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MARCHéS DE NICHES Au-delà de la certification PRODUITS LAITIERS Le lait local fait parler la poudre Chantiers en cours N°162 FÉVRIER-MARS 2013 Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP http://spore.cta.int INTERVIEW Sean de Cleene, vice-président de Yara International CONDITIONS DE TRAVAIL

CONDITIONS DE TRAVAIL Chantiers en cours - Lai … · cosmétiques à base d’huile de noix de coco au Body Shop, cette huile provient du Samoa – une île qui, ... bles sont maintenant

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marchés de niches

Au-delà de lacertifi cation

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Le lait local fait parler la poudre

Chantiersen cours

N°162FÉVRIER-MARS 2013

Le magazinedu développementagricole et ruraldes pays acp

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Sean de Cleene,

vice-président de

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Le commerce ACP analysé et décrypté http://agritrade.cta.int

Les dernières informations sur le commerce agricole et la pêche ACP-UE

agritrade

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est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifi que (ACP) et

l’Union européenne, et fi nancé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas • Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • E-mail : [email protected] • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Thierry Doudet, Stéphane Gambier, Anne Legroscollard, Isolina Boto, vincent Fautrel, José Filipe Fonseca, Krishan Bheenick • MARKETING : Thérèse Burke • RÉDACTION : Directeur de la rédaction et Rédacteur en chef de la version française : Joshua Massarenti • vita Società Editoriale S.p.A., via Marco d’Agrate 43, 20139 Milano, Italie • Rédactrice en chef de la version anglaise : Susanna Thorp (WRENmedia Ltd) • Fressingfi eld, Eye, Suff olk, IP21 5SA, UK • Rédactrice en chef de la version portugaise : Ana Gloria Lucas, Rua Aura Abranches 10, 1500-067 Lisboa, Portugal • CORRESPONDANTS : ont participé à ce numéro M. Aka Aka (Côte d’Ivoire), O. Alawode (Nigeria), B. Bafana (Zimbabwe), K. Bescombe (Trinité-et-Tobago), T. P. Cox (Royaume-Uni), S. Diarra (Mali), C. Docherty (Barbade), W. Gibbings (Trinité-et-Tobago), G. Kamadi (Kenya), J. Karuga (Kenya), O. Kiishweko (Tanzanie), M. A. Konte (Sénégal), P. Luganda (Ouganda), C. Nforgang (Cameroun), C. Njeru (Kenya), J. Ojwang (Kenya), F. Pereira (Guinée-Bissau), P. Pink (Jamaïque), P. Sawa (Kenya), S. Rantrua (France), F. Tafuna’i (Samoa), A. Twahirwa (Rwanda) et M. Waruru (Kenya) • AUTRES CONTRIBUTEURS : N. Brynaert, S. Federici, ISO Translation & Publishing, D. Juchault, D. Manley, F. Mantione, C. Pusceddu, Tradcatts, G. Zati. • DESIGN : Intactile DESIGN, France • MISE EN PAGE : Lai-momo, Italie • IMPRESSION : Pure Impression, France • © CTA 2013 – ISSN 1011-0054

DOssiEr

Les marchés de niches

Au-delà de la certifi cation

À LA UNE4 iNtErViEw

4 | À la une6 | Actualités7 | Agriculture8 | élevage et pêche9 | Environnement10 | recherche11 | Entreprise et commerce12 | interview

13 | DOssiEr Conditions de travail : chantiers en cours sécurité et santé dans le milieu agricole, un défi permanent.

17 | Point de vue Tometo Kalhoulé : ratifi er et bien légiférer L’afrique francophone sur le front législatif pour protéger les travailleurs agricoles.

18 | reportage Mali : travaux agricoles, attention danger ! inquiétudes chez les petits producteurs de coton dans la région de sikasso.

20 | filière Produits laitiers : le lait local fait parler la poudre21 | Publications25 | Agir avec le ctA

sean de cLeene

Un monde meilleur grâce à l’Afrique

12condiTions de TravaiL

Chantiersen cours

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spore n° 162 – Février-mars 2013sOMMAirE

ÉditorialQui est le plus

grand investisseur dans l’agriculture dans les pays en développement ?Selon le rapport de la FAO, La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2012, ce sont de loin les agriculteurs eux-mêmes puisqu’ils investissent jusqu’à quatre fois plus que les gouvernements et 50 fois plus que l’aide étrangère au développement. Ces investissements portent sur les équipements, les canaux d’irrigation, la plantation d’arbres et la construction de fermes. Les études montrent que l’investissement dans l’agriculture constitue l’un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté et la faim. Il demeure toutefois de nombreux gouvernements qui n’allouent pas de budgets adéquats à leurs secteurs agricoles, et ce malgré les engagements pris dans le cadre d’initiatives telles que le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique.Le rapport préconise une augmentation importante de la quantité et de la qualité des investissements, et insiste sur le fait que les agriculteurs doivent être au cœur des stratégies visant à renforcer la quantité et la qualité de l’investissement en agriculture. Un climat propice – sur le plan légal, politique et institutionnel – ainsi que des mesures d’incitation commerciales sont indispensables pour stimuler l’investissement des agriculteurs et d’autres investisseurs privés. Le rapport aborde également la question sensible des grands investissements agricoles, en particulier ceux des compagnies étrangères. Bien que ces investissements peuvent off rir des opportunités en termes d’apports de capitaux, de transferts de technologie et de bénéfi ces, ils peuvent aussi pousser des populations locales à quitter leurs terres et avoir des répercussions négatives sur l’environnement. Pour dépasser ces problèmes, il faut négocier des contrats garantissant des résultats positifs pour les populations locales, les gouvernements et les investisseurs privés.

Finalement, le rapport appelle les gouverne-ments et les bailleurs de fonds à aider les petits agriculteurs à surmonter les contraintes consi-dérables qu’ils rencontrent en leur assurant la sécurité foncière, de meilleures infrastructures rurales, des assurances contre les risques et des organisations de producteurs plus fortes.

Michael HailuDirecteur du CTA

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Février-mars 2013 | spore 162 | 3

L orsque les consommateurs de 61 pays achètent des cosmétiques à base d’huile de noix de coco au Body Shop, cette huile provient du Samoa – une île qui, comme bien d’autres dans le Pacifique, a lutté pen-

dant des décennies pour surmonter l’effondrement du commerce du coprah. Désormais l’huile vierge de noix de coco est produite par transformation des noix entières sur les exploitations et le géant des cosmétiques achète toute l’huile que les agriculteurs samoans peuvent fournir. En plus d’ouvrir un nouveau marché pour une culture emblé-matique de Samoa, le produit permet aux agriculteurs de récupérer une part plus importante des bénéfices et de développer pour le pays une marque de grande qualité au sein de ce marché.

Au cours des deux dernières décennies, ces producteurs et quelques autres ont pu accéder à des marchés de niches récompensant les caractéristiques mêmes qui désavan-tagent habituellement les petits producteurs dans le sec-teur encombré du commerce des produits de base. Durant cette période, les certifications biologiques et du commerce équitable sont devenues le symbole même du concept de marché de niches. Plus de 6 000 produits certifiés équita-bles sont maintenant vendus dans 25 pays et les ventes de produits biologiques ont plus que triplé ces dix dernières années. Plus d’un quart des bananes et un tiers du sucre vendus dans les supermarchés anglais portent un label de commerce équitable, y compris dans les grandes marques telles que le sucre Tate & Lyle.

Les produits certifiés, qui se répandent sur le marché, risquent de ne pas garder longtemps leur statut de niche. Lorsque des bananes de commerce équitable provenant d’une petite île des Caraïbes sont présentées à côté de bananes bien moins chères relevant également du com-merce équitable et commercialisées par des exportateurs mieux organisés comme l’Équateur, les clients choisissent les moins chères, rassurés de savoir qu’ils soutiennent tout de même le commerce équitable. Les petits producteurs retombent alors dans un marché où la concurrence est rude et où ils sont marginalisés, voire pénalisés davantage par le coût de l’obtention d’une marque de certification. La satu-ration de ces marchés exige l’adoption d’approches plus créatives et diversifiées permettant à chaque pays et groupe

de producteurs de définir leur propre niche. Les produits doivent aller au-delà de la certification pour se défendre seuls et fonder leur rentabilité sur leur transformation, leur marque, leurs qualités uniques ou leurs origines exotiques qui doivent toutes viser un plus large éventail de goûts et de liens culturels.

Du produit de base à la marquePendant des siècles, la canne à sucre a été le moteur de

l’économie des Caraïbes, mais aujourd’hui cette culture très commercialisée semble offrir peu d’opportunités de crois-sance ou de développement. Les marchés du commerce équitable et des produits biologiques sont devenus presque aussi encombrés que les grandes filières et des produits cer-tifiés moins chers supplantent ceux des petits États insulai-res en développement.La West Indies Sugar & Trading Company (Wistco) de la Barbade a délaissé ces labels et passé des années à créer sa propre marque pour le sucre produit sur l’île. Il existe

Les marchés de niches

Au-delà de la certification

Atelier de production de noix de coco à Samoa.

Les programmes de certification comme le commerce équitable et la certification biologique ont permis aux petits producteurs de se détourner des marchés d’exportation de masse au profit de niches à plus forte valeur ajoutée. Toutefois, ces nouveaux marchés sont également en cours de saturation, ce qui force les producteurs des pays ACP à développer leurs propres niches.

À LA UNE

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la ligne traditionnelle Plantation, qui est vendue dans de nombreux magasins des Caraïbes et du Royaume-Uni, et la qualité supérieure à couleur d’ambre appelée Plantation Reserve, qui ne se trouve que dans les super-marchés haut de gamme. Selon Chris Docherty, président de Wistco et directeur général de Windward Strategic, qui aide d’autres entreprises à construire des marques pour des chaînes d’approvisionnement durables, la création de marques pour les denrées de base est particulièrement dif-fi cile. Il n’a été ni aisé, ni rapide, ni bon marché de créer une marque attractive pour quelque chose d’aussi simple que le sucre, mais Wistco a découvert que les compéten-ces particulières dont elle avait besoin relevaient aussi du phénomène de la mondialisation. “Nous avons utilisé un concepteur local pour nos emballages, une agence de relations publiques britannique pour lancer une campagne publicitaire et un concepteur de sites web d’Europe conti-nentale”, a précisé Docherty. La compagnie, rentable dès la quatrième année, rapporte maintenant plus d’un mil-lion de dollars US (774 000€) à l’industrie sucrière de la Barbade en bénéfi ces supérieurs aux cours mondiaux.

Une autre approche consiste à promouvoir les produits et variétés locales auprès des populations de la diaspora qui vivent dans le monde développé. La tâche est parfois diffi cile. En 2009, le gouvernement de l’État de Nasarawa, au Nigeria, a fait une tentative d’exportation de l’igname au Royaume-Uni, mais les coûts d’exportations se sont avérés trop élevés et le projet a été abandonné après la première saison. Une nouvelle tentative mieux coordon-née – si elle peut surmonter le problème des coûts d’expor-tation, créer une marque reconnue et transmettre une part plus importante du prix aux agriculteurs – pourrait créer un canal commercial durable entre les Nigérians chez eux et ceux qui résident à l’étranger.

Le rôle clé des décideurs politiquesDe nombreux producteurs qui ont trouvé une niche sûre

avec les marchés certifi és vont devoir différencier leurs pro-duits et les valoriser au-delà de la marque de certifi cation. Il faudra travailler davantage à la manière dont ces réussites

peuvent devenir durables et transposables à plus grande échelle. Il manque souvent aux tentatives qui visent, seules, à lancer des marques maison, les énormes investissements indispensables pour développer une nouvelle niche. L’un des facteurs essentiels est un contexte favorable sur le plan des politiques. Les décideurs peuvent contribuer à améliorer la disponibilité et la qualité des cultu-res grâce à des stratégies nationales intégrées pour l’agriculture ; faciliter les exportations et les rendre moins coûteuses ; et apporter des fi nance-ments. Un tel contexte pourrait même permettre à de petites compagnies de lancer des produits différenciés – plus vraisemblablement avec l’aide de l’État, d’ONG ou de bailleurs de fonds.

Souvent, il faut à tout le moins des fi nance-ments d’amorçage pour mener à bonne fi n la transition vers une nouvelle production et les stratégies de commercialisation. Ceux-ci vont probablement devenir un axe d’intervention majeur pour l’investissement national, tout comme les fonds d’aide pour le commerce qui soutiennent les pays en développement à

renforcer leurs capacités commerciales. L’UE consacre déjà une partie de son budget (10 milliards d’euros par an) pour aider les producteurs à respecter les normes euro-péennes de santé et de sécurité. Au-delà de ces appuis, le soutien à des stratégies commerciales uniques pourrait être encore plus profi table. Dans les pays ACP, les expor-tations de produits de niches sont déjà soutenues par le Centre pour le développement de l’entreprise (CDE) mis en place dans le cadre de l’Accord de Cotonou et par le COLEACP, un réseau interprofessionnel qui favorise des échanges horticoles durables entre les pays ACP et l’UE.

Sur le plan intérieur, des conseils de promotion des expor-tations peuvent aider les entreprises à identifi er les besoins et à déterminer les produits qui répondent de manière constante aux normes de qualité qu’elles promettent aux acheteurs. Il faudra que ces diverses formes d’aide déploient engagement et clairvoyance. Cela prend des années pour que les nouvelles initiatives aient des retombées – et nom-breuses sont celles qui échouent. Là où les programmes de certifi cation promettaient d’apaiser les soubresauts des marchés mondiaux, les marchés de niches récompensent l’entreprenariat dynamique. Toutefois, pour de nombreux agriculteurs, cela signifi e simplement une augmentation des coûts et des risques. Si tel est l’avenir qu’ils prévoient, les décideurs des pays ACP, en collaboration avec le secteur privé, les ONG et les partenaires du développement, doivent élaborer soigneusement leurs plans d’action pour éviter que les agriculteurs soient seuls face à ces diffi cultés.

IIEDInstitut international pourl’environnement et le développement Pro-poor Certifi cation : Assessing the Benefi ts of Sustainability Certifi cation for Small-scale Farmers in Asiahttp://pubs.iied.org/14604IIED.html

Branding Agricultural Commodities : The Development Case for Adding Value through Brandinghttp://pubs.iied.org/16509IIED.html

Women In Business DevelopmentStanding proud on Samoan soilhttp://tinyurl.com/at7aqte

West Indies Sugar & Trading CompanyProducteur des sucres Plantation Traditionalet Plantation Reserve de la Barbadewww.wistco.co.bb

Windward Strategic Ltdwww.windwardstrategic.com

Address by the High Commissioner of Nigeriaon the introduction of Pepa Yam from Nasawara State to the UK, 2009http://tinyurl.com/ao87hed

CTANote de synthèse – mise à jour 2012 :Diff érenciation des produitshttp://tinyurl.com/d8d2ot4

Pour aller plus loin

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À LA UNE

Février-mars 2013 | spore 162 | 5

sécUriTé aLimenTaire

Perspectives rassurantesLes perspectives agricoles et alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest sont globalement bonnes, indiquent la FAO et le PAM. Selon les premières estimations, la production céréalière en 2012/13 au Sahel et en Afrique de l’Ouest se situerait entre 57 et

64 millions de tonnes, soit une hausse de 5 à 17 % par rapport à la campagne agricole 2011/12. En Afrique australe, une vague de sécheresse prolongée a entraîné un recul de la production céréalière en 2012, notamment au Lesotho. En revanche, en Afrique de l’Est, la situation globale de la sécurité alimentaire a commencé à s’améliorer avec le début des récoltes et des précipitations abondantes.

aGroecoLoGie

Triplé gagnantSelon une étude conjointe de l’Institut de recherche agricole du Kenya (KARI), de l’International Livestock Research Institute (ILRI) et de l’Institut international de recherche sur les politiques

alimentaires (IFPRI), la gestion des éléments nutritifs du sol et le recours à des aliments de meilleur qualité pour le bétail aident les agriculteurs à augmenter la productivité, à s’adapter au changement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En nourrissant ses sept chèvres avec du napier (Pennisetum purpureum) et du desmodium, John Otip (photo) a augmenté sa production de lait de trois à huit litres par jour. En même temps, grace à une culture associée à celle du desmodium qui fixe l’azote et éloigne les foreurs de tige, les rendements du maïs sont passés de une à 3,5 tonnes par hectare.

caraÏBes

Ouragan ravageurL’ouragan Sandy, en semant le chaos sur ■

l’île de la Jamaïque, au nord des Caraïbes, a occasionné des millions d’euros de dom-mages dans toute l’île. L’un des secteurs les plus touchés est l’agriculture, où les dégâts dépassent 11,8 millions d’euros. Plus de 20 % des célèbres baies du caféier Blue Mountain ont été détruites pour une valeur de 850 000 € et le Ministère de l’Agricul-ture et de la Pêche estime que plus de 37 000 agriculteurs ont été touchés par la catastrophe.

Le gouvernement, afin de permettre au secteur de se relever, s’est engagé à fournir des semences, des engrais et des poussins d’un jour aux agriculteurs. Un prêt de 770 000 € de la People’s Cooperative Bank et des subventions du Programme de soutien à la banane financé par l’UE permettront d’aider les producteurs de bananes. Le Premier Ministre Portia Simpson Miller a déclaré que même avant l’ouragan le pays était confronté à de graves problèmes éco-nomiques et que maintenant il fallait accé-lérer le travail pour assurer une meilleure préparation à l’avenir. Les ministères de l’Agriculture, de la Main-d’oeuvre et de la Sécurité de Jamaïque ont également mis en place un système de bons pour aider les petits exploitants agricoles et les encoura-ger à replanter.

Finance soLidaire

Nununa, un modèle d’entreprise sociale

La fédération Nununa (“Gras naturel”, en ■

dialecte nuni du Burkina Faso) figure parmi les lauréates de la troisième édition des Grands Prix de la finance solidaire. Ceux-ci récompensent cinq projets à forte utilité sociale et environnementale et sont décernés par l’association Finansol et le quotidien fran-çais Le Monde. Créée en 2001, Nununa est une coopérative qui regroupe 4 500 produc-trices de sésame et de beurre de karité dans le but de mettre en commun leur savoir-faire et leurs moyens de production pour renforcer la qualité de leurs produits et en assurer la com-mercialisation. Avec le soutien de Tech Dev, une association spécialisée dans l’appui tech-nique aux petites entreprises africaines, et le fonds d’investissement solidaire Garrigue, la coopérative a réussi son pari. Chaque année, Nununa exporte 100 à 150 tonnes de beurre de karité certifié par Fairtrade International, dont une partie est transformée en savon et autres produits cosmétiques. Au-delà des succès commerciaux, la fédération se distin-gue aussi par des projets sociaux (centres d’alphabétisation des femmes rurales, parrai-nage d’orphelins, etc.) qui justifient le choix de Finansol et du Monde.

poLiTiQUe

Vulnérabilité climatiqueLes résultats d’un projet mené dans quatre régions au Kenya et impliquant 120 agriculteurs et pasteurs, vont déboucher sur des recommandations stratégiques pour rendre les communautés moins sensibles aux variations climatiques. ce projet s’était particulièrement penché sur la manière dont des prévisions météorologiques localisées et à la demande peuvent améliorer la production de maïs et de sorgho.

assUrance

Pertes agricolesdepuis le 12 octobre 2012, les agriculteurs rwandais peuvent bénéficier d’une assurance contre les pertes occasionnées par des conditions climatiques extrêmes et constatées par des stations météorologiques mises en place à cet effet. Les huit stations installées dans les provinces du sud et de l’ouest offrent la possibilité à 20 000 agriculteurs de souscrire à cette assurance à faible coût. dans un premier temps, elle concernera les producteurs de maïs et de haricots.

Des femmes de la Fédération Nununa décortiquent des noix de karité.

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Champs de bananiers dévastés en Jamaïque.

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ActUALités

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anacarde

Un SMS n’a pas de prixAfin d’informer simultanément tous les ■

acteurs de la filière et d’y promouvoir la transparence, un système d’information du marché de la noix de cajou baptisé SIM-anacarde a été créé en 2009 en Côte d’Ivoire. Financé par la Commission européenne et la Fondation de France, ce projet est piloté par l’ONG RONGEAD et l’Institut africain pour le développement économique et social (INADES). Ce dernier est chargé de synthé-tiser des informations sur les prix locaux, nationaux, et internationaux de l’anacarde pour ensuite diffuser via SMS des conseils aux producteurs ivoiriens sur la gestion des risques commerciaux (variations de prix, absences de partenaires, non-respect des contrats, etc.). Ceci permet d’adapter les prix aux cinq zones de production du nord du pays.

Deux cent soixante neuf producteurs relais reçoivent l’information puis la transmettent aux 8 500 producteurs ciblés par le projet. SIM-anacarde a amélioré les prix de vente de 4 % et les revenus des producteurs de 2,4 %, tout en réduisant leur niveau de pau-vreté de 6,3 %, selon l’Autorité ivoirienne de régulation du coton et de l’anacarde de Côte d’Ivoire (ARECA) et des bénéficiaires du projet. Celui-ci pose les bases d’une bourse de l’anacarde dont la Côte d’Ivoire est le pre-mier exportateur mondial.

TechnoLoGie

Un outil interactif pour protéger le riz

Le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) ■

a développé un outil interactif permettant d’identifier quelque 200 espèces différentes d’adventices de bas-fond en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Cet outil, présenté en octobre 2012, est destiné aux agronomes, étudiants, associa-tions de producteurs et aux services de vul-garisation. L’ identification se fait sur base de connaissances accessibles en ligne, hors-ligne sur CD-ROM ou encore grâce à une applica-tion pour appareil mobile. “Les adventices sont peut-être la plus importante contrainte de la production rizicole, il s’agit là donc d’une ressource précieuse pour tous les acteurs de la recherche, de la formation et de la gestion des adventices du riz en Afrique subsaharienne, où les pertes totales en production rizicole imputables aux adventices sont estimées à 1,1 milliard d’euros”, a affirmé le Dr Jonne Rodenburg, malherbologue à AfricaRice. Cet outil a été conçu dans le cadre du projet de recherche sur les adventices du riz en Afrique (AFROweeds), coordonné par le Centre de coopération internationale en recherche agro-nomique pour le développement (CIRAD) et AfricaRice, avec l’appui de l’Union européenne et le Programme ACP pour la science et la technologie.

assUrance

investissements plus sûrsau Kenya, 12 000 agriculteurs ont assuré leurs investissements agricoles contre le risque de mauvaise récolte. Un régime d’assurance basée sur un indice climatique encourage les agriculteurs à emprunter à l’agricultural Finance corporation, les assurances apa fournissant alors une couverture contre les pertes dues au climat. Une participation de plus de 20 000 agriculteurs est attendue en 2013.

séLecTion

Du maïs résistant à la sécheressedes agriculteurs zimbabwéens ont effectué la première récolte de sirdamaiZe 113. cette nouvelle variété de maïs hybride développée par le centre de développement et de recherche scientifique et industriel au Zimbabwe (sirdc), est résistante à plusieurs maladies importantes, comme le virus de la striure ou la maladie des tâches grises, arrive à maturité en 136 jours et offre un rendement raisonnable même en cas de sécheresse.

maLadies

Caféiers ougandais menacésLe scolyte du caféier (Hypothenemus hampei (Ferrari)), inconnu en Ouganda jusqu’en 2004, affecte aujourd’hui 35 des 84 régions

où l’on cultive le café. Il entrave la croissance et cause le dessèchement des arbres, entrainant une forte baisse de la production. Il a été demandé aux agriculteurs de pulvériser de l’insecticide pour arrêter la propagation de ce ravageur qui tend rapidement à devenir la principale menace pour la production du café dans le pays selon le ministère de l’Agriculture et l’Office de développement du café ougandais. Africano Kangire, responsable de l’Institut national de recherche sur le café (COREC), estime que ce scolyte a déjà décimé plus de la moitié des caféiers dans les zones de culture du Robusta.

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Impact positif sur les revenusGrâce à l’aide de la Banque mondiale et du gouvernement rwandais pour réhabiliter et développer les régions marécageuses

du Rwanda, les rendements du riz ont doublé de trois à six tonnes par hectare. L’amélioration des techniques d’irrigation a permis de tripler les revenus de près de 50.000 agriculteurs au cours des trois dernières années. L’utilisation d’engrais a augmenté de 34 à 86 % depuis 2001. La création de coopératives a également renforcé l’accès au marché : plus de 70 % des agriculteurs, le double de la moyenne nationale, arrivent ainsi à écouler leurs produits. Le projet d’appui au secteur rural fait partie du plan de relance de l’économie rurale adopté par le gouvernement rwandais.

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En Côte d’Ivoire, la transformation des anacardes crée de l’emploi pour les femmes.

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Au Bénin, la lutte contre

les adventices passe par les

tablettes.

AgricULtUrE

Février-mars 2013 | spore 162 | 7

diversiTé

Bétail menacéSelon la FAO, 22 % des races de bétail à travers le monde sont menacées d’extinction. Les données démographiques étant souvent manquantes ou dépassées, il est toutefois difficile d’évaluer avec certitude l’état de la diversité du bétail. Plusieurs pays mettent en place des programmes pour enrayer

la disparition des races de bétail indigènes, mais d’après une étude récente de la FAO, ces initiatives resteront vaines si elles ignorent le rôle des femmes comme éleveuses de races indigènes. Les femmes sont les gardiennes de la diversité du bétail, et pourtant leur contribution à l’élevage et la perpétuation du bétail indigène est souvent peu documentée et sous-estimée.

prodUiTs LaiTiers

Le meilleur du laitLancé il y a six ans au Kenya, le Programme ■

de commercialisation en faveur des petits pro-ducteurs laitiers a permis à ces derniers de ren-forcer leur résilience à la sécheresse et d’aug-menter leurs revenus. Financé par le Fonds international de développement agricole et mis en œuvre par le gouvernement kényan, ce programme a appris aux agriculteurs à gérer les pâtures, à planter les bonnes variétés de fourrage, à conserver la matière sèche et à élaborer leurs propres aliments, dans le but d’augmenter la production laitière en période sèche. Le zéro-pâturage a aussi été encouragé et certains agriculteurs cultivent leur propre foin afin d’éviter les coûts d’achat de fourrage. La production de biogaz à partir des déchets a permis aux agriculteurs de préserver les arbres mais également de fertiliser leurs potagers, améliorant ainsi leur alimentation.

Dans 14 zones de commercialisation du lait au Kenya, les agriculteurs se sont regroupés pour élaborer des plans d’activités quinquen-naux. Certains ont créé des coopératives laitiè-res pour transformer le lait ou gérer des crème-ries. Un groupe a démarré un système bancaire informel (table-banking) tandis qu’un autre s’est lancé dans la production de yaourt.

séLecTion

Du tilapia amélioréEn Afrique du Nord et de l’Ouest, les ■

pisciculteurs ont vu la productivité et leurs revenus augmenter grâce à deux variétés de poisson amélioré dont la croissance est 30 % plus rapide que les variétés ordinaires. Ces variétés de tilapia du Nil (Oreochromis nilo-ticus), l’une adaptée pour la Méditerranée (Abbassa) et l’autre pour l’Afrique de l’Ouest (Akosombo), ont été développées en Egypte et au Ghana par le centre international de recherche WorldFish et ses partenaires locaux. Une croissance plus rapide signifie plus de revenus pour les pisciculteurs et des retombées économiques importantes pour le secteur de l’aquaculture. “Les résultats sont prodigieux. L’industrie du tilapia explose grâce à la nouvelle variété Akosombo”, rapporte le Dr Attipoe du Water Research Institute (WRI) qui a créé cette variété avec WorldFish. “Au rythme actuel, la production de tilapia au Ghana devrait décupler d’ici 2015.” Les bénéfices s’étendent aussi à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest : des surplus de poissons sont exportés en Côte d’Ivoire et des alevins envoyés dans des élevages au Burkina Faso et au Nigeria. La variété égyptienne est en phase de test dans divers pays méditerra-néens et dans des régions d’Asie de l’Ouest au climat similaire.

Bovins

Potentiel génétiqueLe sénégal est en passe d’améliorer le potentiel génétique de son cheptel bovin par des croisements avec des races à haut rendement (montbéliarde, holstein, Jersiaise) importées principalement de France, d’inde et du Brésil. de 3 000 vaches inséminées annuellement pendant une dizaine d’années, le mouvement s’est accéléré depuis 2008. et chaque année, plus de 30 000 vaches sont traitées avec des taux de gestation allant jusqu’à 47,7 %. devant la faible production locale de lait et face à une demande en hausse, le pays dépend encore pour beaucoup de ses importations estimées à quelque 91 millions d’euros.

éLEVAgE Et PêchE

BioTechnoLoGies

Génome séquencéLe génome de dix Nguni – une race indigène prisée pour sa résistance aux maladies et sa tolérance à la chaleur – a été séquencé par la Plateforme de biotechnologies, un projet de séquençage d’ADN financé par le Conseil de recherche sur

l’agriculture d’Afrique du Sud. Les données obtenues seront diffusées par le Consortium 1 000 Bull Genomes, un projet communautaire de recherche bovine internationale qui fournit des informations sur les variations génétiques des races bovines du monde entier. Jasper Rees, directeur de la Plateforme de biotechnologies, explique que ce séquençage vise à identifier les caractéristiques génétiques permettant à la race Nguni de résister aux maladies et à la chaleur et de les introduire dans les races commerciales élevées pour leur production de lait ou de viande.

homoLoGaTion

Du lapin dans l’assietteUne étude du marché local menée par l’agribusiness association de Trinité-et-Tobago a identifié une forte demande pour la viande de lapin. pour se lancer dans cette production, les agriculteurs doivent suivre une formation auprès de la rabbit industry association et être homologués. Les producteurs agréés bénéficient de subsides publics dans le cadre d’un programme gouvernemental en faveur du secteur agricole.

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Le tilapia du Nil, une ressource précieuse pour le secteur piscicole ghanéen.

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Un kiosque de produits laitiers au nord du Kenya.

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TechnoLoGie

Plantations en zone arideUne technologie de plantation biodégradable, le Groasis Waterboxx (GWB), qui réduit de 80 % les besoins en eau, est en phase de test en Afrique. Le GWB protège et irrigue les semis

d’arbres jusqu’à ce que les racines soient suffisamment développées pour atteindre les sources d’eau souterraines, ce qui peut prendre jusqu’à deux ans selon le milieu et les espèces. A Saragosse (Espagne), où la température monte à 40°C, 18 000 arbres ont été plantés avec des GWB. Cette technique permet aussi de faire pousser des arbres fruitiers en zone aride. En Afrique, le GWB est testé dans les régions de Wukro (Ethiopie) et Shanta-Abaq (Kenya). Plus de 100 000 GWB sont actuellement utilisés dans le monde.

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BiodiversiTé

Nouvelles zones protégées

A l’issue du projet Zones protégées de nou- ■

velle génération entamé voici un an et demi par l’Institut de la biodiversité et des aires protégées (IBAP), les zones de protection de la biodiversité en Guinée-Bissau n’occuperont plus 15 % mais 25 % du territoire en 2014. Ce projet a pour objectif de créer deux parcs à l’intérieur du pays, Dulombi-Boe, comprenant trois couloirs de liaison aux six parcs existant sur les zones côtières. Ces nouveaux parcs protègent des zones riches en faune et masses forestières, notamment les forêts-galeries lon-geant le Corubal, la plus grande rivière d’eau douce du pays. La Guinée-Bissau est l’un des pays où le pourcentage de territoire affecté aux réserves de biodiversité est le plus élevé.

Au Mozambique, le gouvernement a approuvé la création d’une zone de protection environnementale autour des îles Primeiras et Segundas, situées au nord, qui deviendra la plus grande réserve marine d’Afrique. Cette zone – qui s’étend sur 1 million d’hectares et 250 km de côte des provinces de Nampula et Zambézia – est riche en biodiversité : récifs coralliens, prairies d’herbes marines, plages de ponte de la tortue verte et mangroves. Menacés par la pêche industrielle et par le tou-risme illégal, ce sont les habitants eux-mêmes, qui se consacrent à la pêche artisanale, qui ont revendiqué la conservation des ressources. La décision du gouvernement est l’aboutissement d’un travail de huit ans du Fonds mondial pour la nature.

pesTicides

La Tanzanie faitle ménage

Des stocks de pesticides périmés sont élimi- ■

nés en Tanzanie dans le cadre du Programme africain relatif aux stocks de pesticides obso-lètes (PASP). Ce programme a également pour objectif de prévenir l’accumulation dans le futur de déchets similaires, notamment par une sensibilisation aux risques chimi-ques encourus. Le PASP vise les polluants organiques persistants, considérés comme les déchets les plus toxiques, et les pesticides qui ne sont plus utilisés ou périmés.

Le PASP a recensé environ 700 tonnes de déchets agricoles répartis dans 135 sites en Tanzanie, dont plus de 100 tonnes de pesti-cides ont été détruites avec succès. Les cau-ses de cette accumulation de déchets sont multiples : irrégularités dans les procédures d’achat, mauvais planning de distribution, installations de stockage inadaptées, mau-vaise gestion des stocks, donations excédant les besoins locaux et interdictions de certains produits. La Tanzanie est un des premiers pays à mettre en œuvre la phase 1 du PASP ; l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, le Mali, le Maroc, le Nigeria et la Tunisie lui emboîtent le pas. Le PASP est une initiative conjointe de la FAO,

de la Banque mondiale, du Fonds mondial pour la nature (WWF) et du Pesticide Action Network (PAN).

ressoUrces GénéTiQUes

Loi bienveillanteLa Jamaïque a voté une loi d’exécution du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. dans ce traité, 64 des espèces cultivées en Jamaïque sont visées, dont l’igname, la noix de coco et la banane plantain. La loi assurera la protection des ressources génétiques et le partage des bénéfices de l’utilisation de ces plantes avec les populations locales.

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gaz fertileTechnologie novatrice, Bio-agtive™ transforme les gaz d’échappement nocifs des tracteurs en engrais. elle est actuellement testée en Tanzanie. selon son inventeur canadien, Gary Lewis, elle augmente la teneur du sol en carbone et en azote en injectant les gaz refroidis dans les espaces vides du sol via les dents du semoir. a ce jour, plus de 170 agriculteurs dans le monde utilisent cette technique.

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Ancien site de stockage de pesticides périmés.

aGricULTUre pérenne

Des arbres fertilisantsSelon une étude menée sur 12 ans au Malawi et en Zambie par le Centre mondial de l’agroforesterie, la culture associée du maïs avec le gliricidia – un arbre fertilisant – offre des rendements

plus stables que les monocultures de maïs qui ont recours à des engrais inorganiques. Le gliricidia fixe l’azote de l’air et le rend utilisable par les plantes. Les feuilles mortes renforcent la teneur en substances organiques du sol et en améliore ainsi la structure, la résistance à l’érosion et la capacité de stockage de l’eau. Des chercheurs du Centre mondial de l’agroforesterie et de centres nationaux de recherche en Afrique étudient les arbres fertilisants et encouragent leur usage depuis la fin des années 1980.

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Le parc de Dulombi-Boé, nouvelle aire protégée en

Guinée-Bissau.

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Tic

Partager l’informationAu Zimbabwe, une nouvelle plateforme d’information intégrée, via téléphone mobile et internet, permet l’accès et le partage d’informations fiables et actualisées en matière de développement agricole et rural. Créée par Knowledge Transfer Africa Ltd et Afrosoft

Holdings, eMkambo se caractérise par une liste courriel et une base de données utilisateurs permettant la diffusion d’informations sur les produits agricoles, les fournisseurs d’intrants, les institutions financières, les prévisions climatiques et les sociétés de transformation. Accessible dans toutes les langues locales du Zimbabwe, eMkambo a déjà attiré 31 000 usagers, dont des agriculteurs, des négociants, des commerçants et des membres d’associations paysannes.

céréaLes

Le maïs bat le StrigaL’université de Maseno au Kenya a développé des nouvelles variétés de maïs capables de dégager des substances toxiques qui empêchent la croissance du striga, aussi appelé herbe des sorcières. Il a fallu dix

ans pour développer et tester sur le terrain les variétés Maseno EH 10, EH 11 et EH 14. Premières du genre en Afrique de l’Est, elles arrivent à maturité 20 à 50 jours avant les variétés traditionnelles et ont été agréées par le service d’inspection phytosanitaire du Kenya. Le striga est une plante parasitaire qui s’accroche aux racines des céréales, les privant ainsi de nutriments. Il est la cause de pertes agricoles évaluées au Kenya à 60 millions d’euros par an.

maLadies

Des caféiers résistantssept variétés de café résistantes à la trachéomycose ont été introduites en ouganda afin de relancer la principale culture commerciale du pays suite à la perte de plus de 50 % des caféiers. Une société privée active dans la culture tissulaire, agro-Genetic Technologies, a obtenu un contrat de fourniture de deux millions de plants de caféier par an, ce qui ne suffira toutefois pas à répondre à la demande.

aFLaToXine

Lutte biologique, pari réussi

Au Sénégal, la lutte biologique engagée ■

depuis 2010 contre la présence de l’aflatoxine dans l’huile d’arachide dans le bassin ara-chidier vient de livrer ses premiers résultats. L’expérimentation a permis de réduire le taux d’aflatoxine de 90 % sur les graines, dans les champs et les aires de stockage. Pour Ablaye Ndiaye, Chef de la Division semences et légis-lation de la Direction de la protection des végétaux, “ce résultat, fruit d’une méthode scientifique connue sous le nom de ‘Aflasafe Sn01’, est basé sur l’utilisation d’un champi-gnon non toxique mis en compétition avec une souche dite virulente qui produit plus d’afla-toxine pour en diminuer le taux dans les grai-nes d’arachide dans les champs.” Hautement cancérigène, nuisible chez l’homme et l’ani-mal, l’aflatoxine est une mycotoxine produite par des champignons proliférant sur des graines conservées en atmosphère chaude et humide. A la suite de ces résultats, un atelier organisé en novembre 2012 à Dakar a permis de démarrer le processus de vulgarisation de la lutte biologique au Sénégal et au Sahel. L’objectif est de faire en sorte que l’arachide produite dans la zone sahélienne réponde aux normes actuelles de 2 à 3 milligrammes par graine exigées sur le marché européen.

BioForTiFicaTion

Manioc vitaminéLes chercheurs du National Crop Resources ■

Research Institute de Namulonge (Ouganda) sont à un stade de développement avancé de variétés de manioc enrichi en vitamine A et examinent encore les possibilités d’in-troduire du zinc. La biofortification est un procédé d’obtention de nouvelles variétés de cultures vivrières offrant des taux plus élevés en vitamines et minéraux ; elle tente de lut-ter contre les carences en micronutriments, type de malnutrition très répandu qui peut causer cécité, retard de croissance, altéra-tion du développement et mort prématurée. La carence en vitamine A est un problème de santé majeur dans les pays pauvres. Plus de 600 000 enfants âgés de moins de cinq ans en meurent chaque année. Selon l’UNICEF, 2,4 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance vivent en Ouganda.

En 2012, le gouvernement nigérian a introduit trois variétés de manioc à la provitamine A, développées par l’Institut international d’agriculture tropicale en collaboration avec l’institut de recherche National Root Crops Research Institute. La consommation de ces variétés devrait aider le Nigeria à réduire les pertes financières, évaluées à 1,1 milliard d’euros, qui affectent le PIB.

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usSélection de nouvelles variétés de manioc.

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Un agriculteur prêt à introduire del’Aflasafe SN01 dans une culture d’arachide.

maLnUTriTion

Du maïs à haute teneur protéiquepour lutter contre la malnutrition et les faibles rendements du maïs, un projet lancé par le centre international d’amélioration du maïs et du blé (cimmYT) et le Tanzanian national agricultural research system a introduit deux nouvelles variétés de maïs avec protéines de qualité (mpQ) auprès de 24 000 agriculteurs. comparé aux variétés traditionnelles, le mpQ contient près de deux fois plus de protéines utiles et son rendement est plus élevé de 10 %.

rEchErchE

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marchés

Accès au créditLe gouvernement rwandais s’est associé à des banques commerciales pour développer une nouvelle approche : offrir des prêts à taux réduits aux coopératives agricoles des zones rurales reculées pour stimuler leur production et leur capacité d’accès aux filières de marché moderne. Afin de renforcer l’autonomie alimentaire au niveau national et de réduire les importations, le gouvernement a aussi créé plusieurs usines de transformation alimentaire, notamment pour fabriquer de la farine de manioc et de l’huile de soja. Ces nouvelles facilités offrent par ailleurs un débouché certain pour les agriculteurs locaux, renforçant ainsi leur capacité d’emprunt et de développement d’activités rémunératrices.

sécUriTé aLimenTaire

Producteurs ravitaillésAu Nigeria, l’association des producteurs de manioc a choisi 60 entrepreneurs pour ravitailler la réserve stratégique de céréales

de l’état en farine de manioc. Le gouvernement fédéral du pays encourage aussi la production du manioc pour que dans la fabrication du pain, de la farine de manioc soit mélangée à la farine de blé importée. Des prêts à taux réduit et la possibilité d’acheter des intrants chimiques à bon prix, servent d’incitants. Le but premier est d’augmenter le pouvoir des petits producteurs qui vendent généralement leur manioc à bas prix sur les marchés locaux ou aux intermédiaires. Ce projet vise aussi à réduire les importations et économiser chaque année des milliards de dollars en change.

concUrrence

Le poivre de Penja labellisé

Le poivre de Penja (du nom d’une région ■

située sur le littoral camerounais), très prisé pour son arôme, est sur le point d’être label-lisé. Le cahier des charges sur la base duquel travaillaient les experts et consultants enga-gés par le Groupement représentatif de l’identification géographique poivre de Penja pour obtenir un label a en effet été validé par le gouvernement camerounais. Le choix des producteurs de Penja de labelliser leur poivre a pour objectif de contrecarrer la concurrence de poivres produits dans d’autres localités du pays ou importés. Du fait de sa notoriété, les vendeurs de ces poivres les présentent tou-jours aux clients comme étant du poivre de Penja. Grâce au soutien du Centre d’insertion aux métiers agricoles et ruraux (Cimar) et de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi), un groupe de produc-teurs de Penja ont créé une association qui, à travers un ‘cluster poivre’, ont réussi à regrouper des pépiniéristes, des producteurs et des distributeurs de Penja. Le groupement a par la suite réalisé le processus d’identifi-

cation géographique, condition sine qua non pour aboutir à la labellisation.

TransFormaTion

Un label de qualité pour le cajou

L’Alliance africaine du cajou (ACA) a ■

créé le label de qualité et de durabilité de l’ACA pour rendre plus compétitive l’indus-trie africaine du cajou. Marque acceptée par l’industrie, ce label atteste de la conformité aux normes internationales de qualité, de sécurité des aliments, sociales et de travail. Depuis son lancement en 2012, le label a été accordé à Tolaro Global (Bénin) et Mim Cashew (Ghana). “Le label de l’ACA nous a propulsés à un tout autre niveau”, raconte Jace Rabe, PDG de Tolaro Global. “Nous transformons le cajou depuis quel-ques mois seulement et nous sommes déjà concurrentiels.”

Lors de la 7e conférence annuelle de l’ACA à Cotonou (Bénin), Jeffery Read, de la Food and Drug Administration (FDA) des USA, a souligné que la certification par des tiers est de plus en plus importante pour déterminer le niveau de sécurité des aliments. “Nous sommes convaincus que le label de l’ACA est un bon moyen de satisfaire aux exigences des règles de la FDA”, rapporte Dan Phipps de la société américaine Red River Foods. “Les acheteurs reconnaissent la valeur de ce label, cela fait longtemps qu’ils le récla-maient” explique Jim Giles, responsable de l’équipe en charge du label de l’ACA.

oiGnons

Augmenter la productionen Jamaïque, l’agri investment corporation s’est associée avec 60 producteurs pour créer des agroparcs en réunissant des exploitations individuelles consacrées à une même culture. Le premier agroparc dédié à l’oignon espère augmenter la production d’oignons locaux et les rendre compétitifs sur un marché dominé par les importations. L’objectif est de produire pour deux millions d’euros d’oignons d’ici 2014.

Ces six pages ont été réalisées avec la contribu-tion de : M. Aka Aka (côte d’ivoire), O. Alawode (nigeria), B. Bafana (Zimbabwe), K. Bescombe (Trinité-et-Tobago), G. Kamadi (Kenya), J. Karuga (Kenya), O. Kiishweko (Tanzanie), M. A. Konte (sénégal), P. Luganda (ouganda), C. Nforgang (cameroun), C. Njeru (Kenya), J. Ojwang (Kenya), F. Pereira (Guinée-Bissau), P. Pink (Jamaïque), P. Sawa (Kenya), F. Tafuna’i (samoa), A. Twahirwa (rwanda) et M. Waruru (Kenya).

poivre BioLoGiQUe

Des exportations à la hausseLa production de poivre biologique à são Tomé-et-principe, qui est entièrement destinée à l’exportation vers la France, a atteint plus de 20 tonnes en 2012, soit le double de l’année précédente. cette activité permet à la coopérative de production du poivre de lutter contre la pauvreté grâce à un projet englobant 26 communautés agricoles. Le président de la coopérative, antónio pinto, affirme qu’étant donné la petite taille du pays et de la production, il faut miser sur la qualité.

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Séchage de poivre de Penja.

ENtrEPrisE Et cOMMErcE

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Comment voyez-vous les défis et les opportunités qui attendent l’Afrique pour aider à nourrir la planète ?

Sur 1,2 milliard de gens qui souffrent de la faim dans le monde, un tiers vivent en Afrique. Malheureusement, bon nombre d’entre eux sont des agriculteurs. Et pourtant, à bien des égards, cette problématique est la force de l’Afrique. Nul autre continent ne dispose d’une telle quantité de terres arables disponibles : à l’exception des terres sous couvert fores-tier ou naturel, 60 % des terres arables inex-ploitées dans le monde se trouvent sur le con-tinent africain. Les rendements y sont aussi parmi les plus faibles au monde et même en les doublant – ce qui permettrait d’atteindre à peine la moitié de la moyenne mondiale – l’Afrique pourrait non seulement se nourrir mais également procéder à des exportations importantes.

En tant qu’entrepreneur actif sur ce conti-nent, je pourrais être très pessimiste au vu de tous les problèmes de sécurité alimentaire et de gouvernance. Mais il y a eu tellement de changements ces dernières années que je suis au contraire très optimiste ; il y a actuellement une volonté réelle de trouver des solutions.

L’Afrique peut-elle vraiment être au centre d’une croissance économique mondiale ?

Selon The Economist, sept des dix éco-nomies qui connaîtront le plus fort taux de croissance entre 2010 et 2015 pourraient bien être des pays africains. Le Nigeria et le Ghana ont fait partie des économies dont la croissance a été la plus rapide en 2011 et seront vraisemblablement encore dans le peloton de tête en 2012. Je suis proba-blement plus positif aujourd’hui que je ne l’ai jamais été durant mes quinze derniè-res années d’activités dans le secteur agri-cole africain. Pourquoi ? Parce que nous

constatons que l’Afrique commence à pren-dre le contrôle de son propre programme de croissance, et fait passer l’agriculture du projet de développement vers le monde des affaires.

Le développement agricole se fait différemment aujourd’hui. À quoi le voyez-vous ?

Une des évolutions intéressantes que nous constatons est que les différents acteurs sont prêts à travailler ensemble : ONG internatio-nales, société civile locale, bailleurs et entre-prises internationales s’associent dans le cadre de nouveaux partenariats public-privé innovants avec pour objectif un développe-ment agricole durable. On voit des sociétés déployer énormément d’efforts dans des modèles d’approvisionnement durable, des achats locaux et une production agricole sous contrat au niveau des petites exploita-tions. Les partenariats mettent en place des cadres qui peuvent doubler voire tripler les rendements tout en ne modifiant pas l’im-pact sur les ressources en eau ni l’empreinte carbone. Il faut reconnaître que nous venons tous d’horizons différents et que nos moti-vations sont très différentes les unes des autres, mais j’ai vu naître chez nous tous une volonté sans précédent pour travailler ensemble et relever certains défis majeurs pour nourrir le monde.

Les gouvernements africains s’investissent-ils suffisamment ?

2013 marque le 10e anniversaire de la Déclaration de Maputo par laquelle les gouvernements africains se sont engagés à affecter 10 % de leur produit intérieur brut à l’agriculture. Depuis lors, plus de la moitié des gouvernements africains ont ratifié le Programme détaillé de déve-loppement de l’agricuture africaine, une

initiative du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, dirigée et prise en main par l’Afrique. Force est de constater qu’aujourd’hui de plus en plus de gouver-nements respectent leur engagement. Sous la bannière de ‘Grow Africa’, neuf pays, dont les économies à croissance rapide, se sont rassemblés pour développer des straté-gies d’investissement dans l’agriculture qui engagent vraiment les investisseurs locaux et internationaux. La plupart de ces stra-tégies se concentrent sur l’intégration des petits producteurs dans des nouveaux pro-jets d’entreprise.

Le Nigeria a mis 120 millions de dollars (91 millions d’euros) à disposition des ban-ques, via un groupe de travail, en vue de financer le développement de semences et toute une série d’autres technologies agricoles. Concrètement, le gouvernement compte financer de nouvelles entreprises capables par la suite d’assurer la fourniture de semences aux agriculteurs.

Dans quel délai pouvons-nous espérer que les choses changent ?

Le changement ne va pas se concréti-ser du jour au lendemain ; il faudra plu-sieurs années d’engagement plein et entier. Toutefois, si nous pouvons nous fixer quel-ques objectifs clairs à atteindre pour une période déterminée après 2015, lorsque les Objectifs du millénaire pour le dévelop-pement arriveront à leur terme, et décider que d’ici là nous devons avoir fait en sorte de changer réellement la donne, il faut que nous agissions à grande échelle en nous donnant vraiment les moyens de changer pour le meilleur la manière dont l’agri-culture se développe en Afrique ; je pense qu’alors nous aurons vraiment réussi quel-que chose de remarquable. Et je pense que nous sommes sur le point d’y arriver.

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Un monde meilleur grâce à l’Afrique

Sean de Cleene est premier vice-président de Yara International, une des principales entreprises d’engrais basée en Norvège et membre de ‘Une nouvelle vision de l’agriculture’, une initiative public-privé du Forum économique mondial qui vise à promouvoir des stratégies de développement agricole durable axées sur le marché.

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ARA

En disposant de 60 % des terres arables inexploitées de la planète, l’Afrique peut contribuer de manière significative à l’augmentation de la production alimentaire mondiale. L’essor de nouveaux partenariats public-privé en faveur d’une croissance agricole et les investissements publics dans le secteur agroalimentaire offrent des perspectives positives pour le futur de l’agriculture africaine.

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condiTions de TravaiL

Chantiers en cours

Des grandes exploitations aux petites parcelles, les conditions de travail (y compris chez les enfants) sont bien souvent difficiles et dangereuses dans les pays ACP: accidents, problèmes de santé liés à un mauvais usage des pesticides, pollution de l’environnement. Leur amélioration passe par une plus ample ratification des conventions de l’OIT, un encadrement juridique plus strict, ainsi que la mise en œuvre de politiques et de programmes de protection adéquats des travailleurs agricoles.

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17 | POINT DE vUE tometo Kalhoulé : ratifier et bien légiférer

18 | REPORTAGE AU MALI travaux agricoles, attention danger !

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Après les grèves des mineurs, l’Afrique du Sud est confrontée, depuis début novembre 2012, aux manifestations d’ouvriers agricoles qui récla-ment eux aussi des augmentations de salaire. La

plupart de ces travailleurs gagnent entre 69 et 75 rands (entre 6€ et 6,4€) par jour, des rémunérations parmi les plus basses du pays. À cela s’ajoutent des conditions de travail et de logement souvent déplorables, que l’asso-ciation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) dénonçait en août 2011, dans un rapport concernant les riches exploitations fruitières et viticoles de la région du Cap. HRW pointait du doigt : l’absence de logements décents, l’exposition aux pesticides sans équipement de sécurité approprié, l’absence d’accès à des toilettes ou à l’eau potable au travail et les efforts des employeurs pour empêcher les ouvriers agricoles de se syndiquer. Un exemple parmi d’autres... Car dans les pays en développement - mais pas seulement -, la faible rémunération et les conditions de travail diffi ciles sont bien souvent le lot commun des ouvriers agricoles et des petits paysans.

Pauvreté et travail des enfants Cette situation de précarité encourage le travail des

enfants dans les champs et pousse des cohortes de population sur le chemin des villes. À lui seul, le sec-teur agricole emploie ainsi quelque 70 % des enfants qui travaillent dans le monde, selon le Bureau international du travail (BIT). “Certaines activités agricoles – comme mélanger et appliquer les pesticides, utiliser certains types de machines agricoles – sont si dangereuses qu’il devrait être interdit d’y employer des enfants”, indiquait Parviz Koohafkan, directeur de la Division du développe-ment rural de la FAO. Pour autant, tout travail accompli par les enfants ne nuit pas forcément à leur épanouisse-ment. “Quand on parle d’agriculture de subsistance et d’agriculture familiale, la participation des enfants aux activités agricoles les aide à acquérir des techniques pré-cieuses, à prendre confi ance en soi et à contribuer à la création de revenus du ménage, ce qui a un impact posi-tif sur leurs propres moyens d’existence”, précisait-il.

A l’échelon international, plusieurs conventions éla-borées par l’Organisation internationale du travail (OIT) ont été adoptées afi n de lutter contre le travail des enfants, notamment la Convention nº 138 sur l’âge minimum (1973) et la Convention nº 182 (1999) sur les pires formes de travail des enfants. La première stipule que des travaux légers, qui ne perturbent pas la scolarité, peuvent être tolérés dès l’âge de 12 ans, de même que les travaux n’appartenant pas à la catégorie ‘dangereux’ pour les jeunes de 15 ans et plus. La seconde convention, quant à elle, vise à l’élimination des pires formes de tra-vail des enfants, c’est-à-dire les formes d’esclavage ou les pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le servage, le travail

forcé ou obligatoire ainsi que les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant. Cette convention n°182 a été rati-fi ée par 176 pays qui l’ont signée en avril 2012. Parmi les pays ACP, seuls l’Érythrée, les Îles Marshall, la Somalie et le Vanuatu n’ont pas encore paraphé le document.

La situation des enfants diffère cependant selon les régions ACP. Si les pires formes de travail des enfants ne sont pas considérées comme un phénomène répandu dans les Caraïbes, le travail des enfants dans l’agricul-ture est présent à des degrés divers. Une étude réalisée en 2005 par le Bureau des statistiques de Guyane sur le travail des enfants a révélé que ceux qui travaillent dans les exploitations agricoles étaient soumis à la

Un enfant labourant un

champ au Burkina Faso.

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plupart des risques du secteur, y compris “de lourdes charges de travail, l’utilisation inappropriée des produits agrochimiques et des outils de coupe, ainsi que d’autres risques physiques”. La plupart du temps, le travail agri-cole des enfants dans les Caraïbes se fait dans le cadre d’une exploitation familiale ou, plus rarement, dans le cadre d’une activité communautaire. Dans les villages amérindiens en Guyane, par exemple, les enfants font naturellement partie des activités agricoles, de pêche et de chasse de leur communauté.

La fi lière cacao montrée du doigtAilleurs, la situation est parfois plus diffi cile. Ainsi,

les formes de travail auxquelles sont soumis des enfants dans la fi lière cacao en Côte d’Ivoire sont régulièrement

dénoncées, depuis la fi n des années 1990, dans nom-bre de reportages et documentaires. Plus de 250 000 enfants travaillent dans la fi lière cacao en Afrique de l’Ouest, selon l’Institut international d’agriculture tro-picale (ITTA) et 60 % d’entre eux sont âgés de moins de 14 ans. Dans son rapport sur les pratiques des droits de l’homme en Côte d’Ivoire en 2000, le Département d’État américain observait de nombreux cas d’enfants victimes de traite. Vendus par leurs familles ou enlevés, ces enfants, pour la plupart maliens, travaillent dans les plantations de cacao ivoiriennes.

Accusés de fermer les yeux, les industriels du chocolat ont été obligés de revoir leurs politiques et de se mon-trer plus soucieux quant aux conditions de production de leurs matières premières. Nestlé a bien lancé en 2009 un “plan Cacao” sous-titré “Pour une amélioration des conditions de vie des cacaoculteurs”, mais la véritable volonté dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants est véritablement ressentie depuis que le groupe a chargé la Fair Labour Association (FLA), en février 2012, d’enquêter sur ses fi lières d’approvision-nement en Côte d’Ivoire. Dans son rapport fi nal, publié en juin de la même année, la FLA soumet des recom-mandations détaillées à Nestlé, au gouvernement et aux autres acheteurs internationaux sur la façon d’atténuer les risques pour les travailleurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Le géant suisse a assuré qu’il s’engageait à suivre ses recommandations.

Le partenariat international de coopération sur le travail des enfants dans l’agriculture (OIT, FAO, FIDA, GCRAI, UITA) accompagne les pays dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques. Au Mali, le partenariat a appuyé l’élaboration d’une feuille de route défi nissant les actions prioritaires à mettre en œuvre, ainsi qu’une étude sur le travail des enfants dans les fi lières du riz et du coton dont l’objectif est d’identifi er les alternatives viables. Une attention particulière y est portée aux tech-nologies qui permettent d’économiser de la main d’œu-vre et aux pratiques agricoles plus sûres.

santé, sécurité et environnement Car l’agriculture est aussi un secteur qui peut être

dangereux pour la santé : sur une estimation totale de 335 000 accidents mortels sur le lieu de travail se pro-duisant chaque année dans le monde, quelque 170 000 concernent les travailleurs agricoles selon l’OIT. Les ris-ques vont des brûlures lors d’incendies aux accidents dus aux machines, en passant par l’intoxication par les pesticides, les engrais, les carburants et l’exposition aux poussières.

Un demi-million de tonnes de pesticides périmés seraient dispersées dans les pays en développement, selon la FAO, qui s’est fait une priorité de leur élimination à travers son Programme sur la prévention et l’élimina-tion des pesticides périmés (PSMS). Les stocks restent

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en place et se détériorent souvent jusqu’à contaminer l’environnement et mettre les populations en danger. Les plus touchées sont souvent les communautés rura-les pauvres qui ne sont parfois même pas conscientes de la nature toxique des produits chimiques auxquels elles sont quotidiennement exposées.

Mieux vaut prévenir que guérir Cependant, depuis 2009, des inventaires nationaux de

pesticides périmés ont été réalisés, ou sont en cours de réalisation, dans les pays des Caraïbes. Ainsi, un stock de 260 tonnes de pesticides obsolètes était réperto-rié dans les Caraïbes en juin 2012, sans tenir compte de la République dominicaine et d’Haïti qui n’ont pas encore achevé leur inventaire. Une demande de finance-ment de 7 millions de dollars pour éliminer ces quelque 300 tonnes de pesticides périmés a été déposée auprès du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Des actions ont également été menées dans le Pacifique, où le personnel du ministère des Ressources naturelles et de l’environnement de Samoa a été formé à l’évalua-tion environnementale, comme l’ont été les agents du Secrétariat du Programme régional de l’environnement pour le Pacifique (SPREP). Un examen de tous les pes-ticides homologués dans cinq pays cibles est prévu dans la région, avec l’assistance technique de l’Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority (APVMA).En Afrique, la quantité de pesticides périmés est estimée à 50 000 tonnes, selon la FAO, qui participe au programme Africa Stockpiles (ASP) lancé en 2005. Outre l’élimina-tion des stocks, la prévention est également indispensa-ble. Les épisodes de recrudescence acridienne en Afrique nécessite des mesures de lutte de vaste envergure mais aussi des efforts pour éviter d’une part, que la campagne de lutte contre les criquets n’entraîne plus tard une aug-mentation des stocks de pesticides périmés et, d’autre part, pour en réduire l’impact sur l’environnement.

Les risques encourus par les agri-culteurs des pays ACP, concernant la santé, la sécurité et l’environnement sont aggravés par le manque d’infor-mation et de matériel de protection.

Ces derniers font aussi face à de nouveaux dangers dus à l’usage croissant de produits chimiques parfois très toxi-ques. Les utilisateurs n’ont souvent pas accès aux infor-mations sur les dangers associés à l’usage de tels pro-duits, sur les précautions à prendre lors de leur emploi et sur les dosages corrects.

ratifications incontournables L’OIT reconnaît que les travailleurs agricoles sont des

populations à risque pour certains cancers, maladies respiratoires et traumatismes, notamment dans le cadre des grandes exploitations. Au niveau international, l’OIT promeut la Convention sur la sécurité et la santé dans l’agriculture, 2001 (n° 184). Cette convention dessine un cadre pour l’élaboration des politiques nationales dans le domaine avec la participation des organisations de travailleurs et d’employeurs. Elle propose des mesures de prévention et de protection concernant l’utilisation

des machines, la manipulation et le transport d’objets, la gestion des pro-duits chimiques, le contact avec les animaux ainsi que la construction et l’entretien des installations agricoles. Pour l’heure, quinze pays ont ratifié cette convention, dont le Burkina Faso, les Fidji, le Ghana et Sao Tomé-et-Principe pour les ACP.

Beaucoup reste à faire pour amé-liorer les conditions de travail dans le secteur agricole, tant au niveau international avec la ratification des conventions de l’OIT relatives à cette question qu’au niveau national à tra-vers l’adoption d’un encadrement juri-dique et de politiques appropriées.

Au niveau des pays, l’OIT et la FAO collaborent pour établir des liens dans les domaines de la protection sociale et de la sécurité et de la santé au

vulgariser la culture de la prévention du risque pour travailler décemment et garantir la compétitivité de l’agriculture ivoirienne, telle est l’ambition de l’ONG Préventeur Sans Frontière (PSF). Créée en 2005 par des professionnels de la santé et de la sécurité au travail, elle sensibilise la société civile à la prévention des risques professionnels comme les accidents et les maladies avec le soutien du Bureau international du travail (BIT) et de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentaire, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration et du tabac (UITA). Petit à petit, PSF a élargi ses interventions à tous les secteurs d’activités, et ce dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest. En Côte Ivoire, elle est récemment intervenue dans les zones agricoles d’Aboisso et d’Agboville dans une trentaine de localités situées dans le Sud du pays pour informer les producteurs des dangers liés à l’usage incontrôlé des produits phytosanitaires pour leur santé. Une prévention qui s’est accompagnée de modules sur l’hygiène, alimentation et santé et d’une mise en garde sur la réutilisation des fûts où étaient conditionnés des produits chimiques. Pour le président fondateur de l’ONG, Paul Gode, une première satisfaction est aujourd’hui l’utilisation de fûts désintoxiqués avant tout usage domestique.

Techniciens dotés d’équipements de protection pour l’usage de pesticides (Madagascar).

Préventions sans frontières

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Point de vueTometo Kalhoulé est spécialiste en sécurité et santé au travail au sein de l’équipe d’appui technique au travail décent pour l’Afrique occidentale de l’Organisation internationale du travail (OIT).

chiFFres cLés

euros, c’est le salaire journalier moyen d’un ouvrier agricole en Afrique du Sud, un des plus bas du pays.

pays ACP ont ratifié la Convention n°184 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la sécurité et la santé dans l’agriculture entrée en vigueur en 2003.

enfants travaillent dans la filière cacao en Afrique de l’Ouest.

tonnes de pesticides obsolètes ont été répertoriées dans les Caraïbes en juin 2012.

6

4

250 000

260

travail. Dans son programme de vulgarisation notam-ment à travers des écoles pratiques pour agriculteurs, la FAO axe de plus en plus son intervention sur les questions relatives à la sécurité et la santé au travail.

Les activités de coopération technique de l’OIT concer-nant la sécurité et la santé dans l’agriculture ont été axées sur la promotion dans les États membres d’acti-vités bénévoles, participatives et axées sur l’action afin d’améliorer les conditions de travail et des méthodes de travail dans les travaux agricoles. Un module de forma-tion intitulé “Amélioration du travail dans le développe-ment local” (WIND – selon l’acronyme anglais pour Work Improvement in Neighbourhood Development) a été développé et mis en avant par l’OIT. Ce programme visant à promouvoir des améliorations concrètes dans les ména-ges agricoles par le biais d’initiatives familiales est mis en œuvre en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Ratifier et bien légiférerQuel bilan faites-vous de l’application dans les pays africains des conventions de l’OIT sur le travail agricole, en particulier la Convention 184? Les conventions concernant l’agriculture, notamment la Convention 129 sur l’inspection du travail, et surtout la Convention 184 sur la sécurité et la santé, ont été ratifiées par très peu de pays. En Afrique francophone par exemple, seul le Burkina Faso a ratifié la 184. Il est donc très difficile de faire une évaluation exhaustive des conditions de travail dans le secteur agricole. Ceci dit, les pays ont tout de même adopté des lois pour protéger les travailleurs agricoles qui relèvent du code de travail. Les syndicats agricoles ont aussi un rôle très important à jouer, notamment pour la sensibilisation et le suivi de l’application des normes internationales dans le milieu agricole. Quels sont les défis majeurs pour l’applicationde ces conventions ? Prenons l’exemple de la Convention 184. Certes, elle protège les travailleurs agricoles, mais elle exclut les petites exploitations familiales. Un autre défi majeur concerne l’accaparement des terres agricoles, un phénomène en pleine extension en Afrique. Un certain nombre d’ouvriers agricoles qui travaillent sur ces terres acquises par des acteurs étrangers, publics ou privés, ne bénéficient pas des dispositions qui prennent en charge la sécurité et la santé au travail et qui existent dans les pays francophones.En ce qui concerne le travail des enfants dans l’agriculture, y-a-t-il des progrès au niveau législatif ? Oui, et ils sont énormes. Beaucoup de pays africains francophones ont adopté des législations pour définir l’interdiction du travail des enfants, notamment les pires formes de travaux. Ces législations sont parfois très précises, en particulier contre l’utilisation de produits chimiques comme les pesticides, ou les travaux humiliants et dégradants. Ces efforts sont importants car même dans les exploitations familiales les conditions de travail sont loin d’être faciles.Que sait-on des conditions de travaildes migrants dans le secteur agricole ? En Afrique, une part importante de travailleurs migrants est en situation irrégulière. Il est donc difficile de recueillir des informations précises sur leurs conditions de travail. Tout dépend du type d’entreprise agricole où les migrants travaillent. Si elle est légale, donc soumise à des contrôles, leurs conditions ne diffèrent pas de celles d’un ouvrier agricole autochtone. Cela se complique lorsqu’il s’agit d’un sous-traitant, car il n’y a pas de contrôle en matière de santé et sécurité, et donc moins d’informations.

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Agricultrice éthiopienne transportant

50 kg de bois de chauffage à vendre sur un marché local.

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17Février-mars 2013 | spore 162 |

Travaux agricoles, attention danger !Située au sud du Mali, la région de Sikasso couvre 95 % de la production nationale de coton, ce qui fait d’elle une des plus prospères du pays au plan agricole. Pourtant, les petits producteurs sont inquiets à cause des conditions de travail qui menacent leur sécurité et leur santé. Y compris celles des enfants.

reporTaGe aU maLi

Ci-dessous : villageois de Sokola préparant des balles de coton (à gauche) chargées par la suite sur des containers (au centre) pour être livrées à la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT).A droite:Fleur de coton.

L es paysans du village de Sokola veulent résoudre leurs problèmes de santé. Dès le commencement de la saison des pluies vers le mois de juin, début des travaux champêtres, jusqu’en décembre, ils

sont désarmés face aux blessures et maladies liées le plus souvent à leurs activités. “Dans le village il y a un bien un dispensaire, mais il est mal équipé, ce qui rend l’accès aux soins diffi ciles”, explique Yadji Koné, assis sous un hangar, tournant parfois le regard vers la foule de jeunes villageois transportant des balles de coton dans un container jaune. Koné fait partie des chefs de famille supervisant le travail des jeunes. Dans ce village de quel-ques centaines d’habitants, situé à environ 180 km au sud de Bamako, les risques sanitaires et sécuritaires que courent les paysans sont préoccupants.

Les habitants de Sokola souhaitent ne plus être confron-tés à ces soucis de santé, mais ils sont pauvres et doivent

parcourir plus de 10 km pour accéder aux services du médecin le plus proche dans la ville de Bougouni. “Si tu te blesses avec la lame d’une daba (nom d’une sorte de pioche en Bambara, ndr) tu passeras le reste de la sai-son des travaux champêtres au fond de ta chambre parce que tu n’auras pas d’argent pour te soigner”, affi rme Sibiry Coulibaly.

Les enfants travaillent comme bouviers dans les champs, participent à la récolte et gardent les animaux. Ils sont les premières victimes des maladies et accidents liés aux travaux champêtres tels que l’encornement par les boeufs de labour, les coupures par la daba ou l’intoxi-cation par inhalation de produits chimiques. “Un bœuf a encorné mon fi ls, le blessant au niveau du bas ventre il y a plus d’un an. Je me suis endetté pour le soigner”, nous dit un autre villageois, Ali Diarra.

Dans la région de Sikasso, l’activité agricole est la

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Pour aller plus loin

FAO Partenariat international de coopération sur le travail des enfants dans l’agriculture, lancé en 2007, entre la FAO, FIDA, OIT, GCRAI, FIPA et UITA. http://tinyurl.com/cl9wmjg

Programme pour la prévention et l’élimination des pesticides périmés. http://tinyurl.com/bewrogf À travers ce programme, la FAO collabore avec les pays en développement pour empêcher l’accumulation de pesticides périmés et pour détruire les stocks existants.

Integrated Production and Pest Management Programme in West Africa Programme de gestion et de lutte intégrée de la FAO pour la protection des cultures à travers une utilisation minimale des pesticides. http://tinyurl.com/canoa3h Rapport de l’atelier national d’information et de partage sur le travail des enfants dans l’agriculture au Mali, Bamako 8-9 décembre 2011. http://tinyurl.com/crpogp2

Human Rights Watch South Africa : Farmworkers’ Dismal, Dangerous Lives Workers Protected by Law, but Not in the Fields (rapport publié en août 2011, en anglais uniquement). http://www.hrw.org/node/101158

IER Institut d’économie rurale (Ministère de l’agriculture de la République du Mali) Le travail des enfants dans l’agriculture au Mali. Étude de cas dans les filières riz et coton, rapport final, décembre 2011. http://tinyurl.com/bryatg5 http://www.ier.gouv.ml/

Nestlé La multinationale suisse et un des principaux acteurs de l’agroalimentaire dans le monde s’associe avec Fair Labor Association pour lutter contre le travail des enfants dans la filière du cacao en Côte d’Ivoire. http://tinyurl.com/d6cwdup

Organisation internationale du travail (OIT) Évolution du processus de ratification des conventions de l’OIT. http://tinyurl.com/cyxeguq

OIT/Bureau régional pour l’Afrique Sécurité et santé dans l’agriculture. Convention 184/Recommandation 192 http://tinyurl.com/cudktcf

principale source de revenus des populations. Un rap-port publié en 2011 par le ministère de l’Agriculture sur le travail des enfants dans l’agriculture indique que cette région “est la première zone pour les cultures sèches avec 37 % de la production de mil et sorgho, 63 % pour le maïs, 13 % pour l’arachide et plus de 95 % pour le coton”. Selon le même rapport, “il ressort qu’une proportion de 17 % des enquêtés ont déclaré être tombés malade ou avoir subi une blessure au moins une fois durant les 12 derniers mois”.

Le traitement chimique des champs dans la zone de production de coton est une autre source principale de maladies chez les paysans, en particulier les enfants. “Le lien entre les conditions de travail et ces blessures et maladies est établi par 43 % des enfants interrogés et 57 % les expliquent par le paludisme, l’humidité et diverses infections qui affectent toutes les catégories de la popula-tion” poursuit le rapport du ministère de l’Agriculture.

Pourtant au Mali, des paysans comme Ali Diarra de Sokola sont formés par la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) pour sensibiliser les villageois sur les moyens de se protéger des pro-duits chimiques qui pénètrent par les pores de la peau.Chaque année, des services d’encadrement tels que l’Office du Niger conduisent des campagnes de sensibi-lisation relayées par les medias locaux sur les dangers de la manipulation des produits chimiques. Et lorsque les autorités nationales reçoivent l’appui d’organisa-tions internationales, les résultats peuvent s’avérer payants. Dans le cadre d’un Programme de la FAO sur la gestion intégrée de la production et des dépréda-teurs en Afrique de l’Ouest, une enquête menée au Mali dans 65 villages de planteurs de coton sensibi-lisés en 2007-2008, a montré une réduction de 94 % de l’utilisation des pesticides chimiques. Au village de Sokola on garde espoir, y compris chez les enfants.

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19Février-mars 2013 | spore 162 |

Dans les supermarchés ou chez les petits détaillants de Dakar, les produits laitiers Dolima occupent une bonne place dans les rayons frais. Et ils sont beaucoup

plus abordables que les yaourts importés. C’est aussi l’histoire d’un succès. Fondée en 2005 par Bagoré Bathily, un jeune entrepreneur sénéga-lais, La laiterie du berger (LDB) travaille pour la valorisation et le développement de la produc-tion laitière de la région de Richard Toll (nord du Sénégal). Aujourd’hui, elle collecte plus de 2 500 litres de lait par jour. La réussite de LDB s’est aussi construite grâce à des appuis financiers (Agence Française de Développement, Fonds I&P) et avec l’accompagnement de Danone, qui lui a apporté du capital et son savoir-faire en ter-mes de distribution et de marketing. Aujourd’hui les retombées de ces efforts touchent aussi bien les zones rurales que les centres urbains. En plus d’assurer un revenu régulier aux éleveurs des zones pastorales du Nord du pays, la LDB les assiste en leur fournissant des aliments pour le bétail, un encadrement technique et, entre autres, des services vétérinaires.

L’exemple de LDB reste cependant marginal. Les entreprises de transformation laitière en Afrique de l’Ouest et centrale recourent pour la plupart au lait en poudre importé. Cela crée une dépendance à l’égard de l’extérieur et ne favo-rise pas le développement de l’élevage local. En revanche, les entreprises qui travaillent à par-tir du lait en poudre disposent d’une matière première homogène et facilement stockable, ce qui facilite leur travail. Dans la plupart des cas le lait local est autoconsommé ou fait l’objet d’une commercialisation de proximité.

Même si la production de lait en Afrique subsaharienne s’est accrue entre 2005 et 2010,

passant de 17,4 millions de tonnes à 21,8 millions de tonnes, les importations ont aussi progressé de 2,5 à 3,1 millions de tonnes équi-valent de lait sur la même période. Résultat : l’offre de produits laitiers ne permet pas de couvrir une demande dont l’augmentation est en partie due à la forte urbanisation des pays africains et aux changements dans les régimes alimentaires. Malgré une production laitière qui a doublé entre 1981 et 2006 (passant de un à deux millions de litres par an en moyenne), le niveau d’autosuffisance en Afrique de l’Ouest ne dépasse pas 50 %. Le développement des filières aurait été entravé par une politique de soutien aux consomma-teurs des villes consistant à réduire les droits de douane sur le lait importé ou à faciliter son importation. À cela s’ajoute des handicaps structurels comme le manque d’infrastructu-res routières entre les centres de production et de consommation, la faible productivité du cheptel, la dispersion des producteurs et leur faible organisation qui représentent de véri-tables freins à une structuration de la filière. Certains pays comme le Burkina Faso ou le Mali ont adopté des programmes nationaux de pro-motion de la filière laitière locale sans toutefois prendre en compte les mini-laiteries existan-tes, regrette la FAO dans son étude Pro-Poor Livestock Policy Initiative publiée en 2012. Or la demande mondiale de lait croît de 15 mil-lions de tonnes par an, pour l’essentiel dans les pays en développement.

Le Kenya montre l’exempleCertains pays comme le Kenya, la Tanzanie ou l’Afri-que du Sud ont décidé depuis longtemps d’investir dans le développement de la filière locale, s’attaquant parfois directe-ment au lait en poudre. Depuis que le Kenya a augmenté ses droits de douane de 60 % sur le lait importé en 2005, ce dernier est devenu beaucoup plus cher que le local. Cependant, si une taxation importante sur le lait en pou-dre est efficace au Kenya, qui dispose d’une filière bien structurée, le contexte n’est pas le même dans nombre d’autres pays. “Dans le cas du Kenya, depuis les années 1950, le pays soutient le développement du secteur, avec un appui à l’élevage rural. Le Kenya avait les moyens de sa politique. Il a pu augmenter ses taxes à l’importation de lait en poudre car la production de lait local était importante et dis-ponible pour la collecte”, rappelle Guillaume Duteurtre, chercheur au Cirad. “Le débat sur les tarifs douaniers ne doit pas cacher les vrais enjeux du développement de la filière laitière aujourd’hui. Ils portent sur les efforts à met-tre en œuvre pour développer la production locale issue des éleveurs péri-urbains et des agro-pasteurs des zones rurales, poursuit Duteurtre. La question des droits de douane est cruciale, mais malheureusement la subs-titution du lait en poudre par le lait local est impossible à court terme”.

Même si le lait en poudre importé reste la source d’approvisionnement privilégiée pour les entreprises laitières locales et pour les consommateurs des pays ACP, cela ne doit pas empêcher la structuration d’une filière locale. Cette dernière ne manque pas d’atouts.

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Le lait local faitparler la poudre

Bar laitier au Kenya, pays

modèle pour le développement

de la filière laitière locale.

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“Innovations et sociétés – Quelles agricultures? Quelles innovations?”

Tel était le titre du séminaire internatio-nal organisé en 1993 par trois institutions françaises de recherche (le Cirad, l’Inra et l’IRD) sur le thème de l’innovation, ses pro-cessus et les effets qu’elle produit pour les centres de recherche agricole et l’ensemble de la société. Vingt ans plus tard, le monde

est secoué par une crise systémique multi-factorielle (changement climatique, crise alimentaire, pression accrue sur les res-sources renouvelables, etc.) qui incite les acteurs ruraux à expérimenter de nouveaux modes de production, de transformation et de distribution des produits agricoles dans une vision globale et durable. Un tel défi ne pouvait pas laisser le monde de la recher-che indifférent. Cet ouvrage, coédité par le CTA et les éditions Quae, est le résultat des débats menés au cours d’un symposium sur l’innovation et le développement durable (ISDA 2010), sous la coordination du Cirad, de l’Inra et Montpellier SupAgro. À travers des analyses conceptuelles sur l’innovation et des expériences localisées porteuses de développement, chercheurs et représen-tants institutionnels tentent d’explorer de nouvelles directions et construire de nouvelles connaissances, tout en encoura-geant l’émergence et la coexistence de dif-férents modes d’agriculture et de systèmes alimentaires.

Apprendre à innover dans un monde incertain :Concevoir les futurs de l’agriculture et de l’alimentationpar e. coudel, h. devautour,B. hubert et G. soulardcTa/ed. QUae, 2012, 248 p.isBn 978-2-7592-1858-5cTa n° 171115 unités de crédit

Pompe à tout faire

L’accès à l’eau potable reste à bien des égards un défi crucial pour

les populations africaines. Certes, creuser un puits n’est plus une mission impossible, mais les risques qu’encourent bon nombre de per-sonnes pour tirer l’eau des puits restent très élevés dans les zones rurales et périurbaines. Un captage inapproprié peut en effet devenir la principale source de pollution de l’eau et provoquer des accidents (chute dans le puits). Afi n de faciliter l’accès à l’eau potable, le CTA et Ingénieurs sans frontières Cameroun pro-posent un guide technique clair et bien illus-tré, qui décrit dans les moindres détails la construction d’une pompe manuelle à piston construite à partir de matériaux facilement disponibles (tuyaux PVC pression, pneus usés, bois). Cet ouvrage sera particulièrement utile aux femmes et aux enfants, plus con-cernés par l’approvisionnement en eau, car cette pompe – qui soit dit en passant débite environ 10 litres par minute – permet de dépenser moins d’énergie et d’éviter les acci-dents fâcheux. Autres atouts : son faible coût de production et le peu d’efforts requis dans la maintenance. Attention tout de même, il est fortement conseillé de ne pas utiliser cette pompe pour les puits excédant les 25 mètres de profondeur.

Fabrication d’une pompe manuellepar T. simb simbcTa/isF, 2013, 28 p.isBn 978-92-9081-489-4cTa n° 17235 unités de crédit

Téléchargeable sur :http://tinyurl.com/antlb94

Innover pour mieux appréhender

Etats insulairesLe huitième numéro des Notes politiques du CTA

s’intéresse aux petits Etats insulaires. On en dénombre 52 dans le monde, dont 43 se situent dans les régions des Caraïbes et du Pacifi que. Malgré leur extrême vulnérabilité aux changements climatiques et au commerce mondial, les auteurs font le pari que le partage d’expériences et de bonnes pratiques permettra à ces Etats de mieux résister aux chocs environnementaux et économiques.

Développer la résistance des petites économies insulaires : des vulnérabilités aux opportunitéscTa, note politique n° 8, novembre 2012, 4 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/bzllf9k

commerce agricole Cette note de synthèse d’Agritrade,le site de

référence sur les enjeux du commerce agricole et de la pêche des pays ACP, se penche sur les nombreuses initiatives lancées en matière d’intégration commerciale régionale au sein de l’Afrique australe et de l’Est, deux régions particulièrement vulnérables aux sécheresses et à la volatilité des prix. Les auteurs passent en revue aussi bien les négociations commerciales que la mise en œuvre des accords commerciaux ou les discussions sur la politique agricole régionale.

Afrique orientale et australe :enjeux liés au commerce agricolecTa, note de synthèse agritrade, novembre 2012, 19 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/ak3tunx

@ révolution pygmée

Cet ouvrage décrit les changements survenus chez les Pygmées baka du Cameroun au tournant des années 60 avec le passage d’une économie de chasse et de cueillette vers une économie intégrant l’agriculture et une résidence en bordure de route. Cette analyse micro-sociétale aboutit à une réfl exion plus large sur l’évolution des sociétés et le développement durable.

L’adoption de l’agriculture chez les Pygmées baka du Cameroun. Dynamique sociale et continuité structuralepar c. Leclerced. QUae, 2012, 246 p.isBn : 978-2-7592-1798-448 €editions QUaerd 1078026 versailles, FranceFax : +33 (0)1 30 83 34 49http://www.quae.com/

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PUBLicAtiONs

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Manuel scientifi que

L’effi cacité dans la rédaction scientifi -que est essentielle, non seulement pour

l’avancement professionnel mais aussi pour permettre la diffusion et l’utilisation des résul-tats des recherches. La préparation d’un article pour sa publication dans une revue scientifi -que est une tâche qui peut s’avérer redoutable, notamment en raison des multiples conven-tions à respecter. Les directives méthodiques présentées dans ce manuel, que complètent des propositions d’activités de formation, devraient donner confi ance aux rédacteurs débutants ou à ceux qui cherchent à améliorer le pourcen-tage d’acceptation de leurs articles. Ce manuel (en anglais) éminemment pratique explique les subtilités d’une rédaction scientifi que effi cace en termes clairs et conviviaux. Parmi les sujets traités fi gurent : le choix du public cible et de la revue la plus appropriée pour le toucher ; l’identifi cation des “résultats signifi catifs” ; la compréhension des principales rubriques constituant un article ; la langue et le style ; l’utilisation de tableaux et d’illustrations ; la présentation des statistiques ; et la formulation des citations et références. D’autres chapitres passent en revue les présentations orales, la rédaction d’affi ches, de propositions et de rap-ports, la publication en ligne et la communica-tion avec un public non scientifi que.

Les jeunes prennent la parole

Alors que le taux de chômage des jeunes atteint des niveaux criti-

ques dans la majorité des pays ACP, rares sont les jeunes qui voient l’agriculture comme une option de carrière attrayante. Certains toutefois vont à l’encontre de cette tendance, comme en témoigne la nouvelle brochure publiée par le CTA dans le cadre du projet “Agriculture, développement rural et jeunesse dans la société de l’information” (ARDYIS). Ce document, en anglais bientôt en français, présente les points de vue et les expériences de 20 jeunes gens et de trois organisations, et montre comment le recours aux TIC dans l’agriculture offre des perspectives prometteuses, ouvrant la voie à une nouvelle génération de jeunes agriculteurs dynamiques. La brochure présente également des résumés des meilleurs essais soumis pour le concours Quelles solutions aux défi s de l’agricul-ture et du développement rural à l’ère des TIC ? Parole aux jeunes ! organisé en 2012, et décrit les résultats du concours de blogs sur les jeunes et l’agriculture (YoBloCo Awards) de la même année. Le CTA en est convaincu, parmi les jeu-nes gens qui fi gurent dans cette brochure se trouvent les leaders de demain en matière de développement agricole et rural des pays ACP. Certains font déjà la différence au sein de leurs communautés et ils graviront encore bien des échelons à l’avenir.

Le maïsde A à Z

Avec une production moyenne annuelle d’environ 817 millions

de tonnes en 2009, le maïs est la céréale la plus cultivée avant le blé (681 millions de tonnes) et le riz (678 millions). Et il en existe 400 variétés. Ce guide pratique, coé-dité par le CTA et Ingénieurs sans frontières Cameroun, présente les caractéristiques de cette céréale, son cycle de production ainsi que le processus de sa transformation agroa-limentaire en farine. Les auteurs dévoilent les ruses du maïs pour se défendre contre les ravageurs et donnent des conseils sur le choix des variétés et des semences. Ils décri-vent les étapes de la production, de la pré-paration du terrain, en passant par les semis jusqu’à l’entretien. Un chapitre est consacré à la transformation en farine, obtenue par mouture selon différentes méthodes – pré-cuite, broyée, rôtie, ou encore le Frangollo utilisée pour faire le dessert du même nom. En abordant la commercialisation, les auteurs présentent le calcul des charges pour la culture d’un hectare de maïs qui peut s’élever à 268 925 FCFA (410 euros), les intrants représentant 67 % des coûts.

Scientifi c Writing for Agricultural Research Scientists : A Training Resource Manualsous la direction de a. Youdeowei, p. stapleton et r. obubocTa, 2012, 192 p.isBn 978-92-9081-506-8cTa n° 170020 unités de crédit

Emerging voices in ICT and agriculturecTa, 2012, 54 p. isBn 978-92-9081-502-0cTa n° 17035 unités de crédit

Téléchargeable sur :http://tinyurl.com/clvqa54

Du coton à l’élevageLe dernier numéro des Cahiers Agricultures présente un article sur l’opportunité d’introduire des cotonniers génétiquement modifi és au Burkina Faso et met en évidence le manque de connaissances phytosanitaires des producteurs. Une autre culture, celle de l’igname au Bénin est également abordée. La revue consacre aussi un article aux trypanosomoses animales africaines.

Cahiers Agricultures, Volume 21, Numéro 6éditions John Libbey eurotext, novembre-décembre 2012, 180 p. isBn 978-2-7420-0814-8 15 €http://www.cahiersagricultures.fr/

intelligence (non) artifi cielleComment augmenter la production agricole dans un

contexte de changement climatique ? Pour relever ce défi immense, les auteurs du neuvième numéro des Notes politiques du CTA invitent les gouvernements des pays ACP à promouvoir des politiques en faveur d’une « agriculture intelligente ». Lutter contre le changement climatique c’est bien -en réduisant les émissions de gaz à eff et de serre, par exemple- s’y adapter c’est encore mieux, notamment à travers l’agroforesterie, l’adoption de fonds de transition ou une approche multisectorielle des politiques agricoles.

Pour une agriculture intelligente face au changement climatiquecTa, note politique n° 9, décembre 2012, 4 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/a4jhkve

Environnement :le cas malgache

Les auteurs de cet ouvrage, issus de disciplines et d’horizons divers, interrogent le processus de construction des politiques environnementales à travers l’exemple de Madagascar. Cette publication s’adresse aux chercheurs, étudiants, praticiens du développement et décideurs qui explorent les pistes et les retours d’expériences sur les relations entre géopolitique et environnement.

Géopolitique et environnement. Les leçons de l’expérience malgache par c. Blanc-pamard, F. pinton et h. ramiarantsoaed. ird, 2012, 293 p.isBn : 978-2-7099-1733-931 €

ird éditionsFax : 33 (0)4 6710 70 89http://www.ird.fr/editions/

Production et transformation du maïs par m. escalante, T. hoppen et a. maigacTa/isF, 2013, 28 p.isBn 978-92-9081-494-8cTa n° 17255 unités de crédit

Téléchargeable sur :http://tinyurl.com/autseaz@

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PUBLicAtiONsPUBLicAtiONs

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Investir dans l’agriculture

La FAO n’en démord pas. Pour réduire la ■

faim et la pauvreté dans le monde tout en sauvegardant l’environnement, il faut investir davantage et mieux dans l’agriculture. C’est le message du rapport de la FAO sur « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2012 » (SOFA) publié le 6 décembre 2012. Ce rapport montre que les agriculteurs dans les pays à faibles et moyens revenus investissent dans leurs exploitations agricoles plus de 170 milliards de dollars par an, soit environ 150 dollars par personne. C’est quatre fois plus que les contributions du secteur public et plus de 50 fois plus que l’aide publique au déve-loppement reçue par ces pays. L’éradication de la faim passe par une hausse substan-tielle du niveau des investissements dans les exploitations agricoles et des améliorations spectaculaires du volume et de la qualité de l’investissement public dans l’agriculture, selon le rapport. La FAO exhorte les gouver-nements et les bailleurs de fonds à allouer les deniers publics à des postes de dépenses for-tement favorables à la croissance agricole et à la réduction de la pauvreté, notamment la recherche-développement agricole, les infras-tructures rurales et l’éducation.

Enjeux maritimes

Le Golfe de Guinée, qui inclut huit États ■

adhérents de la Commission du golfe de Guinée (CGG) – à savoir l’Angola, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigeria, la RDC, et Sao Tomé-et-Principe – est l’une des régions africaines où les mutations du monde post-guerre froide et post-11 septem-bre 2001 sont les plus marquées sous les effets conjugués de la course aux ressources énergé-tiques et halieutiques, de la lutte contre la pira-terie et des mutations liées au boom du trafi c maritime conteneurisé. On y apprend que mal-gré l’énorme potentiel économique, les retom-bées économiques de la pêche industrielle et semi-industrielle (réalisée principalement par des fl ottilles étrangères) ne profi tent pas assez aux Etats de la sous-région, et encore moins aux populations locales. Certes, des pays comme le Nigeria (première puissance sous-régionale) et le Cameroun (dont le port de Douala joue un rôle de premier plan) tirent leur épingle du jeu, mais beaucoup reste à faire. L’auteur propose des solutions en faveur d’un développement durable et cohérent, notamment en terme de contrôle et de gestion des zones de pêche, de renforcement des fl ottes nationales, d’infras-tructures portuaires ou de connexions entre les ports et leur hinterland.

Atlas pastoral

Cet ouvrage, co-édité par la FAO et le ■

Cirad, fait la synthèse des informations dis-ponibles sur les transformations des systè-mes pastoraux au Sahel, collectées dans le contexte du Système d’information sur le pas-toralisme au Sahel (SIPSA) ou par d’autres initiatives. Il présente un ensemble de car-tes régionales et nationales commentées sur l’évolution des zones pastorales, la pluviomé-trie, la biomasse, les feux de brousse et les transhumances. Si l’élevage pastoral sahélien joue un rôle majeur dans l’économie des pays d’Afrique de l’Ouest et contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, cette activité est de plus en plus menacée du fait de la mar-ginalisation des populations pastorales et de la compétition croissante pour les terres et l’eau notamment avec les agriculteurs. Cet ouvrage a été conçu comme un outil d’aide à la décision pour les éleveurs et les décideurs politiques. C’est aussi le résultat concret du Programme SISPA conçu pour pallier le man-que de données dans ce domaine, les systè-mes d’information sur la sécurité alimentaire et les systèmes d’alerte précoce existant étant surtout axés sur la production agricole.

La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture (2012). Investir dans l’agriculture pour un avenir meilleurFao, 183 p.Faoviale delle Terme di caracalla00153 rome (italie)Fax : +39 06 57053360www.fao.org/publications/sofa/fr

Téléchargeable sur :http://tinyurl.com/b4f2ye4

Géopolitique maritime du Golfe de Guinée au XXIème sièclepar s. s. ndutumued. L’harmattan, 2012, 156 pp.isBn 978-2-336-00897-415,20 €éditions L’harmattan5-7 rue de l’école polytechnique75005 paris, FranceFax : +33 (0)1 43 25 82 03www.editions-harmattan.fr/

Système d’information sur le pastoralisme au Sahel : Atlas des évolutions des systèmes pastoraux au Sahel (1970-2012)Par i. Touré et al.cirad, cissL, Fao, 2012, 36 p.isBn 978-92-5-207152-5FaoFax: +39 06 57053360 [email protected]

Téléchargeable sur :http://tinyurl.com/bfqohmw

investissements étrangersLe rapport “Tendances et impacts des investissements étrangers dans l’agriculture des pays en développement” publié par la FAO recommande la prudence dans les acquisitions foncières d’envergure dans les pays en développement. L’implication des agriculteurs locaux reste la clé du succès de ces investissements étrangers, selon la FAO. Toutefois, lorsque le droit foncier n’est pas clair ou peu protecteur, les inconvénients l’emportent souvent sur les quelques avantages procurés aux communautés locales.

Trends and Impacts of Foreign Investment in Developing Country Agriculture (uniquement en anglais)Fao, novembre 2012

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/a9uaday

Bois de MadagascarL’objectif est à la fois simple et ambitieux : mettre à la disposition des acteurs de la fi lière du bois les connaissances sur les essences de la forêt malgache, afi n de réduire la pression actuelle sur un nombre limité d’essences en favorisant l’exploitation d’autres essences méconnues pouvant répondre aux mêmes besoins. L’Atlas des bois de Madagascar présente 187 essences. Seule une cinquantaine sont exploitées.

Atlas des bois de Madagascarpar p. collas de chatelperron, d. Guibal, J. Gérard, G. rakotovao et a. r. rabevohitra ed. QUae, 2012, 480 p.isBn : 978-2-7592-1871-4130 € (livre broché)84,50 € (format pdf)adresse éditions QUae, voir p. 21Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/alwm2n5

La FAO n’en démord pas. Pour réduire la

innovation dans l’irrigationGarantir la pérennisation des aménagements hydro-agricoles dans un contexte de transfert de gestion reste un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire et le développement économique. Le n°38 de la revue Traverse est consacré à l’expérience du projet ASIrri mené au Cambodge, en Haïti et au Mali. Dans trois contextes diff érents, le projet mène des recherches-actions-formations autour des modèles de prestation de services et des organisations d’irrigants.

Des innovations au service des irrigants – Analyse comparée de trois processus d’innovations institutionnelles au Cambodge, en Haïti et au Mali Traverse n° 38, GreT, novembre 2012, 36 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/aq42g3m

PUBLicAtiONsPUBLicAtiONs

Février-mars 2013 | spore 162 | 23

Lutte antiacridienne

Le criquet pèlerin ( ■ Schistocerca grega-ria) est un des principaux ravageurs des cultures au monde, notamment dans la zone sahélienne. Inoffensif dans sa forme solitaire, le criquet pèlerin peut être redou-table sous forme grégaire ; un petit essaim peut en effet consommer en une journée la même quantité de nourriture que 35 000 personnes, rappelle la FAO. Une lutte pré-ventive effi cace et durable repose sur la localisation et la destruction des premières populations pouvant enclencher la grégari-sation. Or seuls des prospecteurs bien for-més sont à même de mener cette lutte. Afi n d’améliorer leurs compétences et la qualité de leurs observations sur l’état du tapis végétal des biotopes où évoluent les popu-lations acridiennes, les pays membres de la Commission de lutte contre le criquet pèle-rin dans la région occidentale (CLCPRO), en partenariat avec le Cirad et la FAO, ont mis à disposition des prospecteurs un fl o-rule (recueil d’informations relatives à la fl ore) des biotopes de ce locuste au poten-tiel ravageur en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest. Publié sous forme de manuel pratique, il recense près de 400 espèces végétales, dont 196 font l’objet d’une fi che descriptive claire et détaillée.

Questions-Réponses

Les visiteurs de l’exposition “L’océan, le climat ■

et nous, un équilibre fragile” qui s’est déroulée entre avril 2011 et juillet 2012 à la Cité des sciences à Paris ont pu poser leurs questions, drôles ou pointues, à 16 scientifi ques. De cet échange est né un livre : “150 questions sur le climat et l’océan”. Les chercheurs ont répondu de manière précise et claire à des questions aussi diverses que : “Comment se forment les vagues ?”, “Les ours polaires survivront-ils au réchauffement climatique ?”, “C’est quoi un tsunami ?”, “Venise sera-t-elle un jour sous l’eau ?”, “L’évolution actuelle du climat est-elle irréversible ?”, “Les changements climatiques vont-ils provoquer des guerres ?”, “Quelle est la mer la plus polluée ?”, “Combien y a-t-il de CO2 dans la mer ?”. Avec une mise en page aérée, des propos illustrés par des graphiques, le lecteur peut se promener au gré de ses pro-pres interrogations, chaque question/réponse pouvant se lire de manière indépendante. Le changement climatique affecte l’océan, régula-teur important du climat. Les effets s’observent déjà à l’échelle de la planète : fonte des glaces, montée des eaux, acidifi cation de l’océan... Les impacts sur les sociétés humaines s’accentue-ront dans les 50 ans à venir.

POUR OBTENIR LES PUBLICATIONSLes titres précédés du signe sont téléchargeables sur http://publications.cta.int.

Les titres précédés du logopeuvent être obtenuscomme suit :

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en 2013, les organisations qui s’abonnent recevront 200 unités de crédit. celles déjà abonnées recevront 200 unités de crédit plus la moitié du nombre d’unités de crédit dépensées en 2012, soit un maximum de 400 unités de crédit.

Vous n’êtes pas dans un des cas mentionnés ci-dessus :

vous pouvez, soit acheter les ouvrages auprès des éditeurs ou en librairie, soit les télécharger sur http://publications.cta.int si elles sont en accès libre. plus de la moitié de nos titres sont téléchargeables gratuitement !

Les titres précédés du symbole sont disponiblesà l’achat chez les éditeurs mentionnés ou en librairie.

Florule des biotopes du criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest à l’usage des prospecteurs de la lutte antiacridiennepar J.-F. duranton , a. Foucart et p.-e. Gay Fao-cLcpro/cirad, 2012, 487 p.cLcproFax : 00 213 (0) 21 73 05 45 email: [email protected]

150 questions sur l’océan et le climataa. vv.ed. Le pommier, 2012, 192 p.isBn 978-2-7465-0643-515 €editions Le pommier8, rue Férou75278 paris cédex 6 Fax : +33 (0)1 53 10 24 67www.editions-lepommier.fr

Océans acidifi ésCe numéro de Policy Brief explore les pistes à suivre face à l’acidifi cation des océans. Limiter la concentration de CO2, restaurer les écosystèmes dégradés et renforcer leur résilience… des actions sont possibles. Cependant, les résultats potentiels et la faisabilité de ces actions doivent être analysés et s’inscrire dans un cadre juridique et politique approprié, aux niveaux local, régional et global.

Que faire de l’acidifi cation des oceans ?iddri, policy Brief n° 17, novembre 2012, 8 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/b6gnaa7

Migrations environnementalesEntre 2008 et 2010, le nombre de personnes contraintes à quitter leur lieu de résidence suite à une catastrophe naturelle soudaine ou à une dégradation lente de l’environnement est passé de 20 à 30 millions. Dans son deuxième volume, The State of Environmental Migration passe en revue les crises les plus graves de l’année 2011. Ces études de cas, qui incluent la Somalie, permettent de mieux comprendre (et appréhender) le phénomème migratoire majeur de ce début de XXIème siècle.

The State of environmental migrations 2011 (en anglais uniquement)par p. Brücker, F. Gemenne et d. ionescoiddri/organisation internationale pour les migrations (oim), novembre 2012, 132 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/b7zvq4z

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PUBLicAtiONs

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5 QUESTIONS à SAMUEL MIKENGA Coordinateur du programme Média

Pourquoi est-il important que le CTA ait une politique média ?

Dans son nouveau plan stratégique, le CTA engage les médias à sensibiliser le

public aux questions liées à l’agriculture et au développement rural (ADR), ainsi qu’à faciliter les processus et dialogues sur les chaînes de valeur et l’élaboration des politiques sur l’ADR. C’est pourquoi une politique média est essentielle pour orienter le personnel dans ses interactions avec les médias et dans la manière dont il gère les activités liées aux médias.

Quelles sont ses principales orientations ?

La politique media établit des lignes directrices en matière (i) de couverture médiatique d’événements spéciaux organisés ou co-organisés par le CTA : rédaction de communiqués de presse et d’avis pour les médias, organisation d’apparitions médiatiques lors de grands événements, contrôle de la couverture médiatique et de la fourniture de services de médias ; (ii) d’activités relationnelles avec les médias : l’engagement proactif avec les médias ou la gestion des crises et des risques. Elle définit également les rôles, le ton de voix à employer, les publics cibles et les contacts.

Quel rapport les médias entretiennent-ils avec

l’agriculture dans les pays ACP ?Les études révèlent que bien que l’agriculture contribue significativement au PIB dans les pays en développement, elle ne bénéficie que d’une faible couverture par les médias par rapport aux faits divers et à la politique. Les journalistes désirant écrire des articles sur l’agriculture sont peu nombreux et quand ils le font, il s’agit généralement d’histoires négatives. Cette

tendance est inquiétante dans la mesure où ce sont les médias qui sensibilisent le public, documentent les débats sur l’ADR, remettent en cause le status quo, façonnent l’opinion et influencent l’ordre du jour du débat public.

Comment la situation peut-elle s’améliorer ?

Nous avons besoin d’approches révolutionnaires pour combler le manque de communication entre l’agriculture et les médias, et changer la manière dont les jeunes et le secteur des médias, en particulier, considèrent l’agriculture. Il faudrait impliquer les propriétaires et directeurs de médias et les éditeurs puisqu’ils déterminent les politiques d’édition et de diffusion. Nous devrions également mettre à contribution les médias scientifiques pour stimuler les efforts journalistiques.

Quel rôle le CTA peut-il jouer ?Le CTA a déjà soutenu une initiative

primée qui place les professionnels des médias au cœur des interventions médiatiques visant à défendre l’ADR. Il s’est associé à divers partenaires pour mener des études sur les médias dans les pays ACP. Il a développé les capacités des journalistes à réagir à la demande et a facilité leur engagement dans les processus et les dialogues décisifs d’élaboration des politiques d’ADR. Le CTA forme son personnel afin qu’il puisse interagir avec assurance avec les médias et s’efforce de renforcer la capacité des partenaires clés à travailler avec eux et/ou à élaborer des stratégies médiatiques et de sensibilisation.

Diplômé en sciences forestières et en communication scientifique (Imperial College of Science, Technology and Medicine, au Royaume-Uni), détenteur d’un diplôme en médias et relations publiques, Samuel a acquis une vaste expérience en travaillant notamment avec diverses organisations scientifiques internationales à but non lucratif, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF).

AGIR AvEC LE CTAwww.cta.int

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Des connaissances crucialesLe CTA aide ses organisations partenaires à mieux analyser et organiser la gestion des connaissances en leur sein et dans leurs relations avec d’autres institutions. Cette gestion améliorée devrait leur permettre, in fine, de parfaire leur gestion de la communication et de l’information (suite page 26).

Dates clés1988 Acquiert des compétences

de travail sur internet et ordinateur Apple Macintosh

2000 Obtient son diplôme de l’Imperial College (Londres), célèbre le millénaire et visite l’aquarium Deep Sea World en Écosse

2001 Première visite en Asie : Japon, Thaïlande et vietnam

2003 Travaille avec le WWF International

2008 Goûte aux plus savoureux aliments biologiques (au Ghana)

2013 Participe à un cours de direction et gestion à HEC, Paris, France

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déparT

Notre collègue Julia Nijhoftourne la page

Le cours d’une carrière peut être influencé par quelques petits conseils. Il a été demandé à Julia Nijhof, il y a 28 ans, alors qu’elle travaillait au Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement (ICRA), de faire quelques

recommandations à la première secrétaire du CTA pour contribuer à la phase de lance-ment cette nouvelle organisation. Participant aux activités de l’ICRA dès les premiers jours, Julia était appréciée pour son approche prag-matique. Vers la fin de sa conversation avec la secrétaire, elle a ajouté spontanément que si elle avait de nouveau l’occasion de travailler pour une compagnie démarrant son activité, elle la saisirait sans hésitation. Une quinzaine de jours plus tard le Dr Werner Treitz l’appe-lait, lui demandant de venir au CTA pour un entretien. La suite ? On la connaît !

Julia décrit ces premières années comme les plus excitantes et gratifiantes de sa car-rière et rappelle avec fierté qu’elle était là dès le début pour aider au démarrage du CTA.

En 28 ans elle a été témoin d’une longue évolution. En tant que septième membre du personnel engagé, elle a vu cinq directeurs et des douzaines de collègues rejoindre le CTA. Les célébrations du 20e anniversaire mar-quent une étape importante pour elle parce que c’est à cette occasion, qui rassemblait d’anciens collègues, des partenaires et des dignitaires de partout dans le monde, qu’elle a pleinement compris l’impact du CTA et de son action.

Elle se réjouit maintenant de pouvoir passer davantage de bons moments avec sa famille et ses amis, mais elle admet qu’elle regrettera le CTA et l’expérience unique qui lui a permis de côtoyer tant de nationali-tés différentes. Nous lui souhaitons bonne chance dans sa nouvelle vie.©

CTA

Des connaissances cruciales(suite de la page 25) Transférer des informa-

tions aux bonnes personnes au bon moment, afin qu’elles disposent des connaissances requi-ses pour prendre les décisions qui s’imposent, revêt une importante cruciale. Cela nécessite une gestion des connaissances adéquate au niveau des institutions.

Comment cette gestion fonctionne-elle ? Michel Sergheeraert en donne, d’abord, une définition claire. La gestion des connaissances, “c’est l’ensemble des initiatives, techniques et méthodes qui permettent de percevoir, identi-fier, analyser, organiser, mémoriser, et partager des connaissances entre les membres des orga-nisations, en particulier les savoirs créés par l’entreprise elle-même (dans ses activités de

marketing ou de recherche et développement) ou acquis à l’extérieur (par l’intelligence écono-mique) en vue d’atteindre l’objectif fixé”.

La gestion des connaissances occupe une place de choix parmi les thèmes prioritaires du Plan Stratégique du CTA. C’est pourquoi le Centre a organisé dernièrement de vastes consultations avec certaines de ses organisa-tions partenaires. Ces consultations ont abouti à la définition d’un plan d’action permettant une évaluation de la gestion des connaissances au sein des institutions/organisations et entre-elles ainsi que l’élaboration d’un questionnaire commun qui pourrait être adapté à chaque organisation. Chaque institution procédera donc à une enquête interne lui permettant de

savoir comment elle gère ses connaissances et comment elle peut planifier ses interventions, et améliorer cette gestion tant à l’interne que dans ses relations avec d’autres institutions ou organisations. Cette enquête terminée, les ins-titutions mettront au point des stratégies docu-mentées de gestion des connaissances avec l’aide de consultants spécialisés. L’intervention du CTA dans ce projet consiste à faciliter tout le processus et à permettre au projet de réussir, lors de l’élaboration des différentes stratégies de gestion des connaissances. Les décisions pri-sent au sein de ces institutions n’en seront que plus percutantes.

Ce sujet vous intéresse ? N’hésitez pas à contacter Krishan Bheenick ([email protected]).

Agir AVEc LE ctA

Le CTA organisera •

en novembre 2013 une

conférence sur les TICs

dans l’agriculture. À

suivre dans les prochains

numéros.

Les Notes Politiques n°8 •

du CTA sur les petites

économies insulaires et

n°9 sur une agriculture

‘intelligente’ face au

changement climatique sont

sorties.

À lire sur www.cta.int.

Le CTA lance une nouvelle •

collection de livres :

“Farmtomarket”afinde

promouvoir l’insertion des

petits producteurs dans les

chaînes de valeur.

TEXTOS

26 | spore 162 | Février-mars 2013

Servicesaux lecteursÉcrire à SporecTa — rédaction de Sporepo Box 3806700 aJ Wageningen pays-BasFax : + 31 317 460067e-mail : [email protected]

S’abonner à Sporerecevoir La version impriméeL’abonnement est : • gratuit pour les organisations et personnes actives dans le développement rural et résidant dans un pays acp (afrique, caraïbes, pacifi que) : s’abonner- via http://publications.cta.int en cliquant sur “demander un abonnement gratuit“ ;- par la poste (cTa Spore abonnements, po Box 173, 6700 ad Wageningen, pays-Bas) ou par courriel à [email protected].• payant pour toute autre adresse : 36 € par an (6 numéros) abonnement à souscrire auprès de smi (distribution services) Ltdpo Box 119, stevenagehertfordshire sG1 4Tproyaume-UniFax : + 44 1438 748844e-mail : [email protected]

recevoir Le résUméGraTUiT par e-maiLabonnez- vous à l’édition e-mail (90 kb) à : http://spore.cta.intou envoyez un e-mail vierge à :[email protected] la version texte seulement :[email protected]

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Reproduire Spore• Pour un usage non commercial, les articles de Spore peuvent être librement reproduits à condition de mentionner la source. merci d’envoyer une copie à la rédaction. • Pour toute reproduction à des fi ns commerciales, demandez l’autorisation préalable

Lourds handicapsIdenge Malebo Adolphe réagit à la lecture du point de vue d’olivier de schutter sur l’alimentation paru dans Spore 158. “m. de schutter souligne qu’à l’échelle locale, les gouvernements peuvent agir en garantissant le prix aux producteurs et en off rant des subsides aux consommateurs. il cite les exemples de la chine et l’inde, où les gouvernements ont mis en place des systèmes permettant de stocker les denrées en vue de soutenir les revenus des producteurs et de libérer ces stocks lorsque le besoin s’en fait sentir. cet article nous a beaucoup frappés parce que

nous, à Kamanyola (sud Kivu), nous avons un problème sérieux par rapport aux marchés d’écoulement de nos produits de récolte. nous avons mis en place

une synergie de 18 coopérateurs producteurs de maïs. nous avons bénéfi cié

d’un dépôt de stockage des produits de récolte. Le grand problème qui persiste, c’est le marché. (…) chez nous, ce sont les acheteurs et les consommateurs qui fi xent et imposent le prix d’achat et les conditions à leur profi t. Les producteurs qui ne savent pas où orienter leurs productions restent pauvres toute leur vie, bien que travaillant dans les champs toute la saison. La rareté de la pluie et les feux de brousse sont un autre problème.”

Soutenir les producteursa la lecture du dossier sur la fi lière oignon dans Spore 159, N. Célestin Koudougou lance un appel : “Les diff érentes recherches sur le développement de l’afrique s’accordent sur la capacité de l’agriculture à sortir le continent du sous-développement notoire. en eff et, l’agriculture pourrait bien être le rempart indiqué pour l’émergence des peuples africains. cependant, cette agriculture est confrontée à d’énormes entraves qui handicapent sérieusement son épanouissement. Le dossier ‘Filière oignons : un marché fl orissant’ illustre bien cette situation. outre le manque de fl uidité dans l’acheminement des productions et la rareté des débouchés, il ne faut pas perdre de vue certains goulots d’étranglement tels que le manque d’organisation des producteurs, le faible niveau d’implication des pouvoirs publics, le manque de matériels adéquats de production, etc. alors, si notre développement doit passer par l’agriculture, de grâce, ne ménageons aucun eff ort pour donner à cette agriculture toutes les chances de se développer.”

chocolat biologiqueKouassi Sylvain Konan réagit au reportage paru dans Spore 160 sur une coopérative à la Grenade qui produit du chocolat biologique. “Je tiens à féliciter la

rédaction de notre magazine pour le reportage paru dans Spore 160 ‘de l’arbre à la barre chocolatée’ qui montre l’importance de la production saine du chocolat par une entreprise soucieuse de

l’environnement (Grenada chocolate company). nous espérons

que de telles initiatives seront prises par nombres d’entreprises soucieuses de la gestion durable de l’environnement. aussi souhaitons-nous que ces structures soient encouragées par des récompenses comme l’a fait l’academy of chocolate. Les entreprises intervenant en côte d’ivoire (1er pays producteur et exportateur de fèves de cacao) devraient suivre cet exemple, même si certaines ont déjà

adopté l’option de production durable de cacao. notons qu’il

est possible de produire du cacao biologique en côte d’ivoire et que

toutes les ressources (humaines et techniques) s’y trouvent. cette option

pourraient encourager les jeunes à retourner à la terre afi n de redynamiser la production qui est eff ectuée par une population vieillissante.”

africains. cependant, cette agriculture

rédaction de notre magazine pour le reportage paru dans Sporebarre chocolatée’ qui montre l’importance de la production saine du chocolat par une entreprise soucieuse de

l’environnement (Grenada chocolate company). nous espérons

que de telles initiatives seront prises

développement de l’afrique s’accordent sur

exemple, même si certaines ont déjà adopté l’option de production durable de cacao. notons qu’il

est possible de produire du cacao biologique en côte d’ivoire et que

toutes les ressources (humaines et techniques) s’y trouvent. cette option

pourraient encourager les jeunes à retourner à la terre afi n de redynamiser la production qui est eff ectuée par une population vieillissante.”

pouvoirs publics, le manque

production, etc. alors, si notre développement doit passer

schutter sur l’alimentation paru dans 158. “m. de schutter souligne

qu’à l’échelle locale, les gouvernements

nous, à Kamanyola (sud Kivu), nous avons un problème sérieux par rapport aux marchés d’écoulement de nos produits de récolte. nous avons mis en place

une synergie de 18 coopérateurs producteurs de maïs. nous avons bénéfi cié

d’un dépôt de stockage des produits de

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Boîte post@le

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