450
Faculté de Droit de l’Université d’Oran Mémoire de Magister de Droit Bancaire et Financier International Thème « Contrats Bancaires internationaux et loi applicable » Présenté et soutenu par Monsieur Sidi Mohammed Aliouat Encadré par Madame Fatiha Taleb Docteur d’Etat en Droit Bancaire International, Professeur à la Faculté de Droit de l’Université d’Oran. Membres du Jury Président Chouam Bouchama Professeur à la Faculté des Sciences Economiques, des Sciences de Gestion et des Sciences Commerciales de l’Université d’Oran. Suffragants Larbi Chaht Abdelkader Professeur à la Faculté de Droit de l’Université d’Oran. Ouamri Mohammed Maître de Conférences à la Faculté de Droit de l’Université d’Oran. Taleb Fatiha Professeur à la Faculté de Droit de l’Université d’Oran. Année 2010

Contrats Bancaires internationaux et loi applicable · • C.A.F. – Code Algérien de la Famille. • C.C.A – Code Civil Algérien. • C.P.C.A. – Code de Procédure Civile

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  • FacultdeDroitdelUniversitdOran

    MmoiredeMagister

    deDroitBancaireetFinancierInternational

    Thme

    ContratsBancairesinternationaux

    etloiapplicable

    PrsentetsoutenuparMonsieurSidiMohammedAliouat

    EncadrparMadameFatihaTalebDocteurdEtatenDroitBancaireInternational,

    ProfesseurlaFacultdeDroitdelUniversitdOran.

    MembresduJury

    Prsident ChouamBouchama ProfesseurlaFacultdesSciencesEconomiques,desSciencesdeGestionetdesSciencesCommercialesdelUniversitdOran.

    Suffragants LarbiChahtAbdelkader ProfesseurlaFacultdeDroitdelUniversitdOran.

    OuamriMohammed MatredeConfrenceslaFacultdeDroitdelUniversitdOran.

    TalebFatiha ProfesseurlaFacultdeDroitdelUniversitdOran.

    Anne2010

  • I

    Au

    Frredelutte

    AbdelazizBouteflika

    PrsidentdelaRpubliqueAlgrienneDmocratiqueetPopulaire,

    GrcequilAlgriearetrouvsadignit.

    A

    MonsieurBachirYellesDoyendelaFacultdeDroit,

    Meschersparents,frresetsurs.

    Aux

    BienaimsAbderrahmaneetNahla.

  • II

    A

    Lammoiredenosvaleureuxchouhadas

    tombsauchampdhonneurpourquevivelibreetindpendantelAlgrie

    profondeainsiqucellesdumartyrSaddamHussein

    quiatsensiblelasouffrancedupeupleAlgrien

    durantsaluttedelibrationnationale,

    demongrandpreHadjAli

    etdematanteRachida.

  • III

    Remerciements

    Nous exprimons notre profonde gratitude notre encadreur: le Professeur Fatiha

    Talebancienne rsistantedesmaquis intrieursdont lesconseils, lescritiqueset lentire

    libertquellenousa laisseonttprcieuxpour laralisationcombiendifficiledenotre

    consistantmmoire.

    Nos vifs remerciements vont, galement, nos matres ainsi qu notre frre et

    camaradeAbdellatifZaouiquinousaencourageffectuer srieusementnos recherches

    afindepouvoirsoutenirdanslesdlaisrequis.

  • IV

    RsumduMmoiredeMagisterdeDroitBancaireetFinancierInternational.

    Notrethmedtudeintitul:contratsbancairesinternationauxetloiapplicablese

    signalepardeuxtraitsessentiels:

    sonactualitetsahautespcialit,

    lactualit du thme tient au dveloppement du commerce de banque et

    latteinte dun certain seuil de dveloppement conomique: essor universel

    qui place les banques au carrefour des flux de produits, de services et de

    techniquesjuridiquessophistiquesetsuscitedesproccupationspermanentes

    desavoirdequelleloirelventlescontratsbancairesprsentantdesliensavec

    plus dun pays et quelles sont les mthodes concurrentes sous langle

    desquellessontapprhendscescontratsspcifiques.

    Or, en ellesmmes, ces deux questions relvent dune haute spcialit du droit

    internationalprivquiconfrontcommeenloccurrencelamatiredescontratsbancaires

    transfrontalierscombinesadifficultnaturellecelledelatechniquebancaire,ajoutele

    pimentdesesarcanesauxdifficultsdudroitbancaireetconduit le juristeet lebanquier

    auxportesdesdroitstrangers.

    En effet, le rgime des contrats en droit international priv apparat actuellement

    commecartelentredeuxtendancesantagonistes.

    Dune part le procd gnral de la dsignation dune loi applicable au contrat est

    regardcomme inadquat: ilestdescontratsquinese rattachenteffectivementaucun

    systme juridiquetatiquedtermin,et ces systmesontdailleurst conuspourdes

    relations internes,alorsque lecommerce internationalsesexigencespropres,beaucoup

    mieux connues par ceux qui y sont engags et qui les expriment euxmmes par leurs

    accordslibrementngocis,sansrfrenceaucuneloi.

    Dautrepart,etenunsensdiamtralementoppos,laccentestmissurlintervention

    croissante de lEtat en matire de contrats, le dirigisme conomique qui rtrcit

    inexorablementlalibertcontractuelle:Commentrefuserunetellelgislation

  • V

    lapplicabilitquellerclametitreimpratif,nonobstanttoutedsignationparlesparties

    delaloigouvernantleurscontratsselonlamthodebienassisedesconflitsdelois?

    Partant alors du droit international priv applicable aux contrats bancaires lis

    linternationalisation croissantedes activitsdesbanques y compris lesplus couranteset

    soulevant des conflits de lois, de la rglementation de plus en plus foisonnante du droit

    interneetdudroitcommunautaire,lemmoireproposedopreralorsunesparationnette

    entrelalogiquedelargledeconflitleloisetcelledelarglematrielle.Defaongnrale,

    lechoixde la loipar lespartieset lerattachement la loide labanquedfautdechoix

    sontlesplussrsmoyensdegarantirlaprvisibilitdudroitetlaprotectiondesintrtsen

    cause. Cependant, lamthode indirecte doit cder le pas auxmthodes directes lorsque

    dautresintrtssontencause.IlsagitdaborddesinterventionsdelEtat,dslorsquesa

    politiquemontaire ou de soutien la consommation est en cause.Ensuite, les banques

    tantlesmieuxplacespourvaluerleursbesoins,ellessedotentdinstrumentsjuridiques

    spcifiques leursactivits internationales.De fait,enanalysant lesspcificits juridiques

    descontratsbancairesetlesobjectifsprcisetlgitimesdesdiffrentesmthodesdudroit

    internationalprivdontilsrelvent,ildevientpossibledemieuxapprhenderlesdifficults

    soulevesparleurinternationalit.

  • VI

    Sommaire

    IntroductionGnrale

    ChapitrePrliminaire

    Espritetmthodesdudroitinternationalpriv.

    PremirePartie

    Contratsbancairesinternationauxetrglesdeconflitdelois.

    TitreI

    Dterminationetdomainedelaloiapplicableauxcontrasbancairesinternationaux

    selonlesprincipesclassiquesdudroitinternationalpriv.

    Sous/TitreI

    Dterminationdelaloiapplicableauxcontratsbancairesinternationaux.

    ChapitreILesprincipesgnrauxdesolutionsdeconflitdeloisenmatirebancaire

    ChapitreIILerattachementdesprincipauxcontratsbancairesinternationaux.

    Sous/TitreII

    Domainedelaloiducontratbancaireinternational.

    ChapitreIFormationducontratbancaireinternational.

    ChapitreIIEffetsducontratbancaireinternational.

    TitreII

    LapplicationdelaConventiondeRomedu19Juin1980auxcontratsbancaires

    internationauxengnral.

    Chapitre I Lapplication de la Convention de Rome du 19 Juin 1980 au contrat

    bancaire transfrontalier conclu avec un client dun autre pays aprs la deuxime

    directivedecoordinationbancaire.

    Chapitre II Lapplicationde laConventiondeRomedu 19 Juin 1980 aux contrats

    interbancaires.

    ChapitreIIILacoordinationdelaConventiondeRomedu19Juin1980avecdautres

    rglesdeconflit.

    Chapitre IV Lapplication de la Convention de Rome du 19 Juin 1980 au contrat

    bancairedeprtinternationalralisavecleclient(consommateurdecrdit).

    1

    18

    34

    36

    36

    38

    63

    75

    79

    115

    158

    162

    174

    186

    201

  • VII

    DeuximePartie.

    Contratsbancairesinternationauxetmthodesconcurrentes.

    TitreI

    Contratsbancairesinternationauxetloisdepolice.

    ChapitreIIdentificationdesloisdepolicesusceptiblesdvincerlaloinormalement

    applicableauxcontratsbancairesinternationaux.

    Chapitre II Mise enuvre des lois de police applicables aux contrats bancaires

    internationaux.

    TitreII

    Contratsbancairesinternationauxetrglesmatriellespropres(dedroitinternational

    priv).

    Chapitre I Le dveloppement des rglesmatrielles dans les contrats bancaires

    internationaux.

    Chapitre II Le fonctionnement des rglesmatrielles dans la rglementation des

    contratsbancairesinternationaux.

    ConclusionGnrale

    AnnexeIRglesuniformespourlesgarantiescontractuelles:Brochuren325du1er

    Aout1978delaChambredeCommerceInternationale(C.C.I).

    AnnexeIIRglesetusancesuniformesrelativesauxcrditsdocumentaires:Brochure

    n400du1erJanvier1984delaChambredeCommerceInternationale(C.C.I).

    Annexe III Rgles uniformes relatives aux encaissements: Brochure n 322 du 1er

    Janvier1979delaChambredeCommerceInternationale(C.C.I).

    240

    241

    244

    283

    310

    311

    339

    368

    371

    378

    407

  • VIII

    Abrviationsutilises

    A.E.D.B.F.AssociationpourleDroitBancaireetFinancier.

    A.F.I.AssociationFinancireInternationale.

    A.F.B.AssociationFinanciredesBanques.

    B.I.R.D.BanqueInternationaledelaReconstructionetdeDveloppement.

    C.A.F.CodeAlgriendelaFamille.

    C.C.ACodeCivilAlgrien.

    C.P.C.A.CodedeProcdureCivileAlgrien.

    C.EConseildEtat.

    C.M.C. Conseil de laMonnaie et du Crdit (dit Conseil par le Code Bancaire

    Algrien).

    C.C.IChambredeCommerceInternationale.

    Chron.Chronique.

    CiV.1,2,3ArrtdunedestroisChambresCivilesdelaCourdeCassation.

    C.J.C.EArrtdelaCourdeJusticedesCommunautsEuropennes.

    C.N.U.D.C.ICommissiondesNationsUniespourleDroitCommercialinternational.

    Com.ArrtdelaChambreCommercialedelaCourdeCassation.

    Comm.Communication.

    Concl.Conclusions.

    Crim.ArrtdelaChambreCriminelledelaCourdeCassation.

    D.B.I.DroitBancaireInternational.

    D.C.I.DroitCommercialInternational.

    D.I.P.DroitInternationalPriv.

    fascFascicule.

    F.M.I.FondsMontaireInternational.

    ILAInternationalLawAssociation.

    InfraCidessous.

    IRInformationsRapides.

    N.C.P.C.F.NouveauCodedeProcdureCivileFranais.

  • IX

    obs.Observations.

    op.cit.Ouvrageprcit.

    p.Page.

    Prc.Prcit.

    Rp.Rpertoire.

    R.U.URglesetUsancesUniformes.

    s.suivants.

    S.F.I.SocitFinancireInternationale.

    Soc.ArrtdelaChambreSocialedelaCourdeCassation.

    somm.Sommaire.

    spc.Spcialement.

    supraCidessus.

    T.C.F.D.I.P.TravauxduComitFranaisdeDroitInternationalPriv.

    T.ComTribunaldeCommerce.

    T.Cor.TribunalCorrectionnel.

    P.U.FPressesUniversitairesdeFrance.

    P.U.A.MPressesUniversitairesdAixMarseille.

    R.C.A.D.IRecueildesCoursdelAcadmiedeDroitInternationaldelaHaye.

    R.C.D.I.PRecueilCritiquedeDroitInternationalPriv.

    R.D.A.IRevuedeDroitdesAffairesInternationales.

    Recueil Recueil de la Jurisprudence de la Cour du Justice des Communauts

    Europennes.

    R.E.D.CRevueEuropennedeDroitdelaConsommation.

    Rev.Arb.RevuedelArbitrage.

    R.I.D.CRevueInternationaledeDroitCompar.

    Riv.Dir.Int.Priv.Proc.RivistadiDirittoInternazionalePrivatoeProcessuale.

    RJcom.RevuedeJurisprudenceCommerciale.

    R.T.D.CRevueTrimestrielledeDroitCivil.

    R.T.D.com.RevueTrimestrielledeDroitCommercial.

  • X

    R.T.D.ERevueTrimestrielledeDroitEuropen.

    S.Sirey.

    T.G.ITribunaldeGrandeInstance.

    T.ITribunaldInstance.

    U.EUnionEuropenne.

    UnidroitInstitutInternationalpourlunificationdudroitpriv.

    PublicationscitesenAbrg.

    BanqueRevueBanque.

    B.R.D.ABulletinRapidedeDroitdesAffaires.

    Bull.BulletindesArrtsdelaCourdeCassation.

    Bull.JolyBourseBulletinJolyBourseetproduitsfinanciers.

    Cah.Dr.Eur.CahiersdeDroitEuropen.

    C.D.ECahiersdeDroitdelEntreprise.

    Contrats,conc.,consom.Contrats,Concurrence,Consommation.

    D.RecueilDalloz.

    D.Aff.DallozAffaires.

    DefrnoisRpertoireduNotariatDefrnois.

    D.P.DallozPriodique.

    D.P.C.IDroitetPratiqueduCommerceInternational.

    G.A.D.I.PGrandsArrtsdelaJurisprudencedeDroitInternationalPriv.

    Gaz.Pal.GazetteduPalais.

    Jcl.BanqueetCrditJurisClasseurBanqueetCrdit.

    Jcl.CivlJurisClasseurCivil.

    Jcl.EuropeJurisClasseurEurope.

    Jcl.DroitInternationalJurisClasseurdeDroitInternational.

    J.C.PLaSemaineJuridique,EditionGnrale.

    J.C.P.ELaSemaineJuridique,EditionEntreprises.

  • XI

    J.C.P.NLaSemaineJuridiqueNotarialeetImmobilire.

    J.D.IJournalduDroitInternational.

    JIBLJournalofInternationalBankinglaw.

    JOCEJournalOfficieldesCommunautsEuropennes.

    PetitesAffichesLespetitesaffiches.

  • 1

    IntroductionGnrale.

    Chaquespcialiste,critGny,doitphilosophersonheure.

    Aprs avoir soumis les faits son observation, il lui faudra en

    dgager lesprincipesgnraux,ceciest indispensablecarcesprincipes

    une foisdgagsclaireront les faits.Or,unepratiqueclaireatteint

    plussrementetpluspleinementlebutquunepratiqueaveugle(1).

    1 Lactivit internationale des banques est aussi ancienne que les banques elles

    mmes (2). Le change des monnaies mises par les diffrentes cits est, avantmme

    quellesnentreprennentdeprterdesfonds, lapremirefonctionquichoitauxbanques

    dans la Grce antique ou dans lempire Romain. Lexpansion outre frontires des

    tablissementsbancaires,nestpaselle,nonplus,uneralitnouvelle:ausicledernier,les

    banquesprsentesdansplusieurspaystaient,dj,nombreuses.

    2 Avantdtreunpointdepassageobligdu rglementmontairedes changes

    internationaux par le biais de rglementation des changes dont elles jouent le rle

    dagentsauxiliairesLesbanquesenonttunpointdepassagencessaire(3).

    3 Leurs oprations internationales se sont dveloppes un rythme,

    exceptionnellement, rapide depuis le milieu des annes 60; elles sont devenues,

    aujourdhui,unlmentmajeurdelactivitbancaireglobaledansungrandnombredepays

    membres de lOCDE. Leur progression spectaculaire sest accompagne de mutations

    profondesde leurstructure.Alorsque, jusquedans lapremireanne60, lagrossemasse

    desoprationsbancairesinternationalestaienteffectuesdanslepaysolabanqueavait

    sonsigeetconsistaient,surtout,enoprationssurdevisesliesaucommerceinternational,

    onaassistcesderniresannesuneprogressionspectaculairedesoprationssureuro

    monnaies et concurremment, des activitsmenes par lintermdiaire de filiales ou de

    succursales implantes sur des places financires trangres (oprations bancaires

    multinationales).

    (1) inScienceettechniqueendroitpositif,NouvelleEdition,1958,TomeII,p.5.(2) P.B.Ruffini,Linternationalisationdesbanquesetgroupesfinanciers,SminaireCEREM,Nanterre,

    Novembre1979.(3) J.PierreMattout,Droitbancaireinternational,3meEdition,RevueBanque,2004,p.37.

  • 2

    Cest sur la gestiondestablissementsbancaires considrs individuellementet sur

    leurstratgieque linternationalisation rapidedesbanquesaeu les rpercussions lesplus

    importantes, mais, ses effets se sont fait sentir, galement, de plus en plus, sur les

    caractristiquesstructurellesde laprofessionbancaire,dupointdevuede laconcurrence,

    surlerledesautoritsnationalesinvestiesdupouvoirderglementationetdesurveillance

    etsurlefficacitdessystmesdecontrledelamonnaieetducrdit.Enoutre,tantdonn

    linterpntration progressive des systmes financiers dans le monde, les implications

    macroconomiques de lactivit bancaire internationale ont pris une dimension nouvelle

    avec lampleur sans prcdent des quilibres des balances des payements et avec la

    contribution irremplaable des banques au processus de recyclage des capitaux et au

    financementdespaysdficitaires.

    4Ledveloppementdelactivitbancaireinternationaleetlvolutiondesesaspects

    structurels sexpliquent par un grand nombre de facteurs lis aux mutations de

    lenvironnement international sur le plan conomique et financier, lvolution de la

    demandedeservicesfinanciersmanant,tantdesemprunteurs,quedesinvestisseursetla

    diffusiondetechnologiesetdestechniquesnouvelles.Lincidencedecesfacteursgnrauxa

    t, trs, diffrente suivant les pays o la banque exerce son activit et suivant les

    caractristiquesjuridiquesetstructurellesdesdiffrentescatgoriesdinstitutionsbancaires.

    Enoutre,laplacequelesoprationsavecltrangertiennentdanslactivitglobaledes

    banquesvarie,considrablement,en fonctiondudegrdeperfectionnementdesmarchs

    decapitaux,delapolitiquemontairesuivieparlespays,desdispositions,ventuellement,

    envigueurenmatiredecontrledeschangesetdurgimefiscal,ainsiquenfonctiondela

    situation respective des banques trangres et des banques nationales au regard de la

    concurrence.

    Certainsde ces facteurs, comme lexpansiondes courantsdchanges commerciaux,

    linternationalisation de lactivit des socits, le dveloppement des oprations entre

    banqueset sur lesmarchsdeseuromonnaies, jouentdepuisplusdedeuxdcennieset

    expliquent, sur une large part, lessor des oprations internationales dans les premires

    annes60etleurprogressionultrieure.

  • 3

    Pendant les annes 70, de profondes mutations structurelles des payements

    internationauxetdessystmesfinanciers,laugmentationconsidrabledesdsquilibresde

    balances des payements et la sparation, de plus en plus, nette entre les places

    internationalesosecollectelpargne,etcellesoellesinvestit,sesontconjuguespour

    donner un nouvel lan au processus qui conduit faire des banques le pivot de

    lintermdiationfinancireinternationale.

    5Aprsent, lesystmebancaire internationalpeuttreconsidrcommearriv

    maturit.Autrementdit, les instrumentsdontildisposeet lessecteursquientrenten jeu

    sont,assez,diverspourque lesmarchssur lesquelssedploiesonactivitsecomparent,

    favorablement,entendueetencapacitdersistance,laplupartdesmarchsnationaux

    decapitaux,commeentmoignelefaitquelemarchbancaireinternationalamontrune

    aptitude remarquable linnovation et ladaptation aux besoins changeants des

    emprunteursetdes investisseurs,ainsiquunefacilitderactiontout,aussi,remarquable,

    aux fluctuationsde ltatdumarch.Plus,gnralement, lactivitbancaire internationale

    est, maintenant, devenue partie intgrante de la stratgie globale des banques. Cela

    implique que les dcisions long terme fixant la direction dans laquelle doit se faire

    lexpansiondesbanquesse fondent,essentiellement,sur la rentabilit relativede tous les

    diffrents dbouchs et sur les risques qui sattachent chacun deux, notamment, les

    perspectives de croissance sur lemarch national, limportance relative des dispositions

    rglementaires traitant, diffremment, les oprations intrieures et les oprations

    effectues ltrangeret lidequesefont lesbanquesdesrisquesparticuliers lis leurs

    activitsinternationales.

    Le processus dinternationalisation de la banque sest droul sur une trs longue

    priodede temps,deprofondesmodificationsstantproduites, tant,dans les techniques

    misesenuvrequedans lanatureet laporteconomiquedesoprationsellesmmes.

    Etant donn le haut degr de raffinement et de dveloppement atteint dans la dernire

    dcennie,ilestncessaire,sembletil,quetousleschangementsquipourrontintervenirsur

    lesmarchs internationaux pendant les toutes prochaines annes, soprent demanire

    progressiveetordonne,silonveutquecesmarchscontinuentdefonctionner,

  • 4

    efficacement,etauprofitdelacommunautinternationale.

    6Si lonse tournevers lesoprationssinscrivant lactifdubilan, le trait, leplus

    frappantest lexpansion,extraordinairement, rapidedescrditsconsortiaux renouvelables

    (rollerover)moyenterme;Ceuxcitantdevenusunecomposantetrsimportantede

    lactivitinternationaledesbanquesaucoursdesannes70.Cesderniresannes,lesprts

    internationaux moyen terme accords sur lemarch des eurocrdits ont accus une

    progressionrapide(4).

    7 La tendance lamultinationalisationde lactivitbancairequi sexercedansun

    cadre contractueldiffredunpays lautrepar saphysionomie etpar lesmotivations

    propres.

    La multinationalisation bancaire a jou un rle minent dans le financement des

    paysenvoiededveloppement.

    Les banques ont fait preuve de dynamisme et de comptence dans les fonctions

    dintermdiation:

    Ellesontpratiqude latransformationmontaireenempruntantcourtetprtant

    long,

    Ellesont faitde latransformationspatialeenassurant lacollectede fondsauprs

    deszonesdumondecapacitdefinancementpoursatisfaireleszonesbesoinde

    financement,

    Elles se sont, relativement, substitues aux institutions officielles internationales

    (BanqueMondiale,FondsMontaire International)etauxbanquescentralespour

    financer les dficits de balances des payements et les programmes de

    dveloppement.

    8 Problmatique Par ailleurs, la terminologie oprations internationales de

    banque ne doit pas induire en erreur: par cette expression, on ne vise pas les seules

    oprationsdebanqueausensdelArticle66(5)delOrdonnanceAlgriennen200311du

    (4) V.FatihaTaleb,Linternationalisationdesactivitsbancaires,Oran,2006,p.3.(5) Selonlequel:lesoprationsdebanquecomprennentlarceptiondefondsdupublic,lesoprations

    decrditainsiquelamisedispositiondelaclientledesmoyensdepayementetlagestiondeceuxci.

  • 5

    26Aot 2003 relative lamonnaie et au crdit (J.O.R.A.D.P.n 52 du 27/08/2003,p. 3)

    codifiedans leCodeBancaire (2meEdition,HoumaEditions,Alger,2007,p.112), mais

    lensemble des oprations bancaires. Aussi estil prfrable de retenir lexpression

    oprationsbancairesinternationales(6).

    9Letermedoprationbancairevise,principalement,lescontratsbancaires(7).

    A ce titre, il peut paratre flou.Mais il a lemrite de tenir compte de lventuelle

    complexitdelarelationbancaire.Loprationbancairepeuttreuncontratisolliantdeux

    parties seulement: cest par exemple une banque nationale qui prte de largent un

    emprunteurtranger.Cettesituationestrelativementsimple.Maistrssouventlopration

    internationaledebanqueserapluscomplexe:ellefera intervenirplusieurspersonnes lies

    pardescontratsdiffrentsetpartirdesquelsdautrescontratsserontconclus.Ainsi,par

    exemple, dans le cadre dun crdit fournisseur lexportation, une banque consent un

    exportateur franais un crdit de prfinancement qui lui permet de rassembler les

    marchandisesexporterainsiquuncrditdemobilisationdesacrancenesurlacheteur

    tranger,cestdireundcouvertpuisunescompte.

    Ces crdits sont complts par des accords faisant gnralement intervenir des

    organismesagissantpourlecomptedelEtat(8).

    10Decesexemples,ressortlacaractristiquedecesoprationsbancaires:ellessont

    internationales.Ladifficultestdedfinircette terminologie.Deuxsortesdedfinitions

    onttproposes(9).Lapremireretientuneanalyseconomique:sont internationales

    lesoprationsquisetraduisentparunmouvementdefondspardessuslesfrontires,ouqui

    sontliesdesoprationscommercialesellesmmesinternationales(10).

    (6) ThierryBonneau,DroitBancaire,5meEdition,2001,p.65.(7) P.Mattout,opcit,n 8,p. 8;Aussi, selon lArticle 2/13)duCodedeCommerceAlgrien (Nouvelle

    Edition20092010):sontrputesactedecommerceparleurobjet:Touteoprationdebanque,dechange....

    (8) V.P.Antoni,Lestechniquesducrditlexportation,incolloqueLesoprationsinternationalesdebanque,RevuedeDroitCommercial,1978,p.40.

    (9) Pour un examen approfondi de la notion de contrat international, v. A. Kassis, Le nouveau droiteuropendescontratsinternationaux,LGDJ1993,n11ets.,p.15.

    (10) P.Fouchard,La loifranaiseet lesoprationsbancaires lies lactivit internationalede laFrance, incolloque,Laloifranaiseetlactivitinternationaledesentreprises,Rev.Juris.Com.nspcial,Fvrier1985,p.68,spc.P.7071.

  • 6

    Cette dfinition prsente linconvnient de ne pas mettre en lumire avec

    suffisamment de nettet llment qui permet dopposer les oprations internes aux

    oprationsinternationalesetquiestsourcededifficults,savoirllmentdextranit.

    Aussidoiton retenir ladfinition juridiquede lopration internationale (11):lopration

    estinternationaledslorsquexisteunlmentdextranit.Cetlmentpeutrsulterde

    lanationalitdesparties,delaconclusionducontratdansunEtattiersauxpartiesouencore

    delexcutionduneouplusieursprestationsdespartiesdansunpaystranger(12).Ilnest

    passans incidencesur lesrglesapplicablesauxcontratsconcluspar lestablissementsde

    crdit:laquestionestdesavoirquelestledroitapplicable.

    11Auplaninternational,lesconflitsdeloissontnormalementrglsenfaveurdela

    loidautonomie,cestdireenfaveurdunsystmejuridiquetatiquedanssonensemble

    dsign par les parties au contrat et, dfaut, selon les mthodes dgages par la

    jurisprudence (notamment Franaise dont sest inspir le lgislateur Algrien) pour le

    rglement des conflits de lois enmatire de contrats. Il faut, toutefois, remarquer que

    certaines prescriptions lgales ont le caractre de loi de police et relvent de critres

    dapplicationterritorialeparticuliers,dailleursimparfaitementdfinis.

    12 Les loistatiques sont loinde constituer la seule sourcedudroit rgissant les

    oprations des banques. Les sources professionnelles (usages codifis) ou (non: lex

    mercatoria) (13), formulestypes de contrats, conditions gnrales professionnelles)

    jouentunrlemajeurendroitcommercial.Lephnomnerevtuneimportanceparticulire

    dans le secteur bancaire. Les normes professionnelles ont permis la constitution dun

    vritabledroituniforme internationalqui,aussiefficacementque lunification ralisepar

    traits entre Etats (conventions de Genve de 1930 et 1931 portant lois uniformes en

    matire de lettre de change et de billet ordre et en matire de chque), rduit les

    occasionsdeconflitsdes lois).Leprocdestparticulirementefficacedans lesrelations

    interbancaires,maisiljoueaussidanslesrapportsentrelesbanquesetleursclients.

    (11) SurlaconscrationdecettedfinitionparlaConventiondeRomedu19Juin1980surlaloiapplicableauxobligationscontractuelles,V.FatihaTaleb,Loidautonomieetcontratsbancairesinternationaux,enparticulier,lescrditsfinanciers,Thse,Paris,1990,p.399ets.

    (12) V.M.GiulianoetP.Lagarde,Rapportconcernant laconvention sur la loiapplicableauxobligationscontractuelles,JOCEnC282/1,du31Octobre1980,p.10.

    (13) V.A.Kassis,Thoriegnraleducommerceinternational,Paris,LGDJ,1984,p.204.

  • 7

    13 La formation de ce droit uniforme professionnel sopre selon deux voies

    diffrentes. Elle est, dans certains cas, spontane, selon le schma classique enmatire

    dusage.Ainsi,enestilen cequi concerne lesoprationsde crditeneuromonnaies. La

    pratiqueamisaupointdesformulesdecontratspourdfinirlecadredesrelationsentreles

    tablissementsde crditparticipant un consortiumbancaireetpour rgler les rapports

    avec lesemprunteurs.Leslmentsessentielsdeces formules sontuniformesetpeuvent

    treconsidrscommeexprimantunvritableusage(14).

    14 Plus remarquables, peuttre, sont les normes labores par un organisme

    professionnel.Lapplication laplusremarquableduprocdestconstituepar lesrgleset

    usances uniformes relatives aux crdits documentaires de la chambre de commerce

    internationale;sontciteraussi,manantde lamme institution, lesrglesrelativesaux

    encaissements.Cesdocuments sappuientdansune certainemesure sur lesusageset les

    pratiques,mais ilestpeudouteuxquils sontaussi crateursdenormesquine tirentpas

    seulement leur valeur de ladhsion expresse ou tacite des contractants,mais aussi de

    lautoritreconnuedanslemondedecommercelachambredecommerceinternationale

    (15).

    Parconsquent,laquestiondedroitapplicablenapasderponseuniqueetimpose

    dedistinguerlesrglessubstantiellesdesrglesdeconflit.

    15Rglessubstantielles.Parrglessubstantielles,onentenddesrglesquirgissent

    directement le fond du droit. Ces rgles sont htrognes et se rpartissent en trois

    catgories:

    La premire est compose de normes qui sappliquent aussi bien aux oprations

    internesquauxoprations internationales. Ilenestainsiparexemplede laconventionde

    Genvedu7Juin1930surlalettredechangeetlebilletordreetdecelledu19Mars1931

    surlechque(16)(prcites).Lesnormesdictesparcesconventionsonttintroduites

    endroitFranais(reconduitenAlgrieparlaloidu31/12/1962).

    (14) V.Blaise,FouchardetKahn,Leseurocrdits,Paris,1981,p.458.(15) J.Stoufflet,Luvrenormativede lachambredecommerce internationale, inMlangesGoldman,

    Lesrelationsconomiquesinternationales,R.C.D.I.P.,1990,p.800ets.(16) M.Issad,Droitinternationalpriv,Lesrglesdeconflits,OPU,1980,p.64.

  • 8

    Decettepremirecatgoriedenormesserapprocheladeuxime:cellescifontlobjet

    des traits. Mais la diffrence de la prcdente, ces traits ne concernent que les

    oprationsinternationalesetconstituent,mmesilssontsoumisratificationduPrsident

    de la Rpublique concern (17) des dispositions autonomes qui laissent subsister le

    particularismedes lgislationsnationalesconcernant lesoprations internes.Ilenestainsi,

    parexemple,delaconventiondOttawadu28Mai1996surlecrditbailinternational.

    Celleci laisse subsister, par exemple, les dispositions dun code bancaire national

    relativesaucrditbailquiconcernentlesseulesoprationsinternes.

    Quant la troisime catgorie,elle comprenddespratiquesquinontaucune force

    obligatoire,tellesquelesrglesetusancesrelativesauxcrditsdocumentaires.

    16Rglesdeconflitde lois.Actdesrglessubstantiellesexistentdesrglesde

    conflit,cestdiredesrglesquisebornentdterminerlaloiapplicablesansnoncerde

    dispositions concernant le fond du droit. Faute de texte de porte gnrale, cette

    dtermination apendant longtempsobi des rglesdorigine jurisprudentielle.Cedroit

    commun jurisprudentielntaitcartquedans lesdomaineso ilexistaitdesconventions

    internationales.Cestcedroitcommunquesestsubstitue,saufexception,laconvention

    deRomedu19 Juin1980 sur la loiapplicableauxobligationscontractuelles (couvrant les

    contratsbancaires),ratifiepar laFrance le10Novembre1983etentreenvigueur le1er

    Avril1991(18).

    (17) Voirparexemple,lArticle77al.11delaloiAlgriennen0819du15Novembre2008portantrvisionconstitutionnelle,JORADP,n63du16/11/2008,p.8.

    (18) V. H. GaudemetTallon, Entre en vigueur de la Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loiapplicableauxobligationscontractuelles,Rev.Trim.Dr.Eur.1991,635;P.Lagarde,Lenouveaudroitinternationalprivdescontratsaprs lentreenvigueurde laconventiondeRomedu19 Juin1980,Rev.Crit.Dr.Int.Priv1991,287;J.Foyer,EntreenvigueurdelaconventiondeRomedu19Juin1980sur la loi applicable, Journ. Dr. Inter. 1991. 601; H. Lesguillon, Loi applicable aux obligationscontractuelles:entreenvigueurde laconventiondeRomedu19 Juin1980,Rev.Dr.Aff. Int.N21991,p.267; J.Pardon, Ladistributiondesproduitsbancaires (crdit,dpt): la loi applicable, inLes donnes juridiques du march europen, Banque & Droit 1988, p. 33; B. SousiRoubi, LaconventiondeRomeetlaloiapplicableauxcontratsbancaires,D.1993,Chr.LI,p.183;F.Bonelli,LaconventiondeRomedu19Juin1980etlaloiapplicableauxoprationsbancaires,Rev.Dr.Aff.Int.1985.389;J.C.Pommier,Principedautonomieetloiducontratendroitinternationalprivconventionnel,Economica1992,srie:Etudesetrecherches,prf.Y.Loussouarn;J.Biancarelli,Lintrtgnraletledroit applicable aux contrats financiers, Banque, n 533, Dcembre 1992. 1090; adde, le ColloqueinternationalAEDBF,56Dcembre1991,LaconventiondeRome,unnouveau/

  • 9

    17LeCodeCivilAlgrien(19)consacreuncertainnombrederglesdeconflitsdans

    lesArticles924(20)quirecouvrentlestatutpersonnelausenslarge,lesbiens,lesfaitset

    les actes juridiques.Or, le contrat bancaire est un acte juridique (de commerce) dont

    dcoulentlesobligationscontractuelles,lesquellesobligationssontselonlArticle18figurant

    parmilesArticlescidessusviss,rgiesparlaloidautonomiedslorsquelleaunerelation

    relleaveclescontractantsoulecontrat,dfaut,cestlaloidudomicilecommunoudela

    nationalitcommunequiseraapplicable.

    Adfaut,cestlaloidulieudeconclusionducontratquiseraapplicable.

    18DroitcommunJurisprudentiel.Lesrglesjurisprudentiellesconcernaienttousles

    contrats,ycomprislescontratsbancaires.Unprincipetait,encedomaine,essentiel:laloi

    dautonomie (21). Si les parties avaient prcis expressment la loi applicable, le contrat

    taitsoumis la loichoisie.Enrevanche,encasdesilence, ilfallaitrechercherquelleavait

    tlavolontimplicitedesparties,cetterechercheseffectuantpartirduncertainnombre

    dindicesparmilesquelsonpeutciterlelieudexcutionducontrat,lesclausesattributives

    decomptenceouencorelasignatureduncontrattypeenusagedansunpaysdtermin.

    Lapplicationdecesrglesconduisaitgnralement,enmatirebancaire,retenir la

    loi du pays dorigine de ltablissement de crdit, encore dnomme loi de la

    banque.Celleci tait, nanmoins, carte, lorsquil sagissait dune loi trangre, si son

    applicationtaitcontrairelordrepublicFranais.

    19Jurisprudencearbitrale internationale.Lanalysedenombreusessentences (22)

    rvle que les arbitres appliquent la lex mercatoria pour rsoudre les litiges. Cest,

    justement,aux rgles rcentesdgagespar la jurisprudencearbitrale internationalequa

    eugardlelgislateurAlgrienrformerledroitdelarbitrageparleDcretlgislatif

    Suite (18) de la page 8 droit international priv europen des contrats. Application aux oprationsbancaires,Banqueetdroit, horssrie,Juin1993;P.Lagarde,Versunervisionde laconventiondeRomesurlaloiapplicableauxobligationscontractuelles?Mlanges,Y.Guyon,Dalloz2003,p.571.

    (19) V.Nouvelleditionrevueetcorrige20092010.(20) M.Issad,opcit,p.95.(21) LacourdeCassationFranaiseavaitdcid,eneffet,danslarrtdeprincipedu05/12/1910,Sirey1911I

    129,noteLyonCaen,que:La loiapplicableauxcontrats soitencequiconcerne leur formation, soitquantleurseffetsetconditionsestcellequelespartiesontadopte.

    (22) Notamment,lasentenceCCIn3540rendueen1980,Clunet1981,915;

  • 10

    n9309du25Avril1993(modifiantetcompltant lOrdonnancen66154du8Juin1966

    portant code de procdure civile) (23), prcdant la loi n 0809 du 25 Fvrier 2008

    portantcodedeprocdurecivileetadministrative.

    Ilapris,aussi,encomptetantlessolutionsdelaloimodleCNUDCIquecellesquiont

    tadoptespar lesnouvelles loissur larbitragedediverspays(notamment, laSuisse, les

    PaysBasetlaGrandeBretagne).

    Lasolution retenuepar le lgislateurAlgrien lArticle1050ducodedeprocdure

    civile et administrative (Edition 20082010), au demeurant, simple, prsente certaines

    originalits(24).

    Eneffet,cetArticleouvrelapossibilitauxarbitresdappliquerlalexmercatoriaen

    nonantque:Letribunalarbitraltranchelelitigeenapplicationdesrglesdedroitque

    les parties ont choisies, ou dfaut, selon les rgles de droit et usages quil estime

    appropris.

    La premire partie du texte renvoie au principe de lautonomie de la volont

    (consacr,galement,par lArticle18ducodecivilAlgrienprcit).Lespartiessont libres

    dedterminerledroitapplicableaufond.

    Dans ladeuximepartie, ilestprcisqudfautdun telchoix, larbitre tranche le

    litigeselonlesrglesdedroitetlesusagesquilestimeappropris.

    Enutilisant letermerglesdedroitetnonpasloi, le lgislateurAlgrienavoulu

    permettreauxpartiesetauxarbitresderecourirdesrglesextralgalesetnotamment,

    aux principesgnrauxdudroit, aux recueilsde toutenature,ainsiquauxusagesdu

    commerceinternational,codifisounon(lexMercatoria).

    (23) JORADPdu27Avril 1993;p. 42 et s.,Cf.D.BenAbderrahmane, La rformedudroitAlgriendelarbitrage,inGazettedupalais,Dimanche11auMardi13Avril1999,p.27ets.

    (24) FatihaTaleb,ApplicationdelalexMercatoriadanslarbitrageinternational,Colloqueinternationalsur larbitrage commercial international laube du IIImemillnaire, 17 et 18Mai 2003, UniversitdOran.

  • 11

    Enoutre,enprvoyantquelarbitretranchelelitigeselonlesrglesdedroitetusages,

    lArticle1050ducodedeprocdurecivileetadministrativemetsurunpieddgalitlargle

    dedroit,notammenttatiqueetlusage.

    Cederniernerevtdoncpasuncaractrecomplmentaireparrapportlaloi.

    Onnotera,aussi,quecerehaussementprocduraldelusageestenharmonieavecla

    placeimportanterservelusagelArticle107Alina2ducodecivilAlgrien(25).

    Onrelveraquelechoixparlarbitredelarglededroitoudelusageapplicablenest

    pas entirement libre. Le recours lexigence dappropriation du dit choix implique

    lexistencedunlienorganiqueobjectifaveclecontratinternationallitigieux(26).

    20Droitcommunautaire(27).Linterventiondesautoritscommunautairesdans le

    secteurbancairesefondesurlesArticles572et612duTraitdeRomedu25Mars1957.

    Elle concerne en particulier le statut des tablissements de crdit et se traduit

    principalementpar ldictiondedirectivesdont lesplus importantesonttcellesdes12

    Dcembre1977(28)et15Dcembre1989(29).

    Lesdispositionsdecesdirectivessontactuellementregroupes,avecd'autres,dansun

    texteunique(30):ladirective2000/12/CEduParlementeuropenetduConseildu20Mars

    2000concernant laccs lactivitdestablissementsdecrditetsonexercice(31).Cette

    directiveestessentiellecarelledictetant lesconditionsd'accsetd'exercicede lactivit

    des tablissements de crdit que les rgles relatives aux liberts dtablissement et de

    prestationdeservice,lesprincipesetlesinstrumentstechniquesdelapolitiqueprudentielle.

    (25) FatihaTaleb,Droitapplicableaucontrat internationaldecommerceetrglementdesdiffrendsparlesmthodesdelarbitragedanslecommerceinternational,Oran,2004,p.94.

    (26) Cf.DahmaneBenAbderrahmane,opcit,p.28.(27) V.B.SousiRoubi,Droitbancaireeuropen,Dalloz1995,p.67.(28) Premire directive n 77/780/CEE du Conseil du 12 Dcembre 1977 visant la coordination des

    dispositions lgislatives, rglementaires et administratives concernant laccs lactivit destablissementsdecrditetsonexercice,JOCEn0L322du17Dcembre1977.

    (29) Deuxime directive n 89/646/CEE du Conseil du 15 Dcembre 1989 visant la coordination desdispositions lgislatives, rglementaires et administratives concernant laccs lactivit destablissements de crdit et son exercice, etmodifiant la directive 77/780/CEE, JOCE n L 389 du 30Dcembre1989.

    (30) V. B. Sousi, La codification des directives relatives aux tablissements de crdit,MlangesMichelVasseur,Banquediteur2000,p.121ets.

    (31) JOCEnL126/1du26Mai2000.

  • 12

    Elle ne concerne toutefois que partiellement les tablissements de monnaie

    lectroniquedontlestatutestprvuparladirective2000/46/CEduParlementeuropenet

    du Conseil du 18 Septembre 2000 concernant laccs lactivit des tablissements de

    monnaie lectronique et son exercice ainsi que la surveillance prudentielle de ces

    tablissements(32).

    Les directives du Conseil ne sont pas en principe directement applicables en droit

    interneetnoncentseulementdesobjectifsquelesEtatsmembres(33)delaCommunaut

    europenne, encore appele Union europenne, doivent poursuivre en dictant les

    dispositionslgislatives,rglementairesouadministrativesncessairesleurralisation.Un

    textenationalestdoncncessairepourintroduireladirectiveendroitinterne.Aucontraire,

    lesrglementsduConseilontuneffetdirect,encesensqu'ilssontdirectementapplicables

    dans les Etats membres sans qu'un texte national soit ncessaire. En revanche, les

    recommandationsdelaCommissionn'ontaucunevaleurnormative.

    Les textes communautaires sont labors par la Commission avec le concours du

    ComitconsultatifbancaireetduGroupedecontact(34).Lepremier,instituen1977(35),

    sestvureconnatreunefonctionderglementationquiatrenforceen1989:ilmetun

    avis sur lensemble des projets que lui soumet la Commission en vue d'apporter les

    adaptationstechniquesncessaires la lgislationcommunautairebancaire(36).Quantau

    second,savoir leGroupedecontact,sonrleestdouble:d'unepart, ildoitorganiser les

    changesdinformationsentrelesautoritscomptentesconcernantlarglementation,

    (32) JOCE n L 275/39 du 27Octobre 2000. Sur le projet, V. J. Stoufflet, Etablissements demonnaielectronique,Rev.dr.bancaireetfinanciern4,JuilletAot2000.247.

    (33) France,Allemagne, Italie,GrandeBretagne,Belgique,PaysBas,Danemark,Espagne,Portugal,Grce,Luxembourg, Irlande, Autriche, Finlande et Sude. Et depuis 2004, Chypre,Malte, Estonie, Lettonie,Lituanie.Hongrie,Slovnie,Slovaquie,PologneetTchquie.

    (34) V.P.Clarotti,Lerledesorganessupranationauxenmatirederglementationbancaire,Rev.dr.bancaireetbourse,n9,Septembre/Octobre1988,p.153.

    (35) Art.57deladirectivedu20Mars2000quireprendlesdispositionsdelArticle11deladirectivedu12Dcembre1977.V.Commissionbancaire,Rapportpour1997,p.240ets.

    (36) Le Comit consultatif bancaire a approuv la cration d'un groupe technique dinterprtation desdirectives:cegroupeestchargd'examinerpriodiquementlesquestionsdinterprtationdesdirectivesposesparlesEtatsmembresetdeproposerdesrponsesauComitconsultatifbancaire(v.Commissionbancaire, Rapport pour 1993, p. 96 ; sur ce groupe actuellement dnomm Groupe de travail surl'interprtation et l'application des directives (GTIAD), v. Commission bancaire, Rapport pour 1997, p.246).

  • 13

    lexerciceducontrleainsique lesdifficultspouvantaffecter lestablissementsdecrdit

    ou le systme bancaire ; d'autre part, il doit raliser des tudes sur des problmes de

    surveillancebancaireenvuedamliorerlefficacitdesmthodesdecontrle(37).

    IntervientgalementdansllaborationdestextescommunautaireslaBanquecentrale

    europenne puisque celleci adopte un certain nombre de rglements et est consulte

    notammentsurtoutacteproposdanslesdomainesrelevantdesacomptence(38).Sa

    comptence mrite dtre souligne car elle ne se limite pas la rglementation

    communautaire: elle stend la rglementation nationale puisque cette institution doit

    tre consulte par les autorits nationales sur tout projet de rglementation dans les

    domainesrelevantdesacomptence(39).

    Ilresteunequestionlucider:danslamesureocedroitestlabordanslecadre

    dune communaut comprenantdesEtatsdont la culture juridiqueestdiffrente,quelles

    sont les sources dinspiration de ce droit, et donc finalement du droit interne? Certains

    considrentquelemodleanglosaxonestdevenulemodledominant(40).

    21ConventiondeRome.Lessolutions jurisprudentiellesonttreprises,aumoins

    en apparence, par la convention de Rome du 19 Juin 1980 sur la loi applicable aux

    obligations contractuelles.En raisonde sonobjetet fautedexclusionen ce sens, celleci

    concernelescontratsbancaires.Lapplicationdecetteconventionconduitadmettre,sauf

    exception,lacomptencedelaloidelabanque.

    Onrappelleraque la loide labanqueestdfiniepar ladoctrine laplusrcente(41):

    comme celle du pays o est install ltablissement qui a effectu la prestation

    caractristiquedeloprationbancaire.

    (37) Rapport du Comit de la rglementation bancaire pour 1990, p. 1415. Sur les groupes d'experts,appelsexpertsnationaux,quiassistent laCommissiondans laprparationde laplupartdesgrandsactesbancairescommunautaires,v.Commissionbancaire,Rapportpour1997,p.246

    (38) Art.105duTraitdeRome,danssardactionduTraitdeMaastricht.(39) Ibid.(40) V.XXX,CommentBruxellesfaitlesloisenFrance,inLEuropedraisonnable,O.E.I.LetValmonde,1992,

    p.163ets.,spc.P.174.(41) Notamment,ThierryBonneau,opcit,p.71.

  • 14

    Une telle dfinition conduit carter cette qualification par les lois dsignes

    autrementqupartirdelaprestationcaractristiquedeloprationbancaire.

    Cettedfinitiondoittreappliquedans lesdeuxhypothses lesplus frquentesen

    France:siltablissementdecrdittrangerestinstallenFrance,cestlaloiFranaisequi

    estlaloidelabanque.

    En revanche, si cet tablissementeffectue librementdesprestationsde servicesen

    Francesansytreinstall,cestlaloitrangrequiestlaloidelabanque.

    Selonunedoctrineplusancienne(42)quiretientlecritredenationalit,laloidela

    banqueest laloidesanationalit.Exemple:la loide laBNAest la loiAlgrienne,en

    loccurrencelaloidesonsigesocial.

    22Loisdepolice.Uneloidepoliceestunedispositionimprativedontlapplication

    simpose une relation internationale quelque soit la loi rgissant cette dernire;

    Autrementdit, les loisdepolicesontdordrepublic,maisdunordrepublicsi fortquelles

    doivent tre appliques mme si lordre juridique auquel elles appartiennent nest en

    principepascomptent,nestpasdsignparlargledeconflit;leurimprativitentrane

    leurcomptence. Ilsagitde loisdapplication immdiate (LexpressionestdeFranceskacis

    etviseaussibienlesloisdepolicequelesloisdordrepublic),cestdiredeloisnationales

    dont lintrt pour la socit tatique est trop grand pour quelles puissent entrer en

    concurrence avec les lois trangres et dont le domaine dapplication se dtermine en

    consquence eu gard essentiellement au but quelles poursuivent, en clair, de lois dont

    lobservation est ncessaire pour la sauvegarde de lorganisation politique, sociale et

    conomique du pays, qui ont principalement pour objet dapprhender les rapports

    internationaux,quirgissentenfaittoutes lesrelationsjuridiquesentrantdans leurchamp

    dapplication mme prsentant un lment dextranit, qui interviennent

    indpendammentdunrecoursauxrglesdeconflitde loisetdont lacomptencedcoule

    deleurvolontdapplicationaudomainequellessesontattribu[onyammevusemble

    tiluncertainunilatralismeauseindubilatralismedominantlessolutionsdedroitpositif

    (42) Notamment,Berlioz,Lecontratdadhsion,Thse,Paris,1978,p.294.

  • 15

    enmatiredeconflitdelois](43).

    23Mthodologie.Nosanalysesvontdoncpuiser leur substancedans lesdonnes

    comparatives.

    24Gense.Lidedecomparer lesrgles juridiquesgouvernant lecontratbancaire

    dans diffrents pays est ne dans un des groupes de travail qui, depuis une vingtaine

    dannes,seproposentdunifierledroitcivilenEurope.LestravauxdelaCommissionLand

    ont port sur la thorie gnrale du contrat; ils se sont achevs par la publication des

    Principes du droit europen du contrat, dont la dernire partie, consacre au rgime

    gnral de lobligation, a t livre en 2002. Certains voulaient alors sattaquer

    llaborationdesrglesspciales;desespcesdecontratsontcettefintdtermines,

    susceptiblesdefairelobjetderglescommunes.

    En somme, ladmarcheest celleduCodeCivil Franais,qui soumet le contrat la

    thorie gnrale, puis, pourvu quil soit nomm, des rgles propres son espce. Les

    contratsquiontpourobjet lamisedispositiondemonnaie,paroppositionauxcontrats

    translatifsdune chose,ou ceuxdont lobjetest la fournituredunouvrage,ont sembl

    prsentersuffisammentdetraitsoriginauxetdunitpour justifierune lgislationspciale.

    Limportanceducrdit,danslaviedesEtats,desindividusetdesentreprisespouvaitapriori

    rassurersurlutilitsocialeduntelcorpsderglescommunes.

    25Enjeux.Lamonnaieestsansdoutelachoselaplusuniversellementrpandue;en

    outre,elleignorelesfrontires.Ilenestdemme,naturellement,descontratsdontelleest

    lobjet.

    Mais loprationde financement (ou contratbancairedeprt)quenoustudierons

    plusloin(auChapitreIVduTitreIIdelaPremirePartie)commeexemple,enraisondeson

    particularisme, est aussi tributaire de traditions locales, de lide que lon se fait de la

    ncessitdeprotgerspcialementlemprunteur,leprteuroulentrepriseendifficultset

    delamaniredelefaire.

    (43) V.FatihaTaleb,Thseprcite,p.350.

  • 16

    Laconnaissancedudroitlocal,spcialementdelaloiimprativeestindispensableaux

    oprateurs.Plusencore,uneunificationprogressivedesrgles,quilsagissedelaformation

    du contrat, de la rmunration du dispensateur de financement ou de lincidence dune

    procdurecollective,parexemple,estncessaire.

    Elleestenmarche.Cettetudeveutcontribuersonacclration,maispermettrait

    elleseulementunregardcritiquesurledroitAlgrien,undesesobjectifsseraitdjatteint.

    26Plan.Parconsquent,laproblmatiquecidessusviseimpliqueleplancohrent

    suivant:

    ChapitrePrliminaireEspritetmthodesdudroitinternationalpriv.

    PremirePartieContratsbancairesinternationauxetrglesdeconflit.

    DeuximePartieContratsbancairesinternationauxetrglesconcurrentes.

  • 17

    ChapitrePrliminaire

    EspritetMthodesdudroit

    internationalpriv.

  • 18

    ChapitrePrliminaire.

    Espritetmthodesdudroitinternationalpriv.

    27Ilestunanimementadmisqueledroitinternationalprivestconstruitsuivantdes

    donnesquiluisontpropres(44).Eneffet,cettedisciplineayantpourobjetderglementer

    la vie prive internationale ne saurait saccommoder dune mthode limite au

    particularismedudroitciviloucommercialinterneapplicablelavieprivenationale.Cette

    mthodeoriginaleest lamthodeconflictuelle, lesconflitsde loistanttraditionnellement

    considrscommelecurdudroitinternationalpriv.

    Elleestditeaussi conflictualisteet repose surdes rglesde conflitqui sontelles

    mmesdesrglesdufor.Noussavonsquen ltatactueldecettediscipline, ilnyapas,

    proprementparler,dedroitprivrellementinternationaldontlesrglessimposenttous

    lesEtats(45).

    Chaquesystmededroitasonpropresystmededroitinternationalprivetdoncses

    propresrglesdeconflit.Desortequilestfrquentquunmmelitigereoiveunesolution

    diffrenteselonquilestsoumisautribunaldetelpaysoudetelautre.

    Dolescritiquesadresseslamthodeconflictuelle,accusedaccentuerencorele

    caractrenationaldudroitinternationalpriv.

    Certainsauteursestimentque lasolutionduconflitde loisdevraitse fondersurdes

    rgles vraiment internationales, prsentement appeles rgles matrielles du droit

    international.

    Noustudieronsalorslamthodeconflictuellelaplususite(SectionI),etlamthode

    concurrente,notamment,celleconsistantdans llaborationde rglesmatriellesdedroit

    international tendant se dvelopper,mthode dont il conviendra demesurer le succs

    (SectionII),mthoderefltantaveclapremirelespritdudroitinternationalpriv.

    (44) 1)Loussouarn,CoursgnraldeD.I.P.,Rec.CoursAcadmieDroitInternationaldelaHaye,1973,p.275ets.2)Batiffol,LepluralismedesmthodesenD.I.P.,Rec.CoursAcadmieDroitInternationaldelaHaye,1973,II,p.79.3)Gothot,LerenouveaudelatendanceuniversalisteenD.I.P.,Rev.Cr.Dr.Int.Pr.,1971,P.I,209,415.

    (45) M.Issad,opcit,p.87ets.

  • 19

    SectionI

    Lamthodeconflictuelle.

    28Ladmarchedepensesuivieparlesadeptesdelamthodeconflictuellepeutse

    rsumeren laproposition suivante (46).Toutes les loisquun tribunal a connatredun

    litige international (cestdire,dans ladfinition laplus large,dun litige comportantun

    lment dextranit), susceptible pour cette raison de se rattacher deux ou plusieurs

    pays, il doit consulter sa propre rgle de conflit de lois (son propre systme de droit

    internationalpriv)etdterminerlaloiapplicableparrfrencecettedernire.

    Cettemthodede raisonnementatappliquede faonconstantedans lesdivers

    pays par la jurisprudence interne qui est le plus souvent la source principale de droit

    international priv. Elle prsente donc, sous rserve de quelques variantes qui peuvent

    laffecter,uncaractreuniverseletsestraitslespluscaractristiquespeuvent,sembletil,se

    ramenertrois.

    1) Le problme de conflit de lois est essentiellement un problme doption, un

    problme de choix entre plusieurs rattachements possibles. La terminologie

    anglosaxonnedechoiceof lawestcetgardparticulirementheureuseet

    significative. Il en rsulte que la rgle de conflit est, en principe, une rgle

    bilatrale qui peut dboucher indiffremment sur lapplication soit de la loi

    locale,soitduneloitrangre.

    2) ChaqueEtatasonpropresystmedesolutiondeconflitsdelois(ilpeutmme

    enexisterplusieursdansdespayssystmejuridiquenonunifi).Enprsencede

    ladiversitquidcouledecettesituation, le jugeappliquetoujourssespropres

    rglesdeconflit.Lesquelquestempramentspropossceprincipe (questions

    pralables,thoriedesconflitsdesystmes)onteucejourunchosifaibleen

    droitpositifquilestpermisdaffirmerquendpitdurisquedeforumshopping

    quil entrane, le principe de la rfrence exclusive la rgle de conflit du for

    prsenteuncaractresacrosaint,dumoinstouteslesfoisquilnyapasentreles

    paysintresssdeconflitngatifdenaturesusciterlejeudurenvoi.

    (46) Y.Loussouarn,PierreBourel,D.I.P.,PrcisDalloz,1978,p.59ets.

  • 20

    3) Enfin la rglede conflitdsigne comme loiapplicableune loi interne, la loidu

    paysayantlerattachementleplusintenseaveclerapportdedroitenvisag,pour

    reprendreuneterminologieinspiredeSavigny.

    SectionII

    Lamthodefondesurllaborationderglesmatriellesetsaporte.

    A lvidence, laportede lamthode fonde sur llaborationde rglesmatrielles

    (Sous/Section II) ne peut tre dduite que de ltude de cettemthode ellemme, en

    premierlieu(Sous/SectionI).

    Sous/SectionI

    Lamthodefondesurllaborationderglesmatrielles.

    29 Le seul moyen efficace de rendre compte de la spcificit des rapports

    internationauxestdeforgerundroitmatrielousubstantielappellesrgir.Lorsquelon

    envisagede fonder ledroit internationalpriv sur cettemthodenouvelle, il convientde

    sentendresurunedonne liminaire.Lexpressiongnriquerglesmatriellesou rgles

    substantielles traduitune ide fondamentale; ilsagitde rgles rgissantdirectement le

    fonddudroit.Mais,souscetteuniformitde faade,secacheun foisonnementde rgles

    variesdetellesortequelensembleestendfinitiveforthtrogneundoublepointde

    vue.

    1) Il nest ni contest ni contestable que les rglesmatrielles nacquirent leur

    pleine valeur sur le plan international que si elles concourent efficacement

    lunificationdudroit.Or,cetgard,si lonprend lexempledestraitsportant

    loiuniforme,onsaperoitquilexistedeuxdegrs:

    a. Certaines rgles matrielles sont applicables la fois dans les relations

    internes et dans les relations internationales. Le texte du trait est alors

    incorpor dans le droit de chacun des Etats signataires et rgit

    indistinctementlesoprationsinternesetlesoprationsinternationales.Cest

    le cas des Conventions de Genve de 1930 et de 1931 sur les effets de

    commerceetlechque.

  • 21

    b. Il est au contraire des rgles dites uniformes qui sont applicables

    seulementdans lesrelations internationaleset laissentsubsisterdans les

    rapportsinternesleparticularismedeslgislationsnationales.Cestlecas

    des Conventions de La Haye de 1964 sur les ventes caractre

    internationaldobjetsmobilierscorporels.

    Cettedualitestgnratricededifficults.Seulelapremirecatgoriederglesopre

    une unification totale. La dtermination du champ dapplication des secondes pose un

    dlicatproblme; celuide ladistinctiondesoprations internationalesetdesoprations

    internes.Or ce sont elles qui rendent le mieux compte de la spcificit des relations

    internationalesetnombreuxsontceuxquiconsidrentquellessont lesseulesmriter le

    qualificatifderglesdedroitinternational.

    2) Ladiversitdes rglesmatriellessemanifestegalementauplandessources.

    Certaines ont une origine nationale et puisent leurs racines dans la loi ou la

    jurisprudence,dautresontuneorigine internationale,tel ledroitconventionnel

    arbitralouspontan.

    ParagrapheI

    Lesrglesmatriellesdoriginenationale.

    30 Leur efficacit en tant quinstrument dlimination (47) de la mthode

    conflictuelleestncessairementlimite,etcequellesaientleursourcedanslaloioudans

    la jurisprudence.On cite, gnralement, lesdeux cas classiquesde lanationalitetde la

    conditiondestrangers.Tous lesEtatsdictent icidesrglesquisontenmmetempsdes

    rglesdedroitinternationalprivetdesrglessubstantielles.Ellessappliquentdirectement

    audomainequellessesontassign.Ilnyadoncpasicideconflitdelois.

    31 De telles rgles dorigine interne sont cependant rarissimes, labores par la

    jurisprudence ou imposes par les impratifs du commerce international. Alors que les

    Articles83et1004duCodedeProcdureCivileFranaisavaienteu,pendant longtemps,

    commeconsquencelinterdictionpourlEtatFranaisdecompromettre,laCourde

    (47) LoussouarnetBourel,opcit,p.65.

  • 22

    Cassationajug,danslaffaireGALAKIS(48),quuneclausecompromissoiresouscriteparce

    dernier tait valable dans un contrat international pass pour les besoins et dans les

    conditionsconformesauxusagesducommercemaritime.

    32 En Algrie, lamme interdiction tait dicte en termes exprs par lancien

    Article442Al.3duC.P.C, avant la loin0809du25 Fvrier2008prcite. LEtatet les

    personnesmoralespubliquesnepouvaientpascompromettre.LeMatredeD.I.P.Issadavait

    relev, cependant, un Protocole du 19 Mai 1968 (49) sign, dune part (pour le

    GouvernementAlgrien)par leMinistrede lIndustrieetdelEnergie,etdautrepartpar le

    prsidentdelacompagnieGettyPetroleum,dontlesArticles27etsuivantsorganisaientune

    procduredarbitrageadhocdtaille.

    Quant nous,nous relevons lArticle 1006duCodeAlgriendeprocdure civile et

    administrative qui prvoit sonAlina 3 que les personnesmorales de droit public ne

    peuvent pas compromettre, sauf dans leurs relations conomiques internationales et en

    matiredemarchspublics. Ilsagit ldune innovation lgislativeexceptionnellequine

    laissepaslejuristeindiffrent.

    33 En ce qui concerne le droit compar, on cite, gnralement, pour illustrer la

    tentativedliminationde lamthode conflictuellepardes rglesmatrielles, le codedu

    commerceinternationaldeTchcoslovaquiedu4Dcembre1963,ensemblededispositions

    dedroitmatrielapplicablesauxcontratscommerciaux internationaux.Onpeutajouter la

    loiestallemandedu5fvrier1976relativeauxcontratsconomiquesinternationaux(50).

    34Onnepeut,cependant,conclure lliminationde lamthodeduconflitde lois

    dans lesdomainesainsirglements.Lechampdapplicationdecesdeux textesse trouve

    limit par leur origine interne mme. LArticle 3 du code tchque prvoit que ses

    dispositionsnesappliquentquesilalgislationtchcoslovaqueestdsigne,notammentsi

    lesparties lontchoisie.IlenestdemmeaveclArticle1erde la loiestallemande:celleci

    nesappliquequesilespartiesaucontratconomiqueinternationalsontconvenuesde

    (48) D.1996.575,noteJ.Robert,Rev.Cr.DIP,196/7553,noteGoldman,Cl.1996.648,noteP.Level.(49) JORADPdu1erNovembre1968,p.1173&s,Cf.Issad,opcit,p.97ets.(50) PublicationduMinistreduCommerceExtrieurdelaR.D.A,Berlin,1978.

  • 23

    soumettre celuici au droit de la Rpublique Dmocratique Allemande ou que le droit

    comptentdesconflitsdeloisrenvoieaudroitdelaRpubliqueDmocratiqueAllemande.

    Onconstatedoncquelunetlautredecesdeuxtextesnesappliquentqutitredeloi

    dautonomieousurdsignationdelargledeconflitcomptente.

    35 Il apparat ainsi que les rgles matrielles qui sont dorigine interne ne

    sappliquentquegrceau jeudune rgledeconflit.Certainsauteursdoutentmmequil

    sagisse de rglesmatrielles (51). Elles se prsententmoins comme des rgles de droit

    international que comme des rgles internes usage international, qui ne jouent que

    lorsquelles sont dsignes par la rgle de conflit comptente. Lamthode conflictuelle

    gardeicitoutsonintrt.

    36 Ds lors, toute rgle dorigine interne est impuissante crer un droit

    internationalmatriel.Laloietlejugeinternesnepeuventposerquedesrgleslocales.La

    rception par des systmes juridiques diffrents de rgles ou de normes analogues ou

    identiques ne suffit pas crer un droit international commun. Pour atteindre ce but, il

    faudraitdoncundroitmatrieldorigineinternationale.

    ParagrapheII

    LesRglesmatriellesdorigineinternationale.

    37Leuraptitudeliminerlamthodeconflictuellenestpaslammeselonquelles

    ont leur source dans un trait, dans larbitrage international ou dans la pratique

    internationale.

    Laplus importantedessourcesestconstituepar les traitsquiadoptentdesrgles

    substantielles propres aux relations internationales.Mais la spcificit de ces relations a

    secrt,galement,desusagesentre lespartenairesducommerce internationaletdonn

    lieudesprincipesconsacrsparlessentencesarbitrales.

    (51) H.Bauer,Lestraitsetlesrglesdedroitinternationalprivmatriel,Rev.Cr.DIP,1966,p.537&s.

  • 24

    A

    LesRglesmatriellesissuesdestraits.

    38 Il sagit de rgles sappliquant directement au fond du droit. Elles sont

    nombreuses,notammentdansledomainedestransportsmaritimes,ariensouferroviaires.

    Ellessontlesdeuxtypescorrespondantdeuxdegrsduniformisation.

    39 Certaines rglesmatrielles, au demeurant rares, sappliquent aux oprations

    internationales.Letraitestalorsincorpordansledroitinternedespayssignataires.Cest

    lecasdesconventionsdeGenvede1930et1931surleseffetsdecommerceetlechque.

    40Dautresrglesmatrielles,ditesuniformes,sappliquentaucontraireauxseules

    oprations internationales. Ainsi, la convention de la Haye du 15 Juin 1955, entre en

    vigueurle1erSeptembre1964,surlaventeinternationaledobjetsmobilierscorporels.

    41 Si le second typede rgles a lemritede souligner la spcificitdes relations

    internationales,ellessontnanmoinssourcededifficultstenantladterminationdeleur

    champdapplication. Ilestparfoisdifficilededistinguer lesoprations internationalesdes

    oprationsinternes.Ainsi,lorsquuneconventionportantloiuniformenedfinitpascequil

    fautentendrepar relation internationale,cest le juge saisiquiestalorsobligdedonner

    cettedfinitionenfaisantappellaqualificationlegefori.Lamthodeconflictuellerevient

    alors invitablement par ce biais. Il arrive, par ailleurs, quelle ressurgisse dans

    linterprtationdelaconventionportantloiuniforme(52).

    B

    LesRglesmatriellesissuesdautressourcesinternationales.

    1

    Larbitrageinternational.

    42Toutesleslgislationsreconnaissentetautorisentcemoyenderglementde

    (52) C.CAss.4Mars1963(ArrtHOCKE),Rev.Cr.DIP.1964,264;Jcp.1963,II,13376;CI.1964,806,noteGoldman;v.aussiLescot,Linterprtation judiciairedesrglesdedroitprivuniformes,Jcp.1963, I.1756;P.Lagarde,Les interprtationsdivergentesdune loiuniformedonnentelles lieuunconflitdelois?,Rev.Cr.DIP.,1964,235&s.

  • 25

    diffrends.Ainsi,enestildesArticles1006etsuivantsducodeAlgriendeprocdurecivile

    etadministrative.

    Lextraordinaire faveur dont bnficie larbitrage dans le monde du commerce

    international et le dveloppement considrable quil connat ontils pour consquence

    dliminerlejeudelamthodeconflictuelle?

    Larponsecettequestiondpenddupouvoirreconnuauxarbitres.Ontilslafacult

    de saffranchirdes loistatiquespourcrerdes rglesmatriellesdedroit international?

    Laffirmativene faitpasdedoute lorsque lesarbitressesontvus reconnatre lespouvoirs

    damiable compositeur.Mais on tend, aujourdhui, de plus en plus, leur accorder ce

    pouvoir crateur en dehorsmme decette hypothse. La naturemme des juridictions

    arbitrales internationalesplaide,dailleurs,en faveurdecettesolution,car, ladiffrence

    des juridictions tatiques, elles ne sont pas gardiennes de lordonnancement du systme

    juridiquenational.Ausurplus,surleplanpratique,unetellepossibilitalavantagedeleur

    permettre dcarter les dispositions de droits tatiques quelles jugent inadaptes, de

    combinerdiffrenteslois,deprendre,lecaschant,enconsidrationlexistencedundroit

    corporatif,letoutpermettantdedgagerdesrglesmatriellescommunes(53).

    Toutefois,pourquuneliminationmmepartielledelamthodeconflictuellesoitune

    ralit, ilne suffitpasquune telle facult soit reconnueauxarbitres,encore fautilquils

    lutilisent.Or,surcedernierpoint,ilestdifficiledesefaireuneopinionprcise,leplusgrand

    nombredessentencesarbitralesntantpaspubli.Ilsemble,cependant,quelusageparles

    arbitresdelafaculteuxreconnuedeforgerdesrglesmatriellestendesedvelopper.

    43 En effet, les praticiens du commerce international disposent prsent dune

    jurisprudence arbitrale relativement toffe sur les grands problmes que lon rencontre

    danslapratiqueducommerceinternational(54).

    (53) Cf.P.Level,Lecontratditsansloi,TravauxduComitFranaisdeDroitInternationalPriv,19641966,p.209.

    (54) Lamy,Pratiquedes contrats internationaux,Centredtudes etde recherches internationales,1980,VolumeI,p.14.

  • 26

    44Bienquelesarbitres,enprincipe,dumoinsceuxdelaC.C.I,naientpasunaccs

    privilgi aux sentences rendues par cet organisme, on saperoit, de plus en plus, quils

    nhsitentpaspuiserdanslesprcdentspublis,lesbasesdecertainesdeleursdcisions

    et dans de nombreuses dcisions on retrouve prsent des rfrences des sentences

    prcdemmentrendues(55).

    45Ainsi, lonpeutsapercevoir la lumiredecespublicationsque lesarbitresdu

    commerceinternationalnerglentplusdefaondisparatelesproblmesjuridiquesquileur

    sont poss; bien au contraire, il se dgage aujourdhui par leur rptition dans des

    sentencesarbitralespublies,certainsprincipesdelaLexMercatoria(56).

    46 Certaines de ces rgles rgissent larbitrage luimme, ou la loi applicable,

    dautresportent sur leslmentsdunvritabledroit internationaldescontratsencequi

    concerneparexemple lobligationpour lavictimedeminimiser lespertes, lancessitde

    maintenirlquilibrecontractuel,ledevoirdecoopration,etc.

    47Audelmmede leurpouvoirsur lesarbitres,cessentencesarbitralespublies

    permettent, galement, de prvenir un certain nombre darbitrages en permettant aux

    juristes et aux praticiens de mieux valuer les chances de succs ou dchec lorsque

    surviennentdesdiffrends,parrapprochementaveclesdcisionsantrieuresconnues.

    48 Toutefois, il ne semble pas que la pratique arbitrale ait limin totalement la

    mthode conflictuelle. Les arbitres euxmmes y recourent lorsque les parties nont pas

    prvu de loi applicable (57). Il est, en revanche, certain que les pouvoirs singulirement

    tendusdesarbitresleurpermettentdeforgerdeplusenplusderglesmatrielles.

    2

    Lapratiqueinternationale.

    49Lapratiqueinternationaleseconformeunensembledemodlesetdusages

    (55) Cf.Parexemple,sentencerenduedanslaffaire3540,1980,Clunet,1981915.(56) Clunet1976968,V.FatihaTaleb,Colloqueprcit(surlarbitragecommercialinternational).(57) Larbitreest,cependant,assezlibredanslechoixdelargledeconflit.LArticle133duRglementdela

    Cour darbitrage de la Chambre de Commerce Internationale prvoit qu dfaut dindication par lesparties de la loi applicable, larbitre appliquera la loi dsigne par la rgle de conflit quil jugeraapproprieenlespce.IlenestdemmedelArticle33.1duRglementdarbitragedelaCNUDCI.

  • 27

    propresauxquels lexprienceaconfruncertainmrite.Nombredegrandessocitsou

    dassociations corporatives imposent leurs clients ou proposent leursmembres des

    contratstypes.Laventeinternationaledegrainssefaitpresquetoujoursconformmentau

    contrattype de la London Corn Association. La Chambre de Commerce Internationale a

    tablien1953desIncoterms(InternationalCommercialTerms)prcisantlesensetles

    effetsjuridiquesdecertainstermesouobservationssouventutiliss:CAF,FOB,franco

    wagon. Elle a, galement, codifi les usages du crdit documentaire (Rgles et usances

    unifies).

    50 Ces rgles nont, cependant, pas la valeur de rgles juridiques. Emanant

    dorganismesprivs,ellestirent lessentielde leurforcede lavolontdespartiesquiyont

    adhr.

    51 Si ces rgles sont volontairement adoptespar lespartiesqui sy soumettent,

    ellesnesauraientsimposerau juge.Lescontrats typeset lesusagesnepeuventpas tout

    prvoir et comportent forcment des lacunes. Pour combler cellesci, le juge ou larbitre

    revient la loi tatique ou aux principes communs sil en existe. Ds lors, lamthode

    conflictuelle, au moins au titre subsidiaire, revient invitablement. Il faut, dailleurs, se

    garderdurleenvahissantdelapratique.

    Si cette dernire est mieux mme de sadapter aux besoins du commerce

    international, elle apparat souvent comme un droit du plus fort impos aux partenaires

    moinspuissants(58).

    Sous/SectionII

    Laportedelamthodefondesurllaborationderglesmatrielles.

    52 La localisation des rglesmatrielles au sein des diffrents secteurs du droit

    internationalprivestdune importanceextrme, carellepermetde seprononcer sur le

    bienoulemalfonddunervoltegnralecontrelamthodeconflictuelle.Si,eneffet,les

    rglesmatriellesseretrouventparsesdanslesdiverssecteursquilssoientcivilsou

    (58) Aproposdelathoriedelalexcontractus,V.H.Batiffol,LasentenceARAMCOetleDIP,Rev.Cr.DIP,1964,p.647ets.

  • 28

    commerciaux, cest quaucun dentre eux ne leur est allergique et quelles peuvent dans

    laveniryprolifrer.Lamthodeconflictuelleestalorsengranddanger.Siaucontraire, il

    apparat quelles sont cantonnes dans certains domaines et quil leur est impossible de

    sacclimaterdans lesautres, leprilest infinimentplus limit,car,defaon inluctabledes

    secteursentiersdemeurerontrgisparlesconflitsdelois.

    Lorsque lon sefforce,dans cetteoptiquedefaire lepointon saperoitque les

    rglesmatrielles de droit international ne se sont dveloppes que dans lesmatires

    concernantlecommerceinternational.Cetteconstatationsimposequellequesoitlorigine

    delargleenvisage.Encequiconcernelesrglesdoriginelgislative,onpeutreleverque,

    sicertainspaysontunCodeducommerceinternational,aucunnajamaissentilancessit

    desedonnerunCodecivil international.Quantauxrglesmatriellesnationalesdorigine

    jurisprudentielle,lexamendelajurisprudencefranaiservlequelesdcisionsposantdes

    rgles matrielles ne sont apparues qu propos de trois questions (59) dont deux

    ressortissent larbitrage commercial international et la troisime aux contrats

    internationaux.

    (59) PrcisDalloz,prc.N76etnote1(p.126):deuxsontrelativeslarbitragecommercialinternational.Dunepart, ilsagitde lacapacitde lEtatdecompromettredans lescontrats internationaux:ONICc/capitaineduS/SSanCarlo,Cass.Civ.14Avril1964,Cl.1965,646noteB.Goldman;Rev.Cr.DIP1966.68,noteBatiffol;Rev.Trs.Dr.Civ.1965.711obs.Hbraud;pourlapremirefois,laCourdeCassationajugque lacapacit(de lEtatcompromettre)relevaitde la loiducontratetnonde la loipersonnelledespartiescontractanteslorsquilsagitduncontratinternationaldedroitprivpasspourlesbesoinset dans les conditions conformes aux usages du commercemaritime. LarrtGalakis c/Trsor Public(Cass. Civ. 1, 2Mai 1966, Rev. Cr. 1967, 553, note Goldman; Cl. 1966. 648 note Level) pose plusfranchementunerglematriellededroit internationalen jugeantque linterdiction faite lEtatdecompromettrenesoulvepasunequestiondecapacitetnestpasapplicableuncontratinternationalpasspourlesbesoinsetdanslesconditionsconformesauxusagesducommercemaritime.Dautre part, il sagit de la rgle pose par la jurisprudence de la Cour de cassation concernantlautonomiedelaclausecompromissoiredanslescontratsinternationaux(ArrtGossetc/Carapelli,Cass.Civ.1,7Mai1963,D.1963.545,noteJ.Robert;Rev.Cr.1963.615,noteH.Motulsky;Cl.1964.82,noteJ.D.Bredin).Cette autonomie a t raffirmepardes arrtspostrieurs:Cass.Civ. 1.18Mai1971,D.1972. 37, noteD.Alexandre; Rev. Cr.DIP 1972. 124,noteMezger,Cl. 1972. 62,noteOppetit;ArrtHoecht, Cass. Civ. 1, 4 Juillet 1972, Cl. 1972. 843, note Oppetit; Rev. Tr. Dr. Com. 1973. 419 noteLoussouarn.Latroisimergleestrelative lavaliditde laclauseordans lesrglements internationaux,consacreparlarrt,djancien,desMessageriesMaritimes(Cass.Civ.21Juin1950,D.1951.749,noteHamel;S.1950.609,noteBatiffol;Rev.Tr.Dr.Com.1950.698,obs.Loussouan).

  • 29

    53EnAlgrie,leseulcasquarelevMonsieurIssadrelev(60)atempruntla

    pratique:ilsagitdelacapacitdelEtatdecompromettredanslesrelationsinternationales

    dedroitpriv (61)et lecasquenousavons relevnousmmeest lgalcarconsacrpar

    lAlina3delArticle1006duCodeAlgriendeprocdurecivileetadministrative(prcit):il

    sagit de la capacit des personnes morales de droit public de compromettre dans les

    relationsconomiquesinternationalesetenmatiredemarchspublics.

    Lamme observation vaut pour les rglesmatrielles dorigine internationale. Un

    recensement des conventions multilatrales contenant de telles rgles rvle quelles

    concernent toutes des matires relatives au commerce international quil sagisse des

    conventions sur lavente internationaledobjetsmobiliers corporels,de celles relativesau

    droitmaritime, laproprit industrielleouauxeffetsde commerce.Quant larbitrage

    international, il joue presque toujours enmatire commerciale et cest galement en ce

    domainequclotledroitspontan.

    54Cetteconstatationestlourdedeconsquences.Elleinviterflchirsurlanature

    exactede laprtenduecrisedes conflitsde lois. Lephnomnenepeuteneffettre

    compris si lon se cantonne sur le planmthodologique. Il doit aussi tre envisag sous

    langlesociologique.Cenestpaseneffetparhasardquelacontestationarevtusaformela

    plus vive dans lesmatires qui relvent du droit du commerce international. La prise en

    considrationdesdonnessociologiquesconduitsinterrogersurlepointdesavoirsilne

    fautpasrechercherderrirelaprtenduecrisedesconflitsdeloisunecriselafoisplus

    gnrale et plus profonde: celle du droit tatique auquel certains usagers aspirent

    substituerledroitmatrieldunmilieudonn,quiestinternationalparnatureetnesaurait

    sidentifierunmilieutatiqueni saccommoderde lapplicationdedispositionsdudroit

    interne.Dans cetteoptique, certainsauteursnhsitentpasproclamer lexistencedune

    socit internationale des vendeurs et des acheteurs (62) ou mme dune socit

    internationaledescommerants.

    (60) V.cidessusproposducontratGetty,signatureduprotocoleorganisantuneprocduredarbitrageadhocdtaille.

    (61) V.M.Issad,LarbitrageenAlgrie,RevuedelArbitrage,1977,p.219&s.(62) Cf.notammentPh.Kahn,Laventecommercialeinternationale,Paris,1961,p.395.

  • 30

    Sansalleraussi loin,dautrespensentquilya,tout lemoins, lembryondunetelle

    socit.Quoiquilensoit,sicettesocitnapasencoreatteintsonpleindveloppementau

    plandelorganisation,elleprsentedoresetdjdesaspectsspcifiquesquisetraduisent

    enmatire juridiquepardesmanifestations tangibles. Elle sappuie surdesorganisations

    professionnellesquilaborentundroitcorporatif;ellesoumetlesoprationsquellepasse

    des contratstypes;ellemanifesteuneprdilectionmarquepour larbitrage, les arbitres

    tantpluslaisequelesjuridictionstatiquespourforgerundroitcommercialcommun,un

    droitmatrielsupranational.

    Enfin,etsurtout,etcestlquapparatenpleinelumirelaspectsociologique,elleest

    animedusentimentprofondquelemilieuducommerceinternationaldoitavoirsesrgles

    propres.Unetelleractionnestpaslapanageexclusifdudroitinternational.Cestellequi,

    surleplaninterneaconduitlaprofessionnalisationdudroit.Maisici,ellesetraduitparun

    refusdudroit tatique et appelleune rsurrectionde la lexmercatoria.Cesdonnes

    sociologiquesconstituent,notresens,lesupportlepluslgitimedelarvolutionsouhaite

    par certains sur le plan mthodologique. Mais si elle permet de fonder les principales

    attaquesportescontrelathoriedesconflitsdeloisenrvlantquelacrisedesconflits

    de loisnestque la consquencedune crisedudroittatique,ellepermet ausside les

    circonscrire enmontrant quelles ne se justifient que dans les domaines o ces donnes

    sociologiquesexistentrellement,danslesdomainesosemanifesteuneallergieeffective

    lencontredudroittatique.Cestpourquoi,cestledroitducommerceinternationalquiest

    en dfinitive, beaucoup plus que le droit international priv classique, affect par

    lavnement de rgles matrielles. Cest, dailleurs, cet avnement qui, dans une large

    mesure, explique que le droit du commerce international prenne lpoque rcente ses

    distances lgard du droit international priv et justifie lautonomie de cette discipline

    nouvelle dont la filiation par rapport au droit international priv demeure cependant

    incontestable.

  • 31

    ConclusionduChapitrePrliminaire.

    55 La querelle desmthodes invite enfin repenser la dfinitionmme du droit

    internationalpriv(63).

    En effet, comptetenu de son existence, la situation du droit international priv se

    trouve profondmentmodifie selon que lon prend parti pour une dfinition troite ou

    large.Lidentificationautrefoiscourammentadmisedudroitinternationalprivauxconflits

    deloisapourconsquencelogique,maisparadoxale,delaisserendehorsdecettediscipline

    lesprocdsderglementdesrapportsinternationauxautresquelamthodeconflictuelle.

    Si,aucontraire,dansunedfinitionplusmoderneetplus juste,onconsidreque le

    droit internationalprivest ledroitdesrapports internationauxdedroitpriv, ildoitrgir

    lensembledecesrapportsquellequesoit leurmthodederglement.Anotresens,cette

    dernireconceptionsimposeetnouspensonsque ledroit internationalprivavocation

    apprhenderlesrapportsinternationauxquellequesoitlamthodeadopte.Ilconnatdonc

    unpluralismedemthodes,lamthodeconflictuelledemeurantlatoiledefondsurlaquelle

    sedtachent les rglesmatriellesquine sontencorequedesexceptions fort rares, sauf

    dansledomaineducommerceinternational.

    Cepluralismedemthodes,bien loindaffecter lintrtdudroit internationalpriv,

    contribueaucontrairelerenforcer.Cetintrtesttriple:

    a) Ledroitinternationalprivest,dansunelargemesure,undroitcoutumier,ce

    qui est rare dans le systme juridique franais. Son tude fait donc une

    grandeplacelaconnaissancedelajurisprudence.

    b) Ledroit internationalprivapparatcommeunecomplicationdesquestions

    dedroitinterneaucontactdesncessitsdelavieinternationale.Sontude

    doit en consquence tre approfondie grce la comparaison des droits

    internes trangers et aussi des systmes trangers de droit international

    priv.Auplandelatechniquejuridique,louverturequicaractriselapriode

    actuellesetraduitparuneprisedeconsciencedeplusenplusnette:cellede

    (63) LoussouarnBourel,opcit,p.76ets.

  • 32

    la ncessit dune utilisation de plus en plus intense de la mthode

    comparative en droit international priv.On connat lesmrites classiques

    attribus lamthode comparativedans lesdiversesdisciplines juridiques,

    tantauplandesonrledinformationquceluidesonrledanslunification

    dudroitetdesprcieuxrenseignementsquellepeutapporterau lgislateur

    enqutederformes.Cesintrtsseretrouventendroitinternationalpriv;

    mais ils sont encore accrus et multiplis par le fait que la mthode

    comparative est appele y jouerun rle spcifique et double. Spcifique

    parce que le droit international priv est luimme un utilisateur du droit

    tranger, double parce quil utilise la fois le droit international priv

    comparetledroitinternecompar.

    c) Larecherchedelasolutiondesproblmesdedroitinternationalprivoblige

    uneanalyseplussubtile,plusprofondequecelledelasolutiondesproblmes

    dedroitinterne.Ellecontraintenconsquenceapprofondiretcomplter

    les connaissances acquises en droit interne. Dans cette mesure le droit

    international priv constitue un complment indispensable des autres

    disciplinesjuridiques.

  • 33

    PremirePartie

    Contratsbancairesinternationaux

    et

    rglesdeconflitdelois.

  • 34

    PremirePartie.

    Contratsbancairesinternationauxetrglesdeconflitdelois.

    56 Le commerce de banque se dveloppe par nature audel des frontires. Les

    relations commerciales entre pays ont de tous temps appel des rglements bancaires

    internationaux.Silesbanquesselimitentenprincipeunesphredactionterritoriale,leur

    activit dborde pour certains financements, ou transferts, les frontires (64). Certes, il

    existeuneparentdetechniquesbancaires.Certainsinstrumentsdecrdit(traites,billets

    ordre,chques)fontpartiedunevasteunificationlgislative,mais,ilsubsisteuneprofonde

    originalitdestechniquesbancairesdediverspays,malgr lastandardisationdemthodes

    et la concentration croissante des banques qui tendent assurer une certaine

    uniformisationpratiquedes loisde fond applicables. Lesconomiesbancaires lies des

    impratifspolitiquesdivergent.

    Plusgrandencoreest leparticularismedudroitbancairedesdiversEtatscar ledroit

    bancaireestarcbout sur ledroitcommercial,notamment, ledroitde la failliteet sur le

    droitdessretsquisontdessenceparticulariste.

    57 Les divergences entre les lgislations bancaires devraient, donc, engendrer de

    multiplesconflits.Actuellement,lesconflitsneparviennentgureaustadecontentieux.

    Lephnomnenestpaspropre lAlgrie (65).Une raisonenestque les relations

    juridiques se nouent, souvent, dans lordre international par lintermdiaire de deux

    banques qui en cas de conflit se soumettent plus volontiers que des particuliers un

    arbitrage. Le dcloisement des activits bancaires ne manquera pas de susciter une

    recrudescencedecesconflits.Etcesconflitsaboutissenteuxpeuttredavantagedevantla

    justicetatique.

    58Ilseraitsduisantaprioridesongerrattacherlesoprationsdebanqueuneloi

    tatique:laloidusigesocialdelabanque(66).

    (64) Jcl.BanqueetBourse,Fasciculen14,1985,p.212.(65) V.danslemmesensendroitinternationalprivAllemand,Colloquededroitinternationalbancairede

    ClermontFerrand,1830Mars1965,AnnalesdelaFacultdedroitdeClermontFerrand,1965,Fasc.1.(66) Pillet,TraitdeDr.Int.Pr.,NouvelleEdition1954,T2,n498,Rep.Com.VBanques,n283.

  • 35

    Cettesolutionsimpleaurait lepremiermritedassurer lgalitde traitemententre

    clientsdunebanque.Lidedecontratdadhsiondontrelvelecontratbancairenappelle

    telle pas linterprtation uniforme de multiples conventions passes par un mme

    tablissementdecrdit?

    Cependant,lajurisprudenceinternationalenajamaisisolunevritableloicommune

    touteslesvaritsdoprationsdebanque.Lactivitbancaireestproteforme,ladiversit

    dessituationsjuridiquesentreuneentreprisebancaireetsaclientleimpliquelintervention

    ventuelledelgislationsmultiples.

    59Ilconvientdoncderechercherlesprincipesdesolutiondudroitpositifconduisant

    dterminer la loiapplicableauxcontratsbancaires.Onrappelleraquilfautentendrepar

    loi applicable non seulement la loi au sens strict mais galement les rgles juridiques

    doriginejurisprudentielleetcoutumiredelEtatdontlaloiatdsigne.

    Cettesolutionde laCourdeCassation (Arrtdu26 Janvier1953,R.C.D.P1954.767,

    noteY.L.)esttoutfaitlogique.Eneffet,onnevoitpascommentonpourraitdissocierles

    loisetlesrglementsdunEtatdelapplicationquienestfaiteparlesjugesdecetEtat.Par

    consquent,ladsignationdelaloiapplicableestbienladsignationdunsystmejuridique

    dans sonensembleet ladterminationde cedernierestunpralablencessaire toute

    recherchedesolutiondansunesituationinternationale.

    60Ceprincipe restevrai,mme,dans le cas frquent,enpratique,o lesparties

    souhaitenttrouverunesolutionamiableunlitigen.Eneffet,unngociateurrecherchera,

    toujours,connatreltenduedesesdroits,avantdenconcderunepartie.

    Lesngociateursont,donc,toutelatitudededsigneruneloiapplicableleurcontrat

    international de banque. En labsence de toute dsignation dun systme juridique

    completderfrence,ilsnepeuventprvoirquellessolutionsserontdonnesleurslitiges

    parlejugeouparlarbitre.Mais,cetteloidsignepourrgirleurcontratsappliquetelle

    tous leslmentsdececontrat? (tantentenduquecederniersesitueaucarrefourdes

    rgleso sont impliquesunediversitdedispositions juridiques: rgimesmatrimoniaux,

    incapacit,droitdelafaillite,droitdessocits,droitdessuccessions).

  • 36

    LarponsecettequestionseradonneauTitreI,ciaprsintitul:Dtermination

    etdomainedelaloiapplicableauxcontratsbancairesselonlesprincipesclassiquesdudroit

    internationalprivetquiserasuividuTitreIIintitul:LapplicationdelaConventionde

    Romedu19Juin1980auxcontratsbancairesengnral.

    TitreI

    Dterminationetdomainedelaloiapplicableauxcontratsbancairesinternationauxselonlesprincipesclassiquesdudroitinternationalpriv.

    Lapplication unematire quelconque de la technique des conflits de lois appelle

    ltude dun double problme. Il faut, en effet, procder la dtermination de la loi

    applicable,puisenprciserledomaine.Lesconflitsdeloisenmatirebancairenchappent

    pas cette rglegnrale;Cest sur labasede cettedistinction:dterminationde la loi

    applicable aux contrats bancaires (Sous/Titre I) et domaine de la loi du contrat bancaire

    (Sous/TitreII)queserontrpartieslesdiffrentesrubriqueslesconcernant.

    Sous/TitreI

    Dterminationdelaloiapplicableauxcontratsbancairesinternationaux.

    61Gnralits.Lexpressionrecouvre lensembledesoprationsdebanquesquise

    ralisent par un contrat. Elle dsigne donc les oprations les plus diverses: comptes

    bancaires, ouvertures de crdits, crdits descompte, crdits par signature, services

    bancairesetc

    Mais toutescesoprations,quellessoientsimplesoucompliques,quellesmettent

    encausedeuxouplusieurspersonnes,sontcaractrisesparlinterventiondelabanquequi

    leurdonne,endroit international,alorsquilfautdgager la loiqui leurestapplicable,une

    unit fondamentale. De telle sorte quil est possible dtudier ensemble toutes les

    conventionsdebanque(67),sigrandequensoitlavarit(68),pourdgagerlesprincipes

    (67) On rappellera que selon lArticle 54 (du code civilAlgrien): Le contrat est une convention parlaquelleuneouplusieurspersonnessobligent,enversuneouplusieursautres,donner,faireounepasfairequelquechose.

    (68) JulliotDeLaMorandire,RodireetHouin,6Ed.,1972,n646,p.604.

  • 37

    gnraux qui leur sont applicables au regard du droit international priv, avant den

    rechercherlescaractresspcifiques.

    62InadaptationdestechniquesjuridiquesIlestvidentquelactivitdesbanques

    franchitlesfrontires,quelletendsanscessedavantagelesignoreroulessurmonter,et

    que cest l lun des domaines de lactivit commerciale o la tendance

    linternationalisationestlaplusancienneetlaplusforte.Maiscestaussilundesdomaines

    oledroitinternationalclassique,etnotammentlamthodeconflictuelle,apparatlemoins

    appropri. La raret du contentieux bancaire, en droit international, atteste cette

    inadaptation des techniques juridiques traditionnelles. La doctrine en a recherch les

    raisons.Elleaobservque lesrelations juridiquessenouaient leplussouventdans lordre

    internationalparlintermdiairededeuxbanques(69)detellemanirequelactivitdirecte

    des banques est largement territoriale, les relations internationales tant surtout des

    relations entre banques; or les banques sont, frquemment, soumises des usages

    communs, leurs relations internationalesminutieusement rgles, et leurs litiges, sil en

    subsiste,sontplusvolontiersrsoluseneffetparlavoiedelarbitragequeparlestribunaux

    tatiques. On a, galement, invoqu limportance prise, dans de nombreux pays, par le

    contrledeschangesqui,multipliantlescontraintes,tendrduirelesconflits.

    Maislameilleureraisoncommuneaudroitinterneetaudroitinternationaltientsans

    douteauperfectionnementcroissantdestechniquesbancaires.Lorganisationdesservices

    rendusparlesbanques,sarigueur,saprcision,necessederduirelamargedincertitude,

    derreur,oudinsatisfactionopeutsintroduirelecontentieux.

    A cela sajoutent sans doute les effets de la concentration bancaire, qui sont

    notamment, sur le plan matriel, la meilleure qualit du service rendu, et sur le plan

    psychologique,lasoumissioncroissanteduclientlavolontdubanquier.Quoiquilensoit,

    il est bien vrai que les conflits qui subsistent chappent au contentieux, et par suite

    lobservationdujuriste(70).

    (69) LoussouarnetBredin,Droitducommerceinternational,1963,p.729ets.(70) Voirdans lemme sens endroit allemand:Kegel,Lesobligationsbancaires endroit international

    privallemand,ColloquededroitinternationalbancairedeClermontFerrand,1965.

  • 38

    Onpeutsedemandersilalibrationdesmouvementsdecapitaux,parlasuppression

    priodiqueducontrledeschanges,ledcloisonnementdesactivitsbancaires,notamment

    dans le cadre de la Communaut Economique Europenne, ne susciteront pas une

    recrudescencedesconflitsconnusdesjuridictionstatiques(71).Maisforceestdeconstater

    quaujourdhui le droit des contrats bancaires est, pour lessentiel, une construction de

    doctrine.

    Parconsquent,lergimeinternationaldescontratsbancairesnousconduitltude

    desprincipesgnrauxdesolutionsdeconflitsdeloisenmatirebancaireauChapitreI,et

    durattachementdesprincipauxcontratsbancairesauChapitreII.

    ChapitreI

    Lesprincipesgnrauxdesolutionsdeconflitdeloisenmatirebancaire.

    63 Lamise enuvre des principes de rattachement des oprations bancairesne

    diffrantpasdeceuxapplicablesauxautrescontratsconduitsouventladsignationdela

    loidelabanquedontlerleestprimordial.

    En effet, chaque fois quintervient, dans une opration bancaire, un lment

    dextranit(72)seposethoriquement leproblmede la loiapplicable.Lensemblede la

    doctrineaffirmelacomptencedeprincipedelaloidelabanque,plusprcismentdelaloi

    en vigueur au lieu o elle est tablie (73). Mais le fondement de cette comptence

    napparatpastoujoursavecprcision.

    (71) Stoufflet:CommunicationauComitfranaisdudroitinternationalpriv,1966,Lesconflitsdeloisenmatiredecrditsbancaires;Gavalda,Banqueettablissement financier,dansRp.Dr. Int., I,p.1003.

    (72) LaCourdeCassationstatuantsurlalicitdelaclausecompromissoire,aparutenirpourinternationaluncontratmettantenjeulesintrtsdecommerceinternational(Cass.Civ.10Fvrier1930et7Janvier1931.S,33141,noteNiboyet)dfinition trop imprciseetsansdoute troptroite. Ilapparatbienquedoit tre tenu pour international, en ce quil permet lapplication de la loi choisie