droits au travail, le montant des prestationsétablies a été estimé en tenant compte de l’effort queles micro-entreprises peuvent réaliser au fur et àmesure qu’elles pourront améliorer leur position surdes marchés plus stables.

Ce schéma promotionnel doit contribuer à l’amé-lioration de la position des micro et petites entreprisesen favorisant le développement des entreprises entant que fournisseurs pouvant contribuer à la produc-tion orientée vers l’exportation, leur participation entant que fournisseurs de l’Etat, l’expansion desprogrammes de service pour le développement de cesentreprises, enfin, une offre de financement plusaccessible.

Appliquer le nouveau régime de travail constitueraun défi. Le Pérou devra pour cela faire connaître cerégime aux chefs des micro-entreprises et à leur per-sonnel, renforcer le travail d’inspection du ministèredu Travail pour éviter les fraudes de la part d’entre-prises de taille intermédiaire qui chercheraientà bénéficier de ce régime et décentraliser le travailde diffusion et d’information et éventuellementd’inspection, en accord avec les collectivitéslocales.

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Deuxième point: le développement des qualifica-tions.

Pour combattre le chômage et le sous-emploi, ilest nécessaire de combler le fossé qui existe entre laformation professionnelle et l’emploi. L’Etat et lesfamilles investissent le plus souvent à fonds perdudans la formation professionnelle parce que les quali-fications acquises par les jeunes ne sont pas celles quele marché demande. Par ailleurs, l’absence de qualifi-cations formelles est un motif de discrimination,même si les personnes ont suivi des apprentissagestout à fait utiles dans la pratique.

Face à cette situation, le ministère du Travail et dela Promotion de l’emploi du Pérou a encouragé laconstitution d’un comité tripartite de normalisation etde certification des compétences professionnelles,notamment pour le secteur des textiles et de la confec-tion. Le comité a fait une étude sur les compétencesprofessionnelles réellement demandées par les entre-prises et il est en train de définir une norme qui guidela formation professionnelle dans le secteur des texti-les et de la confection, norme qui servira aussi de basepour certifier les compétences acquises dans la prati-que. Cette expérience se fera également dans ledomaine du bâtiment. Sur cette question de la norma-lisation et de la certification des compétences profes-sionnelles, le Conseil national du travail du Pérou aégalement adopté une norme encore plus vaste.

Troisième point: investissement dans les postes detravail et au niveau local.

C’est dans les deux premières années du gouverne-ment du Président Toledo que l’on a mis en route leprogramme d’emploi temporaire intitulé «Au tra-vail». Conformément à ce qu’indique le rapport duDirecteur général, les montants que reçoivent les tra-vailleurs ont été fixés avec soin «de façon à apporterun secours aux familles sans attirer les travailleurs quiont déjà une activité lucrative».

Dans le cadre du programme «Au travail dans lesecteur urbain», on choisit les travaux par le biais d’unappel d’offres en fonction de l’intérêt que ces travauxpeuvent présenter pour la collectivité. Ce choix estopéré par un comité interinstitutionnel auquel partici-pent des représentants du gouvernement central, del’administration locale et de la société civile.

Original russe: M. SHYLOV (conseiller techniqueet délégué suppléant des travailleurs, Ukraine) —Avant tout, je voudrais féliciter le Président de sonélection à cette auguste fonction et lui souhaiter pleinsuccès dans la conduite de cette Conférence.

Le rapport du Directeur général sur la lutte contrela pauvreté et ses liens avec le travail décent et le dé-veloppement est tout à fait profond et reflète finale-ment la réalité du monde multipolaire actuel, où necesse de se creuser le fossé entre pays riches et payspauvres et entre les riches et les pauvres des pays eux-mêmes.

Nous partageons tout à fait l’avis du Directeurgénéral de l’OIT, à savoir que la lutte contre la pau-vreté exige des efforts concertés de la part de tous lespartenaires sociaux.

La pauvreté est un phénomène inhérent à toutesociété et représente un sérieux problème. La réductionde cette pauvreté est importante non seulement pourdes raisons humanitaires mais aussi dans l’optiquede la préservation et de l’amélioration du potentielphysique de travail et du potentiel intellectuel de toutpays.

A cet égard, permettez-moi de partager avec vousnotre vision concernant les tâches que l’Ukraine doitaccomplir et de décrire les défis historiques de la luttecontre la pauvreté que doivent relever les syndicats,de concert avec leurs partenaires sociaux. Au-jourd’hui, malgré que le PIB et le salaire réel ontaugmenté de 20,9 et de 39,7 pour cent, respectivementpendant la période 2000-2002, 28 pour cent de lapopulation ukrainienne vit en dessous du seuil depauvreté officiel, fixé à 196 grivni, soit 36 dollarsE.-U. Plus de 40 millions de personnes, soit 84 pourcent de la population, ont un revenu moyen inférieurau minimum vital, soit 342 grivni ou 65 dollars E.-U.

Cependant, un nombre croissant de personnesvivent en deçà du seuil de pauvreté, et ce ne sontpas seulement les catégories traditionnellement vul-nérables (invalides, retraités, familles nombreuses etfamilles monoparentales) qui en souffrent. Il existeune nouvelle catégorie, les «nouveaux pauvres». Cesont des personnes qui travaillent pour un salairetrop faible, mais aussi les chômeurs et ceux dont lessalaires sont payés avec beaucoup de retard.

Les syndicats observent avec inquiétude la forma-tion de poches de pauvreté chroniques aux niveauxsectoriel et régional. Nous avons constaté que danscertains secteurs tels que la santé, l’éducation et laculture, 80 à 90 pour cent des travailleurs reçoiventun salaire inférieur au minimum vital. A l’initiativeet avec la participation directe des syndicats,nous avons, dès la fin de l’an 2000, adopté un conceptpour engager une réforme salariale. Mais ceconcept avance lentement.

Les chômeurs connaissent une situation particuliè-rement difficile puisqu’ils ne reçoivent qu’une presta-tion correspondant à 59 pour cent du minimum vital.Et, bien que le niveau du chômage déclaré en Ukrainesoit faible, environ 4 pour cent, il n’en reste pas moinsqu’il y a huit candidats chômeurs pour un poste vacantet jusqu’à 20 candidats dans certaines régions. Nousenvisageons d’instaurer un quota pour la créationd’emplois, et il est prévu pour cette année de créer300 à 320 000 emplois nouveaux. Les syndicats de laFédération ukrainienne cherchent à obtenir du gou-vernement l’élaboration d’un plan général pour lacréation d’emplois qui devrait permettre de réduireau minimum le chômage.

Dans l’optique de l’élimination de la pauvreté, il estparticulièrement important d’augmenter les salaires,qui représentent pour la majorité de la population laprincipale et parfois l’unique source de moyens desubsistance.

Grâce à la croissance économique ainsi qu’à l’espritd’initiative et à la ténacité des syndicats, nous avonsaugmenté le salaire minimum mensuel de 35 à 51 dol-lars E.-U. et nous souhaitons porter le revenuminimum de subsistance par travailleur au niveau dusalaire minimum. Il nous faut également aborder leproblème du versement des arriérés de salaire. Deuxmillions de travailleurs, soit 18 pour cent de la popula-tion, n’ont pas encore reçu la totalité de leurs salaires.La Fédération des syndicats réclame le paiement detous les arriérés de salaire. Autre problème, despersonnes en âge de travailler meurent en Ukraine.Elles représentent un quart de tous les décès. Cechiffre pourrait bien doubler ces prochaines années.La population en âge de travailler est donc de moinsen moins importante. Si la fuite des cerveaux sepoursuit au rythme actuel, personne ne sera plus làpour construire l’économie ukrainienne. Le taux

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d’urbanisation diminue lui aussi. Il convient donc delancer au plan national un programme démographi-que courant jusqu’à 2025 et visant à améliorer la situa-tion sociale des travailleurs. La cohésion socialedépend avant tout de la volonté de la population desurvivre et de prospérer. On déduira du reste que lesmutations sont bénéfiques ou au contraire néfastesselon qu’elles sont efficaces d’un point de vue social.Les sociétés qui perdurent sont celles qui parviennentà s’adapter aux évolutions bénéfiques, propres à favo-riser la croissance et la production. C’est la missionde l’OIT d’aider l’humanité à prendre acte de cemécanisme de sélection qui aboutira pour finir à unerépartition plus équitable des bienfaits de la mondiali-sation.

M. DIAKITE (ministre du Travail et de la Fonctionpublique, Mali) — Monsieur le Président, Mesdameset Messieurs les membres du bureau, honorablesdélégués, je voudrais tout d’abord m’associer aux féli-citations qui ont été adressées à Monsieur le Présidentpour sa brillante élection à la présidence de la 91e ses-sion de la Conférence internationale du Travail et luisouhaiter un plein succès dans l’accomplissement destâches qui lui sont confiées.

Placée sous le sceau de l’intégration du travaildécent dans les politiques et programmes de déve-loppement en vue de faire reculer la pauvreté, laprésente session revêt, aux yeux des pays comme lemien, une importance toute particulière.

Il s’agira en effet, au cours de cette Conférence, dedégager les bases d’un cadre institutionnel, économi-que et social solide susceptibles de favoriser la mise enœuvre de cette approche intégrée de la croissanceéconomique et de la promotion de l’emploi, prônéepar notre Organisation.

Mes félicitations vont également aux autresmembres du Bureau pour la confiance placée en eux.

Qu’il me soit enfin permis de saisir cette occasionpour féliciter le Directeur général du Bureau interna-tional du Travail pour son excellent rapport et sadétermination à rappeler sans cesse à la conscience dela communauté internationale les défis sociaux aux-quels les pays en développement sont confrontés.

La richesse du rapport fourni cette année, leséléments de solution très concrets qu’il propose, cons-titueront sans nul doute un cadre de référence pourtoutes les discussions futures de l’OIT touchant auxquestions de développement.

Le travail décent est une aspiration universelle. Levœu de chaque travailleur, homme ou femme, où qu’ilse trouve, est en effet de trouver un travail suffisam-ment rémunérateur qui lui permette de subvenir auxbesoins essentiels de sa famille, dans la dignité et lasécurité.

Cependant, en Afrique, la pauvreté sévit toujours àdes niveaux intolérables.

Le déficit de travail décent se manifeste à tous lesniveaux.

Le nombre de travailleurs qui perdent leur emploiou qui n’arrivent pas à en trouver, en particulierles femmes et les jeunes, a atteint des niveaux inquié-tants.

Quatre-vingt-dix pour cent des travailleurs nebénéficient presque d’aucune protection socialeadéquate.

Enfin, l’expansion du VIH/SIDA risque de com-promettre irrémédiablement le développement ducontinent africain.

Pour promouvoir le travail décent et favoriser l’in-tégration sociale, le gouvernement de la Républiquedu Mali est convaincu que les actions à mener doiventtendre en priorité vers: le développement des entre-prises et l’amélioration des compétences à tous lesniveaux; la mise en œuvre de programmes d’investisse-ments à forte intensité de main-d’œuvre, pour créerplus d’emplois; et la conception de politiques visantà favoriser l’accès aux crédits des couches les plusdéfavorisées de la population, notamment cellesévoluant dans l’économie informelle.

Dans nombre de pays, l’entrée dans le secteurinformel constitue, en effet, la seule alternative auchômage.

Compte tenu de son apport appréciable à lacréation d’emplois et à la satisfaction des besoinsessentiels des populations, l’objectif fondamental detoute stratégie envers ce secteur devrait consister àdonner aux unités économiques les moyens techni-ques et financiers de relever leurs niveaux de produc-tion et de productivité et d’améliorer les revenusdes différentes catégories de travailleurs qui y sontoccupées.

Réduire le déficit de travail décent est assurémentla meilleure voie pour faire reculer la pauvreté etoffrir aux entreprises de plus grandes opportunitéspour se développer.

Le déficit persistant d’emplois productifs à traversle monde, et plus particulièrement en Afrique, nouscommande donc de renouveler les appels en faveur destratégies plus efficaces et plus complètes.

Pour briser l’engrenage de la pauvreté, une profonderéforme des cadres macroéconomiques, essentielle-ment axée sur la promotion de l’emploi, l’améliora-tion de la productivité des travailleurs les plus pauvreset l’extension de la protection sociale est, entre autres,nécessaire.

Comme l’a si bien rappelé le Directeur généraldans son rapport, la lutte contre l’extrême pauvreténe peut être gagnée si les économies nationales nepeuvent créer des emplois en nombre suffisant et desmoyens d’existence durables pour tous.

C’est pourquoi ma délégation profite de l’occasionqui lui est ainsi donnée pour réaffirmer son attache-ment profond à la mise en œuvre de l’Agenda globalpour l’emploi, lequel place le plein emploi productifet librement choisi au centre des politiques économi-ques et sociales.

L’application de ce cadre global et intégré dedéveloppement ne saurait cependant réussir sans laparticipation effective des partenaires sociaux tradi-tionnels et des autres composantes de la société civile.

Dans mon pays, le gouvernement, les employeurset les travailleurs ont perçu très tôt tout le parti qu’ilspouvaient tirer de ce processus participatif.

Dans le cadre de la lutte contre le chômage, nousavons ainsi élaboré une politique active et concertéede l’emploi basée sur le développement humaindurable.

Les partenaires sociaux ont, en outre, pleinementparticipé à l’élaboration des documents de stratégiepour la réduction de la pauvreté (DSRP), ce qui apermis la prise en compte de la dimension emploidans la définition des politiques de développement.

Enfin, la Stratégie nationale de lutte contre la pau-vreté (SNLP), le Programme d’action national en vuede réduire la pauvreté et le Pacte de solidarité pour lacroissance et le développement sont considérésaujourd’hui, par tous les acteurs socio-économiques,

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comme des politiques et des mécanismes pouvant fa-voriser la création d’emplois et l’amélioration desconditions de vie des travailleurs.

Je voudrais, par conséquent, terminer mon proposen invitant les institutions internationales concernéesà redéfinir les règles du commerce international afinque les pays pauvres puissent enfin tirer des revenusplus substantiels de leurs ressources naturelles pourfinancer leur développement.

Je souhaite plein succès à nos travaux.

Original chinois: M. XU (délégué des travailleurs,Chine) — Qu’il me soit permis tout d’abord deféliciter le Président pour son élection à la tête dela 91e session de la Conférence internationale duTravail. Je félicite également les trois Vice-présidents.Je suis convaincu que, sous leur direction, la sessionsera couronnée de succès.

Le rapport intitulé S’affranchir de la pauvreté par letravail, que le Directeur général du BIT a présenté àla Conférence, reflète à la fois la réalité actuelle et lesperspectives d’avenir et présente une analyse appro-fondie qui fait la lumière sur la principale inquiétudede la communauté internationale, à savoir la pauvre-té. La pauvreté est depuis longtemps un fléau pour lemonde du travail, principalement dans les pays en dé-veloppement.

Quelque 1,2 milliard d’individus dans le monde endéveloppement vivaient avec moins d’un dollar parjour en 1999. Comme le rapport l’indique, la pauvretéest une réalité complexe, profondément enracinée etenvahissante.

La pauvreté découle de facteurs historiques, éco-nomiques, politiques et sociaux nombreux. Commel’ordre économique international irrationnel qui pré-vaut aujourd’hui est resté inchangé, la mondialisationa exacerbé le problème de la pauvreté dans le monde.Nous pensons que la lutte contre la pauvreté doitpasser par le développement durable et l’intégrationsociale. Il s’agit d’une tâche de longue haleine pour lacommunauté internationale.

Depuis 1995, la famille des Nations Unies a réo-rienté son approche en matière de développement,visant avant tout à lutter contre la pauvreté par uneaction coordonnée. L’OIT doit également coopéreravec ses mandants tripartites pour que les stratégiesde la lutte contre la pauvreté des Etats Membress’inscrivent dans un cadre international cohérent.

La pauvreté naît bien souvent du chômage. Lacréation de possibilités d’emploi nouvelles et plusnombreuses constitue la manière la plus efficace deréduire la pauvreté. L’OIT devrait offrir davantagede programmes d’assistance technique aux pays endéveloppement pour les aider à favoriser la croissan-ce économique, à créer des emplois, à lutter contre lapauvreté et à réaliser le concept de travail décent.

Tout cela revêt une importance extrême par laréalisation des objectifs de l’OIT. Nous estimons queles syndicats des différents pays du monde ont acquisune expérience fort utile sur ce qui touche à la mise enœuvre de stratégies de réduction de la pauvreté, la réa-lisation du concept de travail décent et la protectiondes droits et des intérêts légitimes de leurs membreset des travailleurs. La réduction de la pauvreté et leplein emploi passent par une action publique efficacemais aussi par la participation et la coopérationactives de tous les partenaires sociaux, syndicats ycompris. L’OIT doit continuer à promouvoir le dialo-gue social et le tripartisme et mettre l’accent sur

l’importance du travail décent, pour la créationd’emplois, la lutte contre la pauvreté, le renforcementde la justice sociale et la réalisation du progrès social.Dans le même temps, l’OIT devrait fournir uneassistance technique adaptée aux syndicats, particu-lièrement dans les pays en développement, et tenircompte dûment de leur rôle irremplaçable pour laréduction de la pauvreté et la réalisation du conceptde travail décent.

Dans son rapport, le Directeur général prend actedes résultats obtenus par la Chine depuis les annéesquatre-vingt-dix dans le domaine de la lutte contre lapauvreté. Nous sommes fiers de ces acquis maissavons pertinemment que notre pays compte encoreun grand nombre de pauvres et que beaucoup reste àfaire pour régler ce problème.

Dans ces circonstances nouvelles, les syndicatschinois considèrent qu’ils leur incombent de protégerles droits et les intérêts légitimes des travailleurs.Nous mettons en œuvre depuis 11 ans un projet intitulé«Warmth Project» qui vise à créer des possibilitésd’emploi pour les travailleurs nécessiteux à améliorerl’aptitude à l’emploi des intéressés et à prendre encharge leurs besoins essentiels. Ces deux dernièresannées, nous avons renforcé la coopération avecl’OIT et avec le PNUD dans notre combat contre lapauvreté et pour la création d’emplois. Nous avonsmis en place des programmes de microcrédit, afind’aider les chômeurs et les travailleurs récemmentlicenciés à travailler en indépendants ou à créerleur propre entreprise, améliorant de la sorte leuraptitude à l’emploi.

Les syndicats chinois ont joué un rôle important dansla réduction de la pauvreté et entendent comme par lepassé renforcer la coopération avec l’OIT et contribuerà la réalisation de la noble cause dont il est question ici.

Original arabe: M. AL-RABAIE (délégué des em-ployeurs, Oman) — J’ai le plaisir en mon nom propre,au nom de la délégation et au nom de la Chambre decommerce et d’industrie d’Oman et du Conseil desentrepreneurs, d’adresser nos félicitations au Prési-dent pour son élection, ainsi qu’aux Vice-présidents.Nous espérons que les travaux de cette Conférenceseront couronnés de succès grâce à ses effortsconstructifs et à sa sagesse bien connue. Je féliciteégalement le Directeur général pour sa réélection etje lui souhaite plein succès.

Nous avons reçu avec satisfaction le rapport duDirecteur général S’affranchir de la pauvreté par letravail, dans lequel il traite du développement durableet du travail décent en tant que moyens pour vaincrela pauvreté. Nous appuyons les conclusions du Direc-teur général sur la nécessité de mobiliser les effortsdans le monde du travail afin d’éliminer la pauvreté etceci grâce au dialogue. La pauvreté détruit les peupleset empêche la majorité des personnes dans le mondede vivre dans la dignité.

Le Sultanat d’Oman a adopté une politique dedéveloppement économique et social avec la partici-pation des partenaires sociaux. Elle a adopté une sériede mesures de base pour lutter contre la pauvreté,l’ignorance et la maladie. Ainsi, le citoyen dans notrepays bénéficie d’une vie digne caractérisée par lasécurité et le bien-être. Les employeurs ont joué unrôle central dans l’élaboration de programmes visantà lutter contre la pauvreté, et ceci à travers la créationd’emplois et l’adoption des moyens nécessaires à laréalisation d’un développement durable.

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Des risques multiples menacent l’humanité annon-çant plus d’instabilité et d’insécurité, qui aboutissent àl’extension de la pauvreté. Notre Organisation, par saConstitution et à travers la réalisation de ses objectifs,peut jouer un rôle vital dans l’élaboration deprogrammes en vue d’aider les peuples, et surtoutles employeurs et les travailleurs. Il est importantde mentionner ici deux problèmes extrêmementimportants dans notre région arabe et qui nécessitentune attention particulière de la part de notre Confé-rence. Le premier concerne la situation tragique desemployeurs et des travailleurs en Palestine et dans lesterritoires occupés. Le deuxième problème est celuide la situation des employeurs et des travailleurs enIraq et qui a empêché nos collègues et nos partenairesde l’Iraq de participer à cette Conférence. Nousespérons que le BIT concrétisera les objectifs denotre Organisation et ce, en accordant son aide auxpartenaires sociaux en Iraq, en vue de contribuer à lareconstruction de l’après-crise et afin de permettre àces partenaires sociaux en Iraq de jouer le rôle vitalqui leur revient dans l’examen des problèmes quinous concernent tous et de participer aux prochainessessions de la Conférence.

Faisant suite aux déclarations du Directeur géné-ral, je vous prie d’invoquer la volonté divine afin quela paix et la sécurité, basées sur la justice et l’égalité,règnent dans le monde et que l’humanité tout entièrebénéficie de la sécurité et du bien-être.

Original anglais: M. GAJDOS (conseiller techniqueet délégué suppléant des travailleurs, Slovaquie) —C’est un honneur pour moi de m’adresser à cetteassemblée au nom des syndicalistes slovaques.

Malheureusement, la pauvreté gagne sans cesse duterrain dans notre pays. Il y aurait 12 à 20 pour cent depauvres. Nous avons beaucoup de chômeurs, maisaussi des personnes qui n’ont pas un emploi stable.Les revenus sociaux et de travail réels ne cessent dediminuer, et l’incertitude se fait de plus en plus sentir.

Nous parlerons donc plutôt de récession et dedestruction sociales que de progrès social.

La principale raison de cette évolution c’est la poli-tique économique inefficace et passive des gouverne-ments de la période de transition vers l’économie demarché. La mondialisation a joué aussi un rôle ici,de même que la politique économique et sociale dugouvernement néolibéral depuis l’an dernier.

Les amendements apportés récemment aux lois surles salaires, l’emploi, les pensions et l’assurance mala-die, mais aussi à la législation fiscale et au Code dutravail, vont tous à l’encontre des principes de justicesociale et de solidarité, et affaiblissent encore plus laprotection sociale et du travail. Ces mesures et lahausse massive des prix devraient entraîner une aug-mentation du nombre des pauvres dans notre pays.

Le dialogue social tripartite est certes inscrit dansla loi, mais le gouvernement la viole en permanence.Des projets de lois très importants pour les droits destravailleurs et de leurs familles sont adoptés sansque les partenaires sociaux ne soient consultés, et lesrares consultations qui sont organisées le sont pour laforme.

Naturellement, les syndicats slovaques ne peuventpas rester les bras croisés face à tout cela. Nous utili-sons tous les types de lutte sociale pour défendre lesintérêts économiques, sociaux et professionnels légiti-mes de tous les salariés et des syndicalistes, et nouscontinuerons de le faire.

La pauvreté qu’il est question ici d’éradiquer estune maladie qui touche la planète tout entière. Dans lepassé, son extension illimitée a été à l’originede nombreuses catastrophes. Il nous faut tirer lesenseignements de tout cela, et il nous appartient àtous, aux partenaires sociaux et aux institutions inter-nationales, de trouver les moyens d’éliminer lesretombées négatives des systèmes économiques etpolitiques.

M. KEARNEY (représentant, Fédération interna-tionale des travailleurs du textile, de l’habillement etdu cuir) — Ce que montre l’industrie du textile, del’habillement et de la chaussure, c’est qu’un emploinon réglementé peut être aussi un passeport pour lapauvreté permanente.

La Chine et le Mexique dominent aujourd’hui lemarché nord-américain du vêtement, chacun deces deux pays fournissant environ 15 pour cent del’ensemble des exportations. Cependant, la progres-sion de l’emploi qui en est résultée ne s’est traduite nipar une hausse des salaires, ni par une améliorationdes normes du travail pour les millions de travailleursmigrants touchés. Au contraire, au Mexique, le salaireminimum légal a diminué de près de moitié au coursdes années quatre-vingt-dix. En Chine, les travailleursde l’industrie de la chaussure travaillent durement11 heures par jour, souvent sept jours sur sept. Et lenon-paiement des salaires constitue un problèmeénorme, comme en témoignent les 8 000 cas enregistrésà Shenzhen rien qu’au cours de neuf mois de l’année2001. Les risques pour la santé et la sécurité abondent,avec plus de 10 000 cas de membres et de doigtsarrachés à Shenzhen en 1999.

La Chine et le Mexique donnent le ton pour lesindustries mondiales du textile, du vêtement et dela chaussure. Aujourd’hui, les salaires réels sont enbaisse et les conditions de travail empirent partout,les entreprises se livrant à une course désespéréevers le bas et enfreignant les normes fondamentalesdu travail au nom de la compétitivité.

Lorsque les travailleurs syndiqués de Gina Form,en Thaïlande, ont cherché à s’opposer à cetteévolution, leur employeur a entrepris une campagned’intimidation et de harcèlement en vue de détruire lesyndicat en déplaçant ses militants de poste en posteet en licenciant ses dirigeants. Les autorités chargéesd’appliquer la législation du travail du pays ne sontguère venues en aide aux travailleurs.

Dans les zones franches d’exportation de Sri Lanka,la liberté syndicale n’existe guère, les organismesgouvernementaux favorisant les conseils de salariésdes entreprises pour décourager les tentatives desyndicalisation.

La mode est à la liberté totale, comme dans le casdes entreprises forestières qui exploitent les ressour-ces, laissent les déchets sur place et vont poursuivreleur exploitation ailleurs, ou comme dans celui desfabricants d’articles de sport, qui ont exploité aucours des quinze dernières années le paradis qu’étaitl’Indonésie pour ses bas salaires, puis quittent main-tenant le pays à la recherche de travailleurs meilleurmarché et plus dociles. Dès que les travailleurs reven-diquent leurs droits, les emplois disparaissent aussivite qu’ils étaient venus.

Au Cambodge, les travailleurs des entreprisesGold Fame travaillaient souvent 17 heures par jour etsept jours sur sept dans les périodes chargées, leurssupérieurs hiérarchiques leur disant que cela ne les

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tuerait pas, et que si cela les tuait, on transporteraitleur corps en dehors de l’usine.

Alors que le chômage est élevé dans de nombreuxpays comme le Lesotho, les entreprises importentdes travailleurs migrants meilleur marché, surtout deChine. Ces travailleurs sont souvent exploités de lamanière la plus révoltante qui soit.

Depuis la dernière hausse du salaire minimum légaldes travailleurs gouvernementaux du Bangladesh, quia eu lieu en 1994, la valeur de ce salaire a été diminuéede moitié pour s’établir à 17 dollars par mois, mettantainsi une grande partie du million et demi de cestravailleurs au nombre du milliard d’êtres humainsqui sont les plus pauvres de la planète et sont incapa-bles de penser, de faire des projets ou de rêver au-delàde la lutte quotidienne pour la survie.

L’action des mécanismes visant à faire respecterau plan international les droits des travailleurs pèselourdement sur ceux qui sont employés dans les in-dustries du textile, de l’habillement et de la chaussure.Les efforts menés par l’OIT pour faire appliquer sesconventions sont tout simplement vains, et ce sont lestravailleurs pauvres, surtout les femmes des paysles plus pauvres, qui sont condamnés à la pauvretéperpétuelle.

Cette situation doit cesser. Les gouvernementsde tous les pays doivent relever ce défi. En particulier,les gouvernements du Sud doivent reconnaître qu’ilsse font concurrence entre eux d’une manière quimenace leur économie et qu’ils sont eux-mêmeslargement responsables de la baisse des salaires etdes normes du travail qui se fait aux dépens de leurstravailleurs.

La Chine joue ici un rôle essentiel, et il faut laconvaincre de se joindre à d’autres pays pour imposerun plancher international aux salaires et aux condi-tions de travail dans les industries comme les textiles,l’habillement et la chaussure.

C’est seulement par l’application de normes inter-nationales contraignantes que la Chine et les autrespays du Sud pourront empêcher les entreprises mul-tinationales de fabrication, les entreprises commercialeset les détaillants de se faire concurrence dans unecourse désespérée vers le bas.

Aussi, les gouvernements doivent-ils exiger quel’OIT et l’OMC combinent leurs forces pour élaborerune réglementation en matière de commerce et detravail qui soit propre à mettre fin aux violations desdroits des travailleurs et à promouvoir l’applicationde la législation nationale du travail.

Telle est la seule voie permettant de sortir de lapauvreté et d’accéder au travail décent pour tous.L’autre voie, celle qui consiste à ne rien faire, aurapour conséquence certaine de faire que le planchercontinuera à baisser et que des dizaines de millions detravailleurs seront plongés encore plus profondémentdans la pauvreté, ce qui confirmera le point de vuedes cyniques, à savoir que la pauvreté existeratoujours. Il s’agit là d’une solution qui n’est niattrayante ni acceptable.

Original espagnol: M. PARRA GAONA (déléguédes travailleurs, Paraguay) — Nous souhaitons toutd’abord féliciter M. Wamalwa pour son élection à laprésidence de cette 91e session de la Conférence inter-nationale du Travail.

Nous souhaitons également transmettre nos saluta-tions au Directeur général et à tous les participants àla Conférence.

Pour les travailleurs du monde entier, l’OIT consti-tue encore et toujours le grand parlement où chaqueannée nous formulons nos doléances, exprimons nosangoisses et certains de nos espoirs.

Le XXIe siècle présente un certain nombre decontradictions tout à fait insolites. D’un côté, leprogrès galopant de certains pays riches, très riches, etde l’autre, la majorité des pays qui sont condamnésà la pauvreté, au chômage, à l’insécurité et auretard. Nous sommes des pays paupérisés par la detteextérieure et l’injustice sociale internationale. Voilàpourquoi nous abondons dans le sens du Directeurgénéral du BIT, M. Juan Somavia, qui préconise lalutte contre la pauvreté pour créer des emploisdécents et faire régner la justice sociale.

Le néolibéralisme et sa stratégie clé, la mondialisa-tion, essaient d’imposer à tout prix la dictature dumarché.

Les travailleurs et en particulier le mouvementsyndical pâtissent des répercussions des changementsque connaît le monde du travail. Nous sommesvictimes du processus de mondialisation, de dérégle-mentation, de privatisation, de flexibilisation et deprécarisation des relations de travail.

Sur le plan économique, la crise continue à s’appro-fondir. Il n’y a pas de croissance, mais une destructionpermanente et progressive de l’appareil productif,une sortie d’énormes quantités d’argent à cause de laspéculation financière, du service de la dette, despaiements pour les brevets et les franchises d’entre-prises telles que Mac Donald, Pizza Hut, Coca Cola,Brahma, etc. De manière générale, nous n’avonsaucune politique étatique permettant de modifiercette situation qui ne fait que créer le chômage, lapauvreté et la faim dans notre pays.

Les fermetures définitives d’usine résultant de lacrise financière ont jeté à la rue des milliers detravailleurs qui sont venus gonfler les rangs deschômeurs et des travailleurs sous-employés qui carac-térisent déjà notre marché du travail. Près de deuxmillions de personnes connaissent des problèmesd’emploi. Sur ces deux millions, quelque 900 000n’ont pas de travail et aucune possibilité d’en trouverun. On estime qu’au milieu de cette année, 300 entre-prises vont fermer avec comme conséquence la pertede 20 000 emplois.

Mais les choses ne changeront pas d’elles-mêmes.Elles ne changeront que si la classe ouvrière, lesouvriers, les travailleurs et les paysans s’organisent ets’opposent au gouvernement pour le faire reculerdans sa politique de corruption et de famine, commecela est arrivé lors des seize jours de lutte contre laprivatisation qui ont coûté la vie d’un de nos camara-des paysans, Calixto Cabral Benítez, assassiné par lapolice nationale lors des manifestations.

Dans ces conditions, notre lutte, notre organisationet notre solidarité sont de plus en plus difficiles et deplus en plus nécessaires.

Nous espérons que le Paraguay ratifiera la conven-tion (nº 138) sur l’âge minimum, 1973.

Le Paraguay est une réalité préoccupante. Je repré-sente ici tous les travailleurs du Paraguay et je parleen tant que dirigeant de la Centrale nationale destravailleurs (CNT), affiliée à la CLAT/CMT.

Dans notre pays, comme dans toute la région duMERCOSUR, nous connaissons une profonde criseet nous nous trouvons dans un marasme extrême. Larécession économique, le haut niveau de chômage,la pauvreté critique, les inégalités scandaleuses, la

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corruption généralisée et l’échec des politiques néoli-bérales nous conduisent au bord du désespoir.

Au Paraguay, la classe politique a démontré qu’elleétait absolument incapable de gouverner avec honnê-teté. Le secteur économique et financier s’est pris aupiège de la spéculation en recherchant des bénéficesélevés au détriment de la population. On nous paiedes salaires de misère.

En ce qui concerne la production agricole et fores-tière, base de notre économie, le paysan paraguayenest de plus en plus démuni de terres. Cinq pour centdes propriétaires terriens contrôlent 64 pour cent desterres cultivables, ce qui contribue à exacerber lamisère et la pauvreté dans les campagnes, et faitrenaître chaque année la lutte des organisationspaysannes qui exigent une réforme agraire intégrale.

Dans le secteur urbain et industriel et celui desservices, les fermetures d’entreprise se succèdentet, dans une politique de complicité préoccupante,les secteurs des entrepreneurs et certains secteursgouvernementaux ont lancé une dure campagnecontre le mouvement syndical.

Le ministre actuel du Travail maintient une politiquede dialogue, mais n’a pas la capacité réelle d’orienterles conflits syndicaux et sociaux. Voilà pourquoi nousvoulons dénoncer devant vous certains cas alarmants.Dans le domaine des transports, de la métallurgie etdes textiles, on continue de travailler de 14 à 16 heurespar jour. De nombreuses entreprises ferment par suited’une concurrence déloyale, et les syndicats sontpersécutés dans le secteur. Dans le département de laGuairá, plus de 200 travailleurs ont été licenciés pourfait de grève. L’entreprise de l’industrie du sucre,Azucarera Paraguaya à Tebicuary, licencie des diri-geants syndicaux et n’accepte pas le syndicalismedans l’entreprise. Un de ses dirigeants, l’entrepreneurJuan Bosh, Consul honoraire de Hollande, a été accu-sé de faire de la contrebande du sucre. Dans la muni-cipalité de Ciudad del Este, à la suite d’une grève destravailleurs des transports, il y a eu 400 licenciements.A Puerto Casado, problème de terres dans le Chaco:la firme Carlos Casado a vendu plus de 700 000 hecta-res de terres aux entreprises Atenil et Victoria SA,liées à la secte Moon, violant ainsi les conventionsnos 87, 98 et 169 de l’OIT, entre autres. Une grève auclub des sports de Puerto Sajonia de la villed’Asunción a entraîné des représailles de la part dela police. Des camarades grévistes ont été torturés.L’entreprise Cervepar a licencié massivement lestravailleurs syndiqués. Dans l’entreprise BinacionalYacyreta, les syndicalistes sont victimes de persécu-tions. Les entreprises du bâtiment et du bois, ducommerce et de l’alimentation sont paralysées. Lesecteur public lutte pour obtenir un meilleur budgetpour la santé et l’éducation, pour des salaires justes etpour mettre fin aux persécutions contre les syndicats.

Tous ces faits constituent de graves violations, carils précarisent les conditions de travail par suite durecrutement de personnel nouveau pour remplacerles travailleurs licenciés.

Mais le plus important est que les récents succèsélectoraux obtenus dans le Cône Sud ont soulevé denouveaux espoirs. Le nouveau président du Brésil, unénergique lutteur syndical, mérite notre respect et nosencouragements. Il en va de même du Président del’Argentine, un homme nouveau de la génération desannées soixante-dix, qui s’est engagé à faire sortir sonpays de la profonde crise dans laquelle il se trouveplongé.

La lutte continue sur cette scène nouvelle. Nous, lestravailleurs, continuons à lutter dans des conditionsplus difficiles et complexes.

Nous exigeons un changement radical de la politi-que économique et sociale. Nous exigeons que lesautorités mettent en marche des politiques de relancede la production, de lutte contre la corruption, decréation d’emplois, et amélioration de la formationprofessionnelle et de réforme profonde des structu-res.

Au nom de tous les travailleurs du Paraguay, noussouhaitons exprimer notre appui au programme pourle Millénaire lancé par l’ONU et auquel l’OIT partici-pe activement.

Nous profitons de cette occasion pour condamnertoutes les formes de violation des conventions del’OIT et des droits de l’homme en général.

Nous condamnons également la politique guerriè-re, la course aux armements, le terrorisme, les guer-res, les invasions et l’usurpation des ressources natu-relles de nos pays.

Nous souscrivons, en tant que Centrale nationaledes travailleurs, au choix de la démocratie réelle et àl’engagement de lutter inlassablement pour la paix etla justice dans le monde.

Original anglais: M. BARAK (conseiller techniqueet délégué suppléant des employeurs, Israël) — Per-mettez-moi avant toute chose de féliciter le Présidentà l’occasion de son élection à la présidence de cetteConférence. Je suis convaincu que, sous sa conduite,nos travaux seront fructueux. Je tiens également à re-mercier le Directeur général de l’excellent rapportqui nous a été soumis intitulé S’affranchir de la pau-vreté par le travail. On y décrit un large éventail demesures permettant de rompre le cercle vicieux de lapauvreté. Tous les plans d’action présentés par le Di-recteur général sont importants et il n’existe pas desolution unique. Mais je souhaiterais souligner que,pour créer des emplois décents, qui est la mesure laplus essentielle en la matière, les efforts des gouver-nements seuls, dans bien des cas, ne suffisent pas. Ilfaut, en effet, mobiliser tous les efforts des partenairessociaux: gouvernements, employeurs et travailleurspour parvenir à cet objectif.

Il n’y a pas de modèle universel. Il s’agit d’unprocessus flexible qui doit être adapté aux différentessituations. Il peut prendre la forme de négociations bi-partites ou d’un dialogue tripartite qui est généralementplus efficace pour les questions de portée nationale.C’est la meilleure stratégie, et l’expérience a prouvéque rien ne vaut la force d’un consensus. Comme jel’ai indiqué auparavant, le dialogue social peut prendredifférentes formes. En Israël, nous avons commencé àpromouvoir au niveau national un autre type de dialo-gue social, c’est-à-dire la résolution des litiges par desméthodes alternatives telles que, par exemple, lamédiation volontaire qui peut être exercée pardes médiateurs privés ou publics. Le but est d’appli-quer le processus de médiation avant que n’éclate uncontentieux et non pas, comme c’est généralement lecas, une fois que le conflit est ouvert. A cette fin, lesreprésentants des organisations d’employeurs et despersonnalités importantes du monde des affaires ontpubliquement signé, et la présence du Président del’Etat d’Israël, M. Moshé Katsav, du président de laCour suprême d’Israël ainsi que du ministre de laJustice un engagement de médiation en janvier decette année.

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Parmi les organisations signataires, on peut citer laFédération des entrepreneurs israéliens, la Fédéra-tion des chambres de commerce israéliennes, l’Asso-ciation des courtiers en assurances, l’Association desindustries du kibboutz, l’Association des industriesde l’électronique et de l’information, l’Associationisraélienne des ingénieurs civils et de nombreusesautres. Il convient néanmoins de mentionner que laHistadrut n’a pas signé l’engagement, mais nousespérons qu’elle le fera dans un proche avenir.

Le principe fondamental de cet engagement estque les organisations qui le prennent s’engagent à sai-sir un médiateur de leur différend et à promouvoir leprocessus de médiation entre leurs membres. D’autrepart, les organisations signataires sont convenuesd’inclure dans les accords collectifs et autres accordsune clause suggérant le recours à la médiation, chaquefois que cela est appropriée. La médiation devientdonc un instrument qui permet de résoudre les con-tentieux aussi bien au plan interne qu’externe entreles organisations et leurs membres et, il est à souhai-ter, entre les travailleurs et les employeurs sur le lieude travail.

A cet égard, il est intéressant de constater quel’OIT a adopté en 1951 la recommandation nº 92 surla conciliation et l’arbitrage. Nous demandons doncinstamment à l’OIT de poursuivre son travail en lamatière peut-être en améliorant cet instrument.

Le dialogue social peut être une partie importantede la solution à une autre question inscrite à l’ordredu jour, c’est-à-dire «le champ de la relation detravail». C’est là aussi un domaine où des solutionsdoivent être trouvées à tout un éventail de problèmesqui ne peuvent pas être réglés par l’un des instrumentsde l’OIT, convention ou recommandation. Une foisde plus, le dialogue social qui est avant tout unprocessus de négociation, est en fait la seule réponsepratique et raisonnable.

En Israël, nous avons mis ce type de solution enpratique. Le gouvernement a joué un rôle en présen-tant un projet de loi au parlement pour réglementerles rapports entre les entreprises de main-d’œuvreet leurs travailleurs en tenant compte du rôle des utili-sateurs, et les organisations d’employeurs et detravailleurs ont signé des accords collectifs sur lessalaires, la couverture sociale et autres conditions detravail des employés des entreprises de main-d’œuvre.C’est à cela que sert le dialogue social.

Original anglais: M. SANDRASEKERE (déléguédes travailleurs, Sri Lanka) — Je tiens d’abord à félici-ter le Président de son élection. Comme les autresorateurs, je suis convaincu que son expérience est legarant de la réussite des délibérations qui vont avoirlieu dans le cadre de cette Conférence.

Je souhaite également féliciter le Directeur généralet le BIT pour la grande qualité du rapport présentécette année. D’une toute autre facture que lesprécédents rapports, il propose une vue d’ensemblede tous les facteurs qui ont une incidence sur la vie destravailleurs dans le monde entier.

Le Directeur général nous y présente de manièretrès judicieuse la stratégie en matière de travaildécent ainsi que les diverses facettes du phénomènede la mondialisation.

Le rapport nous fait également comprendre que lacompétitivité ne peut constituer la seule manière defaire face à la rapidité du développement économiqueet social. De fait, la mondialisation et la recherche de

la formule magique qui va permettre de dynamiserles économies engendrent des contradictions difficile-ment compatibles avec la stratégie relative au travaildécent, pour la simple et bonne raison que la compéti-tivité entraîne une déréglementation des marchéset un démantèlement de la protection sociale,notamment dans les pays en développement.

En d’autres termes, la mondialisation et la compé-titivité se rejoignent au paroxysme d’un laissez-fairequi débouche inexorablement sur des suppressionsd’effectifs et une précarisation croissante de l’emploi.

Conséquence logique de ce processus, les tra-vailleurs se retrouvent exclus du champ d’action dessyndicats et deviennent des proies facilement exploi-tables. Dès lors, en l’absence de réglementationspermettant de donner effet aux normes internationa-les du travail, le concept même de travail décent perdtout son sens.

C’est la raison pour laquelle il importe de créer unmécanisme permettant aux travailleurs indépendantsde s’affilier ou de constituer des syndicats pour être enmesure de protéger et de promouvoir leurs intérêts.

Le Directeur général évoque également dans sonrapport cet autre thème fondamental qu’est le dialo-gue social. En ce qui nous concerne, nous avons misen place un certain nombre de procédures de dialoguepour organiser les relations professionnelles et mettreau point des conventions collectives qui couvrent lesrelations entre employeurs et employés ainsi qued’autres aspects de la réalité sociale.

Le modèle de dialogue social prôné par l’OITest difficilement compréhensible et tend par ailleurs àlaminer le pouvoir de négociation des syndicats.

Il est par conséquent impératif de consulter lessyndicats représentatifs avant d’introduire un autreprocédé que la négociation collective.

J’aimerais signaler à ce propos que le ministère dutravail et de l’emploi est dirigé au Sri Lanka par unministre jeune et dynamique qui a mis en place denouveaux systèmes de création d’emplois et réforméla législation du travail, après approbation des amen-dements apportés à son projet initial par les syndicatsreprésentatifs.

Ce ministère a quitté le rôle mineur qui lui avait étédévolu jusque là et exerce aujourd’hui un véritablerayonnement au niveau national.

Je terminerai en rappelant ce qui est peut-être uneévidence: l’OIT et les normes internationales dutravail continueront à amortir les chocs d’une mondiali-sation de plus en plus rapide; l’Organisation et lesinstruments qu’elle a mis au point conserveronttoujours leur raison d’être car ils permettent de mettreun frein à l’exploitation des travailleurs.

Original anglais: M. SUKHBAATAR (conseillertechnique et délégué suppléant des travailleurs,Mongolie) — Tout d’abord, au nom des travailleursmongoliens, je voudrais féliciter le Président et lesVice-présidents de leur élection à la présidence decette 91e session de la Conférence internationale duTravail. C’est un grand honneur pour moi que de voustransmettre les chaleureuses salutations de tous lestravailleurs de Mongolie.

Notre délégation estime que le rapport du Direc-teur général S’affranchir de la pauvreté par le travailtémoigne de l’intérêt accordé au monde du travail.La réduction de la pauvreté est d’une importancecapitale et doit être abordée par les mandants tripar-tites.

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Nous partageons le point de vue du Directeur géné-ral, qui, dans son rapport, souligne que les mandantsde l’OIT, à savoir les représentants des travailleurs etdes employeurs et les gouvernements, doivent mettreleurs efforts en commun pour mieux répondre auxaspirations et aux besoins quotidiens des personnesqui vivent dans la pauvreté. La pauvreté est en faitdevenue une réalité, même une menace en Mongolie.Selon une étude nationale et selon le PNUD, environ36 pour cent de la population actuelle vivrait dans lapauvreté. Les salaires et les retraites n’ont pasaugmenté au même rythme, tant s’en faut, que lesproduits de consommation et les services courants.Les syndicats de Mongolie ne sauraient accepter lapolitique monétaire rigide imposée par les institu-tions financières internationales, ni leur position en cequi concerne le gel des salaires.

Mais, malgré ces divergences, la Confédération dessyndicats de Mongolie a entamé un dialogue avec lesdifférentes institutions financières internationalestelles que la Banque mondiale, le FMI, la Banqueasiatique de développement, ainsi qu’avec le gouver-nement, en vue d’une participation plus large de lasociété civile au processus d’élaboration et de mise enœuvre des documents de stratégie de réduction de lapauvreté (DSRP).

Nous nous félicitons des activités menées par l’OITdans ce domaine et espérons que la Mongolie, à l’ins-tar d’autres pays, pourra également en bénéficier.

Nous saluons par ailleurs la tenue d’une discussionsur-le-champ d’application de la relation de travail.Au cours des dix dernières années, différentes formesd’emploi ont vu le jour en Mongolie et bon nombre detravailleurs se sont retrouvés sans protection sociale.Les dispositions législatives pertinentes sont insuffi-santes et seule une partie des travailleurs ont desdroits en la matière.

C’est pourquoi la CMTU, est très favorable à l’éla-boration d’instruments internationaux sur la relationde travail sous la forme d’une convention ou d’unerecommandation. Cela bénéficiera aux travailleurs età toute la société. Cette question en appelle une autre,à savoir celle de l’économie informelle, qui, loin des’essouffler, poursuit son expansion.

Selon certaines sources, près de 10 pour cent de lamain-d’œuvre travaille dans le secteur informel del’économie. Etant donné cette réalité, tous les parte-naires sociaux doivent œuvrer ensemble pour élaboreret mettre en œuvre une politique nationale appro-priée, avec l’assistance technique de l’OIT, politiquequi aurait pour objectif de transformer les entreprisesdu secteur informel en entreprises plus productives,dotées d’une structure syndicale et responsablessocialement.

La solution la plus efficace pour faire évoluer lesecteur informel est le développement coopératif.Celui-ci peut contribuer dans une large mesure àla promotion de l’emploi, et partant, à la croissanceéconomique du pays.

Notre participation à la mise en œuvre de l’Agendapour le travail décent en Mongolie est devenue trèsdifficile et une étroite collaboration des partenairessociaux et l’appui de l’OIT permettraient sans douted’obtenir davantage de résultats.

Original anglais: M. TILAHUN (délégué des em-ployeurs, Ethiopie) — Permettez-moi de féliciterd’emblée le Président et les membres du bureau de laconfiance que leur a manifestée cette auguste assem-

blée qui les a appelés à nous présider, à nous guidervers une conclusion heureuse de ces délibérationshistoriques.

Je suis convaincu, quant à moi, que vous vousacquitterez de cette responsabilité que vous ontconfiée les partenaires sociaux à la satisfaction géné-rale. Et c’est ce que nous constatons d’ailleurs depuisle début de cette Conférence.

Nous tenons cette réunion historique à une époqueextrêmement difficile et compliquée de l’histoire dumonde quelle que soit la partie du monde dont nousvenons. En particulier, pour nous, les pays moinsdéveloppés, où la situation est encore plus dure à touségards.

Ce qui est toutefois très encourageant pour nous entant que représentants du groupe des employeursd’Ethiopie, c’est que ces discussions de haut niveauqui portent sur des questions importantes s’il en est,comme la relation de travail, les nouveaux besoins demise en valeur des ressources humaines, l’applicationdes normes et les mesures concernant la santé et lasécurité au travail, se tiennent alors que mon pays tra-verse un processus de transformation véritable auxplans économique, social et politique, puisqu’il passed’une économie fortement réglementée à une écono-mie déréglementée à l’exception de quelques secteursstratégiques clés que le gouvernement a conservés, etalors que la démocratisation se fait jour dans les struc-tures du gouvernement, un gouvernement qui jusqu’àprésent servait simplement à un système fortementcentralisé et réglementé. J’aimerais dire que nous, lesdélégués des employeurs d’Ethiopie, apprenonsbeaucoup de cette Conférence et ceci nous aidera ànous acquitter de façon efficace de nos responsabilitésdans le dialogue social entamé avec nos partenaires.

Les représentants rassemblés ici viennent de diffé-rents pays qui se trouvent à des niveaux de développe-ment différents et de toute évidence les besoins deleurs mandants respectifs varient aussi, même s’ils ontcertains points en commun.

A cet égard, l’association des employeurs de monpays fait face à des problèmes multiples. En tant quecitoyens nous essayons d’apporter notre contributionafin de sauver les vies de millions de personnes quimeurent de faim. En tant que sociétés, nous essayonsde mettre sur pied des entreprises durables qui per-mettront la création de postes de travail pour que desmillions de personnes aient les moyens de gagner leurvie, ceci tout en tenant compte des besoins de toutesles autres parties concernées.

Par modestie, je dirais que ces deux responsabilitésque je viens de mentionner, ces deux tâches, sont ex-trêmement complexes et constituent autant de défispour les employeurs, comme elles le sont d’ailleurspour les partenaires sociaux. Et, à cet égard, nous, lespartenaires sociaux d’Ethiopie, méritons un encoura-gement, une motivation, de façon à assumer nos rôlesrespectifs dans cette feuille de route vers la transfor-mation.

Ce qui est encourageant, c’est que je vous parlepour tous les partenaires sociaux d’Ethiopie. Nousnous sommes alliés en principe pour mener à bien lesrôles dans lesquels nous sommes bons. C’est-à-direque le gouvernement se charge de développerl’infrastructure, de créer un environnement propice,avec un changement de mentalités et d’attitudes dansses habitudes de travail. L’association des employeursencourage la création du plus grand nombre possibled’entreprises tandis que l’association des travailleurs

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se concentre sur la discipline et la productivité au tra-vail.

J’ai le plaisir de vous communiquer que certainesdes mesures qui ont été prises jusqu’à présent sontfort encourageantes, même si le rythme des réformespeut encore être amélioré.

Le gouvernement, en consultation avec ses parte-naires sociaux et toutes les autres parties concernées,a formulé une stratégie durable de réduction de lapauvreté, qui a reçu l’appui de bon nombre d’institu-tions de financement internationales. Et certains deces programmes et projets ont d’ores et déjà été lancés.

Le gouvernement a promulgué par ailleurs denouveaux codes des investissements qui sontmeilleurs que ceux qui existaient jusqu’à présent maisqui peuvent encore être améliorés. Et la législationsur le travail qui a été approuvée par les partenairessociaux ne devrait pas tarder à être adoptée, même sielle a été quelque peu retardée.

Les partenaires sociaux ont également mené unelutte acharnée contre le VIH/SIDA. Il s’agit d’ungrand fléau qui s’ajoute au problème de la pauvreté.

Le gouvernement a manifesté ouvertement son dé-sir d’entamer un dialogue ouvert et transparent sur lesprincipales questions économiques, sociales et politi-ques et, à ce stade, j’aimerais souligner le rôle décisifque joue le bureau de l’OIT dans le pays en nousaidant à rendre notre dialogue social plus efficace.

Pendant les délibérations de la semaine dernière,j’ai été encouragé de voir toute l’attention accordéeaux groupes défavorisés comme les handicapés, et àtoutes les formes d’exclusion.

Et le groupe des employeurs d’Ethiopie, qui n’enest qu’à ses balbutiements, demande d’ailleurs l’appuitechnique de l’OIT dans des domaines tels que la sen-sibilisation, et le renforcement des capacités de sesmembres, afin qu’il soit mieux équipé pour dialogueravec ses puissants partenaires.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, pour aider nosmembres à créer le plus grand nombre possible d’en-treprises, et à en bénéficier tout en offrant un emploià des millions de personnes, comme le prévoit lastratégie du gouvernement, ce qui fait égalementpartie de nos responsabilités en tant que chefs d’en-treprise, la Fédération des employeurs d’Ethiopierecherche un appui technique particulier pour l’aiderà créer un climat favorable au développement de nosmembres.

Le pays a tout ce qu’il faut pour se développer, qu’ils’agisse des ressources naturelles, du climat ou de lamain-d’œuvre. Nous aimerions que le monde cesse denous donner du blé, mais qu’il aide les entreprises etles travailleurs à faire pousser eux-mêmes le blé defaçon durable.

(La séance est levée à 19 h 15.)

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No 8 – Mercredi 11 juin 2003

IMPRIMÉ EN SUISSE

TABLE DES MATIÈRES

Pages

Quatrième séance

Ratification de conventions internationalesdu travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Rapport du Président du Conseil d’adminis-tration et rapport du Directeur général:Discussion (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1Orateurs: M. Ray Guevara, M. Sarwar, M. Kairelis,

M. Reppas, M. Pochinok, M. Kamoshita, M. PaisAntunes, M. Li, M. Park, M. Biltgen, M. Nkili,M. Kaník, M. Nieto Menéndez, M. Samarsinghe,Mme Rosas Pérez, M. Solari Saavedra, M. Dimovski,M. Maroni, M. Eremeev, M. Corries, Mme Quintin,M. Khatib, M. Tomada, M. Cho, M. Meireles VieiraDe Castro, M. Martínez Molina, M. Eastmond,M. Marí Olano, M. Daer.

Cinquième séance

Rapport du Président du Conseil d’adminis-tration et rapport du Directeur général:discussion (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Orateurs: M. Doutoum, M. Chen, M. Moreira Sandoval,

M. Mansouri, M. Ylieff, M. Venturini, M. Nord-mann, M. Andres, M. George, M. Ryder, M. Moga-mi, Mme Filatov, M. Thys, M. Naghiyev, M. Sweeney,M. Palacio Betancourt, M. Fong, M. Milovanovic,M. Liptapanlop, M. Shmakov, M. Akouété,M. Del Río, M. Al Kuhlani, M. Echevarría Saldarriaga,M. Gurdián Castellón, M. Otang, M. Magaya,M. Ortega Nadal, M. Mlanga, Mme Vildoso Chirinos,M. Shylov, M. Diakite, M. Xu, M. Al-Rabaie,M. Gajdos, M. Kearney, M. Parra Gaona, M. Barak,M. Sandrasekere, M. Sukhbaatar, M. Tilahun.