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é NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 45 RASSEMBLER des acteurs qui, bien que différents, partagent des valeurs communes, comme celles de l’enga- gement, de l’ouverture à l’autre, de la prévalence du sens dans le projet ; RELAYER leurs préoccupations et leurs actions pour permettre à leurs partenaires de mieux les connaître et donc de mieux agir ensemble ; RÉAFFIRMER ainsi la conviction, aujourd’hui plus que jamais, de l’urgence de faire le pari du partage des savoirs et des compétences, pour affronter les défis d’une société très déstabilisée ; Tels sont les objectifs du Journal des RÉSEAUX. En somme, un journal en quête d’une nouvelle aire : celle de la confiance mutuelle et de l’humilité au service du vivre-ensemble. LE JOURNAL D’UNE NOUVELLE R Rédaction : Joanna Peiron - Texte et Toile Comité de rédaction : représentants des Réseaux Conception : Journal de l’Action Sociale © Journal de l’Action Sociale Prévention de la délinquance : ce que préconise l’ONES page 52 Les Espaces publics numériques, lieux de technologie et de partage page 49 “Le travail social joue lui aussi la carte de l’étranger” page 54 La maîtrise de la langue, une étape vers l’autonomie page 50 “Le dossier médical personnel permettra au patient d’être acteur de sa santé” page 53 Entre prévention spécialisée et médiation sociale, dépasser les préjugés page 51 CNLAPS Un guide pour promouvoir la bientraitance page 47 Les PLIE confortés dans leur utilité sociale page 48 Novembre 2010 - N° 9

Conception: Journal de l’Action Sociale - unaf.fr · L’ADMR est le premier réseau français de service à la personne avec 3350 associations locales présentes sur l’ensemble

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NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 45

RASSEMBLER des acteurs qui, bienque différents, partagent des valeurscommunes, comme celles de l’enga-gement, de l’ouverture à l’autre, dela prévalence du sens dans le projet ;RELAYER leurs préoccupations etleurs actions pour permettre à leurspartenaires de mieux les connaître etdonc de mieux agir ensemble ;RÉAFFIRMER ainsi la conviction,aujourd’hui plus que jamais, del’urgence de faire le pari du partagedes savoirs et des compétences,pour affronter les défis d’une sociététrès déstabilisée ;Tels sont les objectifs du Journaldes RÉSEAUX.En somme, un journal en quête d’unenouvelle aire : celle de la confiancemutuelle et de l’humilité au servicedu vivre-ensemble.

LE JOURNALD’UNE NOUVELLE R

Rédaction : Joanna Peiron - Texte et ToileComité de rédaction : représentants des RéseauxConception : Journal de l’Action Sociale

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Prévention de la délinquance : ce quepréconise l’ONES

page 52

Les Espaces publics numériques, lieux detechnologie et de partage

page 49

“Le travail social joue lui aussi la carte del’étranger”

page 54

La maîtrise de la langue, une étape versl’autonomie

page 50

“Le dossier médical personnel permettra aupatient d’être acteur de sa santé”

page 53

Entre prévention spécialisée et médiationsociale, dépasser les préjugés

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CNLAPS

Un guide pour promouvoir la bientraitancepage 47

Les PLIE confortés dans leur utilité socialepage 48

Novembre 2010 - N° 9

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ADMR - L’Association du service à domicileL’ADMR est le premier réseau français de service à la personne avec 3 350 associations locales présentes surl’ensemble du territoire national. Elle compte 110 000 bénévoles et emploie 100 000 salariés. Depuis sa créationen 1945, l’ADMR apporte au quotidien des services à domicile sur mesure à plus de 650 000 clients (familles,personnes âgées, personnes handicapées ou malades) et réalise 100 millions d’heures d’intervention par an.

Alliance Villes EmploiAssociation de collectivités territoriales, communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI)impliqués dans les politiques de la formation, de l’insertion et de l’emploi, Alliance Villes Emploi est le réseaunational des 152 Maisons de l’emploi (MDE) et des 160 Plans locaux pour l’insertion et l’emploi (Plie).

CNLAPS - Le Comité national de liaison des associations de prévention spécialiséeLe Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée (CNLAPS) a pour but la promotiondu secteur. Représentant 160 associations, il est un interlocuteur qualifié des pouvoirs publics au niveau de l’É-tat et des collectivités territoriales et contribue notamment aux travaux du Conseil technique de la préventionspécialisée. Il capitalise et fait connaître les savoir-faire des éducateurs de rue en matière d’éducation des jeu-nes, organise des formations et favorise les échanges à l’échelle européenne.

La Croix-Rouge françaiseFondée en 1864, La Croix-Rouge française est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique depuis1945. S’appuyant sur 51 000 bénévoles et 17 000 salariés, elle intervient dans cinq domaines : urgence-secou-risme, santé-autonomie, action internationale, formation et action sociale. Grâce à ses 900 délégations locales,100 délégations départementales et 22 régions, 630 établissements, La Croix-Rouge est présente sur l’ensembledu territoire français.

FCSF - Fédération des centres sociaux et socioculturels de FranceLa Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) est née en 1922. Elle rassemble aujour -d’hui 40 fédérations départementales ou régionales, représentant plus de 1 000 centres sociaux. La FCSF rem-plit plusieurs fonctions, dont principalement l’assistance au réseau national et la défense du projet “centresocial” auprès des différents partenaires institutionnels.

Ones - Organisation nationale des éducateurs spécialisésL’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (Ones) est une association qui a pour objet d’encourager lareconnaissance de ce métier. Elle cherche à développer des espaces de partage et de réflexion autour de théma-tiques du secteur, a une fonction de vigilance et d’alerte sur l’évolution de la profession, de ses conditionsd’exercice, de son environnement. L’Ones garantit la liberté syndicale et politique à chacun de ses membres.

Unaf - Union nationale des associations familialesL’Union nationale des associations familiales (Unaf) est l’institution nationale chargée de promouvoir, défen-dre et représenter les intérêts des 17 millions de familles vivant sur le territoire français. Son réseau national estcomposé de 122 structures territoriales (une Udaf dans chaque département, une Uraf dans chaque région)qui emploient près de 6 000 salariés. Son centre de formation, l’Unafor, est spécialisé dans la formation desprofessionnels de la protection juridique et des bénévoles des associations familiales.

Unaforis - Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale

L’Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis) est néeen 2008 du rapprochement des deux principales fédérations qui regroupent les écoles et instituts de forma-tion en travail social : l’Association française des organismes de formation et de recherche en travail social(Aforts) et le Groupement national des instituts régionaux du travail social (GNI). Son but est de représen-ter les établissements adhérents auprès des pouvoirs publics, des conseils régionaux et des employeurs.

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NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 47

P our l’ADMR, la “bientraitance”est bien plus qu’un concept à lamode, un terme pudique pour

définir la seule prévention de la maltrai-tance. Il s’agit, comme le rappelleDominique Dulhoste, secrétaire de l’Unionnationale et présidente du groupe santé,d’ “une démarche volontariste qui situeles intentions et les actes d’interven-tion au quotidien dans un horizon d’a-mélioration continue des pratiques, touten conservant une empreinte de vigi-lance incontournable”.Parce que cette problématique fait par-tie des priorités du réseau, l’ADMR vaéditer dans les semaines à venir unguide des bonnes pratiques intitulé“De la prévention de la maltraitance àla promotion de la bientraitance”. Lebut est d’apporter à ses quelques 100000aides à domicile des éléments deréflexion pour leur permettre d’avoirl’attitude la plus adaptée aux besoinset aux attentes des personnes fragili-sées. Ce guide répond à des préoc-cupations éthiques mais aussi à desobligations juridiques puisque la loidu 2 janvier 2002 rénovant l’actionsociale et médico-sociale, de mêmeque la procédure d’agrément qualité,et de manière plus générale la démar-che qualité dans laquelle s’est engagéel’ADMR (NDLR, lire Le Journal des

réseaux d’avril 2010), pousse les asso-ciations à promouvoir la bientraitance.

Les “règles d’or”Ce guide rappelle, en se basant sur ladéfinition donnée par l’Organisationmondiale de la santé, ce qu’est la mal-traitance (“un acte, isolé ou répété, oul’absence d’intervention appropriée,qui cause un préjudice ou une détressechez la personne aidée”). Ce phéno-mène, rappelle Anne-Myrtille Dubois,responsable du département Dévelop -pement, ne se limite pas à des actestrès graves, qui relèvent d’infractionspénales (vol, attouchements sexuels,etc.). “Il prend le plus souvent la formed’attitudes qui peuvent sembler ano-dines et que l’aide à domicile peut adop-ter en pensant bien faire mais qui, àforce de répétition, peuvent s’avérer

problématiques. C’est le cas, par exem-ple, lorsqu’elle force la personne à man-ger”, souligne-t-elle.Par ailleurs, ce guide propose quelquesrègles d’or simples qui garantissentla qualité de l’intervention dans le plusgrand respect de la personne. “Lorsqueles personnes sont présentes, vous pre-nez la précaution de frapper aux por-tes avant de rentrer dans les pièces.Vous gardez la bonne distance profes-sionnelle en vouvoyant les personnes,sauf invitation explicite contraire. Vouspréservez au maximum l’autonomiephysique et mentale de la personne enfaisant le plus souvent avec elle et nonà sa place, etc”.Ce guide sera diffusé d’ici la fin de l’an-née à tous les salariés de l’ADMR.

Un guide pour promouvoir la bientraitance

Le bénévolat a la coteD’après une enquête que vient de publierFrance-Bénévolat, 36 % des Français sontengagés dans des actions de bénévolat. Parmieux, on observe un taux d’engagement de35 % chez les hommes et de 38 % chez lesfemmes. Des chiffres qui confortent l’ADMR,avec son réseau de 110 000 bénévoles. Cesderniers s’impliquent au quotidien pour animeret gérer les services. Les bénévoles de l’ADMRencadrent les personnels d’intervention et

sont également des personnes référentespour les clients, à qui ils apportent écoute etconseil. Ils jouent aussi un rôle essentiel dansl’amélioration du service qui leur est apporté.

Filien ADMR : des abonnéssatisfaitsVingt-deux ans d’activité, 28 000 abonnés, denouveaux services… Le système de téléassis-tance Filien ADMR se porte bien. Un succèsqui n’a pas empêché ses dirigeants de lancerune enquête afin de vérifier l’utilité et l’efficaci-té de ce service auprès de ses abonnés.L’enquête relève une satisfaction générale desabonnés sur la qualité de la prestation, la faci-

lité d’utilisation, la sécurité du dispositif, quirassure et permet de prolonger le maintien àdomicile. Au-delà de cet aspect sécuritaire, leséquipes Filien ADMR vont travailler sur l’ap-proche conviviale de ce service afin de favori-ser les appels de convivialité et encourager lesabonnés à entretenir des contacts réguliersavec la centrale d’écoute. Encore trop d’abon-nés n’osent pas “déranger”, ne “savent pasque c’est possible” ou “pensent que c’est pluscher”, comme l’a révélé l’enquête.www.filien.com

La bientraitance englobe tout ce qui favori-se l’épanouissement de la personne.

Des outils au servicedes associationsDésireuse de mieux combattre la mal-traitance, l’ADMR a mis en place desprocédures de traitement et de signa-lement en fonction de quatre niveauxde gravité identifiés. Elle entend com-pléter ce dispositif par la productiond’outils d’animation et de sensibili-sation pour permettre aux associa-tions de tenir des réunions et desformations sur ce thème.

A C T U A L I T É

CONTACT - ADMR : 01 44655555www.admr.org

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C’est une étude inédite, menéeà grande échelle, entre marset septembre 2010. Dix-sept

des 25 PLIE de la région, Nord-Pas-de-Calais ont demandé à leurs parti-cipants ce que leur avait apportéleur accompagnement. Cette enquête,conduite par courrier auprès d’unéchantillon de 1 240 personnes (unquart en sorties positives au secondsemestre 2009, un quart en sorties “aut-res”, un quart en file active depuis plusd’un an, un dernier quart entré dansl’année et toujours présent), fait appa-raître un haut niveau de satisfaction.Ainsi, 69 % des participants décla-rent que ce qui leur a été proposé parleur référent correspondait à leurs sou-haits. Ils ne sont que 13 % à penser lecontraire (18 % ne se sont pas pronon-cés sur la question). De même, 80 %d’entre eux considèrent que leur réfé-rent s’est montré suff isammentdisponible, tandis que 9 % émettent unavis inverse. “L’objectif de cette enquêteétait d’aller au-delà des indicateurs habi-tuels forgés par le Fonds social euro-

péen, notamment le taux de sortiespositives, c’est-à-dire le pourcentagede participants accédant et se main-tenant dans l’emploi au moins six moisou validant une formation qualifiante”,explique Marie-Dominique Lacoste,

directrice générale de la Maison de l’em-ploi de Lille Lomme Hellemmes/PLIEde Lille.

Mesurer “les acquis personnels”

L’originalité de l’étude consiste à mesu-rer ce qui a été appelé “les acquispersonnels”. “Ce n’est pas parce quela personne, pour des raisons enpartie liées à la conjoncture, n’a pasréussi à retrouver un travail ou à

suivre une formation que son passagepar un PLIE a été vain », plaide cellequi représente aussi l’Alliance VillesEmploi en région Nord-Pas-de-Calais.Pour preuve, 65 % des participants sontconvaincus de mieux savoir désormaisse présenter à un employeur. De lamême manière, 72 % déclarent avoirdavantage confiance en eux, 60 % sedisent plus mobiles et 73 % affir-ment effectuer “plus facilement” desdémarches seuls. C’est ce que Marie-Dominique Lacoste nomme “laplus-value” du dispositif.“Tout en nous montrant qu’il reste desefforts à accomplir pour augmenterencore le degré de satisfaction des par-ticipants, cette enquête nous confortedans la conviction que les PLIE appor-tent une réponse pertinente et présen-tent une réelle utilité sociale”, souligneMarie-Dominique Lacoste, qui entendbien faire valoir ses enseignementsauprès des f inanceurs. Chaqueannée, les PLIE du Nord-Pas-de-Calaisaccompagnent en moyenne 42000 per-sonnes.

Les PLIE confortésdans leur utilité socialeUne vaste enquête réalisée récemment dans les PLIE du Nord-Pas-de-Calais montre que la plupart desparticipants, y compris ceux qui n’ont pas pu retrouver d’emploi, ont gagné en confiance, mobilité etautonomie.

Des journées nationalessous le signe des mutationséconomiquesLes journées nationales de l’Alliance VillesEmploi auront lieu les 9 et 10 décembre àNancy. Elles auront pour intitulé “Mutationséconomiques, insertion et emploi – enjeuxpour les territoires”. Ces rencontres, qui sedérouleront en présence de Laurent Hénart,député de Meurthe-et-Moselle, maire adjointde Nancy, président de la Maison de l’emploi du

Grand Nancy, ancien ministre et président délé-gué de l’Alliance Villes Emploi, et AndréRossinot, maire de Nancy, président de laCommunauté urbaine du Grand Nancy et ancienMinistre, verront se succéder tables rondes etateliers thématiques. Principales probléma-tiques abordées : la légitimité et la force desterritoires s’agissant d’insertion et d’emploi,les entreprises actrices et solidaires des terri-toires et les enjeux des politiques européennesd’inclusion et d’emploi.

A C T U A L I T É

CONTACT - www.ville-emploi.asso.frAlliance Villes Emploi : 0143123040

“Les PLIE apportent uneréponse pertinente etprésentent une réelleutilité sociale.”

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NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 49

“P lusieurs fois par jour, nousdevons expliquer en anglaisaux hôtes de l’auberge de

jeunesse attenante que nous ne som-mes pas un café web”, s’amuse JudicaëlDenecé, coordinateur de l’Espace 19Multimédia, dans le 19ème arrondisse-ment de la capitale. Porte vitrée, ordi-nateurs en accès libre, accompagne-ment par un salarié ou un usagerexpérimenté… Il y a, c’est vrai, de quoise tromper. Mais cet EPN, tout commeles neuf autres coordonnés par laFédération des centres sociaux de Paris(FCS 75), est avant tout un espace col-lectif d’apprentissage de l’informatiqueet de sensibilisation aux technologiesd’information et de la communication.“Au tournant des années 2000, les pre-miers EPN ont été pensés pour offrirun accès à l’ordinateur et à Internet”, sesouvient Florent Lajous, chargé de mis-sion à la FCS 75. “Depuis, l’équipementa beau s’être démocratisé, leur fréquen-tation n’a pas baissé. Au contraire. Lafracture numérique s’est tout simple-ment déplacée de l’accès vers l’usage.Désormais, on vient dans les EPN pourapprendre à se servir des outils”, sou-ligne-t-il. Ainsi, 53 % des personnesqui fréquentent l’Espace 19 Multimédiadisposent chez eux d’un ordinateuret d’une connexion Internet.Parmi eux, de plus en plus de seniors.“Souvent, leurs enfants ou petits-enfants,convaincus qu’ils pourront plus facile-ment communiquer avec eux, leur ontoffert un ordinateur. Et ils se retrouventalors avec une machine dont ils ne saventpas se servir”, raconte Judicaël Denecé.Les jeunes, eux aussi, constituent unpublic cible. “Beaucoup sont convain-cus de tout savoir de l’informatique car

ils utilisent MSN et Facebook. Mais ilsseraient incapables de créer, sous Word,un tableau de trois cases… Or, le mul-timédia devient un pré-requis impli-cite dans diverses activités sociales, del’administration à la recherche d’infor-mation ou d’emploi”, constate-t-il.

Sous le signe de la convivialité

Dans son EPN, on dépasse la simpleinitiation. L’atelier “Culture du numé-rique”, destiné à un public qui sait déjàmanipuler les outils de base, se pro-pose de faire découvrir l’étendue despossibilités que représente le Net, notam-ment Google Maps, Wikipedia ou dessites de covoiturage… Comme l’ob-serve Judicaël Denecé, “beaucoup dedébutants ne voient que la partie émer-gée de l’iceberg”, à l’image de cet usa-ger qui lui a demandé, après avoir béné-ficié d’un cours d’initiation à Internet,s’il avait un annuaire. “Il ne soupçon-nait même pas l’existence des pagesjau-nes.fr”, se souvient-il.Ici, moyennant un coût modeste (20 €d’adhésion annuelle à l’association etune participation proportionnelle auxrevenus – environ 2 € par heure decours, par exemple, pour les bénéficiai-res du RSA), on peut aussi, sous la hou-lette de bénévoles, apprendre à créerdes pages Web ou se familiariser avecle chat, la photo numérique et les réseauxsociaux.“Les EPN constituent également deslieux ressources pour différentes acti-vités des centres sociaux, comme l’ac-compagnement à la scolarité ou les ate-liers sociolinguistiques”, précise FlorentLajous. De même, le Passeport pourl’emploi, un nouveau projet lancé par

Espace 19 et financé par le Fonds socialeuropéen, s’appuie sur l’EPN. Chaqueannée, 36 bénéficiaires (un tiers adressépar les assistantes sociales, un tiersde participants aux ateliers sociolin-guistiques, un tiers issu d’un disposi-tif consacré aux jeunes et à la lutte contrel’illettrisme) suivront un parcours heb-domadaire comprenant des entretiensavec les assistantes sociales, une remiseà niveau en français et des cours d’in-formatique orientés vers l’emploi. Chacundisposera d’un espace personnel surune plate-forme Internet où figurerason CV, son agenda, ses lettres de moti-vation, des sites d’emplois avec flux RSS,etc.Tournés vers l’éducation populaire, lesEPN offrent aussi un espace de convi-vialité et d’entraide. Pascal Dupré estvenu pour la première fois à l’Espace19 Multimédia il y a quatre ans, quand,suite à une réorientation, il a eu besoinde maîtriser l’outil informatique. “J’yai trouvé du matériel récent et, chez lesbénévoles, un esprit constructif. Ici, j’aipu me familiariser avec les logiciels detraitement de texte et apprendre à cher-cher des informations sur Internet,ce qui m’a permis de trouver du tra-vail”, confie ce conseiller financier, lacinquantaine, qui aujourd’hui vientbénévolement à l’EPN pour encadrerles usagers. “L’Espace 19 Multimédiaest, vante-t-il, un vrai lieu de techno-logie et de partage”. L’an dernier, les EPN des centres sociauxparisiens ont accueilli 3 000 usagers,dont un tiers était sans emploi.

Malgré la démocratisation de l’ordinateur et de l’accès à Internet, les Espaces publics numériques(EPN) des centres sociaux de Paris continuent à combattre la fracture numérique – non plus en termed’équipement, mais en terme d’usage.

CONTACT - FCSF : 0153099616www.centres-sociaux.fr

Les Espaces publics numériques,lieux de technologie et de partage

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50 LE JOURNAL DES RÉSEAUX - NOVEMBRE 2010

P arce que savoir lire, écrire etcompter en français constitueune étape clé vers l’autonomie,

la Croix-Rouge propose un peu par-tout en France des activités d’appren-tissage de la langue. Celles-ci s’adres-sent, pour les deux tiers, à des personnesétrangères ou originaires d’autres pays.Certaines sont analphabètes et n’ontdonc jamais été scolarisées. D’autresl’ont été dans une autre langue et ont à

présent besoin d’apprendre celle de leurpays d’accueil.De nombreux Français illettrés – ayantmal appris ou oublié – participent euxaussi à des formations proposées parla Croix-Rouge. Rolande, par exem-ple, a longtemps tenté de cacher sesdifficultés à l’écrit, avant de s’inscrireà un de ces cours, il y a quatre ans. “J’aibeaucoup progressé. À présent, je mesens mieux dans mon travail, j’ai l’im-pression d’avancer dans ma vie, d’ê-tre comme les autres”, témoigne cettefemme, qui a en tête d’écrire un livrepour inciter les illettrés à dépasser lesentiment de honte et à reprendre l’ap-prentissage.

Un apprentissage tournévers la pratique

Si Rolande a repris confiance en elle,c’est en grande partie grâce à CatherineGaripuy, qui anime le cours. “Il s’agis-sait d’abord de dépasser une transcrip-tion phonétique. Puis d’orthographiercorrectement, sans inversion ni omis-sion, des mots simples, qui s’écriventcomme ils se prononcent. Ensuite d’es-

sayer de comprendre ce qu’est un verbe,un nom, un adjectif, etc”, détaille cettepsychologue à la retraite, l’un des 800bénévoles engagés dans ces activitésd’apprentissage du français.Individuels ou collectifs, les cours durenten général 1h30 à 2 heures par semaine.Ils sont dispensés à titre gratuit oumoyennant une somme symbolique,de l’ordre de trois ou quatre euros paran. Ils comportent des moments deconvivialité et sont surtout orientés versla vie pratique. Ainsi, il arrive que lesapprenants soient emmenés à la posteou à la pharmacie mettre en pratiquece qu’ils ont appris. Parmi les participants, une majorité defemmes. “Certaines personnes s’inves-tissent surtout dans les cours. D’autressouhaitent et nécessitent un accompa-gnement plus global. Souvent, ellesbénéficient d’autres dispositifs de laCroix-Rouge, comme l’aide alimentaireou le vestiaire”, précise Claire Lainé,chargée de mission Action sociale à laCroix-Rouge.Parallèlement, certaines délégationsoffrent un accompagnement à la sco-larité pour les élèves du primaire et lescollégiens, “des activités qui dépassentle simple cadre de l’aide aux devoirs etintègrent une dimension ludique”, sou-ligne Claire Lainé.

Depuis plusieurs décennies, la Croix-Rouge lutte contre l’illet-trisme et l’analphabétisme.

Un éveil artistique pourles tout-petitsContribuer à rompre la spirale de la précarité etde l’exclusion pour les enfants de parents fragili-sés en favorisant leur épanouissement par l’éveilartistique, dans le cadre d’un programme édu-catif de qualité, est une priorité pour la Croix-Rouge française. Avec le soutien de la FondationCarla Bruni-Sarkozy, l’association lance “La

Fabrique des sens”, un projet pilote d’éveil sen-soriel, dans 7 crèches Croix-Rouge française del’Est de la France. Depuis le 27 octobre, la com-pagnie “Poudre de sourire” va à la rencontred’enfants de 18 mois à 4 ans accueillis dans lesétablissements de Nancy, Forbach, Morhange,Faulquemont, Bouzonville et Tremery. Pour com-pléter ce spectacle de marionnettes interactif,une mallette pédagogique est proposée au per-sonnel d’encadrement pour travailler régulière-ment sur l’éveil des sens avec les petits. Tout aulong de l’année, des ateliers autour du conte

seront également organisés dans les crèches.La Croix-Rouge française dispose de plus de 90établissements dans les secteurs de la protec-tion de l’enfance et de la famille, de la petiteenfance et de la protection infantile. Au total,plus de 15000 enfants et leurs parents sontainsi accueillis et accompagnés dans ses struc-tures avec pour priorité, soutenir les publics lesplus précaires.

A C T U A L I T É

La maîtrise de la langue, une étape vers l’autonomie

L’apprentissage linguistique proposé par laCroix-Rouge peut s’inscrire, si la personnele souhaite, dans un accompagnement plusglobal.

CONTACT - www.croix-rouge.frCroix-Rouge française :0144431375

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NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 51

Les recommandations du foruminternationalOrganisé à Bruxelles du 26 au 30 octobre2010, mobilisant les représentants de 42pays, dont de nombreux français, le 2ème

Forum international des travailleurs sociaux derue a été l’occasion d’émettre une série derecommandations, qui ont été transmises au

Parlement européen. De portée nationale ouinternationale, elles concernent notamment lesdroits de l’enfant, la pauvreté et l’exclusionsociale. Pour en prendre connaissance :www.cnlaps.fr

Repenser la politique de la villeEn écho à la “Lettre à ceux qui ignorent lesbanlieues” signée en mai 2010 par ClaudeDilain, maire de Clichy-sous-Bois et présidentde l’association des maires Ville et Banlieue,cinq réseaux de professionnels et de militants

(CNLAPS, Fédération des centres sociaux deFrance, Inter-réseau du développement socialurbain, Europlie, Comité national de liaison desrégies de quartier) lancent un appel à l’unionpour “repenser et mettre en œuvre une poli-tique de la ville avec les habitants”.

Contact - Collectif Pouvoir d’Agir :01 45 49 06 58

A C T U A L I T É

Q uelles relations, quelles com-plémentarités entre préven-tion spécialisée et médiation

sociale? Telle est la question qui se trouveau cœur d’un colloque organisé le3 décembre à Montpellier par l’APS 34.Dans le courant des années quatre-vingt-dix, alors que la politique de la villeconnaissait un essor et que de nouveauxmétiers, en particulier celui de média-teur, commençaient à se structurer, lesdeux secteurs se regardaient en chiensde fayence. Côté éducateurs, on avaittendance à considérer comme superfi-cielle l’action de ces nouveaux interve-nants souvent dépêchés sur leurs terri-toires au moment où commençait àpoindre des tensions (feu de poubelles,nuisances sonores, etc.): les médiateurs,de fait, étaient tenus de gagner rapi-dement en visibilité auprès des groupesde jeunes, puis repartaient une fois leproblème immédiat réglé, alors qu’euxavaient longuement, humblement, bâtiavec leur public une relation de confianceet tenaient le temps pour meilleur alliédans leur travail éducatif…Aujourd’hui, les préjugés n’ont pas for-

cément disparu. Les deux lois du 5 mars2007, qui font du président de conseilgénéral et du maire les maîtres d’œu-vre, respectivement, de la protectionde l’enfance et de la sécurité, tendentmême – en tout cas sur le papier – àconforter les oppositions entre les deuxchamps professionnels. Parce que géné-ralement liés aux communes ou auxintercommunalités, les services demédiation sociale penchent naturelle-ment vers la prévention de la délin-quance. Ceux de prévention spéciali-sée, plutôt liés aux départements, sevoient renforcés dans leur rôle édu-catif.

De nouveaux champsd’intervention

“Sur le terrain, pourtant, les choseschangent”, assure Gérard Boulet, ledirecteur de l’association APS 34, l’undes organisateurs du colloque. “De plusen plus fréquent, le cofinancement d’ac-tions par le maire et le président duDépartement, de même que l’émergencede nouvelles demandes locales dans des

zones rurales, rurbaines, en centre-ville,voire sur des territoires intercommu-naux, conduisent les deux secteurs às’interroger sur leurs niveaux d’inter-vention, sur de possibles articulationset de manière générale sur le pilotagedes politiques publiques”, estime-t-il.Ici et là, sur l’arc méditerranéen(Languedoc-Roussillon, Paca, Corse),des formations conjointes ont vu le jour.Il arrive aussi, comme c’est le cas à Béziers(Hérault), qu’une municipalité mette àla disposition d’un service de préven-tion spécialisée certains de ses agentsde médiation. “Quand des jeunes “squat-tent” un immeuble, éducateurs et média-teurs peuvent ensemble leur propo-ser d’aller faire une partie de footballen salle et créer ainsi, peu à peu, lesconditions d’un travail éducatif de longterme”, note Gérard Boulet.“Avec ce colloque, nous voulons nouspencher sur les pratiques locales, inter-roger nos fondements et nos valeursrespectives, envisager une meilleur eré-partition des rôles lorsque, par exem-ple, surviennent dans un quartier desincidents graves impliquant jeunes etpoliciers. Il s’agira aussi de réfléchir auxnouveaux modes de socialisation de lajeunesse et d’identifier de nouveauxchamps d’intervention, comme celuides transports en commun”.

Entre prévention spécialiséeet médiation sociale, dépasser les préjugésUn colloque organisé le 3 décembre à Montpellier permettra d’ana-lyser les liens et lignes de fracture entre ces deux secteurs de plus enplus souvent amenés à coopérer.

CONTACT - CNLAPS : 01422979 81www.cnlaps.fr

CNLAPS

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52 LE JOURNAL DES RÉSEAUX - NOVEMBRE 2010

A uteur en 2005 d’un rapporttrès controversé sur la pré-vention de la délinquance,

le député UMP du Val-de-MarneJacques-Alain Benisti a été à nou-veau chargé, par Matignon, de sepencher sur ce dossier. Dans ce cadre,il a auditionné, fin octobre, les respon-sables de l’Ones, qui en ont profitépour lui remettre un document d’unedizaine de pages. Ce texte insistenotamment sur la nécessité de pren-dre en compte “une profonde muta-tion de la structure familiale”, “unemisère psychique qui ne cesse d’aug-menter” ou encore “la montée dela délinquance alimentaire, motivéepar des difficultés à subvenir à desbesoins primaires (manger, dormir,s’habiller)”.Pour l’Ones, il est également essentield’opérer une partition entre la préven-tion de la délinquance et son traite-ment. Partant du constat que les jeu-nes délinquants sont “dans leur trèsgrande majorité des enfants victimesde maltraitances ou de carences édu-catives”, l’Ones met l’accent sur la pro-tection de l’enfance, en privilégiant lesoutien aux familles. Il s’agit de “s’en-gager dans une approche rénovée dela relation aux familles afin d’abou-tir à une véritable co-construction desréponses, en fondant cette relationnon pas sur un ensemble de procédu-res, mais sur un processus qui passepar une reconnaissance continue etréciproque”.Concernant le traitement de la délin-quance, l’organisation préconise demiser sur la formation permanentedes professionnels qui travaillent dans

les structures accueillant des mineursdélinquants, pour leur permettre d’ê-tre davantage à l’écoute des besoinsdes enfants et leur éviter un “burn-out”. Elle insiste aussi sur la nécessitéde donner aux actes de délinquance“une réponse adaptée dans un délaicorrect”. Ni trop long, ni trop court.En effet, un placement immédiat estsouvent perçu comme un acte de vio-lence. “Certains enfants ont besoin dedavantage de temps pour compren-dre leurs difficultés et se représenterleur avenir…Ce temps de latence, quipeut durer quelques semaines, est fon-damental pour envisager une prise encharge fondée sur un processus dyna-mique et positif. C’est l’occasion devisiter l’établissement, de faire connais-sance avec les nouveaux éducateurs,de réfléchir aux moyens de transportentre le domicile et le lieu d’accueil”.En d’autres termes, de permettre auplacement de prendre sens.

Donner du sens à la sanction

Cette nécessité de donner du sens à lasanction peut passer par une plusgrande attention portée à la notion de“réparation”, considère l’Ones, qui for-mule une série de recommandations :soutenir l’autorité des professionnels,mieux articuler les différents champsd’intervention, rééquilibrer l’actionpublique en direction de la préven-tion, systématiser l’analyse de la pra-tique au sein des établissements d’ac-cueil ou encore développer des réseauxassociant des acteurs du médico-socialet du judiciaire.Parce que le rapport que prépare

Jacques-Alain Benisti doit être l’occa-sion de dresser un bilan des deux loisdu 5 mars 2007 sur la protection del’enfance et la prévention de la délin-quance, le document de l’ONES four-nit aussi un focus sur deux points clésde ces réformes. S’agissant de la placedes élus, il apparaît nécessaire, sou-tient l’organisation, que le maire, garantde la sécurité, et le conseiller général,en charge de la question sociale, agis-sent “dans le respect de leurs attribu-tions respectives”. Concernant l’épi-neuse question du partage desinformations, l’Ones estime que le dia-gnostic est “mal posé”. “La connais-sance qu’ont les travailleurs sociauxdes familles n’est pas plus importanteque celle qu’en ont les autres acteurs,qui sont en contact avec elles, notam-ment celle des élus, lorsque ceux-cirencontrent leurs administrés. La dif-férence porte sur les modes d’inter-vention et les finalités du travail engagé.Ce n’est pas, en soi, la connaissance del’information qui permet de résoudreune difficulté mais la volonté de lapersonne concernée d’améliorer sasituation, la conscience qu’elle a d’elle-même et des actes qu’elle pose, ainsique les possibilités et moyens qui luisont proposés pour résoudre ces dif-ficultés. C’est pourquoi partager l’in-formation en dehors de la personnedirectement concernée contribue sim-plement à “tourner autour de la diffi-culté”, sans directement prendre lesmoyens de la traiter”. Selon l’Ones, unpartage de l’information mal maîtrisépourrait ainsi s’avérer « très contre-productif, tout en portant atteinte aurespect de la vie privée”.

Prévention de la délinquance : ce que préconise l’OnesAuditionnés fin octobre par le député Jacques-Alain Benisti, lesresponsables de l’Ones ont plaidé pour une approche moins répres-sive qui associe davantage les familles aux réponses apportées.

CONTACT - Ones : [email protected]

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NOVEMBRE 2010 - LE JOURNAL DES RÉSEAUX 53

Pouvoir d'achat en berneL'UNAF vient de publier la synthèse desObservatoires des familles sur le pouvoir d'a-chat. Dix-huit unions départementales ont menécette enquête auprès de 10 000 familles. Avecun constat : la crise est passée par là. La majo-rité des familles se sentent en difficulté. Elleséconomisent sur des besoins de premièrenécessité, tels que l’alimentation et les énergiesdomestiques, ainsi que sur leurs dépenses en

matière de santé et d’éducation. Seule une poli-tique familiale vigoureuse peut les rassurer etrétablir la confiance. Cela permettrait de main-tenir la consommation et l’investissement desfamilles dans la santé, l’éducation et la forma-tion de leurs enfants, conditions sine qua nonde la relance économique. Synthèse surwww.unaf.fr

Ado et téléphone mobile :un guide pour les parentsL'UNAF est partenaire d'un guide de 48 pagesédité par l'Association française des opérateurs

mobiles (Afom) pour permettre aux parents d’ac-compagner leur adolescent dans l’usage quoti-dien du portable. Intitulé “Votre adolescent et letéléphone mobile”, ce fascicule grand publicdispense des conseils pratiques pour bien équi-per son enfant et rappelle les règles de savoir-vivre et de bonne conduite. Il a aussi pour butd’aider les familles à prévenir des situations àrisques et à protéger les adolescents contre d’é-ventuelles mauvaises rencontres ou escroqueries.

Les premiers DMP devraient êtremis en place en décembre. Commentl’Unaf accueille-t-elle cet événement?Très favorablement. Le DMP per-mettra aux professionnels de santé, siles pat ients les y autor isent , deconsulter l’historique des soins, pres-criptions, radiographies et autresanalyses dont ils ont bénéficié. Il cons-tituera un élément de liaison et de coor-dination comme l’est aujourd’hui pourles enfants le carnet de santé. Un méde-cin pourra par exemple tenir compteplus facilement d’éventuelles contre-indications ou allergies. De même, leDMP permettra d’éviter les dou-blons. Le cas typique, qui relève de l’ab-surde, est celui d’un malade qui, arrivéà l’hôpital subit toute une série d’exa-mens qu’il vient pourtant d’effectueren ville.

La création du DMP obéit aussi à desimpératifs d’économie…Là n’est pas son but premier. Mais ilest clair que le DMP doit aussi ame-ner une plus grande efficience et unemeilleure maîtrise des dépenses desanté. C’est loin d’être négligeable, dans

un contexte de déficits abyssaux descomptes de la Sécurité sociale.

Les patients qui refusent d’ouvrirun dossier ou qui ne laissent pasleur médecin y accéder seront-ilsmoins bien remboursés ?Cela avait été envisagé initialement,dans la loi Kouchner de 2004, qui portela création du DMP. Mais la ministrede la Santé, qu’était Roselyne Bachelot,s’est engagée à ne pas appliquer ce prin-cipe.

L’informatisation des données médi-cales suscite des craintes. Quels garde-fous a-t-on prévu ?

La loi de 2004 st ipule que ni lesmédecins du travail, ni les compagniesd’assurances ne pourront accéderaux dossiers des patients. D’autres garan-ties seront apportées. Après avoir étéinformé des finalités et conséquen-ces de l’ouverture d’un DMP, lepatient devra exprimer formellementson consentement. Par ailleurs, dans lamesure où le DMP lui appartient, lepatient peut choisir de ne pas y fairefigurer certaines informations. Unepersonne qui se casse la jambe en fai-sant du ski n’a pas forcément envie,ni besoin, que le médecin qui l’examineapprenne qu’elle a subi une IVG dix ansauparavant…

Il aura fallu six ans pour que lespremiers dossiers voient le jour. Peut-on espérer une rapide montée en puis-sance du dispositif ?La diffusion à grande échelle duDMP prendra sans doute encorecinq ans. Elle nécessitera beaucoupde volonté de la part des profession-nels, ainsi qu’un effort de pédagogieauquel l’UNAF entend bien contribuer.Nous avons d’ailleurs, à la mi-octo-bre, organisé en ce sens une réuniond’information pour nos représen-tants familiaux. Car à nos yeux, le DMPpermettra au patient d’être acteur de sasanté.

“Le dossier médical personnel permettra au patient d’être acteur de sa santé”Prévu pour décembre, le lancement du dossier médical person-nel (DMP) devrait permettre d’améliorer la qualité des soins et l’ef-ficience des dépenses de santé, soutient Nathalie Tellier, chargéede mission Assurance-maladie à l’UNAF.

A C T U A L I T É

CONTACT - www.unaf.frUNAF : 01 4995 3600

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54 LE JOURNAL DES RÉSEAUX - NOVEMBRE 2010

C ertains s’y sont mis il y a plu-sieurs décennies, d’autres com-mencent à peine à regarder ce

qui se passe au-delà des frontières. Selonl’AFORTS, environ 30 % des établisse-ments de formation en travail social pro-posent en tout cas aujourd’hui à leursétudiants une ouverture sur l’étranger.Ouverture qui, en fonction de leur pro-pre histoire, peut revêtir des formes dif-férentes. Ceux qui, traditionnellement,ont adopté une approche très profession-nalisante de la formation ont ainsi ten-dance à privilégier les stages, tandisque les autres nouent plutôt des parte-nariats avec des universités étrangères –les études en travail social s’effectuant,dans la plupart des pays d’Europe, à la“fac” ou dans des écoles universitaires.A l’évidence, la localisation géogra-phique s’avère, elle aussi, déterminante.L’IRTS de Lorraine, par exemple, est néde la fusion, il y a une dizaine d’années,de deux instituts, ceux de Metz et Nancy.“Le premier avait déjà mis en place deséchanges avec la Sarre, le Luxembourget la Belgique, dans le cadre del’Eurorégion. Le second, lui, avait déve-loppé des liens avec différentes univer-sités allemandes”, explique GérardSchaefer, son responsable des relationsinternationales.A ses yeux, pas de doute, c’est lanaissance d’Erasmus, il y a 20 ans, quia permis la naissance de nombreuxpartenariats en apportant à la fois desfinancements et un cadre d’échangesrassurant. Les centres de formation entravail social peuvent de fait, commetous les autres établissements d’ensei -gnement supérieur, demander à béné -ficier de la charte au cœur de ceprogramme européen de mobilité (en

2009, 20 d’entre eux l’avaient obtenue).Dès lors, leurs étudiants peuvent, dansle cadre d’accords bilatéraux avecd’autres écoles, universités ou milieuxprofessionnels, partir étudier oueffectuer un stage ailleurs en Europe,puis à leur retour, faire reconnaître leurtemps de formation.Certains établissements font aussi lechoix de bâtir des programmes d’é-change par-delà les frontières de l’Europe.C’est le cas de l’IRTS de Lille, qui jouitde liens privilégiés avec l’Amérique duSud, ou de ceux de Bretagne, de Poitou-Charentes, de Basse-Normandie, de laRéunion et de Lorraine, qui ont nouédes partenariats avec le Québec.Plusieurs obstacles subsistent cepen-dant. A commencer par celui du finan-cement. “Un stage humanitaire de sixsemaines induit un surcoût de 1500 à2000 euros”, cite en exemple GérardSchaefer. “Or, la plupart de nos étu-diants sont issus des classes moyennes,

voire de milieux très modestes”. La fai-blesse des compétences linguistiques –qui jusqu’ici, il faut le reconnaître, neconstituent pas une priorité pour lesétablissements de formation en travailsocial – peut, elle aussi, constituer unfrein, surtout s’il s’agit d’effectuer unstage au contact de la population locale.Enfin surviennent souvent des incom-patibilités de calendriers lorsque lesécoles, contrairement à leurs partenai-res européens, n’ont pas choisi d’orga-niser leur cursus en semestres.C’est dommage, estime Gérard Schaefer.“Car du fait de la mondialisation, lestravailleurs sociaux seront de plus enplus confrontés à des personnes origi-naires d’autres cultures et il est essentielqu’eux-mêmes aient expérimenté ce quecela signifie d’être étranger”.

Le travail social joue lui aussila carte de l’étrangerDe plus en plus d’écoles nouent des partenariats internationaux afin d’envoyer leurs étudiants sui-vre des cours ou effectuer des stages au contact d’autres cultures.

CONTACT - Unaforis : 01 53 34 14 741, cité Bergère 75009 Paris

Lors d’un séminaire international de gérontologie en action sociale à Preddvor (Slovénie), en2009, deux étudiantes de l’Université de Gand (Belgique) et de l’IRTS de Lorraine (au premierplan) sont à l’écoute d’une personne âgée hébergée dans une maison de retraite locale.Objectif : apprendre à communiquer sans nécessairement maîtriser tous le même langage.

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nafo

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