Consommation et opportunités de développement des légumes ... · hectares de légumes de champs ont diminué de 24 % entre 2001 et 2011, ceux en choux chinois ont augmenté de

Consommation et opportunités de développement des légumes exotiques au Québec

Groupe AGÉCO pour la Table filière des productions maraîchères

2014, rue Cyrille-Duquet, bureau 307, Québec (Québec) G1N 4N6

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Préparé pour la

Table filière des productions maraîchères

RAPPORT FINAL

JANVIER 2013



RAPPORT PRÉSENTÉ À LA

Table filière des productions maraîchères

ÉQUIPE DE RÉALISATION

Responsable du mandat Isabelle Charron Réalisation du mandat Isabelle Charron Valérie Lamarche Correction linguistique Monique Mercier

REMERCIEMENT AU PARTENAIRE FINANCIER



TABLE DES MATIÈRES

1. Introduction ........................................................................................................................ 1

2. En partant du début : l’offre de légumes ethniques .......................................................... 3

2.1 La production au Québec ....................................................................................... 3

2.1.2 Des limites techniques et agronomiques ............................................... 6

2.2 Les importations ..................................................................................................... 8

2.3 Coûts de production et prix ................................................................................. 10

3. Du côté de la demande .................................................................................................... 13

3.1 La consommation de légumes ............................................................................. 13

3.1.2 Les immigrants ..................................................................................... 15

3.1.3 Les Québécois de souche ..................................................................... 21

3.2 Les détaillants ....................................................................................................... 23

3.3 Estimation de la valeur des ventes (au détail) ..................................................... 27

4. Une stratégie de développement de marché à cultiver................................................... 31

Annexe 1 Un guide d’achat de légumes ethniques locaux ................................................. 35

Annexe 2 Liste des personnes consultées ........................................................................... 39

Bibliographie ............................................................................................................................. 42


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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 3.1 Revenu médian selon l’origine ethnique, Québec, 2006 ................................. 18

Tableau 3.2 Nombre d’établissements de vente d’aliments au détail, certains types, certaines régions, Québec 2007 et 2009 .......................................................... 25

Tableau 3.3 Exigences et particularités des différents canaux de commercialisation ........ 26

Tableau 3.4 Évaluation du potentiel de vente en légumes ethniques (vente au détail) ..... 28

Tableau 3.5 Quelques légumes consommés par différentes communautés culturelles ..... 29

LISTE DES FIGURES

Figure 2.1 Évolution du nombre de fermes spécialisées en culture de légumes, Québec, 2001, 2006 et 2011 .............................................................................. 3

Figure 2.2 Évolution des superficies en culture de légumes, Québec, 2001, 2006 et 2011 .................................................................................................................... 4

Figure 2.3 Taux de croissance annuel moyen de la production (en tonnes) de certains légumes, Québec, 2007 à 2011 ............................................................. 5

Figure 2.4 Évolution des importations de certains légumes, Canada, 2006 à 2010 ........... 8

Figure 2.5 Part des importations canadiennes de certains légumes sur l’ensemble des importations de légumes frais, en tonnes, Canada, 2010 ........................... 9

Figure 2.6 Valeur unitaire des importations de certains légumes, Canada, 2006 à 2010 .................................................................................................................. 11

Figure 3.1 Augmentation de la consommation per capita de certains légumes frais, Canada, entre 2000 et 2011 ............................................................................. 14

Figure 3.2 Taux de consommation de fruits et légumes (5 fois ou plus par jour), Québec, Canada et Ontario, 2011 .................................................................... 15

Figure 3.3 Immigrants admis selon la région projetée de destination, Québec, 2007 à 2011 ............................................................................................................... 16

Figure 3.4 Répartition des immigrants admis selon le continent et la région de naissance, Québec, 2011 .................................................................................. 17



1. INTRODUCTION

Les Canadiens consomment à peine un peu plus de légumes qu’au début des années 2000, mais leur engouement pour certains d’entre eux est toutefois en forte hausse. Au fil des ans, un plus grand choix de légumes frais a été offert aux consommateurs et la consommation annuelle par habitant de certains légumes, plus exotiques, a progressé de façon notable. L’offre s’adapte aussi à la clientèle : l’immigration est sans contredit un facteur majeur qui vient inscrire de nouvelles tendances alimentaires. Au Québec, la croissance de l’immigration dépasse maintenant celle de la population de souche. Par ailleurs, cette immigration est d’origine variée. Cela apporte une diversification de la demande et une influence grandissante des marchés ethniques. Si globalement le marché de l’alimentation connaît une certaine maturité, on comprend que son développement passe par la conquête de marchés plus segmentés, comme c’est le cas pour les marchés ethniques. Il semble donc y avoir là une opportunité potentielle pour les producteurs maraîchers du Québec, prêts à adapter leur offre pour répondre à de nouvelles demandes. Les statistiques disponibles ne permettent pas, à elles seules, de bien capturer ce type de nouveaux phénomènes. C’est dans ce contexte que les producteurs maraîchers du Québec souhaitaient mieux documenter le potentiel de ce segment de marché. Les objectifs du présent mandat étaient de:

Documenter le marché des légumes exotiques au Québec et identifier les légumes les plus porteurs pour les producteurs maraîchers québécois.

Développer de nouveaux marchés, soit en répondant à une demande non comblée ou en se substituant à une offre importée.

Une série d’objectifs secondaires appuyaient ces deux premiers :

Dresser le portrait de l’offre actuelle de légumes exotiques vendus au Québec, d’origine importée et québécoise.

Établir le portrait de la demande de légumes ethniques au Québec, actuelle et potentielle.

Identifier les marchés les plus porteurs et élaborer une stratégie de développement de marché pour les producteurs maraîchers du Québec.

Pour répondre à ces objectifs, une combinaison de revue de littérature, recherche de données secondaires (existantes) et la réalisation d’entrevues auprès de détaillants, de grossistes, de producteurs maraîchers et de différents experts a été nécessaire. Les noms des intervenants consultés sont rapportés en annexe 2. À noter que des citations sont insérées dans le texte pour illustrer des propos entendus. Le premier chapitre expose l’information disponible pour évaluer et commenter l’offre de légumes exotiques au Québec, tant d’origine québécoise qu’importée. Le deuxième chapitre


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s’attarde à la demande, celle des communautés immigrantes présentes au Québec, mais également des « Québécois de souche »; cette demande s’exprime par l’évolution démographique, mais également par les tendances de consommation qui sont relayées par les acheteurs (détaillants, grossistes). Enfin, le dernier chapitre ébauche une stratégie de développement de marché, sur la base des informations et constats obtenus aux précédentes étapes. Un aliment ethnique est défini comme ayant une référence culturelle unique, en lien avec une ethnie, une race, une religion ou une tradition particulière (Nawaratne 2012). Les légumes ethniques peuvent quant à eux être identifiés comme des cultures qui ne sont pas traditionnellement ou historiquement produites ici [au Québec] et qui n’ont pas été introduites par les colons européens (Kelleher et al. 2009). Les légumes ethniques ne sont pas ethniques en soi; c’est plutôt le fait qu’ils soient préférés par une certaines communauté culturelle qui lui confère son caractère ethnique (Adekunle et al. 2011). Enfin, dans le présent rapport, les termes ethnique et exotique seront utilisés pour désigner une même chose.


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2. EN PARTANT DU DÉBUT : L’OFFRE DE LÉGUMES ETHNIQUES

Les informations sur les prix et les quantités de légumes ethniques produits localement ou importées sont rares (Nawaratne 2012). Les statistiques disponibles ne permettent pas encore de bien cerner l’importance de ces cultures maraîchères exotiques au Québec, tant en quantité qu’en superficie. En ce qui concerne les informations relatives aux légumes ethniques importés, elles sont généralement trop agrégées pour être interprétées clairement. Néanmoins, certains constats peuvent être faits sur la base de l’information disponible.

2.1 LA PRODUCTION AU QUÉBEC

Le nombre de fermes spécialisées en culture de légumes au Québec est en baisse depuis 10 ans (Figure 2.1). En effet, depuis 2001, la province a perdu 11 % de ses fermes de légumes1, 18 % des serres de cultures vivrières et 17 % des fermes de culture mixte de fruits et légumes.

À titre de comparaison, l’Ontario a, sur la même période, perdu elle aussi des fermes de légumes (-5 %) et des serres de cultures vivrières (-6 %) mais elle a vu son nombre de ferme de culture mixte de fruits et légumes augmenter de 18 %.

Figure 2.1 Évolution du nombre de fermes spécialisées en culture de légumes,

Québec, 2001, 2006 et 2011

Source : Statistique Canada, Recensements de l’agriculture.

Les superficies en légumes ont aussi généralement diminué au Québec entre 2001 et 2011 (Figure 2.2) : -13 % pour les légumes de champs2 (excluant les pommes de terre), -7 % pour les choux chinois3. Seules les superficies en légumes de serre ont augmenté, de 7 % depuis 2001.

1 Incluant melon.

2 Incluant légumes frais et de transformation.

3 Les choux chinois sont les seuls légumes ethniques pour lesquels des données de superficies sont disponibles. La catégorie

« courges et zucchinis » peut inclure certains légumes ethniques, sans toutefois qu’il soit possible d’en préciser la proportion. À titre indicatif, entre 2006 et 2011, les superficies de courges et zucchinis ont, elles aussi, diminué (-4 %). Les données 2001 incluent les superficies en citrouilles et ne sont donc pas comparables.

841

295103

857

277105

750

24285

Légumes et melons(sauf pommes de terre)

Cultures vivrièresen serre

Culture mixtede fruits et légumes

2001 2006 2011 2001 2006 2011 2001 2006 2011



Les superficies de légumes en Ontario ont évolué différemment. Alors que les hectares de légumes de champs ont diminué de 24 % entre 2001 et 2011, ceux en choux chinois ont augmenté de 1 % et la superficie en légumes de serre a cru de 81 %. Les superficies en courges et zucchinis ont diminué de 7 % entre 2006 et 2011.

Figure 2.2 Évolution des superficies en culture de légumes, Québec, 2001, 2006 et 2011

Source : Statistique Canada, Recensements de l’agriculture.

Parmi les légumes produits au Québec, certains ont connu une hausse de production importante depuis les cinq dernières années. Les taux de croissance annuels moyens entre 2007 et 2011 de la production des principaux légumes, en quantité, sont présentés à la Figure 2.3.

Les betteraves (+16,6 %) remportent la palme en matière de croissance de la production depuis cinq ans, suivies par les panais (+12,9 %). D’autres légumes en croissance comme les choux (qui incluent les choux chinois) (+6,9 %), les courges et zucchinis (+5,9 %), les radis (+5,4 %) et les autres melons (+1,3 %) sont des catégories pouvant inclure des légumes ethniques.

Les légumes plus traditionnels, tels que la carotte ou le brocoli, affichent pour plusieurs une baisse dans la production.

43 501 42 22437 657

2001 2006 2011

Légumes de champs(ha)

300270 279

2001 2006 2011

Choux chinois(ha)

902981 964

2001 2006 2011

Légumes de serre(milliers m2)



Figure 2.3 Taux de croissance annuel moyen de la production (en tonnes) de certains légumes,

Québec, 2007 à 2011

Source : Statistique Canada, Tableau 001-0013.

QUELQUES EXPÉRIENCES QUÉBÉCOISES

Quelques producteurs du Québec ont donc déjà exploré des cultures plus ethniques. Certains le font sur de petites superficies et dans le cadre du réseau de panier d’Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC), d’autres le font à une échelle plus commerciale et viennent ainsi compléter une offre de légumes plus traditionnels. C’est le cas par exemple de la ferme Coulombe et fils ou encore la ferme Onésime Pouliot qui approvisionnent les grandes surfaces. Enfin, des modèles plus spécialisés existent tels les Fermes Trudeau ou celui d’Organzo. Cette dernière entreprise, conçue selon une formule particulière, entretient des relations non contractuelles avec huit producteurs du Québec et un de la Géorgie. Ces derniers, liés d’abord à l’entreprise par son service de conseils agronomiques, produisent des légumes ethniques (chou nappa, radis daïkon, bok choy, aubergine chinoise) qui sont mis en marché par Organzo. En 2012, ce sont 260 hectares de ces légumes qui étaient en production pour Organzo, une progression fulgurante alors qu’en 2007, seulement huit hectares étaient cultivés. Le principal marché pour Organzo est celui des États-Unis vers lequel l’entreprise exporte directement 70 % de sa production, le reste passant par Montréal pour être éventuellement revendu sur les marchés extérieurs par des acheteurs secondaires. Les Fermes Trudeau de leur côté ont plutôt choisi d’approvisionner les grandes chaînes d’alimentation. Leurs produits sont emballés en fonction de ce marché (paquet ensaché). Outre une variété d’aromates, les légumes produits sont les bok choy (mini, bonsaï, mini toy choy), bettes à cardes, chou, nappa, et pissenlit.

16,6%

12,9%

10,0%

6,9%

6,8%

5,9%

5,7%

5,7%

5,4%

1,3%

0,3%

0,3%

-0,3%

-0,8%

-2,7%

-5,1%

-6,4%

-7,1%

-8,2%

-9,3%

-10,1%

-11,6%

-14,3%

-18,8%

Bet

tera

ves

Pan

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Asp

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Maï

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Cél

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Har

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Co

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Po

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Per

sil



2.1.2 DES LIMITES TECHNIQUES ET AGRONOMIQUES

LE CLIMAT

Le climat frais du Québec apparait comme un obstacle important à la production des végétaux ethniques. Il est vrai que la saison de production québécoise est relativement plus courte que ce que l’on observe en Ontario et aux États-Unis et définitivement moins avantageuse que celle des pays tropicaux. Pourtant, certains légumes ethniques, tels ceux de la gamme des choux, s’accommodent bien des nuits fraîches du Québec. Aussi, certains autres légumes, plus exigeants en matière de chaleur, peuvent bénéficier de techniques de production alternatives (ex. plastique, tunnel, serre).

LES SEMENCES

Il semble que l’obtention de semences, notamment par l’importation, limite ou ralentisse l’expansion de la culture des légumes exotiques à l’échelle commerciale (Kelleher et al 2009).

Le contrôle réglementaire et l’inspection aux frontières mis en place pour limiter l’importation de nouvelles espèces invasives viennent, du même coup, freiner le développement de ces productions au Québec et au Canada.

Travailler avec des semenciers certifiés et habitués à importer ce genre de semences peut aider à limiter les problèmes.

LES PESTICIDES

Pour plusieurs cultures non traditionnelles, il existe peu ou pas de pesticides reconnus (Filotas et al. 2009). C’est d’ailleurs, selon certains experts, une des barrières les plus importantes à l’accroissement de la production de légumes ethniques (Gunst et al. 2010).

Souvent, les légumes ethniques sont cultivés sur de plus petites superficies qui peuvent difficilement supporter des projets de recherche ou les coûts d’homologation de pesticides.

Étendre la portée des pesticides existants ou faire homologuer de nouveaux pesticides pour ces cultures est un processus long et coûteux qui implique des recherches approfondies (Nawaratne 2012).

Il arrive que les pesticides soient homologués pour une famille de plantes. Dans ce cas, leur utilisation est autorisée dans des cultures ethniques apparentées à d’autres plus traditionnelles, comme par exemple les aubergines, les piments ou encore les courges.

Ainsi, il faut prendre en considération que les pratiques alternatives de lutte contre les maladies, les insectes et les mauvaises herbes représentent un défi considérable de la production.

L’importance de la main-d’œuvre et des coûts qui y sont reliés dans la production de ces cultures peut miner la compétitivité des producteurs d’ici en comparaison avec ceux des pays exportateurs, où les salaires sont habituellement plus faibles (Kelleher et al. 2009).



L’ONTARIO DÉVELOPPE LE CRÉNEAU DES LÉGUMES ETHNIQUES

Depuis quelques années, les producteurs maraîchers de l’Ontario bénéficient de soutien pour développer le créneau des légumes ethniques, que ce soit en matière d’activités de R et D, d’expertise agronomique ou d’aide financière. Le Vineland Research and Innovation Centre (VRIC) multiplie les efforts de recherche pour déterminer les légumes ethniques les plus porteurs et susceptibles d’être cultivés en Ontario. Après avoir identifié une dizaine de légumes comme présentant un certain intérêt (calalou ou amarante tricolore, melon velu, haricot ou dolique asperge, courge indienne ou indian kaddu, piment fort chinois), le centre de recherche a finalement choisi de mettre les efforts sur deux légumes plus porteurs : l’okra et l’aubergine asiatique. Ce choix c’est fait par processus itératif, en se basant autant sur des études de marché que des tests agronomiques. Bien entendu, le profil multiculturel ontarien est différent de celui du Québec, avec une forte présence d’immigrants en provenance d’Asie du Sud (Inde, Sri Lanka, Pakistan, Bangladesh), ce qui explique le choix des cultures à promouvoir. En 2012, une quinzaine de producteurs ont cultivé un total de 50 acres de légumes, tantôt de manière plus commercial, tantôt pour des bancs d’essais. Les grandes chaînes d’alimentation, les petits détaillants spécialisés et les semenciers ont fait partie intégrante du projet depuis les tout premiers débuts, de la sélection des légumes, en passant par les tests de goûts. Bien que les volumes disponibles ne soient pas suffisants pour approvisionner les grandes chaînes, elles sont néanmoins impliquées pour créer un engouement, un intérêt. Par ailleurs, le VRIC a confié à un employé d’origine pakistanaise la relation avec les acheteurs, pour prendre en compte les particularités culturelles, faciliter la prise de contact et établir un lien de confiance. L’équipe du VRIC a aussi travaillé avec les groupes communautaires, pour mieux connaître leurs préférences et a profité de l’expérience de production des immigrants. D’autres enseignements peuvent être tirés de l’expérience ontarienne :

Récemment, la ceinture verte de Toronto a encouragé de manière spécifique l’établissement ou la diversification de fermes dans la production de légumes ethniques (voir annexe 1). Selon certaines estimations, il y aurait entre 1000 et 1500 hectares de légumes asiatiques en culture en Ontario (Davidson 2011).

Une part importante de producteurs produisent des légumes asiatiques, ceux-ci étant plus faciles et moins coûteux à cultiver sous le climat ontarien que d’autres légumes, par exemple ceux consommés par les communautés africaines et caribéennes (FarmStart 2010).

Il semble également que l’expérience acquise dans la production de légumes conventionnels ne se transmette pas nécessairement directement à la production de légumes ethniques ou moins traditionnels (Filotas et al. 2009). Il faut donc une expertise et des transferts de connaissances spécifiques.

Par ailleurs, même si certains prétendent que le risque additionnel qu’implique la production de légumes non conventionnels ne peut être pris que par des fermes de grande taille, la plupart des fermes situées dans la ceinture verte ontarienne et cultivant des légumes ethniques sont de petites tailles, décentralisées et bénéficient de la mise en place d’un réseau coopératif (Gunst et al. 2010).



2.2 LES IMPORTATIONS

La plupart des légumes ethniques consommés ici sont encore massivement d’origine importée, et plusieurs le demeureront à cause de nos conditions agro-climatiques non optimales. Néanmoins, certains de ces légumes pourraient effectivement être produits en sol québécois.

Les importations canadiennes de certains légumes pouvant être considérés comme ethniques (choux chinois, okras, aubergines, rapinis, patates sucrées) sont pour la plupart en hausse depuis 2006 (Figure 2.4).

Au total, les quantités importées de ces six catégories de légumes ont presque doublé alors que leur valeur a cru de 54 % entre 2006 et 2010. En 2010, ces importations de légumes totalisaient 127 000 tonnes pour une valeur de 128 millions de dollars.

Figure 2.4 Évolution des importations de certains légumes, Canada, 2006 à 2010

Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2011.

25 000

26 000

27 000

28 000

29 000

30 000

31 000

32 000

06 07 08 09 10

Choux chinois

Milliers de T

//6 000

7 000

8 000

9 000

10 000

11 000

12 000

13 000

06 07 08 09 10

Choux-raves

Milliers de T

//

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

55 000

06 07 08 09 10

Patates sucrées

Milliers de T

//

15 000

16 000

17 000

18 000

19 000

20 000

21 000

06 07 08 09 10

Aubergines

Milliers de T

//

3 000

3 250

3 500

3 750

4 000

4 250

4 500

06 07 08 09 10

Okras

Milliers de T

//

5 500

5 750

6 000

6 250

6 500

6 750

7 000

06 07 08 09 10

Rapinis

Milliers de T

//

+18 %

+75 % +99 %

+24 %

+12 %

+8 %



La part des importations de certains légumes ethniques ou catégories pouvant inclure des légumes ethniques sur l’ensemble des importations de légumes frais au Canada atteint 16 % en 2010 (Figure 2.5). Une part en augmentation depuis 2006, alors qu’elle atteignait 13 %.

Figure 2.5 Part des importations canadiennes de certains légumes sur l’ensemble

des importations de légumes frais, en tonnes, Canada, 2010


Depuis 2012, des nouveaux codes tarifaires de légumes ont été ajoutés, ce qui permettra de suivre l’évolution de ces importations plus en détail. Parmi les codes désagrégés, auparavant inclus dans les légumes non spécifiés, on trouve les ignames, les colocases, les courges, citrouilles et calebasses et les yautias.

Pour la première moitié de 2012, les importations de ces quatre catégories de légumes ethniques s’élèvent à un peu plus de 35 000 tonnes.

27 500 tonnes de courges, citrouilles et calebasses, dont les deux tiers sont en provenance du Mexique.

6400 tonnes d’ignames, surtout en provenance des États-Unis.

1100 tonne de colocases, principalement de la Chine.

Un peu plus de 60 tonnes de yautias, exclusivement du Mexique.

La plupart des légumes ethniques importés au Canada, comme les légumes traditionnels, arrivent des États-Unis. Le Mexique et la République Dominicaine figurent parmi les autres pays exportateurs, de même que la Chine et le Costa Rica.

Choux chinois1,8%

Aubergines1,2%

Choux-raves0,7%

Okras0,2%

Rapinis0,4%

Patates sucrées

3,1%

Légumes non spécifiés

8,7%

Autres84,0%



LITTLE BEAR : TOUTE UNE GAMME DE PRODUITS EXOTIQUES

Little Bear est une gamme de produits distribuée par l’entreprise J and D Produce, un grand producteur de légumes et de melons du Texas. Little Bear inclut toute une panoplie de légumes et d’herbes exotiques. Selon des acheteurs (grossistes et détaillants) interrogés, les forces principales de Little Bear sont son offre diversifiée, son marketing agressif et ses produits attrayant, notamment sur le plan de l’emballage4.

2.3 COÛTS DE PRODUCTION ET PRIX

Connaître les prix auxquels sont vendus les produits sur le marché du détail est un bon point de départ pour mesurer les risques pour les producteurs (FarmStart tiré de Kelleher et al. 2008). Il importe également de connaître les prix d’importation des produits visés, soit la concurrence à laquelle devront se mesurer les producteurs locaux. Encore là, les données sont toutefois peu nombreuses pour faire un exercice exhaustif d’analyse des prix.

Les données de prix de gros publiées sur InfoHort5 sont très partielles et souvent interrompues dans le temps. Elles correspondent généralement à des unités ou des lots de tailles variées, de provenance et de qualité différentes. Elles peuvent servir de référence mais doivent être interprétées prudemment.

En Ontario, il n’existe pas non plus de suivi de prix formel. Les professionnels du Vineland Innovation and Research Centre ont utilisés différents moyens pour connaître les prix sur le marché : relevés en magasins, visites au Ontario Food Terminal, informations tirées des détaillants.

Au début des années 2000, le CREDETAO a mis sur pied un projet, en collaboration avec la MAPAQ, pour évaluer la faisabilité et la rentabilité de légumes exotiques produits au champ pour la région de l'Outaouais. Les résultats, obtenus à partir d’essais chez deux producteurs et sur de petites superficies ont permis de calculer des budgets de production. Cependant, ces chiffres restent très partiels, presque anecdotiques.

Les prix à l’importation, qui doivent aussi être utilisés à titre indicatif, sont présentés à la Figure 2.6. Ils correspondent à la quantité totale importée divisée par la valeur de ces importations.

La valeur unitaire des patates sucrées a diminuées entre 2006 et 2010 alors que tous les autres légumes présentés ont connu une hausse de la valeur du kilogramme de produit importé.

4 Le site Internet de la compagnie n’était pas fonctionnel. Des communications ont été établies auprès de l’entreprise afin d’obtenir davantage d’information, mais sans succès.

5 « Système de collecte et de diffusion de données dynamique, qui a été conçu pour fournir des données récentes et historiques sur les marchés des produits horticoles partout au Canad ». InfoHort, Sommaire annuel des prix quotidiens du grossiste au marché de détail http://www4.agr.gc.ca/IH5_Reports/faces/cognosSubmitter.jsp?lang=f&report=15

Coriandre – Roquette – Moutarde frisée – Daïkon – Chou-rave – Chou kale – Fenugrec – Bette à carde – Etc.



À titre de comparaison, le prix unitaire de l’ensemble des carottes et du chou-fleur et brocoli importés au Canada atteignait en 2010 respectivement 1,06 $/kg (hausse de 13 % depuis 2006) et 1,03 $/kg (hausse de 11% depuis 2006), soit des valeurs unitaires avoisinant celles des patates sucrées, choux chinois et aubergine.

Figure 2.6 Valeur unitaire des importations de certains légumes, Canada, 2006 à 2010


0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

Patatessucrées

Choux chinois Aubergines Rapinis Choux-raves Okras

$/kg

06 08 10 06 08 10 06 08 10 06 08 10 06 08 10 06 08 10

-18 % +17 % +3 %

+7 % +52 %

+15 %



À RETENIR

Peu de données permettent de documenter adéquatement la production de légumes ethniques au Québec, néanmoins certains de ces légumes affichent une croissance marquée.

L’importation de légumes pouvant être classifiés comme ethniques est en hausse au Canada. Ce phénomène sera d’autant mieux capturé dans les années à venir avec l’ajustement apporté aux statistiques commerciales. Cet ajustement statistique reflète d’ailleurs l’importance prise par le créneau ethnique.

Des produits concurrents sont déjà bien établis sur le marché avec une offre diversifiée.

Outre la relative nouveauté du marché, des barrières agronomiques et techniques (semences, réglementation, produits phytosanitaires, expertise) ralentissent le développement de la production de légumes ethniques à l’échelle commerciale au Canada.

Le manque d’informations sur les prix et les coûts de production des légumes ethniques représente aussi un frein pour les producteurs agricoles, alors qu’il s’agit de données de base sur lesquelles ces derniers doivent prendre leurs décisions d’affaires.

Néanmoins, l’Ontario se positionne de manière novatrice dans le créneau des légumes ethniques et soutien ses producteurs maraîchers intéressés à investir le marché.

Quelques producteurs québécois ont une offre de légumes ethniques, soit en complément de légumes plus traditionnels ou encore en desservant uniquement ce créneau, vers l’exportation ou les chaînes d’alimentation.



3. DU CÔTÉ DE LA DEMANDE

Si la demande en légumes ethniques au Québec provient naturellement d’abord des communautés ethniques immigrantes, il ne faut pas négliger les autres consommateurs québécois. Il s’agit d’un marché potentiel important que les producteurs maraîchers doivent considérer pour atteindre un certain volume.

3.1 LA CONSOMMATION DE LÉGUMES

La consommation per capita de légumes a peu augmenté au Canada6 depuis 2000. En effet, entre 2000 et 2011, la consommation par personne de légumes frais, excluant les pommes de terre, s’est accrue de 8,5 %, passant de 71,2 kg par personne par année en 2000 à 77,3 kg en 2011. En considérant tous les légumes, frais et transformés, on observe tout de même une diminution de près de 7 % de la consommation par personne entre 2000 et 20107.

Certains légumes ont pourtant vu leur consommation par personne augmenter considérablement entre 2000 et 2011. Parmi ces derniers, neuf des onze premiers peuvent être considérés comme des légumes ethniques ou pouvant inclure des légumes non conventionnels. L’augmentation de la consommation per capita de ces légumes est montrée à la Figure 3.1.

Bien que la consommation de ces légumes ait augmenté, il faut tout de même rappeler qu’en quantité, ils ne représentent qu’une faible part de l’ensemble des légumes frais consommés. Si la consommation de carottes, de tomates et de brocoli atteint respectivement 8,63 kg, 8,19 kg et 2,37 kg par habitant par année en 2011, le chou chinois et le chou-rave ne comptent par exemple que pour 0,91 kg et 0,37 kg.

6 Les données de consommation apparente ne sont pas disponibles par province.

7 Statistique Canada, Tableau 002-0019.



Figure 3.1 Augmentation de la consommation per capita de certains légumes frais,

Canada, entre 2000 et 2011

* : Somme de tous les légumes frais, excluant les pommes de terre. Source : Statistique Canada, Tableaux 002-0011.

Par rapport à la moyenne canadienne, le Québec pourtant semble afficher un profil quelque peu différent du reste du pays en ce qui concerne la consommation des fruits et légumes.

C’est ce que laissent sous-entendre les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui démontrent qu’en 2011, une part plus importante de gens consomment des fruits ou des légumes cinq fois ou plus par jour au Québec (47,3 %) que dans l’ensemble du Canada (40,7 %) et en Ontario (38,9 %) (Figure 3.2). Le Québec est d’ailleurs la province où le taux de consommation de fruits et légumes cinq fois ou plus par jour est le plus élevé au Canada.

Par contre, cette proportion est inférieure pour la région de Montréal. En effet, entre 2002 et 2007, on estimait que seulement 30 % des Montréalais (34 % pour les femmes et 35 % pour les hommes) consommaient des fruits et légumes cinq fois ou plus par jour (ASSSM 2009). Cette proportion ne variait pas en fonction de la langue maternelle des répondants.

8,5%

38% 40% 42%53% 57%

80%

148%164%

178%

Légumesfrais*

Okra Chouchinois

Panais Radis Citrouilleet courge

Manioc Patatesucrée

Chou-rave

Autreslégumesracines



Figure 3.2 Taux de consommation de fruits et légumes (5 fois ou plus par jour),

Québec, Canada et Ontario, 2011

* : Source différente pour Montréal (ASSSM 2009).

Source : Statistique Canada, Tableau 105-0503 et ASSSM 2009, pour Montréal.

S’intéresser aux dépenses alimentaires est une autre façon d’apprécier le poids accordé à la consommation de légumes. Au Canada en 2010, les dépenses alimentaires comptent pour 10,5 % des dépenses totales des ménages, alors qu’elles atteignent 11,6 % au Québec8. Des dépenses alimentaires, la part consacrée aux légumes correspond à 7,8 % pour l’ensemble du Canada9 (5,6 % pour les légumes frais)10. C’est très peu en comparaison de ce qu’on observe chez certaines communautés ethniques :

En effet, une étude effectuée en Ontario démontre que la grande majorité des immigrants (chinois, sud-asiatiques et afro-caribéens) consacrent plus de 15 % de leur revenu aux dépenses alimentaires (FarmStart 2008).

Du montant total des dépenses alimentaires, les Afro-caribéens, les Sud-asiatiques et les Chinois consacrent respectivement 18 %, 30 % et 39 % aux dépenses pour les légumes.

3.1.2 LES IMMIGRANTS

La grande majorité des immigrants admis au Québec projettent de s’installer dans la région de Montréal (Figure 3.3). En effet, en 2011, ceux-ci comptaient pour 70 % des immigrants admis dans l’année.

Pourtant, cette part tend à diminuer depuis les dernières années, alors qu’elle atteignait 74 % en 2008. Il y a eu un déplacement principalement vers les régions de Laval (7 % des immigrants admis) et de la Montérégie (9 % des immigrants admis).

8 Statistique Canada, Enquête sur les dépenses des ménages, CANSIM 203-0021.

9 Les données de dépenses alimentaires consacrées aux légumes ne sont pas disponibles par province.

10 Statistique Canada, Enquête sur les dépenses des ménages, CANSIM 203-0028.

47,3% Québec40,7%

Canada38,9%

Ontario

30%

Montréal*



En comptant ces trois régions qui forment la grande région de Montréal (Montréal, Laval et la Montérégie), on retrouve 86 % des immigrants installés au Québec en 2011.

La Capitale-Nationale est également une région choisie, pour un peu plus de 4 % des immigrants en 2011.

Figure 3.3 Immigrants admis selon la région projetée de destination, Québec, 2007 à 2011

Source : Ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec, 2012.

En 2011, le tiers des immigrants admis au Québec étaient nés en Afrique (Figure 3.4). Pour la même année, presque autant d’entre eux venaient d’Asie (28,1 %) alors qu’un peu moins du quart (23,4 %) étaient natifs d’Amérique.

C’est de l’Afrique du Nord que provient la plus importante (21 %) part des immigrants admis au Québec en 2011, suivi par les Antilles (12 %) et l’Asie orientale (10 %).

Seulement 15,3 % des immigrants admis en 2011 au Québec arrivaient d’Europe, ce qui représente une baisse par rapport à 2007 (21,0 %). Cette diminution a été essentiellement compensée par l’immigration d’origine africaine.

73 % 74 % 72 % 72 % 70 %

27 % 26 %28 %

28 %30 %

45 201 45 19849 488

53 98251 737

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

2007 2008 2009 2010 2011

Montréal Autres régions



Figure 3.4 Répartition des immigrants admis selon le continent et la région de naissance,

Québec, 2011

2007 2011

AFRIQUE AMÉRIQUE ASIE EUROPE

Source : Ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec, 2012.

Entre 2000 et 2009, les principaux pays dont sont originaires les immigrants du Québec sont : l’Algérie (9,3 %), le Maroc (8,8 %), la France (7,9 %), la Chine (6,2 %), la Roumanie (4,8 %) et la Colombie (4,7 %).

Laval compte aussi parmi ces immigrants bon nombre de Libanais (10,1 %).

FACTEURS D’INFLUENCE

La demande pour les légumes exotiques par les communautés ethniques dépend largement des caractéristiques de ces populations immigrantes et du degré de maintien des traditions culturelles, sous-entendues ici les habitudes alimentaires (AAC 1994 tiré de Kelleher et al. 2008).

Afrique29,4%

Amérique 22,3%

Asie27,2%Europe

21,0%

Océanie0,1%

Afrique33,0%

Amérique 23,4%

Asie28,1%Europe

15,3%

Océanie0,1%

5% 3%

21%

4%

Occ

iden

tale

Ori

enta

le

Du

No

rd

Cen

tral

e

Mér

idio

nal

e

0,1%2% 3%

8%12%

Du

No

rd

Cen

tral

e

Du

Su

d

An

tille

s

6% 5%

10%

4% 2%

Mo

yen

-Ori

ent

Ou

est

et c

entr

ale

Ori

enta

le

Mér

idio

nal

e

Du

Su

d-E

st8% 7%

1%

Ou

est

et n

ord

Ori

enta

le

Mér

idio

nal

e



« En général les immigrants ne sont

pas satisfaits de l’offre de légumes

au Québec. Ils trouvent que les

légumes ont très peu de goût,

même ceux qui sont importés de

leur pays d’origine. Et si les légumes

sont trop esthétiques,

ils trouvent ça louche ».

Parmi les éléments qui peuvent avoir un impact sur la demande en produits alimentaires, on note le revenu. À ce titre, le Tableau 3.1 présente le revenu médian en 2006 au Québec, selon l’origine ethnique.

Mis à part les individus d’origine française, les immigrants issus des communautés culturelles les plus présentes ont un revenu médian plus faible que les Québécois. Considérant cet aspect, il n’est pas surprenant que le prix soit un des critères d’achat les plus importants, particulièrement pour les consommateurs d’origine chinoise (FarmStart 2008). L’importance du prix, du bas prix, a d’ailleurs été unanimement soulignée par les détaillants et courtiers rencontrés comme étant un critère incontournable pour desservir les marchés ethniques, en particulier asiatique.

Notons aussi que pour les régions de Montréal et Longueuil, l’immigration de type économique11 dépasse la moyenne québécoise (respectivement 61,5 % et 61,8 % contre 58,7 % en moyenne entre 2000 et 2009). Cette catégorie d’immigrants dispose à première vue d’un revenu disponible plus élevé que les autres.

Tableau 3.1 Revenu médian selon l’origine ethnique, Québec, 2006

Revenu médian1

Toutes origines ethniques 24 430 $

Québécois 23 001 $

Français 25 855 $

Roumain 20 725 $

Libanais 17 586 $

Marocain 16 370 $

Algérien 16 240 $

Chinois 15 196 $

Colombien 13 733 $

1 : Données pour la population active, 15 ans et plus, selon le revenu total.

Source : Statistique Canada, Recensement de la population 2006, Nº au catalogue : 97-564-XCB2006007 – Origine ethnique et minorités visibles

D’après la recherche menée par Adekunle et al. (2010), la plupart des immigrants (d’origine chinoise, afro-caribéenne et sud-asiatique) consomment une quantité considérable de légumes, avant tout pour des raisons de santé.

Une des principales qualités recherchées est la fraîcheur du produit et elle influence la volonté de payer des acheteurs. La qualité et le goût y sont de toute évidence reliés. Une recherche menée au

11

Immigrants qui ont été sélectionnés en raison de leurs caractéristiques socioprofessionnelles, de leurs compétences et de leur capacité à contribuer à l'économie. Ils doivent se destiner à une activité économique : selon le cas, occuper un emploi, gérer une entreprise ou investir. (Source : Ministère de l’immigration et des Communautés culturelles Québec)



Québec confirme l’importance de ces critères : au-delà de l’apparence esthétique, très importante pour les québécois de souche, les immigrants accordent eux davantage d’importance au goût (Girard 2009b).

Le fait que les légumes soient cultivés localement (c’est-à-dire dans le pays d’accueil) n’a pas d’influence significative sur la volonté de payer des consommateurs ethniques. Au contraire, cela semble parfois nuire à la perception de qualité du produit : l’original, produit dans le pays d’où provient l’immigrant, est perçu comme meilleur que celui cultivé ailleurs.

Si les consommateurs natifs d’ici valorisent l’achat local, les Afro-Caribéens et les Sud-Asiatiques démontrent une préférence pour les produits qui proviennent de leur pays d’origine (Vineland 2012).

Mais ce constat ne fait pas l’unanimité chez les chercheurs. Selon Girard (2009b), la provenance viendrait au dernier rang des critères d’achat des communautés immigrantes du Québec.

L’ACCULTURATION ALIMENTAIRE

L’acculturation alimentaire est un phénomène d’adaptation, qui fait référence au développement de nouvelles habitudes alimentaires locales et à l’abandon de certaines autres traditionnelles (Pillarella et al. 2007). Selon Girard (2010) « les immigrants demeurent profondément attachés à leur style alimentaire prémigratoire, peu importe le pays d’origine, le statut socioéconomique, le temps écoulé depuis la migration ou la composition de l’unité domestique de consommation. »

Pourtant, chez certains immigrants (maghrébins), les plats traditionnels sont relégués aux fêtes et aux événements à caractères religieux (Girard et Sercia 2009a). Les enfants, surtout ceux nés ici, n’apprécient que modérément les plats traditionnels et préfèrent souvent les aliments consommés par les pairs (Girard 2010).

Selon l’Ethnic Canadian Dietary Acculturation Scale12, une échelle développée par Adekunle et al. (2011) pour mesurer le degré d’acculturation alimentaire des immigrants canadiens, les Afro-Caribéens présentent le plus haut niveau d’acculturation et sont plus susceptibles de substituer les légumes ethniques par des variétés traditionnelles que les chinois ou les sud-asiatiques (FarmStart 2008).

De leur côté, Pillarella et al. (2007) mentionnent que les immigrants ouest-africains sont faiblement acculturés et conservent en grandes partie leurs habitudes alimentaires d’origine, même après plusieurs années.

Les immigrants ouest-africains cherchent à se procurer leurs aliments traditionnels, même s’ils sont plus chers, moins frais, moins savoureux et de moins bonne qualité (Pillarella et al. 2007).

12

L’échelle utilisée pour mesurer le degré d’acculturation des immigrants comporte sept affirmations et une échelle à cinq niveaux du type tout-à-fait d’accord, d’accord, indifférent, en désaccord et totalement en désaccord. Les affirmations sont les suivantes : I enjoy speaking English; Most of my friends are outside my ethnic group; I enjoy English-language movies and TV programs; I learn a lot from people outside my ethnic group; I welcome most of the values held by people outside my ethnic group; I have difficulty accepting most of the values held by my ethnic group; I prefer foods that are not my ethnic food. (Source : Adekunle et al 2011)



La disponibilité des aliments africains et tropicaux est un facteur qui joue en faveur du maintien des habitudes alimentaires (Pillarella et al. 2007).

Les habitudes d’achat changent également avec le pays d’adoption. Les courses, qui se faisaient quotidiennement dans le pays d’origine, se font ici une fois par semaine, dans les grandes surfaces et dans les épiceries spécialisées, pour des produits spécifiques tels les légumes (Girard et Sercia 2009b).

Dans la communauté asiatique, les épiceries détenues par les congénères sont la principale source d’approvisionnement pour les aliments spécialisés (FarmStart 2010).

Les Afro-Caribéens s’approvisionnent quant à eux plus souvent au supermarché grand public, suivi de leurs épiceries ethniques (Adekunle et al. 2011).

Ils fréquentent également les épiceries asiatiques, où ils peuvent trouver des légumes qui ressemblent à ceux qu’ils consomment traditionnellement.

Mais selon Girard (2009), les immigrants interrogés au Québec fréquentent d’abord les grandes surfaces et ensuite les épiceries spécialisées pour y trouver des produits plus spécifiques.

Govindasamy et al. (2006) rapporte les résultats d’une enquête auprès d’immigrants américains d’origine asiatique (Chinois, Indiens, Coréens) concernant leurs habitudes d’achat :

Plus de la moitié des consommateurs font leurs achats d’aliments ethniques une fois ou plus par semaine.

Les trois quarts d’entre eux s’approvisionnent à plus d’un magasin pour ces achats.

Plus des trois quarts des consommateurs ont accès à une épicerie ethnique à l’intérieur d’un rayon de 32 kilomètres.

Les immigrants afro-caribéens semblent très dédiés à leur pays d’origine. Par exemple, l’achat de produits alimentaires devient une façon de contribuer à l’économie de leur pays d’origine (FarmSmart 2010).

Une des façons de tirer avantage de ce comportement peut être d’impliquer des membres de la communauté dans la production agricole locale des légumes en question. C’est en même temps un moyen fort de profiter positivement de l’expérience et des connaissances de ces immigrants en matière de choix de cultures et de méthodes de production, tout en contribuant à leur intégration.

La Coopérative des maraîchères africaines au Québec en est un exemple probant (voir l’encart suivant).



UNE INITIATIVE COMMUNAUTAIRE

Christine Pumbu, originaire de la République démocratique du Congo, a mis sur pied la Coopérative des maraîchères africaines au Québec (CMAQ). Ce projet, qui avait et a encore l’objectif principal de contrer la précarité sociale et financière des femmes immigrantes, est une coopérative de travail vouée à la culture maraîchère ethnique. Avec l’aide du Centre de développement régional (CDR) Montréal-Laval, le groupe s’est installé sur un terrain à Laval et a réussi à trouver du financement pour louer et acheter les équipements nécessaires à la production. Non seulement la CMAQ a réussi à produire des semences mais elle a aussi pu démontrer que les rendements peuvent être bons. Les femmes cultivent amarantes, oseille, patate douce, morelle, etc. Elles souhaitent mécaniser leurs opérations, notamment pour la fertilisation et l’irrigation, trouver un local et le nécessaire pour le conditionnement et la livraison et signer des ententes avec des grossistes.

3.1.3 LES QUÉBÉCOIS DE SOUCHE

Bien que les immigrants forment la base naturelle de la demande pour les légumes ethniques, les consommateurs locaux, avec la mondialisation et la démocratisation de la cuisine gastronomique, représentent une clientèle à ne pas négliger (Coupe 1996 tiré de Kelleher et al. 2008).

L’augmentation du nombre de voyageurs internationaux (canadiens) depuis les dernières années contribue à créer un engouement pour les aliments ethniques (Nawaratne 2012).

Toutefois, les Canadiens d’origine, en comparaison avec les immigrants, connaissent très peu les légumes exotiques (IR 2012). À titre d’exemple:

76 % des Canadiens n’ont jamais goûté l’okra, alors que 25 % des sud-asiatiques en mange plus d’une fois par mois.

62 % des Canadiens n’ont jamais essayé l’aubergine asiatique (long purple eggplant).

En plus de la demande locale, le marché américain, de par sa proximité et sa population largement multiethnique, représente un marché potentiel intéressant (Nawaratne 2012).



LE CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE : LA TOILE DE FOND QUI FAÇONNE LES HABITUDES ET

COMPORTEMENTS DE CONSOMMATION

Certains éléments du contexte socio-économique et démographique québécois peuvent avoir une influence sur les habitudes et les comportements de consommation de la population, immigrante ou non :

Le vieillissement de la population et la préoccupation santé

Les baby-boomers, qui comptent aujourd’hui pour près du tiers des Québécois, tiennent à rester jeunes et en santé, ce qui influencent leurs choix en matière d’alimentation.

Les préoccupations en matière de santé sont d’ailleurs bien présentes chez les Québécois, que ce soit au niveau de la forme physique, du niveau de stress, de la perte de poids ou de l’incidence des maladies non transmissibles.

La présence accrue des femmes sur le marché du travail : plus de revenu, mais moins de temps

Les tâches liées à la préparation des repas sont maintenant une affaire de famille, dans laquelle les hommes sont de plus en plus impliqués.

Le temps alloué à la préparation des repas est diminué et les plats préparés font partie du quotidien de beaucoup de familles.

La place de l’alimentation dans l’espace « culturel » : quand cuisiner devient tendance

Les émissions de cuisine occupent massivement l’espace télévisuel. Il y a un engouement pour le cocooning et les repas de fêtes à la maison. Les ventes de livres de recettes ont augmenté et les chefs sont devenus des vedettes.

Les préoccupations écologiques : a priori, favorables aux légumes produits localement

Les consommateurs sont de plus en plus avertis en ce qui concerne les impacts environnementaux de leurs choix alimentaires :l’empreinte carbone, les kilomètres alimentaires, les lundi sans viande, l’agriculture biologique et le commerce équitable sont des arguments et des modes qui prennent de plus en plus de place dans l’espace commercial.

Source : Tirés en partie du document du MAPAQ (2009).



En juillet 2009, Loblaws a acheté les

supermarchés T&T, une importante chaîne d’alimentation canadienne

spécialisée dans les produits asiatiques. La transaction, d’une valeur de 225

millions de dollars comprenait l’achat de 17 magasins répartis en Colombie-

Britannique, en Alberta et en Ontario, de même que quatre centres de distribution.

Au moment du transfert, T&T avait déclaré des ventes annuelles

de plus de 500 millions de dollars.

3.2 LES DÉTAILLANTS

Les grands distributeurs s’intéressent de plus en plus à la demande pour les légumes ethniques. C’est le cas de Walmart et de Sobeys, avec sa bannière Fresh Co, où l’on retrouve des produits ethniques frais (voir l’encadré ci-contre). Metro s’est porté acquéreur de la moitié des parts des Marchés Adonis en 2011. C’est aussi ce sur quoi Loblaws a décidé de miser dans les dernières années, en faisant des aliments ethniques un de ses créneaux majeurs.

CHEZ LOBLAWS13, 14

Loblaws a récemment désigné Vicente Trius à la présidence de la compagnie, une nomination qui n’est pas étrangère à la connaissance que détient ce dernier du marché international. Ce joueur de la distribution a identifié le marché ethnique comme une opportunité et souhaite se positionner comme le numéro un de ce segment au Canada. Selon des chiffres de la CIBC World, 70 % de l’augmentation des dépenses dans la prochaine décennie viendrait des minorités visibles. Ci-contre, un comptoir de légumes ethniques chez un marchand Loblaws.

13

Strauss, M., « Ethnic consumer the goal for new Loblaw president », Globe and Mail, 24 février 2011, http://www.theglobeandmail.com/globe-investor/ethnic-consumer-the-goal-for-new-loblaw-president/article578346/

14 News Wire, « Loblaws to acquire T&T Supermarket, Canada’s largest Asian food retailer, 24 juillet 2009, http://www.newswire.ca/fr/story/562169/loblaw-to-acquire-t-t-supermarket-canada-s-largest-asian-food-retailer

Photo : CIReport

Photo : IgoUgo, Panda2

Karella ou melon amer, Fresh Co., ON.

Chou kale, Walmart, US.



La distribution alimentaire, tant au Québec qu’au Canada, s’est grandement concentrée dans les dernières années.

Au Canada en 2011, plus des trois quarts des parts de marché étaient détenues par quatre groupes (MAPAQ 2012). Au Québec en 2010, les trois plus importants distributeurs alimentaires détenaient 68 % des parts de marché (MAPAQ 2010).

Au Québec, les deux tiers des parts de marché appartiennent à des commerces indépendants, principalement associés à une chaîne.

À l’inverse, dans les autres provinces, les deux tiers et plus des parts de marché de la distribution alimentaire sont entre les mains de commerces intégrés.

L’une ou l’autre des situations peut avoir des avantages :

Un distributeur indépendant bénéficie souvent de plus de latitude quant au choix de ses fournisseurs ou de l’éventail des produits vendus. Ceci peut permettre à de plus petits fournisseurs (ex. producteurs agricoles) de pénétrer un marché local.

Un distributeur intégré doit appliquer les règles d’approvisionnement imposées par la maison mère. Ainsi, advenant la mise en place d’un projet de promotion d’un type de produits en particulier (ex. produits locaux ou biologiques), tous les établissements doivent s’y conformer. Ils bénéficient alors d’une visibilité toute particulière pour les produits en question et éventuellement, d’un achalandage accru.

Au Québec, on trouve différents types d’établissements qui vendent des aliments, dont les supermarchés, les autres épiceries, les fruiteries et les autres magasins d’alimentation spécialisés qui sont susceptibles de vendre des légumes ethniques.

Au Tableau 3.2, on constate que le nombre total d’établissements a diminué au Québec, de même que le segment particulier des fruiteries, entre 2007 et 2009.

Seule la région de la Montérégie montre une croissance des établissements visés, dû à l’augmentation des autres magasins d’alimentation spécialisés. C’est d’ailleurs la seule catégorie de magasins d’alimentation présenté ici qui présente une croissance entre 2007 et 2009, et ce dans les quatre régions.



« Dans tout le réseau, on

vend une dizaine de

caisses d’aubergines

chinoises par semaine

contre 4000 caisses de

brocoli, 20 000 quand il

est en spécial. Les

légumes ethniques, ce

sont des petits volumes.»

Tableau 3.2 Nombre d’établissements de vente d’aliments au détail, certains types,

certaines régions, Québec 2007 et 2009

Montréal Laval Montérégie Total Québec

2007 2009 2007 2009 2007 2009 2007 2009

Supermarchés1 147 140 34 35 152 152 804 804

Autres épiceries 238 218 15 13 90 89 1061 995

Fruiteries 106 78 8 5 48 37 245 194

Autres magasins d’alimentation spécialisés2

622 633 62 64 271 291 1751 1779

Total 1113 1069 119 117 561 569 3861 3772

1 : Vastes magasins (10 000 pieds carré et plus), qui comptent au moins cinq rayons de base (épicerie, viandes, fruits et légumes, produits laitiers et produits non alimentaires).

2 : Magasins d’alimentation spécialisés autres que les boucheries, les fruiteries et les poissonneries.

Source : MAPAQ, Bottin statistique de l’alimentation, édition 2010, 2010.

Les rencontres avec les trois principales chaînes d’alimentation présentes au Québec ont confirmé que pour les trois joueurs, le marché ethnique est pris au sérieux, bien qu’il représente encore un créneau relativement marginal. Dans le département des fruits et légumes par exemple, la part du chiffre d’affaires représentée par les légumes ethniques varie de 1 à 2,5 % selon les chaînes. Les bannières ont néanmoins un acheteur dédié à ce créneau et sont à l’affût des tendances. Elles insistent aussi sur le fait que les critères exigés aux fournisseurs de légumes traditionnels s’appliquent tout autant aux légumes ethniques : salubrité, volume, qualité, fiabilité commerciale.

Dans l’étude conduite par FarmSmart en 2010 en Ontario auprès de détaillants ethniques, ces derniers ont classé en ordre d’importance les caractéristiques des produits sur lesquelles ils prennent leurs décisions d’achat. Peu importe leur origine ethnique, ils ont tous placé la fraîcheur du produit en premier lieu, suivi du prix, de la constance dans l’approvisionnement.

Les détaillants de la communauté chinoise ont placé, en plus du prix, le goût en deuxième degré d’importance.

Il semble que certains détaillants (chinois), acheteurs de légumes exotiques, s’attendent à ce que les prix des produits locaux soient moins élevés que les importations, à tout le moins compétitifs, à l’exception de certaines spécialités saisonnières (FarmStart 2010).

Pour les supermarchés, le fait d’être un produit local ou biologique n’est pas considéré comme étant gage de qualité des légumes ethniques (Nawaratne 2012).

Si les commerçants démontrent un intérêt pour les produits locaux, c’est à condition qu’ils soient vendus au même prix que les produits importés (Belleau 2007).



Outre ces canaux plus traditionnels de la grande distribution, la mise en marché des légumes ethniques se fait également par des circuits courts tels que les marchés publics. Il s’agit alors généralement de plus petits volumes à écouler.

L’achat direct chez le producteur par les détaillants est plus fréquent dans la communauté chinoise et sud-asiatique que chez les Afro-caribéens (FarmStart 2010). De plus, ces derniers font rarement affaire avec des distributeurs et préfèrent s’approvisionner eux-mêmes (ou par l’intermédiaire d’un agent) au marché central (FarmStart 2008).

Dans l’étude de marché conduite par Belleau (2007), les épiciers et les restaurateurs asiatiques ont dit quant à eux préférer s’approvisionner auprès de distributeurs, notamment à cause de leur facilité d’accès et leur service de livraison.

Le tableau suivant présente un résumé des exigences et des particularités de différents canaux de commercialisation pour les légumes ethniques, tels qu’exprimés par les acheteurs et les producteurs interrogés dans le cadre de cette étude.

Tableau 3.3 Exigences et particularités des différents canaux de commercialisation

Grande distribution Épiceries ethniques

(et restaurateurs) Exportation

Importance de l’emballage,

de la présentation

Exigences à respecter

(Canada GAP, prix, qualité)

Volumes marginaux

Offre déjà comblée…mais

suivent les tendances

culinaires

Créneau potentiel de moyen

long terme

Nécessité de regrouper

l’offre

Emballage minimal, peu

sensible à la présentation

Acheteurs de prix - peu de

place à la valeur ajoutée

Volumes moyens

Relations commerciales déjà

établies avec les grossistes

S’approvisionnent souvent à

l’extérieur de la province

Barrière culturelle majeure

(relations commerciales)

Compétition féroce par

l’Ontario et les É-U

Exigences à respecter (GFSI,

prix, qualité)

Potentiel de volumes

Intérêt pour ceux déjà

familier avec les démarches

d’exportation

Ainsi, selon le canal de commercialisation ciblé, les actions et les stratégies à déployer par les producteurs sont différents. Les grandes chaînes d’alimentation par exemple demandent des produits bien emballés et des produits esthétiquement irréprochables, alors que les détaillants ethniques préfèrent du vrac et des produits frais (plus que beau). Les chaînes n’aiment pas multiplier les fournisseurs; idéalement, il faut leur proposer une offre regroupée voire même qui combine les légumes conventionnels et ethniques. Si la grande distribution représente pour le moment un volume marginal, de quelques centaines de boites par semaine, le potentiel est plus grand du côté des épiceries ethniques. Par contre ces derniers ont déjà des relation d’affaires bien établies avec des grossistes, notamment



« La définition du légume

ethnique évolue toujours.

Ce qui était ethnique il y a 5

ans ne l’est peut-être plus

aujourd’hui. Le zucchini gris,

c’est ethnique pour moi,

mais pour combien de

temps encore? ».

situés à Toronto. Une importante barrière culturelle est également présente et il ne faut pas sous-estimer la difficulté à percer ce marché sans la présence d’une personne d’origine ethnique chez les vendeurs. Enfin, l’exportation représente un marché beaucoup plus vaste. Mais comme pour les légumes conventionnels, cela exige de répondre à une série de normes (phytosanitaires, etc.) et surtout de pouvoir être concurrentiel avec une compétition internationale.

3.3 ESTIMATION DE LA VALEUR DES VENTES (AU DÉTAIL)15

Les informations recueillies lors de la revue de littérature et celles provenant des entrevues avec les différents acteurs de l’industrie ne permettent pas d’estimer avec précision l’importance du marché des légumes ethniques dans la grande région de Montréal ni même au Québec. Les grossistes et les détaillants sont restés très frileux à l’idée de quantifier leurs achats. Par ailleurs, la définition même d’un légume ethnique cause problème : elle est évolutive et très personnelle. Par exemple, le rapini et le chou chinois sont considérés par certains acheteurs rencontrés comme des produits devenus communs, de consommation courante, alors que d’autres les classifient toujours comme ethniques. Cela rend d’autant plus difficile la quantification de la demande. Cependant, certaines estimations peuvent être faites et appuyées par des données secondaires. Ainsi, les dépenses alimentaires des québécois en 2011 en légumes frais non spécifiés16 s’élevaient à 241 millions de dollars (MAPAQ, 20110). Rappelons que les gens issus des communautés ethniques consacrent en général une part plus importante de leurs dépenses alimentaires aux légumes que les Canadiens (18 % à 39 % versus 5,6 % au Canada). Ainsi, si les ménages canadiens consacrent 418 $ par année aux légumes frais en 2011 sur un total de 7443 $ de dépenses alimentaires, on peut estimer que les ménages immigrants consacrent quelque 1860 $ en légumes, soit environ 155 $ par mois17. Cette estimation reste cohérente en comparaison avec les résultats de l’étude de Adekunle et al. (2010) qui à la suite d’une enquête auprès des immigrants de la grande région de Toronto révélait que les dépenses mensuelles en légumes des Chinois, des Afro-Caribéens et des Sud-Asiatiques étaient respectivement de 117 $, 68 $ et 156 $. Il importe de rappeler que les dépenses en légumes incluent non seulement des légumes traditionnels mais aussi des légumes ethniques dont la culture est impossible sous le climat

15

Notons que le Vineland Research and Innovation Centre a effectué une vaste enquête auprès des consommateurs de deux États américains et dans certaines provinces canadiennes dont le Québec (n=299). Les résultats devraient être publiés sous peu en début d’année 2013.

16 C’est-à-dire excluant les carottes, le céleri, le maïs, la laitue, les champignons, les oignons, les pommes de terre, les tomates, le chou, le brocoli et les poivrons.

17 Avec l’hypothèse d’une part des dépenses en légumes de 25 % du total des dépenses alimentaires par ménage.



québécois. En ajoutant d’autres hypothèses, liées à la part qui serait réellement consacrée aux légumes ethniques cultivables au Québec, il est possible de donner une fourchette de grandeur représentant le potentiel de ventes annuelles (marché du détail) en légumes ethniques, telle que calculée au Tableau 3.4 : entre 106 et 213 M $.

Tableau 3.4 Évaluation du potentiel de vente en légumes ethniques (vente au détail)

Nombre de ménages

Dépenses alimentaires annuelles estimées

Par ménage1 Total

En légumes totaux En légumes ethniques2

Québécois

de souche et

immigrants

Europe,

États-Unis et

Océanie

3 182 3893 418 $ Si 5 % : 21 $

Si 10 % : 42 $

Si 5 % : 66 830 169 $

Si 10 % : 133 660 338 $

Immigrants4 212 9563 1860 $ Si 10 %: 186 $

Si 20 % : 372 $

Si 10 % : 39 609 816 $

Si 20 % : 79 219 632 $

Tous 3 395 3455 508 $6 [ 31 $ - 63 $ ]6 [ 106 M $ - 213 M $ ]

1 : Statistique Canada, Tableau 002-0011.

2 : En fonction d’un % estimé de consommation de légumes ethniques dont la culture est adaptée au Québec et selon la proportion connue (en consommation par capita) de légumes ethniques vs légumes totaux.

3 : Donnée non disponible en 2011. Estimation en appliquant le pourcentage des ménages immigrants qui prévalait en 2006 (12,8 %), Recensement de la population 2006, tiré de Société d’habitation du Québec, 2010.

4 : Excluant les ménages immigrants des États-Unis, de l’Océanie et de l’Europe, basé sur la proportion de ménages immigrants selon la provenance en 2001, Recensement de la population 2001, tiré de Société d’habitation du Québec, 2005.

5 : Recensement de la population, 2011.

6 : Moyenne pondérée.

LES LÉGUMES LES PLUS PORTEURS

En combinant la littérature consultée sur les diètes alimentaires des communautés ethniques et les propos des détaillants et grossistes interrogés, il est possible d’identifier les légumes ethniques qui semblent les plus porteurs pour les maraîchers du Québec. Le Tableau 3.5 présente une liste non exhaustive des principaux légumes consommés par les différentes communautés culturelles et qui présentent à première vue un potentiel de culture sous notre climat. En gras, sont identifiés les légumes mentionnés plus spécifiquement comme ayant un fort potentiel par les détaillants et grossistes interrogés. Notons que la plupart des intervenants rencontrés ont mentionné que le chou nappa était déjà trop en abondance.



Tableau 3.5 Quelques légumes consommés par différentes communautés culturelles

Chinois Afro-Caribéens/Maghreb/

Moyen-Orient Sud-Asiatiques

Bok Choy (Pak Choy) Okra Okra

Gai Lan (brocoli chinois) Aubergine africaine Aubergine

Aubergine Amarante Melon amer

Choy Sum (chinese greens) Tomate Épinards

Tomate Citrouille et courge Tomate

Chou nappa Haricot long Chou-fleur

Haricot vert Patate sucrée Patate

Céleri chinois Chou Chou – bok choy

Épinards chinois Épinards Coriandre

Daïkon Zucchini gris Haricot vert

Coriandre Chilli vert ou rouge

Melon amer Courge

Sources : entrevues avec détaillants et grossistes, Adekunle et al. 2011, Adekunle et al. 2010, FarmStart 2010.

Une étude sur les « tendances alimentaires au Canada d’ici 2020 » souligne l’influence des préférences alimentaires des immigrants (AAC 2005). En plus des aliments spécifiques consommés par les canadiens d’origines ethniques, la façon de les préparer et les habitudes entourant le moment des repas ont aussi leur part d’influence. Mentionnons par exemple la cuisine széchwanaise dans laquelle les légumes frais font partie de l’alimentation traditionnelle. À l’inverse, en Asie du Sud, les légumes sont rarement consommés frais et plus souvent marinés ou transformés en condiments. Chez les Chinois, il semblerait que le repas du soir soit le plus important de la journée et que les repas de grandes occasions soient plus souvent pris au restaurant qu’à la maison. Si la cuisine asiatique présente des caractéristiques bien définie, il en est tout autrement pour la cuisine africaine. Cette dernière, fortement influencée par la disponibilité des aliments, a été métissée par l’immigration et le commerce européens et orientaux.



À RETENIR

La consommation de légumes est globalement stable au Canada, mais l’engouement pour certains légumes ethniques s’observe.

Il convient de viser les communautés ethniques asiatiques (chinoises en particulier) et de l’Afrique du nord parce qu’elles constituent les principaux groupes installés et les populations immigrantes dominantes au Québec. Par ailleurs, elles conservent davantage leur culture et leurs habitudes alimentaires, favorables à la consommation de légumes.

La demande pour les légumes ethniques n’est pas homogène entre les différents groupes d’immigrants.

Les tendances sociodémographiques au Québec favorisent à certains égards la consommation accrue de légumes (préoccupation santé, immigration, intérêt pour la cuisine) mais présentent également certains freins (moins de temps pour cuisiner).

Alors que les campagnes de promotion pour l’achat local (Aliment du Québec et Les québécois sont meilleurs au goût) se multiplient et bénéficient de soutien à la fois gouvernemental et citoyen, il reste à démontrer que l’argument « local » soit aussi attrayant auprès de la population immigrante.

Les arguments de la fraîcheur et du goût apparaissent plutôt comme les critères de choix sur lesquels miser pour une production locale.

Les grandes bannières de l’alimentation se positionnent dans le créneau ethnique, reflet de l’intérêt maintenant accordé à ce marché.

Il s’agit toutefois pour ces grands détaillants d’un volume marginal et dont la demande est comblée par les fournisseurs actuels.

Les marchés d’alimentation asiatiques offrent traditionnellement des prix très bas, ce qui rend la compétitivité des produits à valeur ajoutée (local, biologique, etc.) plus ardue.

Ce canal de commercialisation est aussi réputé pour être difficile à pénétrer compte tenu de la barrière culturelle. Des relations d’affaires avec des fournisseurs sont également déjà établies.

En se basant sur une série de données statistiques et quelques hypothèses, il est possible d’estimer le marché des légumes ethniques du Québec, soit entre 106 et 213 M $.

Selon les entrevues effectuées et les données disponibles, les légumes suivants seraient les plus porteurs pour les producteurs maraîchers québécois : bok choy (et ses variantes mini, bonsaï, toy, etc.), zucchini gris et autres courges, herbes (coriandre, moutarde, fenouil, etc.), chou plat, aubergine chinoise, patate douce et okra.



4. UNE STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DE MARCHÉ À CULTIVER

Que ce soit lorsqu’il est question de légumes ethniques ou encore de tout autre produit à mettre en marché, le chemin est long entre l’identification d’une opportunité et l’arrivée de l’item sur les tablettes. Dans le cas particulier des légumes ethniques, le potentiel de marché apparaît bien réel, bien qu’encore relativement marginal et en particulier dans la grande distribution. Par ailleurs, selon les personnes interrogées, si les détaillants et la restauration ethniques sont visés, il s’agit d’une relation d’affaires qui doit être longuement préparée et tissée, pour comprendre les « codes » culturels. En ce sens, certaines étapes et actions clés semblent devoir être mises en place pour aborder le marché. En se basant sur l’information obtenue dans la littérature, mais surtout les propos recueillis lors des entrevues, ce chapitre propose au secteur maraîcher des pistes d’actions pour profiter des opportunités que leur offre le marché des légumes ethniques au Québec.

À COURT TERME

Intensifier les liens de recherche agronomique, économique et marketing avec le Vineland Research and Innovation Centre.

Le centre de recherche ontarien possède déjà une très grande expertise en ce qui concerne la production de légumes ethniques. Les résultats des recherches agronomiques qui s’y tiennent pourraient être utiles aux producteurs du Québec, de même que l’expérience acquise par la division de recherche économique et marketing.

Établir des liens d’affaires avec des semenciers situés au Québec ou au Canada pour s’assurer d’obtenir les variétés de légumes ethniques adéquates.

Confirmer le choix des légumes ethniques demandés et quantifier plus formellement les volumes potentiels.

Conduire un enquête auprès des immigrants québécois, en visant en particulier les communautés ethniques identifiées dans la présente étude (asiatiques et nord-africains)

Effectuer des tests de dégustation et des groupes de discussion auprès des natifs. Évaluer la possibilité d’avoir un grand détaillant partenaire pour faire une étude terrain, en magasin.

Doter la filière d’un agent de développement d’origine ethnique dédié aux marchés pour commencer à bâtir une relation commerciale de confiance avec les communautés visées.

Le développement des relations commerciales est un travail de longue haleine et qui doit être débuté longtemps avant la mise en marché des premiers légumes. Il faut que la filière gagne la confiance des détaillants, en particulier si les détaillants ethniques sont ciblés, pour être en mesure d’échanger des informations avec eux et préparer le terrain pour l’offre éventuelle de légumes ethniques locaux.



« Que les légumes

soient ethniques ou

conventionnels, il

n’y a plus de place

pour la médiocrité

en 2012 »

« Le marché asiatique, c’est

contrôlé par des

asiatiques »

« On a engagé quelqu’un d’origine

asiatique pour faciliter les relations

avec les acheteurs »

« Dans les épiceries

chinoises, c’est le prix qui

est le plus important »

« Il faut s’engager à fond dans

la mise en marché de son

produit pour que ça marche »

« Les producteurs doivent

pousser leurs produits,

s’investir à fond dans la

mise en marché, entretenir

leurs relations d’affaires »

« Il faut préparer son

marché avant de se

lancer en production,

questionner ses

acheteurs »

« C’est très difficile

de connaître les prix

sur le marché. Il y a

bien l’Info-prix mais

c’est souvent pour

des petits volumes et

pas représentatif de

la réalité terrain »

« Pour fixer le prix de

nos légumes

exotiques, on

s’enligne sur ceux du

quartier chinois, à

plus ou moins 10

cents »

« On ne veut pas non plus multiplier

le nombre de fournisseurs »

« Nous, on préfère transiger directement avec

des producteurs, pour une question de qualité »

« Nos consommateurs ethniques ne

font aucun cas de la provenance du

produit qu’ils achètent »

« Avec des petits volumes, les

frais et les prélèvements par les

grandes chaînes sont trop

importants pour que ce soit

vraiment rentable. Il faudrait

leur en vendre de bien plus

grandes quantités »

« Si Ricardo cuisine du bok choy,

l’effet sur la demande est immédiat »

« En ce moment, dans les

grandes chaînes, le besoin

est rapidement comblé. Un

fournisseur ne pourrait pas

survivre juste avec le

marché des légumes

ethniques dans les grandes

chaînes »

« Les variétés de

légumes ethniques

sont encore mal

adaptées. Il va falloir

des améliorations

comme on a vu dans le

maïs par exemple »

« C’est plus qu’une question de savoir

produire des légumes ethniques, c’est

une question de savoir les écouler »

« En construisant les relations

avec les détaillants, on a

compris leurs besoins et leurs

exigences en matière de

produits locaux et importés »

DES CITATIONS QUI INSPIRENT ET ORIENTENT LES ACTIONS

Évaluer les coûts de production et le seuil de rentabilité des légumes ethniques les plus prometteurs pour le Québec.

Il apparaît primordial de mesurer les coûts de production afin de savoir si le produit local peut être compétitif par rapport au produit importé.

Bonifier la veille de prix existante (InfoHort d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou Info-Marchés du Conseil Québécois Horticole) pour mieux capturer les prix des légumes ethniques.



À MOYEN ET LONG TERME

Évaluer la possibilité de regrouper l’offre des légumes ethniques produits au Québec (soit en collaboration avec les initiatives déjà existantes, ou avec une autre formule) afin de proposer une offre complète aux grandes chaînes de distribution.

Les grandes chaînes constituent le principal lieu d’achat des fruits et légumes et ce tant pour les Québécois de souches que les immigrants. Certaines d’entre elles préfèrent faire affaire directement avec les producteurs plutôt que de passer par des grossistes. Elles n’aiment pas non plus multiplier leurs nombres de fournisseurs. Il convient donc de les aborder avec du volume et une gamme de produits (à l’instar de Little Bear).

Créer des liens commerciaux avec des détaillants spécialisés, en travaillant sur la qualité du produit, tout en restant compétitif au niveau du prix.

Les détaillants spécialisés représentent un marché alternatif et hétéroclite. Les caractéristiques des produits recherchés par ces détaillants varient grandement en fonction de leur ethnie, leurs habitudes alimentaires, leur volonté de payer. Il est important de développer des relations particulières, presque individuelles avec ces acheteurs. Mais il faut se rappeler qu’ils achètent d’abord un prix.

Établir une stratégie de communication s’adressant aux consommateurs québécois de souche pour stimuler la demande.

La demande par des Québécois de souche reste encore à développer. Les ventes de légumes ethniques par les grands distributeurs sont encore marginales, tel que mentionné, elles représentent souvent à peine 2 % des ventes de fruits et légumes totales.

Le Québécois moyen sait probablement reconnaître le bok choy mais ne sait pas toujours le cuisiner. Alors que certains légumes ethniques comme le chou nappa ou le rapini se trouvent facilement dans les épiceries, d’autres comme le daïkon ou le zucchini gris sont plus rares. À moins de fréquenter des épiceries spécialisées et de poser des questions, le consommateur québécois, bien que curieux, sait rarement comment apprêter ces légumes exotiques.

Très influencés par les émissions de cuisine, les québécois sont fervents des recettes présentées par les chefs vedettes de la télé.

Pour ces raisons, un partenariat avec un porte-parole tel que Ricardo, ou une autre personnalité du monde culinaire, semble crucial pour démocratiser la consommation de légumes ethniques par les Québécois.

À plus long terme, envisager des partenariats avec le secteur de la transformation pour pouvoir conditionner des produits et les offrir à l’année longue (marinés, congelés, en conserve, etc.).



ANNEXE 1 UN GUIDE D’ACHAT DE LÉGUMES ETHNIQUES LOCAUX



UN GUIDE D’ACHAT DE LÉGUMES ETHNIQUES LOCAUX



Source: Toronto Environmental Alliance (TEA), Locally Grown Cultural Food Guides, http://www.torontoenvironment.org/campaigns/greenbelting/foodguide.



ANNEXE 2 LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES



LISTE DES PERSONNES CONSULTÉES

Nom Poste Entreprise

François Lagacé Chef acheteur Sobeys

Yan Branco Responsable de l’approvisionnement Loblaws

Hugo Brien

Josée Houle

Chef acheteur

Directrice négociation centrale

Metro

Richard Duchemin Propriétaire IGA Duchemin, Ville St-Laurent

Guy Milette Acheteur Courchesne Larose

Fernande Bernier

Ritchie Haddad

Acheteurs CanadaWide

Francine Bomben Acheteuse Sami Fruits

Georges Hajj Acheteur fruits et légumes Al Chalal

Michael Brownbriddge

Isabelle Lesschaeve

Directeur de la recherche, production

Directrice de la recherche, marketing

Vineland Research and

Innovation Centre

David Wees Chercheur Université McGill

Julie Nichols Propriétaire Organzo

Gérard Trudeau Propriétaire Fermes Trudeau

Chantale Vaillancourt Propriétaire Ferme Aux Pleines Saveurs, St-

André-Avelin

Stuart Collins Propriétaire Bryson Farms, Shaville

Maryse Harnois Agronome MAPAQ, Outaouais

Sébastien Brossard Agroéconomiste CQH

Bernard Larouche Directeur CREDETAO

Alain Girard Chercheur UQAM

TENTATIVES DE CONTACTS NON COMPLÉTÉS :

Supermarché Kim Phat Marchés Adonis Centre communautaire et culturel chinois de Montréal Centre culturel algérien de Montréal Centre culturel marocain de Montréal Association du commerce et des restaurants chinois du Québec Shreenivas Shellikeri, acheteur, Loblaws



BIBLIOGRAPHIE

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