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1
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2016
présenté et soutenu publiquement à Paris, octobre 2016
par
Emmanuelle PHAN
pour l’obtention du
Diplôme en Ostéopathie (D. O.)
Contribution de l’ostéopathie à la prise en
charge de la maladie de Lyme
Etude d’un cas clinique
Directeur de mémoire Emeric BOULLAY, Ostéopathe, D.O., Enseignant de l’IDO
Co-directeur Emmanuel PAYEN DE LA GARANDERIE, Docteur en
Chirurgie dentaire, Enseignant IDO
2
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier :
Emeric Boullay et Emmanuel Payen de la Garanderie, qui m'ont fait l'honneur
d'accepter la direction de mon mémoire. Je les remercie pour leur implication et
leur aide pour la réalisation de ce mémoire.
Alain Abehsera, pour son soutien, son écoute et ses nombreux conseils avisés. Il a
su me transmettre son expérience notamment dans l’approche du patient et dans la
technicité du traitement ostéopathique général. Merci de m’avoir accordé autant de
temps.
Le comité mémoire et Françoise Vasseur, pour leur accompagnement tout au long
de la réalisation de ce mémoire. Ainsi que toute l'équipe enseignante de l'Institut
Dauphine d'Ostéopathie pour leur aide et leur soutien au cours de ces cinq années
d'études.
Suzon Grillet, d’avoir pensé à moi et de m’avoir gentiment présenté mon patient
sans qui cette étude de cas n’aurait pas été possible.
Monsieur D., qui a bien voulu participer à ce mémoire malgré les désagréments de
la maladie. Un grand merci de m’avoir accordé autant de temps et d’avoir été aussi
coopératif.
Tous les correcteurs, pour m'avoir accordé leur patience et leur temps.
Ma famille, pour leur soutien et encouragements tout au long de mes études. J’ai
une pensée toute particulière pour mon père qui m'a donné envie de faire un métier
au service des autres et qui nous a malheureusement quitté trop vite.
Tous mes amis, pour tous ces excellents moments passés ensemble et pour tous
ceux à venir. Et tout particulièrement : Tim, Selin, Laurie, Arthur, Domitien et
Cécile de m'avoir soutenue, encouragée dans les moments de doute et de m'avoir
donnée la force d'avancer.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................. 5
1. MATÉRIEL ET MÉTHODE ............................................................................ 8
1.1. Recherche documentaire sur la maladie de Lyme ........................................................... 8
1.1.1. Importance de la maladie : Épidémiologie ................................................................ 8
1.1.2 Diagnostic ................................................................................................................. 10
1.1.3 Les différentes phases de l’infection ......................................................................... 11
1.1.3.1 Stade 1 : L’infection focale cutanée .................................................................. 11
1.1.3.2 Stade 2 : L’infection disséminée ....................................................................... 12
1.1.3.3 Stade 3 : L’infection persistante ........................................................................ 13
1.1.3.4 Syndrome post Lyme disease ............................................................................ 14
1.1.4 Traitements ............................................................................................................... 15
1.2. L'ostéopathie face à la maladie infectieuse.................................................................... 16
1.3. Le cas clinique ............................................................................................................... 19
1.3.1. Le patient ................................................................................................................. 19
1.3.2. Questionnaire d’évaluation ...................................................................................... 21
1.3.3. Déroulement de l’étude de cas et protocole de prise en charge ............................... 22
2. RÉSULTATS .................................................................................................. 26
2.1. Les différents stades de la maladie de Lyme et notre rôle déduit ............................... 26
2.1.1. A un stade précoce de la maladie : Infection focale cutanée ................................... 26
2.1.2. A un stade avancé de la maladie .............................................................................. 26
2.1.2.1. Concernant les patients non diagnostiqués ................................................. 26
2.1.2.2. Concernant les patients diagnostiqués ........................................................ 27
2.2. Cas clinique ................................................................................................................. 30
3. DISCUSSION ................................................................................................. 33
3.1. Analyse des résultats du cas clinique .......................................................................... 33
3.2. Difficultés ................................................................................................................... 34
3.3. Autocritique ................................................................................................................ 35
CONCLUSION ................................................................................................... 37
GLOSSAIRE ET ABRÉVIATIONS .................................................................. 39
ANNEXES .......................................................................................................... 40
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................. 48
TABLE DES ILLUSTRATIONS ....................................................................... 52
5
INTRODUCTION
À la lecture des ouvrages d'Andrew Taylor Still, fondateur de l'ostéopathie, nous avons
pu constater l'étendue des motifs de consultations possibles. Les maladies infectieuses
paraissaient désignées par lui-même comme étant dans le champ de l'ostéopathie : « Je peux
tordre un homme d'une certaine manière et guérir la dysenterie, la fièvre, les rhumes et les
maladies du climat ; secouer un enfant et stopper une fièvre scarlatine, le croup, la diphtérie et
guérir la coqueluche en trois jours par une torsion du cou de l'enfant » .1 L'ostéopathie semblait
être à l’époque une première réponse reproductible devant la maladie infectieuse : « Autant que
je puisse me rappeler, je reçus en peu de jours dix-sept cas de dysenterie sévère et les guéris
tous sans drogue ».1 Néanmoins à cette époque la médecine conventionnelle n'était pas aussi
développée qu'aujourd'hui et reposait sur des démarches empiriques.
De nos jours, les soins ostéopathiques ne sont plus dédiés aux infections comme le
souligne le décret n°2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de
l'ostéopathie. Beaucoup d'ostéopathes prennent leur distance face à ces motifs de consultation.
On a pu constater en étudiant la littérature ostéopathique que peu de travaux s'intéressent aux
maladies infectieuses. Néanmoins, des études récentes ont pris en compte les bienfaits de
l'ostéopathie dans l'accompagnement de certaines maladies infectieuses comme le VIH2 ou la
Pneumonie3. L'étude du collège ostéopathique de New York a démontré que pour un patient
atteint de pneumonie dont l'état devient stable, le traitement ostéopathique était bénéfique pour
réduire la durée d'hospitalisation, diminuer le traitement antibiotique ainsi que sur l'incidence
de l'insuffisance respiratoire. Le sujet de ce mémoire s’intéresse particulièrement à la maladie
de Lyme dont la prévalence est en pleine augmentation. A un stade précoce, cette maladie
répond bien à l'antibiothérapie mais elle pose problème à des stades plus avancés où les douleurs
deviennent chroniques. L'Ostéopathie pourrait-elle avoir un effet bénéfique pour ces patients ?
Bien sûr, l'Ostéopathie ne peut pas prétendre guérir les maladies infectieuses chroniques comme
peut l'être la maladie de Lyme. Mais pourquoi n'aurait-on pas un rôle d'accompagnement en
parallèle de sa prise en charge médicale ? On sait que toute douleur chronique est un phénomène
1 STILL A.T. Do, 2008, Autobiographie traduit de l’américain par Pierre Tricot Do, Vannes : Sully, p. 86 et p. 95 2 HULAK Natacha, 2015, Prise en charge ostéopathique de personnes vivant avec le VIH dans le cadre de
l'amélioration de leur qualité de vie, Institut Dauphine d’Ostéopathie, maître de mémoire Marie Eckert 3 YAO S.
et al., 2014, “Osteopathic Manipulative Treatment as a Useful Adjunctive Tool for Pneumonia”, Journal of
Visualized Experiments
6
pluridimensionnel (somatique et psychosocial) mais aussi multifactoriel où les composantes
sensorielles organique et psychologique sont intriquées et s'autoaggravent. De ce fait, sa prise
en charge est difficile et ne peut être que pluridisciplinaire tant au stade de l'évaluation que du
traitement et du suivi. En Allemagne, la borréliose de Lyme est mieux prise en charge et une
clinique pluridisciplinaire lui est même dédiée. Dans nos recherches, nous avons pu remarquer
qu'aucun article de thérapie manuelle ne portait sur la maladie de Lyme. Les seuls documents
retrouvés sur le sujet parlaient de la ré-athlétisation du patient à la fin de la maladie ou à un
stade chronique.3
La maladie de Lyme est une infection systémique due à un spirochète appelé Borrelia
burgdorferi. Elle est aussi appelée la grande simulatrice comme le fut la Syphilis au XIXème
siècle. Elle est devenue depuis une dizaine d’années, la plus fréquente zoonose* prioritaire de
l’hémisphère nord.4 Elle est véhiculée par la piqûre d'une tique infectée. Elle est à l'origine de
douleurs permanentes, handicapantes et de symptômes multiples, résistantes aux antalgiques,
surtout lorsque la prise en charge est retardée. Au sein de la communauté médicale, elle fait
l’objet de nombreuses controverses qu'il s'agisse de la fiabilité de son diagnostic, de son
caractère chronique ou de son traitement. Une prise en charge tardive peut conduire à la
chronicité avec un important retentissement sur la vie quotidienne et une prise en charge de plus
en plus difficile. Par ailleurs, il existe un réel problème de détection due à sa faible sensibilité
aux tests ELISA. D'après le Professeur Perronne, chef de service des maladies infectieuses de
l'Hôpital RaymondPoincaré, dans la moitié des cas, la sérologie ne permettrait pas de faire le
diagnostic.5 Sa prévalence est donc sous-estimée, d'autant plus que son diagnostic est souvent
retardé, du fait des détections tardives par les médecins de l'érythème qui peut être fugace et
passer inaperçu. Son diagnostic pose de nombreux problèmes aux médecins car cette maladie
est polymorphe et peu caractéristique. Elle est souvent confondue avec la fibromyalgie ou
certaines maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde ou la sclérose en plaques.
Ces personnes souffrant de symptômes de la maladie de Lyme non diagnostiquées ne sont pas
traitées, avec un potentiel danger de dissémination de la bactérie qui peut avoir de graves
conséquences. Peu de médecins sont informés à propos de cette maladie menant à des
diagnostics erronés. Lorsqu'elle est détectée, sa prise en charge est parfois mal entreprise. Ces
malades vont alors se retrouver incomplètement soignés, aboutissant à une errance médicale,
3 HOROWITZ Richard Dr, 2014, Soigner Lyme et les maladies infectieuses chroniques inexpliquées
traduit de l’américain par Anne Pietrasik, Vergèze : T. Souccar, p. 498 4 INVS, 2009, Définition des priorités dans le domaine des zoonoses non alimentaires. p. 8 5 HEDON C., Priorité santé : Piqûres de tiques, la maladie de Lyme, diffusée le 14 mai 2010, RFI
7
un isolement social et professionnel qui peut mener à des troubles dépressifs. Ces patients
ballottés de médecin en médecin restent souvent incompris dans leur détresse. Certains d’entre
eux sont susceptibles de venir dans nos cabinets ne sachant plus quoi faire. Il est donc important
pour chaque ostéopathe de connaître les bases diagnostiques de cette maladie pour mieux les
réorienter, puisque la loi nous y oblige. De plus un traitement précoce semble avoir un rôle
retardant sur son évolution : le rôle de dépistage entre donc de plein pied dans notre fonction
citoyenne d'assistance envers une personne en danger. Sa prévalence actuelle, les nombreux
systèmes touchés, l'aspect délétère et invalidant d'une telle infection, ont orienté notre choix de
l’étude de cette maladie.
Nous nous proposons dans le cadre de ce mémoire d'explorer le bénéfice de l'ostéopathie
pour les patients souffrant de la Borréliose de Lyme. Pourrions-nous apporter soulagement et
confort ? Pour cela, nous analyserons les différents stades de la maladie et nous en déduirons
notre rôle possible. Ce travail sera illustré d'un cas clinique.
8
1. MATÉRIEL ET MÉTHODE
1.1. Recherche documentaire sur la maladie de Lyme
Nous avons pu trouver une importante littérature officielle concernant la maladie. Les
textes de référence ont été les textes écrits par le Haut Conseil de la Santé Publique, le Collège
des Universitaires des Maladies Infectieuses et Tropicales et la Société de Pathologie
Infectieuse de la Langue Française. Les sites consultés ont été ceux de l’Institut de Veille
Sanitaire et de la Haute Autorité de Santé (HAS).
1.1.1. Importance de la maladie : Épidémiologie
Le nombre de cas annuels aux Etats-Unis est de 300 000 cas / an.6 La maladie de Lyme
est un véritable problème de santé publique dans ce pays. L'incidence en Europe, estimée à
partir de données nationales disponibles, est d'environ 85 000 cas chaque année7. En France, le
nombre de cas annuels est évalué à 27 000 mais il est certainement sous-estimé. D’après le
Professeur Perronne, la prévalence dans notre pays serait en réalité 10 fois plus élevée.8 Son
incidence entre 2009 et 2014, a été estimée en moyenne à 44 cas / 100 000 habitants avec
d'importantes variations géographiques qui allaient de 3 à 235 /100 0009. D'après l'Institut de
veille sanitaire, les incidences étaient plus élevées en Alsace et la Meuse (> 100 cas / 100 000
habitants). En Champagne-Ardenne, FrancheComté, Limousin, Rhône-Alpes, elle était
intermédiaire et variait entre 50 et 100 cas / 100 000 habitants et inférieure à 50 / 100 000
habitants dans le Centre, la Basse Normandie et l'Aquitaine10 (cf. annexe 1).
La prévalence de Lyme est sous-estimée due aux nombreuses analyses faussement
négatives. Et elle ne tient pas compte des détections tardives par les médecins de l'érythème
migrant (EM) passant parfois inaperçu. L’EM n’est observé que dans 20% des cas en France.12
6 Center for disease control and prevention, How many people get Lyme disease? [en ligne] (modifié le
30/09/2015) disponible sur http://www.cdc.gov/lyme/stats/humancases.html (consulté le 25/11/2015 à 18h) 7 LINDGREN Elisabet, G.T. JAENSON Thomas, 2006, Lyme borreliosis in europe: influences of climate and
climate change, epidemiology, ecology and adaptation measures, World Health Organisation, p. 5 – 10 8 CYMES M., CARRERE D’ENCAUSSE M., Allô docteur : Et si c’était la maladie de Lyme ? diffusée le
29/04/2016, France 5 9 Réseau Sentinelles, Surveillance nationale de la maladie de Lyme [en ligne] disponible sur
https://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/?page=maladies&mal=18 (consulté le 3/01/2016 à 14h) 10 Institut de veille sanitaire, Borréliose de Lyme [en ligne] 2013 disponible sur
9
De plus, la déclaration des cas n'est pas obligatoire en Europe. Les estimations annuelles ont dû
être revues à la hausse aux Etats-Unis en 2013 passant de 30 000 cas à 300 000 cas.
Le vecteur principal en France est la tique du genre Ixodes ricinus. Elle serait en
expansion depuis une trentaine d'années. Elle est fréquemment retrouvée dans les zones
humides, les forêts de feuillus. Même dans les milieux urbains, sa présence est possible dans
les bosquets, les taillis ou les haies. Ces tiques existent dans toute la France métropolitaine à
l'exception des zones littorales méditerranéennes et des zones en altitude. Elles ont une activité
saisonnière (de mars à novembre) qui est maximale au printemps et au début de l'automne. Elles
peuvent être vectrices de co-infections comme la babésiose ou l’ehrlichiose rendant un
diagnostic difficile de la maladie de Lyme (ML). Les tiques sont sensibles aux variations
climatiques. D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, en vue des futurs changements
climatiques, il serait probable que la propagation de la borréliose de Lyme en Europe soit
facilitée.8 Des cas de transmission fœto-maternelle ont été rapportés. Certains chercheurs
pensent qu’il existe également une transmission sexuelle de la maladie. Malheureusement, il
existe peu d’études à ce sujet. L’étude de Marianne Middelveen a néanmoins montré qu’il
existait de faibles quantités de Borrelia dans les sécrétions génitales des malades13.
L'agent pathogène responsable est Borrelia burgdorferi sensu lato. Dans le genre
Borrelia, dix-sept espèces ont été identifiées dont cinq ont un pouvoir pathogène certain pour
l'homme et chacune d’entre elles va avoir des conséquences différentes :
• Borrelia burgdorferi stricto sensu (B.b.s.s.) : cause des arthrites de lyme (AL), donne un
érythème migrant
http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-
transmissionvectorielle/Borreliose-de-lyme/Donnees-epidemiologiques (consulté le 25/11/2015 à 17h30) 12 BEGON E. Dr, 2007, Aspect articulaires, musculaire, cardiaques et autres manifestations potentielles au
cours de la maladie de Lyme, Médecine et maladie infectieuse, p. 424 13 MIDDELVEEN MJ et al., 2014, Isolation and detection of Borrelia burgdorferi from human vaginal
and seminal secretions, The Journal of Investigative Medicine
• Borrelia garinii : en majorité identifié dans les neuroborrélioses, donne un EM
• Borrelia afzelii : manifestation cutanée tardive, possible AL, donne un EM
• Borrelia spielmaanii
• Borrelia bavariensis
Ces 5 bactéries sont présentes en Europe alors qu'aux États-Unis seule B.b.s.s. a été identifiée.
Cette diversité contribue à sa capacité à échapper au système immunitaire et sa résistance face
à l'antibiothérapie conduit à une infection chronique.
10
Les personnes les plus exposées sont les personnes travaillant en forêt, les randonneurs,
les campeurs, les scouts et promeneurs qui sont souvent en tenues dénudées pendant la période
estivale.
1.1.2 Diagnostic
Le diagnostic repose sur la confrontation de la clinique, de l'épidémiologie et de la
biologie. L'interrogatoire est primordial surtout dans les zones endémiques. Son diagnostic est
à évoquer lorsqu’il existe une exposition possible aux piqûres de tiques associée à des
manifestations cliniques. Néanmoins la piqûre de tique est non douloureuse et passe souvent
inaperçue. En effet, la notion de piqûre de tique à l’anamnèse n'est retrouvée que dans 25 % des
cas. L'analyse clinique est complexe et l'interprétation des données biologiques est difficile. En
effet, elles amènent rarement la certitude d’une infection active ou de l’absence d’infection. Les
données sérologiques ne sont qu’un argument supplémentaire et leur négativité ne permet pas
d’exclure la maladie. Le diagnostic biologique est réalisé uniquement en laboratoire spécialisé.
Il repose sur des techniques directes de recherche de la bactérie (mise en culture d’un liquide
biologique, recherche génomique par PCR) et sur des techniques indirectes comme le test
ELISA ou le Western Blot. Ces techniques indirectes se basent sur la recherche d'anticorps
spécifiques dirigés contre la bactérie. Le Western blot est plus fiable que l’ELISA car plus
spécifique mais il sera réalisé uniquement si l’ELISA est positif. Il permet donc de confirmer
sa positivité.
Le diagnostic au début de la maladie (Stade 1) est exclusivement clinique. L’érythème
migrant représente le signe pathognomonique et sa présence pose avec certitude le diagnostic
de la ML. Malheureusement, il n'est observé que dans 20% des cas en France.12 Le diagnostic
clinique de la maladie n'est pas facile en cas d'absence de l'EM car les signes manquent de
spécificité. La sérologie n'est pas nécessaire à ce stade, en effet dans 50 % des cas elle sera
négative. Il faut attendre entre 4 à 6 semaines après la piqûre de tique, avant de pouvoir réaliser
une analyse biologique, ce que peu de médecins savent.
L'hétérogénéité des agents pathogènes impliqués explique les difficultés de diagnostic
rencontrées en Europe.
11
1.1.3 Les différentes phases de l’infection
1.1.3.1 Stade 1 : L’infection focale cutanée
Lors de la phase primaire, la bactérie va se multiplier dans le derme constituant une
infection focale cutanée. Cette phase est caractérisée par l'érythème migrant (EM)
apparaissant 3 à 30 jours après la morsure de tique. Ce symptôme reste inconstant, sa
présence est observée dans 50 % des cas aux Etats-Unis et seulement 20% des cas en
France.12
Figure 1 : Photo d’un érythème migrant
typique, CDC, 2007
L’EM est centré sur la piqûre de tique. Il est généralement indolore et non prurigineux.
Cette lésion débute par une macule rouge à croissance annulaire et centrifuge s'étendant
rapidement. Son centre est plus clair. Son diamètre est variable et peut atteindre 60 cm. L'EM
est le signe pathognomonique de la maladie de Lyme. Il présente plusieurs formes cliniques
(sans décoloration du centre, squameuse ou très étendue) sources de difficultés diagnostiques
pour le praticien. L'EM disparaît spontanément en quelques semaines à quelques mois même
en l'absence de traitement. Il est souvent associé à des signes généraux (asthénie, céphalées,
fébricule, adénopathie régionale) et des arthromyalgies migratrices et fugaces. Les arthralgies
sont aspécifiques et sont présentes dans 50 à 70 % des cas. Ces signes traduisent une
dissémination précoce de la bactérie.
La guérison est rapide si une antibiothérapie est mise en place à ce stade. Plus le
traitement a été mis en route tardivement, plus il y aura de dommages et la résolution de la
maladie sera d'autant plus lente et incomplète. En l'absence de traitement, de nouvelles
manifestations vont apparaître comme des atteintes neurologiques, ostéo-articulaires,
cardiaques ou cutanées indiquant la diffusion systémique de la bactérie.
12
1.1.3.2 Stade 2 : L’infection disséminée
La phase secondaire apparaît quelques semaines à quelques mois après la phase primaire
en l'absence de traitement antibiotique ou lorsque celle-ci est passée inaperçue. Elle dure
quelques mois avec des manifestations systémiques (fièvre, asthénie). La bactérie va être
disséminée par voie hématogène. L’EM peut ne pas avoir disparu à ce stade de la maladie. Lors
de cette phase, plusieurs types de manifestations sont décrits. Parmi elles, on retrouve des
manifestations générales, neurologiques, rhumatologiques, cutanées, cardiaques et
ophtalmologiques.
En France, les manifestations neurologiques sont plus fréquentes. Les manifestations
cardiaques (troubles de la conduction auriculoventriculaire essentiellement), oculaires (uvéite
antérieur, endophtalmie) et cutanées (EM multiple) restent rares en Europe. Les arthrites de
Lyme sont très souvent rencontrées aux ÉtatsUnis contrairement à la France.
Parmi les manifestations générales, on retrouve généralement une asthénie voire une
léthargie, une fièvre absente ou modérée, des malaises, une splénomégalie, une hépatomégalie,
des adénopathies, des pharyngites et des conjonctivites.
Les manifestations neurologiques sont les plus couramment observées en Europe à cause
de la prédominance de Borrelia garinii. Elles apparaissent à 80% des cas par une
méningoradiculite, à prédominance sensitive, caractérisée par des algies irradiant sur un trajet
grossièrement radiculaire (dermatome de la piqûre). Les douleurs sont souvent plus intenses la
nuit et répondent mal aux antalgiques habituels et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. A
l’examen il existe souvent des troubles subjectifs de la sensibilité, à type de paresthésies. Les
réflexes ostéo-tendineux peuvent être abolis. Les signes débutent en général dans le territoire
de morsure de la tique. En moyenne, ils apparaissent environ un mois après la morsure de tique.
Dans certains cas, ils peuvent être plus précoces (jusqu’à une à deux semaines après la morsure)
ou au contraire de survenue tardive (jusqu’à six mois). Le deuxième symptôme neurologique
fréquemment retrouvé est la paralysie faciale périphérique souvent unilatérale dans les 2/3 des
cas et parfois bilatérale. D’autres nerfs crâniens peuvent être lésés entrainant une névrite
optique, des troubles de l’audition et de l’équilibre. Les méningites isolées, encéphalites et
myélites restent rares (moins de 5% des neuroborrélioses).
En ce qui concerne les manifestations rhumatologiques, on retrouve fréquemment des
arthralgies, pouvant durer quelques heures à quelques jours, touchant une ou plusieurs
13
articulations. Elles apparaissent au bout de quelques semaines après l’EM. Les douleurs sont
elles aussi résistantes aux traitements antalgiques classiques. La manifestation la plus classique
reste l’arthrite de Lyme des grosses articulations touchant principalement le genou suivi du
coude et de la cheville. Elle est d’apparition brutale et survient généralement six mois après la
morsure de tique. Le tableau est celui d’une mono ou d’une oligo-arthrite asymétrique peu
inflammatoire évoluant, en l’absence de traitement, par poussées de plusieurs semaines, et
pouvant céder spontanément pour récidiver quelques semaines plus tard. Ces oligo-arthites sont
parfois migratrices. 10 % de ces patients vont évoluer vers une forme chronique. On n’observera
aucun signe radiologique. Des myalgies aiguës ou chroniques fulgurantes avec raideur de la
nuque et des myosites sont également décrites. On peut également retrouver des formes
articulaires atypiques comme des spondylarthropathies, des ténosynovites, des bursites et des
arthrites temporo-mandibulaires.
1.1.3.3 Stade 3 : L’infection persistante
Le troisième stade de la maladie de Lyme apparaît quelques mois à quelques années plus
tard. Il peut durer des années. A ce stade la bactérie est disséminée dans tout le corps. Durant
cette phase, les manifestations neurologiques et rhumatologiques décrites au second stade se
pérennisent. On retrouve donc des arthrites récidivantes à caractère peu inflammatoire. Les
myalgies deviennent également chroniques. De plus, des complications neurologiques peuvent
apparaitre comme une encéphalomyélite chronique ou une polyneuropathie sensitive axonale.
Des fibromyalgies appelées post Lyme disease sont également rapportées suite à la maladie.11
Pour les manifestations cutanées tardives, la forme classique est l’acrodermatite
chronique atrophiante ou maladie de Pick-Herxheimer. Elle survient 1 à 8 ans après l’EM. Au
début, il s’agit d’un érythème bleu violacé mal limité, plus ou moins infiltré et œdémateux
prédominant aux extrémités. Il s’étend progressivement en prenant un aspect atrophique ou
scléreux laissant voir à travers la peau le réseau veineux. Il est souvent associé à des extrémités
froides.
D’autres symptômes sont également ressentis durant cette phase comme une fatigue
chronique permanente, des céphalées, des modifications de la personnalité, de l’irritabilité, de
l’anxiété, des pleurs, des troubles du sommeil, des troubles de la mémoire ainsi que des troubles
de la concentration.
11 OMETTI Paul et al., 2006, Arthrites de la maladie de lyme : diagnostic et traitement, Revue du Rhumatisme
73, p. 352
14
A ce stade de la maladie, la vie quotidienne du patient devient très difficile. Les douleurs
apparaissent au moindre stress ou effort physique obligeant le malade à réduire ses activités et
souvent à arrêter complètement sa vie professionnelle.
1.1.3.4 Syndrome post Lyme disease
La maladie de Lyme fait l’objet de controverse dans le monde médical en ce qui
concerne sa chronicité. Dans notre pays, la notion de chronicisation pour cette maladie n'est
pas reconnue. La plupart des médecins parlent donc de syndrome post Lyme disease lorsque
des symptômes persistent malgré un traitement bien conduit. Pour ces mêmes médecins, ce
stade est donc considéré comme une suite d'une borréliose traitée et ne serait pas dû à la présence
d'une infection active de la Borrelia burgdorferi puisqu'il n'existe plus de signes objectifs
d'infection. 10 à 20 % des patients ayant reçu un traitement antibiotique adapté vont se retrouver
dans ce cas et vont continuer à avoir des plaintes non spécifiques.12 Le syndrome post Lyme
est controversé et sa physiologie est inexpliquée. Les hypothèses pouvant expliquer la
persistance des symptômes sont nombreuses comme par exemple l’existence de séquelles
tissulaires irréversibles ou de résolution lente. Ce syndrome se caractérise par des symptômes
persistants, invalidants pour le patient dans son activité quotidienne, à type d'asthénie,
d'arthromyalgie diffuse, de céphalée, de troubles de la mémoire et de l'attention, de troubles
neurologiques, de troubles du sommeil et de dépression. Son diagnostic peut être confondu avec
les diagnostics différentiels de fibromyalgie, de syndrome de fatigue chronique ou de
dépression à cause du manque de spécificité des symptômes et de l'absence de marqueur
biologique fiable.
D’autres médecins comme le groupe de recherche Chronimed parlent d’infections
froides de la borréliose.12 Borrelia burgdorferi aurait tendance à prendre différentes formes
(existence de biofilm protégeant la bactérie13, forme kystique qui échappe aux antibiotiques)
afin d’échapper à notre système immunitaire et aux antibiotiques. La bactérie serait capable de
persister de nombreuses années dans l’organisme malgré les traitements antibiotiques14 et serait
12 PERRONNE Christian PU-PH, 2014, La maladie de Lyme et les maladies associées à tiques : les défis
mondiaux dans le contexte d'une menace de santé publique, Frontiers in Cellular and Infection Microbiology 13 SAPI E. et al., 2012, Characterization of biofilm formation by Borrelia burgdorferi in vitro, PLOS
ONE 14 EMBERS et al., 2012, Persistence of Borrelia burgdorferi in Rhesus Macaques following Antibiotic Treatment
of Disseminated Infection, PLOS ONE
15
susceptible de redéclencher l’infection en cas de baisse de l’immunité d’où son caractère
chronique.
En France, aucune recommandation thérapeutique par les autorités de santé n'existe à ce
stade de la maladie. Les avis des médecins divergent à ce sujet. Ces patients en souffrance se
retrouvent livrés à eux-mêmes. De nombreux malades partent en Allemagne pour se faire
soigner, où la maladie est mieux connue et mieux traitée. Une clinique spécialisée leur est même
dédiée comprenant un accompagnement multidisciplinaire. La thérapie manuelle fait partie
intégrante du programme et a pour but de ré-athlétiser le patient.
1.1.4 Traitements
Le traitement de la borréliose de Lyme repose sur l’antibiothérapie. Les résultats
thérapeutiques diffèrent beaucoup suivant le stade auquel il a été administré. En effet, le
traitement est beaucoup plus efficace et la guérison est rapide lorsque sa mise en place est
effectuée lors de la phase primaire. Cela permettrait d’empêcher le passage de la maladie vers
des stades évolués. Plus le traitement a été mis en route tardivement, plus il y aura de dommages
et la résolution de la maladie sera d'autant plus lente et incomplète. A partir de la phase
secondaire, l'efficacité de l’antibiothérapie est plus incertaine.
Une antibioprophylaxie* peut être prescrite après une piqûre de tique, lorsque la durée
d’attachement de la tique a été supérieure à 48h ou que la tique était gorgée de sang au moment
du retrait ainsi que chez les personnes immunodéprimées.
Son traitement fait l’objet de controverse dans la communauté médicale. En France, les
recommandations de sa prise en charge sont calquées sur les directives de l'International
Diseases Society of America (IDSA) datant de 2004. L'IDSA ne la considérait pas comme
chronique et préconisait une antibiothérapie de quelques semaines quelque soit le stade. Ces
directives sont considérées aujourd'hui comme désuètes aux États-Unis. En effet, le
Département américain de la Santé et des Services sociaux les a remplacées par les
recommandations de l'International Lyme and Associated Diseases Society (ILADS) datant de
2014 qui reconnaît la notion de chronicisation de la maladie et préconise une antibiothérapie
plus longue lorsque les symptômes persistent à des stades avancés. La HAS préconise à la phase
primaire en priorité l’Amoxicilline avec une posologie de 4g par jour pendant 15 à 21 jours. A
la phase secondaire et tertiaire, sa posologie peut être augmentée jusqu’à 6g par jour toujours
16
pendant 15 à 21 jours (2 à 3 semaines).15 En comparaison l’ILADS recommande un traitement
plus long de 4 à 6 semaines et si le patient n’est pas totalement guéri, la prise en charge peut
être continuée au-delà des 6 semaines avec le même antibiotique si on obtient une bonne
réponse, en augmentant la dose ou en changeant d'antibiotique si la réponse est modeste. Tout
en ayant la possibilité de faire des traitements discontinus. Et si la réponse est nulle ou minime
il faut réévaluer le diagnostic.
L’utilisation d’antibiotique au long terme entraine un risque de colite à clostridium.
Selon le nombre d'antibiotiques prescrits, le patient doit changer son régime alimentaire de
manière à prévenir la prolifération des levures au détriment des bactéries bénéfiques de la flore
intestinale et ainsi éviter les colites à clostridium.
Des réactions de Jarish Herxheimer, aussi appelées Herx ou crises de guérison sont
souvent associées à l’antibiothérapie. Cette réaction entraîne une accentuation des symptômes
durant le traitement antibiotique. Elle est bénigne et ne justifie pas l’arrêt du traitement.
1.2. L'ostéopathie face à la maladie infectieuse
La santé en ostéopathie correspondrait à une condition d’harmonie corporelle et la
maladie à une dissonance où la fonction est pervertie comme l’indique A. T. Still : « Quand
toutes les parties du corps humain sont en ordre, nous avons la santé. Quand elles ne le sont pas,
c'est la maladie. »16
Dans les ouvrages d’ostéopathie, on parle souvent de terrain propice à la maladie. Les
tissus pervertis par une perte de mobilité des fascias entraineraient une mauvaise vascularisation
et une restriction des mouvements physiologiques. Ces conditions défavorables fragiliseraient
le terrain et donc constitueraient des causes prédisposantes au possible développement de la
maladie. On retrouve bien dans ce raisonnement la notion de structure gouvernant la fonction
importante en ostéopathie. Pour Still, la maladie prend son origine et se développerait dans le
fascia. C’est pour lui, le lieu idéal pour qu’un germe prospère puisque c’est un lieu bienveillant,
15 Haute Autorité de Santé, 2012, Commission de la transparence : Clamoxyl, p. 6 16 STILL A.T. Do, 2001, Osteopathy, Research and Practice traduit de l’américain par Pierre Tricot, Vannes :
Sully
17
offrant un support de croissance où il pourra trouver facilement des nutriments essentiels à sa
survie.17
Au-delà de facteurs prédisposants, la maladie serait également maintenue par la structure
d’après G. D. Hulett, professeur des principes et pratique de l’ostéopathie à l’American school
of osteopathy, Et toutes conditions structurelles anormales empêcheraient le bon
fonctionnement.18
Selon A. T. Still, le rôle de l’ostéopathe face à la maladie n’est pas de la guérir mais
d’ajuster une partie ou l’ensemble du système afin d’améliorer la circulation des différents
fluides du corps. Pour cela, le praticien devra vérifier qu’aucune perturbation fonctionnelle ne
vient entraver le fonctionnement des tissus et la circulation des fluides20, sachant qu’un bon
drainage lymphatique est essentiel dans les maladies infectieuses. En travaillant la structure du
patient, l’ostéopathe recherche la perfection physiologique afin de potentialiser le corps face à
toutes contraintes mécaniques ou externes mais aussi dans le but d’améliorer la fonction et donc
d’améliorer les réactions du corps face au monde extérieur. Comme le dit A.T. Still dans son
livre Philosophie de l'ostéopathie (page 51) « l’ostéopathe doit trouver la santé ». Il considérait
qu’il ne fallait jamais laisser un patient tant qu’on a pas eu un retour vers la normale de la
structure. Pour cela, en fonction de la maladie, il pouvait voir ses patients une à deux fois par
semaine et parfois seulement toutes les deux semaines.20
Il est étonnant de constater qu’aujourd’hui certains médecins comme le Docteur Raphaël
Perez parlent aussi de terrain favorable pour Borrelia qui est une bactérie anaérobie. Il met en
avant que celle-ci se développerait que dans des tissus peu oxygénés. Certaines personnes
seraient porteurs sains de la bactérie et ne développeraient pas la maladie de Lyme. Le stress
serait un facteur prédisposant à la maladie. En effet, il évoque que de nombreux malades ayant
développé la maladie de Lyme se seraient plaint d’une période de stress ou de surmenage avant
l’apparition des symptômes. C’est aussi le cas de notre patient qui a développé des symptômes,
pendant une période de surmenage et de stress, 9 mois après la piqûre de tique.
D’après les travaux du professeur Hans Selye, nous savons que le stress a un impact sur
la santé. En effet, il peut déclencher un bouleversement dans la structure psychique et somatique
d’une personne par l’intermédiaire de réactions endocriniennes. La source de stress diffère d’un
17 STILL A.T. Do, 2003, Philosophie de l'ostéopathie A.T. Still, traduit de l’américain par Pierre Tricot, Vannes :
Sully page 168 18 HULETT G. D. Do, 2011, Manuel de principes de l’ostéopathie traduit par Pierre tricot, Vannes : Sully
18
individu à autre. Pour qu’une situation soit considérée comme stressante, la personne doit avoir
le sentiment de n’avoir aucun contrôle sur cette situation. Elle doit être imprévisible, nouvelle
et mettre en doute nos capacités. Chaque situation vécue comme stressante pour une personne
déclenche une réaction d’alarme. Face à un stress, l’homme fuit ou combat. L’énergie est
mobilisée au dépend d’autres systèmes comme le système immunitaire, nous rendant vulnérable
aux maladies. Rappelons que la maladie de Lyme est une infection froide susceptible de se
redéclencher à la moindre chute de l’immunité.
L’ostéopathie est souvent associée au bien-être. Elle permet de diminuer le stress et les
tensions dans le corps.19 L’ostéopathe, représentant un accompagnement anti-stress, pourrait
donc avoir un rôle de prévention face aux crises récurrentes de la maladie. Selon le rapport de
l’OMS datant de 2010, « l’ostéopathie fournit un large éventail d’approches permettant de
préserver la santé et de gérer la maladie ». Son approche biopsychosociale du patient représente
un outil permettant un abord de la santé et de la maladie dans sa globalité. L’être humain est vu
comme une unité fonctionnelle dynamique où l’état de santé est influencé par le corps, la pensée
et l’esprit. Parmi les manipulations ostéopathiques, certaines sont mises en place pour traiter les
effets des différentes tensions bio-psycho-sociales et leurs réactions. Cette approche prend en
compte le patient et l’inclut dans la prise en charge, ce qui influence directement les résultats
du traitement.20
De nombreux ostéopathes de renom comme W. G. Sutherland, Rollin Becker insistent
sur l’importance d’un axe cranio sacré ou Midline centré, relâché et harmonieux dans sa
dynamique pour que la santé s’exprime à son optimum. Cet axe est en relation dynamique avec
les 3 diaphragmes du corps qui sont le périnée, le diaphragme thoracoabdominal et la tente du
cervelet. Tous les 3 accomplissent un mouvement rythmique au sein d’un mécanisme
respiratoire. Il est important que ces diaphragmes soient synchronisés et équilibrés pour obtenir
des performances fonctionnelles optimum. La limitation de l’un d’entre eux peut perturber
l’ensemble du système.21
En ce qui concerne la douleur chronique, l’ostéopathie offre au patient chronique la
possibilité de se sentir mieux, même si cela peut être transitoire et permet au patient un aperçu
19 KOROTKOV Konstantin et al., 2012, Stress Reduction with Osteopathy Assessed with GDV Electrophotonic
Imaging: Effects of Osteopathy Treatment, The Journal of Alternative and Complementary
Medicine 20 BERQUIN A., 2010, Le modèle biopsychosocial : beaucoup plus qu’un supplément d’empathie, Rev Med
Suisse n°258 21 FRYMANN Viola, 1968, The Core-link and the three diaphrams, Year Book AOA
19
de leur capacité à avoir moins mal. Le traitement ostéopathique générale (TOG) trouve une
indication particulière pour la personne alitée ou ayant une diminution importante de l’activité
physique ou quotidienne tel étant le cas dans la maladie de Lyme. Il permet de remonter le
niveau de vitalité, redonner de la souplesse, d’éviter l’enraidissement et d’améliorer la
circulation des fluides du corps. Dans le contexte de douleur chronique, un suivi régulier du
patient est nécessaire et le TOG doit s’intéresser à l’ensemble du corps pour stimuler les forces
régénératrices et immunitaires du corps.22
Plusieurs médecins spécialisés dans la prise en charge de la maladie de Lyme aux Etats-
Unis (les docteurs Horowitz et Burrascano) conseillent à leurs patients la thérapie physique
(mobilisations passives, massages). Le but est de garder de la mobilité puisque la maladie oblige
le patient à diminuer considérablement ses activités voire à être alité. Mais elle est aussi utilisée
comme préparation à une reprise de l’activité physique fondamentale pour la guérison du
patient. En effet, Borrelia serait sensible à la chaleur et aux fortes concentrations en oxygène
puisqu’elle se développe dans un environnement anaérobie. Pendant l’exercice physique, la
température corporelle interne peut s’élever au-dessus de 38,2°C favorisant l’affaiblissement
de la bactérie qui préfère une température inférieure à 35°C. Le TOG offre la possibilité de
travailler sur la mobilité par des mobilisations passives. De plus, il peut lutter contre les stases
circulatoires et améliore la circulation des fluides en général (sang, lymphe) donc une meilleure
oxygénation des tissus et un meilleur drainage lymphatique. La prise répétée d’antibiotique dans
la maladie de Lyme sature l’organisme, il semble donc important de travailler sur l’aspect
lymphatique que propose le TOG.
1.3. Le cas clinique
1.3.1. Le patient
Notre étude de cas s’intéresse à un étudiant de 23 ans qui s’est fait piquer par une tique
au niveau de son bras droit à l’occasion d’un camp scout dans le Lot-et-Garonne en juillet 2014.
La tique a été mal retirée. Il n’a pas eu d’érythème migrant mais de nombreuses papules sont
apparues dans son dos suite à cette piqûre. La période de mars à avril 2015 a été vécue comme
un période de surmenage avec beaucoup de travail et de stress. Neuf mois après la piqûre de
22 HEMATY Françoise, 2001, Le T.O.G. du traitement ostéopathique général à l’ajustement du corps, Vannes :
Sully, p. 141
20
tique (avril 2015), il a commencé à ressentir des douleurs dans son bras droit et sa joue droite
avec des sensations d’engourdissement et de froid lançant dans la joue, accompagnées de
myalgies et de troubles visuels (avec sècheresse et fatigue oculaire). Son généraliste lui a donc
prescrit du repos, de l’aspirine et 12 séances de kinésithérapie. Le patient a omis d’évoquer la
piqûre de tique ne voyant pas le rapprochement avec ses symptômes. Les séances de
kinésithérapie n’ont donné aucun résultat. Au bout de la 6ème séance, une paralysie faciale
périphérique unilatérale à droite est apparue. Il a donc fait une IRM en urgence, quelques heures
après son apparition mais celle-ci s’est révélée normale. Deux arrêts maladie ont dû être posés
tellement les douleurs étaient fortes et handicapantes. Il a fini par faire une pause dans ses études
et n’a pas pu rendre son mémoire de fin d’année. A partir de mai 2015, des céphalées à type de
serrement sont apparues pouvant durer toute la journée. Elles sont accompagnées de
phonophobies et souvent associées à des vertiges positionnels, des contractures et des
engourdissements. Elles s’amenuisent lorsqu’il s’isole dans un endroit frais, aéré et silencieux.
Dans la même période, il a ressenti des troubles de la concentration, des troubles de la mémoire,
de la fatigue et se plaignait d’insomnie d’endormissement. Fin mai 2015, son médecin
généraliste pense à la maladie de Lyme et lui prescrit les examens à réaliser. Trois analyses
sanguines seront réalisées dans 3 laboratoires différents : celles du 28 mai et du 16 juin 2015 se
sont révélées positive à la ML alors que celle du 12 juin s’est montrée négative à la maladie (cf.
annexe 2). Aucune co-infection n’a été retrouvée. Une antibiothérapie de 15 jours a été mise en
place par son généraliste à partir de la confirmation du diagnostic. Une réaction de Jarish
Herxheimer a été déclenché suite à l’antibiothérapie. Le patient est allé voir par la suite un
neurologue qui lui a ensuite prescrit une double antibiothérapie en intraveineuse qui lui a encore
déclenché une réaction de Herx. Pour les médecins, il se situe entre une phase secondaire et
tertiaire de la maladie. Mécontent de son neurologue, il change une dernière fois de médecin
pour un autre qui suit de nombreux cas de Lyme. Ce médecin a lui-même eu la maladie. Son
traitement repose maintenant sur une antibiothérapie alternant plusieurs molécules, des
antiparasitaires ainsi que du Dafalgan codéiné. A cette époque, il avait besoin de six Dafalgan
par jour. En parallèle, le patient a dû changer ses habitudes de vie pour potentialiser le
traitement. Il a arrêté de fumer et de boire de l’alcool pour minimiser l’exposition aux
substances toxiques. La consommation d’alcool serait susceptible de renforcer les symptômes.
Il prend de nombreux compléments comme de la vitamine C, vitamine D (stimule l’immunité),
de l’acérola, du magnésium mais aussi des probiotiques. Il suit un régime sans gluten, sans lait,
sans sucre ajouté. Il fait attention à bien s’hydrater tout au long de la journée. En effet, les
maladies chroniques peuvent entrainer une accumulation de résidus acides. De juin à juillet
21
2015, la fatigue et les douleurs étaient intenses à tel point qu’il restait toute la journée assis sur
un fauteuil. Les manifestations cutanées ont disparu totalement en juillet 2015. A partir d’aout
2015, il a pu commencer à ressortir un peu. Il s’est senti plus actif en septembre 2015 malgré
des gonalgies bilatérales apparues avec la maladie. Ces gonalgies sont caractérisées par des
sensations de blocage ou de compression. Elles se réveillent au début de l’effort sportif mais ne
lui font plus mal après le sport. Parfois, il pouvait avoir mal rien qu’en se relevant et cela pouvait
le faire tomber. En novembre 2015, il s’inscrit au service civique et reprend progressivement la
marche. Depuis janvier 2016, il a pu diminuer sa consommation de Dafalgan (entre 2 à 4
comprimés par jour en fonction des douleurs) et il essaye de reprendre progressivement une
activité sportive : il court tous les 10 jours. Jusqu’à aujourd’hui tous ces symptômes sont
toujours présents sauf l’insomnie d’endormissement. Ils sont plus ou moins forts en fonction
des jours pouvant l’obliger à arrêter toute activité. Dans les signes fonctionnels associés, il
présente une fatigue oculaire avec une sécheresse oculaire et cutanée. On retrouve dans ses
antécédents un accident de voiture avec plusieurs tonneaux en 2013 et des entorses à répétition
de la cheville gauche en 2012.
1.3.2. Questionnaire d’évaluation
L’évaluation du patient a été faite au début de la prise en charge puis à 1 mois et 2 mois
d’accompagnement. Nous avons choisi d’utiliser le questionnaire SF-36 qui évalue la qualité
de vie perçue par le patient au cours des 4 dernières semaines (cf. annexe 3). C’est un auto-
questionnaire générique pluridimensionnel de 36 items permettant de mesurer 8 dimensions :
l’activité physique (PF), la vie et les relations avec les autres (SF), les limitations dues à l’état
physique (RP), les limitations dues à l’état psychique (RE), la santé psychique (MH), l’énergie
et la vitalité (VT), les douleurs physiques (BP), la perception globale de l’état de santé (GH).
Plusieurs items sont regroupés pour constituer le score de chaque dimension. Le calcul des
scores se fait à partir des réponses obtenues pour chaque item, converties en une valeur
préétablie pour cette réponse. Le score est ensuite converti par un algorithme spécifique pour
chaque dimension (cf. annexes 3 et 4 pour plus de précisions). Chaque score est compris entre
0 et 100, 0 étant la plus mauvaise appréciation de la qualité de vie perçue par le patient et 100
étant la meilleure.
Au début de chaque séance, nous avons également demandé au patient de faire un point
sur sa consommation d’antalgique entre deux consultations.
22
1.3.3. Déroulement de l’étude de cas et protocole de prise en charge
Préalablement, le patient a bien été informé sur le déroulement de l'étude et a bien signé
le formulaire de consentement. Le protocole d’accompagnement s’est étendu sur une durée de
2 mois où le patient a été vu 2 fois par semaine le premier mois avec un intervalle de 3 jours
puis 1 fois par semaine le deuxième mois. Dans notre prise en charge, nous avons décidé d’avoir
une approche très globale de notre patient.
Nous avons choisi de réaliser l’ensemble des consultations chez le patient afin de le
ménager. En effet, les crises douloureuses peuvent survenir à n’importe quel moment
handicapant le patient. C’est donc par souci de son confort que nous avons pris cette décision.
Les séances d'ostéopathie duraient en moyenne une heure et ont toujours été réalisées à la même
heure.
Lors de la première séance, nous avons choisi de travailler en priorité la structure,
puisque c’est elle qui gouverne la fonction. Le traitement ne présentait pas de protocole pré-
établi pour cette séance. Nos tests se sont portés sur l’ensemble du corps. Seules les zones
dysfonctionnelles, repérées préalablement, ont fait l’objet de tests ostéo-articulaires et
tissulaires détaillés. Nous avons donc traité toutes les dysfonctions qui nous semblaient
importantes. (pour plus de précision voir l’annexe 5) Le traitement comprenait des techniques
douces (crânienne et myo-fasciale) ainsi que des techniques structurelles.
Nous avons terminé cette séance par un TOG. Les tests utilisés lors des séances ont été :
• Tests ostéo-articulaires du rachis et du bassin
• Tests de corde à nœuds du membre inférieur et du membre supérieur puis nous avons
testé spécifiquement les zones dysfonctionnelles
• Test d’écoute du bassin : il détermine les zones de rétention à partir du bassin
• Test d’écoute de l’axe crânio-sacré : il permet une écoute simultanée du MRP au crâne
et au sacrum dans le but de déterminer s’ils sont rythmiquement en phase.
Il nous oriente sur la priorité thérapeutique à mettre en place.
• Test global du crâne comprenant 3 tests :
o Une prise en berceau longitudinal : permettant de voir l’incidence du corps
(dure-mère, colonne vertébrale, thorax, bassin, etc.) sur le crâne o Un test des
occipito-mastoïdienne (OM) : nous indiquant si le crâne présente une bonne vitalité.
En effet, les temporaux sont considérés par W.G. Sutherland comme les fauteurs de
23
trouble de par leur situation entre la sphère antérieure et postérieure. Si les OM sont
bloquées, la SSB l’est aussi donc le crâne présente une moins bonne vitalité.
o Une prise à 8 doigts : ce test nous renseigne sur l’état global du crâne. Il évalue
sa motilité, sa qualité tissulaire (densité, tension, vitesse) et les zones
dysfonctionnelles du crâne.
• Test du diaphragme thoraco-abdominale : par une écoute du mouvement
diaphragmatique, nous pouvons comparer les restrictions de mouvement.
• Test de motilité du foie : d’après F. P. Millard Do, il est essentiel de vérifier que le foie
ne soit pas dysfonctionnel avant tout travail à visée lymphatique. En effet, celui-ci peut
freiner le drainage lymphatique.23
Lors des séances suivantes, nous avons réalisé à chaque fois un travail crânien et
tissulaire au niveau des zones importantes de restriction comme le membre supérieur droit (lieu
de la piqûre de tique) et l’hémi-thorax droit. L’équilibration des 3 diaphragmes du corps était
au cœur de notre traitement. Notre approche était plus axée sur la mobilisation passive pour
augmenter la mobilité et sur l’aspect lymphatique qu’offre le TOG.
Nous n’allons pas décrire toutes les techniques utilisées à chaque séance puisque le
traitement changeait régulièrement en fonction des dysfonctions retrouvées. Par contre, voici la
liste des principales techniques utilisées formant le squelette de notre protocole ainsi que leurs
descriptions : (la plupart des techniques suivantes, nous ont été enseignées l’Institut Dauphine
d’Ostéopathie)
• Technique de compression du 4ème ventricule (CV4) : le patient est en décubitus dorsal
pendant que le praticien est à sa tête. Le praticien croise ses doigts pour former une
coupe qu’il va placer sous le crâne du patient. Ses éminences thénars reçoivent les
angles latéraux de l’écaille occipitale. Il exerce alors une compression de ses mains l’une
vers l’autre et porte son attention sur la zone du 4ème ventricule. A partir de là, le
praticien suit le déroulement des tissus. Cette technique peut durer plusieurs minutes.
Après plusieurs cycles, un still point va apparaitre accompagné d’un assouplissement
de la région sous occipitale et d’un dégagement de chaleur. A ce moment, le praticien
pourra relâcher doucement la technique. Cette technique a pour but de relancer la vitalité
globale de l’organisme, d’améliorer la circulation lymphatique et redonner de
23 MILLARD F. P. Do, 2014, Anatomie appliquée du système lymphatique traduit de l’anglais par
Hélène Rulié, Vannes : Sully, p. 55 – 56
24
l’homéostasie à l’ensemble du rythme crânio-sacré. D’après Magoun, elle aurait un effet
sur les paresthésies des extrémités et les céphalées.
• Technique sur les membranes de tensions réciproques (MTR) : elle se présente par un
déroulement tissulaire en 4 temps et s’intéresse aux tensions existantes entre la faux du
cerveau, la faux du cervelet et la tente du cervelet. Le patient est allongé sur le dos
pendant que nous sommes à sa tête. Dans un premier temps, nous allons nous intéresser
au relâchement de la faux du cervelet en plaçant nos bouts des doigts en regard de la
faux du cerveau entre l’inion et le foramen magnum. Dans un second temps, nous allons
relâcher la tente du cervelet en plaçant nos doigts en projection de celle-ci sur une ligne
imaginaire entre l’inion et les portions mastoïdes. Ensuite, nous nous occuperons de la
faux du cerveau, en plaçant nos pouces de part et d’autre de la suture sagittale et
progresserons point par point de lambda jusqu’à bregma. Puis nous placerons nos doigts
de part et d’autre de la suture métopique. Pour finir, nous nous intéresserons à l’insertion
de la faux du cerveau sur la crista galli en plaçant une main postérieure sous l’occiput
et une main antérieure sur la glabelle. Notre attention sera d’abord posée sur cette
insertion spécifiquement puis nous effectuerons un déroulement global de l’ensemble
des MTR dans la même position. Le travail des MTR, nous permet de diminuer les
tensions présentes au sein du crâne et d’équilibrer l’un des diaphragmes du corps qui est
la tente du cervelet. Elle aurait également un effet sur les céphalées de tension.
• Technique d’équilibration des trois diaphragmes : on équilibre le diaphragme pelvien et
le diaphragme crânien à tour de rôle avec le diaphragme thoracique en utilisant la
coopération respiratoire pour amener le dernier en phase respiratoire avec le premier.
La respiration est maintenue au point de tension équilibrée entre les deux, soit en
inspiration, soit en expiration, jusqu’au relâchement de la limitation et à la restauration
du mouvement physiologique libre.
• Technique de relâchement myo-fascial du ganglion cœliaque 24 : il nous a semblé
important de travailler sur ce ganglion car il est à l’origine de l’innervation sympathique
d’organes importants comme le Foie (joue un rôle important dans l’élimination des
toxines et des médicaments), la Rate (rôle dans l’immunité), les Reins (émonctoire*).
Le patient est allongé en décubitus dorsal. Le praticien se tient debout d’un côté du
patient, palpant la zone en regard du ganglion cœliaque.
24 MILLICENT Channell, 2012, Guide de consultation ostéopathique : en 5 minutes Broché traduit par Renan
Bain et Fréderic Pariaud, De Boeck
25
Il évalue la mobilité dans les trois plans de l’espace. Pour la correction, il exerce ensuite
une légère pression postérieure en maintenant les paramètres de restriction jusqu’au
relâchement.
• Traitement du foie en Barral : Pour traiter le déficit de motilité du foie, nous effectuons
une technique en induction en augmentant les paramètres de facilité.
Nos mains sont à plat sur la région hépatique.
• Traitement ostéopathique général23 : L’intention du TOG est de lever les obstacles aux
mouvements et à la circulation des fluides. Il s’intéresse à l’ensemble du corps. Un TOG
dure en moyenne entre 20 à 30 minutes et doit se faire du bas vers le haut et de
l’extrémité vers le centre. Un rythme soutenu a été choisi, tout en respectant le rythme
du patient, afin d’entrainer une réaction orthosympathique tonifiante. L’attention a
d’abord été posée sur la structure pour travailler la mobilité articulaire. Puis elle a été
posée sur le système lymphatique dans l’intention d’en améliorer le drainage. Notre
attention s’est particulièrement arrêtée sur le Foie qui est un organe important dans la
détoxification du corps. Lors de ces manœuvres nous avons insisté sur la visualisation
des structures et des voies de drainage pour avoir plus d’efficacité.
• Technique Galbreath : elle a pour but de réaliser un drainage mandibulaire. Cette
technique a été recommandée par le Guide de consultation ostéopathique de Millicent
Channell en cas de paralysie faciale. Le patient est allongé sur le dos, la bouche
légèrement ouverte. Le praticien se tient latéralement à la tête du patient. Il va exercer
une traction latérale vers lui pendant 3 secondes avec sa main caudale tandis que sa main
céphalique maintient le front du patient. Il demande simultanément une déglutition et
relâche sa mise en tension. Il répète ensuite la manœuvre trois fois.
En parallèle de notre prise en charge, nous avons conseillé au patient un exercice sur la
pompe thoraco-abdominale à faire tous les jours, 3 fois par jour, dans le but de le maintenir dans
notre plan de traitement (cf. annexe 6). En effet, la participation du patient est essentielle dans
une approche bio-psycho-social et influence directement les résultats du traitement. Un autre
exercice de visualisation de la douleur a aussi été proposé lors des crises douloureuses (cf.
annexe 7).
26
2. RÉSULTATS
2.1. Les différents stades de la maladie de Lyme et notre rôle déduit
2.1.1. A un stade précoce de la maladie : Infection focale cutanée
Comme nous l’avons vu précédemment, la première phase de la maladie de Lyme est
déterminante dans l’évolution de la maladie. Si elle est prise en charge rapidement et
correctement, la guérison peut être rapide et aura moins de chance de passer vers une chronicité.
Ce stade peut durer jusqu’à 6 semaines après la piqûre de tique et nous pouvons très bien
recevoir des patients à ce stade de la maladie venant pour un tout autre motif. Notre pratique
demande que le patient soit en sous-vêtements, nous pouvons donc observer les changements
cutanés de notre patient et le mettre en garde. Celui-ci peut passer à côté des manifestations
cutanées, si elles se trouvent dans une zone peu accessible du corps. Il nous est donc important
de connaître les prémices de cette maladie pour au moins l’évoquer et mieux orienter nos
patients susceptibles de venir avec un érythème migrant. D’après l’ILADS, le patient moyen va
aller voir 5 médecins sur près de 2 ans avant d’être diagnostiqué malade de Lyme. En effet, les
symptômes sont peu caractéristiques lorsque l’érythème n’a pas été objectivé. Il est donc de
notre devoir d’orienter au plus vite le patient, quand on observe des signes objectifs de la
maladie. De plus l’article 2 du décret du 25 mars 2007, nous y oblige. Attention, même dans les
régions peu endémiques, la maladie de Lyme peut être retrouvée. Et tant donné que nos patients
voyagent, font de la randonnée, campent et peuvent revenir avec la maladie quelques semaines
plus tard. Par ailleurs, de par notre approche très globale du patient, nous pouvons au cours de
l’anamnèse déterminer des facteurs de risques (notion de piqûre de tique, hobbies aux contacts
de la nature : scout, randonneurs, trail) qui pourrait nous faire penser à la maladie de Lyme
lorsqu’il y existe des symptômes concomitants. Afin que la maladie n’évolue pas, il est
important de réorienter le patient vers un médecin connaissant bien sa prise en charge puisqu’un
traitement insuffisamment long ou sous-dosé ne le guérira pas.
2.1.2. A un stade avancé de la maladie
2.1.2.1. Concernant les patients non diagnostiqués
De nombreuse personnes sont touchées par la maladie de Lyme sans le savoir. Certains
peuvent la trainer sur plusieurs années avant d’avoir le diagnostic formel de borréliose de Lyme.
27
Rappelons qu’en moyenne un patient va consulter 5 médecins sur près de 2 ans avant d’être
diagnostiqué malade. Ces patients présentant des douleurs multiples sont souvent confondus
avec des patients fibromyalgiques en raison de la difficulté du diagnostic. De plus, ils sont très
souvent renvoyés vers leurs psychiatres comme malade imaginaire. Ces malades ballotés de
médecin en médecin restent souvent incompris dans leur détresse. Dans l’espoir d’atténuer leurs
maux, ils se retrouvent souvent à essayer toutes les alternatives possibles comme le magnétisme,
l’acupuncture mais aussi l’ostéopathie qui au final n’ont pas grand effet étant donné l’infection.
C’est pourquoi, devant un tableau de douleurs diffuses inexpliquées avec une fatigue intense et
des facteurs de risques pour la maladie de Lyme, il nous est impératif d’évoquer le diagnostic
de maladie de Lyme et d’inviter le patient à réaliser les tests adaptés ainsi que de se rapprocher
des associations de malade afin d’être mieux orienté.
2.1.2.2. Concernant les patients diagnostiqués
Dans les stades avancés de la maladie, certains médecins spécialisés dans la prise en
charge de la maladie de Lyme comme le docteur Burrascano ou le docteur Horowitz
recommandent la thérapie physique comme thérapie complémentaire.4 Et cela dans le but de ré-
athlétiser le patient avant une reprise de l’activité physique mais aussi afin de garder une bonne
mobilité.25 En effet, les malades de Lyme à un stade avancé voient leurs activités quotidiennes
ainsi que leurs activités physiques diminuer de façon importante de par leurs douleurs et leur
fatigue intense. Le TOG nous offre l’opportunité par des mobilisations passives d’améliorer la
mobilité et la souplesse chez ces individus.23 Le TOG a également d’autres intérêts qui peuvent
être intéressants dans l’approche d’une maladie infectieuse au long court. En effet, il permettrait
également un meilleur drainage lymphatique. Or nous savons que le système lymphatique joue
un rôle dans l’immunité. Sa circulation est normalement permise par les mouvements du corps
et notamment par la respiration et la contraction des muscles. Lorsqu’il y a immobilisation, cela
freine le drainage de la lymphe. Or dans la maladie de Lyme, la fatigue oblige bien souvent la
personne atteinte à rester cloîtré chez soi délaissant toute activité. Il est donc important de
mobiliser le corps notamment avec un TOG afin de stimuler sa circulation lymphatique. De
plus, d’après le docteur Klinghardt, l’amélioration du drainage lymphatique permettrait
d’accélérer sa guérison si des techniques sont mises en place 2 fois par semaine. Dans son
protocole de traitement pour la maladie de Lyme, basé sur 900 cas soignés avec succès, il inclut
25 BURRASCANO J.R. Dr, 2006, Nouvelle approche sur la maladie de Lyme : conseils pour le diagnostic et
protocole de traitement de la maladie de Lyme et des autres maladies transmises par les tiques, ILADS
28
même l’utilisation de l’ostéopathie : « traiter les blocages structurels : optimiser l’occlusion
dentaire pour rétablir la pompe lymphatique crânienne, utilisation de la thérapie crânio-sacrée
pour améliorer la dynamique des fluides dans le SNC et utilisation des manipulations viscérales
pour améliorer le fonctionnement des organes. »26
Dans la même optique d’amélioration du drainage lymphatique, des techniques
ostéopathiques de pompe lymphatique peuvent être utilisées. D’après Artur Schander et David
Padro, les techniques de pompe lymphatique en ostéopathie amélioraient le système
lymphatique et immunitaire. 27 Ces techniques ont même été utilisées dans des protocoles
d’accompagnement pour des patients atteints de pneumonie et se sont montrées rentables pour
réduire la durée de séjour à l’hôpital ainsi que la durée du traitement antibiotique en
intraveineuse.3
L’amélioration du flux lymphatique aiderait également à réduire la fatigue chez les
patients atteints de fatigue chronique.28
Avant de réaliser un travail lymphatique, il est important de vérifier que le foie n’est pas
dysfonctionnel. En effet, un foie lent et inactif pourrait entrainer une stase voire un blocage
lymphatique et donc empêcher un bon drainage lymphatique. 25 Le travail sur le foie peut
également être intéressant, dans le contexte d’antibiothérapie au long cours que subit le patient,
puisque c’est un organe permettant de métaboliser les médicaments.
Concernant les gonalgies, l’ostéopathe peut rééquilibrer les forces au niveau du membre
inférieur et donc limiter les contraintes sur les articulations douloureuses. Il peut également
vérifier qu’aucune compensation due à des évènements antérieurs ne vient encore plus perturber
la mobilité des membres inférieurs.
L’ostéopathie pourrait également contribuer à réduire la fatigue. En effet, l’étude de
Sarah Wiegand et al. a montré que l‘utilisation de technique ostéopathique pouvait réduire
26 KLINGHARDT, M.D. PhD, 2008, Biological treatment of Lyme disease: The klinghardt protocol
(based on over 900 successful treatment cases)
http://www.klinghardtacademy.com/images/stories/Lyme_Disease/klinghardt_biological_treatment_of_ly
me_disease_protocol.pdf (consulté le 28/12/2015 à 1h) 27 SCHANDER Artur MS, PADRO David Do, 2013, Lymphatic Pump Treatment Repeatedly Enhances the
Lymphatic and Immune Systems, Lymphatic Research and Biology Vol 11, No 4 28 PERRIN R. N., Do, PhD, 2007, Lymphatic Drainage of the Neuraxis in Chronic Fatigue Syndrome : A
Hypothetical Model for the Cranial Rhythmic Impuls, The Journal of the American Osteopathic Association,
June 2007, Vol. 107, 218-224.
29
significativement les symptômes de fatigue chez des étudiants. Cela pourrait être un plus pour
les malades de Lyme ayant une fatigue chronique. 29
A propos des paralysies faciales périphériques, l’ostéopathie pourrait également avoir
un effet bénéfique. Plusieurs cas cliniques ont montré des résultats positifs sur des paralysies
de Bell. Nous pouvons citer l’étude de cas de DG Lancaster et WT. Corneille sur une femme
de 26 ans ou le mémoire de Serge Baudu : « L’heureuse rencontre d'une paralysie idiopathique
du VII avec l'ostéopathie : à propos de 4 cas ». Le protocole de DG Lancaster et WT. Corneille
consistait à améliorer la circulation lymphatique avec l’utilisation d’un traitement crânien
complet, d’une équilibration des 3 diaphragmes du corps et de techniques de drainage
mandibulaire (technique de Galbreath) et thoracique. Dans le cadre de la maladie de Lyme,
nous n’avons pas affaire à une paralysie faciale de Bell, par contre, nous pouvons partir de ce
même protocole et voir si nous pouvons également avoir des effets positifs.30
Notre rôle va être aussi de vérifier que l’axe cranio-sacré est centré, relâché et
harmonieux dans sa dynamique et qu’il soit équilibré avec les diaphragmes du corps. En effet,
son harmonie permettrait un état de santé optimum.
Nous devons également vérifier qu’aucune dysfonction ne vient entraver le bon
fonctionnement du diaphragme thoraco-abdominale. En effet, ce muscle inspiratoire principal
a un rôle important dans la respiration mais aussi dans l’hémodynamique. Il contribue donc à
l’apport en oxygène dans notre sang et à la bonne circulation du sang tant dans
l’approvisionnement que pour le retour veineux et lymphatique. Comme l’a signalé le docteur
Raphaël Perez, les tissus des malades ont besoin d’être bien oxygénés. Dans la même optique
F. P. Millard Do, camarade de W.G. Sutherland, avait dit : « Plus la circulation sanguine sera
régulière et plus l'oxygénation du sang sera bonne, et un sang de qualité, c'est à dire bien
oxygéné, est le meilleur des germicides. Les microorganismes perdent de leurs puissances
proportionnellement à la vitalité des tissus sur lesquels ils agissent. » 25 Pour potentialiser le
corps du malade, il est donc important de vérifier le bon fonctionnement de ce diaphragme.
Pour finir rappelons que l’ostéopathie est une approche relaxante pour le patient,
puisqu’elle permet de réduire les tensions présentes dans le corps. Cela fait d’elle une pratique
anti-stress. Comme nous l’avons expliqué dans le chapitre « l’ostéopathie face à la maladie
infectieuse », le stress peut déstabiliser nos défenses immunitaires et peut provoquer une
29 WIEGAND S. et al., 2015, Osteopathic manipulative treatment for self-reported fatigue, stress and depression
in first year osteopathic medical students, J Am Osteopath Association 30 LANCASTER D.G., CORNEILLE W.T., 2006, Osteopathic Treatment Manipulative d'un 26-YearOld
Woman With Bell Paralysie, J Am Ostéopathe Association
30
nouvelle crise de la maladie. Le rôle de l’ostéopathe peut donc être un accompagnement anti-
stress pour le patient et ainsi prévenir des crises récurrentes de la maladie.
2.2. Cas clinique
Avant de commencer la prise en charge (à J0), les douleurs et la fatigue étaient présentes
quotidiennement. Les douleurs se manifestaient par des céphalées latéralisées à droite, des
engourdissements dans la joue et le bras droit. Ces douleurs pouvaient être très handicapantes
au point d’obliger le patient à arrêter de travailler et de rentrer se reposer. Ce qui est arrivé 15
fois au mois de février et de mars 2016. Depuis février, la fatigue a été perçue comme intense.
La paralysie faciale unilatérale à droite apparaissait généralement quand il se sentait fatigué ou
lorsqu’il se trouvait dans un environnement stressant et peu aéré. Les crises de paralysie duraient
15 minutes et pouvait le déranger 5 fois par semaine. Il avait également régulièrement des
troubles de la mémoire et de la concentration. Il avait souvent la sensation que sa main droite
était gonflée. Mais nous n’avons pas pu l’objectiver à l’œil nu, par contre ses extrémités étaient
toujours froides et sa main droite souvent colorée d’un bleu violacé. Concernant les gonalgies,
elles étaient présentes essentiellement quand le patient marchait, courrait et à la montée des
escaliers. La consommation de Dalfalgan codéiné 500mg/30mg était quotidiennement de 2
comprimés depuis février 2016.
Résultats du questionnaire SF-36 : Tableau 1
Ce tableau représente l’évolution des scores obtenus, pour chaque dimension du questionnaire
SF 36, tout au long de la prise en charge. Chaque score est coté sur 100. Plus le score se
rapproche de 100, plus la qualité de vie est mieux perçue par le patient. Les cases en gris foncée
représentent une amélioration, les cases restées blanches indiquent une non évolution. ÉVALUATIONS :
DIMENSIONS :
N°1 J0 N°2 J+30
A 1 mois
N°3 J+58
A 2 mois
GH Perception globale de l'état de santé
35
50
35
PF Activité physique (capacité physique)
80
85
85
RP Limitation dues à l'état physique
0
50
50
RE Limitations dues à l'état psychique
0
33.3
0
31
SF Vie et relations avec les autres
37,5
50
50
BP Douleurs physiques
35
41
52
VT Énergie et vitalité
45
55
50
MH Evaluation de la santé psychique
68
76
76
Le tableau qui suit résume l’interprétation des scores qu’il faut avoir pour chaque dimension.
Ces interprétations viennent du livre du Professeur Leplège nommé Le questionnaire MOS SF-
36 : manuel de l'utilisateur et guide d'interprétation des scores.
Dimensions du SF 36 Interprétation des scores
GH : Perception global de l'état de santé score élevé = meilleur santé perçue PF : Activité physique (capacité physique) score élevé = meilleur capacité physique RP : Limitation dues à l'état physique score élevé = absence de limitation due à l'état physique RE : Limitations dues à l'état psychique score élevé = moins de limitation due à l'état psychique SF : Vie et relations avec les autres score élevé = meilleur vie relationnelle avec les autres BP : Douleurs physiques score élevé = absence ou peu de douleur physique VT : Énergie et vitalité score élevé = meilleur vitalité MH : Évaluation de la santé psychique score élevé = meilleur santé psychique
Consommation de médicaments : Dafalgan codéiné 500mg/30mg, Tableau 2 SÉANCES N°1
J0 N°2
J+3 N°3
J+6 N°4
J+9 N°5
J+12 N°6
J+15 N°7
J+18 N°8
J+21 N°9
J+24 N°10
J+27 N°11
J+30 Moyenne du
nombre de comprimés par
jour sur 3 jours
consécutifs
2
1
1
1
0,8
1,33
1,33
1,33
2
2
2
SÉANCES N°12 J+37 N°13 J+44 N°14 J+51 N°15 J+58
Moyenne du nombre de comprimés par
jour sur 7 jours consécutifs
1,42
1,14
2
1,42
Les tableaux précédents montrent l’évolution de la consommation moyenne d’antalgique au fur
et à mesure de la prise en charge. La valeur à J0 est celle de référence puisque c’était la
consommation moyenne de notre patient avant la mise en place du protocole
d’accompagnement. A J+10 le patient n’a pas pris d’antalgique, cela n’était pas arrivé depuis 1
an. Les consultations n°7 et 11 n’ont pas pu être réalisées néanmoins nous avons pu connaitre
32
sa consommation d’antalgique. Les cases en gris foncé représentent une amélioration, les cases
restées blanches indiquent une consommation d’antalgique identique à la valeur de référence.
Bilan subjectif de notre patient à 1 mois de la prise en charge :
Après un mois d’accompagnement, le patient a remarqué une amélioration importante la
première partie du mois puis une stagnation des effets à la fin du mois. Les douleurs n’ont plus
été quotidiennes, il existait des jours où le patient se sentait bien sans aucune plainte particulière.
La topographie de sa douleur au niveau de son bras droit a évolué. La zone douloureuse était,
avant la prise en charge, au niveau de la face postérieure de son épaule, de son bras et de son
avant-bras droit. Elle est devenue moins étendue et se limite maintenant à la face postérieure de
l’épaule et parfois au niveau de son poignet droit. Ses crises douloureuses ont diminué en
intensité et en terme de durée. Au quotidien, elles sont plus faciles à supporter mais restent
néanmoins présentes et dérangeantes. Le temps de rémission après une crise est également plus
court. Les gonalgies étaient beaucoup moins présente ce mois-ci. Sa paralysie faciale
périphérique l’a moins dérangé : il décrit 1 crise par semaine au lieu de 5 crises avant
l’accompagnement. Ses troubles de la mémoire et de la concentration durent moins longtemps.
Certains de ses collègues ont remarqué qu’ils le sentaient beaucoup plus présent. Il a pu
constater une diminution du nombre de jours où les crises douloureuses l’ont handicapé
l’obligeant à quitter son travail : 15 jours en mars contre 1 jours en avril. Certaines situations
qui lui auraient normalement provoqué des douleurs n'ont pas réveillé de symptômes.
Bilan subjectif de notre patient à 2 mois de la prise en charge :
En comparaison avec le mois précédent, l’intensité des douleurs en général a diminué. Les
séances d’ostéopathies ont été perçues par le patient comme bénéfiques tant sur le plan
biomécanique que moral. En effet, le patient nous a expliqué que l’accompagnement a permis
une amélioration au niveau de sa mobilité des membres supérieurs et inférieurs, une diminution
des raideurs et des douleurs articulaires. La fréquence des gênes causées par la paralysie faciale
n’a pas changé depuis le mois dernier. La fatigue est toujours présente surtout le soir et en fin
de semaine. Les séances ont eu peu d’impact sur les vertiges et les céphalées. Au cours du mois,
il n’a pas dû quitter une seule fois son travail à cause de ses douleurs. Cela a été pour lui une
expérience bénéfique sur le long terme où il s’est senti soutenu ce qui l’a aidé moralement.
33
Concernant la fréquence des séances, il trouve qu’une séance par semaine est utile voire une
séance toutes les 2 semaines.
3. DISCUSSION
3.1. Analyse des résultats du cas clinique
L’analyse du questionnaire SF-36 a été adapté pour le cas clinique. Ce questionnaire est
généralement utilisé pour comparer 2 groupes et très peu utilisé dans un cas clinique. Nous
l’avons tout de même choisi car il permet un bilan général et global de la qualité de vie.
Les résultats des scores des 8 dimensions du SF 36 de notre patient sont représentés dans
le tableau 1 des résultats. Au début de la prise en charge, d’après ce questionnaire notre patient
était très limité par son état physique et psychique. Seule sa capacité physique et son état
psychique étaient plutôt bien perçus. Lorsque l’on compare les scores de départ et ceux à 1 mois
d’accompagnement, nous remarquons que toutes les dimensions se sont améliorées puisque
tous les scores ont augmenté. Nous pouvons en conclure qu’après un mois de prise en charge,
la qualité de vie de notre patient s’est améliorée. Il a ressenti une amélioration de sa santé, de
sa capacité physique, de sa vitalité ainsi que de sa santé psychique. Il perçoit également un
meilleur relationnel avec les autres, moins de limitation due à son état physique et psychique et
une diminution de ses douleurs physiques. Sa consommation moyenne d’antalgique a également
été réduite suite à la première séance. Elle est descendue à 1 comprimé par jour la première
moitié du mois. Il y a même eu un jour où il n’a pas pris de Dafalgan ce qui n’était pas arrivé
depuis 1 an. Puis elle a légèrement ré-augmenté à la fin du mois pour revenir à 2 comprimés
par jour. Lors de la séance n°8, le patient s’était plaint de stress et d’anxiété ce qui pourrait avoir
un impact sur ses douleurs et donc sur sa consommation d’antalgique. Durant cette seconde
partie du mois, 2 séances (séance n°7 et 11) n’ont pas pu être réalisées du fait des déplacements
de notre patient. La dernière semaine du mois a été très mouvementée avec de nombreux
déplacements (le patient a pris 5 fois le train) et a fait plusieurs écarts notamment sur la
consommation d’alcool. Or comme nous l’avons déjà évoqué la prise d’alcool est susceptible
d’augmenter les symptômes de la maladie. Tout cela pourrait potentiellement expliquer ce
retour à 2 comprimés d’antalgique par jour à la fin du premier mois de prise en charge.
Pour ce qui est de l’évaluation à la fin de la prise en charge, on observe que les scores
du SF-36 sont restés identiques à ceux de la fin du premier mois d’accompagnement pour les
34
dimensions PF, RP, SF, MH sauf pour 4 dimensions GH, RE, BP et VT. La capacité physique,
les limitations dues à l’état physique, la vie relationnelle et l’évaluation de la santé psychique
n’ont donc pas évolué depuis 1 mois. Les dimensions GH et RE, représentant la perception
globale de la santé et la limitation dues à l’état psychique, ont vu leurs scores revenir à leurs
valeurs initiales et donc indiquant une vision similaire du patient de sa santé et des répercussions
causées par son psychisme à celle du début du protocole. Les douleurs physiques, représentées
par la dimension BP, ont diminué. En effet, son score a considérablement augmenté. C’est la
dimension qui a eu la plus grande amélioration depuis le début de la prise en charge. L’énergie
et la vitalité du patient, représentées par la dimension VT, ont légèrement diminué depuis 1
mois mais restent tout de même plus élevées qu’au début de la prise en charge. En ce qui
concerne la consommation d’antalgique, celle-ci reste plus faible qu’au début.
De ces évaluations, nous pouvons en conclure qu’après deux mois de prise en charge, la
qualité de vie de notre patient s’est améliorée même si sa perception globale de son état de santé
est restée la même depuis le début du protocole. On note une baisse de la consommation
d’antalgique, une amélioration importante de ses douleurs physiques et de leurs retentissements
sur la vie quotidienne. Cependant, nous ne pouvons pas savoir si cette amélioration est
attribuable à notre accompagnement ou si celle-ci est expliquée par le rétablissement normal du
patient. Toutefois son médecin estime que les pronostics de sa guérison ne se feront pas tout de
suite (le patient va commencer un nouveau protocole de traitement dans les prochains jours).
Ce qui ressort des bilans subjectifs de notre patient est que l’ostéopathie a pu apporter
une amélioration sur ses douleurs physiques. Elles ne sont plus présentes quotidiennement, la
topographie de la douleur au niveau du bras droit a été réduite, leur intensité est plus faible et
la durée des crises a diminué. Les gonalgies ne le gênent presque plus. Les douleurs l’ont moins
dérangé dans sa vie de tous les jours. Le bénéfice était tant sur le plan mécanique que moral. Le
patient s’est senti globalement plus mobile, moins raide et soutenu moralement. Pour lui,
l’accompagnement a été perçu comme un coup de pouce dans son rétablissement. La prise en
charge a par contre eu peu d’impact sur les céphalées et aucun effet sur les vertiges et la fatigue.
3.2. Difficultés
L’une des plus grandes difficultés a été de trouver un malade de Lyme qui veuille bien
participer au mémoire. En effet, la maladie pouvant être handicapante à n'importe quel moment,
35
les patients ne préfèrent pas s'engager dans un tel protocole. Nous avons eu la chance que l'un
d'entre eux accepte malgré les contraintes que pose notre prise en charge. De plus, nous ne
sommes pas dans une zone endémique ce qui réduit encore plus nos chances de trouver des
patients. Il a été également difficile de prendre une décision sur le nombre et la fréquence des
séances à réaliser puisque qu'aucun protocole n'a été établi sur ce type d'accompagnement.
Néanmoins, nous avons choisi de voir notre patient régulièrement car dans un contexte de
maladie chronique, le TOG peut se révéler intéressant de manière répétée. D’autant plus que
notre prise en charge était essentiellement centrée sur une mobilisation passive pour augmenter
la mobilité et le drainage lymphatique, puisque les malades de Lyme voient leurs activités
physiques restreintes par leur fatigue chronique et leurs douleurs handicapantes.
En ce qui concerne la recherche bibliographique, nous nous sommes confrontés à des
difficultés pour recouper les informations. En effet, la maladie de Lyme est controversée, on se
retrouvait parfois avec des informations contradictoires, par exemple pour certains c’est une
maladie rare, pour d’autres c’est une maladie très répandue mais sous-estimée. Il a donc été
difficile de faire la part des choses. D’autre part, beaucoup de documents décrivent les formes
retrouvées aux Etats-Unis et sont moins spécifiques aux formes européennes. De plus, peu de
recherches lui sont consacrées car aucune bourse de recherche ne lui est dédiée. Nous avons pu
remarquer que très peu de documents mettaient en lien la maladie de Lyme et la thérapie
physique. Seul un document mettait en rapport cette maladie avec l’ostéopathie (protocole de
traitement de la maladie de Lyme du Dr Klinghardt).
3.3. Autocritique
Une étude de cas n’est pas significative pour prouver quelque chose. Il aurait fallu faire
une étude sur un plus large panel. Pour cela, nous aurions pu contacter les associations de
malades comme Lyme Sans Frontière ou Lyme France ainsi que le Professeur Perronne,
spécialiste de cette maladie. Nous aurions pu également envoyer des questionnaires aux
malades par leur intermédiaire pour demander leurs avis sur un accompagnement en
ostéopathie, s’ils y ont déjà eu recours et si cela les avait soulagés.
En revenant sur notre parcours, notre choix de voir le patient aussi fréquemment le
premier mois, nous a paru trop soutenu. Une séance par semaine suffisait largement, voire une
séance toutes les 2 semaines afin d’avoir un bon suivi.
36
Nous aurions pu également parler, dans la recherche bibliographique, des hypothèses de
l’implication de toxines produites par la bactérie dans la maladie de Lyme. Mais nous avons
préféré ne pas en parler puisqu’il existe peu d’étude à ce sujet. Néanmoins, plusieurs protocoles
de traitement de la maladie à un stade avancé prennent en compte cette information. Ces
protocoles proposent conjointement à une antibiothérapie un traitement à visée détoxifiante. De
même, nous aurions pu développer cet aspect en ostéopathie en travaillant sur la sphère viscérale
en particulier sur les émonctoires* comme le foie, les reins et les intestins.
37
CONCLUSION
L’objectif de ce mémoire était de sensibiliser les personnes au sujet de la maladie de
Lyme et de déterminer si l’ostéopathie pouvait avoir un intérêt dans l’accompagnement d’un
malade à un stade avancé.
Au cours de nos études d'ostéopathie, nous n'avons que très peu entendu parler de la
maladie de Lyme. Pourtant, de plus en plus de patients atteints de cette affection se présentent
à la clinique de l'école. Il nous a donc semblé important de faire un point sur cette maladie
controversée, en effet si nous la détectons un jour en consultation, notamment grâce au
symptôme évocateur qu'est l'érythème migrant, nous pourrions éviter à notre patient de passer
au stade chronique, qui pose de nombreux problèmes de prise en charge. Connaître la maladie
nous offre la possibilité d’être en mesure de pouvoir repérer certains malades potentiellement
non encore diagnostiqués. Bien sûr, il ne s’agit pas toujours de la maladie de Lyme et il faut
savoir évoquer les diagnostics différentiels pour éviter le sur-diagnostic, mais il parait important
d'y penser lorsque la clinique s’en rapproche. Cela permettrait peut-être d’aider une personne
vivant avec ce fardeau.
En France, la maladie de Lyme à des phases évoluées, n’est toujours pas reconnue
comme maladie de longue durée. Pourtant, la réalité est autre et les malades sont souvent livrés
à eux-mêmes. Les recommandations de traitement se limitent à une antibiothérapie et il n’existe
pas de centre de référence qui lui est dédié. Toutefois, une prise en charge multidisciplinaire et
interdisciplinaire pourrait être intéressante comme dans toute prise en charge d’une maladie
chronique. Prenons l’exemple sur l’Allemagne qui a une nette avance dans sa prise en charge.
Il n’est pas normal qu’encore aujourd’hui de nombreux français, malades de Lyme, partent dans
nos pays voisins pour se faire diagnostiquer et traiter. La création d’un pôle de santé
pluridisciplinaire spécifique à cette maladie en France serait accueillie de manière très
enthousiaste par les malades.
Le meilleur moyen d’éviter cette maladie reste la prévention en incitant la population à
se protéger face aux dangers que peuvent causer les tiques. Pour cela, les amateurs de nature
sont invités à porter des vêtements longs et mettre des répulsifs contre les insectes. Il leur est
38
également conseillé, à la fin de l’activité, d’inspecter méticuleusement l’ensemble de leur corps,
en particulier au niveau des replis cutanés. En cas de tique, son retrait doit également faire
l’objet d’une attention particulière. L’utilisation d’un tire-tique est fortement conseillée de
manière à la retirer correctement.
Les résultats du cas clinique se sont montrés encourageants. L’accompagnement a
permis une amélioration de la mobilité de notre patient et a contribué à aider le patient dans
l’amélioration de sa qualité de vie. Cependant aujourd’hui, nous ne pouvons pas conclure que
l’ostéopathie soit bénéfique pour les patients à une phase évoluée de la maladie. L’étude de cas
est insuffisante pour arriver à cette conclusion. Nous pouvons néanmoins avoir un rôle à jouer,
comme l’indique le docteur Klinghardt dans son protocole de prise en charge, basé sur 900 cas
soignés avec succès, notamment pour décharger le système des blocages structurels, équilibrer
l’axe crânio-sacrée et potentialiser la sphère viscérale. En plus de ces recommandations, nous
pouvons améliorer la mobilité et la fluctuation des fluides du patient. L’accompagnement en
parallèle de la prise en charge médicale est donc possible.
Il serait intéressant d’aller plus loin en effectuant une étude sur une large population de
malades afin de conclure si l’ostéopathie est réellement avantageuse.
39
GLOSSAIRE ET
ABRÉVIATIONS
GLOSSAIRE :
Antibioprophylaxie : utilisation thérapeutique d’un antibiotique pour prévenir la survenue d’une
infection considérée comme dangereuse.
Emonctoire : organe permettant à l’organisme d’éliminer les déchets de l’organisme. Parmi eux
figurent en particulier le foie, les intestins, la peau, les poumons et les reins.
Zoonose : maladie infectieuse transmise de l’animal à l’homme soit directement par l’animal
soit indirectement par des vecteurs (tique, puce).
ABRÉVIATIONS :
AL : arthrite de Lyme
B.b.s.s. : borrelia burgdorferi stricto sensu
EM : érythème migrant
HAS : haute autorité de santé
IDSA : international diseases society of america
ILADS : international Lyme and associated diseases society
ML : maladie de Lyme
OM : occipito-mastoïdienne
PCR : polymerase chain reaction
TOG : traitement ostéopathique général
Dimension du questionnaire SF 36 :
BP (bodily pain) : les douleurs physiques
GH (general health) : la perception globale de l’état de santé
MH (mental health) : la santé psychique
40
PF (physical function) : l’activité physique
RE (role emotional) : les limitations dues à l’état psychique
RP (role physical) : les limitations dues à l’état physique
SF (social function) : la vie et les relations avec les autres
VT (vitality) : l’énergie et la vitalité
ANNEXES
Annexe 1 : Carte de l’estimation de l’incidence annuelle moyenne de la borréliose de Lyme par
région, France 2009-2011, source InVs, 2013, Réseau Sentinelles, disponible sur
www.invs.sante.fr/var/ezflow_site/storage/images/media/images/carte_1/269739-2fre-
FR/carte_1.jpg
41
Annexe 2 : Compte rendu d’analyses sanguines, positive pour la maladie de Lyme
42
Annexe 3 : Questionnaire SF-36
43
44
Annexe 4 : Modèle conceptuel du SF-36
45
Annexe 5 : Séance 1 : Traitement des dysfonctions
• Iliaque postérieure gauche (HVBA)
• TDG (EM)
• T6 / T8 (HVBA) → plexus cœliaque innerve le foie (détoxification, émonctoire), la rate
(immunité)
• T10 (HVBA) → innervation sympathique reins (émonctoire)
• Sterno-claviculaire droite supérieure (HVBA)
• Gléno-huméral droite antérieure (HVBA)
• Malléole tibial antérieure gauche (HVBA)
• Talus postéro latérale gauche (EM)
• Tibia droit intra osseux (fascia)
• Genou droit en rotation externe (HVBA)
• Diaphragme coupole gauche en expir
• Dure-mère rachidienne (fascia)
• MTR
• TOG : restriction très importante au niveau du membre supérieure droit et hémithorax
droit
Annexe 6 : Exercice sur la pompe thoraco abdominale
Exercice à faire 2 à 3 fois / jours. Le diaphragme est un muscle qui descend à l'inspiration, il va
donc tirer vers le bas sur les organes thoraciques et pousser vers le bas les organes se trouvant
dans la cavité abdominale.
Le faire debout ou allongé. Avec une respiration normale.
A l'inspiration, contractez les abdominaux et le périnée pendant que le diaphragme descend.
Prenez conscience de vos asymétries respiratoires. A faire 10 fois. Cela va stimuler la pompe
lymphatique intérieure.
Annexe 7 : Exercice de visualisation de la douleur, travail sur la douleur
Exercice dure environ 20 minutes. Permet de diminuer la douleur. Plus on le pratique plus il est
efficace. Vous pouvez faire également cet exercice pour l'anxiété et la peur d'une douleur
éventuelle.
Identifiez l'élément douloureux et mettez-le de côté un instant le temps de s'installer.
Installation :
Assis confortablement, détendu de la tête au pied sans s'obliger que la détente soit parfaite.
Inspirez et expirez par le nez tout en respirant portez votre intention sur votre pied et laissez-
les se détendre, laissez les chevilles se détendre, les mollets, les genoux, les cuisses, laissez les
hanches et le bassin se détendre, le ventre, la poitrine, le dos, les tensions dans vos épaules se
relâchent, les bras, les coudes, les avants bras se détendent, les mains, le cou se détend à son
tour le front, les yeux, les mâchoires et toute la figure se détend, la tête, le crâne et le cerveau
se repose aussi.
Tout en restant bien éveillé et présent laissez le corps se détendre et se reposer. Étape 1 :
46
Visualisez la douleur les yeux fermés. Essayez de la détailler le plus précisément possible.
Se poser les questions :
• Où est ce que ça fait mal ?
• Avec quelle intensité, depuis combien de temps ?
• Par vague ou constamment ?
• Comment vous vous sentez ?
Admettez et acceptez que la douleur est là, c'est un fait, ça fait mal. Si la
douleur est aiguë vous pouvez pousser un cri imaginaire.
Malgré la douleur prenez de profondes respirations puis observez et examinez la douleur :
• Où est ce que ça fait mal exactement ?
• A l'intérieur ou en superficie ?
• Sur une grande ou une petite surface ?
• Est-ce que la douleur vient par à coup ou de façon continue ?
• Y-a-t-il un point précis particulièrement précis ?
• Sur une échelle de 1 à 10, où se trouve la douleur ?
Ne pas oublier de respirer.
Maintenant détendez les mains malgré la douleur tout en respirant. Portez l'attention sur les mains. Puis
dirigez l'attention vers les mâchoires qui se relâchent également. Laissez les mains et les mâchoires se
détendre. Chaque fois que la douleur s'exprime, considérer que c'est une invitation à relâcher nos mains
et les mâchoires. La douleur est là et bien réelle et elle nous rappelle de bien décrisper les mains et les
mâchoires.
Étape 2 :
Faites-en sorte que la douleur se prolonge hors de soi jusque dans le sol. Imaginez qu'une espèce de
tube part de votre ventre descend vers le sol et passe à travers le plancher pour se rendre jusqu'à la terre.
Visualisez que la douleur est là. Où elle se situe pour se prolonger vers ce tube et se retrouver étirer
jusque dans la terre. C'est comme si la douleur pouvait se prolonger et pouvait se rendre jusque dans la
terre. On ne la laisse pas figer la douleur en nous, elle passe par nous et continue sa course jusque dans
la terre.
Chaque fois qu'une douleur se manifeste vous pouvez la constater et accepter qu'elle se manifeste
prendre de grandes respirations et se rappeler de détendre les mains et les mâchoires et laisser la douleur
partir vers ce tube jusque dans la terre.
Laissez la douleur, respirez plus doucement et détendez-vous.
Puis ouvrez les yeux, bouger votre corps et reprendre votre activité.
Exercice du Dr Robert Béliveau, spécialiste de la gestion du stress au Centre ÉPIC de l’Institut de
cardiologie de Montréal :
http://www.passeportsante.net/fr/AudioVideoBalado/Index.aspx?docId=255
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48
BIBLIOGRAPHIE
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13 décembre 2006, 16e conférence de consensus en thérapeutique anti infectieuse :
Borréliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeutiques et préventives, Paris
52
TABLE DES
ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Photo d’un érythème migrant typique, CDC, 2007, disponible sur
http://phil.cdc.gov/phil/details.asp?pid=9875 ………………………………………… 11
53
RÉSUMÉ
La maladie de Lyme est la plus fréquente zoonose transmise par les tiques de
l’hémisphère nord. C’est une infection systémique due à Borrelia burgdorferi. Elle est à
l’origine de douleurs handicapantes souvent résistantes aux antalgiques, surtout lorsque sa prise
en charge est retardée. Sa résolution peut prendre des années. Dans le cadre de ce mémoire,
nous avons voulu explorer le bénéfice de l’ostéopathie dans l’accompagnement du patient
atteint par la maladie de Lyme. Pour cela, dans un premier temps, nous nous sommes intéressés
aux différents stades de la maladie pour ensuite déterminer notre rôle possible. Pour illustrer ce
travail, nous rapportons le cas d’un patient de 23 ans touché par la borréliose de Lyme que nous
avons accompagné ostéopathiquement. L’étude de cas a mis en évidence que l’ostéopathie
semble être bénéfique pour notre patient.
Mots-clés : maladie de Lyme, ostéopathie
ABSTRACT
Lyme disease is the most common zoonosis transmitted by ticks in the northern
hemisphere. It is a systemic infection caused by Borrelia burgdorferi. It can cause crippling
pains which are often resistant to analgesics, especially when its treatment is delayed. Its
recovery can take years. The target of this final dissertation is to see how osteopathy can be
beneficial to the patient with Lyme disease. The different stages of this disease have first been
analysed in order to determine osteopathy's possible role. To illustrate this work, we report the
case of a 23 years old patient with Lyme borreliosis follow-up during few weeks. The case study
showed that osteopathy seems to be beneficial to our patient.
Keywords : Lyme disease, osteopathy