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Conférences pour tous Programmation 2017-2018 Frédéric Barberousse Beethoven Sissi Le Haut-Koenigsbourg En couverture : la Cour d'Appel de Colmar

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Conférences pour tous Programmation 2017-2018

Frédéric Barberousse Beethoven Sissi Le Haut-Koenigsbourg En couverture : la Cour d'Appel de Colmar

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SOMMAIRE

Conférences Histoire Page 3

Conférences Étude d’une œuvre musicale

Page 48

Conférences Patrimoine Page 58

Conférences Cinéma Page 71

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Catherine RICHARD-LEDUC, Conférencière

Le lundi, à 14h30

VIENNE, CAPITALE DES HABSBOURG Lundi 2 octobre De Vindobona la romaine à la cité du Moyen-Age P 4

Lundi 9 octobre Les débuts de la dynastie des Habsbourg P 5

Lundi 16 octobre Le Saint Empire Germanique P 6 Lundi 6 novembre La politique des mariages et le Duché de Bourgogne P 7

Lundi 13 novembre Charles-Quint P 8 Lundi 27 novembre Les Guerres ottomanes P 9 Lundi 4 décembre De Vienne à Prague, de Ferdinand à Rodolphe P 10

Lundi 11 décembre La crise de la Réforme et ses conséquences P 11 Lundi 8 janvier Les Habsbourg et l’Italie P 12

Lundi 15 janvier Le XVIIème siècle P 13 Lundi 22 janvier Baroque et Rococo P 14 Lundi 29 janvier Charles VI et Marie-Thérèse d’Autriche : la

pragmatique sanction P 15

Lundi 5 février Mozart et l’Autriche P 16 Lundi 12 février Les conséquences de la Révolution Française P 17

Lundi 5 mars Napoléon et l’Autriche P 18 Lundi 12 mars L’Empire austro-hongrois P 19 Lundi 19 mars Sissi, Rodolphe P 20 Lundi 26 mars Biedermeier et Sécession P 21 Lundi 9 avril Naissance de la psychanalyse : Sigmund Freud P 22 Lundi 14 mai Klimt, Kokostchka et Egon Schiele P 23 Lundi 28 mai La 1ère guerre mondiale et le démantèlement de

l’Empire P 24

Lundi 4 juin La 2nde guerre mondiale P 25 Lundi 11 juin L’après-guerre et l’Autriche moderne P 26

Bibliographie P 27 Iconographie P 28

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DE VINDOBONA LA ROMAINE A LA CITE DU MOYEN-AGE Vienne préhistorique :

L'histoire de Vienne remonte au IIè millénaire av. J.-C.. La situation au bord du Danube, entre les préalpes (Wienerwald) et la Pannonie, font de la métropole actuelle un espace privilégié pour les agglomérations précoces. Les sols fertiles et le climat favorable permettent l’établissement d’un habitat au Néolithique accompagné d’une agriculture plutôt prospère. La Civilisation de Hallstatt de l’Age du Fer y est représentée : des restes du tumulus ont été découverts ainsi que des objets de métal. Des Celtes s’établissent au Léopolsberg organisé en oppidum. C’est vers le début de notre ère que Vienne est conquise par les Romains qui fournissent les premières sources écrites de l'histoire de Vienne qui s’appelle encore Vedunia.

Vienne et la Pannonie :

Vers 15 av. J.-C., le royaume norique est annexé à l'Empire romain. Le Danube devient la frontière naturelle (limes) de l'empire et les Romains commencent à fortifier les bords du fleuve. À l'époque romaine, Vindobona fait partie de la province de Pannonie dont le chef-lieu est Carnuntum. Un camp militaire est établi alors qu’au IIème siècle, une cité germanique s’installe sur l’autre rive du Danube. Le plan asymétrique — et peu typique pour un camp romain — de Vindobona est encore visible aujourd'hui en suivant le cours des rues : Graben, Naglergasse, Tiefer Graben, Salzgries, Rabensteig, Rotenturmstrasse. Le nom de « Graben » (« fossé ») renvoie probablement au fossé qui entourait le camp militaire. Il est probable qu'une partie de l'enceinte romaine existe encore au Moyen-Âge quand les rues se développent et qui a ainsi influencé le cours des rues. Le Berghof sera construit à l'extrémité du camp romain au XIIIème siècle. L’approvisionnement de Vindobona est assuré par de nombreuses « villae rusticae » aux alentours de la cité. Le géographe Ptolémée mentionne Vindobona dans son atlas Geographike Hyphegesis (vers 150). L'historien romain Aurelius Victor note que l'empereur Marc Aurèle avait son quartier général à Vindobona lors des guerres contre les Marcomans et y est décédé le 17 mars 180. En 212, Vindobona est élevée au rang de municipium ce qui renforce sa position face à Carnuntum, capitale de la province de Pannonie qui venait de recevoir le titre de colonia. Vindobona reste entre les mains des Romains jusqu'au Vème siècle quand les migrations germaniques se multiplient et que les Barbares traversent la ville qui restera pourtant toujours habitée.

Le Haut Moyen-Age : Les rues et maisons de Vienne au Haut Moyen-Âge suivent les murs romains et l'on peut donc supposer qu'une partie du fort est encore intacte à cette époque. Dans l'Innere Stadt, on a retrouvé des pièces byzantines à plusieurs reprises, datant du VIème siècle, suggérant une activité commerciale. Le centre de la ville est le Berghof. Des excavations dans cet espace ont mis au jour des tombeaux du VIème siècle. Les Lombards dominent l'espace viennois, suivis des Slaves et Avars. La première mention écrite de Vienne dans les annales de Salzbourg date de 881 indiquant une bataille « apud Weniam » contre les Magyars. Otton Ier de Francie les bat également en 955 lors de la bataille du Lechfeld. En 976, les Babenberg fondent le margraviat d'Ostarrichi dans lequel se trouve, proche de la frontière hongroise, la ville de Vienne. Dès le XIème siècle, Vienne devient une place commerciale de première importance. Vienne devient civitas. En 1155, Henri Jasomirgott fait de Vienne sa capitale.

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LES DEBUTS DE LA DYNASTIE DES HABSBOURG La maison des Babenberg ( 972-1246 ) : Le Margraviat d’Ostaricchi fondé par la dynastie des Babenberg renforce le rôle commercial de Vienne, située stratégiquement près de la frontière hongroise. Léopold III (1095-1136) fonde de nombreux monastères, dont celui de Klosterneuburg en 1114, qui devait enfermer les sépultures familiales. À côté de ce cloître a été construit un château, résidence des Babenberg, faisant de Klosterneuburg la première capitale de l'Autriche. En 1155, Henri Jasomirgott en fait sa capitale et, l’année suivante, en 1156, le margraviat devient duché par le biais du « Privilegium Minus ». Vienne en reste la capitale grâce à Frédéric Barberousse. Léopold V Babenberg fait prisonnier Richard Cœur de Lion à son retour de croisade (la 3ème) en 1192 près de Vienne à Edberg. L’énorme rançon versée (50 000 marks d’argent) enrichit Vienne. Léopold V est excommunié par le Pape Célestin III. A sa mort, le Duc se repent et promet de rendre la rançon. La dynastie des Ottokar de Bohème : En 1186, les Babenberg signent un traité d'héritage avec les Ottokar qui régnaient sur la Styrie voisine. Ce traité offre la Styrie à l'Autriche si un Ottokar venait à mourir sans héritier, mais à la condition que les droits particuliers de la Styrie soient préservés. En 1192, Ottokar meurt sans descendance, et les Babenberg héritent de la Styrie. Léopold VI Babenberg meurt en 1246 lors d'une bataille contre les Hongrois. Seules deux femmes peuvent accéder au trône, sa sœur et sa nièce. Or, la noblesse étant puissante, elle se considère seule à pouvoir décider du futur duc. Les Styriens se tournent vers le roi de Hongrie, tandis que les Autrichiens souhaitent le roi de Bohême. En 1251, c'est finalement Ottokar II Premysl (1251-1278) qui devient duc d'Autriche. Ottokar installe sa cour à Prague. Mais Vienne continue de s'agrandir et devient la deuxième plus grande ville du Saint-Empire après Cologne. La dynastie des Habsbourg : En 1273, Rodolphe VI de Habsbourg devient empereur sous le nom de Rodolphe Ier. Le patronyme de Habsbourg vient du fief que la famille possède en Suisse. (Gontran le Riche, Comte d’Alsace de 917 à 954, en est le premier membre connu). Dès 1276, l'empereur tente une action en justice pour chasser Ottokar du pouvoir. Il est soutenu par de nombreux mécontents en Autriche et en Styrie. Le 18 octobre 1276, après une courte bataille près de Vienne, Ottokar abandonne la Styrie. Sur les bords du Danube, l'empereur ne rencontre que peu de résistance. Allié à la Hongrie, il encercle Ottokar qui négocie. Il accepte de rendre les territoires acquis depuis 1252 s'il se voit confirmer son autorité sur ses territoires originels. Ottokar conserve cependant des partisans à Vienne. Pour les amadouer, l'empereur accorde des privilèges à la ville. En 1278, Ottokar s'appuie sur ses partisans pour tenter un dernier combat. Il meurt à la bataille de Marchfeld. L'Autriche est définitivement aux mains des Habsbourg.

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LE SAINT EMPIRE GERMANIQUE Les origines :

C'est sous la dynastie des Ottoniens, au Xème siècle, que l'Empire se forme à partir de l’héritage oriental carolingien. Les Saliens leur succèderont avec Conrad II au début du XIème siècle. La Querelle des Investitures entre 1075 et 1122 consacre le conflit entre les deux puissances, La Papauté (Grégoire VII) et l’Empire. Le roi des Romains, Henri IV, doit faire pénitence à Canossa et reconnaître qu’il ne nomme pas les évêques et qu’il doit y avoir séparation entre les pouvoirs spirituels et temporels. Le titre Sacrum Romanum Imperium apparaît vers 1184 pour être utilisé de manière définitive à partir de 1254. Il s’inspire directement de l’Empire Romain mais affirme aussi être l’héritier de la Rome chrétienne. Alliés du dernier Salien, Henri V mort en 1125, les Hohenstaufen accèdent à la charge d’Empereur malgré un conflit avec les Welfs en la personne de Conrad III. Le Saint Empire est resté un tissu monarchique et corporatif dirigé par un empereur et les états impériaux avec très peu d'institutions impériales communes.

Les Hohenstaufen :

Frédéric Barberousse, neveu de Conrad III, devient Empereur en 1152. Il estime que l’Empire n’a pas à se soumettre au Sacerdoce et doit être indépendant, engageant un conflit avec le Pape Alexandre III. Six campagnes de reconquête de l’Italie suivront avant la Paix de Venise signée entre les deux en 1177. Barberousse se noie dans un torrent en crue en Cilicie en juin 1190, alors qu’il se rendait à la IIIème Croisade. Henri VI, son fils, cumulera le titre d’Empereur avec celui de Roi de Sicile, après avoir épousé la dernière héritière de la dynastie normande des Hauteville (Constance) établie en Sicile, mais il meurt précocement en 1197. Leur fils, Frédéric II, « Stupor Mundis », devient le souverain le plus puissant d’Europe, en charge lui aussi de la Sicile et du Saint Empire. A sa mort en 1250, Charles d’Anjou devient, quelques années après, le premier souverain angevin dominant le Sud de l’Italie alors que la charge du St Empire reste vacante pendant dix ans.

L'avènement des Habsbourg : Rodolphe de Habsbourg reçoit en 1239 de Frédéric II des terres en Alsace et en Suisse. Il devient alors un prince influent du sud de l’Allemagne. Les princes- électeurs l’élisent Roi des Romains et Roi de Germanie le 1er septembre 1273, mettant ainsi un terme au Grand Interrègne, sûrs de pouvoir le contrôler, à l’inverse du Roi de Bohème, Ottokar II, trop puissant à leur goût. Pourtant Rodolphe Ier ne se rend pas à Rome pour y être couronné, estimant le voyage trop périlleux à 55 ans. Il choisit plutôt de remettre de l’ordre dans l’Empire, récupérant des territoires qui s’étaient rendus indépendants, tel le Duché d’Autriche, aux mains d’Ottokar II qui refuse de se rendre à la convocation de la Diète impériale, et est ainsi banni. La bataille de Marchfeld en 1278 fait disparaître le dernier opposant à Rodolphe, qui installe les Habsbourg, en Autriche, Styrie et Carinthie.

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LA POLITIQUE DES MARIAGES ET LE DUCHE DE BOURGOGNE

Le Saint Empire Germanique et les Habsbourg :

Si Rodolphe Ier était devenu Empereur du St Empire Romain Germanique entre 1273 et 1291 comme Albert Ier de 1298 à 1308, la distinction échappe aux Habsbourg jusqu’à Albert II en 1438. A partir de cette époque, la maison de Habsbourg régna sans interruption sur le Saint-Empire romain germanique faisant de Vienne sa plus importante capitale. En 1740, Marie-Thérèse est la seule descendante de Charles VI, et la dignité est transférée à son époux François Ier Etienne issu de la maison de Lorraine. La maison des Habsbourg-Lorraine règne jusqu’à François II qui devient en 1806 François Ier d’Autriche lorsque l’Empire est dissous par Napoléon Ier dont il sera le beau-père. Les Habsbourg-Lorraine se maintiennent jusqu’à l’abdication de Charles Ier en 1918.

Le duché de Bourgogne et le Saint Empire :

Philippe le Hardi, fils du Roi de France Jean le Bon, reçoit le Duché de Bourgogne en 1364. Il y ajoute le Comté de Flandres en épousant Marguerite III de Flandres. Philippe le Hardi fait épouser au jeune roi de France Charles VI Isabeau de Bavière, cherchant une alliance avec le Saint Empire. Par mariage, le Hainaut, le comté de Namur, le Brabant, le Limbourg et le Luxembourg entrent par la suite dans les possessions des Grands Ducs de Bourgogne. L’apogée du duché est celle de Charles le Téméraire, ennemi de Louis XI. Sa fille unique Marie épouse Maximilien de Habsbourg en 1477, peu après la mort du Duc à Nancy. Maximilien devient bientôt Empereur du Saint Empire et Duc de Bourgogne du fait du décès accidentel de Marie. La Bourgogne avait été réintégrée au Royaume de France.

La politique des mariages : Philippe le Beau, héritier du Duché de Bourgogne, épouse Jeanne la Folle l’héritière des Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Frédéric d’Aragon, unissant ainsi l’Espagne naissante avec les Pays-Bas. De cette union, malheureuse sur le plan amoureux, naissent trois enfants dont le futur Charles Quint, né à Gand en 1500. Il n’a que 6 ans à la mort de son père en 1506 et devient d’abord Duc de Bourgogne avant d’être couronné roi d’Espagne en 1516 à la mort de Ferdinand d’Aragon sous le nom de Charles Ier d’Espagne. Le français est sa langue maternelle, il n’a vécu jusque là qu’en Flandres mais il s’installe en Espagne où il mourra en 1558. Il succède à son grand-père Maximilien en 1520 comme Empereur du Saint Empire romain germanique portant le titre de Charles Quint. La maison d’Autriche devient une véritable « usine à princes et princesses » destinés à tisser une toile d’alliances matrimoniales favorables aux Habsbourg. Frédéric III en 1448 avait adopté cette devise sous forme de monogramme « A.E.I.O.U. » soit Austriae est imparare orbi universo (L’Autriche est destinée à diriger le monde).

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CHARLES QUINT Jeunesse de Charles Quint :

Charles Quint hérite d’un immense empire, né des alliances dynastiques bourguignonnes, autrichiennes, castillanes et aragonaises. Avec l’expansion vers le Nouveau Monde, et après le Traité de Tordesillas signé en 1492 sous l’égide du Pape Alexandre VI Borgia, il règne sur un territoire « où le soleil ne se couche jamais ». En quelque sorte, c’est l’un des premiers souverains européens. En fait, son éducation est franco-bourguignonne et c’est sa tante Marguerite d’Autriche qui l’élève, car Philippe le Beau et Jeanne la Folle partent en Espagne alors qu’il n’a que 4 ans. Philippe meurt précocement, faisant de Charles encore mineur le Duc de Bourgogne. Isabelle de Castille décède également, Jeanne lui succède mais est évincée par Ferdinand II d’Aragon avant sa mort. Charles est alors l’héritier de son grand-père maternel avant de devenir le successeur de son grand-père paternel. Il devient roi des Romains, puis Empereur du Saint Empire Romain Germanique, couronné par le Pape à Bologne le 24 février 1519. Henri VIII Tudor et François Ier sont ainsi évincés. Sa devise, « Plus oultre », reprise des Bourguignons deviendra la devise nationale de l’Espagne.

Le conflit avec la France :

La rivalité avec François Ier marque l'essentiel de l'histoire impériale de Charles Quint. Le roi de France veut poursuivre l'action de ses prédécesseurs Charles VIII et Louis XII dans la péninsule italienne, en réclamant Naples et Milan. De son côté, Charles Quint rêve de reprendre le duché de Bourgogne de son bisaïeul Charles le Téméraire, revenu à la France sous Louis XI. La Navarre sera le premier théâtre de leurs affrontements en 1521, partagée en deux après la reconquête française. Mais, mis à part le siège de Mézières, c’est en Italie du nord que se concentre la rivalité des deux monarques. Chacun connaît le succès français de Marignan (1515), mais en 1525, François Ier est sèchement battu à Pavie, envoyé à Madrid où il sera échangé avec ses deux fils plus tard. La Paix des Dames (Marguerite d’Autriche et Louise de Savoie, mère du Roi de France) le 3 août 1529 amende le sévère Traité de Madrid. François Ier devra épouser Eléonore, veuve du Roi du Portugal et sœur de Charles Quint. De nouveaux affrontements éclateront en 1535, dans les Flandres et l’Artois, perdus alors pour la France, mais celle-ci gardera la Bourgogne, la Savoie et le Piémont.

Habsbourg en Espagne, Habsbourg en Autriche : Charles Quint comprend assez vite qu’il ne peut diriger efficacement l’Espagne et l’Autriche. Son frère cadet, Ferdinand né en Espagne en 1503 et élevé par son grand-père Ferdinand d’Aragon aurait dû lui succéder, mais son frère l’installe en Autriche en 1521. Charles Quint lui fait épouser Anne Jagellon ce qui lui permet de devenir roi de Hongrie et de Bohème en 1526. En 1531, il est élu Roi des Romains. Après l’abdication de son frère aîné, Ferdinand devient Empereur des Romains en 1558. Paul IV refuse de reconnaître ce sacrement, intervenu sans l’accord de Rome et désormais les futurs Empereurs ne se feront plus couronner à Rome. Il développe une politique centralisatrice malgré quelques révoltes en Transylvanie. La progression de la Réforme, née au début du règne de Charles Quint, en fera le champion du Catholicisme. Il meurt en 1564.

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LES GUERRES OTTOMANES L'empire byzantin et les Ottomans :

Les Ottomans sont issus d’un clan turcique oghouze apparu en Anatolie occidentale avant de s’imposer progressivement en Asie occidentale. L’Empire byzantin est affaibli et voit son territoire grignoté par les Ottomans qui prennent le contrôle de Gallipoli en 1354 et s’établit en Thrace, privant Byzance de ses voies de communications continentales. C’est Andrinople, autrement Erdine, qui devient la capitale de Mourad Ier en 1377. Dans les années suivantes, les Balkans (Serbie) sont en partie conquis. En Asie, Bursa devient aussi une capitale ottomane. Mais en 1453, l’Empire byzantin, réduit à une peau de chagrin, succombe. Constantinople est prise par Mehemet II el Fatih (le Conquérant) dans la nuit du 29 mai 1453. Avec la disparition de l’Empire byzantin, l’Europe chrétienne était directement exposée à l’expansion musulmane et, selon les époques, les états s’y sont opposé ou l’ont soutenue.

De Selim Ier à Soliman le Magnifique :

Sélim Ier, en 1516 et 1517, s’empare des sultanats d’Egypte et de Syrie, qui étaient gouvernés par les Mamelouks (Serviteurs militaires) depuis 1260. En Occident, les principaux adversaires des Ottomans furent d'abord la République de Venise, le Saint-Empire et la Pologne-Lituanie ; s'y ajouta la Russie vers la fin du XVIIe siècle ; La Hongrie est conquise à partir de 1526, suite à la bataille de Mohàcs gagnée par le fils de Sélim, Soliman le Magnifique. C’était la 1ère étape d’une conquête éventuelle de l’Europe Centrale. Les relations diplomatiques tissées entre Soliman et François Ier, rival traditionnel de Charles Quint, ont favorisé l’attaque du Sultan ottoman envers le territoire tout proche de Vienne. Le Sultan met le siège devant Vienne le 25 septembre 1529, alors que Charles Quint refuse son aide à Ferdinand qui part en Bohème. Nicolas von Salm, comte allemand, organise la défense, fait sortir 4000 femmes et enfants qui tomberont aux mains des Turcs. Le 14 octobre, Soliman ordonne l’assaut, mais échoue. L’armée turque bat en retraite, en très mauvais état. En 1683, une 2nde tentative de siège échouera tout autant (14 juillet au 12 septembre 1683) et Jean III Sobiesky, roi de Pologne, avec Charles de Lorraine, l’emporteront après la bataille du Kahlenberg. En 1686, l’Autriche reprend la Hongrie.

La bataille de Lépante, un succès chrétien : Depuis le début du XVIe siècle, les Turcs pratiquent des razzias en Méditerranée occidentale. Venise, avec laquelle Mehemet el Fathi avait signé de fructueux traités commerciaux, se voit peu à peu privée de certains de ces comptoirs et comprend que les Ottomans prennent peu à peu le contrôle du commerce maritime. Chypre sera prise avec une extrême brutalité. Don Juan d’Autriche, fils illégitime de Charles Quint, est nommé chef de la Sainte Ligue formée à l’appel du Pape Pie V, qui réunit les Royaumes de Naples et de Sardaigne, Rome ainsi que Venise, rejoignant les royaumes chrétiens pour la 1ère fois. Au matin du 7 octobre 1571, une flotte chrétienne commandée par le prince espagnol Dom Juan d´Autriche, partie de Messine, intercepte la flotte turque en provenance de Lépante, dans le golfe de Patras, au large de la Grèce. Il s'ensuit une retentissante victoire de la flotte chrétienne (essentiellement vénitienne et espagnole) : cette bataille, qui a détruit l'essentiel de la flotte de guerre ottomane, confirme l’hégémonie espagnole sur l'ouest de la Méditerranée et met un coup d’arrêt à la progression ottomane en Europe.

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DE VIENNE A PRAGUE, DE FERDINAND A RODOLPHE La Vienne de Ferdinand :

Le règne de ce prince fut globalement paisible. Marié en 1521 à Anne Jagellon, fille et héritière de Vladislas IV, roi de Bohême et de Hongrie, il dut affronter les Ottomans. Ses dernières années furent consacrées à concilier les protestants et les catholiques. Dès le début de son règne, sous l'influence de ses conseillers allemands, juristes spécialisés en droit romain, Ferdinand Ier poursuivit la politique absolutiste et centralisatrice que Charles Quint avait initiée. Un Conseil Secret, créé en 1527, s'occupe des affaires extérieures et des questions générales de politique intérieure et un Conseil de la Cour pour l'administration centrale et les affaires judiciaires, les décisions des deux corps étant soumis à l'approbation de la Chancellerie de la Cour. Les finances sont gérées par la Chambre de la Cour. En 1556, est créé un Conseil Suprême de Guerre pour les Affaires Militaires.

Maximilien II (1526-1576) :

Maximilien II, le fils aîné de Ferdinand Ier de Habsbourg et d'Anne de Bohême, devient Empereur du St Empire à la place de Philippe II, fils de Charles Quint, grâce à un accord scellé en 1553. Il est moins impliqué que son père dans la lutte contre la Réforme, compose avec les Luthériens et pratique le pluralisme confessionnel selon les termes de la Paix d’Augbourg. Il mène une ultime guerre contre Soliman le Magnifique qui meurt en 1566 à Szigetvàr et signe la paix avec Selim II à Andrinople en 1568. Il échoue à être élu roi de Pologne contre Etienne Bàthory en 1575. Avec Marie d’Autriche, fille de Charles Quint, il aura 16 enfants. Arcimboldo, artiste venu de Lombardie à la demande de Ferdinand Ier, devient l’organisateur du Kunstkammer ou Cabinet de Curiosités désormais indispensable à tout personnage d’importance. En outre, il est connu pour ses portraits métaphoriques représentant souverains et allégories tels que les Quatre Eléments ou les Quatre Saisons. Maximilien II puis Rodolphe en feront leur grand ordonnateur. Il obtiendra de revenir en Lombardie en 1587.

De Rodolphe (1552-1612) à Matthias : Fils aîné de Maximilien, Rodolphe accède au trône en 1576 et rompt très vite avec la politique de tolérance à l’égard du Protestantisme en soutenant la Contre-Réforme. Fort instruit et cultivé, il présente toutefois très tôt des signes de grande mélancolie et se désintéresse des affaires de l’Etat au profit de l’Art et de l’Esotérisme. En 1583, il transfère la cour à Prague, s’entourant d’artistes et savant (Arcimboldo, Tycho Brahe, Kepler…) et enrichit considérablement son Cabinet de Curiosités, célèbre dans toute l’Europe. Il est doublé d’un Cabinet Secret d’inspiration ésotérique. Il donne à son frère cadet, Matthias, la succession de l’Archiduc Ferdinand de Tyrol mort sans descendance. C’est la première marche vers le pouvoir. Rodolphe, en proie à des crises de neurasthénie, à partir de 1600, provoque également la révolte d’Etienne II Bocskai en Hongrie quand il veut imposer le Catholicisme. Peu à peu, ses frères se partagent l’Autriche, Matthias récupère la Bohême. Tout d’abord nommé Régent de Rodolphe en 1611 dont la santé mentale s’est grandement altérée, il l’oblige aussi à lui céder la Moravie et la Hongrie avant son abdication à la fin de l’année. Il protège des pogroms les juifs d’Allemagne. Sans héritier, il désigne son cousin Ferdinand II, plongeant ainsi l’Europe dans la Guerre de Trente Ans.

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LA CRISE DE LA REFORME ET SES CONSEQUENCES Les origines de la Réforme :

Divers facteurs sont à l’origine de l’apparition du mouvement de la Réforme, émanation de l’angoisse existentielle des peuples face notamment à la question du Salut. La pratique des Indulgences, la possession des reliques, l’organisation de processions, la multiplication des images saintes sont autant d’indices de cette menace de l’enfer traduit également par les Danses macabres ou autres évocations de l’Enfer. La mainmise grandissante de la Papauté sur les petits états indépendants favorise également l’adoption de la Réforme dans certains de ces états. La confusion du spirituel et du matériel engendre une crise profonde et dès le XVème siècle, des critiques apparaissent, formulées par des précurseurs comme Jean Hus natif de Bohême et brûlé comme hérétique à Constance en 1415.

Luther et Calvin :

En 1517, Martin Luther publie ses 95 Thèses, qui insistent sur la nécessité de revenir vers les textes initiaux, d’où la traduction de la Bible en langue vulgaire et plus tard son impression. Il condamne à la fois la hiérarchie ecclésiastique et les innovations théologiques (saints aux aventures inédites ou Purgatoires par exemple). Soutenu par Frédéric III de Saxe, il est bientôt condamné par Charles Quint (l'édit de Worms en 1521 a déjà été excommunié par Léon X en 1520). En 1531, les Réformés sommés par l’Empereur de se convertir forment la Ligue de Smalkade et sont sèchement battus à Mühlberg en Saxe en 1547. Henri II, désireux de récupérer Metz les soutient un temps. La Paix d’Augsbourg en 1555, signée par Ferdinand Ier calme un temps le conflit. Les deux-tiers de l’Allemagne sont devenus protestants. Calvin, originaire de Picardie est chassé de France et s’installe à Genève, nouvelle capitale du Protestantisme. Il développe l’idée de prédestination et les Pays-Bas s’embrasent bientôt, entraînant l’intervention de l’Espagne, d’un Philippe II très rigide en matière religieuse. Le « Compromis des Nobles », signé par la Gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme en 1572, fille illégitime de Charles Quint, pourrait calmer les choses, mais Guillaume d’Orange dit le Taciturne réunit autour de lui les Dissidents, qui formeront plus tard la République des Pays-Bas.

La réaction de la contre-Réforme et les Jésuites : Paul III initie le Concile de Trente dès 1535 afin d’organiser la réaction contre la Réforme. En même temps, la Compagnie de Jésus, créée en 1539 par Ignace de Loyola, et reconnue par Paul III en 1541, incarne la lutte contre la Réforme. Les Habsbourg, en Espagne comme en Autriche, vont également organiser la lutte contre les Protestants. La bataille de la Montagne Blanche (Bohême), en 1620, marque le triomphe des Catholiques. Frédéric V, électeur Palatin calviniste, soutient les dissidents que Ferdinand II de Habsbourg veut chasser. Prague sera alors purgée des Protestants chassés de la ville pour au moins 300 ans. La Bohême redevient unilatéralement catholique.

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LES HABSBOURG ET L’ITALIE

Le Saint Empire et l'Italie :

A partir de la création du Saint Empire Romain Germanique, l’Italie sera déchirée par les velléités de domination de l’Empereur et du Pape. La lutte culmine sous les règnes de Frédéric Barberousse et d’Alexandre III dans la seconde moitié du XIIème siècle. Guelfes, partisans du Pape et Gibelins partisans de l’Empereur s’affrontent, soutenant leur champion et bénéficiant ainsi de libertés communales plus ou moins grandes. Peu à peu, certaines régions deviennent autonomes grâce aux dynasties de condottiere ou de financiers qui s’imposent, telle la Toscane, la Lombardie ou les Duchés de Mantoue ou Ferrare par exemple. Au XVème siècle, l’Italie s’ouvre à la Renaissance alors que la Papauté, longtemps affaiblie, retrouve un dynamisme certain. A Naples, les Angevins installés depuis 1260 sont chassés par Alphonse et Ferdinand d’Aragon. En Lombardie, Ludovico Sforza s’est imposé après que le dernier Visconti mâle soit mort.

Les guerres d'Italie :

René d’Anjou, roi de Naples est chassé de sa capitale italienne et transmet son domaine à son neveu Charles VIII, bientôt roi de France, faute d’avoir un fils. Il entre en Italie en 1494, conquiert Naples qui se donne à lui, mais qui revient aux Aragon dès qu’il a tourné le dos et manque d’être capturé à Fornoue, sur les terres du Comte de Ferrare. Il parvient néanmoins à rentrer en 1495 en France. Son successeur, son cousin Louis XII, repart en conquête en 1499, mais il ambitionne de prendre la Lombardie, du fait de sa grand-mère, une Visconti. Malgré l’alliance précédente de la France avec Ludovico Sforza, Gènes puis Milan succombent, Ludovico finira sa vie à Loches. En 1503, les Français sont attaqués par les Espagnols (Garigliano, Cerignola). Louis XII participe néanmoins à la Ligue de Cambrai contre Venise avant d’être attaqué par Venise et les membres de la Sainte Ligue suscitée par le Pape. Malgré le succès de la bataille de Ravenne en 1511, les Français sont chassés pour la 3ème fois. C’est François Ier, gendre de Louis XII qui lui succède à sa mort le 1er janvier 1515. Il remporte une grande victoire à Marignan qui lui permet de signer le Concordat de Bologne avec le Pape. Pourtant, il est battu à la Bicoca en 1522 et connaît un désastre complet à Pavie en 1525. Charles Quint et Henri II, son fils, ne signeront le traité de paix du Cateau-Cambrésis qu’en 1559, mettant fin aux Guerres d’Italie.

De Naples au nord de l'Italie :

Naples et la Sicile sont désormais espagnoles et les Bourbons de Naples, successeurs de Philippe V Duc d’Anjou, se maintiendront jusqu’à la période napoléonienne. Marie-Thérèse d’Autriche épouse François-Etienne de Lorraine et récupère la Lombardie et une partie du Nord de l’Italie. Au XVIIIème siècle les Habsbourg contrôlent la Lombardie et la Toscane. La période napoléonienne les repoussera en dehors du pays, mais les Autrichiens y récupéreront la Vénétie. La réunification de 1860 ne leur laissera qu’une partie de la région des lacs, perdue après 1918.

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LE XVIIème SIECLE

La guerre de Trente Ans, période bohémienne et palatine :

Le choix de Ferdinand II pour Matthias, qui n’avait pas d’héritier direct, est mal reçu par la Bohême. La défenestration de Prague de 1618, où des envoyés de l’Empereur sont jetés par la fenêtre, marque la désapprobation des Réformés. La victoire de la Montagne Blanche en 1620 marque le triomphe du Catholicisme dont Ferdinand II se fait le héraut. En même temps, les deux conceptions politiques du féodalisme et de l’absolutisme s’opposent. Mécontents de leur nouveau roi, les Tchèques déposent Ferdinand II le 19 août et élisent à sa place l’électeur palatin (et ardent calviniste) Frédéric V, le 26 août, alors que l’élection impériale se tient à Francfort le 28 août. Choisir ce grand électeur protestant revenait à orienter l’Empire vers le Protestantisme. La guerre se décline en quatre périodes dont la première est dite bohémienne et palatine, de 1618 à 1625. Frédéric V est vaincu un an et 4 jours après le début de son règne : il reste pour la postérité le « Roi d’un hiver ». Il est mis au ban de l’Empire, ses territoires sont confisqués et il doit s'exiler en Hollande. Il est plus tard déchu de son titre d’Électeur au profit de Maximilien de Bavière. Celui-ci reçoit en outre une partie du Palatinat. 27 leaders protestants sont exécutés à Prague en 1621. La couronne élective devient héréditaire au profit des Habsbourg.

Conflits territoriaux et remodelage de l'Autriche :

Ferdinand II (1637-1657) bat les Suédois (bataille de Nördlingen en 1634) et leurs alliés français (dont Turenne et le Grand Condé) et signe les Traités de Wesphalie et de Munster en 1648, donnant l’Alsace et les Trois Evêchés Toul, Metz et Verdun à la France. La Suède récupère la Poméranie. A sa mort, Léopold Ier (1658-1705), fils de son premier mariage avec Marie-Thérèse d’Autriche fille de Philippe III d’Espagne, lui succède. Mais il n’a que 18 ans et doit faire face à l’appétit de conquête de la France. Il continue la guerre contre la Suède qui se termine en 1660. Entre 1663 et 1664, il affronte les Turcs, aidé (seul cas connu) par les Français. Une trêve (Paix de Vasvàr) de 20 ans est conclue qui provoque la révolte de la Hongrie dont une partie reste aux Ottomans. Les séditieux seront plus tard exécutés en 1671. Les Ottomans mettront le siège à nouveau devant Vienne le 14 juillet 1683. Le Duc Charles V de Lorraine et le Roi de Pologne Jean III Sobieski défont l’armée du Grand Vizir Kara Mustapha. La Paix de Karlowitz en 1699 rendra à la Hongrie tous les territoires occupés depuis Soliman le Magnifique. La Guerre de Hollande contre les Français (1672-1679) fut moins heureuse mais la France dut rendre son indépendance au Duché de Lorraine et au Duché de Bar. Léopold, qui était plutôt pacifique de nature, doit s’impliquer dans la Guerre de Succession d’Espagne. Malgré cela, l’Autriche se reconstruit.

Joseph Ier (1705-1711) :

Bon vivant, excellent musicien, amateur de femmes, Joseph Ier poursuit la reconstruction de l’Autriche. Marc d’Aviano, prédicateur éclairé et symbole de la reconquête catholique, s’éteint entre les bras du couple impérial. Il devient Empereur à la mort de Léopold en 1705 jusqu’à sa propre disparition en 1711. Il épouse Wilhelmine-Amélie de Brunswick-Lunebourg, mais la syphilis, qu’il contracte en 1704 et qu'il transmet à son épouse, les prive de descendance entraînant une crise dynastique avec l’avènement de son frère Charles III.

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BAROQUE ET ROCOCO

Contre-Réforme et Baroque :

L’Autriche est connue pour son architecture baroque et rococo, et ce n’est évidemment pas un hasard si le centre du Catholicisme militant s’est emparé de ce style architectural. C’est à Rome que le Baroque naît, émanation de la Contre-Réforme, et est repris par les Jésuites qui vont multiplier les constructions d’églises conformes à la nécessité de ramener au sein de l’église romaine apostolique ceux qui sont tentés de s’en éloigner. Une nef centrale et sans obstacle, des chapelles engagées dédiées aux Saints, Purgatoire ou autres sujets délicats, une chaire au milieu des fidèles et non plus un ambon lié au chœur, un dôme majestueux, plus de vitraux occultant la lumière, une tribune où les orgues sont indispensables… Autant de moyens pour être efficace dans le message délivré aux fidèles. Bernini, Borromini incarnent ce nouveau style qui correspond au triomphe de la Papauté. Bernini insiste sur le décor où marbres et stucs enrichissent les bâtiments, Borromini privilégie la structure sophistiquée mêlant courbes sensuelles et droites impérieuses.

Le Baroque autrichien :

Le Baroque, né en Italie, s’impose progressivement en Europe Centrale à la fin du XVIIème siècle, Allemagne et Autriche connaissant un peu la même évolution. En Autriche, la grande référence du Baroque fut Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), dont les réalisations suivent la victoire finale sur les forces ottomanes menaçant la capitale viennoise. C’est aussi le symbole de la domination des pays voisins, notamment la Bohême. Il est l’inspirateur du Château de Schönbrunn, très inspiré par Versailles, et de la spectaculaire église Saint Charles Borromée, que le peintre Johann Michael Rottmayr a décoré de fresques. Autre grand architecte symbolisant cette apogée autrichienne, Johann Lukas von Hildebrandt, qui construit, de 1714 à 1723, pour le prince Eugène, le Palais du Belvédère. Ces architectes symbolisent l’union de l’esthétique issue de la Contre-Réforme avec l’absolutisme grandissant de l’Empire. Peu à peu, l’architecture devient un peu moins monumentale et plus décorative : le Rococo s’épanouit parfaitement ici.

Le Rococo, une véritable envolée lyrique :

Le décor surpasse progressivement la structure, ce qui engendre dorures et stucs proliférant parfois de façon étonnante. Le XVIIIème siècle est le grand âge du Rococo en Autriche, comme on peut le voir à Schönbrunn. A Vienne, la Bibliothèque Royale commencée par Fisher von Erlach étonne par le caractère fastueux du décor où boiseries, dorures, marbres précieux se mêlent avec les sculptures et les fresques. Les abbayes ne sont pas en reste et l’Abbaye bénédictine de Melk dominant le Danube est commencée par Jakob Prandtauer dès 1700 et terminée par Josef Munggenast après 40 ans. La Bibliothèque surprend par son faste, Paul Troger y a représenté une majestueuse Allégorie de la Foi au-dessus des statues de bois et globes réalisés par Vincenzo Coronelli. L’église domine par sa haute coupole, peinte par Rottmayr. Les autels et les tribunes sont l'œuvre du décorateur de théâtre Antonio Beduzzi, qui leur donna la forme de chapelles.

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CHARLES VI ET MARIE-THERESE D’AUTRICHE : LA PRAGMATIQUE SANCTION

L’avènement de Charles VI (1711-1740) : En 1700, à la mort de Charles II d’Espagne, Léopold revendique l’héritage des Habsbourg espagnols pour son fils cadet Charles mais est évincé par Philippe Duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, premier des Bourbons d’Espagne. Il garde le Royaume de Naples et celui de la Sardaigne qu’il échange ensuite contre le duché de Parme et le Grand-Duché de Toscane, donné à son gendre François-Etienne de Lorraine en 1738. Léopold, craignant la disparition des Habsbourg d’Autriche, établit en 1703 « la Disposition Léopoldine » : la succession du patrimoine habsbourgeois est destinée à son fils aîné, Joseph, qui doit lui succéder. Dans le cas de la mort de Joseph sans héritier mâle, la couronne passerait au frère de Joseph, Charles qui devient en 1711 Charles VI d’Autriche et Charles III de Hongrie et Empereur du Saint Empire Romain Germanique. La Guerre reprend lors de la Succession de la Pologne mais Charles VI en devient finalement le Roi. Un règne belliqueux : Charles VI va œuvrer pour la paix. Le Traité de Rastatt en 1714 le recentre sur l’Autriche par son abandon de l’Espagne et de son empire colonial. La Saxe et la Bavière restent dans l’Empire et il met fin à la révolte hongroise de François II Ràkoski. Allié des Vénitiens, il contraint les Turcs à signer le Traité de Passarovitz en 1718, traité qui favorisera les échanges commerciaux avec les Ottomans et fixe les frontières entre les deux empires et la république de Venise. Les Turcs reprendront Belgrade un peu plus tard. Le Prince Eugène de Savoie est l’artisan principal de ce succès. Il entre dans la Quadruple Alliance contre Philippe V d’Espagne avec la France, La Grande Bretagne et la Hollande. Le Traité de Vienne en 1725 reconnait définitivement Philippe V. Il combat en Pologne, dont il deviendra Roi alors que la France soutient Stanislas Leszczyński, détrôné en 1709. Le Traité de Vienne de 1735 donne la Lorraine au beau-père de Louis XV. La pragmatique sanction : Son frère Joseph n’avait eu que deux filles, écartées de la succession au profit de leur oncle Charles. Léopold avait prévu que le trône irait aux filles de Joseph si Charles n’avait pas de garçon. N'obtenant pas de successeur mâle par son mariage avec une princesse protestante Élisabeth Christine de Brunswick-Wolfenbüttel, Charles VI édicte en 1713 la Pragmatique Sanction autorisant ses filles à lui succéder dans ses domaines patrimoniaux, écartant de fait les prétentions de ses nièces. Les Électeurs, époux de celles-ci l’acceptent, et les différentes puissances européennes finissent par donner leur accord. C’est donc Marie-Thérèse, sa fille aînée, qui lui succède, ayant épousé le Prince Etienne de Lorraine qui prendra le titre d’Empereur. Grand mélomane, homme fort scrupuleux, Charles VI meurt d’une indigestion de champignons probablement vénéneux. La Guerre de Succession d’Autriche éclate alors, mettant en péril les finances et l’unité de l’Autriche. Voltaire nota : « Ce plat de champignons changea la destinée de l’Europe. ». Marie-Thérèse et François-Etienne de Lorraine réussiront à rétablir la situation.

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MOZART ET L’AUTRICHE

Enfance (1756-1773) :

Joannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart est né le 27 janvier 1756 à Salzbourg qui à l’époque faisait partie de l’Etat de Bavière en qualité de principauté ecclésiastique. Salzbourg ne devient autrichienne qu’en 1816, et Mozart naît allemand. Son père, Léopold Mozart, est un violoniste pédagogue qui a inventé une méthode d’apprentissage de l’instrument. Il est aussi vice-maître de chapelle de la Cathédrale de Salzbourg. Sur les 7 enfants que lui a donnés Anna-Maria Petrl, il ne lui reste qu’une sœur aînée, Nannerl. Il a l’oreille absolue, et, dès trois ans, se révèle un musicien virtuose. Il saura jouer en mesure avant même de savoir lire ou écrire. Il compose ses premières œuvres dès l’âge de six ans (des menuets). Entre 1762 et 1766, Léopold et ses deux enfants parcourent l’Europe en commençant par Munich et Vienne, puis Paris et Londres. De retour en Autriche, il se rend très fréquemment à Vienne. L'année suivante, le prince-archevêque le nomme maître de concert. Son père obtient un congé, sans solde, ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils (Mozart s'y rendra régulièrement jusqu'en 1773). En 1771, c’est le Prince-archevêque Colloredo qui s’installe à Salzbourg.

Au service du Prince-Archevêque Colloredo (1773-1781) :

Colloredo tolère mal ses voyages et veut imposer ses goûts musicaux. Il fait pourtant connaissance à Vienne de Joseph Haydn, son aîné avec lequel il entretient une grande amitié. A vingt ans, Mozart quitte le Prince-archevêque Salzbourg qui refuse de laisser partir son père. Il arrive donc à Paris en 1778, criblé de dettes, accompagné de sa mère, qui meurt le 3 juillet 1778. Revenant à Salzbourg, il y retrouve son poste en 1779. Il crée Idoménée à Munich et, à son retour, doit suivre Colloredo à Vienne, où celui-ci le congédie le 8 mai 1771 en le traitant de « crétin » et de « voyou ». Il s’installe alors comme compositeur indépendant dans la pension de Madame Weber.

Mozart et Vienne : l'indépendance (1781-1791) :

Joseph II commande un opéra en 1782, « l’Enlèvement au Sérail » dont le livret est en allemand et enchante l’Empereur. En août, Mozart épouse Constance Weber, provoquant la colère de son père. Il entre dans la Loge de la Bienfaisance et en devient maître en 1785. « La Flûte enchantée » en est l’expression. L’année suivante, il fait la connaissance de Lorenzo da Ponte « poète impérial » avec lequel il compose « les Noces de Figaro », succès certain, mais vite retiré car elle indispose la noblesse viennoise. Il part à Prague où son opéra connaît un grand succès, avant qu’il ne crée "Don Giovanni" le 28 octobre 1787, alors que son père venait de mourir. Joseph II le nomme alors musicien de la chambre impériale et royale. Très bien rémunéré, il donne des cours privés et des opéras qui sont moins bien reçus que ceux de Cimarosa. Léopold II succède à son frère et lui retire sa protection. Les dettes s’accumulent alors. Dans un petit théâtre privé de Vienne il donne « la Flûte enchantée » qui remporte un succès considérable. Mozart meurt le 5 décembre 1791, à l'âge de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem qu’un inconnu lui avait commandé peu de temps auparavant. Il sera terminé à la demande de Constance par un de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer. Il fut enterré dans une fosse commune.

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LES CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION FRANCAISE

Le règne de Marie-Thérèse (1740-1780) : Bien que François III Etienne, son époux, soit élu empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1745, c’est bien Marie-Thérèse, « la Grande » en qualité de fille de Charles VI qui est aux commandes de l’Empire. Elle deviendra co-régente avec ses deux fils à la mort de François-Etienne qu’elle aima tendrement : ils auront ensemble 16 enfants. Frédéric II de Prusse lui ravira la Silésie et son beau-frère Charles-Emmanuel III de Sardaigne, une partie du Milanais. Proche des Hanovre de Grande-Bretagne, elle réussit peu à peu à se rapprocher des monarchies occidentales (la France, la Suède et la Russie), grâce au Comte de Kaunitz. Ses liens avec la Hongrie se renforcent grâce à la création d’une garde d’élite et le Comte Batthyàny devient le précepteur du futur Joseph II. Par leurs mariages, les descendants actuels des maisons souveraines d'Espagne, de France, du Luxembourg, de Belgique, du Liechtenstein, des Deux-Siciles, de Parme, de Savoie, de Saxe et de Bragance, ont tous Marie-Thérèse dans leurs ancêtres directs. Les descendants de Marie-Thérèse se retrouvent également parmi les membres de plusieurs grandes familles de l'aristocratie européenne. Sa dernière fille, Marie-Antoinette épousera le petit-fils de Louis XV, futur Louis XVI, d’où l’implication de l’Autriche à l’heure de la Révolution. Joseph II (1765-1790) : Marie-Thérèse, craignant le caractère autoritaire de son fils aîné, garda la co-régence à l’avènement de Joseph II, qui était écarté des affaires étrangères et de la politique intérieure. C’est pourtant le premier souverain des Lumières, impressionné notamment par Voltaire. Pour renforcer les liens avec la France, il épouse Isabelle de Bourbon-Parme, petite fille de Louis XV et sera inconsolable à sa mort précoce. Faute d’héritier mâle, il épouse Josépha de Bavière qu’il déteste. Il voyage beaucoup, rencontre Frédéric II et La Tsarine Catherine II et participera au dépècement de la Pologne qui agrandit considérablement le territoire. En même temps, il lance beaucoup de réformes (6000 décrets et 11000 lois en 10 ans), impose l’allemand comme langue nationale dans tout l’Empire, veut soumettre l’Eglise à l’Etat, crée une administration territoriale, un mariage civil, un impôt cadastral pour tous… Très mélomane, il est pourtant un empereur modeste dans son train de vie, exemple parfait du despote éclairé et meurt sans héritier, totalement incompris. Léopold II (1790-1792) : Grand-Duc de Toscane, destiné initialement à la prêtrise, il va réformer avec bonheur la Toscane, supprimant les corporations, améliorant la fiscalité, libéralisant la vie politique. Il supprime la torture et la peine de mort. Il tentera de moderniser l’Autriche tout en renforçant son autorité. Mais les ambitions agressives de Catherine II de Russie et les débuts de la Révolution le placent dans une situation difficile. Les appels au secours de sa sœur, mais le désir de ne pas créer une guerre européenne, lui dicteront une attitude mesurée. S’il avait vécu plus longtemps, son règne aurait sans doute été très favorable au pays.

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NAPOLEON ET L’AUTRICHE

De François II à François Ier (1792-1835) : François II, fils de Léopold II et de Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne, est le dernier empereur du Saint Empire Romain Germanique (1792-1806) et premier empereur d'Autriche (1804-1835) sous le nom de François Ier. Né à Florence, il reçoit une éducation soignée à Vienne et épouse, en secondes noces, Marie-Thérèse de Bourbon-Naples, sa « double-cousine » qui lui donne une nombreuse descendance. A peine élu Empereur, la France lui déclare la guerre en avril 1792, avant même qu’il ne soit couronné empereur et roi de Hongrie. La guerre avec la France va durer 23 ans. La Campagne d’Italie, menée par un jeune général, Napoléon Bonaparte, pour distraire une partie de l’armée autrichienne en l’engageant en Italie, dépasse toutes les attentes. En 1797, Bonaparte le contraint à signer le Traité de Campoformio qui lui ôte les Pays-Bas et la Lombardie ainsi que la rive gauche du Rhin, soit les électorats de Trève et de Cologne, mais reçoit en dédommagement la Vénétie. Il se recentre sur l’Autriche elle-même et s’autoproclame Empereur d’Autriche en 1804 sous le nom de François Ier. Sous la férule napoléonienne : L’Autriche s’allie à la Russie pour contrer les appétits de conquête de Napoléon. François II doit pourtant se soumettre et accepter la Confédération du Rhin après les batailles d’Ulm en octobre et d’Austerlitz le 2 décembre 1805. La campagne d’Autriche de 1809 où François Ier pense pouvoir reprendre le dessus se conclut par sa défaite à Wagram et le Traité de Tilsitt sembla apaiser les conflits. La paix s’instaure et est conclue par l’union de sa fille Marie-Louise avec Napoléon Ier. Il en profite pour réorganiser l'Autriche et nomme ministre le prince de Metternich qui gouvernera l'Autriche jusqu'en 1848. La Campagne de Russie amorce le déclin napoléonien et l’Angleterre se joint à la coalition européenne : la campagne de France aboutit à l’abdication de Napoléon. Les Cent Jours au retour de l’Ile d’Elbe s’achèvent à Waterloo. L’Aiglon, fils de Napoléon et de Marie-Louise, devenu Duc de Reichstag, sera donc élevé à Schönbrunn. Le Traité de Vienne en 1815 où s’affrontent Metternich et Talleyrand redécoupe l’Europe. L'Empire d'Autriche : Durant les vingt années suivantes, François Ier ne sait tirer nul profit de sa victoire. Il ne veut ni rétablir l'empire germanique, ni faire l'unité allemande à son profit, ni créer un gouvernement vraiment efficace dans ses états, ni susciter un sentiment national autrichien. Son gouvernement, en idéalisant l'immobilisme, se paralyse lui-même en érigeant un système social conservateur et pour tout dire, réactionnaire, suivant les plans de Metternich et l'influence de la Sainte Alliance établie en 1818. François Ier suit alors la politique de son oncle Joseph II (courant connu sous le nom de joséphisme), accordant une grande place à la police, la censure et la répression de toute tendance démocratique qui tenterait de percer. François Ier meurt le 2 mars 1835 à Vienne.

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L’EMPIRE AUSTRO-HONGROIS

Ferdinand V (1835- 1875) :

Second enfant et fils aîné de l'empereur François II du Saint-Empire et de Marie-Thérèse de Bourbon-Naples, Ferdinand fut un enfant simple qui souffrait d'épilepsie et ne brilla guère dans ses études. François II ne pensait pas à lui pour sa succession, mais à son frère cadet l’archiduc François-Charles. Le Congrès de Vienne entérine le mariage de François-Charles avec Sophie de Bavière, qui aura lieu en 1824. Cette princesse se révèle être une véritable tête politique. Elle subjugue son époux. Metternich craint d’être évincé : il convainc l’Empereur vieillissant de choisir Ferdinand et de le marier au plus vite. A 38 ans, il épouse Marie de Sardaigne, de dix ans plus jeune qu’elle. Elle lui sera toute dévouée, mais n’apprendra jamais l’allemand. On ignore si le mariage fut consommé, mais ils n’eurent pas d’enfant. Les Tchèques l’appelleront Ferdinand le Bon ou le Débonnaire alors que les Autrichiens, plus acerbes, le nommeront Béni Oui-Oui.

La révolution de 1848, le printemps des peuples :

Le Printemps des peuples ou Printemps des révolutions est un ensemble de révolutions que connaît l’Europe en 1848. Bien que réprimées, ces crises ont souvent été déterminantes pour l'évolution des pays concernés. C’est sans doute une conséquence du Congrès de Vienne, libérant les appétits de conquête et d’indépendance. Pour autant, libéralisme et nationalisme progressent : Charles X est chassé en 1930 au profit de Louis-Philippe, roi des Français, roi-citoyen. La Grèce et la Belgique obtiennent leur indépendance, l’Italie et l’Allemagne commencent à envisager une unification. L’année 1848 est le point culminant du Printemps des Peuples qui va bientôt s’achever, mais qui s’enflamme depuis la France, renversant son roi refusant le suffrage universel. La IInde République est proclamée, alors que Metternich doit fuir : l’Allemagne comme la Hongrie, l’Italie ou la Bohême veulent plus d’autonomie.

François-Joseph, Empereur austro-hongrois :

Sophie de Bavière réussit à faire couronner son fils de 18 ans, François Joseph, le 2 décembre 1848 alors que Ferdinand abdique (il meurt en 1875). Il semble adopter la démocratie : parlement bicaméral, élections, mais en réalité il met en place un néo-absolutisme. Il devient populaire en s'appuyant néanmoins sur une politique nationaliste. Italie et Hongrie sont reprises en main. Mais l’Empereur est désormais le chef d’un état « Austro-Hongrois ».

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SISSI, RODOLPHE ...

Un mariage inattendu :

Schwarzenberg, qui a succédé à Metternich, oriente son gouvernement vers ce que l’on appellera « un néo-absolutisme ». L’allemand devient seule langue officielle de l’Empire, l’administration centralise tout à Vienne et la prospérité apparaît dès 1850. Pour le 23ème anniversaire de François-Joseph, Sophie, sa mère provoque une rencontre en 1853 à Bad Ischl avec Hélène en Bavière, fille de Maximilien. Hélène est accompagnée de sa jeune sœur Elisabeth, dite « Sissi » qui n’a que 15 ans. Séduit instantanément par elle, l’Empereur annonce qu’il la choisit comme épouse. Ils se marient à Vienne en 1854. L’étiquette très pesante, la solitude de la jeune femme ainsi que la mort en bas-âge de leur première fille Sophie, provoquent quelque lassitude chez l’Impératrice qui s’éloigne progressivement.

Crise politique et familiale :

François-Joseph doit affronter plusieurs crises politiques : La Lombardie-Vénétie gronde et le Royaume de Piémont-Sardaigne rêve de l’unité italienne. La guerre est déclarée en 1859 ; Vienne croit à l’aide de Berlin, mais Cavour obtient l’aide de Napoléon III : c’est un désastre. L’Autriche conserve néanmoins la Vénétie, mais en 1860, Garibaldi prépare la Réunification. La Prusse de Bismark l’attaque bientôt alors que la Hongrie se révolte : on va vers un régime dualiste où la Hongrie est aussi souveraine. En 1864, Maximilien, son frère, est choisi par les Mexicains pour régner. Il finira fusillé. Toute cette agitation politique se cristallise aussi autour des velléités libérales de Rodolphe, héritier du trône. Marié à Stéphanie de Belgique, il s’en éloigne en même temps qu’il tombe amoureux de la jeune Marie Vetsera. Le 30 janvier 1889, ils sont retrouvés tous les deux morts dans le Pavillon de chasse de Mayerling. Suicides, assassinats… ?

« L’inlassable mouette » :

Peu à peu, Sissi s’éloigne inexorablement. Elle ne cesse de voyager, Madère, Corfou, Venise… Pratiquant la gymnastique et l’équitation à outrance, s’infligeant un régime à base de jus de viande, elle déconcerte la Vienne conservatrice. Elle meurt assassinée par un anarchiste italien le 10 septembre 1898 à Genève.

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BIEDERMEIER ET SECESSION Les origines du Biedermeier :

La période Biedermeier s'étend de 1815 (Congrès de Vienne) à 1848 (Révolution de Mars 1848) dans les États de la Confédération germanique et dans l'Empire d'Autriche. Il exprime un retour au conservatisme et fait référence à un art bourgeois, s’appuyant sur la structure traditionnelle de la famille. Après le traité de Vienne, l’influence de Metternich ne cesse de s’affirmer, faisant adopter en 1819 les Décrets de Karlsbad qui restreignent fortement les activités politiques. Le terme lui-même, vers 1900, vient du pseudonyme Gottlieb Bidermeier pris en 1855 par deux auteurs publiant ensemble des poèmes, censés refléter les opinions pleines de bon sens d’un instituteur de village critiquant l’extravagance citadine. Peu à peu, le terme symbolise les vertus bourgeoises encensées en une période de paix qui voit un développement économique certain.

Un style impérial :

Zèle, probité, discrétion, dévotion familiale tels sont les critères de ce mouvement des débuts du XIXème siècle qui va s’épanouir sous le règne de François-Joseph. Le héros littéraire du Biedermeier est un bourgeois dépolitisé, vivant sous la « douce loi » familiale et naturelle. Du style modeste initial, on passe peu à peu à un style cossu et quelque peu pesant. Musique, théâtre, peinture mais aussi architecture s’en emparent. Joseph Kornhäusel le représente avec des ouvrages visibles avant tout à Vienne et à Baden (palais d’été des empereurs autrichien). Avec ses remparts abattus en 1857, Vienne l'impériale s'inspire du projet contemporain du baron Haussmann pour Paris et de la transformation de Munich par Louis Ier de Bavière. On dépense sans compter, mobilisant les meilleurs architectes, tels que Gottfried Semper, Theophil Hansen ou Heinrich von Ferstel. Ils ont carte blanche, créant l'architecture qui pastiche tous les siècles précédents.

La réaction de la Sécession :

La 1ère Sécession naît à Munich en 1892 et refuse le conformisme peu à peu installé dans les conceptions artistiques de l'époque. La Sécession viennoise, quant à elle, se développe dans le prolongement des remous artistiques allemands, mais de façon différente, sous la forme d'un regroupement d'architectes et d’artistes créé en 1897 par Josef Olbrich, Josef Hoffmann et Gustav Klimt, qui en sera le président, sous le nom de Secessionstil.

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NAISSANCE DE LA PSYCHANALYSE : SIGMUND FREUD

Vienne, une capitale culturelle :

Vienne est une capitale cosmopolite où allemands (la langue adoptée est officiellement le bas-allemand), hongrois et tchèques se retrouvent en même temps qu’une communauté juive importante. La prospérité économique de Vienne favorise l’enracinement de la bourgeoisie tout autant que l’apparition d’une classe ouvrière. Vienne a une riche vie théâtrale (comédie, opéra, opérette) et musicale (Brahms, Bruckner, Mahler). C'est une des villes les plus agréables de l'Europe, au développement artistique remarquable même si, par les rigueurs du régime, elle devient un foyer de contestation et de liberté. Arthur Schnitzler se distingue comme auteur dramatique. Ses œuvres reflètent l'état d'âme de la bourgeoisie viennoise. Il faut aussi citer le poète Rainer Maria Rilke ou plus tard Stefan Zweig.

Freud à Vienne :

Freud arrive à Vienne à l'âge de quatre ans (né le 6 mai 1885 à Pribor en Galicie). Il est l’aîné d’une famille dont le père est négociant en laine et cherche l’intégration. Il reçoit une éducation plutôt laïque. Il obtient son diplôme de médecin le 31 mars 1881 après une brillante scolarité. Il suit l’enseignement de Joseph Breuer et s’intéresse beaucoup aux théories de Darwin. Il ouvre un cabinet indépendant tout en étant chirurgien assistant à l’hôpital de Vienne (le plus réputé d’Europe). Il étudie également les effets de la morphine et de la cocaïne avant d’obtenir une bourse pour aller étudier à Paris en 1885. Il y rencontre Jean-Martin Charcot travaillant sur l’hystérie féminine. Il épouse Martha Bernays le 13 octobre 1886.

Freud et la psychanalyse :

Il travaille sur l’hystérie masculine, travaux qui lui valent l’hostilité de la Société des Médecins de Vienne. En 1895, il publie avec Breuer « Etudes sur l’hystérie » et abandonne les techniques de la suggestion, l’hypnose et la méthode cathartique. La mort de son père l’amène à analyser ses propres rêves. En 1898, il publie « L’interprétation des rêves » qui fait grand bruit. Son article sur le Moïse de Michel-Ange à Rome, la description de la cure d’Anna O, conduisent peu à peu à l’émergence de la psychanalyse dont le premier congrès a lieu à Salzbourg en 1907. Freud dénonce l’antisémitisme et l’hypocrisie de Vienne, mais dans le même temps, la ville le fascine et le retient malgré le grand mouvement de dislocation de l'empire d'Autriche. C'est dans ce contexte corseté et dépressif, que Freud effectue sa découverte.

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KLMIT, KOKOSTCHKA ET EGON SCHIELE Klimt (1862-1918) et la Sécession : Fils d’un orfèvre, Gustav Klimt (14 juillet 1862), suit les cours de l’Ecole des arts et métiers de Vienne. Il débute en 1879 comme décorateur dans l’équipe de Hans Makart et participe à la décoration intérieure du Kunsthistorisches Museum. Il adopte un style académique. Avec Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich, Josef Hoffmann, il crée, le 3 avril 1897, le groupe des Sécessionnistes. Klimt participe la même année à la fondation de l'Union des artistes figuratifs, appelée la Sécession viennoise avec 19 artistes du Künstlerhaus, dont il se retirera en 1905 pour la Wiener Werkstätte (atelier viennois). Cette séparation marque le désir de nouveauté de Klimt et d'une multitude d'autres artistes face à « l'inflexible résistance au changement » de l'académisme viennois, responsable d'un véritable « obscurantisme » artistique, rejoignant les mouvements « Art Nouveau » européens sous l’appellation de « Jugendstil ». Il réalise la frise Beethoven pour le Pavillon de la Sécession de Josef-Maria Olbrich. Le Baiser, Judith et Holopherne resplendissantes d’or sont un véritable choc. Oskar Kokoschka (1886-1980) : Né en Hongrie, Oskar Kokoschka suit les cours à Vienne de Gustav Klimt. Il est aussi auteur de théâtre et fait d’emblée scandale pour son manque de morale. Amant d’Alma Mahler, avec laquelle sa liaison est tumultueuse, il développe une peinture de plus en plus épaisse et contrastée. Il se joint aux peintres de la Sécession viennoise à Berlin en 1914, s’installe à Dresde où il va enseigner à l’Ecole d’Art avant de partir pour Prague en 1934 lorsque les Nazis déclarent son art « dégénéré ». Il arrive en 1938 à Londres, mais s’installe définitivement en 1953 en Suisse où il meurt en 1980. Sa peinture est proche de l’Expressionnisme. Egon Schiele (1890-1918) : Doué dès l’enfance pour le dessin, Egon Schiele rencontre à 17 ans Klimt, dont il devient l’élève et l’ami et rejette l’enseignement académique de Vienne. Il expose la première fois en 1909 mais s’éloigne peu à peu du Jugendstil et se rapproche du mouvement « Cavalier Bleu », multipliant auto-portraits et portraits, bientôt marqués par un érotisme mortifère (le Cardinal et la nonne) qui lui valent quelques ennuis avec les autorités. Dessinateur virtuose, malgré une mort précoce, il laisse une œuvre impressionnante.

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LA 1ère GUERRE MONDIALE ET LE DEMANTELEMENT DE L’EMPIRE

Les causes de la guerre : La mort de Rodolphe, fils de François-Joseph, désigne son neveu, l’archiduc François-Ferdinand, comme héritier de l’Empire. Le début du XXème siècle marque la montée des nationalismes : la Hongrie s’agite, la Serbie se rapproche de la Russie, la Croatie y songe également… Au final, la Serbie rentre dans la Triple-Entente. Après 75 ans, l’Empereur s’affaiblit et son neveu entreprend les voyages qu’il assurait, malgré une mésentente chronique. En 1907, la Bosnie-Herzégovine est annexée. La Russie s’emploie en sous-main à s’imposer dans les Balkans où l’Autriche perd de son influence. François-Ferdinand décide de se rendre en juin 1914 en Bosnie afin d'assister à des manœuvres militaires dans la capitale Sarajevo. L'organisation terroriste panslave "La Main noire" prend l'archiduc pour cible le 28 juin. François-Ferdinand et son épouse sont assassinés par le jeune Gavrilo Princip. Le déroulement de la guerre : Après un ultimatum, le gouvernement austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914 avant de la déclarer à la Russie le 6 août. L’Allemagne déclare la guerre à la France et attaque la Belgique le 4 août. Le Royaume-Uni, allié de la Belgique, attaque à son tour l’Allemagne. L’Italie, pro-Allemagne, reste neutre jusqu’au printemps 1915 où elle attaque les Autrichiens. Les Allemands prennent de plus en plus d’emprise dans le commandement. L’agitation politique liée aux pénuries alimentaires grandit. Le 21 novembre, François-Joseph meurt, après 68 ans de règne. Charles Ier lui succède. En 1917, les Etats-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne. La révolution commence en Russie, qui se retire des hostilités, les Britanniques continuent en Orient à saper l’autorité ottomane. Le 11 novembre 1918, l’armistice est signée entre la France et l’Allemagne. L’Autriche se désengage progressivement. Le démantèlement de l'Empire : Le jour de l’armistice, Charles Ier renonce à l’Empire. Malgré ses tentatives de démocratisation, il est bientôt chassé. La République autrichienne est proclamée le 12 novembre et sa déchéance, le 3 avril 1919. Malgré des tentatives pour reprendre la couronne hongroise, il demeure en exil partir de 1921. Les empires Allemand, Russe et Ottoman disparaissent aussi.

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LA 2nde GUERRE MONDIALE La première république autrichienne : Elle est établie le 21 octobre 1919 lors de la ratification du Traité de Saint Germain et la Constitution est signée en 1920, amendée en 1929. Le territoire diminue énormément, perdant la Tchécoslovaquie, une partie de la Hongrie, le Tyrol du Sud. Une partie des terres du Sud vont aux Croates, Serbes ou Slovènes. Le Parti social démocrate des travailleurs (SDAP) l’emporte aux élections de 1919, mais le parti des Chrétiens Sociaux gouverne à partir de 1920 avec Ignaz Seipel comme Premier Chancelier. Des émeutes éclatent en 1927 aboutissant à la révolte de Juillet. Engelbert Dollfuss devient Chancelier en 1932. Il impose un parti unique, le Front Patriotique. Le Parlement s’auto-dissout mais s’oppose au Parti Nazi autrichien, en refusant le rattachement à l’Allemagne. Les Nazis assassinent Dollfuss en juillet 1934. Adolf Hitler envahit l’Autriche le 12 mars 1938, déposant le chancelier Kurt von Schuschnigg au profit d’Arthur Seiss-Inquart. L’Autriche et la seconde guerre mondiale : L’histoire de l’Autriche se confond avec celle de l’Allemagne de 1938 à 1945 dans le cadre d'une nouvelle entité politique : le Grand Reich. L’Allemagne profite des ressources naturelles de l’Autriche, de la banque nationale et des industries fort utiles pour préparer la guerre. L’antisémitisme traditionnel à Vienne permet la répression à l’égard des Juifs. Adolf Eichmann et de nombreux Autrichiens, comme Reinhard Heydrich ou Ernst Kaltennbrunner, forment les cadres de la « Solution finale ». Le pays, longtemps épargné par les combats, ne devient une cible qu’à partir d’avril 1945. 245 000 soldats autrichiens meurent ou sont portés disparus. 20 000 civils meurent sous les bombardements. 1,5 million d’Autrichiens ont pris part à la guerre. La Résistance existe mais elle est intellectuelle et marginale. L’Autriche et la défaite : Le troisième front ukrainien est lancé contre Vienne pour prendre la ville du 2 au 13 avril 1945, sous le nom d’Offensive de Vienne. A ce moment, la Résistance autrichienne multiplie les actes de sabotage alors que d’intenses combats déchirent la ville déclarée « ville ouverte ». A cours de munitions, le Général Rudolf von Bünau se rend à l’Armée Rouge. Cette libération sera commémorée par le Monument toujours dressé sur la Schwarzenbergplatz, objet de la détestation des Viennois…

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L’APRES-GUERRE ET L’AUTRICHE MODERNE

Vienne après la guerre :

L’Autriche redevient une République en avril 1945, adoptant, sous la pression des Alliés, la Constitution de 1929. L’Autriche est divisée en quatre zones, comme l’Allemagne et Vienne, en quatre secteurs, comme Berlin, d’après l’accord de Postdam. Américains, Britanniques, Français et Soviétiques se partagent 21 districts, le 1er étant sous administration commune. Les premières élections ont lieu le 25 novembre 1945. Il y a 3,5 millions d’électeurs et 64 % sont des femmes. Elle reste occupée jusqu’en 1955 (Traité d’Etat autrichien). L’Autriche proclame sa « neutralité permanente », suivant le modèle suisse. En échange, les Alliés quittent l’Autriche. Nombre de Nazis ont été libérés. On ne prononcera que 34 peines de mort sur les 17% jugés après-guerre… Sur les 168 000 Juifs présents avant la guerre, il n’en subsiste que moins de 6000 lorsqu’elle s’achève. Cependant, l’Autriche étant considérée comme la première victime de la guerre, les Alliés lui laissent un gouvernement. Son statut ambigu de victime et bourreau empêche une réelle prise de conscience.

Vienne depuis 1955 :

Le Chancelier Leopold Figl (ÖVP, Chrétiens-Sociaux) est remplacé par Julius Raab. Le Plan Marshall permet le redécollage économique. L’Autriche rentre à l’ONU. Pour autant, des conflits frontaliers demeurent, notamment avec l’Italie jusqu’en 1969 (Tyrol). En pleine guerre froide, la coexistence pacifique est marquée par le sommet Kennedy-Khrouchtchev qui se tient les 2 et 3 juin 1961 à Vienne, véritable plaque tournante de la diplomatie à cette époque. ÖVP et SPÖ (Sociaux-Démocrates) dominent la vie politique et bientôt, en 1970, le SPÖ prend le pouvoir pour trente ans. Bruno Kreisky devient Chancelier. De nombreuses réformes sont adoptées : droit à l’avortement, droit des minorités… Un mouvement de gauche fait son apparition dans les années 79 : les Verts. Jorg Haïder fait du FPÖ un parti d’extrême droite.

L’Autriche moderne :

En 1986, Kurt Waldheim (droite) est élu Président de la République, mais l’on apprend un peu plus tard qu’il a été officier nazi dans l’armée des Balkans. Le débat se rouvre sur la dénazification plus ou moins éludée. Waldheim ne sera pas réélu, et finalement l’Autriche intègre l’Union européenne en 1995, alors que le parti de Haider ne cesse de monter. Au final, ce sont les Ecologistes qui vont l’emporter sur ce parti.

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BIBLIOGRAPHIE

- Histoire de Vienne, Jean-Paul Bled, Fayard 1998

- Histoire des Habsbourg, Henry Bogdan, Edit Perrin, Poche, 2005

- Histoire de l’Empire des Habsbourg, Tome 1, 1273-1665 ; Tome 2 1665-1918, Edit Tallandier, 2012

- Histoire de l’Empire d’Autriche, de l’Empire multinational à la Nation autrichienne, Paul Pasteur, Edit Armand Colin, 2011

- Vienne au temps de Mozart, Marcel Brion, Edit Tallandier, 2015

- Le roman de Vienne, Jean des Cars, Edit du Rocher, 2005

- Le pouvoir au féminin (Marie-Thérèse d’Autriche impératrice), Elisabeth Badinter, Edit Flammarion, 2016

- Vienne au crépuscule, Arthur Schnitzler, Edit Stock, 2000

- La femme à Vienne au temps de Freud, Célia Bertin, Edit Tallandier, Coll , Texto, 2009

- Les Juifs Viennois à la Belle Epoque, Jacques le Rider, Albin Michel, 2013

- L’Impératrice indomptée, Jacques Meyer-Stabler, Edit Pygmalion, 2008

- La Vienne d’Hitler, les années d’apprentissage d’un dictateur, Brigitte Hamman et Jean Sevillia, Edit des Syrtes, 2014

- Vienne, fin de siècle Politique et culture de Carl E. Schorske, Edit Poche 2017

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ICONOGRAPHIE

Marc-Aurel

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Rodolphe de Habsbourg

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Frédéric Barberousse

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Philippe Le Beau et Jeanne La Folle

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Charles Quint

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François Ier et Soliman le Magnifique

Soliman le Magnifique

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L'Empire des Habsbourg

Rodolphe II

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Bataille de la Montagne Blanche

Martin Luther

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Colonne de la Peste

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Salle de bal du château de Schönbrunn

Eglise Saint Charles Borromée

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Marie-Thérèse d'Autriche

Mozart

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L'Italie en 1800

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Marie-Louise et l'Aiglon

François-Joseph et Sissi

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Canapé style Biedermeier

Palais de la Sécession

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Sigmund Feud

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Frise de Beethoven, Klimt

Schiele, auto portrait

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Charles Ier d'Autriche

L'Anschluss, 1938

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Carte de l'Anschluss

Hitler à Vienne

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Les différents Länder autrichiens

Jorg Haïder

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Bruno BEAUFILS DE GUERIGNY, Organiste, pianiste et musicologue,

Le jeudi à 10h

Comprendre la musique

« l’œil entend »

Un atelier d’écoute de la musique à l’intention des mélomanes sans formation musicale préalable.

UNE EUROPE MUSICALE

Naissance d'un grand style européen Jeudi 16 novembre Évolution du langage musical P 49 Jeudi 30 novembre Le moule formateur ( Mozart et Haydn) P 50 Jeudi 7 décembre Beethoven P 51

Le Romantisme allemand et Beethoven Jeudi 18 janvier L'héritage de Beethoven P 52 Jeudi 15 février Les disciplines de Beethoven P 53 Jeudi 15 mars Les post-romantiques P 54

Le XXème siècle et ses crises Jeudi 29 mars Les bouleversements P 55

Jeudi 17 mai Le Nazisme : une tentative d'unification de l'Europe P 56 Jeudi 24 mai Éclatement des codes et du langage musical P 57

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Évolution du langage musical

A partir du XVIIème siècle, la musique se met au service du texte qu’elle sert ( madrigalisme), dans la musique vocale, tandis qu’elle traduit les sentiments et les émotions humaines, dans la musique instrumentale. Pendant le XVIIIème siècle, elle est encore décorative et suit les divers courants artistiques de la période baroque et en adopte les contours exubérants. Le Siècle des Lumières s’intéressera aussi à la musique, considérée comme une science, et les compositeurs exploreront toutes les possibilités d’enrichissement du langage musical ( travaux sur la résonance du corps sonore de Rameau, par exemple) et expérimenteront de nouveaux tempéraments instrumentaux, afin d’élargir les possibilités tonales jusqu’alors inexploitées ( le Clavier bien tempéré de Bach). A la fin du XVIIIème siècle, la musique se voudra signifiante et non plus seulement décorative : une nouvelle rhétorique apparaîtra avec la forme sonate.

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Le moule formateur ( Mozart et Haydn) La forme sonate s’imposera d’elle-même, plus qu’elle n’a été inventée. Lorsque ses contours et ses règles ont été définies, les compositeurs en avaient fait déjà exploser le cadre, en la faisant muter vers d’autres formes dérivées. L’affrontement de deux thèmes antagonistes pourra s’épanouir dans une forme qui favorisera cette confrontation. Les deux thèmes illustreront les débats d’idées et les philosophies nouvelles qui placeront l’homme au centre de la création. L’homme devient acteur de sa vie et se libère de toutes ses chaînes. Les compositeurs utiliseront le moule de la forme sonate dans leurs symphonies, leurs concertos, leurs symphonies concertantes et leurs sonates, dont les programmes deviendront beaucoup plus ambitieux. Et même si la postérité n’a retenu que les noms de Mozart et Haydn, tous les compositeurs adopteront ce langage nouveau.

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Beethoven Plus qu’un chef de file, il est un véritable gourou pour ses contemporains et ses successeurs. Tous se réclameront de lui et revendiqueront son héritage. Il a tout réinventé ! Bien que plongeant ses racines dans l’héritage de Jean- Sébastien Bach, dont il retiendra la rigueur et l’inventivité, il fera exploser le cadre légué par Haydn et Mozart. "Il a hérité de l’esprit de Mozart des mains de Haydn". L’image d’un Mozart à l’agonie, caressant le front du jeune Beethoven que lui présente Haydn, bien que douteuse historiquement, est édifiante car elle sous-entend la transmission, si chère à Beethoven qui harangue les siècles à venir, du haut de son œuvre.

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L'héritage de Beethoven L’héritage de Beethoven est colossal ! Il est colossal au point d’avoir littéralement castré les disciples de Beethoven, qui s’illustreront davantage dans leur production vocale et instrumentale que dans la symphonie. Le modèle beethovenien est tel que les symphonies, laissées inachevées, parfois, par des successeurs, nous apparaissent bien décevantes ! C’est davantage dans leurs œuvres pianistiques et vocales que Schumann et Schubert s’inscriront dans la postérité. Il faudra sauter une génération pour voir l’héritage de Beethoven fructifier et s’épanouir.

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Les disciplines de Beethoven « Je reprends la musique là où Beethoven l’a laissée ! ». Voilà bien de l’audace dans cette déclaration d’un jeune homme de 25 ans ! Son nom ? Hector Berlioz ! Et pourtant ! C’est en triomphant, à l’âge de 25 ans, avec la Symphonie Fantastique, dirigée par Habeneck ( excusez du peu !), en 1830, année de toutes les révolutions, que le jeune Berlioz donne le ton et la couleur. Première symphonie à programme ( le livret est à la disposition du public, dès la première représentation, afin de le préparer à ce qu’il va entendre), la Symphonie Fantastique fait non seulement exploser le cadre de la symphonie traditionnelle, mais ouvre la voie à l’orchestre moderne. Les effectifs, comme la partition, sont grandioses. Brahms apparaîtra plus germanique dans ses constructions, mais son lyrisme tout viennois saura donner à son œuvre un charme particulier.

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Les post-romantiques Les fins de siècles se caractérisent souvent par une douce nostalgie, comme si l’on quittait ce monde à regret… L’adagietto de la Vème symphonie de Malher évoque magistralement ce climat crépusculaire où le temps s’écoule et s’étire à l’infini, comme à plaisir, comme à mourir… Deux mondes vont s’affronter : celui de la modernité et celui de la décadence. Décadence d’un Romantisme qui devient presque sa propre caricature. Exaltation d’un monde perdu, face à l’exaltation d’un monde nouveau, aux sonorités inouïes, fracassantes et sauvages !

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Les bouleversements Industrialisation, révolutions, chutes des grands empires coloniaux, émancipation des peuples…, voilà ce qui marque ce début du XXème siècle. Les hommes prennent leur destin en mains et les héros sont dans le peuple. Ils sont ouvriers, cousettes, prisonniers, proscrits, opprimés. Tout comme les poètes et les écrivains, les musiciens seront les chantres de cet esprit national qui émerge et la voix des sans voix.

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Le Nazisme : une tentative d'unification de l'Europe

Les élans nationaux naissent en réaction à l’oppression des peuples. L’humiliation de l’Allemagne, par le Traité de Versailles, en 1919, nourrira le plus effroyable des totalitarismes. L’exacerbation du sentiment national conduit inexorablement au totalitarisme, dès lors qu’un peuple refuse les autres cultures pour imposer la sienne. Cela a été vrai durant l’ère coloniale, mais cela s’est manifesté également avec le nazisme qui a voulu imposer à l’Europe entière, son modèle germanique. Le IIIème Reich fut un empire sans empereur, mais un empire tout de même, éphémère mais terrible, qui a puisé ses sources dans l’exaltation de valeurs ancestrales, de la pureté originelle et qui a tenté de soumettre à sa loi les autres peuples, au mépris de leur propre culture et de leurs propres valeurs ancestrales. Son crépuscule ne fut pas celui des dieux et sa chute aussi fracassante que sa naissance. Une prise de conscience générale fera apparaître un nouveau sentiment national, dans une recherche de ce qui unit les peuples et non pas de ce qui les divise.

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Éclatement des codes et du langage musical La seconde moitié du XXème siècle est celle de la reconstruction dans une volonté de bâtir un monde nouveau sur les ruines de l’ancien. Penser le monde de demain ! Inventer, innover, briser les codes, faire éclater les formes pour en créer d’autres, plus souples, plus libres. La liberté, en effet, devient le maître mot, en utilisant, exploitant les influences naguère proscrites et jugées dégénérées. Dès le début du XXème siècle, les compositeurs s’étaient lancés, à corps perdu, dans la découverte d’un langage nouveau. L’exotisme et le jazz ont influencé leur production. La cassure que représente la Seconde Guerre mondiale mit un terme à cet élan qui, néanmoins, reprendra son envol, ensuite. L’arrivée de l’électronique nous fera entendre d’autres sons qui seront largement utilisés dans les œuvres contemporaines. Cette fin du XXème siècle aura été un formidable terrain d’expérimentation, dont on ne conservera, sans doute, pas tout, tant la production a été abondante. Mais elle marque le début d’une ère nouvelle et peut-être aussi d’un retour inattendu, celui de la mélodie !

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Hugues Ménès, Conférencier

Le jeudi à 10h

L'Allemagne en France, présence d'une culture Jeudi 19 octobre Histoire des relations franco-allemandes P 59 Jeudi 9 novembre Paris et l'Allemagne (Ambassade, cité universitaire,

librairies et gastronomie) P 60

Jeudi 23 novembre L'Eglise allemande à Paris (Christuskirche, rue Blanche, Saint Joseph Artisan rue La Fayette)

P 61

Jeudi 11 janvier L'Alsace à Paris (le musée Jean-Jacques Henner) P 62 Jeudi 25 janvier L'Alsace à Paris (Ecole alsacienne, église Sainte

Odile, brasseries...) P 63

Jeudi 1er février Neustadt, quartier impérial de Strasbourg P 64 Jeudi 8 février Le quartier allemand de Colmar (Oberlandsgericht :

cour d'appel, et gare ferroviaire) P 65

Jeudi 8 mars Le triangle impérial de Metz (la "plus belle gare" de France et le palais du gouverneur)

P 66

Jeudi 22 mars Le Haut-Koenigsbourg, résidence impériale du Kaiser, devenue symbole alsacien

P 67

Jeudi 5 avril Cimetières allemands en France (nécropoles militaires des deux guerres et tombes civiles)

P 68

Jeudi 12 avril Présence culturelle de l'Allemagne en France depuis 1957 (Instituts culturels et maisons de l'Allemagne)

P 69

Jeudi 31 mai Jumelages et partenariats franco-allemands dès 1953 (Colombes/ Frankenthal : octobre 1958)

P 70

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Histoire des relations franco-allemandes Admiration réciproque et haine viscérale

Trois conflits (1870, 1914-1918 et 1939-1945) jalonnent, pendant trois-quarts de siècle, les relations entre le pays du coq et celui de l’aigle. Fascination de part et d’autre, et antagonismes apparemment insurmontables, caractérisent les relations franco- allemandes.

Au XVIIème siècle, le château de Berlin (en reconstruction depuis 2013), s’inspirait de celui de Versailles et avait été construit entre 1699 et 1706 par Frédéric Ier, premier roi de Prusse. Au XVIIIème siècle, Frédéric II de Prusse, qui règne de 1740 à 1786 est l’ami de Voltaire, mais aussi admirateur de Louis XIV. La littérature française du XVIIIème siècle, qu’il apprécie tout particulièrement, et les poèmes qu’il rédige en Français, témoignent de son attachement à la France.

En 1814, Madame de Staël publie « De l’Allemagne » et contribue à attirer l’attention du public cultivé sur la littérature allemande.

Celui-ci appréciait cependant déjà Goethe depuis la fin du XVIIIème siècle.

Côté français, la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, contraint des milliers de Huguenots à s’exiler vers la Prusse où ils insufflent outre-Rhin l’Aufklärung (l’esprit des Lumières).

Plus tard, le voyage en Allemagne devient une source d’inspiration romantique pour Hugo ou Nerval. Mais après 1870, la France se montre plus circonspecte dans son admiration pour l’Allemagne. Cependant, la présence des Alsaciens et Lorrains, ayant opté pour la nationalité française, assurera pour longtemps la solidité du lien entre les deux pays (beaucoup d’entre eux seront en effet professeurs d’allemand ou traducteurs). Le système universitaire allemand apparaît également aux français comme un modèle et la science allemande (surtout après 1870) connaît un âge d’or.

Aujourd’hui, le droit local en Alsace et Moselle conserve de nombreuses dispositions allemandes, adoptées entre 1871 et 1918, et jugées plus favorables aux Administrés que les lois françaises (réglementation professionnelle, aide sociale ou droit communal accordant plus de pouvoirs aux communes, par exemple).

On peut également souligner que les trains roulent à droite en Alsace-Moselle, comme en Allemagne...

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Paris et l'Allemagne (Ambassade, cité universitaire,

librairies et gastronomie)

L’hôtel de Beauharnais, rue de Lille, est depuis 1874, la résidence de l’ambassadeur de Prusse, puis d’Allemagne, en France. C’est pourtant une demeure qui reste aussi attachée aux souvenirs d’Eugène de Beauharnais, beau-fils de Napoléon. Celui-ci l’a somptueusement aménagée et dotée en façade d’un porche de style néo-égyptien. C’est le roi de Prusse, Guillaume-Frédéric III qui l’achète et en fait la légation de Prusse.

D’autres lieux parisiens évoquent l’Allemagne même si, depuis 1914, les rues de Berlin et d’Allemagne s’appellent respectivement rue de Liège et avenue Jean-Jaurès. La station de métro Liège s’appelait aussi précédemment Berlin… Cependant en 2000, un square de Berlin a été inauguré près des Champs-Elysées. On y trouve également un monument en souvenir de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et un ours en buis sculpté, évoquant le blason de la capitale allemande. A deux pas, avenue Franklin Roosevelt, se situe d’ailleurs la chancellerie de l’ambassade. En 2007, une esplanade du 9 novembre 1989 – située sur le terre-plein central de la Porte de Versailles – rappelle également la chute du mur. D’ailleurs, un pan du mur y est exposé.

Les lieux de culture germanique parisiens comme la librairie allemande (Deutsche Buchhandlung) de la rue Frédéric Sautron dans le quartier Latin, constituent des foyers de partage et d’amitiés franco-allemands, où lectures et rencontres sont organisées. Une autre librairie (Buchladen) située rue Burq à Montmartre, fait de la résistance, mais plusieurs autres ont malheureusement disparu…

La gastronomie n’est pas absente et une adresse telle la Boutique de tante Emma : Der Tante Emma Laden au marché de la Porte Saint Martin, rue du Château d’Eau, aligne un millier de références… Chez Kiez, rue Vauvenargues, on trouve une atmosphère inattendue et une vingtaine de références de bières. Ambiances d’outre-Rhin garanties également au Stube, rue de Richelieu où Currywurst, Sauerkraut et Strudel vous dépayseront. Il est même possible, et désormais pour la troisième année, de retrouver à Paris l’ambiance de l’Oktoberfest (fête de la Bière), du 5 au 14 octobre 2017 !

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L'Eglise allemande à Paris

Au XVIIème siècle, le culte réformé est célébré à Paris en allemand à l’ambassade de Suède (1626), puis à l’ambassade du Danemark. De nombreux Allemands sont en effet réfugiés à Paris à l’issue de la guerre de 30 ans (1618-1648). La Révolution légalise la liberté de culte et donc le protestantisme. Mais c’est Napoléon, en annexant Montbéliard (de confession protestante), qui accroît le nombre de protestants luthériens en France (ils étaient surtout originaires d’Alsace et de Lorraine auparavant).

L’église des Billettes dans le Marais, (rue des Archives) devient ainsi, en 1806, la première église luthérienne de Paris.

En 1843, est inauguré le temple de la Rédemption (rue Chauchat). En effet, Ferdinand d’Orléans, fils de Louis-Philippe, avait épousé en 1837 Hélène de Mecklembourg-Schwerin, de confession protestante. C’est aujourd’hui le siège de l’Église luthérienne en France. Haussmann était membre de cette paroisse et ses obsèques s’y déroulèrent le 15 janvier 1891.

La guerre de 1870 va accentuer la séparation entre les branches allemande et française de l’Église luthérienne. En 1871, se produit une rupture définitive car l’Église luthérienne en France perd 90% de ses membres avec l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.

En 1894 est finalement inaugurée la Christuskirche de la rue Blanche, voulue par l’empereur Guillaume II. La paroisse restera cependant partie intégrante de l’Eglise Luthérienne française jusqu’en 1905. Néanmoins, elle incarne, dès l’origine, la communauté allemande en France et assure des missions sociales et d’entraide.

Dès 1851, la mission allemande de Paris, créée par la Compagnie de Jésus, construit une chapelle catholique à proximité de la rue d’Allemagne (actuelle avenue Jean-Jaurès). Les ouvriers allemands ou de langue allemande sont en effet nombreux à venir chercher du travail à Paris. L’église est reconstruite en 1866 et se voit dotée de vitraux offerts par l’empereur François-Joseph venu à l’exposition universelle de 1867. Un Saint François et un Saint Joseph encadrent une Sainte Elizabeth de Hongrie (ce sont les patrons de François-Joseph et Sissi). L’église située derrière un immeuble de la rue Lafayette, près du canal Saint Martin, porte aujourd’hui le vocable de Saint Joseph Artisan.

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L'Alsace à Paris, le musée Jean-Jacques Henner

Jean-Jacques Henner naît à Bernwiller dans le Sundgau (à l’extrême sud de l’Alsace) en 1829. Formé à Strasbourg, il arrive à Paris en 1846. Ses portraits, ses scènes réalistes de la vie quotidienne et ses allégories le rendent célèbre. En 1858, il remporte le Grand prix de Rome et séjourne cinq ans à la villa Médicis. En 1870, il opte pour la nationalité française mais conserve des liens avec l’Alsace où il séjourne chaque année entre août et octobre.

Il est aussi peintre d’histoire et expose chaque année ses toiles au Salon où il est souvent médaillé et acheté par l’État, avant de devenir lui-même membre du jury.

Considéré comme l’un des artistes les plus importants de son temps, de son vivant, il est élu membre de l’Institut en 1889. Il meurt en 1905 et sa famille décide en 1924 d’acheter à Paris, avenue de Villiers, une ancienne maison-atelier d’artiste pour y regrouper ses œuvres en un musée.

En 1871, un comité d’épouses d’industriels de Thann (dans le Haut Rhin), présidé par Eugénie Kestner, lui commande son tableau le plus célèbre : L’Alsace, Elle attend. Destiné à être offert à Léon Gambetta, élu député du Bas Rhin le 8 février 1871, ce tableau représentant une jeune Alsacienne en deuil, faisait dire à Gambetta « C’est ma fiancée ». L’oeuvre incarne en effet à elle seule, la douleur de la perte de l’Alsace après l’annexion.

Récemment réouvert après plusieurs années de fermeture, le musée Henner témoigne des liens indéfectibles entre l’Alsace et la France. C’est aussi une très belle demeure ayant appartenu au peintre Guillaume Dubufe (1853-1909), dont le jardin d’hiver a été rénové et ouvert pour la première fois au public le 21 mai 2016.

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L'Alsace à Paris, l'école alsacienne,

l'église Sainte Odile, les brasseries...

Après l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, le 10 mai 1871 par le nouvel Empire allemand,1 579 738 habitants eurent la possibilité d’opter pour la nationalité française (jusqu’au 1er octobre 1872). Seuls 49 926 « optants » partiront effectivement. Ceux d’entre eux qui choisirent de s’établir à Paris, fondèrent, par exemple, des brasseries. En 1892, Jacqueminot-Graff fonde devant la gare Saint Lazare, « Au roi de la Bière », qu’il reconstruit en 1894 en style régionaliste. La façade à colombages est ornée d’une statue de Gambrinus (roi de la bière) et une gigantesque cigogne surmonte le toit. Zimmer crée trois établissement en 1896 ; seul subsiste celui de la place du Châtelet .Sur quatre niveaux, le restaurant comporte une salle pouvant accueillir 150 convives, à l’étage, un bar avec poufs et canapés...Dès 1864, le Colmarien Frédéric Bofinger proposait de la bière à la pompe près de la Bastille (beaucoup d’Alsaciens travaillaient le bois au Faubourg Saint Antoine tout proche.)En 1930, Hansi créera l’enseigne et décorera une des salles. Chez Jenny est fondé en 1932 par Robert Jenny, près de la place de la République. Les marqueteries de Charles Spindler et les sculptures en chêne massif d’Albert Erny contribueront à la réputation du lieu…

La charcuterie Schmid, créée en 1904 et installée en 1920, boulevard de Strasbourg, près de la gare de l’Est, est une des ambassades gastronomiques de l’Alsace.

Sur les Champs-Elysées, la Maison de l’Alsace est, depuis 1968, la propriété des deux départements alsaciens et abrite une brasserie ainsi qu’un centre d’affaires ; des marchés de Noël s’y tiennent aussi !

L’église Sainte Odile, construite porte de Champerret de 1935 à 1946, en partie en grès rose de Saverne, rend hommage à la patronne de l’Alsace.

L’Ecole Alsacienne, rue Notre-Dame-Des-Champs, fondée en 1874 par des pédagogues et universitaires protestants installés en France après l’annexion, a pour devise : « Produire un type d’Homme cultivé qui alliât aux vertus de l’âme régionale, les qualités générales de l’Humaniste ». Laïque dès 1874 et mixte en 1908, elle constitue un des laboratoires de l’enseignement public. André Gide, Stéphane Hessel, Théodore Monod, Claude Sarraute ou Vercors en furent élèves.

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Neustadt, quartier impérial de Strasbourg

Après l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, Strasbourg devient capitale du Reichsland Elsass Lothringen. La ville doit en conséquence accueillir de nouvelles administrations et bâtiments publics. De nouveaux habitants, principalement allemands, viennent aussi s’installer, et la ville passe de 80 000 habitants en 1870 à 180 000 en 1915.

La ville nouvelle s’étend au nord de la ville historique sur près de 400 hectares et doit affirmer la nouvelle présence du pouvoir allemand.

Sur un plan « haussmannien » dû aux architectes Conrath (alsacien) et Eggert (allemand), le quartier intègre une nouvelle gare (1883), une nouvelle université (1884), mais aussi un palais impérial du Rhin (1888) et un palais de la Diète d’Alsace-Lorraine (1888). Des églises, telle Saint Pierre-le-Jeune, des écoles, des commerces, des bains municipaux (1908) sont également édifiés.

La Kaiserplatz, aujourd’hui place de la République, forme le centre du nouveau quartier où l’Empereur sera reçu une dizaine de fois jusqu’en 1914.

D’autres bâtiments prestigieux, telle la Bibliothèque Nationale et Universitaire (1895), bordent la Kaiserplatz. Elle constituait, à l’époque, la quatrième bibliothèque d’Allemagne avec 400 000 ouvrages. Le Palais universitaire (1884) achève la grande perspective de l’avenue qui part du Palais impérial.

Le logement social est également présent dans le quartier, dont l’éclectisme architectural n’altère pas la grande unité.

Depuis 2012, les « Rendez-vous de la Neustadt » permettent de visiter et mieux connaître ce patrimoine encore largement ignoré.

Décrié après la Seconde guerre mondiale, le quartier allemand est aujourd’hui en passe d’être inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, alors que le palais du Rhin était susceptible d’être démoli et remplacé par une tour administrative en 1957...

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Le quartier allemand de Colmar, l'Oberlandsgericht

Capitale judiciaire de l’Alsace depuis 1698 et préfecture du Haut-Rhin, Colmar dépend de Strasbourg après l’annexion, mais est désormais chef-lieu du district de la Haute-Alsace du Reichsland d’Alsace-Lorraine. Si elle perd 15% de sa population, qui opte pour la nationalité française, elle retrouve dès 1875 sa démographie de 1870. De 24 000 habitants, la ville passe à 43 000 à la veille de 1914.

Elle conserve également son rôle judiciaire et voit sa Cour d’Appel (Oberlandsgericht) reconstruite (1906) par les architectes alsaciens Kuder et Muller. Inspiré par le baroque allemand du XVIIIème siècle, le palais de justice comporte un monumental atrium conduisant à un imposant escalier à double emmarchement. Le bâtiment présente également un abondant décor éclectique où les références orientales côtoient des thèmes plus régionalistes.

A proximité, l’architecte Huen et l’ingénieur Grüner achèvent dès 1886 un imposant château d’eau de 53 mètres de haut, d’inspiration néo-gothique, évoquant un donjon médiéval.

La nouvelle gare de Colmar (l’ancienne datait de 1840) est inaugurée en 1907 et est construite par les architectes Dietrich et Stoeckicht, qui s’inspirent de celle de Dantzig. De style régionaliste, la gare multiplie les références historicistes, Renaissance et Jugendstil (art nouveau). Le bâtiment de 105 m de long, comporte un beffroi de 36m de haut et coûtera 5,5 millions de Marks-or…

Un « Millionärviertel » (quartier des millionnaires), verdoyant, aux villas éclectiques et les bains municipaux d’Unterlinden (1906) sont aussi édifiés. Ces derniers, fermés en 2003, constituent, après rénovation, une extension du musée d’Unterlinden.

En 1908, la ville reçoit la visite officielle de Guillaume II, les nouveaux bâtiments venant d’être achevés.

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Le triangle impérial de Metz

Appelé Neue Stadt (la ville nouvelle), le quartier impérial de Metz comporte une partie centrale, délimitée par la gare, l’église Sainte Thérèse et la porte Serpenoise, constituant un triangle. Comme à Strasbourg, le développement démographique et la volonté de germanisation de la ville, expliquent l’origine de cette extension, réalisée entre 1902 et 1918. Aménagé au Sud de la ville sur d’anciennes emprises militaires, le quartier est aussi dû à l’initiative de l’Empereur.

Un « Ring », boulevard en forme d’anneau, relie la vieille ville à la nouvelle. De nombreux bâtiments sont construits, souvent ordonnés autour de la place Impériale (aujourd’hui Raymond-Mondon), où se trouvait la statue équestre de l’Empereur Frédéric III, père de Guillaume II. Ainsi sont érigées, la banque impériale ( Reichsbank) en 1907 et la maison des corporations (Gewerbehaus) en 1909.

Le Palais du Gouverneur (General Kommando), achevé dès 1905 par Ferdinand Schönhals, destiné à servir de résidence à l’Empereur, est construit en style néo-renaissance rhénane et évoque un château.

Mais c’est la gare centrale qui constitue le morceau de bravoure de cet ensemble...Achevée en 1908 et dessinée par l’architecte Jürgen Kröger, elle coûtera 21 millions de marks-or. Sa façade de 300 mètres de long est dominée par une tour horloge de 40 mètres de haut. De style néo-roman rhénan, l’édifice, dont l’intérêt stratégique explique l’ampleur, affirme également la germanisation de la Lorraine. Le bâtiment évoque tout autant une église qu’un palais et ses décors célèbrent le thème du voyage ou des communications (un chapiteau représente ainsi un télégraphiste actionnant son manipulateur…).

Décriée par Maurice Barrès, qui parle de son style « Kolossal », elle suscite, comme tout le quartier impérial, un regain d’intérêt dans les années 1980. Classée en effet Monument Historique depuis 1975, la gare vient d’être élue en 2017 « plus belle gare de France ! ».

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Le Haut-Koenigsbourg, résidence impériale du Kaiser

Construit aux XIIème et XVème siècles, le château surveillait la plaine d’Alsace et la route Nord-Sud. Ruiné après la guerre de Trente Ans, il est abandonné en 1633.

En 1862, il est classé monument historique puis racheté à ses propriétaires privés en 1865 par la commune de Sélestat.

En 1899, la ville l’offre à l’empereur Guillaume II, qui décide d’en confier la restauration à l’architecte et archéologue berlinois Bodo Ebhardt (1865-1945). De 1901 à 1908, celui-ci dégage le site et restaure le château tel qu’il pouvait se présenter en 1500. L’empereur souhaite en faire un musée du Monde germanique et par ce moyen, affirmer la germanité de l’Alsace. Le château marquait également la limite occidentale de l’Empire allemand. L’empereur viendra régulièrement visiter le chantier.

Souvent décriée, la restauration de Bodo Ebhardt se révèle plus archéologique qu’il n’y paraît, et le donjon carré, longtemps contesté par les contemporains, est aujourd’hui admis comme plausible. L’architecte se révèle même soucieux d’indiquer les parties qu’il a restaurées par un travail différent de la pierre. Le Haut-Koenigsbourg est donc plus un essai de restitution réaliste, qu’un simple pastiche.

L’Empereur se considère comme l’héritier de ses prédécesseurs, et fait apposer ses armoiries sur la porte principale du château.

A l’intérieur, la salle du Kaiser est la principale pièce de la demeure, ornée de peintures de Léo Schnug. La chambre lorraine rappelle l’annexion de la Lorraine et est remeublée en style régional lorrain… Le château est ainsi conçu comme l’affirmation de la germanisation de l’Alsace-Lorraine.

Rétrocédé à l’État français en 1919, le château est transféré au département du Bas Rhin en 2007. Il est devenu au fil du temps un des symboles de l’Alsace et accueille aujourd’hui 550 000 visiteurs par an.

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Les cimetières allemands des trois guerres en France

Du 29 novembre au 3 décembre 1870, 6000 hommes s’opposent à la bataille de Champigny. L’ossuaire inauguré en 1878 et restauré en 2014 (pour le centenaire de la Première Guerre Mondiale), regroupe dans ses 33 caveaux, 1007 Français et 377 Allemands.

Le tourisme, souvent médical, conduit, tout au long du XIXème siècle, les voyageurs à venir se soigner sur la Côte d’Azur. C’est ainsi que le cimetière du Vieux Château de Menton accueille pour leur dernier repos 80% d’étrangers. Une « Terrasse des Allemands » se trouve dans cette nécropole. On y remarque par exemple la tombe d’Alfred Woltmann (mort en 1880), historien de l’Art, professeur à l’Université de Strasbourg et poitrinaire…

Lors du Premier conflit mondial, on dénombre 2 036 897 morts côté allemand, dont 757 049 enterrés en France ; et 1 397 800 morts chez les Français. Les corps des Allemands tués au combat et qui n’ont pas été inhumés en Allemagne pendant les hostilités, sont en effet restés en France. Le Volksbund (littéralement : fédération du Peuple), association fondée en 1919, a conçu les 198 nécropoles comme des « Bois des Héros » (d’inspiration médiévale). Des étudiants en vacances ont été sollicités pour leur entretien, mais ce sont les Français qui ont aménagé les cimetières. Souvent plus petits que les cimetières américains, mais mieux aménagés que les cimetières français (la symbolique se réduit en général en France à un simple mât portant un drapeau tricolore), les cimetières allemands sont plantés de chênes, arbre considéré comme typiquement germanique. Les tombes sont souvent collectives ou semi-collectives et des Kameradengräbe (tombes de camarades) évoquent la solidarité au combat. Le cimetière de Neuville-Saint-Vaast (Pas de Calais), avec ses 44 833 sépultures est le plus vaste de tous.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, 5 563 000 morts sont dénombrés parmi les militaires allemands et 217 600 côté français. En France, 233 000 tombes allemandes existent, réparties sur 22 nécropoles. Le cimetière allemand d’Andilly (Meurthe et Moselle) est le plus vaste avec 33 000 tombes. Celui de La Cambe (Calvados) où reposent 21 222 soldats, pour la plupart âgés de 18 à 20 ans, est dominé par un tumulus portant une imposante croix de cinq mètres de haut. Il est inauguré en 1961.

Albert Schweitzer a dit : « Les tombes des soldats sont les grands prédicateurs de la Paix».

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Présence culturelle de l'Allemagne en France depuis 1957

(instituts culturels et maisons de l’Allemagne)

Le Traité d’amitié franco-allemand (ou de l’Elysée) du 22 janvier 1963, signé par Konrad Adenauer et le Général De Gaulle, comporte un volet éducatif. Le rapprochement des peuples des deux pays, l’organisation de sommets franco-allemands et une journée franco-allemande tous les 22 janvier, sont mis en place. Sont également favorisés les contacts entre la jeunesse des deux pays, l’apprentissage des deux langues et l’équivalence des diplômes. Un office franco-allemand pour la jeunesse et des lycées franco-allemands sont créés.

Le Goethe Institut est la plus importante institution culturelle allemande, hors des frontières. Chargés de promouvoir la langue allemande à l’étranger et d’informer sur la vie culturelle, sociale et politique de l’Allemagne, les instituts Goethe existent à Paris (17 avenue d’Iéna, depuis 1957), mais également à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Strasbourg et Toulouse.

Il existe aussi dix Maisons d’Allemagne en France, depuis 1997, destinées à promouvoir la coopération franco-allemande, aux niveaux communal, régional et universitaire (Aix, Brest, Dijon, Montpellier, Nantes, Paris, Pau, Rennes, Toulouse et Tours).

En parallèle de ces structures, existent aussi un office franco-allemand pour la jeunesse, un office allemand d’échanges universitaires et un office national allemand du tourisme (8 rue de Milan à Paris 9ème).

Enfin, de nombreuses associations culturelles proposent des cours de langue, rencontres franco-allemandes et manifestations culturelles.

Dès 1953 avait été initié le projet d’une maison allemande à la Cité Universitaire de Paris. Née après la Première Guerre Mondiale, la Cité Universitaire, destinée à faire se rapprocher les étudiants, dans une optique pacifiste, avait cependant renoncé à accueillir une maison allemande...La maison est inaugurée en 1956 et porte aujourd’hui le nom d’Heinrich Heine. Elle constitue à l’époque la première représentation officielle de l’Allemagne en France (l’hôtel de Beauharnais ayant été confisqué après la guerre ; il ne sera rétrocédé qu’en 1962...), et est aujourd’hui intégrée au réseau des Maisons d’Allemagne en France.

Arte diffuse ses programmes depuis le 30 mai 1992. Installée à Strasbourg, la chaîne culturelle franco-allemande devient peu à peu européenne : ainsi dès 2006, Arte Belgique a commencé à émettre.

En 2013, une pièce commémorative de 2€ fut mise en circulation, pour célébrer le 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée.

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Jumelages et partenariats franco-allemands

Dès 836, Le Mans est jumelé avec Paderborn (Rhénanie du Nord-Westphalie). Même s’il s’agissait d’un jumelage catholique entre deux diocèses, celui-ci a bien été renouvelé en 1967.

Aujourd’hui, 115 000 Français vivent en Allemagne, 100 000 Allemands en France, et chaque pays est le premier partenaire commercial de l’autre.

Il existe actuellement 2 200 jumelages franco-allemands. En 1950, Montbéliard décide de se lier à Ludwigsburg dans le Bade-Wurtemberg. C'est le premier jumelage d’Après-guerre. En Île-de-France, Meudon se rapproche de Celle (Basse Saxe) en 1953 ; c’est le premier jumelage franco-allemand de la région-capitale. Colombes s’associe à Frankenthal (Rhénanie-Palatinat) en 1958, mais des échanges scolaires existaient depuis 1955.

Les buts des jumelages sont multiples : destinés à l’origine à ramener la paix sur le Continent, ils ont évolué vers les voyages d’études et professionnels, l’organisation de fêtes de la musique ou d’échanges linguistiques, culturels, professionnels. La charte est le lien officiel entre les deux partenaires .

En 1987, Paris signe un pacte d’amitié et de coopération avec Berlin (mais n’est officiellement jumelée qu’avec Rome, et ce, depuis 1956…)

Des départements ou régions sont aussi jumelés (par exemple la Mayenne et la Souabe depuis 1966).

Mais aujourd’hui, des projets dans le domaine de l’économie et de la recherche sont aussi montés.

La « Françallemagne » se réinvente donc en permanence !

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Marie-Danièle LELONG, Conférencière Le mardi à 10h

Le cinéma allemand Mardi 17 octobre L’expressionnisme allemand P 72

Mardi 14 novembre Fritz Lang, un autre grand nom de l’expressionnisme allemand

P 73

Mardi 28 novembre Marlène Dietrich P 74 Mardi 16 janvier « Le Lubitsch touch » P 75 Mardi 6 février Romy Schneider P 76

Mardi 6 mars Raconter la guerre P 77 Mardi 10 avril Les deux Allemagnes P 78 Mardi 15 mai Avec la réunification P 79

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L’expressionnisme allemand C’est sous le signe de l’expressionnisme que l’Age d’or du cinéma allemand se révèle dans les années 20 . Puisant leur thème dans le patrimoine artistique et littéraire, de jeunes réalisateurs découvrent et inventent un nouveau langage cinématographique qu’ils vont mettre au service de figures de légende incarnées dans des films cultes tels que « le cabinet du Dr Caligari » de Robert Wiene, ou "Nosfératu" de Friedrich Wilhelm Murnau. Les grandes métropoles, telles que Vienne ou Berlin, nourrissent l’imagination de Georg Wilhelm Pabst qui montre la ville, lieu où toutes les couches de la population se côtoient.

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Fritz Lang, un autre grand nom de l’expressionnisme allemand

Né à Vienne en 1890 et mort à Beverly Hills en 1976, il fut l’inventeur d’un grand nombre de techniques innovantes et devenues autant de « standards » qui lui valurent le titre de « maître des ténèbres » . Cinéaste, scénariste, producteur et acteur, de Berlin à Hollywood, il réalise plus de 40 films, s’inspirant des légendes germaniques « les Nibelungen ». En 1924, il crée le personnage du Dr Mabuse, élevé au rang de mythe ; il abordera tous les genres : fresque mythologique, science-fiction, film antinazi, western, films de cape et d’épée ou film exotique.

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Marlène Dietrich « L’Ange bleu », film de Josef von Sternberg (1930), adapté du roman de Heinrich Mann fut le 1er chef d’œuvre du cinéma parlant. Avec ce film c’est aussi la naissance d’un mythe : celui de la femme fatale mystérieuse et indomptable, incarnée par Marlène Dietrich, dont la carrière se poursuivit à Hollywood. Elle tournera avec les plus grands réalisateurs tels que Lubitsch, René Clair, Fritz Lang, Hitchcock. Marlène Dietrich marque son époque par son style et son élégance.

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« Le Lubitsch touch »

Né en1892 à Berlin et mort à Hollywood en 1947, la personnalité artistique d'Ernst Lubitsch est un mélange de culture germanique, esprit berlinois, humour juif, et sens américain du spectacle. Après plusieurs films historiques (Mme du Barry, Anne Boleyn), il s’impose comme un des maîtres des comédies américaines. Il signe plus de 30 films : Haute Pègre, Sérénade à Trois, Jeux dangereux (To be or not to be)… , dans lesquels le burlesque se mêle à l’élégance et à la tendresse, aux dialogues savoureux, à la mise en scène intelligente : c’est ce qu’on appellera « la Lubitsch touch ».

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Romy Schneider Née à Vienne en 1938, Rose Marie Schneider est la fille d’un couple de comédiens. A 17 ans, elle deviendra « Sissi » qui lui assurera une consécration internationale et une bien encombrante image contre laquelle il lui fallut lutter toute sa vie. Après une traversée du désert, elle tournera avec les plus grands maîtres du cinéma : Visconti, Orson Welles, Henri Georges Clouzot, Claude Sautet... Passionnée par son métier, ardente, sensible, romantique, Romy révèle un talent d’interprétation hors du commun qui lui vaudra plusieurs Oscars de la meilleure actrice en 1976 et 1979.

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Raconter la guerre Dès avant 1933, un grand nombre de réalisateurs allemands partent pour les Etats Unis, fuyant le régime Nazi. Dès 1942, il y a une réaction contre la propagande nazie avec des films tels que « To be or not to be », "le dictateur"… ; après la 2nde guerre mondiale, un grand nombre de réalisateurs de toutes nationalités vont mettre leur talent au service de la mémoire ; « la grande illusion » de Jean Renoir, « Les Damnés » de Visconti, « le pianiste », la guerre vue sous ces différentes facettes, du comique au tragique.

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Les deux Allemagnes, réunification et travail sur le passé récent

Dès son origine, le cinéma allemand est fortement marqué par la vie politique et sociologique. Les années 60 voient l’émergence d’un nouveau cinéma avec Volker Schlöndorff, Fassbinder, Herzog qui inaugurent le jeune cinéma allemand, avec des films comme « Le tambour » et "L’honneur perdu de Katharina Blum".

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Avec la réunification

Quelques années après la chute du mur, on assiste à deux manières de raconter l’histoire de Berlin à l’époque des soviétiques : Wolfgang Becker privilégie le mode comique avec « Good bye Lénine » en 2003 et Florian Henckel von Donnersmarck le mode tragique, avec « La vie des autres » en 2006.

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LES CONFERENCES ONT LIEU AU :

CONSERVATOIRE DE MUSIQUE ET DE DANSE

AUDITORIUM Christian Jous 25 rue de la Reine Henriette –

Colombes Moyens d’accès :

bus 164, 166, 167, 176, 304, 367, 378, 366,

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