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CONTES ET LÉGENDES TRADITIONNELS DE L'ÎLE D'YEU

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CONTES ET LÉGENDES TRADITIONNELS DE L'ÎLE D'YEU

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CLAUDE BUGEON

INVENTAIRE ET ÉTUDE CRITIQUE

CONTES ET LÉGENDES TRADITIONNELS

DE L'ÎLE D'YEU (CROYANCES ET RITUELS)

Tradition fictive des légendes islaises Nouvelle version

Éditions du Petit Véhicule

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© Éditions du Petit Véhicule, 2000.

20, rue du Coudray - 44000 Nantes

htfp:l/www petif-vehicule.asso.jr ISBN 2-84273-208-1

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« Le Paradis perdu n'est pas derrière nous, mais devant nous, dans l'avenir. »

J. MARKALE, Merlin l'Enchanteur.

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PRÉSENTATION

Lors de la publication de cette étude en 1996 (à très peu d'exemplaires et hors com- merce), il nous est apparu que certains passages pouvaient être améliorés. Nous en avons profité pour reprendre ici et là le fond et la forme, pour corriger quelques étour- deries mineures, qui s'étaient glissées malgré les relectures, et porter quelques préci- sions, rectifications et ajouts. Ceci nous a conduit à publier cette nouvelle version pour un plus grand public. Nous espérons qu'elle satisfera le lecteur.

Cette étude veut se démarquer des livres édités sur l'île et qui évoquent, de près ou de loin, les contes et légendes « de » l'Île d'Yeu. Nous ne tenterons donc pas d'enrichir l'île de traditions légendaires fictives, comme l'ont fait jusqu'à ce jour, sans analyser, les his- toriens locaux. Notre livre nommé Tout sur l'île d'Yeu, en 1983, s'est suffisamment fait l'écho de l'île rêvée, mais tel était d'emblée son projet, le ton, l'absence totale de biblio- graphie et de références jouaient sur cette « légèreté » de robinsonade. Nos ouvrages phi- losophico-poétiques Vivre l'île d'Yeu et Terre-Mer, tous deux en 1988, voire notre journal Bois de Lune, en 1997, proposèrent aussi une « autre » île, et ce sera encore le cas pour notre prochain livre de photos et de textes : Oia, une île spirituelle. Mais aujourd'hui, comme dans nos inventaires, nous aborderons Yeu plus scientifiquement, avec pour seul souci la quête de la tradition des contes et légendes, de leur ancienneté, de leur ori- ginalité... si, à l'Île d'Yeu, ancienneté et originalité existent bien en la matière.

Cependant, ce serait erreur de vouloir décrypter sous notre plume le désir mesquin de réduire l'île à sa plus simple expression ; la lecture des livres nommés ci-dessus et de nos études patrimoniales chasserait d'ailleurs cette suspicion. C'est tout simple : nous ne voulons pas leurrer le lecteur, d'autant que ce qu'il va découvrir dans cet ouvrage ne tuera pas en lui l'attachement qu'il a pour l'Île d'Yeu. Au contraire ! sa vision de l'île prendra un tour plus réel, une présence accrue, un peu comme cet homme réalisant que la feuille d'arbre décomposée en une fine architecture de nervures révèle, en fait, et

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davantage encore, la nature de son limbe disparu. Ainsi, nous ne confondrons pas l'apparence fluctuante de la grande beauté du monde des phénomènes avec l'illusion intellectuelle toujours prompte à nous égarer.

Tout d'abord, nous définirons succinctement ce que nous entendons pa r « tradi- tions », « croyances », « contes », « légendes », « mythes », car il est impossible d'argumenter et de se comprendre si auteur et lecteur ne parlent pas le même langage. Bien que cer- taines conceptions puissent s'épanouir de façon complexe et extrêmement nuancée, sa- chons que les mots précités ont chacun dans le domaine ethnologique un sens « relati- vement » univoque.

Ensuite nous développerons l'attribution des contes et légendes, les interprétations et les sources possibles, leurs semblables sur le continent. Nous déplairons fatalement à ceux qui veulent auréoler notre havre d'une gloire aussi lumineuse que la légitime as- piration de leurs cœurs. Il sera impossible d'éviter une certaine polémique. Qu'importe ! elle ne sera pas stérile. Alors...

...les pieds sur terre, rêvons ! À l'Île d'Yeu, avril 1999

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PRÉAMBULE

Un débat sur croyance et foi, légendes et mythes, rationnel et irrationnel, deman- derait un ouvrage collectif entier. Tel n'est pas ici notre objet. Nous ne nous attache- rons en préambule qu'à certains éclaircissements.

LA CROYANCE

En latin, le sens de superstition vient du verbe superstare (supersto), et se rapporte au fait de « se tenir, ou d'être placé, au-dessus ». Bien que le développement de ce dernier sens ne soit pas clair, il est généralement admis qu'il donna superstitio, de su- perstes qui signifie « qui survit à »... à la mort grâce à la prière. Nous comprenons donc que ce rapport à la vie post-mortem lie étroitement croyance et superstition. En fait, elles finissent plus ou moins par se superposer. À l'origine, il serait question de la sur- vivance d'une âme ou de celle d'un esprit individualisé, puis, à la longue, de toute ma- nifestation inexplicable qui prête à conjectures. Les conjectures engendrent les croyances, et celles-ci engendrent à leur tour des superstitions ritualisées.

La croyance est irrationnelle mais nous devrions plutôt la qualifier d'a-rationnelle car, au fond, elle ne s'attache pas à une quête philosophique qui estimerait que ration- nel et irrationnel se font mutuellement exister. On croit parce qu'il faut, au moins pas- sagèrement, à tort ou à raison, intellectuellement trancher pour survivre, ne serait-ce que pour agir ou trouver une sorte d'apaisement. Un savoir, même imparfait, enseigne ; et celui qui a trait aux mystères, aux secrets qui ne sont connus que de quelques-uns (le savoir du médecin en fait partie), prend valeur pour tous, devient une référence, contestable ou non, véritable clef permettant de lire le monde de façon plus élaborée, moins incomplète. Il peut devenir une « connaissance ». L'homme croit par condition- nements, mais surtout parce qu'il a eu une ou des expériences directes et troublantes

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qui sont des points de « re-connaissance » de son évolution psychique, comme autant de venues au monde. Les croyances à la survie de l'âme et des esprits errants, aux sur- humains, aux lutins, fées, sirènes, monstres et dieux, et même en un Dieu unique per- sonnifié, furent sans doute la base de l'élément fantastique des contes et légendes.

L'histoire regorge de « vérités » anéanties par de nouvelles « vérités », le vrai et le faux ne se mettent mutuellement en valeur qu'au sein de contextes non absolus. En fait, la science n'est qu'une des multiples façons d'imaginer le monde des phénomènes, d'y croire. Elle veut améliorer notre vie, dit-on, mais cette explication voile bien d'autres causes (économiques, touchant le « plan de carrière », ou ressortant des peurs de chaque chercheur). Le rationaliste croit qu'il possède le meilleur procédé logique qui soit pour mettre à l'épreuve le monde, et pour accéder un jour à la Vérité du Monde. Il lui faut des systèmes, il peut en faire des dogmes, et seul l'enkystement dans le dogme (du grec dogma : opinion, doctrine) peut aliéner sa vie. L'idée de « progrès » global est l'un de ces enkystements dogmatiques. Croire de façon définitive en certains procédés de pensée, en certains de ces enkystements, rassure. Le raisonnement dirigé par le doute méthodique fait recette tant qu'il donne au moins un pouvoir temporaire (relatif) sur les phénomènes. Il permet une lecture atomisée du monde. La lecture totale ne pourra jamais se faire, ne sera possible que l'impression méta-physique soit d'em- brasser la totalité (la nature), soit d'avoir l'intime conviction (donc subjective) qu'on comprendra et dirigera un jour la nature. Dans l'un ou l'autre cas il nous faut accepter la part fatale d'obscurité sans laquelle il n'y aurait pas de lumière fugitive. Être intelli- gent signifie justement « lire entre », sous-entendu « entre les lignes, entre les phéno- mènes ", pour unir par commodité ceux qui semblent aller de concert. Si une croyance est efficace, aide spirituellement à vivre, elle est bonne pour un individu donné, et que cette croyance ne convienne pas à une communauté d'individus est un tout autre débat (qui met en synergie la morale sociale, la politique et l'économie). Les croyances sont des façons de se représenter les phénomènes. Celui qui n'aurait aucune croyance mourrait instantanément, car on ne peut vivre sans se représenter d'une certaine façon les phénomènes qui constituent ce que nous nommons la « réalité ». On ne peut vivre sans une re-présentation, une mise en images, une « fictionalisation » du monde. Le sa- voir permet un dépassement, ce dépassement est « le réel ». Remises ou non en ques- tion, les croyances (qui ne sont pas la foi) créent et accompagnent les certitudes.

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LA FOI : il ne faut pas confondre croyance et foi, comme il est souvent fait. La foi est une confiance totale et « sauvage » en la vie. Cette position extrême ne peut donc être régie par un dogme, par aucun systématisme. Elle met l'être en état d'accueil complet et ce de façon spontanée. Elle ne connaît nulle prison, ne peut donc adorer. Simultanément, elle reçoit et fait don tous azimuts, sans rien demander en échange et sans turpitudes, bien et mal sont transcendés par une grâce non intel- lectuelle. Rare est le féal, légion le croyant.

LA LÉGENDE

Le terme latin du XII siècle legenda signifie « chose devant être lue ». Les légendes sont liées au recueil de la vie des saints et martyrs dont on faisait lecture au réfectoire, pendant le repas des moines. Devenus populaires, ces récits d'un ou de plusieurs évé- nements mémorables, et dont la source fut vraisemblablement des faits historiques pré- cis et localisables (parfois de l'ordre du paranormal), ne tardèrent pas au fil des copies monastiques manuscrites à « s'embellir » sous l'influence de la passion et sans doute de contes anciens et plus vagues. Les légendes furent de plus en plus édifiantes et, trans- formées par l'oralité (la tradition), elles résultèrent du produit inconscient de l'imagi- nation humaine. La légende pourrait donc, aussi et parfois, exprimer l'origine d'une croyance et d'une superstition qui l'auront enrichie. Puis s'y greffèrent fées, sorcières, lutins, etc., comme dans le conte.

La légende ne peut se former que dans une société ayant un minimum d'organisa- tion, par exemple un clan. Les thèmes des légendes se développent selon les cultures suivant des préoccupations proches. Ils peuvent naître d'un mythe unique colporté de pays en pays (on retrouve le roman de Merlin dans le conte indien Goukasappati). L'Inde nous offre la trace la plus ancienne peut-être de ce folklore mondial (de « ce sa- voir du peuple »). Mais nul n 'en connaît le berceau. De simples contes, c'est-à-dire des récits merveilleux où les lieux ne sont pas très localisés et où les personnages n'ont aucune prétention historique, pourraient très bien, par la suite, s'enrichir, se localiser, s'historiciser, par l'oralité, et prendre ainsi valeur de légendes. Le fonds commun des contes se retrouve en Extrême-Orient il y a 2500 ans.

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D U M Ê M E AUTEUR :

POÉSIES Le Tranquille Malaise, PJO, 1976

Tout vif, Éd. du Nadir, 1980 L'Étendue, Éd. La Feugraie, 1981

Une traînée rouge sang, Marc Pessin, 1981, Verso, 1982 Le Chemin disparaît, Éd. Le Pré de l'Âge, 1983

Terre-Mer, Éd. du Nadir, 1988 Brandons, Éd. La Limée, 1994

Les chants verticaux, Éd. Le Dé Bleu, 2000

TRANSPOÉSIE Le passé est l'aujourd'hui, (récit) Éd. du Nadir, 1980

Brin sur brin, (maximes) Éd. du Nadir, 1980 L'abandon, (nouvelle), Éd. Brèves/At. du Gué, 1981

L'expression fragile, (proses) Éd. du Nadir, 1982 Le livre des accomplissements, coécriture, Éd. Vent Terral, 1986

Tumulte, (récits) Éd. Amor Fati, 1989 Natura, Éd. du Nadir, 1991

Bègue, (essais sur l'écriture) Éd. du Petit Véhicule, 1996 Bec et Ongles, (récits) Éd. L'Amourier (1999)

Oia, une île spirituelle (à paraître)

APPROCHES Quatre fois le plaisir d'écrire, coécriture, Éd. du Nadir, 1982

Manifeste du Nadir, coécriture, 1982 Tout sur l'Île d'Yeu, le passé, le présent, coécriture, OE/Nadir, 1983

Le parler islais (lexique), coécriture, API, 1985 Les Mots, (pensées impromptues), Éd. du Nadir, 1987

Vivre l'Île d'Yeu, ou la première armérie, coécriture, API, 1988 La flore vasculaire de l'Île d'Yeu (inventaire), API 1990, 1996

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La Pensée NaturellE, (découver te et essai), Éd. du Rocher, 1996

Avi faune de l'Île d'Yeu (collectif), API, 1996 Bois de Lune, j o u r n a l insulaire, Éd. La Limée, 1997

La Préhistoire de l'Île d'Yeu ( inventa i re et étude), Éd. Geste, 1998

Le Vol d u Saint-Esprit, (récit) Éd. Pays d 'Herbes, 1999

TRADUCTIONS (avec Marie Bugeon)

D u terrible doute des apparences (Walt Whi tman) , Éd. du Nadir, 1990

Les Maisons Japona i ses et l eu r E n v i r o n n e m e n t (E.S. Morse), Éd. Kimé, 1996 Le poète p a y s a n (John Clare), (à paraître)